• Penser la place des femmes rurales des Suds dans la justice climatique

    La justice climatique, c’est penser l’#égalité de tous et de toutes face aux #changements_climatiques et à leurs effets. L’action des femmes en faveur de la justice climatique est au cœur d’une des Coalitions d’action du Forum Génération Egalité, dont la conclusion est attendue à Paris début juillet 2021. L’« action féministe pour le climat et la justice » cible notamment le milieu rural, et mentionne explicitement les enjeux liés à l’accès à la #terre et aux #droits_fonciers des femmes et des filles. En effet, dans les régions où l’#agriculture_familiale domine, ces dernières sont souvent très fortement exposées aux changements climatiques.

    Depuis une trentaine d’années, l’articulation entre les questions de #genre et d’égalité femmes-hommes, d’une part, et les questions environnementales, d’autre part, a gagné en importance dans les discussions internationales : références au rôle des femmes dans le développement durable lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992, objectifs détaillés sur les femmes et l’environnement dans le Programme d’Action de Beijing en 1995, adoption d’un plan d’action genre pour la CCNUCC et les COP à Lima en 2014, etc. En ce qui concerne plus spécifiquement l’aide au développement, la prise en compte conjointe du « genre » et du « climat » fait désormais l’objet d’une attention croissante dans les stratégies et les financements des bailleurs de fonds, approche qui se répercute sur les politiques des pays récipiendaires de l’aide.

    Basé sur un travail de recherche portant sur l’articulation entre genre et adaptation aux changements climatiques dans l’aide publique au développement, réalisé à travers l’exemple du secteur agricole malien, cet article présente un état des lieux des principaux enjeux à l’intersection du genre, de l’agriculture familiale et des changements climatiques. Il analyse ensuite les réponses apportées par l’aide au développement, afin d’esquisser les principales priorités en termes de justice climatique pour les femmes rurales des Suds.

    Les femmes rurales maliennes en première ligne des changements climatiques

    Généralement présenté comme appartenant à la catégorie des PMA, les pays les moins avancés, ou, moins pire, à celles des pays en développement, le Mali, ancienne colonie française, est un pays continental sahélien d’Afrique de l’Ouest qui s’étend sur 1,24 million de km². Plus de la moitié de la population malienne, estimée à 19,6 millions d’habitant·e·s par la Banque mondiale en 2019, vit en milieu rural, et le secteur agricole mobilise 60 à 70% de la population active (Leyronas, Boche et Baudet, 2020). Malgré cela, la population malienne fait régulièrement face à l’insécurité alimentaire et la production agricole domestique ne permet pas de couvrir la totalité des besoins de la population. Adoptée en 2013, la Politique de Développement Agricole du Mali vise à répondre à ces besoins de manière durable, et est mise en œuvre en grande partie à travers des projets financés, pour la plupart, par l’aide publique au développement.

    Compte tenu de l’étendue du territoire national et de la diversité de l’organisation sociale, il existe au Mali une grande variété de systèmes agraires. A l’exception de la zone saharienne, au Nord du pays, ces systèmes agraires sont de type sahélo-soudaniens, c’est-à-dire définis par l’existence de systèmes de culture à jachère et élevage associé, et caractérisés par une saison sèche et une saison des pluies marquées (Dufumier, 2004). L’agriculture est essentiellement familiale, c’est-à-dire qu’elle repose sur l’interdépendance de la production agricole et de la cellule familiale, et absorbe une main d’œuvre familiale non salariée, notamment les femmes. Faible consommatrice d’intrants, cette agriculture dépend souvent fortement des ressources naturelles, et, par conséquent, est significativement impactée par les effets directs ou indirects des changements climatiques : sécheresses ou variations de la pluviométrie, invasions acridiennes, etc. Dans ce contexte, l’adaptation aux changements climatiques, en d’autres termes l’ajustement au climat actuel ou attendu et à ses conséquences (GIEC, 2014), est devenue un enjeu majeur pour l’agriculture et, plus globalement, le secteur primaire du Mali.

    A l’instar de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, il règne au sein de la plupart des systèmes agraires maliens une division sexuée du travail agricole : selon leur genre, et parfois d’autres caractéristiques comme leur âge, les membres de la famille ont des responsabilités différenciées en termes de production, voire de tâches au sein des itinéraires techniques. Par exemple, dans les systèmes agraires soudano-sahéliens, on retrouve souvent le chef de famille à la tête de la production principale, céréales et/ou filière de rente, tandis que les femmes sont en charge des activités essentiellement destinées à la reproduction de la famille, comme le maraîchage et le petit élevage. En résultent des inégalités dans l’accès aux moyens de production (semences et autres intrants, outils et matériel agricole, etc.) et, de fait, des capacités à faire face aux effets des changements climatiques qui varient selon les personnes : c’est la vulnérabilité différenciée aux changements climatiques. L’analyse en termes de vulnérabilité aux changements climatiques différenciée selon le genre met en évidence des impacts négatifs de l’évolution du climat plus importants pour les femmes que pour les hommes. Au-delà des moyens de production, capital physique, les différences structurelles entre les femmes et les hommes en termes d’accès aux ressources telles que le capital humain, financier, social et politique (Goh, 2012) influent sur le niveau de vulnérabilité aux changement climatiques.

    Les solutions insatisfaisantes de l’aide publique au développement

    L’aide publique au développement, à travers le financement de projets, participe à la mise en œuvre de la politique agricole du Mali. Ces projets sont déterminés par un certain nombre d’engagements stratégiques, qui influencent l’intégration des enjeux de genre et d’égalité femmes-hommes, d’une part, et des enjeux d’adaptation aux changements climatiques, d’autre part. Il s’agit notamment des engagements internationaux pris par le Mali sur le genre et le climat, et des politiques et stratégies genre des organismes financeurs de l’aide au développement. On observe une prise en compte croissante des enjeux de genre et de climat dans les projets de développement agricole mis en œuvre au Mali, avec l’intégration transversale des enjeux de genre dans les projets (gender mainstreaming), et/ou la définition de projets dont l’objectif est justement l’autonomisation des femmes (women empowerment) et leur renforcement de capacités face aux enjeux climatiques. L’analyse permet ainsi d’identifier trois grands types de projets de développement agricole associant enjeux de genre et enjeux climatiques :

    Les projets dont l’objectif principal est de réduire les inégalités de genre en termes de vulnérabilités aux changements climatiques : renforcement de capacités et appui aux activités féminines, en particulier celles qui sont particulièrement exposées aux effets des changements climatiques ;
    Les projets dont l’objectif principal est la réduction des inégalités de genre dans le secteur agricole, notamment à travers l’autonomisation économique des femmes, et qui intègrent une dimension d’adaptation aux changements climatiques : appui aux activités et aux organisations professionnelles de femmes, avec une composante spécifique sur l’adaptation (sensibilisation aux enjeux, diffusion de nouvelles techniques, par exemple) ;
    Les projets qui visent d’abord l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques, et qui ont un impact secondaire en termes de genre et d’égalité femmes-hommes : par exemple, un projet visant à renforcer des services d’information météorologiques qui intégrerait des formations spécifiquement dédiées aux femmes.

    L’étude des résultats des projets révèle toutefois un certain nombre de limites, qui ne permettent pas de généraliser quant à la prise en compte conjointe des enjeux de genre et des enjeux climatiques dans les projets agricoles. En effet, les deux thématiques demeurent fortement cloisonnées. Généralement, les objectifs liés au genre et au climat ne sont pas intégrés dès la conception des projets et, lorsque c’est le cas, sont souvent traités séparément. Dans le document de Politique de développement agricole du Mali, le genre, comme le climat, n’apparaissent que ponctuellement et, de plus, que comme des « co-bénéfices » : si les projets ont des impacts positifs d’un point de vue environnemental et/ou social, tant mieux, mais leur prise en compte n’est pas présentée comme la condition sine qua non à un développement économique durable. En parallèle, dans la Politique Nationale Genre de 2011, l’agriculture, le développement rural et la préservation de l’environnement ne constituent pas des priorités pour le Mali, ces dernières se concentrant sur l’éducation et la santé, notamment maternelle et infantile. En résulte un manque de moyens dédiés aux enjeux agricoles et environnementaux au niveau du Ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille (MPFEF), en charge de la mise en œuvre de cette politique. Ce cloisonnement entre les thématiques ne permet pas de penser systématiquement la résilience des femmes rurales aux changements climatiques.

    Plus largement, ce sont les approches encouragées par l’aide au développement qui posent problème. D’une part, les approches projets, qui ont des impacts limités dans l’espace et dans le temps alors même qu’il s’agit de penser des changements structurels, que l’on s’intéresse aux rapports sociaux de sexe, à l’adaptation aux changements climatiques, à la vigueur de l’agriculture ou aux trois à la fois. D’autre part, une partie des approches des bailleurs de fonds en termes d’aide au développement se concentre sur des objectifs de croissance économique avant tout, qui ne permettent pas de s’adresser prioritairement aux enjeux environnementaux et sociaux.

    Repolitiser les approches genre et climat dans l’agriculture

    Ainsi, il apparaît indispensable de repenser les enjeux de genre et les enjeux climatiques et leur articulation, en particulier dans les interventions liées au secteur agricole. Tantôt « vulnérable », tantôt « agente de changement », la femme malienne est toujours présentée comme ayant trop d’enfants – une entrave certaine au bon développement économique de son pays (Traoré, 2018 ; Dorlin, 2017) – et peu impactée par les questions environnementales. D’après la littérature de l’aide, il n’existerait qu’une seule façon d’être femme au Mali, en témoigne l’usage récurrent du singulier. Uniformes, décontextualisées et déconnectées des pratiques locales, les approches genre portées par l’aide au développement participent à une institutionnalisation du genre, ignorant les contextes sociaux et politiques et dépolitisant le concept de genre (Cirstocea, Lacombe et Marteu, 2018). Or, la société malienne, à l’instar de toutes les sociétés humaines, n’est ni homogène ni figée. Le groupe « femmes rurales » ne fait pas exception. D’âges différents, instruites ou non, appartenant à différentes classes sociales ou communautés, mariées ou non, mères ou non, etc. : de fait, les femmes rurales maliennes ne sont pas toutes confrontées de la même manière aux changements climatiques et à leurs effets. Il est urgent de systématiser une perspective intersectionnelle dans l’analyse, afin de pouvoir mieux identifier la diversité des besoins rencontrés par les femmes rurales maliennes face aux changements climatiques (Gonda, 2019).

    Peut-être est-il aussi temps d’écouter réellement les premières concernées. En effet, l’étude de l’articulation des enjeux de genre et de climat dans la mise en œuvre de l’aide au développement révèle généralement un manque voire une absence de prise en compte de la parole des femmes rurales dans la définition des approches et programmes. Des approches imposées par le haut, qui font souvent fi de réalité locales et intègrent insuffisamment les organisations de base et leurs expériences dans les actions de développement agricole. D’après une étude conduite en 2016 par l’OCDE, seulement 2% des financements « climat » de l’aide publique au développement sensibles au genre étaient orientés vers les organisations de la société civile. Or, ce sont bien ces organisations, en particulier celles bénéficiant d’un ancrage local solide, qui accompagnent les femmes rurales vers une meilleure prise en compte de leurs besoins, notamment par le plaidoyer auprès d’institutions locales et nationales sur des thématiques telles que l’accès au foncier et aux moyens de production, le renforcement de capacités, le développement et la mise en œuvre d’activités agricoles résilientes aux changements climatiques et à leurs effets. L’urgence est donc de cibler prioritairement ce type d’organisations dans le déploiement de l’aide.

    Enfin, l’analyse de la prise en compte des enjeux de genre et de climat dans l’aide au développement plaide pour une refonte globale de cette dernière. Les retours d’expérience mettent en évidence l’efficacité limitée de l’approche par projets, qui constituent une réponse de court ou moyen terme à des transformations nécessaires sur le long terme. Il en va de même quant au périmètre géographique des interventions, souvent trop limité pour amorcer de véritables changements structurels. De plus, il importe aujourd’hui d’abandonner les schémas néolibéraux, basés prioritairement sur la création de richesse, qui orientent encore en grande partie l’aide au développement. Dans ces perspectives, l’égalité entre les femmes et les hommes constitue un moyen au service de la croissance économique, et non une fin en soi, et l’objectif économique prime sur la préservation de l’environnement. Dès lors, le concept de genre est dépolitisé et la promotion de l’intégration du genre peut même s’inscrire dans le paradigme néolibéral dominant. Afin que les femmes rurales soient au premier plan de la justice climatique, il convient donc de systématiser une approche par les droits, et de mettre de véritables moyens au service de celle-ci.

    Ainsi, en dépit d’ambitions significatives affichées en matière de genre et de climat, l’aide au développement parvient peu à répondre aux besoins réels des femmes rurales et à dépasser une vision souvent réductrice de l’organisation sociale du pays. Affichant des engagements forts et basés sur des partenariats entre, notamment, les Etats, la société civile, les organisations internationales et philanthropiques, espérons que le Forum Génération Egalité aboutisse sur un changement de paradigme en ce qui concerne la place des femmes rurales des Suds dans l’aide au développement.

    https://agrigenre.hypotheses.org/3374

    #femmes #femmes_rurales #Suds #justice_climatique #rural #Mali #APD #aide_au_développement #coopération_au_développement

  • 312 défenseurs de l’environnement et des droits humains ont été assassinés en 2017
    https://reporterre.net/312-defenseurs-de-l-environnement-et-des-droits-humains-ont-ete-assassin

    D’après le dernier rapport de #Front_Line_Defenders sorti début janvier 2018, 312 défenseurs des #droits_humains et environnementaux (DDHE) ont été tués en 2017, dans 27 pays. Plus des deux tiers d’entre eux défendaient les #droits_fonciers, environnementaux et #autochtones, presque toujours dans le contexte de #mégaprojets, d’#industries_extractives et de grandes entreprises. Malgré cette violence, ils sont plus nombreux que jamais à se battre, sur des thèmes de plus en plus variés, dans de plus en plus de pays. 80 % des meurtres ont eu lieu dans quatre pays seulement : le #Brésil, la #Colombie, le #Mexique et les #Philippines.

    Rapport à télécharger
    https://www.frontlinedefenders.org/fr/node/4104

  • Terres Communes : Sécuriser les droits fonciers et protéger la planète | Landportal
    https://landportal.info/library/resources/terrescommunes/terres-communes-s%C3%A9curiser-les-droits-fonciers-et-prot%C3%A9ger-la?

    Près de 2,5 milliards de personnes dépendent de terres autochtones et communautaires représentant plus de la moitié des #terres de la planète ; elles n’en détiennent pourtant légalement qu’un cinquième. Les cinq milliards d’hectares restants ne sont pas protégés et sont donc exposés à l’#accaparement des terres par des entités plus puissantes, telles que les États et les grandes entreprises.

    Il apparaît de plus en plus clairement que la propriété foncière de plein droit des #peuples_autochtones et communautés locales joue un rôle essentiel pour préserver la diversité culturelle et lutter contre la #pauvreté et la #faim, l’#instabilité_politique et le changement climatique. L’importance de la protection et du développement de la propriété foncière des communautés et des populations autochtones fut un élément essentiel des négociations sur les objectifs de développement durable et l’Accord de Paris sur le changement climatique ; elle est cruciale pour la réussite de leur mise en œuvre.

    Le présent rapport lance un appel mondial à l’action sur les droits fonciers autochtones et communautaires, soutenu par plus de 300 organisations à travers le monde. Il s’agit d’un manifeste de solidarité avec le combat des peuples autochtones et des communautés locales pour la sécurisation définitive de leurs #droits_fonciers.

  • La libération autoritaire des terres de l’Ouest. Pratiques étatiques et légitimations du cadastrage dans l’Éthiopie contemporaine | jssj.org
    http://www.jssj.org/article/la-liberation-autoritaire-des-terres-de-louest-pratiques-etatiques-et-legitima

    L’#Éthiopie contemporaine constitue à cet égard un cas d’école, les enjeux fonciers condensant plusieurs questions politiques structurantes. Sur le temps long, l’accès à la terre a été un déterminant principal de la différenciation sociale au sein de la société éthiopienne (Markakis, 1974 ; Freeman & Pankhurst, 2003). Le foncier est aujourd’hui l’une des modalités d’intégration de l’Éthiopie dans la globalisation néolibérale, que ce soit du point de vue des transferts de larges parcelles à des investisseurs privés étrangers ou de celui de l’activité de programmes de développement financés par des bailleurs extérieurs et procédant à la formalisation des #droits_fonciers. En cela, le foncier est un révélateur éminent des formes de l’extraversion de l’État éthiopien (Bayart, 2000). Par ailleurs, dans le cadre du fédéralisme ethnique, système politique adopté par l’Éthiopie depuis le début des années 1990, la représentation politique est territorialisée d’une manière particulière. Le #fédéralisme ethnique fait de l’appartenance à une ’’nation, nationalité et peuple’’ le principe primordial de définition de l’#identité_politique de chacun (Vaughan, 2003 ; Ficquet, 2009).Le pays est divisé en États-régions censés refléter les zones de peuplement de chaque groupe ethnique[1]. Officiellement, ces peuples sont souverains dans les limites de leurs États-régions, et ce sont eux qui gouvernent l’accès à ’’leurs’’ terres, celles-ci restant constitutionnellement la #propriété de l’État.

    #terres #foncier #éthnicité merci @cdb_77

  • Rapport : Oxfam liste les « mégas partenariats public-privé dans l’agriculture africaine »
    http://farmlandgrab.org/post/view/23897-rapport-oxfam-liste-les-megas-partenariats-public-prive-dans-l-a

    « Les politiques gouvernementales et l’aide internationale de près de 6 milliards de dollars aux grands partenariats public privé (PPP) risquent de fragiliser les #droits_fonciers des Africains, d’aggraver les inégalités et de nuire à l’environnement. Selon le dernier rapport d’Oxfam, « Un aléa moral ? Les mégas partenariats public-privé dans l’#agriculture africaine », les partenariats dits méga #PPP n’ont pas fait leurs preuves, présentent de nombreux risques et constituent une utilisation douteuse des fonds publics pour lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire », note le document qui indique par ailleurs que « près de la moitié de la population africaine dépend de l’agriculture pour sa subsistance.

    Les méga-partenariats public-privé dans l’agriculture africaine
    http://www.oxfam.org/fr/cultivons/rapports/un-alea-moral-0

    #agrobusiness #finance #terres #accaparement #paysannerie

  • La #terre des #femmes
    http://www.telquel-online.com/content/reportage-la-terre-des-femmes

    De son fief composé de 2487 femmes et de 2814 hommes, qu’elle a quitté pour la grande ville il y a bientôt quinze ans, elle préfère nous montrer les terrains. Vierges ou labourées, construites ou abandonnées, les #terres_collectives de Oulad Benrahma, qui s’étendent à perte de vue, divisent depuis quatre ans les membres de sa tribu. Sur le pont, une vieille dame à dos d’âne s’arrête pour l’embrasser. “On est avec vous, ne l’oubliez pas. Alors, on va avoir de l’argent ou pas ?”, demande-t-elle, excitée, à Malika. A 48 ans, cette dernière revendique fièrement son appartenance au mouvement des Soulaliyate, composé de milliers de femmes des tribus à travers le royaume, réclamant le droit, au même titre que les hommes, de bénéficier des indemnités de cession de ces terres collectives.

    “Je suis l’exemple vivant que cette lutte n’est pas vaine”, fanfaronne Malika. En 2011, les femmes de sa tribu et elle-même ont reçu chacune quelque 5000 dirhams. Si elles n’ont rien touché depuis, leur victoire est à la fois matérielle et symbolique. Elle a prouvé aux hommes de la tribu, qui continuent de s’opposer à la démarche de Malika, que les terres collectives ne sont plus l’apanage des mâles, et a renforcé le rang des femmes, enfin convaincues qu’une justice, aussi lacunaire soit-elle, est aujourd’hui possible.

    #droits_fonciers #paternalisme #sexisme #féminisme

  • l’Uruguay se défend contre l’accaparement de ses terres agricoles
    http://farmlandgrab.org/post/view/22789

    Le gouvernement uruguayen a annoncé aujourd’hui avoir déposé un projet de loi visant à interdire la propriété foncière aux entreprises dans lesquelles un Etat étranger détient une participation directe ou indirecte. Ce texte vise à « éviter de risque d’affaiblissement de la souveraineté » de l’Uruguay face à des Etats étrangers qui « pourraient occuper une position significative dans l’activité agricole », indique le projet de loi.

    Selon le gouvernement, cette mesure similaire à celles prises en Australie, Nouvelle Zélande, au Brésil et en Argentine vise à « dissuader » les Etats cherchant à assurer leur sécurité alimentaire par l’achat de terres à l’étranger via des entreprises ou fonds d’investissements. Ceci dans le but de protéger un bien « rare et non renouvelable » et « les intérêts stratégiques » du pays, ajoute le gouvernement du président José Mujica (gauche). Toutefois, souligne-t-il, « la présence d’Etats étrangers dans les activités agricoles du pays n’a pas encore été constatée » dans ce petit pays fortement dépendant de l’agriculture et en particulier de l’élevage.

    #agriculture #accaparement #souveraineté

  • #Zimbabwe’s Forgotten 20%
    http://africasacountry.com/zimbabwes-forgotten-20

    Zimbabwe makes a good story for western writers and readers. The staggering racism of the Rhodesian whites, the heroic liberation uprising, and Mugabe; a freedom fighter not unlike Nelson Mandela, who having spent more than a decade in prison, won the first democratic election and immediately called for racial reconciliation. Then, from the late ‘90s, […]

    #HISTORY #The_Zimbabwe_Files #farm_workers #land_reform

  • Les agriculteurs colombiens spoliés ne parviennent pas à récupérer leurs #terres
    http://farmlandgrab.org/post/view/22578

    L’enquête menée par HRW a été rendue publique mardi 17 septembre à Bogota. En #Colombie, le conflit armé a dévasté le monde rural. Au cours des trente dernières années, 4,8 millions de personnes (sur 46 millions d’habitants) ont été déplacées, six millions d’hectares abandonnés ou spoliés (l’équivalent de dix départements français). Grande réalisation du président Juan Manuel Santos, la loi des victimes de 2011 prévoit une procédure hybride – à la fois administrative et judiciaire – pour restituer les terres à leurs légitimes propriétaires. Les défis de sa mise en oeuvre ne sont pas seulement techniques. En deux ans, plus de 500 demandeurs et leaders paysans ont reçu des menaces. Quatorze ont été assassinés.

    DES MENACES QUOTIDIENNES

    Selon le ministère de l’agriculture, 43 590 personnes ont déposé une demande de restitution, réclamant environ 3 millions d’hectares. Seules 139 décisions de justice ont été rendues. Pedro R., 50 ans, a ainsi récupéré la propriété de ses sept hectares dans le département de Cordoba (nord). Mais Pedro ne peut retourner y vivre, car les menaces sont quotidiennes. « La loi est une bonne loi, confie-t-il. Mais les autorités locales freinent son application. » Négligence ? Incurie ? Complicité ? Pedro préfère ne pas se prononcer.

    #droits_fonciers #multinationales #paramilitaires #paysannerie

  • Natural persons will not own more than 100 hectares of unincorporated land
    http://farmlandgrab.org/post/view/22517

    Natural persons will no longer be allowed to own more than 100 hectares of unincorporated farmland. In order to purchase land, both Romanian and EU citizens will have to meet several requirements, including providing proof of knowledge or 5 years minimum experience in the field of agriculture. “Unfortunately, in certain areas, the soil has been damaged as a result of insufficient agricultural knowledge. People who want to practice agriculture in the future must have the necessary basic knowledge. This knowledge is not included in the bill draft, but will be defined after a public debate, through a government decision with methodology norms”, Minister of Agriculture Daniel Constantin stated yesterday after a press conference.

    He also pointed out that requirements are not as restrictive in Romania as they are in other states, such as France, where one of the requirements is to have agricultural studies before owning a farmland. In addition, according to a bill draft by the Ministry of Agriculture, natural persons who own unincorporated farmland in Romania must prove they have conducted agricultural work on the respective land.

    #terres #Roumanie #droits_fonciers #agriculture #bio #distribution

  • #Cameroun : Ces ministres qui s’accaparent les #terres
    http://farmlandgrab.org/post/view/22472

    C’est un phénomène qui prend de l’ampleur dans les zones rurales au Cameroun. ils sont de plus en plus nombreux, ces ministres, directeurs généraux de sociétés d’etat, magistrast, hauts gradés de l’armée qui achètent à des prix dérisoires d’importants espaces de terres cultivables dans les villages. Cette catégorie de nouveaux acteurs du monde rural que Jean-marc ela nomme « cultivateurs en souliers vernis » exportent dans la majorité des cas leurs produits à l’extérieur.

    « L’accaparement de terres qui s’exprime à travers la multiplication et l’extension des surfaces de vergers des catégories élitistes permet ainsi de voir que ceux-ci désirent posséder des aires sécurisées, à titre personnel, de loin au dessus de la moyenne des populations locales, majoritairement paysannes, et au dessus des 50 hectares autorisés par les dispositions juridiques foncières », souligne le chercheur en sociologie rurale, Hugues morell meliki. (...) Dans le cadre de l’exploitation foncière, un document interne à la sodecao a établi en 2008 que la moyenne de la surface réalisée par un paysan est estimée à 1,4 hectare ; moyenne totalement risible face à la surface investie par les ministres et assimilées, laquelle se chiffre à 8,36 hectare, soit une différence nette de 6,96 hectare.

    #droits_fonciers

  • #Colombie : les paysans bloquent des routes pour obtenir de l’aide
    http://farmlandgrab.org/post/view/22456

    Une trentaine de routes en Colombie étaient bloquées jeudi par des paysans qui ont lancé lundi un mouvement social illimité pour obtenir des aides et un meilleur accès à la propriété foncière, selon la police.

    Plus de 200.000 paysans, selon leurs leaders, étaient mobilisés et avaient installé des campements au bord de nombreuses routes, dont ils bloquaient ou ralentissaient la circulation.

    Des dizaines de milliers d’agriculteurs et d’éleveurs ont lancé depuis quatre jours un mouvement illimité avec manifestations, rassemblements et barrages routiers dans l’ensemble de la Colombie. Des mineurs indépendants et plusieurs syndicats de chauffeurs routiers et d’employés des secteurs de la santé et de l’éducation sont venus mardi grossir leurs rangs avec d’autres revendications.

    #agriculture #droits_fonciers #droits_sociaux #manifestations

  • Brésil : #agrobusiness contre #agriculture paysanne | CNCD-11.11.11
    http://www.cncd.be/Bresil-agrobusiness-contre

    Le cas de l’État de Goiás, au centre du #Brésil, est représentatif. Le réseau des organisations paysannes Via Campesina, appuyé par l’ONG belge Entraide et Fraternité, dresse un sombre constat : la priorité est à l’agrobusiness, le changement structurel ne se réalise pas, 2011 fut l’une des pires années de la réforme agraire et, en 2012, seules 102 familles ont obtenu un accès à la terre suite à une désappropriation. Ce processus, qui dure des années, est le principal levier de la #réforme_agraire. Il consiste en l’achat par l’État – sous la pression des organisations paysannes –, de terres afin de les redistribuer aux familles mobilisées qui en avaient fait la demande. Cet achat se fait volontairement et au prix du marché. Or, le prix des terres augmente et fait l’objet de #spéculations – notamment du fait d’investissements de capitaux internationaux. Dès lors, les terres pour la réforme agraire sont en quantité moindre et de qualité inférieure, pour des familles pauvres, disposant de peu de moyens et d’appuis. Mais dans le même temps, l’agrobusiness – Goiás est le troisième plus grand producteur du pays de cannes à sucre, le deuxième d’éthanol et le quatrième de soja –, lui, est en pleine expansion, accaparant les meilleures terres et bénéficiant des politiques publiques. Ainsi, le gouvernement local investit dans la construction d’un aéroport de fret afin d’augmenter les exportations (principalement celles de l’agrobusiness), sur une surface de 626 hectares, soit plus de la moitié de la surface attribuée, en 2011, dans l’État à des familles dans le cadre de la réforme agraire !

    #MST #terres #droits_fonciers

  • La Banque mondiale veut mettre l’accent sur les #droits_fonciers
    http://farmlandgrab.org/post/view/21921

    La Banque mondiale mettra un accent plus fort sur les questions de régime foncier et des investissements agricoles durables aux plans social et environnemental, a-t-elle annoncé lundi à Washington.

    La banque, l’un des plus grands organismes de crédit de développement au monde, a également formellement réitéré sa préoccupation par rapport à « l’accaparement des terres » à grande échelle par des entreprises, qui a touché une grande partie de l’Afrique ces dernières années.

    « Le Groupe de la Banque mondiale partage ces inquiétudes concernant les risques associés aux acquisitions foncières à grande échelle », a indiqué le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, dans une déclaration faite lundi depuis le siège de la banque à Washington.

    « La sécurisation de l’accès à la #terre est cruciale pour des millions de personnes pauvres. Des politiques modernes, efficaces et transparentes sur les droits fonciers sont essentielles pour réduire la pauvreté et promouvoir la croissance, la production agricole, une meilleure nutrition et un développement durable ».

  • Cinq organisations déposent plainte contre Michelin devant le Point de Contact National de l’OCDE
    http://www.asso-sherpa.org/archives/2342

    En novembre 2009, MICHELIN obtient du gouvernement du Tamil Nadu des #terres, près du village de Thervoy, et démarre ainsi les travaux de construction de sa plus grande usine de production de pneumatiques en Inde. Cependant, les autorités locales ont mis à disposition de l’entreprise des terres, sans aucune consultation préalable des habitants, une communauté majoritairement Dalit (Intouchables, selon le système des castes indiennes) qui peuple la région depuis deux siècles.

    L’aménagement de cette zone, de zone rurale à zone industrielle, a provoqué, au total, la destruction de 450 hectares de la forêt collective qui entourait le village et abritait des activités agricoles et pastorales, privant ainsi ces populations de leur principal moyen de subsistance. De surcroît, les terrains loués par MICHELIN se situent sur un bassin hydrographique qui alimente trois lacs naturels. Ils irriguent le village de Thervoy et constituent les principales ressources en eau pour l’agriculture de la zone.

    Pourtant, dès l’origine du projet, les villageois se sont mobilisés, ont mené des manifestations pacifiques et ont intenté plusieurs recours judiciaires contre l’Etat du Tamil Nadu. En effet, cette implantation porte atteinte aux droits des 1 500 familles qui vivent à Thervoy et menace leur subsistance. 18 autres villages sont aussi directement impactés par la construction des infrastructures nécessaires au site.

    #déforestation #droits_fonciers