• #Olivier_De_Schutter, rapporteur de l’ONU sur l’extrême #pauvreté : « La #stigmatisation des #pauvres accroît le sentiment d’anxiété et d’insécurité économique »

    Dans une tribune au « Monde », le juriste décrit les mécanismes d’une véritable « guerre contre les pauvres plutôt que contre la pauvreté », menée par un Etat-providence qui contrôle plus qu’il ne protège.

    L’économiste juif hongrois #Karl_Polanyi, alors exilé aux Etats-Unis, détaillait en 1944 dans La Grande Transformation, les raisons de la montée de l’#extrême_droite en Europe. Il soulignait que la foi sans limites des élites dans l’#autorégulation_du_marché et l’absence de mécanismes de #sécurité_sociale au moment de la crise économique de 1929 ont plongé une grande partie de la population dans une extrême pauvreté, favorisant la désignation de #boucs_émissaires et la montée des #fascismes. Tirerons-nous les leçons de son enseignement ?

    Les parallèles avec la situation actuelle sont trop nombreux pour pouvoir être ignorés. Depuis les années 1980, l’affaiblissement progressif du #système_social hérité de la période d’après-guerre plonge de plus en plus de personnes dans un état d’#insécurité_économique. Dans un contexte de crise de la croissance keynésienne et de hausse du #chômage, les fondements mêmes de notre système social ont été graduellement remis en cause par les thèses néolibérales.

    L’approche d’une #protection_sociale_universelle, fondée sur l’existence de #droits_sociaux garantis par la Constitution, a été remplacée par une approche conditionnelle. Les dépenses de sécurité sociale sont désormais considérées comme un #coût à réduire plutôt que comme un #investissement nécessaire au maintien de la #cohésion_sociale et à la #lutte_contre_la_pauvreté.

    Dérive dystopique

    En réalité, on a assisté à un grand retournement de la #politique_sociale : du rôle protecteur qui était le sien, l’#Etat-providence est passé à un rôle de #contrôle. Les dispositifs qui le constituent expriment une #méfiance envers des pauvres jugés coûteux, peu méritants, voire #fainéants. Les politiques dites « d’#activation » conditionnent désormais l’obtention d’une #prestation_sociale à une période d’activité, dans le but affiché « d’inciter » les personnes en situation de pauvreté à travailler, suggérant qu’elles sont tentées par l’#oisiveté.

    C’est ce que traduit la récente #réforme du #revenu_de_solidarité_active (#RSA), dont le versement est désormais conditionné à quinze heures d’activité gratuites par semaine. Dans une récente communication au gouvernement français, j’ai mis en garde contre les impacts de cette mesure qui, comme le soulignent la Défenseure des droits, la Commission nationale consultative des droits de l’homme et le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, pourrait mener à une augmentation du taux de #non-recours aux #prestations ainsi qu’à des cas relevant de la qualification de #travail_forcé. A ce jour, le gouvernement français n’a pas répondu à nos inquiétudes à ce sujet.

    La #dématérialisation de l’accès à l’#aide_sociale est une autre illustration de cette dérive aux accents dystopiques. Le « #tout-numérique » peut aggraver le phénomène de non-recours aux #aides_sociales et fragiliser les conditions de vie de nombreuses personnes en situation de pauvreté. En outre, les outils algorithmiques permettent d’automatiser #contrôles et #sanctions.

    La #Caisse_d’allocations_familiales (#CAF) a, par exemple, ciblé de manière discriminatoire des #familles_monoparentales ainsi que des personnes en situation de handicap. Cela mène à des retraits rétroactifs de prestations, aggravant ainsi la situation des bénéficiaires. Non seulement ces formes de contrôle constituent un frein au recours aux aides sociales et à la sortie de la pauvreté, mais elles sont souvent vécues par celles et ceux qui les subissent comme une #humiliation.

    Territoires abandonnés

    L’extrême droite prospère sur l’essor des inégalités et la #peur du #déclassement au sein des classes moyennes et populaires. Dans un contexte économique morose marqué par la stagnation des salaires et de nombreuses #délocalisations, la #stigmatisation des pauvres accroît encore davantage le sentiment d’anxiété et d’insécurité économique des classes moyennes paupérisées. Elle risque ainsi de renforcer les #divisions_sociales en opposant les « pauvres » aux « encore plus pauvres », d’une part, et « nos pauvres », jugés dignes d’être aidés, aux « migrants » qui viendraient leur faire concurrence, d’autre part. Ces dynamiques alimentent le discours décliniste des populistes d’extrême droite, qui attribuent l’insécurité économique à des #boucs_émissaires désignés par leurs origines ethniques.

    Pour inverser la tendance, les politiques sociales doivent être refondées sur le principe d’#universalité de la #protection_sociale, qui constitue un droit humain. Ces efforts doivent se doubler d’un plan de #cohésion_territoriale, permettant de garantir une véritable égalité d’opportunités entre populations des zones rurales et habitants des villes, alors qu’aujourd’hui beaucoup de ruraux ont le sentiment de vivre dans des territoires abandonnés, méprisés par les élites urbaines.

    La montée des populismes d’extrême droite est le résultat direct de la refonte néolibérale du modèle social d’après-guerre. Pour enrayer leur progression, la guerre contre les pauvres doit être remplacée par une guerre contre la pauvreté.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/10/22/olivier-de-schutter-rapporteur-de-l-onu-sur-l-extreme-pauvrete-la-stigmatisa
    #néolibéralisme #conditionnement #conditionnalité #inconditionnalité #immigrés #populisme

    aussi signalé par @colporteur
    https://seenthis.net/messages/1142934

    –-

    ajouté à la métaliste sur la #guerre_entre_pauvres :
    https://seenthis.net/messages/567127

  • Des contrôles « humiliants » : associations et syndicats attaquent l’État sur la réforme du RSA | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/221025/des-controles-humiliants-associations-et-syndicats-attaquent-l-etat-sur-la

    Le Secours catholique, ATD Quart Monde, la LDH, mais aussi les syndicats CGT, CFDT et Solidaires assignent en justice l’État pour sa politique visant les chômeurs et les allocataires du RSA. Les sanctions brandies à l’égard des bénéficiaires sont tout particulièrement visées.

    De la réforme du #RSA et son volet #sanctions, entériné par un décret entré en vigueur le 31 mai 2025, les responsables associatifs et syndicaux n’ont que du mal à en dire. Réuni le 22 octobre pour une conférence de presse, un collectif composé d’une dizaine d’associations a décidé de s’unir de manière inédite pour saisir la justice. Avec un objectif : l’abrogation du décret « sanctions » de la loi dite « plein emploi » qui conditionne l’obtention du RSA à la réalisation de quinze heures d’activité hebdomadaire.

    Quatre recours ont été déposés par la Ligue des droits de l’homme (LDH), le Secours catholique, ATD Quart Monde et Emmaüs France ainsi que des syndicats comme la CGT, la CFDT, Solidaires ou la FSU contre ce texte, qui constitue à leurs yeux une « ligne rouge ». 
    Quatre #recours différents, portés par quatre avocats, ont été déposés par les associations fin juillet, ce qui n’avait pas été rendu public. Elles disposent de trois mois à compter de cette date pour défendre leur requête sur le fond. Leur argumentaire sera communiqué au #Conseil_d’État à la fin du mois d’octobre et une date d’audience devrait être communiquée d’ici à la fin d’année. 

    « On ne sort pas les personnes de la pauvreté à coups de suspensions, mais par la confiance et l’accompagnement », jugent les requérants. Depuis la parution de ce décret, toute personne inscrite à France Travail est menacée de se voir suspendre de 30 % à 100 % de son indemnité chômage ou de son RSA pendant un à plusieurs mois. Et ce, dès le premier manquement, c’est-à-dire n’avoir pas respecté le contrat d’engagement, ne pas s’actualiser correctement ou manquer un rendez-vous.

    Le texte est contesté de longue date. Les associations et des institutions comme le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ou la Commission nationale consultative des droits de l’homme ont alerté en vain sur les risques d’une telle réforme.

    Des sanctions disproportionnées

    Lors de la conférence de presse organisée pour expliciter la démarche du collectif, Didier Duriez, président du Secours catholique, dénonce le choix du gouvernement « de punir » les plus vulnérables : « La loi “plein emploi” et son décret “sanctions” marquent un tournant. Ils marquent un virage inquiétant dans cette société qui s’éloigne de plus en plus de l’impulsion qu’on avait eue juste après-guerre, celle d’un accès digne à l’emploi pour tous, et un soutien à l’ensemble des personnes. »
    Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’homme, complète : désormais, les allocations deviennent « une sorte de rétribution au mérite ». Il ne faut pas s’y tromper, ajoute-t-elle, ces orientations relèvent d’une « idéologie ». 
    Le collectif déplore de ne pas parvenir à obtenir l’attention du gouvernement. Pour Didier Duriez, l’écoute s’est tarie : « Les réunions avec les gouvernements sont plus rares, la prise en compte de ce qu’on leur présente est de plus en plus marginale. »

    Les requérants mobilisent plusieurs arguments. Ce décret est considéré tout d’abord comme une atteinte au droit. Réduire les allocations à titre de sanction « revient à supprimer les moyens de subsistance ». Surtout au regard de la faiblesse du montant du RSA (646 euros en 2025 pour une personne seule) qui est deux fois inférieur à celui du seuil de pauvreté (60 % du revenu médian, soit 1 216 euros en 2025). Les associations et syndicats pointent « la disproportion manifeste des sanctions ».

    Sans compter que la possibilité de se défendre est réduite. Auparavant, une sanction RSA enclenchait la réunion d’une instance durant laquelle la personne était reçue et pouvait expliquer sa situation. Aujourd’hui, dès lors que les personnes sont notifiées de la suspension de leurs allocations, elles ne disposent que de dix jours pour contester la décision, parfois sans réunion ou rencontre physique en fonction des départements. Un délai trop restreint et des conditions inadéquates pour #se_défendre, jugent les associations.

    « Le décret méconnaît par ailleurs le droit au silence [?] et le droit d’être entendu, ce qui constitue une atteinte grave aux #droits_de_la_défense », ajoutent-elles. Elles pointent aussi la confusion, une « erreur de qualification juridique » entre les allocataires du RSA et les demandeurs d’emploi indemnisés. Le collectif rappelle que le RSA n’est pas une indemnisation du chômage, mais « un revenu de survie au nom du droit à des moyens convenables d’existence, pour des personnes souvent éloignées durablement de l’emploi ».

    Des contrôles « humiliants »

    Pour sa part, Lydie Nicol de la CFDT rappelle les promesses déçues de cette loi qui vantait la mise en œuvre d’un accompagnement resserré de qualité avec une meilleure coopération entre les acteurs de l’accompagnement. « Et là, on en est très loin. Et même, c’est assez antinomique avec le décret auquel on s’oppose aujourd’hui. » Elle évoque les #contrôles de #France_Travail, multipliés par trois. En 2024, le premier ministre Gabriel Attal avait en effet annoncé un triplement en trois ans des contrôles, pour arriver à 1 500 000 en 2027.

    La responsable syndicale juge que le gouvernement considère donc l’ensemble des personnes en difficulté comme « soit des fraudeurs en puissance, soit des personnes qui ne veulent pas travailler ». « Pour nous, le chômage n’est jamais un choix. C’est une situation subie. »
    Ces sanctions aggravent le non-recours, la maltraitance institutionnelle, l’exclusion et compromettent le retour à une activité salariée stable de ces personnes. Certaines vont même accepter des emplois précaires pour éviter de perdre leur allocation.
    Isabelle Doresse, vice-présidente d’ATD Quart Monde, relaye des témoignages des premiers et premières concerné·es. Tous disent l’humiliation et l’inquiétude face à la réforme. Par exemple, Bernard se dit « fier mais usé » par ses vingt-cinq années de travail en usine comme manutentionnaire. Sans emploi, il « se sent harcelé par France Travail ». Il partage son stress et sa panique face aux menaces de sa conseillère de lui retirer « un à quatre mois de RSA pour recherche insuffisante ». Il assure tout faire pour trouver du travail, y compris suivre les formations proposées par France Travail.
    Corinne, mère isolée de quatre enfants, en invalidité, s’est vu imposer une activité hebdomadaire alors qu’elle doit honorer des rendez-vous médicaux réguliers. Elle a réussi à négocier cinq heures d’activité. Marie-Andrée Bresson, présidente de Solidarité Paysans, a évoqué le cas de cette agricultrice à qui l’on a demandé de justifier son RSA en envoyant tous ses relevés bancaires et factures d’une année. « C’est quelque chose d’humiliant et d’une violence sans nom vis-à-vis des personnes. »

    L’accompagnement en souffrance

    Élie Lambert, secrétaire national de l’union syndicale Solidaires, accuse le gouvernement de provoquer « le découragement des allocataires, pour les dissuader de solliciter ce filet de survie », alors qu’on constate un taux de non-recours déjà important pour certaines franges de la population. Marie-Andrée Bresson rappelle que chez les agriculteurs, il est estimé entre 50 et 60 %. Et il est impossible pour beaucoup de s’acquitter de l’obligation des quinze heures d’activité hebdomadaire, « alors que nombre d’agriculteurs travaillent déjà très durement pour survivre », ajoute-t-elle.
    Agnès Aoudaï, coprésidente du Mouvement des mères isolées, considère cette obligation d’activité comme « injuste et violent ». Elle ajoute : « C’est une mise à disposition de nos corps et de notre temps tout à fait inacceptable. » Dans la même veine, Denis Gravouil, secrétaire confédéral CGT, dénonce « un système violent et incompréhensible pour les 8 millions de personnes en recherche d’emploi ».

    Vincent Lalouette, secrétaire général adjoint de la FSU Emploi, rêve d’un « sursaut collectif », en particulier sur la question des contrôles, qui mettent des personnes dans la difficulté : « L’expression suicidaire chez les gens dont on s’occupe [comme agents de France Travail] est en forte augmentation ces derniers temps. C’est évidemment lié à la diminution des revenus à cause des différentes réformes de l’assurance-chômage, mais c’est aussi l’une des conséquences directes de la politique qui est menée avec la loi dite “plein emploi”. »
    Du reste, ces contrôles s’accroissent sans les personnels adéquats pour les mener. L’accompagnement se trouve ainsi dégradé et les agent·es de France Travail sont en souffrance. Car, estime encore Vincent Lalouette, aucun moyen supplémentaire n’a été débloqué pour absorber la charge de travail supplémentaire due notamment à l’obligation faite à tous les allocataires du RSA de s’inscrire à France Travail. Les velléités de résistance s’amenuisent aussi face au réel. 
    Les sanctions sont appliquées à la discrétion des conseils départementaux. Difficile d’obtenir des chiffres précis en ce domaine. Aucun outil statistique n’a été mis en place, regrette Lydie Nicol de la CFDT. Les données sur le devenir des personnes radiées des dispositifs de solidarité ne sont pas davantage disponibles. « Ces réformes marquent un durcissement sans précédent des politiques sociales dans notre pays », regrette encore le collectif.

    L’expression suicidaire au guichet (me touche pas ou je meures !) passe pour la seule forme de résistance possible actuellement.

    #revenu_minimum #droits_sociaux

    • Décret sanctions des demandeurs d’emploi et bénéficiaires du RSA : nous attaquons l’Etat en justice
      https://oxi90.com/IPCRWSF67/DF5AF95316134AE3B9931B90021DB3CE.php

      Changer de Cap fait partie des 11 associations et 5 syndicats qui attaquent au Conseil d’État le décret sanctions de la loi Plein emploi et demandent son abrogation. Ce décret, publié le 30 mai 2025, permet de suspendre ou de supprimer les allocations des demandeurs d’emploi au moindre « manquement ». Cela concerne les chômeurs comme les bénéficiaires du RSA, puisque ceux-ci sont désormais inscrits automatiquement à France Travail.

      Pour un rendez-vous manqué ou un manquement dans le contrat d’engagement réciproque, une personne peut perdre 30 à 100 % de son RSA, pendant 1 à 4 mois, avant remobilisation ou radiation. Ce décret, publié dans le cadre de la #loi_« Plein_Emploi » qui impose 15h d’activité à toute personne au RSA comme à toute personne au #chômage, marque une étape supplémentaire dans le contrôle des plus précaires.

      Les associations et syndicats qui se sont unis dans des recours juridiques en Conseil d’État fondent leur requête sur différents arguments, parmi lesquels :

      Le droit à des moyens convenables d’existence est un droit fondamental, protégé par la constitution comme tous les droits humains. Le RSA est un minimum vital pour survivre. On ne peut donc pas le supprimer, quelle que soit la raison. Rappelons que le montant du RSA pour une personne seule, 646 €, est inférieur au seuil d’extrême pauvreté en France.

      La disproportion des #sanctions : le Conseil constitutionnel avait déclaré la loi « Plein Emploi » constitutionnelle sous réserve que les sanctions soient proportionnées. Or supprimer totalement le RSA dès le premier manquement n’est clairement pas proportionné.
      Les inégalités territoriales : les sanctions peuvent aller de 30 à 100 % du RSA sur 1 à 4 mois, elles sont donc appliquées de manières très différentes selon les départements. En effet, ce sont les #conseils_départementaux qui décident de la hauteur des sanctions en cas de « manquement », notion par ailleurs très floue.
      Pour illustrer concrètement cette rupture de l’égalité des droits, prenons l’exemple des départements de la #Creuse et de la Saône-et-Loire. Par délibération en date du 10 octobre 2025, le Conseil départemental de la Creuse a voté une suspension du RSA de 80 % pendant deux mois pour une personne seule dès le premier manquement. En Saône-et-Loire, c’est la commission permanente qui a actualisé son Règlement départemental d’aide sociale (RDAS) et décidé d’une suspension de 50 % pendant un mois, toujours pour une personne seule et toujours au premier manquement.
      La violation du droit de la défense : avant le décret, une suspension de RSA nécessitait une réunion où l’allocataire pouvait se défendre et expliquer son point de vue. Cette réunion est supprimée. De plus, le délai de recours est de seulement 10 jours, ce qui est très largement insuffisant pour préparer une contestation ou demander de l’aide à un avocat ou une association.

      NOTRE POSITION
      Le décret sanctions, une nouvelle arme budgétaire
      Ce renforcement des sanctions a de multiples conséquences, qui ont été abordées lors d’une conférence de presse organisée par les syndicats et les associations le 22 octobre. Pour #Changer_de_Cap, ce décret est aussi une nouvelle arme dans la politique de réduction des #dépenses_sociales, quel qu’en soit le coût humain. Derrière cette réforme, c’est une logique budgétaire assumée qui se dessine : faire des plus #précaires une variable d’ajustement des finances publiques.
      En 2022, 34 % des personnes éligibles au RSA n’ont pas perçu l’aide à laquelle elles avaient droit. La complexité administrative dans les conditions d’accès, leur durcissement via la loi « Plein emploi » et la multiplication des contrôles, des sanctions et des suspensions hors de tout #droit_au_contradictoire ajoutent une pièce dans la machine politique d’#institutionnalisation_du_non-recours, qu’on peut chiffrer au bas mot à 10 milliards d’euros toutes prestations confondues. Cette réalité, associée aux radiations, réduit artificiellement le coût de la protection sociale, au prix d’une #précarisation accrue.

      Dans un contexte de rigueur, ce manque à verser est devenu un pilier silencieux de l’équilibre budgétaire. L’État serait incapable de payer ces milliards d’euros si toutes les personnes demandaient effectivement leurs droits [hum hum] et les Les sommes « économisées » sur le dos des plus vulnérables sont désormais budgétisées dans les prévisions budgétaires se basent sur les demandes actuelles. L’État anticipe donc le non-recours et n’a aucun intérêt à lutter contre.

      Les plus précaires comme variable d’ajustement budgétaire : l’exemple des #Départements

      Le décret « sanctions » va renforcer une réalité déjà tangible. Avant même l’annonce d’une « année blanche » sur les prestations sociales, les Départements de France, via l’association éponyme, ont annoncé qu’ils ne respecteraient pas la revalorisation légale du RSA (1,7 %) au 1er avril 2025. Dans le #Finistère, le président Maël de Calan affiche clairement un objectif de baisse du nombre d’allocataires. Des paroles aux actes, entre 2021 et 2024, le nombre de bénéficiaires est passé de 18 000 à 14 700, permettant 8 millions d’économies sur le budget du département. Des décisions n’émanent donc plus de la situation réelle des personnes concernées ou même des textes réglementaires, mais bien des « sommes disponibles » [c-à-d de décisions politiques]. Le principe d’économies budgétaires se substitue au principe de réalité.

      Des économies sur le dos des bénéficiaires du RSA et des chômeurs

      Selon les données de la DREES, en 2022 et au niveau national, les dépenses de minima sociaux (Allocation adulte handicapé, minimum vieillesse, Revenu de solidarité active, Allocation de solidarité spécifique) ont reculé de 3,1 % (-3 % en 2021). Cette baisse portée presque exclusivement par les allocataires du RSA (939 millions sur les 963 économisés). De même, l’ASS a connu une baisse de 12,8 %. Le budget consacré à deux autres minimas sociaux, l’AAH et le minimum vieillesse, a augmenté. Ces chiffres démontrent que les coupes budgétaires visent d’abord les chômeurs et les bénéficiaires du RSA.

      Des coûts reportés sur la société entière

      Ces économies « apparentes » entraînent de graves conséquences tant personnelles (aggravation de la précarité, #isolement, dégradation de la #santé physique et mentale, #expulsions locatives, #insécurité_alimentaire…) que collectives (tensions sociales, pertes de la cohésion sociale, déport sur les collectivités locales). Toutes ces conséquences ont un prix, qui sera supporté par l’ensemble de la société.
      Affaiblissement des services publics, fragilisation des plus précaires, éloignement des citoyens de leurs droits… Avec cette logique, la précarité devient rentable — tant que ses conséquences restent invisibles dans les comptes publics.

      L’austérité sociale, un choix politique

      La contestation du décret sanction devant le Conseil d’État n’est donc pas seulement une bataille juridique : c’est une bataille symbolique sur la place du social dans les choix budgétaires de l’État.
      Alors que le discours public se durcit sur les prétendus « assistés », les politiques d’accès aux droits sont présentées comme un coût, et non comme un investissement collectif.
      Cette #austérité de gestion, justifiée au nom de la responsabilité budgétaire, fragilise le pacte social. Elle transforme le droit à la #solidarité en suspicion d’#assistanat et fait du non-recours une politique publique à part entière.
      À force de chiffrer la solidarité, on finit par dévaloriser le pacte social. Et derrière les économies immédiates, c’est la cohésion nationale qui se délite, lentement mais sûrement.

      Nous vous proposons l’écoute de l’émission de France Culture sur le recours déposé au Conseil d’État, et plus largement sur la dégradation de la protection sociale.
      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/culture-de-l-info/protection-sociale-un-collectif-d-associations-attaquent-l-etat-sur-sa-r

      L’annonce du recours contre le décret sanction est concomitant avec la publication d’un rapport des Nations Unies : « Le populisme d’#extrême_droite et l’avenir de la protection sociale ». Son auteur, Olivier de Schutter, rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme et l’extrême pauvreté, y dénonce la #guerre_aux_pauvres, menée en France et ailleurs, et l’imputation de la responsabilité de la #pauvreté aux personnes elles-mêmes. Conséquence, parmi d’autres, une défiance à l’égard de l’État et des services sociaux, qui alimente le non-recours.

      Cette défiance et l’insécurité économique font le lit d’une extrême droite qui se nourrit des clivages et de la peur du déclassement, alors que les populistes autoritaires, lorsqu’ils sont au pouvoir, amplifient la dégradation des protections sociales. Pour Olivier de Schutter, cette protection sociale est un droit humain et en tant que tel devrait servir de rempart contre la montée des populismes. « Il est temps de changer de cap. Les dirigeants soucieux de parer au recul de la démocratie devraient en faire plus pour apaiser les craintes et assurer la sécurité économique. Et ils doivent éviter toute rhétorique présentant la protection sociale comme une œuvre charitable réservée à ceux qui la méritent. Face à la menace de l’extrême droite, il faut donner à la protection sociale tout le crédit qui lui est dû en tant que droit humain de l’individu et en tant que bien public source d’importantes externalités positives bénéficiant à l’ensemble des membres de la société ».

      Ce rapport de 21 pages est disponible en ligne, et en français. On ne peut que recommander sa lecture !
      https://docs.un.org/fr/A/80/138

      APPEL A TEMOIGNAGES
      Pour #documenter les conséquences de l’application de cette réforme et de ce décret, les associations et syndicats lancent un appel à témoignages !
      Les personnes concernées sont invitées à remplir un questionnaire en ligne : https://framaforms.org/recueil-de-temoignages-sur-la-loi-dite-pour-le-plein-emploi-et-le-decret
      Les données seront traitées pour être anonymisées et l’accord de la personne explicitement demandé quant à l’utilisation de son témoignage.

      edit tribune d’Olivier De Schutter dans Le Monde
      https://seenthis.net/messages/1142934

  • Préférence nationale déguisée, préférence nationale assumée ? Antoine Math, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) - La lettre du Comede, Maux d’exil n.78, mars 2024.
    https://ires.fr/publications/ouvrages-et-articles/preference-nationale-deguisee-preference-nationale-assumee

    Le Parlement a adopté dans le cadre de la loi immigration une condition d’ancienneté de séjour régulier de 5 années pour l’accès aux prestations familiales, aux aides personnelles au logement, à l’allocation personnalisée d’autonomie et au droit au logement opposable1. Cette disposition a finalement été censurée par le Conseil constitutionnel, non pas sur le fond mais parce qu’elle n’avait pas sa place dans cette loi. Elle pourrait donc réapparaître prochainement.

    Une telle condition n’est pas de la « préférence nationale » au sens strict, celle qui figurait en tête des tracts du Front national au début des années 1980. Il ne s’agit en effet pas de la « condition de nationalité » consistant à exiger des personnes d’être française ou européenne, mais elle s’en inspire et s’y substitue, d’où la qualification justifiée de « préférence nationale déguisée ». L’extrême droite ne s’y est d’ailleurs pas trompée, parlant de victoire idéologique.

    Expériences puis mise à l’écart de la condition de nationalité

    La condition de nationalité n’est pas inconnue de notre système de protection sociale, même si elle n’a jamais concerné les assurances sociales. Ces dernières ont d’ailleurs longtemps ignoré la nationalité (lois sur les retraites en 2010, les assurances sociales en 1928 et 1930, les prestations familiales en 1932, Sécurité sociale en 1945). La qualité de travailleur ou de cotisant constituait alors le principal, sinon le seul, critère d’accès. Une première rupture intervient en 1993 avec l’exigence de la régularité de séjour pour l’accès aux assurances sociales (maladie, invalidité, vieillesse…). L’ajout d’une nouvelle condition de 5 années de séjour régulier pour les prestations familiales, placées histori­quement au cœur de la Sécurité sociale, constituerait une nouvelle rupture.
    .
    À côté des assurances sociales cependant, l’idée a longtemps prévalu que l’assistance ou l’aide sociale devait reposer sur une « solidarité nationale » réservée aux seuls Français. Durant la IIIe République, l’État social naissant devient un moyen de faire nation. Il s’agit de protéger le citoyen français en lui accordant des « privilèges »3. Au tournant du 20e siècle, les étrangers sont exclus des premières lois d’assistance aux pauvres, dont l’aide médicale (1893). L’exclusion va peu à peu être levée via des conventions passées avec les principaux pays de provenance, ainsi qu’en vertu de la Convention de Genève de 1933 pour les réfugiés apatrides dits « Nansen » (russes, arméniens…) et la Convention issue de la conférence d’Évian de 1938 pour les réfugiés fuyant l’Allemagne nazie.

    Après-guerre, d’autres conventions (réfugiés, apatrides, convention européenne d’assistance sociale et médicale) conduisent en 1954 à l’ouverture de l’aide sociale aux étrangers, sans exception.

    La condition de nationalité a perduré plus longtemps pour des « prestations non contributives » versées par les caisses de sécurité sociale. À l’origine, une loi du 14 mars 1941 stipulant « Nous, Maréchal de France, chef de l’État français, décrétons : (…) il est accordé une allocation aux vieux travailleurs français sans ressources suffisantes, âgés de soixante-cinq ans ou plus (…). Les étrangers ne peuvent s[’en] prévaloir ». Cette exclusion sera reprise en 1956 pour le minimum vieillesse, 1957 pour l’allocation supplémentaire aux invalides et 1975 pour l’allocation aux adultes handicapés. La levée de cette exclusion va être le résultat d’un long combat pour faire prévaloir le principe d’égalité4. D’abord pour les ressortissants communautaires après plusieurs condamnations de la France par la Cour de Justice de Luxembourg dans les années 1970. Pour les étrangers non communautaires, après des censures du Conseil constitutionnel en 1990, de la Cour de justice de Luxembourg et de la Cour de cassation en 1991 pour des anciens travailleurs pouvant se prévaloir d’un accord de leur pays avec la CEE et enfin de la Cour européenne des droits de l’Homme à partir de 1996, la condition est enfin écartée par la loi en 1998.

    Substitut à la condition de nationalité et « préférence nationale déguisée »

    Cette condition, ou préférence nationale, est donc bannie sauf à revoir la Constitution et remettre en cause la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme… D’autres obstacles ont alors été opposés aux étrangers et se sont en partie substitués à la condition de nationalité5. Ce fut d’abord la condition de régularité du séjour, généralisée par la loi « Pasqua » de 1993 à quasiment toute la protection sociale à quelques exceptions près, dont l’aide médicale. Ce tournant majeur va se traduire, par exemple, par l’exclusion des étrangers sans titre de séjour de l’assurance maladie, un choix confirmé ensuite par la loi CMU (1999). Ses effets vont être d’autant plus forts que des restrictions sont apportées aux listes des pièces exigées pour justifier de cette condition et que la précarisation du séjour ne cesse de s’accroitre6.

    Pour qui veut exclure les étrangers toujours davantage, l’exigence de la condition de régularité du séjour est insuffisante. C’est dans ce contexte que la condition d’ancienneté de séjour régulier ou d’antériorité de titres de séjour va se développer [dès 1988, avec la création par la gauche, avec l’assentiment de l’ensemble de l’Assemblée nationale, du RMI, ndc].

    La part des étrangers en situation régulière exclus est d’autant plus élevée qu’il peut être difficile d’apporter la preuve d’une régularité ancienne et qu’il est souvent impossible de justifier de la continuité du séjour régulier durant la période en raison des courtes interruptions causées par les pratiques préfectorales lors des renouvellements de titres de séjour. Et, bien sûr, l’exclusion sera d’autant plus forte que la durée d’ancienneté exigée est longue.

    Or, de réformes en réformes, cette durée s’allonge. Elle passe de 3 à 5 ans en 2004 pour le revenu minimum d’insertion (RMI).
    Elle est étendue en 2006, puis allongée de 5 à 10 ans en 2012, à l’allocation de solidarité aux personnes âgées. Elle est étendue au conjoint du demandeur du revenu de solidarité active (RSA) en 2009, puis à la prime d’activité en 2016. Elle est portée en 2012 à 15 ans pour le RSA à Mayotte, en dépit d’un avis défavorable du Conseil d’État. En 2018, le gouvernement fait adopter une disposition législative pour la porter à 15 ans également en Guyane, mais ce durcissement est annulé par le Conseil constitutionnel.

    Un tel engouement est clairement xénophobe : de fait, cette condition d’ancienneté de séjour régulier joue la fonction d’exclusion qui aurait été dévolue à une condition de nationalité7. Avec l’assentiment d’un spectre de plus en plus large de décideurs politiques, et souvent dans l’indifférence de ceux classés à gauche. L’idée a débordé les partis d’extrême droite, hier les seuls à préconiser une « préférence nationale » et s’est propagée dans d’autres programmes politiques. De ce point de vue, n’a malheureusement pas été une réelle surprise le vote au Parlement par les élus d’extrême droite, désormais ceux de droite et ceux soutenant le gouvernement, d’une telle mesure d’exclusion des prestations aux familles ou aux personnes âgées en perte d’autonomie, ou encore des aides au logement. Restent une certaine sidération et la honte face à ce piétinement du principe d’égalité.

    1. - La durée est ramenée à 30 mois pour les personnes affiliées à un titre professionnel. De plus, par rapport à l’amendement voté au Sénat, d’autres assouplissements ont été apportées par la Commission mixte paritaire, notamment pour les aides au logement.
    2. - Math A., 2021, La protection sociale des personnes étrangères ressortissants d’un pays non-membre de l’Union européenne, Informations sociales, 2021/2, n°203-204, p.158-166
    3. - Slama S., 2012, « Les nouvelles frontières des droits sociaux des étrangers non européens », in Les droits sociaux, entre droits de l’Homme et politiques sociales, LGDJ
    4. - Isidro L., 2017, L’étranger et la protection sociale, Dalloz. Lochak D., 2000, Quand l’administration fait de la résistance. Les prestations non contributives et les étrangers, in Drôle(s) de droit(s). Mélanges en l’honneur de Élie Alfandari, Dalloz, p. 405-416.
    5. - Izambert C., 2018, La régularité du séjour des étrangers en France : frontière du projet d’universalisation de la protection sociale ?, Revue française des affaires sociales, n° 4.
    6. - Math A., 2016, Les conséquences de la précarisation du séjour sur l’accès aux droits économiques et sociaux, in Gisti, Précarisation du séjour, régression des droits, coll.
    « Penser l’immigration autrement », p. 83-91
    7. - Math A., 2014, Le RSA et les étrangers : origine et fortunes de la condition d’antériorité de résidence, Revue de droit sanitaire et social, n° 3, p. 564-576

    #étrangers #xénophobie_d'État #préférence_nationale #protection_sociale #Préférence_nationale_déguisée #droits_sociaux

  • Les APL gelées en 2026 et même supprimées pour [plus de 300 000] étudiants étrangers ?
    https://demarchesadministratives.fr/actualites/budget-2026-le-gouvernement-veut-geler-les-apl-et-les-suppr

    Le projet de #budget 2026 contient le gel des aides personnalisées au logement et la suppression de ces aides pour certains étudiants étrangers non boursiers.
    Alors que le gouvernement cherche à faire des économies, l’exécutif a notamment ciblé les #APL (aides personnalisées au logement). En effet, le projet de budget pour 2026, présenté ce mardi 14 octobre en conseil des ministres prévoit de geler ces aides pour l’année à venir, à l’instar de plusieurs autres prestations sociales. De plus, il prévoit de supprimer les APL pour certains étudiants étrangers.

    Selon le projet de budget, les aides personnalisées au logement ne feront pas l’objet d’une revalorisation en 2026 pour suivre l’inflation, contrairement aux années précédentes. Cette décision, inscrite dans l’#année_blanche budgétaire, vise à stabiliser le montant d’aides versées. Cette mesure devrait permettre à l’État de réaliser une économie globale de 108 millions d’euros, dont 54 millions d’euros générés par le choix de ne pas indexer ces aides sur l’inflation.​

    Le projet prévoit également de supprimer l’accès aux APL pour les étudiants étrangers non ressortissants de l’Union européenne, de l’Espace économique européen (EEE), ou de la Suisse, lorsque ceux-ci ne bénéficient pas d’une bourse. Seuls les étudiants extra-communautaires boursiers (environ 2 à 3 % des 315 000 étudiants concernés) pourraient continuer d’en bénéficier. La suppression des APL pour les étudiants extra-communautaires non boursiers représente une économie potentielle estimée à 400 millions d’euros pour l’État.

    On nous aurait trumpé ?

    #étudiants_étrangers #droits_sociaux #xénophobie_d'État #merci_PS

    • PLF 2026 : Fage, Union étudiante et Unef opposés à la fin des APL pour les étudiants extracommunautaires non boursiers
      https://www.aefinfo.fr/depeche/739341-plf-2026-fage-union-etudiante-et-unef-opposes-a-la-fin-des-apl-pour-l

      Alors que le PLF 2026 prévoit d’exclure les étudiants extracommunautaires non boursiers des bénéficiaires des APL (aides personnelles au logement), la Fage, l’Union étudiante et l’Unef dénoncent, dans des communiqués distincts, une mesure « raciste » qui risque d’aggraver la précarité de ces étudiants, entre le 15 et le 16 octobre 2025. Les trois organisations étudiantes réclament le « retrait immédiat » de cette mesure. « De nombreuses coupes budgétaires sont prévues sur le dos des étudiants », déplore l’Union étudiante, alors que les crédits « vie étudiante » du programme 231 de la Mires,sont en baisse de 25,6 M€.

      « Non à la suppression des APL pour les étudiants extracommunautaires non boursiers. » La Fage, l’Union étudiante et l’Unef expriment leur ferme opposition à cette mesure qui figure dans le PLF 2026, présenté le 14 octobre 2025 en conseil des ministres.

      S’agissant des étudiants hors UE, le texte budgétaire prévoit de restreindre le bénéfice des APL aux seuls étudiants extracommunautaires boursiers. Ainsi, les étudiants hors UE ne bénéficiant pas de bourse d’enseignement supérieur sur critères sociaux ne pourront plus toucher ces aides au logement.

      « UNE MESURE DANGEREUSE ET INACCEPTABLE » (LA FAGE)

      La Fage juge la « mesure raciste, dangereuse et inacceptable ». Dans un message posté sur LinkedIn au lendemain de la présentation du projet de budget, l’organisation étudiante dénonce une « logique de ciblage », « lourde de conséquences et très dangereuse », qui risque de « dégrader plus encore les conditions de vie d’étudiants qui sont déjà dans des situations de #précarité extrême ». La Fage rappelle que 60 % des étudiants bénéficiaires de ses épiceries solidaires Agoraé sont des étudiants étrangers, « dont 63 % sont non-boursiers » .

      Le syndicat étudiant réclame que « les APL restent accessibles à tous les étudiants, sans discrimination de nationalité » et plaide pour le « retrait immédiat » de la mesure, alors que "le logement représente le premier poste de dépense d’un étudiant" (lire sur AEF info).

      L’UNEF LANCE UNE PÉTITION « POUR EXIGER L’ÉGALITÉ DANS L’ACCÈS DES APL »

      Même opposition exprimée par l’Unef, dans un communiqué diffusé le 16 octobre, qui dénonce « une rupture d’égalité manifeste » et « une attaque raciste ». En voulant supprimer les aides au logement pour les étudiants étrangers non-boursiers, « le gouvernement veut appauvrir encore plus 300 000 étudiantes et étudiants qui font déjà partie des étudiantes et étudiants les plus #précaires », fustige l’organisation étudiante.

      L’Unef pointe aussi la proposition du gouvernement « d’ augmenter à 100 euros la taxe que ces étudiantes et étudiants doivent payer pour demander ou pour renouveler leur visa » .

      Dénonçant « une triple précarité », administrative, pédagogique et financière, subit par ces étudiants extracommunautaires non boursiers, l’Unef appelle « au retrait de ces mesures », jugées « injustes et xénophobes ». L’organisation étudiante, qui a calculé que le coût de la vie pour ces étudiants étrangers, en moyenne de +14 % par rapport au niveau de vie des étudiants français, indique lancer une pétition « pour exiger l’égalité dans l’accès des APL ».

      Pour rappel, les étudiants extracommunautaires non boursiers sont en principe soumis aux droits d’inscription différenciés.

      « PRÈS DE 300 000 ÉTUDIANTS SANS APL », SELON L’UNION ÉTUDIANTE

      L’Union étudiante alerte également sur cette proposition jugée « raciste et qui promeut la #préférence_nationale ». « Ce sont près de 300 000 étudiantes et étudiants qui se retrouveront sans APL », estime le syndicat étudiant, dénonçant « une nouvelle coupe brutale dans l’aide au logement étudiant ». « Exclus du système de bourses, ces étudiants sont très souvent obligés de se salarier. La suppression des APL pour ces étudiants les empêcherait concrètement de subvenir à leurs besoins et de se loger, accentuant les situations de #sans-abrisme étudiant », alerte l’Union étudiante, dans un communiqué diffusé le 14 octobre.

      DES « COUPES BUDGÉTAIRES SUR LE DOS DES ÉTUDIANTS »

      Au-delà de cette mesure, l’organisation étudiante se dit opposée à ce PLF qui « ne fait que prolonger la logique de restriction des dépenses publiques, au détriment des services essentiels et de la jeunesse », selon l’Union étudiante.

      Pour rappel, s’agissant de la Mires, le PLF 2026 prévoit 31,47 Md€ de crédits de paiement, soit +566 M€ comparé à la loi de finances 2025. Mais les crédits « vie étudiante » du programme 231, qui s’élèvent à 3,2 Md€ en CP, sont en baisse de 25,6 M€.

      « Malgré cette hausse, ce sont de nombreuses coupes budgétaires qui sont prévues sur le dos des étudiants ! », dénonce encore le syndicat. « Les allègements pour les entreprises et les niches fiscales, comme le Crédit Impôt Recherche (CIR), sont reconduits, tandis que les aides sociales stagnent », déplore l’organisation qui y voit « un choix clair : subventionner la recherche privée au détriment de la recherche publique, sans transparence ni contrôle ».

      L’Union étudiante revendique :

      « Un revenu d’autonomie à hauteur du seuil de pauvreté ;
      le maintien des APL pour toutes et tous et l’augmentation de leurs montants ;
      la gratuité réelle de l’enseignement supérieur, pour tous les étudiants sans distinction ni sociale ni géographique ;
      le retrait du crédit impôt recherche et une augmentation et réorientation des dépenses fiscales vers la recherche publique ;
      l’abrogation des réformes des retraites et le financement des services publics par une fiscalité de justice sociale. »

    • L’Agence France Police publie un article qu’il faut regarder. Ils y ont documenté la prolifération commerciale de site et infos qui racontent pour générer de la connexion n’importe quoi sur la protection sociale à ceux qui en dépendent . Ces trucs contribuent au brouillage de tout repère dans le maquis bureaucratique et constamment changeant des droits collectifs.

      Quant à la mesure prise, priver plus de 300 000 étrangers d’APL, elle repose sur une ruse. Puisqu’il ne serait ni constitutionnel ni conforme au droit européen d’exclure les étrangers, et pas même les étrangers non ressortissants de pays hors U.E en général, on vire les non boursiers, sachant qu’il est difficile et rare pour les étrangers d’en obtenir une.

      « Non, la CAF ne va pas cesser de verser des aides aux personnes nées à l’étranger à partir de 2026 ». On subordonne « exceptionellement » l’accès à un droit social (APL) au bénéfice d’un autre droit social (bourse). On étend la préférence nationale réelle à défaut de la rendre à la fois formelle et réelle. L’intention y est. Nul doute qu’on cherchera d’autres moyens de la mettre en oeuvre.

      Non, la CAF ne va pas cesser de verser des aides aux personnes nées à l’étranger à partir de 2026
      https://factuel.afp.com/doc.afp.com.78PH7ZQ#:~:text=Dans%20un%20contexte%20de%20recherche,à%20c.

      edit

      Cette mesure « peut créer des milliers et des milliers de situations dramatiques », alerte Manuel Domergue, rappelant que les systèmes de bourse ne sont pas les mêmes à l’étranger et que seulement « 2% à 3% des 315 000 étudiants étrangers extra-communautaires » sont boursiers.

      [Manuel Domergue, Fondation pour le logement des défavorisés] calcule grossièrement que refuser entre 100 et 150 euros d’aides mensuelles à 300 000 à 310 000 étudiants pourrait induire des économies d’environ 400 millions d’euros.

      Les crédits alloués à l’aide à l’accès au logement, qui comprend les APL, seront de 16,1 milliards d’euros en 2026, en baisse de 600 millions d’euros par rapport à l’année précédente.

      https://perma.cc/B59X-RAYX

      edit sur la « préférence nationale déguisée » un historique https://seenthis.net/messages/1141480

    • Non à la suppression des APL pour les étudiant·es étranger·es ! Pétition
      https://www.change.org/p/non-à-la-suppression-des-apl-pour-les-étudiant-es-étranger-es

      Entre 100 et 250 € de moins par mois pour les étudiant·es étranger·es et des difficultés d’accès au logement démultipliées : voilà ce que contient le projet de budget 2026 présenté par le gouvernement Lecornu.

      L’article 67 du projet de loi de finances propose, sans justification ni étude d’impact, d’exclure des Aides personnalisées au logement (APL) la quasi-totalité des étudiant·es étranger·es extra-européen·nes. Cette nouvelle mesure discriminatoire instaure parmi les étudiant·es une véritable préférence nationale dans l’aide au logement.

  • En Allemagne, la coalition s’accorde pour restreindre l’accès aux minima sociaux
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/10/10/en-allemagne-la-coalition-s-accorde-pour-restreindre-l-acces-aux-minima-soci

    La réforme la plus attendue était donc celle du #Bürgergeld (« #allocation citoyenne »), prestation sociale notamment versée aux #chômeurs arrivés en fin de droits, qui alimente un débat en Allemagne sur la désincitation au #travail. Le Bürgergeld, qui s’élève actuellement à 563 euros pour une personne seule, coûte 47 milliards d’euros par an aux finances publiques. Le fait que près de la moitié des bénéficiaires soient étrangers suscite aussi des critiques.

    Les partenaires de la coalition « noire rouge » se sont entendus pour réformer cette allocation, lointaine héritière des réformes de Gerhard Schröder au début des années 2000, en introduisant un système de #sanctions progressives. Les bénéficiaires refusant de se rendre aux rendez-vous de contrôle ou de reprendre un emploi pourraient perdre l’intégralité de la prestation, ainsi que des aides au logement s’ils en touchent. Un tour de vis par rapport au système actuel, dont les sanctions étaient moins sévères et qui ne prévoyait pas la suppression totale de l’allocation.

    Initialement réticent, le SPD s’est finalement rangé derrière le chancelier et les conservateurs. « Les sociaux-démocrates ont à cœur de montrer qu’ils demeurent le parti du travail et pas celui des “assistés “ », résume Uwe Jun, professeur de sciences politiques à l’université de Trêves. Un reproche fréquemment formulé à l’encontre du parti dans les régions industrielles de l’ouest de l’Allemagne, bastion historique du SPD, où Alternative für Deutschland (AfD, #extrême_droite) gagne du terrain avec un discours dénonçant à la fois l’immigration et le dévoiement de l’Etat social. «  Nous exigeons du travail plutôt que du chômage », a martelé Bärbel Bas jeudi, qui s’est gardée de donner un montant d’économies. La ministre a en revanche indiqué qu’en faisant revenir 100 000 bénéficiaires de l’allocation dans le marché du travail, l’Etat récupérerait un milliard d’euros.

    En guise de sanction, supprimer l’allocation logement. Suffit de lire le journal pour trouver des pistes utiles, de Lecornu à Roussel.

    #droits_sociaux #société_punitive

  • La Suède réduit ses aides sociales dans l’espoir de restreindre l’immigration
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/09/19/la-suede-reduit-ses-aides-sociales-dans-l-espoir-de-restreindre-l-immigratio

    Le royaume scandinave « n’est pas un buffet pour tous les peuples du monde », a lancé Linda Lindberg, cheffe du groupe des Démocrates de Suède (SD) au Parlement, lors d’une conférence de presse à Stockholm, estimant que les mesures annoncées devraient mener à une baisse de l’immigration, « car ce ne sera plus aussi avantageux de venir » dans le pays nordique.

    La réforme se compose de trois volets. Le premier prévoit une baisse de l’aide sociale et la mise en place d’un plafond pour les familles de plus de quatre enfants. Dans l’exemple donné par la ministre des affaires sociales, Anna Tenje, un couple avec cinq enfants peut aujourd’hui percevoir jusqu’à 46 500 couronnes suédoises par mois (4 220 euros), sous forme de diverses allocations, sans travailler ; 95 % de ceux qui se trouvent dans cette situation sont nés à l’étranger, a précisé Mme Tenje.
    Les parents, selon elle, « pourraient travailler, mais ne le font pas pour diverses raisons », sachant qu’en l’état, il n’est « pas rentable de passer de l’aide sociale à l’emploi, même si les deux [adultes] commencent à travailler ». La droite et l’extrême droite proposent donc de réduire le montant des prestations sociales. Ainsi, à partir du 1er janvier 2027, le couple mentionné par la ministre ne touchera plus que 38 300 couronnes par mois, soit une réduction de 8 200 couronnes.

    Le gouvernement estime que 145 000 ménages vont être affectés, dont 30 000 qui vont voir leurs revenus décroître fortement. A l’inverse, ceux qui percevaient des aides sociales mais décrocheront un emploi pourront bénéficier d’un bonus, pendant dix-huit mois, représentant 15 % de leur salaire brut.

    « De plus en plus difficile d’obtenir une aide »

    Le second volet de la réforme concerne les conditions pour toucher les minima sociaux. Leurs bénéficiaires vont devoir participer à des activités « à la hauteur de leurs capacités », y compris à plein temps, pour ceux qui seront jugés en mesure de le faire. Il pourra s’agir de cours de langue ou d’une formation professionnelle. Aux communes de faire des propositions.

    Enfin, le gouvernement et les SD veulent limiter l’accès à toute une série de prestations sociales – notamment les allocations familiales et les aides au logement, ainsi que les indemnités de maladie et le minimum vieillesse. Pour y avoir droit, il faudra avoir vécu au moins cinq ans sur les quinze dernières années en Suède, avec une exception pour les ressortissants de l’Union européenne. Une « voie accélérée » est également prévue pour les étrangers percevant plus de 38 700 couronnes par mois et qui pourront en bénéficier au bout de six mois.

    #droits_sociaux #extrême_droite

  • Chèque énergie en sursis : l’UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme
    https://www.capital.fr/votre-argent/cheque-energie-en-sursis-lufc-que-choisir-tire-la-sonnette-dalarme-1517813

    L’UFC-Que Choisir tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur le sort du #chèque_énergie. Après avoir dénoncé à plusieurs reprises les failles administratives qui ont privé près d’un million de foyers de cette aide en 2023, l’association de consommateurs s’inquiète ce lundi 1er septembre d’une remise en cause plus profonde du dispositif lui-même. Cette inquiétude repose sur un rapport conjoint de l’Inspection générale des finances (#IGF) et de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (#IGEDD), publié cet été.

    Ce document, centré sur la cohérence entre politiques publiques et transition écologique, suggère que le maintien du chèque énergie serait contradictoire avec les objectifs de sobriété énergétique. Le rapport va même jusqu’à qualifier cette aide de « dépense fiscale dommageable à la biodiversité ». Pour l’UFC-Que Choisir, ces arguments sont non seulement infondés, mais également dangereux. L’association rappelle que le chèque énergie est une aide sociale ciblée, versée sous conditions de ressources, pour permettre aux ménages modestes de faire face à leurs factures énergétiques.

    #droits_sociaux #fiscalité #guerre_aux_pauvres

  • La CAF a encore trouvé le moyen de gruger les pauvres en assimilant les dons familiaux à une pension alimentaire | Michel Abhervé
    http://blogs.alternatives-economiques.fr/abherve/2025/08/31/la-caf-a-encore-trouve-le-moyen-de-gruger-les-pauvres

    Le Décret n° 2025-185 du 26 février 2025 portant généralisation des déclarations préremplies de ressources pour l’attribution du #revenu de solidarité active et de la prime d’activité prévoyait "l’exclusion des dons et secours des proches dans les ressources prises en compte pour le calcul du revenu de solidarité active. " selon les termes utilisés dans la présentation du décret (...)

    Cette mesure bienvenue devient effective le 1 er septembre et montre, une nouvelle fois, l’imagination de l’administration pour gruger les pauvres

    Sur le site de la #CAF figure en effet la mention suivante

    "Attention, à partir du 1er juillet 2025, ne pas déclarer les aides et secours financiers versés par des proches (personnes avec qui vous entretenez des liens étroits et stables à l’exception de vos parents). Si l’aide est versée par vos parents (père/mère), un ex conjoint ou vos enfants, dans ce cas il s’agit d’une pension alimentaire qui doit être déclarée dans la rubrique dédiée."

    Alors que le décret parlait des « proches », la CAF exclut les plus proches et transforme un don volontaire en obligation juridique.

    #guerre_aux_pauvres #droits_sociaux #DTR #RSA #dons #ressources

    • La France ne fait que suivre l’exemple allemand. Depuis l’abolition de l’allocation « Arbeitslosenhilfe » et la transformation de l’aide sociale en allocation « Hartz IV » par les verts et les social-démocrates chaque don est comptabilisé dans le calcul du montant d’aide. Le terme technique est #Zuflussprinzip.
      Depuis même les pourboires et revenus de la mendicité sont obligatoirement à déclarer. Le cas échéant l’administration décide un montant fictif qu’elle déduit du montant du « Bürgergeld » (nouvelle appellation de l’allocation Hartz IV).

      Zuflusstheorie
      https://www.bpb.de/kurz-knapp/lexika/recht-a-z/324394/zuflusstheorie

      Rechtsprechung des Bundessozialgerichts (BSG)

      #Hartz_IV #Agenda_2010 #Bürgergeld

    • Le mépris officiel des pauvres situe la politique allemande dans la lignée idéologie nazie qui considère les pauvres comme gangrène de la société qu’il faut soigner en éliminant ses porteurs. La pauvreté est considérée comme biologiquement héréditaire et contagieuse. On extermina dans les camps les « Asoziale » et #Berufsverbrecher" considérés comme moins nocifs que les juifs mais toujours incurables à la limite de la définition de « lebensunwertes Leben » à euthanasier.

      Avec la propagande contre et la persécution des pauvres nous ne sommes pas loin d’un nouveau régime fasciste. Sous un régime de guerre cet élément krypto-fasciste de la société libérale prendra de l’ampleur jusqu’à l’établissement d’un régime ouvertement fasciste.

      Berufsverbrecher
      https://de.m.wikipedia.org/wiki/Berufsverbrecher

      Berufsverbrecher ist ein Rechtsbegriff aus der Weimarer Republik für Wiederholungstäter. In der Zeit des Nationalsozialismus führte er zum Gewohnheitsverbrechergesetz von 1933, das eine unbefristete Sicherungsverwahrung vorsah.

      Asoziale (Nationalsozialismus)
      https://de.m.wikipedia.org/wiki/Asoziale_(Nationalsozialismus)

      in der Zeit des Nationalsozialismus übliche Sammelbezeichnung für als „minderwertig“ bezeichnete Menschen aus den sozialen Unterschichten

      #sélection #biologisme #fascisme

  • Quand l’#Union_européenne améliore les #droits_sociaux : le cas des #congés_payés et de la #maladie

    Le #droit_européen vient de prendre une décision en faveur des salariés, contrairement à ce que prétendait jusqu’ici le droit français. Et cela pourrait ne pas s’arrêter là.

    Sous l’influence du droit européen, nous savons désormais que pendant un #arrêt_maladie, un salarié continue d’acquérir des droits à congés payés qu’il pourra déposer après son retour au #travail.

    Néanmoins, la situation d’un salarié faisant l’objet d’un arrêt maladie alors qu’il se trouve en période de congés payés semble incertaine. En effet, ce dernier peut-il reporter ultérieurement les congés acquis dont il n’a pas bénéficié du fait de son arrêt de travail ?

    Les contradictions des droits français et européen

    Par le biais de plusieurs arrêts de l’automne 2023 (Cass. soc., 13 septembre 2023, n°22-17.340 à 22-17.342, n°22-17.638 et n°22-10.529 et 22-11.106), la Cour de cassation s’appuyant sur le droit européen (l’article 31 §2 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE et l’article 7 §1 de la directive n°2003/88/CE), a contraint le législateur à modifier sa position au sujet de l’articulation des périodes de congés payés et de maladie (loi nº2024-364 du 22 avril 2024). En effet, par le passé, le #droit_français indiquait qu’il n’était pas possible d’acquérir des jours de congés payés durant un arrêt de travail pour maladie ou accident non professionnel (ancien article L.3141-5 du Code du travail). Or, cette disposition nationale était contraire à celle du droit européen découlant d’une directive (article 7 §1 de la directive n°2003/88/CE) et de l’article n°31 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne garantissait à tous les salariés un minimum de quatre semaines de congés payés annuels. Le juge européen nous précisait que cette période de congé ne pouvait pas être subordonnée « par un État membre à l’obligation d’avoir effectivement travaillé pendant la période de référence établie par ledit État » (CJCE, 20 janvier 2009, n°C-350/06 et CJUE, 24 janvier 2012, n°C-282/10).

    En outre, en reconnaissant que les dispositions de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne avaient désormais un effet impératif s’imposant aux états membres, le juge européen avait décidé qu’en cas de non-conformité avec les dispositions de l’Union, les juridictions nationales devaient laisser la réglementation nationale en cause inappliquée (CJUE, 6 novembre 2018, n°C-619/16). Suivant la combinaison de ces deux logiques, la Cour de cassation a par conséquent décidé d’écarter les dispositions non conformes du #Code_du_travail empêchant toute acquisition de congés payés durant un arrêt de travail pour maladie ordinaire ainsi que celles limitant l’acquisition des congés en cas d’arrêt de travail pour accident (ancien article L.3141-5 du Code du travail).

    Dès lors, sur le fondement du droit européen, la Cour de cassation est parvenue à contraindre le législateur jusqu’alors très réticent à toutes modifications en ce domaine, à garantir à tout travailleur en arrêt maladie l’acquisition d’une période annuelle de congés payés.

    Le travailleur malade continue d’acquérir des congés payés

    En effet, la jurisprudence en question est à l’origine du vote de la loi nº 2024-364 du 22 avril 2024 dont il ressort que désormais le salarié en arrêt de travail pour maladie continue d’acquérir des droits à congés, quelle que soit la cause de sa maladie (professionnelle ou non professionnelle). Il en découle qu’il bénéficie également d’un droit au report des congés qu’il n’a pu prendre en raison d’une maladie ou d’un accident. Désormais, l’ensemble des arrêts maladie constituent donc des périodes assimilées à du temps de travail effectif, quelle que soit leur durée.

    Toutefois, selon le motif de l’arrêt maladie (professionnel ou non professionnel), les droits à congés payés annuels sont calculés différemment. En effet, si la maladie est d’origine non professionnelle, le salarié acquiert deux jours ouvrables de congés par mois d’absence, soit vingt-quatre jours ouvrables s’il a été absent pendant toute la période d’acquisition. Toutefois, si la maladie est d’origine professionnelle (ou accident du travail), celui-ci acquiert 2,5 jours ouvrables de congés par mois d’absence, dans la limite de trente jours ouvrables.

    De surcroît, si le salarié n’a pas pu prendre tout ou partie de ses congés en cours au moment de son arrêt de travail, en raison de sa maladie (professionnelle ou non), il bénéficie d’une période de report de quinze mois au maximum. Par conséquent, il en résulte que les congés payés non pris par le salarié à l’issue de ce délai de quinze mois sont perdus. Dès lors, après un arrêt de travail pour maladie ou accident, l’employeur doit porter à la connaissance du salarié, le nombre de jours de congés dont il dispose (soit le nombre de jours acquis) ainsi que la date jusqu’à laquelle ces jours de congés peuvent être pris (soit le délai dont le salarié dispose pour les poser).
    L’arrêt maladie survenant pendant les congés payés

    Toutefois, la loi nº 2024-364 du 22 avril 2024 ne semble pas envisager précisément la question de l’arrêt maladie survenant durant les congés payés du salarié.

    À cette date, la Cour de cassation nous précise que lorsqu’un arrêt de travail débute durant une période de congés payés, le salarié relève de ce seul et unique régime. Par conséquent, les congés payés étant la cause initiale de la suspension du contrat de travail, l’arrêt maladie ne peut pas s’y substituer. Dès lors, si, pendant ses congés, le salarié arrêté pour maladie accomplit les formalités requises (envoi d’un arrêt de travail), l’employeur doit uniquement lui verser son indemnité de congés payés sans défalquer les indemnités journalières de la sécurité sociale (Cass. Soc. 2 mars 1989, n° 86-42426, BCV n°173). Il en ressort que, sauf dispositions conventionnelles ou usage plus avantageux, le salarié ne peut donc pas exiger de prendre ultérieurement les congés payés s’étant confondus avec son arrêt (Cass. Soc. 4 décembre 1996, n°93-44907, BCV n°420).

    Néanmoins, précisons que la Cour d’appel de Versailles est déjà allée à rebours de cette position ancienne de la Cour de cassation en jugeant que, si le salarié a été en arrêt maladie durant ses congés, il pouvait prétendre au report des jours de congés payés correspondant aux jours d’arrêt maladie (CA Versailles 18 mai 2022, RG n° 19/03230).

    Toutefois, les juristes estiment que cette position isolée ne constitue pas un revirement de la jurisprudence française. Par conséquent, au regard du droit national, le sort du salarié malade durant ses congés payés est bien incertain. Or, de son côté, le juge européen a clairement indiqué que lorsqu’un salarié tombe malade alors qu’il était déjà en congés payés, il a droit à un report des jours de congés dont il n’a pas pu bénéficier dans la limite du congé annuel minimal de quatre semaines (CJUE 21 juin 2012, Aff. C-78/11).

    De surcroît, il considère que tout travailleur peut se prévaloir de ce droit, car il est nécessaire de préserver ses congés payés, dont la finalité est de lui permettre de se reposer et de disposer d’une période de détente et de loisirs. Par conséquent, ces contradictions sont source d’incertitudes pour le salarié, mais également pour l’employeur confrontés à cette situation relativement courante.
    La France mise en demeure

    C’est précisément sur ce point que le 18 juin 2025, la Commission européenne a mis en demeure, la France pour manquement aux règles sur le temps de travail découlant de la directive n°2003/88/CE, en considérant que la législation française « ne garantit pas la santé et la sécurité des travailleurs ». Elle lui accorde donc un délai de deux mois pour répondre à sa lettre de mise en demeure.

    Dès lors, si elle ne propose pas de mesures corrective, la Commission pourrait émettre un avis motivé, étape préalable à une éventuelle saisine de la Cour de justice de l’Union européenne qui estime que la finalité des congés annuels (temps de repos et de loisirs) ne peut être confondue avec celle de la maladie (temps de rétablissement) (CJUE, 21 juin 2012, Aff. C-78/11).

    En somme, l’Union européenne garantit la santé et le progrès social des travailleurs alors que fleurissent de nombreux projets de récession de droits notamment en matière de prise en charge des arrêts maladie et de durée des congés payés.

    https://theconversation.com/quand-lunion-europeenne-ameliore-les-droits-sociaux-le-cas-des-cong
    #UE #EU #France

  • A propos de la fraude sociale | Henri Sterdyniak, Economiste citoyen
    https://blogs.mediapart.fr/henri-sterdyniak/blog/050825/propos-de-la-fraude-sociale

    La CNAF est la branche qui effectue le plus de contrôles. Cela l’amène à estimer à 3,87 milliards le montant de la fraude aux prestations qu’elle verse. Grâce à l’IA, ces contrôles sont orientés vers les populations les plus en difficultés, familles monoparentales, familles nombreuses, bénéficiaires du RSA, ce qui complique la vie de personnes en difficultés. S’il existe effectivement des fraudeurs volontaires (revenus non déclarées, fausses mères isolées...), une grande partie des fraudes décelées proviennent de la rigueur de la législation. Ainsi, une famille au RSA devrait voir son RSA diminué du montant des maigres sommes que peut procurer un job d’été d’un enfant. Ainsi, une mère isolée devrait perdre une grande partie de ses allocations si elle cohabite temporairement avec un partenaire qui ne participe en rien aux dépenses pour les enfants. Enfin, les législations du #RSA, de la prime d’activité et des AL sont particulièrement compliquées. Les contrôles aboutissent généralement à trouver autant de non-recours à des prestions dues que de versements de prestations indues. La CNAF devrait gérer avec souplesse certaines situation plutôt que les épingler comme fraude sociale.

    (ho là là pour dire que les contrôles CAF aboutissent à révéler du non recours voire à y mettre fin, il faut bien sucrer les fraises ; en réalité ces contrôles révèlent pour partie des erreurs de la CAF en défaveur des ayants droits, sempiternel argument promotionnel de la CAF)

    #bisounours_gentil #économie #fraude #droits_sociaux

  • Les Caf hors la loi : pas de complément d’AAH pour les travailleurs indépendants - Faire Face
    https://www.faire-face.fr/2025/06/03/caf-hors-la-loi-pas-de-complement-aah-pour-travailleurs-independants

    Quatre conditions à respecter pour toucher la #MVA [Majoration pour la Vie Autonome : ne pas vivre en institution ne pas gagner d’argent, 104 euros/mois]

    Selon l’article L.821-1-2 du Code de la Sécurité sociale, pour bénéficier de la MVA, il faut remplir ces quatre conditions :

    – avoir un taux d’incapacité au moins égal à 80 % ;

    – percevoir l’#AAH à taux plein ou en complément d’une pension de retraite ou d’invalidité ou d’une rente d’accident du travail. Ou l’allocation supplémentaire d’invalidité ;

    – habiter un logement indépendant et percevoir une aide ;

    – et ne pas avoir de revenu d’activité « à caractère professionnel propre ».

    Or, dans sa #circulaire n° 2010-13, la Caisse nationale des allocations familiales (#Cnaf) précise que les allocataires de l’AAH inscrits sur un registre comme travailleurs indépendants « sont réputés avoir disposé de revenus professionnels ».

    Les caisses leur suppriment donc la MVA, même si ces auto-entrepreneurs, commerçants, artisans ou artistes-auteurs n’ont rien gagné. Et même s’ils ont suspendu leur activité sans demander leur radiation de ce registre.

    Le Défenseur des droits avait condamné cette pratique dans une décision rendue en 2018. Il avait été saisi pour un cas similaire à celui de Julie Canay. 

    Julie Canavy, elle, a fini par obtenir le rétablissement de sa majoration. « En janvier, suite à la parution d’un article dans la quotidien local, La Dépêche_, la direction de la Caf m’a contactée_, raconte-t-elle. Depuis, je perçois à nouveau ma MVA. Et ce sera le cas tous les mois où je ne tirerai aucun revenu de mon activité. »

    #CAF #revenu_fictif

  • Allocation aux adultes handicapés : comparaison des conditions en France et en Europe
    https://www.ifrap.org/allocation-aux-adultes-handicapes-comparaison-des-conditions-en-france-et-en-

    L’accès à l’aide aux personnes handicapées est généralement facilité par rapport à d’autres #minimas_sociaux. En effet, les conditions d’invalidité réduisent déjà fortement le champ des personnes éligibles . Les étrangers extra-communautaires peuvent ainsi toucher l’AAH avec un simple titre de séjour quand ils devaient le détenir depuis au moins 5 ans pour percevoir le Revenu de solidarité active et depuis 10 ans pour l’Allocation de soutien aux personnes âgées. C’est aussi le cas dans les autres pays. Souvent, un titre de séjour est suffisant. Toutefois pour les étrangers extra-communautaires, certains pays restent plus sévères à l’instar du Danemark (10 ans de résidence dont les 5 dernières années), L’Espagne (5 ans dont 2 ans de façon ininterrompue), la Belgique (5 ans de résidence), la Suède (3 années depuis l’âge de 16 ans) et le Royaume-Uni ( 2 ans des 3 dernières années).

    Les économies escomptées de la loi « fin de vie » suffiront pas. Il n’y a deux autres façons de diminuer la dépense sociale liée au handicap : jouer sur les critères d’invalidité et ajouter de la préférence nationale. Merci l’Ifrap.

    #travail #invalidité #AAH #droits_sociaux #étrangers

  • Au RSA, les « libéralités » attribués par des proches sont à nouveau et enfin formellement exclues du calcul des ressources qui diminuent le montant théorique du RSA (reçu par mel)

    À compter de juillet 2025, les dons des proches (à l’exception de ce qui relève de l’obligation alimentaire ou des pensions alimentaires) ne seront plus pris en compte dans les ressources prises en compte pour le RSA. Voir la modification de l’art R.261-11 CASF qui ajoute, dans la liste des ressources non prises en compte les "aides et (...) secours financiers versés par des membres de la famille ou des proches du bénéficiaire, à l’exception des [pensions alimentaires et créances d’aliments dans le cadre de l’obligation alimentaire]". La modification a été faite dans le décret n° 2025-185 du 26 février 2025

    La modification est prévue pour le 1er juillet 2025 (article 6 du décret)

    Elle ne doit pas être confondue avec une autre disposition (R262-14), qui existe depuis longtemps, et qui donnait déjà tout pouvoir au #département de décider de façon discrétionnaire dans des cas exceptionnels que des dons ne soient pas pris en compte dans le calcul du RSA : "Sur décision individuelle du président du conseil départemental au vu de la situation exceptionnelle du demandeur au regard de son insertion sociale et professionnelle, il n’est pas tenu compte des #libéralités consenties aux membres du foyer"

    https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000051253823

    Décret n° 2025-185 du 26 février 2025 portant généralisation des déclarations préremplies de ressources pour l’attribution du revenu de solidarité active et de la prime d’activité

    (extrait)

    Article 1

    Le code de l’action sociale et des familles est ainsi modifié :

    (....)

    3° A l’article R. 262-11 :
    a) Au 14°, après les mots : « et secours financiers », sont insérés les mots : « versés par des personnes morales » ;
    b) Il est un ajouté un 14° bis ainsi rédigé :
    « 14° bis) Des aides et des secours financiers versés par des membres de la famille ou des proches du bénéficiaire, à l’exception des ressources mentionnées au II de l’article L. 162-10 ; »

    (...)

    Article 6

    Les dispositions du présent décret s’appliquent aux demandes ou réexamens périodiques effectués à compter du 1er mars 2025, à l’exception de celles du 3° de l’article 1er qui s’appliquent aux demandes ou réexamens effectués à compter du 1er juillet 2025.
    article R262-11 CASF : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000051258442

    Article R262-14

    Modifié par Décret n°2013-938 du 18 octobre 2013 - art. 1 (VD)

    Sur décision individuelle du président du conseil départemental au vu de la situation exceptionnelle du demandeur au regard de son insertion sociale et professionnelle, il n’est pas tenu compte des libéralités consenties aux membres du foyer.

    Cela fait longtemps qu’à l’inverse d’autrefois, où les jeunes actifs avaient à épauler des aînés dépourvu de retraite suffisante, c’est désormais les vieux qui soutiennent matériellement leur progéniture, lorsqu’ils le peuvent. Ce type de clarification légale intervient avec 30 ans de retard, au bas mot.

    https://seenthis.net/messages/1101690
    #RSA #calcul_des_ressources #dons #droits_sociaux

  • Virginia Eubanks : « L’aide sociale est passée du care au data processing » - AOC media
    https://aoc.media/entretien/2025/05/02/virginia-eubanks-laide-sociale-est-passee-du-care-au-data-processing/?loggedin=true

    Automating inequality documente la manière dont les technologies numériques participent à exclure les pauvres du système de protection sociale américain. En France, algorithmes de la CAF, de la CNAM ou de France Travail sont accusés de discriminer les plus précaires. Quel est le rôle des technologies dans les transformations des institutions des protection sociale ?
    On conçoit souvent les technologies administratives comme de simples extensions de l’appareil bureaucratique de l’État, qui rendraient le travail plus rapide et plus efficace, alors que ce sont des technologies fondamentalement politiques. J’ai commencé à m’y intéresser lorsque je travaillais comme activiste pour l’accès aux droits dans les années 1990. Je m’occupais d’un technology lab dans un quartier populaire à côté de Stanford ; il a été démoli pour laisser la place à l’expansion de la Silicon Valley. Rapidement, je me suis rendue compte que la « fracture numérique », l’idée que les problèmes induits par la numérisation dépendraient de l’accès inégal aux équipements, ne rendait pas compte du lien plus profond entre technologies numériques et inégalités.
    J’ai été extrêmement surprise lorsque j’ai commencé à étudier dans les années 2000 les changements dans les systèmes d’assistance publique. Je me doutais que la numérisation n’était pas une simple amélioration technique : les science and technology studies (STS) nous enseignent que les technologies sont toujours des manières de résoudre des problèmes politiques. Je pensais par exemple que le premier système de gestion automatisée dans l’État social remonterait à 1996 avec le Personal Responsibility Act, qui inscrit en droit la nécessité d’automatiser le plus possible la gestion des aides sociales. Mais le système existait déjà : l’État de New York l’avait mis en place entre 1968 et 1969, ce qui est un bon indice quant à ses motivations.
    La fin des années 1960 aux États-Unis coïncide avec l’émergence d’un mouvement social massif autour de l’accès aux droits, à l’œuvre principalement de femmes noires ou afro-américaines, souvent des mères seules, ces femmes que des règles discriminatoires ont longtemps privées de leurs droits. Le mouvement a accru l’accès aux droits de manière vertigineuse : on passe de 3,2 millions de bénéficiaires des allocations familiales en 1961 à près de 10 millions en 1971. Et c’est là que la technologie entre en jeu. Le « problème » à résoudre par l’automatisation n’était autre que celui de l’égalité. Ce « problème », c’est que des personnes accédaient à leurs droits. Et au moment de la récession de 1973, les systèmes de gestion automatisée ont permis de faire le tri parmi les bénéficiaires sans avoir à revenir formellement sur les politiques sociales. Le mouvement pour l’accès au droit avait obtenu beaucoup de succès parmi les assistant.es social.es. À Brooklyn en 1968, 8000 travailleur·ses sociaux·ales s’étaient mis en grève pour obtenir de meilleurs droits pour leurs « clients ». La technologie a permis de contraindre leur pouvoir et surtout de démanteler cette dangereuse alliance entre assistant·es sociales et bénéficiaires.

    Du point de vue politique, les technologies informatiques offrent alors un vernis d’objectivité et de neutralité. Elles camouflent les changements de politiques publiques en les désignant comme de simples améliorations technologiques du système informatique et leur confèrent une légitimité technique. Cela permet souvent d’occulter les dysfonctionnements et empêche les allocataires de contester les décisions des travailleur·ses sociaux·ales, ainsi que les décisions automatisées de l’agence.

    Ce qui a le plus changé, c’est la façon dont on conçoit le travail social et l’aide sociale. On est passés d’un modèle basé, même si de manière imparfaite, sur le care (le soin, l’accompagnement, l’attention aux personnes) à un modèle de data processing (le traitement d’informations). Les nouvelles générations de travailleurs sociaux ne comprennent même plus leur travail comme un travail de relation humaine, mais seulement comme une tâche administrative, un traitement automatisé de cas. Et les nouveaux outils facilitent cette transformation du travail social.

    #Care #Travail_social #Numérisation

  • [Rabot] Assurance-chômage : une nouvelle réforme à venir ?
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/04/08/assurance-chomage-une-nouvelle-reforme-a-venir_6592674_823448.html

    ... le 3 avril au 55, rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris. Emmanuel Macron recevait le chef du gouvernement, François Bayrou, ainsi que plusieurs ministres, dont celle qui est chargée du #travail, Astrid Panosyan-Bouvet, pour discuter de l’agenda des réformes. L’objectif était d’identifier des solutions afin de réduire les déficits publics, tout en finançant les dépenses de #défense, alors que le contexte économique et géopolitique ne cesse de s’assombrir, avec la guerre commerciale déclarée par le chef d’Etat américain, Donald Trump.

    C’est dans ce cadre que l’hypothèse d’une nouvelle transformation de l’#assurance-chômage a été mentionnée, sans que des idées précises émergent. Mais le simple fait d’évoquer cette piste retient l’attention, car le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi a déjà connu de nombreux changements depuis l’arrivée à l’Elysée de M. Macron, en 2017. Le pouvoir en place a durci les règles à plusieurs reprises, puis les partenaires sociaux, qui gèrent le régime à travers l’association paritaire Unédic, se sont réinstallés aux commandes pour aboutir, en novembre 2024, à un accord agréé par le gouvernement.

    « “ils” veulent prendre de l’argent sur des secteurs où il n’y aura pas trop de réactions de masse » [bureaucratie syndicale].

    https://archive.ph/8Tihn

    #chômage #chômeurs #allocations #droits_sociaux

  • Les parcours des usagers de la Sécurité sociale rapport de l’IGAS | vie-publique.fr
    https://www.vie-publique.fr/rapport/298095-les-parcours-des-usagers-de-la-securite-sociale-rapport-de-ligas

    Se mettre dans les pas de l’usager, telle est l’une des nouvelles ambitions de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) dans la conduite de ses travaux relatifs aux politiques sociales. Ainsi, pour la première fois, l’Igas a évalué différents « #parcours » proposés par la #Sécurité_sociale aux usagers. Objectifs : simplifier et favoriser l’accès de tous à leurs droits.

    En complément d’autres méthodes d’évaluation, l’Igas s’est penchée sur cinq parcours déjà en place, qui correspondent à des événements importants de la vie de près de 4 millions de personnes chaque année : la naissance d’un enfant, une séparation, le passage à la #retraite de certaines populations, l’accès à la majorité de jeunes pris en charge par l’#aide_sociale_à_l'enfance et la création d’une entreprise pour un travailleur indépendant. En croisant plusieurs méthodes d’évaluation, l’Igas s’est attachée à recueillir la parole des usagers à travers de nombreux entretiens individuels et d’ateliers collectifs, animés avec un expert du parcours utilisateur, mais aussi en appliquant, avec l’appui de son pôle data, des techniques économétriques pour évaluer l’impact du parcours proposé aux créateurs d’entreprise.

    Je pose ça là pour mémoire. Pas encore lu. On se doit d’étudier les « trajectoires de vie », donc les événements et les transitions entre diverses dépendances à des droits sociaux, et les ruptures de droit qui les grèvent (les « usagers » ne sont pas tout fait des « ayant-droits », c’est ballot).

    #droits_sociaux #accès_aux_droits #ALD AAH #caisses_sociales #étrangers

    • 1 LE PARCOURS USAGERS : UNE NOTION RELATIVEMENT RECENTE, AUX CONTOURS VARIABLES ET AUX USAGES DISPARATES QUI A BESOIN D’UNE DEFINITION CLAIRE ET PARTAGEE POUR TROUVER SA PLACE DANS LA RELATION USAGERS

      1.1 LA RELATION AVEC LES USAGERS : UN ENJEU CENTRAL DES ORGANISMES DE SECURITE SOCIALE, DES MODALITES DE PLUS EN PLUS DIVERSIFIEES
      1.1.1 La #relation_avec_les_usagers et la qualité de service figurent au premier rang des orientations stratégiques des organismes de sécurité sociale
      1.1.2 L’enrichissement de la relation avec les usagers s’appuie sur une diversification de ses modalités et sur le renforcement des partenariats

      1.2 L’EMERGENCE DES PARCOURS USAGERS DANS LES POLITIQUES PUBLIQUES TRADUIT UNE ATTENTION A L’USAGER ET A LA PRISE EN COMPTE DE SES ATTENTES
      1.2.1 La notion de #parcours_usagers s’inspire de l’expérience client (sic !) et des pratiques de l’#accompagnement_social
      1.2.2 La notion de parcours usagers est présente dans diverses politiques publiques interministérielles et chez d’autres opérateurs
      1.2.3 Les prémices des parcours usagers sont présents dans les conventions d’objectifs et de gestion à compter de la fin des années 2000

      1.3 L’UTILISATION HETEROGENE DU TERME PARCOURS NECESSITE UNE CLARIFICATION CONCEPTUELLE POUR LUI ASSURER UNE VERITABLE PLUS-VALUE
      1.3.1 Les COG en vigueur ambitionnent de développer de nouveaux parcours sans définition commune ni articulation avec les autres modalités de la #relation_de_service
      1.3.2 La cartographie des parcours établie par la mission montre un déploiement encore limité et hétérogène
      1.3.3 La mission propose un socle d’éléments constitutifs des parcours usagers des organismes de sécurité sociale

      2 L’USAGER DOIT ETRE AU COEUR DE PARCOURS MIEUX PRIORISES ET PENSES DANS UNE LOGIQUE D’UNIVERSALISME PROPORTIONNE

      2.1 LES OBJECTIFS PRIMORDIAUX DES PARCOURS DOIVENT ETRE CENTRES SUR LES USAGERS
      2.1.1 Le parcours peut être un accélérateur d’une meilleure prise en compte des usagers par un changement de posture des caisses
      2.1.2 Des objectifs plus secondaires d’amélioration du fonctionnement des caisses

      2.2 DES PARCOURS EXISTANTS A CONSOLIDER PRIORITAIREMENT ET DE NOUVEAUX PARCOURS A IDENTIFIER DE MANIERE SELECTIVE
      2.2.1 La consolidation des parcours existants
      2.2.2 Le développement en nombre limité de nouveaux parcours

      2.3 DES PARCOURS PENSES POUR TOUS ET ADAPTABLES AUX BESOINS SPECIFIQUES DE CHAQUE USAGER

      3 LA CONCEPTION ET LA MISE EN OEUVRE DES PARCOURS NECESSITENT UNE FEUILLE DE ROUTE NATIONALE ET DE LA METHODE

      3.1 DEFINITION, CONCEPTION ET MISE EN OEUVRE DES PARCOURS USAGERS : INSTAURER UN PILOTAGE EN INTERBRANCHE
      3.1.1 Un pilotage et une coordination insuffisamment organisés au sein de la sécurité sociale malgré des initiatives prometteuses
      3.1.2 Conforter le rôle pivot de la direction de la sécurité sociale et l’articulation avec les priorités interministérielles en s’appuyant sur une instance nationale de #pilotage_des_parcours

      3.2 ELABORER ET METTRE EN OEUVRE UNE METHODOLOGIE DE CONCEPTION DES PARCOURS COMMUNE AUX ORGANISMES DE SECURITE SOCIALE

      4 LA MISE EN OEUVRE DES PARCOURS, POUR EN TIRER TOUS LES BENEFICES, NECESSITE DES OUTILS PERFORMANTS ET UN INVESTISSEMENT DANS LA MOBILISATION DES ACTEURS

      4.1 UTILISER LES PARCOURS USAGERS COMME LEVIERS D’INNOVATION ET DE TRANSFORMATION DES CAISSES EN PRENANT EN CONSIDERATION LES COUTS ASSOCIES
      4.1.1 Mieux apprécier les coûts et les gains associés aux parcours dès leur conception
      4.1.2 Penser l’organisation des caisses pour répondre aux besoins des usagers des parcours
      4.1.3 Mobiliser les agents des caisses et accompagner leur montée en compétences
      4.1.4 Développer et approfondir les collaborations avec les partenaires, dont les espaces #France_services

      4.2 FACILITER LA MISE EN OEUVRE DES PARCOURS PAR DES OUTILS PERFORMANTS ET COLLABORATIFS
      4.2.1 Construire un socle technique en interbranche : des outils de relation usagers en omnicanal et d’exploitation des #données au bénéfice des usagers
      4.2.2 Concevoir des outils de pilotage et de gestion propres aux parcours et les inscrire dans des trajectoires de personnalisation des parcours
      4.2.3 Ne pas négliger les outils de collaboration quotidienne des agents des caisses

      4.3 MOBILISER LES USAGERS A TOUTES LES ETAPES DU PARCOURS, JUSQU’A SON EVALUATION
      4.3.1 Développer une méthodologie commune d’écoute usagers
      4.3.2 Mettre en place des dispositifs d’évaluation proportionnés aux enjeux de chaque parcours

      LISTE DES ANNEXES
      1. Méthodologie
      2. Etat des lieux des parcours des organismes de sécurité sociale : résultats de l’enquête auprès des caisses locales
      3. Repères sur le recours à la notion de parcours usagers au niveau international
      4. La relation usagers et les parcours de la branche famille. L’exemple du parcours "Séparation"
      5. La relation usagers et les parcours de la branche maladie. L’exemple du parcours coordonné « Arrivée de l’enfant » des branches famille et maladie
      6. La relation usagers et les parcours de la branche recouvrement. L’exemple du parcours « Création d’entreprise »
      7. La relation usagers et les parcours de la branche vieillesse. Les exemples de deux situations complexes du parcours "Passage à la retraite"
      8. Le parcours "Passage à la majorité des jeunes de l’aide sociale à l’enfance" des Caf et Cpam du Lot
      9. Evaluation des effets du parcours "Création d’entreprise" à l’aide des données de la branche recouvrement
      10. Ecoute usagers du parcours "Séparation »

  • Déshériter de l’héritage
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-suite-dans-les-idees/desheriter-de-l-heritage-8541239

    Si la révolution française, en commençant par abolir les privilèges le 4 août 1789 et jusqu’au Code Civil, a profondément transformé l’héritage, elle n’a pas, par là même, pour autant contribué à la réductions d’inégalités de richesses qui n’ont eu de cesse de s’accentuer au cours du siècle suivant avant de marquer le pas au tournant du XXe siècle du fait de nouvelles mesures fiscales. Cela fait pourtant désormais plus de 50 ans que ces inégalités de revenu comme de patrimoine progressent, au point d’être plus flagrantes encore qu’au XIXe siècle. Comment l’expliquer ? Pourquoi est-il si difficile d’inscrire durablement la question des successions, de leur fiscalité, et bien au-delà, de leur nature politique dans le débat public ? Mélanie Plouviez a mené l’enquête, historique et philosophique. (...)

    L’injustice en héritage : repenser la transmission du patrimoine, un livre de Mélanie Plouviez aux éditions La Découverte, 2025

    Allez, il reste du centrisme qui n’est pas d’extrême centre, ce qui donne des émissions moins débiles que d’autres, comme celle-ci, qui vaut pour les passages sur la Révolution française et ses débats aiguisés contre l’héritage qui contrairement à aujourd’hui n’est pas vu comme un enjeu fiscal, mais en tant que manifestation du despotisme paternel (on supprime le droit d’ainesse, fait des filles des héritières au même titre que les fils, envisage même d’imposer aux familles à patrimoine d’adopter des enfants afin que ceux-ci soient sauvés du dénuement et contribuent à morceler la propriété ; la réaction bourgeoise tendra pour partie à l’enfant unique pour préserver ses biens !), enjeu politique, et aussi pour le débat Marx/Bakounine ou s’oppose abolition de la propriété privé des moyens de production et extinction progressive, au fil des décès, de la propriété par la suppression de l’héritage.

    edit Aussi pour un mise à jour de ce qu’est aujourd’hui l’héritage, de plus en plus tardif avec l’allongement de la durée de vie (le XIXème siècle n’est plus ce qu’il était).

    #histoire #héritage

    • « L’essor de la fortune héritée génère une classe de non-privilégiés qui, désemparés, finissent par se tourner vers les partis contestataires »
      https://archive.ph/8qP1L

      Dans un brillant ouvrage sur le sujet (L’Injustice en héritage, La Découverte, 368 pages, 23 euros), la philosophe Mélanie Plouviez soulève une série de paradoxes. Ainsi, « la fiscalité successorale est détestée par les franges les moins favorisées », détaille l’autrice. Pourtant, la moitié des Français les plus pauvres – qui possèdent moins de 70 000 euros à transmettre – ne paient pas d’impôt sur la succession, puisqu’un abattement exonère les 100 000 premiers euros transmis.

      Surtout, « la question de l’héritage est, aujourd’hui, réduite à sa fiscalité ». A droite comme à gauche, le débat est cantonné au seuil des transmissions à imposer et tourne souvent court. Pourtant, au XIXe siècle, la grande époque des inégalités, les discussions sur l’héritage étaient foisonnantes de créativité, et indissociables d’une réflexion sur la justice sociale, explique Mélanie Plouviez.

      Certaines idées étaient radicales. Des auteurs oubliés suggéraient qu’à la mort de leurs possédants la propriété des biens privés soit transmise à des institutions publiques. Le théoricien social italien Eugenio Rignano (1870-1930), lui, proposait que le taux d’imposition varie selon que le patrimoine est issu du travail direct des parents ou du legs d’aïeux plus anciens. Plus surprenant encore, Emile Durkheim, père de la sociologie moderne, estimait pertinent de transférer l’héritage familial aux organisations de travailleurs, afin de financer les protections maladie, vieillesse et accident. Une forme de cotisation sociale prélevée non pas du vivant, mais post mortem .

      A l’heure où l’Etat peine à financer l’école et le vieillissement de la population, _« cette voie-là n’a-t-elle pas à nous faire réfléchir aujourd’hui ? »°, interroge Mélanie Plouviez. On referme son ouvrage en souhaitant que la France n’attende pas une nouvelle guerre [civile ?, ndc] pour mieux répartir son #patrimoine.

    • Mélanie Plouviez, philosophe : « La France du XXIᵉ siècle est redevenue une société d’héritiers »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/31/melanie-plouviez-philosophe-la-france-du-xxi-siecle-est-redevenue-une-societ

      Autrice d’un ouvrage passionnant, cette spécialiste de philosophie sociale et politique, explore, dans un entretien au « Monde », la diversité et la radicalité des pensées du XIXᵉ siècle qui remettent en cause le principe de la transmission familiale.

      Mélanie Plouviez, maîtresse de conférences en philosophie sociale et politique à l’université de Côte d’Azur, ressuscite, dans L’Injustice en héritage. Repenser la transmission du patrimoine (La Découverte, 368 pages, 23 euros), les réflexions oubliées et souvent surprenantes des penseurs de la fin du XVIIIe et du XIXe siècles sur la transmission héréditaire des biens.

      Vous estimez dans votre ouvrage que nous vivons dans une « société d’héritiers ». Pourquoi ces termes s’appliquent-ils, selon vous, à la fois à la France du XIXe siècle et à celle du XXIe siècle ?

      Une société d’héritiers, c’est une société dans laquelle l’héritage pèse plus que le travail dans la constitution du patrimoine. Cette mécanique de l’hérédité façonne un ordre social dans lequel les plus grandes fortunes sont réservées aux individus issus de familles riches. Les autres peuvent, grâce à leurs efforts, leurs mérites ou leurs diplômes, obtenir de fortes rémunérations, mais il leur est impossible d’atteindre les positions patrimoniales les plus élevées.

      C’était le cas de la société française du XIXe siècle mais c’est aussi le cas de celle du XXIe siècle. Dans Le Capital au XXIe siècle (Seuil, 2013), Thomas Piketty montre en effet que la part du patrimoine hérité dans les ressources des générations nées depuis les années 1970 a retrouvé le niveau qu’elle atteignait pour les générations nées au XIXe siècle. La destruction des capitaux privés lors des deux guerres mondiales et l’instauration d’une fiscalité successorale fortement progressive avaient fait du XXe un siècle moins inégalitaire, mais aujourd’hui, la France est redevenue une société d’héritiers.

      Lorsque l’on évoque les sociétés d’héritiers, on cite souvent le « discours de Vautrin » dans « Le Père Goriot » (1835), de Balzac. En quoi est-ce pertinent ?
      Dans ce discours édifiant, le personnage de Vautrin, un ancien forçat, expose crûment les réalités sociales des années 1820 à Rastignac, un jeune ambitieux issu d’une famille désargentée qui est venu « faire son droit » à Paris. Il aura beau réussir brillamment ses études et accéder aux plus hautes professions juridiques, il n’atteindra jamais, grâce à ses seuls efforts, des positions patrimoniales équivalentes à celles que pourrait lui apporter un beau mariage.

      L’héritage, explique Vautrin, est la seule manière d’accéder aux plus hautes sphères de la société. Il lui conseille donc d’épouser une riche héritière, Victorine Taillefer, et ce bien qu’il faille en passer par un meurtre. Rastignac refusera ce pacte faustien, mais ce passage en dit long sur ce qu’est une société d’héritiers.

      Aujourd’hui, les controverses sur l’héritage concernent le taux d’imposition de la transmission et non son principe. Jugez-vous le débat tronqué ?

      La question de l’héritage a resurgi dans le débat public à la faveur de la campagne présidentielle de 2022, mais elle s’est effectivement trouvée cantonnée à la question du « plus ou moins d’impôt » : il n’y a pas eu de réflexion sur la légitimité de la transmission familiale du patrimoine.

      Au XIXe siècle, la question de l’héritage était au contraire sur toutes les lèvres. Sur la plateforme en ligne Gallica, j’ai recensé presque 50 000 ouvrages du XIXe siècle sur ce thème : une vie ne suffirait pas à les lire… De Gracchus Babeuf à Jeremy Bentham, de John Stuart Mill à Jean Jaurès, d’Alexis de Tocqueville à Pierre-Joseph Proudhon, cette institution était étudiée, questionnée, contestée… Ce foisonnement contraste avec la pauvreté de notre imaginaire social et politique. D’où l’utilité de revenir aux pensées de l’héritage qui émergent lors de la Révolution française et au XIXe siècle.

      La #Révolution_française, qui met fin à la transmission héréditaire du pouvoir politique, débat-elle également de la transmission héréditaire des biens ?

      Elle ne remet pas en cause le principe de l’héritage familial, mais elle arrête les trois principes qui fondent, aujourd’hui encore, l’architecture du système successoral français.

      La première contribution majeure de la Révolution, c’est le principe du partage égal entre tous les enfants ; en 1790, la Constituante abolit les droits d’aînesse et de masculinité qui permettaient, sous l’Ancien Régime, d’orienter l’essentiel du patrimoine familial vers le premier enfant mâle. Désormais, l’héritage bénéficie autant à l’aîné qu’au cadet, autant à la sœur qu’au frère.

      Le deuxième principe hérité de la Révolution, c’est l’unification du droit sur l’ensemble du territoire. Sous l’Ancien Régime, les règles successorales variaient en fonction des localités, des types de biens et des statuts sociaux, mais la Constituante pose en 1790 un principe d’unité : les règles seront désormais les mêmes pour tous.

      Le troisième principe, c’est l’instauration, sur tout le territoire, d’une #fiscalité unique sur les successions fondée sur l’obligation de déclaration : les droits d’enregistrement. Chacun doit déclarer à l’administration fiscale toute transmission de patrimoine, qu’il s’agisse d’un héritage, d’un legs ou d’une donation entre vivants, et ce quel que soit le bien transmis et quelle qu’en soit la valeur.

      Le XIXe siècle est, écrivez-vous, le « siècle des pensées de l’héritage ». Comment les philosophes de l’époque abordent-ils la question ?

      Cet immense corpus est traversé par une idée qui nous est devenue étrangère : aux yeux de #Robespierre, des saint-simoniens ou de #Durkheim, la propriété individuelle doit s’éteindre avec la mort du propriétaire. Ces auteurs ne nient pas tout droit de propriété individuelle mais ils le restreignent à la durée de vie de son détenteur. Ce faisant, ils inventent une théorie de la propriété hybride : individuelle durant la vie, sociale après la mort.

      Cette conception n’est pas sans intérêt pour aujourd’hui : elle permet en effet de concilier notre attachement moderne à la propriété individuelle avec une destination plus élevée que le seul intérêt individuel ou familial. Si ce que je possède de manière privée, je le possède par concession sociale pour mon seul temps de vie, je ne peux pas en user de manière absolue.

      Dans un monde frappé par le dérèglement climatique et la destruction de la biodiversité, ce bouleversement théorique pourrait en particulier conduire à remettre en question les usages privatifs qui engendrent des dégradations pour tous.

      A quoi ressemble le système imaginé par les disciples de Saint-Simon (1760-1825), qui souhaitent abolir l’héritage familial ?

      Dans les années 1830, les #saint-simoniens estiment en effet que la Révolution française s’est arrêtée en chemin : elle a aboli la transmission héréditaire du pouvoir politique mais, en conservant l’héritage familial, elle a maintenu celle du pouvoir économique. Ils proposent donc de substituer au principe d’hérédité le principe méritocratique de « capacité » : les biens d’un individu, et en particulier les moyens de production, ne doivent pas aller à ses enfants, mais aux travailleurs qui seront le plus capables de les administrer.

      Pour le philosophe positiviste Auguste Comte [1798-1857], cette gestion de l’outil de production doit s’incarner dans un rituel. Sept ans avant sa retraite, le chef d’industrie forme son successeur et, au terme de cette période, lors d’une cérémonie publique, il fait le bilan de sa vie de travail et expose les raisons pour lesquelles il transmet sa charge, non à ses enfants, mais à ce compagnon de travail. Ce rituel donne à l’acte de transmission une profondeur que nous avons perdue.

      Le fondateur de la sociologie moderne, Emile Durkheim (1858-1917), propose, lui aussi, d’abolir la propriété individuelle mais sous une forme différente. Laquelle ?

      Durkheim, qui est socialiste mais qui n’est pas un révolutionnaire, estime que la #famille moderne est devenue un groupe social trop restreint pour continuer à être le support légitime de l’activité économique. Il propose donc que les moyens de production soient transférés, à la mort de leur propriétaire, à son organisation professionnelle d’appartenance – une « corporation » rénovée, structurée démocratiquement et cogérée par les travailleurs.

      Ce mécanisme permettrait, selon lui, de financer de nouveaux #droits_sociaux. Dans une société comme la nôtre, où l’Etat social est affaibli, cette pensée pourrait utilement nourrir notre imaginaire !

      Les socialistes Karl #Marx (1818-1883) et Mikhaïl #Bakounine (1814-1876) s’opposent, eux, sur la question de l’héritage. Sur quoi leur différend porte-t-il ?

      Lors du congrès de la Première Internationale, à Bâle (Suisse), en 1869, les divergences entre Marx et Bakounine se cristallisent sur la question de l’héritage. Pour Marx, l’abolition de l’héritage découlera mécaniquement de la socialisation des moyens de production : dans un monde où la #propriété est collective, la transmission familiale du patrimoine privé disparaîtra d’elle-même. Bakounine adopte, lui, une perspective inverse : à ses yeux, c’est l’abolition de l’héritage qui permettra de parvenir peu à peu à la socialisation des biens ; et ce, sans expropriation puisque le transfert se fera progressivement, au fil des successions.

      Toutes ces pensées du XIXe siècle peuvent-elles encore, selon vous, nous inspirer ?

      Ce détour par le XIXᵉ siècle bouscule profondément l’évidence que revêt pour nous l’héritage familial : il nous aide à questionner cette institution qui, pour nous, va de soi.

      –--------------------------------

      « L’injustice en héritage » : réinventer la succession grâce aux penseurs du XIXᵉ siècle

      C’est un livre qui élargit l’horizon politique et stimule l’imagination sociale. Au premier abord, son sujet peut paraître quelque peu aride, mais le voyage se révèle vite surprenant et fécond : dans L’Injustice en héritage. Repenser la transmission du patrimoine (La Découverte, 368 pages, 23 euros), Mélanie Plouviez, maîtresse de conférences en philosophie sociale et politique à l’université Côte d’Azur, explore avec beaucoup de rigueur et de clarté les réflexions théoriques consacrées à la transmission depuis la Révolution française.
      La philosophe part d’un constat : si la France contemporaine, comme l’a montré Thomas Piketty dans Le Capital au XXIe siècle (Seuil, 2013), est (re)devenue une « #société_d’héritiers », rares sont les Français qui remettent en cause la légitimité de la transmission familiale. Face à cette « pauvreté de notre imaginaire social et politique », Mélanie Plouviez entreprend de nous faire découvrir la radicalité des pensées du long XIXe siècle : à l’époque, nombreux sont les intellectuels qui questionnaient le droit des individus à conserver, à leur mort, un droit sur les choses qu’ils possédaient de leur vivant.
      La philosophe analyse ainsi en détail les discours de Mirabeau et de Robespierre, mais aussi les écrits de Prosper Enfantin, chef de file des saint-simoniens, du philosophe allemand Johann Fichte, du révolutionnaire Mikhaïl Bakounine ou du fondateur de la sociologie moderne, Emile Durkheim. Ce passionnant détour par le passé a le mérite de ressusciter un questionnement oublié sur le rôle du hasard dans les inégalités sociales, et de remettre en question nos certitudes contemporaines sur le fait que l’héritage « va de soi ».

      #philosophie_politique #imaginaire_social

  • [Énorme surprise] En France, l’effort de réarmement vient percuter les discussions sur les dépenses sociales
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/03/26/l-effort-de-rearmement-vient-percuter-les-discussions-sur-les-depenses-socia

    Le débat a été posé en des termes très directs par Julien Damon, professeur associé à Sciences Po. Dans un texte publié le 25 février sur le site Telos, il écrit que le système de protection sociale « pourrait être conduit à réduire la voilure afin que [la défense] monte en puissance ». (...) Le président de la République avait évoqué l’hypothèse de consacrer 5 % du produit intérieur brut (PIB) aux investissements militaires (contre 2 % aujourd’hui). Il avait ensuite précisé ne pas savoir si c’était le bon chiffrage, puis avait revu l’objectif à la baisse : « Autour de 3 % à 3,5 % » du PIB, avait-il dit, au Figaro, le 2 mars.

    Même si le saut à accomplir est moins important que celui envisagé au départ, il implique de dégager, à terme, plusieurs dizaines de milliards d’euros supplémentaires en faveur de nos armées. Une somme colossale qu’il s’avère ardu à trouver, les comptes publics étant délabrés. C’est la raison pour laquelle le poids des prestations sociales – correspondant à près d’un tiers de la richesse nationale – est, à nouveau, matière à interrogation et mis en regard avec les besoins de financement liés au réarmement. En cinquante ans, « nous avons divisé par deux nos dépenses de défense (de 4 % à 2 % du PIB), et multiplié par deux nos dépenses de retraites (de 7 % à 14 %) », souligne Antoine Foucher, directeur du cabinet de Muriel Pénicaud lorsque celle-ci était ministre du travail (mai 2017-juillet 2020), dans une tribune publiée le 5 mars par Les Echos. Et d’ajouter : « A l’abri du protectorat américain, nous avons préféré le confort à l’indépendance. »

    « Préserver notre modèle social »

    (...) l’exécutif a, jusqu’à maintenant, écarté l’éventualité de couper dans les systèmes de #solidarité. Ainsi, le 11 mars, à l’Assemblée nationale, la ministre de la santé, Catherine Vautrin, a promis que le gouvernement entendait « préserver notre modèle social », en réponse à une question sur la consolidation des forces françaises. Mais le pouvoir en place mentionne de plus en plus ouvertement une autre piste : « travailler plus », comme l’a clamé le ministre de l’économie, Eric Lombard, le 21 février sur RTL. Sa collègue en charge du travail, Astrid Panosyan-Bouvet, pousse dans le même sens. « Nous devons travailler davantage en relevant nos taux d’activité et d’emploi », plaide-t-elle dans une tribune publiée, le 21 mars, par Le Monde.

    Cette position s’inspire d’un raisonnement développé par des #économistes. Lorsque le nombre de personnes en poste progresse, il y a, à terme, plus de salaires distribués – donc davantage de cotisations sociales collectées – et plus de biens et de services produits, ce qui se traduit, en définitive, par un surcroît de rentrées de prélèvements obligatoires. « On dégage des moyens par le travail, c’est pour ça qu’il faut être dans la quête de l’emploi pour tous, avec toute la richesse que ça amène », estime Stéphane Viry, député (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) des Vosges. Son collègue de Meurthe-et-Moselle, Thibault Bazin (Les Républicains), qui est rapporteur de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale, va un tout petit peu plus loin : « Si on améliore notre taux d’emploi, si on diminue des charges de structure redondantes de notre administration, si on lutte mieux contre les #fraudes, on augmentera nos recettes tout en réduisant intelligemment les dépenses », avance-t-il, en faisant valoir que l’ensemble de ces solutions permettra de financer la protection sociale « ET » l’effort de défense.

    Pour tirer vers le haut la proportion d’individus en #emploi, les politiques publiques peuvent cibler plusieurs catégories de la population, comme l’a remis en évidence une étude du Conseil d’analyse économique diffusée le 4 mars. Sont ainsi visés les seniors, les jeunes, les salariés peu qualifiés et les femmes. Mais c’est sur les personnes ayant atteint ou franchi l’âge de 60 ans que l’accent doit être mis, affirme M. Foucher au Monde. « Le levier le plus puissant reste celui de la durée du travail dans la vie », plaide-t-il. D’après lui, il ne faut pas remonter l’âge légal de départ à la retraite, fixé à 64 ans par la réforme de 2023, car ce serait « injuste », mais un allongement de la durée de cotisation requise pour être éligible à une pension à taux plein lui « semble inévitable ».

    « Une forme d’alarmisme »

    De tels scénarios créent de l’effervescence car ils percutent les discussions lancées depuis le 27 février entre les syndicats et le patronat au sujet de notre système par répartition. Les organisations de salariés ne veulent pas entendre parler d’un durcissement des règles sur les #retraites et elles cherchent même à remettre en cause celle sur les 64 ans, en abaissant l’âge de départ. En outre, les actions pour augmenter le #taux_d’emploi présentent des limites, selon l’économiste Michaël Zemmour, qui fait référence aux réformes conduites depuis une quinzaine d’années pour transformer l’assurance-chômage, l’apprentissage et les régimes de pension. Malgré tous les changements intervenus, « l’économie française reste très peu dynamique », juge-t-il.

    Le débat, qui prospère depuis plusieurs semaines, doit être abordé avec distance, décrypte Nicolas Da Silva, enseignant-chercheur à l’université Sorbonne-Paris Nord. « Pour le moment, il est difficile de considérer que nous sommes ou que nous nous préparons à une économie de guerre », dit-il, en relevant qu’il n’y a eu que des annonces. Celles-ci évoquent certes une augmentation du budget alloué à la défense « mais sans que l’Etat accroisse significativement son rôle dans le fonctionnement de l’économie ou envisage de recourir à l’impôt ». Dès lors, enchaîne-t-il, « on peut émettre l’hypothèse d’une instrumentalisation de la menace pour poursuivre une politique intérieure qui est contestée ». L’idée qu’il faudrait procéder très rapidement à des choix budgétaires mais sans vraiment préciser pour quels investissements reflète « une forme d’alarmisme », complète Antoine Math, de l’Institut de recherches économiques et sociales. « Cette rhétorique me paraît être une stratégie pour imposer des mesures douloureuses, poursuit-il. Son efficacité ne saute pas aux yeux car il serait compliqué de faire adhérer la population à une stratégie de réarmement fondée sur des coupes dans les droits sociaux et les services publics. »

    https://archive.ph/FxN12

    #Budget #Défense #Droits_sociaux

  • 11 organisations dénoncent l’adoption par le Sénat d’une « préférence nationale » déguisée sur les prestations sociales - Médecins du Monde
    https://www.medecinsdumonde.org/actualite/11-organisations-denoncent-ladoption-par-le-senat-dune-preference-n

    Déposée au Sénat début février, la proposition de loi instaurant une condition de résidence régulière de 2 ans pour accéder à certaines prestations sociales vient d’être adoptée en séance publique.

    Métastases. On se souvient que l’instauration du RMI en 1988 comportait un sas temporel de deux ans de séjour régulier (et non trois comme envisagé par le PS initialement), comme préalable à une ouverture de droit. Une durée qui est montée à 5 ans avec la création du RSA.

    #droits_sociaux #préférence_nationale #allocation_logement #étrangers

  • RSA : elles cachent leur vie de couple et doivent rembourser 20.000€ à la CAF ! - Laplasturgie.fr
    https://www.laplasturgie.fr/rsa-elles-cachent-leur-vie-de-couple-et-doivent-rembourser-20-000e-a-la
    https://www.laplasturgie.fr/wp-content/uploads/2025/03/rsa-elles-cachent-leur-vie-de-couple-et-doivent-rembourser-20-000e-a-la

    Âgées de 28 et 32 ans, les deux prévenues avaient élaboré un stratagème précis pour maximiser leurs aides sociales. Officiellement #colocataires, elles affirmaient ne pas vivre en #couple, ce qui permettait à l’une d’elles de percevoir le #RSA en tant que parent isolé avec un enfant à charge. Cependant, leur supercherie n’a pas résisté aux investigations.

    L’#enquête a rapidement révélé des éléments compromettants. Sur les réseaux sociaux, les deux femmes affichaient clairement leur relation. De plus, l’une avait même entamé des démarches officielles pour adopter l’enfant de sa compagne, confirmant ainsi leur union de fait. Cette contradiction flagrante entre leur vie réelle et leurs déclarations à la #CAF a conduit à leur mise en cause pour #fraude_sociale.

    Sanctions financières et judiciaires exemplaires

    Le tribunal judiciaire de Laval a rendu son verdict : les deux femmes devront rembourser plus de 20 000 € correspondant aux sommes indûment perçues. Ce remboursement s’effectuera par mensualités, mais [ET]pèsera durablement sur leur situation financière. À cela s’ajoute une peine de six mois de prison avec sursis pour chacune, ainsi qu’une sanction de 90 jours-amendes, soulignant la volonté des autorités de sanctionner fermement ce type de fraude.

    Au-delà de cette affaire individuelle, ces condamnations servent d’exemple pour rappeler que la dissimulation volontaire d’une vie de couple dans le cadre des aides sociales constitue un délit passible de lourdes sanctions, tant financières que pénales.

    Un avertissement clair pour tous les allocataires

    Cette affaire souligne l’importance capitale de déclarer toute évolution de situation à la CAF. Qu’il s’agisse d’un changement d’adresse, d’une mise en couple ou d’une séparation, ces éléments impactent directement le montant des allocations perçues. Les organismes sociaux disposent aujourd’hui de moyens de contrôle renforcés, notamment via le croisement de données et l’observation des réseaux sociaux, pour identifier d’éventuelles incohérences.

    [...]

    L’affaire de Mayenne illustre avec force la détermination des autorités à protéger le système d’aides sociales contre les abus. Face aux fraudes, les sanctions se durcissent et les outils de contrôle se perfectionnent. Il est désormais quasiment impossible de tromper durablement la vigilance des services compétents.

    #vie_maritale #familialisme #contrôle #indu #sanction #condamnation_judiciaire #justice

    • Un peu de propagande pour l’obéissance à la CAF en direction des femmes, c’est ce qu’il fallait pour un 8 mars.
      Sans les éléments fournis par les condamnées, dont une démarche d’adoption, la Caf n’aurait pu les sanctionner ; y a pu qu’à éviter de sécuriser le devenir des enfants ...
      Ces femmes ont cumulé deux RSA pour deux, soit environ 1680e/mois au lieu d’un RSA pour quatre à environ 1270/e, au tarif actuel.

    • CAF, Urssaf... Les redressements pour fraude sociale en forte hausse

      https://www.moneyvox.fr/votre-argent/actualites/102397/caf-urssaf-les-redressements-pour-fraude-sociale-en-forte-hausse

      La détection de la fraude aux prestations a pour sa part progressé de 20% l’an passé pour atteindre près de 450 millions d’euros. La ministre précise qu’il existe « deux types de fraudes importantes » à ces prestations : « la fraude à la résidence d’#allocataires qui ne déclarent pas avoir quitté le territoire et qui continuent à percevoir des prestations, d’une part ; la fraude des personnes qui ne déclarent pas les revenus issus de locations d’appartements alors qu’elles bénéficient du RSA ou de la prime d’activité, d’autre part ».

      Le directeur général de la Caisse nationale d’allocations familiales (#Cnaf), Nicolas Grivel, a indiqué à l’AFP que « le taux de recouvrement sur les indus frauduleux (à ne pas confondre avec les simples erreurs de déclaration) est de 78% ». [côté Urssaf : "Les sommes effectivement recouvrées représentent moins de 10% de la fraude détectée"...] « On a amélioré considérablement ces dernières années notre capacité de ciblage des situations qui génèrent le plus de fraude », avec une fraude moyenne détectée passée de 7 000 à 9 000 euros « en quelques années », a ajouté Nicolas Grivel.

      « Nous assurer que chaque euro d’argent public soit un euro utile »

      « À l’heure de l’indispensable effort que nous devons consentir pour nos armées, nous devons nous assurer que chaque euro d’argent public soit un euro utile et que chaque euro fraudé soit récupéré », a déclaré pour sa part Catherine Vautrin aux Echos.

      Elle assure que « nous allons atteindre plus rapidement que prévu l’objectif de 5,5 milliards » d’euros de redressements arrêté il y un an par le Premier ministre de l’époque, Gabriel Attal. « Donc nous allons fixer de nouveaux objectifs encore plus ambitieux », affirme la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités.

    • Je n’avais pas vu [j’ai découvert l’article par l’entremise d’une alerte gogol]. D’autres articles évoquent une situation maritale constatée par la CAF (réseaux sociaux, demande d’adoption), pas un mariage, et ça me parait plus crédible. Des marié.es cohabitant.es naïf.ves au point d’espérer le cacher à la CAF, je doute que ça existe. C’est, je crois, des erreurs ordinaires qui mettent fin à l’optimisation sociale modérée (100 balle par personne) mise en oeuvre par ces allocataires ordinaires.
      Ce contrôle de « mère isolée » met exceptionnellement en cause un couple de personnes du même sexe (ayé, la CAF se wokise). J’aurais aimé qu’elles assistent à leur procès et y défendent la légitimité de leur arrangement, budget en main. Ça pouvait déboucher sur des peines moins lourdes (sursis, jours amendes, casier judiciaire).

      edit patatras : le procès était en septembre 2024, sans doute étaient-elles mariées, Ouest-France fournit probablement le papier d’origine de ceux qui suivent, dont certains argumentent en détails la nécessité d’être transparent avec la CAF.
      Elles ont fabriqué des preuves à leur encontre de trois manières...

    • Quand on veut frauder la CAF il faut faire gaffe, ce sont de vrais flics, dignes de l’ancienne police des mœurs. Si vous êtes en couple, premier truc à savoir : avoir 2 chambres (+ celles des éventuels enfants) dans votre logement sinon au premier contrôle vous êtes foutus.

  • Guide d’autodéfense - réforme du RSA - Coordination autonome de Brest
    https://coordbrest.noblogs.org/post/1096

    Un guide fait pour mieux comprendre le fonctionnement d’institutions comme France-Travail, la CAF et le département, pour mieux se préparer et se défendre face aux contrôles, par la Coord’autonome de Brest.

    Ce guide s’adresse à tout les bénéficiaires du #RSA , du chômage ou inscrits à France-Travail. Il n’a pas été fait par des avocats, des assistants sociaux ou « professionnels » du social. Simplement par des allocataires qui souhaitent lutter pour leurs intérêts face aux politiques de l’état et des diverses administrations chargées de gérer nos allocations.

    (pas encore lu)

    #autodéfense_sociale #emploi #travail #contrôle

    • Réforme du RSA : le nouveau régime de sanction critiqué
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/03/18/reforme-du-rsa-le-nouveau-regime-de-sanction-critique_6583239_823448.html

      Un avis du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (#CNLE), publié mardi, met en garde contre la suspension « sans discernement » de l’allocation et propose un « revenu plancher ».
      Par Thibaud Métais

      Les critiques s’accumulent contre la réforme du revenu de solidarité active (RSA). Mardi 18 mars, le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE), instance rattachée au premier ministre, publie un avis sur les risques d’exclusion induits par la mise en œuvre de la loi « pour le plein-emploi » de décembre 2023.
      Celle-ci instaure notamment un « accompagnement rénové » pour les bénéficiaires du RSA, qui doivent désormais s’acquitter « d’au moins quinze heures d’activité par semaine ». La loi prévoit certaines exemptions − problèmes de santé, situation de handicap, parent isolé sans situation de garde pour un enfant de moins de 12 ans. Les #allocataires sont aussi automatiquement inscrits à France Travail. Expérimentée dans plusieurs bassins d’emploi dès le printemps 2023, la réforme a été généralisée en janvier à tout le territoire.

      La disposition est combattue depuis le début par la gauche, les syndicats et les associations de lutte contre la pauvreté. En décembre 2024, la Commission nationale consultative des droits de l’homme a adopté un avis considérant que cette obligation « porte atteinte aux droits humains ». ATD Quart Monde s’apprête également à lancer une pétition contre les #sanctions qu’encourent les allocataires du RSA. L’avis du CNLE, que Le Monde s’est procuré, insiste sur les risques liés à l’instauration d’un nouveau régime de sanction, appelé « suspension-remobilisation », qui permet de suspendre son allocation au bénéficiaire du RSA s’il ne respecte pas son contrat d’engagement, en prévoyant un versement rétroactif – dans la limite de trois mois – s’il se conforme à ses obligations.

      « Je n’ai eu aucun rendez-vous pour ça »

      Un flou entoure encore cette nouvelle sanction, la publication du décret en précisant les contours n’étant prévue qu’au cours du printemps. Lors de la dernière réunion plénière du CNLE, le 11 mars, la ministre du travail, Astrid Panosyan-Bouvet, s’est engagée à le consulter à propos de ce décret. En attendant, le Conseil demande au gouvernement d’adopter un moratoire sur l’application du décret, mettant en avant le risque trop important de perte de ressources.

      Pour l’instance, la sanction risque d’inciter les allocataires à effectuer des heures d’activité quelles qu’elles soient, sans qu’elles n’aient un effet concret sur un éventuel retour à l’emploi. Ils pourraient aussi être contraints d’accepter des emplois précaires ne répondant pas nécessairement à leurs aspirations et à leurs capacités. « On demande ce moratoire car, à nos yeux, les conditions ne sont pas réunies pour que ça ne produise pas des radiations et une fragilisation des droits et des ressources des personnes », assure le président du CNLE, #Nicolas_Duvoux.

      En s’appuyant sur plusieurs remontées de terrain de personnes sanctionnées et plongées dans des situations catastrophiques, le CNLE craint que la suspension du RSA puisse être appliquée « sans discernement quant aux conditions matérielles d’existence » des allocataires et fragilise « leurs situations au lieu de renforcer la dynamique de l’accompagnement et d’insertion souhaitable ». Lors de la dernière réunion plénière du CNLE, Mike (il n’a pas souhaité donner son nom, comme toutes les personnes citées par leur prénom) est venu témoigner de sa situation. Au RSA depuis juin 2024, il a expliqué avoir été radié début janvier, faute d’avoir accompli ses heures d’activités. « On m’a dit que je ne justifiais pas mes quinze heures, sauf que je n’ai eu aucun rendez-vous pour ça et France Travail m’a dit que je devais me débrouiller », explique-t-il au Monde. Sans aucune ressource, il affirme avoir perdu son logement courant janvier. « Aujourd’hui, je suis bénévole dans une association mais seulement cinq heures, donc la CAF me dit de voir avec France Travail, qui me renvoie vers la CAF car je n’ai plus de conseillère », ajoute-t-il.

      « Droit à un revenu plancher »

      D’autres profils voient leur situation fragilisée par la mise en place de ce nouveau dispositif. A Toulouse, Sophia, réfugiée arménienne, est au RSA depuis mai 2020. Elle a plusieurs fois travaillé depuis, en usine ou comme femme de ménage dans le métro. Des emplois qu’elle ne peut jamais conserver à cause de problèmes physiques. « Je voudrais travailler de mon métier, comptable », avance-t-elle. Pour cela, elle est inscrite à l’université Toulouse-Jean-Jaurès afin d’apprendre le français. Son statut de réfugié lui permet de cumuler un statut d’étudiante avec le RSA. « Mais France Travail ne prend pas en compte mes soixante-dix heures par mois à l’université comme des heures d’activité », précise Sophia, qui craint d’être l’objet de sanctions. Dans l’association qui l’aide pour ses démarches, on regrette que France Travail décide à sa place, plutôt que de l’accompagner vers la comptabilité comme elle le souhaite.

      Parmi ses autres recommandations, le CNLE propose une « redéfinition des termes de l’accompagnement » afin de trouver un équilibre entre les engagements de la collectivité et ceux des allocataires. Surtout, l’organisme demande « l’inscription d’un droit à un revenu plancher », afin d’éviter que les sanctions ne privent totalement les ménages de ressources. L’avis estime qu’un tel droit pourrait être fondé sur le préambule de la Constitution. « Dans le contexte budgétaire compliqué actuel, pour éviter vraiment des risques de perte de droits et de ressources, l’idée c’est d’équilibrer le dispositif par la sanctuarisation d’un revenu plancher qui permettrait d’assurer la continuité des droits », souligne Nicolas Duvoux.

      edit
      https://solidarites.gouv.fr/avis-du-cnle-sur-la-loi-pour-le-plein-emploi-pour-une-securisation-
      #revenu #continuité_des_droits #droits_sociaux

    • Dans les BdR (reçu par mel)

      Nous rencontrons une difficulté nouvelle dans l’accompagnement des personnes bénéficiaires du RSA. La CAF des Bouches du Rhône met fin au bout de 3 mois aux prestations RSA des personnes sans information préalable au titre qu’elles n’ont pas signé de contrat d’orientation [contrat d’engagement réciproque, ndc].

      Pas de courrier de demande de signature de contrat, pas de désignation d’un service accompagnateur, pas de relance, pas d’information préalable sur les obligations du bénéficiaire.

      La fin de droits n’est pas motivé dans le courrier mais la décision de radiation est établie par le #Conseil_Départemental. Le motif est signifié après échange via le compte CAF des personnes, en précisant qu’une nouvelle demande de droits est nécessaire pour rétablir les droits RSA.

  • Question de droits. La Caf lui réclame des trop-perçus sur des aides sociales
    https://www.ouest-france.fr/partenaires/defenseur-droits/question-de-droits-la-caf-lui-reclame-des-trop-percus-sur-des-aides-soc

    La Caisse d’allocations familiales lui demande de rembourser. Grâce au Défenseur des droits, elle a obtenu l’échelonnement de ses remboursements.

    Mère de famille, Jeanne s’est retrouvée en grande difficulté après une décision de la Caf. Elle témoigne.

    « Je suis maman de trois enfants et locataire d’un HLM (habitation à loyer modéré). Récemment, la Caisse d’allocations familiales (Caf) m’a informée que j’avais reçu trop d’aides sociales et que je devais rembourser ces sommes. Ne pouvant pas payer, ils ont suspendu mon aide au logement, ce qui a encore aggravé ma situation. Je ne pouvais plus payer mon loyer et mes dettes s’accumulaient.
    Je me sentais totalement démunie, surtout avec mes trois enfants à charge. J’avais entendu parler d’une permanence tenue par un délégué du Défenseur des droits près de chez moi. J’y suis allée pour demander de l’aide.

    « Un immense soulagement ! »

    Le délégué a contacté la Caf pour examiner ma situation. Grâce à son intervention, un échelonnement des remboursements a été négocié, et la #Caf a repris le versement de mon aide au logement. Ce fut un immense soulagement pour moi en tant que maman solo ! »

    Si vous aussi, vous avez des difficultés à faire valoir vos #droits auprès d’une administration ou d’un service public, contactez gratuitement un délégué du #Défenseur_des_droits sur www.defenseurdesdroits.fr, rubrique Demander de l’aide.

    #indu #trop-perçus

    • La langue de l’ennemi est une arme à double tranchant, à manier avec précautions. On n’enseigne pas ça à l’école ou ailleurs (sauf, dans ce champ, en fac de droit). Ici, la dame dit "aides sociales", expression qui implique le caractère facultatif de la prestation versée. Or il s’agit de droits.

      Le journal fait mine d’être au service des pauvres. Bien joué ! Là, c’est une publicité pour le défenseur des droits. Il a « obtenu » ce que tout allocataire peut obtenir sans lui : un échelonnement du remboursement de l’indu. Cela permet à l’allocataire de percevoir à nouveau son APL ou ALS, quitte à voir ses prestations réduites de 50 balles par mois pendant des années. Sauf que. Il n’est pas même question ici, pour en rester au « recours amiable », de demander à la CAF un dégrèvement total ou partiel. Et moins question encore de la possibilité pour les ayants droits de saisir la justice pour faire annuler tout ou partie de la dette « en raison de la situation de précarité ».

      Pour ce que j’en vois, c’est ainsi qu’agissent les délégués du défenseur des droits en matière de droit des pauvres : ils encouragent parmi ces justiciables le non recours au droit (ici : ester en justice) ce qui met de l’huile dans la brutalité des caisses sans la mettre aucunement en cause, en parfaite conformité avec une situation où seules 1% des décisions prises en la matière font l’objet d’un contentieux initié par les premières concernées.

      Fatum. Les mamans solo et les autres sont nés pour un petit pain. Le destin des simples n’a rien d’une tragédie https://seenthis.net/messages/1095408

      #dépossession #justice #droits_sociaux #non_recours #contentieux

    • PROCEDURE EN RECOUVREMENT D’INDUS CAF/MSA
      Quels sont les droits des personnes ?
      Note pratique1 - Avril 2021 - GISTI
      https://www.gisti.org/IMG/pdf/note_proce_dure_en_recouvrement_d_indus_caf_avril2021.pdf

      Le Conseil d’Etat, dans une décision du 10 juillet 2019 (n° 415427) précise que lorsque
      l’organisme concerné constate un indu sur une prestation (ici RSA, aide exceptionnelle de fin
      d’année ou APL) il :
      « doit prendre une décision de récupération d’indu, motivée et notifiée au bénéficiaire de l’allocation, qui lui réclame le remboursement de la somme due, et le cas échéant, l’informe des modalités selon lesquelles cet indu pourra être récupéré par retenues sur les prestations à venir ».
      [or si #notification il y a, elle est rarement motivée en fait et en droit, ndc]

      [...]

      Par le biais d’un #recours_contentieux :
      • Suite au recours amiable, si la Commission de recours amiable de la CAF/MSA maintient sa décision, la personne peut engager un recours auprès du tribunal (judiciaire ou administratif en fonction de la prestation concernée12) pour faire annuler la décision de la CAF/MSA de retenues, voire demander le versement de dommages et intérêts pour le préjudice subi. La personne peut être représentée par un avocat.e ou une personne mentionnée à l’article L. 142-9 du code de la sécurité sociale.
      ➢ Lien vers des jugements de tribunaux judiciaires qui annulent des indus suite au non-respect par la CAF/MSA des garanties légales :
      o TGI Paris, 18 novembre 2019, n°1805341
      o TJ Arras, 26 mai 2020, n°1900311
      o TJ Lyon, 19 juin 2020, n°1701416
      o TJ Bobigny, 22 juin 2020, n°1902700
      o TJ Rouen, 26 mars 2021, n° RG 20/00568

  • Nouvelle #circulaire_Retailleau : Un pas de plus dans la guerre contre les migrant-es ! !

    Le ministre de l’intérieur, #Bruno_Retailleau, multiplie depuis des mois les déclarations visant à supprimer les possibilités d’accueil et de #régularisation des personnes migrantes. Sur fond de #racisme décomplexé inspiré par l’extrême droite, le ministre passe aujourd’hui de la parole aux actes. Il vient de publier une circulaire qui abroge la #circulaire_Valls de 2012, et donne aux préfets des consignes fermes de #non-régularisation des personnes étrangères vivant en France sans titre de séjour.

    Dans la continuité de la loi Darmanin de janvier 2024, cette circulaire met à bas les possibilités de #régularisation_exceptionnelle des étrangers au titre de la situation familiale ou du travail, telle que pratiquées jusqu’alors en application de la circulaire Valls.

    Elle augmente la #durée_de_séjour requise sur le territoire à #7_ans au lieu de 5 ans précédemment, voire 3 ans au titre du travail, pour pouvoir solliciter une #régularisation_à_titre_exceptionnel.

    Elle rend quasi-impossible la régularisation d’une personne ayant subi une #OQTF, exécutée ou pas, même datant de plusieurs années.

    Elle impose des critères de maîtrise du #français et de « respect des #valeurs_républicaines » qui permettent un total arbitraire de la part des #préfectures dans l’examen des dossiers de demande de régularisation.

    Alors même que la liste des #métiers_en_tension, des plus restrictives et établies selon les seuls critères du patronat, n’est toujours pas actualisée, cette circulaire ferme la porte à toute possibilité de régularisation à des centaines de milliers de travailleuses et #travailleurs_sans-papiers qui font tourner des secteurs entiers de l’économie du pays, comme dans la logistique, le nettoyage, la restauration, le BTP, l’aide à la personne et bien d’autres.

    La première conséquence de cette circulaire sera l’#exploitation de ces personnes, contraintes à une #clandestinité et donc une #précarité renforcée, exclues de tous #droits_sociaux, de toutes les protections accordées aux autres salariées, et donc à la merci d’un patronat qui, de toutes façons, trouve son intérêt et ses profits dans l’exploitation des travailleurs-euses sans-titre.

    L’Union syndicale Solidaires dénonce avec force cette déclaration de #guerre_à_l’immigration du gouvernement Bayrou/Retailleau/Darmanin.

    Elle continue d’exiger la régularisation de tous les sans papier, à commencer par nos camarades de Chronopost en lutte depuis plus de 3 ans.

    Elle appelle à se mobiliser aux côtés des autres organisations syndicales, des associations d’aide aux migrants-tes, des collectifs de sans-papiers pour soutenir et participer à toutes les actions en cours et en préparation pour s’opposer à l’application à ces mesures scélérates, et en obtenir l’abrogation !

    https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/communiques/nouvelle-circulaire-retailleau-un-pas-de-plus-dans-la-guerre-contre-les-
    #France #migrations #sans-papiers #clandestinisation #guerre_contre_les_migrants
    ping @karine

  • Aux Pays-Bas, le coût d’un scandale sur les allocations familiales qui engorge les tribunaux

    Pendant une dizaine d’années, des dizaines de milliers de familles ont été accusées à tort de fraudes et contraintes de rembourser les sommes perçues, quitte à s’endetter. En mars 2020, des dédommagements financiers avaient été décidés.

    L’administration et la justice néerlandaises sont désormais totalement débordées par l’ampleur de « l’affaire des allocations », un scandale qui a, pendant une dizaine d’années, injustement pénalisé des milliers de parents, accusés à tort de fraudes aux #allocations familiales. Les tribunaux sont saisis de 9 300 #recours contre les autorités et quelque 500 nouveaux dossiers sont ouverts chaque mois. Les familles lésées seraient officiellement au nombre de 68 000.

    Dans des arrêts récents relevés par le journal De Volkskrant, les tribunaux de Rotterdam et d’Utrecht, entre autres, ont dénoncé la situation, ingérable selon eux, créée par le gouvernement et le Parlement. Les familles contestent souvent les montants qui leur sont octroyés en #dédommagement, d’où l’engorgement des tribunaux et de l’administration chargée d’évaluer le #préjudice qu’elles ont subi. Si le service chargé des indemnisations ne prend pas de décision sur un recours dans un délai de deux semaines, il doit verser aux demandeurs une indemnité de quelque 1 400 euros. S’il n’y parvient pas au bout de douze semaines, les plaignants peuvent se pourvoir en justice et les tribunaux ont, quant à eux, huit semaines pour trancher. Si, à leur tour, ils n’y arrivent pas – ce qui est de plus en plus fréquent –, l’indemnité à verser aux plaignants peut atteindre 15 000 euros.

    Complexe, la situation est devenue carrément chaotique à la suite de la découverte d’abus : des familles ont introduit plusieurs recours successifs et d’autres, qui n’ont pourtant pas été victimes des pratiques abusives du fisc, ont elles aussi déposé plainte. A charge pour l’administration d’examiner quand même leur dossier dans le délai fixé et, le cas échéant, de les indemniser si elle ne répond pas à temps. Le tribunal de Rotterdam a, lui, décidé unilatéralement, en juillet 2024, de limiter le montant de ces indemnités mais il s’est exposé à un recours devant le Conseil d’Etat, le tribunal administratif suprême.

    [...]

    L’affaire a eu des répercussions en France, où l’association de défense des libertés numériques La Quadrature du Net, Le Monde et le média Ligthouse Reports ont révélé, en 2023, les méthodes assez semblables utilisées depuis 2010 par la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF). L’#algorithme utilisé par la CNAF, jusque-là secret, était, selon cette enquête, programmé pour cibler de façon discriminatoire les allocataires les plus précaires, chômeurs, handicapés, ou ménages à faible revenu.
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/01/09/aux-pays-bas-le-cout-d-un-scandale-sur-les-allocations-familiales-qui-engorg

    https://justpaste.it/d3xa5

    (en France, il semble qu’actuellement seules 1% des décisions de la CAF négatives pour les allocataires fassent l’objet d’un contentieux juridique)

    #fraude #suspicion_de_fraude #racisme #droits_sociaux #justice