• Écologie des affects
    https://laviedesidees.fr/Ecologie-des-affects.html

    À propos de : Louis Quéré, La fabrique des émotions, Puf. D’où viennent nos émotions ? Sont-elles propres à notre sensibilité ou sont-elles produites par notre environnement ? Et comment deviennent-elles collectives ? Questions majeures, que L. Quéré entend reprendre à nouveaux frais.

    #Philosophie #phénoménologie #Durkheim #émotion
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220224_emotions.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220224_emotions.pdf

  • * Les intellectuels à l’heure des réseaux sociaux - 14 janvier 2021 - #Gérard_Noiriel
    https://noiriel.wordpress.com/2021/01/14/les-intellectuels-a-lheure-des-reseaux-sociaux

    . . . . . . La deuxième raison de ce silence, c’est que je me suis interrogé sur l’utilité de ce blog. La façon dont ont été interprétés plusieurs des textes que j’ai publiés ici m’a fait réaliser l’ampleur du fossé qui me séparait de la plupart des adeptes de #Twitter ou de #Facebook. Comment convaincre des gens quand on ne parle pas la même langue ? Chemin faisant, je me suis rendu compte que j’avais ma part de responsabilité dans cette situation parce que je n’avais pas suffisamment expliqué les raisons qui pouvaient inciter un chercheur en #sciences_sociales, comme moi, à tenir un #blog. Je l’ai conçu non pas comme une revue savante, ni comme une tribune politique, mais comme un outil pour transmettre à un public plus large que les spécialistes, des connaissances en sciences sociales et aussi comme un moyen de réfléchir collectivement au rôle que peuvent jouer les universitaires dans l’espace public quand ils se comportent comme des intellectuels. Ces neuf mois d’abstinence m’ayant permis de mûrir ma réflexion sur ce point, je me sens aujourd’hui en état de relancer ce blog.

    Dans l’ouvrage Dire la vérité au pouvoir. Les intellectuels en question (Agone, 2010), j’avais tenté de montrer (en me limitant au monde universitaire) que trois grands types d’intellectuels s’étaient imposés à l’issue de l’Affaire Dreyfus. Ceux que j’ai appelé, par référence à Charles Péguy, les « #intellectuels de gouvernement » occupent une position dominante dans le champ médiatique (la presse de masse d’hier, les chaînes télévisées d’aujourd’hui). Ils accèdent souvent à l’Académie française et certains d’entre eux deviennent parfois ministre de l’Education nationale ou de la Culture. Ils défendent mordicus la nation française, ses traditions, l’ordre établi, mobilisant leur intelligence pour dénoncer toute forme de pensée subversive. Après avoir vaillamment combattu le « totalitarisme », ils sont aujourd’hui vent debout contre « l’islamisme ». Face à eux se dressent les « intellectuels critiques », qui sont les héritiers des « intellectuels révolutionnaires » de la grande époque du mouvement ouvrier. Certains d’entre eux prônent encore la lutte des classes, mais leur principal cheval de bataille aujourd’hui, c’est le combat contre le « racisme d’Etat » et « les #discriminations » ; les « racisé-e-s » ayant remplacé le #prolétariat.

    Ces deux pôles antagonistes peuvent s’affronter continuellement dans l’espace public parce qu’ils parlent le même langage. Les uns et les autres sont persuadés que leur statut d’#universitaire leur donne une légitimité pour intervenir sur tous les sujets qui font la une de l’actualité. Ils font comme s’il n’existait pas de séparation stricte entre le savant et le politique. Les intellectuels de gouvernement ne se posent même pas la question car ils sont convaincus que leur position sociale, et les diplômes qu’ils ont accumulés, leur fournissent une compétence spéciale pour traiter des affaires publiques. Quant aux intellectuels critiques, comme ils estiment que « tout est politique », ils se sentent autorisés à intervenir dans les polémiques d’actualité en mettant simplement en avant leur statut d’universitaire.

    Le troisième type d’intellectuels que j’avais retenu dans cet ouvrage est celui que #Michel_Foucault appelait « l’intellectuel spécifique ». Il tranche avec les deux autres parce qu’il part du principe que la science et la politique sont des activités très différentes. Le fait d’avoir une compétence dans le domaine des sciences sociales peut certes nous aider à éclairer les relations de pouvoir qui régissent nos sociétés, mais le mot pouvoir n’est pas synonyme du mot politique (au sens commun du terme) et la critique scientifique n’est pas du même ordre que la critique politique.

    Cette conviction explique pourquoi l’intellectuel spécifique ne peut intervenir dans l’espace public que sur des questions qu’il a lui-même étudiées pendant de longues années. Ces questions sont d’ordre scientifique, ce qui fait qu’elles ne se confondent pas avec celles auxquelles les #journalistes et les #politiciens voudraient qu’il réponde. Voilà pourquoi l’intellectuel spécifique doit « problématiser » (comme disait Foucault) les questions d’actualité dans le but de produire des vérités sur le #monde_social qui ne peuvent être obtenues qu’en se tenant à distance des passions et des intérêts du moment.

    Cela ne signifie pas que l’intellectuel spécifique se désintéresse de la fonction civique de son métier. Toutefois, ce qui le distingue des autres types d’intellectuels, c’est qu’il refuse de jouer les experts ou les porte-parole de telle ou telle catégorie de victimes. Il estime que l’intellectuel de gouvernement, mais aussi l’intellectuel critique, commettent un abus de pouvoir en intervenant constamment dans le #débat_public sur des questions qui concernent tous les citoyens.

    Voilà pourquoi, depuis #Max_Weber jusqu’à #Pierre_Bourdieu, les intellectuels spécifiques ont mobilisé les outils que propose la science sociale pour combattre le pouvoir symbolique que détiennent les intellectuels. Mais comme ils deviennent eux aussi des intellectuels quand ils interviennent dans le débat public, ils doivent retourner contre eux-mêmes les armes de la critique. Ce qui caractérise le véritable intellectuel spécifique, c’est donc sa capacité à se mettre lui-même en question, ce que j’ai appelé la faculté de « se rendre étranger à soi-même », alors que chez les autres intellectuels, le pouvoir de la critique s’arrête toujours devant leur porte. C’est cette propension à s’interroger sur lui-même qui a poussé Pierre Bourdieu à écrire, dans l’un de ses derniers ouvrages : « Je ne me suis jamais vraiment senti justifié d’exister en tant qu’intellectuel », ou encore « je n’aime pas en moi l’intellectuel » ( Méditations pascaliennes, Seuil, 1997, p. 16).

    Comme je l’avais souligné dans mon livre, ce malaise chronique de l’intellectuel spécifique tient aussi au fait que, pour être entendu dans l’espace public, il est parfois amené à dépasser la limite entre le savant et le politique qu’il s’était promis de ne pas franchir. Ce fut le cas pour #Durkheim pendant la Première Guerre mondiale, pour Foucault dans les années 1970, et aussi pour Bourdieu à la fin de sa vie.

    Les trois types d’intellectuels que je viens de citer se sont imposés en France au tournant des XIXe et XXe siècles, c’est-à-dire au moment où la presse de masse a restructuré complètement l’espace public en y intégrant la fraction des classes populaires qui en était exclue jusque là. Depuis une vingtaine d’années, l’irruption des chaînes d’information en continu et des « #réseaux_sociaux » a provoqué une nouvelle révolution de la communication à distance. Ces réseaux sont des entreprises privées, gouvernées par la loi du profit, qui mobilisent leurs adeptes en jouant sur leurs émotions. Toute personne peut y intervenir, de façon spontanée et souvent anonyme, en tenant le genre de propos qui s’échangeaient auparavant au « café du commerce », c’est-à-dire dans un espace d’interconnaissance directe, régi par la communication orale. La montée en puissance des réseaux sociaux a donc abouti à l’émergence d’un espace public intermédiaire entre la sphère des relations personnelles fondées sur la parole, et la sphère nationale, voire internationale, structurée par les médias de masse.

    Les #journalistes se sont adaptés à cette nouvelle situation de la même manière qu’ils s’étaient adaptés aux sondages. Ils nous font croire que les réseaux sociaux expriment « l’opinion publique », alors qu’ils sélectionnent, dans les milliards de propos échangés chaque jour sur Twitter ou Facebook, ceux qui peuvent leur servir dans le traitement de l’actualité.

    Les chaînes d’information en continu, dont la logique repose sur ce qu’on pourrait appeler « une économie de la palabre », obéissent aux mêmes principes que les réseaux sociaux : il faut mobiliser les #émotions des téléspectateurs pour booster les audiences, et donc les recettes publicitaires. Voilà pourquoi ces chaînes accordent une place essentielle aux polémiques, aux « clashs », aux insultes qui sont immédiatement relayés sur les réseaux sociaux. Dans le même temps, pour donner un peu de crédibilité à leur entreprise, ils sollicitent constamment des « experts », le plus souvent des universitaires, transformés en chasseurs de « fake news » , qui acceptent de jouer ce jeu pour en tirer quelques profits en terme de notoriété, de droits d’auteurs, etc.

    Les journalistes de la presse écrite . . . . . . . . . . .

  • Notes anthropologiques (LIII)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/Notes-anthropologiques-LIII

    Traité sur l’apparence (VIII)
    Notes sur l’irréalité de l’être

    C’est à notre époque que se pose le plus crûment la question de l’être. Face à cette difficulté, la solution la plus facile est d’éluder cette question pour conclure que l’être n’existe pas. Il aurait existé autrefois, il n’existe plus aujourd’hui, enfin, selon certains philosophes. L’être est une donnée de la conscience, dirait, avec juste raison, monsieur Descartes ; il est lié à la conscience de soi. Le « soi » n’est pas si facile à définir de nos jours où nous avons surtout affaire à des individus isolés dans le sens où la vie sociale à laquelle ces individus participent leur échappe généralement ; rare leur est offerte l’occasion de se poser entièrement comme sujet social. L’argent dépossède l’individu de cette conscience de soi en tant que sujet dans un rapport social avec d’autres sujets. L’argent nous dépossède de cette conscience de soi qui ferait surgir l’être dans sa consistance et dans sa fragilité. L’être dans sa consistance et sa fragilité perd son point d’ancrage que constitue la vie du sujet dans ses rapports avec d’autres sujets, il s’évapore, il ne tient plus qu’à un fil, celui de l’image, d’une représentation mentale inconsistante : l’être aspirant désespérément à être reconnu dans sa qualité de sujet, alors même que cette qualité lui file entre les doigts. (...)

    #anthropologie #irréalité #conscience #représentation #Durkheim #aliénation #Mauss #potlatch #Odyssée #tribut #dette #esclavage #travail #Stevenson

  • Quand l’#histoire chante un air #populaire (#Gérard_Noiriel)
    https://grozeille.co/quand-lhistoire-chante-un-air-populaire-gerard-noiriel

    « Le populaire dans tous ses états »
    https://noiriel.wordpress.com

    je me situerais moi-même suivant un troisième profil qui a été historiquement incarné par des sociologues comme #Durkheim ou #Bourdieu, #Foucault également. C’est d’ailleurs de lui que vient la formule pour le nommer : « intellectuel spécifique ». Je conçois donc mon engagement dans la mesure où je ne me contente pas de produire des connaissances, chose que je suis censé faire suivant ma profession d’enseignant-chercheur. J’essaye aussi de transmettre les connaissances que j’ai produites, dans un langage adapté à des publics qui ne sont pas spécialistes. Beaucoup de chercheurs restent dans la sphère universitaire : ils sont ce que j’appelle des « savants purs ».

    Je trouve cela très clair dans un passage où Bourdieu explique pourquoi, dans les années 1970, les syndicats privilégiaient les revendications salariales. En disant « j’ai mal au salaire » au lieu de dire « j’ai mal partout », ils cherchaient à unifier, grâce au langage, les souffrances multiples qui affectent les classes populaires. Au XVIe siècle par contre, les classes populaires ne disaient pas « j’ai mal au salaire » mais « j’ai mal à la foi ». La Réforme 3 ouvre la voie à toute une série de révoltes qui, si elles n’expriment pas forcément un malaise chrétien, passent par les canaux religieux.

    Ce qui se passe dans la sphère domestique, c’est très important. Dans mon livre sur le clown Chocolat, j’avais essayé de montrer que, dès qu’on rentre dans la sphère domestique, on rentre aussi dans une logique de familiarité. Les catégories construites rationnellement et intellectuellement explosent : vous ne verrez plus seulement des « races » : le nègre, ou le noir, ou le juif, parce que vous faites face à une personne qui est définie par de multiples critères. C’est là où je suis en désaccord avec d’autres courants de la recherche sur ces questions : ce qui compte pour moi, ce sont les individus, « la société des individus » comme disait Norbert #Elias. De ce fait, je pars aussi de la diversité des critères identitaires. Chacun d’entre nous est le produit de nombreux critères identitaires qui se combinent différemment à chaque fois. Si l’on ne s’intéresse qu’à l’un d’entre eux, on tombe dans le piège de l’essentialisme. Essentialisme que l’on retrouve autant dans l’extrême droite que dans l’extrême gauche identitaire. J’ai donc choisi de parler de ces formes paradoxales de résistance plutôt que d’autres formes plus connues, comme le marronnage (fuite d’un esclave hors de la propriété de son maître).

    J’étais content de voir que Jürgen #Habermas, dans un texte que j’ai lu il y a peu, disait qu’au lieu d’être « ni de droite ni de gauche », il fallait que les partis se repositionnent clairement sur les deux pôles qui structurent le champ politique. Car cette tendance au « ni de droite ni de gauche » a correspondu à une évolution malheureuse de la sociale-démocratie en Europe : Schroeder en Allemagne, Tony Blair en Angleterre. Ces gens-là ont repositionné la gauche du côté du libéralisme. Je crois qu’on est en train de sortir de cette phase. Même une fraction du capitalisme se rend compte qu’on va droit dans le mur. C’est qu’il y a aussi des tensions internes au capitalisme, les dominants ne sont pas tous unis, ils ont des intérêts divergents ! Et donc il y a des opportunités qui peuvent s’avérer positives pour ceux qui aspirent à ce que le monde change et soit moins injuste…

  • Le suicide, une question sociale
    https://www.franceculture.fr/emissions/avoir-raison-avec-emile-durkheim/le-suicide-une-question-sociale

    Ceux qui ne connaissent rien à Durkheim connaissent son ouvrage sur le Suicide. Connaissent ou croient connaître, car ce tour de force scientifique ne se laisse pas aisément approcher. Ecrit il y a plus d’un siècle, il a profondément influencé notre vision, non pas seulement de la mort volontaire, mais plus généralement de la société. Aujourd’hui, il peut même nous aider à penser des phénomènes qui se situent au cœur de l’actualité, à l’instar des attentats suicides.

    #suicide #Durkheim #radio

  • Ce qui reste vivant dans le socialisme
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/110717/ce-qui-reste-vivant-dans-le-socialisme

    Deux ouvrages clarifient les origines et le sens du socialisme, présenté comme le seul remède à la montée des nationalismes xénophobes. Insistant sur son ancrage historique dans la modernité, ils explorent ses affinités avec la démocratie, l’éducation et la #Sociologie.

    #Culture-Idées #Bruno_Karsenti #communisme #Cyril_Lemieux #Durkheim #Franck_Fischbach #libéralisme #marxisme #nationalisme #socalisme

  • Commentaires sur le livre de #Frédéric_Lordon : Imperium, Structures et affects des corps politiques
    Suivi de commentaires de #René_Berthier aux objections parues sur Médiapart.

    Frédéric Lordon est une « icône intellectuelle du moment », le « prince de la vie connectée », un « rebelle médiatique » pour ceux qui ne l’aiment pas. Lui-même se décrit comme un économiste « hétérodoxe ». Il veut rapprocher la science économique de la sociologie. Spinoza, le philosophe du XVIIe siècle, lui sert de fil conducteur, ou de grille de lecture, dans ses travaux.
    Le moins qu’on puisse dire est que son dernier ouvrage est dense – un peu trop dense, peut-être, car on en saisit mal le fil conducteur. C’est pourquoi je n’aborderai dans ce commentaire de lecture que quelques aspects des développements de l’auteur, au risque de ne rendre compte que de manière extrêmement partielle de son ouvrage. Dans la mesure où Lordon évoque souvent la « pensée libertaire » – d’une manière singulièrement fragmentaire et déformée – les lecteurs du #Monde_Libertaire ne s’étonneront pas que je m’attarde un peu sur cet aspect de l’ouvrage.
    Ce sont des forces passionnelles collectives qui conduisent les hommes à s’assembler – ce que Frédéric Lordon définit par « imperium », « ce droit que définit la puissance de la multitude ». Lordon remet en cause l’internationalisme, s’en prend à l’« horizontalité », au dépérissement de l’Etat. Il pense que nous sommes condamnés à la « verticalité » et que le pouvoir est voué à être « capté », mais il précise que ce n’est pas une raison pour abandonner le combat pour l’émancipation. Une chose est certaine : Imperium ne servira pas d’ouvrage de référence pour les masses populaires en marche vers leur émancipation, à moins de trouver pour ce livre extrêmement obscur un très bon traducteur.

    http://monde-nouveau.net/IMG/pdf/lordon_bonne_version_05-06-2016.pdf
    http://monde-nouveau.net/spip.php?article616