• Israël réoccupe le Liban-Sud par les airs - L’Orient-Le Jour
    https://www.lorientlejour.com/article/1484159/israel-reoccupe-le-liban-sud-par-les-airs.html

    Par Mohanad HAGE ALI et Mohamad Najem

    Après le déclenchement de la guerre entre le Hezbollah et Israël le 8 octobre 2023, les deux camps ont déployé des drones pour diverses missions, allant de la reconnaissance et la diffusion de messages à l’espionnage et aux assassinats ciblés. Israël a poursuivi cette pratique depuis le cessez-le-feu conclu avec le Hezbollah le 27 novembre 2024. À bien des égards, le Liban-Sud est devenu un terrain d’essai pour les nouvelles capacités des systèmes de drones, telles que l’occupation de territoires à distance au lieu de déployer des troupes sur le terrain, une mesure qui exposerait ces forces à des attaques et à des pertes humaines. L’utilisation intensive des drones a, en effet, modifié la dynamique de l’usure, plaçant ceux qui subissent l’occupation dans une situation encore plus défavorable.

    Israël a maintenu une occupation de 22 ans du Liban-Sud entre 1978 et 2000, s’appuyant sur des forces terrestres soutenues par sa supériorité aérienne. Cependant, cette présence a eu un coût élevé, avec plus de 900 soldats israéliens tués. Afin de réduire leurs pertes, les Israéliens ont formé l’Armée du Liban-Sud, composée d’auxiliaires libanais, comptant environ 3 000 combattants. L’occupation à distance actuelle, qui utilise des drones, est beaucoup moins coûteuse et a épargné à l’armée israélienne les dangers d’une exposition directe sur le champ de bataille.

    Guerre psychologique et mécanismes d’adaptation
    Depuis le cessez-le-feu, Israël a mené des attaques quotidiennes qui ont tué environ 300 personnes, dont plus de 100 civils. Beaucoup d’entre elles étaient des frappes de drone. Les drones ont également mené des opérations de recherche régulières dans des villes du sud du Liban telles que Khiam. Dans un cas, un drone a arrêté une voiture aux vitres teintées, ordonnant au conducteur de les baisser pour inspection. Dans un autre, une femme de la région, architecte d’intérieur, a reçu l’ordre d’un drone d’arrêter de marcher dans la rue afin que son sac puisse être fouillé. Bon nombre de ces incidents impliquent des civils et semblent destinés à les intimider et à leur rappeler qu’ils sont constamment surveillés. Un message Facebook largement diffusé décrit un drone entrant dans la maison d’une famille et leur demandant : « Vous buvez du Nescafé ? » Par ailleurs, un jeune homme a documenté la façon dont les drones le suivent pendant ses exercices quotidiens, même lorsqu’il se rend sur la tombe de son frère. Israël a lui-même diffusé une vidéo montrant un renard se cachant dans une maison détruite, rappel symbolique de la capacité de l’État hébreu à observer chaque détail dans le sud du Liban.

    En réponse à la présence omniprésente des drones, les habitants ont développé des mécanismes d’adaptation. Ils changent notamment de sujet lorsqu’ils discutent de politique si un drone survole leur tête et évitent de communiquer par téléphone portable pendant l’activité des drones. En effet, ces petits appareils volants sont devenus un rappel quotidien de la guerre en cours et de ses dangers. Cela a un impact émotionnel sur la population locale, qui doit supporter le bourdonnement incessant et la perte des signaux de télévision lorsqu’un drone est à proximité.

    Lire aussi
    «  Quand il vole plus bas, une frappe va suivre...  » : au Liban-Sud, la vie au rythme de la guerre des drones
    Dans le cadre de ses tactiques d’intimidation collective et de guerre psychologique, Israël a largement abandonné la pratique traditionnelle consistant à larguer des tracts au profit du déploiement de drones équipés de puissants haut-parleurs qui transmettent des messages aux habitants des villes du Sud. Récemment, l’un de ces drones a diffusé un avertissement à l’intention de Tareq Mazraani, un ingénieur du sud du Liban impliqué dans la reconstruction. Le message l’accusait de collaborer avec le Hezbollah, une allégation qu’il a depuis publiquement démentie, et mettait en garde les autres contre toute collaboration avec lui. Le ciblage de Mazraani s’inscrit dans le cadre d’une politique apparente visant à empêcher plus de 100 000 Libanais de retourner dans leurs foyers dans la région frontalière, ce qui témoigne de l’intérêt d’Israël à maintenir une zone tampon dépeuplée. Dans le même objectif, Israël a utilisé des drones pour entraver la reconstruction en détruisant régulièrement les bulldozers chargés de déblayer les décombres dans la région frontalière.

    Automatisation
    Compte tenu des multiples capacités des drones, les hypothèses des habitants concernant leur grande capacité à espionner et à extraire des données ne sont pas loin de la réalité. Les drones israéliens tels que les Hermes 450 et 900 peuvent fonctionner comme des capteurs aériens qui collectent passivement des signaux radio et réseau. Cette pratique, connue sous le nom de renseignement d’origine électromagnétique (Sigint en anglais), comprend la collecte de métadonnées de base à partir d’appareils situés à proximité et l’interception de différentes fréquences et longueurs d’onde telles que le Wi-Fi, le GPS, les échanges de réseaux mobiles et les bipeurs. La mine d’informations ainsi obtenue peut être utilisée pour cartographier les modèles de comportement et, grâce à l’intelligence artificielle, être recoupée avec les données déjà disponibles. Le Sigint peut également soutenir des méthodes de surveillance numérique plus avancées, permettant aux opérations de renseignement de cibler des zones ou des appareils spécifiques avec une plus grande précision.

    Des drones ont également été déployés pour aider les services de renseignement humains sur le terrain. Un drone aurait été utilisé pour escorter un espion libanais à travers la frontière afin qu’il rencontre ses supérieurs sur le territoire israélien. Selon l’armée libanaise, qui a ensuite arrêté cet homme, il avait été recruté via les réseaux sociaux. Il aurait affirmé que le drone l’avait non seulement guidé à travers la frontière sans être détecté, mais lui avait également fourni une protection pendant son déplacement.

    Le Liban-Sud est donc devenu un théâtre de guerre dans lequel les drones ne sont pas seulement des instruments d’attaque, mais aussi des outils de surveillance, d’intimidation et de contrôle de la population. Grâce à des missions de reconnaissance, des frappes ciblées, des opérations psychologiques et l’interception de données, les drones ont transformé la nature même de l’occupation. Ce qui nécessitait autrefois une présence militaire permanente et un engagement direct est désormais exécuté à distance, avec un risque minimal pour les soldats israéliens. Cette évolution marque un passage à un modèle de contrôle exercé depuis les airs, sans présence terrestre, mais qui n’en touche pas moins profondément la vie quotidienne et l’espace privé des personnes vivant en dessous. La contre-insurrection et l’occupation sont désormais automatisées.

    #dystopie #drones #contrôle #surveillance #israël #Liban_Sud

  • Le Hamas répond à Trump - Mouin Rabbani
    https://mouinrabbani.substack.com/p/hamas-responds-to-trump

    Vendredi, le Hamas a soumis sa réponse très attendue à la proposition sur Gaza du président américain Donald Trump. Dans la mesure où Israël a réussi à introduire des révisions substantielles à la proposition de vingt et un points convenue entre Trump et un groupe de dirigeants arabes et musulmans en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, modifiant le libellé clé et supprimant complètement une clause, le mouvement palestinien était coincé entre le marteau et l’enclume.

    Essentiellement, le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahu a réussi à transformer la proposition en un diktat de vingt points que le Hamas ne pouvait ni accepter ni rejeter. Pour faire bonne mesure, Trump a présenté un ultimatum au mouvement palestinien.

    Si le Hamas avait répondu par une acceptation claire de la proposition, il se serait non seulement suicidé politiquement, mais aurait consenti à la position américano-israélienne selon laquelle au Moyen-Orient, seul Israël a des droits, et que ses intérêts doivent à tout moment prévaloir sur ceux des Palestiniens et se faire à leurs dépens. Il aurait accepté de transformer le champ de meurtre qu’est la bande de Gaza en une #dystopie gouvernée par Tony Blair, Jared Kusher et Larry Ellison, entièrement séparée de la Cisjordanie, et dans laquelle les Palestiniens serviraient, au mieux, de fonctionnaires et de greffiers municipaux. En comparaison, Oslo était une proposition raisonnable.

    Pourtant, si le Hamas avait rejeté l’accord, il l’aurait fait en opposition au soutien unifié à Trump de la direction irrémédiablement indigente de l’ensemble du monde arabe, ainsi que de celle des États musulmans clés comme la Turquie, le Pakistan et l’Indonésie.

    Tout aussi important, le rejet aurait représenté une trahison des Palestiniens de la bande de Gaza, qui sont désespérés ne serait-ce que pour une pause dans l’intensification du génocide et son massacre et sa famine implacables. Le problème n’est pas que les Palestiniens croient que la proposition Trump est sérieuse et mettra fin ou résoudra quoi que ce soit, mais plutôt que beaucoup se contentent d’une pause temporaire du meurtre de masse. Dans le contexte d’un sentiment d’abandon total, ils n’auraient pas gentiment accepté que le Hamas les prive de ce rayon de brouillard.

    Le casse-tête dans lequel le Hamas s’est retrouvé a peut-être été conçu par Netanyahu et permis par Trump, mais il est principalement le fait des dirigeants arabes et musulmans qui avaient rencontré le président américain. Lorsque le dirigeant américain a publié une proposition très différente de celle qu’ils avaient acceptée avec lui, aucun d’entre eux ne l’a rejetée publiquement, ou n’a fait savoir qu’il n’aurait rien à voir avec la mutation annoncée par la Maison Blanche. Au contraire, ils se sont tournés vers les Palestiniens pour trouver une réponse constructive.
    […]

    Pour le moment, au moins, le Hamas a réussi à remettre la balle dans le terrain d’Israël […]. Le Hamas comprend bien que pour la Maison Blanche, le moindre objet brillant a de la valeur, et la question clé qui concerne les États-Unis est le sort des captifs israéliens. Même le cadavre d’un seul captif israélien compte plus à Washington que les dizaines de milliers d’enfants palestiniens massacrés.

    Dans sa réponse, le Hamas a essentiellement accepté ce qu’il a déjà accepté, et soit ignoré, soit appelé à des éclaircissements concernant les points qu’il n’accepte pas. Ainsi, il a explicitement accepté la clause de la proposition appelant à la libération de tous les captifs israéliens, morts ou vivants, au début de la mise en œuvre, même si ses représentants ont indiqué dans des entretiens avec la presse que le délai de soixante-douze heures pour un transfert n’est pas réaliste pour des raisons logistiques. Il a également réaffirmé son approbation d’une fin globale de la guerre, sans l’embellir avec des demandes d’un retrait israélien garanti de la bande de Gaza conformément à un calendrier clair, ou similaire.

    En ce qui concerne les questions telles que la gouvernance de Gaza par Blair, le Hamas ne les a ni acceptés ni rejetées, mais a répondu que ces questions ne relèvent pas du ressort du mouvement parce qu’elles sont soumises à un consensus national palestinien et à un droit international.

    Pour sceller l’accord, le Hamas a personnellement remercié Trump pour avoir entrepris cette initiative plutôt que de le dénoncer comme une marionnette israélienne. Ce n’est pas tout à fait une nomination supplémentaire pour le prix Nobel de la paix, mais une confirmation que le Hamas comprend qu’à Washington, toutes les voies pour progresser doivent passer par la vénalité et la vanité narcissique du président « pourvu que ça brille et que ça fasse des bulles ».

    La mise en avant de la question des captifs était également destinée à augmenter la pression intérieure sur le gouvernement israélien, car la tension entre la récupération des captifs et la poursuite de la campagne militaire génocidaire est, avec les exigences de servir dans son armée génocidaire, la seule question sur laquelle le public juif israélien est considérablement divisé.

    Pour faire bonne mesure, le Hamas a émis sa réponse non pas dimanche lorsque l’ultimatum de Trump expire, mais vendredi peu après le début du sabbat juif, espérant peut-être que cela ralentirait la capacité d’Israël à mettre en joue sa hasbara.

    Des rapports non confirmés suggèrent que la réponse du Hamas a été rédigée avec la contribution de plusieurs gouvernements - très probablement l’Égypte, le Qatar et la Turquie - et que sa sortie a été chorégraphiée avec les États-Unis.

    Que ce soit effectivement le cas ou non, elle a fait mouche et a été considérée comme suffisamment constructive pour être acceptée. Le Caligula américain a en fait publié la réponse du Hamas sur ses médias sociaux, suivie d’une déclaration qui disait : « Je crois qu’ils sont prêts pour une PAIX durable. Israël doit immédiatement arrêter le bombardement de Gaza, afin que nous puissions faire sortir les otages en toute sécurité et rapidement », ajoutant utilement qu’en raison de ses efforts, la paix régnera non seulement à Gaza, mais dans tout le Moyen-Orient.

    La perspective d’un cessez-le-feu et d’un échange de captifs aurait sérieusement secoué les Israéliens, qui étaient confiants d’avoir tendu au Hamas un piège dont il ne pouvait échapper qu’en étant critiqué, en assumant la responsabilité de ce qui allait suivre. Alors que Gaza célébrait, un silence déçu s’installait en Israël. Parce que c’est maintenant le gouvernement israélien qui ne peut ni accepter une réponse du Hamas qui ne constitue pas une reddition inconditionnelle, ni rejeter une déclaration qui a été approuvée par Trump.

    La réponse d’Israël a été de prétendre que le Hamas a rejeté la proposition et que si ce n’est pas le cas, rien n’a changé. Il exige donc que tous les captifs soient libérés dans les soixante-douze heures. Cela ne va pas marcher, parce que Washington a maintenant compris qu’il doit d’abord mettre les points sur les I.

    Le prochain mouvement n’appartient donc ni à Israël ni au Hamas, mais à Trump, ce qui signifie que tout peut arriver. Aussi digne de confiance qu’un renard dans le poulailler il peut facilement revenir au plan A tel qu’il a été formulé pour lui par Israël et ses acolytes dans son administration et son orbite. À défaut, le plan B appelle à s’emparer ou à concevoir une infraction palestinienne mineure pour rejeter la proposition, poursuivre le génocide de Gaza et procéder au nettoyage ethnique du territoire ainsi qu’à l’annexion de la Cisjordanie.

    Alternativement, les dirigeants de la région, qui sont désespérés de voir ce dossier fermé, bien qu’entièrement pour de mauvaises raisons, peuvent réussir à convaincre Trump [d’accepter le plan du Hamas] . Compte tenu de son incapacité à progresser en Ukraine et d’une crise nationale croissante maintenant aggravée par la fermeture du gouvernement américain, Trump pourrait simplement jeter son poids derrière un accord encore plus significatif que le récent traité de paix qu’il a conclu entre l’Arménie et le Cambodge.

    Parce que c’est Trump qui décidera, et étant donné sa nature complètement erratique et imprévisible, toutes les options sont ouvertes. Certainement dans une mesure qui n’a jamais été le cas lorsque Biden siégeait à la Maison Blanche.

    Cela dit, les preuves jusqu’à présent sont qu’Israël se bat avec plus de succès à Washington qu’à Gaza, et prévaut généralement à la fin.

    • J’avais tagué #gorafi_encore_plagié #descente_aux_enfers #dystopie ici :
      https://seenthis.net/messages/1135499

      Je voulais commenter plus sérieusement, à la façon dont j’avais commenté en 2021, au moment des débuts du vaccin covid, où notre présipotent avait décidé de nommer un comité de citoyens qui devait décider si oui ou non, on devait se laisser vacciner, parce que les vaccins, tu comprends :wink : :wink :

      Je redis la même chose.

      Notre présipotent se nourrit intellectuellement des réseaux sociaux débilitants de l’amicale fascistoraoultiste mondiale climatosceptique, vaccinosceptique...

      Et comme il y croit, à ce qu’il lit - à la façon de mon voisin qui se nourrit l’intellect avec crowdbuker et professiongendarme - quand il voit qu’on prétend que sa femme est un homme, il se sent obligé de répondre. Il devrait totalement ignorer ces absurdités, vue leur natures, leur absurdité, leurs canaux de diffusion, vue sa position.

      Mais non. Il intervient très officiellement dans le sujet, et ça sort dans la BBC, rien que ça. Parce que pour lui, ces canaux méritent d’être entendus.

      Ce (sale) type est un plouc, crétin comme ses pieds, et malveillant comme un étron au milieu du trottoir, un darmanin au milieu du trottoir ou un retailleau au milieu du trottoir.

  • Un document sur l’extrême droite radicale retiré du site du ministère de la Justice américain | JDM
    https://www.journaldemontreal.com/2025/09/16/un-document-sur-lextreme-droite-radicale-retire-du-site-du-minist

    Ce document, écrit par le National Institute of Justice, la branche du ministère dédiée à la recherche, souligne que « les radicaux d’extrême droite ont commis beaucoup plus de meurtres motivés par l’idéologie que les radicaux d’extrême gauche ou les islamistes radicaux » de 1990 à aujourd’hui.

    Des conclusions qui vont à l’encontre des déclarations de Donald Trump et de son gouvernement ces derniers jours, selon lesquelles la « gauche radicale » alimente la violence politique dans le pays, après le meurtre de l’influenceur conservateur Charlie Kirk il y a une semaine.

    Le ministère de la Justice n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP.

    (But what a surprise)

  • Cloaked in Silence: UN Aid Agencies Entertaining Collaboration with Gaza Humanitarian Foundation - 21st Century Wire
    https://21stcenturywire.com/2025/08/11/cloaked-in-silence-un-aid-agencies-entertaining-collaboration-with-

    The meeting is a massive departure as leading humanitarian figures – including some whose organisations were represented at the meeting – have publicly sought to distance themselves from GHF and its toxic operations. For example, Tom Fletcher, the UN relief chief who heads OCHA, described GHF in May as a “cynical sideshow, a deliberate distraction, a fig leaf for further violence and displacement”. Msuya, who attended the meeting and co-signed the read-out, is Fletcher’s deputy at OCHA.

    #collaboration #normalisation #onu #dystopie

  • Sentinelle
    https://www.arte.tv/fr/videos/068333-000-A/sentinelle

    Excellent, rappelle Fatzer Fragment de Brecht moins l’option révolutionnaire. Très noir, de bons acteurs, beau travail de prise de vue et une chute surprenante pour les esprits naifs comme moi. Je suis bon public, alors les rôdés des huis clos flippants devineront plus tôt que moi. ;-)

    108 min, Disponible jusqu’au 15/07/2025, À la télévision le mercredi 2 juillet à 01:45

    Dans un futur marqué par la montée des eaux, quatre militaires survivent sur une plate-forme en pleine mer... En huis clos, un thriller psychologique dystopique au rythme atypique.

    En 2063, la montée des océans a laissé la Terre recouverte d’eau à 95 %. Seuls subsistent deux minuscules continents engagés dans une guerre interminable, où plane le spectre d’une menace nucléaire. Loin des côtes, la « Sentinelle », une plate-forme contrôlée par le continent du sud, se dresse hors de l’océan. À son bord, quatre militaires – Sullivan la tête brûlée, l’excentrique Baines, le consciencieux Hendrichs et la subtile Cassidy – sont affectés à la surveillance de l’ennemi dans des conditions plus qu’austères. La relève, qu’ils attendent désespérément, a déjà trois mois de retard, et les vivres commencent à manquer. Alors qu’ils peinent à établir un contact avec la terre ferme, un mystérieux bateau dérive dans leur direction… S’agit-il des remplaçants tant attendus ? Quand Sullivan monte à bord du navire, il découvre qu’il a été mystérieusement abandonné par son équipage. Que se passe-t-il réellement par-delà les vagues ?

    Fatzer, auch : Untergang des Egoisten Johann Fatzer
    https://de.wikipedia.org/wiki/Fatzer_(Fragment)

    Fatzer ... ist ein in mehreren Fassungen überliefertes, nicht abgeschlossenes Bühnenstück, an dem Bertolt Brecht von 1927 bis 1931 arbeitete. Das im Brecht-Archiv vorliegende Material umfasst etwa 600 Seiten mit Reinschrift-Typoskripten aber auch handschriftlichen Notaten auf Zetteln, Packpapier oder Servietten

    Pour Heiner Müller "Der Untergang des Egoisten Fatzer" est le texte de Brecht le plus intéressant.

    https://archive.org/details/brecht-untergang-des-egoisten-fatzer-1988-koerbl

    Pour les felés de Fatzer/Brecht
    https://content.e-bookshelf.de/media/reading/L-7649333-9be8d13ee1.pdf

    Nicola Nord, Fatzer für Kinder. Kurzer Bericht über die Arbeit mit
    6–12-Jährigen zum Fatzer-Fragment
    ...
    Kommando Johann Fatzer
    Alexander Karschnia, BEHEMOTH vs. LEVIATHAN, Anleitungen zum Bürgerkrieg
    ...

    Theater : Brechts »Fatzer« in der Schaubühne
    https://www.spiegel.de/kultur/theater-brechts-fatzer-in-der-schaubuehne-a-e7355d78-0002-0001-0000-00004125

    14.3.1976, aus DER SPIEGEL 12/1976 -
    Deutschlands Theater Nummer eins, die Schaubühne am Halleschen Ufer, West-Berlin, hat letzten Donnerstag ein Brecht-Stück uraufgeführt — das Fragment »Der Untergang des Egoisten Fatzer«. Die Geschichte vom Soldaten, der erkennt, daß der Feind nicht nur vor, sondern vor allem hinter ihm steht, im eigenen, die Schlachten des Kapitalismus schlagenden Volk, hatte den Autor seit 1927 beschäftigt: 500 Seiten im Brecht-Nachlaß zeugen davon. Der Deserteur Fatzer bezahlt seinen Irrtum, er könne als einzelner für sich den Krieg beenden, mit dem Tode, gemeinsam mit drei Kameraden. In der Inszenierung von Frank-Patrick Steckel riskiert die Schaubühne einen finster-didaktischen Realismus. Und sie findet mit »Fatzer«, nach der imponierenden »Empedokles«-Eskapade, zurück zum eigentlichen Thema, der Gesellschaftskritik, dem Parabeltheater auf den Spuren des Lehrstückeschreibers Brecht.

    Brecht DER UNTERGANG DES EGOISTEN FATZER Schaubühne 1976
    https://www.programmhefte24.de/p/programmheft-brecht-der-untergang-des-egoisten-fatzer-schaubuehne-19

    Bestellnummer: 730131

    Autor: Schaubühne am Halleschen Ufer Berlin

    Titel: Programmheft Bertolt Brecht DER UNTERGANG DES EGOISTEN FATZER Premiere 11. März 1976

    Verlag: Albert Hentrich, Berlin, 1976

    Beschreibung: original Heft, Format ca. 29,7 x 21 cm, 76 Seiten, diverse Abbildungen. Zustand: sehr gut

    Weitere Informationen: EINE AUSWAHL DER SCHAUBÜHNE AUS DEM FATZER-FRAGMENT. URAUFFÜHRUNG. Regie: Frank-Patrick Steckel. Mitarbeit: Felix Prader. Bühne: Karl-Ernst Herrmann. Mitarbeit: Manfred Dittrich. Kostüme: Joachim Herzog. Mitwirkende: Gerd Wameling, Wolf Redl, Otto Mächtlinger, Claus Theo Gärtner, Günter Lampe, Angela Winkler, Ilse Ritter, Gerd David

    Brechts "Fatzer" am Berliner Ensemble : Gut abgehangen
    https://www.tagesspiegel.de/kultur/gut-abgehangen-3571276.html

    30.6.2014 vnon Christine Wahl - Deserteur auf dem Totenacker: Manfred Karge inszeniert im Berliner Ensemble den „Untergang des Egoisten Johann Fatzer“ von Bertolt Brecht.

    Mit dem „Egoisten Fatzer“ ist Brecht bekanntlich nie fertig geworden. „Ein harter Bissen“, schrieb er 1928, nach bereits zweijähriger Arbeit am Manuskript, an Helene Weigel. „Ich baue immer noch am Rahmen herum.“ Dabei sollte es auch mehr oder weniger bleiben – wenngleich das Material noch fast bis auf 500 Seiten anwuchs. Anfang der dreißiger Jahre brach Brecht die Arbeit ab. Als „unmöglich“ verwarf er das Textkonvolut – ein Fragment aus Szenenentwürfen und kommentierenden Diskursen, das mittlerweile trotz allem in verschiedenen Versionen ein recht vitales Bühnenleben führt.

    Gemessen an Brechts Schwierigkeiten hat Manfred Karge im Berliner Ensemble jetzt buchstäblich nicht lange gefackelt: Zu Beginn seiner Inszenierung prangt, in Großbuchstaben, der Schriftzug „Fatzer“ über der Bühne – als eine Art Silvesterfeuerwerksarrangement aus Wunderkerzen, die mit Grandezza niederbrennen, bevor der Protagonist selbst die Bühne betritt. Und das tut er genau so, wie dieses Bild suggeriert: als Zombie aus irgendeinem Fundus der Theater- oder anderweitigen Unterhaltungskultur. Bei Brecht aus einem Tank und im BE entsprechend illustrativ aus dem Bühnenunterboden, erklettert der Schauspieler Joachim Nimtz als Titelheld das Szenario, streicht sich die historische Uniform glatt, blickt unter sich und stellt gesichtsmuskelintensiv fest: Er steht auf dem leibhaftigen Tod.
    Schlachtfeld der Schädel

    Ausstatter Karl-Ernst Herrmann hat die komplette Bühne mit Totenköpfen gepflastert – ein Schlachtfeld hunderter Schädel, auf dem sich das Fortkommen folgerichtig wacklig gestaltet. Denn Fatzer desertiert – so die Brecht’sche Fabel – zusammen mit drei anderen, von ihm angestifteten Männern aus dem Ersten Weltkrieg. Im BE werden zur Veranschaulichung dieser historischen Situation vorsichtshalber auch immer mal wieder Soldaten auf einem Laufband am Bühnenhorizont hin und her gefahren, die sich dann – in der Mitte angekommen – kurzzeitig in geräuschintensive Kampfhandlungen verstricken. Auch an diesem Abend muss also niemand befürchten, die Peymann-Bühne vergreife sich stilbrüchig an ihrer gut abgehangenen Ästhetik: Alles, was auf dem Szenario gesprochen wird, unterlegen die Schauspieler zuverlässig mit der hausüblichen Verdoppelungsmimik, wobei man sich als Zuschauer auch in der zigsten Variante wieder gern dazu hinreißen lässt, den einen oder anderen Gedanken an die damit einhergehende Komik zu verschwenden – unter besonderer Berücksichtigung ihres Freiwilligkeitsgrades.

    Dabei sind sowohl Bühnenbildner Herrmann als auch Regisseur Karge gut „Fatzer“-vorbelastet. Ersterer entwarf bereits das Szenario zur Uraufführung des Fragments 1976, 20 Jahre nach Brechts Tod, durch Frank-Patrick Steckel in der Schaubühne am Halleschen Ufer. Und Karge – nach seiner Schauspielausbildung noch von Helene Weigel persönlich ans BE geholt und im Kontext der Biermann-Ausbürgerung 1976 aus der DDR ausgereist – inszenierte 1978 am Deutschen Schauspielhaus Hamburg zusammen mit seinem langjährigen Regie-Partner Matthias Langhoff eine eigens von Heiner Müller aus dem Fragment montierte Fassung. Müller nannte den „Fatzer“ einen „Jahrhunderttext“: Die Sprache, schrieb er, „formuliert nicht Denkresultate, sondern skandiert den Denkprozess.“

    Manfred Karges Inszenierung, eine dialektische Einsteiger-Übung

    Der „Egoist Fatzer“ erkennt bei Brecht zwar in klassenkämpferischer Lehrstückhaftigkeit die „Burschoasie“ als kriegstreibende wie -profitierende Kraft und somit als gemeinsamen Gegner, entfernt sich aber trotzdem immer wieder von seinen Mitdeserteuren, von denen er schließlich liquidiert wird. Tatsächlich taugt die Fatzer-Figur in abstrahierter Form bis heute als Inspiration für Denkversuche zur Dialektik von Individuum und Masse nebst Änderungsvisionen am Status quo. René Polleschs luzider Volksbühnenabend „Kill your Darlings“ mit Fabian Hinrichs und einem Berliner Turner-Kollektiv ist nicht der einzige „Fatzer“-Kommentar in der aktuellen Bühnenlandschaft.

    „Die Inszenierung“, schrieb Heiner Müller damals zur Hamburger Karge- Langhoff-Produktion, „war wahrscheinlich nicht gelungen, weil den Regisseuren zu viel einfiel, sie war nicht einfach.“ Das ist diesmal leider weniger das Problem. Joachim Nimtz schafft es in der Textfassung von Karge und dem Dramaturgen Hermann Wündrich noch am ehesten, seinem am Brecht’schen „Baal“ geschulten Ego- und Erotomanen Fatzer eine gewisse Doppelbödigkeit einzuziehen.

    Sein erster Kollege Büsching (Matthias Zahlbaum) hingegen beschränkt sich ebenso wie der zweite, Kaumann (Thomas Wittmann), in dessen Behausung sich der ganze Trupp nach der Desertation einquartiert, im Wesentlichen aufs dreifach unterstrichene perplexe Dreinschauen. Vor allem, wenn der hyperdeutlich IQ-überlegene Fatzer in einer seiner einzelgängerischen „Abweichungen“ mit Kaumanns Frau Therese im Unterbühnenkeller verschwindet. Gattinnen-Darstellerin Ursula Höpfner-Tabori zeigt dabei auf ihre schwarze Strumpfhose, unter der wir jene „schon verdorrte Blöße“ vermuten dürfen, von der bereits vorher vielfach gestenreich die Rede war. Einzig Fatzers am ehesten als Widerpart zu akzeptierender Kollege Koch (Roman Kaminski) hat noch ein paar vergleichsweise luzide Momente – was freilich nichts daran ändert, dass der hier über die BE-Bühne gehende Hundertminüter eine dialektische Einsteiger-Übung bleibt.

    Wieder: 1.7., 20 Uhr und 10.7., 19 Uhr

    Sentinelle / Last Contact

    https://arteptweb-a.akamaihd.net/am/ptweb/068000/068300/068333-000-A_SQ_0_VO-STF_10055370_MP4-2200_AMM-PTWEB-101143606

    #dystopie #film #théâtre

  • Jénine. « Ils ont dit que si nous refusions de sortir, ils brûleraient nos maisons »
    De notre envoyé spécial Louis Witter, avec l’aide d’Abed Qusini, journaliste palestinien et fixeur > 21 avril 2025 > Orient XXI
    https://orientxxi.info/magazine/jenine-ils-ont-dit-que-si-nous-refusions-de-sortir-ils-bruleraient-nos-m

    Fin janvier, l’armée israélienne est entrée dans plusieurs camps de réfugiés palestiniens à Jénine et Tulkarem, en Cisjordanie occupée. En quelques jours, des milliers de familles ont été forcées de tout quitter, sans retour possible. Reportage.

    Un monticule de terre bloque l’entrée du camp de Jénine.

    (...) Ce jour-là, l’armée est présente, mais ce ne sont pas directement les soldats qui viennent à la rencontre de Nazmeh et ses frères. « Pendant des heures, ce sont des drones qui ont survolé nos rues et nos maisons. Des drones qui nous parlaient. Des drones qui nous donnaient l’ordre de sortir », raconte-t-il. Lui, comme la majorité des membres de sa famille, n’a pas eu le droit de prendre le strict minimum. « Au dernier passage du drone, ils ont dit que si nous refusions de sortir, ils brûleraient nos maisons ». En groupe, dans le froid, ils s’avancent au bout de la rue, où des soldats les attendent :

    « J’ai tenté de prendre plusieurs manteaux et vêtements, mais ils m’ont demandé de tous les ouvrir pour voir si je ne cachais rien en dessous. Une fois retirés, ils m’ont empêché de les récupérer et m’ont forcé à continuer ma route. Dedans, il y avait une bonne partie de l’argent que j’essayais de sauver de la destruction. »

    Une fois dehors, c’est le début du ballet des bulldozers qu’il voit commencer à détruire son quartier.

    « Nous marchions dans la boue en regardant tout autour de nous les démolitions commencer. Thaer, mon fils de trente ans, est handicapé. Nous poussions difficilement son fauteuil sur la route, mais n’avons pas non plus eu le droit de récupérer la voiture adaptée. Elle a sûrement été détruite à l’heure qu’il est… »

    Depuis, ce matin-là, Nazmeh a tenté à plusieurs reprises de revenir chez lui.

    « Dix fois, depuis l’invasion, j’ai essayé de rentrer dans le camp pour aller chercher nos papiers, les certificats de naissance de mes enfants, nos cartes d’identité. À chaque fois, j’ai été empêché d’y accéder par l’armée. » (...)

  • Palantir als Interimslösung : Bundesrat fordert schnellen Einsatz für die Polizei
    https://www.heise.de/news/Palantir-als-Interimsloesung-Bundesrat-fordert-schnellen-Einsatz-fuer-die-Poli

    Les chefs des « Länder » allemands revendiquent l’introduction du système de « predictive policing » Palantir. C’est un logiciel qui appartient à l’extrémiste libertaire de droite Peter Thiel, aux éditions de droite Springer et d’autres personnages sympatiques. Bref on nous prépare la surveillance total couplée avec des outils analytiques IA afin de te placer en détention si tu poses un risque de sécurité.

    24.3.2025 von Imke Stock - Inhaltsübersicht
    Palantir als Interimslösung: Bundesrat fordert schnellen Einsatz für die Polizei
    Auf dem Weg zur Bundes-VeRA
    Änderung der Strafprozessordnung für Datenanalyse
    Die „drohende Gefahr“ Palantir auf dem Prüfstand

    Bayern hat den Pilotbetrieb der Palantir-Software für ihre „verfahrensübergreifende Recherche- und Analyseplattform“ (VeRA) abgeschlossen. VeRA befindet sich seit dem 25. Dezember 2024 im Echtbetrieb. Dies teilte ein Sprecher des Bayerischen Innenministeriums auf Anfrage von heise online mit. Über einen bereits abgeschlossenen Mantelrahmenvertrag könnte es die Technik aus Bayern für die gesamte deutsche Polizei geben. Der Bundesrat fordert den Einsatz als Interimslösung nun ein.

    Der Pilotbetrieb von VeRA lief demnach vom 2. September 2024 bis einschließlich 24. Dezember 2024. Als Quellen für eine automatisierte Abfrage über VeRA hat Bayern inzwischen sein Vorgangsbearbeitungssystem (VBS), sein Fallbearbeitungssystem (FBS), den Fahndungsbestand der Bayerischen Polizei (INPOL-Land-Bayern) und den polizeilich lagerelevanten Schriftverkehr (EPost – dient dem bundesweiten Nachrichtenaustausch) angebunden. Dazu seien auch „verfahrensrelevante Datenfelder aus dem Einsatzleitsystem (ELS) und dem Programm zur Bearbeitung von Verkehrsordnungswidrigkeiten (ProVi) angebunden und für die Analyse zur Verfügung gestellt“ worden. Der Datenbestand im System kann erweitert werden: „Die Anbindung von weiteren Datenquellen ist abhängig vom fachlichen Bedarf der Analysedienststellen.“
    Auf dem Weg zur Bundes-VeRA

    Die Polizei Bayern will Palantir den Weg ebnen. Die Pläne zur „Bundes-VeRA“ waren aber zwischenzeitlich auf Eis gelegt worden, als die Innenministerien einiger Länder das Überwachungssystem ablehnten und auch das Bundesinnenministerium sich dafür entschied, statt Palantir für die Polizei eine eigene Recherche- und Analyseplattform zu schaffen.

    Diese Plattform gibt es bisher bis jetzt nicht. Aktuell liege die Priorität im Programm Polizei 20 darin, die Daten der Teilnehmer in das P20-Datenhaus zu bekommen, teilte eine Sprecherin des BMI auf Fragen von heise online am 7. März 2025 mit. Solange diese Daten-Überführung nicht erfolgt sei, würde ein entsprechender Service zur Auswertung und Analyse nicht stattfinden, „die Entwicklung des Services Auswertung und Analyse (ist) zurückgestellt worden, bis die Überführung der Daten weiteren Fortschritt erreicht hat“. Es sei „momentan nicht vorgesehen, ’eine Lösung von Palantir als Interimslösung’ für die Datenanalyse im Bund einzusetzen“.

    Nun fordert der Bundesrat in einem Beschluss vom 21. März 2025 genau diese Interimslösung ein, um die „Fähigkeitenlücken der Polizeien des Bundes und der Länder bei der Informationsverarbeitung, Datenzusammenführung und Analyse unverzüglich zu schließen“.

    Der Bundesrat weist explizit darauf hin, dass „in der jüngsten Vergangenheit oftmals Personen mit psychischen Auffälligkeiten als Täter von Gewalttaten in Erscheinung getreten sind. Um solche schweren Straftaten besser erkennen und erfassen zu können, müssen personenbezogene Verhaltensmuster und Risiken rechtzeitig festgestellt, analysiert und bewertet werden“.

    Das IT-Großprojekt Polizei 20 kommt nur langsam voran, frühestens ab 2030 könnte die digital vernetzte Polizei über ein vollständig betriebsbereites eigenes Polizei-Datenhaus verfügen. Bis dahin soll „die kurzfristige zentrale Bereitstellung einer gemeinsam betriebenen Datenanalyseplattform, wie sie bei einigen Landespolizeien im Einsatz ist“ bei der „zielgerichteten Datenanalyse einen wichtigen Beitrag zur effektiven Gefahrenabwehr und Strafverfolgung“ helfen, fordert der Bundesrat. Bundesweit sollen „Erkenntnisse zwischen Sicherheits-, Gesundheits-, Waffen- und gegebenenfalls Ausländerbehörden“ vernetzt werden.

    Aktuell wird Palantir als Plattform bei der Polizei in Bayern (Verfahrensübergreifende Recherche- und Analyseplattform – VeRA), Nordrhein-Westfalen (Datenbankübergreifende Recherche und Analyse – DAR) und Hessen (HessenDATA) eingesetzt.

    Der Bundesrat nennt die Firma Palantir zwar explizit nicht, fordert die Bundesregierung aber auf, „die bereits im Jahr 2023 geplanten Aktivitäten einer gemeinsam finanzierten, zentral zu betreibenden, rechtlich zulässigen Interimslösung für eine automatisierte Datenanalyseplattform im Programm Polizei 20/20, aus der sich der Bund im Mai 2023 zurückgezogen hat, erneut aufzunehmen“.
    Änderung der Strafprozessordnung für Datenanalyse

    Um die automatisierte Datenauswertung und Analyse auch für die Strafverfolgung einsetzen zu können, fordert der Bundesrat die Bundesregierung auf die Strafprozessordnung (StPO) zu ändern, „um bestehende Regelungslücken für die Verfolgung von Straftaten zu schließen und der analogen verfassungsrechtlichen Rechtsprechung für den präventiven Bereich zu entsprechen“. Ohne Änderung der StPO ist der Einsatz einer bundesweiten (Interims-)Plattform nicht möglich.

    Tatsächlich liegt im Bundesjustizministerium bereits seit ein paar Monaten ein Antrag der Justizminister der Länder vor, der aktuell immer noch geprüft werde, wie eine Sprecherin des BMJ auf Nachfrage von heise online mitteilte. Die Justizminister haben sich in ihrer Herbstkonferenz am 28. November 2024 über den „Einsatz von verfahrensübergreifenden Recherche- und Analyseplattformen im Ermittlungsverfahren“ beraten und anschließend den Bundesminister der Justiz gebeten, die Frage zu prüfen „inwieweit bzw. unter welchen Voraussetzungen ein rechtssicherer strafprozessualer Einsatz einer entsprechenden Software zu Ermittlungszwecken ermöglicht werden kann und ob hierfür eine Gesetzesänderung nötig wäre“.
    Die „drohende Gefahr“ Palantir auf dem Prüfstand

    Palantir darf bisher nur im Rahmen der Gefahrenabwehr eingesetzt werden. Ob und unter welchen Voraussetzungen die Polizei eine automatisierte Datenauswertung und -analyse machen darf, wird grundsätzlich durch die Länder und auf Ebene des Bundes durch das Bundesinnenministerium (Bundeskriminalamt/Bundespolizei) und in den entsprechenden Gefahrenabwehrgesetzen und in den Polizeigesetzen geregelt.

    Zuletzt hatte der Bundesrat das ursprüngliche Überwachungs-Sicherheitspaket zur Terrorismusbekämpfung ausgebremst, das in der ursprünglichen Fassung auch Big-Data-Analysen mit Künstlicher Intelligenz und die Zusammenführung polizeilicher Datenbanken im Bereich des Bundeskriminalamts und der Bundespolizei vorsah. Am 30. Januar 2025 wurde im Bundestag nun in erster Lesung der Entwurf eines neuen „Gesetzes zur Stärkung der polizeilichen Befugnisse“ beraten, in dem auch wieder Regelungen zur automatisierten Datenanalyse im Bundeskriminalamtgesetz und Bundespolizeigesetz inklusive Änderungen der StPO vorgesehen sind.

    Die Regeln zur Datenanalyse bei der Polizei sind wiederholt Gegenstand beim Bundesverfassungsgericht gewesen. Nun musste auch der Bayerische Verfassungsgerichtshof prüfen, ob die rechtliche Basis für den Einsatz von Palantir zur automatisierten Datenauswertung und -analyse im Gefahrenvorfeld (also, ohne dass eine konkrete akute Gefahr vorliegen muss) mit der Verfassung des Freistaats vereinbar ist. Konkret ging es um die Auslegung der „drohenden Gefahr“ im bayerischen Polizeiaufgabengesetz (PAG).

    Die Entscheidung vom 13. März 2025 lautet: Der Einsatz von Palantir zur Abwehr einer Gefahr bleibt grundsätzlich erlaubt – aber nur unter strengen Voraussetzungen. Die Polizei muss in jedem Fall sehr genau prüfen, ob konkrete, nachvollziehbare Tatsachen für eine drohende Gefahr vorliegen, um die Software nutzen zu dürfen. Vage Annahmen, allgemeine Risikoeinschätzungen oder bloße Vermutungen reichen dafür nicht aus. (vza)

    #Allemagne #dystopie #politique #police

  • Quand le capitalisme fait sécession · Haud Guéguen
    https://www.terrestres.org/2024/04/02/quand-le-capitalisme-fait-secession

    À propos de Quinn Slobodian, Crack-Up Capitalism : Market Radicals and the Dream of a World Without Democracy, Dublin, Penguin Books, 2023, 352 pp.

    .... si Les Globalistes se terminait dans les années 1990, avec cette apogée du projet globaliste qu’est la création, à Genève, de l’OMC (et avec les premières manifestations de crise de la globalisation), c’est ici un phénomène en apparence contradictoire qui se trouve pris pour point de départ : une tendance à la « perforation » (p. 16) ou à la « fragmentation » (p. 18) du monde que Slobodian décèle à travers la multiplication toujours croissante du principe de la « zone » économique spéciale – liminairement définie comme une « enclave creusée dans une nation et libérée des formes ordinaires de régulation » (p. 13) – dont il montre qu’elle s’initie à partir des années 1970 dans la colonie anglaise de Hong Kong, et dont la carte qu’il en dresse à l’échelle mondiale n’en dénombre pas moins que 5400 à l’heure actuelle.

    En faisant le choix de s’installer dans cette « histoire du passé récent et de notre présent troublé » (p. 19) qu’est celle des quatre dernières décennies, il s’agit ainsi de s’attacher à ce qui n’est en réalité pas tant le contraire que l’autre face de la globalisation néolibérale : ce que Slobodian désigne comme le processus de « zonification » ou la prolifération d’espaces visant à l’optimisation du capital au moyen d’une neutralisation de la démocratie, dont l’auteur souligne qu’elle ne s’opère pas tant contre les États qu’elle ne s’opère au moyen de leur propre coopération. Des zones franches aux paradis fiscaux, des charters cities et des gated communities aux start-up nations ou aux utopies de la Silicon Valley, c’est donc une certaine tendance du capitalisme contemporain à faire « sécession » – ou, dit autrement, à se fortifier en se mettant à l’abri de tout contrôle démocratique – que Slobodian nous invite à regarder de plus près en s’attachant à la multiplicité de ces « enclaves » et des figures qui les promeuvent (de Milton, David et Patri Friedman à Murray Rothbard ou Peter Thiel pour ne citer que quelques-uns des plus connus).

    [...]
    .... en racontant ce qu’on pourrait se risquer à appeler cette « histoire des vainqueurs », Slobodian donne à voir une tendance dont il interroge la logique propre et les scénarios futurs qu’elle esquisse en montrant comment, à travers toutes ces expérimentations et conformément au projet politique qui les soutient, la valorisation de la liberté économique va de pair avec une désactivation de toute liberté politique. Une telle fétichisation de la liberté économique ne s’accompagnant pas seulement d’un conservatisme raciste ou sociobiologique (...) mais de formes plus ou moins assumées de néo-colonialisme (l’idée étant d’appréhender la fondation de nouvelles « zones » comme la conquête de nouveaux territoires supposant une main d’oeuvre au moindre prix et privée de droits).

    L’ « utopie » que dessine la tendance capitaliste à la « zonification » (p. 99) du monde est donc celle d’un monde où la notion même de droit se trouve entièrement transférée du plan politique au plan économique. Mais, comme le souligne très finement Slobodian à propos des rêves sécessionnistes d’une figure de la Silicon Valley comme Valaji Srinivasan (auteur d’un ouvrage intitulé The Network State : How to Start a New Country), c’est aussi celle de ce qu’on pourrait appeler un monde non terrestre, puisque c’est en réalité la question des ressources qui se trouve occultée (...)

    https://seenthis.net/messages/1032891
    #Quinn_Slobodian #capitalisme #État #zones_franches #histoire_contrefactuelle #géographie_politique #Ciskei #libertariens #liberté_économique

    • Quinn Slobodian, historien : « Il faut oublier cette idée reçue selon laquelle le capitalisme et la démocratie se renforcent mutuellement »

      L’historien estime (...) que la démocratie est menacée par l’évolution de l’économie, et notamment par la réalisation d’un rêve ultralibéral : la multiplication des zones économiques spéciales échappant aux règles démocratiques. Propos recueillis par Pascal Riché

      Après avoir exploré l’histoire intellectuelle du néolibéralisme dans Les Globalistes (Seuil, 2022), Quinn Slobodian, historien canadien spécialiste de l’histoire globale et professeur à l’université de Boston, poursuit son enquête sur cette école de pensée dans Le Capitalisme de l’apocalypse ou le rêve d’un monde sans démocratie (Seuil, 384 pages, 25,50 euros).

      Le titre original de votre livre est « Crack-Up Capitalism », le capitalisme à fragmentation. Que désigne cette expression ?

      Elle nous invite d’abord à réfléchir à la géographie du capitalisme d’aujourd’hui. Le capitalisme a été marqué ces dernières décennies non seulement par l’intégration des échanges (la mondialisation), mais aussi par la création d’une variété gigantesque d’instances destinées à favoriser les investisseurs et leurs profits : zones économiques spéciales, ports francs, parcs d’affaires…

      La deuxième utilisation du terme « crack-up capitalism » est plus normative. Elle renvoie à la vision de libertariens radicaux qui, depuis l’économiste Friedrich Hayek jusqu’à l’investisseur Peter Thiel, rêvent de l’effondrement du système des Etats-nations. Ils imaginent un monde post-démocratique et même post-nations. L’humanité serait organisée en villes privées – ce qu’ils appellent des charter states (« Etats à charte ») –, dans lesquelles le principe de gouvernance ne serait plus « un homme, une voix ». Elles seraient gouvernées comme des entreprises.

      Ce fantasme correspond-il déjà à une réalité ?

      En partie. Aujourd’hui, on compte plus de 6 000 zones économiques spéciales, au cœur de la production et des flux financiers, à l’échelle mondiale. De même, les gated communities (« communautés fermées ») aux Etats-Unis, qui n’existaient quasiment pas il y a un demi-siècle, se comptent par dizaines de milliers aujourd’hui.

      Une réorganisation de la vie humaine est donc bien en cours. Savoir si elle prépare un monde « post-Etat-nation » reste une question ouverte. Mon livre tente de comprendre pourquoi des personnalités issues de l’élite rêvent d’une telle dystopie.

      Ces zones, dans l’esprit de ces idéologues, sont des outils pour se passer des Etats. Mais à la fin du livre, vous dites qu’elles sont en fait des outils au service de ces derniers : Chine, Arabie saoudite, Dubaï… N’est-ce pas paradoxal ?

      Il y a toujours une dialectique entre les utopies et la réalité dans laquelle elles s’inscrivent. Le socialisme utopique au XIXe siècle était une façon de lire les mutations qui avaient alors lieu : l’essor de la classe ouvrière, la production de masse… De même, les anarcho-capitalistes et libertariens radicaux d’aujourd’hui voient, dans un monde de contractuels, de chauffeurs Uber, de médias sociaux et de cryptomonnaies, ce que pourrait être un autre futur politique si ces tendances étaient accélérées. Le fait est que la multiplication des zones spéciales ne semble pas près de provoquer l’effondrement des Etats-nations.

      Il est plus difficile de se débarrasser des Etats que de la démocratie…

      Absolument ! De ce point de vue, il faut oublier cette idée reçue – et relativement récente – selon laquelle le capitalisme et la démocratie se renforcent mutuellement. Joseph Schumpeter, dans les années 1940, était convaincu, comme d’autres alors, que l’avènement de la démocratie signifierait la fin du capitalisme, car les citoyens utiliseraient leur vote pour collectiviser les moyens de production. A l’inverse, des penseurs comme Milton Friedman, dans les années 1970, étaient sceptiques à l’idée que le capitalisme allait de pair avec la démocratie. Ils arguaient qu’un excès de démocratie conduisait à des inefficacités et que cela ralentissait la production. Friedman admirait alors Hongkong, un territoire qui était davantage géré comme une entreprise que comme un pays.

      Le récit habituel que l’on fait de l’après-guerre froide est plein de clichés et de platitudes : le triomphe de la démocratie, un mouvement vers une plus grande intégration supranationale, le succès du multilatéralisme, et, globalement, un progrès…

      C’est la rhétorique de « la fin de l’histoire », selon le titre du fameux livre de Francis Fukuyama, en 1992…

      Oui ! Mais contrairement à ce récit, la démocratie et le capitalisme ne sont pas allés de pair. La priorité donnée à la liberté économique plutôt qu’à la liberté politique – ce pourrait être une définition du néolibéralisme – a conduit à considérer comme des modèles des endroits comme Singapour ou Hongkong, dont les traditions démocratiques sont faibles ou nulles.

      Dans le processus de nation branding – les efforts pour attirer touristes et investisseurs –, l’existence d’élections libres ou même d’une liberté d’expression compte très peu. Dans les classements d’attractivité internationaux, Dubaï obtient des scores très élevés, même s’il fonctionne comme une autocratie clanique, même s’il repose sur une main-d’œuvre quasi esclavagisée, même s’il se classe très bas en termes de liberté de la presse ou d’égalité des genres. Que de telles places aient pu devenir les archétypes de ce qu’est un « bon Etat » au XXIᵉ siècle en dit long sur notre civilisation.

      Le capitalisme sans démocratie est-il un modèle solide ?

      Oui, et ce n’est pas nouveau. La première mondialisation, à la fin du XIXᵉ siècle, fonctionnait sur la base de l’étalon-or, mais aussi sur celle de l’absence de suffrage universel : pour rétablir la parité de la monnaie, on pouvait toujours réduire les salaires ou provoquer des vagues de chômage.

      Dans les années 1970, lorsque les banques de la City de Londres ou de Wall Street cherchaient des pays emprunteurs, elles considéraient que le risque était le plus faible dans des endroits comme l’Allemagne de l’Est, la Tchécoslovaquie ou l’URSS. Elles étaient ravies de prêter de l’argent à des pays non démocratiques, et même socialistes. Les démocraties étaient vues comme des sources d’insécurité pour les investisseurs. Les nouveaux droits qui ont été adoptés à l’aube du XXIᵉ siècle concernent surtout la sécurité des investisseurs, les droits du capital, la protection de la propriété privée…

      Comment Donald Trump s’inscrit-il dans le récit que vous présentez ?

      Son nationalisme économique semble certes aller à l’encontre de la fragmentation mondiale que je décris. Mais il défend aussi des politiques qui accélèrent la fragmentation de son pays : des responsabilités importantes (avortement, contrôle des armes, financement de l’éducation…) sont laissées aux Etats. Cela prépare une intensification de la concurrence entre eux. Par ailleurs, Donald Trump plaide pour la création de villes privées, les freedom cities (« cités de liberté »). Il a aussi poussé des initiatives comme celles d’Elon Musk pour créer des villes d’entreprises, permettant aux entrepreneurs d’élaborer leurs propres législations. Cette tendance devrait s’accentuer.

      La Chine, pays au pouvoir autoritaire, s’appuie également sur les zones économiques spéciales que vous décrivez.

      La Chine est l’acteur le plus important dans cette histoire du « capitalisme crack-up ». C’est l’émulation créée par Hongkong, dans le sud de la Chine puis dans d’autres régions, qui a permis au pays de connaître une croissance spectaculaire au cours des dernières décennies. On comprend mal ce modèle si on le perçoit comme « centralisé ». Le génie de la direction politique chinoise a été de décentraliser une grande partie des décisions économiques au niveau de ces zones économiques spéciales.

      Cela a permis de laisser une latitude importante aux investisseurs étrangers et aux entrepreneurs locaux. Les expérimentations réussies étaient ensuite reproduites dans de nouvelles zones… La Chine représente un mélange extraordinaire de contrôle public et d’initiative privée, qui a été admiré par de nombreux libertariens.

      Avec l’initiative « Ceinture et route » (Belt and Road Initiative), la Chine a tenté d’externaliser les zones le long des routes commerciales de l’ancien empire. Elle a reproduit en quelque sorte le modèle des enclaves, utilisé jadis par l’Empire britannique avec ses comptoirs de la péninsule Arabique jusqu’au détroit de Singapour. Comme au XIXᵉ siècle, on ne cherche pas à conquérir de vastes territoires, on se concentre sur des points stratégiques.

      Comment les démocraties peuvent-elles empêcher « l’économie de l’apocalypse » ?

      L’Europe est un endroit fascinant où la bataille est menée. L’Union européenne (UE) a été conçue pour assurer une concurrence non faussée, ce qui passait par l’élimination de la course au moins-disant fiscal ou social provoquée par des zones spéciales. Cependant, les pays d’Europe de l’Est, qui ont rejoint l’UE plus tard, ont continué à utiliser des zones pour attirer les investissements. La Pologne est devenue une seule grande zone économique spéciale : le pays entier offre des traitements de faveur. La Hongrie, supposée nationaliste et populiste, crée également des zones spéciales pour attirer les investissements coréens. En Italie, Matteo Salvini et Giorgia Meloni s’y sont mis aussi, dans le sud du pays…
      Ces initiatives nourrissent une confrontation en Europe, avec pour enjeu l’équité de la concurrence et la primauté de l’Etat de droit. L’UE est en tout cas bien placée pour résister à l’attrait des nouveautés clinquantes comme les cryptomonnaies ou autres gadgets censés fournir une prospérité « à la Dubaï ». Elle n’est pas impressionnée par les bulles de hype que souffle la Silicon Valley.

      « Le Capitalisme de l’apocalypse », de Quinn Slobodian : les trous noirs d’un système économique

      Le point de départ du livre fascinant de l’historien canadien Quinn Slobodian Le Capitalisme de l’apocalypse (Seuil, 384 pages, 25,50 euros) est une phrase de #Peter_Thiel, lors d’une conférence de 2009 : « Si nous voulons plus de liberté, nous devons augmenter le nombre de pays. » Alors âgé de 41 ans, le fondateur de PayPal imaginait un monde utopique, libéré des Etats, composé de milliers de cités et autres entités connectées. Eh bien, on y est presque, démontre Quinn Slobodian.

      L’avenir que décrivait le célèbre investisseur, en partie, est déjà là. Le monde contemporain est constellé de milliers de trous noirs creusés par les détenteurs de capital depuis une cinquantaine d’années. Des micro-Etats, des zones économiques spéciales, des paradis fiscaux, des villes privées… « Pour comprendre l’économie mondiale, il faut apprendre à voir les vides », écrit l’auteur, qui nous emmène les examiner de près : en Asie (Chine), en Amérique latine (Honduras), en Europe (Liechtenstein) en Afrique (Somalie), au Moyen-Orient (Dubaï) ou encore dans le métavers… Le point commun de ces milliers de zones est leur absence de démocratie. Et c’est aussi l’excitation qu’elles provoquent dans l’imagination des fondamentalistes du marché.

      A travers le tableau qu’il peint, l’historien déroule une histoire des idées, de celles qui font fantasmer un groupe d’intellectuels et d’entrepreneurs anarcho-capitalistes, dont Thiel est un archétype. L’univers privatisé dont rêvent tous ces disciples néolibéraux de Friedrich Hayek est une monstrueuse dystopie dans laquelle le citoyen disparaît au profit du business. Il apparaît au fil de ce récit coloré que le véritable adversaire de ce groupe de libertariens fortunés et influents n’est pas l’Etat (qui leur est utile à bien des égards), mais la démocratie, cette empêcheuse d’accumuler en rond.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/01/20/quinn-slobodian-historien-il-faut-oublier-cette-idee-recue-selon-laquelle-le

      #histoire #récit #démocratie #économie #libertariens #anarcho-capitalistes #mondialisation #territoire_entreprise #État_entreprise #tourisme #investisseurs #Dubaï #Hong_Kong #Chine #villes_privées #villes_entreprises #dystopie #Empire_britannique #Europe #Pologne #note_de_lecture

  • NASA says goodbye to Mars and admits its biggest failure : « Not-possible using present-day technology »
    https://www.eldiario24.com/en/nasa-goodbye-to-mars-and-admits/1203

    For years and decades now the concept of terraforming Mars has kept researchers and science experts on their feet scratching their heads to find a solution. This enthusiasm came from various fictional novels and movies that have given scientists hope that perhaps they can implement this idea. According to research, Mars has the potential to be humanity’s second home and they are trying to make this concept a reality.

    If Mars is ever to be terraformed, it will be a monumental task. Terraforming Mars could take decades or even centuries in its initial stages. Additionally, we do not have the technological capacity to implement this initiative. This sobering realisation highlights the enormous obstacles that stand in our way of realising the aim of altering the Red Planet.

    Une autre boule puante laissée par l’administration sortante, pour savonner la planche à nos héros trumpistes et muskistes, alors que nous, on le sait bien que Mars n’attend qu’un geste de nous, pour nous accueillir.

  • Elon Musk considère notre planète comme condamnée selon Jonathan Taplin
    https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/comment-4-milliardaires-de-la-tech-profitent-du-chaos-pour-imposer-leur-vision-

    Dans son ouvrage The End Of Reality, Jonathan Taplin alerte sur le futur amoral qu’imaginent Elon Musk, Mark Zuckerberg, Marc Andreessen et Peter Thiel.

    On ne présente plus Elon Musk ni Mark Zuckerberg. On connaît moins bien en France l’investisseur Marc Andreessen, qui a financé la plupart des grosses entreprises de la Silicon Valley, tout comme Peter Thiel, fondateur sulfureux de Paypal et de la société de renseignement technologique Palantir. 

    Jonathan Taplin a fait de ces quatre oligarques de la tech ses cibles dans son nouvel ouvrage The End of Reality : How Four Billionaires Are Selling Out Our Future (Public Affairs, septembre 2023). L’ex manager de Bob Dylan et producteur de Martin Scorsese, reconverti en observateur du monde des médias et de la tech, explique que ces quatre « technocrates » imaginent un futur très loin des préoccupations de 90 % de l’humanité (à savoir : le changement climatique et les inégalités sociales, par exemple). Puisque le monde selon Musk et compagnie repose sur des concepts qui nous menacent tous d’un point de vue « moral » et « politique », estime Jonathan Taplin. Il détaille quatre de ces concepts en particulier : le métavers, les cryptomonnaies, le transhumanisme et la colonisation de Mars, que défendent ces hommes, chacun à leur manière. Pour Jonathan Taplin, il y a donc urgence à combattre ces milliardaires. Son livre, qui s’appuie majoritairement sur des faits connus, a le mérite de relater leur pensée de manière claire et incisive. Interview.

    #Pensée_tech #Libertarianisme #Dystopie

  • Quand tu laisses un génocide avoir lieu, au nom de nos valeurs, tu comprends que tout le reste n’a pas beaucoup plus de valeur à leurs yeux.

    Maîtrise des pesticides : abus de normes
    Indice de réparabilité : punitif, on oublie
    Passoires thermiques : ça n’existe pas
    Droit de grève : inférieur au devoir de travailler
    Chanter dans une salle de concert : trouble majeur à l’ordre public

    Ils sont en totale décomplexion, avec l’assurance que rien ne viendra les arrêter.

    Ils ont en effet les nouvelles grenades « pousse toi de là que j’te rende sourd ».

    Ah. L’état major militaire allemand annonce la guerre contre les russes pour dans moins de 10 ans. Voilà des gens prévoyants.

  • Le gouvernement refuse de subventionner les associations féministes « ambiguës » sur le massacre du 7 octobre
    https://www.nouvelobs.com/societe/20240211.OBS84352/le-gouvernement-refuse-de-subventionner-les-associations-feministes-ambig


    Doc, tu n’es plus sanctionné sur tes réactions ou tes propos, mais sur ton absence de réaction.
    Tu as ordre d’affirmer que tu penses comme le gouvernement.
    #Police_de_la_pensée #dystopie

    Depuis l’attaque sanglante lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre et les représailles israéliennes, le collectif Nous toutes, et plus largement les associations et figures féministes en France s’étaient vus reprocher un « silence » sur les informations et témoignages faisant état de viols commis par des hommes du Hamas.

  • Une #île_artificielle pour déporter les palestiniens ?

    Ce lundi 22 janvier à Bruxelles, une réunion du Conseil des affaires étrangères de l’Union Européenne était organisée, en présence de Ministres des 27 États membres ainsi que du représentant d’Israël, invité pour parler de la situation au Proche-Orient.

    À cette occasion, le chef de la diplomatie Israélienne, #Israël_Katz, a proposé la construction d’une île artificielle en #Méditerranée, au large de Gaza, pour y “loger” la population palestinienne, selon les mot du journal anglais The Guardian. Le ministre a montré deux vidéos lors de cette réunion, l’une montrant une ligne de train reliant Gaza à la Cisjordanie, et l’autre montrant ce projet d’île artificielle comprenant un port, une zone industrielle et des habitations. Cette modélisation d’île hautement militarisée et comprenant des checkpoints parait toutefois bien trop petite pour y déporter un grand nombre de palestiniens.

    Cette proposition semble aussi dystopique que déplacée, car cette réunion avait pour objectif de discuter de la crise humanitaire qui frappe Gaza et les moyens d’aller vers une désescalade de la violence. Josep Borell, le représentant des affaires étrangères pour l’Union Européenne, a déclaré aux journalistes : « Je pense que le ministre aurait pu mieux utiliser son temps pour s’inquiéter de la situation dans son pays ou du nombre élevé de morts à Gaza ». Plusieurs ministres ont exprimé leur « perplexité ». C’est un euphémisme.

    Ce projet d’île remonterait à l’époque où Katz était ministre israélien des Transports et a été présenté pour la première fois dans une vidéo de 2017 comme « une réponse à une réalité qui est mauvaise pour les Palestiniens et pas bonne pour Israël », selon Reuters.

    La réunion avait lieu après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ait répété son opposition à la création d’un État palestinien. Sachant que la « solution à deux États », palestinien et israélien, est celle proposée par les États européens. Une idée hypocrite, puisque l’extrême droite israélienne est en train de raser Gaza et d’éliminer ses habitants tout en colonisant morceaux par morceaux la Cisjordanie. Tout ceci vise à rendre impossible toute création d’un futur État palestinien viable. La seule option réaliste est celle d’un seul État, multiconfessionnel, avec une égalité des droits, sans murs, sans discrimination, sans colonisation.

    Netanyahou et ses complices n’ont jamais caché leur volonté d’annexer toute la terre palestinienne, au nom de textes religieux vieux de plus de 2000 ans attribuant, selon eux, ce territoire au seul peuple juif. Dans cette logique messianique, il faudrait donc chasser tous les palestiniens.

    Il y a quelques jours, les médias révélaient un autre projet du gouvernement israélien : celui de déporter la population de Gaza vers un pays africain, affirmant même que des négociations avaient lieu avec le Congo. Une proposition finalement démentie face au scandale.

    Au début de la seconde guerre mondiale, les nazis annonçaient leur projet de chasser tous les juifs d’Europe et envisageaient sérieusement de les déporter sur l’île de Madagascar. Un plan appelé « Madagaskar Projekt » a même été élaboré par des cadres du Reich. Face aux contraintes logistiques posées par la guerre, et animé par un antisémitisme exterminateur, Hitler avait opté pour la solution finale et les camps de la mort.

    L’idée d’îles « ghettos » ou d’îles « prison » pour parquer les indésirables n’est pas unique dans l’histoire. Au large de l’Australie, l’île de Nauru et celle de Manus ont été transformées en camps visant à enfermer des personnes sans-papiers pendant des mois voire des années. Ce modèle inspire l’Europe, qui installe des points de contrôles et des camps de réfugiés sur les îles aux portes de l’Europe.

    Cependant, le projet israélien serait d’une ampleur sans commune mesure, et paraît difficilement réalisable s’il fallait y déplacer des centaines de milliers de personnes. Mais le fait même qu’une telle idée soit évoquée témoigne d’une volonté d’épuration ethnique de la part de l’État israélien.

    https://contre-attaque.net/2024/01/22/une-ile-artificielle-pour-deporter-les-palestiniens

    #île #asile #migrations #réfugiés #réfugiés_palestiniens #Palestine #îles #Israël

    voir aussi, signalé par @gonzo :
    Sources, Katz proposes artificial island in front of Gaza.
    https://seenthis.net/messages/1037778

    ajouté à la métaliste autour des #îles qui sont utilisées (ou dont il a été question d’imaginer de le faire) pour y envoyer des #réfugiés :
    https://seenthis.net/messages/881889

  • Fermes, coopératives... « En #Palestine, une nouvelle forme de #résistance »

    Jardins communautaires, coopératives... En Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens ont développé une « #écologie_de_la_subsistance qui n’est pas séparée de la résistance », raconte l’historienne #Stéphanie_Latte_Abdallah.

    Alors qu’une trêve vient de commencer au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, la chercheuse Stéphanie Latte Abdallah souligne les enjeux écologiques qui se profilent derrière le #conflit_armé. Elle rappelle le lien entre #colonisation et #destruction de l’#environnement, et « la relation symbiotique » qu’entretiennent les Palestiniens avec leur #terre et les êtres qui la peuplent. Ils partagent un même destin, une même #lutte contre l’#effacement et la #disparition.

    Stéphanie Latte Abdallah est historienne et anthropologue du politique, directrice de recherche au CNRS (CéSor-EHESS). Elle a récemment publié La toile carcérale, une histoire de l’enfermement en Palestine (Bayard, 2021).

    Reporterre — Comment analysez-vous à la situation à #Gaza et en #Cisjordanie ?

    Stéphanie Latte Abdallah — L’attaque du #Hamas et ses répercussions prolongent des dynamiques déjà à l’œuvre mais c’est une rupture historique dans le déchaînement de #violence que cela a provoqué. Depuis le 7 octobre, le processus d’#encerclement de la population palestinienne s’est intensifié. #Israël les prive de tout #moyens_de_subsistance, à court terme comme à moyen terme, avec une offensive massive sur leurs conditions matérielles d’existence. À Gaza, il n’y a plus d’accès à l’#eau, à l’#électricité ou à la #nourriture. Des boulangeries et des marchés sont bombardés. Les pêcheurs ne peuvent plus accéder à la mer. Les infrastructures agricoles, les lieux de stockage, les élevages de volailles sont méthodiquement démolis.

    En Cisjordanie, les Palestiniens subissent — depuis quelques années déjà mais de manière accrue maintenant — une forme d’#assiègement. Des #cultures_vivrières sont détruites, des oliviers abattus, des terres volées. Les #raids de colons ont été multipliés par deux, de manière totalement décomplexée, pour pousser la population à partir, notamment la population bédouine qui vit dans des zones plus isolées. On assiste à un approfondissement du phénomène colonial. Certains parlent de nouvelle #Nakba [littéralement « catastrophe » en Arabe. Cette expression fait référence à l’exode forcé de la population palestinienne en 1948]. On compte plus d’1,7 million de #déplacés à Gaza. Où iront-ils demain ?

    « Israël mène une #guerre_totale à une population civile »

    Gaza a connu six guerres en dix-sept ans mais il y a quelque chose d’inédit aujourd’hui, par l’ampleur des #destructions, le nombre de #morts et l’#effet_de_sidération. À défaut d’arriver à véritablement éliminer le Hamas – ce qui est, selon moi, impossible — Israël mène une guerre totale à une population civile. Il pratique la politique de la #terre_brûlée, rase Gaza ville, pilonne des hôpitaux, humilie et terrorise tout un peuple. Cette stratégie a été théorisée dès 2006 par #Gadi_Eizenkot, aujourd’hui ministre et membre du cabinet de guerre, et baptisée « la #doctrine_Dahiya », en référence à la banlieue sud de Beyrouth. Cette doctrine ne fait pas de distinction entre #cibles_civiles et #cibles_militaires et ignore délibérément le #principe_de_proportionnalité_de_la_force. L’objectif est de détruire toutes les infrastructures, de créer un #choc_psychologique suffisamment fort, et de retourner la population contre le Hamas. Cette situation nous enferme dans un #cycle_de_violence.

    Vos travaux les plus récents portent sur les initiatives écologiques palestiniennes. Face à la fureur des armes, on en entend évidemment peu parler. Vous expliquez pourtant qu’elles sont essentielles. Quelles sont-elles ?

    La Palestine est un vivier d’#innovations politiques et écologiques, un lieu de #créativité_sociale. Ces dernières années, suite au constat d’échec des négociations liées aux accords d’Oslo [1] mais aussi de l’échec de la lutte armée, s’est dessinée une #troisième_voie.

    Depuis le début des années 2000, la #société_civile a repris l’initiative. Dans de nombreux villages, des #marches et des #manifestations hebdomadaires sont organisées contre la prédation des colons ou pour l’#accès_aux_ressources. Plus récemment, s’est développée une #économie_alternative, dite de résistance, avec la création de #fermes, parfois communautaires, et un renouveau des #coopératives.

    L’objectif est de reconstruire une autre société libérée du #néolibéralisme, de l’occupation et de la #dépendance à l’#aide_internationale. Des agronomes, des intellectuels, des agriculteurs, des agricultrices, des associations et des syndicats de gauche se sont retrouvés dans cette nouvelle forme de résistance en dehors de la politique institutionnelle. Une jeune génération a rejoint des pionniers. Plutôt qu’une solution nationale et étatique à la colonisation israélienne — un objectif trop abstrait sur lequel personne n’a aujourd’hui de prise — il s’agit de promouvoir des actions à l’échelle citoyenne et locale. L’idée est de retrouver de l’#autonomie et de parvenir à des formes de #souveraineté par le bas. Des terres ont été remises en culture, des #fermes_agroécologiques ont été installées — dont le nombre a explosé ces cinq dernières années — des #banques_de_semences locales créées, des modes d’#échange directs entre producteurs et consommateurs mis en place. On a parlé d’« #intifada_verte ».

    Une « intifada verte » pour retrouver de l’autonomie

    Tout est né d’une #prise_de_conscience. Les #territoires_palestiniens sont un marché captif pour l’#économie israélienne. Il y a très peu de #production. Entre 1975 et 2014, la part des secteurs de l’agriculture et de l’#industrie dans le PIB a diminué de moitié. 65 % des produits consommés en Cisjordanie viennent d’Israël, et plus encore à Gaza. Depuis les accords d’Oslo en 1995, la #production_agricole est passée de 13 % à 6 % du PIB.

    Ces nouvelles actions s’inscrivent aussi dans l’histoire de la résistance : au cours de la première Intifada (1987-1993), le #boycott des taxes et des produits israéliens, les #grèves massives et la mise en place d’une économie alternative autogérée, notamment autour de l’agriculture, avaient été centraux. À l’époque, des #jardins_communautaires, appelés « les #jardins_de_la_victoire » avait été créés. Ce #soulèvement, d’abord conçu comme une #guerre_économique, entendait alors se réapproprier les #ressources captées par l’occupation totale de la Cisjordanie et de la #bande_de_Gaza.

    Comment définiriez-vous l’#écologie palestinienne ?

    C’est une écologie de la subsistance qui n’est pas séparée de la résistance, et même au-delà, une #écologie_existentielle. Le #retour_à_la_terre participe de la lutte. C’est le seul moyen de la conserver, et donc d’empêcher la disparition totale, de continuer à exister. En Cisjordanie, si les terres ne sont pas cultivées pendant 3 ou 10 ans selon les modes de propriété, elles peuvent tomber dans l’escarcelle de l’État d’Israël, en vertu d’une ancienne loi ottomane réactualisée par les autorités israéliennes en 1976. Donc, il y a une nécessité de maintenir et augmenter les cultures, de redevenir paysans, pour limiter l’expansion de la #colonisation. Il y a aussi une nécessité d’aller vers des modes de production plus écologiques pour des raisons autant climatiques que politiques. Les #engrais et les #produits_chimiques proviennent des #multinationales via Israël, ces produits sont coûteux et rendent les sols peu à peu stériles. Il faut donc inventer autre chose.

    Les Palestiniens renouent avec une forme d’#agriculture_économe, ancrée dans des #savoir-faire_ancestraux, une agriculture locale et paysanne (#baladi) et #baaliya, c’est-à-dire basée sur la pluviométrie, tout en s’appuyant sur des savoirs nouveaux. Le manque d’#eau pousse à développer cette méthode sans #irrigation et avec des #semences anciennes résistantes. L’idée est de revenir à des formes d’#agriculture_vivrière.

    La #révolution_verte productiviste avec ses #monocultures de tabac, de fraises et d’avocats destinée à l’export a fragilisé l’#économie_palestinienne. Elle n’est pas compatible avec l’occupation et le contrôle de toutes les frontières extérieures par les autorités israéliennes qui les ferment quand elles le souhaitent. Par ailleurs, en Cisjordanie, il existe environ 600 formes de check-points internes, eux aussi actionnés en fonction de la situation, qui permettent de créer ce que l’armée a nommé des « #cellules_territoriales ». Le #territoire est morcelé. Il faut donc apprendre à survivre dans des zones encerclées, être prêt à affronter des #blocus et développer l’#autosuffisance dans des espaces restreints. Il n’y a quasiment plus de profondeur de #paysage palestinien.

    « Il faut apprendre à survivre dans des zones encerclées »

    À Gaza, on voit poindre une #économie_circulaire, même si elle n’est pas nommée ainsi. C’est un mélange de #débrouille et d’#inventivité. Il faut, en effet, recycler les matériaux des immeubles détruits pour pouvoir faire de nouvelles constructions, parce qu’il y a très peu de matériaux qui peuvent entrer sur le territoire. Un entrepreneur a mis au point un moyen d’utiliser les ordures comme #matériaux. Les modes de construction anciens, en terre ou en sable, apparaissent aussi mieux adaptés au territoire et au climat. On utilise des modes de production agricole innovants, en #hydroponie ou bien à la #verticale, parce que la terre manque, et les sols sont pollués. De nouvelles pratiques énergétiques ont été mises en place, surtout à Gaza, où, outre les #générateurs qui remplacent le peu d’électricité fournie, des #panneaux_solaires ont été installés en nombre pour permettre de maintenir certaines activités, notamment celles des hôpitaux.

    Est-ce qu’on peut parler d’#écocide en ce moment ?

    Tout à fait. Nombre de Palestiniens emploient maintenant le terme, de même qu’ils mettent en avant la notion d’#inégalités_environnementales avec la captation des #ressources_naturelles par Israël (terre, ressources en eau…). Cela permet de comprendre dans leur ensemble les dégradations faites à l’#environnement, et leur sens politique. Cela permet aussi d’interpeller le mouvement écologiste israélien, peu concerné jusque-là, et de dénoncer le #greenwashing des autorités. À Gaza, des #pesticides sont épandus par avion sur les zones frontalières, des #oliveraies et des #orangeraies ont été arrachées. Partout, les #sols sont pollués par la toxicité de la guerre et la pluie de #bombes, dont certaines au #phosphore. En Cisjordanie, les autorités israéliennes et des acteurs privés externalisent certaines #nuisances_environnementales. À Hébron, une décharge de déchets électroniques a ainsi été créée. Les eaux usées ne sont pas également réparties. À Tulkarem, une usine chimique considérée trop toxique a été également déplacée de l’autre côté du Mur et pollue massivement les habitants, les terres et les fermes palestiniennes alentour.

    « Il existe une relation intime entre les Palestiniens et leur environnement »

    Les habitants des territoires occupés, et leur environnement — les plantes, les arbres, le paysage et les espèces qui le composent — sont attaqués et visés de manière similaire. Ils sont placés dans une même #vulnérabilité. Pour certains, il apparaît clair que leur destin est commun, et qu’ils doivent donc d’une certaine manière résister ensemble. C’est ce que j’appelle des « #résistances_multispécifiques », en écho à la pensée de la [philosophe féministe étasunienne] #Donna_Haraway. [2] Il existe une relation intime entre les Palestiniens et leur environnement. Une même crainte pour l’existence. La même menace d’#effacement. C’est très palpable dans le discours de certaines personnes. Il y a une lutte commune pour la #survie, qui concerne autant les humains que le reste du vivant, une nécessité écologique encore plus aigüe. C’est pour cette raison que je parle d’#écologisme_existentiel en Palestine.

    Aujourd’hui, ces initiatives écologistes ne sont-elles pas cependant menacées ? Cet élan écologiste ne risque-t-il pas d’être brisé par la guerre ?

    Il est évidemment difficile d’exister dans une guerre totale mais on ne sait pas encore comment cela va finir. D’un côté, on assiste à un réarmement des esprits, les attaques de colons s’accélèrent et les populations palestiniennes en Cisjordanie réfléchissent à comment se défendre. De l’autre côté, ces initiatives restent une nécessité pour les Palestiniens. J’ai pu le constater lors de mon dernier voyage en juin, l’engouement est réel, la dynamique importante. Ce sont des #utopies qui tentent de vivre en pleine #dystopie.

    https://reporterre.net/En-Palestine-l-ecologie-n-est-pas-separee-de-la-resistance
    #agriculture #humiliation #pollution #recyclage #réusage #utopie

    • La toile carcérale. Une histoire de l’enfermement en Palestine

      Dans les Territoires palestiniens, depuis l’occupation de 1967, le passage par la prison a marqué les vécus et l’histoire collective. Les arrestations et les incarcérations massives ont installé une toile carcérale, une détention suspendue. Environ 40 % des hommes palestiniens sont passés par les prisons israéliennes depuis 1967. Cet ouvrage remarquable permet de comprendre en quoi et comment le système pénal et pénitentiaire est un mode de contrôle fractal des Territoires palestiniens qui participe de la gestion des frontières. Il raconte l’envahissement carcéral mais aussi la manière dont la politique s’exerce entre Dedans et Dehors, ses effets sur les masculinités et les féminités, les intimités. Stéphanie Latte Abdallah a conduit une longue enquête ethnographique, elle a réalisé plus de 350 entretiens et a travaillé à partir d’archives et de documents institutionnels. Grâce à une narration sensible s’apparentant souvent au documentaire, le lecteur met ses pas dans ceux de l’auteure à la rencontre des protagonistes de cette histoire contemporaine méconnue.

      https://livres.bayard-editions.com/livres/66002-la-toile-carcerale-une-histoire-de-lenfermement-en-pal
      #livre