• Un #rapport confidentiel met à nu les combines du #cartel de l’#eau

    L’Autorité de la #concurrence s’est penchée sur un sujet explosif : les stratégies d’#entente dans le domaine de l’eau, et leurs conséquences sur l’augmentation des factures payées par les usagers. Le patron d’une filiale du leader mondial #Veolia vient d’être mis en examen à Paris pour #corruption et pratiques anticoncurrentielles, selon nos informations.

    Rarement, un document officiel avait exposé de manière aussi éclatante les manœuvres des géants de l’eau. Dans un rapport confidentiel, l’Autorité de la concurrence révèle l’entente « occulte » ayant permis aux trois leaders français du secteur de l’eau (Veolia, #Suez et #la_Saur) de remporter, en 2011, un #marché géant de près de un milliard d’euros en #Ile-de-France, d’après des informations de Mediapart.

    Ce document de synthèse de 49 pages, rédigé en 2021 au terme de sept années d’investigations – rythmées par les auditions, perquisitions et la rédaction de trois rapports intermédiaires –, est actuellement exploité par une juge d’instruction du tribunal judiciaire de Paris qui pilote plusieurs enquêtes sur des soupçons d’ententes illicites dans le secteur (lire en encadré).

    Le marché en question porte sur la modernisation de l’usine #Seine_Aval, dans les #Yvelines, une des six #stations_d’épuration du #Syndicat_interdépartemental_pour_l’assainissement_de_la_région_parisienne (#Siaap), qui couvre un total de 12 millions d’habitant·es, ce qui en fait le plus grand opérateur d’Europe.

    Initialement évalué à 547 millions d’euros, son coût s’est envolé à 929 millions d’euros dès la phase d’appel d’offres. Ces surcoûts – qui ont « surpris » jusqu’à plusieurs responsables du Siaap, selon l’Autorité de la concurrence – n’ont pu être supportés que par une « augmentation substantielle » de la #redevance payée par les usagers, insiste le rapport.

    La hausse du #tarif de l’eau en Île-de-France a été estimée à 30 % entre 2010 et 2015 dans une autre analyse, réalisée par la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), ce qui représente près de 14 millions d’augmentation par an. Cet argent n’étant pas suffisant pour financer les travaux, le Siaap a aussi été contraint de décrocher un prêt à « des conditions très favorables » – en s’appuyant, chose étonnante, sur les réseaux d’influence de son fournisseur – auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI).

    L’explosion du montant du marché Seine Aval a été justifiée par son attributaire par la technicité requise ainsi que l’augmentation des tarifs de construction. Mais pour l’Autorité de la concurrence, le vainqueur a facturé des prestations d’un montant « très élevé », ayant permis aux entreprises de dégager une « marge confortable ». Une situation qui découle du fait que, plutôt que de s’affronter au cours de l’#appel_d’offres lancé par le Siaap, les grandes entreprises du secteur ont préféré mettre sur pied une stratégie d’entente à plusieurs niveaux leur permettant d’assécher la concurrence, comme le démontrent des documents saisis en perquisition.

    « Le marché était enregistré comme une affaire acquise [dès le 17 juin 2011 dans un document interne d’un des cocontractants – ndlr], alors que la décision n’est intervenue que le 28 juin 2011 à la suite de la réunion du jury du Siaap », s’est ainsi étonnée l’Autorité de la concurrence. Sollicités par Mediapart, les responsables concernés n’ont pas répondu à nos demandes d’entretien.

    Nommé « #Biosav », le groupement ayant remporté le marché rassemblait les plus importants spécialistes du « #génie_épuratoire » (traitement des #eaux_usées) – à savoir les entreprises #OTV (filiale de Veolia) et #Degrémont (filiale de Suez) –, et du « #génie_civil » (réalisation d’ouvrages) – avec #Eiffage et #Vinci. Ce montage est d’autant plus étonnant que ces groupes de dimension mondiale avaient chacun les capacités – techniques comme financières – de concourir seuls, les uns contre les autres. « Je n’ai eu connaissance de l’association OTV-Degrémont que lors de l’ouverture des candidatures. Ce fut une découverte. Le jeu de la concurrence était singulièrement amoindri dès le départ », a témoigné la directrice adjointe grands travaux du Siaap au cours des investigations.

    Comme si cela ne suffisait pas, les enquêteurs ont aussi découvert qu’un troisième épurateur – la société #Stereau (filiale de la Saur) –, qui aurait aussi les épaules pour concourir à l’appel d’offres, avait secrètement négocié avec le groupement pour récupérer une « part » du marché, en tant que sous-traitant. Cette alliance a été dissimulée à plusieurs dirigeants du Siaap, ce qui « atteste que les responsables Biosav avaient conscience que le groupement avec les trois leaders nationaux posait un problème au regard du droit de la concurrence », selon le rapport final.

    Tandis qu’il ambitionnait initialement de recevoir avec quatre offres distinctes, le Siaap n’a eu à choisir qu’entre deux candidatures : Biosav et un autre groupement, mené par le britannique #Biwater, ce qui lui offrait dès le départ bien peu de possibilités.

    « À partir du moment où les majors de l’#épuration et du génie civil se marient, les élus [de la commission d’appel d’offres – ndlr] sont devant la responsabilité de refuser les sociétés françaises », a ainsi déploré un membre de l’équipe éconduite. Tandis que le représentant d’un autre concurrent étranger, le groupe autrichien #Wabag, qui ne s’est même pas positionné sur ce marché, a pointé une « singularité du Siaap » : « Je ne connais pas d’autres maîtres d’ouvrage où les leaders s’associent ainsi », a-t-il souligné, avant d’euphémiser : « Vu de l’extérieur, cette association interpelle et ne paraît pas pro-concurrentielle. »

    Ce déséquilibre a été renforcé par le fait que le groupement Biosav avait en plus accès, avant de préparer son offre, à des informations privilégiées sur le périmètre du marché. Une année avant celui-ci, les épurateurs OTV et Degrémont avaient en effet participé à une première mission, dite de « définition », qui s’est avérée être une sorte de « répétition du futur appel d’offres ». Cette situation a permis à ces entreprises d’anticiper les attentes de Siaap, en échangeant avec ses équipes, et de bénéficier d’un « avantage inévitable » par rapport à leur concurrent, selon l’autorité.

    Enfin, pendant la procédure de passation du marché, le groupement vainqueur a encore pu profiter « d’avantages concurrentiels majeurs » grâce à la relation particulière entretenue avec l’assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO). Censée accompagner en toute indépendance le Siaap dans cet appel d’offres complexe, l’entreprise spécialisée #IRH Ingénieur Conseil a en réalité secrètement « œuvré » en faveur de Biosav, a découvert l’Autorité de la concurrence. Ce « parti pris » ne résulte pas d’une « action unilatérale » d’#IRH_Conseil, mais « s’inscrit dans une pratique collusive occulte » entre le cabinet et des responsables des épurateurs OTV et Degrémont, souligne le rapport, qui s’appuie sur de nombreux échanges et rendez-vous confidentiels découverts pendant l’enquête.

    Cette alliance apparaît d’autant plus problématique qu’IRH Ingénieur Conseil a joué un rôle prépondérant dans la sélection des candidats, en soutenant notamment auprès du Siaap l’explosion du montant du marché, reprenant quasiment mot pour mot le raisonnement développé dans une note que Biosav lui avait secrètement envoyée. « L’assistant à maîtrise d’ouvrage a donc utilisé auprès du client les arguments d’un des deux candidats pour justifier les prix proposés par celui-ci, ce alors même qu’il était supposé aider son client avec sérieux », résume la BRDE dans son rapport.

    Les motivations d’IRH Ingénieur Conseil peuvent apparaître doubles. D’abord, l’assistant à maîtrise d’ouvrage se trouvait, selon l’interprétation de l’Autorité de la concurrence, dans une situation de « conflit d’intérêts » pour accompagner le marché, dès lors que dans le cas où le Siaap avait fait le choix de déclarer la procédure infructueuse – en raison notamment des surcoûts –, l’AMO n’aurait reçu aucune compensation financière. L’entreprise avait donc intérêt à faire aboutir l’appel d’offres, coûte que coûte, y compris au détriment du syndicat et des usagers.

    Mais surtout, les intentions d’IRH Ingénieur Conseil paraissent dépasser le périmètre de ce seul marché. Dans des comptes rendus manuscrits de réunions avec les épurateurs qui dominent le secteur – documents « très vraisemblablement écrits » par le patron d’IRH de l’époque, Yves B., lequel était régulièrement invité dans les loges de Roland-Garros par OTV –, les enquêteurs ont en effet découvert les mentions suivantes : « Depuis 15 ans, IRH a joué le jeu de l’École F. [française] de l’Eau. Impression générale on donne beaucoup, on reçoit peu. »

    D’après l’Autorité de la concurrence, ces annotations traduisent le fait que la société de conseil en ingénierie cherchait à « développer des relations commerciales très étroites » avec les leaders de l’épuration, qui incarnent cette fameuse « école française de l’eau » et trustent le marché. « Le Siaap est captif des grands groupes français et de leurs cabinets d’étude et il semble difficile, pour ne pas dire impossible, de faire autrement », constatant à ce sujet une mission conjointe des ministères de l’écologie et des comptes publics en 2018, en relevant que le projet de refonte de Seine Aval a pu servir, pour les constructeurs, de « vitrine » dans leur stratégie d’exportation. Le premier à en profiter étant le groupe Veolia qui, après avoir réussi son OPA sur Suez dans des conditions contestées, a récemment poursuivi son développement au Maroc et en Arabie saoudite à l’occasion des deux dernières visites d’État d’Emmanuel Macron.

    En creusant les relations entre le cabinet de conseil IRH – petit rouage essentiel dans la conduite de marchés – et les géants de l’eau, l’Autorité de la concurrence a révélé, outre l’usine du Siaap, l’existence d’autres appels d’offres pour lesquels il apparaît que la « concurrence a été faussée ». Ce serait notamment le cas pour la rénovation d’une station à Fécamp (Seine-Maritime) ou à Saint-Marcellin (Isère). « Il existe une pratique commerciale d’IRH qui consiste à travailler avant la remise des offres avec un épurateur et à le “pousser” afin qu’il soit lauréat de la procédure de mise en concurrence », conclut le rapport, dont l’enquête sur le marché Seine Aval menace de faire jaillir un scandale plus grand encore.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/151224/un-rapport-confidentiel-met-nu-les-combines-du-cartel-de-l-eau
    #France

  • Révélations sur les #contaminations de la plus grande mine à ciel ouvert de l’Hexagone

    « La #pollution de l’#eau par la mine ? Il n’y a pas de problème. » Face au discours sur les « #mines_propres », Splann ! révèle les pollutions générées par la mine d’#andalousite de #Glomel, au cœur de la #Bretagne, exploitée par la multinationale #Imerys.

    En Centre Bretagne, la commune de #Glomel, étendue sur près de 80 km2, est un véritable château d’eau. Ses sources, ses ruisseaux et ses marais dominent les bassins versants de l’#Ellé et du #Blavet. On y trouve encore certains habitats naturels emblématiques de la région, landes, tourbières et autres prairies humides. C’est pour protéger cette richesse qu’ont été créés la réserve naturelle régionale des landes et marais de Glomel, ainsi que deux sites Natura 2000 et plusieurs zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique.

    Le paradoxe est que Glomel abrite aussi la plus grande mine à ciel ouvert en activité de l’hexagone : sur place, la #multinationale Imerys peut extraire chaque année jusqu’à 1,5 million de tonnes de roches et raffine dans ses deux usines un quart de la production mondiale d’andalousite.

    La « #Damrec » comme on dit ici en référence à l’ancien nom d’Imerys, est longtemps passée inaperçue. Déjà, qui connaît l’andalousite, ce minéral résistant aux très hautes températures ? On le retrouve sous forme d’additif dans les #bétons ou les #peintures, dans les blocs moteurs de camions ou dans les fours de toute l’#industrie, de la #métallurgie au #nucléaire. Mais si l’andalousite est couramment utilisée par la grande industrie pour ses propriétés réfractaires, nous n’avons jamais directement affaire à elle.

    D’immenses cratères au cœur de la Bretagne

    Le site de Glomel est resté d’autant plus discret qu’il n’est, aux yeux de l’administration, qu’une carrière : on imagine un modeste carreau au bord d’une route déserte, quelques camions. Sauf que…

    Sauf qu’il s’agit bel et bien d’une mine avec ses immenses #cratères, ses usines, ses #bassins_de_décantation remplis d’#eau_acide et ses montagnes de #déchets qui avancent dans le paysage, avalant les champs, les fermes et les chemins. Tout ceci inquiète nombre de riverains, qui voient se multiplier les cas de #cancer et se demandent ce qu’il restera des zones humides, des sources et des captages dans cet avenir où rien ne sera plus précieux que l’eau.

    Mais Imerys compte bien aller au bout de ce #gisement. Après une enquête publique houleuse et d’âpres débats, l’État vient de l’autoriser à poursuivre l’#exploitation jusqu’en 2044 en creusant une quatrième #fosse_d’extraction : un #trou grand comme quinze terrains de football et aussi profond que cinq immeubles parisiens empilés.

    Une étude partiale payée par l’industriel

    Sur le site internet d’Imerys Glomel, on lit qu’« une des priorités du site concerne la gestion des rejets aqueux […] dans les rivières, zones humides et nappes souterraines alentour ». L’enjeu est de taille, puisqu’en aval de la mine se trouve la réserve naturelle régionale de #Magoar_Penvern. Puis, à 6 km du site industriel, un premier captage d’#eau_potable dans l’Ellé alimente les 6000 habitants des communes voisines.

    Dans le #Kergroaz, un minuscule ruisseau qui serpente dans le sous-bois, Imerys rejette chaque année environ 1,5 million de mètres cubes d’#eaux_usées. Ces eaux sont traitées, et les exigences de la préfecture ont conduit l’entreprise à investir récemment dans une unité destinée à limiter la quantité de #manganèse et de #fer dans ses rejets. Mais même après traitement, ils contiennent des quantités très importantes de #contaminants : la préfecture des Côtes-d’Armor autorise le site à rejeter chaque jour dans ses eaux usées jusqu’à 9 kg d’#hydrocarbures et, entre autres, jusqu’à 11 kg par jour au total de #cobalt et de #nickel, des #métaux cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.

    Pourtant, Imerys assure n’avoir « aucun impact sur les eaux » et a financé une étude sur cinq ans de l’état écologique du #Crazius, où se jette le Kergroaz. Cette étude payée par l’industriel conclut à un « bon état » du cours d’eau pour certains paramètres, mais ce qui frappe, c’est que les métaux les plus toxiques émis par le site ne semblent pas avoir été recherchés dans le cours d’eau.

    Pourquoi s’intéresser à la présence de fer et d’aluminium, et non à des contaminants bien plus redoutables comme l’#arsenic, le #cadmium, le #cobalt ou le #nickel, qui sont par ailleurs présents dans les déchets de cette mine ? Interrogé, Imerys n’a pas souhaité répondre à nos questions. Pour y voir plus clair, Splann ! a décidé de faire analyser les sédiments du Crazius.

    « Les quantités de #contaminants présentent manifestement un danger »

    En juillet puis en septembre, Splann ! a prélevé plusieurs jeux d’échantillons de sédiments dans le lit du ruisseau d’abord en amont du point de rejet de la mine, pour disposer d’un échantillon « témoin » ; puis dans un deuxième temps au niveau où Imerys rejette ses eaux usées ; et finalement à 2 km de là en aval dans le même cours d’eau, dans la réserve naturelle régionale.

    Ces sédiments ont été analysés par un laboratoire accrédité Cofrac. Les résultats de ces analyses ont été interprétés avec l’aide de Frédéric Gimbert, spécialiste des pollutions minières et chercheur en écotoxicologie au CNRS de Besançon.

    Alors que les sédiments du prélèvement témoin, en amont, ne présentent aucune contamination, au niveau du point de rejet d’Imerys, les concentrations en nickel sont jusqu’à 60 fois supérieures à la valeur guide pour un bon état écologique des sédiments d’eau douce. Les concentrations en cobalt sont jusqu’à 20 fois supérieures à cette valeur. Les analyses révèlent aussi la présence de métaux toxiques qu’Imerys n’est pas censé déverser : les sédiments contiennent quatre fois la valeur guide pour l’arsenic et une teneur anormale en cadmium, tous deux également cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.

    « De telles quantités de contaminants présentent manifestement un danger et un #risque potentiel pour l’environnement, estime Frédéric Gimbert. Il faudrait également rechercher ces mêmes contaminants dans les #sols où se déposent les #poussières issues de l’#activité_minière et conduire plus largement une étude d’évaluation des #risques, pour l’environnement, mais aussi pour la santé publique. »

    Les analyses de Splann ! révèlent également que la contamination s’étend au-delà du périmètre immédiat de la mine. À deux kilomètres en aval du site, au cœur de la réserve naturelle régionale de Magoar Penvern, les concentrations en cobalt et en nickel sont plus de dix fois supérieures aux valeurs guides pour un cours d’eau en bon état écologique.

    Un captage d’eau potable en aval de la mine

    Qu’en est-il à six kilomètres en aval, dans la rivière Ellé où #Eau_du_Morbihan prélève une partie de l’eau qui sera ensuite traitée pour être distribuée aux communes voisines ? Pour le savoir, notre équipe s’est rendue à #Toultreincq [qui signifie trou saumâtre en breton, NDLR], dont l’usine de potabilisation est justement en plein travaux. Une toute nouvelle unité de traitement est en construction pour un coût de six millions d’euros d’argent public.

    « La pollution de l’eau par la mine ? C’est simple : ce n’est pas un sujet. Il n’y a aucun problème », déclare, dès le début de notre visite, Dominique Riguidel, le directeur d’Eau du Morbihan qui s’est déplacé en personne pour nous le dire. L’ouverture de nouveaux captages d’#eau_souterraine permettront de « diversifier les ressources et de limiter les prélèvements dans l’Ellé », explique-t-il. C’est-à-dire précisément à limiter la dépendance au captage de #Pont Saint-Yves, sur l’Ellé, en aval de la mine.

    Mais le directeur d’Eau du Morbihan est formel : tout ceci n’a aucun rapport avec le fait qu’Imerys rejette chaque année 1,5 million de mètres cubes d’eaux usées contenant des #sulfates, des hydrocarbures et des #métaux_lourds en amont de ce captage. « La nouvelle unité permettra de mieux traiter les #pesticides et les #médicaments », justifie-t-il.

    Un ingénieur chimiste, expert en contaminations pour des organismes de #santé_publique, s’interroge : « J’ai du mal à croire que tous ces travaux n’aient aucun rapport avec l’agrandissement de la mine. Vu l’argent que ça coûte de changer une installation, ça ne se fait pas sans raison objective. Et il n’est pas courant d’avoir de tels traitements de l’eau en tête de bassin versant, où elle est normalement moins polluée. »

    Pour connaître la qualité de l’eau sur l’Ellé, en aval de la mine, le plus simple est de s’adresser à l’agence régionale de santé (ARS), qui surveille les captages. Nous lui avons demandé de nous communiquer les analyses de l’eau captée en aval de Glomel.

    « Il n’existe pas de contrôle sanitaire sur la ressource ‘Pont Saint-Yves’ exclusivement », a répondu l’ARS. Le captage d’eau le plus exposé aux pollutions de la mine ne serait donc pas surveillé : l’agence publique ne contrôle la qualité des eaux brutes qu’après qu’elles aient été mélangées à la station de traitement. Une fois dilués dans les eaux prélevées ailleurs, les contaminants d’Imerys passent inaperçus. Ce qui pousse certains riverains désabusés à résumer ainsi la situation : « La mine de Glomel utilise la réserve naturelle régionale comme station d’épuration » pour traiter ses effluents chargés en métaux toxiques. « Mais si la contamination continue d’augmenter, explique l’ingénieur chimiste, l’eau de ce captage risque de ne plus être utilisable pour produire de l’eau potable. »

    Un lac rempli de métaux lourds

    « Quand j’étais ado, par une chaude journée d’été, je m’amusais à repérer les plans d’eau des environs sur les photos satellites. J’ai découvert un lagon bleu à Glomel. J’ai demandé à ma mère : ‘pourquoi on n’est jamais allées s’y baigner ?’ ». Voilà comment Camille a découvert la mine de Glomel : un espoir de baignade. Espoir déçu : le lac de douze hectares dont elle parle, une ancienne fosse d’extraction, recueille en continu des eaux acides et les boues de traitement des usines du site.

    Une autre riveraine se rappelle : « Pendant une réunion en 2022, j’ai demandé ce que contenait cette fosse qu’on appelle ‘la #fosse_2’. Imerys m’a répondu ‘Du #mica et des #oxydes_de_fer’. » Pas de quoi s’inquiéter, donc, Camille aurait pu s’y baigner. Mais dans un tableau perdu dans les 3000 pages du dossier d’enquête publique, on apprend que ces #boues contiennent de fortes concentrations de cadmium, de #chrome, de cobalt, de nickel et de #plomb : des métaux dits « lourds », cancérigènes, neurotoxiques et reprotoxiques.

    Les boues de cette #fosse contiennent aussi les produits chimiques utilisés dans l’usine. Lors d’une réunion publique, les porte-parole de l’entreprise ont assuré que « le procédé d’extraction ne fait pas intervenir de composés chimiques ». Pourtant, les documents de l’enquête publique indiquent que les usines de Glomel utilisent 75 tonnes par an de substances nocives pour l’#environnement et la santé.

    Par exemple, le #méthyl-isobutyl carbinol, un #solvant dangereux pour les #nappes_souterraines, l’#acrylamide, cancérigène, mutagène et reprotoxique, le #sulfonate_de_sodium et l’#amylxanthate, toxiques pour la #vie_aquatique.

    Les #déchets_miniers ont contaminé les #eaux_souterraines

    Chaque année, une trentaine de tonnes de ces produits sont déversées dans le « joli lac ». Imerys affirme que la fosse est « étanche », mais aucune membrane n’empêche ces boues acides de s’infiltrer dans les eaux souterraines. Et il en va de même dans tous les autres espaces du site où sont entreposées ces boues : la « fosse n°1 » (2 millions de m³) et « l’ancienne digue » (900 000 m³).

    Les contaminants de ces déchets toxiques ont commencé à migrer vers les eaux souterraines : c’est ce qu’indiquent certains éléments qu’Imerys a communiqués à l’administration. L’un des appareils de mesure de l’industriel relève que les taux de contaminants ont explosé entre 2012 et 2021.

    Par exemple, les déchets de la mine contiennent des concentrations importantes de nickel, un métal qui provoque des #cancers du poumon et des sinus et des #maladies_cardiovasculaires. Or, sous le site minier, les eaux souterraines contiennent 40 fois la teneur en nickel maximale autorisée pour les eaux brutes destinées à la consommation. Les autres contaminants (cobalt, cadmium, arsenic, produits chimiques…) susceptibles d’avoir migré vers la nappe ne semblent pas surveillés.

    En juin 2024, en prolongeant l’exploitation de vingt ans, les services de l’État ont autorisé l’entreprise à générer au total environ 12 millions de m3 de déchets supplémentaires, autant de déchets qui seront entreposés sur place et qui sont censés ne pas entrer en contact avec les eaux souterraines pour les décennies et les siècles à venir. Alors que jusqu’ici, Imerys n’a pas réussi à empêcher la contamination des eaux souterraines.

    Qui traitera les eaux acides ?

    En 2044, en théorie, l’extraction d’andalousite sera terminée et viendra le temps de la « #remise_en_état », comme on dit. Mais la roche exploitée à Glomel a une particularité : elle contient de la #pyrite, c’est-à-dire du #soufre. Quand la roche mise à nu par l’extraction ou les déchets miniers du site rencontrent de l’eau (la pluie par exemple), cette eau se transforme naturellement en #acide_sulfurique et entraîne vers l’aval les contaminants présents dans la roche. C’est ce qu’on appelle le #drainage_minier_acide, l’une des pollutions les plus redoutables liées à l’activité minière.

    Actuellement, toutes les eaux qui ruissellent sur le site sont collectées et traitées par lmerys pour perdre leur acidité. Mais qui va traiter ces eaux de ruissellement dans un siècle pour empêcher cette marée acide de contaminer le bassin de l’Ellé ? Dans les documents de l’enquête publique, Imerys assure qu’après la remise en état, « les #eaux_pluviales ne seront plus susceptibles de s’acidifier ». Les montagnes de déchets seront « étanchéifiées » avec une couche de résidus miniers très fins puis quelques centimètres de terre. L’entreprise assurera un suivi du site pendant dix ans après la fin de l’activité.

    On sait pourtant que le #drainage_minier_acide est sans limite de temps, comme le rappelle l’association de géologues miniers SystExt. À #Chessy-les-Mines, dans le Rhône, un gisement riche en pyrite a été exploité depuis le Moyen Âge. La mine a fermé après un effondrement dans la galerie principale, survenu en 1877. Un rapport confidentiel du Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) publié en 2019, que Splann ! s’est procuré, décrit le traitement des eaux acides mis en place à #Chessy.

    L’État a constaté que ces eaux minières, quoique traitées « depuis 130 ans », étaient trop polluantes, si bien qu’il a dû y construire une toute nouvelle station de traitement en 2005. Le drainage minier acide de Chessy dure donc depuis 150 ans sans que, d’après le rapport, l’acidité ou les concentrations de métaux dans les eaux n’aient baissé au cours du temps.

    À Chessy, le problème se pose sur 20 hectares ; à Glomel, il se poserait sur 265 hectares. La création d’une nouvelle fosse et de nouveaux #stockages de déchets augmentent d’autant la quantité d’eaux acides dont auront à s’occuper les six ou sept générations à venir.

    Une extension contestée en #justice

    « Les pollutions minières du passé posent des problèmes insurmontables, et l’État, qui doit les gérer tant bien que mal, le sait très bien, estime Dominique Williams, membre d’Eau et rivières de Bretagne. Pourtant, il reproduit les mêmes erreurs à une échelle dix fois supérieure. Les services de la préfecture ont délivré cette autorisation sans prendre la mesure de l’ampleur de cette pollution. »

    La préfecture des Côtes-d’Armor et la direction régionale de l’environnement ont été alertées de la contamination aux métaux lourds que révèle l’enquête de Splann !, et des problèmes soulevés par l’étendue considérable du drainage minier acide après la fermeture du site. La Région Bretagne a elle aussi « soumis ces informations à l’État afin qu’il puisse répondre aux inquiétudes exprimées » tout en indiquant à Splann ! qu’elle prenait « au sérieux l’alerte émise » sur la pollution de la réserve naturelle régionale.

    Or, malgré nos sollicitations, l’État ne s’est pas exprimé. Quant au groupe Imerys, notre rédaction lui a donné la possibilité de revenir sur ses déclarations concernant l’absence de métaux lourds et d’impact sur les eaux : il n’a pas souhaité nous répondre. Mais l’extension de la mine est d’ores et déjà contestée devant la justice. Fin octobre, l’association Eau et rivières de Bretagne a déposé un recours contre l’ouverture de la nouvelle fosse au tribunal administratif de Rennes.

    https://basta.media/Revelations-contaminations-plus-grande-mine-ciel-ouvert-Glomel-Bretagne-Ime
    #France #extractivisme #mines

  • #Gaza : le #virus de la #polio détecté dans les eaux, Israël accusé d’utiliser l’#eau_comme_arme

    L’ONG Oxfam accuse #Israël d’utiliser l’eau comme une arme de guerre à Gaza, avec des coupures d’approvisionnement, du pompage et de la destruction des usines de retraitement. En conséquence, la polio menace désormais la population de l’enclave, le virus ayant été découvert vendredi 19 juillet dans des échantillons d’#eaux_usées par le ministère de la Santé local et l’Unicef. Une nouvelle inquiétante, car la maladie se propage très vite et représente un vrai danger pour les camps surpeuplés.

    Pour l’instant, aucun cas de poliomyélite n’a été détecté chez un humain, a déclaré l’Organisation mondiale de la Santé, le virus n’ayant « à l’heure actuelle été isolé que dans l’environnement ». Mais « cette découverte est extrêmement préoccupante", a souligné le porte-parole de l’agence onusienne Christian Lindmeier. Elle était « malheureusement attendue » étant donné la situation sanitaire dans la bande de Gaza soumise à des bombardements intensifs depuis neuf mois par les forces israéliennes.

    La poliomyélite est une maladie très contagieuse provoquée par un virus (le #poliovirus) qui envahit le système nerveux et qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles.

    Avec un taux de 89 %, la #couverture_vaccinale contre la poliomyélite était « optimale » avant le début de l’offensive israélienne, grâce à des campagnes de #vaccinations systématiques assurées par les agences onusiennes. Mais dix mois plus tard, la situation a radicalement changé. De dizaines de milliers d’#enfants de moins de cinq ans risquent de contracter la polio et d’autres pathologies, selon Christian Lindmeier.

    « La destruction du système de santé, le manque de sécurité, les obstacles pour accéder, les déplacements constants de population, la pénurie de fournitures médicales, la mauvaise qualité de l’eau et l’insuffisance de l’assainissement, énumère ce porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Tout cela fait baisser les taux de vaccination systématique et augmentent le risque de maladies évitables par la vaccination, y compris la polio. »

    D’après Oxfam, Israël a détruit 70 % de toutes les pompes à eaux usées de Gaza, ainsi que la totalité des usines de traitement. Cela dans une pratique intentionnelle, selon James Elder de l’Unicef, qui dénonce également « une volonté délibérée et constante des autorités qui ont le pouvoir légal et militaire d’empêcher l’acheminement de l’aide vitale à Gaza ».

    Aujourd’hui, seuls 16 des 36 hôpitaux de l’enclave palestinienne sont partiellement fonctionnels. Tout comme près de la moitié des centres de santé.

    https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20240720-gaza-le-virus-de-la-polio-d%C3%A9tect%C3%A9-dans-les-eaux-isra%C3%ABl-a
    #poliomyélite #eau #maladie #santé #Palestine

  • Baignades en Seine : un égoutier parisien dénonce les mensonges des organisateurs des JO

    A la veille de l’ouverture de l’Opéra des trois sauts, un professionnel de l’assainissement décrit l’état apocalyptique du réseau parisien : absence d’entretien, pannes, défauts structurels, dysfonctionnements innombrables. Un tableau qui pulvérise les mensonges extravagants complaisamment relayés depuis des années par des medias aux ordres. Vertigineux.

    « Suite à la séquence rafraîchissante de notre AOC (Amélie Oudéa-Castéra) barbotant sur les quais, la mairie de Paris se veut une fois de plus rassurante en donnant une nouvelle date de baignade. Or malgré les effets d’annonce, difficile de ne pas voir comme une redite du désastre de juillet 2023. Se pose aussi la question du fameux héritage laissé par les JO quant à la qualité de l’eau en Seine. »

    Lire la suite :
    https://blogs.mediapart.fr/damnarecloaca/blog/160724/la-baignade-en-seine-et-lheritage-laisse-par-les-jo-des-doutes-demeu

    • un état des lieux saisissant, extrait :

      On pourrait aussi être légèrement taquin et se dire que si le plan Paris Pluie avait prouvée une efficacité réelle, pourquoi les précipitations demeurent l’excuse principale de la mairie concernant la mauvaise qualité de la Seine ? Comme le soulignait un élu écologiste dans les lignes de Reporterre, au sujet du pharaonique projet du bassin Austerlitz :
      « Avec ces moyens, on aurait pu imaginer des mesures plus vertueuses, regrette Jean-Claude Oliva. Comme une politique ambitieuse d’infiltration des eaux de pluie dans les sols, en désimperméabilisant, en multipliant des toitures végétalisées... » (...)
      D’autant qu’il ne faut pas croire que le prix de ces installations est un gage de qualité. Pour rappel, les précédents ouvrages qui devaient rendre la Seine baignable une bonne fois pour toute ont rencontré quelques avaries. Le bassin de stockage Proudhon, en plus d’être visiblement construit trop haut, présente toujours des problèmes de curage et ce malgré une campagne de diagnostic : Amélioration de la chaîne de déchets du bassin Proudhon à PARIS 12ème . Coût de l’analyse : 280 000 euros, pour en venir au même constat effectué par les égoutiers. Quant au TIMA, lors de sa mise en service, l’aération avait été si bien étudiée qu’une explosion de méthane eut lieu dans un poste de commande. (...) Ouvrage dont l’ensablement a été sous estimé selon cette analyse, nécessitant de mettre l’ouvrage au chômage de longs mois pour entretien : Fonctionnement du réseau d’assainissement à l’échelle de Paris et sa petite couronne (piren-seine.fr) .
      À préciser que malgré ces précédents facheux, le service d’assainissement n’a pas juger utile de doter le bassin d’Austerlitz de dégrilleur, système permettant de récupérer les flottants de manière automatisée. Le curage et l’extraction des flottants s’effectueront donc manuellement par les puits d’accès dotés d’escalier hélicoïdaux et par un grappin, histoire de s’amuser comme à la fête foraine. On peut raisonnablement se dire que là encore, les périodes de chômage vont se révéler sous estimées.
      Comme le résume très bien cet article de l’association Coordination EAU Ile-de-France, ces travaux sont principalement motivés par la tenue des #JO :
      << Dans le plan de modernisation de l’assainissement de Paris des années 1980, qui avait fait dire à Chirac qu’il allait se baigner en Seine, et dont le dernier acte réalisé était la création du stockage Proudhon, il avait été décidé à la suite du constat que ce dernier ne fonctionnait pas, de ne plus faire de #bassin_de_stockage pour éviter les déversements d’orage. Du coup avaient été annulés les deux projets suivants : le stockage Bibliothèque qui devait être en face du stockage Proudhon, et le stockage Branly qui devait être sous le musée. C’est donc le SIAAP qui a fait le second stockage, le Tunnel Ivry Masséna Austerlitz qui est une reprise du stockage Bibliothèque, mais prolongé jusqu’à Ivry/Seine. Après l’échec du Tunnel Ivry Masséna Austerlitz, il y avait un consensus général chez les ingénieurs de l’assainissement sur le fait que ce type de bassin était très cher pour ne servir à rien. Mais tout cela a vite été oublié dans la fièvre des JOP2024 ! >>

      #Paris #Seine

    • Non, la Seine n’est toujours pas baignable (même si Anne Hidalgo y plonge)
      https://www.mediapart.fr/journal/france/170724/non-la-seine-n-est-toujours-pas-baignable-meme-si-anne-hidalgo-y-plonge

      Lorsque que l’on consulte la carte officielle des lieux de #baignade en France, aucun site de la Seine n’y figure à Paris – seuls sont répertoriés le canal Saint-Martin et le bassin de la Villette, dont l’eau vient du canal de l’Ourcq.
      Et pour cause : à l’intérieur de la capitale, le fleuve ne respecte pas les conditions pour y être répertorié. Première exigence : présenter une qualité suffisante sur quatre « saisons balnéaires », c’est-à-dire quatre ans. C’est ce que demande la directive européenne de 2006 sur les eaux de baignade.
      Deuxième condition : l’information du public sur les taux de pollution biologique mesurant les concentrations en bactéries fécales Escherichia coli et entérocoques intestinaux, désormais célèbres.

      les articles de Damnare cloaca, égoutier parisien, ne sont malheureusement ni cités ni utilisés

      #égouts #eaux_usées #eaux_de_baignade #eau #fleuve #expertise

    • « Nous avons beaucoup travaillé pour que la Seine soit propre » : Anne Hidalgo a tenu sa promesse de se baigner dans le fleuve à Paris, Sylvia Zappi [from LCR to nawak au carré]
      https://www.lemonde.fr/sport/article/2024/07/17/paris-2024-anne-hidalgo-s-est-baignee-dans-la-seine-a-quelques-jours-des-epr

      « C’est un jour joyeux. Nous l’avons fait !, s’est exclamée Anne Hidalgo devant une nuée de journalistes et de caméras. Nous avons beaucoup travaillé pour que la Seine soit propre et qu’on puisse s’y baigner. »

      Rappelant le montant des investissements consentis pour la dépollution du fleuve – 1,4 milliard d’euros –, l’élue socialiste a insisté sur l’héritage que laissera le plan Baignade, lancé avec l’aide de l’Etat. « S’il n’y avait pas eu les Jeux, qui ont été un accélérateur, on n’y serait pas parvenus. C’est un héritage majeur et un jour important pour les océans et la mer. C’est aussi une façon d’adapter la ville au changement climatique », a insisté l’ancienne candidate à l’élection présidentielle.

      #media #politique_évenementielle #aupaysdeslumièreséteintes

    • Eau de la Seine : les mauvais chiffres que les organisateurs des JO voulaient cacher
      https://www.mediapart.fr/journal/france/070824/eau-de-la-seine-les-mauvais-chiffres-que-les-organisateurs-des-jo-voulaien

      Mediapart a pu récupérer les résultats des prélèvements dans la Seine depuis l’ouverture des Jeux olympiques. Ces données, que nous publions en intégralité, montrent que la #qualité_de_l’eau n’était suffisante que deux jours sur dix.

      Contrairement au storytelling imposé par les organisateurs des Jeux olympiques (JO) et paralympiques (JOP), la qualité de la Seine est restée très largement insuffisante depuis le début de l’événement, d’après les résultats d’analyses officiels consultés par Mediapart. Ces données émanent des prélèvements effectués, chaque jour, par les équipes d’Eau de Paris, laboratoire rattaché à la mairie de Paris. Elles sont transmises au Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop), qui contrôle leur communication.

      Dans un souci de transparence s’agissant d’un sujet de santé publique majeur, Mediapart a décidé de publier en intégralité les résultats d’analyses que nous avons pu récupérer. Ils font apparaître que la qualité de la Seine n’était suffisante pour la baignade olympique que 20 % du temps depuis le lancement des JO, le 26 juillet. Ce taux descend même à 10 % si l’on applique aux résultats des prélèvements réalisés les critères exigés pour la baignade « grand public » , que les autorités souhaitent ouvrir à l’été 2025 en « héritage » des Jeux après avoir investi 1,4 milliard d’euros d’argent public dans ce projet.

      Dans le détail (lire la méthodologie en boîte noire), les résultats montrent en effet que sur une période de dix jours s’étalant du 27 juillet au 5 août, les niveaux de qualité des eaux fixés par la World Triathlon – Fédération internationale de triathlon – (seuils qui sont plus élevés que pour le grand public) n’ont été respectés que deux jours, les 30 et 31 juillet. Tout le reste du temps, les résultats ont dépassé les exigences de la fédération, qu’il s’agisse de contamination en Escherichia coli (E. coli) ou en entérocoques intestinaux, les deux bactéries testées quotidiennement sur quatre points de prélèvement.

      Ces résultats expliquent pourquoi tous les entraînements de triathlon ont été reportés, provoquant le mécontentement de certains athlètes (lire en encadré). Ces derniers ont nagé dans une eau trop polluée le 5 août lors de l’épreuve de relais mixte. Quelques jours plus tôt, mercredi 31 juillet, les niveaux étaient retombés sous les seuils exigés pour les épreuves individuelles femmes et hommes (après un premier report pour cause de pollution).
      Ces résultats s’expliquent par le mauvais état des réseaux d’assainissement en amont de Paris, plombé par de nombreux problèmes de raccordements (lire notre enquête), ainsi que des fuites non réparées dans les égouts de la capitale. Sans oublier les pollutions ponctuelles.

      S’y ajoutent des problèmes plus conjoncturels, liés à la météo très pluvieuse de cet été. Non seulement cette pluie a favorisé les déversements d’eau sale en Seine, mais elle a, en plus, gonflé le débit du fleuve, qui approche les 300 mètres cubes par seconde, presque le double de son niveau habituel. Résultat : les bactéries s’y déplacent plus vite et ont de ce fait moins de temps pour se dégrader sous l’effet des UV du Soleil et des organismes qui les ingèrent.
      Les analyses montrent enfin que, si les ouvrages réalisés ces dernières années (notamment la construction du grand bassin d’Austerlitz, mis en service en juin pour stocker une partie des eaux usées et pluviales lors des fortes précipitations) ont permis d’améliorer la qualité de la Seine, les efforts déployés demeurent à ce jour insuffisants pour permettre la baignade.

      Interrogée par Mediapart, la mairie de Paris ne nous a pas répondu sur les leçons qu’elle tire de ces résultats, alors même que la maire, Anne Hidalgo, tout comme la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, ont multiplié les interviews, ces derniers jours, pour affirmer que le pari de la baignade dans la Seine avait été « tenu ». « Nous avons réussi en quatre ans l’impossible depuis cent ans », s’est également félicité Emmanuel Macron, sur le réseau social X.

      Du côté du Cojop, le service presse conteste notre interprétation des résultats d’analyses sur un seul point : la journée du 5 août, jour du relais mixte de triathlon. À cette date-là, les équipes d’Eau de Paris ont mesuré 436 unités formant colonie (UFC) par 100 millilitres (ml) d’entérocoques sur l’un des quatre points de prélèvement, celui du port du Gros-Caillou. Or, nuance le Cojop, ce résultat « flirte avec la limite » (fixée à 400 UFC/100 ml par la fédération internationale) et « est situé en dehors du parcours du triathlon ». En réalité, il se trouve juste à côté.

      La mairie se défait de ses obligations de communication

      Si un compte rendu quotidien a été effectué par la fédération internationale auprès des représentants des équipes, la communication publique des données sur la qualité des eaux de la Seine n’aura jamais été aussi opaque que depuis le début des JO. Depuis le 24 juillet, la mairie de Paris a suspendu la parution de son « bulletin hebdomadaire » de mesures d’E. coli et d’entérocoques intestinaux sur son site , et un véritable verrouillage de l’information s’est mis en place.

      Désormais, tout passe par le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques. « Pendant la période des Jeux, seuls les organisateurs sont autorisés à communiquer sur les données des qualités de l’eau », explique la mairie de Paris. Elle reste pourtant, en droit, l’autorité publique responsable de la baignabilité du fleuve. Mais elle s’est défaite de ses obligations d’information du public au profit du comité, qui se retrouve donc avec une triple casquette : organisateur des JOP, détenteur exclusif des résultats des prélèvements dans la Seine, et diffuseur exclusif de ces informations. Aux fédérations sportives d’abord, aux médias ensuite, mais au compte-goutte – Mediapart ne compte plus le nombre de ses demandes auprès de Paris 2024 sur le sujet.
      « Il n’y a pas d’appropriation des résultats par les organisateurs », se défend la municipalité : « La ville leur réserve l’exclusivité dans la communication dans la mesure où ce sont les organisateurs qui prennent la décision finale d’autoriser ou non la tenue des épreuves. »

      Mais qui décide vraiment ? « C’est in fine l’organisateur qui décide lui-même le jour de la manifestation si les conditions sont réunies pour que celle-ci ait lieu, selon plusieurs critères dont celui de la qualité de l’eau, mais également les conditions météorologiques par exemple », explique la préfecture de la région Île-de-France.

      Pourtant, le 5 août, jour de l’épreuve maintenue de triathlon mixte dans la Seine, alors que la pollution en E. coli dépasse le seuil de référence, le Cojop se fend d’un communiqué expliquant que « la décision de tenir les épreuves est prise par la fédération internationale World Triathlon ». Sollicitée par Mediapart, celle-ci n’avait pas répondu au moment de publier cet article.

      Des athlètes très remontés contre Paris 2024

      Avant même la fin des JO, et malgré leur suivi médical sérieux, plusieurs athlètes étrangers ont sévèrement critiqué l’entêtement des autorités à vouloir organiser les épreuves dans la Seine. Dans Marca, l’Espagnole Anna Godoy a estimé que « la fédération internationale s’est un peu moquée [des triathlètes] ». Sa compatriote Miriam Casillas a considéré que les organisateurs « n’ont pas du tout pensé aux athlètes ». « Ils ont pensé davantage à l’image et à vendre le fait de pouvoir se baigner dans la Seine. Rien n’a été pensé pour la santé des athlètes », a pointé cette médecin de formation. L’absence de « plan B » a aussi été dénoncée par l’entraîneur de l’équipe masculine, toujours dans Marca.

      Du côté de la Belgique, qui n’a pas participé au relais mixte à cause d’une athlète tombée malade (sans lien avéré avec la pollution de la Seine), son comité olympique ainsi que sa fédération de triathlon ont publié un communiqué souhaitant que « les leçons [soient] tirées pour les prochaines compétitions de triathlon aux Jeux olympiques ». « Nous pensons ici à la garantie des jours d’entraînement, des jours de compétition et du format des compétitions qui doivent être clarifiés à l’avance et faire en sorte qu’il n’y ait pas d’incertitude pour les athlètes, l’entourage et les supporters », ont expliqué les deux instances. La triathlète Jolien Vermeylen avait aussi confié au Soir avoir « vu et senti des choses auxquelles on ne devrait pas trop penser ». Son coéquipier Marten Van Riel a lui aussi critiqué les changements de programme permanents : « Si la priorité était la santé des athlètes, cette compétition aurait été déplacée sur un autre site il y a bien longtemps. »
      Le 6 août, le comité renvoie à la fédération aquatique internationale, World Aquatics, la responsabilité du report d’une séance d’entraînement pour l’épreuve de nage libre dans la Seine le jour même, en raison des mauvais résultats de pollution. Quant au Cojop, il renvoie parfois vers la ville : « La baignabilité de la Seine, c’est surtout la ville de Paris car c’est eux qui réalisent les tests. » Bref, la chaîne des responsabilités n’est pas claire.
      À cette confusion des rôles, s’ajoute une opacité renforcée par le système municipal parisien. La capitale dispose d’une #régie_municipale_de_l’eau, #Eau_de_Paris, une décision emblématique de la gauche quand elle a pris les clefs de la ville en 2001, pour sortir sa gestion de l’emprise du privé.

      Cette extension du domaine public a pour corollaire l’imbrication des services et des expertises : Eau de Paris, qui fournit l’eau potable à Paris, est présidé par un maire adjoint, Dan Lert, chargé de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie. Élu écologiste dans le XIXe, c’est un allié et un membre de la majorité d’Anne Hidalgo.
      Quand la maire se baigne dans la Seine le 17 juillet, il plonge également et se fait photographier en combishort à côté de l’édile. Il tweete : « Aujourd’hui, nous nous sommes baignés dans la Seine avec Anne Hidalgo. C’est un rêve de gosse qui se réalise. » Quelques jours plus tard, on apprenait que la qualité des eaux était insuffisante pour se baigner ce jour-là.

      Ce sont pourtant bien les laboratoires d’Eau de Paris qui prélèvent et analysent l’eau de la Seine. Ils sont animés par des ingénieur·es et des scientifiques dont la compétence est reconnue et dont certain·es publient dans des revues internationales à comité de lecture. Mais depuis l’ouverture des JO, l’établissement n’ose répondre à aucune question sur l’état du fleuve, renvoyant directement vers son autorité politique de tutelle, la ville, qui « traite des sujets liés à la qualité d’eau de la Seine ».
      Les personnels ont reçu la consigne de ne pas répondre aux questions des journalistes. La centralisation de la communication par Paris 2024 invisibilise complètement leur travail, alors que, chaque nuit, des personnes se lèvent pour prélever l’eau à analyser. Un chercheur confie garder sa liberté de travail « car [ils] se bat[tent] pour la garder ».

      La plus grande discrétion est demandée

      Quant aux salarié·es du service d’assainissement de la ville, ils ont reçu un mail leur demandant « la plus grande discrétion » lorsqu’ils échangent « sur ces sujets », y compris « dans la sphère personnelle ». La demande de leur hiérarchie leur est parvenue à la suite de la publication au mois d’avril par l’ONG Surfrider de mesures qu’elle avait réalisées dans la Seine indiquant une eau trop sale pour être baignable.

      À cette période, il avait déjà été décidé de ne confier les prélèvements qu’au seul opérateur Eau de Paris, lequel garde ainsi la main sur le contrôle des données. Un choix tout sauf évident qui fut arbitré par la préfecture de région après l’annulation de la partie baignade pendant le « test event » à l’été 2023. Lors du retour d’expérience (« retex ») sur ce premier fiasco, les équipes du Siaap (syndicat intercommunal qui gère le traitement des eaux usées) avaient notamment proposé leurs services pour répartir les regards. Mais cette option fut écartée, et le dispositif fut même encore plus resserré qu’auparavant.
      Prestataire de la ville lors de ce « test event », le laboratoire privé Fluidion, qui dispose d’un contrat-cadre avec la municipalité, a ainsi été écarté des sous-traitants pour les Jeux, après avoir alerté sur les niveaux de pollution et pointé les limites des prélèvements effectués par Eau de Paris . « En 2023, nous avons prévenu sur la présence d’une quantité très importante et assez variable de bactéries présentes sur des particules fécales. Ils étaient au courant, et ils ont fait leur choix en conscience », déplore son président-directeur général, Dan Angelescu.
      Le fondateur de Fluidion, qui continue de travailler avec la mairie pour la zone de baignade du bassin de la Villette (où les enjeux de pollution sont bien moindres), regrette que, tandis que « les Jeux olympiques sont extraordinaires, peut-être les plus beaux de l’histoire », il y ait « dans les discours actuels sur la pollution de la Seine un peu trop de volonté politique et trop peu de science ». Tout en étant conscient de l’énorme pression générée par ce sujet : « Comment aurais-je réagi à la place des organisateurs des Jeux ? Je ne peux pas le dire, je conçois que c’est difficile de rester objectif dans ce contexte », estime le patron du laboratoire, qui publie ses propres résultats en « open source ».

      D’après plusieurs experts en pollution des eaux, le rôle des bactéries E. coli et entérocoques ne saurait être surestimé. En plus des problèmes de santé qu’elles peuvent provoquer (notamment au niveau intestinal), leur concentration représente aussi un marqueur quant à la présence dans l’eau d’autres agents pathogènes. Or, dans la Seine, on trouve de tout : des virus, des parasites, des bactéries.

      Lors d’un colloque sur la baignabilité de la Seine en juin, l’hydrologue Laurent Moulin, responsable du département R&D (recherche et développement) d’Eau de Paris, expliquait ainsi qu’il existe un risque de « réelles infections » dues à la présence de norovirus, d’origine humaine, qui sont la principale cause de gastroentérites aiguës. Ces derniers sont familiers des passagers des grands bateaux de croisière, des consommateurs d’huîtres ou encore des résident·es en Ehpad. Leur impact peut être beaucoup plus grave chez une personne âgée, ou chez des personnes dont le système immunitaire est affaibli. Or ils ne font pas l’objet aujourd’hui d’un suivi spécifique dans la Seine, où ils s’additionnent aux autres polluants d’origine chimique (résidus de pesticide, métaux lourds, etc.).

      « Pour les Jeux olympiques, ce n’est pas un problème. Les athlètes sont jeunes et en bonne santé, analyse un spécialiste ayant requis l’anonymat. Mais ensuite, qu’est-ce qui va se passer quand la baignade sera ouverte au grand public ? »

      Jade Lindgaard, Pascale Pascariello et Antton Rouget

      #Ville_de_Paris

  • A Lacq, l’injection d’eaux usées industrielles identifiée comme principale responsable des séismes | CNRS
    https://www.cnrs.fr/fr/presse/lacq-linjection-deaux-usees-industrielles-identifiee-comme-principale-responsab

    Chaque année de nombreux séismes sont détectés dans la région de Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques, sans que la cause exacte soit clairement identifiée. Une étude internationale menée par Jean Letort, enseignant-chercheur à l’université Toulouse III – Paul Sabatier au sein de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP/OMP – CNES/CNRS/UT3), vient confirmer une hypothèse récente. Les injections d’eaux usées industrielles sont à l’origine de la sismicité de la région. Les résultats ont été publiés le 23 mai dans Geophysical Journal International.

  • Pour l’#agriculture_palestinienne, ce qui se passe depuis le 7 octobre est « un #désastre »

    À #Gaza sous les bombes comme en #Cisjordanie occupée, l’#eau est devenue un enjeu crucial, et le conflit met en évidence une #injustice majeure dans l’accès à cette ressource vitale. Entretien avec l’hydrologue Julie Trottier, chercheuse au CNRS.

    Des cultures gâchées, une population gazaouie sans eau potable… Et en toile de fond de la guerre à Gaza, une extrême dépendance des territoires palestiniens à l’eau fournie par #Israël. L’inégal accès à la ressource hydrique au Proche-Orient est aussi une histoire d’emprise sur les #ressources_naturelles.

    Entretien avec l’hydrologue Julie Trottier, chercheuse au CNRS, qui a fait sa thèse sur les enjeux politiques de l’eau dans les territoires palestiniens et a contribué à l’initiative de Genève, plan de paix alternatif pour le conflit israélo-palestinien signé en 2003, pour laquelle elle avait fait, avec son collègue David Brooks, une proposition de gestion de l’eau entre Israéliens et Palestiniens.

    Mediapart : L’#accès_à_l’eau est-il un enjeu dans le conflit qui oppose Israël au Hamas depuis le 7 octobre ?

    Julie Trottier : Oui, l’accès à l’eau est complètement entravé à Gaza aujourd’hui. En Cisjordanie, la problématique est différente, mais le secteur agricole y est important et se trouve mal en point.

    Il faut savoir que l’eau utilisée en Israël vient principalement du #dessalement d’eau de mer. C’est la société israélienne #Mekorot qui l’achemine, et elle alimente en principe la bande de Gaza en #eau_potable à travers trois points d’accès. Mais depuis le 7 octobre, deux d’entre eux ont été fermés, il n’y a plus qu’un point de livraison, au sud de la frontière est, à #Bani_Suhaila.

    Cependant, 90 % de l’eau consommée à Gaza était prélevée dans des #puits. Il y a des milliers de puits à Gaza, c’est une #eau_souterraine saumâtre et polluée, car elle est contaminée côté est par les composés chimiques issus des produits utilisés en agriculture, et infiltrée côté ouest par l’eau de mer.

    Comme l’#électricité a été coupée, cette eau ne peut plus être pompée ni désalinisée. En coupant l’électricité, Israël a supprimé l’accès à l’eau à une population civile. C’est d’une #violence extrême. On empêche 2,3 millions de personnes de boire et de cuisiner normalement, et de se laver.

    Les #stations_d’épuration ne fonctionnent plus non plus, et les #eaux_usées non traitées se répandent ; le risque d’épidémie est considérable.

    On parle moins de l’accès aux ressources vitales en Cisjordanie… Pourtant la situation s’aggrave également dans ces territoires.

    En effet. Le conflit a éclaté peu avant la saison de cueillette des #olives en Cisjordanie. Pour des raisons de sécurité, craignant de supposés mouvements de terroristes, de nombreux colons ont empêché des agriculteurs palestiniens d’aller récolter leurs fruits.

    La majorité des villages palestiniens se trouvent non loin d’une colonie. En raison des blocages sur les routes, les temps de trajet sont devenus extrêmement longs. Mais si l’on ne circule plus c’est aussi parce que la #peur domine. Des colons sont équipés de fusils automatiques, des témoignages ont fait état de menaces et de destruction d’arbres, de pillages de récoltes.

    Résultat : aujourd’hui, de nombreux agriculteurs palestiniens n’ont plus accès à leurs terres. Pour eux, c’est un désastre. Quand on ne peut pas aller sur sa terre, on ne peut plus récolter, on ne peut pas non plus faire fonctionner son système d’#irrigation.

    L’accès à l’eau n’est malheureusement pas un problème nouveau pour la Palestine.

    C’est vrai. En Cisjordanie, où l’eau utilisée en agriculture vient principalement des sources et des puits, des #colonies ont confisqué de nombreux accès depuis des années. Pour comprendre, il faut revenir un peu en arrière...

    Avant la création d’Israël, sur ces terres, l’accès à chaque source, à chaque puits, reposait sur des règles héritées de l’histoire locale et du droit musulman. Il y avait des « #tours_d’eau » : on distribuait l’abondance en temps d’abondance, la pénurie en temps de pénurie, chaque famille avait un moment dans la journée pendant lequel elle pouvait se servir. Il y avait certes des inégalités, la famille descendant de celui qui avait aménagé le premier conduit d’eau avait en général plus de droits, mais ce système avait localement sa légitimité.

    À l’issue de la guerre de 1948-1949, plus de 700 000 Palestiniens ont été expulsés de leurs terres. Celles et ceux qui sont arrivés à ce qui correspond aujourd’hui à la Cisjordanie n’avaient plus que le « #droit_de_la_soif » : ils pouvaient se servir en cruches d’eau, mais pas pour irriguer les champs. Les #droits_d’irrigation appartenaient aux familles palestiniennes qui étaient déjà là, et ce fut accepté comme tel. Plus tard, les autorités jordaniennes ont progressivement enregistré les différents droits d’accès à l’eau. Mais ce ne sera fait que pour la partie nord de la Cisjordanie.

    À l’intérieur du nouvel État d’#Israël, en revanche, la population palestinienne partie, c’est l’État qui s’est mis à gérer l’ensemble de l’eau sur le territoire. Dans les années 1950 et 1960, il aménage la dérivation du #lac_de_Tibériade, ce qui contribuera à l’#assèchement de la #mer_Morte.

    En 1967, après la guerre des Six Jours, l’État hébreu impose que tout nouveau forage de puits en Cisjordanie soit soumis à un permis accordé par l’administration israélienne. Les permis seront dès lors attribués au compte-gouttes.

    Après la première Intifida, en 1987, les difficultés augmentent. Comme cela devient de plus en plus difficile pour la population palestinienne d’aller travailler en Israël, de nombreux travailleurs reviennent vers l’activité agricole, et les quotas associés aux puits ne correspondent plus à la demande.

    Par la suite, les #accords_d’Oslo, en 1995, découpent la Cisjordanie, qui est un massif montagneux, en trois zones de ruissellement selon un partage quantitatif correspondant aux quantités prélevées en 1992 – lesquelles n’ont plus rien à voir avec aujourd’hui. La répartition est faite comme si l’eau ne coulait pas, comme si cette ressource était un simple gâteau à découper. 80 % des eaux souterraines sont alors attribuées aux Israéliens, et seulement 20 % aux Palestiniens.

    L’accaparement des ressources s’est donc exacerbé à la faveur de la #colonisation. Au-delà de l’injustice causée aux populations paysannes, l’impact du changement climatique au Proche-Orient ne devrait-il pas imposer de fonctionner autrement, d’aller vers un meilleur partage de l’eau ?

    Si, tout à fait. Avec le #changement_climatique, on va droit dans le mur dans cette région du monde où la pluviométrie va probablement continuer à baisser dans les prochaines années.

    C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Israël a lancé le dessalement de l’eau de mer. Six stations de dessalement ont été construites. C’est le choix du #techno-solutionnisme, une perspective coûteuse en énergie. L’État hébreu a même créé une surcapacité de dessalement pour accompagner une politique démographique nataliste. Et pour rentabiliser, il cherche à vendre cette eau aux Palestiniens. De fait, l’Autorité palestinienne achète chaque année 59 % de l’eau distribuée par Mekorot. Elle a refusé toutefois une proposition d’exploitation d’une de ces usines de dessalement.

    Il faut le souligner : il y a dans les territoires palestiniens une #dépendance complète à l’égard d’Israël pour la ressource en eau.

    Quant à l’irrigation au goutte à goutte, telle qu’elle est pratiquée dans l’agriculture palestinienne, ce n’est pas non plus une solution d’avenir. Cela achemine toute l’eau vers les plantes cultivées, et transforme de ce fait le reste du sol en désert, alors qu’il faudrait un maximum de biodiversité sous nos pieds pour mieux entretenir la terre. Le secteur agricole est extrêmement consommateur d’eau : 70 à 80 % des #ressources_hydriques palestiniennes sont utilisées pour l’agriculture.

    Tout cela ne date pas du 7 octobre. Mais les événements font qu’on va vers le contraire de ce que l’on devrait faire pour préserver les écosystèmes et l’accès aux ressources. L’offensive à Gaza, outre qu’elle empêche l’accès aux #terres_agricoles le long du mur, va laisser des traces de #pollution très graves dans le sol… En plus de la tragédie humaine, il y a là une #catastrophe_environnementale.

    Cependant, c’est précisément la question de l’eau qui pourrait avoir un effet boomerang sur le pouvoir israélien et pousser à une sortie du conflit. Le reversement actuel des eaux usées, non traitées, dans la mer, va avoir un impact direct sur les plages israéliennes, car le courant marin va vers le nord. Cela ne pourra pas durer bien longtemps.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/040124/pour-l-agriculture-palestinienne-ce-qui-se-passe-depuis-le-7-octobre-est-u

    #agriculture #Palestine

    • Cependant, c’est précisément la question de l’eau qui pourrait avoir un effet boomerang sur le pouvoir israélien et pousser à une sortie du conflit. Le reversement actuel des eaux usées, non traitées, dans la mer, va avoir un impact direct sur les plages israéliennes, car le courant marin va vers le nord. Cela ne pourra pas durer bien longtemps.

  • Covid-19 : la surveillance des eaux usées intégrée aux indicateurs épidémiques
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/10/05/covid-19-la-surveillance-des-eaux-usees-integree-aux-indicateurs-epidemiques

    Dans la boîte à outils de SPF pour la surveillance du virus, Sum’Eau va rejoindre trois autres indicateurs employés de longue date : les passages aux urgences et les hospitalisations rapportés par le réseau Oscour, les signalements émanant des associations SOS médecins, et le réseau Sentinelles qui fait remonter les cas signalés par des médecins libéraux.
    Dès le début de la pandémie, des chercheurs ont exploré la possibilité de suivre la circulation du SARS-CoV-2 à partir de la présence du virus dans les selles humaines et donc dans les eaux usées. La France a fait partie des pays pionniers en la matière, avec le réseau de chercheurs Obépine qui a publié des données entre l’été 2020 et le printemps 2022, issues de 200 stations d’épuration représentant 40 % des Français. Des membres d’Obépine ont d’ailleurs participé à la conception de Sum’Eau.

    Le système de surveillance repose à ce stade sur les prélèvements réalisés dans douze stations d’épuration en France métropolitaine, soit une par région à l’exception de la Corse, « sélectionnées sur des critères de population et de représentativité territoriale », selon SPF. A plus long terme, « nous avons identifié une centaine de stations qui seraient intéressantes à suivre », précise Damien Mouly, le coordinateur national de Sum’Eau.
    Les prélèvements hebdomadaires sont transmis au laboratoire d’hydrologie de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) à Nancy. SPF précise que des « travaux exploratoires » sont en cours pour évaluer la possibilité de séquencer les virus trouvés dans les eaux usées de manière à y distinguer les différents variants en circulation, avec de « premiers résultats concluants ».

    « Système multi-sources »

    Les trois indicateurs publiés jusqu’à présent par SPF sont liés à l’examen clinique. De fait, ils ne peuvent rien dire des personnes asymptomatiques ou de celles qui pensent avoir contracté le Covid mais ne se font pas tester. Ce public, en revanche, est capté par l’analyse des eaux usées. En termes plus triviaux : si toutes les personnes infectées ne sont pas systématiquement dépistées, toutes, en revanche, passent régulièrement aux toilettes. « Cette indépendance par rapport aux comportements de dépistage ou à l’accès au soin est très intéressante », selon Caroline Semaille, la directrice générale de SPF.

    L’analyse des eaux usées ne peut cependant donner aucune information sur l’âge ou le sexe des personnes contaminées, et ne renseigne pas davantage sur la forme sévère ou non de la maladie. Il n’est donc aucunement question qu’elle remplace les autres indicateurs, selon Bruno Coignard, directeur de la division des maladies infectieuses de SPF, qui souligne les vertus du « système multi-sources » actuel « qui permet d’explorer les différentes caractéristiques d’une épidémie ».
    Vincent Maréchal, professeur de virologie à la Sorbonne et l’un des principaux artisans d’Obépine, se félicite de l’annonce de SPF, tout en appelant à ne pas trop demander à l’approche qu’il a popularisée. Selon lui, en l’état actuel des connaissances, un volume connu de virus dans les eaux usées ne permet pas de se faire une idée du nombre de personnes contaminées, car on ne sait pas quelle quantité de virus est excrétée par chaque malade en fonction de l’âge, du variant contracté, du statut vaccinal… « En trois ans, nous avons essayé de monter sur le sujet cinq études au moins avec des cliniciens, et des projets de collaboration », rappelle M. Maréchal, sans résultat probant à ce stade. Le chercheur souligne toutefois l’intérêt des #eaux_usées pour la surveillance des tendances de l’épidémie, à un coût beaucoup plus faible que le dépistage en population réelle.

    #Covid-19

  • Dominique Costagliola : « Avec le #Covid, on a vu ce qui arrive quand on fait du court-termisme » – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/sante/dominique-costagliola-avec-le-covid-on-a-vu-ce-qui-arrive-quand-on-fait-d
    https://www.liberation.fr/resizer/URlX7q9KWYkAnAPws-tpifIoqfk=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/AL7R2UFQ5ZFYBA26LZH6QE7EKY.jpg

    Que penser de tous ces médecins qui, en janvier 2022, ont accompagné le narratif gouvernemental en expliquant qu’omicron était bénin et qu’il était illusoire de freiner sa diffusion ? Qu’une fois tous contaminés, nous serions immunisés...

    On sait ce que ça a donné : 29 millions de contaminations en 2022, dont certaines personnes réinfectées plusieurs fois. Je ne sais pas comment ces gens font pour changer d’avis et suivre les éléments de langage qu’on leur refile. Moi je n’ai jamais changé d’avis sur ce virus, et sur les mesures pour le combattre. Mais certains, pour se justifier d’avoir laissé tomber toute prudence, rétorquent : « Mais le masque, la surveillance, on n’allait tout de même pas faire ça indéfiniment . » Je leur réponds : « Quand le sida est arrivé, on a recommandé le préservatif. On n’a pas baissé les bras au bout de deux ans en prétextant que c’était chiant et que le public en avait marre. » Et cette antienne sur la lassitude du public est bien commode. On refuse des actions collectives, on en appelle à la responsabilité individuelle sans donner aux gens des outils de décodage et des moyens de se protéger. Je ne suis pas du tout, contrairement à ce que me reprochent certains, partisan de l’obligation. Pas du tout. Mais quand je prends le train, quand je vais au cinéma, je choisis de mettre un masque. Je prends une décision personnelle, certes, mais en fonction d’éléments qu’on devrait fournir à tout le monde. Or, ne pas les fournir permet de ne rien faire, ni test ni surveillance, ni même de tenir ses promesses comme celle du candidat Macron d’investir massivement sur la qualité de l’air dans les écoles, les hôpitaux et les Ehpad. Alors, certes, ça coûte de l’argent, mais comme le stock de masques coûtait de l’argent. Et on a vu ce qui arrive quand on fait du court-termisme en se disant : le futur, on s’en fout. Il n’y a dans ce pays aucun raisonnement coût efficacité sur le long terme.

    • Quelles seraient ces mesures ?

      Ces mesures de fond sont connues, et pas particulièrement coûteuses : c’est la surveillance des #eaux_usées (qui peut aussi servir pour suivre la circulation d’autres virus, la grippe, le virus respiratoire syncitial (responsable des bronchiolites), la polio…), le #testing sur des échantillons de population, plus onéreux et plus complexe à organiser, l’utilisation des masques en lieu clos, et bien sûr la #ventilation. Si on n’avait pas depuis le départ assimilé le masque au confinement, ce serait un outil utilisable en informant la population de ce qui se passe et en laissant les gens s’autodéterminer. Mais à aucun moment en France on a songé à associer les gens aux prises de décisions, et on ne leur fournit pas d’indication fiable de l’évolution de la situation, en se contentant d’endormir leur vigilance puis de sonner le tocsin. C’est de la #désinformation notoire, comme à chaque fois qu’on parle de virus de l’hiver en y incluant le Covid, qui multiplie les vagues tout au long de l’année.

      #covid #masques #vaccin

    • cette désinformation notoire est elle répréhensible ? ils ne comprennent que la voix juridique, si j’ai bien suivi, et encore ; pourquoi personne n’attaque le ministre de la santé, le gouv ou les ARS pour désinformation notoire et mise en danger de la vie des truies ?

    • Suivant les derniers articles partagés :
      1) est-ce utile de faire la 4ème dose maintenant ou faut attendre d’autres vaccins plus précis pour les derniers variants (on a lu que valait mieux avoir un rappel pas totalement au point que pas de rappel du tout) ?
      2) la campagne est ciblée toujours pour les soi-disant « personnes à risque », mais est-ce que c’est que la com ou aussi l’accès réel ? si parce qu’on est informé on veut de nous-mêmes faire le vaccin alors qu’on est pas vieux etc, est-ce qu’on a le droit, et si oui comment exactement ?

    • j’attendais le vaccin multivariant annoncé, puis, au vu du déclin dans le temps de l’effet vaccinal, j’ai renoncé et fini par faire une 5eme dose au printemps dernier.
      sans comprendre le détail de l’actuelle non organisation de la vaccination, dire fréquenter des personnes à risques suffisait par le passé pour avoir accès au vaccin, sans doute en est-il encore de même.

    • @rastapopoulos En gros, si tu es actuellement dans les temps pour une nouvelle dose (6 mois depuis la dernière), ça peut valoir le coup d’attendre 15 jours à un mois de plus… si tu as la possibilité de n’être pas surexposé à la grosse vague en cours. Genre, si tu as des gosses en bout de course niveau protection vaccinale qui sont scolarisés, c’est possiblement les 15 jours de trop qui t’attendent.
      Donc, en l’absence de politique de santé publique, tu dois évaluer tout seul ton risque au doigt mouillé et prendre une décision en espérant que le manque de données ne va pas te planter.

      Si tu es à la ramasse de plusieurs mois, on ne sait pas trop de quelle manière décline la protection immunitaire profonde, celle qui fait que tu es protégé d’une forme grave. On sait que ça tient bien au moins 6 mois et que selon les individus, ben ils vont mettre plus ou moins de temps ensuite pour se retrouver à poil devant une nouvelle infection, mais quand, comment, selon quels critères, on n’en sait rien.

      En résumé, le vaccin actuel protège surtout des formes graves. Dans les premiers mois, il diminue les risques d’être covidé, mais tu restes contaminable et transmetteur.
      L’autre problème, c’est que les vaccins ont plusieurs longueurs de retard à présent sur les mutations qui sont en mode « fête du slip » tellement on fait rien pour limiter les infections. Donc, même avec une dose récente de vaccin, on ne sait plus à quel point ça protège. Donc, attendre quelques dizaines de jours de plus pour une version un peu moins en retard n’est pas complètement déconnant… sauf si tu es surexposé au risque de contagion… surtout en ce moment où malgré l’absence volontaire de données, on a pas mal d’éléments qui laissent penser qu’on est sur la pente raide d’une très grosse vague.

      Donc, pas de réponse tranchée dans un contexte bien merdique.

      Pour ce qui est de la politique vaccinale désastreuse, il est écrit en petit en bas des reco de #SPF qu’en dehors des catégories de personnes énoncées au-dessus, toute personne qui en fera la demande pourra recevoir une dose de vaccin pourvu que la précédente date de 6 mois ou plus.

      Donc, personne ne peut te refuser. S’ils le font, c’est que ce sont soit des charlots malintentionnés adorateurs du druide des calanques, soit des charlots abrutis pas capables de lire une reco jusqu’en bas de la page.

      Tu vois si tu prends la peine de leur expliquer ou si tu as une autre meilleure option. Ou si tu les balances à l’ARS.

      Pour les gosses, c’est le vide abyssal. Déjà, pour les moins de 12 ans, faut trouver des doses pédiatriques. Je n’ai pas trouvé d’infos sur la manière de localiser les quelques points où elles sont proposées.

      Voilà.
      Bonne chasse !

    • Ouais nous on a eu un deuxième covid (arg) en juillet dans les grottes, donc va falloir attendre début d’année prochaine… Par contre le fils qui a 16 ans et a eu droit qu’à deux doses, il rentre pas dans les critères, vu que là je lis partout que la com est pour les personnes à risque mais que toute personne de plus de 18 ans peut en faire la demande… mais pour 16 ans on sait pas quoi faire, alors que rentrée scolaire.

    • Qui est éligible ?
      https://www.iledefrance.ars.sante.fr/vaccination-covid-19-en-ile-de-france-0

      La Haute Autorité de Santé (HAS) préconise qu’une dose de rappel additionnelle avec les vaccins bivalents actuellement disponibles puisse être administrée aux personnes les plus vulnérables :

      – Les résidents d’EHPAD et USLD quel que soit leur âge ;
      – Les personnes de 60 ans et plus ;
      – Les personnes immunodéprimées quel que soit leur âge ;
      – Les personnes souffrant d’une ou plusieurs comorbidités ;
      – Les femmes enceintes, dès le premier trimestre de grossesse

      La vaccination de toutes les personnes vivant dans l’entourage ou en contact régulier avec ces personnes est également recommandée.

      ce qui est déclaratif.

  • Macron : Le grand « plan eau » qui fait flop

    Face à une sécheresse historique et à la pénurie qui s’annonce pire que celle de l’été dernier, avec des nappes phréatiques très en dessous de leur niveau habituel, Emmanuel Macron sort son « plan eau » : 50 mesures censées prendre le problème à bras le corps, présentées la semaine dernière dans les Alpes. Blast a suivi pendant des semaines sa préparation sous... influence. Enquête et décryptage sur un catalogue de mesures ineffectives dicté par les lobbies.

    Ménager l’attente... Dans le domaine du teasing et des effets d’annonce, Emmanuel Macron est passé maître. Annoncé depuis des semaines et retardé à plusieurs reprises, d’abord prévu début 2023 à l’occasion des « Carrefours de l’eau » organisés chaque année à Rennes, le plan sécheresse du gouvernement avait été remis à plus tard à la demande de l’Elysée. On l’attendait encore le 22 mars dernier lors de la journée mondiale de l’eau, qui offrait une fenêtre de tir idéale. Crise politique oblige, l’affaire avait dû être encore décalée. Et finalement le voilà, présenté jeudi dernier par le chef de l’Etat sur les rives du lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes).

    En août 2022, la France a chaud. Le soleil (de plomb) cogne, les Français suent et les terres s’assèchent - un phénomène inquiétant, sans revenir jusqu’au cauchemar des incendies dans les Landes. En pleine canicule, les alertes remontées par les élus et les préfets se multipliant, Elisabeth Borne annonce la mise sur orbite d’une « planification écologique » plaçant l’eau au cœur de ses priorités. On sait aujourd’hui que près de 700 villages ou petites villes ont souffert de pénuries d’eau potable, chiffre qui à l’époque avait été minoré. Pendant plusieurs semaines, certaines populations avaient dû être alimentées par des citernes ou de l’eau en bouteille livrée par packs.

    Diagnostics clairement tracés

    Le coup de chaud de l’été 2022 passé, le chantier est lancé opérationnellement le 29 septembre par Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, et sa secrétaire d’Etat Bérangère Couillard, avec une phase de consultation. Début janvier 2023, les contributions de ces groupes de travail, comme celles des comités de bassin (des instances de concertation à l’échelle locale rassemblant opérateurs, Etat, collectivités, ONG, industriels, agriculteurs et consommateurs), sont présentées à la secrétaire d’Etat dans le cadre du Comité national de l’eau (un organe consultatif placé sous l’autorité du ministère de la Transition).

    De ces travaux et de leurs conclusions remises à Bérangère Couillard se dégagent « des diagnostics clairs et des propositions de solutions », « notamment autour de la REUT (réutilisation des eaux usées traitées) et du développement de la télérelève », se félicite la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E) dans sa lettre publiée en mars dernier.

    La FP2E fédère 6 entreprises membres dont les multinationales Veolia, Suez et Saur. Ce lobby influent a participé activement à cinq des groupes de travail - sur la gestion des sécheresses, sur les usagers, la sobriété, le grand cycle de l’eau et les pollutions diffuses. L’occasion de pousser ses intérêts. A la sortie de la consultation, la FP2E pointe aussi « les blocages à lever », « relatifs notamment au financement, à la complexité des démarches administratives ou encore à la durée des autorisations ». Des freins « décourageants pour les porteurs de projet », note-t-elle.

    En réalité, cet investissement vient de loin. La FP2E, et avec elle les géants privés de l’eau, pousse ses pions depuis des mois : avant la présidentielle de 2022, ce syndical patronal avait présenté aux candidats son « programme ». Dès lors, tout était dit et la « feuille de route » tracée. Elle n’a pas changé depuis.
    Un gouvernement bien irrigué

    En France, la dernière grande loi sur l’eau date de 2006. Depuis, les effets du changement climatique sur le cycle hydrologique se font sentir, beaucoup plus puissamment et rapidement qu’on ne le pensait il y a encore quelques années. Résultat, l’édifice institutionnel de la gestion de l’eau à la française, qui a vu le jour à l’orée des années soixante, craque de toute part. Pourtant, personne ne veut ouvrir la boîte de Pandore que représenterait nécessairement l’élaboration d’une nouvelle loi. Celle-ci imposerait en effet de mettre au premier rang des discussions la question explosive de l’évolution du modèle agricole productiviste. Un sujet très actuel, le récent week-end de guerre civile dans un champ des Deux-Sèvres en étant une sidérante démonstration, autour de la question des méga-bassines. Et surtout un casus belli pour la FNSEA, très en cour à l’Elysée.

    Le plan présenté en grande pompe par Emmanuel Macron au lendemain de la pénible et interminable séquence sur les retraites a été bien irrigué. Pour parvenir aux 53 mesures qu’il exhibe, on a exhumé tout ce qui trainait au fond des placards depuis des lustres, afin de susciter un effet « waouh ». Ce catalogue ne fera pas illusion bien longtemps, comme on s’en apercevra rapidement, dès cet été. Il est le produit d’un véritable opéra-bouffe qui a vu tous les lobbies intéressés s’atteler dans l’urgence à la rédaction de rapports, de contributions et de propositions dont le contenu laisse dubitatif. Ils s’y sont mis, tous sans exception.

    Cet activisme n’est pas nouveau. C’est même un grand classique qui a débouché jusqu’à présent sur une série de grand-messes pour rien – des Assises en 2018-2019 au Varenne de l’eau du ministère de l’Agriculture en 2021-2022 (qui déroulait le tapis rouge à la FNSEA), avant que l’Académie des technologies ne s’y colle à son tour fin 2022. Une litanie sans rien changer qu’Emmanuel Macron n’a pourtant pas manqué de rappeler la semaine dernière, les énumérant pour s’en féliciter : « dès le mois de septembre, on a tiré les leçons, lancé les travaux, le ministre l’a rappelé, s’appuyant sur ce qui avait été fait dès il y a cinq ans ».
    Un plan « Copytop »

    Pour permettre au président de la République de sortir sa tête de l’eau et marcher sur le lac de Serre-Ponçon, une véritable usine à gaz s’est mise en branle à un train d’enfer. Depuis l’automne dernier, les contributions se sont ainsi empilées les unes sur les autres : mission d’information de la commission des affaires économiques du Sénat, copieux rapport du groupe prospective de la Chambre haute, propositions de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), du Comité national de l’eau - un organisme baroque, repaire de tous les lobbies, placé sous l’autorité du ministère chargé de la Transition écologique – ou encore, dernières en date, celles d’une autre commission sénatoriale. Sans oublier les 48 propositions du Comité de bassin Seine-Normandie le 3 février, avant l’audition organisée le 15 du même mois par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat (encore) !

    Au final, cette bataille d’experts s’est dénouée dans des réunions interministérielles (les « RIM ») opposant classiquement l’écologie, l’agriculture, Bercy, la DGCL du ministère de l’Intérieur, le tout sous la férule de Matignon - dont l’occupante connaît le sujet. « Béchu et Couillard n’y connaissent rien, c’est Borne qui pilote tout depuis le début », confirme une source proche du dossier.

    L’analyse de cette production frénétique de nos collèges d’experts, qui se sont copiés sans vergogne sous l’air du « y’a qu’à-faut qu’on », est édifiante. S’ouvre alors sous nos yeux l’étendue affolante de tout ce qui aurait dû être fait, ne l’a pas été et reste donc à faire - avec les remises en cause drastiques que cela implique.

    Depuis une quinzaine d’années, tous les organismes de recherche impliqués dans la question de l’eau, comme les inspections des administrations centrales, ont publié des centaines de rapports parfaitement informés, qui détaillent par le menu la montée des périls comme les mesures qui devraient être prises pour y faire face. En pure perte. Rien ne change, business as usual.

    Pollutions multiformes, pesticides, irrigation à outrance, imperméabilisation des sols, inondations, sécheresses, recul du trait de côte, chute dramatique de la biodiversité... La réalité est un cauchemar. Et l’élaboration aux forceps de ce nouveau « plan eau » illustre une nouvelle fois, jusqu’à la caricature, la « méthodologie » qui voit rituellement la montagne accoucher d’une souris.

    Que s’est-il passé, au juste ? Ce qui se passe en réalité depuis des lustres. L’affaire se joue en deux temps : l’état des lieux d’abord, puis les propositions. L’état des lieux, la phase 1, s’alimente des centaines de rapports disponibles. Rédigés par des fonctionnaires (IGEDD, CGEEAR, IGF, IGA…) ou par des collaborateurs du Parlement, très généralement compétents, ils renvoient les décisions à prendre au politique. C’est à cette étape, celle des propositions, que les choses se grippent. Pour s’en convaincre, il suffit de confronter pour chacun des rapports, et d’un rapport l’autre, l’état des lieux initial aux « propositions » d’actions élaborées. Le constat est accablant : l’intervention du politique neutralise tout espoir d’améliorer quoi que ce soit.

    Le sénateur et l’éléphant

    Sur le constat tout le monde s’accorde, globalement. A quelques nuances près : la France demeure un pays bien doté, avec des précipitations suffisantes pour répondre à de multiples usages - 32 à 35 milliards de m3 sont prélevés chaque année pour le refroidissement des centrales nucléaires, l’eau potable, l’agriculture, l’alimentation des canaux, l’industrie, etc. Mais les impacts du changement climatique sur le cycle de l’eau se font déjà sentir, y compris dans les bassins plus septentrionaux, provoquant l’eutrophisation des cours d’eau, l’évaporation à un rythme plus rapide et la diminution des pluies en été.

    Et puis, il y a « l’éléphant dans la pièce », selon l’expression du sénateur Renaissance Alain Richard... Co-rapporteur d’un rapport avec Christophe Jarretie (député Modem de Corrèze jusqu’en juin 2022), Alain Richard désigne ici la mobilisation de la ressource pour les besoins agricoles, qui explosent l’été quand il n’y a plus d’eau… D’où les conflits sur l’irrigation et les bassines, qui ont dépassé la côte d’alerte.

    Se prononçant en faveur de la multiplication des retenues, ce même rapport souligne pourtant « une autre limite aux stratégies d’économies d’eau pour l’irrigation agricole » : elle « réside dans la manière dont la marge de manœuvre permise par les économies se trouve redéployée. En améliorant le système d’irrigation, on peut mobiliser davantage d’eau pour les plantes à prélèvement égal. La tentation peut être alors de ne pas réduire les prélèvements mais d’augmenter la surface irriguée. Ce risque est d’autant plus fort qu’avec l’élévation des températures et la modification du régime des précipitations certaines cultures historiquement non irriguées qui n’avaient besoin que de l’eau de pluie, comme la vigne dans le Sud-Ouest, ne doivent désormais leur survie qu’à l’installation de dispositifs d’irrigation. »

    Le 5 février dernier, on a appris que la région Occitanie et six départements du Sud-ouest (Haute-Garonne, Gers, Hautes-Pyrénées, Tarn-et-Garonne, Lot et Landes) venaient de recapitaliser à hauteur de 24 millions d’euros la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (CACG). Spécialisée dans les barrages et les bassines, cette société d’aménagement régional était en quasi faillite. L’an dernier, sa gestion désastreuse a été sévèrement étrillée par la chambre régionale des comptes. Objectif de cette opération de sauvetage de la CACG ? « S’armer face au manque d’eau », notamment en « augmentant la capacité des réserves existantes »…
    Les diktats de la FNSEA

    Dans les débats autour de la crise de l’eau, on parle aussi beaucoup des « solutions fondées sur la nature ». Ça fait écolo à tout crin. « Cela implique d’aller à l’encontre de la tendance à l’artificialisation des sols, de désimperméabiliser, en particulier en milieu urbain, pour favoriser l’infiltration de l’eau de pluie ou encore apporter de la fraîcheur dans les villes lors des pics de chaleur », édicte le rapport de la commission des affaires économiques du Sénat. Problème, on oublie de dire que le principe du « zéro artificialisation nette » a suscité sur le terrain une véritable bronca des élus, de toute obédience, qui ont engagé un bras de fer avec le gouvernement sur le sujet.

    Notre éléphant, celui du sénateur Richard, est lui aussi au cœur des débats. « L’agriculture est le principal consommateur d’eau, indispensable à la pousse des plantes et à l’abreuvement du bétail, relève le Sénat. Mais l’adaptation des pratiques au changement climatique est encore trop lente et la transition vers l’agro-écologie doit être accélérée à travers tous les leviers possibles : formation, aides apportées par le premier ou le deuxième pilier de la politique agricole commune (PAC), recherche appliquée et expérimentation des nouvelles pratiques ».

    Des mesures et solutions de bon sens ? Probablement, sauf que le courant majoritaire de la profession agricole, incarné par la FNSEA, continue à s’opposer avec succès à toute évolution structurelle du modèle productiviste dominant et impose ses diktats à tous les gouvernements. L’actuel ministre de l’Agriculture Marc Fesneau l’a lui-même reconnu à mi-mots dans un récent article de Libération.

    Un autre sujet est lui aussi systématiquement évacué des « solutions ». Il mériterait qu’on y réfléchisse, pour reconsidérer le sujet dans son ensemble : chaque année, pour « équilibrer les fonds publics », l’Etat prélève 300 millions d’euros depuis quinze ans dans les caisses des agences de l’eau. « Les consommations domestiques d’eau potable, sur laquelle les redevances sont assises, sont sollicitées pour financer des domaines de plus en plus variés touchant de plus en plus au grand cycle de l’eau, et de moins en moins à la modernisation des stations d’épuration ou à la modernisation des réseaux de distribution d’eau potable, pourtant vieillissants », pointent ainsi les deux co-présidents du groupe de travail « Redevances des agences de l’eau et atteintes à la biodiversité ».

    En 2022, le duo Richard-Jarretie envisageait de compenser ce manque à gagner par la création d’une nouvelle taxe (assise sur la taxe d’aménagement départementale). Leur proposition de loi, qui aurait dû être adoptée en loi de finance rectificative, sera finalement sèchement rejetée par Bercy.

    La fuite politique

    Autrefois, « l’eau était gérée directement par les maires dans des syndicats intercommunaux à échelle humaine », mais « les regroupements de structures conduisent à dépolitiser l’eau », constate le rapport des deux parlementaires sur la question de la gouvernance. Résultat de cette évolution, « l’eau n’est plus que rarement une question politique débattue lors des campagnes électorales locales ».

    Désormais, « le pouvoir est passé du côté des techniciens. » « La politique de l’eau est dépolitisée et renvoyée à la recherche des meilleurs choix techniques possibles, constatent Jarretie et Richard. Les maires des grandes villes, les présidents des grandes intercommunalités ne siègent plus que rarement dans les organismes chargés de (sa) gestion. Ils y délèguent des élus, certes compétents, mais dont le poids politique propre est minime et qui n’ont pas tellement d’autre choix que de suivre les orientations de la technostructure de l’eau. »

    Parallèlement, cette dépossession d’une question éminemment politique s’accompagne d’une surenchère. Elle concerne la recherche et l’innovation, a priori louables sauf quand elles deviennent le paravent et le prétexte à l’inaction. Depuis une quinzaine d’années, les multinationales Veolia, Suez et Saur mènent avec succès un lobbying opiniâtre pour promouvoir une fuite en avant technologique. Censée apporter des solutions miracles, par exemple pour la réutilisation des eaux usées ou la recharge artificielle des nappes phréatiques, elle contribue en réalité au statu quo, pour ne rien changer aux pratiques délétères qui sont pourtant à l’origine de la dégradation croissante de la qualité de la ressource.

    Face à la production de ce discours et à cette fibre du tout technologique, difficile de résister. Pour deux raisons. « La compréhension des mécanismes de la politique de l’eau, tant dans ses aspects techniques qu’organisationnels est particulièrement ardue », soulignent Alain Richard et Christophe. Certes, « les SDAGE (schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux, ndlr) et les SAGE (schéma d’aménagement et de gestion des eaux, ndlr) sont soumis à l’avis du public. Les dossiers d’autorisation au titre de la loi sur l’eau font l’objet d’enquêtes publiques dont les éléments sont mis à disposition de tous sur les sites Internet des préfectures. Mais seuls quelques « initiés » sont capables de maîtriser les nombreux paramètres en jeu ». Face à cette complexité et au jeu des lobbies, les administrés sont désarmés : « La transparence des procédures ne garantit pas la participation du public et l’appropriation des enjeux à une grande échelle. » Par ailleurs, en matière de gouvernance encore, l’équilibre et les relations national/local ne se soldent pas vraiment en faveur de l’implication des échelons au plus près des administrés.

    Doit-on réfléchir et envisager de décentraliser l’action publique, pour plus d’efficacité ? Un nouveau vœu pieu. La Macronie méprise les 570 000 élus locaux français. Dans la pratique, ce sont désormais les préfets, et surtout les préfets de région, qui ont la haute main sur des politiques publiques revues à l’aune du libéralisme le plus échevelé.

    Un déluge de com

    Le 23 février dernier, Christophe Béchu et Bérangère Couillard présidaient le premier comité d’anticipation et de suivi hydrologique (CASH) de l’année. Objectif affiché ? « Informer les représentants des usagers sur la situation hydrologique actuelle et projetée en anticipation de risques potentiellement significatifs de sécheresse »...

    Pareille langue de bois n’augurait rien de bon, ou plutôt admirablement ce qui allait suivre cet interlude comme quand les deux membres du gouvernement, 24 heures plus tard, expliqueront qu’ils vont décider avec les préfets de mesures de restrictions... « soft ». Le lendemain de cette pseudo-annonce, Le Monde consacre son éditorial aux périls qui menacent, appelant face à l’urgence à la sobriété des usages. Comme un coup de pied à l’âne.

    En ce début d’année 2023, le rouleau compresseur de la com gouvernementale s’emballe. A donner le tournis. La veille de la réunion du CASH, le 22 février sur France Info, le ministre Béchu déclare la France « en état d’alerte ». Le samedi 25 février, en visite au Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron en appelle à un « plan de sobriété sur l’eau » et invente les « rétentions collinaires » jusque-là... inconnues.

    Le lundi 27 février, Christophe Béchu, à nouveau, réunit les préfets coordonnateurs de bassin. La semaine suivante, il est en visio avec les 100 préfets de département. Dix jours plus tôt, la troisième mission d’information sénatoriale mobilisée auditionnait des directeurs d’agences de l’eau. En outre, pour tirer les enseignements pratiques de la sécheresse historique de 2022, une mission est confiée aux inspections générales, charge à elles d’établir un retour d’expérience auprès de l’ensemble des acteurs et usagers et de formuler des propositions d’amélioration. La mission, en cours, devrait rendre ses conclusions au 1er trimestre 2023.

    Des « solutions » ineptes

    Cette mise en scène à grand spectacle se distingue principalement... par son inanité : loin de répondre aux enjeux d’une crise systémique, il s’agit en s’appuyant sur des « évidences » (qui n’en sont pas) de « vendre » du vent en agitant des « solutions » (qui n’en sont pas) tout en promouvant une fuite en avant technologique qui elle va rapporter des milliards aux usual suspects du secteur...

    À Savines-le-Lac, dans ses mesures phare, Emmanuel Macron a notamment insisté jeudi dernier sur la nécessité de lutter contre les fuites pour atteindre les objectifs fixés - et « faire 10% d’économie d’eau ». En les réparant ?

    Édifié depuis la moitié du XIXème siècle, le linéaire du réseau français d’adduction d’eau atteint quelque 880 000 kilomètres. Estimé à 1 000 milliards d’euros, ce patrimoine national a été à l’origine largement financé sur fonds publics, avant l’invention de la facture d’eau. Propriété des collectivités locales, son taux de renouvellement est en deçà de ce qu’il devrait être idéalement (1% par an), calé logiquement sur la durée de vie des tuyaux.

    « Parce que tout ça, c’est le fruit de quoi ?, a fait mine de s’interroger Emmanuel Macron la semaine dernière. De sous-investissements historiques. Et pourquoi on se retrouve collectivement dans cette situation ? C’est que pendant très longtemps, on s’est habitué à ne plus investir dans nos réseaux d’eau ».

    Face à cette situation, la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 (dite loi « Grenelle II ») a introduit deux dispositions : l’obligation tant pour les services d’eau que d’assainissement d’établir pour fin 2013 un descriptif détaillé de leurs réseaux d’une part, et l’obligation pour les services de distribution de définir un plan d’actions dans les deux ans lorsque les pertes d’eau en réseaux sont supérieures au seuil fixé par décret (n° 2012-97 du 27 janvier 2012).

    En clair, si son réseau est excessivement percé, la collectivité sera pénalisée en se voyant imposer un doublement de la redevance « prélèvement » perçue par les agences de l’eau sur les factures des usagers. Par ailleurs, plus « incitatif », la Banque des territoires (Caisse des dépôts et consignations) a ouvert ces dernières années une ligne de crédit de 2 milliards d’euros « [d’]Aquaprêt ». Les collectivités sont donc invitées à s’endetter pour changer leurs tuyaux. Succès mitigé jusqu’à aujourd’hui.

    Pour donner la mesure du problème, il est utile de savoir que changer un kilomètre de tuyau coûte entre 50 000 et 200 000 euros. Depuis trois ans, regroupées sous la bannière « Canalisateurs de France », les entreprises du secteur ont augmenté leurs tarifs de 30 à 40%.

    Autrement dit, une fois ces éléments précisés, aucune progression sensible n’est à attendre sur la question des fuites. Il va donc falloir trouver ailleurs.

    D’autant que si Emmanuel Macron annonce des financements (180 millions d’euros par an « sur nos points noirs), il s’est bien gardé de préciser l’origine de ces fonds (en encadré).

    Les eaux usées, plan juteux des majors

    Devant les élus, face aux Alpes qui le toisaient, le chef de l’Etat a insisté sur une autre mesure forte : il faut « investir massivement dans la réutilisation des eaux usées », a-t-il asséné avec un air entendu.

    Réutiliser les eaux usées ? Encore une fausse bonne idée « frappée au coin du bon sens ». Pour le mesurer et se faire une idée de l’annonce présidentielle, il faut là aussi comprendre de quoi il s’agit. Cette idée est en réalité promue depuis une vingtaine d’années au fil d’un lobbying effréné de Veolia, Suez et de la Saur.

    Concrètement, il existe aujourd’hui à peine 80 unités de « réutilisation des eaux usées traitées » (REUT) dans l’hexagone, pour plus de 22 330 stations d’épuration, de la petite installation qui traite les rejets de quelques centaines d’usagers aux complexes géants implantés dans les métropoles.

    Le traitement des eaux usées n’a pas pour objectif de la rendre potable. Avant d’être traitée, cette eau usée reçoit un prétraitement afin d’éliminer le sable et les autres matières en suspension. Le process consiste ensuite à opérer des filtrations et traitements (mécanique, biologique, physico-chimique…) avant de la rejeter d’une qualité acceptable, fixée par la réglementation, dans le milieu naturel (les lacs, les rivières, la mer, etc).

    L’épuration classique, dite par boue activée, s’inspire du domaine naturel. Plus précisément des rivières, qui développent des boues au sol afin de supprimer la pollution - elle s’en nourrit. Dans une installation traditionnelle, on fournit de l’oxygène à la boue pour satisfaire ses besoins énergétiques et on la laisse se nourrir, avant de la séparer de l’eau traitée à l’aide d’un clarificateur. Les filières les plus modernes peuvent aujourd’hui compter jusqu’à 10 étapes de traitement successives, jusqu’aux ultra-violets (UV).

    Plus coûteux et bien moins répandu, le traitement membranaire repose sur le même principe, mais au lieu d’utiliser un clarificateur les membranes filtrent la liqueur mixte.

    Avec la REUT, il s’agit de mobiliser des traitements complémentaires pour améliorer la qualité de l’eau usée. L’objectif n’est plus de la rejeter dans le milieu naturel mais de l’utiliser pour l’irrigation, l’arrosage des espaces verts, des golfs ou la réalimentation des nappes phréatiques, des captages ou des réserves qui servent à produire de l’eau potable, comme Veolia l’expérimente à grande échelle en Vendée.

    Revers de la médaille, c’est... autant d’eau qui ne revient pas au milieu, qui en a pourtant besoin, les rivières comme les nappes phréatiques, pour le maintien du cycle naturel - sans négliger les inquiétudes suscitées par le contrôle sanitaire des eaux ainsi « réutilisées » par ses usagers. Sur ce terrain, les expérimentations citées en exemples par les défenseurs de l’usage de la REUT pour l’irrigation dans le sud de l’Espagne ou en Italie (jusqu’à 10% des eaux usées y sont retraitées) montrent plutôt le chemin à éviter : les systèmes hydrologiques concernés y ont été gravement dégradés par un recours intensif à la REUT…

    On retrouve ici encore les mêmes à la manœuvre. Car pour Veolia, Suez et Saur, nouveaux usages « non conventionnels » veut dire d’abord et surtout nouvelles filières, nouvelles technologies, donc nouveaux marchés… Ces lobbies ont déjà convaincu le gouvernement qu’il fallait « faire sauter les entraves règlementaires qui pénalisent le développement des projets ». Comme en atteste le décret publié le 11 mars 2022, censé encadrer cette pratique, réputée « incontournable » pour répondre aux tensions qui se font jour sur la disponibilité des ressources en eau.
    Construire des bassines ?

    La question de l’irrigation de l’agriculture est devenue sensible à l’aube des années 2000, dans plusieurs grandes régions françaises - la Charente, le Sud-Ouest, la Beauce, la Picardie, terres d’élection des grandes cultures irriguées. Alors que le changement climatique affecte déjà le cycle hydrologique, la fuite en avant d’un modèle agricole productiviste délétère va dès lors entrer en contradiction avec une gestion soutenable de la ressource en eau.

    L’impasse s’est faite jour dans le courant des années 80 quand l’Etat a considéré que tout prélèvement au-dessus d’un certain seuil devait faire l’objet d’une déclaration à ses services, après avoir délivré des autorisations au coup par coup, sans aucune limite, pendant des décennies. Une situation intenable.

    Chaque été, les préfets d’une vingtaine de départements prennent de manière récurrente des arrêtés sécheresse et 30% du territoire métropolitain est considéré en déficit structurel. « On a une quinzaine de départements, dont les Hautes-Alpes d’ailleurs, qui sont d’ores et déjà placés en vigilance », a rappelé le président de la République la semaine dernière. « On a ensuite une dizaine de départements qui sont d’ores et déjà en alerte ou alerte renforcée dans certaines zones », a-t-il encore ajouté.

    La récente actualité, avec le choc des images de Sainte-Soline, a définitivement popularisé le sujet des grandes bassines. Mais, au juste, qu’est-ce qu’une bassine ? Cet ouvrage de stockage d’eau pour l’irrigation est constitué de plusieurs hectares de bâches en plastique retenues par des remblais de 10 à 15 mètres. Mais il ne se remplit pas avec de l’eau de pluie en hiver : avec une pluviométrie moyenne de 800 mm par an, il faudrait... 15 ans pour la remplir. Elle n’est pas davantage alimentée par de l’eau de ruissellement, comme celle des crues - comme le sont les retenues collinaires. Les bassines sont donc remplies par l’eau des nappes phréatiques, ce à quoi s’opposent les militants mobilisés le 25 mars dernier dans les Deux-Sèvres. Il faut compter 2 mois pour remplir une bassine avec des pompes travaillant à 500m3/H.

    Une fois capturée, l’eau est exposée au soleil, à l’évaporation et à la prolifération bactérienne ou algale. Elle servira alors principalement à irriguer du maïs destiné à nourrir le bétail, dont une bonne partie sera exportée avant que nous réimportions le bétail qui s’en nourrit. On dénombre aujourd’hui une bonne quarantaine de sites avec des grandes bassines (ou des projets) sur le sol national.

    Depuis un demi-siècle, on se débarrassait au printemps de l’eau « excédentaire » pour pouvoir effectuer les semis. On a drainé prairies et zones humides, « rectifié » les rivières pour évacuer l’eau. Ces opérations ont eu pour résultat une diminution des prairies et une augmentation de l’assolement en céréales. Mais à force d’évacuer l’eau, on a commencé à subir les sécheresses et les irrigants ont commencé à pomper l’eau des nappes.

    La loi NOTRe à la poubelle ?

    Comme si ça ne suffisait pas, la loi NOTRe de 2015 - loi phare du mandat Hollande qui avait pour objectif de rationaliser l’organisation des 35 000 services d’eau et d’assainissement français jusqu’alors gérés par les communes, en transférant ces compétences aux intercommunalités - n’a cessé d’être détricotée par les élus locaux qui n’ont jamais accepté d’être privés de leurs prérogatives.

    Après trois premières lois rectificatives, une quatrième offensive est venue du Sénat : la chambre haute examinait le 15 mars une nouvelle proposition de loi qui prévoit que même si les compétences ont déjà été transférées il serait possible de revenir en arrière, même pour les interco ayant procédé à la prise de compétences ! « On ne pourrait rêver pire pour créer un bordel ingérable », soupire un haut responsable de la direction générale des collectivités locals du ministère de l’Intérieur.

    Dans son rapport annuel 2023, la Cour des comptes a posé le dernier clou au cercueil, dans le chapitre qu’elle consacre à la politique de l’eau en France. Conclusion d’une enquête d’ampleur menée avec les treize chambres régionales, le texte n’y va pas de main morte pour dénoncer cette mascarade : « Elle est incohérente [et ] inadaptée aux enjeux de la gestion quantitative de la ressource », fulmine-t-elle. Cette politique, telle qu’elle est menée, souffre de « la complexité et du manque de lisibilité de son organisation », constatent les sages.

    La Cour fustige, les lobbies dansent...

    Exemple ? Près de la moitié des sous-bassins hydrographiques ne sont pas couverts par un schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage), dont l’élaboration... conditionne pourtant la mise en œuvre concrète des orientations du Sdage.

    « Lorsqu’ils existent, le contenu de ces schémas n’est pas toujours satisfaisant en raison de leur durée moyenne d’élaboration, proche d’une dizaine d’années, de l’ancienneté des données sur lesquelles ils s’appuient et de l’absence d’objectifs de réduction des consommations d’eau », pointent les magistrats financiers. Face à ces constats d’une sévérité sans précédent, la Cour des comptes demande donc de la « clarifier » en suivant mieux la géographie de l’eau et recommande de la (re)structurer autour du périmètre des sous-bassins versants.

    Mais qu’importent ces sombres augures et leurs appels... Le 22 mars, on se réjouissait, c’est bien là l’essentiel : Canalisateurs de France - les marchands de tuyaux qui réclament de 3 à 4 milliards d’euros d’investissements supplémentaires chaque année - organisaient un grand raout : une « matinée de l’eau » avec pour « grand témoin » l’incontournable Erik Orsenna, l’homme... qui se vantait de faire commerce de son entregent dans un portrait criant de vérité publié en 2016 par M le Monde. Le ton était donné.

    Dans ces conditions, après avoir observé pendant des mois ce qui se passait en coulisses, et constaté l’omniprésence de lobbies toujours plus offensifs, on ne pouvait s’attendre qu’au pire à l’annonce du fameux plan eau du gouvernement. A la lecture du document diffusé dans la foulée du discours d’Emmanuel Macron, on doit le dire, on n’a pas été déçu. Entre énièmes déclarations d’intention (jamais suivies d’effets), camouflage du réel, empilement de gadgets ineptes - le baromètre de ceci, le thermomètre de cela... -, le président de la République s’est fait le VRP d’un « plan waouh ». Présenté comme la « modernisation sans précédent de notre politique de l’eau », il tient en réalité du concours Lépine et du catalogue de la Redoute.

    À la sortie, une (seule) chose est acquise : l’été sera chaud. Et l’exercice d’esbroufe ne règlera rien.

    https://www.blast-info.fr/articles/2023/macron-le-grand-plan-eau-qui-fait-flop-lojNnq91RhyU46bCLV9S0w

    #eau #plan_eau #lobbies #Macron #plan #mesures #sécheresse #plan_sécheresse #REUT #réutilisation_des_eaux_usées_traitées #FP2E #télérelève #Veolia #Suez #Saur #lobby #FNCCR #Comité_national_de_l’eau #Comité_de_bassin_Seine-Normandie #RIM #irrigation #bassines #changement_climatique #irrigation_agricole #agriculture #Compagnie_d’aménagement_des_coteaux_de_Gascogne (#CACG) #zéro_artificialisation #dépolitisation #politique #politique_de_l'eau #technostructure #gouvernance #SDAGE #SAGE #schéma_d'aménagement_et_de_gestion_des_eaux #schéma_directeur_d'aménagement_et_de_gestion_des_eaux #politique_publique #libéralisme #comité_d’anticipation_et_de_suivi_hydrologique (#CASH) #inaction #réseau #investissements #sous-investissement #Aquaprêt #collectivités_locales #Canalisateurs_de_France #fuites #eaux_usées #épuration #bassines #nappes_phréatiques #industrie_agro-alimentaire #loi_NOTRe

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    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/997687

  • Eaux usées : cocktail toxique ou précieux ? - Regarder le documentaire complet | ARTE
    https://www.arte.tv/fr/videos/104835-000-A/eaux-usees-cocktail-toxique-ou-precieux

    Aujourd’hui, les entrailles des villes sont parcourues par un vaste réseau de canalisations contenant un cocktail douteux d’eaux usées. Mais dans ce bouillon nauséabond se cachent également des trésors. Au nord-ouest de Paris, la station d’épuration d’Achères traite environ 80 % des eaux usées de la capitale. Un échantillon y est prélevé par une équipe de scientifiques, avant d’être envoyé puis analysé en Allemagne. L’étude comparative des substances contenues dans les rejets parisiens et berlinois livre de précieux renseignements sur les médicaments et les drogues consommés par les habitants des deux villes, mais aussi sur les produits chimiques industriels auxquels ils sont exposés.

    @diala vers la fin, on y parle réusage du pipi et du caca pour l’agriculture

  • La Face cachée des #énergies_vertes

    Voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires… La transition énergétique laisse entrevoir la promesse d’un monde plus prospère et pacifique, enfin libéré du pétrole, de la pollution et des pénuries. Mais cette thèse officielle s’avère être un mythe : en nous libérant des combustibles fossiles, nous nous préparons à une nouvelle dépendance à l’égard des métaux rares. De graves problèmes écologiques et économiques pour l’approvisionnement de ces ressources stratégiques ont déjà commencé. Et si le « monde vert » qui nous attend se révélait être un nouveau cauchemar ?

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/61421_1

    #film #film_documentaire #documentaire

    #COP21 #COP_21 #transition_énergétique #technologie #technologies_vertes #voiture_électrique #énergies_propres #extractivisme #mines #green-washing #greenwashing #délocalisation_de_la_pollution #pétrole #métaux_rares #néodyme #cobalt #graphite #lithium #photovoltaïque #énergie_solaire #énergie_éolienne #éolienne #solaire #dépendance #RDC #République_démocratique_du_Congo #Australie #Chili #Bolivie #Indonésie #Chine #industrie_minière #Mongolie #Terres_rares #eaux_usées #radioactivité #réfugiés_des_technologies_vertes #eau #IDPs #déplacés_internes #cuivre #santé #Chuquicamata #cancer #Aliro_Boladas #centrales_à_charbon #modèle_économique_extractiviste #énergies_renouvelables #engie #Norvège #charbon #hypocrisie #green_tech #zéro_émissions #changement_climatique #Jean-Louis_Borloo #ADEME #Renault #bornes_électriques #Rapport_Syrota #Jean_Sirota #BYD #EDF #Photowatt #Péchiney_métallurgie #magnésium #nationalisme_des_ressources #Bolivie #recyclage #déchets #décharges_sauvages #Neocomp #fausse_transition #sobriété #progrès_technologique #décroissance #énergies_renouvelables

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    déjà signalé par @odilon sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/888273

    • « La face positive des énergies vertes »

      Le documentaire « La face cachée des énergies vertes » est passé fin novembre sur Arte. Truffé d’erreurs et d’arguments partisans, allant jusqu’à comparer le problème des pales d’éoliennes, soit disant non recyclables, à celui posé par les déchets nucléaires !

      Autre exemple : ce documentaire assène que les énergies vertes et que les batteries nécessitent obligatoirement l’utilisation de terres rares. Ce n’est pourtant pas du tout l’avis de l’Ademe. D’autre part, le photovoltaïque n’utilise jamais de terres rares. Et pour l’éolien et les voitures électriques, leur utilisation dans les moteurs à aimants permanents permet de gagner en performances, mais cet usage n’est ni systématique, ni indispensable.

      Cet article présente :

      – La quinzaine d’erreurs grossières parmi les très nombreuses qui émaillent ce documentaire.
      – Le cercle vertueux du photovoltaïque et de l’éolien : plus on en installe, plus on réduit les émissions de gaz carbonique.
      – Que nos voitures contiennent davantage de terres rares que les voitures électriques sans moteurs à aimants permanents.
      – Pour qui roule le journaliste Guillaume Pitron, à l’origine de ce documentaire.

      En se fondant sur les avis qui se colportent, principalement sur la production des terres rares utilisées dans les énergies vertes, Guillaume Pitron, qui a enquêté dans une douzaine de pays, nous fait visiter quelques sites d’exploitation qui portent atteinte à l’environnement et à la santé des travailleurs.

      Hélas ce documentaire est gâché autant par sa partialité, que par de très nombreuses erreurs grossières.

      https://www.passerelleco.info/article.php?id_article=2390
      https://seenthis.net/messages/894307

    • Geologic and anthropogenic sources of contamination in settled dust of a historic mining port city in northern Chile: health risk implications

      Chile is the leading producer of copper worldwide and its richest mineral deposits are found in the Antofagasta Region of northern Chile. Mining activities have significantly increased income and employment in the region; however, there has been little assessment of the resulting environmental impacts to residents. The port of Antofagasta, located 1,430 km north of Santiago, the capital of Chile, functioned as mineral stockpile until 1998 and has served as a copper concentrate stockpile since 2014. Samples were collected in 2014 and 2016 that show elevated concentrations of As, Cu, Pb, and Zn in street dust and in residents’ blood (Pb) and urine (As) samples. To interpret and analyze the spatial variability and likely sources of contamination, existent data of basement rocks and soil geochemistry in the city as well as public-domain airborne dust were studied. Additionally, a bioaccessibility assay of airborne dust was conducted and the chemical daily intake and hazard index were calculated to provide a preliminary health risk assessment in the vicinity of the port. The main conclusions indicate that the concentrations of Ba, Co, Cr, Mn, Ni, and V recorded from Antofagasta dust likely originate from intrusive, volcanic, metamorphic rocks, dikes, or soil within the city. However, the elevated concentrations of As, Cd, Cu, Mo, Pb, and Zn do not originate from these geologic outcrops, and are thus considered anthropogenic contaminants. The average concentrations of As, Cu, and Zn are possibly the highest in recorded street dust worldwide at 239, 10,821, and 11,869 mg kg−1, respectively. Furthermore, the contaminants As, Pb, and Cu exhibit the highest bioaccessibilities and preliminary health risk indices show that As and Cu contribute to elevated health risks in exposed children and adults chronically exposed to dust in Antofagasta, whereas Pb is considered harmful at any concentration. Therefore, an increased environmental awareness and greater protective measures are necessary in Antofagasta and possibly other similar mining port cities in developing countries.

      https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5922233

      #santé #mines

    • L’association #Vernunftkraft

      Aufgeklärte und deshalb zu Recht besorgte Bürger dieses Landes (https://www.vernunftkraft.de/bundesinitiative) erkennen hinsichtlich der Rationalität energiepolitischer Entscheidungen nicht hinnehmbare Defizite.

      Die Zerstörung von Wäldern zwecks Ansiedlung von volkswirtschaftlich sinnlosen Windindustrieanlagen ist dabei die Spitze des Eisbergs.

      Zentrale Elemente der gegenwärtigen Energiepolitik sind extrem unvernünftig.

      Daher möchten wir der Vernunft Kraft geben.
      https://www.vernunftkraft.de

    • La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique

      En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance : celle aux métaux rares. Graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène, terres rares… ces ressources sont devenues indispensables à notre nouvelle société écologique (voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires) et numérique (elles se nichent dans nos smartphones, nos ordinateurs, tablettes et autre objets connectés de notre quotidien). Or les coûts environnementaux, économiques et géopolitiques de cette dépendance pourraient se révéler encore plus dramatiques que ceux qui nous lient au pétrole.

      Dès lors, c’est une contre-histoire de la transition énergétique que ce livre raconte – le récit clandestin d’une odyssée technologique qui a tant promis, et les coulisses d’une quête généreuse, ambitieuse, qui a jusqu’à maintenant charrié des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donné pour mission de résoudre.

      http://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-La_guerre_des_m%C3%A9taux_rares-9791020905741-1-1-

      #livre #Guillaume_Pitron

    • Rapport ADEME 2012 :

      Énergie et patrimoine communal : enquête 2012

      L’enquête « Énergie et patrimoine communal » est menée tous les cinq ans depuis 1990. Elle porte sur les consommations d’énergie et les dépenses payées directement par les communes sur trois cibles principales : le patrimoine bâti, l’éclairage public et les carburants des véhicules.

      https://www.ademe.fr/energie-patrimoine-communal-enquete-2012

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      Rapport ADEME 2015 :


      Scénarios 2030-2050 : une vision énergétique volontariste

      Quel mix énergétique pour les années 2030-2050 ? L’ADEME actualise son scénario Énergie Climat et propose des mesures pour contribuer à la déclinaison du plan CLIMAT.

      Les objectifs ambitieux du Plan Climat lancé par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, confirment la stratégie volontariste de la France pour la transition énergétique. Dans le contexte actuel de mise à jour de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), l’actualisation du scénario énergie-climat de l’ADEME vient contribuer aux réflexions pour mettre en oeuvre ces objectifs.

      Cette contribution est double : d’une part, l’actualisation des « Visions énergétiques » de l’ADEME, qui souligne l’enjeu que représente l’atteinte des objectifs ambitieux inscrits dans la loi, et d’autre part, l’étude « Propositions de mesures de politiques publiques pour un scénario bas carbone », qui propose une liste de mesures concrètes à mettre en oeuvre.

      https://www.ademe.fr/recherche-innovation/construire-visions-prospectives/scenarios-2030-2050-vision-energetique-volontariste

    • En #Géorgie, la révolte de la “capitale du #manganèse” contre une exploitation hors de contrôle

      Le développement de technologies comme les voitures électriques a fait grimper la demande de manganèse. À #Tchiatoura, où cette ressource est abondante, on en paie les conséquences : excavations à tout-va, paysage saccagé, maisons qui s’effondrent, et main-d’œuvre mal payée.

      La grogne sociale monte depuis 2019 dans le district de Tchiatoura, ancienne “capitale” soviétique de la production de manganèse. Depuis trois mois, 3 500 mineurs sont en #grève pour réclamer la hausse de leurs salaires (qui ne dépassent pas 250 euros) et une meilleure assurance maladie. À la mi-mai, quelques mineurs du village de #Choukrouti, près de Tchiatoura, se sont cousus la bouche et ont entamé une #grève_de_la_faim, rapporte le site géorgien Ambebi.

      Face au silence des autorités locales et nationales, depuis le 31 mai, dix familles font un sit-in devant l’ambassade des États-Unis (la puissance occidentale la plus influente en Géorgie), à Tbilissi, la capitale. “Les gens réclament des compensations pour leur maison et demandent l’aide des diplomates étrangers”, pour rappeler à l’ordre la compagnie privée #Georgian_Manganese, filiale géorgienne de la société britannique #Stemcor, explique le site Ekho Kavkaza.

      Les habitants protestent contre les dégâts écologiques, économiques et culturels causés par une extraction intensive à ciel ouvert du manganèse. Utilisé dans la fabrication de l’acier, la demande pour ce métal est en forte croissance, notamment pour les besoins de l’industrie des véhicules électriques, des piles, des batteries et circuits électroniques.

      #paywall

      https://www.courrierinternational.com/article/degats-en-georgie-la-revolte-de-la-capitale-du-manganese-cont

    • En #Géorgie, la révolte de la “capitale du #manganèse” contre une exploitation hors de contrôle

      Le développement de technologies comme les voitures électriques a fait grimper la demande de manganèse. À #Tchiatoura, où cette ressource est abondante, on en paie les conséquences : excavations à tout-va, paysage saccagé, maisons qui s’effondrent, et main-d’œuvre mal payée.

      La grogne sociale monte depuis 2019 dans le district de Tchiatoura, ancienne “capitale” soviétique de la production de manganèse. Depuis trois mois, 3 500 mineurs sont en #grève pour réclamer la hausse de leurs salaires (qui ne dépassent pas 250 euros) et une meilleure assurance maladie. À la mi-mai, quelques mineurs du village de #Choukrouti, près de Tchiatoura, se sont cousus la bouche et ont entamé une #grève_de_la_faim, rapporte le site géorgien Ambebi.

      Face au silence des autorités locales et nationales, depuis le 31 mai, dix familles font un sit-in devant l’ambassade des États-Unis (la puissance occidentale la plus influente en Géorgie), à Tbilissi, la capitale. “Les gens réclament des compensations pour leur maison et demandent l’aide des diplomates étrangers”, pour rappeler à l’ordre la compagnie privée #Georgian_Manganese, filiale géorgienne de la société britannique #Stemcor, explique le site Ekho Kavkaza.

      Les habitants protestent contre les dégâts écologiques, économiques et culturels causés par une extraction intensive à ciel ouvert du manganèse. Utilisé dans la fabrication de l’acier, la demande pour ce métal est en forte croissance, notamment pour les besoins de l’industrie des véhicules électriques, des piles, des batteries et circuits électroniques.

      #paywall

      https://www.courrierinternational.com/article/degats-en-georgie-la-revolte-de-la-capitale-du-manganese-cont

  • Quelle gouvernance des #eaux pour quelle construction étatique dans les territoires palestiniens ? : l’étude des constellations hydropolitiques des eaux douces et usées entre #adaptation, #fragmentation et #colonialité

    Cette thèse propose d’étudier la coproduction de la #gestion_de_l'eau et de l’#agriculture et des processus de formations étatiques en #Cisjordanie. Elle associe l’étude des discours, des constellations d’acteurs et des processus de #territorialisation qui façonnent et résultent de la gouvernance de la #terre et de l’eau. Elle se fonde sur des travaux de terrains en Cisjordanie et des concepts de la #critical_political_ecology. L’objectif de notre recherche est de comprendre les transformations socio-politiques des territoires investis par les discours sur l’efficience pour caractériser la fragmentation du pouvoir politique en Cisjordanie. Les alliances politico-économiques dans certains territoires jouent un rôle important dans la fabrication par le haut d’une structure étatique palestinienne, ignorant et fragilisant l’organisation sociale et politique traditionnelle. Dans le même temps, les territoires délaissés par l’#Autorité_palestinienne, les bailleurs et les investissements privés s’organisent autour de nouvelles formes de tenure de l’eau et de la terre. Cette thèse contribue ainsi à éclairer les effets des politiques et projets d’amélioration de l’efficience de l’#irrigation et leurs implications dans la formation d’une structure étatique en Cisjordanie.

    http://www.theses.fr/2020MON30008

    #Palestine #eau #eau_douce #eaux_usées #écologie_politique #thèse #doctorat #Jeanne_Perrier
    –—

    Pour info, l’autrice de cette thèse n’a pas obtenu la qualif :
    https://twitter.com/Thesard_es/status/1370789575094849544

    ping @nepthys @reka

    • Les lois palestiniennes de l’eau : entre #centralisation, #décentralisation et mise en #invisibilité

      Cet article explore les processus de #réformes des lois palestiniennes de l’eau, en particulier la dernière loi de l’eau promulguée en 2014. Ces réformes législatives s’inscrivent dans un contexte international de modernisation des lois de l’eau, et dans un contexte national palestinien d’une réforme de la gestion de l’eau entamée en 2008. Celles-ci reprennent les idées clés formulées dans les Principes de Dublin en 1992. L’État et le concept d’efficience se retrouvent au cœur des dispositions des lois modernes de l’eau, et s’accommodent parfaitement du contexte conflictuel entre Israël et l’Autorité palestinienne.
      L’objectif de cet article est de déconstruire le processus de réformes de la gestion de l’eau palestinienne pour comprendre les véritables enjeux de pouvoir. Pour y parvenir, nous analyserons le contexte politique et discursif de production de la loi de l’eau palestinienne de 2014. Celle-ci a pour objectif de mettre en place une gestion plus démocratique des ressources en eau, notamment à travers un processus de décentralisation de l’Autorité palestinienne de l’eau vers de nouveaux acteurs, tels que les fournisseurs régionaux ou encore les associations d’usagers de l’eau. Cependant sa mise en œuvre s’avère un échec. Cet article montre comment elle a ignoré les constellations hydropolitiques locales et les enjeux de pouvoir entre les différents acteurs de cette gestion de l’eau.
      Le pouvoir de l’Autorité palestinienne de l’eau reste limité. Il se heurte à la réalité du pluralisme juridique, en pratique dans la gestion de l’eau palestinienne. L’occupation israélienne accentue ces difficultés. Cependant, les outils législatifs, tels que la loi de l’eau de 2014 et les récentes réglementations, permettent d’avancer petit à petit les pions d’une centralisation de la gestion des ressources en eau. Ainsi, les discours de décentralisation promus par les bailleurs de fonds et repris par l’Autorité palestinienne de l’eau pour justifier les réformes sur l’eau cachent une dynamique d’intégration verticale de la gestion des ressources en eau. Le règlement sur les associations d’usagers de l’eau en est exemple frappant. L’analyse des documents législatifs couplés aux stratégies palestiniennes et aux dynamiques internes nous permet de révéler ces dynamiques de centralisation qui menacent les pratiques locales de la gestion de l’eau.

      https://www.afd.fr/fr/ressources/les-lois-palestiniennes-de-leau-entre-centralisation-decentralisation-et-mise-en

    • Water driven Palestinian agricultural frontiers: the global ramifications of transforming local irrigation

      Water-driven Palestinian agricultural frontiers:the global ramifications of transforming local irrigation Julie Trottier1Jeanne PerrierCNRS, FranceUniversité Paul Valéry, FranceAbstractIn agricultural transformations, small scale farmer driven processes interact with globally driven processes. Donor-led or foreign investor-led irrigation development systematically interacts with local, farmer-led irrigation development. This article harnesses Kopytoff’s concept of ’interstitial frontier’to study such interactions. It discusses the shape an agricultural frontier may have and its interactions with local forms of water and land tenure. It discusses the manner in which changing access to water may spur the development of agricultural pioneer fronts. It distinguishes surface water driven, groundwater driven and wastewater driven agricultural frontiers. It then explores the manner such frontiers are transforming water tenure in the West Bank. This is an important aspect of the globalization of Palestinian society. The method this article develops is applicable elsewhere. Within interstitial frontiers, investors, whether local farmers or outsiders, enroll a globally maintained scientific discourse of efficient water use to secure donor funding. Meanwhile, they try developing clientelist ties with the authorities to secure their new access to water. The impacts on neighbouring, peasant-run irrigated systems, food security, housing security and many other mechanisms that sustain a society, are important and too often neglected

      https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-02103773v1

  • #Covid-19 : 50% de #variant anglais dans les #eaux_usées en Ile-de-France
    https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/info-fb-paris-50-de-variant-anglais-dans-les-eaux-usees-en-ile-de-france-

    « Nous observons une augmentation de la concentration en génome de #Sars-Cov2 depuis une dizaine de jours. Cela veut dire que le nombre de gens probablement infectés est plus important que ceux qui ne le sont plus. Nous sommes donc sur une dynamique d’augmentation du nombre de gens malades ».

  • Covid-19 : À Montpellier, l’analyse des eaux usées révèle une présence du variant anglais de plus en plus importante
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/herault/covid-19-a-montpellier-l-analyse-des-eaux-usees-revele-

    Pourquoi effectuer des prélèvements dans ces villes côtières ? En raison de la fréquentation touristique des plages lors de l’été 2020, où le virus a beaucoup plus circulé qu’à Montpellier. "Cet été, on a très rapidement remarqué que la concentration de virus de la Covid-19 augmentait dans nos prélèvements d’eau. Pourtant, on n’observait pas d’augmentation des hospitalisations à ce moment-là," raconte Patrick Monfort. Et ce n’est à la fin de l’été, lorsque les personnes de moins de 40 ans contaminés - ou « pas à risques »- sont rentrées chez elles, que le virus s’est propagé à leur entourage.

  • Coronavirus à Marseille : Les marins-pompiers observent une explosion de la présence du virus
    https://www.20minutes.fr/sante/2969683-20210204-coronavirus-marseille-marins-pompiers-observent-explosion

    Les chiffres ont de quoi donner des sueurs froides. La semaine dernière, les marins-pompiers, qui procèdent chaque semaine à des relevés dans les eaux usées de Marseille, avaient décelé 695 copies du Covid-19 par millilitre, soit une légère hausse par rapport à la semaine précédente. Cette semaine, selon les dernières données publiées par le bataillon ce mercredi, ce chiffre s’élève à… 2.271. Soit un taux multiplié par trois en quelques jours seulement.

    […]

    Pour autant, l’épidémiologiste ne cache pas son inquiétude. « Si la flambée observée par les marins-pompiers se confirme dans quinze jours dans les hôpitaux, on va se prendre un coup de boost copieux ». Les services de réanimation à l’AP-HM se remplissent en effet à vue d’œil. « Ces chiffres ne m’étonnent pas, s’alarme Audrey Jolibois, secrétaire générale FO à l’AP-HM. On voit du monde arriver tout le temps. Et le souci, c’est qu’on n’est pas capable de faire face à une vague fulgurante. On manque de personnel ! Et les équipes sont fatiguées. Le physique n’est plus là depuis longtemps. Le moral non plus. »

    • la fin de l’article est vraiment à mourir de rire :

      le point de vue du gars de terrain , chiffres localisés, nets et précis :

      Cette hausse exponentielle se fait de manière concentrée, sur les arrondissements les plus défavorisés de Marseille. « Le phénomène se produit sur une sorte de frange littorale du Nord de Marseille, qui va en gros du quartier de la Belle-de-Mai aux quartiers Nord », note le contre-amiral.

      le point de vue du savant de l’aphm, chiffres officiels d’abord :

      « Les chiffres des marins-pompiers sont un indicateur à prendre en compte, note l’épidémiologiste Pascal Auquier, professeur de santé publique à l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM). Il faut surveiller cela. Pour autant, il faut le prendre avec pondération, puisqu’on note que le taux d’incidence se stabilise ces cinq derniers jours dans le département. »

      Le point de vue de l’ARS :

      Une inquiétude d’autant plus vive que, pour l’heure, cette explosion reste inexpliquée. Plusieurs sources évoquent une présence accrue du variant du Covid-19 dans la deuxième ville de France, sans certitude. Interrogée sur ce sujet, l’Agence régionale de santé, habilitée à communiquer sur ces questions, n’a pas donné suite à nos sollicitations à l’heure où ces lignes sont écrites.

      #eaux_usées pas #obepine

    • https://seenthis.net/messages/900372#message900459

      La seule variable explicative qui tienne un peu la route, c’est qu’on est en train de gravement sous-détecter le virus. En témoigne les chiffres stables alors que dès qu’on teste un bahut ou un hosto, c’est l’horreur, alors que les gus qui mesurent le virus dans les égouts paniquent (alors même qu’il a beaucoup plu ces derniers temps, ce qui dilue un peu).

      Pourquoi serions-nous en sous-détection  ?
      → Sous-test chez les gens qui en ont marre de perdre des jours de boulot (peut-être voir s’il y a des secteurs mal indemnisés en cas de quarantaine)
      → Sous-test institutionnalisé dans toute l’EN et chez les mineurs
      → Sous-test parce que les parents ne veulent plus perdre de journées de travail  : beaucoup de témoignages rapportent des enfants scolarisés alors que toute la famille se sait touchée
      → incapacité de voir les variants
      → fiabilité en baisse des tests à cause des variants
      → protocole non respecté sur des tests AG  : un négatif doit être suivi d’un PCR de confirmation
      → sous-suivi des cas contact
      → refus des tester les asymptomatiques (pas mal de cas rapportés)
      → Non reconnaissance de suspicion de covid à cause de la méconnaissance profonde de la diversité des symptômes  : toute la com’ tourne autour de 3 symptômes (fièvre, grosse fatigue, anosmie) + une complication (détresse respiratoire), alors qu’il y a au moins une bonne vingtaine de symptômes connus.
      → la sous-détection entraine logiquement des flambée nosocomiales  : on met en chambre double et en service ordinaire des gens covidés
      → maintien délibéré des malades au travail (personnel de santé 👍)
      → quarantaine délibérément trop courte pour les infectés… et même pas respectée. Le lycée de ma fille (où elle refuse de remettre les pieds malgré les menaces) a fermé mercredi l’internat et la cantine  : tout le personnel était contaminé. Ils rouvrent lundi. 🤦‍♀️

  • La maison-mère de #Cristaline accusée de #pollution en #Normandie

    Depuis près de vingt ans, pêcheurs, riverains et inspecteurs de l’environnement alertent sur une pollution organique issue d’un site industriel du groupe #Roxane. L’usine, située dans l’#Orne, est aussi le siège social du numéro trois français de l’embouteillage.

    La Ferrière-Bochard (Orne).– Armé d’une pelle et d’une échelle limnimétrique, le pêcheur marche à travers champs jusqu’au #Roglain, un affluent de la #Sarthe. Arrivé au milieu du ruisseau, il remue énergiquement la vase avec ses bottes, puis attend. En quelques secondes, l’eau prend une teinte noirâtre.

    « Vous voyez, c’est comme de l’encre. C’est un vrai égout à ciel ouvert », constate Jean-Paul Doron, président de la fédération de pêche de l’Orne. « Il n’y a pas de poissons, car la vie animale ne peut pas se développer, l’oxydation naturelle ne se fait plus. Or, c’est un ruisseau où il devrait y avoir des salmonidés », explique le militant écologiste, en ramassant une couche de sédiments organiques noirs.

    Sous son chapeau, son regard se perd alors en amont du Roglain, vers la cible de toutes ses critiques. À moins de 500 mètres à vol d’oiseau, se dressent les toits verts de l’usine historique de la Roxane. L’entreprise est le propriétaire de la marque Cristaline, l’#eau_en_bouteille la plus consommée en #France.

    Depuis près de vingt ans, pêcheurs, mais aussi riverains et inspecteurs de l’environnement documentent et alertent sur une #pollution_organique issue de ce site du groupe Roxane, situé à #La_Ferrière-Bochard, un village normand de 700 habitants. En vain, ou presque.

    Selon les informations de Mediapart, quinze ans après les premiers signalements connus, une enquête a finalement été ouverte par le parquet d’Alençon, en 2017. Récemment, fin novembre 2020, une énième pollution a été constatée par des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), les policiers de l’environnement.

    En cause : les dysfonctionnements répétés de la #station_d’épuration d’une usine qui embouteille thés glacés et sodas, et qui déverse ses #eaux_usées dans le ruisseau du Roglain. « Aucune mortalité piscicole n’a été constatée, mais, compte tenu de l’état écologique du ruisseau, cela n’a rien d’étonnant. Une pollution organique a été constatée et fera l’objet d’un compte rendu à l’autorité judiciaire », écrit, le 24 novembre 2020, le chef du service départemental de l’OFB de l’Orne, dans un mail que Mediapart a pu consulter.

    Contacté par Mediapart, la société #Alma, filiale européenne du groupe Roxane, assure, sans répondre précisément à nos questions (voir Boîte noire), que « les sujets environnementaux sont pris très au sérieux, tant la protection des sources que le respect de l’environnement, qui sont essentiels à notre activité ».

    L’entreprise explique que le site de La Ferrière-Bochard, qui cherche à s’agrandir pour embouteiller de l’eau Cristaline d’ici à 2022, « fait l’objet d’importants investissements pour la modernisation complète de ses infrastructures, y compris sa station d’épuration », et qu’« en accord avec les autorités les travaux sont en cours et seront terminés pour l’été 2021 ».

    L’usine de La Ferrière-Bochard n’est pas un site commun pour ce fleuron hexagonal, numéro trois français de l’embouteillage de l’eau derrière Nestlé et Danone, qui a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros. C’est aussi le siège social historique du groupe depuis 1954, quand Lucien Lobjoit, un commerçant en vins et spiritueux d’Alençon, décide de se lancer dans l’embouteillage de boissons non alcoolisées et fonde, à La Ferrière-Bochard, la société Roxane.

    Arrivé quelques années plus tard dans l’entreprise, son successeur, Pierre Papillaud, décédé en 2017, sera un patron aussi emblématique que décrié, connu pour son apparition dans la publicité, culte, de l’#eau gazeuse Rozana. En quelques décennies, il transforme la petite PME normande en un groupe de taille mondiale, avec un portefeuille d’une trentaine de marques comprenant les eaux Cristaline, #Vichy, #Vals, #Saint-Yorre ou #Crystal_Geyser, et ouvre des usines aux États-Unis, au Royaume-Uni ou encore en Italie.

    En 2016, il est cité dans les « Panama Papers » pour avoir créé plusieurs sociétés dans des #paradis_fiscaux, des îles Vierges britanniques au Luxembourg, ce qui déclenche une enquête du Parquet national financier (PNF) pour blanchiment de fraude fiscale aggravé. #Pierre_Papillaud conserve toutefois le siège opérationnel de son groupe dans l’Orne, à La Ferrière-Bochard, à travers sa filiale Alma. Une entreprise incontournable en Normandie et imperméable aux critiques.

    Car notre enquête révèle que, depuis 2003 au moins, des signalements pour pollution ont été relevés à l’usine de La Ferrière-Bochard par les polices de l’environnement successives (CSP, Onema, AFB et OFB). Et ce, jusqu’à la fin de l’année 2020, sans que le groupe Roxane ne prenne les mesures adéquates pour enrayer ces atteintes à l’environnement et à la faune aquatique.

    La première alerte est lancée par le Conseil supérieur de la pêche (CSP), l’un des ancêtres de l’Office français de la biodiversité. Une fiche de signalement au titre de la loi sur l’eau est rédigée en décembre 2003 et des infractions sont constatées au niveau « du ruisseau de la Roxane » pour écoulement de substances entraînant « des effets nuisibles sur la santé ou des dommages à la flore ou à la faune ». L’agent du CSP constate déjà que la station d’épuration de Roxane épand ses boues vers le ruisseau au pied de l’usine, affluent du Roglain.

    Sept ans plus tard, l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) a remplacé le CSP. Les hommes ont changé et le constat est encore plus sévère. Un rapport est rédigé par des agents de l’Onema pour des faits de pollution du Roglain en date du 19 février 2010, « sur un linéaire total de 3,5 kilomètres de ruisseaux jusqu’à la confluence avec la rivière Sarthe ». Les inspecteurs de l’environnement constatent « une intense dégradation de la qualité écologique des ruisseaux », due à « une très forte #pollution_chronique par des matières fermentescibles (pollution organique) », provenant « sans aucun doute possible des installations industrielles de la Roxane ».

    « On peut parler de pollution chronique sans problème »

    Les inspecteurs de l’environnement rappellent qu’une étude d’impact a été réalisée dans le cadre d’un dossier d’autorisation d’exploitation de Roxane auprès de la préfecture de l’Orne. Cette étude indique que l’entreprise d’embouteillage doit collecter et traiter ses eaux chargées de #sucre, issues du lavage des cuves de production, dans sa station d’épuration, avant de les rejeter dans la rivière Sarthe. Le Roglain, petit ruisseau, ne peut recevoir que les eaux pluviales et les « #eaux_claires », issues des procédés de #filtration et de #déferrisation de l’eau nécessaires pour la fabrication de sodas.

    Les agents de l’Onema relèvent donc une infraction au #Code_de_l’environnement, mais, rappelant qu’une procédure de révision de l’autorisation d’exploitation de Roxane est en cours, ils décident de ne pas dresser de procès-verbal et produisent un rapport « qui a ainsi valeur de porter à connaissance de la pollution ». Un simple avertissement, donc, sans conséquences. « Le rejet était chronique depuis des années. Il n’y a pas eu de PV parce qu’à l’époque il n’y avait pas cette culture de la procédure judiciaire. On n’avait pas les mêmes prérogatives qu’aujourd’hui avec l’OFB », regrette un agent de l’Office français de la biodiversité, bon connaisseur du dossier, sous le couvert de l’anonymat.

    Mais, en 2017, selon les informations de Mediapart, le groupe Roxane n’échappe pas cette fois au procès-verbal. L’Agence française de la biodiversité (AFB), qui a succédé à l’Onema, constate de nouveaux faits de pollution en eau douce, entre le 29 mai et le 1er juin. Le parquet d’Alençon ouvre une #enquête dans la foulée.

    « Le Roglain n’était plus un ruisseau. Il n’y a pas de poissons morts, parce qu’il n’y en a tout simplement plus… Ce ruisseau est inapte, il n’a pas la possibilité de se reconstruire, alors que ça devrait être un ruisseau à truites », explique à Mediapart un agent de l’OFB. « Ce sont des déchets de matière organique, des boues putrides. Des tubifex, des vers rouges, se sont développés. On peut parler de pollution chronique sans problème », lâche ce policier de l’environnement.

    Malgré l’enquête judiciaire et les promesses de Roxane de moderniser son usine à hauteur de 600 000 euros, les incidents de pollution se répètent dès l’année suivante. En octobre 2018, à la suite d’un énième signalement de dysfonctionnement de la station d’épuration, la préfecture de l’Orne met en demeure la société Roxane et lui laisse un délai de trois mois pour respecter l’arrêté préfectoral d’exploitation et se remettre en conformité.

    Moins d’un an plus tard, en mai 2019, dans un arrêté complémentaire, la préfecture constate « les travaux déjà effectués » mais considère que « les dysfonctionnements liés aux réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales ne sont pas totalement réglés ». Sans suites. Contactées, la préfecture de l’Orne et la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) n’ont pas répondu aux questions de Mediapart.

    Un attentisme des autorités qui excède les riverains. Sébastien Boulay habite à quelques dizaines de mètres de l’usine d’embouteillage à La Ferrière-Bochard. Le ruisseau de la Roxane longe son terrain. Lassé des épisodes de pollution répétés, il a témoigné auprès de la gendarmerie d’Alençon, fin 2018. « C’est de pire en pire. Quand on est arrivés ici il y a huit ans, on a curé la partie du ruisseau qui passait sur la propriété sur 50 centimètres de profondeur. Quinze jours après, c’était déjà noir », nous explique-t-il, en fumant une cigarette derrière le portail de sa maison.

    Au fond de son jardin, Sébastien Boulay montre une étendue d’eau, l’air presque dépité. « Dans ma mare, il y avait 3 000 alevins, des petits poissons. Ils sont presque tous morts. Il y avait une quinzaine de carpes, il doit m’en rester une ou deux », lâche le riverain, photos des poissons morts à l’appui.

    Des atteintes à l’environnement qui ne semblent pas être un phénomène isolé chez Roxane. Ainsi, le 11 décembre dernier, le quotidien régional La Montagne révèle que des perquisitions ont été menées sur les sites de #Saint-Yorre et #Châteldon, deux importantes usines du groupe en Auvergne, qui embouteillent des eaux gazeuses.

    Si le parquet de Cusset, contacté par Mediapart, « ne souhaite pas encore communiquer sur cette affaire », le service de gendarmerie mandaté pour l’enquête, à savoir l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp), laisse peu de doutes quant à la nature de l’enquête judiciaire.

    Contactée, la société Alma, filiale de Roxane, assure « collaborer pleinement avec les autorités » mais ne veut pas communiquer sur une enquête en cours, « sauf à rassurer les consommateurs, puisque la sécurité sanitaire des produits n’est pas en cause, les produits peuvent être consommés en toute sécurité ».

    De l’autre côté de l’Atlantique, où Roxane embouteille l’eau Crystal Geyser, le groupe a aussi dû faire face à des poursuites judiciaires en Californie pour des épisodes récents de pollution.

    En janvier 2020, sa filiale américaine, #CG_Roxane_LLC, a ainsi plaidé coupable pour non-respect des lois sur l’environnement et a accepté de payer une amende de 5 millions de dollars. En cause : un déversement d’eaux usées contaminées à l’#arsenic dans un étang artificiel pendant quinze ans, comme l’a déclaré le bureau du procureur du district central de #Californie.

    Quelques semaines plus tôt, le 28 novembre 2019, l’Agence américaine de protection de l’environnement avait émis un avis de suspension envers la filiale américaine de Roxane, qui l’empêche de contracter avec le gouvernement des États-Unis.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/230121/la-maison-mere-de-cristaline-accusee-de-pollution-en-normandie

    par @marty, photos : @albertocampiphoto) —> @wereport

    –—

    voir aussi les autres enquêtes sur l’eau de We Report :


    https://www.wereport.fr/waterstories

  • Sars-CoV2 dans les eaux usées, remarquable présentation du projet #Obepine

    https://www.youtube.com/watch?v=SytzIqgZMd4


    visioconférence de Vincent Maréchal et Yvon Maday, du projet obepine, organisée par Guillaume Rozier (CovidTracker)
    https://twitter.com/GuillaumeRozier/status/1351994502861479947

    les résultats déjà obtenus par Obepine étaient sous embargo à la demande des collectivités territoriales - qui sont responsables du traitement des eaux usées - cet embargo vient d’être levé et sera remplacé par un différé de 72 heures entre la transmission des résultats au collectivités et leur diffusion publique.

    Le scoop : d’ici le début de la semaine prochaine (dimanche ou lundi) les résultats d’une quarantaine de stations d’épuration seront publiés.

    • ils l’expliquent clairement dans la vidéo : ils y sont contraints par les accords avec certaines des collectivités territoriales qui, seules, peuvent accorder l’accès aux prélèvements dans les stations d’épuration.

      Le (les !) traitement(s) à partir des données brutes et leur nécessité absolue sont clairement détaillés, ainsi que la très grosse difficulté - qu’ils ont apparemment résolue – d’assurer une comparabilité entre sites en tenant compte de la très grande hétérogénéité et dispersion des mesures des laboratoires.

      Et (bis) le suivi d’une quarantaine de site en tendance devrait dorénavant être disponible avec un différé à partir du début de la semaine prochaine.

      Mais que tout cela ne te dispense pas d’écouter la vidéo quand tu auras le temps.

    • Sur la rétention d’information de certaines communes sur ces données dans l’été, ils expliquent quand même que c’est pour pas faire peur aux touristes / commerce...

      Donc planquer un peu l’info sous le tapis du public, même si ça permet aussi au modèle d’être affiné / confirmé... Il me semble que dire "c’est un travail de recherche en cours, voilà où on en est, ce qu’on analyse, sous réserve de ..." aurait pu être plus transparent et utile à cette époque. (peut être que ça avait été fait, mais il ne semble pas, ou discrètement ?)

      Également je note que le mathématicien indique "on ne peut donner les données brutes" (qui ne veulent rien dire), en préférant fournir un indicateur spécifique (de 0 à 150) sans expliquer vraiment de détail sur comment est calculé cet indicateur / échelle au final (« un peu comme Ritchter », donc on suppose quelque chose de logarithmique ?).

    • [Thread #live] Au programme ce soir : présentation du réseau #Obépine, suivi du virus dans les eaux usées, accès aux données, ...
      https://unrollthread.com/t/1351969235409506308

      Pour commencer, petite présentation du réseau #Obépine (Observatoire Épidémiologique des Eaux Usées) et de la genèse du projet.

      💻 Le projet #Obépine a été lancé en mars avec les premiers prélèvements et analyses. Depuis le mois de juillet il y a un suivi dans 400 stations d’épurations.

      💻 9 laboratoires participent aux analyses des échantillons (parmi 22 identifiés). Le principal étant celui des @eaudeparis.


      💻 Les données brutes nécessitent un important travail de traitement par #Obépine (correction des biais, contrôle des analyses, facteurs de variabilité, ...) afin d’être exploitées.

      💻 Il faut obtenir l’accord des collectivités pour effectuer les prélèvements. Dans de nombreux cas le réseau #Obépine a du signer une charte de confidentialité afin de ne pas divulguer les données.

      💻 Ce sont les données critiqués qui peuvent être publiées par le réseau #Obépine.

      💻 Voici les chiffres pour le bassin d’Ile de France publiés grâce au travail du réseau #Obépine et des @eaudeparis. La ville de @Paris est un grand partenaire du projet.


      💻 Comment peut-on prédire l’impact de la maladie ? Yvon Maday apporte quelques réponses sur la création des modèles de prédiction.

      💻 Les données de la station de Paris Seine-Morée montrent que le virus circule toujours à un niveau haut.


      💻 Le lieu de positivité d’une personne est son lieu de résidence. Par conséquent il peut y avoir un décalage entre les analyses des eaux et les tests PCR dans le cas de vacanciers par exemples.

      💻 Des capteurs passifs sont à l’étude afin de pouvoir récupérer des informations en continu.

      💻 Aujourd’hui le projet #Obépine évolue d’une démarche scientifique nationale à un plan d’action local. L’objectif étant de croiser de nombreux indicateurs pour mieux prévoir.

      💻 Depuis le 15 décembre, le réseau #Obépine travaille sur les variants du virus de la #COVID19 en partenariat avec @Sorbonne_Univ_ et @eaudeparis.

      🎙 On passe aux questions/réponses

      💻 Les données devraient être mises à dispositions en #OpenData dès dimanche 24 janvier !

      💻 Ce sera sous la forme d’un indicateur moyenné permettant d’avoir une tendance. Les données brutes sont mises sous embargo afin d’éviter les erreurs d’interprétation.

      🎙 Est-ce que ce type d’analyses est envisagé (ou déjà réalisé) pour d’autres virus ? Cela a déjà a été fait pour d’autres virus. Par exemple pour la polio ou la gastro-entérite.

      🎙 Avez-vous la possibilité d’identifier les différents variants ? Pour certains comme celui anglais oui c’est possible grâce à une astuce de laboratoire. Pour les autres comme le sud-africain, le brésilien ou l’allemand c’est beaucoup plus compliqué.

      🎙 Travaillez-vous avec les @MarinsPompiers ? Il y a des échanges, mais la méthodologie n’est pas totalement identique.

      🎙 Le prélèvement au pied des bâtiments est utile mais cela nécessite un important travail de correction des données.

      🎙Quel est le décalage en temps typique entre la remontée de la courbe des eaux usées et celle du taux de positivité ? Il n’y pas de délai fixe en raison de nombreux facteurs. Cela peut aller d’une à trois semaines.

      🎙 Les nouveaux variants peuvent-ils affecter les modèles mathématiques ? Oui il peut y avoir un impact. Il est important de continuer les recherches.

      🎙 Quel est le délai chez un individu malade entre sa contaminations et le rejet dans les eaux usées ? En moyenne c’est 5 jours, mais ce n’est qu’une moyenne. Certains sécrètent le virus jusqu’à 6 semaines après la contamination.

      🎙 Selon vous quand aura lieu le prochain confinement ? Au niveau scientifique on préconise toujours d’avancer le plus taux possible. Cependant c’est au Politique de prendre la décision en fonction de nombreux indicateurs.

      🎙 Yvon Maday : « Le confinement est un échec des autres mesures. Il faut donc maintenir au maximum les gestes barrières ».

      🎙 Vincent Maréchal : « Les variants ne résistent pas au gel hydroalcoolique ».

      🎙 Vincent Maréchal :"Il aurait fallu essayer de bloquer les variants avant les vacances de décembre en imposant par exemple une septaine".

      via
      https://twitter.com/CovidTracker_/status/1352018515566358531

      #eaux_usées

    • Eaux usées : la carte qui permet de prédire l’évolution de l’épidémie de Covid-19 en France
      Accélération attendue à Toulouse, ralentissement à Lille... En exclusivité pour L’Express, les scientifiques qui traquent le virus dans les égouts révèlent des données nationales sur la dynamique de l’épidémie.
      https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/eaux-usees-la-carte-qui-permet-de-predire-l-evolution-de-l-epidemie-de-covi

      Par Stéphanie Benz, avec Dario Inguisto pour les infographies
      publié le 24/01/2021 à 16:30 , mis à jour à 17:40

      Une poursuite prévisible de l’augmentation du nombre de cas à Toulouse ou Marseille, mais un ralentissement à attendre à Strasbourg ou Lille... C’est un outil précieux pour la gestion de l’épidémie que les scientifiques du réseau Obépine (observatoire épidémiologique dans les eaux usées) (1) [ https://www.reseau-obepine.fr ] s’apprêtent à mettre à disposition des autorités sanitaires et du grand public : des données permettant d’établir une « carte météo » nationale de la circulation du virus, dont L’Express a eu la primeur. Elles sont tirées de l’analyse de prélèvements dans les égouts dans différentes localités en France.

      A l’origine de ces travaux, un constat simple, fait très tôt après le début de la pandémie : à chacun de ses passages aux toilettes, une personne infectée par le Sars-cov-2 fait passer par ses selles des traces de virus, qui vont se retrouver dans les eaux usées. D’où l’idée de mesurer les concentrations de génome viral dans les stations d’épuration pour mieux cerner la dynamique de l’épidémie. Les chercheurs d’Obépine ont pu montrer que ces données représentaient un indicateur avancé, qui permet de saisir l’évolution prévisible du nombre de malades plusieurs jours, et dans certains cas plusieurs semaines, avant que les appels aux 15 ou le nombre de tests positifs n’augmentent.

      Dans l’Hexagone, une situation disparate et inquiétante

      « A la fin du mois de juin, la surveillance des eaux usées en Ile-de-France a fourni le premier signal de ce qui allait devenir la deuxième vague », rappelle le Pr Vincent Maréchal, virologue à Sorbonne-Université et cofondateur du programme. Et en novembre, c’est encore une fois des égouts d’Ile-de-France que le premier signal encourageant est venu, après la mise en place du couvre-feu.

      « Nous avons donc bâti un réseau de stations d’épuration partenaires, réparties sur tout le territoire, qui commencent à présent à nous remonter les résultats de leurs prélèvements », indique le Pr Yvon Maday, mathématicien et professeur à Sorbonne-Université, à l’origine des modèles qui permettent d’analyser ces données, également co-fondateur d’Obépine. Un projet dans lequel le ministère de la Recherche a engagé 3,5 millions d’euros (auxquels se sont ajoutés des financements de Sorbonne-Université, CNRS, Eau de Paris...) : « Cela nous a paru d’autant plus intéressant que ce type de dispositif pourrait être utilisable plus largement pour la gestion de la santé publique en s’étendant à d’autres maladies infectieuses, comme les gastro-entérites, ou au suivi des bactéries résistantes et de la consommation de drogues », expliquait récemment à L’Express la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal. Et peut-être même, estiment à présent les chercheurs, les pollutions chimiques, les micro-plastiques, etc...

      Pour chaque station, les informations seront présentées sous la forme d’un indicateur synthétique, offrant ainsi la possibilité de comparer les tendances entre les différentes localités. Ces chiffres seront mis en ligne, en open-data (données ouvertes) sur le site du réseau Obépine, à partir du lundi 25 janvier. Les données d’une quarantaine de stations seront communiquées dans un premier temps, avant que l’ensemble des 150 stations du réseau ne devienne peu à peu disponible.

      Nous en présentons une sélection, qui dessine une photo très disparate de la situation dans l’Hexagone. Avec les mesures de contrôle déjà mises en oeuvre, l’augmentation de la concentration virale dans les eaux usées semble stoppée dans plusieurs agglomérations. Mais les quantités de génomes viraux retrouvées se maintiennent à un niveau élevé : « C’est inquiétant, car cela signifie que les hôpitaux vont continuer à se remplir », analyse le Pr Maréchal, une tension qui pourrait encore s’accroître avec l’émergence de nouveaux variants. Par ailleurs, plusieurs points de vigilance existent là où les concentrations en virus ont recommencé à s’inscrire à la hausse dans les derniers prélèvements, depuis les fêtes de fin d’année, comme à Marseille, Toulouse ou Dijon. Dans quelques zones en revanche, comme à Lille ou Strasbourg, la situation semble s’améliorer.

      A l’heure où les variants menacent de faire augmenter fortement le nombre de malades et de décès, ces données intéressent au plus haut point les autorités, et les membres du réseau Obépine multiplient les réunions avec les Agences régionales de santé, les ministères de la santé et de la Recherche, ainsi que les élus locaux. « Avec nos informations, c’est un peu comme si nous avions des jumelles au bord de la mer : nous voyons que la marée commence à monter, et qu’elle sera là dans trois heures. Comprendre la dynamique nous permet d’agir avant d’être noyés », décrypte Yvon Maday. Le degré d’anticipation de l’indicateur varie toutefois selon la situation épidémique, nuance le chercheur : « Quand nous partons d’un niveau très bas, nous voyons la vague arriver de loin. Quand nous sommes à des niveaux très hauts, l’avance en temps par rapport à d’autres indicateurs existe, mais elle est moins importante ».

      La capacité à anticiper les changements de tendance ou l’accélération de l’épidémie paraît essentielle dans le contexte actuel. Quand les hôpitaux ne sont pas débordés, les pouvoirs publics éprouvent en effet les plus grandes difficultés à justifier la mise en oeuvre de mesures restrictives supplémentaires pour prévenir l’aggravation de la situation. Trouver comment objectiver la menace, au-delà des seules courbes des modélisateurs, pourrait donc leur faciliter la tâche.

      Une nouvelle urgence : la recherche des variants

      Un important travail méthodologique a dû être effectué avant d’en arriver à ce résultat. Pour être comparables d’une station à l’autre, les données doivent en effet tenir compte de la pluviométrie, de la population se trouvant la zone (estimée à partir des quantités d’azote trouvées dans les eaux), des rejets industriels et des modes de traitement des eaux. A terme, les chercheurs affichent une ambition plus grande encore : être capables de mesurer en temps réel à la fois la dynamique de l’épidémie, mais aussi son ampleur, c’est-à-dire le nombre de personnes symptomatiques et asymptomatiques infectées à un instant donné. Mais de nombreuses questions scientifiques doivent encore être résolues, à commencer par l’évaluation des quantités de virus excrétées par les asymptomatiques.

      En attendant, les autorités ont demandé aux scientifiques d’Obépine une tâche plus urgente encore : trouver le moyen d’évaluer la diffusion des variants dans la population. Un véritable challenge technologique : « Chez les patients, il n’y a qu’une seule souche virale majoritaire. Dans l’environnement, il existe des centaines de milliers de virus qui se mélangent, cela rend l’analyse encore plus complexe », souligne Laurent Moulin, microbiologiste, cofondateur d’Obépine, et responsable R&D du laboratoire d’Eau de Paris. Les scientifiques d’Obépine travaillent aujourd’hui à mettre au point deux méthodologies différentes : des PCR ciblées sur la détection de tel ou tel variant, et la métagénomique. Mais en parallèle, les scientifiques doivent aussi à s’assurer que les variants passent bien dans les selles de la même façon que la souche principale : « C’est probable, mais cela fait partie des questions auxquelles nous allons devoir répondre », avertit Sébastien Wurtzer, virologue à Eau de Paris et cofondateur d’Obépine. La réponse est désormais attendue assez rapidement.

      FOCUS : TOULOUSE, LILLE, MARSEILLE... DES DYNAMIQUES EPIDEMIQUES TRES DIFFERENTES

      Nice : stabilisation à un niveau très élevé


      Les quantité de virus dans les eaux usées se maintiennent à un niveau élevé, mais la remontée amorcée début janvier paraît interrompue. Des signes de ralentissement apparaissent, qui demandent à être confirmés par de prochains prélèvements.

      Marseille : accélération de la circulation virale


      Le niveau de circulation du virus est très élevé depuis l’automne. On note après une décroissance relative jusqu’à mi-décembre, mais une accélération depuis.

      Toulouse : Un point de préoccupation


      Le niveau de circulation du virus est important depuis le début de l’automne. Le confinement avait permis d’obtenir une baisse sensible, mais les charges virales détectées dans les eaux usées sont très nettement reparties à la hausse depuis la fin du mois de décembre.

      Nantes : stabilisation à un niveau moyen


      Après une décroissance liée au confinement, les charges virales se stabilisent autour d’un niveau moyen. La décroissance amorcée à partir de la mi-novembre s’est interrompue.

      Strasbourg : net ralentissement, mais qui doit être confirmé


      Dans la capitale alsacienne, la tendance est à un ralentissement marqué de la circulation virale depuis début décembre. Un point très bas a été observé lors du dernier prélèvement, mais celui-ci demande encore à être confirmé par de prochains prélèvements.

      Nancy : stabilisation à un niveau élevé


      La circulation du virus décroit très lentement depuis début décembre, mais les quantités détectées restent encore à un niveau élevé.

      Lille : Reflux marqué de la circulation virale


      Dans la capitale des Hauts-de-France, les concentrations en virus dans les eaux usées avaient atteints des sommets début novembre. Mais depuis le confinement, la baisse est continue, et la circulation virale atteint à présent des niveaux très bas par rapport aux autres agglomérations pour lesquelles des informations sont disponibles.

      Ile de France : un plateau élevé

      Les quantités de virus dans les eaux usées en Ile-de-France paraissent pour l’instant stabilisées à un niveau élevé. Les scientifiques du réseau Obépine disent toutefois observer localement des divergences au sein de la région, avec notamment une augmentation de la charge virale dans la moitié est de l’agglomération parisienne.

      (1) Laboratoires associés au projet : Sorbonne Université /CNRS/Inserm (virologie médicale, mathématiques-modélisation, hydrologie) ; Eau de Paris (virologie environnementale) ; Université de Lorraine / CNRS (virologie environnementale) ; Université de Clermont-Auvergne (virologie environnementale) ; Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) (Virologie) ; Service de Santé des Armées (maladies infectieuses, recherche clinique) ; IFREMER Nantes (virologie, milieux côtiers, mollusques).

    • dont :

      « Cela nous a paru d’autant plus intéressant que ce type de dispositif pourrait être utilisable plus largement pour la gestion de la santé publique en s’étendant à d’autres maladies infectieuses, comme les gastro-entérites, ou au suivi des bactéries résistantes et de la consommation de drogues », expliquait récemment à L’Express la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal.

      =>

      et de la consommation de drogues

    • l’autre raison pour laquelle ils ne publient pas les données brutes est à 1:10:25 dans la vidéo :

      il est hors de question de publier les données brutes, comme ça, sans embargo, paske sinon les gens font n’importe quoi

      (et analyser les données c’est trop compliqué pour vous pauvres mortels, vu comme on en à bavé pour produire notre indicateur de Richter du caca-virus)

    • Données ouvertes - Réseau OBEPINE
      https://www.reseau-obepine.fr/newsletter

      Données ouvertes

      Rapport d’analyses :
      présentation des résultats

      Ces premiers rapports d’analyses sont basés sur des valeurs contextualisées à partir des résultats des laboratoires d’analyses d’Obépine.

      Les courbes sont présentées sous la forme d’un indicateur de tendance pour le suivi de l’épidémie … voir plus

      L’indicateur de tendance est établie à partir de plusieurs données historiques. Dès que nous aurons assez de données sur les autres stations suivies nous les publierons. [...]

    • données ouvertes, si l’on veut ; c’est quand même l’ouverture minimum : sous forme de courbes, isolées les unes des autres, sans accès aux valeurs et sans possibilité de se concocter un petit portefeuille personnel de sites à suivre.

      J’imagine qu’ils ont le nez dans le guidon et que développer une interface interactive demande un peu de compétence et du temps (cf. l’interface Shiny de Marc Lavielle déjà pointé ici) mais, clairement, ça ne figure pas dans leurs priorités.

      - données ouvertes ?
      – c’est fait !

    • Ielles indiquent « Les données épidémiologiques du document sont disponibles en accès libre sur la base SI-DEP de Santé Publique France ». Mais je sais pas s’ielles parlent des données annexes qu’ielles ont utilisées ou de leurs données validées... (et je vois rien là-bas, mais bon je connais pas non plus...)

  • La vérité est dans les égouts !


    « On ouvre les bouches d’égout, on prend l’eau et ensuite, on la teste ! » Le procédé décrit par Alexandre Lacoste est d’une simplicité presque enfantine. Ingénieur, il dirige le Comete (Covid Marseille environnemental testing expertise) du bataillon des marins-pompiers (BMP). Depuis plus de six mois, ces militaires récupèrent, via les services d’assainissement de la ville, des échantillons d’eaux usées pour y déceler la présence du coronavirus. Ainsi, grâce à une technique PCR, ils peuvent, en fonction de l’évolution du taux de concentration, anticiper une recrudescence de l’épidémie sur Marseille. Ou encore définir des points chauds dans certains quartiers.

    La semaine dernière, le bataillon présentait au grand public une carte illustrant ses résultats et prévenait les autorités d’une reprise de l’épidémie sur la ville. Des alertes prises très au sérieux. Mais qu’en est-il de l’utilisation concrète de ces données hyper-localisées par les autorités ? Elle serait limitée, concèdent, à regret, ses initiateurs.

    https://twitter.com/MarinsPompiers/status/1347146449511993344

    https://www.mediapart.fr/journal/france/160121/covid-19-les-donnees-des-marins-pompiers-marseillais-restent-bloquees-dans

    • Le ministère de la santé prépare pour sa part un dispositif similaire sur le plan national. Le projet Obépine (Observatoire épidémiologique dans les eaux usées) vise à constituer un réseau de laboratoires sur le territoire afin de « promouvoir l’analyse des eaux usées pour y détecter d’éventuelles traces de virus SARS-CoV-2 dans le cadre d’un plan de lutte intégrée contre l’épidémie de Covid-19 ». Obépine vient d’obtenir la possibilité de publier en open data ses premiers résultats, et doit bénéficier d’un budget de 3 millions d’euros.

      « Bref, ils essayent de mettre en place un truc que nous faisons déjà », s’agace Alexandre Lacoste. Et cela alors que les données marseillaises ne sont « pas encore intégrées à proprement parler dans les indicateurs nationaux, ni dans nos indicateurs régionaux de suivi de l’épidémie à l’ARS (comme le sont les taux d’incidence et de positivité) », précise l’ARS à Marsactu.

      « L’État veut quelque chose d’unifié, avec le même process dans chaque labo, sinon il ne fait pas, mais il vaudrait mieux stimuler chaque initiative », regrette Alexandre Lacoste. Pour lui, il serait plus logique de demander des efforts en priorité aux populations des zones les plus touchées plutôt que d’imposer les mêmes règles sur tout le territoire. « Il faut une dynamique, nous ne sommes pas des robots à qui l’on peut demander des efforts à longueur de temps. Il faut cibler les gens, adapter des modules par zone. » Bref, partir du terrain pour agir. Une philosophie qui jusqu’à présent peine à être appliquée.

      comme d’hab, bloquage au niveau ARS

      Du côté de l’AP-HM, le sentiment d’urgence est le même. Et le dispositif des marins-pompiers est scruté de près. « C’est l’un des paramètres extrêmement importants, il donne presque une photographie à un instant T. Comme avec les passages aux urgences, on sait que ça monte quand il y a beaucoup de variations », considère le professeur Laurent Papazian, chargé de la coordination des services de réanimation dans la région. Mais ce dernier n’a pas directement accès aux informations des marins-pompiers, qui transitent d’abord par l’ARS.

    • Genome Sequencing of Sewage Detects Regionally Prevalent SARS-CoV-2 Variants | mBio
      https://mbio.asm.org/content/12/1/e02703-20

      COVID-19 : Séquencer les eaux usées pour suivre le virus et ses variantes à la trace | santé log
      https://www.santelog.com/actualites/covid-19-sequencer-les-eaux-usees-pour-suivre-le-virus-et-ses-variantes-la

      Si la technique est éprouvée, il reste néanmoins difficile de distinguer le signal génétique du SRAS-CoV-2 des milliards de bactéries et de virus que les humains excrètent chaque jour. Les chercheurs doivent pouvoir identifier le SRAS CoV-2 au milieu d’un mélange complexe d’autres matériels génomiques. Les chercheurs proposent donc tout un protocole permettant de préparer les échantillons pour le séquençage : au lieu de séquencer directement l’échantillon, ils commencent par amplifier l’ARN du coronavirus qui les intéresse. Ils combinent à cette amplication, une nouvelle approche d’analyse bioinformatique suffisamment sensible pour détecter une seule différence nucléotidique.

      #variant

  • #Covid-19 : « Il est à craindre que l’aggravation de l’actuelle vague impose mi-janvier un nouveau confinement »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/01/11/covid-19-il-est-a-craindre-que-l-aggravation-de-l-actuelle-vague-impose-mi-j

    Même s’il est de plus en plus mal vécu par la population, le confinement strict et précoce est la meilleure arme contre la propagation virale, défendent, dans une tribune au « Monde », les médecins et autres membres de l’association PandémIA .

    Nous alertions en novembre sur les risques de « stop and go », alternance de confinements et déconfinements contemporains de multiples vagues, comme celle s’amorçant sous nos yeux. Avons-nous encore échoué ? La pandémie a-t-elle toujours une vague d’avance ? L’ampleur de la deuxième vague nous a surpris, à cause de plusieurs facteurs : un relâchement, flagrant cet été, des mesures barrières, puis le refroidissement saisonnier propice à la propagation du virus, plus résistant au froid et à l’humidité, avec une probabilité plus grande de le trouver en milieu confiné.

    La pandémie a changé de nature également. Les 25 000 mutants du Covid décrits jusqu’ici étaient sans conséquence évidente sur l’histoire de la maladie. Cependant, deux nouveaux mutants sont apparus (Royaume-Uni et Afrique du Sud), beaucoup plus contagieux, apparemment sans conséquences sur la virulence. Ces mutations facilitent l’entrée du virus dans les cellules et en augmentent les quantités produites dans la salive, principal vecteur de transmission. Modifient-elles également la résistance du virus dans l’environnement ? Sa capacité à échapper au système immunitaire ? L’émergence de ces variants pose aussi le problème de la sensibilité des tests PCR, de l’efficacité de nos stratégies pour les identifier et limiter leur diffusion, et surtout des potentielles conséquences sur l’efficacité des vaccins.

    Surveillance des eaux usées

    Alors que l’amélioration des techniques de réanimation (oxygénation moins invasive) et des traitements spécifiques (corticoïdes, anticoagulants) permettait de baisser la mortalité de 40 % à moins de 25 % chez les patients sévères, une surmortalité a été observée pendant la deuxième vague, soulevant de nombreuses questions. Serait-ce un effet « comptable », de nombreux décès de la première vague n’ayant pas été reconnus Covid, car non diagnostiqués, ou une conséquence de sa durée, plus longue ?

    Notre incapacité à mieux gérer les déconfinements, en anticipant la recirculation du virus, est aussi en question. Notre groupe avait montré que la surveillance de la présence du virus en quantité croissante dans les eaux usées permettait d’annoncer la remontée de l’incidence de la maladie, et ses conséquences sur l’afflux hospitalier et les décès. Les travaux conduits dans le cadre du réseau Obépine avaient notamment alerté sur le retour du virus, dès le 20 juin, les indicateurs « individus-centrés » n’ayant perçu cette recirculation qu’un mois plus tard.

    Ces constatations auraient pu conduire à un reconfinement plus strict et plus précoce, et pas à des stratégies faites de demi-mesures, non retenues par nos voisins. Ainsi, la deuxième vague est arrivée en France en novembre, avec la surmortalité décrite plus haut. Pour l’instant, les restrictions sont limitées à un couvre-feu à 18 heures dans certains départements, avec un effet probablement réduit. Il est à craindre que l’aggravation de l’actuelle vague impose mi-janvier un nouveau confinement, du fait, de nouveau, des graves pressions sur le système de santé. Le confinement strict et précoce est la meilleure arme contre la propagation virale, même s’il est de plus en plus mal vécu par la population.

    Vacciner, une urgence et une nécessité

    Reste enfin la vaccination, qui doit passer du stade de l’espoir à celui de la réalité ! Nous ne pouvons gâcher la chance et la prouesse scientifique de pouvoir en disposer aussi rapidement. Ne revenons pas sur la non-préparation d’un processus qui aurait dû être anticipé depuis au moins trois mois, ni sur le scepticisme généralisé des Français, très lié à la cacophonie, alimentée dans certains médias et par des réseaux sociaux incontrôlables !

    L’instauration d’une politique de vaccination lisible en France est enfin en cours. C’est une urgence et une nécessité sanitaire, sociale et politique, sans méconnaître les difficultés de l’organisation et de la logistique. Pour commencer, la quantité de doses disponibles, qui justifie qu’on privilégie encore les sujets les plus à risque de décès [sauf, et c’est dégueulasse, les porteurs de comorbidité non vieux...] , et les soignants dont on a grandement besoin. L’incertitude que cette vaccination puisse réellement réduire la circulation virale reste un problème. Si on est sûr qu’elle réduit l’incidence des formes graves, sa capacité à limiter la contagiosité reste débattue, bien que la baisse d’incidence des patients symptomatiques aura des conséquences épidémiologiques indubitables [?] .

    La constitution d’une immunité collective arrêtant la circulation du virus prendra de nombreux mois pendant lesquels les mesures barrières devront être respectées ! Restent enfin les interrogations sur l’efficacité in fine de ces vaccins sur les mutants, ce qui amènerait à fabriquer en urgence de nouveaux vaccins, à attendre leur mise à disposition et, paradoxalement, à justifier a posteriori la lenteur choisie ou subie par la France !

    On n’en a pas fini de ce Covid-19. D’autres pandémies suivront, notamment à la suite d’une pression sur les écosystèmes liée à la mondialisation. Il sera indispensable de tirer les leçons de cet épisode unique depuis la grippe espagnole. En attendant, tentons de juguler cette troisième vague. Les travaux doivent être poursuivis pour optimiser les tests, comme des autotests salivaires, mesurer mieux la reprise de la circulation virale en fin de confinement (surveillance des eaux usées au niveau national), et surveiller les mutations par séquençage. Il faudra aussi poursuivre les recherches thérapeutiques auprès des nouveaux malades (leurres pour le virus, molécules antivirales, substances anti-inflammatoires) et identifier mieux les zones de contamination pour pouvoir limiter le nombre d’activités non essentielles fermées (en rouvrant les stations de ski, les cinémas, ou les théâtres par exemple), et surtout restaurer la confiance du plus grand nombre. Le Covid nous a révélé combien nous étions, chacun, vulnérables. A nous de comprendre, et surtout de mettre en pratique, que seules la solidarité et l’intelligence collective pourront vaincre définitivement ce virus microscopique.

    Par l’association Fondation PandemIA : Sadek Beloucif, anesthésiste réanimateur ; Patrick Berche, microbiologiste ; Yvon Maday, mathématicien ; Vincent Maréchal, virologue ; Alexandre Mignon, anesthésiste-réanimateur ; Didier Payen, anesthésiste-réanimateur ; Gilles Pialoux, infectiologue.

    Tout le monde ici (ou presque...) avait bien compris qu’un reconfinement devait venir, voilà que c’est officiel, si Le Monde a encore cette fonction.

    #stop_and_go #pandémie #confinement #reconfinement #eaux_usées (un mois d’avance sur les lectures fondées sur les test individuels !?) #vaccination

  • Coronavirus : la menace d’un couvre-feu avancé en région parisienne | RN-NEWS
    https://www.cnews.fr/france/2021-01-06/coronavirus-la-menace-dun-couvre-feu-avance-en-region-parisienne-1033383

    [...] Selon les dernières données (datant du 2 janvier), le taux d’incidence dans l’ensemble de la population francilienne se situe entre 130 et 140, suivant les départements. Après une nette augmentation juste avant Noël (possiblement liée à la forte hausse du nombre de tests), une baisse statistique a été enregistrée au moment des fêtes. Depuis, les niveaux remontent petit à petit.

    Concernant les personnes âgées, le taux d’incidence en région parisienne est d’environ 158, d’après les chiffres disponibles, qui datent de la dernière semaine de 2020. Les 80-89 ans (150) et les plus de 90 ans (268) sont le plus gravement touchés.

    DÉJÀ UNE REPRISE OBSERVÉE DANS LES EAUX USÉES

    L’évolution de ces données est donc scrutée comme le lait sur le feu ces jours-ci. Le brassage de population pendant les vacances, ainsi que la réouverture des établissements scolaires depuis lundi 4 janvier, risquent logiquement d’accroître de nouveau la pression épidémique.

    Cette tendance à la hausse semble d’ailleurs déjà être détectable par l’un des indicateurs les plus avancés : la concentration de coronavirus dans les #eaux_usées franciliennes. « Nous étions sur un plateau avant les fêtes, ce qui n’était déjà pas très bon. Mais depuis, les nouveaux prélèvements indiquent une remontée des niveaux » , indique à CNews ce mercredi 6 janvier Vincent Maréchal, professeur de virologie à la Sorbonne et co-fondateur du projet #Obépine, les scientifiques du laboratoire d’Eau de Paris chargés du sujet.

    Coronavirus : la région parisienne devrait atteindre « 5.000 vaccinations par jour d’ici à la fin de la semaine »

    Si les données doivent encore être consolidées, une confirmation de cette tendance négative « ne surprendrait pas » le virologue. « Il y a eu beaucoup d’imprudences à Noël et surtout lors du réveillon du 31 décembre. Nous allons le payer, il ne faut pas se faire d’illusion », avertit le scientifique. Vincent Maréchal prévoit ainsi d’ores et déjà « d’envoyer une alerte au ministère de la Santé » vendredi 8 janvier, à l’issue d’une nouvelle réunion de son équipe.

    [...]

    L’INQUIÉTANT VARIANT ANGLAIS

    Signe possible de cette crainte grandissante, « le conseil scientifique a passé un coup de téléphone ce matin [mercredi 6 janvier] pour nous dire d’en faire notre priorité absolue », révèle Vincent Maréchal. Les membres du projet Obépine travaillent en effet à l’identification de ce variant britannique dans les eaux usées parisiennes. Une nouvelle technique devrait pouvoir être testée « d’ici à une semaine », selon le co-fondateur de cette cellule scientifique.

    En parallèle, la mairie de Paris continue de mettre la pression sur le gouvernement pour accélérer la campagne de vaccination. Anne Souyris, l’adjointe à la santé d’Anne Hidalgo, a dit ce mercredi 6 janvier espérer obtenir un « go » d’ici à la fin de la semaine sur la mise en place de « vaccinodromes » dans la capitale. En revanche, l’ouverture de centres de vaccinations dans les mairies d’arrondissement a été écartée « à ce stade », à l’issue d’une réunion la veille avec l’Agence régionale de santé et les préfets de Paris.

    #Paris #covid-19 #région-parisienne #taux_de_prévalance

    • Rebond de l’épidémie de Covid-19 : des relevés inquiétants dans les eaux usées d’Ile-de-France
      https://www.leparisien.fr/societe/coronavirus-dans-les-eaux-usees-d-ile-de-france-pourquoi-les-derniers-rel

      Les scientifiques du réseau Obépine ont constaté une augmentation de la concentration en virus dans les stations franciliennes. De quoi faire craindre une hausse plus importante du nombre de personnes positives ces prochains jours.

      Cet indicateur trop peu exploité et trop discret est un point d’appui bien utile lorsqu’on ne veut pas entrer dans le détail des balivernes innombrables qui circulent partout afin de dénier les évaluations des taux de prévalence au nom de (fausses) critiques des tests sur lesquels il reste compliqué de fournir une explication d’ensemble et de détail, des biais, des corrections à apporter aux chiffrages [ qui comportent des erreurs et ruptures de série, etc.]. Pour ma part j’ai renoncé, je sais pas faire, sauf à pointer 3 ou 4 contre-vérités répandues et aux airs convaincants.

      #loi_de_Brandolini

    • Je n’ai sûrement pas assez et pas assez bien cherché mais pour trouver des données, il me semble que c’est au petit bonheur la chance. Je n’ai vu que Marseille et la région parisienne citées, très occasionnellement, comme endroits où de telles analyses étaient conduites, et les données, je ne sais pas où elles sont. C’est pourtant un très bel indicateur qui permet à pas cher (les prélèvements sont au-to-ma-ti-ques et fiables, ah ah ah) de disposer d’une capacité d’anticipation plutôt que de courir après l’épidémie avec retard, ce qui semble être le pli structurel de tout ce qui est fait ici, y compris pour ce qui parfaitement programmé et connue comme la stratégie vaccinale (les 2/3 des congelos basse température gardés en réserves au lieu d’être déployés, par exemple).
      Dernier cas rageant en date, on peut faire 6 doses de vaccin Pfizer au lieu de 5 avec un flacon si c’est organisé afin d’optimiser (eh oui) les stocks, ce qui permet d’ouvrir la vaccination à des demandeurs disponibles au jour le jour (des soignants de moins de 50 ans, par exemple) pour éponger les reliquats tout à fait valables ainsi dégagés (contrairement à la connerie de retarder la deuxième injection). Ben non. On sait pas faire, alors que cela se fait ailleurs, que de telles procédures « vertueuses » ne demandent rien d’autre que d’être copiées.

      #absurdistan

    • Covid 19 - MesVaccins.net
      http://www.mesvaccins.net/web/covid-19

      Le projet #Obépine pour « Observatoire épidémiologique dans les eaux usées » est mené depuis deux mois par les chercheurs d’Eau de Paris en collaboration avec Sorbonne Université, le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap) et l’Institut de recherche biomédicale des armées (Irba). Obépine vise à surveiller les eaux usées pour suivre l’épidémie de coronavirus. Le SARS-CoV-2 excrété dans les selles des malades se retrouve en effet dans les égouts, entre quelques heures et 3 jours après. L’Ifremer détecte de possibles traces de SARS-CoV-2 dans l’environnement marin dans les eaux usées du Grand Ouest, mais cela n’a pas affecté les coquillages.

      Depuis plus de deux mois, les eaux d’une trentaine de sites de traitement, dont plus d’une dizaine sont situés en Ile-de-France Nancy et Clermont… sont sous surveillance ; Paris regarde dans quelle mesure ce dispositif peut être applicable à l’échelle de l’agglomération et sur la question des micro-clusters des quartiers, voire des établissements. La mise en place d’un suivi quantitatif de la charge virale de SARS-CoV-2 dans les eaux usées permettrait améliorer la surveillance de la circulation du coronavirus y compris des asymptomatiques.

      je ne crois pas que les données soient publiées.

    • Cf. « Sars-CoV2 dans les eaux usées, remarquable présentation du projet #Obepine »
      https://seenthis.net/messages/897435

      Résultats publiés, peut-être grâce à la demande de Elias Orphelin, qui participe au projet #Covidtracker.

      Fin de la réponse du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, 9 janvier 2021 :

      J’ai le plaisir de vous informer que nous rendrons disponibles et réutilisables les données de courbe de tendance dans les meilleurs délais, après avoir informé les collectivités concernées qui ont fait l’effort d’ouvrir leurs stations à l’équipe des chercheurs d’Obépine, les données ayant vocation à être ouvertes dans le cadre du devoir d’information des citoyens.
      Par ailleurs, au fur et à mesure de l’affinement de la méthodologie, le programme scientifique publiera des données plus fines au cours de l’année 2021. Trois publications scientifiques, qui seront accompagnées de données détaillées, sont déjà soumises. Un manuscrit est accepté, deux manuscrits sont en cours de correction. Six autres publications sont prévues dans les semaines qui viennent.

      Données relatives à la concentration de SARS-CoV-2 dans les eaux usées
      https://madada.fr/demande/donnees_relatives_a_la_concentra

  • Covid-19 et eaux usées : le réseau Obépine s’étend et peaufine ses modèles prédictifs
    https://www.industrie-techno.com/article/covid-19-et-eaux-usees-le-reseau-obepine-s-etend-et-peaufine-ses-m

    À l’occasion d’une conférence de presse organisée le 16 novembre, le réseau Obépine (pour OBservatoire EPIdémiologique daNs les Eaux usées), créé à l’initiative du laboratoire Eau de Paris, des chercheurs de Sorbonne Université et de l’institut de Recherche Biomédicales des Armées pour détecter la charge virale du SARS-CoV-2 dans les eaux des stations d’épuration, a présenté un point d’étape sur son déploiement.

    Lancé dès le 5 mars en région parisienne, le réseau a bénéficié des soutiens du Comité Analyse Recherche et Expertise (CARE), qui lui a octroyé une dotation de 500 000 euros à ses débuts, et du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI), qui lui a débloqué un fonds d’urgence de 3,5 millions d’euros. Objectif : la mise en place d’un réseau national de surveillance regroupant 158 stations d’épuration et 7 laboratoires de référence pour l’analyse des eaux usées. A l’heure actuelle, le réseau compte 82 stations. Les dernières stations pourraient se greffer au dispositif d’ici la fin décembre et Obépine réalisera à ce stade entre 300 et 600 analyses hebdomadaires. [..]

    L’analyse de ces traces du virus dans les systèmes de traitement des eaux est particulièrement intéressante, car elle pourrait permettre de prédire presque une semaine à l’avance la dynamique de l’épidémie. « Certaines données nous donnent une prédiction assez fidèle de la hausse du nombre de cas 5 à 6 jours avant de les dépister », explique Laurent Moulin, microbiologiste au laboratoire Eau de Paris.

    Les chiffres sont éloquents : sur la courbe ci-dessous les effets du 1er et 2ème confinements sont nettement visibles sur la courbe de concentration du virus dans les eaux usées (courbe rouge), en Ile-de-France, ainsi que la reprise de l’épidémie qui a eu lieu à partir de la mi-juin. La dynamique était légèrement en avance sur le nombre de personnes testées positives au covid-19 dans la région (courbe bleue).

    La dynamique de concentration du virus dans les eaux usées (en rouge). L’effet du premier et du deuxième confinement sont visibles (dans les zones grisées). A la reprise de l’épidémie, en juin, cet indicateur était en avance sur la dynamique du nombre de personnes testées positives au covid-19

     

    Un modèle difficile à établir

    Si la corrélation semble évidente, il est cependant difficile d’établir un véritable modèle prédictif. Il s’agit pourtant de l’une des finalités d’Obépine : tirer du terrain des informations qui permettront de calibrer l’action publique en fonction de l’évolution de la maladie.

    #covid-19 #eaux_usées #Obépine

  • Covid-19 : « Des biais amplifient artificiellement le nombre de cas positifs et faussent la perception de la gravité de l’épidémie »
    TRIBUNE, Didier Sicard, Médecin, Patrick Guérin, Vétérinaire
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/07/covid-19-des-biais-amplifient-artificiellement-le-nombre-de-cas-positifs-et-

    Le dépistage des cas de Covid-19 sans évaluation de la charge infectieuse est un non-sens épidémiologique.

    Tribune. Les meilleures décisions lors d’une crise sanitaire sont fondées sur des données scientifiques solides pour être ensuite arbitrées politiquement. Or, si les décisions concernant la gestion de la crise du Covid-19 depuis mi-mars reposaient sur le nombre de personnes admises en réanimation et le nombre de décès liés à ce virus, les autorités sanitaires ont changé d’indicateur pour s’appuyer essentiellement sur le taux d’incidence.

    Cet indicateur, diffusé et commenté chaque soir par les médias, recense le nombre de personnes testées « positives » au Covid-19 rapporté à une population donnée (100 000 personnes testées).

    Simplisme excessif

    Pour déterminer ce taux, les autorités sanitaires s’appuient sur le test dit RT-PCR. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/09/22/fonctionnement-fiabilite-alternatives-30-questions-sur-les-tests-pcr_6053146 De nombreux scientifiques, dont l’Ecole de santé publique de l’université Harvard, repris dans un article du New York Times du 29 août 2020 https://www.nytimes.com/2020/08/29/health/coronavirus-testing.html, ont mis en évidence ses limites, en raison du simplisme excessif de sa réponse – la personne est dite « positive » indépendamment de la charge virale (quantité de virus présent) et, par conséquent, de sa contagiosité.

    Or le coefficient d’amplification dit « CT », c’est-à-dire le chiffre à partir duquel apparaît la fluorescence, est essentiel. Plus le chiffre est bas, plus la charge virale est élevée, donc la contagiosité, et inversement.
    En effet, si la zoonose Covid-19 est due au virus SARS-CoV-2, l’inverse n’est pas vrai : la présence de fragments de SARS-CoV-2 dans les fosses nasales n’entraîne pas automatiquement la maladie, ni la contamination. Or, ce CT n’est pas harmonisé, variant de 20 à plus de 40, selon les laboratoires de biologie médicale et selon les pays, alors qu’il s’agit d’une politique de santé publique.

    Comme l’a signalé la Société française de microbiologie (SFM) le 25 septembre [à télécharger ici https://www.sfm-microbiologie.org/wp-content/uploads/2020/10/Avis-SFM-valeur-Ct-excrétion-virale-_-Version-Finale-07102020-V3., saisie pour avis par la direction générale de la santé et qui n’en a pas tenu compte ni ne l’a diffusé, cette hétérogénéité comporte un certain nombre de biais importants : elle identifie un fragment d’ARN et non un virus, a fortiori encore moins un « cas de Covid-19 » ; elle ne tient pas compte de la charge virale de la personne, donc de sa contagiosité ; la rémanence des fragments d’ARN, donc la positivité, peut être longue ; au-delà d’un nombre de cycles d’amplification supérieur à 33, il s’agit d’un « cas positif faible » ; l’interprétation du résultat doit prendre en compte les signes cliniques par un médecin, ce qui n’est quasiment jamais le cas.

    Communication anxiogène

    Ces biais ont conduit la SFM à indiquer dans son avis rendu à la direction générale de la santé qu’un « portage prolongé de l’ARN viral est possible après la phase de guérison et a été rapporté jusqu’à plus de soixante jours après le début des signes cliniques. La détection d’ARN viral par RT-PCR ne signifie pas forcément qu’il y a des particules virales infectieuses dans les échantillons biologiques » . Dit autrement, des personnes ont été confinées par milliers inutilement, alors qu’elles n’étaient plus contagieuses, et ce pour un coût exorbitant pour les finances publiques et l’activité économique.
    Dès le 25 septembre, une analyse menée sur les résultats positifs d’un laboratoire du Morbihan avait confirmé ces biais en montrant que, sur 786 échantillons de « cas testés positifs », un sur trois était « positif faible ». L’estimation de la réussite de la mise en culture des prélèvements, c’est-à-dire du risque infectieux de la personne testée « positive », était en outre inférieure à 45 %.

    Ces biais, connus depuis le mois d’août, ne sont pas pris en compte par les autorités sanitaires pour pouvoir interpréter tous les indicateurs dérivés du test RT-PCR, tels que le taux d’incidence communiqué chaque jour, ou le « R zéro » (nombre moyen de personnes qu’une personne contagieuse peut infecter) pourtant crucial afin de mesurer l’intensité d’une épidémie, ou encore le « contact tracing » [ processus d’identification des personnes ] et son efficacité pour lequel sont mobilisées plus de 4 000 personnes.

    Ces biais amplifient artificiellement le nombre de cas « étiquetés positifs Covid-19 », et faussent la perception de la gravité de l’épidémie et sa persistance, à travers une communication anxiogène. L’Espagne n’a d’ailleurs pas hésité à sauter le pas en réduisant le nombre de cycles d’amplification (CT) des tests RT-PCR, conduisant à une division des « cas positifs » de 50 % en une journée. L’Allemagne s’interroge aussi, en multipliant de nouveaux moyens de prélèvement pour standardiser en aval les mesures de charge virale.

    4 milliards d’euros

    La connaissance et la correction de ces biais sont essentielles si l’on veut piloter et décider de mesures de restrictions des libertés publiques proportionnées à l’ampleur de la crise et les faire accepter par la population. Les personnes testées « positives » doivent en outre être informées du « vrai » risque qu’elles encourent. C’est une exigence législative (loi du 4 mars 2002).

    De nombreux scientifiques avaient appelé le gouvernement à revoir la politique de tests pour la rendre plus efficace – la Sécurité sociale y consacre plus de 4 milliards d’euros en année pleine – en ciblant les personnes prioritaires, et accélérer l’obtention des résultats.

    Cette efficacité ne sera pas au rendez-vous tant que les tests RT-PCR ne seront pas standardisés au niveau national. Il est impératif que l’avis de la SFM soit appliqué dès à présent par les laboratoires de biologie médicale afin que la politique de santé publique de tests RT-PCR soit harmonisée. Il en va des intérêts sanitaires, économiques et financiers de la France

    Cette standardisation, le partage des résultats, la quantification virale des eaux usées permettraient l’analyse commune et les comparaisons entre territoires, puis éventuellement entre pays, tout comme une appréciation des risques réels de l’épidémie par les pouvoirs publics et la population.

    Patrick Guérin est le président d’OpenHealth Company ; Didier Sicard est l’ancien président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) pour les sciences de la vie et de la santé.

    #covid-19 #tests_RT-PCR #charge_infectieuse #eaux_usées

    • Oui, bien sûr.


      Et il faudrait y ajouter, les décès, les covid longs et les effets indirects invalidants ou mortels de la saturation du sytème de santé ("pertes de chance").
      Mais quand même, la batterie de moyens utilisables oblige à prendre en compte les difficultés posées par chacun d’entre-eux, tests PCR inclus. Ce qui est gênant dans l’article c’est le plaidoyer pour une vérification de la positivité au covid par examen clinique. On sait que ça suffit pas dans tous les cas. Mais chercher à comprendre ce qu’il en est de la charge infectieuse (ou de l’effet dose, par exemple), ou rappeler que le suivi des eaux usées (dont je ne vois d’écho qu’à propos de Marseille, ce qui parait incroyable) permettrait une autre approche du #taux_de_prévalence du virus

    • À lire en triant quelques commentaires sur la page d’origine, il était sans doute pas nécessaire de relayer cette tribune. Le journal offre un lot de consolation au réseau Mucchielli dont il n’avait pas publié la tribune avec un papier qui se pare de scientificité. Décidément, je ne suis pas vétérinaire. @kassem @vazi @die_brucke

      • Je suis franchement étonné du manque de connaissances scientifiques affiché par ces 2 auteurs, qui auraient du prendre la peine de faire relire leur texte par quelqu’un d’éduqué. 1/ le Ct n’est pas le coefficient d’amplification mais le nombre de cycles à partir duquel le signal devient supérieur au bruit de fond ("threshold cycle" = cycle seuil) ; 2/ Personne ne connait la relation exacte entre valeur du Ct et charge virale négligeable (ce que les auteurs disent eux mêmes), donc ou plasser le curseur pour les autorités de santé publique ? 3/ La solution proposée par les auteurs conduit à ce que des personnes venant juste d’être infectées et ayant donc encore une charge virale faible soient déclarées négatives alors qu’elles seront positives quelques jours plus tard, d’ou retard à la détection. Je n’ose même pas imaginer que ces auteurs ont ou aient eu des responsabilites décisionnelles touchant à la politique de santé publique en France.

      • Raisonnement pas faux sur le plan technique, mais totalement inadapté à la situation actuelle de gestion de l’épidémie. C’est la problématique bien classique en médecine du seuil diagnostique : plus on baisse le curseur moins on a de #faux_positifs, mais plus on a de #faux_négatifs. Débat classique en médecine depuis de nombreuses années par exemple dans la gestion de l’HTA, du diabète ou de l’hypercholestérolémie.
      A l’échelon individuel, un faux positif est ennuyeux pour le patient car on va isoler pour 7 à 10 j quelqu’un qui probablement pas contagieux. Par contre au niveau collectivité, un faux négatif est nettement dangereux car on va rassurer faussement et laisser se balader dans la nature quelqu’un qui est contagieux.

      • ...peu importe la méthode de détection tant qu’elle est constante : l’Espagne a vu ses cas divisés par deux dans les chiffres, mais l’épidémie n’a pas régressé pour autant, donnant à tort le sentiment d’une amélioration. Enfin, les auteurs recommandent de se baser sur le nombre de personnes hospitalisées ou admises en réanimation, sans préciser que ces indicateurs ont tout simplement 3 semaines de retard sur le taux de contamination. On ne peut pas se permettre 3 semaines de latence pour réagir. Bref, c’est un peu d’eau au moulin des complotistes et autres réfractaires, sans intérêt pratique pour les autres.

      • Un vétérinaire qui via sa socéité Open Health collecte analyse et vend des données de santé associé à un médecin de 82 ans qui a l’air à peu près dans le même état de clairvoyance scientifique que Luc Montanier (voir l’entrevue de #Didier_Sicart du 20 Juin sur public-sénat, bcp de délire !) tout ça pour nous raconter des choses évidentes que n’importe quel étudiant en thèse faisant de la PCR en routine peut expliquer à tout le monde. Tout ceci a déja été exposé sur un post précédent. La #charge_virale c’est le dénombrement des virus vivants ; détermination longue, très coûteuse car nécessitant du personnel et des locaux appropriés pour la culture cellulaire. Dans tous les cas cela dépendra toujours de la qualité du prélèvement et du moment où il est fait.

      #Patrick_Guérin est un des signataires de la tribune initiée en septembre par le sociologue #Laurent_Mucchielli, publiée par le Parisien, et qui prétendait qu’il n’y avait pas de deuxième vague.

      • Si on s’était retrouvé avec une augmentation exponentielle des cas sans saturation des hôpitaux, cette tribune aurait pu être une contribution utile. Hélas l’explosion des cas que l’on a mesurée (exacte ou pas) a bel et bien conduit à la saturation des hôpitaux au moment qu’avait indiqué l’institut Pasteur dès la fin Août. Le thermomètre est donc suffisamment précis. Mais nos gouvernements n’ont pas voulu le voir.

  • Des traces de Covid-19 dans les eaux usées à Paris interrogent sur un possible retour de l’épidémie
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/07/08/des-traces-de-covid-19-dans-les-eaux-usees-a-paris-interrogent-sur-un-possib

    Les résultats des derniers prélèvements montrent une résurgence du virus, à des niveaux minimes. L’incidence de l’infection remonte également dans certains départements, mais il est trop tôt pour parler d’un rebond épidémique.

    Faut-il s’alarmer ? Près de deux mois après la levée des principales mesures de confinement, la quantité de virus détectée dans les eaux usées parisiennes semble indiquer une légère reprise de l’épidémie due au coronavirus depuis une quinzaine de jours, indiquent des sources concordantes.

    Depuis le début de la pandémie, les eaux usées puis retraitées dans les usines d’Eau de Paris font l’objet d’un suivi, avec l’objectif d’évaluer la circulation du SARS-CoV-2 au sein de la population. A partir d’échantillons prélevés entre le 5 mars et le 23 avril, dans le cadre d’un projet baptisé « _Obépine- », des chercheurs ont en effet montré une corrélation entre le niveau de virus dans les eaux usées et le nombre de cas.

    Un indicateur épidémique « avancé »
    L’explication ? Quand un malade du Covid-19 va aux toilettes, le virus présent dans ses selles contamine les eaux qui les évacuent. Il est présent quelques jours après l’infection, avant l’apparition des premiers symptômes de la maladie. Les eaux usées « reflètent en partie l’état de santé de la population », souligne-t-on chez Eau de Paris, et représentent un indicateur épidémique « avancé » par rapport aux indicateurs « tardifs » comme les hospitalisations.