• Good coop, bad coop ?
    https://www.questionsdeclasses.org/good-coop-bad-coop

    Dans notre #école REP du 19ème, pour l’année 2022-2023 les dons des parents s’élevaient à 3975 euros. Dans l’école, quand on enlève les frais bancaires, l’adhésion à l’#OCCE et une réserve dédiée aux projets collectifs de l’école, chaque classe dispose de 250 euros pour l’année à gérer. Ainsi, une amie enseignante dans le 16ème arrondissement de Paris dispose elle de 2800 euros pour sa classe pour l’année, soit plus de 10 fois le budget de nos classes. Une autre dans le 14ème de 800 euros, soit 3 fois plus que le budget de nos classes mais 3 fois moins que celles du 16ème. Nous n’avons pas trouvé d’étude approfondi sur les budgets des coopératives scolaires, mais à l’heure où le Nouveau Front Populaire parle d’instaurer une réelle « gratuité de l’école », la question des #coopératives mériterait d’être explorée.

    En outre, l’adhésion à l’OCCE a un coût (son prix est calculé en fonction du nombre de « coopérateurs·rices » dans l’école, c’est-à-dire le nombre d’enseignant·es et d’enfants de l’école). Dans le cas de l’OCCE, chaque OCCE départemental définit une cotisation (dont une partie reviendra à l’OCCE national), entre 1€50 et 2€50 par coopérateurs·rices en fonction des départements. Si ce coût est le même pour toutes les écoles publiques d’un même département, son impact est ressenti de manière bien différente selon les écoles. Pour notre école, notre adhésion OCCE nous revient à 584,75 euros (adhésion et assurance scolaire) soit presque 15% des dons des parents. Il ne semble pas exister au sein de l’OCCE (du moins pas à Paris, ni dans d’autres départements où nous avons « enquêté ») de tarification sociale de l’adhésion.

  • « 2025 va être une année de crise » : l’avertissement de Thomas Porcher après les annonces de Barnier
    https://www.lemediatv.fr/emissions/2024/2025-va-etre-une-annee-de-crise-lavertissement-de-thomas-porcher-apres-les

    Ça y est, la politique et le #Gouvernement de Michel Barnier sont lancés. La semaine dernière, le Premier Ministre a prononcé son discours de politique générale devant les députés.

    #Économie

  • Manifeste du Journalisme Libre et Alternatif de Populi-Scoop.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4670

    Quand en 2006, nous avons adopté une CMS français, SPIP, pour lancer Populi-Scoop, l’idée de publier « un manifeste » était inimaginable. Le mettre en ligne en 2024, pour préciser les profondes convictions de la ligne éditoriale que sont un engagement indifférent et un apport en direction des humains, pour l’écologie et la vulgarisation des sciences, réconforte notre fierté. Ce qui rallonge notre vision au loin avec des projections sur des horizons éclairés de radieuses espérances. N.E. Tatem, coordinateur de rédaction. Positions Communiqués, publication, impressions, points de vue, officiels, institution, club, personnalité, association,

    / #edito, #Journalisme,_presse,_médias, journaliste, poète, livre, écrits, censure, presse, journaux, dictature, expressions, liberté, Ecologie, environnement, (...)

    #Positions_Communiqués,_publication,_impressions,_points_de_vue,_officiels,_institution,_club,_personnalité,_association, #_journaliste,_poète,_livre,_écrits #censure,_presse,_journaux,_dictature,_expressions,_liberté #Ecologie,_environnement,_nature,_animaux

  • « Si la volonté politique fait défaut pour protéger le loup, elle fera défaut sur tout le reste », Stéphane Foucart
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/10/06/si-la-volonte-politique-fait-defaut-pour-proteger-le-loup-elle-fera-defaut-s

    Environ un millier de loups vivent sur le territoire national. Ils y cohabitent avec 68 millions d’êtres humains, 16 millions de bovins, 7 millions d’ovins, 1 million d’équidés de toutes sortes. Mille loups, donc, arpentent discrètement les forêts et les montagnes d’un pays de 55 millions d’hectares. Cela fait très peu de loups au kilomètre carré, mais c’est déjà trop. La France fait partie de la vingtaine d’Etats membres de l’Union européenne (UE) qui ont favorablement accueilli, le 25 septembre, la proposition de la Commission de réduire le niveau de protection du grand carnivore.

    Début décembre, le comité directeur de la Convention de Berne (où l’#UE détient la majorité) devrait faire passer Canis lupus du statut de protection stricte à celui de protection simple. La directive « Habitats », qui transpose les dispositions de la Convention de Berne, devra ensuite être amendée. Cela promet d’être intéressant : l’article 19 de la directive en question dispose que toute modification de son annexe IV (la liste d’espèces strictement protégées) ne peut intervenir qu’en cas de nouvelles données « scientifiques et techniques », et à l’unanimité des Etats membres. Le hic étant qu’il n’y a aujourd’hui ni unanimité des Etats membres ni nouvelles données.
    Une fois ces obstacles contournés, on pourra « tirer » les loups avec bien moins d’embarras. Or, sous « protection stricte », on en tue déjà environ 200 par an en France, soit 20 % de l’ensemble de la population. Nul besoin d’être grand clerc pour imaginer ce qui se produira lorsque les digues auront été abaissées.

    La France s’est engouffrée dans la brèche

    La décision européenne n’est pas seulement inquiétante pour la pérennité des populations lupines, elle marque un précédent qui cristallise la fragilité de la volonté politique de sauvegarder ce qui reste de la nature sur le Vieux Continent. Le déclassement de Canis lupus consacre d’abord la possibilité qu’au plus haut niveau des institutions communautaires une croisade personnelle – celle de la présidente Ursula von der Leyen – puisse primer sur toute autre considération. Comme l’ont noté de nombreux commentateurs, c’est en effet depuis la mort de sa ponette Dolly, tuée par un loup à l’âge canonique de 30 ans, que l’exécutif européen s’est décidé à avoir la peau du canidé.

    Comme d’autres Etats membres aux mains de gouvernements conservateurs, la France s’est engouffrée dans la brèche pour plaider à son tour le déclassement. « Il ne s’agit pas d’un déclassement mais d’un reclassement en accord avec l’état de la science », expliquait en janvier l’entourage de Marc Fesneau, alors ministre de l’agriculture, avec cette manière inimitable de piétiner la science en se réclamant d’elle. En réalité, l’expertise collective sur le sujet, rendue en mars 2017 par le Muséum national d’histoire naturelle et l’Office français de la biodiversité, estime que, afin d’atteindre le seuil de viabilité à long terme sur un territoire comme la France, « l’ordre de grandeur qui correspond à un effectif minimal à atteindre est de l’ordre de 2 500 à 5 000 individus matures sexuellement ». Soit deux à cinq fois plus que nos 1 000 loups désormais en sursis.

    Bien sûr, il est incontestable que le loup fait aussi des dégâts. Mais là encore, les données de la Commission elle-même permettent de cadrer la taille réelle du problème : la prédation du loup ne touche guère que… 0,065 % du cheptel ovin de l’UE. Un simple pourcentage moyen n’est pas de nature à rendre compte du désarroi et de la détresse des éleveurs touchés, mais l’impact global du loup n’en demeure pas moins très limité, sans commune mesure avec les effets de l’ouverture des marchés, des zoonoses, etc.

    S’il n’y a pas de volonté politique pour activer les leviers socio-économiques susceptibles de gérer des inconvénients d’aussi faible ampleur, il n’y en aura pas pour sauvegarder le reste de la #biodiversité. Pourquoi ? Non seulement le grand prédateur ne produit de dégâts que marginaux, mais il appartient au patrimoine culturel, ce qui en fait une cause très populaire : depuis une dizaine d’années, les enquêtes estiment qu’entre 75 % et 85 % des Français souhaitent une protection forte pour cet animal emblématique.

    Capital de sympathie

    Par comparaison, les bousiers, les vers de terre, les syrphes, les bourdons, les chauve-souris et tout le cortège des bestioles invisibles qui prodiguent des services cruciaux aux sociétés humaines ne disposent pas d’un tel capital de sympathie. Et les mesures à mettre en œuvre pour les protéger – redéfinir les systèmes agricoles et alimentaires, revoir les stratégies d’occupation du territoire, etc. – sont de surcroît bien plus lourdes que les aménagements nécessaires à la gestion du loup. On l’a compris : si la volonté politique fait défaut pour protéger ce dernier, elle fera défaut sur tout le reste.

    Sur ce dossier, la duplicité de la Commission est spectaculaire. Bruxelles assure que les populations lupines sont trop nombreuses. Pourtant, en novembre 2022, l’UE refusait à la Suisse le déclassement du loup au motif que cela n’était « pas justifié d’un point de vue scientifique, ni du point de vue de la conservation ». Or, comme le note Guillaume Chapron (université suédoise des sciences agricoles), l’un des meilleurs spécialistes du sujet, « depuis 2022, il n’y a aucun changement notable, ni sur la prédation ni sur la dynamique des populations de loups en Europe ». La Commission, qui se pose volontiers en gardienne de la raison scientifique face à l’inconséquence des Etats membres, vient d’administrer la preuve empirique qu’une simple lubie de sa présidente, adjuvée par le virage à droite de l’UE et la colère du monde agricole, pouvait renverser trois décennies de politique de conservation de la nature.

    Cette mandature s’annonce sous les meilleurs auspices.

    #écologie

  • Imperia dice no al parco eolico
    https://radioblackout.org/2024/10/imperia-dice-no-al-parco-eolico

    Il comitato InterVento Popolare nasce in opposizione al progetto di 32 pale eoliche denominato “IMPERIA Monti Moro e Guardiabella” che dovrebbe essere realizzato nei Comuni di Aurigo, Borgomaro, Castellaro, Cipressa, Dolcedo, Pietrabruna, Pieve di Teco, Prelà, Rezzo con strada di accesso in San Lorenzo al Mare e Costarainera. L’impatto ambientale, territoriale e idrogeologico, oltre che […]

    #L'informazione_di_Blackout #comitati #ecologia #energia_eolica #transizione_ecologica #transizione_energetica
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2024/10/Imperia-no-eolico-2024_10_04_2024.10.04-10.00.00-escopost.mp3

  • Pétition contre la continuation d’une carrière Vicat à Rochechinard
    https://ricochets.cc/Petition-contre-la-poursuite-d-une-carriere-Vicat-a-Rochechinard-7889.html

    Le préfet de la #Drôme Thierry Devimeux déclarait en août 2023 pour sa communication d’investiture qu’une de ses priorités principales était « la lutte contre le dérèglement de la planète ». Le Béton et le monde du BTP étant une des causes majeure du dérèglement de la planète (climat et biodiversité détruits par la civilisation industrielle), le préfet va forcément suivre les recommandations de cette pétition ? A moins que le préfet Devimeux ne fassent que jouer du pipeau, et soit en (...) #Les_Articles

    / #Ecologie, Drôme, #Vercors

    https://www.change.org/p/agissons-pour-la-biodiversit%C3%A9-au-favet-%C3%A0-rochechinard-26
    https://aouste-a-coeur.fr/ciments-vicat-et-lafarge/#Des_inventions_a_lentreprise_familiale
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Vicat_(entreprise)

  • OpenAI just raised $6.6 billion to build ever-larger AI models - The Verge
    https://www.theverge.com/2024/10/2/24260457/openai-funding-round-thrive-capital-6-billion

    This funding round values OpenAI at roughly 40 times its reported revenue, an unprecedented figure that highlights just how much hype surrounds AI in Silicon Valley. The New York Times reported that OpenAI’s monthly revenue hit $300 million in August, and the company expects about $3.7 billion in annual sales this year (and estimates that its revenue will reach $11.6 billion next year.)

    These billions will go toward the incredibly expensive task of training AI frontier models. Anthropic CEO Dario Amodei has said AI models that cost $1 billion to train are in development and $100 billion models are not far behind. For OpenAI, which wants to build a series of “reasoning” models, those costs are only expected to balloon — making fresh funding rounds like this one critical.

    #Intelligence_artificielle #OpenAI #Finance #Economie_numérique

  • La carte des pensées écologiques

    La carte des pensées écologiques est enfin disponible !

    Il aura fallu des mois de discussions et de travail collectif pour aboutir à cette #carte qui a l’ambition de représenter dans toute leurs pluralités les pensées de l’#écologie_politique en montrant les liens entre ses principaux courants, penseurs et penseuses, luttes et organisations.

    L’objectif premier est de montrer que l’#écologie est un #champ_de_bataille, un terrain où s’affrontent des #idées. En conséquence figurent sur cette carte des « #écoles » pauvres en apports théoriques mais riches en capitaux et en relais d’influence. Comme toute cartographie également, elle fige des positions par nature dynamiques, des espaces mouvants, et impose une vision qui lui est propre.

    Cette citation d’André Gorz résume bien la situation :

    “Si tu pars de l’impératif écologique, tu peux aussi bien arriver à un anticapitalisme radical qu’à un pétainisme vert, à un écofascisme ou à un communautarisme naturaliste”.

    La carte des pensées écologiques n’aurait jamais vu le jour sans un formidable travail de toute l’équipe du média Fracas. Nous avons décidé de la laisser gratuitement en accès libre. Pour soutenir Fracas et avoir la version poster, vous pouvez acheter leur premier numéro directement sur ce lien. Abonnez-vous pour soutenir la presse indépendante !

    La carte des pensées écologiques

    Voici la carte des pensées écologiques. 8 grandes familles, plus de 150 personnalités représentées :

    Les 8 grandes familles des pensées écologiques

    Pour vous y retrouver plus facilement, voici en détail les 8 grandes familles des pensées écologiques, avec leurs autrices et auteurs clés. Si vous souhaitez aller plus loin, plus de 150 noms sont à retrouver sur la carte, et des sources sont disponibles à la fin de cet article.
    1/ ÉCOLOGIES ANTI-INDUSTRIELLES

    Les #écologies_anti-industrielles rejettent le productivisme et l’hyper-mécanisation du travail issus de l’ère industrielle. Elles développent une approche technocritique tout au long du XXe siècle. Critiques du gigantisme de l’appareil productif et de l’État pour les ravages qu’ils causent aux écosystèmes et à la personne humaine, les écologies anti-industrielles prônent la petite échelle et refusent une certaine idéologie du Progrès.

    Elles critiquent vertement la dépossession des populations de leurs propres moyens de subsistance. Elles encouragent enfin le fait de considérer l’industrie et la technique comme un système avec ses logiques propres, dont on ne peut se contenter de critiquer tel ou tel effet pris isolément.

    Autrices et auteurs clés : #Ivan_Illich, #Jacques_Ellul et #Günther_Anders

    2/ ÉCOLOGIES LIBERTAIRES

    Les #écologies_libertaires s’inscrivent en filiation des traditions du socialisme ouvrier anglais et de l’anarchisme, et entretiennent une grande proximité avec les écologies anti-industrielles. L’idéal d’émancipation et d’autonomie des libertaires se trouve régénéré par une analogie : les dominations de l’homme sur l’homme, de l’homme sur la femme et de l’homme sur la nature ne peuvent être prises séparément, et doivent être combattues d’un bloc.

    En conséquence, elles aspirent à la constitution d’éco-communautés et d’institutions autogérées et démocratiques à l’échelon local et défendent des principes fédératifs contre les dynamiques centralisatrices de l’État. La vision de la société s’articule autour du champ, de l’usine et de l’atelier, et d’une démocratie radicale, parfois exprimée par le recours au tirage au sort.

    Autrices et auteurs clés : #Murray_Bookchin, #Kristin_Ross, #Bernard_Charbonneau

    3/ ÉCOFÉMINISMES

    Né dans les années 1970 sous la plume de Françoise d’Eaubonne, l’#écoféminisme est une famille qui propose une analyse de la catastrophe écologique fondée sur le genre et sur l’oppression des femmes sous le capitalisme patriarcal. Nébuleuse aux contours flous, l’écoféminisme se conjugue dès le départ au pluriel, soulignant la diversité des origines géographiques et des influences idéologiques qui composent ce courant : socialisme, spiritualisme, queer, marxisme, pensées décoloniales, etc.

    Elles partagent pour la plupart le constat que, d’une part, le rôle des femmes a été subordonné à une fonction purement reproductive et, d’autre part, que la nature a été associée à l’image de cette femme dominée, que le capitalisme doit soumettre, exploiter, et même violer.

    Autrices et auteurs clés : #Françoise_d’Eaubonne, #Vandana_Shiva, #Starhawk

    4/ ÉTHIQUES ENVIRONNEMENTALES

    Les #éthiques_environnementales émergent au sein de la philosophie de l’environnement aux États-Unis, et explorent, chacune avec des options parfois radicalement différentes, le lien qu’entretient l’homme avec la « nature ». Certaines écoles défendent que les espaces naturels ont une valeur intrinsèque, d’aucunes qu’on ne peut juger de la nature que par son utilité pour l’homme, d’autres encore que nous devons nous concevoir comme une espèce au sein d’une « communauté biotique ».

    Faut-il préserver des espaces vierges ? Faut-il au contraire être les stewards d’espaces dont l’homme ne s’exclue pas ? Les polémiques et conflits n’ont certainement pas manqué au sein de cette famille…

    Autrices et auteurs clés : #Aldo_Leopold, #Imanishi_Kinji

    5/ #ÉCOSOCIALISME

    La famille écosocialiste émerge comme un prolongement du #marxisme mais s’oppose à ses interprétations productivistes portées notamment par l’URSS. En partant de l’insuffisante prise en considération des écosystèmes dans les traditions socialiste et marxiste, il s’agit alors de les dépoussiérer et les adapter au tournant écologique des sociétés, en portant l’idée que l’oppression sociale et la destruction de la nature ont une même et unique cause : le capitalisme.

    Si la socialisation des moyens de production et l’autogouvernance démocratique restent au cœur de ce projet, les écosocialismes proposent une variété de réponses allant d’un interventionnisme fort de l’État à des perspectives davantage autogestionnaires. Certains écosocialismes contemporains, dont la branche étatsunienne, ont même rompu avec une perspective anticapitaliste claire et la tradition révolutionnaire.

    Autrices et auteurs clés : #André_Gorz, #Michael_Löwy, #John_Bellamu_Foster

    6/ ÉCOLOGIES DÉCOLONIALES

    Conceptualisée dans les années 1980, les #écologies_décoloniales pointent l’#impensé_décolonial de l’écologie dominante, à la fois libérale et occidentalo-centrée, qui empêcherait la constitution d’une lutte écologiste pleinement libératrice car internationaliste. Par son universalisme « naturaliste » et raciste, sa vision mortifère de la nature, son extractivisme et son colonialisme producteur de natures appauvries (dont la plantation coloniale est l’emblème), l’Occident est en grande partie responsable de la catastrophe en cours.

    De ce point de vue, une écologie de « transition » qui supplanterait les énergies fossiles par des ressources minières au profit d’énergies renouvelables ne serait pas seulement insuffisante : elle ne ferait que trouver de nouvelles formes au colonialisme.

    Autrices et auteurs clés : #Joan_Martinez_Alier, #Malcolm_Ferdinand

    7/ #CAPITALISME_VERT

    La crise écologique fournit chaque jour de nouvelles preuves de la logique mortifère qui se loge au cœur de la dynamique d’accumulation capitaliste. Pour autant, le capitalisme a aussi ses théoriciens, et ceux-ci ont eux aussi tenté d’intégrer les paramètres écologiques dans leur défense de l’ordre en place.

    Dès lors, il s’agit bien souvent de corriger les « excès » ou les « impensés » du capitalisme en intégrant la dimension environnementale aux échanges marchands (taxes, compensation, technologies vertes…). Certains vont jusqu’à vouloir accélérer la dynamique du système capitaliste, y voyant un moyen de contrôler le Système-Terre dans un sens qui ne nuise pas aux intérêts de la classe possédante.

    Autrices et auteurs clés : #Christiana_Figueres, #David_Keith

    8/ ÉCOFASCISMES

    Les #écofascismes, qui ont émergé à bas bruit depuis les années 1980, sont extrêmement fragmentés. En Europe, ils défendent un éco-différentialisme, soit l’idée d’une humanité divisée en différentes « races » ou civilisations non hiérarchisées mais qui doivent rester séparées, car adaptées à leur environnement immédiat : « chacun chez soi » devient « chacun dans son propre écosystème ».

    Aux États-Unis, le néo-malthusianisme et la xénophobie se doublent d’une apologie des grands espaces vierges, de la wilderness, souillée par l’immigration. Cette obsession démographique se traduit souvent par un repli sur des « bases à défendre », dans des logiques « survivalistes ».

    https://bonpote.com/la-carte-des-pensees-ecologiques
    #visualisation #cartographie #infographie #pensée_écologique #épistémologie #pensées_écologiques #décolonial #ressources_pédagogiques

    ping @reka

  • Quelque chose de grave se passe dans le ciel, Wu Ming 1
    https://lundi.am/Quelque-chose-de-grave-se-passe-dans-le-ciel

    Dans les premiers jours de mai 2023, et de nouveau deux semaines plus tard, de violents orages se sont abattus sur l’est de l’Émilie Romagne. Précédées d’une longue période de sécheresse, les fortes pluies prennent la population de court. (...)

    Un hectare de terre libre peut absorber jusqu’à 3 750 tonnes d’eau. Une eau qui en s’infiltrant s’en va rejoindre les nappes souterraines. Sur une dalle en béton ou une route en asphalte, l’eau rebondit et accélère sa course. Mais le problème ne se limite pas à ça. Dans le sprawl
    émilien-romagnol, l’eau a fait sauter les canalisations d’eaux usées, débordé les égouts, renversé les bennes à ordures, traversé des décharges, détruit des maisons, des usines, des magasins, des distributeurs, des garages et des entrepôts, emportant avec elle des substances nocives telles que des détergents, des cosmétiques, des engrais, des pesticides, des tonnes de plastique et, en traversant des élevages intensifs, charrié des animaux noyés...

    L’amas de ces bombes chimiques et bactériologiques stagna pendant plusieurs jours. Conselice, dans la province de Ravenne, devint la ville symbole de la catastrophe : elle resta envahie par ces effluents pendant deux semaines et l’odeur nauséeuse qui en émanait était perceptible à des kilomètres à la ronde.

    Le soleil rayonnait sur cette pourriture, Comme afin de la cuire à point, Et de rendre au centuple à la grande NatureTout ce qu’ensemble elle avait joint.
    Une charogne, Baudelaire

    Une fois que la boue a pu être évacuée – dans l’Adriatique, pouvait-il en être autrement ?! – et que les rues furent à nouveau sèches, les éventuels effets sur l’environnement et la #santé ne furent plus discutés. Le sujet disparut du discours public.

    Les causes de ce genre de catastrophes sont connues. Le réchauffement climatique provoque une alternance de périodes de #sécheresse et de fortes pluies, le fameux climate whiplash – le coup de fouet climatique. Dans le même temps, les inondations et les destructions sont le résultat de politiques qui défigurent le territoire depuis plus d’un demi-siècle, à commencer par les cours d’eau, déviés, artificialisés, amputés de leurs courbes, privés de leurs possibilités d’expansion au profit du béton. Les images de la Ravone – cette rivière canalisée et enterrée et qui, gonflée par les fortes pluies, repris possession de la via Saffi, une des artères principales de Bologne – en sont une bonne illustration.

    [...]

    Le maire de Ravenne, Michele De Pascale, reporta la faute des inondations sur les ragondins, coupables de creuser leurs terriers dans les digues, et sur de prétendus écologistes qui auraient empêché qu’on les abatte et lui auraient envoyé des menaces de morts. (...)

    #climat #artificialisation_des_sols #étalement_urbain #inondations #écologie #politique #sciences #complot #complotisme #géo-ingénierie #asymbolie #technosolutionnisme #Naomi_Klein #pandémie

  • Du #Libre dans les écoles belges avec NumEthic
    https://framablog.org/2024/10/02/du-libre-dans-les-ecoles-belges-avec-numethic

    Aujourd’hui, nous partons à la découverte de NumEthic, une association belge qui œuvre pour promouvoir le libre notamment dans les écoles. Pour commencer, pouvez-vous nous présenter NumEthic ? NumEthic est une association qui a pour but de promouvoir et de créer … Lire la suite­­

    #Éducation #G.A.F.A.M. #Interviews #Mouvement_libriste #Belgique #école

  • « Les médecins étrangers investissent surtout les spécialités hospitalières désertées par les médecins français qui préfèrent exercer en libéral »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/30/les-medecins-etrangers-investissent-surtout-les-specialites-hospitalieres-de

    « Les médecins étrangers investissent surtout les spécialités hospitalières désertées par les médecins français qui préfèrent exercer en libéral »
    Tribune Pierre Micheletti Médecin
    Le débat sur l’aide médicale d’Etat, dont la suppression renforcerait les recours spontanés aux urgences hospitalières, pourrait également faire apparaître la question des praticiens étrangers, qui doivent être mieux traités par notre système de santé, explique le médecin Pierre Micheletti dans une tribune au « Monde ».
    Marie-Claire Carrère-Gée, ministre déléguée chargée de la coordination gouvernementale, ne va pas manquer de dossiers épineux à articuler entre les différents gestionnaires de portefeuille au sein du gouvernement de Michel Barnier. La nomination de Bruno Retailleau à l’intérieur n’a pas tardé à donner des ailes aux défenseurs de lignes dures sur les questions migratoires. En la matière, les interfaces avec la ministre de la santé vont en particulier générer l’attention, voire la mobilisation des acteurs.
    Deux dossiers concernent directement Geneviève Darrieussecq, ministre de la santé et de l’accès aux soins, et serviront d’utiles baromètres sur l’efficacité de la « coordination gouvernementale ». D’abord, l’avenir de l’aide médicale d’Etat (AME), objet de toutes les manipulations symboliques au service d’un discours martial sur le durcissement de l’accueil des étrangers. Une déclinaison plus subtile sera indubitablement à construire dans le discours politique – et dans la pratique – concernant la place incontournable occupée par des médecins détenteurs d’un diplôme délivré à l’étranger.
    Sur l’épouvantail de l’AME, dont la suppression empêcherait des diagnostics à un stade précoce – aggravant le pronostic des pathologies – et renforcerait les recours spontanés aux urgences hospitalières coûteuses et à bout de souffle, beaucoup a déjà été dit, par les associations comme par les professionnels du champ médico-social. La formule de la Fédération hospitalière de France en résume l’argumentation, évoquant « un contresens moral, sanitaire et économique ».
    Sur la démographie médicale globale, comme sur la répartition territoriale des praticiens, aujourd’hui largement soutenue par des médecins étrangers, les données du Conseil national de l’ordre des médecins apportent des informations éloquentes. La place des médecins étrangers est cruciale dans l’offre de soins. Au 1er janvier 2023, 234 028 médecins étaient actifs en France, dont 48,8 % femmes et 51,2 % hommes. Les moins de 40 ans représentent 28,5 % des effectifs, les 60 ans et plus 31,1 %. L’âge moyen des médecins est ainsi de 50,5 ans. Les médecins à diplômes étrangers occupent une place de plus en plus importante au fil du temps. Alors qu’en 2010 ils comptaient pour 7,1 % des médecins en activité, ils représentaient 12,5 % en 2023.
    La hausse de la proportion de médecins en activité à diplômes étrangers se perçoit notamment chez les spécialistes, qu’ils soient médicaux ou chirurgicaux. Ils représentent 19,8 % des médecins spécialistes chirurgicaux en activité et 16,9 % des médecins spécialistes médicaux (hors médecins généralistes) en activité. La Roumanie, la Belgique et l’Italie sont les trois principaux pays d’obtention de diplômes des médecins en activité à diplômes obtenus au sein de l’Union européenne (UE), hors France.
    L’Algérie, la Tunisie, la Syrie et le Maroc sont les quatre principaux pays d’obtention des médecins titulaires de diplômes obtenus en dehors de l’UE. Les proportions de médecins en activité à diplômes étrangers sont particulièrement importantes dans les départements qui présentent les plus faibles densités médicales, participant ainsi à corriger des déséquilibres démographiques et territoriaux.
    Il existe pourtant un traitement à double vitesse pour les médecins étrangers. Afin de pourvoir les postes d’internes, les hôpitaux embauchent des praticiens à diplômes étrangers hors UE, en tant que « faisant fonction d’internes », « attachés associés » ou « assistants associés ». Ces statuts sont caractérisés par la précarité, une moindre rémunération et un emploi du temps surchargé. La présence de ces médecins reste très mal renseignée. On a par ailleurs connaissance de situations d’illégalité, comme le phénomène des médecins étrangers embauchés comme infirmières/infirmiers, qui demeurent également difficiles à quantifier.
    Les ressortissants européens sont dans une situation un peu différente : la directive européenne de 1989, modifiée à plusieurs reprises depuis, prévoit en effet la reconnaissance mutuelle des diplômes et la liberté de s’installer et d’exercer la profession dans les pays membres. Ces médecins étrangers investissent surtout les spécialités hospitalières désertées par les médecins à diplômes français qui préfèrent exercer en libéral : l’anesthésie-réanimation, la psychiatrie, la radiologie, la chirurgie cardio-vasculaire, la néphrologie ou encore les urgences. L’aboutissement du parcours de ces médecins reste néanmoins l’inscription à l’ordre des médecins, qui incarne l’acceptation symbolique par le groupe des pairs, mais aussi l’autonomie et la liberté de la pratique.
    Les conditions d’exercice des médecins ayant obtenu leur diplôme dans un pays extracommunautaire ont été assouplies en avril 2020, afin qu’ils puissent accéder à des positions professionnelles plus favorables. Dès lors, un personnel hospitalier « à la carte », flexible et éjectable selon le contexte, pourrait devenir la stratégie pour l’avenir de l’hôpital français, les soignants étrangers servant, dans cette logique, de variable d’ajustement.
    Les mois qui viennent ne tarderont pas à dire comment la ministre chargée de la coordination gouvernementale pourra contribuer à trouver des solutions acceptables sur le plan « moral, sanitaire et économique » à ces deux dossiers intriqués qui concernent l’offre de soins et les migrations. En évitant que le dossier de l’AME, qui représente 0,5 % des dépenses annuelles de santé, n’occupe tout l’espace de manichéens débats politiques.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#medecin#PADHUE#economie#systemedesante#AME#diplome

  • #Journal du #Regard : Septembre 2024

    https://liminaire.fr/journal/article/journal-du-regard-septembre-2024

    https://youtu.be/znK5sj4MGYs

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions
    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Photographie, #Melun (...)

  • « Encore des mensonges... » : Thomas Porcher dézingue le nouveau ministre du budget
    https://www.lemediatv.fr/emissions/2024/encore-des-mensonges-thomas-porcher-dezingue-le-nouveau-ministre-du-budget

    Qui dit nouveau #Gouvernement dit nouveaux ministres. Et le nouveau Ministre du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, s’alarme du chantier laissé par Bruno Le Maire et ses compères. Il va tout de même recycler sa recette.

    #Économie

  • Kohei Saito, le philosophe communiste de la décroissance – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/kohei-saito-le-philosophe-communiste-de-la-decroissance-20240929_NLJ7GDAG

    Adepte de Karl Marx, sa relecture moderne du « Capital » a explosé les ventes dans l’archipel japonais. Un succès plébiscité par la jeune génération qui met dos à dos partisans de la décroissance et éco-modernistes. Il vient d’être traduit en français.

    #paywall

    • Profil
      [...]

      https://www.liberation.fr/resizer/uyB-vK9Z7chRPXsCXGQFSPHnPDE=/1600x0/filters:format(jpg):quality(70):focal(2152x1060:2162x1070)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/PEYUBBEQK5CO5H4ECEGQNSDYNM.jpg

      Kohei Saito, professeur agrégé de philosophie à l’université de Tokyo, ici, dans une « forêt commune » à Hachioji, près de la capitale japonaise.. (Philip Fong/AFP)
      par Nicolas Celnik
      publié le 29 septembre 2024

      Ça commence par une paire d’yeux qui s’écarquillent dans un restaurant chic niché sous un pont à Tokyo : « Comment ? Vous avez rencontré Kohei Saito ? » Le décor est planté : dans l’archipel nippon, le jeune philosophe marxiste a l’aura d’une #rock_star. Lui-même s’amuse de cette popularité si soudaine, qu’il décrit comme un « non-sens ». Hitoshinsei no « Shihonron » (« le capital dans l’anthropocène »), dont la version française vient de paraître aux éditions du Seuil sous le titre Moins ! La décroissance est une philosophie, est devenu un petit phénomène de masse au Japon lors de sa sortie en 2020.

      En moins d’un an, le livre s’est vendu à plus de 500 000 exemplaires, si bien que la chaîne de librairies Maruzen, dans le quartier de Marunouchi, à Tokyo, a ouvert une section intitulée « Redécouvrir #Marx ». Le livre a depuis été publié dans douze pays, et Saito est reçu en invité de marque. En France, c’est l’Institut La Boétie, le think tank de La France insoumise (LFI), qui lui avait offert le micro lors de sa venue à l’automne 2023, avant d’investir le centre Pompidou le 20 septembre dernier. La « hype » autour de Kohei Saito frôle le paradoxe : son succès est devenu un argument de vente en soi, au-delà des apports du livre en lui-même.

      Dans les carnets personnels de Marx

      Il faut reconnaître que la thèse du livre a de quoi intriguer : d’après Kohei Saito, Karl Marx se serait intéressé, sur la fin de sa vie, aux limites de la croissance et aurait développé une pensée écologique qui mérite d’être redécouverte à l’heure de l’anthropocène. Pour justifier ce scoop, Saito propose de relire Marx à l’aune d’un matériau nouveau : les carnets personnels du philosophe allemand, qu’il a étudiés lors de sa thèse à Berlin. C’est à partir de ces écrits que Saito a compris pourquoi « Marx a tant tardé avant de publier les volumes II et III du Capital, alors qu’Engels le harcelait presque pour qu’il le fasse », racontait-il, lors d’une rencontre à Tokyo à l’été 2023. Selon lui, deux découvertes ont bouleversé Marx.

      D’abord, il découvre les #sociétés_précapitalistes, où il est tout particulièrement fasciné par la manière de distribuer les #terres selon un système de tirage au sort renouvelé régulièrement, qu’il considère comme une clé pour minimiser la concentration des richesses. Ensuite, il se passionne pour les #sciences_naturelles, et se documente sur l’appauvrissement des sols en Irlande et l’épuisement du charbon en Angleterre : il en déduit que l’industrialisation crée une « rupture métabolique », c’est-à-dire une situation où les humains consomment plus de ressources que ce que la nature est capable de fournir.

      Fort de ces enseignements, Saito, qui se présente comme ayant longtemps été « un marxiste très classique, occupé uniquement par la lutte des classes », et qui raconte avoir eu une prise de conscience des enjeux environnementaux suite à la catastrophe de Fukushima, en vient à se demander comment Marx analyserait-il les centrales nucléaires ?

      Organiser la production de manière soutenable

      Alors que l’économiste allemand est généralement présenté comme l’un des pères de l’industrialisme, clamant qu’il faut reconquérir et développer les forces productives pour libérer le prolétariat, voilà Kohei Saito qui oppose : « Sur la fin de sa vie, Karl Marx en vient à penser qu’il faut changer le système, mais pas en développant la production, nous exposait-il. Il propose plutôt de revenir à d’anciennes formes de production, tout en utilisant certaines des technologies les plus récentes – celles qui nous permettent d’atteindre l’objectif d’organiser la production de manière soutenable. » Kohei Saito donne un nom à ce type d’organisation : la « société de #communisme décroissant ».

      Il suffisait peut-être de réunir deux des mots les plus controversés en une même formule pour faire exploser les ventes. C’était, en tout cas, assez pour que toutes les obédiences (des ultralibéraux aux primitivistes) s’écharpent sur l’ouvrage pour en faire leur livre de chevet ou un autodafé. Kohei Saito se voit offrir l’occasion de développer ses théories sur la radio nationale japonaise, la NHK, lors d’un long programme dans lequel il décortique la pensée de Marx ; dans la foulée, son éditeur, qui venait de publier une version simplifiée des écrits de Marx, croule sous les demandes de jeunes lecteurs.

      Les préconisations formulées par Kohei Saito

      Pour saisir cet engouement, il faut comprendre que le livre de Saito arrive dans un Japon prêt à entendre de nouvelles voix sur l’#économie. D’abord, le Covid-19 a « mis en évidence les inégalités économiques » et « montré que le capitalisme peut être mis en pause », veut croire Saito. Ensuite, toute une génération, née dans les années 90, n’a connu qu’une économie stagnante, voire en récession, ballottée par la crise de 2008 et la catastrophe de Fukushima en 2011. Une certaine désillusion règne quant aux mesures libérales proposées par le gouvernement pour se tirer du marasme, et de nombreux jeunes japonais préfèrent s’exiler à la campagne plutôt que de s’enfermer dans des bureaux. Un certain nombre était donc désireux de s’entendre dire qu’il faut se débarrasser du capitalisme une bonne fois pour toutes, et preneur de quelques recettes pour le faire.

      C’est d’ailleurs sur les préconisations qu’il formule que Kohei Saito est le plus souvent attaqué : au-delà de certains marxistes qui lui reprochent de n’avoir rien compris à leur icône, Saito est ciblé par les libéraux qui préfèrent miser sur l’économie sociale et solidaire plutôt que faire la peau au marché. A gauche, Kohei Saito s’inscrit, malgré lui, dans un clivage entre deux tendances irréconciliables. D’un côté, les adeptes de la décroissance, dont il reprend les principaux auteurs – il s’appuie régulièrement sur les travaux de Jason Hickel et de Giorgos Kallis. De l’autre, les éco-modernistes, qui, à l’instar du magazine américain Jacobin, pensent que la décroissance de Saito va écraser le prolétariat, et préfèrent s’en remettre au progrès technologique.

      Une autre ligne de critique semble plus pertinente : là où Marx dessinait des perspectives révolutionnaires concrètes pour le prolétariat, Saito se contente d’affirmations péremptoires mais peu crédibles – « toutes les entreprises doivent devenir coopératives [dans la lutte contre le changement climatique] ou arrêter de commercer », écrit-il par exemple, sans que l’on comprenne bien comment faire coopérer lesdites entreprises. Sans être un intellectuel engagé, Saito s’investit depuis plusieurs années dans une ferme coopérative gérée avec des amis, sur des terres communes, et s’en inspire parfois pour illustrer ce à quoi pourrait ressembler une société de #communisme_décroissant. Une manière de montrer, peut-être, que contrairement à ce que dit l’adage, ce qui unit l’#écologie et la lutte des classes, c’est aussi le jardinage.

      Moins ! La décroissance est une philosophie, Seuil, 2024

    • L’ayant entendu sur FC à défaut de l’avoir lu je confirme que si il souligne l’importance chez Marx de la rupture métabolique opérée par la production capitaliste (déjà soulignée par d’autres, qui surent aussi être attentifs à l’apologie présente chez Marx du Mir russe, de la propriété et de la gestion collective des terres, loin du « progressisme » usuel, des théories de l’arriération, ou de toute promotion du « rôle révolutionnaire de la bourgeoisie ») il parait, outre quelque mots clés déjà usés dans nos contrées -depuis Dardot et Laval il doit bien y avoir des coincetaux de la très républicaine LFI pour évoquer les « communs »- n’avoir à peu près rien à dire (il faudra que je prenne le livre en main pour le parcourir pour infirmer cet avis).

      Par ailleurs, il n’échappera à personne que concevoir un projet politique en terme de « décroissance » c’est en rester à des catégories qui n’ont pas d’existence en dehors d’une économie qu’il s’agit précisément de détruire, si il est question de sortir du cercle de la production pour la production.

      Et pour finir, on persiste partout à confondre le marxisme avec Marx. Or, par exemple, le « développement des forces productives » n’est jamais entendu que dans son action industrialiste et productiviste alors que chez Marx, la force productive primordiale, c’est non seulement le prolétariat mais l’humanité, comme labeur et comme intelligence collective, et que la condition du développement de cette force productive là c’est qu’advienne une humanité s’affranchie des rapports sociaux qui l’entravent.
      On voit depuis quelques années déjà l’opposition travail vivant / travail mort gagner en profondeur et en extension (selon des modalités dont certaines interrogent...) à l’occasion des nombreux travaux centrés sur le travail du vivant et de la nature.

      J’ai déjà vu des rock star à la puissance d’évocation plus affirmée. J’en conclus que son succès répond à un besoin politique de nombreux japonais et bien que je soupçonne un brin d’esthétisme dans leur démarche (une belle vie plutôt que la belle vie capitaliste et sa destructivité) je me demande d’une part ce qu’il en est de la circulation au Japon d’oeuvres de langue anglaise ou en français (dont bon nombre ont été signalés ici, de Jason Moore à Chopot et Balaud, par exemple) qui s’attachent à ces enjeux sans bazarder Marx en raison du marxisme, et, d’autre part, à quel moment ces gens sauront se confronter à l’alternative effective que l’on peut résumer, pour paraphraser Trotsky à « notre destructivité contre la leur ».

      #capitalisme #travail_vivant #mise_au_travail_du_vivant

  • #Marx et l’histoire de la #nature
    https://laviedesidees.fr/Marx-et-l-histoire-de-la-nature

    Selon F. Monferrand, Marx aborde le capitalisme comme une vaste entreprise de mise au travail de la nature – au double sens des corps humains et des environnements non-humains. L’auteur élabore ainsi les contours d’un “naturalisme historique” dont il montre l’actualité politique et écologique.

    #Philosophie #écologie #vivant
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240930_marxnature.pdf

  • Humiliation perçue par les agronomes algériens des projets du Qatar.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4666

    Deux concepts diffèrent fondamentalement : sécurité alimentaire et autosuffisance. Le Qatar accroît ses investissements dans le secteur agricole algérien, marquant les bons termes des relations entre les deux pays, la priorité est la sécurité alimentaire. En Algérie, pour réaliser une production céréalière conséquente face à la consommation locale, les bureaucrates ont éliminé le vignoble qui faisait la première production vinicole mondiale. Et même ils ont interdit certains vergers arboricoles, dont les fruits étaient considérés des luxures pour la population. #nationale,_fait_politique,_une_et_première_page,_médias,_actualité,_pays,_france,_afrique,_maghreb

    / Maghreb, Algérie, Tunisie, Maroc, Libye, Africa, population, société , économie , Afrique, Monde Arabe, islam, Maghreb, Proche-Orient,, Ecologie, (...)

    #Maghreb,Algérie,_Tunisie,_Maroc,_Libye,_Africa,_population,_société #économie_ #Afrique,_Monde_Arabe,_islam,_Maghreb,_Proche-Orient, #Ecologie,_environnement,_nature,_animaux #Réchauffement_climatique #Arabie_Saoudite,_Qatar,_Koweït,_EAU,_Moyen-Orient,_monarchies,_arabes,_musulmans

  • Minerais pour #énergie moins polluante, remplacent les sources fossiles.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4665

    Les perspectives qui s’offrent aux minerais et terres rares dans la grande mutation de la consommation et des sources d’énergie. Pour relever les défis du changement des transports, de l’origine de l’électricité et de satisfaction des besoins comme le chauffage, y compris les combustions pour l’industrie, plusieurs pistes sont à investir. La technologie apporte des réponses et ses machines enjoignent ce nouveau destin qui est une révolution forgée pour la sauvegarde de la planète. #Climat

    / #Réchauffement_climatique, Sciences & Savoir, #diplomatie,_sécurité,_commerce,_économie_mondiale, #Ecologie,_environnement,_nature,_animaux, économie , énergie, #Data_-_Données, calamités (...)

    #Sciences_&_Savoir #économie_ #calamités_naturelles

  • En Espagne, Pedro Sanchez veut contrer le récit sécuritaire et met en avant une « migration synonyme de richesse et de développement »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/09/28/en-espagne-pedro-sanchez-veut-contrer-le-recit-securitaire-et-met-en-avant-u

    En Espagne, Pedro Sanchez veut contrer le récit sécuritaire et met en avant une « migration synonyme de richesse et de développement »
    Par Sandrine Morel (Madrid, correspondante)
    « Il n’y a pas si longtemps, l’Espagne était aussi un pays de migrants, et beaucoup de compatriotes espagnols ont cherché ailleurs une vie meilleure, un destin qui leur était impossible dans leur pays », a rappelé Pedro Sanchez, lors d’une visite en Mauritanie, le 27 août. C’est une voix dissonante, portant un discours empathique et positif de la migration, que veut fait entendre le président socialiste du gouvernement espagnol, dans une Europe où elle n’est le plus souvent abordée qu’au prisme sécuritaire.
    En Mauritanie, en Gambie et au Sénégal, où il cherchait des solutions à la crise migratoire que vivent les îles Canaries – le nombre de migrants y ayant accosté a doublé depuis le début de l’année, avec 27 000 arrivées –, M. Sanchez a vanté les bienfaits de l’immigration, à condition qu’elle soit légale. « La contribution des travailleurs migrants à notre économie, notre système social ou à la soutenabilité des retraites, est fondamentale. Pour l’Espagne, la migration est synonyme de richesse, de développement et de prospérité », a-t-il souligné à Nouakchott. « Contrairement au discours qui, malheureusement, commence à prendre de plus en plus d’importance en Europe, la migration n’est pas un problème, c’est une nécessité, qui implique certains problèmes. C’est pourquoi nous devons gérer de manière humaine, sûre et ordonnée le phénomène de la migration au bénéfice de nos sociétés respectives », a-t-il ajouté.
    Ce discours, alors que l’immigration est devenue la principale préoccupation des Espagnols, selon le Centre de recherches sociologiques, lui a valu les remontrances du chef de l’opposition, Alberto Nuñez Feijoo (Parti populaire, droite), qui a considéré « irresponsable » le fait « d’encourager un effet d’appel durant la pire crise d’immigration irrégulière ».
    Pedro Sanchez souhaite offrir un horizon aux candidats au départ et un discours de tolérance aux Espagnols. Dans les trois pays africains, outre les programmes de coopération habituels, le chef du gouvernement a conclu des accords visant à développer la « migration circulaire ». L’idée, qui consiste à embaucher des travailleurs dans leur pays d’origine pour couvrir des besoins saisonniers dans certains secteurs, n’est pas nouvelle. Depuis 2000, il existe des programmes de migration circulaire entre l’Espagne et plusieurs pays, en particulier le Maroc, qui chaque année, envoie plusieurs milliers de femmes travailler dans les plantations de fraises et de fruits rouges d’Andalousie. Les personnes qui participent à ces programmes peuvent travailler jusqu’à neuf mois par an en Espagne, et cela durant quatre années consécutives, au bout desquelles elles peuvent solliciter un permis de résidence de deux ans.
    En 2022, le gouvernement a essayé d’incorporer dans ces programmes davantage de secteurs d’activité et de pays, de faciliter les démarches des employeurs et les possibilités de régularisation postérieures des employés. En 2023, 17 200 personnes étaient insérées dans des programmes de migration circulaire. Depuis le début de l’année 2024, ce chiffre a dépassé les 20 000, selon le ministère de l’inclusion, la sécurité sociale et la migration.
    Il a aussi lancé des plans de formation à l’entrepreneuriat pour un nombre réduit de travailleuses de la fraise, afin qu’elles puissent ensuite créer leur propre entreprise au Maroc. « L’immigration légale ouvre des chemins de prospérité, de développement et d’échange culturel. Elle est bonne aussi bien pour le pays d’origine que pour le pays d’accueil. Et nous voulons qu’une fois qu’ils ont acquis de l’expérience, des connaissances, [les migrants] puissent rentrer pour partager ce bagage avec leur pays d’origine », a ajouté M. Sanchez à Dakar.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#regularisation#economie#formation#entrepreunariat#retour#developpement#migrationreguliere#sante#droit

  • Economist Shir Hever: Israelis have “no faith” in their economy’s future

    via https://diasp.eu/p/17154305

    https://www.youtube.com/watch?v=1jdZHyp2e3U

    Topic: The rapid decline of the #Israeli #economy and the ongoing military actions in #Gaza, #WestBank and #Lebanon

    Shir Hever, living in #Germany, can be considered one of the most insightful Jewish commentators on #Israel's economic/domestic situation, trade relations, and military/digital technologies.

    Those who followed “The Real News” more than 10 years ago will remember still his competent commentaries from the second half of the 2000s and the first half of the 2010s.

  • « L’immigration n’a globalement que peu d’impact sur le chômage et les salaires »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/27/l-immigration-n-a-globalement-que-peu-d-impact-sur-le-chomage-et-les-salaire

    « L’immigration n’a globalement que peu d’impact sur le chômage et les salaires »
    Hippolyte d’Albis Economiste
    Parmi les peurs associées à la migration, celles relatives à l’emploi et aux salaires sont souvent présentées comme les plus rationnelles. Dans les premiers cours d’économie, on apprend ainsi qu’un marché peut être représenté par une offre et une demande et qu’il est utile d’appréhender les prix que l’on observe sur ledit marché comme résultant de leur égalisation. Transposée au marché du travail, cette représentation suggère que l’immigration va accroître l’offre de travail, ce qui aura tendance à faire baisser son « prix », c’est-à-dire le salaire. Si les salaires sont rigides à la baisse, en particulier du fait d’un salaire minimum, l’immigration est alors supposée engendrer un surplus de travail, qui se matérialise par du chômage. La crainte sur les salaires concerne donc les travailleurs plutôt qualifiés des secteurs ouverts aux recrutements d’étrangers.
    De très nombreux travaux empiriques se sont demandé si ce raisonnement intuitif était corroboré dans les faits. Les plus parlants ont analysé des événements exceptionnels, comme l’expulsion par Fidel Castro de 125 000 Cubains qui, entre avril et octobre 1980, vont quitter le port de Mariel pour se réfugier à Miami [en Floride]. L’économiste canadien David Card a démontré que cet afflux d’étrangers a été sans conséquence sur les salaires et le taux de chômage de la ville d’accueil.
    Professeure d’économie à l’université Rutgers (New Jersey) et ancienne économiste en chef du département du travail des Etats-Unis de 2013 à 2015, Jennifer Hunt s’est, quant à elle, intéressée aux 900 000 rapatriés d’Algérie arrivés en 1962. Elle montre que ce choc migratoire considérable n’a eu que des effets minimes sur le taux de chômage et les salaires en France.
    Ces études sont célèbres, car leur contexte historique en fait des expériences grandeur nature, ce qui est rarissime en sciences sociales. En particulier, la précipitation des départs observée lors de ces deux événements permet d’éliminer un biais statistique important sur lequel bute l’analyse habituelle des migrations : comme les immigrés se dirigent en priorité vers les destinations où le marché du travail est favorable, il est peu crédible d’interpréter la corrélation entre l’immigration et le chômage de façon causale.
    Néanmoins, les expériences naturelles engendrées par les réfugiés cubains et les rapatriés d’Algérie sont à la fois anciennes et très particulières. Elles permettent certainement des travaux statistiques crédibles, mais ne suffisent pas pour convaincre. Elles ont donc été complétées par un vaste ensemble d’études statistiques visant à évaluer l’effet de l’immigration sur le marché du travail dans de nombreux pays et époques, tout en traitant le biais susmentionné de la façon la plus appropriée possible.
    Pour la France, la dernière en date est due aux universitaires Gianluca Orefice et Giovanni Peri, qui ont analysé l’ensemble des recrutements industriels entre 1995 et 2005. Les auteurs concluent que l’accroissement de la part des travailleurs étrangers dans un bassin d’emploi entraîne une amélioration des appariements entre entreprises et salariés, qui compense l’effet négatif attendu sur le salaire.
    A rebours de ce qui est suggéré par le raisonnement basé sur l’offre et la demande, le consensus qui émerge des travaux empiriques est que l’immigration n’a globalement que peu d’impact sur le chômage et les salaires.Trois principales raisons peuvent être avancées. Premièrement, les étrangers sont discriminés sur le marché du travail. Parfois pour des raisons objectives, telles qu’une moindre maîtrise de la langue ou des usages, mais aussi parfois par pure xénophobie. Dès lors, on ne voit pas très bien comment celui qui est discriminé pourrait prendre la place de celui qui ne l’est pas. A compétences égales, les étrangers ne trouvent un emploi que si les nationaux font défaut.
    Le principe est d’ailleurs institutionnalisé, car pour obtenir un titre de séjour pour motif de travail, il est nécessaire que le futur employeur démontre l’absence de la compétence recherchée sur son bassin d’emploi. Les procédures sont facilitées pour une liste, établie par l’administration, de métiers dits en tension, ce qui justement signifie que les compétences font défaut. L’économiste du travail Sara Signorelli a récemment montré qu’une réforme de 2008 de la liste favorisant l’emploi de travailleurs étrangers qualifiés n’a eu qu’un faible impact sur les salaires des travailleurs nationaux.
    La deuxième raison découle de la première. Les étrangers sont concentrés dans certains secteurs d’activité. En France, une étude du ministère du travail révèle qu’en 2017, les étrangers représentaient 10 % de l’emploi total, mais près de 39 % des employés de maison, plus de 28 % des agents de gardiennage, 27 % des ouvriers non qualifiés du bâtiment, 22 % des cuisiniers, etc. Les salaires dans ces métiers sont notoirement plus faibles que la moyenne, et on pourrait donc conclure, par un effet de composition, que les étrangers font baisser le salaire moyen.
    Ce serait pourtant ignorer que ces emplois sont utiles et que s’ils n’étaient pas pourvus, les autres emplois seraient peut-être moins bien rémunérés. Un exemple typique est celui des gardes d’enfants, qui sont facilitées dans les villes où la main-d’œuvre étrangère est plus importante. Par ricochet, on observe que les femmes nées sur place travaillent davantage, ce qui augmente leurs salaires. Ce type d’externalité engendré par l’emploi des immigrés est typiquement ignoré des études microéconomiques, qui de fait sous-estiment les effets économiques positifs de l’immigration.
    La troisième raison étend cette dernière raison à tous les effets macroéconomiques de la migration. En particulier, les immigrés sont en moyenne plus jeunes que le reste de la population du pays d’accueil. Cette réalité démographique se traduit par une contribution positive de l’immigration à la part des personnes qui travaillent dans la population, sujet crucial dans nos sociétés vieillissantes. Cet effet sur le taux d’emploi a un impact favorable sur la richesse créée et même sur l’équilibre des finances publiques. Et c’est bien dans les économies les plus prospères que les salaires sont les plus élevés.

    #Covid-19#migration#migrant#france#immigration#economie#chomage#salaire#demographie#sante

  • « Quand bien même les électeurs exigeraient moins d’immigration, ce n’est pas avec des politiques inefficaces que l’on satisfera leurs exigences »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/27/quand-bien-meme-les-electeurs-exigeraient-moins-d-immigration-ce-n-est-pas-a

    « Quand bien même les électeurs exigeraient moins d’immigration, ce n’est pas avec des politiques inefficaces que l’on satisfera leurs exigences »
    Antoine Pécoud Sociologue
    Hélène Thiollet Politiste
    Les lois migratoires entretiennent la fiction, délétère pour la cohésion sociale et pour la prospérité de l’Europe, que tous les problèmes sont causés par l’immigration, estiment les spécialistes de l’immigration Antoine Pécoud et Hélène Thiollet, dans une tribune au « Monde ».
    La question migratoire revient sur le devant de la scène en France après les déclarations du nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, sur le « désordre migratoire » et le meurtre d’une étudiante pour lequel le suspect est un Marocain en situation irrégulière. Elles interviennent après le décès de douze personnes dans le naufrage de leur embarcation dans la Manche le 3 septembre et de huit autres le 15 septembre. Gérald Darmanin, alors ministre de l’intérieur démissionnaire, avait aussitôt appelé à un nouveau traité migratoire entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE), dans le but notamment de renégocier les financements que Londres accorde à la France pour le contrôle de l’immigration irrégulière.
    On ne connaît pas encore l’attitude du nouveau gouvernement travailliste côté britannique, mais celui-ci a déjà indiqué son intérêt pour la politique menée par la dirigeante italienne d’extrême droite, Giorgia Meloni, qui consiste précisément à déléguer le contrôle de l’immigration à des pays tiers, comme l’Albanie.
    Il reste aussi à voir comment se positionnera Bruno Retailleau, qui a déjà maintes fois affiché sa fermeté sur le sujet, et s’il continuera la stratégie qui voit la France, à l’instar de l’Albanie justement, se faire payer par son voisin du Nord pour contenir les migrants et les réfugiés. Mais, quelles que soient les stratégies à venir, l’échec des politiques migratoires – que ce soit au niveau britannique, français ou européen – est patent. Avec le Brexit, le Royaume-Uni voulait reprendre le contrôle de ses frontières. Mais malgré des politiques toujours plus restrictives, comme le projet avorté d’accord britannique avec le Rwanda, la nouvelle loi française sur l’immigration de janvier 2024, ou le pacte européen sur la migration et l’asile en mai 2024, les traversées de la Manche n’ont cessé de croître, passant de 15 000 en 2021 à 45 000 en 2022, selon le ministère de l’intérieur britannique.
    Le cercle vicieux est toujours le même. Dans une logique classique de prohibition, ces stratégies de contrôle des flux migratoires n’arrêtent pas les réfugiés et les migrants, mais les basculent dans l’illégalité. Elles augmentent de surcroît le prix exigé par les passeurs et les intermédiaires, tout en poussant les candidats à l’émigration à prendre des risques de plus en plus grands. Outre le coût humain et économique de cette approche, cela donne le sentiment d’une immigration incontrôlée, ce qui justifie en retour des politiques toujours plus restrictives.
    Leurs partisans objectent que ces politiques correspondent aux souhaits d’électeurs préoccupés par l’immigration. La réalité est probablement plus nuancée, comme en témoignent certaines enquêtes d’opinion au long cours, comme celle de l’Enquête sociale européenne. Mais, quand bien même les électeurs exigeraient moins d’immigration, ce n’est pas avec des politiques inefficaces que l’on satisfera leurs exigences et qu’on les dissuadera de voter pour l’extrême droite. Avec la « loi Darmanin » ou le pacte européen, les Etats voulaient désamorcer les arguments habituels à propos de l’invasion migratoire et du laxisme supposé des pouvoirs publics, afin de couper l’herbe sous le pied de la droite populiste. Mais cette stratégie est vouée à l’échec, comme en atteste le poids politique toujours croissant de l’extrême droite en France et en Europe.
    Face à cette fuite en avant, et dans un contexte politique où la dépendance du gouvernement de Michel Barnier vis-à-vis du Rassemblement national augure peut-être d’un tour de vis supplémentaire, il est temps d’admettre que l’arbre des migrations et de l’asile cache une forêt de problèmes bien réels, mais qui n’ont en réalité pas grand-chose à voir avec les politiques migratoires.
    Il est par exemple légitime de craindre la concurrence des travailleurs étrangers dans des secteurs peu qualifiés du marché du travail. Mais ce problème relève davantage du droit du travail et des politiques salariales que des politiques migratoires. On ne saurait demander aux gardes-frontières ou à l’agence européenne chargée du contrôle des frontières de l’UE, Frontex, de régler un problème qui est de la compétence de l’inspection du travail.
    De même, le débat public associe fréquemment immigration et islam. Il est vrai que les dizaines de millions d’Européens qui pratiquent cette religion sont souvent issus de l’immigration. Mais, dans leur très large majorité, ce ne sont plus des migrants mais des citoyens de plein droit, et l’on voit mal comment les politiques migratoires permettraient d’apaiser les crispations relatives au port du voile ou à l’existence de fondamentalismes religieux, qui relèvent du droit pénal ou constitutionnel, des droits humains et des libertés publiques.
    Le contrôle de l’immigration est ainsi régulièrement présenté comme la solution miracle à des problèmes aussi variés que le chômage, l’insécurité, le trafic de drogue, le niveau scolaire des élèves, l’accès au logement ou les zones de non-droit dans les banlieues. Les politiques migratoires ne gouvernent que l’admission et le statut légal des étrangers qui souhaitent venir en France. Elles sont largement sans effet sur leur destinée économique, socioculturelle ou religieuse ; et sur les transformations en cours dans les sociétés européennes telles que l’augmentation des inégalités, la crise démocratique, la désindustrialisation, etc.
    De plus, et même si l’on ne peut nier que certains descendants d’immigrés rencontrent aujourd’hui des difficultés d’intégration, on ne peut ignorer l’intégration plutôt réussie de millions d’immigrés. Y compris de ceux dont on disait, au moment de leur arrivée, qu’ils n’étaient pas intégrables et auxquels on attribuait la responsabilité de tous les maux de l’époque.
    Dans une Europe qui vieillit et souffre de pénuries de main-d’œuvre, l’immigration de travail ne va pas cesser et doit être encadrée. L’accueil et l’intégration rapide des exilés ukrainiens en Europe, comme une majorité de réfugiés syriens en Allemagne, démontrent aussi que le droit d’asile et les politiques d’intégration conservent toute leur pertinence. Lorsqu’elles promettent de résoudre tous les problèmes, de la criminalité aux angoisses identitaires, les politiques migratoires ne peuvent qu’échouer. Au mieux, elles sont une mauvaise réponse à de bonnes questions. Au pire, elles entretiennent la fiction, délétère pour la cohésion sociale et pour la prospérité de l’Europe, que tous les problèmes sont causés par l’immigration. Et, dans tous les cas, à force d’annoncer ce qu’ils ne peuvent réaliser, les gouvernements décrédibilisent l’action publique et créent les conditions d’une frustration dont personne ne sort gagnant.

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  • Lecture d’un extrait du livre « Pour Britney » de Louise Chennevière, paru aux Éditions du Seuil, en 2024.

    https://liminaire.fr/radio-marelle/article/pour-britney-de-louise-chenneviere

    À l’époque où Britney Spears sort son premier single en 1998, Baby One More Time, Louise Chennevière est encore une enfant. Elle danse, elle chante, s’enthousiasme pour la chanteuse américaine, avant de s’en éloigner en grandissant. Elle revient vers elle dans ce récit percutant sur la sexualisation de l’icône pop et le regard masculin sur les filles et les jeunes femmes. En faisant dialoguer le destin et l’œuvre de Britney Spears avec celle de l’écrivaine québécoise Nelly Arcan, qui s’est suicidée à 36 ans, laissant une œuvre à la fois perturbante et fascinante, Louise Chennevière parvient à parler de sa propre expérience. Un monologue à l’écriture incisive sur la violence dont sont victimes les femmes qui tentent de se penser et de vivre librement.

    (...) #Radio_Marelle, #Écriture, #Livre, #Lecture, #En_lisant_en_écrivant, #Podcast, #Littérature, #BritneySpears, #NellyArcan, #Portrait (...)

    https://liminaire.fr/IMG/mp4/en_lisant_pour_britney_louise_chennevie_re.mp4

    https://www.pol-editeur.com/index.php?spec=livre&ISBN=978-2-8180-6138-1