• Est-il moral d’enseigner la morale à l’école ? (L’Humanité)
    http://www.humanite.fr/est-il-moral-denseigner-la-morale-lecole-583460

    L’enseignement moral 
et civique à l’école est légitime par Pierre Kahn

    [L’enseignement] insiste sur la dimension sensible de la vie morale, en cherchant à développer les capacités d’empathie, de bienveillance et de souci des autres ; il insiste également sur le rapport instituant, et non seulement subi, aux règles ; également encore sur le principe d’égale considération des personnes. Il prend acte du fait et de la valeur de la pluralité des convictions, des croyances et des modes de vie. […] En ce sens, même les «  anti-Charlie  » doivent pouvoir s’exprimer à l’école, exactement pour les mêmes raisons que l’erreur y est permise.

    La morale ne s’enseigne pas, elle se vit par Catherine Chabrun

    C’est le rôle de l’enseignant de faire de la classe un milieu social où l’enfant s’exerce à agir et à penser en être humain et en citoyen. Pas si évident, car pour lui, l’enfant est encore trop souvent réduit à un rôle d’élève obéissant, à un «  vase à remplir  ».
    […]
    Certes, [l’école] n’est pas la seule responsable, mais étant fille et mère de la société elle en prend une bonne part, notamment avec :
    – la #reproduction des inégalités sociales qu’elle transforme en inégalités scolaires avec si peu de mixité (sociale ou scolaire) dans les classes et dans les établissements qu’une partie de la jeunesse en sortira démunie, frustrée et humiliée ;
    – la #transmission des savoirs basée uniquement sur les fonctions intellectuelles reconnues, méprisant ainsi les cultures et les vécus de chacun, qui provoque chez beaucoup d’enfants un sentiment de rejet et d’injustice souvent révélé à l’entrée au collège par le décrochage scolaire et des comportements violents ;
    – la #compétition omniprésente qui isole l’individu au détriment du vivre-ensemble et renforce l’individualisme d’autant plus néfaste aujourd’hui qu’il n’est plus contrebalancé par la solidarité qui existait autrefois, par exemple au sein de la classe ouvrière ;
    – l’#orientation professionnelle précoce qui exclut un grand nombre d’élèves des temps d’enseignement réservés à la compréhension du monde et de l’humanité.
    […]
    […] notre école n’est guère bienveillante et encourageante : comparaison, compétition, pression, #humiliation, #stigmatisation, sentiment d’#échec, fatalisme, orientation non choisie…

    La morale contre l’«  ennemi intérieur  » par Ruwen Ogien

    Une certaine forme de paranoïa continue cependant d’inspirer les projets moralistes qui s’y forment. Mais au lieu d’être dirigés contre des ennemis extérieurs, ils visent désormais un ennemi intérieur.
    […] un nom de code qui sert à désigner une population désavantagée socialement, stigmatisée par un flot incessant de propos alarmistes […].
    En fait, derrière le projet de restaurer des cours de morale à l’école, plusieurs idées différentes se bousculent. L’une des plus récurrentes consiste à supposer qu’un tel enseignement pourrait permettre de «  civiliser  » ces nouveaux «  barbares  ».
    C’est pourquoi ce projet repose finalement sur une conception du monde profondément conservatrice.

    Beaucoup de bruit pour rien ? par Bernadette Groison

    Cet enseignement remplace en fait l’instruction civique dans le primaire et se substitue à l’éducation civique, juridique et sociale dans le secondaire. Il ne s’agit donc pas d’une nouveauté, même si l’on souhaite lui faire revêtir une autre forme. Du CP à la terminale, il bénéficie d’horaires propres, à raison d’une heure par semaine en primaire et de deux heures par mois dans le secondaire. Enfin, pas partout puisque le financement n’a pas été prévu pour les séries technologiques ni professionnelles.
    […]
    Le temps politique, une fois encore, a été privilégié au détriment du temps éducatif nécessaire pour stabiliser ces programmes.

    #école #programmes #enseignements #éducation_morale_et_civique

  • South Sudan’s Agony - The New York Times
    http://www.nytimes.com/2015/06/28/opinion/sunday/south-sudans-agony.html

    South Sudan must rank among the most astounding failures in Africa, [...]

    What makes the South Sudan tragedy all the more astounding is that the country was initially hailed as a triumph of American foreign policy.

    #échecs #Politique_étrangère #Etats-Unis #réalités #Sud_soudan

    Un échec mortel pour le pays censé en bénéficier si ce n’est pour les « intérêts étasuniens »

  • Je vais oser le dire : enseigner, pour un aveugle, est souvent moins difficile que pour un voyant. On objecte toujours la grave question de la discipline. Mais, je le demande : n’y a-t-il pas des professeurs voyants que leurs élèves ne respectent pas ? Clairement, la discipline vient de l’autorité naturelle, de la force morale, de la vie qu’un maître sait infuser à son #enseignement. L’autorité morale n’a rien à faire avec les yeux.
    Mon métier, je l’ai exercé pendant vingt-quatre ans, sans jamais rencontrer de difficulté dont la perte de mes yeux soit responsable. C’est tout le contraire. Une classe, un cours, c’est un exercice de l’esprit et du caractère. Cela se fonde entièrement sur le pouvoir que nous avons de manipuler notre #vie_intérieure et de la communiquer à d’autres. Dans ce domaine, la cécité est une école sans rivale.
    Qu’ai-je besoin, si je me trouve devant mes étudiants, d’observer la position de leurs bras et de leurs jambes, qu’ai-je besoin de suivre sur leurs visages tout le jeu confus de leur distraction ou de leur curiosité ? La cécité m’a fait connaître un autre espace physique qui les sépare de moi et me sépare d’eux. Cet espace, c’est celui où les mouvements de l’esprit et de l’âme se font. J’en ai une longue pratique. et un silence, une certaine qualité de silence, m’en dit bien davantage sur le degré de compréhension ou d’intérêt ou de contestation que je provoque, que ne le ferait un film en gros plans et au ralenti de leur présence physique.
    Ce qui cause l’#échec de tant d’enseignants aujourd’hui (et l’Europe comme l’Amérique retentissent depuis peu du bruit de cet échec), c’est leur impuissance à sortir de leur tête. Beaucoup d’entre eux sont compétents, beaucoup s’efforcent de façon louable ; mais très peu savent entrer dans cette région qui est la seule où l’enseignement peut fleurir : l’espace commun entre les esprits. La cécité est venue à mon aide. Par elle, j’avais tant exercé les techniques spontanées de l’échange : l’interprétation des voix, l’interprétation des silences. Plus encore, grâce à la cécité, j’avais appris à lire une légion de signes qui me venaient des autres et qui, ordinairement, échappent à l’observation des voyants. S’il est un domaine où la cécité vous rende expert, c’est dans celui de l’invisible.

    Jacques Lusseyran, L’aveugle dans la société. Conférence du 14 avril 1970 à Zurich (Suisse).
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Lusseyran
    #éducation #pédagogie #validisme

    • lu dans @chezsoi

      Préoccupé par la prédominance croissante de la vue dans l’enseignement et la critique de sa profession, l’architecte finlandais Juhani Pallasmaa a consacré à cette question un bref essai d’une grande acuité. Dès la Grèce antique, la culture occidentale a considéré la vue, assimilée à la connaissance, comme le sens le plus noble. Férue d’abstraction et de rationalisation, inondée d’images, notre époque la met plus que jamais à l’honneur. De surcroît, elle privilégie le regard ciblé au détriment de la vision périphérique, pourtant essentielle : la perception périphérique inconsciente « transforme les formes rétiniennes en expériences spatiales et corporelles » ; elle « nous enveloppe dans la chair du monde », « nous intègre à l’espace », alors que la vision ciblée nous en expulse.

      Ce déséquilibre des sens contribue à notre sentiment d’étrangeté au monde. Le regard induit en effet une attitude de mise à distance, d’objectivation, de domination : « Nous fermons les yeux quand nous rêvons, écoutons de la musique ou caressons ceux que nous aimons. » En revanche, le toucher permet le contact, l’implication, l’appartenance : on peut imaginer un regard nihiliste, mais pas un « toucher nihiliste ».

  • Comment enseigner le découragement en 5 minutes | L’instit’humeurs | Francetv info
    http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2015/05/06/limpuissance-apprise-comment-enseigner-le-decouragement-en-5-minut

    Le psychologue canadien Marc Vachon estime que l’impuissance apprise repose sur trois caractéristiques :
    – le sentiment que la situation est permanente, ce que trahit l’utilisation de mots comme toujours, jamais, personne, etc. « Je n’y arriverai jamais ! »
    – le sentiment d’être victime, que l’on retrouve dans des phrases telles « Ce n’est pas ma faute ! Je n’y peux rien. »
    – le sentiment d’envahissement : tous les secteurs de notre vie sont affectés par le changement.

    […]

    Pour ce qui nous concerne, l’impuissance apprise est une manifestation psychologique que l’on retrouve fréquemment à l’école, dans les situations d’échec scolaire.

    Tout enseignant aura reconnu, dans les termes décrits ci-dessus, l’élève en difficulté qui s’enfonce petit à petit dans la certitude qu’il n’est pas capable, qu’il n’y arrivera pas, qu’il a beau essayer, les résultats viennent montrer son incapacité à comprendre, à faire, à essayer, à oser. Son estime de soi est mauvaise, voir les autres réussir renforce ces sentiments. Son degré de motivation est fluctuant, dans le meilleur des cas ; il « s’évade » dès qu’il peut, se soustrait au groupe dont il se sent de facto exclu. Il peut s’enfermer dans une attitude physique de renoncement, de fatigue continuelle. Afin de rétablir l’équilibre psychologique interne, il peut développer des comportements agressifs, voire violents, envers ses pairs et / ou l’adulte. A mesure qu’il grandit, l’impuissance apprise s’enfonce profondément en lui, plonge ses racines là où elle sera bientôt hors de portée, comme inscrite définitivement dans son ADN d’écolier.

    http://www.youtube.com/watch?v=j9I95BJsINc

    #éducation #psychologie_comportementaliste #anagramme #échec_scolaire #impuissance_apprise #résignation_acquise #Learned_Helplessness

  • Pourquoi considérer le décrochage scolaire comme un problème ?
    http://www.laviedesidees.fr/Pourquoi-considerer-le-decrochage-scolaire-comme-un-probleme.html

    Le décrochage scolaire est une notion d’autant plus utilisée qu’il est difficile de lui donner un contenu. Le sociologue Pierre-Yves Bernard rappelle le contexte et les origines de cette notion. Il rappelle également comment les pouvoirs politiques ont souhaité traiter cette question.

    Essais & débats

    #Essais_&_débats

  • « On peut parler d’un échec majeur pour Syriza »
    https://ijsbergmagazine.com/politique/article/18309-syriza-echec-ue-negociations-bilan

    Au lendemain de l’accord trouvé entre la Grèce et l’Union européenne, prolongeant le programme d’aide en échange de la poursuite des réformes structurelles, le gouvernement grec se retrouve dans l’impasse. L’espoir d’un changement n’aura duré qu’un mois pour les partisans de la fin de l’austérité. Stathis Kouvelakis, membre du comité central de Syriza et professeur de philosophie politique au King’s College de Londres, répond à nos questions.

  • La médicalisation de l’échec scolaire avec Stanislas Morel
    http://www.loldf.org/spip.php?article475

    Phobie scolaire, dyslexie, précocité intellectuelle, hyperactivité... On a parlé d’éducation, d’échec scolaire et des inégalités à l’école avec le sociologue Stanislas Morel qui vient de publier "La médicalisation de l’échec scolaire" aux éditions la dispute. Présentation de l’éditeur : "Phobie scolaire, dyslexie, précocité intellectuelle, hyperactivité : les enseignants et les professionnels du soin sont aujourd’hui submergés par les demandes de traitement de « difficultés scolaires » imputées à un ensemble de plus en plus étendu de « troubles ». Comment expliquer cette manière de concevoir l’échec scolaire comme un problème strictement individuel et de nature psychologique ou médicale ? Dans cette enquête, l’auteur, maître de conférences en sociologie, questionne la médicalisation de l’échec scolaire et montre (...)

    • A lire : un extrait de « La médicalisation de l’échec scolaire » de Stanislas Morel
      http://www.contretemps.eu/lectures/lire-extrait-m%C3%A9dicalisation-l%C3%A9chec-scolaire-stanislas-morel

      Les analyses ont aussi permis d’interroger les effets réels de la médicalisation de l’échec scolaire. A bien des égards les deux principales approches médico-psychologiques de l’échec scolaire (psychanalyse et neurosciences cognitives) ne produisent pas, à proprement parler, de traitement médical de l’échec scolaire. La première tente de contourner la demande de résolution des problèmes scolaires en rapportant les difficultés des enfants à des problèmes psychoaffectifs sous-jacents. Elle ne prétend donc pas s’attaquer directement à l’échec scolaire. A l’exception des traitements médicamenteux qu’elle propose aux enfants hyperactifs, la seconde, s’appuie surtout sur une pédagogie scientifique fondée sur les neurosciences cognitives. Preuve de cette omniprésence du scolaire, les controverses actuelles entre neurosciences et approches inspirées de la psychanalyse rejouent, au sein du monde médical, certaines grandes questions qui traversent depuis des siècles le monde de l’éducation et plus particulièrement les débats sur l’échec scolaire : Comment transmettre des savoirs ? Quelle place accorder aux savoirs scolaires ? Doit-on traiter la difficulté de front ou la contourner ? La cause des difficultés d’apprentissage doivent-elles être cherchées dans l’histoire du « sujet » ou dans une défaillance technico-pédagogique ?

    • merci du signalement

      le véritable enjeu de la médicalisation actuelle des difficultés d’apprentissage n’est pas tant la mise au point d’un traitement efficace de l’échec scolaire qu’un double transfert de la légitimité pédagogique. Tout d’abord des sciences humaines et sociales vers les sciences expérimentales. Ensuite, des métiers de l’enseignement vers les professionnels du soin.

  • Les inégalités scolaires et l’alliance perdue de l’école et des catégories populaires (INJEP)
    http://www.injep.fr/Les-inegalites-scolaires-et-l

    L’un des effets paradoxaux des inégalités scolaires aujourd’hui est de décrédibiliser l’ambition éducative dont, pourtant, l’école ne cesse de se prévaloir. La lutte contre les inégalités générées par le système scolaire constitue donc un enjeu majeur pour redonner toute sa place à l’institution scolaire dans notre société. Mais cette reconquête ne peut s’accommoder du modèle de l’institution sanctuarisée au cœur mythe républicain. Au contraire, il est urgent d’inventer de nouvelles alliances éducatives entre l’école et la société, entre l’école et les jeunes, capables d’articuler les territoires où ils évoluent, leurs expressions culturelles et leur propre effort pour inscrire leur expérience et leurs aspirations dans le registre réflexif de l’écrit et du savoir. A cette condition seulement, l’institution et l’expérience scolaire pourra faire ressource pour ceux qui sont maintenus au bas et au pourtour de la vie sociale et de la citoyenneté. Car ce sont eux qui ont le plus grand besoin d’outils intellectuels et cognitifs pour décrypter leur condition sociale et faire entendre leur voix. Alors, ils pourront redevenir acteurs de la vie sociale, appelant, par eux-mêmes aux changements collectifs nécessaires à l’amélioration de leur condition.

    #éducation #inégalités #échec_scolaire #culture

  • Résultat de la crise scolaire : 900.000 jeunes sont hors système (Mediapart)
    http://www.mediapart.fr/journal/france/171014/resultat-de-la-crise-scolaire-900000-jeunes-sont-hors-systeme

    Environ 140 000 jeunes quittent, chaque année, l’école sans aucun diplôme. Mais ils sont aujourd’hui 900 000 à n’être ni en formation, ni en études, ni en recherche d’emploi. Une enquête du ministère de l’éducation montre comment cette difficulté à résorber le nombre de jeunes pas ou peu formés est un moteur de la crise sociale.

    Comme une vague impression d’inversion des causalités…

    #éducation #échec_scolaire #crise_sociale #chômage

  • Redoublement : quelles alternatives ? (VousNousIls)
    http://www.vousnousils.fr/2014/10/13/redoublement-quelles-alternatives-555587

    Une alter­na­tive peut rési­der dans le fait d’appréhender l’élève de la manière la plus indi­vi­dua­li­sée pos­sible, afin d’identifier ses pro­blèmes. A-t-il des dif­fi­cul­tés à orga­ni­ser son tra­vail ? A gérer le pas­sage de la famille à l’école ? Certaines notions le bloquent-il ?

    On a du mal à faire cela. Pourtant, ce n’est qu’à par­tir de ce diag­nos­tic qu’on peut trou­ver une solu­tion adap­tée à cha­cun. Plusieurs pistes existent, d’autres pays les uti­lisent. L’apprentissage coopé­ra­tif ou par les pairs par exemple. Cela consiste à faire tra­vailler les élèves de manière col­lec­tive : les plus à l’aise aidant les autres. On peut aussi ima­gi­ner des pos­si­bi­li­tés de rat­tra­page pen­dant les grandes vacances, avec les sys­tèmes d’école ouverte, voire l’organisation d’épreuves sup­plé­men­taires en fin d’année. Ou encore des pro­cé­dures de pro­mo­tion condi­tion­nelle, c’est-à-dire que l’élève passe en classe supé­rieure mais avec l’obligation de rat­tra­per pen­dant l’année ses défi­cits dans cer­taines matières.

    On peut aussi fonc­tion­ner avec des classes multi-âges, dans les­quelles l’ensei­gnant par­tage son temps entre des élèves de dif­fé­rents niveaux et dans les­quelles il s’adapte au rythme de cha­cun. Reste enfin à tra­vailler sur la rela­tion aux parents. L’ensei­gnant doit leur don­ner les outils pour aider leur enfant. Enseignants et parents doivent être unis dans la bataille contre l’échec sco­laire.

    #éducation #école #redoublement #échec_scolaire #coopération #relations_famille_école

  • Au-delà de la réponse sécuritaire, l’approche globale
    http://www.crisisgroup.org/fr/regions/afrique/op-eds/2014/ero-pope-countering-terrorism-must-go-beyond-international-law-enforcem

    La récente résolution du #Conseil_de_sécurité sur la lutte contre le #terrorisme a consacré seulement un dixième de son texte aux racines du problème. Le reste relève d’une approche purement #sécuritaire. Pourtant, une réponse uniquement #militaire et policière est vouée à l’#échec. Le difficile défi à relever est celui de l’équilibre des #rivalités diplomatiques internationales et régionales, afin de réduire les tensions qui alimentent le #radicalisme. Le terrorisme est davantage le symptôme d’une fracture sociale qu’une de ses causes, et l’approche purement militaire ne produit que bien peu de résultats.

  • Pourquoi les #startups échouent ? - Blog du modérateur
    http://alireailleurs.tumblr.com/post/99308211628

    Le site CB Insights a mené une enquête auprès de 101 startups qui ont fermé leur portes pour comprendre les raisons de leur #échec, rapporte le blog du modérateur. 

    "La raison principal d’un échec ? Un produit dont le marché n’a pas besoin, dans 42% des cas. Le produit peut aussi être tout simplement mauvais (17%) ou ne pas sortir au bon moment (13%). L’argent est bien sûr une raison importante. Notamment quand on n’en a plus (29%) mais aussi quand on n’a pas trouvé de business model (17%), quand le coût de production est trop élevé (18%) ou quand les investisseurs manquent (8%). N’oublions pas la compétition qui est parfois simplement meilleure (19%) ou l’équipe recrutée, pas assez compétente dans 23% des (...)

    #économie

    • Je me souviens avoir programmé pour des boites de la « bulle internet » de la fin des 90’s des applis en ligne qui ne se mettent à fonctionner qu’aujourd’hui.. Souvenez vous des ooshop, du wap :-)
      L’innovation c’est bien, mais quand on innove faut être patient, car le marché peut ne débarquer que 20 ans après..
      Faut voir qu’on commence à peine à se passer du bottin papier alors que les pages jaunes sur le web existe depuis le début..
      Amazon a tenu, mais franchement, il aurait pu crever comme les autres en 2001, quand on avait pas encore l’adsl et que les cris stridents de notre modem 56k nous refroidissaient quand l’idée nous prenait d’aller sur Internet... L’appât du gain crée une fuite en avant dans l’innovation qui tourne souvent au désastre.. Mais la « mortalité infantile » des entreprises on s’en fout, 30 ans qu’on ne regarde que la natalité en pensant que c’est la clé contre le chômage..

  • Éducation : qu’est-ce qui décourage les élèves ? (Le Point)
    http://www.lepoint.fr/societe/education-qu-est-ce-qui-decourage-les-eleves-02-07-2014-1842491_23.php

    Mais l’étude de l’OCDE va plus loin : un système sélectif nuirait à la motivation et à la progression des élèves. Alors même que l’on pourrait imaginer que la multiplicité des filières qui s’offrent aux élèves leur permettrait d’effectuer un choix affiné qui correspondrait mieux à leurs attentes, et ainsi les encouragerait dans l’effort, il n’en est rien. Pisa montre que la motivation chute lorsque le système éducatif propose un grand nombre de filières, lorsqu’il favorise l’orientation dans des voies professionnelles et lorsque cette orientation se fait à un jeune âge. D’autant que cette sélection accentue les inégalités sociales et que les élèves le perçoivent parfaitement, les « perdants » de la sélection ayant le sentiment de ne pas bénéficier des mêmes chances de réussite.

    Conséquence : la motivation pâtit du tri, sur des critères académiques, avec les gagnants qui rejoignent des établissements sélectifs et les autres qui sont « orientés » dans d’autres filières ou établissements en raison de leurs faibles résultats, de problèmes de comportement ou de besoins éducatifs spécifiques. En somme, si l’on suit les conclusions de Pisa, ce qui motive les meilleurs élèves démotive les plus fragiles. Apparemment, c’est la quadrature du cercle.

    #éducation #système_scolaire #échec_scolaire #sélection

  • Comment retrouver le plaisir d’enseigner grâce aux mauvais élèves (Serge Boimare)
    http://www.huffingtonpost.fr/serge-boimare/comment-retrouver-le-plaisir-d-enseigner_b_5707221.html

    1) Sortir des explications simplistes sur les causes de la difficulté à apprendre pour donner sa place à l’empêchement de penser […]
    2) En finir avec les remises à niveau qui poussent les empêchés de penser à améliorer leurs stratégies anti apprentissages et découragent les professeurs […]
    3) Connaitre les besoins des empêchés de penser pour espérer les réconcilier avec l’apprentissage […]
    4) Savoir que les textes fondamentaux sont un levier formidable pour répondre aux besoins des empêchés de penser […]
    5) Ne plus redouter les changements qui vont permettre de faire fonctionner la classe comme un groupe et donner du sens aux savoirs […]
    6) Accepter de participer chaque semaine à une réunion de coordination sur les pratiques pédagogiques […]

    #éducation #école #apprentissage #échec_scolaire

  • Européennes 2014 : le #populiste #geert_wilders en déroute
    http://fr.myeurop.info/2014/05/23/election-europeennes-deroute-populisme-geert-wilders-13907

    Marco Bertolini

    Il n’y a pas eu de raz-de-marée populiste aux #Pays-Bas. Le PVV de #Geert_Wilders n’a obtenu hier que 12,2% des voix contre 17% en 2009 aux élections européennes. Décryptage des raisons de cet échec.

    Aux #pays-bas on a voté dès jeudi pour les députés européens. lire la suite

    #INFO #Politique #Union_européenne #casher #echec #élection #election #élection_européennes_2014 #Europe #islam #islamophobe #juif #musulman #néerlandais #résultat #viande_halal #xenohobe

  • Mais pourquoi l’école française aime tant l’échec ? (Le Nouvel Observateur)
    http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20140509.OBS6613/mais-pourquoi-l-ecole-francaise-aime-tant-l-echec.html

    Plutôt que d’encourager les bonnes performances, l’école française sanctionne trop souvent l’échec, comme si cette sévérité était un gage de sérieux. Environ 15% des candidats sont recalés chaque année au bac, et on entend dire qu’à ce compte, le bac est « donné ». Comme si amener tout le monde à la réussite n’était pas normal.
    […]
    En croyant se montrer exigeants, les enseignants décourageaient leurs élèves plutôt que de les élever. Je ne parle pas des plus brillants, mais des élèves moyens, c’est-à-dire la grande majorité des classes, qu’on n’osait pas tirer vers le haut.
    […]
    L’explication est claire : le pari de la confiance crée un cercle vertueux. L’ancien ministre de l’Education parlait d’"école de la bienveillance". L’apprentissage n’est pas un escalier dont on grimpe les marches une à une. Il procède souvent par bonds. Nous connaissons tous des enfants qui, après avoir longtemps végété, connaissent soudain un déblocage fulgurant. Il faut tout faire pour encourager ce déblocage plutôt que de se focaliser sur les insuffisances de départ.
    […]
    En Bretagne, du fait d’un catholicisme ancien et populaire, l’école privée occupe encore une place très importante, et l’enseignement public subit donc une forte concurrence du privé, ce qui l’oblige à se battre pour garder ses élèves. Il est amené à mieux les traiter, si l’on peut dire. Ce n’est pas tout. Les parents ont pleinement confiance dans l’institution, et cette confiance produit de la réussite. On ne retrouve pas cette adhésion, par exemple, dans les familles populaires du nord de la France qui, pour des raisons sociales et historiques, pratiquent une forme d’autocensure et osent moins pousser leurs enfants vers des études longues.
    […]
    Je regrette d’ailleurs que nous vivions dans le « court-termisme », alors que toutes les réformes de l’école prennent des années. Depuis vingt ans, j’ai vu passer pas moins de dix ministres !

    #éducation #échec_scolaire #bienveillance

  • Ecole : les « décrocheurs » pourraient être repérés plus tôt (Nouvel Observateur)
    http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20140423.OBS4875/jeudi-5h-manque-photo-ecole-les-decrocheurs-pourraient-etre-rep

    Pas catastrophique, la performance française, révèle l’Insee, puisqu’en 2012, 11,6% des jeunes Français se trouvaient dans cette catégorie, soit un point de moins que la moyenne des Vingt-Huit de l’Union européenne (12,7%). […] Surtout, la proportion de « sortants précoces » en France ont (comme partout en Europe) baissé depuis 2003 (13%).

    #éducation #échec_scolaire #décrocheurs

  • Un jeune sur dix en difficulté en lecture et en calcul (Peut mieux faire)
    http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2014/04/25/un-jeune-sur-dix-en-difficulte-en-lecture-et-mathematiques

    Appliquer un pourcentage, trouver une proportion, manier les virgules entre les chiffres… un jeune sur dix est incapable de se sortir de ces calculs simples. Il en va de même en lecture. En la matière, près de 10 % des jeunes comprennent mal, voire pas du tout, ce qu’ils lisent.

    […]

    En lecture, 9,6 % des jeunes rencontrent des difficultés, dont une partie – 4 % – peut être considérée comme illettrée. Cette population ne recouvre pas forcément les déficients en mathématiques : « 54 % des jeunes qui sont en difficulté en lecture ne le sont pas en numératie », indiquent les statisticiens du ministère.

    Ces derniers ont identifié cinq profils de lecteurs. Les 4% qui rencontrent les difficultés les plus criantes ont un champ lexical très restreint et n’ont pas intégré les mécanismes permettant de comprendre un texte. Il y a, ensuite, les « lecteurs aux très faibles capacités de lecture » (5,5 %) et les « lecteurs aux acquis limités » (8,6 %), qui parviennent à compenser leurs lacunes de vocabulaire par une compréhension minimale des textes. Pour eux, la lecture reste une activité laborieuse. Par exemple, ils n’ont reconnu, en moyenne, qu’une dizaine de mots parmi ceux qui leur ont été présentés dans une liste mélangeant des « vrais » et des « pseudos » mots, quand les lecteurs « efficaces » (81,8 %) en reconnaissent en moyenne 17.

    […]

    Il y a aussi des constantes d’une année sur l’autre. Par exemple, le fait que les garçons sont plus souvent en difficulté que les filles en lecture (11% d’entre eux en grande difficulté contre 8,1% des filles). C’est l’inverse en « numératie » (8,7% des garçons en difficulté contre 10,7% des filles). Dans les deux cas, les résultats sont moins bons dans le Nord de la France : Picardie, Nord-Pas-de-Calais, Champagne-Ardenne…, et meilleurs en Bretagne et en Rhône-Alpes. Enfin, la grande majorité (80 % en lecture) des jeunes en difficulté n’ont pas dépassé le collège ou un cursus professionnel en lycée (CAP ou bac pro).

    #éducation #échec_scolaire #lecture #calcul #compréhension_écrite #numératie #illettrisme

  • L’école (privée) pour tous ? (Slate.fr)
    http://www.slate.fr/story/85905/ecole-privee-pour-tous-alexandre-dumas-montfermeil

    Ce projet ressemble aussi beaucoup aux charter schools américaines. Des établissements expérimentaux conçus pour encourager la réussite scolaires dans les quartiers difficiles. Des écoles publiques qui fonctionnent sur des règles qui leur sont propres, recrutent leurs enseignants sur profil et proposent des alternatives pédagogiques.

    Elles sont très demandées par les familles, à tel point que les élèves sont parfois recrutés par tirage au sort. Hélas, les résultats en termes de « déségrégation » scolaire ne sont pas au rendez-vous. Un récent article de l’AFP nous apprenait qu’une étude venait de montrer que, dans l’Etat de New-York, l’expérience aboutit à former des #ghettos sociaux et raciaux encore plus fermés. D’après les chercheurs, en 2010, 73% de ces charter schools new-yorkaises comptaient moins de 1% d’élèves blancs et 90% moins de 10%.

    Enfin, si le projet Alexandre-Dumas semble encore isolé, voire anecdotique, ce qui peut laisser dubitatif, ce sont les moyens employés pour en faire parler.

    […]

    Certes l’enseignement de la République a aussi un beau slogan qui claque : liberté, égalité, fraternité, écrit au-dessus du portail. Dommage qu’il soit si difficile d’y croire […]. La Cour des comptes et il y a encore peu de temps Vincent Peillon s’étonnaient du fait que les élèves parisiens coûtent 50% plus cher que ceux de l’académie de Créteil où se situe Alexandre-Dumas. […]

    Au vu de cette situation, il n’est pas étonnant que l’idée que l’alternative du privé finisse par être présentée comme un droit qui devrait être accessible à tous. Le droit à échapper à l’école publique ! A l’Education nationale de gérer des ghettos de plus en plus ségrégués...

    #éducation #école_privée #éducation_prioritaire #échec_scolaire #charter_school #ségrégation #marketing

    • Concrètement, et comme je l’avais prévu, le réaménagement des horaires du primaire a conduit à privatiser du temps scolaire qui était public. Aucune dotation n’est arrivée pour les communes qui ont joué le jeu et embauché du monde pour les activités extrascolaires. Pour beaucoup d’autres, ces heures censées rompre avec les inégalités d’accès aux activités extrascolaires n’ont que les renforcer : accès payant et places limitées. Ceux qui ne peuvent payer restent en plan dans la cours de récré...

  • Internet va-t-il terrasser l’Education nationale ? (NouvelObs.com)
    http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20140416.OBS4045/internet-va-t-il-terrasser-l-education-nationale.html

    Pourtant, dans les faits, beaucoup a été tenté pour lutter contre l’échec scolaire souligne Davidenkoff. Sauf que cela s’est traduit par des dizaines de dispositifs empilés au fil des ans qui « ont fini par éreinter les milliers de bonnes volontés : peu d’explications, pas de formation, peu de moyens, pas d’évaluation ».

    Le tout donne la vision d’une machinerie à bout de souffle, qui n’a jamais su résoudre le cas des élèves issus des zones défavorisées. Les initiatives qui ont réussi en France n’ont jamais convaincu l’Educ Nat’ d’entreprendre les réformes qui permettraient de limiter la casse.

    Pourtant des enseignants innovent, à tous les étages du système. Ils sont peut-être le seul espoir d’une institution qui semble incapable de se repenser. Et qui –pire- ne croit pas aux vertus de la formation :
    un enseignant peut traverser 40 ans de métier sans jamais avoir actualisé ses savoirs et compétences, autrement que par des discussions avec des collègues."

    #éducation #système #TICE #NTIC #Low-cost #privatisation #innovation #échec_scolaire #théorie_du_complot #enseignants #syndicats #formation

  • Super article sur #Magnus_Carlsen

    http://abonnes.lemonde.fr/sport/article/2014/04/05/magnus-carlsen-terreur-et-legende-des-echecs_4395332_3242.html

    Il pleut sur Oslo ce jour-là et, dans les luxueux locaux de la banque d’investissement Arctic Securities, un feu agréable brûle. A côté du foyer, un échiquier rappelle que l’établissement s’enorgueillit d’être un des sponsors du nouveau champion du monde d’échecs, Magnus Carlsen, 23 ans. Ce dernier, affalé sur un canapé, un pan de la chemise sorti du pantalon, picore des cacahuètes. Avec son éternelle moue renfrognée, effet d’un important prognathisme, il attend la première question du journaliste.

    On l’avait laissé en 2008 adolescent et grand espoir du jeu, « Mozart des échecs » selon la formule du Washington Post. Ecrire son portrait, à l’époque, c’était retracer la trajectoire classique d’un enfant prodige doté d’une mémoire phénoménale. Il venait de gagner un des plus forts tournois de la planète, à Wijk-aan-Zee (Pays-Bas), un exploit que personne n’avait jamais réalisé à 17 ans. L’ancien champion du monde russe Vladimir Kramnik osait une prédiction : « A mon avis, la question n’est pas de savoir si Carlsen sera champion du monde, mais juste de savoir quand il le deviendra. »

    On retrouve en 2014 un Magnus Carlsen adulte qui, en battant l’Indien Viswanathan Anand, le 22 novembre 2013, a accompli la prophétie de Kramnik. Comme si les choses écrites devaient toujours se produire. Pourtant, devenir numéro un mondial n’a pas été si simple. Dans la deuxième moitié de 2008, les résultats de Mozart ne sont plus aussi prodigieux. Et un an plus tard, curieusement, tout repart.

    UNE COLLABORATION AVEC GARRY KASPAROV

    Dans l’intervalle, le Norvégien a utilisé son joker. Un certain Garry Kasparov. Le contact avec le meilleur joueur d’échecs du XXe siècle, champion du monde entre 1985 et 2000, est noué fin 2008 par l’intermédiaire de Frederic Friedel, patron de ChessBase, société allemande spécialisée dans les logiciels d’échecs. « Cela faisait longtemps qu’il incitait Garry à m’entraîner mais celui-ci n’était pas convaincu par cette idée », explique Magnus Carlsen. L’ancien champion russe et son ego surdimensionné ont toujours eu du mal à se dire que leur temps était passé. D’un autre côté, accepter l’offre, c’était, pour Garry Kasparov, montrer au petit monde des 64 cases quel joueur était vraiment digne de lui succéder dans l’histoire. Et puis un très gros chèque, à 5 voire 6 zéros, a fini de le convaincre.

    L’agent de Magnus Carlsen, Espen Agdestein, se démène pour trouver des sponsors afin de financer la demi-douzaine de sessions d’entraînement qui s’étaleront tout au long de 2009. Pendant plusieurs mois, la collaboration reste secrète. Puis, l’info sort en septembre 2009. ChessBase publie des photos du stage que Magnus Carlsen a effectué dans la résidence d’été de Garry Kasparov en Croatie. On y voit un Garry Kasparov en tee-shirt Marcel, les poils des épaules au garde-à-vous, les yeux rivés sur son écran d’ordinateur en train de vérifier les variantes, tandis que Magnus Carlsen et son cerveau triment devant l’échiquier.

    Pendant ces séances avec Garry Kasparov, Magnus Carlsen travaille ce qu’il n’a jamais vraiment creusé à fond, les ouvertures. Mais, surtout, le Russe lui ouvre sa boîte à trésors, son analyse de la psychologie des autres grands maîtres. « J’étais parfois surpris de voir à quel point il connaissait ses adversaires, avoue Magnus Carlsen. Même chez des joueurs considérés comme imprévisibles comme le Russe Morozevitch ou l’Ukrainien Ivantchouk, il arrivait à trouver des tendances dans leur jeu. Et avec des champions de premier plan comme Kramnik ou Anand, il savait quelle position ils aimaient jouer et celles où ils ne se sentaient pas à l’aise. »

    A l’ère des logiciels qui aplanissent les différences ayant pu jadis exister entre les préparations des champions, on voit que les joueurs ont changé de méthode. Il ne s’agit plus tant de submerger l’autre par des variantes répétées à la maison que de l’emmener dans sa zone d’inconfort, là où il commettra la petite erreur de trop.

    « ON N’A JAMAIS VU UN JOUEUR FAIRE AUSSI PEU DE FAUTES »

    Cette approche convient au style de Magnus Carlsen, que décortique le numéro un français Maxime Vachier-Lagrave : « Il est très patient ! C’est un joueur universel qui s’adapte à tous. Il ne va pas forcément chercher le K.-O. mais plutôt construire méthodiquement sa position. Il crée un problème à droite, un problème à gauche pour provoquer la faute et vous faire craquer sous la pression. Et en plus de cela, il commet très peu d’erreurs lui-même. En fait, je crois qu’on n’a jamais vu un joueur faire aussi peu de fautes. »

    Magnus Carlsen ne peut qu’acquiescer, lui qui résume sa stratégie ainsi : « J’essaie de jouer 40 ou 50 bons coups et je défie mon adversaire d’en faire autant. Même si la position est simple ou semble simple, je tente de rester concentré et créatif, de trouver les possibilités qui s’y cachent. » Il conclut : « Je fais juste la même chose que les autres, mais en un peu mieux. » Pour le grand maître français Laurent Fressinet, qui a aidé Magnus Carlsen en 2013 à se préparer pour le championnat du monde, il ne faut voir nulle arrogance dans cette phrase mais l’expression d’une confiance inébranlable : « En plus d’un talent extraordinaire pour sentir où les pièces doivent se placer, ce qui fait la différence, c’est ce mental exceptionnel qu’il a. C’est un mental de tueur : s’il pense qu’il peut gagner, il n’aura aucune pitié pour ses adversaires. »

    En 2009, Kasparov remet donc Carlsen sur les rails et celui-ci ne va plus en sortir. Le 1er janvier 2010, il s’installe en tête du classement par points. Il ne lui reste plus qu’une épreuve : arracher le titre suprême à Vishy Anand qui, né en 1969, pourrait être son père. Ce sera presque une formalité. Alors que la compétition se dispute dans sa ville natale, à Chennai, et que son adversaire n’a aucune expérience des matches en un contre un, l’Indien, sur le déclin depuis quelques années, joue la peur au ventre. Il est parti pour un marathon de souffrance car il sait que Magnus Carlsen ne lâche jamais rien, qu’il est capable de faire saigner une pierre en la serrant dans son poing. Vishy Anand a perdu avant de commencer.

     SA RÉPUTATION, UN ATOUT

    Si le Norvégien fait aujourd’hui figure de joueur hors norme, c’est aussi pour cette raison. Contre lui, certains joueurs semblent partir avec un handicap. Tout comme Bobby Fischer et Garry Kasparov écrasaient les autres par leur simple présence devant l’échiquier, il y a un neuvième pion dans la manche de Magnus Carlsen : sa réputation. Ainsi que le résume le grand maître néerlandais Anish Giri, aux échecs, « d’abord vous jouez pour votre nom, ensuite votre nom joue pour vous ». Magnus Carlsen est-il conscient de cette aura ? « Ce n’est pas mon problème. C’est celui de mes adversaires. »

    A 23 ans, Magnus Carlsen est donc déjà une terreur et une légende. Au point que le grand maître américain Hikaru Nakamura l’a surnommé Sauron, ce personnage maléfique du Seigneur des anneaux, représenté dans les films de Peter Jackson par un oeil immense dans le ciel, qui voit tout. En février, au tournoi de Zurich, Hikaru Nakamura a la possibilité de terrasser Sauron. Dans une partie où il a pris trop de risques, Magnus Carlsen est confronté à une attaque dévastatrice. Comme un boxeur groggy, il tente de tenir un coup de plus, puis un autre, de ne jeter l’éponge que quand la défaite sera flagrante. L’Américain sait qu’il tient le champion du monde.

    Mais la pendule tourne et Magnus Carlsen, bien que dans les cordes, tend toujours des pièges. L’erreur est là, tentante, attendant d’être commise et, comme c’est si souvent le cas face au Norvégien, elle s’impose à Hikaru Nakamura. Il entrebâille la porte de secours et Magnus Carlsen s’y engouffre avec une contre-attaque précise, impitoyable. Le combat était perdu, le voilà gagné. La marque des grands est de savoir provoquer la chance ou, au moins, en extraire tout le jus quand elle se présente.

    UN HOMME « NORMAL »

    Lorsqu’on l’interroge sur lui, Magnus Carlsen se voit comme « un homme normal ». Depuis septembre, il n’habite plus chez papa-maman. Son père, Henrik, a depuis des années quitté son travail dans l’industrie pétrolière pour s’occuper de Magnus Chess, la société qui gère la carrière et les avoirs du fiston. Il ne voit pas de grand changement avec le Magnus d’avant : « Il passe du temps avec ses amis, il fait beaucoup de sport. Il n’a pas besoin de travailler trop ses échecs : il les a toujours à l’esprit et ses idées mûrissent sans qu’il y pense réellement. »

    Après son titre, Magnus Carlsen est entré dans le maelström des vedettes. Il est mannequin pour une marque de vêtements. Il a donné le coup d’envoi d’un match de football du Real Madrid, une leçon d’échecs à Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, et une raclée à Bill Gates. Le fondateur de Microsoft a été humilié, maté en 9 coups et seulement 79 secondes. Mais Magnus Carlsen, s’il sait que les médias peuvent populariser son sport, ne court pas après le ramdam. Il pense plutôt à son prochain défi : remettre sa couronne en jeu. Après tout, il ne sait rien faire d’autre qu’être roi du jeu des rois, l’homme normal. En novembre, il affrontera de nouveau Viswanathan Anand qui est rené de ses cendres en remportant le tournoi des candidats le 29 mars.

    L’entretien est fini. Magnus Carlsen regarde une émission de sport sur un ordinateur en attendant la prochaine interview. Espen Agdestein me présente une application pour téléphone portable avec laquelle on peut jouer contre Magnus à différents âges. Sans lever les yeux de son écran, le champion du monde dit : « A 8 ans, je suis encore prenable facilement. » Sous-entendu par un « patzer », un joueur du dimanche tel que ce journaliste doit l’être. La partie se déroule rapidement et se termine par un avantage écrasant. « Magnus, je crains bien de vous avoir battu. » Il ne relève pas. Oui Magnus, je vous ai battu, et c’est bon.

    #echecs #kasparov #anand #paywall

  • Daniel Gostain et le défi des empêchements d’apprendre (Le Café Pédagogique)
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/03/04032014Article635295064579366442.aspx

    L’#empêchement d’apprendre est devenu une signature des élèves français dans Pisa. Plus que les autres, ils ont peur de répondre de façon erronée. Ils ne répondent pas et semblent très mal à l’aide dès que l’on sort des schémas classiques pour utiliser des compétences en situation non scolaire. On en a tous fait l’expérience. Pas forcément celle des empêchements liés à la peur du maître. Il y aussi, d’après Daniel Gostain, ceux qui sont liés à l’élève : la peur de rater, les soucis, la honte. Ceux qui viennent de la famille : trop différente de l’école ou trop indifférente à moi. Ou encore ceux qui sont liés aux savoirs : à quoi ça sert ce qu’on apprend ? N’est ce pas trop difficile ?

    Avant Pisa, des chercheurs ont travaillé ces empêchements d’apprendre et Daniel Gostain s’en inspire. Il a travaillé avec Jacques Lévine, l’initiateur et l’inspirateur de l’AGSAS et , bien sur, avec Serge Boimare. Pour ce dernier, « il y a des enfants qui arrivent à l’école sans compétence psychique pour apprendre. L’apprentissage implique une confrontation avec le manque et l’attente, la solitude. Dans cette situation, ces enfants sont pris par un sentiment parasite, une émotion trop forte. Pour eux le moment de doute est désorganisateur et ils construisent des stratégies pour l’éviter. Ce n’est pas par des exercices d’entrainement qu’on va les sortir de ces difficultés ».

    Alors comment faire ? Daniel Gostain a découvert « son #clown ». Il peut faire vivre un clown sympathique. Avec ses collègues de la Compagnie « Tape l’incruste », ils sont rodés aux numéros qui croisent les personnages de chacun. Si Serge Boimare passait par la mythologie et le conte pour dépasser les empêchements d’apprendre, Daniel Gostain appelle son clown. Avec cette technique il entre directement dans un univers qui est celui de l’enfance et qui entretient une distance savante avec l’empêchement.

    #éducation #école #apprentissage #échec_scolaire #arts_vivants