• #Budget : « On a une image totalement déformée de la #dépense_publique »

    « Nous dépensons trop », a déclaré #François_Bayrou le 15 avril sur le budget 2026. Le gouvernement prévoit de nouvelles #coupes_budgétaires, de 40 milliards d’euros, pour l’année prochaine. Décryptage avec l’économiste #Christophe_Ramaux.

    Deux mois après avoir fait adopter un budget 2025 qui rognait déjà sur les dépenses publiques, le ministre de l’Économie, #Eric_Lombard, a annoncé, en fin de semaine dernière, de nouvelles coupes budgétaires de l’ordre de 40 milliards d’euros. Le 15 avril, François Bayrou a confirmé cette annonce permettant, selon lui, de maintenir l’objectif de #déficit à 4,6 % du PIB en 2026.

    Pour Christophe Ramaux, enseignant à l’université Paris 1, chercheur au Centre d’économie de la Sorbonne, la dépense publique n’est pas un #indicateur_économique pertinent. Entretien avec cet enseignant à l’université Paris 1, chercheur au centre économique de la Sorbonne et membre des Économistes atterrés, qui préconise plutôt d’aller chercher des #recettes pour combler le #déficit.

    Basta ! : Le ministre de l’Économie, Eric Lombard, ne cesse de rabâcher un chiffre : 57% de notre produit intérieur brut (PIB) serait consacré à la dépense publique. En répétant ce montant, qu’il juge colossal, il sous-entend que l’État est déjà très généreux. Couper dans la dépense publique serait donc sans grandes conséquences sociales. Mais la France est-elle réellement ce pays qui dépense de l’argent public à tout va ?

    Christophe Ramaux : On a une image totalement déformée de la dépense publique. Quand on dit que la dépense publique c’est 57% du PIB, la plupart des gens imagine que l’on prélève plus de la moitié de la richesse créée par le privé, qui serait le seul secteur productif, pour payer les fonctionnaires. Tout est faux dans cette phrase.

    La dépense publique est un indicateur très imparfait. On mélange un peu tout dedans et on fait des doubles comptes. Par exemple, elle comprend les salaires versés aux fonctionnaires, dont les cotisations sociales… Mais ces mêmes cotisations sont à nouveau comptées dans les dépenses de retraite ! Le chiffre de 57% du PIB n’est pas faux, mais il ne correspond pas à une part du PIB. Ce n’est pas parce que la dépense publique est à 57% que la dépense privée est à 43%. Au contraire, si on calculait la dépense privée de la même manière que l’on calcule la dépense publique, elle serait de l’ordre de 200% du PIB.

    Même si le gouvernement refuse d’employer le mot. Sommes-nous face à une politique austéritaire ?

    La part des #services_publics dans le PIB n’a pas augmenté depuis 40 ans. Donc il y a bien eu de l’#austérité. Pourquoi je dis ça ? Parce que, normalement, plus une société est riche, plus elle consacre de l’argent pour ce qu’on appelle les « #biens_supérieurs » : l’#éducation, la #santé, la #culture. Il ne vous a pas échappé que ce sont les terres d’excellence des services publics.

    Or, il y a beaucoup plus de bacheliers aujourd’hui que dans les années 1980, on aurait donc dû consacrer plus d’argent à l’éducation. On ne l’a pas fait. De même, la population vieillit donc on aurait dû augmenter les dépenses de santé. Cela n’a pas été le cas. Donc il y a bien eu de l’austérité.

    A quoi servent précisément les 1670 milliards d’euros de dépense publique ?

    Contrairement aux idées reçues, sur les 1670 milliards, un quart seulement sert à payer les #fonctionnaires. Environ une moitié (710 milliards) est consacrée aux « #prestations_sociales » et aux « transferts sociaux en nature de produits marchands » – la part remboursée des médicaments et des consultations médicales.

    Les prestations sociales (530 milliards, en 2023) financent essentiellement les #retraites (380 milliards), mais aussi le #chômage, le #revenu_de_solidarité_active (#RSA), l’#allocation_adulte_handicapé (#AAH), les #allocations_familiales… Les transferts sociaux en nature de produits marchands comptent pour 180 milliards. Quant au quart restant, il constitué de divers postes : aide aux ménages et aux entreprises, intérêts de la #dette (50 milliards), etc.

    La dépense publique n’est pas un puits sans fond. Et il faut savoir que le secteur public est productif ! Le calcul du PIB le prend d’ailleurs en compte. Sur les 3000 milliards de PIB actuel, environ 20% est ajouté par les fonctionnaires, soit 470 milliards. L’argent n’est donc pas dilapidé, puisqu’un quart de la dépense publique (salaire des fonctionnaires) augmente le #PIB !

    De même, les trois autres quarts offrent des débouchés pour le privé. Les retraités, que font-ils de leur retraite ? Ils font les courses, ils consomment. De même pour les chômeurs. La #commande_publique ? Elle finance en grande partie le privé, notamment le secteur du BTP si on pense à la construction d’écoles, de routes… Ce ne sont pas les fonctionnaires qui manient la truelle ! Donc quand on réduit la dépense publique, cela a inévitablement un effet sur le privé.

    Si on préserve la dépense publique, comment réduire le déficit ?

    Le #déficit_public est avant tout un problème de #recettes. Depuis 2017, premier mandat d’Emmanuel Macron, la dépense publique en pourcentage du PIB n’a pas augmenté. Ce qui a baissé, ce sont les #prélèvements_obligatoires (#impôts et #cotisations_sociales). On n’a jamais eu de baisse aussi élevée des ces prélèvements en un temps aussi court. On pense bien sûr à la suppression de l’#impôt_sur_la_fortune, #ISF, du prélèvement forfaitaire unique, à la baisse de l’#impôt sur les sociétés ou encore à la suppression de la #taxe_d’habitation (20 milliards d’euros), essentiellement payée par les ménages les plus riches. En tout, on arrive sur une baisse de 60 à 70 milliards de recettes.

    Au lieu de réduire la dépense publique, on pourrait évidemment aller chercher de nouvelles recettes. Déjà en revenant sur cette contre-révolution fiscale mise en place par Emmanuel Macron. On pourrait aussi remettre en cause certaines niches fiscales et sociales. Une part du déficit de la sécu pourrait être comblée si on cessait de ne pas soumettre à cotisation sociale une partie des revenus comme les heures supplémentaires, l’intéressement la participation, la prime de partage de la valeur (ex « #prime_Macron »)…

    https://basta.media/budget-on-a-une-image-totalement-deformee-de-la-depense-publique
    #dépenses_publiques #France #économie #fiscalité

  • Le gouvernement annule 3,1 milliards d’euros de crédit pour les missions #écologie, #économie et recherche et #enseignement_supérieur

    Selon un #décret publié samedi au « Journal officiel », ces annulations sont faites dans le cadre de l’effort supplémentaire de 5 milliards d’euros pour 2025.

    Le gouvernement a acté, samedi 26 avril, au Journal officiel (JO) des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d’euros dans le cadre de l’#effort supplémentaire de 5 milliards d’euros pour 2025 déjà annoncé par Bercy début avril.

    La ministre chargée des comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d’euros devaient permettre de tenir les objectifs de déficit public pour cette année dans un contexte de croissance moindre. « Ces 5 milliards d’euros que nous allons soit annuler, soit repousser, soit réorienter, c’est notre réponse à un monde instable. C’est la manière de faire face quoi qu’il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

    Une partie de cette somme s’est concrétisée à travers le décret publié au JO. « Afin de prévenir une détérioration de l’équilibre budgétaire sur le budget de l’Etat », « le présent décret porte des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d’euros en autorisations d’engagement », peut-on lire dans le JO. « Cet effort porte essentiellement sur les crédits hors masse salariale mis en réserve en début d’année », est-il précisé, « ces annulations ne devraient ainsi pas remettre en cause de façon significative la capacité d’exécution des politiques publiques, selon les termes convenus dans la loi de finances initiale pour 2025 ».

    « Respecter la trajectoire de redressement des #comptes_publics »

    Parmi les annulations de #crédits, sont concernés la mission « écologie, développement et mobilité durable » (549,6 millions d’euros), la mission « économie » (517,7 millions d’euros), la mission « recherche et enseignement supérieur » (493,3 millions d’euros) ou encore la mission « agriculture, alimentation et affaires rurales » (140 millions d’euros).

    « La dégradation récente des perspectives macroéconomiques conduit à anticiper de moindres recettes publiques, en lien notamment avec une révision de la prévision de croissance à 0,7 %. Ces risques sont également renforcés par le contexte géopolitique incertain », souligne le décret. « Dans ce cadre, un effort supplémentaire de maîtrise de la dépense est nécessaire pour respecter la trajectoire de redressement des comptes publics sur laquelle le gouvernement s’est engagé », est-il ajouté.

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/04/26/budget-2025-le-gouvernement-annule-3-1-milliards-d-euros-de-credit_6600269_8
    #ESR #université #France #coupes_budgétaires #budget #recherche

  • Le fondateur du WEF Klaus Schwab visé par une enquête interne RTS

    Le Wall Street Journal a révélé mercredi qu’une lettre anonyme a été adressée la semaine passée au conseil d’administration de la prestigieuse institution, mettant en cause klaus schwab et son épouse hilde qui auraient « mélangé leurs affaires personnelles avec les ressources du Forum, sans surveillance appropriée ».

    Un porte-parole du fondateur, interrogé par le quotidien, a démenti toutes ces accusations.
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    Cette lettre anonyme, qui émane d’anciens et actuels employés, selon le quotidien américain, a poussé le conseil d’administration à se réunir dans l’urgence « le dimanche de Pâques », klaus schwab ayant « opté pour une démission immédiate » de son rôle de président du Conseil d’administration, « plutôt que de rester pour une période de transition prolongée comme prévu auparavant », ajoute le Wall Street Journal, qui s’appuie sur des sources informées sans les nommer.

    La lettre inclut entre autres des accusations selon lesquelles klaus schwab, le fondateur de ce forum qui organise chaque année un sommet pour les élites politiques et économiques dans la luxueuse station de ski suisse de davos, aurait demandé à de jeunes employés de retirer pour lui « des milliers de dollars » dans des distributeurs de billets et utilisé des fonds de l’organisation pour régler des massages lors de séjours à l’hôtel.


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    Les dépenses facturées pour des massages lorsqu’il était en voyage ont toujours été remboursées, a-t-il précisé, klaus schwab réfutant également les accusations contre lui et son épouse concernant les voyages luxueux et retraits d’argent.

    Source : https://www.rts.ch/info/economie/2025/article/klaus-schwab-fondateur-du-wef-vise-par-une-enquete-apres-sa-demission-28861986.h
    #massage #prostitution #chute #klaus_schwab #wef #capitalisme #politique #violence #racisme #discriminations #davos #globalisation_4.0 #actualités_internationales #Grande_Réinitialisation #Réinitialisation #crise #économie #économie_mondiale

  • De « Vert » à « Disclose », le don s’installe parmi les modèles économiques des médias

    Plusieurs journaux en ligne se financent aujourd’hui massivement par le don, avec succès. Mais ce choix ne fonctionne que pour certains types de médias et a des implications.

    https://larevuedesmedias.ina.fr/vert-disclose-don-modeles-economiques-medias

    Meanwhile...

    Ça brûle - Vendez-nous !

    Côté abonnements, ça se maintient – et c’est ce qui sauve CQFD. Mais les ventes en kiosque, ça devient la Bérézina, la fuite à Varennes et le Titanic réunis. Alors, si vous pouvez aider à la diffusion du journal...

    https://cqfd-journal.org/Vendez-nous

    #économie_des_medias

  • Crise monétaire, bras de fer judiciaire, grève nationale : Mileil vacille face à la colère populaire.
    https://nantes.indymedia.org/posts/144453/crise-monetaire-bras-de-fer-judiciaire-greve-nationale-mileil-vaci

    leperepeinard.com Crise monétaire, bras de fer judiciaire, grève nationale : Mileil vacille face à la colère populaire.  C’est une tempête sociale, politique et économique qui secoue l’Argentine. Javier Milei, le président libertarien, provocateur notoire, élu sur les ruines d’un péronisme en déroute, voit son pouvoir s’effriter aussi…

    #Dictature #Economie #Argentine #Global

  • Radiographie des #coûts de nos choix en matière de #transport

    Dans un monde où la durabilité devient une priorité, chaque choix en matière de transport a un #coût — financier, social et environnemental. Comment les entreprises peuvent-elles devenir de véritables leaders en mobilité durable ?

    Le transport pèse lourd sur les #finances, qu’il s’agisse des #budgets_publics ou de ceux des foyers québécois. Les coûts liés aux #infrastructures_routières, au #transport_collectif et même à la création de voies sécurisées pour les #mobilités_actives suscitent des débats passionnés sur les priorités à accorder et les #investissements à réaliser.

    Une étude menée par une équipe de HEC #Montréal donne une évaluation précise des #coûts_réels de la mobilité dans l’agglomération montréalaise, selon le mode de transport choisi : #automobile, transport collectif, #vélo ou #marche. Ce #calcul couvre à la fois les #coûts_privés — y compris l’achat et l’entretien des #véhicules, le #carburant, les #titres_de_transport, les #permis, les #taxes et les #contraventions — et les #coûts_sociaux.

    Ces derniers se divisent en deux catégories : d’une part, les coûts publics, tels que la construction et l’entretien des infrastructures, le déneigement et le fonctionnement des installations, qui sont inscrits explicitement dans les budgets fédéral, provincial et municipal ; d’autre part, les coûts ou bénéfices externes, économiquement invisibles, mais tout aussi importants, tels que les #émissions_de_gaz_à_effet_de_serre, la #congestion, les #accidents, l’occupation de l’#espace urbain et les effets bénéfiques sur la #santé_publique liés à l’utilisation des #transports_actifs.

    Ces facteurs, bien que cachés sur le plan économique, sont essentiels pour évaluer la véritable portée des choix en matière de #mobilité.

    En intégrant tous les éléments évalués, l’étude révèle que chaque kilomètre parcouru en automobile engendre un coût total de 2,27 $, tandis que les transports collectifs ne coûtent que 1,32 $, et le vélo, un modeste 0,87 $. Bien que ces sommes puissent sembler raisonnables si elles sont entièrement assumées par les utilisateurs, une analyse plus poussée montre que les coûts sociaux pèsent lourd sur la collectivité.

    Ainsi, pour chaque dollar dépensé par un automobiliste, la société doit assumer un coût additionnel de 1,44 $, ce qui en fait — et de loin ! — le mode de transport le plus onéreux. En comparaison, pour 1 $ investi dans les transports collectifs, les coûts sociaux sont de seulement 0,38 $. Quant aux mobilités actives, comme le vélo et la marche, elles génèrent des économies pour la collectivité : chaque dollar dépensé rattaché au vélo entraîne une réduction des coûts sociaux de 0,19 $, et la marche permet une économie de 0,03 $ par dollar, notamment grâce aux bienfaits pour la santé publique, qui réduisent la pression sur le système de santé.

    Ce que les entreprises peuvent faire

    Être un leader en #mobilité_durable est désormais un atout stratégique majeur dans le monde des affaires, particulièrement dans des villes comme Montréal, où les défis liés au transport sont omniprésents. Promouvoir des solutions de mobilité durable, telles que le transport actif ou collectif, ne se limite pas à réduire les émissions de gaz à effet de serre : cela permet surtout d’améliorer l’attractivité des entreprises en répondant aux attentes croissantes des nouvelles générations.

    Les jeunes, notamment les millénariaux et les membres de la génération Z, accordent une attention particulière aux enjeux environnementaux et au bien-être. Ils recherchent activement des employeurs qui partagent leurs valeurs et qui encouragent les pratiques durables. Ces générations n’hésitent pas à changer d’emploi si elles estiment que l’entreprise pour laquelle elles travaillent ne correspond pas à leurs attentes sur le plan de l’éthique.

    En parallèle, promouvoir la mobilité durable améliore aussi considérablement l’image de marque d’une organisation. Les entreprises peuvent ainsi non seulement répondre aux exigences des consommateurs actuels, mais aussi se bâtir une réputation basée sur des valeurs de durabilité. Les émissions de gaz à effet de serre qui englobent l’ensemble des émissions indirectes générées — notamment par les déplacements des employés —, peuvent représenter de 70 % à 90 % des émissions totales d’une entreprise. En mettant en place des solutions de mobilité durable, les entreprises peuvent réduire fortement leur empreinte carbone et renforcer leur leadership en matière de transition écologique.

    De multiples solutions

    Pour devenir des ambassadeurs en mobilité durable, les entreprises ne peuvent plus se cacher simplement derrière l’adoption de quelques mesures symboliques. Ce changement nécessite dorénavant la mise en place d’une stratégie globale qui intègre une politique interne de mobilité.

    À Montréal, plusieurs grands employeurs ont pris des engagements concrets en signant un pacte de mobilité durable. Cette entente vise l’ouverture de nouveaux locaux à proximité des transports en commun, la réduction de la demande de stationnement individuel et l’électrification des parcs de véhicules. Ce type d’actions souligne l’importance des partenariats public-privé pour l’atteinte d’objectifs environnementaux ambitieux et appelle les gouvernements à investir massivement dans les infrastructures de transport durable.

    https://www.ledevoir.com/environnement/868882/radiographie-couts-choix-matiere-transport

    sur le site de HEC Montréal :
    https://www.revuegestion.ca/mobilite-durable-le-vrai-cout-de-nos-choix

    #transports #mobilité #économie

    via @freakonometrics

  • Klaus Schwab, président du WEF, annonce sa démission immédiate RTS

    Selon un communiqué du WEF publié lundi, Klaus Schwab a informé le conseil d’administration de sa démission lors d’une réunion extraordinaire le dimanche de Pâques. Le choix du chef intérimaire Peter Brabeck-Letmathe, ancien président du conseil d’administration de Nestlé, s’est fait à l’unanimité. Le conseil de fondation a mis en place un comité de recherche pour trouver un successeur durable.

    Il y a un an, en mai, Klaus Schwab avait déjà annoncé son intention de quitter son poste de directeur et de passer à la présidence du conseil de fondation. Il se retire maintenant de cette même fonction.

    Le wef Fondé avec l’argent de ses parents

    Le professeur d’économie allemand Klaus Schwab, né à Ravensburg dans le sud de l’Allemagne, fils d’un directeur d’usine suisse, a créé le Forum économique mondial en 1971 avec l’argent de ses parents, ses économies de manager et un crédit. Le Forum, avec sa réunion annuelle à Davos, est devenu l’une des rencontres les plus importantes pour les politiciens de haut niveau, les grands managers, les scientifiques et les représentants de la société civile du monde entier.

    Le siège du WEF se trouve à Genève. Il emploie 600 personnes dans le monde entier, à Genève, New York, Pékin et Tokyo.
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    Source et suite : https://www.rts.ch/info/economie/2025/article/klaus-schwab-quitte-la-presidence-du-wef-peter-brabeck-letmathe-interimaire-2886

    #klaus_schwab #wef #capitalisme #politique #violence #racisme #discriminations #davos #globalisation_4.0 #actualités_internationales #Grande_Réinitialisation #Réinitialisation #crise #économie #économie_mondiale

  • 40 milliards d’économies : ce que Bayrou va sacrifier pour son budget 2026
    https://www.lemediatv.fr/emissions/2025/40-milliards-deconomies-ce-que-bayrou-va-sacrifier-pour-son-budget-2026-JO

    François Bayrou a fixé un cap clair : 40 milliards d’euros d’économies pour 2026, sans hausse d’impôts. En ligne de mire : un pays qui “ne produit et ne travaille pas assez”.

    #Économie

  • Trump : et s’il perdait sa guerre contre la Chine ?
    https://www.lemediatv.fr/emissions/2025/trump-et-sil-perdait-sa-guerre-contre-la-chine-BdTOX6soQWOBFyFxpVPcuA

    C’est un véritable choc des titans de l’économie mondiale auquel nous assistons aujourd’hui. Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, Chinois et Américains se livrent une guerre commerciale sans précédent.

    #Économie #International

  • Quand Moscovici refuse de faire payer les plus riches : la vérité sur sa déclaration inquiétante !
    https://www.lemediatv.fr/emissions/2025/quand-moscovici-refuse-de-faire-payer-les-plus-riches-la-verite-sur-sa-dec

    Pierre Moscovici est en très faché : les finances publiques sont au plus mal. Sa solution ? S’attaquer à la fraude sociale, qu’il estime à 4,5 milliards d’euros.

    #Économie

  • Dérapage budgétaire et austérité : on connaît les responsables !
    https://www.lemediatv.fr/emissions/2025/derapage-budgetaire-et-austerite-on-connait-les-responsables-8SzQ7hPMQ92BN

    Dans le cadre de la Contre-Matinale, nous avons reçu Sandra Demarcq, syndicaliste et membre de Solidaires Finances Publiques, au sujet du rapport de la commission d’enquête sur le dérapage budgétaire.

    #Économie #Syndicats

  • Après l’avoir quittée, ces migrants qui retournent en Espagne en espérant y obtenir l’asile - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64026/apres-lavoir-quittee-ces-migrants-qui-retournent-en-espagne-en-esperan

    Après l’avoir quittée, ces migrants qui retournent en Espagne en espérant y obtenir l’asile
    Par Romain Philips Publié le : 16/04/2025
    Alors que la politique migratoire de nombreux pays européens ne cesse de se durcir, l’Espagne a opté pour une politique plus ouverte. Un discours qui incite de plus en plus de migrants à retourner dans ce pays du sud - qu’ils avaient quitté après leur arrivée aux Canaries. Pour autant, y obtenir l’asile ou un titre de séjour reste, pour la plupart, long et difficile.
    Quand il le peut, Alpha se rend devant la mairie d’Irùn, au Pays basque espagnol, pour épauler les bénévoles de l’association Irungo Harrera Sarea qui tiennent là un stand d’informations pour les migrants en transit. L’occasion de saluer ceux qui, il y a plus d’un an, l’ont conseillé alors qu’il était sur la route vers Paris.
    Arrivé le 8 octobre 2023 aux Canaries après une traversée d’une semaine dans une pirogue, le jeune homme de 22 ans est passé par Malaga, dans le sud de l’Espagne, avant de remonter jusqu’à Irùn, direction la France. (...) C’est à Hendaye, en France, qu’il croise la route d’un bénévole qui l’accompagne jusqu’à Pausa, le centre d’accueil de la ville de Bayonne et lui parle de la politique d’intégration de l’Espagne. Ainsi, après quelques jours, le Guinéen décide de rebrousser chemin et de tenter sa chance en Espagne car il a peur de vivre à la rue, lui qui est malade de la thyroïde.
    Après avoir été hébergé ici et là par des bénévoles, il finit par rentrer dans le programme du centre espagnol pour les réfugiés (CEAR) suit une formation de cuisinier dispensée par une association espagnole avant d’obtenir son permis de résidence en mars 2025. (...)
    Comme lui, sur les milliers de migrants qui quittent l’Espagne en direction d’autres pays européens après leur arrivée aux Canaries, "de plus en plus décident de revenir", explique Oihana, bénévole basque, qui évoque un "phénomène nouveau". "On a fait part de la situation au gouvernement provincial pour que ça remonte au niveau national", ajoute-t-elle.
    Car cette situation "crée des problèmes de logement", commente Alpha. Exceptionnellement, les migrants qui demandent l’asile peuvent rester 10 jours au refuge de la Croix-Rouge, contrairement aux trois accordés aux migrants en transit. Mais pour autant, ces dernières semaines, un groupe de huit demandeurs d’asile maliens a été découvert dans la rue à quelques dizaines de mètres de la Croix-Rouge. Car malgré les messages d’ouverture des autorités et les réformes engagées, la procédure reste longue.(...)
    "Les difficultés d’accès à la procédure, c’est le tout premier problème que rencontrent les demandeurs d’asile en arrivant ici, confirmait à InfoMigrants Mauricio Valiente, directeur de la CEAR, une ONG basée à Madrid. L’administration, bureaux d’asile comme la police, est saturée. Résultats, les exilés sont ballotés de bureaux en bureaux, de régions en régions. Certains mettent parfois un an avant de déposer seulement leur dossier".
    Depuis le début de l’année 2025, le pays a déjà reçu plus de 26 400 demandes d’asile, en majorité de ressortissants vénézuéliens, colombiens et maliens. En 2024, le bureau de l’asile a enregistré au total 167 366 demandes contre 163 000 en 2023, années record.
    Et avec 12% de taux de protection internationale en 2023, l’Espagne est dernière du classement européen. En 2024, le chiffre a légèrement augmenté à 18,5% mais reste bien loin de la moyenne européenne (42%), d’après un rapport de la CEAR. Toutefois, pour les migrants originaires de certains pays comme le Mali, le Soudan ou encore la Somalie, les taux d’acceptation dépassent les 90%.
    Et les déboutés du droit d’asile peuvent saisir une dernière chance : obtenir un titre de séjour connu sous le nom d’"arraigos", réservé aux les personnes pouvant justifier d’au moins deux ans de présence dans le pays. Une manière de "renforcer l’immigration de travail", pour "faire diminuer les demandes d’asile”, selon Mauricio Valiente. Au 31 décembre 2023, 210 334 personnes disposaient d’un titre de séjour de ce type, soit 85 000 de plus qu’en 2022.
    “Cette nouvelle politique attire des migrants”, soutien Alpha, régulièrement en contact avec les nouveaux arrivants à Irùn. "Mais pour autant, ca reste dur. Même après une longue procédure d’asile, le compteur est remis à zéro et les migrants doivent donc attendre deux ans en situation irrégulière avant de prétendre à l’arraigo", explique Iniaki, un bénévole basque. Devant la mairie d’Irùn où il a accueilli Alpha lors de son retour en Espagne, il explique d’ailleurs aux migrants fraichement arrivés "qu’il ne faut pas croire que ce sera facile ici". "Même si le climat actuel est moins rude qu’en France pour les migrants actuellement, l’Espagne, c’est dur. L’Europe est dure", explique-t-il.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#politiquemigratoire#immigration#migrationirreguliere#economie#retour#sante

  • « En Russie, l’impact démographique de la guerre en Ukraine s’ajoute au déclin structurel de la population depuis la chute de l’URSS »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/04/12/en-russie-l-impact-demographique-de-la-guerre-en-ukraine-s-ajoute-au-declin-

    « En Russie, l’impact démographique de la guerre en Ukraine s’ajoute au déclin structurel de la population depuis la chute de l’URSS »
    Tatiana Kastouéva-Jean
    Directrice du Centre Russie/Eurasie de l’IFRI
    L’un des problèmes actuels de l’économie russe, reconnu par tous les hauts responsables, est le manque de main-d’œuvre. Fin 2024, plus de 80 % des entreprises russes déclarent éprouver des difficultés à recruter, dans un marché du travail où le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau historique, 2,4 % en mars. Aucun secteur n’est épargné, y compris le complexe militaro-industriel dans lequel l’Etat russe investit massivement depuis 2022.
    Pour faire face, les employeurs proposent des salaires de plus en plus attractifs, alimentant l’inflation. Ils révisent à la baisse le niveau d’exigence pour les recrutements, alors qu’aucun indicateur ne permet de constater une amélioration de la productivité du travail en Russie, qui représente un peu plus de la moitié de celle des Etats-Unis, selon une récente étude russe.
    Le manque de cadres, notamment, s’est aggravé avec la guerre en Ukraine : des centaines de milliers de personnes combattent au front ou comptent déjà parmi les morts et les blessés. Jusqu’à 1 million de personnes auraient quitté le pays pour échapper au durcissement du régime ou à la mobilisation militaire.Cet impact démographique de la guerre s’ajoute au déclin structurel de la population depuis la chute de l’URSS. Le faible taux de natalité des années 1990 a abouti à des générations creuses qui font aussi peu d’enfants. Selon l’agence fédérale des statistiques, Rosstat, on comptait plus de 12 millions de Russes entre 15 et 19 ans en 2001, mais seulement 7,8 millions en 2024. Et l’annexion de la Crimée et des quatre régions ukrainiennes, intégrées dans les statistiques russes depuis 2023, ne corrige pas la tendance de fond.
    L’immigration pourrait être une réponse. Mais l’arrivée de travailleurs étrangers – venant majoritairement de pays d’Asie centrale, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan – est perçue avec méfiance par la population russe. Après l’attentat sanglant du Crocus Center en mars 2024, commis par des ressortissants tadjiks, plus de 80 000 migrants en situation irrégulière ont été expulsés, soit deux fois plus qu’en 2023.La plupart des migrants sont mal intégrés en Russie : sous-payés et ayant peu de droits, ils vivent souvent en communautés closes, qui sont aussi parfois des foyers de radicalisation. Selon une décision récente, les écoles russes n’accepteront désormais plus les enfants ne maîtrisant pas la langue russe : une mesure qui risque d’accentuer l’isolement des communautés immigrées et de décourager les nouvelles arrivées.
    La situation pousse les autorités et les employeurs dans une recherche frénétique de solutions. Ceux de l’Extrême-Orient se tournent vers des pays plus exotiques comme, par exemple, la Corée du Nord ou la Birmanie pour le secteur du bâtiment. Plusieurs entreprises du textile ont commencé un transfert de la production vers l’Asie centrale. Une idée surprenante concerne le « visa idéologique » que les autorités russes proposent depuis août 2024 aux personnes qui fuient les politiques néolibérales de leurs pays natals et partagent les valeurs traditionnelles russes. A la différence des exigences pour les migrants centrasiatiques, ces visas ne demandent pas la maîtrise du russe. Depuis janvier 2024, un institut a vu le jour pour faciliter le retour des compatriotes partis à l’étranger. Il ne s’agit pourtant que de gouttes dans l’océan des besoins du marché du travail russe.
    La tension actuelle sur le marché du travail se combine à la réflexion sur la démographie de demain. Le président russe prône la famille nombreuse comme nouvelle norme. Des mesures natalistes – financements, avantages sociaux, accès facilité au logement – sont en vigueur depuis plusieurs années en Russie, mais n’apportent pas le résultat escompté. Le taux de fécondité y est actuellement de 1,41, malgré quelques exceptions régionales, comme en
    La diffusion des idées childfree [faire le choix de ne pas avoir d’enfant] ou des thématiques LGBTQ+ a été interdite en Russie. Le débat est régulièrement relancé sur l’interdiction de l’avortement, sans aboutir pour l’instant, car l’idée est peu populaire dans la société russe, qui, dans ses comportements, est proche du mode de vie occidental et n’apprécie pas l’ingérence de l’Etat dans ce domaine privé. Mais une dizaine de régions proposent des aides financières aux mineures enceintes pour les inciter à garder l’enfant.
    Il est légitime de douter du succès en temps de guerre des mesures natalistes qui n’ont pas apporté les résultats escomptés en temps de paix. Selon les prévisions médianes de l’ONU, si l’actuelle tendance démographique se poursuit en Russie, sa population se réduira à moins de 136 millions de personnes d’ici à 2050 (contre 144 millions en 2023). De quoi se poser des questions sur son développement économique, mais aussi ses ambitions de grande puissance.

    #Covid-19#migrant#migration#russie#demographie#guerre#economie#travailleurmigrant#asie#ouzbekistan#tadjikistan#kirghizistan#coree#birmanie

  • #guerre_commerciale : vers la dédollarisation et la mort de l’industrie européenne ?
    https://lvsl.fr/guerre-commerciale-vers-la-dedollarisation-et-la-mort-de-lindustrie-europeenne

    La guerre commerciale de #Trump remet en cause un demi-siècle de mondialisation. Si la #chine pourrait profiter de cette situation pour accélérer la fin du privilège du #dollar, l’Union européenne risque d’être la principale victime de cet affrontement. Incapable de remettre en cause son libre-échangisme, elle se retrouve prise au piège.

    #Économie #commerce #douane #euro #industrie #souveraineté #taxes #Union_Européenne

  • La tyrannie de la #commodité (par #Tim_Wu)

    Traduction d’un texte essentiel sur la notion de commodité, de #confort, publié en 2018 par le juriste américain Tim Wu dans le New York Times[1]. Les organisations (institutions étatiques, think tanks, ONG, associations, etc.) et influenceurs de la mouvance éco-capitaliste ne remettent aucunement en question le confort moderne. Le pouvoir ne remettra évidemment jamais en cause ce qui lui permet de tenir le peuple en laisse. Ce texte est à mettre en relation avec une excellente réflexion critique sur le confort publiée récemment par l’anthropologue Stefano Boni.

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    La commodité est la force la plus sous-estimée et la moins comprise dans le monde d’aujourd’hui. En tant que moteur des décisions humaines, elle n’offre pas le frisson coupable des désirs sexuels inconscients de Freud ou l’élégance mathématique des incitations de l’économiste. La commodité est ennuyeuse. Mais l’ennui se différencie de la banalité.

    Dans les pays développés du XXIe siècle, la commodité – c’est-à-dire des moyens plus efficients et plus pratiques pour accomplir des tâches quotidiennes – semble être la force la plus puissante qui façonne nos vies et nos économies. C’est particulièrement vrai en Amérique, où, malgré tous les hymnes à la liberté et à l’individualité, on se demande parfois si la commodité n’est pas en fait la valeur suprême.

    Comme l’a récemment déclaré Evan Williams, co-fondateur de Twitter, « la commodité décide de tout ». La commodité semble prendre les décisions à notre place, l’emportant sur ce que nous aimons imaginer être nos véritables préférences. (Je préfère faire mon café, mais le Starbucks instantané est si pratique que je ne fais presque jamais ce que je « préfère »). Faciliter les choses ne suffit pas, il faut trouver la manière la plus facile de faire, la meilleure.

    La commodité a la capacité de rendre d’autres options impensables. Une fois que vous avez utilisé une machine à laver, le lavage du linge à la main semble irrationnel, même s’il est probablement moins onéreux. Une fois que vous avez fait l’expérience de la télévision à la demande, attendre de voir une émission à une heure déterminée à l’avance semble idiot, voire un peu indigne. Résister à la commodité – ne pas posséder de téléphone portable, ne pas utiliser Google – en vient à exiger un dévouement particulier souvent pris pour de l’excentricité, voire du fanatisme.

    Malgré toute son influence dans sa manière de façonner les décisions individuelles, la part la plus importante du pouvoir de la commodité pourrait découler de décisions prises à un échelon global, à un niveau où il contribue de manière critique à structurer l’économie moderne. La bataille pour la commodité, particulièrement dans les secteurs liés à la #technologie, c’est la bataille pour s’assurer la #domination dans l’#industrie.

    Les Américains disent qu’ils accordent une grande importance à la #concurrence, à la multiplication des #choix, à l’individu. Pourtant, notre goût pour la commodité engendre plus de commodité, grâce à la combinaison des #économies_d’échelle et du pouvoir de l’#habitude. Plus il est facile d’utiliser Amazon, plus Amazon devient puissant – ce qui rend encore plus facile d’utiliser Amazon. La commodité et le #monopole semblent être des alliés naturels.

    Compte tenu de la croissance de la commodité – en tant qu’#idéal, #valeur, #mode_de_vie – il est utile de se demander ce que notre obsession pour celle-ci fait pour nous et pour notre pays. Je ne veux pas suggérer que la commodité est une force malfaisante. Rendre les choses plus faciles n’est pas un mal en soi. Au contraire, elle ouvre souvent des possibilités qui semblaient autrefois trop onéreuses à envisager, et elle rend généralement la vie moins pénible, en particulier pour les personnes les plus vulnérables aux corvées quotidiennes.

    Mais nous nous trompons en présumant que la commodité est toujours une bonne chose, car elle entretient une relation complexe avec d’autres idéaux qui nous sont chers. Bien qu’elle soit comprise et promue comme un instrument de libération, la commodité dévoile une face plus sombre. Avec sa promesse d’#efficacité en douceur et sans effort, elle menace d’effacer le genre de luttes et de défis qui donnent un sens à la vie. Créée pour nous libérer, elle peut devenir une #contrainte influençant ce que nous sommes prêts à faire. Et donc de manière subtile, elle peut nous asservir.

    Il serait pervers d’ériger l’inconfort en idéal, mais lorsque nous laissons la commodité décider de tout, nous capitulons trop souvent.

    La commodité telle que nous la connaissons aujourd’hui est un produit de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, lorsque des dispositifs permettant d’économiser le travail à la maison ont été inventés et commercialisés. Parmi les #innovations marquantes, citons l’invention des premiers « #aliments_de_confort », tels que le porc et les haricots en conserve et le Quaker Quick Oats [flocons d’avoine en boîte, NdT], les premières machines à laver électriques, les produits de nettoyage comme la poudre à récurer Old Dutch, et d’autres merveilles comme l’aspirateur électrique, le mélange pour gâteau instantané et le four à micro-ondes.

    La commodité apparaissait comme la version domestique d’une autre idée de la fin du XIXe siècle – l’#efficience_industrielle et la « gestion scientifique du travail » qui l’accompagnait. Elle représentait l’adaptation de la philosophie de l’usine à la vie domestique.

    Aussi banal que cela puisse paraître aujourd’hui, la commodité, grande libératrice de l’humanité enfin délivrée du #travail, était un #idéal_utopique. En faisant gagner du #temps et en éliminant la #corvée, elle créerait la possibilité de s’adonner à des #loisirs. Et avec les loisirs viendrait la possibilité de consacrer du temps à l’apprentissage, aux passe-temps ou à tout ce qui pouvait vraiment compter. La commodité mettrait à la disposition du grand public le type de liberté et d’élévation culturelle autrefois réservé à l’aristocratie. Dans cette perspective, la commodité apparaissait également comme une grande niveleuse des inégalités.

    Cette idée – la commodité perçue comme une #émancipation – peut être enivrante. Ses représentations les plus captivantes se trouvent dans la science-fiction et les univers futuristes imaginés au milieu du XXe siècle. Des magazines sérieux comme Popular Mechanics et des divertissements loufoques comme The Jetsons nous ont enseigné que la vie dans le futur atteindrait l’idéal du confort parfait. La nourriture serait préparée en appuyant sur un bouton. Les trottoirs en mouvement nous épargneraient l’ennui de la marche. Les vêtements se nettoieraient d’eux-mêmes ou s’autodétruiraient après une journée à les porter. La fin de la lutte pour l’existence pourrait enfin être envisagée.

    Le rêve de la commodité se fonde sur une représentation cauchemardesque de l’#effort_physique. Mais le travail éprouvant est-il toujours un cauchemar ? Voulons-nous vraiment être émancipés de tout cela ? Peut-être que notre humanité s’exprime parfois par des actions incommodes et des quêtes de longue durée. C’est peut-être la raison pour laquelle, à chaque avancée du confort, des résistants se manifestent. Ils résistent par entêtement, oui (et parce qu’ils ont le luxe de le faire), mais aussi parce qu’ils voient une menace pour leur identité, pour leur capacité à contrôler les choses qui comptent pour eux.

    À la fin des années 1960, la première révolution de la commodité commença à s’étouffer. La perspective d’une vie où l’inconfort aurait disparu semblait avoir perdu la première place parmi les grandes aspirations de la société. Commodité signifiait #conformité. La #contre-culture incarnait le besoin des gens de s’exprimer, de réaliser leur potentiel individuel, de vivre en harmonie avec la nature plutôt que de chercher constamment à surmonter ses nuisances. Jouer de la guitare n’était pas facile. Il n’était pas non plus aisé de cultiver ses propres légumes ou de réparer sa propre moto, mais de telles choses étaient néanmoins considérées comme ayant de la valeur – ou plutôt considérées comme un accomplissement. Les gens recherchaient à nouveau à se réaliser en tant qu’individus.

    Dès lors, il était peut-être inévitable que la deuxième vague de technologies de confort – la période que nous vivons – cherche à récupérer cet idéal. Elle rendrait l’#individualité plus pratique.

    Vous pouvez faire remonter le début de cette période à la sortie du Walkman de Sony en 1979. Avec le #Walkman, nous pouvons observer un changement subtil mais fondamental dans l’idéologie de la commodité. Si la première révolution de la commodité promettait de vous faciliter la vie et le travail, la seconde promettait de vous faciliter d’être vous-même. Les nouvelles technologies étaient des catalyseurs de l’#individualité. Elles ont permis l’application de l’efficience industrielle à l’expression individuelle.

    Prenons l’homme du début des années 1980 qui se promenait dans la rue avec son walkman et ses écouteurs. Il est enfermé dans un environnement acoustique de son choix. Il profite, en public, du genre d’expression qu’il ne pouvait autrefois connaître que dans son salon privé. Une nouvelle technologie lui permet de montrer plus facilement qui il est, ne serait-ce qu’à lui-même. Il se pavane dans le monde entier telle une vedette jouant dans son propre film.

    Cette vision est si séduisante qu’elle en est venue à dominer notre existence. La plupart des technologies puissantes et dominantes créées au cours des dernières décennies mettent la commodité au service de la #personnalisation et de l’#individualité. Pensez au magnétoscope, à la playlist, à la page Facebook, au compte Instagram. Ce genre de commodité ne consiste plus à économiser du travail physique – beaucoup d’entre nous n’avons plus à transpirer pour gagner notre vie. Il s’agit de minimiser les ressources mentales nécessaires pour choisir parmi les options disponibles afin d’exprimer son individualité ; la commodité en un clic, un guichet unique, l’expérience sans accroc du « plug and play ». L’idéal poursuivi ? La #préférence_individuelle, le tout sans effort.

    Bien sûr, nous sommes prêts à payer un prix plus élevé pour la commodité, mais nous réalisons moins souvent que nous acceptons de remplacer un service gratuit par un service payant plus commode. Par exemple, à la fin des années 1990, les technologies de distribution de la musique comme Napster ont permis de mettre de la musique en ligne gratuitement, et beaucoup de gens ont profité de cette nouvelle option. Mais s’il reste facile d’obtenir de la musique gratuitement, pratiquement plus personne n’en télécharge illégalement aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que le lancement de l’iTunes store en 2003 a rendu l’achat de musique encore plus pratique que le téléchargement illégal. La commodité a battu la #gratuité.

    Alors que les tâches quotidiennes se simplifient, un désir croissant pour davantage de confort crée une incitation à rendre tous les aspects de notre vie encore plus simple. Ce qui ne devient pas plus commode se fait distancer. Nous sommes pourris gâtés par l’instantanéité et nous sommes agacés par les tâches qui restent à un niveau antérieur d’effort et de durée. Lorsque vous pouvez éviter la file d’attente et acheter des billets de concert sur votre téléphone, faire la queue pour voter lors d’une élection devient irritant. C’est particulièrement vrai pour ceux qui n’ont jamais eu à faire la queue (ce qui peut expliquer le faible taux de participation des jeunes aux élections).

    La vérité paradoxale à laquelle je veux en venir, c’est que les technologies actuelles d’individualisation forment un ensemble de technologies d’individualisation de masse. La personnalisation peut être étonnamment uniformisante. Tout le monde ou presque est sur Facebook : c’est le moyen le plus pratique pour garder le contact avec vos amis et votre famille, qui en théorie devraient représenter ce qui il y a d’unique en vous et dans votre vie. Pourtant, avec Facebook, nous nous ressemblons tous. Son format et ses conventions nous privent de toutes les expressions d’individualité, sauf les plus superficielles telle que la photo d’une plage ou d’une chaîne de montagnes que nous choisissons en image de couverture.

    Je ne nie pas que faciliter les choses peut être d’une grande utilité en nous offrant de nombreux choix (de restaurants, de services de taxi, d’encyclopédies open-source) là où nous n’en avions que peu ou pas du tout auparavant. Mais être humain ne se résume pas à avoir des choix à faire. Il s’agit également de savoir comment faire face aux situations qui nous sont imposées, comment surmonter les défis qui en valent la peine et comment mener à bien les tâches difficiles – les combats qui contribuent à faire de nous ce que nous sommes. Qu’advient-il de l’expérience humaine lorsque tant d’obstacles et d’entraves, d’exigences et de préparatifs sont supprimés ?

    Le culte moderne de la commodité ne reconnaît pas que la #difficulté est une caractéristique constitutive de l’expérience humaine. La commodité y est décrite comme une destination et non un voyage. Mais escalader une montagne, ce n’est pas pareil que de prendre le tramway pour se rendre jusqu’au sommet, même si l’on arrive au même endroit. Nous devenons des personnes qui se soucient principalement ou uniquement des résultats. Nous risquons de faire de la plupart de nos expériences de vie une série de trajets en tramway.

    La commodité doit servir un but plus élevé qu’elle-même, de peur qu’elle ne conduise qu’à plus de commodité. Dans un ouvrage paru en 1963 devenu depuis un classique (The Feminine Mystique), Betty Friedan a examiné l’apport des technologies domestiques pour les femmes. Elle en a conclu que l’#électroménager avait simplement créé plus de demandes. « Même avec tous les nouveaux appareils qui permettent d’économiser du travail », écrit-elle, « la femme au foyer américaine moderne passe probablement plus de temps à faire des #travaux_ménagers que sa grand-mère ». Lorsque les choses deviennent plus faciles, nous pouvons chercher à remplir notre temps de vie avec d’autres tâches plus « faciles ». À un moment donné, la lutte déterminante pour la vie se transforme en une tyrannie de petites corvées et de décisions insignifiantes.

    Une conséquence fâcheuse de la vie dans un monde où tout est « facile » ? La seule compétence qui compte se résume à la capacité de faire plusieurs choses à la fois. À l’extrême, nous ne faisons rien ; nous ne faisons qu’organiser ce qui sera fait, une base bien peu solide pour une vie décente.

    Nous devons consciemment accepter l’#inconfort – pas toujours, mais plus souvent. De nos jours, faire au moins quelques choix incommodes, c’est cela l’individualité. Vous n’avez pas besoin de baratter votre propre beurre ou de chasser pour vous procurer votre propre viande, mais si vous voulez être quelqu’un, vous ne pouvez pas permettre que la commodité soit la valeur qui transcende toutes les autres. La lutte n’est pas toujours un problème. Parfois, la #lutte est une solution. Elle peut devenir une solution pour découvrir qui vous êtes.

    Accepter l’inconfort peut sembler étrange, mais nous le faisons déjà sans le considérer comme telle. Comme pour masquer le problème, nous donnons d’autres noms à nos choix incommodes : nous les appelons #hobbies, loisirs, #vocations, #passions. Ce sont les activités non utilitaires qui contribuent à nous définir. Elles nous récompensent en façonnant notre personnalité car elles impliquent de se frotter à une résistance significative – avec les lois de la nature, avec les limites de notre propre corps – par exemple en sculptant du bois, en faisant fondre des matières premières, en réparant un appareil cassé, en écrivant un code, en surfant des vagues ou encore en persévérant au moment où vos jambes et vos poumons commencent à se rebeller lorsque vous courez.

    De telles activités prennent du temps, mais elles nous redonnent aussi du #temps. Elles nous exposent au risque de #frustration et d’#échec, mais elles peuvent aussi nous apprendre quelque chose sur le monde et sur la place que nous y occupons.

    Réfléchissons donc à la #tyrannie_de_la_commodité, essayons plus souvent de résister à sa puissance stupéfiante, et voyons ce qui se passe. Nous ne devons jamais oublier le plaisir pris à faire quelque chose de lent et de difficile, la #satisfaction de ne pas faire ce qui est le plus facile. Cette constellation de choix inconfortables est probablement ce qui nous sépare d’une vie totalement conforme et efficiente.

    https://greenwashingeconomy.com/tyrannie-commodite-par-tim-wu
    #facilité #résistance

  • LA KULA : un système économique UNIQUE AU MONDE ? - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=GDEkCul1-OU

    Peut-on vraiment créer un système économique ... sans utiliser d’argent ?
    Dans cette vidéo on découvre la Kula, concept DE BASE de l’anthropologie, théorisé par Bronisław Malinowski. Dans ce vaste réseau d’échange entre les îles du Pacifique, les objets échangés ne doivent jamais s’arrêter de circuler et ne peuvent être conservés par quiconque.
    Alors certes, pas de monnaie, mais du prestige, du lien social et une logique qui rappelle au final certaines pratiques bien au-delà du Pacifique vous allez voir ... car Malinowski a oublié d’observer certaines choses ... à cause d’un vrai biais ANDOCENTRIQUE ! Et c’est grâce à une femme, Annette Weiner, qu’on a (finalement !) pu comprendre vraiment la Kula et notamment la place fondamentale des femmes dans tout ce système.
    On va aussi se questionner sur pourquoi on rend quand on nous donne, avec les théories de Marcel Mauss sur le don, et finalement, se rendre compte que nos systèmes économiques ne sont pas si éloignés que ça de la Kula, et que la comprendre c’est aussi s’interroger sur nous-même ...

    SOMMAIRE :

    00:00 → INTRODUCTION
    01:10 → SPONSOR
    03:11 → CHAPITRE I : Bronisław Malinowski, l’anthropologue qui a presque compris la Kula
    09:25 → CHAPITRE II : Annette Weiner & le rôle fondamental des femmes avec les biens inaliénables
    13:12 → CHAPITRE III : Les multiples facettes de l’économie ( l’esthétique, la morale, la parenté ... )
    15:20 → CHAPITRE IV : Le don et le contre-don, la théorie de Marcel Mauss
    18:16 → CONCLUSION
    19:35 → OUTRO

  • « Les migrations temporaires de travail » : un salariat bridé et exploité
    https://www.lemonde.fr/emploi/article/2025/04/10/les-migrations-temporaires-de-travail-un-salariat-bride-et-exploite_6593585_

    « Les migrations temporaires de travail » : un salariat bridé et exploité
    Par François Desnoyers
    Au cœur de l’Andalousie, les exploitations agricoles accueillent chaque année nombre de travailleurs étrangers. Dans les serres où l’on cultive des fraisiers, des femmes marocaines sont chargées de la récolte. Elles ont été préalablement sélectionnées sur un critère bien précis : ce sont des mères de famille dont les enfants sont restés au Maghreb. C’est, aux yeux des recruteurs, le moyen le plus sûr de s’assurer qu’« elles ne chercheront pas à s’installer en Espagne » une fois leur mission terminée. Une manière, pour les employeurs, de disposer des « profils les plus vulnérables », afin qu’ils ne soient « pas en situation de contester leurs conditions de séjour, d’emploi ou de travail ».
    Au fil du numéro « Les migrations temporaires de travail » de la Chronique internationale de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES), un collectif de chercheurs dévoile les mécaniques à l’œuvre, en Espagne comme dans dix autres pays (Allemagne, Italie, Canada…), pour mettre au pas un « salariat bridé » et exploité, composé de femmes et d’hommes ayant quitté leur pays pour quelques semaines ou quelques mois.Les auteurs font en préambule le constat d’une forte augmentation, ces dernières années, de ces migrations de travail. Des déplacements favorisés, notamment, par « la volonté convergente des acteurs des politiques publiques de mettre en place une immigration de “travail sans travailleurs” pour répondre aux besoins des employeurs ». Un développement rendu également possible par « l’importante opacité générée par la multiplication des statuts, le sous-dimensionnement des possibilités de contrôle et l’absence réelle d’outils de suivi et d’évaluation ».
    De pays en pays, les auteurs nous expliquent comment ces travailleurs de l’agriculture, de la construction ou de la restauration sont placés dans des situations de forte dépendance à leur employeur. En cause, en particulier, les régimes de migration temporaire de travail qui prévoient, dans la plupart des cas, « la perte du droit de séjour en cas de rupture du contrat de travail ».
    Sur le terrain, les abus sont multiples. C’est le cas par exemple en Autriche, dans le secteur de l’aide à domicile, où la présence des travailleuses étrangères se révèle indispensable pour que les prestations sociales soient assurées. Heures supplémentaires non prises en compte, temps de pause non respectés… Ces femmes sont « surexploitées » dans « des proportions dantesques », juge Kevin Guillas-Cavan. Le chercheur associé à l’IRES décrit un système « délibérément organisé par le gouvernement, qui a mis en place un statut de fausse indépendance contraire au droit du travail autrichien et communautaire ».
    Que faire face aux droits non respectés, aux conditions de travail dégradées et, parfois, à la complicité silencieuse des autorités ? La revue décrit des organisations syndicales bien souvent impuissantes. « La position exigeant l’égalité de traitement [entre tous les travailleurs] reste souvent au niveau des principes », notent Axel Magnan et Antoine Math, chercheurs à l’IRES.
    Face à ce sombre tableau, les auteurs voient toutefois un signe d’espoir dans la capacité de certains de ces travailleurs migrants temporaires à s’organiser et à revendiquer leurs droits. En Allemagne, par exemple, où de « multiples infractions aux normes sociales » sont relevées, des « actes de résistance » ont lieu au quotidien : ralentissements de production, arrêts de travail spontanés… Avec, parfois, un impact. « La menace de la démission semble être l’arme la plus efficace pour contraindre l’employeur à des arrangements et des concessions, surtout dans un contexte marqué par une relative rareté de main-d’œuvre. »
    « Les migrations temporaires de travail », « Chronique internationale de l’Institut de recherches économiques et sociales », n° 188, coordonné par Axel Magnan et Antoine Math, 268 pages, 15 euros.

    #Covid-19#migrant#migration#travailleurmigrant#migrationtemporaire#economie#droit#sante

  • Au Sénégal, l’Espagne plaide pour une politique migratoire « ouverte et respectueuse des droits de l’homme »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/10/au-senegal-l-espagne-plaide-pour-une-politique-migratoire-ouverte-et-respect

    Au Sénégal, l’Espagne plaide pour une politique migratoire « ouverte et respectueuse des droits de l’homme »
    Par Abbas Asamaan (Dakar, correspondance)
    L’Espagne a besoin de l’immigration et elle le fait savoir. Après la tournée ouest-africaine du premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, en août 2024, la ministre espagnole de l’inclusion, de la sécurité sociale et des migrations, Elma Saiz, est de retour à Dakar, jeudi 10 et vendredi 11 avril, pour défendre la politique migratoire de son gouvernement. Se distinguant du discours sécuritaire de la plupart des capitales européennes, Madrid plaide pour un modèle « ouvert et respectueux des droits de l’homme », a expliqué la responsable au Monde.
    Confronté à une poussée migratoire sans précédent – 57 700 personnes ont débarqué en Espagne en 2024, soit deux fois plus qu’en 2022, notamment via l’archipel des Canaries –, le gouvernement de Pedro Sanchez doit résoudre une équation délicate : contre les discours des partis de droite et d’extrême droite qui crient à « l’invasion » tout en continuant d’attirer une main-d’œuvre immigrée bon marché dont l’économie du pays a besoin.
    Pour y parvenir, Madrid devrait régulariser dans les trois années à venir 900 000 ressortissants étrangers, avec l’entrée en vigueur le 20 mai d’un nouveau règlement. Aujourd’hui, la loi espagnole permet d’obtenir un titre de séjour à ceux qui peuvent prouver trois ans de présence sur le territoire – ce qui est facilité par la possibilité ouverte à tous de s’inscrire dans les registres municipaux. A partir du 20 mai, ce mécanisme de régularisation, dit par « enracinement », sera complété par la définition de cinq types d’ancrage – social, socio-éducatif, socioprofessionnel, familial et de seconde chance (pour ceux qui n’ont pas renouvelé leur titre de séjour) – et le temps nécessaire pour y accéder ramené à deux ans. Près de 80 000 Sénégalais pourraient être concernés, selon Elma Saiz.
    En outre, l’Espagne a conclu avec plusieurs pays africains des accords visant à développer la « migration circulaire » : des programmes d’embauche de saisonniers agricoles qui permettent à des étrangers de travailler jusqu’à neuf mois par an en Espagne pendant quatre années consécutives.En vigueur depuis 2021 au Sénégal, ils représentent aujourd’hui 250 emplois. Un chiffre qui pourrait être porté à « 600 » personnes, assure la ministre espagnole. Mais, dans un pays où le taux de chômage atteignait 20 % au dernier trimestre 2024 et où l’émigration illégale a explosé ces dernières années, le dispositif commence à susciter des frustrations côté sénégalais.
    Lors de la dernière vague d’embauches, fin janvier, les Bureaux d’accueil, d’orientation et de suivi (BAOS) chargés de recueillir les CV des candidats à la « migration circulaire » ont été pris d’assaut. Obligée de revoir son organisation pour de « raisons de sécurité », la direction des Sénégalais de l’extérieur, responsable de l’opération, a dû poursuivre les recrutements via une plateforme numérique dédiée où, au total, 40 000 personnes ont candidaté.
    Pour l’Espagne, « c’est avant tout un bon coup politique et une belle opération de communication, dénonce une ancienne haute responsable des BAOS, qui a souhaité conserver l’anonymat. Des travailleurs sénégalais avec qui j’ai été en lien m’ont parlé de conditions de travail déplorables. Ils étaient payés à l’heure, avec des écarts de rémunération très importants. Parfois, en raison d’intempéries, les employeurs ne les payaient tout simplement pas ».
    En juillet 2024, la Guardia Civil a interpellé treize personnes impliquées dans un réseau de traite d’êtres humains. Avec l’appui d’une entreprise agricole à Hellin, à 30 km au sud-est de Madrid, une organisation criminelle avait extorqué entre 4 000 et 6 000 euros à des ressortissants sénégalais en leur assurant qu’ils pourraient être régularisés. Prisonniers de ce réseau, les migrants avaient été exploités dans les champs contre une rémunération minimale de 200 euros, d’après des témoignages publiés dans la presse en Espagne et au Sénégal.
    Consciente de ces limites et de ces revers, Mme Saiz assure que démanteler ces réseaux constitue une « priorité », appelant à une « vigilance accrue dans la sélection des profils », sans donner davantage de détails sur les conditions de sécurité apportées aux futures recrues.« Ces programmes de migration circulaire sont des pièges », regrette Serigne Mbaye. Ce natif de Kayar, village de pêcheurs devenu l’une des zones de départ de migrants, a lui-même pris une pirogue il y a vingt ans pour rejoindre illégalement l’Espagne avant de s’y établir. Premier élu subsaharien à l’Assemblée de Madrid, ce militant de gauche devenu responsable des questions de discriminations raciales au parti Podemos espère davantage de la politique migratoire espagnole.
    « Avec ces quelques centaines d’emplois dans les champs, on ne s’attaque pas aux causes structurelles de l’immigration irrégulière, estime M. Mbaye. Les capitaines des cayucos [les embarcations de migrants, en espagnol] sont tous des pêcheurs sénégalais. Si on ne les implique pas directement en leur permettant de venir travailler légalement en Espagne alors que le secteur de la pêche en a besoin, cette politique ne sera jamais que de la poudre aux yeux ». Au cours de sa visite officielle, Elma Saiz doit précisément se rendre à Kayar, après avoir rencontré l’association des mères et des veuves de victimes de l’immigration irrégulière de Mbour, autre village de pêcheurs théâtre de tragédies à répétition en mer. Aucun visa de travail ne devrait être annoncé aux pêcheurs, au grand dam de Serigne Mbaye.

    #Covid-19#migration#migrant#sante#espagne#senegal#migrationcirculaire#economie#BAOS#droit#regularisation

  • La droite imite Trump et attaque l’#ESS

    Si jusqu’à présent seul le Rassemblement national constituait une menace pour l’économie sociale et solidaire (ESS), le consensus républicain l’entourant semble s’éroder depuis la dissolution de l’Assemblée nationale.

    En région #Auvergne-Rhône-Alpes, le précédent président et actuel président du groupe dit de « La Droite républicaine » à l’Assemblée nationale, #Laurent_Wauquiez s’était surtout illustré par l’affaire du « Dîner des Sommets » à 180 000 euros, des déjeuners coûteux et des sondages en série.

    Il a ouvert le feu en début d’année en supprimant la totalité de sa #subvention à la #Chambre_régionale_de_l’ESS (#Cress), soit 230 000 euros et un quart de son #budget. Et ce au mépris de la #loi qui prévoit que la région, en partenariat avec l’Etat, doit conclure une #convention_d’agrément avec celle-ci afin qu’elle puisse mettre en œuvre les missions qui lui sont confiées.

    C’est une atteinte plus grave encore aux #libertés_associatives que sept députés Les Républicains (LR) viennent de commettre en proposant la triple #suppression du #Conseil_supérieur_de_l’ESS, une instance consultative placée auprès de Bercy dont les membres sont bénévoles, les Cress dont le budget alloué par l’Etat n’est en moyenne que de 80 000 euros, et ESS France qui représente l’ensemble des mouvements de l’ESS dont la subvention de 500 000 euros pèse bien peu en comparaison des soutiens de l’Etat à hauteur de 600 millions d’euros pour les Chambres de commerce et d’industrie (CCI) et de 250 millions d’euros pour les Chambres des métiers et de l’artisanat (CMA).

    Une atteinte aux libertés associatives

    La suppression des Cress comme d’#ESS_France n’est par ailleurs pas du ressort de l’Assemblée nationale car, si leurs missions sont organisées par la loi, elles sont constituées en associations. Leur suppression par la loi serait donc une #répression de la #société_civile sans équivalent depuis la guerre.

    Ces #amendements, déposés dans le cadre de l’examen du #projet_de_loi de #simplification_de_la_vie_économique, ont heureusement été rejetés en commission. Ils ont cependant de quoi étonner, tant parce qu’ils peuvent difficilement prétendre à la résorption des déficits de l’Etat au regard des montants engagés, que parce qu’ils se font sans considération de la ministre en charge de l’ESS, Véronique Louwagie, pourtant issue du groupe de La Droite républicaine.

    Excès de zèle ? Simple cafouillage ? Ou début de fronde chez Les Républicains ? Le président d’ESS France, Benoit Hamon, pointe à juste titre que cette initiative relève de la « #post-vérité » digne de Donald Trump ou d’Elon Musk puisque le chiffre avancé d’un #coût de fonctionnement de 15,6 millions d’euros d’ESS France est totalement faux et grotesque. Son budget n’est que de 2 millions d’euros.

    Certes l’ESS a le plus souvent été soutenue par des gouvernements de gauche depuis son institutionnalisation par Michel Rocard en 1981 (création d’une délégation interministérielle et d’un Institut de développement de l’économie sociale, intégration au Plan, adoption d’une loi, etc.). Mais jusqu’à présent elle a toujours fait l’objet d’un consensus transpartisan en raison de sa participation à l’#intérêt_général.

    La IIIe République elle-même, pour renforcer sa légitimité sociale après avoir éloigné le risque d’une restauration monarchique, s’est beaucoup reposée sur l’économie sociale dans la conception et la mise en œuvre de ses politiques de solidarité.

    Le 3 mars dernier, la ministre Véronique Louwagie, annonçant devant le Conseil supérieur l’élaboration d’une stratégie nationale de l’ESS, soulignait que celle-ci ne devait pas être celle « d’un gouvernement ou d’un camp politique : elle doit être celle de notre pays ».

    L’ESS : un enjeu européen

    Cette stratégie est en effet exigée par l’Europe. Chaque Etat membre doit s’en doter d’ici la fin de l’année. Alors que la France et les pays latins sont souvent apparus isolés en matière d’ESS sur le vieux continent, cette politique bénéficie aujourd’hui d’une assise plus large grâce au soutien en particulier de l’Allemagne et de la Pologne.

    Cette orientation résiste à la vague conservatrice des dernières élections européennes, puisqu’il y a toujours une commissaire qui doit appliquer le plan d’action en faveur de l’économie sociale, la roumaine Roxana Minzatu, ainsi qu’un intergroupe dédié au Parlement européen.

    Des craintes existent aujourd’hui au niveau européen de ne considérer l’ESS que comme une économie réparatrice, cantonnée aux politiques de l’emploi alors qu’elle est parvenue ces dernières années à être reconnue par la Commission européenne comme l’un des quatorze écosystèmes industriels européens.

    A l’heure où la #souveraineté_industrielle est mise à l’agenda, elle pourrait prétendre à une place plus importante en Europe. N’obéissant pas aux diktats financiers, les emplois de l’ESS sont le plus souvent des emplois non délocalisables. Les entreprises détenues par leurs salariés, à l’image des sociétés #coopératives et participatives (#Scop), survivent par ailleurs plus longtemps et ont une meilleure #productivité.

    L’ESS pourrait même contribuer à réconcilier l’exigence de #compétitivité avec la #transition_écologique. C’est ce que démontre un rapport d’experts européens sur les clusters d’innovation sociale et écologique (https://www.lelabo-ess.org/system/files/inline-files/ET0621205FRN.fr%20%282%29.pdf) qui, à l’instar des #pôles_territoriaux_de_coopération_économique (#PTCE) en France, regroupent une diversité de parties prenantes (ESS, entreprises, société civile, pouvoirs publics, enseignement et recherche) pour « améliorer la prospérité et la régénération économique, écologique et sociétale locale en facilitant la coopération, la mise en commun des ressources et le renforcement des capacités d’innovation ».

    Ainsi, plutôt que de chercher à détruire l’écosystème de l’ESS sous couvert de #simplification, les représentants de la nation devraient au contraire le renforcer. Une solution simple et sans surcoût serait de réorienter vers les Cress une part de la taxe parafiscale1 attribuée aux CCI et aux CMA correspondant aux contributions des organisations de l’ESS. Aux élus de retrouver leur boussole républicaine.

    https://www.alternatives-economiques.fr/timothee-duverger/imite-trump-attaque-less/00114509
    #économie_sociale_et_solidaire #France #attaque