• Spotify, une pirouette pour des cacahuètes - Culture / Next
    https://next.liberation.fr/musique/2020/09/25/spotify-une-pirouette-pour-des-cacahuetes_1800590

    Une charge au vitriol contre le modèle économique des plateformes de streaming. Salutaire.

    De la même manière que les trente dernières années auraient pu être contenues tout entières dans les yeux de Tom Cruise (ce regard intense sans rien derrière), les trente prochaines pourraient déjà briller dans ceux du fondateur de Spotify, Daniel Ek (petites billes ternes et sans espoir). En 2006, en lançant sa plateforme de streaming, ce Suédois réussissait à nous vendre, sous couvert de sursaut moral et économique, rien de moins qu’une des formes les plus perverses d’esclavage moderne. Face au piratage, au pillage aveugle des œuvres musicales, le streaming était présenté comme la seule solution viable. Légal, propre, transparent et donnant pleine satisfaction au client. Et on a tous plongé, parce que Spotify, c’était tout, tout de suite - les discographies, les titres, les pochettes, le minutage, les playlists.

    Qui aurait voulu revenir en arrière ? Mettre un disque ? Calvaire archaïque ! Lancer une bibliothèque MP3 ? Avec tout ce merdier à taguer, vous n’y pensez pas. Spotify, c’était l’autoroute sans risque, entièrement dégagée - l’essentiel des concurrents a fini dans le fossé, victimes d’une ergonomie inadaptée (Deezer) ou de mégalomanie mal placée (Tidal), et seul Apple tient encore la dragée. Vous voulez de la musique ? Spotify est là. Il a tout ce que vous voulez. Vous ne savez pas ce que vous voulez ? On va vous le trouver. De la musique pour rire, de la musique pour pleurer, de la musique tout le temps. Tout est possible. Un peu comme si au restaurant, le menu allait du rouget de roche sauce à l’encre au bol de porridge envoyé au jet à 120 bars de pression. Le client aura ce qu’il veut, même s’il ne l’a pas demandé. L’artiste, en revanche, celui qui fournit le grand saut, la vision, l’imaginaire, bref, la matière, devra se contenter de cacahuètes. D’un peu moins, en fait : comme le démontrait mathématiquement un compte Twitter il y a peu, une cacahuète est estimée à 0,005 dollar alors qu’un stream sur Spotify en rapporte 0,0004.

    Mais pour Daniel Ek, tout cela est parfaitement normal : dans une interview fin juillet, il déclarait que les musiciens « ne pouvaient plus se contenter de sortir des disques tous les trois ou quatre ans », qu’ils devaient « s’engager davantage ». Se diversifier. En sous-texte, devenir de vrais petits entrepreneurs. Révélant la véritable image de Spotify : un espace de coworking gratuit où l’on peut rencontrer son prochain employeur. Comme les places de villages au Mexique où exploitants et maîtres d’œuvre viennent chercher des bras pas cher. Le discours passe : il est à peine plus choquant que celui de WeWork ou d’Airbnb. Jeudi, Ek a eu le mérite d’énoncer encore plus clairement les choses en déclarant sur YouTube, l’air grave, earpods aux oreilles, barbe agonisante, qu’il allait reverser un milliard d’euros… à des start-up européennes. Des vraies. Qui en veulent. Des musiciens déposent à vos pieds, gratuitement, toute une vie de travail, d’espoir, de triomphes et de défaites, et les bénéfices vont à des types en chemise blanche qui passent leurs journées à essayer de trouver un sens au concept qu’ils ont vendu à leurs financeurs. La nouvelle est passée inaperçue. Certains ont applaudi. Tout le monde est resté sur l’autoroute. Celle où la musique est déversée par tombereaux chaque vendredi sans que personne ne se soucie de savoir qui est rémunéré. Il y a plus important. L’économie doit tourner. Gare à celui qui lui jettera le mauvais œil.

    Lelo Jimmy Batista Journaliste au service Culture

    #Spotify #Musique #Streaming #Economie_plateformes #Economie_numérique

  • Uber Eats arrive en Suisse romande : « Nous voulons être le leader mondial » - Le Temps
    https://www.letemps.ch/economie/uber-eats-arrive-suisse-romande-voulons-leader-mondial
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    Reste que vos livreurs ne semblent pas gagner grand-chose.

    Les revenus perçus par les coursiers via l’application Uber Eats sont transparents et sont disponibles en temps réel dans l’application afin que les coursiers puissent les consulter dès qu’ils le souhaitent. Lorsque les coursiers partenaires choisissent de travailler avec l’application Uber Eats, ils sont libres de choisir, quand, où et s’ils veulent se connecter à l’application. Nous n’imposons aucun créneau ni aucune zone. Ce sont des indépendants et ils font en fonction de leur emploi du temps. Dans certains pays, comme la France ou l’Angleterre, la fonctionnalité « pourboire » a également été mise en place et permet ainsi aux coursiers de percevoir plus lors de chaque livraison.

    Lire aussi : L’américain Uber réduit ses pertes et va continuer à investir

    Il semble aussi très difficile, pour Uber Eats, de gagner de l’argent sur ce marché.

    Nous sommes très optimistes. Le marché ne cesse de croître et la demande est extrêmement forte. Nous allons fêter notre 3e anniversaire en décembre et les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2017, nous avons livré des plats pour une valeur totale de 6 milliards de dollars, nous avons plus de 160 000 restaurants partenaires, nous sommes présents dans plus de 350 villes, nous couvrons plus de 50% de la population américaine et visons les 70% d’ici à la fin de cette année.

    Une analyse des changements comportementaux qui manque singulièrement d’un regard de classe : qui sont ces "gens" avec un tel mode de vie ?

    Estimez-vous que les gens sont de plus en plus paresseux et préfèrent se faire livrer que de cuisiner ?

    Je ne parlerais pas de paresse, mais de changement d’habitudes. Bien sûr, il y a le cliché du couple qui aimerait se faire livrer une pizza un vendredi soir. Mais de très nombreuses familles font aussi appel à nos services pour obtenir des repas complets, variés et sains à faible coût, simplement parce que les parents préfèrent passer plus de temps en famille qu’à cuisiner. Il y a aussi d’autres utilisations de l’application comme se faire livrer un petit-déjeuner au bureau après une séance de sport, un déjeuner entre collègues au bureau, une soirée foot entre amis, etc. Nous souhaitons pouvoir faire partie du quotidien de nos utilisateurs et proposer la meilleure expérience, peu importe le besoin.

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