• Journée des droits des femmes : #visibilité des #femmes_scientifiques sur Wikipédia

    En marge de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, La Casemate et le Quai des Savoirs ont organisé un #éditathon sur les femmes et la science sur Wikipédia, l’encyclopédie libre et collaborative. Ce marathon d’édition vise à augmenter le nombre de biographies de femmes scientifiques et rendre leurs travaux plus visibles : les femmes représentent seulement 8 à 10% des biographies de femmes scientifiques sur Wikipédia.

    C’est Anne-Laure Amilhat-Szary qui a proposé de participer à l’événement pour les femmes géographes, événement auquel l’UMR TREE s’est joint.

    Au final, durant quatre jours, 12 pages de femmes géographes ont été créées ou enrichies sur Wikipédia ainsi que de très nombreuses fiches sur Wikidata, le volet bases de données du projet collaboratif. Les membres de Pacte se sont saisi également de l’initiative en lançant l’enrichissement chaque semaine d’une page de géographe via le compte Twitter de la Commission de géographie Féministe du CNFG.

    Explorer le bilan pour le laboratoire : https://twitter.com/UMR_TREE/status/1371186612428812291

    Découvrir toutes les fiches de femmes scientifiques créées ou modifiées durant l’éditathon : https://fr.wikipedia.org/wiki/Projet:Editathon_Femmes_%26_Sciences_2021#Bilan_de_l'%C3%A9ditathon_20

    https://www.pacte-grenoble.fr/actualites/journee-des-droits-des-femmes-visibilite-des-femmes-scientifiques-sur
    #wikipedia #gender_gap #femmes #visibilisation #géographie #géographes #femmes_géographes

  • Quand les écrivains soutiennent l’OIP

    À l’initiative des éditions du Seuil, sept écrivains et écrivaines ont pris la plume pour venir en soutien à la section française de l’Observatoire international des prisons (OIP), confrontée depuis quelques années à une baisse inédite de subventions publiques.

    Philippe Claudel, Marie Darrieussecq, Annie Ernaux, Nancy Huston, Maylis de Kerangal, Nathalie Quintane, David Rochefort… Tous ont répondu présent à l’appel d’Hugues Jallon, président des éditions du Seuil, qui souhaitait publier un ouvrage pour soutenir l’OIP, en prise à de graves difficultés financières. Ce livre, intitulé Pour que droits et dignité ne s’arrêtent pas au pied des murs, paraîtra jeudi 18 mars 2021.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/03/27/quand-les-ecrivains-soutiennent-loip

    #edition #prison

  • « Les doutes sur la gestion de la crise sanitaire illustrent les travers d’un système de décision qui s’est personnalisé à l’excès »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/23/les-doutes-sur-la-gestion-de-la-crise-sanitaire-illustrent-les-travers-d-un-


    Emmanuel Macron, Olivier Véran (à droite), et le chef du service de réanimation à l’hôpital de Poissy-Saint-Germain-en-Laye, Jan Hayon, le 17 mars.
    YOAN VALAT / POOL VIA AFP

    Le président de la République est attaqué sur les deux attributs qui restaient encore attachés au macronisme : l’efficacité et l’engagement européen, explique Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».

    Chronique. Un profond doute s’est installé sur la gestion de la crise sanitaire. Il ne tient pas seulement à la présence de variants et à cette « troisième » vague qui fait tourner en bourrique une bonne partie des dirigeants européens. Il provient des flottements perceptibles au sein de l’exécutif, de son incapacité à nommer ce qu’il fait et, partant, de sa difficulté à indiquer le cap, puis à le crédibiliser.

    Quand le premier ministre utilise le mot « confinement » pour qualifier la « troisième voie » arrêtée jeudi 18 mars dans seize départements fortement touchés par le virus, son ministre de la santé en récuse le terme, trois jours plus tard : le bol d’air, explique en substance, Olivier Véran, dans Le Journal du dimanche est infiniment préférable au huis clos.

    Du coup, les attestations de déplacement qui s’annonçaient kafkaïennes s’allègent, tandis que se renforcent les recommandations touchant à la sphère privée : vous aviez droit à six convives autour de la table ? Mieux vaut désormais ne plus recevoir, recommande Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, sachant que l’Etat n’a heureusement pas le droit de contrôler ce que vous faites chez vous.

    Messages contradictoires
    Le constat est limpide : plus la crise sanitaire dure, moins l’Etat se reconnaît la force de contraindre. L’essentiel, désormais, repose sur la responsabilité de chacun. Ce n’est pas le plus mauvais choix dans un pays au bord de la crise de nerfs. Encore eût-il fallu prendre en considération le citoyen, l’éclairer sur les différentes options en présence pour qu’il s’approprie la décision. Aucune de ces conditions n’a été remplie.

    La séquence de la mi-mars illustre les travers d’un système de décision qui s’est personnalisé à l’excès. Que le président de la République soit le décideur en dernier ressort est parfaitement légitime : les institutions de la Ve République lui attribuent ce rôle, et nul ne conteste que la responsabilité de la politique sanitaire soit du ressort de l’Etat. Ce qui dysfonctionne en revanche, c’est le peu de temps dont dispose le gouvernement pour s’approprier la décision du chef de l’Etat qui a pris l’habitude de décider seul et à la toute dernière minute.

    Emmanuel Macron le fait sur la base des informations qui remontent de l’appareil de l’Etat et de ses ministres, il le fait aussi beaucoup à partir des informations qu’il va lui-même quérir, de peur de se retrouver prisonnier d’un système auquel il ne fait pas entièrement confiance. Jeudi, le décalage était flagrant entre le climat inquiet qui avait filtré des échanges entre ministres et experts, lors du conseil de défense, et la décision finale du chef de l’Etat : celle-ci était mi-chèvre, mi-chou, donc incompréhensible.

    • faut pas personnaliser à l’excès mais massivement :

      L’essentiel, désormais, repose sur la responsabilité de chacun.

      Françoise Fressoz, c’est yaourt et cash en même temps sans la malice des idéologues de combat.

      Ce qui dysfonctionne aussi, c’est l’accumulation de messages contradictoires dans une période préprésidentielle où la gestion de l’opinion publique semble être devenue une donnée aussi importante que la réalité de la crise sanitaire : le 29 janvier, le président de la République s’affranchit de la demande d’une grande partie du corps médical qui appelait à un reconfinement national.

      Le 1er mars, il demande aux Français à tenir encore « quatre à six semaines ». Dans la foulée, il presse ses ministres de préparer des protocoles de retour à la vie normale avec les professionnels touchés par les fermetures. Le souci, compréhensible, est de soutenir le moral des Français menacés par un gigantesque burn-out. Mais, lorsqu’il apparaît que le calendrier de l’épidémie résiste à la volonté d’un seul, la crédibilité présidentielle s’en trouve entamée. Emmanuel Macron l’a lui-même acté en constatant que le virus restait le « maître des horloges ».

      L’opposition se défoule

      Ce qui dysfonctionne enfin, c’est le manque d’informations dont dispose le citoyen pour s’approprier les décisions. On sait que le gouvernement débat, que des pôles s’affrontent : le « sanitaire » d’un côté, l’« économique » de l’autre, sans compter « l’éducation » qui bataille ferme pour garder les écoles ouvertes. C’est normal et c’est heureux. On ignore en revanche sur quelles bases la décision finale est prise, alors que, sur les chaînes d’info en continu, médecins et spécialistes assènent leur ordonnance avec aplomb. Quand la divergence devient trop flagrante, le politique en prend un coup.

      Depuis quatre jours, l’hallali est sonné contre le chef de l’Etat. L’opposition, trop longtemps bridée, se défoule. Tout y passe, l’« échec » de la stratégie sanitaire, le « retard » de la politique vaccinale, les « ratés » du pari européen consistant à grouper au niveau de l’UE les commandes de vaccins, sans compter les « failles » d’une méthode jugée insuffisamment partageuse. Emmanuel Macron est attaqué sur les deux attributs qui restaient encore attachés au macronisme : l’efficacité d’une part, l’engagement européen de l’autre. L’affaire est sérieuse.

      Il faut cependant remonter à la genèse de la crise sanitaire pour comprendre les raisons de son extrême solitude. Après le mouvement des « gilets jaunes », qui avait gravement déchiré le pays, aucun de ses adversaires n’a accepté d’entrer dans la configuration de l’union nationale à laquelle il avait alors appelé en décrétant la « mobilisation générale ». Tous ont préféré s’enfermer dans le jeu classique de l’opposition entre le pouvoir local et le pouvoir national au risque d’accroître encore les travers d’une Ve République qui s’épuise à force de se dévitaliser.

      La concertation a beau exister avant chaque décision, elle est décrédibilisée par les acteurs eux-mêmes qui se plaignent de ne jamais être pris en considération. A ce jeu de défausse, il n’en reste plus qu’un, le président de la République. La complainte du week-end ? « Il faut que Macron parle. Quand va-t-il le faire ? »

      Timing. Cette mesure est là pour 4 semaines, ça ira mieux dans 4 semaines, non, ils sont pas tout à fait déconnectés de la population, ils donnent un horizon qui voisine celui de la comptabilité domestique de tous les ménages (ce n’est pas « paye ta dette de poker d’ici 48 h sinon gare »). Ça rapproche l’abstraction technocomptable du concret de la vie ordinaire.

      #éditorialiste

  • #Vortex : la crise du patriarcat #Susan_Hawthorne, #Éditions_Spinifex
    https://tradfem.wordpress.com/2021/03/15/vortex-la-crise-du-patriarcat-susan-hawthorne-editions-spinifex

    Préface
    L’année de la pandémie
    Le manuscrit de Vortex était presque terminé au moment du choc de la pandémie du coronavirus. Un tel événement mondial doit être pris en compte puisqu’un très grand nombre de questions abordées dans ce livre sont reliées à la rapide dissémination à l’échelle mondiale de la Covid-19. Vortex : la crise du patriarcat est issu de mes travaux précédents, soit Wild Politics : Feminism, Globalisation and Bio/diversity (2002) et Bibliodiversity : A Manifesto for Independent Publishing (2014). Tout aussi pertinente est mon implication dans le Mouvement de libération des femmes et dans d’autres mouvements sociaux, incluant ceux qui cherchent à en finir avec le racisme et la discrimination infligée aux personnes handicapées et à celles qui souffrent de la pauvreté.

    La rapidité de la pandémie lui donne l’apparence d’un tourbillon qui descend en spirale de plus en plus vite.

    Bien qu’il reste des questions à élucider au sujet des causes de la Covid-19, plusieurs facteurs sont déjà avérés :
    • Où qu’il ait commencé, la mondialisation, le libre-échange et les flux rapides de marchandises et de personnes allaient veiller à ce que le virus se propage très rapidement.
    • Les systèmes mondiaux d’exploitation agricole, forestière et de pêche industrielle rendent inévitable que les espèces sauvages dégénèrent en simples produits de consommation locale et mondiale.
    • L’industrialisation de la pêche, de l’élevage et de la foresterie diminue la biodiversité et affaiblit les systèmes de survie du monde végétal et animal, ce qui a un impact sur toute l’humanité.
    • La puissance des grandes sociétés pharmaceutiques a mené à des travaux de recherche qui font fi des mesures de biosécurité.
    • La déforestation détruit les habitats de la faune, lui imposant une plus grande proximité avec les humains.
    • Dans une planète jetable, des produits sanitaires essentiels sont produits dans les marchés les moins onéreux, amenant certains pays à perdre la capacité de produire ces biens pour elles-mêmes, ce qui crée des pénuries et entraîne des prix excessifs pour du matériel médical essentiel.
    • Les manifestations #BlackLivesMatter qui ont eu lieu malgré les tentatives de les entraver se sont révélées inspirantes et innovatrices dans la mesure ou les gens ont formulé leurs revendications de manière (généralement) pacifique, réfléchie et avec des appels pondérés au changement qu’aucun gouvernement digne de ce nom ne devrait ignorer. Le fait que les femmes ont été insuffisamment représentées dans le mouvement #BlackLivesMatter est une question qui devra être sondée ailleurs. J’examine dans le présent ouvrage les nombreuses façons dont la crise du patriarcat à entraîné la pandémie actuelle, ainsi qu’une multitude d’autres séquelles nuisibles au commun des mortels. Cette crise du patriarcat se solde par une guerre contre la planète, contre ses résidents incluant les humains, la faune et la flore, et contre leurs environnements, que l’on parle des forêts ou des plaines, des fonds de mer ou des fosses océaniques, des sommets montagneux ou des déserts, des champs de neige ou des terres agricoles. La pandémie met aussi en lumière plusieurs autres événements d’envergure mondiale :
    • La dépendance aux énergies fossiles mène à la création d’énormes profits pour la grande entreprise, mais laisse les peuples indigènes sans terre ou sur des territoires saccagés ; elle a des effets délétères à long terme sur les terres agricoles, les rivières et les nappes phréatiques, et contribue à une catastrophe climatique.
    • En Inde, le confinement soudain a forcé une main-d’oeuvre migrante à devoir rentrer à pied dans leurs villages, après avoir migré dans les villes pour trouver du travail et survivre, et que ce travail ait disparu lorsque la Covid-19 a frappé. Auparavant, ces travailleuses et travailleurs seraient restés dans leurs communautés pour y travailler.
    • La fourniture des soins de santé a été retirée aux communautés humaines pour la mettre entre les mains des grandes compagnies pharmaceutiques et du système médical industriel ; les personnes œuvrant en-dehors de ce système sont souvent criminalisées.

    Notons également les facteurs suivants :
    • la dépendance du patriarcat commercial sur l’esclavage : la traite des esclaves de l’Afrique vers les Amériques ; les conditions d’esclavage des peuples autochtones partout ; les conditions d’esclavage de femmes partout dans le monde – un élément du processus de colonisation et de la montée du néolibéralisme, et en fait, les conditions d’esclavage des peuples colonisés du monde entier qui se perpétuent dans le capitalisme patriarcal et entrepreneurial (Patterson 1982 ; Galeano 1973/1987 ; Guillaumin 1995 ; Enloe 1983 ; Pateman 1988).

    Traduction : Collective TRADFEM
    Tous droits réservés à SUSAN HAWTHORNE et SPINIFEX Inc.

    VORTEX peut être commandé à Spinifex Press ici : https://www.spinifexpress.com.au/shop/p/9781925950168
    Ou, si vous êtes au Canada aux États-Unis, au Royaume-Uni ou en Europe, ici : https://www.spinifexpress.com.au/order

  • Contre la chimère de l’« islamo-gauchisme »

    Nous ne renoncerons pas à mettre à jour les mécanismes d’exploitation et d’oppression.

    Au-delà de l’Université, c’est contre toute pensée indépendante et critique qu’est organisée aujourd’hui une vaste traque contre la chimère de « l’islamo-gauchisme », cette créature fabriquée de toutes pièces par les gardiens de l’ordre établi. Organisée au plus haut sommet de l’État, cette offensive destructrice est appuyée par la meute des idéologues réactionnaires.

    Dans nos ouvrages respectifs publiés aux éditions Syllepse, nous avons voulu contribuer à dénuder les mécanismes d’exploitation et d’oppression, reposant notamment sur une racialisation des rapports sociaux et un système patriarcal. C’est ce travail que cette offensive vise à discipliner, voire à étouffer.

    Dénoncer les inégalités sociales, c’est bien. Mais mettre à jour les mécanismes d’exploitation et d’oppression est manifestement inacceptable. Et en vérité, c’est bien de cette dernière faute dont nous sommes fièr·es.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/03/08/contre-la-chimere-de-l-islamo-gauchisme

    #politique #édition

  • Dans les recoins de la double page (Paged.js à la maison, saison 2) | Polylogue
    https://polylogue.org/apres-la-page-la-double-page

    XML est très intéressant, mais s’articule avec des outils d’écriture (traitement de texte, notamment). Or on ne peut faire abstraction de l’aspiration à sortir des traitements de texte, de la multiplication d’outils alternatifs. Inspiré par le html et aussi par les langages de balisage léger, comme Markdown (qui permet de constituer une structure simple de html standard sans avoir à subir visuellement le code, et a été créé pour faciliter l’écriture, ce qu’on appelle le flow, d’un blogueur), je me suis demandé si on ne pourrait pas utiliser le flux html + css pour faire le livre, mais également, pour proposer des modalités d’écriture et d’inclusion de l’auteur et du designer dans un processus éditorial.

    Il ne s’agit pas d’automatiser la mise en page, c’est un point sur lequel j’insiste, car les flux html + css ont tendance à faire fantasmer certains éditeurs qui se disent qu’ils vont pouvoir automatiser d’avantage, voire se passer de compositeur. À eux je souhaite bonne chance, surtout s’ils sont un minimum exigeants sur la qualité de composition. Non, c’est une autre manière de composer, tout comme markdown offre une autre manière d’écrire que Word, l’idée restant de fournir au compositeur une palette suffisamment complète pour lui permettre de bien travailler. Les gens, leurs savoir-faire ont toute leur place, et il s’agit plutôt de leur proposer une palette alternative suffisamment complète pour qu’ils et elles puissent s’exprimer.

  • Les femmes resteront dans nos lignes

    Dans nos livres, les manifestantes continueront de manifester, les ouvrières feront toujours grève, les caissières se rebelleront. Elles ne disparaitront pas dans nos ouvrages. Plus que l’écriture inclusive, c’est une écriture de reconnaissance que nous défendons.

    De l’extrême droite (Marine Le Pen) à La République en marche en passant par les Républicains, un troupeau réactionnaire veut effacer les femmes de nos écritures.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/02/25/les-femmes-resteront-dans-nos-lignes

    #féminisme #édition

  • Naver, le Google coréen, rachète Wattpad, le raconteur d’histoires
    https://actualitte.com/article/98426/acteurs-numeriques/naver-le-google-coreen-rachete-wattpad-le-raconteur-d-histoires

    Promise à la vente, la société Wattpad a bel et bien trouvé preneur. Mais contre certaines attentes légitimes, l’acquéreur n’arbore pas un fier sourire jaune : la maison mère de Wattpad sera Naver, principale plateforme internet et moteur de recherche de Corée du Sud. Et le montant dépasse les estimations : Naver a déboursé 600 millions $ en espèces et actions.

    Publié le :20/01/2021 à 09:12
    Victor De Sepausy

    Le Google coréen a donc racheté Wattpad, la plateforme de référence en matière de fanfiction — ces textes puisant dans l’univers d’un auteur pour prolonger les aventures des personnages. Naver ne débarque pour autant pas dans le monde de la lecture : l’opérateur dispose du service Webtoon qui compte 72 millions d’utilisateurs mensuels. Ses accords de licences autour de séries comme Lore Olympus ou Rachel Smythe se négocient dans le monde avec des acteurs comme Vertigo ou Crunchyroll.

    De son côté, Wattpad revendique 5 millions d’auteurs, avec 90 millions de visiteurs cumulés sur l’année 2020. Au global, en restant dans les chiffres, les utilisateurs ont cumulé 23 milliards de minutes de lectures par mois sur l’an passé. Et ces dernières années, Wattpad a multiplié les partenariats avec des studios hollywoodiens, de même qu’avec des éditeurs traditionnels (Hachette, notamment).

    VOL DE DONNÉES : Wattpad victime d’un sévère piratage

    Elle affirme à ce titre que 1500 œuvres parues sur son site ont été adaptées en films, séries télévisées ou publiées sous la forme de livres imprimés.

    Assez logiquement, Wattpad rejoindra donc la marque Webtoon, conformément à la vision de Seong-Sook Han, le PDG de Naver. « L’idée de Wattpad, divertissement et connexion des lecteurs à travers des histoires, correspond parfaitement à notre image de Webtoon et de la marque Naver », assure-t-il dans un communiqué. Un grand pas, assurément, dans la constitution d’un groupe éditorial numérique d’envergure mondiale.
    Le monde numérique en marche

    « En 2021, alors que chaque type d’œuvre de divertissement se métamorphose, nous avons construit une plateforme en mesure d’alimenter des succès portés à l’écran et dans les étagères. Tout en responsabilisant et récompensant une nouvelle génération diversifiée de créateurs à travers la planète. »

    Si l’acquisition doit être finalisée au cours du deuxième trimestre 2021, Wattpad, du haut de ses quatorze années d’existence, réussit un coup de maître. Aujourd’hui, elle compte plus d’un milliard d’histoires publiées dans ses colonnes. Et la combinaison avec les services de streaming multimédia de Webtoon donnera certainement lieu à une hausse des adaptations.

    LIVRES : l’autoédition représente 20 % des titres déposés à la BnF

    Parmi les actuels investisseurs de Wattpad, on compte le géant chinois de l’Internet Tencent Holdings, le Times Bridge de l’Inde, BDC, Kickstart Ventures de Globe Telecom, Peterson Group et Raine. « Les cofondateurs Allen Lau et Ivan Yuen, et toute l’équipe de Wattpad, ont créé quelque chose d’unique : nous leurs sommes reconnaissants de continuer à diriger cette entreprise fantastique, pour nous, après l’acquisition », conclut Seong-Sook Han.

    Au cours des années passées, plusieurs tours de table ont été réalisés, avec des levées de fonds de 117,8 millions $ auprès d’investisseurs internationaux en Asie, aux États-Unis et au Canada. La dernière levée a rapporté, en 2018, 51 millions $, effectuée avec Tencent et plusieurs autres structures.

    #Wattpad #Edition #Fanfiction

  • Nouveautés
    http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#occasions

    Occasions. Les Editions de La Pigne ont lancé une souscription pour Brèves de prison (80 pages au format 20 x 12 cm), une BD de Lahass. 6 euros franco de port au lieu de 7 euros (plus 2,54 euros de frais de port) pour un volume commandé avant fin février, 17 euros pour trois, 25 euros pour cinq. Le chèque à l’ordre de La Pigne est à envoyer à Editions de La Pigne, 21, rue Yvan-Goll, 88100 Saint-Dié-de-Vosges. Bon de souscription à imprimer. Pour le centenaire de la naissance de Murray Bookchin (1921-2006, biographie), l’Atelier de création libertaire propose un lot de quatre de ses ouvrages pour 25 euros : Pour un municipalisme libertaire, Qu’est-ce que l’écologie sociale, Notre environnement synthétique. La naissance de l’écologie politique, Quelle écologie radicale ? Ecologie sociale et écologie profonde en débat (avec Dave Foreman). Offre valable jusqu’au 31 janvier.

    #souscription #prison #bookchin #édition #anarchisme

  • Tristan
    http://blogs.editions-anacharsis.com/tristan/index.php

    Le Roman de Tristan en prose, qu’on appellera ici plus sobrement Tristan, est un phénomène de littérature colossal, un monument, une Iliade des chevaliers, l’ultime flamboiement – d’une clarté tragique – de l’idéal chevaleresque. Un roman de l’épuisement de la matière littéraire médiévale, qui l’essore jusqu’à ce qu’il en ait exprimé l’ultime goutte. Il vaut la peine de pouvoir être lu, à ce seul titre. Source : Éditions Anacharsis

  • Bolloré et le parti des porcs
    https://lundi.am/Bollore-et-le-parti-des-porcs

    Quelques anecdotes récentes du management par la terreur des chaînes TV du groupe Canal+ ont amené quelques médias, ainsi que pléthore d’intervenants sur les réseaux sociaux, à questionner le rôle de Bolloré dans le paysage médiatique français. Cette séquence s’est déroulée en deux actes, avec le licenciement d’un humoriste de Canal+ pour faire la satire d’un commentateur vedette du groupe, suivi de celui d’un journaliste sportif pour avoir montrer sa solidarité au premier ; un peu comme si tous deux avaient cru travailler pour un média indépendant où ils eussent leur mot à dire. Curieusement, en réaction, “l’esprit Charlie” n’a pas déferlé sur la France, avec son lot de caricatures de Vincent Bolloré, casque colonial vissé sur la tête et ministres lui léchant les parties intimes.

    L’épisode vient rappeler au grand-public que le management à la schlague est la marque de fabrique de Vincent Bolloré. Ce dernier montre ainsi une belle cohérence avec les idées qu’il promeut à travers ses employés, ces commentateurs de plateau dont l’avancement semble indexé sur leur degré de droitisation. Le souhait de voir un monde organisé comme une caserne est ainsi exprimée, chaque jour, chaque heure, chaque minute, par une entreprise régie comme une caserne.

  • Deep Blues - Robert Palmer. Editions Allia - #Livre
    https://www.editions-allia.com/fr/livre/891/deep-blues

    “Les esclaves qu’on mettait au travail dans les champs du Sud provenaient de toutes les régions d’Afrique où sévissait la traite négrière. Que ce soit en chantonnant pour eux-mêmes, en criant des hollers d’un bout à l’autre du champ, ou en chantant collec­tivement pendant les heures de travail ou de culte, ils construisirent un langage musical hybride où se retrouvait la quintessence d’innombrables traditions vocales africaines­­­­.”

    #Robert_Palmer est né en 1945 et a grandi dans l’Arkansas. Très jeune il fait preuve d’un vif intérêt pour la musique populaire, aussi bien comme musicien, qu’en collaborant à différentes revues. Contributeur de Rolling Stone, il devient ensuite le premier rédacteur du New York Times à consacrer exclusivement sa plume au rock. Il enseigne par la suite l’ethnomusicologie à l’université du Mississippi, et produira des albums pour le label #Fat_Possum_Records. Il meurt en 1997.

    https://seenthis.net/messages/734920
    https://www.editions-allia.com/files/pdf_803_file.pdf

    Paul Wine Jones Kitty Kat Mule (1995)
    https://paulwinejones.bandcamp.com/track/kitty-kat


    #Blues

  • Control shift: why newspaper hacks are switching to Substack | Digital media | The Guardian
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2020/dec/26/control-shift-why-newspaper-hacks-are-switching-to-substack
    https://i.guim.co.uk/img/media/1b41deb95272f2ec119b99766d14dc8bfc761e83/0_189_4000_2400/master/4000.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Control shift: why newspaper hacks are switching to Substack
    John Naughton
    John Naughton

    An online platform where journalists sell content directly to subscribers is luring eminent voices away from traditional media
    glenn greenwald working in his study in rio de janeiro
    A new way of reaching people: the writer Glenn Greenwald, who has 1.5 million Twitter followers, has moved to Substack. Photograph: Léo Corrêa/AP

    Sat 26 Dec 2020 16.00 GMT

    Way back in March, at the beginning of the first lockdown, I fell to wondering what a columnist, academic and blogger under house arrest might usefully do for the duration of his imprisonment. My eye fell on my blog, Memex 1.1, which has been a harmless presence on the web since the mid-1990s and a source of puzzlement to journalistic and academic colleagues alike. The hacks unanimously shared Dr Johnson’s view that “No man but a blockhead ever wrote except for money”, while my academic colleagues thought it peculiar to waste one’s energy writing anything that would not figure in scholarly citation indices. The idea that one might maintain a blog simply because one enjoyed doing it never crossed their minds.

    So there it was, with a modest readership, which occasionally spiked as it caught some brief wave of attention. Given that many people were going to be locked down like me, I wondered if the regularity of receiving the blog as an email every morning might be welcome. The thought came from observing how Dave Winer’s wonderful blog, Scripting News, drew an even wider readership after he offered it as a daily email to subscribers. So I began looking for an easy way of doing something similar.

    The obvious solution would be an email list service like Mailchimp, but that looked like hard work, so I opted for Substack, which made it really easy. My blog would be published and available on the web every day as usual, but every night the day’s version would be neatly packaged into an email and delivered at 7am the following morning to anyone who had subscribed. The only change I made was to include a daily five-minute audio diary – something I’d never done before.

    It was such an obvious thing to do. But the results were surprising – and often gratifying. Two things in particular stood out. The first was that the level of reader “engagement” (the holy grail of surveillance capitalists) dramatically increased. People were reading the email version more intensively than its online counterpart: I could see that, because Substack told me which links had been most popular; and they signalled their reactions by “liking” things or by emailing me directly, pointing out errors or making suggestions about how a particular topic could be expanded or extended.

    The biggest surprise, though, was how popular the audio diary was: it was consistently the most clicked-on link. And slowly, it dawned on me that audio seems to reach parts of the human psyche that other media cannot. Because the email was coming from a mailing-list server, some subscribers’ spam filters would occasionally block it, and on several occasions I received alarmed emails from readers who wondered if I had succumbed to Covid. But there was clearly something about the regularity of hearing a familiar voice every morning that was important.

    It was founded in 2018 and backed by the big venture-capital firm Andreessen Horowitz. As of July this year it had around 100,000 people paying various sums for at least one of the newsletters on its books. Its sudden prominence may be a portent of significant changes in our media, as traditional journalistic outlets decline and most of those that thrive online tend to be driven by clickbait. Given that, Substack offers a new option for journalists.

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  • Potins de la macronie : Le général Pierre Le Jolis de Villiers de Saintignon ou la tentation d’une percée en politique
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/12/06/rechercher-un-homme-providentiel-c-est-dans-l-air-du-temps-le-general-pierre

    Depuis sa démission fracassante, en juillet 2017, l’ancien chef d’état-major des armées écrit des livres à succès et murmure à l’oreille des grands patrons.

    La petite assemblée a pris place sous les lustres du salon Cristal de l’hôtel Lutetia. Comme tous les ans, les auteurs des best-sellers de l’année précédente se retrouvent dans ce palace parisien pour un déjeuner organisé par L’Express et RTL. Ce 30 janvier 2019, François Hollande, pour Les Leçons du pouvoir (Stock, 2018), a été placé à la même table que son ancien chef d’état-major, le général Pierre de Villiers, auteur de Qu’est-ce qu’un chef ? (Fayard, 2018), connu pour avoir brutalement démissionné, en juillet 2017, après s’être opposé à Emmanuel Macron sur le budget des armées.

    Devant un saumon fumé aux baies roses, ces deux grands brûlés du macronisme échangent avec gourmandise sur les interminables séances de signature qui, de librairies en salons, leur permettent de sentir l’humeur du pays. Villiers observe combien les propos se sont peu à peu durcis contre le jeune président, devenu la cible des « gilets jaunes ». Hollande, ravi, s’enhardit : « “S’il était devant moi, je l’étranglerais !”, m’a confié une paisible retraitée. » Regard noir de l’ancienne ministre de la culture, Françoise Nyssen, assise à la même table. Le général sourit à Hollande : « Ah, si on nous avait dit, il y a deux ans, quand nous préparions des opérations, qu’on se retrouverait tous les deux ici, on aurait éclaté de rire ! »

    En croisant dans les couloirs du siège de l’état-major des armées, à Balard, la mince silhouette de ce général aimable et discret, peu de hauts gradés auraient en effet imaginé qu’il deviendrait cette figure courtisée et un auteur à succès. Son premier ouvrage, Servir (Fayard, 2017), s’est écoulé en France à 130 783 exemplaires, selon le panel GFK, le deuxième, Qu’est-ce qu’un chef ?, à 141 189 exemplaires. Le dernier en date, L’équilibre est un courage (Fayard, 320 pages, 22,50 euros), en librairie depuis le 14 octobre, a connu un joli démarrage, 30 000 exemplaires, avant le confinement.

    A chaque livre, les séances de dédicace s’éternisent, ferventes. On remercie le général pour son « courage », sa « droiture », pour « avoir rendu leur dignité aux soldats » et « dit non à Macron ». A la librairie Mollat de Bordeaux, le 28 octobre, des lecteurs ont pleuré en l’écoutant. « Ils pleurent sur la France, juge Pierre de Villiers. Ils disent : “Mon général, on marche sur la tête, tout fout le camp, on n’y comprend plus rien, où va-t-on ?” » Le député (Les Républicains, LR) de Haute-Marne François Cornut-Gentille se souvient de l’avoir accueilli dans sa circonscription, en février 2019 : « Il y avait des gens que je n’arrivais pas à situer politiquement et dont c’était la première réunion publique. Ils buvaient du petit-lait. J’ai compris alors qu’il se passait quelque chose autour de lui… Une attente… C’était palpable… »

    Cette attente a été mesurée par l’IFOP pour l’hebdomadaire Valeurs actuelles, le 19 novembre. Vingt pour-cent des Français seraient prêts à voter en sa faveur s’il était candidat à la présidentielle. Un score non négligeable, même s’il ne s’agit pas d’intentions de vote, seulement d’un « potentiel électoral », qui évalue l’intérêt que suscite une personnalité, précise Jérôme Fourquet, le directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’institut de sondage. A titre de comparaison, l’humoriste Jean-Marie Bigard avait obtenu 13 % avant l’été, le philosophe Michel Onfray, 9 %. Un bémol, tout de même : 42 % des personnes interrogées disent ne pas connaître l’ancien chef d’état-major, en dépit de sa spectaculaire démission, il y a trois ans.

    Plan médias

    Ce 13 juillet 2017, le général ne se doutait de rien. Il sortait d’une réunion avec Emmanuel Macron et s’apprêtait à écouter sagement son discours, le premier depuis son élection, devant tout le gratin militaire, dans les jardins de l’hôtel de Brienne. Il sursaute en l’entendant dire, à propos des arbitrages budgétaires : « Il n’est pas digne d’étaler ces débats sur la place publique », et rappeler sèchement qui est « le #chef ». Humilié devant ses pairs, Villiers prend l’attaque en plein cœur. La veille, il avait quitté un conseil de défense houleux à l’Elysée et s’était plaint en termes fleuris, devant une commission de l’Assemblée nationale à huis clos, de la faiblesse du budget militaire. Malgré tout, il lui a bien fallu assister, le 14 juillet, debout et crispé aux côtés du président, au défilé sur les Champs-Elysées. Avant de démissionner, cinq jours plus tard. Deux cents militaires lui ont fait une haie d’honneur. Le général a attendu d’être dans sa voiture pour pleurer.

    A l’époque, l’affaire fait des vagues. Jamais un chef d’état-major n’a claqué la porte ainsi. Pierre de Villiers devient celui qui a dit « non » à Macron. Ce dernier comprend trop tard qu’il vient de faire d’un officier inconnu des Français le symbole d’une certaine conception du pays et de la fidélité à ses idéaux. « Il va nous faire chier maintenant, il va faire de la politique », soupirent alors plusieurs généraux.

    Pierre de Villiers, qui n’a plus aucun contact avec le chef de l’Etat, a beau nier tout esprit de revanche, ce 14 juillet 2017 reste une blessure. « Il n’est pas animé par la vengeance mais veut restaurer son honneur bafoué », juge l’ancien coordinateur du renseignement à l’Elysée, Didier Le Bret. De là à penser qu’il veut battre Macron sur son terrain, il n’y a qu’un pas. A dix-huit mois de la présidentielle, alors que le contexte politique n’a jamais été aussi volatil, l’intense plan médias du général a de quoi intriguer. D’autant que l’intéressé, et c’est la nouveauté du moment, se plaît à cultiver l’ambiguïté. Tranchée il y a un an, sa réponse ne l’est plus autant. « Je suis un officier, la politique n’est pas ma vocation, répète-t-il au Monde. Mais je ne peux plus dire avec fermeté que je ne fais pas de politique, parce que je ne peux nier que mon dernier livre est politique. » S’il assure qu’il ne s’agit pas pour autant d’un « marchepied pour une élection », Pierre de Villiers concède que la pression du public s’est accrue. « Pour les deux livres précédents, c’était : “Merci pour votre exemple, on a besoin d’une voix comme la vôtre.” Là, les gens disent : “Présentez-vous en 2022, ne nous abandonnez pas !” »

    Dans l’armée, beaucoup estiment toutefois qu’il n’est ni un homme de pouvoir ni un politique. Trop « boy-scout », pas assez florentin. Qu’avant de se faire humilier par Emmanuel Macron, il s’était fait « duper » par Hollande. « C’est un homme loyal et sincère, mais il a une confiance excessive dans la parole donnée », confirme un ancien du cabinet Le Drian à la défense. Didier Le Bret, qui l’a observé pendant les conseils de défense, décrit, à l’inverse, un homme « courageux », capable d’oser « dire la vérité », « le contraire d’un courtisan » mais « certainement pas un perdreau de l’année ».

    « Je suis un serviteur »

    Le général assume « ne pas être un homme de pouvoir », tout en revendiquant une « connaissance parfaite » de l’Etat. Il est vrai que, en dehors d’un commandement de quatre mois, en 2006-2007, pour l’OTAN en Afghanistan et d’un séjour de cinq mois au Kosovo, en 1999, il a passé l’essentiel de sa carrière dans les bureaux, à Paris. Douze ans à l’état-major de l’armée de terre, puis à la direction des affaires financières du ministère, où il a côtoyé plusieurs premiers ministres, « une année avec M. Raffarin, une année avec M. Villepin et presque deux avec M. Fillon », comme chef de son cabinet militaire à Matignon en 2008. « Le pouvoir, je l’ai connu. Je sais réfléchir à autre chose que la poudre à canon ! Mais je suis un serviteur, pas un billard à quatre bandes. »

    Sur le fond, Pierre Le Jolis de Villiers de Saintignon – son nom complet – est un militaire trempé très tôt dans le catholicisme social [sic] . Il croit aux vertus de l’exemple et veut réconcilier la France dans l’amour du prochain. Pour lui, l’armée est un laboratoire et un modèle d’intégration sociale. Si Macron rêve d’une France de start-up, lui la voit plutôt comme un bataillon, où l’on obéit « par amitié ». « La vraie richesse, c’est les autres, plaide-t-il, ce n’est pas un hasard si le chapitre de mon livre le plus important s’appelle comme ça. » Du coup, le général a assez peu goûté la « une » de Charlie Hebdo, le 25 novembre. Sous le titre « Villiers président », le dessinateur Salch le croquait avec « les oreilles du Général », « le képi du Maréchal » et « le programme de la 7e compagnie ».

    Son dernier livre dresse en effet une série de constats de « bon sens » – le mot revient souvent. L’auteur a des campagnes une image charmante, regrette « le bon sens paysan », le temps des lampes à huile et de la marine à la voile. Pour lui, « il y a dans notre société une culture du #travail minimal » ; la #famille « reste, de loin, la valeur sacrée dans la débâcle générale de nos croyances » ; la #patrie est « une notion jugée non comestible dans l’empire du politiquement correct ». Sur la boîte de son casoar, qu’il conserve pieusement, son binôme de Saint-Cyr a inscrit : « Mon âme à Dieu, mon corps à la patrie, mon cœur à la famille. » Il assume sans ciller Renaud Camus et sa peur du #grand_remplacement, sans même y mettre un guillemet.

    Politiquement, le général refuse de se situer, comme souvent à droite. « Moi, je suis différent, dit-il. Je ne me sens pas dans un parti. J’ai servi la gauche et la droite, c’est comme ça. Ma ligne de conduite, ma colonne vertébrale, c’est l’unité. » Tout en admettant être issu d’une famille de droite, il ne comprend pas les clivages politiques : « Pour moi, il n’y a qu’une réconciliation. » Ainsi reste-t-il très ami avec le général Bertrand de la Chesnais, candidat (malheureux) à Carpentras et soutenu par le Rassemblement national. Mais il entretient aussi d’excellentes relations avec François Hollande, Jean-Yves Le Drian ou Jean-Louis Borloo, qui « l’aime bien » et échange avec lui sur l’état du pays. « Il se voit comme quelqu’un qui va essayer de retisser le lien social, analyse l’eurodéputé (LR) Arnaud Danjean. Il est consensuel, très intégrateur. Ceux de droite et d’extrême droite qui seraient exclusivement tentés par son côté “mili” seraient déçus par sa modération. »

    Depuis son départ, l’ancien chef d’état-major des armées est devenu un objet de fantasme. En 2019, des « gilets jaunes » ont voulu voir en lui un recours : l’un des porte-parole du mouvement, Christophe Chalençon, l’aurait bien vu à Matignon. A gauche, Ségolène Royal lui a proposé − en vain − un livre de dialogue entre « un homme de droite et une femme de gauche » attachés à « l’ordre juste ». « J’aime ce que vous incarnez », lui a-t-elle glissé au téléphone.

    Mais c’est sans surprise à droite que ses courtisans sont les plus nombreux. Dans un parti divisé, sans leader, les élus LR sentent bien qu’il répond à un besoin d’autorité puissant dans la société. Arnaud Danjean reçoit des SMS de ses militants sur le thème, « Tu en penses quoi du général de Villiers ? » A Nice, le député (LR) des Alpes-Maritimes Eric Ciotti avoue, lui aussi, qu’on lui parle du général. Il a demandé à le rencontrer, comme de nombreux élus des Républicains, de Geoffroy Didier à Damien Abad en passant par Valérie Pécresse. Quelques mois avant les européennes de 2019, il a été approché par l’ex-numéro deux de LR, Virginie Calmels, qui venait de quitter le parti de Laurent Wauquiez. L’élue de Bordeaux lui a proposé un « ticket » à la tête d’une liste hors parti : à lui le régalien, à elle l’économie. Le général a demandé à réfléchir avant de décliner, invoquant notamment les réticences de son épouse, Sabine, très réservée sur un engagement politique.

    Rivalité fraternelle

    A la droite de la droite, où l’on ne nourrit aucune sympathie pour le général, son succès commence vaguement à inquiéter. Pas tant Marine Le Pen, même si 29 % de ses électeurs ont dit, dans le sondage IFOP, être tentés de voter pour lui. Le très catholique Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate et candidat à la présidentielle, a plus de raisons d’être attentif, mais il est convaincu que le général ne se présentera pas. « Villiers veut seulement participer au débat public », dit-il. Moins amène, le polémiste Eric Zemmour l’a exécuté en dix minutes sur CNews, le 6 octobre : « Il y a une double demande d’autorité et de patriotisme, et en France quand la patrie est en danger, on va chercher un général. Mais j’ai été frappé par le décalage entre l’attente d’un homme à poigne et de Villiers. C’est un homme de paix, une espèce de lieu commun consensuel assez étonnant. Ce n’est pas vraiment un Bonaparte, plutôt un dalaï-lama. »

    Un autre surveille son ascension médiatique : son frère Philippe. L’homme du Puy du Fou ne voit pas d’un très bon œil cette incursion sur son terrain, la politique. Officiellement, il affiche son « affection » pour son cadet et refuse de parler de compétition, quand Pierre vend trois fois plus de livres que lui. « Mon frère a une expérience personnelle riche et il voit le pays qui se délite, au bord de l’abîme, indique Philippe de Villiers. Finalement, on fait le même constat, lui et moi. »

    Dans la fratrie, quatre frères et une sœur décédée, la relation entre Philippe, 71 ans, et Pierre, 64 ans et père de six enfants, a toujours été complexe. Flamboyant, séducteur et bretteur, le premier a longtemps été une ombre encombrante pour le second. Même si cela n’a pas gêné sa carrière militaire, il a souffert d’être constamment associé à cet aîné aux idées si tranchées. « On me regarde de travers car je suis le frère de Philippe de Villiers ? Mais j’ai le droit d’exister, d’être moi-même ! », s’agace-t-il encore. Politiquement, tous deux partagent la même éducation, traditionnelle et catholique – « à la paysanne », résume Philippe –, un conservatisme certain et la passion du football. Mais Pierre, qui a préféré travailler avec Hollande qu’avec Sarkozy, est « plus tolérant, plus ouvert », juge l’un de ses amis. Avec un brin de perversité, Emmanuel Macron n’a rien arrangé en cajolant ostensiblement Philippe, alors qu’il avait humilié Pierre.

    A l’Elysée, où l’on redoute l’émergence d’un candidat « hors système » prêt à venir troubler le jeu présidentiel, le phénomène Villiers est suivi de près. « Ça fout la trouille », confiait un conseiller de Macron avant l’été, alors que les crises sanitaire et sécuritaire alimentent la défiance envers le pouvoir. Un stratège de l’exécutif croit d’ailleurs savoir que le général « se prépare ».

    De fait, la rumeur agite le microcosme, sans que rien ne vienne, à ce stade, l’étayer. L’intéressé, qui cloisonne avec une redoutable efficacité, jure qu’il ne rassemble pas une équipe, et concède seulement recevoir des « offres de services ». Une poignée de jeunes gens brillants et bien nés, orphelins de candidat, se plaisent en effet à lui délivrer quelques conseils. L’avocat et chroniqueur Charles Consigny, séduit par son côté gaullien, lui a fait passer une note. Il l’avait interrogé sur le plateau de l’émission télévisée de Laurent Ruquier, « On n’est pas couché », en novembre 2018. « Villiers avait même retourné Christine Angot ! », se souvient le chroniqueur.

    En société unipersonnelle

    Le général en est le premier surpris. Au lendemain de sa démission, il se demandait bien ce qu’il allait faire de sa vie. « Je n’ai jamais été seul, convient-il. C’était la première fois. » Il déménage de son bel appartement de fonction, aux Invalides, et cherche des revenus. Comme chef d’état-major des armées, il gagnait 10 000 euros net – de l’argent de poche pour un militaire nourri, logé, véhiculé –, mais il n’en touche, à la retraite, que la moitié. Il a heureusement quelques précieux contacts, dont Augustin de Romanet, le PDG du Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris), rencontré au cabinet de Jean-Pierre Raffarin, qui lui donne des conseils pour se reconvertir.

    Dès le 3 août 2017, le général fonde la société unipersonnelle « Pierre de Villiers », chez lui, dans sa ferme vendéenne, avec un capital de 1 000 euros, un objet social très large de conseil en stratégie, et s’attelle à l’écriture de Servir. Une quinzaine d’éditeurs l’avaient appelé après sa démission. Il choisit Fayard. Et réécrit un peu l’histoire. « Ça s’est passé par hasard, au sens où Sophie de Closets [la directrice de Fayard], la plus futée, m’a dit : “Je publierai le livre que vous voulez écrire.” Moi, je n’aime pas qu’on m’impose des choses. » En réalité, c’est Philippe de Villiers qui a négocié l’arrivée de son petit frère, en expliquant franchement qu’il avait besoin d’argent. D’où un premier à-valoir, quasi historique en France, de 400 000 euros.

    Chez Fayard, Villiers est édité par Nicolas Diat, un personnage, une sorte de Mazarin de l’édition. Ex-conseiller spécial de Laurent Wauquiez, pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, il a fait glisser son talent et son influence dans le monde de l’édition. C’est notamment lui qui a réussi à débaucher d’Albin Michel, en 2019, Philippe de Villiers, auteur prolifique de quelque 29 livres. Nicolas Diat est un homme discret, fin connaisseur de la droite catholique : il a ses entrées au Vatican, écrit de pieux ouvrages et a publié notamment celui du très conservateur et polémique cardinal Robert Sarah.

    Quand Servir sort, en novembre 2017, « j’avais eu zéro client, zéro contact », poursuit le général. Grâce au succès du livre, il entre en relation avec l’Association progrès du management et passe quelques demi-journées avec de petits entrepreneurs. « Vous faites une intervention sur un thème, ils vous posent des questions, c’est très sympa », se félicite Villiers. C’est alors que François Dalens, le patron de la branche française du Boston Consulting Group (BCG), le sollicite. Le BCG est l’un des trois leaders mondiaux du conseil en stratégie ; son bureau parisien conseille 60 % des entreprises du CAC 40. « Je voyais bien la richesse qu’il y avait à croiser les approches entre pensées militaire et civile, témoigne M. Dalens. Il m’a dit qu’il ne connaissait rien au monde de l’entreprise, je lui ai répondu que les problèmes des chefs sont souvent les mêmes. »

    Le général, devenu « senior advisor » du BCG, passe devant une commission de déontologie et prend l’engagement de ne toucher en rien au secteur de la défense. Il intervient un jour par semaine ou par mois, à son gré, auprès des clients du BCG ou en interne. Mais la nouvelle passe mal chez les militaires : le général de Villiers, apôtre de la souveraineté nationale, s’est vendu aux Américains ! Pas du tout, assure François Dalens, le bureau de Paris appartient à ses 70 directeurs français, qui travaillent avec des entreprises françaises, de Danone à L’Oréal.

    Le général a aussi confié ses intérêts à la communicante Claudine Pons, directrice à poigne de l’agence Les Rois mages et proche du criminologue et consultant en sécurité Alain Bauer. Elle organise ses conférences, lui prépare des « media trainings », qu’elle mène aux côtés de l’indispensable Nicolas Diat, et gère son agenda. En trois ans, Villiers a donné près de 110 conférences, dont 55 à titre gracieux, aux associations, aux grandes écoles, et 35 payantes, à de grandes entreprises – sans compter ses cours à Sciences Po. « Je suis complètement débordé, déclare-t-il, en souriant, je croule sous les propositions ! Les Rois mages m’aident, ils font office de cabinet. »

    « Formidable marketing »

    Le général en convient : « J’ai une vie qui est beaucoup plus confortable que celle que j’avais quand j’étais dans l’armée. Mais je n’ai pas envie du tout de faire fortune. Moi, je mène une vie normale, je prends le métro. L’argent est un mauvais maître. » Pierre de Villiers dit être resté simple, mais facture ses conférences 5 000 euros ; c’est aussi ce qu’il gagne au BCG par demi-journée. Il a obtenu de Fayard 150 000 euros d’à-valoir pour son second livre, 250 000 pour le troisième. Depuis octobre 2019, il est également administrateur du groupe Adeo (Leroy Merlin). « Mais je fais des dons importants, c’est aussi une façon de redistribuer ce que l’armée me donne, parce qu’une partie de mon succès est due à l’institution que je porte. » Il est effectivement membre de l’Association pour le développement des œuvres d’entraide dans l’armée (ADO) et lui verse, depuis ses succès éditoriaux, des dons « très significatifs ». « Je passe le voir tous les ans à la fin de l’année, rigole le général Robert Hérubel, délégué général de l’ADO, en lui souhaitant de faire un nouveau livre l’an prochain. »

    Le général mène ainsi gaillardement sa petite entreprise, entre Nicolas Diat et Claudine Pons, qui ne sont pas toujours d’accord. Le premier veut vendre des livres, et c’est plutôt réussi, mais, comme le confie un proche du général, « il est démangé par la politique et se veut un peu conseiller de l’ombre. D’ailleurs, il n’est pas mauvais. Il est drôle, intelligent, flatteur… » C’est Diat qui a trouvé le titre de L’équilibre est un courage, une citation obscure d’Albert Camus, et fait ajouter le bandeau « Réparer la France », qui colore sensiblement la démarche. Claudine Pons, pour sa part, préférait Halte au feu !, le titre du premier chapitre et le mot de la fin. D’après elle, « plus ils vont le tirer vers la politique, moins il va vendre de livres. C’est un mauvais calcul ». Chez les militaires, pareille réussite éditoriale stupéfie. « Il n’y a rien dans ses livres qui justifie des tirages comme ça, s’étonne un haut gradé. Formidable marketing de Fayard, qui active le vieux mythe français de l’homme providentiel. »

    Pierre de Villiers joue le jeu. Il sait à merveille répondre à côté, a bien compris qu’on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment et pratique avec brio l’art de la digression. Mais il s’agace des pressions et reste soucieux de sa liberté, comme s’il redoutait que le phénomène lui échappe. « Personne ne me dictera quoi que ce soit, se cabre-t-il. On veut me fabriquer un personnage, je suis comme je suis. J’ai 64 ans, l’essentiel de ma vie est derrière moi, qu’on me foute la paix. » Mi-novembre, il a annulé « Le Grand Rendez-vous politique », d’Europe 1, au grand dam de son éditeur, et s’est réfugié dix jours en Vendée, pour souffler, aux côtés de son épouse, qui « l’empêche de prendre la grosse tête », selon les intimes du couple.

    Un signe de plus pour ceux qui doutent que le général, qui « déteste les diviseurs », soit prêt à descendre dans l’arène, en renonçant à sa popularité et à sa position en surplomb. En privé, Pierre de Villiers ne tait pas ses critiques envers Emmanuel Macron, ni ses inquiétudes pour le pays, mais se dévoile le moins possible. « Tout cela se jouera très tard », glisse-t-il. Mais le député LR Julien Aubert, qui l’a invité à prendre un café à l’Assemblée, a senti un homme peu à l’aise avec les codes politiques et n’aimant ni le conflit ni la compétition. « La politique a trop fait souffrir ma famille », répète le général. Il a d’ailleurs décliné l’invitation du député à venir débattre lors de l’université d’été de LR. « Je pense que c’est le genre de type qui se dit : “Si c’est la guerre civile, si le pays s’écroule, je suis là”, résume Aubert. Au fond, Villiers, c’est davantage Cincinnatus que Jules César : “J’ai le glaive mais je ne marcherai sur Rome que si Rome est menacée.” » Lui assure, agacé, qu’il « n’est pas le général Boulanger », le ministre de la guerre de 1886 qui, porté par l’émotion populaire, avait ébranlé la IIIe République – avant de se suicider.

    Son frère Bertrand, le propriétaire de la radio vendéenne Alouette FM, n’a aucun doute. « Son engagement est celui d’un citoyen, il n’a pas du tout l’intention d’entrer en politique, ce n’est pas sa nature profonde, et je le connais depuis soixante-quatre ans », sourit le troisième enfant de la fratrie. « Comme Philippe », Bertrand se dit surpris par « l’emballement » autour de Pierre, certes « quelqu’un de bien, d’intègre, et les gens le sentent ». Mais il y voit le signe d’un vide politique, d’un désarroi. Lui qui a préparé deux élections présidentielles pour son frère Philippe, en 1995 et 2007, sait les difficultés de l’entreprise. « Les sondages, c’est de l’écume, conclut-il. Le général de Villiers, c’est combien de divisions ? Rechercher un homme providentiel, c’est dans l’air du temps. De là à confier à Pierre les pleins pouvoirs… Ce n’est pas dans la tradition familiale. Nous, on est plutôt dans la résistance. »

    #encasdeguerrecivile #édition

  • A la rencontre d’une nouvelle génération d’éditeurs engagés
    https://abonnes.lesinrocks.com/2020/11/24/livres/livres/a-la-rencontre-dune-nouvelle-generation-dediteurtrices-engagees

    Apparues ces dernières années dans un paysage éditorial que l’on dit souvent morose, de petites maisons d’édition renouvellent les pratiques, réinventent le métier et revivifient le débat d’idées. Des initiatives précieuses en ces temps incertains.

    “L’offre que nous représentons ne correspond plus à la demande (…). Un décalage de plus en plus évident n’a cessé de s’approfondir entre le type de revue générale d’idées que nous représentons et l’évolution des pratiques de lecture, les moyens qu’offrent les nouvelles technologies, les besoins de la société et son rapport de moins en moins familier avec les exigences de la haute culture.”

    C’est par ce constat, bien pessimiste, que Pierre Nora annonçait début septembre la fin de sa revue Le Débat, véritable institution où les plus grand·es intellectuel·les ont, pendant quarante ans, exprimé leurs points de vue. On connaît la rengaine : il n’y aurait plus de place, en France comme ailleurs, pour le débat d’idées, remplacé par les affrontements de façade sur les chaînes d’info, les infox et autres invectives sur les réseaux sociaux. Exit Bourdieu and Co., place à Zemmour et autres polémistes.

    Cette triste opinion est contredite par un autre phénomène, moins médiatisé : l’émergence, depuis quelques années, d’une multitude de revues, essais et autres livres portés par de nouvelles maisons d’édition indépendantes. Souvent très petites, un·e ou deux employé·es, ces maisons sont l’œuvre d’une génération qui renouvelle le débat et la recherche autour de ses préoccupations premières : écologie, féminisme, désobéissance civile, etc.

    Si 70 % des maisons d’édition ont moins de 20 ans, ces nouveaux indépendants se démarquent par leur dynamisme et leur souplesse

    #Edition #Edition_indépendante #Engagement

  • Livres à télécharger au format pdf – niet ! éditions
    https://niet-editions.fr/blog/livres-a-telecharger-au-format-pdf

    Les 8 premiers bouquins [de niet ! éditions] sont désormais en libre téléchargement au format pdf :

    Homo – Question sociale et question sexuelle de 1864 à nos jours - Gilles Dauvé

    The Housing – Monster, Travail et logement dans la société capitaliste - prole.info

    Calais, face à la frontière - Textes & entretiens

    Nous ne ferons pas marche arrière ! Luttes contre la frontière franco-italienne à Vintimille 2015 – 2017 - Lucía Le Maquis

    Milot l’incorrigible – Parcours carcéral d’un jeune insoumis à la Belle Époque - Collectif l’Escapade

    Serhildan : le soulèvement au Kurdistan, Paroles de celles et ceux qui luttent pour l’autonomie - Collectif ne var ne yok

    État d’urgence et business de la sécurité - entretiens avec Mathieu Rigouste

    Contre l’État islamique, contre la guerre - Mathieu Pérez

    #édition #livres #livre_en_ligne

  • « Bientôt des limitations de vitesse sur Facebook ou Twitter »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/26/bientot-des-limitations-de-vitesse-sur-facebook-ou-twitter_6061168_3232.html

    Chronique. Un réseau social qui ralentit ses utilisateurs et la propagation des contenus sur sa plate-forme, ce n’est pas courant. Pourtant, pendant la présidentielle américaine, Twitter a ajouté un écran pour inviter les internautes à lire le contenu d’un article avant de le partager avec leurs abonnés. Les utilisateurs ont aussi été incités à ajouter un commentaire plutôt que de simplement retweeter de façon passive. Dans le même esprit, les membres de Facebook qui souhaitaient partager un contenu lié à l’élection ont d’abord vu un message les dirigeant vers un centre de ressources fiables sur le scrutin.

    L’enjeu touche même au modèle économique des réseaux sociaux, fondé sur la publicité ciblée et donc sur la viralité, qui augmente les interactions avec le contenu. La limiter, pour Facebook ou Twitter, ferait baisser leurs revenus à court terme mais pourrait être un pari de long terme. Par ailleurs, il se pourrait que ce débat favorise l’émergence de nouveaux modèles : publics, associatifs ou même payants.

    #Médias_sociaux #Viralité #Régulation #Editorialisation

  • Les Éditions de l’Olivier viennent de publier, en trois volumes, les œuvres complètes de #Roberto_Bolano.

    https://i0.wp.com/diacritik.com/wp-content/uploads/2020/03/Capture-d%E2%80%99e%CC%81cran-2020-03-01-a%CC%80-17.31.24.jpg?w=608&ssl=1

    Bolaño, c’est avant tout un parcours fulgurant. Né en 1953 et mort en 2003, il a commencé à écrire en 1979 : soit seulement 25 ans d’écriture, pour un nombre impressionnant de chefs d’œuvres. Au-delà des biens connus 2666 et Les Détectives Sauvages , citons aussi Anvers , Le Troisième Reich , Des Putains Meurtrières , Étoile Distante , La littérature nazie en Amérique , qui tous, pour des raisons diverses, s’imposent comme des incontournables classiques de notre littérature.

    Diacritik revient volume par volume sur cette publication :
    https://diacritik.com/2020/03/05/bolano-dans-le-miroir-convexe-notre-epoque-nos-perspectives-nos-modeles-d
    https://diacritik.com/2020/06/22/bolano-de-la-batrachomyomachie-a-lenvers-noir-de-la-poesie-oeuvres-comple
    https://diacritik.com/2020/11/10/hotel-bolano-architectures-dun-piege-oeuvres-completes-iii

    #Littérature #édition #livre
    @parpaing je t’en parlais hier !

    • Bolaño, poète avant tout
      https://www.en-attendant-nadeau.fr/2020/03/10/bolano-poete

      Il y a en effet de la poésie cachée sous ses romans, mais aussi des romans inachevés dans sa poésie. Car Roberto Bolaño pratiquait la poésie comme une forme hybride, dont l’impureté lui semblait nécessaire à sa survie au XXIe siècle. L’approche transversale adoptée pour cette édition en français – qui n’a pas d’équivalent en espagnol à ce jour – rend bien compte de cette porosité en incluant de surcroît une partie de ses nouvelles – Appels téléphoniques et autres nouvelles – et deux de ses romans courts, Amuleto et Étoile distante . En prenant le relais des éditions Christian Bourgois, cette nouvelle édition en français commence par offrir l’occasion d’une lecture d’ensemble de la poésie de Bolaño, dont une grande partie était demeurée inédite. Seuls deux recueils de poèmes étaient disponibles en français, Trois et Les chiens romantiques, traduits par Robert Amutio, à qui l’on doit la découverte de Bolaño en France. Ces nouveaux textes, qui paraîtront progressivement dans les six volumes prévus, seront traduits par Jean-Marie Saint-Lu.

    • La bibliothèque Bolaño
      https://www.en-attendant-nadeau.fr/2020/09/23/bibliotheque-bolano

      Les deux premiers textes de ce recueil (dépourvu de tout appareil critique) exigent la participation active du lecteur, en l’occurrence son indulgence ; le novice en matière de bolañisme est invité à sauter à pieds joints page 295, là où l’attendent les joies de L’esprit de la science-fiction. L’amateur ou le connaisseur de Bolaño se donnera pour devoir de lire Monsieur Pain, où il trouvera des phrases comme : « Sa réponse, coupante, me parvint à travers une voix de baryton » ou : « Je me contentai de soupirer, en essayant d’imprimer à mon visage un air de sérénité » (il y a encore le magnifique « – Non, non, m’empressai-je de nier », qui a un certain charme).

  • Une grande journaliste pète les plombs.

    L’excellente columnist Joanne Moore signait il y a six mois dans The Guardian un article dénonçant la chasse aux sorcières qui a pour effet de purger impitoyablement les enseignantes et journalistes féministes de l’espace public.
    Son employeur vient de lui montrer la porte.
    Voici l’article qui lui a valu ce coup de Jarnac de ses collègues, traduit sur TRADFEM :

    « Les femmes doivent avoir le droit de s’organiser. Nous ne serons pas réduites au silence ! » - https://tradfem.wordpress.com/2020/11/17/une-grande-journaliste-pete-les-plombs #CENSURE #ANTIFÉMINISME #CHASSE_AUX_SORCIÈRES #LOBBY_TRANS #Joanne_Moore