• Cinquante éditeurs appellent à “boycotter et saboter le monopole” d’Amazon
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/cinquante-editeurs-appellent-a-boycotter-et-saboter-le-monopole-d-amazon/103688

    Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon.

    Son monde est à l’opposé de celui que nous défendons. Nous ne voulons pas voir les villes se vider pour devenir des cités-dortoirs hyperconnectées. Amazon est le fer de lance du saccage des rapports humains et de l’artificialisation de la vie. Nous devons, sans attendre, boycotter et saboter son monopole.

    Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon.

    Les conditions de travail dans ses entrepôts et en dehors (bas salaires, précarité, cadences exténuantes, pauses réduites, management électronique, chasse aux syndicalistes), son impact écologique (destruction des invendus, bétonisation, utilisation massive d’énergie pour les frets aériens et routiers), l’enrichissement démesuré de son patron et de ses actionnaires sont autant de marques du cynisme du modèle économique et social défendu par cette multinationale.

    Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon.

    Les librairies sont des lieux de rencontre, d’échange critique, de débat, de proximité. Un livre doit pouvoir être défendu auprès de ses lecteurs·rices par un·e libraire, un·e éditeur·rice, un·e auteur·rice et ne pas être invisibilisé par les « meilleures ventes du moment ». Nous ne voulons pas remplacer les conseils d’un·e libraire par ceux d’un algorithme ni collaborer à un système qui met en danger la chaîne du livre par une concurrence féroce et déloyale.

    Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon.

    Diffuser de la pensée critique ne peut se faire par ce type de plateforme. Si nous lisons, publions et défendons des textes, c’est pour affûter nos imaginaires et donner corps à nos refus comme à nos convictions. Nous ne sacrifierons pas notre idée du livre pour un compromis financier. Nous ne nous laisserons pas imposer un futur uniforme et impersonnel.

    Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon.

    Avatar d’un système global, Amazon représente un monde dont nous ne voulons pas et avec lequel il est grand temps de rompre.

    Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon et appelons l’ensemble des maisons d’édition et acteurs·rices de la chaîne du livre à nous rejoindre dans cet engagement.

    #livres #librairie #amazon #édition

    • Les signataires :

      Hobo Diffusion, Éditions Divergences, La Tempête - Éditions, Nada éditions, Éditions du commun, L’Œil d’Or, Les Éditions sociales, Éditions La Dispute, Éditions Grevis, Editions Ixe, Jef Klak, Panthère Première, Tendance Négative, Revue Audimat, La Lenteur, Le Monde à l’envers, Les éditions des mondes à faire, Les Éditions Du Bout De La Ville, HUBER Éditions, Archives de la zone mondiale, Smolny, Éditions Otium, Ici-bas, Éditions Pontcerq, Premiers Matins de novembre, Faces Cachées Éditions, Serendip-livres, Paon diffusion, Les Éditions libertaires, Gruppen editions, Black star (s) éditions, Le Chien rouge, Rue des Cascades, Éditions Dépaysage, Editions Goater, HumuS, Homo Habilis, Tahin Party, L’atinoir, Éditions Adespote, Éditions Blast, Asinamali, Éditions Daronnes, Les Éditions de la Roue, Éditions Noir et Rouge, Les Nuits rouges, Les Éditions de l’Éclisse, Même pas mal.

  • Porte-voix de la diversité. Des étudiantes en études littéraires créent la #maison_d’édition #Diverses_syllabes.

    Cinq étudiantes du baccalauréat, de la maîtrise et du doctorat en études littéraires viennent de fonder, avec une collègue doctorante en histoire à l’Université de Montréal, Diverses syllabes, une maison d’édition féministe intersectionnelle et queer qui s’est donné pour mission de donner la parole aux personnes racisées et appartenant aux minorités de genre.

    « Ce projet, je le portais en moi depuis un moment déjà, explique Madioula Kébé-Kamara, finissante du bac en études littéraires et directrice générale de Diverses syllabes. Il n’est pas non plus étranger aux réflexions et discussions sur le racisme systémique, déclenchées par la résurgence ces derniers mois du mouvement Black Lives Matter après le meurtre de George Floyd aux États-Unis, et à celles sur les dénonciations d’inconduites sexuelles dans le milieu artistique québécois. »

    Sans aller jusqu’à taxer le milieu littéraire québécois de raciste, l’étudiante s’interroge sur la sous-représentation dans le monde de l’édition d’ouvrages dont les autrices et auteurs appartiennent aux minorités racisées. « Sur les 10 livres dont on a le plus parlé l’an dernier, combien ont été écrits par des femmes racisées, ou par des personnes racisées issues des minorités de genre ? Diverses syllabes leur servira de porte-voix. »

    Créer une nouvelle maison d’édition exige du temps, de l’énergie et, surtout, des moyens financiers. Afin d’assurer son indépendance pour les deux prochaines années, Diverses syllabes a lancé une campagne de sociofinancement. « Nous sommes un organisme sans but lucratif et notre objectif est de recueillir 60 000 dollars, précise Madioula Kébé-Kamara. Cela devrait nous permettre de publier trois titres par année, sachant que Québec accorde des subventions aux maisons d’édition à partir du cinquième livre paru. »

    Les personnes intéressées à souscrire à la campagne de sociofinancement peuvent le faire ici. D’autres liens se retrouvent sur les pages Instagram et Facebook de Diverses syllabes. Un site web sera aussi bientôt créé.
    Un choix éditorial

    Diverses syllabes entend mettre en valeur et faire résonner d’autres voix en publiant essentiellement des ouvrages écrits par des personnes provenant des minorités racisées et de genre. Un choix éditorial, voire politique ? « Éditorial, répond sa directrice. Ces écrivaines ont des expériences et des regards différents. En tant que personnes marginalisées, il leur est souvent difficile de se faire entendre parmi l’ensemble des auteurs et autrices, comme c’est le cas lors des concours littéraires. »

    La nouvelle maison d’édition prévoit publier principalement des œuvres de fiction – romans, poésie –, mais aussi des essais, des bandes dessinées, des livres d’art et des livres jeunesse.

    Madioula Kébé-Kamara ne souhaite pas que Diverses syllabes devienne ce qu’elle appelle une « niche à doléances ». « Plusieurs stéréotypes entourent les ouvrages produits par les autrices et auteurs des minorités racisées, observe-t-elle, comme s’il fallait que leurs œuvres soient sensationnalistes, ou trash, qu’elles racontent des histoires tragiques : j’ai fait de la prostitution, j’ai dû traverser la Méditerranée à la nage, etc. Certes, ces types de récits ont leur raison d’être, mais nous voulons éviter le misérabilisme, mettre en lumière la richesse et la diversité des imaginaires… offrir de la bonne littérature, quoi ! »
    Un espace bienveillant

    Diverses syllabes sera une maison d’édition dite bienveillante, souligne l’étudiante. « Cela signifie que nous voulons offrir un espace d’édition solidaire et sécuritaire, misant sur la transparence, le respect, l’équité et la reconnaissance du travail des autrices et auteurs, lesquels connaissent souvent des conditions précaires. »

    Alors que le revenu annuel moyen des écrivains est de 9 169 dollars, selon des données de l’Union des écrivains et écrivaines du Québec (UNEQ), Dives syllabes s’engage à allouer aux autrices une rémunération de base de 1000 dollars dès la signature d’un contrat et à doubler le pourcentage de droits d’auteurs habituellement accordé.

    Enfin, la maison d’édition envisage de former une équipe composée essentiellement de #femmes, issues notamment des #minorités_de_genre. « C’est important quand on sait que les femmes qui occupent des postes de cadre ou de direction dans le milieu du livre constituent encore une minorité, tient à rappeler Madioula Kébé-Kamara. Nous voulons offrir des possibilités d’#emploi au sein de notre équipe, que ce soit à titre d’éditrice, de correctrice ou de communicatrice. Le plafond de verre pour les femmes existe dans tous les milieux. Mais ce plafond est encore plus difficile à briser pour celles qui sont minorisées. Diverses syllabes existe pour bâtir du nouveau. »

    https://www.actualites.uqam.ca/2020/diverses-syllabes-porte-voix-diversite
    #féminisme #intersectionnalité #livres #édition #minorités

  • Après l’attentat de Conflans : ne pas se laisser diviser entre travailleurs ! | #editorial des bulletins d’entreprise LO
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/apres-lattentat-de-conflans-ne-pas-se-laisser-diviser-entre-travaill

    L’assassinat d’un professeur de collège à #Conflans-Sainte-Honorine, décapité pour avoir montré des caricatures de #Charlie_Hebdo, nous plonge une fois de plus dans l’horreur. Une horreur et un dégoût redoublés par le fait que ces actes ignobles sont toujours utilisés par les racistes, les réactionnaires et les anti-immigrés avec, pour résultat, de diviser le monde ouvrier.

    L’acte est effroyable. Tout aussi glaçant est le processus qui a conduit et armé la main de ce jeune de 18 ans, d’origine tchétchène. Son passage à l’acte a, en effet, suivi une campagne d’agitation et de manipulation, orchestrée par la mouvance de l’#islamisme intégriste. Celle-ci a voué le professeur à la vindicte publique, en faisant passer un cours sur la liberté d’expression pour du #racisme et de l’#islamophobie.

    Ces agitateurs intégristes prétendent parler au nom des musulmans qui peuvent, à juste titre, se sentir stigmatisés et rejetés. Mais ils ne visent qu’une chose : imposer leur ordre moral à tous, à commencer par les #musulmans.

    Ils ne s’en prennent pas seulement à ce qui est enseigné à l’école. Ils veulent aussi régir la vie des musulmans et menacent qui ne suit pas le ramadan comme ils le voudraient ou qui boit de l’alcool. Ils font pression sur les musulmanes qui ne se conforment pas à leurs règles. Demain, s’ils s’enhardissent, ils s’opposeront à ceux qui écoutent de la musique ou jouent au foot. C’est ce qu’ils font dans certains pays où ils sont au pouvoir. C’est ce que l’on a vu dans les régions dominées par Daech.

    La dictature qu’ils préparent pèsera avant tout sur les classes populaires. Comme le monde occidental a ses #fascistes d’extrême droite, le monde musulman a les siens. Quand l’extrême droite identitaire utilise la peur de l’étranger, les #islamistes se servent de la religion pour dominer ce qu’ils considèrent être leur communauté.

    Les deux s’alimentent mutuellement, les deux sont des ennemis mortels des travailleurs. Et les deux sont prêts à creuser un fossé de sang et à s’imposer par la terreur. On l’a vu en Europe dans les années 1930 avec Hitler, en Algérie pendant la décennie noire des années 1990 et, récemment, en Syrie et en Irak avec Daech.

    Qu’ils viennent des rangs de l’extrême droite ou des intégristes, ceux qui prétendent limiter les libertés veulent faire de nous des moutons dociles, soumis à eux, mais aussi au patronat. Il ne s’agit pas seulement de discuter où se trouvent les limites de la #liberté_d’expression. Ce sont nos droits et nos intérêts de travailleurs qui sont menacés : la liberté de contester, de s’organiser, de revendiquer et de faire grève.

    Alors, les travailleurs doivent combattre ces deux ennemis en faisant bloc en tant que prolétaires, en s’appuyant sur leurs intérêts communs d’exploités et sur les combats qu’ils ont à mener ensemble, jour après jour.

    Comme tous les autres dirigeants politiques, Macron a appelé à l’#unité_nationale et au respect de la République. Mais derrière ces prétendues #valeurs_républicaines, il y a un ordre social contraire aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.

    La société ne se délite pas seulement sous les coups de boutoir de militants réactionnaires. Ces derniers ne font qu’exploiter politiquement le désarroi et l’abandon dans lesquels la crise, le chômage de masse et la misère plongent des millions de femmes et d’hommes. Les frustrations et la haine qui en découlent renouvellent en permanence le terreau de l’#intolérance, de l’#individualisme et de la violence, surtout dans les périodes de crise.

    L’ordre social capitaliste et, plus encore, la crise créent les éléments d’un engrenage mortel. Et la politique gouvernementale, systématiquement favorable aux plus riches et à la bourgeoisie contre les travailleurs, ne fait qu’accélérer le mécanisme.

    Car, que va-t-il se passer demain ? À cause de crapules fanatisées ou embrigadées par les filières terroristes, combien y aura-t-il de contrôles au faciès, de jeunes de banlieue confrontés au racisme et à la suspicion généralisée ? À cause de terroristes sous statut de réfugiés, combien de migrants fuyant les guerres et les persécutions seront rejetés ? Seuls les travailleurs, unis par-delà les différences d’origine, de nationalité et de religion, peuvent casser cet engrenage.

    La conscience de pouvoir et de devoir, ensemble, changer la société doit guider les travailleurs, car le fanatisme religieux, le #fondamentalisme, la terreur fasciste, sortent malheureusement, comme des #bêtes_immondes, du ventre de notre société. Pour mettre fin à des actes barbares tels que le #meurtre de Conflans, c’est la société elle-même qu’il nous faudra transformer.

    #capitalisme #révolution #réaction #obscurantisme

  • Après l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine | Communiqué de LO
    https://www.lutte-ouvriere.org/communiques/apres-lattentat-de-conflans-sainte-honorine-152266.html

    Un fanatique de 18 ans, influencé par les fascistes du monde musulman (appelés islamistes) vient de tuer un professeur qui avait montré les caricatures de Charlie Hebdo. À cause de ces crapules qui veulent nous imposer leur ordre moral, les musulmans vont être montrés du doigt. Nous diviser, c’est leur but ultime. Ils s’alimentent les uns les autres. On a vu d’autres fascistes attaquer des mosquées. Ils n’ont qu’un but : nous imposer leur domination et pour cela ils veulent nous diviser par religion ou par nation.

    Nous, travailleurs, sommes et resterons des frères pour changer ce monde où ce sont de plus en plus les barbares qui s’expriment pour le moment.

    Ali Kaya, Lutte ouvrière – Conflans-Ste-Honorine

    Tweet de Nathalie Arthaud | 16 octobre 2020

    Je suis bouleversée d’apprendre l’assassinat d’un collègue d’histoire-géographie à Conflans parce qu’il avait montré à ses élèves les caricatures de Charlie. Je suis bouleversée de voir qu’à 18 ans, on peut sombrer dans le fanatisme de l’intégrisme islamiste et déterminée à combattre tout amalgame.

    #islamisme #intégrisme #fascisme #musulman #amalgame

    • La seule chose à laquelle elle pense c’est que les musulmans « vont être montrés du doigt ».
      Elle n’a rien entendu, elle n’a rien à citer, mais la seule chose qui la préoccupe c’est son fantasme de défense « des musulmans » à tout prix.
      Pire, elle dit « nous diviser ».
      Mais qui est ce « nous » ?
      Sûrement pas les dessinateurs et journalistes de Charlie hebdo, les familles des assassinés par des islamistes (musulmans, le saviez-vous ?), les juifs, de l’hyper cacher, de l’école de Toulouse, des veilles dames jetées par la fenêtre.
      Non, « nous » c’est les membres de la secte LO, qui s’y connaissent en sectarisme.
      #Ecoeurant

    • @perline, le sectarisme de LO n’empêche pas cette organisation d’avoir parfois raison. Par exemple en parlant de « fascistes du monde musulman ».
      Par ailleurs, les propos que tu attribues à Nathalie Arthaud (dont un touit est cité) sont ceux présents dans le communiqué de LO, signé Ali Kaya. Il me semble que le « nous » en question désigne plutôt « la classe ouvrière », ou, en étant infidèle au lexique d’origine, les ouvriers, les salariés, voire, « le peuple », en tout cas par LO (qui doit certainement débattre par ailleurs de comment se démerder pour ne pas être coincé entre « les fascistes du monde musulman », l’affaiblissement - euphémisme - de « la classe ouvrière » et la réaction et le racisme).

    • Évidemment - Colporteur a raison -, quand LO dit "nous", c’est de la classe ouvrière dont il est question. Curieux que cette évidence ne se soit pas imposée d’emblée à Parline. Curieux également, que Perline trouve à redire d’une position qui, à mon sens, est bien la seule à avoir en telles circonstances : en distinguant les militants intégristes - à combattre sans concession - des musulmans - dont la liberté de culte, de pensée, de croyance est à défendre ; en évitant à tout prix que les travailleur tombent dans le piège mortifère des amalgames (entre terroristes et musulmans, terroristes et maghébins, terroristes et arabes, terroristes et immigrés, entre terroristes et migrants…) qui vont exactement dans le sens recherché par les terroristes ; en mettant en garde les travailleurs, à tout prix, contre tous ceux qui, en leur sein, déverse leur haine raciste répugnante contre les musulmans.

      Quant à parler de « secte » lorsqu’il est question d’évoquer LO, ce n’est jamais très glorieux. Le parti bolchevik aussi n’était pas non plus épargné de reproches de sectarisme, notamment lorsque Lénine veillait à ce que le parti ne cède en rien à l’opportunisme. Aujourd’hui les réformistes de tout poil voudraient que les révolutionnaires, dont la tâche est de transmettre la tradition révolutionnaire du mouvement ouvrier, s’effacent derrière des organisations qui sont non seulement étrangères à cette tradition, mais qui sont résolument opposées à ses combats. Plus préoccupant, notre refus de suivre la meute qui s’emploie perpétuellement à confondre gauche et intérêts de classe des travailleurs nous vaut l’accusation de sectarisme, non seulement des réformismes et de journalistes ignorants, mais aussi d’une partie de l’extrême-gauche qui sait pourtant que les mots ont un sens.

      Colporteur, tu dis que LO doit certainement « débattre par ailleurs de comment se démerder pour ne pas être coincé entre « les fascistes du monde musulman », l’affaiblissement - euphémisme - de « la classe ouvrière » et la réaction et le racisme) ». Je partage ta description de la situation, mais notre position est arrêtée depuis longtemps sur ce point. Aujourd’hui, c’est vrai, la classe ouvrière a pris un retard dramatique face à la bourgeoisie. Si bien que l’intensification de la lutte de classe dans les entreprises comme les mesures antiouvrières des gouvernements ont trouvé une classe ouvrière désarmée sur le plan politique et sur le plan moral. Or, cette absence de la classe ouvrière sur la scène politique, avec ses propres perspectives pour l’avenir de la société, se répercutera d’autant plus gravement sur la société qu’elle seule, par sa place dans l’économie, a le pouvoir d’exproprier cette classe et d’empêcher son système de précipiter l’humanité entière dans une barbarie sans retour. Elle seule a le pouvoir, en se mobilisant, d’imposer d’autres perspectives et de créer les conditions qui stopperont la montée du nationalisme, du racisme, du sexisme, de l’homophonie, etc.

      Il n’est pas écrit que cela arrivera, il nous parait en revanche évident qu’il n’existe pas d’autres solutions. C’est pourquoi nous militons depuis toujours pour que la classe ouvrière, lors des prochaines explosions sociales, possède les idées et les outils pour mener la lutte jusqu’à l’expropriation de la bourgeoisie. C’est de cela dont tout dépend et il n’y a malheureusement pas de raccourcis pour y arriver.

  • #ANALYSES DE GAUCHE DU PORNO (compilation par #SONIA_ESS)
    https://tradfem.wordpress.com/2020/10/13/analyses-de-gauche-du-porno

    #Noam_Chomsky dit à propos de la pornographie : « La pornographie représente l’humiliation et l’avilissement des femmes. C’est une activité scandaleuse. Les femmes sont avilies comme de vulgaires objets sexuels. Ce n’est pas ce que sont les êtres humains ». Il est allé plus loin lorsqu’on lui a posé la question la plus courante que les défenseurs de la pornographie aiment évoquer : Ces femmes n’ont-elles pas choisi d’être dans l’industrie du porno ? « Le fait que ces personnes acceptent et soient payées », a répondu Chomsky, « est à peu près aussi convaincant que d’affirmer que nous devrions être en faveur des ateliers clandestins en Chine où les femmes sont enfermées dans une usine et où l’usine brûle et où elles meurent toutes. Oui, elles ont été payées et ont consenti, mais cela ne me rend pas pour autant favorable à cette pratique. Donc, cet argument est irrecevable. Quant au fait que c’est l’érotisme de certaines personnes, eh bien, c’est leur problème. Cela ne veut pas dire que je dois y contribuer. S’ils tirent du plaisir de l’humiliation des femmes, alors ils ont un problème ».
    Dans le livre de #Chris_Hedges, publié en 2009, L’empire de l’illusion : La Mort de la culture et le Triomphe du spectacle (LUX Éditeur), au chapitre 2, « L’Illusion de l’amour », Hedges consacre 33 pages à démanteler l’industrie du porno et à dénoncer les violences sexuelles
    « Dans notre société, on dit aux femmes qu’elles ont deux choix », déclare #Gail_Dines, autrice de Pornland : Comment le porno a envahi notre sexualité (#Éditions_LIBRE, 2020, Traduction : Nicolas Casaux). « Elles sont soit baisables soit invisibles. Être baisable signifie se conformer à la culture du porno, être sexy, être soumise et faire ce que l’homme veut. C’est la seule façon d’être visible. Vous ne pouvez pas demander aux adolescentes, qui meurent pour acquérir de la visibilité, de choisir l’invisibilité. »

    Traduction : #Tradfem
    Version originale : The price of the pleasure
    #système prostitutionnel #prostitution-prostitution_filmée #violences_masculines #exploitation_sexuelle

  • « Pour un retour au débat scientifique et à l’intelligence collective »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/09/30/pour-un-retour-au-debat-scientifique-et-a-l-intelligence-collective_6054272_

    Soumise à la pression de la publication, et donc de la compétition, la science connaît une crise de crédibilité majeure. L’échange entre chercheurs et le consensus qui s’en dégage sont la garantie des vérités scientifiques, rappelle un collectif dans une tribune au « Monde ».
    […]
    Comment en sommes-nous arrivés là ? Notre thèse est que le débat a peu à peu disparu car la logique de l’évaluation administrative des chercheurs les en dissuade. A partir des années 1960, avec la croissance de la recherche publique, les institutions scientifiques ont voulu se munir d’indicateurs quantitatifs de performance pour piloter leur activité. Il en a résulté un système, devenu mondial, où le but du chercheur, pour obtenir financements ou promotion, est de justifier de publications dans des journaux « prestigieu ». Le bien-fondé et les modalités de calcul de l’indicateur de prestige (le « facteur d’impact ») sont des problématiques bien connues. Cependant, selon nous, sa tare la plus nocive reste encore mal désignée : lorsque la valeur d’une production est conditionnée à la réputation du journal qui la publie, ce n’est plus le chercheur qui est créateur de valeur, mais celui qui décide de la publication : l’éditeur.

    la suite sous #paywall

    • OK, mais cela vaut aussi pour la #Sociologie alors...

      Tribune. L’épidémie de Covid-19 a mis en lumière des dysfonctionnements profonds de la science. On en attendait la connaissance fiable sur laquelle fonder les mesures efficaces et raisonnables d’une sortie de crise. Finalement, chacun aura pu trouver de quoi confirmer son préjugé au milieu d’un chaos de plus de 50 000 articles humainement impossibles à analyser, dans lequel le circuit de publication et les hommes providentiels auront failli à indiquer une direction sûre. Comment parle la science aujourd’hui ?

      La voix de la science est d’essence collective : elle est celle du consensus qui naît du débat au sein de la communauté scientifique. Aussi longtemps et passionnément que nécessaire, les chercheurs échangent arguments et expériences jusqu’à converger vers des énoncés débarrassés des préjugés des uns et des autres, en accord avec les faits observés et qui constituent la vérité scientifique du moment. Or, cette pratique fondamentale du débat a largement disparu du monde académique, au profit d’un succédané profondément différent, le « journal avec relecture par les pairs ». Ce « peer reviewing » est un processus local, interne à une publication, régie par un éditeur, où un chercheur doit se plier aux injonctions de quelques référents anonymes lors d’échanges confidentiels par mail dont le but est d’obtenir en temps compté une décision favorable d’imprimatur. Ainsi les vérités scientifiques ne sont plus des faits collectifs émergents, mais sont décrétées par un procédé analogue à un procès à huis clos. Sous l’effet délétère de ce processus de validation aléatoire, limité, conservateur, invérifiable et perméable aux conflits d’intérêt, la science dans son ensemble est entrée dans une crise existentielle majeure, dite de la reproductibilité : dans la plupart des domaines et dans une proportion alarmante, de nombreux résultats expérimentaux publiés ne peuvent pas être répliqués, et ce même par leurs auteurs.

      Comment en sommes-nous arrivés là ? Notre thèse est que le débat a peu à peu disparu car la logique de l’évaluation administrative des chercheurs les en dissuade. A partir des années 1960, avec la croissance de la recherche publique, les institutions scientifiques ont voulu se munir d’indicateurs quantitatifs de performance pour piloter leur activité. Il en a résulté un système, devenu mondial, où le but du chercheur, pour obtenir financements ou promotion, est de justifier de publications dans des journaux « prestigieux ». Le bien-fondé et les modalités de calcul de l’indicateur de prestige (le « facteur d’impact ») sont des problématiques bien connues. Cependant, selon nous, sa tare la plus nocive reste encore mal désignée : lorsque la valeur d’une production est conditionnée à la réputation du journal qui la publie, ce n’est plus le chercheur qui est créateur de valeur, mais celui qui décide de la publication : l’éditeur.

      Ce renversement engendre deux dysfonctionnements majeurs. D’une part, une minorité d’éditeurs peut contraindre la majorité à s’aligner sur sa vision et ses normes (et par exemple imposer un impératif permanent de nouveauté, faisant l’impasse sur la vérification de résultats déjà publiés ou sur le partage de résultats expérimentaux négatifs). D’autre part, la valeur scientifique devient une denrée rare, que les chercheurs souhaitent s’attribuer en publiant dans les journaux qui la dispensent. Un scientifique qui se distingue dans ce système le fait inévitablement au détriment de ses pairs. L’échange entre pairs, indispensable à la science, devient contraire aux intérêts personnels de ses agents, désormais artificiellement en concurrence. L’intelligence collective étant ainsi inhibée par une gouvernance verticale, la science tend alors à se développer horizontalement : on se cloisonne dans des sujets de niche sans concurrence, les erreurs s’accumulent sans être corrigées, les controverses stagnent, la voix de la science est celle du storytelling qui aura su séduire l’éditeur le plus prestigieux, sans confrontation avec ses détracteurs.

      Pour retrouver un développement vertical de la science, il est indispensable d’en promouvoir une gouvernance horizontale, communautaire, où le but premier du chercheur est de débattre avec ses pairs et de les convaincre. Au contraire de la compétition vide de sens induite par les règles actuelles, une gouvernance horizontale induit une « coopétition », où l’échange est dans l’intérêt de tous et produit naturellement ouverture, transparence et intelligence collective. Dans d’autres écrits, nous détaillons ses modalités concrètes, désormais techniquement possibles grâce à Internet. En résumé, nous avançons que les bonnes valeurs selon lesquelles apprécier une production scientifique sont sa validité et son importance. La validité d’une production s’établit qualitativement par le débat scientifique et peut être raisonnablement quantifiée par le degré de consensus qu’elle atteint à un moment donné. Nous proposons par ailleurs que chaque scientifique tienne librement une revue de presse de la littérature, exprimant sa vision et ses hiérarchies personnelles. L’importance d’une production en particulier se voit et se mesure alors à son degré de diffusion dans un tel écosystème.

      Ces deux mécanismes redonnent à la communauté scientifique la gestion intégrale de la science et peuvent offrir des indicateurs répondant aux besoins administratifs des institutions. Ainsi, une transition vers un tel mode d’évaluation, de plus très économe car sans intermédiaires, est principalement une question de volonté politique. Nous espérons que la France s’emparera assez tôt de ces idées et sera un moteur dans la régénération globale des processus collectifs de la science.

      Michaël Bon, chercheur et consultant ; Henri Orland, chercheur (CEA) ; Konrad Hinsen, chercheur (CNRS, CBM) ; Bernard Rentier, recteur émérite de l’université de Liège ; Jacques Lafait, directeur de recherche émérite (CNRS, Sorbonne Université) ; Tembine Hamidou, professeur assistant (université de New York) ; Jamal Atif, professeur (université Paris-Dauphine-PSL) ; Alexandre Coutte, maître de conférences (université Paris-Nanterre) ; Nicolas Morgado, maître de conférences (université Paris-Nanterre) ; Patrice Koehl, professeur (université de Californie, Davis) ; Stéphane Vautier, professeur (université de Toulouse-Jean-Jaurès) ; Jean-Paul Allouche, directeur de recherche émérite (CNRS) ; Gilles Niel, chargé de recherche (CNRS, ICGM) ; Christine Fleury, conservatrice de bibliothèques (ABES) ; Clément Stahl, chercheur (université de Paris)

      #Science #coronavirus

  • Mort d’un poète-contrebandier
    Pierre Gallissaires (1932-2020)

    Hanna Mittelstädt

    https://lavoiedujaguar.net/Mort-d-un-poete-contrebandier-Pierre-Gallissaires-1932-2020

    http://acontretemps.org/spip.php?article800

    Pierre Gallissaires s’est éteint le 10 août 2020 à l’hôpital de Toulouse. Il vivait seul, depuis plusieurs années, à Montauban, dans une maisonnette située en banlieue, qui, sur le devant, donnait sur un paysage routier gris et très fréquenté, bretelle d’autoroute, zone industrielle, stade, mais dont les fenêtres de la façade arrière s’ouvraient sur une sorte de paradis : un jardin verdoyant, avec plus loin un bras du Tarn, lequel était d’ailleurs monté de plus de 7 mètres, il y a quelques années, peu après l’emménagement de Pierre, inondant une partie de sa bibliothèque qui reposait encore dans des cartons à même le sol. Mais seulement une petite partie, car la plupart des livres avaient déjà été classés sur des étagères. Pierre détestait ce qu’on appelle communément l’« ordre » ; il détestait les murs blancs, les hôpitaux et l’Église catholique. Il détestait les professeurs. Et le « vieux monde ». Ce qu’il aimait surtout, c’était la poésie, la révolution, son ordre à lui, qu’il avait lui-même créé, et son propre rythme, aussi lent que possible — la plus grande lenteur face à toutes les turbulences du monde. Il aimait ses amis, ses camarades, sa compagne, Nadine Tonneau, qui est morte longtemps avant lui, et, je suppose, sa petite maison de banlieue qu’il avait aménagée à son goût, ne laissant aucun mur blanc : ils étaient, en effet, tous recouverts d’affiches de « production artisanale », de livres issus d’une bibliothèque constamment enrichie depuis soixante-dix ans, d’objets et trouvailles de toute une vie, de poteries de son frère, François, de photographies et de quelques meubles décrépis, reçus en héritage de la maison familiale. (...)

    #traduction #poésie #contrebande #édition #Pierre_Gallissaires #Allemagne #surréalisme #anarchisme

  • ION EDITION » Présentation
    http://ionedition.net/cest-qui

    ION est une structure d’édition fondée en 2010 à Angoulême, dirigée par Benoît Preteseille, dessinateur et auteur de bandes dessinées.

    Avec ION, il se propose de publier des livres tournant autour du #dessin, une collection de petites brochures aux frontières du livre d’artiste et du recueil d’illustration.

    Il y a de multiples découvertes à faire, des travaux inclassables, des dessinatrices de #bande_dessinée, des artistes étranges, des illustratrices, des tatoueurs, des photographes, qui cultivent en parallèle de leur travail officiel une pratique du dessin parfois secrète, originale et expérimentale.

    C’est là que ION ira chercher.

    Fouillez-donc les pages de ce site, et ruez-vous sur les objets en papier, c’est encore mieux...

    https://www.lesea.fr
    #édition #éditeurs_alternatifs

  • Marzocchi, un géant de l’anarchisme, PAR SYLVAIN BOULOUQUE | L’OURS
    https://www.lours.org/marzocchi-un-geant-de-lanarchisme

    Marzocchi, un géant de l’anarchisme, PAR SYLVAIN BOULOUQUE

    Cette biographie d’Umberto Marzocchi offre une véritable traversée du XXe siècle au sein du mouvement libertaire international. A propos de : Giorgio Sacchetti, Umberto Marzocchi 1900-1986. Sans frontière, Les éditions libertaires, 2020, 306 p., 15 €

    L’étude consacrée à ce militant anarchiste d’origine italienne est passionnante et à la hauteur du biographié. Né à Florence en 1900, Umberto Marzocchi adhère à l’Union syndicale italienne – l’équivalent de la CNT – en 1917. L’espoir révolutionnaire et insurrectionnel du bienno rosso (les « deux années rouges ») de 1919-1920 s’effondre face à la montée du fascisme. Pour le contrer, Umberto Marzocchi participe aux groupes antifascistes les Arditi del Popolo, et tente une nouvelle insurrection qui est un nouvel échec. Pourchassé, contraint à l’exil, il s’installe en France. S’il s’intéresse aux débats sur les formes et l’organisation du mouvement libertaire, son action principale se tourne vers l’œuvre de solidarité et d’entraide envers les réfugiés transalpins.

    Antifasciste
    L’antifascisme chevillé à l’âme et au corps, Marzocchi tente avec les frères Rosselli de créer de nouveaux groupements avant de partir se battre en Espagne où il participe à la fondation de la centurie de la colonne Durruti. Entre les combats, il croise George Orwell fin 1936, en témoigne une photo parue dans la revue Ahora. Amer, Marzocchi constate l’élimination des anti-staliniens, Andrès Nin, et surtout de Camilio Berneri et Francesco Barberi, reçue comme véritable coup de massue par les antifascistes libertaires italiens. Il revient en France avant la Retirada, puis, après avoir combattu dans la légion étrangère, plonge dans la Résistance en participant aux maquis.

    Après 25 ans d’exil et de combats, il refranchit les Alpes en 1945 et reconstruit le mouvement libertaire italien, dans lequel il joue un rôle pionnier, aidant à sa structuration à la fois comme animateur, orateur et homme de plume. Il y défend le principe d’un anarchisme organisé, indépendant des puissances et des blocs. Organisateur infatigable, il rassemble dans les années 1960 les anarchistes de par le monde lors de nombreux congrès. L’un d’entre eux est resté particulièrement célèbre, tenu à Carrare en 1968, où il renvoya Daniel Cohn-Bendit, qui accusait les libertaires cubains d’être des agents de la CIA, à ses chères études. À l’image de la situation italienne, Marzocchi refusait le verbiage marxisant des jeunes militants préférant la clarté de l’expression libertaire tout en dénonçant la violence d’État, comme lors de la « mort accidentelle » de l’anarchiste Giuseppe Pinelli.

    Transmettre
    L’espoir soulevé par la fin du franquisme le fait se rendre en Espagne en 1977 où il est arrêté et emprisonné pour participation à une réunion anarchiste clandestine… Libéré, il reprend son activité de militant en Italie et en Europe, où il transmet le flambeau aux jeunes générations. Les auteurs et éditeurs des versions française et italienne de cette biographie se sentent un peu ses héritiers, façonnés par la rencontre avec ce géant de l’anarchisme, d’une culture, d’une modestie et d’une gentillesse peu communes, un militant peu ordinaire.

    Sylvain Boulouque

    #Marzocchi #anarchisme #antifascisme #média #édition #anarchie

  • The Academic Year 2030/31: A Triptych Fantasy

    “Before we leave the library courtyard, notice the sculpture of the large, hovering open lock. It’s the universal icon of Open Access, evoking the idea that science only thrives when it’s shared. In reality, under rampant digital capitalism, many scholars gave control of their work to academic publishers like Chump, who then sold public universities access to their own staff’s research for an estimated $10 billion annually.

    https://americanethnologist.org/features/pandemic-diaries/post-covid-fantasies/the-academic-year-2030-31-a-triptych-fantasy
    #open_access #citation #édition_scientifique #université #science #partage

  • Maurice Born

    Daniel de Roulet

    https://lavoiedujaguar.net/Maurice-Born

    Il y a différentes manières d’évoquer un homme comme Maurice Born. On peut donner deux dates entre parenthèses et un trait d’union au milieu (1943-2020), calculer qu’il est mort le 9 juillet à soixante-seize ans et trouver une signification au trait d’union entre les deux dates. On peut parler de ce qu’il a fait, des films, des livres, des débats et même des maisons en dur.

    Mais il ne faut pas oublier Maurice en mouvement. Plus d’une fois, il a déménagé, s’est posé en nous jurant qu’il ne bougerait plus. Au bout d’un certain temps lui venait l’envie de repartir. Françoise, sa femme, me dit que si la maladie qui lui a rongé les poumons ne l’en avait pas empêché, il aurait peut-être une fois de plus décidé d’abandonner la Crète.

    Il a commencé sa vie à Saint-Imier où sa mère nous faisait d’excellentes tartines pour le goûter tandis que son père installait l’électricité dans les maisons et vendait des postes de radio. Quand on naît à Saint-Imier dans le Jura suisse à la fin de la Seconde Guerre mondiale, on est imprégné par la tradition horlogère et par la révolte qui en a fait partie. Dès le début, les horlogers, travailleurs indépendants, refusaient les transformations qu’apportaient les manufactures. D’où, à la fin du XIXe siècle, le développement des idées anarchistes dans tout le Vallon. (...)

    #Maurice_Born #biographie #Daniel_de_Roulet #Jura #Saint-Imier #Bakounine #anarchisme #Laborit #cinéma #Jean-Daniel_Pollet #Crète #lépreux #Istrati #Orwell #édition

  • Paris, 16.9.20, rencontre avec Paul Rocher à la Librairie Le Monte-en-l’air
    http://www.davduf.net/paris-16-9-20-rencontre-avec-paul-rocher-a-la

    David Dufresne et Paul Rocher à la Librairie Le Monte-en-l’air le 16 septembre La librairie Le Monte-en-l’air accueillera une discussion croisée entre David Dufresne et Paul Rocher, autour des ouvrages Gazer, mutiler, soumettre et Police, le mercredi 16 septembre à 19h30. Librairie Le Monte-en- l’air 2 rue de la mare 75020 Paris #Agenda

  • Influenceurs littéraires : vers une professionnalisation ?
    https://www.actualitte.com/article/monde-edition/influenceurs-litteraires-vers-une-professionnalisation/101333?origin=newsletter

    Souvent présentée comme une révolution, l’arrivée massive des influenceurs dans les processus de promotion du livre a désormais presque une décennie. Avec le temps, les usages des blogueurs bookstagrammeur et booktubeur se sont codifiés, des réseaux se sont créés et des partenariats durables ont été mis en place avec les maisons. Mais alors qu’en 2019 la rémunération des influenceurs sur Instagram atteint de nouveaux sommets, le travail des chroniqueurs numériques, dans leur immense majorité, reste bénévole. Les influenceurs littéraires pourront-ils un jour prétendre à une professionnalisation ?

    Aujourd’hui la majorité des influenceurs littéraire se retrouvent sur Instagram, leur compte servant pour beaucoup de vitrine à leur ancien blog. Les chroniqueurs 2.0 ont su trouver leur place, proposant leurs contenus à un public différent de celui auquel s’adressent les journalistes professionnels. Ces prescripteurs numériques savent animer une rencontre auteur, monter et partager des vidéos, gérer une communauté parfois importante et faire découvrir des ouvrages à travers des formats propres aux réseaux. Pour la plupart, le temps passé à lire et à travailler leur contenu s’ajoute à des études ou à une profession plus traditionnelle. Enfin, un certain nombre d’entre eux sont en relation avec plusieurs éditeurs et affirment recevoir des pressions pour rendre des chroniques en temps et en heure.

    Entre ces compétences acquises et les exigences de certaines maisons, il ne semble pas complètement aberrant de parler travail pour qualifier l’activité de ces créateurs de contenus. Et tout travail mérite salaire.

    #Influenceurs #Edition

  • Édito n°62 - Tousse enssemble, tousse enssemble, grève générale.
    https://labrique.net/index.php/thematiques/editos/1153-edito-n-62-tousse-enssemble-tousse-enssemble-greve-generale

    Le programme de cette année semblait plié. On allait manifester contre la réforme des retraites, (ou du chômage au choix), le gouvernement aurait envoyé ses chiens pour nous en mettre plein la tronche, c’était reparti jusqu’à la réforme suivante. C’est alors qu’un pangolin et une chauve souris se croisent et mettent le monde entier en PLS.

    #En_vedette #Éditos

  • Try Beta — Fluently — Write fluently in any language
    https://fluently.so/trybeta

    Échanger par mail dans sa langue natale est plutôt évident. Cependant, lorsqu’il faut communiquer avec des personnes parlant une autre langue, ou encore traduire un document dans une autre langue, la tâche peut se compliquer. Il existe aujourd’hui, différents outils permettant de traduire dans de multiples langues, comme Google Traduction ou encore Deepl.

    Fluently est l’un des derniers outils, fraîchement débarqué sur le marché. Fluently est un éditeur de texte en ligne, avec un traducteur multilingue et un dictionnaire. Un outil complet regroupant toutes les fonctionnalités nécessaires pour créer un document dans une langue étrangère tout en écrivant dans sa langue maternelle. Fluently évite ainsi de passer par plusieurs outils pour traduire, corriger ou encore rechercher des traducteurs expérimentés.

    #éditeur #texte

  • The #Sci-hub Effect: Sci-hub downloads lead to more article citations
    https://arxiv.org/abs/2006.14979v2

    Citations are often used as a metric of the impact of scientific publications. Here, we examine how the number of downloads from Sci-hub as well as various characteristics of publications and their authors predicts future citations. Using data from 12 leading journals in economics, consumer research, neuroscience, and multidisciplinary research, we found that articles downloaded from Sci-hub were cited 1.72 times more than papers not downloaded from Sci-hub and that the number of downloads from Sci-hub was a robust predictor of future citations. Among other characteristics of publications, the number of figures in a manuscript consistently predicts its future citations. The results suggest that limited access to publications may limit some scientific research from achieving its full impact.

  • The Lancet Editor’s Wild Ride Through the Coronavirus Pandemic | The New Yorker
    https://www.newyorker.com/news/letter-from-the-uk/the-lancet-editors-wild-ride-through-the-coronavirus-pandemic

    I spoke to Horton on Zoom at his home, in Muswell Hill, in North London, where he has been since March 23rd, when Johnson announced Britain’s lockdown. Because of his health, Horton has scarcely left the property. He sat at a garden table, wearing a dark T-shirt, in the shade of a deep-red umbrella. The leaves of a large bush framed an empty summer sky. I asked Horton to describe editing The Lancet during the pandemic. “We’ve been deluged with research papers and communications from all over the world,” he said. Submissions to the journal are currently running at four or five times the usual rate; Horton and the editorial team reject about ninety-five per cent of them. “My constant anxiety is, Have we let something go that could be really important?” he said. “I don’t think I’ve ever been in a situation where so much knowledge has been produced in such a short space of time.” He and the journal have struggled to cope. “I don’t think we’ve had the capacity easily to deal with it, and that has stretched all of us,” Horton said. “Inevitably, in moments like that, you get very, very anxious about mistakes.”

    On May 22nd, The Lancet published a striking paper about hydroxychloroquine, the antimalarial drug touted, and taken, by President Trump, as a potential treatment for COVID-19. Unlike other studies, which had merely questioned the drug’s effectiveness, The Lancet article claimed that the use of hydroxychloroquine carried a greater risk of heart arrhythmia and death. The paper’s stark conclusions and huge sample size—it purported to use data from 96,032 patients on six continents—halted hydroxychloroquine trials around the world. But, within days, reporters and public-health experts noticed anomalies in the study’s data set, which was provided by Surgisphere, a small tech company outside Chicago. Surgisphere supplied almost real-time “cloud-based health-care data” from 4,402 COVID-19 patients in Africa, which other researchers found improbable. It overstated the number of deaths from the disease in Australia. Thirteen days after the paper was published, The Lancet retracted it. An hour later, The New England Journal of Medicine, the world’s other preëminent medical journal, also retracted a COVID-19 study that relied on Surgisphere data.

    Horton described the episode as “a monumental fraud.” (On June 3rd, Sapan Desai, the chief executive of Surgisphere, told the Guardian that there was “a fundamental misunderstanding about what our system is and how it works.”) Horton said that something like this happens every few years. “In some ways, this is normal science,” he said. “Science is not immune to having bad people. There are bad people in society, and there are bad people in science. Science is very vulnerable to deceit. . . . When somebody submits a paper to The Lancet, the first thing I think is not, Do I need to consider research misconduct?” He acknowledged the political appeal of the hydroxychloroquine study, in light of Trump’s remarks. “It certainly excited our editors and peer reviewers about the possibility of answering that question,” Horton said. “And we all made a collective error, and that collective mistake was to believe what we were being told.”

    Over the years, Horton’s politics have come to be expressed in studies that The Lancet has chosen to publish. He told me that he chose to make “reparations” for the Wakefield paper with a focus on child and adolescent health. Last year, Horton received the Roux Prize, an award that comes with a hundred thousand dollars, for his contributions to population health.

    But there have been plenty of scrapes. In 2006, three weeks before the U.S. midterm elections, The Lancet published a paper claiming that there had been six hundred and fifty thousand excess deaths as a result of the invasion of Iraq, a much higher figure than most estimates. Horton has been a severe critic of Israel. In 2014, he printed “An Open Letter for the People of Gaza,” signed by twenty-nine Palestinian doctors and scientists, which was widely seen as simplistic and one-sided. Horton backs the environmental movement Extinction Rebellion, which stages acts of civil disobedience around the world. In February, quoting extensively from President Trump’s State of the Union address, Horton launched Lancet Migration, a project to improve the health of migrants and oppose the rise of populism, “which is fuelling racism, xenophobia, and hate.” There can be an all-encompassing quality to Horton’s activism. He questions the business of scientific publishing itself, including the all-important “impact factor,” which preserves the dominance of journals such as his own. “We aid and abet the worst behaviours,” Horton wrote in a Lancet editorial, in 2015. “Our love of ‘significance’ pollutes the literature with many a statistical fairy-tale. We reject important confirmations.”

    During the pandemic, Horton has sought to merge almost entirely the scientific mission of The Lancet with a political purpose, while allowing each side to proceed by a different method. “One part of that story, we’re trying to deal with it in as objective a way as possible, and make judgments only about the science,” he told me. “But, at the same time, we’re trying to constantly assess and arrive at some preliminary conclusion or verdict about the political response. And that is obviously not objective. That is clearly political and requires a subjective and often deeply emotional response.”

    #Covid #The_Lancet #Richard_Horton

  • Recensement des ressources en lignes gratuites mises en ligne par les éditeurs pendant la crise de la Covid-19
    https://www.couperin.org/site-content/261-a-la-une/1413-covid19-recensement-des-facilites-offertes-par-les-editeurs-du-fait-d

    Nous souhaitons pouvoir relayer les initiatives des éditeurs pour aider le monde académique, et la population en général, à faire face aux conséquences de la crise sanitaire actuelle. Ce recueil d’initiatives peut également avoir un caractère incitatif auprès d’autres éditeurs.

    Le reccueil est mis à jour régulièrement à partir des informations communiquées par nos correspondants (fournisseurs, négociateurs, autres...)

    #covid_19 #édition #libre

  • #Coronavirus : les grandes revues scientifiques à l’heure des comptes

    La crise du Covid-19 ébranle l’édition spécialisée, peut-être suffisamment pour faire bouger un secteur lucratif mais très critiqué depuis plusieurs années.

    A l’image du #Lancet, les #revues_scientifiques ont été mises sous pression par la pandémie de Covid-19. Celles-ci ont dû très vite rendre leur contenu gratuitement accessible. Elles ont également été contraintes d’accélérer leur processus de relecture face à l’essor des serveurs de « preprints » (prépublications) permettant aux chercheurs de publier en ligne leurs résultats sans passer par la sélection qu’opèrent les revues. La crise va-t-elle entraîner une refonte du modèle ?

    L’évaluation par les pairs, un système faillible et ardu

    Si les grandes revues scientifiques jouent un rôle prépondérant dans la carrière des chercheurs, elles ne sont ni infaillibles ni philanthropiques. Les articles sont écrits et revus par des chercheurs. C’est le dispositif de l’évaluation par les pairs - en anglais peer-review - qui contrairement à ce qu’on pourrait croire, « n’est pas fait pour détecter la fraude. Il est tout à fait normal que ça ne la détecte pas », rappelle le sociologue des sciences, Didier Torny. Souvent présenté comme le garant absolu du sérieux scientifique, l’évaluation par les pairs n’est pas exempte de failles. Les relecteurs sont comme les profs, il y en a de plus sévères que d’autres, et l’éditeur le sait. Le nombre de publications augmentant, les demandes de relectures sont de plus en plus fréquentes et il devient difficile de trouver des candidats. « Historiquement, pour trouver deux "reviewers", il fallait demander à quatre personnes, maintenant c’est plutôt huit », explique Vincent Larivière, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les transformations de la communication savante. Certaines revues demandent même aux auteurs de suggérer eux-mêmes les relecteurs potentiels de leur article.
    Le juteux business des abonnements

    L’éditeur ne paie ni les auteurs ni les relecteurs de ses articles. Mais il fait payer au monde entier, et très cher, l’accès à ses revues. Hors abonnement, il faut débourser 31,50 dollars (28 euros) pour lire un article du Lancet. Les universités sont abonnées et le marché est énorme. Selon l’Association internationale des éditeurs scientifiques, techniques et médicaux, leur marché s’élevait en 2017 à 25,7 milliards de dollars (près de 23 milliards d’euros). « Avant l’ère numérique, on s’abonnait individuellement à chaque revue. Avec l’arrivée du Web, les éditeurs nous ont proposé, pour le même prix, de nous donner l’accès à l’ensemble de leurs revues. On est passés de 12 à 1 200 revues. Les chercheurs se sont habitués à disposer de ces accès et on s’est retrouvés complètement captifs des éditeurs, qui en ont profité pour faire monter les prix », retrace Christine Ollendorff, directrice de la documentation aux Arts et Métiers.

    Par exemple, la France paie plus de 30 millions d’euros par an à #Elsevier, le principal éditeur, pour l’accès à ses revues, dont The Lancet. « La logique concurrentielle entre les éditeurs entraîne une course à la diffusion. La logique économique peut alors prévaloir sur la logique scientifique », note Mathias Bernard, président de l’université Clermont Auvergne. Depuis une dizaine d’années, une partie de la communauté scientifique en a marre de se faire plumer.
    La remise en question du modèle dominant

    Certains se désabonnent pendant plus ou moins longtemps pour faire baisser les coûts. Pas plus tard que la semaine dernière, le prestigieux MIT annonçait rompre les négociations avec Elsevier. En France, Mathias Bernard est entré dans la démarche. « Nous sommes sortis du big deal de #Wiley en janvier 2017 et de #Springer_Nature en avril 2018. A la place, nous sommes revenus à un système d’abonnement titre à titre. Résultat, nous économisons 150 000 euros par an, soit 10 % de notre budget d’acquisition documentaire. Nous pouvons réinvestir cette somme pour soutenir une politique d’édition scientifique en accès libre », détaille-t-il. Ce type d’attitude est aussi permis par l’émergence en 2011 du site pirate Sci-Hub, qui propose une grande partie de ses articles en libre accès, et très facilement. Comme les plateformes de téléchargement illégal de films des années 2000, Sci-Hub fournit un service moderne et très utilisé, là où les éditeurs s’accrochent à leur service plus cher et moins performant.

    Enfin, les Etats financeurs poussent pour le principe d’une science ouverte. Le concept est de rendre librement accessible, à plus ou moins court terme, les résultats des travaux qu’ils ont financés. Des revues ouvertes se sont lancées. Les principaux éditeurs ont réagi en proposant aux chercheurs de ne plus payer pour lire les revues, mais pour y publier des articles. De plus en plus, l’édition scientifique semble échapper à l’oligopole des cinq grands éditeurs. « Les publications en sciences ouvertes dépassent 50 % des articles aujourd’hui. D’ici sept à huit ans, je pense que les revues sur abonnement n’auront plus aucun intérêt. Déjà aujourd’hui, je me pose la question chaque année de leur pertinence au vu de leur coût », témoigne Christine Ollendorff. Selon Vincent Larivière, « la proportion des articles les plus cités publiés par les grandes revues diminue ». En clair, lire les revues les plus connues n’est plus un gage de ne rater aucun résultat important. Les articles vivent leur vie en ligne indépendamment de leur revue d’origine.

    Alors, le monde d’après la crise du Covid-19 sera-t-il différent pour la recherche ? Certains l’espèrent, mais Didier Torny en doute : « #The_Lancet va se remettre de cette affaire, il s’est bien remis de l’affaire Wakefield », du nom de ce scientifique ayant publié dans ses pages un article frauduleux retiré douze ans plus tard, faisant un lien entre un vaccin et l’autisme. De même, l’essor des preprints n’est pas nécessairement un mal pour les éditeurs privés. « Cela existe depuis plus de vingt ans en physique et en économie, sans que cela n’ait changé ni les revues qui comptent ni l’économie des revues », note le sociologue. Si changement il doit y avoir, il ne sera donc pas automatique : il faudra que les communautés de chaque discipline le mettent en place.

    https://www.liberation.fr/futurs/2020/06/15/coronavirus-les-grandes-revues-scientifiques-a-l-heure-des-comptes_179133
    #recherche #édition_scientifique

    #covid-19

  • Covid-19 : le « Lancetgate » révèle des failles de l’édition scientifique
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/06/15/covid-19-le-lancetgate-revele-des-failles-de-l-edition-scientifique_6042946_

    Comment une petite société américaine est parvenue à accéder à un des plus grands journaux médicaux, et à travers lui, à infléchir la politique sanitaire d’un pays comme la France.

    Quelle sera la place de Sapan Desai au panthéon de l’inconduite scientifique ? Devra-t-on le classer au rayon des fraudeurs patentés, ou plutôt à celui des arrivistes aux données frelatées ? Ce médecin et entrepreneur américain, fondateur d’une obscure société, Surgisphere, est en tout cas parvenu, en quelques semaines, à cosigner des études sur le Covid-19 dans deux des plus prestigieuses revues médicales – le New England Journal of Medecine (NEJM) puis The Lancet – fondées sur des données de santé qu’il dit avoir collectées auprès d’hôpitaux du monde entier. Et ainsi à infléchir la politique sanitaire d’un pays comme la France – qui a abrogé l’usage de l’hydroxychloroquine contre le nouveau coronavirus –, et à faire suspendre des essais cliniques internationaux sur cette molécule, au plus fort d’une pandémie mondiale. Avant de choir de ce piédestal, ses données mises en cause, sa réputation en pièces et ses articles rétractés.

    Cette ascension et cette chute-éclairs mettent à nu certains des ressorts intimes de la recherche et interrogent sur la faillibilité du contrôle qualité dans la diffusion de la production scientifique, à la fois bien public et secteur économique hyperconcurrentiel. D’autant que s’ajoute à cette fable du « Lancetgate » un ingrédient, l’hydroxychloroquine, qui hystérise tout ce qu’elle touche.

    Sapan Desai, l’insaisissable
    Qui donc est Sapan Desai ? Insaisissable, le personnage nettoie aujourd’hui sa légende sur les réseaux sociaux et les sites Internet – celui de sa société Surgisphere est désormais suspendu –, comme pour cacher ses frasques et brouiller les pistes. Il n’a pas répondu à nos sollicitations. Agé de 41 ans, il est diplômé de médecine de […]

    #paywall

    • [...] Agé de 41 ans, il est diplômé de médecine de l’université de l’Illinois en 2006. L’année suivante, alors qu’il se spécialise en chirurgie vasculaire à l’université Duke, il crée Surgisphere, une société destinée à diffuser des manuels médicaux. En 2010, il fonde le Journal of Surgical Radiology, dont la parution cesse en 2013, alors même qu’il revendique 50 000 abonnés et près d’un million de pages vues par mois – « ce qui l’aurait placé dans l’élite de l’édition universitaire », ironise la revue Science. Le médecin, qui a passé un MBA en gestion de la santé à Salt Lake City, se serait alors réorienté vers la gestion de données hospitalières.

      Voici comment il se présente à travers la plate-forme Crunchbase : « Il est le visionnaire derrière QuartzClinical, une plate-forme d’analyse des données de santé basée sur le cloud qui aide les hôpitaux à repenser leur mode de fonctionnement. (…) Le docteur Desai aime former d’autres professionnels par l’intermédiaire de ClinicalReview, la filiale d’enseignement médical de Surgisphere et l’un des plus grands portails d’enseignement médical en ligne du monde. »

      La réalité cernée par les limiers de la presse anglo-saxonne et des réseaux sociaux est moins reluisante. The Scientist a ainsi relevé que certaines des distinctions dont se prévaut le chirurgien sont moins prestigieuses qu’il n’y paraît, que des médecins cités comme ayant plébiscité en ligne ses revues ont demandé que ces recensions soient effacées, car ils ne les avaient jamais écrites. Desai fait l’objet dans l’Illinois de plusieurs plaintes concernant sa pratique médicale – poursuites qu’il juge « infondées », indique The Scientist . Il a tenté une levée de fonds qui a tourné court pour la mise au point d’un système de stimulation cérébrale. Remontant plus encore dans le temps, la biologiste Elisabeth Bik, qui s’est spécialisée dans la détection de la fraude scientifique, a relevé des duplications d’images suspectes dans sa thèse de médecine.

      Sa société Surgisphere suscite bien des questions. Basée au domicile de Desai, elle revendiquait il y a peu une dizaine de salariés – l’un décédé, certains au CV peu en rapport avec l’activité de la société. Des « détectives » en ligne se sont particulièrement intéressés à la directrice des ventes, s’interrogeant sur son éventuel passé de modèle à Las Vegas ou d’actrice de films X… La société d’édition scientifique Elsevier a décidé de réexaminer l’ensemble des articles impliquant Surgisphere.

      L’intermédiaire et la caution intellectuelle

      A ce stade, il convient de présenter un autre protagoniste, Amit Patel, coauteur des articles désormais rétractés du NEJM et du Lancet . « Par mariage », dit-il, il fait partie des relations familiales de Sapan Desai. Chirurgien cardiaque, il était jusqu’à il y a peu rattaché à l’université de l’Utah, liens aujourd’hui rompus, indique celle-ci. La revue Science a noté que sur les 100 publications scientifiques listées sous son profil dans cette université, les deux tiers renvoient à des travaux signés par des homonymes. Il a fondé et collabore avec des sociétés commercialisant des traitements à base de cellules souches présumés lutter contre des problèmes cardiaques, le vieillissement ou les défaillances sexuelles. Les études cliniques vantant ces traitements semblent s’être arrêtées à des stades très préliminaires, constate aussi Science.

      Avant d’adopter le mutisme face aux questions de la presse, Amit Patel a indiqué sur Twitter avoir servi d’intermédiaire entre Desai et le troisième personnage central du « Lancetgate », Mandeep Mehra. Médecin formé en Inde, ce spécialiste respecté des transplantations cardiaques s’est hissé jusqu’à un des sommets de la médecine américaine, la Harvard Medical School. Son CV sans tache a sans doute retenu l’attention des éditeurs du NEJM et du Lancet quand il leur a soumis, avec Patel, Desai, et d’autres coauteurs, des manuscrits où la puissance des données fournies par Surgisphere était mise au service d’une cause urgente, la lutte contre le Covid-19. Il est le seul du trio à avoir fait montre de contrition : « Dans mon espoir de contribuer à cette recherche à une époque où les besoins sont grands, je n’ai pas fait assez pour m’assurer que la source de données était appropriée pour cet usage, fait-il savoir dans un communiqué. Pour cela, et pour toutes les perturbations – directes et indirectes – je suis vraiment désolé. »

      L’échantillon de Surgisphere impressionne

      Reprenons la chronologie de ces publications. La collaboration du trio s’est d’abord manifestée à travers une étude publiée en preprint, c’est-à-dire pas encore endossée par une revue scientifique. Mise en ligne en avril (et aujourd’hui retirée du site qui l’hébergeait), elle suggérait qu’un antiparasitaire, l’ivermectine, pourrait être efficace contre le SARS-CoV-2, en se fondant sur les dossiers médicaux de 68 000 patients de 169 hôpitaux dans le monde – un registre fourni par Surgisphere. Cette étude observationnelle avait conduit plusieurs pays, notamment en Amérique du Sud, à adopter ce traitement. Certains s’étaient cependant interrogés sur la méthodologie – l’épidémiologiste Dominique Costagliola (Sorbonne Université, Inserm) a qualifié l’article de « nul ».

      Ce n’était qu’un début. Le 1er mai, le New England Journal of Medicine publie une nouvelle étude associant le trio à d’autres chercheurs, montrant que la prise d’antihypertenseurs ne modifiait pas la mortalité chez les patients atteints de Covid-19. Cet article était accompagné de deux études allant dans le même sens publiées simultanément dans le NEJM. Fondé là aussi sur un registre de données de Surgisphere puisées auprès de 169 hôpitaux dans 11 pays, ce travail passe alors peu ou prou sous les radars.

      Le 22 mai, en revanche, quand The Lancet publie une étude signée de ces trois coauteurs et d’un chercheur suisse, l’attention des médias et des réseaux sociaux est immédiate. Mandeep Mehra et ses collègues constatent en effet que parmi des patients hospitalisés pour Covid-19, la mortalité et les arythmies cardiaques sont sensiblement augmentées chez ceux prenant de la chloroquine ou l’hydroxychloroquine, associée ou non à des antibiotiques comme l’azithromycine. Publiée après plusieurs études relevant l’inefficacité de la molécule vantée aux Etats-Unis par le président Trump sur la foi d’observations mises en avant par l’infectiologue Didier Raoult, ce nouveau résultat est repris par de nombreux journaux. Même s’il ne s’agit pas d’un essai contrôlé randomisé, qui apporte de meilleures garanties que cette étude de registre rétrospective, la taille de l’échantillon impressionne : 96 000 patients, 671 hôpitaux, toujours tirés des bases de données de Surgisphere.

      Les incohérences rapidement pointées

      Mais dès le lendemain, des voix se font entendre pour pointer des incohérences méthodologiques. En France, l’ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy, qui siège au conseil d’administration de l’IHU dirigé par Didier Raoult, met en doute le sérieux de l’étude. Une confusion de sa part fait penser qu’il l’a peut-être lue trop hâtivement. Didier Raoult ne tarde pas à qualifier l’étude de « foireuse ». Mais on s’interroge sur son parti pris : quelques jours plus tôt, n’a-t-il pas qualifié de « très bonne » une étude favorable à l’hydroxychloroquine conduite à l’hôpital de Garches, dont le preprint sera ensuite retiré à la demande de coauteurs ?

      Le cercle des critiques ne se réduit pas aux soutiens inconditionnels de l’hydroxychloroquine. Une lettre ouverte lancée par l’épidémiologiste James Watson, rattaché à Oxford, rassemble bientôt près de 200 signataires, qui soulèvent une dizaine de questions méthodologiques, mais aussi éthiques. Ils ne se contenteront pas d’un erratum du Lancet , qui admet une erreur de codage ayant fait passer des morts asiatiques pour australiens et publie un nouveau tableau de chiffres – rectification qui valide les interrogations de Philippe Douste-Blazy.

      Mais les critiques vont en fait bien au-delà, et l’impensable commence alors à être envisagé : se pourrait-il que le jeu de données fourni par Surgisphere ne soit qu’un mirage sorti du cloud ? Les experts mandatés par Mandeep Mehra pour auditer les données ne pourront jamais les voir. Surgisphere fait valoir la force des accords de confidentialité le liant aux hôpitaux qui interdiraient de donner accès à des tiers. Face à cette impossibilité matérielle de valider les données, Mehra, Patel et Frank Ruschitzka (hôpital universitaire de Zurich) demandent le retrait de l’article du Lancet – sans Sapan Desai. La revue britannique annonce la rétractation le 4 juin. Deux heures plus tard, le NEJM fait de même.

      Les turpitudes d’un modèle honni

      Que s’est-il passé ? Comment une petite société inconnue quelques semaines plus tôt a-t-elle pu publier des données invérifiables dans deux grandes revues médicales réputées impitoyables dans la sélection des manuscrits ?

      Le NEJM renvoie une part de la responsabilité aux reviewers, ces scientifiques, relecteurs bénévoles, qui épluchent les articles à la demande des revues et sont essentiels au contrôle qualité de l’édition scientifique. Mais aussi aux auteurs eux-mêmes : « Dans l’article, ils ont indiqué que tous se portaient garants de l’exactitude et de l’exhaustivité des données. » Le NEJM rappelle qu’il publie 200 articles de recherche par an, qu’il n’a rétracté que 18 articles au cours des vingt dernières années. Ce dernier cas est qualifié d’« aberrant ». « Cependant (…), nous sommes en train de revoir nos procédures, y compris la manière dont nous évaluons les recherches analysant de grands ensembles de données provenant de dossiers médicaux électroniques », nous a indiqué le journal médical.

      Richard Horton, rédacteur en chef du Lancet, expliquait dans un Tweet juste avant l’affaire que, même face à l’urgence du Covid, les procédures d’évaluation des manuscrits restaient aussi rigoureuses qu’auparavant. Au moment de boucler notre article, il ne souhaitait pas s’exprimer avant d’avoir démêlé comment avait pu se produire cette « fraude monumentale », comme il l’a qualifiée selon New York Times. Suprême ironie, Sapan Desai, qui avait écrit en 2013 un article dénonçant la fraude dans le secteur médical, avait volé au secours de l’intégrité des procédures du Lancet, le 20 mai, sur Twitter, deux jours avant la publication de son article…

      Dans le milieu de l’édition scientifique, ceux qui tentent de faire émerger ces dernières années des modèles ouverts prônant le libre accès aux publications scientifiques et un partage des données voient dans le « Lancetgate » un concentré des turpitudes d’un modèle commercial honni – Elsevier, propriétaire du Lancet et de 2 500 revues, dégageait en 2018 un bénéfice de 1 milliard d’euros, avec une marge de 35 %… Ces « machines à cash » sont accusées de faire passer le profit devant la qualité scientifique.

      « Le système ne fonctionne pas »

      Face à l’afflux d’études engendrées par la crise du Covid-19, certains grands acteurs, comme Nature, ont pris les devants en autorisant, voire encourageant, la prépublication des articles qui leur sont soumis : ce sont autant de relecteurs qui peuvent relever à l’avance les faiblesses d’un manuscrit et éviter des « sorties de route » dommageables.

      « Le système de prépublication a certes du bon, mais je suis terriblement gênée que ces résultats soient d’abord diffusés dans les médias, sur les réseaux sociaux, avant toute évaluation scientifique, commente la biologiste Françoise Barré-Sinoussi (Prix Nobel 1988), qui préside l’un des comités Covid mis en place par le gouvernement. Cela me préoccupe. » Pour elle, des accidents comme celui arrivé au Lancet, « ce n’est pas si étonnant que cela en période de crise, dans des situations d’urgence comme celle-ci ».

      Pour certains observateurs, le mal est bien plus profond. « Ce genre de choses arrive souvent et nous devons arrêter de traiter chacune de ces histoires comme surprenante, estime le médecin et journaliste Ivan Oransky, fondateur du site Retraction Watch, spécialisé dans l’étude des dysfontionnements de l’édition scientifique. Le système ne fonctionne pas. » Et d’énumérer l’absence de transparence sur les reviewers et leurs revues, sur les données, la faiblesse des contrôles statistiques… « Il est clair que sur les 1 500 articles rétractés chaque année – dont les deux tiers pour mauvaise conduite –, il y a de nombreux problèmes liés aux données. »

      Selon Ivan Oransky, la crise engendrée par le SARS-CoV-2 n’a été qu’un révélateur : « Il n’y a pas tant d’experts du Covid que ça dans le monde. Comment peut-on imaginer qu’ils aient pu relire les 47 000 articles déjà publiés sur le sujet ? On demande donc à des chercheurs qui ne sont pas spécialisés. Mais ça arrive aussi en temps normal. » Pour lui, le système marque aussi trop de révérence envers les mandarins de la science. « Nous croyons trop, nous ne vérifions pas assez, c’est ce que cet épisode doit nous enseigner. » Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie à l’université Versailles-Saint-Quentin, confirme : « En ce moment, les éditeurs demandent d’évaluer des articles en quarante-huit heures et harcèlent les relecteurs avec plein de messages. Une fois notre avis rendu, on n’a aucune nouvelle, notamment des auteurs à qui l’on demande des précisions », regrette-t-il.

      Bernd Pulverer, éditeur en chef de The EMBO Journal , estime qu’un travail de vérification plus scrupuleux des reviewers du Lancet aurait pu leur mettre la puce à l’oreille, mais que les auteurs restent les premiers garants de la qualité de leurs données. « Pour les données cliniques, l’accès peut être compliqué pour des raisons de protection des patients. Elles ne sont souvent disponibles que sous une forme agrégée, anonymisée, rappelle-t-il. Cependant dans l’article du Lancet, il n’y a aucun accès aux données sources, seulement des tableaux avec des résumés. » Pour lui, la transparence « est au cœur de l’autorégulation scientifique ». Mais au-delà, « les journaux scientifiques doivent ouvrir la boîte noire du processus éditorial à l’examen du public ! »

      Les pouvoirs publics trop rapides ?

      Une dimension frappante du « Lancetgate », c’est aussi la rapidité avec laquelle les pouvoirs publics ont réagi à la publication du Lancet. Dès le lendemain, le ministère de la santé français saisissait le Haut Conseil de santé publique pour avis. Le HCSP a honoré la commande, rendant en un peu plus de vingt-quatre heures un rapport de 28 pages qui allait conduire à l’arrêt de l’utilisation de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19, décrétée le 27 mai. « The Lancet est une revue avec une bonne image, les auteurs stipulaient que leurs données étaient vérifiées, le papier avait été validé par les relecteurs et ses résultats étaient plausibles », justifie le virologue Bruno Lina, membre du groupe de travail consulté. « L’avis du HCSP s’est fondé sur le principe primum non nocere, d’abord ne pas nuire, avec en en arrière-plan l’idée de ne pas reproduire l’affaire du Mediator », résume-t-il. Ce groupe de travail aurait-il discerné les faiblesses de l’étude s’il avait eu plus de temps ? Le président du HCSP, Franck Chauvin, ne souhaite pas commenter, rappelant que « la publication du Lancet n’était qu’une des études prises en compte ».

      Interrogé le 9 juin au Sénat sur la rétractation de l’étude, le ministre de la santé a qualifié l’épisode de « regrettable », et de « douteuse » la qualité méthodologique de l’article. « Cela ne veut pas dire que le traitement en question ait fait montre de son efficacité dans des essais cliniques », a rappelé Olivier Véran, constatant que « le temps scientifique n’est pas le temps politique ».

      Le contrôle a posteriori qui caractérise la démarche scientifique, par la reproduction (ou non) indépendante des résultats et l’accumulation des preuves, montre ici ses limites en temps de crise, quand des décisions doivent être prises dans l’urgence, sous la pression des circonstances et des médias…

      Grand flou autour des données

      Reste le cœur du mystère Surgisphere. Ses données existent-elles vraiment, ou ont-elles été inventées ? Lu Chen, bio-informaticien aux National Institutes of Health américains, a été un des premiers à tirer la sonnette d’alarme à propos de la qualité de l’étude du Lancet. « Mais je crois toujours que la base de données entière existe, dit-il. J’ai enquêté sur le code source de l’outil de notation de la gravité du Covid [proposé en ligne par Surgisphere]. (…) Je ne crois pas que quiconque soit prêt à “inventer” ce modèle à partir de zéro ou en utilisant des données synthétiques. Mais il existe une zone grise entre l’existence et la qualité. »

      D’où ces données proviendraient-elles ? Plusieurs hôpitaux cités comme partenaires par Surgisphere ont nié lui avoir confié les dossiers médicaux numériques de leurs patients. Pour Nozha Boujemaa, spécialiste de l’intelligence artificielle appliquée à la médecine (Median Technologies) et contributrice du cahier « Science & médecine », il est tout à fait possible que Surgisphere ne soit qu’un intermédiaire, « une vitrine marketing », traitant des données aspirées par d’autres « en contrebande » dans les registres électroniques des hôpitaux. « Ce type de société existe. Elles proposent des logiciels gratuits, parfois directement intégrés aux systèmes d’imagerie. » Une façon commode de s’affranchir du parcours d’obstacle réglementaire pour accéder à des données sensibles – « c’est le même principe qu’avec la gratuité des services proposés par les géants du numérique », rappelle-t-elle. Mais la qualité de l’analyse clinique s’en ressent, illustrant l’adage garbage in, garbage out (quand on entre des ordures dans le système, il en sort des ordures).

      Mahmoud Zureik partage le même soupçon : « Je ne pense pas que ces données aient été inventées. Un fraudeur aurait pu faire mieux que ce qui a été publié » estime le chercheur. Il dit avoir déjà décliné des propositions de sociétés de service « qui aspirent ainsi des données au profit des industries pharmaceutiques. La direction de l’hôpital peut très bien ignorer cette pratique. Cela expliquerait la qualité médiocre des données et leur absence de représentativité ».

      Pour Nozha Boujemaa, les recherches cliniques académiques vont devoir se soumettre aux mêmes exigences de traçabilité et d’intégrité des données que celles imposées aux entreprises pharmaceutiques par les « gendarmes du médicament » que sont la FDA américaine ou l’EMA européenne : « L’intérêt du “Lancetgate” est de révéler ces failles, il va falloir en tenir compte. »

      « Imaginer qu’on va pouvoir contrôler toutes les données sources est utopique », estime pour sa part le cardiologue et pharmacologue Christian Funck-Brentano (La Pitié-Salpêtrière), qui rappelle en outre pourquoi le système a pu se laisser abuser : « Le fondement de la pratique scientifique, c’est la confiance. » Dans un commentaire publié par The Lancet le même jour que l’article du trio, il avait pointé des observations « intrigantes », sans suspecter la qualité des données. Il est pour lui « très frustrant que ceux qui se sont posé des questions aient d’abord été les religieux de l’hydroxychloroquine » . Le blogueur allemand Leonid Schneider, décapant investigateur des turpitudes du monde de la recherche, s’interroge à ce propos : si Sapan Desai ne s’était pas mis sur le chemin de cette molécule au centre de toutes les polémiques, aurait-il été si vite rattrapé par la patrouille ? Bonne question.

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      « LancetGate » : chronologie d’un double accident éditorial

      Avril 2020 Une étude en preprint suggère que l’ivermectine, un médicament antiparasitaire, peut être utile dans la lutte contre le Covid-19. L’article est notamment cosigné par Amit Patel (Université de l’Utah), Mandeep Mehra (Harvard School of Medicine) et Sapan Desai, fondateur de la société Surgisphere, qui a fourni les données médicales.

      1er mai Le New England Journal of Medicine (NEJM) publie une étude cosignée par ces trois mêmes auteurs montrant que les personnes sous antihypertenseurs ne sont pas à risque accru de décéder du Covid-19.

      22 mai The Lancet publie une étude où l’on retrouve les trois mêmes coauteurs faisant état d’une mortalité et d’arythmies cardiaques accrues chez les patients hospitalisés pour Covid-19 et traités par chloroquine ou hydroxychloroquine, associées ou non à des antibiotiques comme l’azithromycine.

      23 mai 13h29 Le directeur général de la santé Jérôme Salomon saisit le Haut Conseil de santé publique (HCSP) pour avis sur l’usage de l’hydroxychloroquine dans le cadre du Covid-19. Sur BFM-TV, l’ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy émet des doutes sur la qualité de l’étude du Lancet. Le lendemain, le HCSP rend un avis négatif.

      25 mai L’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce la suspension provisoire de l’inclusion de patients sous hydroxychloroquine dans son essai clinique Solidarity, destiné à tester plusieurs traitements contre le Covid-19. Dans une vidéo diffusée par son institut marseillais, Didier Raoult qualifie l’étude du Lancet de « foireuse ».

      26 mai Mise en circulation d’une lettre ouverte adressée au Lancet et aux coauteurs de l’étude recensant de nombreuses questions méthodologiques.

      27 mai Le décret qui permettait l’utilisation de l’hydroxychloroquine pour lutter contre le Covid-19 est abrogé par un nouveau décret. Les essais cliniques français impliquant l’hydroxychloroquine sont suspendus.

      28 mai The Lancet apporte un correctif à l’article de Mehra et al., mais indique que ses conclusions restent inchangées. Sapan Desai annonce un audit indépendant sur ses données.

      2 juin The Lancet met en garde ses lecteurs (« expression of concern ») sur le fait que « d’importantes questions scientifiques ont été soulevées concernant les données rapportées dans l’article de Mandeep Mehra et ses coauteurs ».

      4 juin The Lancet et le NEJM annoncent la rétractation des articles impliquant les données de Surgisphere. L’OMS indique reprendre l’inclusion de patients sous hydroxychloroquine dans son essai Solidarity : l’examen des données n’a pas mis en évidence sa toxicité.

      #Surgisphere #discordance_des_temps #recherche #édition_scientifique #données #santé_publique

    • Le blogueur allemand Leonid Schneider, décapant investigateur des turpitudes du monde de la recherche, s’interroge à ce propos : si Sapan Desai ne s’était pas mis sur le chemin de cette molécule au centre de toutes les polémiques, aurait-il été si vite rattrapé par la patrouille ? Bonne question.

      #CQ #HCQ

    • L’absence de toute liste des hôpitaux participant à l’alimentation de la base de données de Surgisphere tant dans les annexes de l’article que sur le site de la société mettait déjà une grosse puce à l’oreille.

      Ça montre aussi l’absence de curiosité des 3 co-auteurs sur l’origine des données. Sapai : j’apporte les données, vous faites le reste.

      Ça montre surtout le caractère stratégique d’un projet de mutualisation des compte-rendus hospitaliers qui pourrait fournir cette mythique base de données pour études rétrospectives. De façon moins branquignolesque que Surgisphere et avec un financement public. OMS ?

      Mais peut-être est-ce une utopie. Tant l’idée de tout déverser dans un même entrepôt peut être séduisante, tant la réalisation pratique doit nécessiter un investissement colossal pour rendre tout ça compatible et comparable.

      Pour terminer, notons que tous ces systèmes informatisés issus des DSI sont d’abord conçus comme des systèmes de gestion à finalité comptable : ils sont les supports de la tarification à l’acte. Il s’agit donc d’utiliser les données collectées pour des fins de recherche clinique complètement extérieures au système de gestion.

      Éternel problème de l’utilisation des #données_administratives

  • Le site #Internet_Archive mis en danger par des poids lourds de l’édition

    Sous la pression d’une #plainte déposée devant un tribunal new-yorkais par quatre poids lourds de l’édition aux États-Unis, le site Internet Archive a décidé d’avancer de 15 jours la fermeture de sa #bibliothèque_d’urgence, créée en réponse à l’#épidémie de #coronavirus.

    Une infraction « massive et délibérée » au #droit_de_reproduction. C’est ce que quatre éditeurs, dont la filiale américaine du groupe #Hachette, reprochent au site Internet Archive, connu notamment pour son archivage du web mondial, la #Wayback_Machine, dans laquelle on peut retrouver des pages web disparues.

    Mais l’Internet Archive, c’est aussi une immense #médiathèque, riche de millions de #livres, #films, #images, jeux vidéo et documents sonores. Côté bibliothèque, son « but ultime » est de « mettre tous les travaux publiés de l’humanité à la disposition de tous dans le monde ». Chacun·e, à condition d’être inscrit·e, peut emprunter jusqu’à dix livres à la fois, pour une durée de quinze jours. Les livres sont prêtés sous la forme de fichiers pdf. Selon Internet Archive, 17 500 livres sont empruntés chaque jour.

    Comme dans une bibliothèque classique, un livre doit être disponible pour pouvoir être emprunté – une règle que le site a « concoctée de toutes pièces », lui reprochent les plaignants. Ce concept du « #prêt_numérique_contrôlé » autorise un prêt à la fois pour un livre numérisé donné. Soutenu par le Conseil des directeurs des bibliothèques d’État des États-Unis, il n’avait encore jamais été mis en cause devant les tribunaux.

    Ce qui a décidé les #maisons_d’édition à risquer un #procès pas gagné d’avance, c’est la #Bibliothèque_nationale_d’urgence mise en place à la fin du mois de mars par Internet Archive, pour répondre à la fermeture des écoles, bibliothèques et universités en raison du coronavirus, et donc à l’impossibilité d’aller y chercher des livres. Installé aux États-Unis, le site avait simplement décidé de « suspendre les listes d’attente […] pendant toute la durée de l’urgence nationale américaine » : c’est-à-dire qu’il n’y avait plus besoin qu’un livre (numérique) revienne pour être emprunté à nouveau. Plusieurs lecteurs pouvaient ainsi en bénéficier en même temps.

    Mercredi 10 juin, son fondateur, #Brewster_Kahle, a publié sur son blog un billet (https://blog.archive.org/2020/06/10/temporary-national-emergency-library-to-close-2-weeks-early-returning-) pour annoncer la fin prochaine du dispositif, avancée au 16 juin, espérant trouver avec les détenteurs de droits « un système qui marche ».

    Son initiative a été soutenue publiquement par des dizaines de bibliothèques et d’universités, ces institutions se revendiquant du principe du « #fair_use », qui autorise des dérogations aux droits de reproduction, particulièrement quand il s’agit d’enseignement, et selon les circonstances. C’est le cas, estime Brewster Kahle, de l’épidémie due au coronavirus.

    Au contraire, cette ouverture des portes numériques est intervenue, selon les éditeurs, au pire moment, celui-là « même où de nombreux auteurs, éditeurs et librairies indépendantes, sans parler des bibliothèques, luttent pour survivre ». Le risque pour Internet Archive est vital, la loi sur le #droit_d’auteur (#Copyright_Act) autorisant des #dommages_et_intérêts pouvant atteindre 150 000 dollars par œuvre en cas de violation délibérée. Si le site propose au prêt 1,3 million de livres, certains sont toutefois dans le #domaine_public.

    « La #gratuité est un concurrent indépassable », estiment les éditeurs dans leur plainte, rappelant l’argument le plus éculé de l’industrie musicale. Internet Archive « ne fait qu’exploiter les investissements que les éditeurs ont faits dans leurs livres », accusent-ils, et « au moyen d’un modèle économique conçu pour profiter librement du travail des autres ». La plainte s’acharne à démontrer que l’Internet Archive serait une entreprise commerciale vivant de la #numérisation des livres, un travail qu’elle effectue contre rémunération pour les bibliothèques. Urgence ou pas, elle demande la destruction de toutes les copies illégales.

    Avec les livres prêtés par l’Internet Archive, on est pourtant loin du mp3 recopié ou downloadé en clic. Brewster Kahle rappelle dans une lettre adressée le 10 avril à Thom Tillis, un sénateur républicain président de la Commission sur la #propriété_intellectuelle, réservé sur la légalité du procédé, que son organisation, sans but lucratif, est régulièrement reconnue comme bibliothèque par la Californie. Cela fait bientôt dix ans, dit-il, que les livres sont prêtés selon la règle « #un_lecteur_à_la_fois ». De plus, se défend le fondateur de la bibliothèque, « nos livres numériques sont protégés par les mêmes protections techniques que celles utilisées par les éditeurs pour garantir que les lecteurs n’ont accès à un livre que pendant les deux semaines de son prêt, et que des copies supplémentaires ne peuvent être faites ».

    Toujours à destination de l’élu républicain, il explique : « Vos électeurs ont payé pour des millions de livres auxquels ils n’ont pas accès actuellement » – 15 millions de livres bloqués derrière les portes fermées de 323 bibliothèques, rien qu’en Caroline du Nord, l’État du sénateur, a compté Brewster Kahle.

    Aux éditeurs, il fait remarquer que la bibliothèque d’urgence ne comporte aucun livre publié il y a moins de cinq ans ; 90 % des livres empruntés ont plus de dix ans, et deux tiers datent du XXe siècle. Quant aux auteurs qui ne voudraient pas que leurs livres soient ainsi prêtés, il leur suffit de le demander par mail, poursuit Kahle. Certains ont au contraire, affirme-t-il, demandé à figurer dans la bibliothèque numérique.

    Dès le 31 mars, la Guilde des auteurs avait mobilisé ses membres contre la bibliothèque d’urgence, parlant de « piratage pur et simple », et proposé un modèle de réclamation. Ce groupement d’auteurs avait déjà fait connaître son désaccord avec le prêt de livres numérisés selon le principe « un livre papier, une copie numérique » en janvier 2019. Le #Syndicat_national_des_auteurs (#National_Writers_Unions) a de son côté préféré entamer des discussions amiables avec Internet Archive et les défenseurs du prêt numérique contrôlé.

    L’Internet Archive est en effet, aux États-Unis, loin d’être la seule bibliothèque à pratiquer de la sorte. La pratique du prêt numérisé contrôlé est théorisée, défendue et pratiquée par de nombreux juristes et des bibliothèques universitaires ou locales, comme celles des villes de Los Angeles, San Francisco et Boston. Un livre imprimé peut être prêté : c’est le principe des bibliothèques. Il doit en être de même pour sa déclinaison à l’identique au format numérique, un exemplaire numérique prêté à une personne à la fois.

    En attendant la décision du tribunal new-yorkais, des internautes se posent à travers le monde la question d’archiver l’Internet Archive et ses téraoctets de documents.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/110620/le-site-internet-archive-mis-en-danger-par-des-poids-lourds-de-l-edition
    #open_access #confinement #édition_scientifique #recherche #justice