• LesInrocks - Aux origines de l’esprit de #Mai_68 : l’histoire tumultueuse de l’#Internationale_lettriste
    https://www.lesinrocks.com/2018/01/30/idees/aux-origines-de-lesprit-de-mai-68-lhistoire-tumultueuse-de-linternationa
    #debord #Internationale_situationniste

    En pleine commémoration des cinquante ans de Mai 68, cet ouvrage rappelle que le véritable terreau du mouvement des enragés était là. Maurice Rajsfus le consignait a posteriori dans Une enfance laïque et républicaine (1992) : “Un petit groupe en rupture avec Isidore Isou prit l’appellation d’Internationale lettriste. Comment imaginer alors que certaines de leurs réflexions annonçaient l’esprit de Mai 68, ainsi ce graffiti figurant sur un mur de la rue Mazarine, en 1953 : ‘Ne travaillez jamais’.”

    Répondant à “un impératif besoin de liberté”, ils échafaudent les bases d’une contre-culture à l’usage d’une génération qui ne se reconnaît ni dans le stalinisme, ni dans la bourgeoisie. Elle resurgira, moins marginale qu’on le croyait, en mars 1968 à Nanterre. “Oui. ‘Ne travaillez jamais’, c’était un mot d’ordre qui faisait absolument l’unanimité, et c’est l’un des premiers qui a réapparu à Nanterre en 68, remarque Jean-Michel Mension. Je me souviens d’un copain, René Leibé, [qui] avait des ongles de dix centimètres de long, pour bien prouver qu’il ne travaillait jamais. Guy aussi a réussi effectivement - je crois - à très peu travailler, et à maintenir toujours cette vie d’alcoolique permanent, de penseur alcoolisé, sans faille.”

    “On a effectivement renversé le monde de fond en comble en buvant parfois un litre, parfois deux”, “Guy a toujours bu d’une façon incroyable, il buvait du matin au soir par petits coups. Mais, tant que ça ne s’est pas vu, c’était très difficile de dire qu’il était alcoolique. Il était imbibé”. La ligne de crête est ténue.

    Un texte inédit rédigé par Serge Berna en 1950, dans la foulée du scandale de Notre-Dame, et reproduit dans La Tribu, éclaire peut-être de la manière la plus limpide l’esprit de mai en gestation : “C’est un besoin fou de vivre à pleines mains, à pleines dents, à plein sexe, qui nous a jetés à cette première attaque contre l’ensemble d’obsessions abrutissant l’homme actuel [...]. Le geste était nécessaire, si ce n’est que pour ce fait : tant y avaient rêvé sans jamais oser !”. Le plan de bataille n’était pas encore prêt. Mais, comme écrivait Marx, la révolution, cette vieille taupe besogneuse, “sait si bien travailler sous terre pour apparaître brusquement”...