Hantise de l’islam, jusqu’où oseront-ils aller ?
▻https://www.nouvelobs.com/politique/20230916.OBS78230/hantise-de-l-islam-jusqu-ou-oseront-ils-aller.html
Pour la première fois un responsable politique de haut niveau, #Edouard-Philippe, envisage expréssement un traitement différencié de l’islam. Dans cette tribune, une cinquantaine de personnalités (dont Bertrand Badie, Jean Baubérot, Annie Ernaux...) dénoncent cette dérive dangereuse
Dans son dernier livre, « Des lieux qui disent » (JC Lattès), Edouard Philippe écrit qu’il faudra peut-être prévoir « un droit et une organisation spécifique aux musulmans ». Dans une interview à France Inter le matin du 13 septembre, il indique, avec quelques circonvolutions, que la #loi-de-1905 « n’est peut-être pas en mesure de traiter la spécificité de l’islam ». Il pense qu’un jour cette question d’une organisation spécifique, « avec des obligations particulières imposées aux fidèles et aux responsables des communautés musulmanes » sera posée. Ainsi il se dit certain que l’idée de proposer une forme de concordat reviendra sur la table.
Il faut prendre la mesure de ces propos. C’est la première fois qu’un responsable politique de ce niveau envisage explicitement un traitement différencié des religions et une remise en cause aussi brutale de la loi de 1905. Rappelons que cette dernière instaure d’une part une double séparation, celle des institutions publiques et du religieux et par conséquence la liberté des religions à s’organiser comme elles l’entendent et d’autre part l’égalité des religions devant la loi. C’est à ces deux principes fondamentaux qu’Edouard Philippe s’attaque. Le « concordat » auquel il fait allusion remet en cause cette double séparation. Il s’agit, en rupture complète avec la loi de 1905 d’une volonté de contrôle d’une religion par la puissance publique et donc de la fin de la séparation entre religieux et politique puisque le pouvoir aurait la possibilité, selon les mots même d’Edouard Philippe, de dire son mot sur l’organisation du culte musulman. Il s’agit aussi d’une rupture dans l’égalité de traitement des religions puisque l’islam serait traité différemment...