• Enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz : quatre questions sur l’expertise psychiatrique et la responsabilité pén
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/professeure-poignardee-par-un-eleve-a-saint-jean-de-luz/enseignante-tuee-a-saint-jean-de-luz-quatre-questions-sur-l-expertise-p

    Qu’est-ce la folie ? Le destin d’un jeune assassin de 16 ans dépend entièrement de l’appréciation des psychiatres.

    L’adolescent mis en examen dit qu’une voix qui lui a suggéré d’assassiner sa professeure. Le procureur estime malgré tout qu’il pourrait être responsable de ses actes, en vertu notamment d’une expertise psychiatrique, contestée par son avocat.

    Pourquoi un élève a-t-il poignardé mortellement sa professeure d’espagnol, Agnès Lassalle, en plein cours dans un lycée de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), mercredi 22 février ? Le mystère de son geste reste entier, mais l’élève a été mis en examen pour « assassinat » et placé en détention provisoire vendredi. Le procureur de Bayonne, Jérôme Bourrier, avait requis la veille cette mise en examen, en évoquant les résultats d’une expertise psychiatrique menée en garde à vue : le suspect « apparaît accessible à une responsabilité pénale ».

    L’avocat de l’adolescent, Thierry Sagardoytho, conteste cette appréciation et reproche à l’expert d’avoir négligé certains éléments. Son client « ne reconnaît pas être l’auteur conscient et lucide de ce drame », a rappelé le conseil, samedi sur franceinfo. L’état psychologique de l’adolescent devrait être la clé de ce dossier.
    Que sait-on de l’état psychologique de l’adolescent ?

    Les éléments de l’enquête dévoilés par le procureur, jeudi, décrivent un passage à l’acte méthodique : l’adolescent a verrouillé la porte de la salle de classe avant de frapper mortellement l’enseignante d’un unique coup « fluide » avec un couteau qu’il avait dissimulé dans un rouleau d’essuie-tout. Décrit comme « sidéré », il s’est ensuite rendu dans une salle de classe voisine, où deux autres enseignants l’ont convaincu de déposer son arme. C’est là qu’il aurait affirmé, selon les propos rapportés par Jérôme Bourrier, que « quelqu’un aurait pris possession de son corps » et déclaré : « J’ai ruiné ma vie, tout est fini. »

    En garde à vue, cet élève de seconde a expliqué entendre « une petite voix » : « un être qu’il décrit comme égoïste, manipulateur, égocentrique, qui l’incite à faire le mal et qui lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat », a détaillé le procureur. Son avocat, de son côté, affirme que le jeune garçon parle de lui-même « à la troisième personne ». « Lorsqu’il raconte les faits, à mon sens, ce n’est pas lui qui agit. (...) Je m’interroge sur une possible dissociation de personnalité », a expliqué Thierry Sagardoytho à la sortie du tribunal, vendredi. Sur franceinfo samedi, il soulignait un autre point éloquent à ses yeux : son client « a perçu des indices de dangerosité sur sa personne à travers des regards, à travers des choses anodines ».

    Un examen psychiatrique a été mené par un médecin lors de sa garde à vue. L’expert a observé « une forme d’anxiété réactionnelle pouvant perturber son discernement » mais « aucune maladie mentale de type schizophrénie, état maniaque, mélancolie », aucun « retard mental, ni aucune décompensation psychiatrique aigüe ».

    Des éléments de contexte complexifient encore le tableau psychologique du mis en cause. L’adolescent avait tenté de se suicider à l’aide de médicaments en octobre dernier, a révélé le procureur. Depuis, il était suivi par un psychiatre et traité avec des antidépresseurs. Il avait été « beaucoup affecté » par des faits de harcèlement dans son précédent établissement. Aux enquêteurs, il a aussi dit s’être disputé avec un camarade la veille des faits. Selon « des propos un peu fluctuants » tenus au médecin auteur de l’expertise, il « aurait voulu commettre les faits en la présence de ce garçon (...), comme pour le punir » a relaté le procureur. Mais il a aussi reconnu « une forme d’animosité » envers sa victime, possiblement liée à de mauvais résultats dans sa matière.
    Quels sont les critères importants pour évaluer la responsabilité ?

    Une personne « atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes » n’est pas « pénalement responsable » de ceux-ci, détaille l’article 122-1 du Code pénal. C’est en vertu de ce principe que la question de l’état psychiatrique de l’adolescent se pose et peut déterminer l’avenir judiciaire de cette affaire. Une personne n’est jugée que si elle aurait pu ne pas commettre les actes qui lui sont reprochés, résume à franceinfo la psychiatre Magali Bodon-Bruzel, experte près la Cour d’appel de Paris. Elle rappelle que le discernement peut aussi être considéré comme « altéré », auquel cas le mis en cause est bien jugé, mais « la justice doit en tenir compte et adoucir la peine ».

    Pour un expert chargé d’évaluer le discernement d’un mis en cause, il s’agit avant tout de déterminer s’il présente une « perte de la réalité », s’il « fait des choses en lien avec sa propre réalité intérieure, qui n’est pas la réalité extérieure », explique cette médecin. Lors de l’examen, le mis en cause est interrogé de manière à rechercher « son état mental au moment des faits » et y étudier d’éventuels « signes cliniques » d’une pathologie. « Il n’y a pas que les déclarations », ajoute Magali Bodon-Bruzel : chez les malades, on observe également des signes dans le comportement, tels que « des troubles du cours de la pensée ». C’est la raison pour laquelle il n’existe qu’un risque très faible, selon elle, qu’un mis en cause réussisse à se faire passer pour atteint d’une maladie psychiatrique : « Je ne dis pas que ça n’existe pas, mais c’est exceptionnel. »
    Est-il habituel d’évaluer cette question si tôt ?

    Après la mise en examen de l’adolescent, vendredi, son avocat Thierry Sagardoytho a vivement critiqué l’examen psychiatrique à ses yeux « sommaire » et « vraiment pas sérieux » dont les résultats avaient été évoqués la veille par le procureur : « Dans une affaire de cette gravité, quand on n’est pas certain ou quand on ne sait pas, on se tait. »

    Mais il n’est pas inhabituel qu’un procureur demande une expertise psychiatrique avant une mise en examen, « pour déblayer le terrain », explique à franceinfo Magali Bodon-Bruzel. Et cette évaluation se fait rarement sur le long terme : « On peut voir la personne plusieurs fois si on estime que c’est nécessaire, mais, en principe, en une heure, le psychiatre a réussi à établir si elle présente une maladie, des symptômes et quelle est la prise en charge nécessaire. »

    Les constatations faites lors de cet entretien ont, par ailleurs, davantage de poids que les éléments de l’enquête que la justice peut choisir de communiquer à un expert, ajoute la psychiatre. Ce que semble déplorer l’avocat du mis en cause de Saint-Jean-de-Luz, qui affirme que l’expert a rendu son rapport « sans consultation du dossier psychiatrique antérieur, sans considération des médicaments que ce gamin prenait et sans considération de ce qu’il a pu déclarer aux policiers. »
    L’appréciation de sa responsabilité peut-elle évoluer ?

    « Les vérités d’aujourd’hui risquent fort de ne pas être celles de demain », a ajouté l’avocat de l’élève mis en examen. Le procureur a reconnu cette possibilité au moment où il évoquait, jeudi, les conclusions du premier examen : « L’adolescent apparaît accessible à une responsabilité pénale », mais « sous réserve des expertises qui devront être ordonnées et d’une possible altération de son discernement », a-t-il immédiatement ajouté.

    D’autant que, si le procureur requiert la mise en examen, c’est à un juge d’instruction que revient la décision de renvoyer ou non le mis en cause en procès. Celui-ci pourra demander d’autres expertises. De même, « les parties ont le droit de contester les rapports » et de demander au juge d’instruction une contre-expertise, ajoute Magali Bodon-Bruzel. Il arrive que les conclusions de plusieurs experts divergent, forçant le juge à trancher sur la tenue ou non d’un procès.

    Dans l’affaire de Saint-Jean-de-Luz, le procureur a mis en examen l’adolescent pour assassinat, ce qui implique la préméditation du geste. Mais, sans se prononcer sur ce dossier précis, Magali Bodon-Bruzel rappelle qu’une préméditation n’exclut pas la possibilité d’être déclaré pénalement irresponsable. Certaines pathologies abolissent le discernement du malade sans lui retirer sa capacité à planifier ses actes : « Un paranoïaque délirant, par exemple, est quelqu’un qui raisonne juste, mais en partant d’un faux postulat. »

    Enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz : l’élève mis en examen pour assassinat et placé en détention provisoire
    https://www.lefigaro.fr/faits-divers/enseignante-tuee-a-saint-jean-de-luz-l-eleve-mis-en-examen-pour-assassinat-

    Publié le 24/02/2023

    En garde à vue, l’élève de seconde qui a poignardé sa professeure avec un couteau de cuisine « a mis en avant une petite voix qui lui parle », avait déclaré jeudi le procureur de la République.

    L’élève qui a poignardé à mort sa professeure d’espagnol mercredi dernier à Saint-Jean-de-Luz a été mis en examen ce vendredi pour assassinat et placé en détention provisoire mais son avocat s’interroge sur son degré de responsabilité pénale.

    Les « motivations personnelles » de l’adolescent de 16 ans, inconnu des services judiciaires, « ont besoin d’être sondées, appréciées, testées par des psychiatres », afin de déterminer si son discernement était « entier », ou « au contraire aboli, ou éventuellement altéré », a déclaré à la presse Me Thierry Sagardoytho à la sortie du tribunal judiciaire de Bayonne.

    Examens psychiatriques

    En garde à vue, l’élève de seconde qui a poignardé sa professeure Agnès Lassalle, 52 ans, avec un couteau de cuisine caché dans un rouleau de papier essuie-tout, « a mis en avant une petite voix qui lui parle », avait déclaré jeudi le procureur de la République à Bayonne, Jérôme Bourrier.

    Selon les premières déclarations de l’adolescent, qui a été placé en détention dans un établissement pénitentiaire pour mineurs selon un communiqué du parquet, elle « l’incite à faire le mal et lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat », avait ajouté le magistrat.

    Jérôme Bourrier avait également indiqué qu’un premier examen de l’élève en garde à vue avait révélé « une forme d’anxiété réactionnelle pouvant perturber son discernement » et « des éléments de dépression évoluant depuis une année », mais « aucune maladie mentale de type schizophrénie, état maniaque, mélancolie ou retard mental, ni décompensation psychiatrique aiguë ».

    « L’adolescent apparaît accessible à une responsabilité pénale sous réserve des expertises qui devront être ordonnées et d’une possible altération de son discernement », avait ajouté le procureur.

    « Ravagé » par son geste

    Pour l’avocat, cette expertise « fait totalement l’impasse sur la tentative de suicide » de l’adolescent en octobre 2022, évoquée par le procureur, « et les prescriptions médicales dont il était l’objet ». Cette tentative de suicide « questionne considérablement au regard de ce qui lui est aujourd’hui reproché », a-t-il poursuivi. « La prise en charge était-elle adaptée ? Des signes avant-coureurs ont-ils été décelés ? Visiblement non. »

    « Lorsqu’il raconte les faits, à mon sens ce n’est pas lui qui agit. Lorsqu’on parle à la troisième personne de soi-même, je m’interroge sur une possible dissociation de personnalité », ajoute Me Sagardoytho. L’adolescent « est évidemment ravagé par le geste qu’il a commis et qui lui est reproché », a également souligné l’avocat dressant le portrait d’un « garçon brillant dans les disciplines scientifiques, visiblement moins à l’aise dans la langue espagnole ». Selon le procureur, l’adolescent a admis en garde à vue « une forme d’animosité à l’égard de sa professeure » mais aussi évoqué des « faits de harcèlement » subis dans son précédent établissement, un collège public de la ville, et « une dispute » la veille avec un autre élève.

    Une de ses ex-camarades de troisième l’a décrit comme « un garçon timide » qui avait « deux ou trois amis mais pas beaucoup plus ». « Parfois arrogant » ou « colérique », il n’aimait « pas trop se faire reprendre par les professeurs en classe », selon elle. Jeudi après-midi dans les collèges et lycées qui ne sont pas en vacances, une minute de silence a été observée en hommage à l’enseignante, décrite comme « très dévouée » par le ministre de l’Éducation Pap Ndiaye, « très gentille » et « à l’écoute » par un de ses élèves. Elle « adorait ses élèves, aimait son boulot », a de son côté témoigné Stéphane, le compagnon de Mme Lassalle au micro de France Inter. « Et elle était adorée d’eux. »
    « Reprendre une vie normale »

    Sa mort a bouleversé la communauté éducative, un peu plus de deux ans après l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie décapité par un jeune islamiste radicalisé. Vendredi matin, à 08h00, les élèves du collège-lycée Saint-Thomas d’Aquin, établissement catholique privé réputé pour son calme et ses résultats scolaires, ont à nouveau afflué à l’heure de l’ouverture du portail, sous les yeux de trois policiers postés à l’entrée. De rares élèves avaient une fleur à la main.

    « Tous les élèves reviennent aujourd’hui, dans une ambiance toujours très recueillie et un soutien toujours en place, avec la médecine scolaire et les psychologues de l’Éducation nationale. La cellule d’urgence d’aide psychologique se tient aussi à disposition, pour revenir si besoin », a fait savoir Vincent Destais, directeur diocésain de l’enseignement catholique de Bayonne. « On essaie de reprendre une vie normale et des enseignements dans la mesure du possible avec les élèves », a-t-il également déclaré à une correspondante de l’AFP. Les agressions contre des professeurs sont fréquentes en France mais l’AFP a recensé moins d’une dizaine de meurtres sur les quatre dernières décennies.

    #folie #iatrocratie #assassinat #adolescence #école #catholicisme #éducation #suicide

  • A Paris, des fermetures de classes « sans précédent » provoquent la colère des parents et des enseignants
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/02/19/a-paris-des-fermetures-de-classes-sans-precedent-provoquent-la-colere-des-pa

    Depuis quelques semaines, plusieurs quartiers de Paris vivent au rythme des rassemblements aux abords des établissements scolaires, des manifestations réunissant parents, enfants et enseignants, des réunions publiques, des pétitions, des occupations d’école. Les frontons de dizaines d’entre elles à travers la Ville s’ornent de banderoles portant toutes le même message : « Non aux fermetures de classes ».

    La capitale se fait entendre au milieu d’une contestation qui s’organise dans toute la France contre ces fermetures, corollaire des suppressions de postes annoncées pour la rentrée 2023. Avec 155 postes retirés en primaire et 182 dans le secondaire, Paris est l’académie la plus touchée. Le rectorat a prévu la disparition de 162 classes en primaire (178 suppressions pour 16 ouvertures), soit 3 % du total. Une cinquantaine est aussi prévue en collège et une dizaine en lycée général. « C’est sans précédent, même pendant les années Sarkozy on n’en fermait pas autant d’un coup », souligne Audrey Bourlet de la Vallée, du SNUipp-FSU Paris.

    • « Empêchons un désastre annoncé » dans les écoles primaires de Paris | Tribune du député LFI-NUPES Rodrigo Arenas et du conseiller de Paris écologiste Jérôme Gleize
      https://www.lejdd.fr/politique/tribune-empechons-un-desastre-annonce-dans-les-ecoles-primaires-de-paris-13326

      Face à cette démission du ministre, nous pensons qu’il est urgent que la Ville de #Paris intervienne. Puissance publique légitime et garante de la continuité et de la qualité des services publics, la mairie peut ici se substituer de façon exceptionnelle à la faillite du ministère.

      Nous proposons donc que les 162 postes soient maintenus. Comment ? En embauchant sous un statut extraordinaire les 162 contractuels que le ministère prévoit pour l’instant de rayer de ses effectifs sans état d’âme. Si l’État ne joue pas son rôle, alors la Ville de Paris peut créer un nouveau statut dans ses professeurs de la ville, avec des professeurs d’enseignement général, recréant de facto le dispositif « plus de maîtres que d’élèves [sic - que de classes] », supprimé lui aussi sous Blanquer sans raison.

      Quant aux coûts… De la prise en charge des enseignants au maintien des classes menacées, nous les estimons à environ 7 millions d’euros. Mais il serait bon que l’État assume complètement ses responsabilités financières. Ainsi, la Ville pourrait-elle compenser cette dépense en faisant payer un loyer à la Sorbonne, pour l’heure gracieusement mise à disposition de l’État… Rappelons-le, actuellement, la dette de l’État à l’égard de la Ville de Paris s’élève à 1,4 milliard d’euros.

      A Paris on a ce que tout le pays nous envie, des Professeurs de la Ville de Paris (#PVP) spécialisés en musique, arts plastiques ou sport, qui ont des créneaux sur temps scolaire dans les écoles élémentaires. Il s’agirait donc ici d’avoir des PVP "enseignement général". Mais les pvp ne pouvant pas être responsables d’une classe, ils interviendraient en plus dans une école, faisant revivre le dispositif pdmqdc qui n’aura tenu que quelques années.
      #éducation

    • Rebelote cette année : 180 fermetures de classes, 125 postes supprimés. Les écoles concernées se démènent en ce moment pour faire entendre leurs arguments au rectorat et obtenir une annulation de fermeture.

  • Adrien D., De la difficulté d’élever des enfants en milieu industriel, 2022
    https://sniadecki.wordpress.com/2023/02/09/adriend-enfants

    Peut-être simplement dire la vérité : « Le secret c’est de tout dire ». Leur dire ce qu’il y a derrière ces jeux, ces objets, ces bolides, ces aliments. Tant pis pour le père Noël. Prendre le temps de ridiculiser ces icônes frelatées et rire de la bêtise d’un Thomas Pesquet ou d’un Elon Musk et de leur obsession pour une planète morte. Rire de ce voisin et de sa voiture électronucléaire équipée d’un écran géant alors que passent à la radio des publicités pour la sécurité routière contre l’usage des écrans au volant. Débloquer les imaginaires, leur montrer la nature sauvage ou ce qu’il peut en rester, et les laisser imaginer un univers dans un monde qui ne les sollicite pas continuellement. Les inviter à jouer à partir de peu comme ces enfants qui ont préféré jouer pendant des heures avec un carton le soir de Noël alors qu’ils avaient reçu un nombre indécent de cadeaux. Leur raconter des histoires subversives dans lesquelles les héros ne sont pas ceux ou celles qui ont la plus grosse technologie. Les laisser s’ennuyer, les laisser imaginer d’autres mondes loin des écrans, loin du monde médiatique. Pour que revienne chez eux le goût de l’imagination, certes, mais aussi, et surtout, que revienne celui de l’empathie afin qu’ils puissent se représenter ces enfants, ces personnes qui, parfois de l’autre côté de la planète, se crèvent ou s’intoxiquent pour leur confort. Les marquer d’une autre empreinte que celle du monde industriel, celui de la réalité matérielle de nos vies, que la sensation qu’ils aient en plus haute estime soit un jour celle de la dignité pour soi et pour les autres et qu’ils ne se réfugient pas dans une raison cynique qui permet de rendre supportable notre régression technophile.

    #enfants #éducation #critique_techno #anti-industriel #capitalisme #exploitation #vérité

  • Les écrans : un désastre comportemental, intellectuel & cognitif.

    Une journée (le 6 février) sans téléphone portable, c’est bien (pour les malades que nous sommes).

    Entre 2 et 8 ans un enfant « moyen » consacre aux écrans récréatifs l’équivalent de 7 années scolaires complètes ou 460 jours de vie éveillée (1,25 année), ou encore l’exacte quantité du temps de travail personnel requis pour devenir un solide violoniste.

    Mais il faudrait aussi (365 jours sur 365) la suppression stricte, intégrale, immédiate et en tout lieux (y compris à l’école) des écrans pour tous les enfants de moins de 6 ans. Et la réduction à 30 mn à 1 h (tous usages cumulés) par jour pour tous les moins de 16 ans.

    Michel Desmurget le démontre dans son bouquin : sans quoi les jeunes générations d’aujourd’hui ne donneront que des crétins.

    Quelques extraits tirés au fil de ma lecture :

    « Selon les termes d’une étude récente, « seulement 3 % du temps consacré par les #enfants et #adolescents aux #médias_digitaux est utilisé à la création de contenus » (tenir un blog, écrire des programmes informatiques, créer des vidéos ou autres contenus « artistiques », etc.).

    .. Plus de 80 % des ados et préados déclarent ne « jamais » ou « quasiment jamais » utiliser leurs #outils_numériques pour faire œuvre créative. »

    « Croire que les #digital_natives sont des ténors du bit, c’est prendre ma charrette à pédale pr une roquette interstellaire ; croire que le simple fait de maîtriser une app informatique permet à l’utilisateur de comprendre quoi que ce soit aux éléments physiques & logiciels engagés »

    De « l’effarante débilité de cette triste fiction » des DigitalNatives… comme « un groupe mutant à la fois dynamique, impatient, zappeur, multitâche, créatif, friand d’expérimentations, doué pour le travail collaboratif, etc. Mais qui dit mutant dit différent…

    .. Dès lors, ce qui transparaît implicitement ici, c’est aussi l’image d’une génération précédente misérablement amorphe, lente, patiente, monotâche, dépourvue de #créativité, inapte à l’expérimentation, réfractaire au #travail_collectif, etc.

    .. Drôle de tableau qui, a minima, dessine deux axes de réflexion. Le premier interroge les efforts déployés pour redéfinir positivement toutes sortes d’attributs psychiques dont on sait depuis longtemps qu’ils sont fortement délétères pour la #performance_intellectuelle : #dispersion, #zapping, #multitasking, impulsivité, impatience, etc. Le second questionne l’ubuesque acharnement mis en œuvre pour caricaturer et ringardiser les #générations_prédigitales. »

    « Les changements anatomiques [chez les gamers] dont se gaussent certains médias pourraient très bien poser, non les jalons d’un avenir intellectuel radieux, mais les bases d’un #désastre_comportemental à venir. »

    « les digital natives ou autres membres de je ne sais quelle confrérie des X, Y, Z, lol, zappiens ou C, n’existent pas. L’enfant mutant du numérique, que son aptitude à taquiner le #smartphone aurait transformé en omnipraticien génial des nouvelles technologies les + complexes que #Google Search aurait rendu infiniment plus curieux, agile et compétent que n’importe lequel de ses enseignants prédigitaux ; qui grâce aux jeux vidéo aurait vu son cerveau prendre force et volume ; qui grâce aux filtres de Snapchat ou Instagram aurait élevé sa créativité jusqu’aux + hauts sommets ; etc. ; cet enfant n’est qu’une légende. Il n’est nulle part dans la littérature scientifique. […] Ce qui est extraordinaire, c’est qu’une telle absurdité perdure contre vents et marées, &, en plus, contribue à orienter nos politiques publiques notamment dans le domaine éducatif. Car au-delà de ses aspects folkloriques, ce mythe n’est évidemment pas dénué d’arrière-pensées. Sur le plan domestique, d’abord, il rassure les parents en leur faisant croire que leurs rejetons sont de véritables génies du numérique et de la pensée complexe, même si, dans les faits, ces derniers ne savent utiliser que quelques (coûteuses) applications triviales.

    .. Sur le plan scolaire, ensuite, il permet, pour le plus grand bonheur d’une industrie florissante, de soutenir la numérisation forcenée du système et ce, malgré des performances pour le moins inquiétantes. »

    « Plus globalement, si un observateur ose s’alarmer du temps passé par les enfants devant les écrans de ttes sortes, la triste légion des tartufes conspue sans délai le fâcheux, arguant qu’il s’agit là d’une position « sexiste », représentant fondamentalement « un nouvel outil de #culpabilisation des mères » […] « pr nos néosuffragettes du droit à l’abrutissement, suggérer que les enfants passent bien trop de temps avec leurs écrans signifie juste, en dernière analyse, que « ns n’aimons pas les innovations qui rendent + faciles la vie des mères ».

    « Quand les adultes ont constamment le nez scotché sur leur mobile, les #interactions_précoces essentielles au #développement_de_l’enfant sont altérées. »

    « Une étude vous déplaît, trouvez-la alarmiste, idiote, dogmatique, moralisatrice, exagérée, excessive, biaisée, absurde, culpabilisante ou sexiste. Affirmez vaguement qu’on pourrait trouver d’autres recherches contradictoires tout aussi convaincantes (évidemment sans les citer).

    .. Criez aux heures noires de la prohibition, évoquez la censure, dénoncez les stratégies de la peur, beuglez votre haine de l’oppression culturelle. En désespoir de cause, caricaturez l’auteur, raillez sa #bêtise, faites-le passer pour un #crétin, un demeuré, un réactionnaire un triste sermonnaire ou un sombre élitiste. Tronquez, trompez, truquez. Mais, surtout, ne regardez jamais les faits, ne considérez jamais le cœur du travail discuté. Ce n’est pas si difficile. Avec un peu d’habitude, vous apprendrez aisément à masquer l’absolue vacuité de vos propos sous l’ombrage d’un humanisme paisible et rassurant. Une fois acquises les bases du job, vous parviendrez en quelques mots, avec la dextérité du virtuose illusionniste, à transformer la plus solide recherche en affligeante pitrerie. »

    L’explication de cette limite apparemment arbitraire des 3 ans ? « Cet âge semble constituer le seuil optimal à partir duquel inscrire efficacement dans les neurones des gosses la trace de la grenouille Budweiser, de la virgule Nike, de l’estampille Coca-Cola, du clown McDonald ou du mâle viril forcément fumeur. Selon une enquête du gpe Lagardère Publicité, dès 4 ans, + de 75 % des demandes d’achat émises par les enfants sont consécutives à une exposition publicitaire, pour un taux d’acceptation parental supérieur à 85 %. »

    « En disant, pas de télé avant 3 ans, on affiche sa bonne foi, sa probité et son indépendance. [et] en proscrivant la télé avant 3 ans, ce que l’on exprime vraiment, in fine, c’est l’idée selon laquelle l’exposition devient possible au-delà de cet âge »…

    « Avant 3 ans, petit humain n’est guère intéressant. Ce n’est qu’autour de cet âge qu’il devient une cible publicitaire pertinente et, de ce fait, une potentielle source de revenus pour les opérateurs. Peu importe alors que la télé ampute son développement. »

    « L’#industrie_audiovisuelle ne fut pas longue à réaliser le profit qu’elle pourrait tirer de cette césure. Elle accepta sans états d’âme d’abandonner le secondaire pr préserver l’essentiel. À travers ses relais experts & médiatiques elle opéra alors selon 2 axes complémentaires 1) en soutenant diligemment la condamnation des usages précoces (ce qui ne lui coûtait rien). 2) en se lançant dans une subtile (et efficace) campagne d’attiédissement des restrictions tardives. Ainsi, on ne parla plus d’une à 2 h par jour max, mais d’usages « excessifs ». »

    « La dernière étude en date montre, sans la moindre ambiguïté, que l’usage d’une #tablette « interactive » non seulement ne développe pas, mais altère lourdement le développement de la motricité manuelle fine chez des enfants d’âge préscolaire. »

    « Les recherches montrent que la tablette est, la plupart du temps, pour le jeune enfant, un écran « passif » servant à consommer des contenus audiovisuels dont on nous dit précisément qu’ils sont déconseillés (dessins animés, films, clips, etc.). »

    « Au-delà des variations de protocoles, de populations, d’approches et de méthodologies, le résultat n’a jamais varié : les contenus violents favorisent à court et long terme l’émergence de comportements agressifs chez l’enfant et l’adulte. »

    « Le lien empirique [entre contenus violents et agression] n’est donc plus à démontrer aujourd’hui, quoi qu’en disent les gamers et quelques démago-geeks qui caressent l’industrie du jeu violent dans le sens du poil. »

    « Les médias présentent souvent “les deux côtés” du débat associant violence médiatique et agression en appariant un chercheur avec un expert ou un porte-parole de l’industrie ou même un contradicteur universitaire, ce qui crée une fausse équivalence et la perception erronée que les travaux de recherches et le consensus scientifique font défaut. » Pourtant : « ds le NYT, le secr. géné. de l’Association de #psychologie déclarait que « les preuves sont écrasantes. Les contester revient à contester l’existence de la gravité ».

    Ce qui n’empêche pas « les bons petits soldats du numérique [de continuer], sous couvert d’expertise, à emplir l’espace collectif de leur affligeante #propagande. »

    « Les études qui ont mesuré l’exposition durant la petite enfance (avec ou sans analyse de contenus) ont démontré de manière constante que regarder la télévision est associé à des conséquences développementales négatives. Cela est observé pour l’attention, les performances éducatives, les fonctions exécutives et les productions langagières ». Autrement dit, pour les jeunes enfants, l’impact de la télévision n’est nullement complexe. Il est immuablement néfaste. Point. »

    « Prenez le lien entre #consommation_audiovisuelle précoce et déficits cognitifs tardifs. Même avec la meilleure volonté du monde, il semble diantrement difficile de rejeter l’hypothèse de causalité sachant, par exemple, que : (1) la présence d’une télé dans une maison effondre la fréquence, la durée et la qualité des interactions intrafamiliales ; (2) ces interactions sont fondamentales pour le #développement_cognitif du jeune enfant ; (3) certains outils statistiques reposant sur des protocoles dits « longitudinaux » ont permis d’établir la nature causale du lien observé, chez le jeune enfant, entre l’accroissement du temps d’écrans et l’émergence de retards développementaux. »

    « Il est aujourd’hui solidement établi que les écrans ont, sur la durée et la qualité de nos nuits, un impact profondément délétère. Certaines influences se révèlent relativement directes ; par ex, quand le sommeil est altéré, la mémorisation, les facultés d’apprentissage et le fonctionnement intellectuel diurne sont perturbés, ce qui érode mécaniquement la #performance_scolaire. Certaines influences s’avèrent plus indirectes ; par ex, quand le sommeil est altéré, le système immunitaire est affaibli, l’enfant risque davantage d’être malade et donc absent, ce qui contribue à augmenter les difficultés scolaires. Certaines influences émergent avec retard ; par ex, quand le sommeil est altéré, la maturation cérébrale est affectée, ce qui, à long terme, restreint le potentiel individuel (en particulier cognitif) et donc mécaniquement, le rendement scolaire. […] La plupart des influences sont multiples et il est évident que l’impact négatif des #écrans récréatifs sur la #réussite_scolaire ne repose pas exclusivement sur la détérioration du #sommeil. Ce dernier levier opère ses méfaits en synergie avec d’autres agents dont – nous y reviendrons largement – la baisse du temps consacré aux devoirs ou l’effondrement des #capacités_langagières et attentionnelles. Dans le même temps, cependant, il est clair aussi que l’influence négative des écrans récréatifs sur le sommeil agit bien au-delà du seul champ scolaire. Dormir convenablement se révèle essentiel pour abaisser le risque d’accident, réguler l’humeur et les émotions, sauvegarder la #santé, protéger le cerveau d’un #vieillissement_prématuré, etc. »

    « Ce qui ne s’est pas mis en place durant les âges précoces du développement en termes de langage, de #coordination_motrice, de prérequis mathématiques, d’#habitus_sociaux, de #gestion_émotionnelle, etc., s’avère de + en + coûteux à acquérir au fur et à mesure que le temps passe. »

    Les moins de 2 ans : « Les enfants de moins de deux ans consacrent, en moyenne, chaque jour, une cinquantaine de minutes aux écrans. […] La valeur paraît sans doute raisonnable de prime abord… elle ne l’est pas. Elle représente presque 10 % de la durée de veille de l’#enfant ; et 15 % de son temps « libre », c’est-à-dire du temps disponible une fois que l’on a retiré les activités « contraintes » telles que manger (sept fois par jour en moyenne avant 2 ans), s’habiller, se laver ou changer de couche. […] Cumulées sur 24 mois, ces minutes représentent plus de 600 heures. Cela équivaut à peu près aux trois quarts d’une année de maternelle ; ou, en matière de #langage, à 200 000 énoncés perdus, soit à peu près 850 000 mots non entendus. […] Pour le seul sous-groupe des usagers quotidiens, la moyenne de consommation s’établit à presque 90 mn. Autrement dit, plus d’1/3 des enfants de moins d’1 an ingurgitent 1 h 30 d’écrans par jour — […] principalement dans les milieux socioculturels les moins favorisés. […]

    .. En fonction des groupes étudiés, entre 1 h 30 et 3 h 30 d’usage journalier. Principale raison avancée par les #parents pour expliquer cette incroyable orgie : faire tenir les gamins tranquilles dans les lieux publics (65 %), pendant les courses (70 %) et/ou lors des tâches ménagères (58 %). Chaque jour, près de 90 % des enfants défavorisés regardent la #télévision ; 65 % utilisent des outils mobiles ; 15 % sont exposés à des consoles de jeux vidéo. En 4 ans, la proportion de bambins de - de 12 mois utilisant des écrans mobiles est passée de 40 à 92 %. »

    « La consommation numérique [Du 2-8 ans] : entre 2 et 4 ans, 2 h 45 par jour. […] Sur la dernière décennie, elles ont augmenté de plus de 30 %. Elles représentent quasiment 1/4 du temps normal de veille de l’enfant. Sur une année, leur poids cumulé dépasse allègrement 1 000 h. Cela veut dire qu’entre 2 et 8 ans un enfant « moyen » consacre aux écrans récréatifs l’équivalent de 7 années scolaires complètes ou 460 jours de vie éveillée (1,25 année), ou encore l’exacte quantité du temps de travail personnel requis pour devenir un solide violoniste. »

    « Durant la préadolescence [entre 8 et 12 ans], les enfants voient leur besoin de sommeil diminuer sensiblement. Chaque jour, ils gagnent naturellement entre 1 h 30 et 1 h 45 d’éveil. Cette « conquête », dans sa quasi-totalité, ils l’offrent à leurs babioles numériques.

    .. Ainsi, entre 8 et 12 ans, le temps d’écrans journalier grimpe à presque 4 h 40, contre 3 heures précédemment. […] Cumulé sur 1 an, cela fait 1 700 h, l’équivalent de deux années scolaires ou, si vous préférez, d’un an d’emploi salarié à plein-temps. »

    « Les préados issus de milieux défavorisés consacrent chaque jour presque 2 h de + aux écrans que leurs homologues + privilégiés. Pr sa + gde partie, cet écart provient d’un usage accru d’une part des contenus audiovisuels (+ 1h15) et d’autre part des réseaux sociaux (+ 30 mn). »

    « « Il existe une corrélation négative entre le bien-être socio-émotionnel et le temps consacré aux écrans ». Autrement dit, les préados & ados qui passent le moins de temps dans le monde merveilleux du cyber-divertissement sont aussi ceux qui se portent le mieux ! »

    .. Conclusion : nos gamins peuvent très bien se passer d’écrans ; cette abstinence ne compromet ni leur équilibre émotionnel ni leur intégration sociale. Bien au contraire ! »

    Les ados [13-18 ans] : « La consommation quotidienne de numérique atteint alors 6 h 40. […] Il équivaut à un quart de journée et 40 % du temps normal de veille. Cumulé sur un an, cela représente plus de 2 400 heures, 100 jours, 2,5 années scolaires ou encore la totalité du temps consacré de la sixième à la terminale, pour un élève de filière scientifique, à l’enseignement du français, des mathématiques et des Sciences de la Vie et de la Terre (SVT).

    .. Autrement dit, sur une simple année, les écrans absorbent autant de tps qu’il y a d’heures cumulées d’enseignement du français, des maths et des SVT durant tt le secondaire. Mais cela n’empêche pas les sempiternelles ruminations sur l’emploi du tps trop chargé des écoliers. »

    « Si vs voulez exalter l’exposition de votre progéniture au numérique, assurez-vs que le petit possède en propre smartphone/tablette et équipez sa chambre en tv/console. Cette attention pourrira son sommeil, sa santé et ses résultats scolaires, mais au moins vous aurez la paix. »

    « Pr être pleinement efficace à long terme, le cadre restrictif ne doit pas être perçu comme une punition arbitraire, mais comme une exigence positive. Il est important que l’enfant adhère à la démarche et en intériorise les bénéfices. Quand il demande pourquoi il n’a « pas le droit » alors que ses copains font « ce qu’ils veulent », il faut lui expliquer que les parents de ses copains n’ont peut-être pas suffisamment étudié la question ; lui dire que les écrans ont sur son cerveau, son intelligence, sa concentration, ses résultats scolaires sa santé, etc., des influences lourdement négatives ; et il faut lui préciser pourquoi : moins de sommeil ; moins de temps passé à des activités plus nourrissantes, dont lire, jouer d’un instrument de musique, faire du sport ou parler avec les autres ; moins de temps passé à faire ses devoirs ; etc. Mais tout cela, évidemment, n’est crédible que si l’on n’est pas soi-même constamment le nez sur un écran récréatif.

    .. Au pire, il faut alors essayer d’expliquer à l’enfant que ce qui est mauvais pour lui ne l’est pas forcément pour un adulte, parce que le cerveau de ce dernier est « achevé » alors que celui de l’enfant est encore « en train de se construire ». »

    « ÉTABLIR DES RÈGLES, ÇA MARCHE ! […] Et que se passe-t-il si l’on retire la télé ? Eh bien, même s’il déteste ça, l’enfant va se mettre à lire. Trop beau pour être vrai ? Même pas ! Plusieurs études récentes ont en effet montré que notre brave cerveau supportait très mal le désœuvrement. Il a ainsi été observé, par exemple, que 20 minutes passées à ne rien faire entraînaient un niveau de fatigue mental plus important que 20 minutes passées à réaliser une tâche complexe de manipulation des nombres. Dès lors, plutôt que de s’ennuyer, la majorité des gens préfère sauter sur la première occupation venue même si celle-ci s’avère a priori rébarbative ou, pire, consiste à s’infliger une série de chocs électriques douloureux. Cette puissance prescriptive du vide, la journaliste américaine Susan Maushart l’a observée de première main, le jour où elle a décidé de déconnecter ses trois zombies adolescents169. Privés de leurs gadgets électroniques, nos heureux élus commencèrent par se cabrer avant progressivement, de s’adapter et de se (re)mettre à lire, à jouer du saxo, à sortir le chien sur la plage, à faire la cuisine, à manger en famille, à parler avec maman, à dormir davantage, etc. ; bref, avant de se (re)mettre à vivre. »
    « Si les neurones se voient proposer une « nourriture » inadéquate en qualité et/ou quantité, ils ne peuvent « apprendre » de manière optimale ; et plus la carence s’étire dans le temps, plus elle devient difficile à combler. »

    « Les expériences précoces sont d’une importance primordiale. Cela ne veut pas dire que tt se joue avant 6 ans, comme le claironne abusivement le titre français d’un best-seller américain des années 1970. Mais cela signifie certainement que ce qui se joue entre 0 et 6 ans influence profondément la vie future de l’enfant. Au fond, dire cela, c’est affirmer un truisme. C’est stipuler que l’apprentissage ne sort pas du néant. Il procède de manière graduelle par transformation, combinaison et enrichissement des compétences déjà acquises. Dès lors, fragiliser l’établissement des armatures précoces, notamment durant les « périodes sensibles », c’est compromettre l’ensemble des déploiements tardifs. »

    PAS D’ÉCRAN AVANT (AU MOINS) 6 ANS ! « En 6 ans, au-delà d’un monceau de conventions sociales et abstraction faite des activités « facultatives » comme la danse, le tennis ou le violon, le petit humain apprend à s’asseoir à se tenir debout, à marcher, à courir, à maîtriser ses excrétions, à manger seul, à contrôler et coordonner ses mains (pour dessiner, faire ses lacets ou manipuler les objets), à parler, à penser, à maîtriser les bases de la numération et du code écrit, à discipliner ses déchaînements d’émotions & pulsions, etc. Ds ce contexte, chaque minute compte. […] Cela signifie “juste” qu’il faut le placer ds un environnement incitatif, où la “nourriture” nécessaire est généreusement accessible. Or, les écrans ne font pas partie de cet environnement. […] Plusieurs études, sur lesquelles nous reviendrons également, ont ainsi montré qu’il suffisait, chez le jeune enfant, d’une exposition quotidienne moyenne de 10 à 30 minutes pour provoquer des atteintes significatives dans les domaines sanitaire et intellectuel. […] Ce dont a besoin notre descendance pr bien grandir, ce n’est donc ni d’Apple, ni de Teletubbies ; c d’humain. Elle a besoin de mots, de sourires, de câlins. Elle a besoin d’expérimenter, de mobiliser son corps, de courir, de sauter, de toucher, de manipuler des formes riches. Elle a besoin de dormir, de rêver, de s’ennuyer, de jouer à « faire semblant ». Elle a besoin de regarder le monde qui l’entoure, d’interagir avec d’autres enfants. Elle a besoin d’apprendre à lire, à écrire, à compter, à penser. Au coeur de ce bouillonnement, les écrans sont un courant glaciaire. Non seulement ils volent au développement un temps précieux & posent les fondations des hyperusages ultérieurs, mais en + ils déstructurent nombre d’apprentissages fondamentaux liés, par ex., à l’attention. »

    « En compilant les résultats obtenus, on observe que nombre de problèmes émergent dès la première heure quotidienne. En d’autres termes, pour tous les âges postérieurs à la prime enfance, les écrans récréatifs (de toutes natures : télé, jeux vidéo, tablettes, etc.) ont des impacts nuisibles mesurables dès 60 minutes d’usage journalier. Sont concernés, par exemple, les relations intrafamiliales, la réussite scolaire, la concentration, l’obésité, le sommeil, le développement du système cardio-vasculaire ou l’espérance de vie. […] Au-delà de la prime enfance, toute consommation d’écrans récréatifs supérieure à une heure quotidienne entraîne des préjudices quantitativement détectables et peut donc être considérée comme excessive. »

    De l’importance primordiale, autrement dit, de « maintenir en deçà de 30 (borne prudente) à 60 (borne tolérante) minutes l’exposition quotidienne aux écrans récréatifs des individus de 6 ans et plus.

    .. Précisons […] : un enfant qui ne consommerait aucun écran récréatif les jours d’école et regarderait un dessin animé ou jouerait aux jeux vidéo pendant 90 minutes les mercredis et samedis resterait largement dans les clous… »

    « Les écrans sapent l’intelligence, perturbent le développement du cerveau, abîment la santé, favorisent l’obésité, désagrègent le sommeil, etc. […] À partir de la littérature scientifique disponible, on peut formuler deux recommandations formelles :

    .. (1) pas d’écrans récréatifs avant 6 ans (voire 7 ans si l’on inclut l’année charnière de cours préparatoire) ; (2) au-delà de 6 ans, pas plus de 60 minutes quotidiennes, tous usages cumulés (voire 30 minutes si l’on privilégie une lecture prudente des données disponibles). »

    « Des heures passées principalement à consommer des flux audiovisuels (films, #séries, clips, etc.), à jouer aux jeux vidéo et, pour les plus grands, à palabrer sur les réseaux sociaux à coups de lol, like, tweet, yolo, post et selfies. Des heures arides, dépourvues de fertilité développementale. Des heures anéanties qui ne se rattraperont plus une fois refermées les grandes périodes de plasticité cérébrale propres à l’enfance et à l’adolescence. »

    « La #littérature_scientifique démontre de façon claire et convergente un effet délétère significatif des écrans domestiques sur la réussite scolaire : indépendamment du sexe, de l’âge, du milieu d’origine et/ou des protocoles d’analyses, la durée de consommation se révèle associée de manière négative à la #performance_académique. »

    « Le smartphone (littéralement « téléphone intelligent ») nous suit partout, sans faiblesse ni répit. Il est le graal des suceurs de cerveaux, l’ultime cheval de Troie de notre décérébration. Plus ses applications deviennent « intelligentes », plus elles se substituent à notre réflexion et plus elles nous permettent de devenir idiots. Déjà elles choisissent nos restaurants, trient les informations qui nous sont accessibles, sélectionnent les publicités qui nous sont envoyées, déterminent les routes qu’il nous faut emprunter, proposent des réponses automatiques à certaines de nos interrogations verbales et aux courriels qui nous sont envoyés, domestiquent nos enfants dès le plus jeune âge, etc. Encore un effort et elles finiront par vraiment penser à notre place. »

    « L’impact négatif de l’usage du smartphone s’exprime avec clarté sur la réussite scolaire : plus la consommation augmente, plus les résultats chutent. »

    Y compris en « filières d’excellence. Les études de médecine en offrent une bonne illustration. En France, le concours d’entrée admet, en moyenne, 18 candidats sur 100. À ce niveau d’exigence le smartphone devient rapidement un #handicap insurmontable. Prenez, par exemple, un étudiant non équipé qui se classerait 240e sur 2 000 et réussirait son concours. 2 h quotidiennes de smartphone le conduiraient à une 400e place éliminatoire. »

    Même chose s’agissant des réseaux sociaux : « Là encore, les résultats sont aussi cohérents qu’opiniâtrement négatifs. Plus les élèves (#adolescents et #étudiants principalement) consacrent de temps à ces outils, plus les performances scolaires s’étiolent. »

    Et les usages numériques à l’école : « En pratique, évidemment, personne ne conteste le fait que certains outils numériques peuvent faciliter le travail de l’élève. Ceux qui ont connu les temps anciens de la recherche scientifique, savent mieux que quiconque l’apport “technique” de la récente révolution digitale. Mais, justement, par définition, les outils et logiciels qui nous rendent la vie plus facile retirent de facto au cerveau une partie de ses substrats nourriciers. Plus nous abandonnons à la machine une part importante de nos activités cognitives et moins nos neurones trouvent matière à se structurer, s’organiser et se câbler. Dans ce contexte, il devient essentiel de séparer l’expert et l’apprenant au sens où ce qui est utile au premier peut s’avérer nocif pour le second. »

    « « Malgré des investissements considérables en ordinateurs, connexions internet et logiciels éducatifs, il y a peu de preuves solides montrant qu’un usage accru des ordinateurs par les élèves conduit à de meilleurs scores en #mathématiques et #lecture. » En parcourant le texte, on apprend que, après prise en compte des disparités économiques entre États & du niveau de performance initiale des élèves, “les pays qui ont moins investi dans l’introduction des ordinateurs à l’école ont progressé + vite, en moyenne, que les pays ayant investi davantage”. »

    Des chercheurs « se sont demandés si l’usage de logiciels éducatifs à l’école primaire (lecture, mathématiques) avait un effet sur la performance des élèves. Résultat : bien que tous les enseignants aient été formés à l’utilisation de ces logiciels, de manière satisfaisante selon leurs propres dires, aucune influence positive sur les élèves ne put être détectée. »

    « #Bill_Joy, cofondateur de #Sun_Microsystem et programmeur de génie, concluant comme suit une discussion sur les vertus pédagogiques du numérique : « Tout cela […] ressemble à une gigantesque perte de temps…

    .. Si j’étais en compétition avec les États-Unis, j’adorerais que les étudiants avec lesquels je suis en compétition passent leur temps avec ce genre de merde. »

    « L’introduction du #numérique dans les classes est avant tout une source de distraction pour les élèves. »

    « Dans une recherche réalisée à l’université du Vermont (États-Unis), pour un cours de 1 h 15, le temps volé par les activités distractives atteignait 42 %. »

    « Les résultats se révélèrent sans appel : tout dérivatif numérique (SMS, #réseaux_sociaux, #courriels, etc.) se traduit par une baisse significative du niveau de compréhension et de mémorisation des éléments présentés. »

    « De manière intéressante, une étude comparable avait précédemment montré que l’usage de l’ordinateur se révélait délétère même lorsqu’il servait à accéder à des contenus académiques liés à la leçon en cours. »

    « Bien sûr, ce qui est vrai pour l’#ordinateur l’est aussi pour le smartphone. Ainsi, dans un autre travail représentatif de la littérature existante, les auteurs ont établi que les étudiants qui échangeaient des SMS pendant un cours comprenaient et retenaient moins bien le contenu de ce dernier. Soumis à un test final, ils affichaient 60 % de bonnes réponses, contre 80 % pour les sujets d’un groupe contrôle non distrait. Une étude antérieure avait d’ailleurs indiqué qu’il n’était même pas nécessaire de répondre aux messages reçus pour être perturbé. Il suffit, pour altérer la prise d’information, qu’un #téléphone sonne dans la salle (ou vibre dans notre poche). »

    "Pourquoi une telle frénésie ? Pourquoi une telle ardeur à vouloir digitaliser le système scolaire, depuis la maternelle jusqu’à l’université, alors que les résultats s’affirment aussi peu convaincants ? [… Parce que] « si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement ». C’est exactement ce qui se passe avec l’actuelle numérisation du système scolaire. En effet, alors que les premieres études n’avaient globalement montré aucune influence probante de cette dernière sur la réussite des élèves, les données les plus récentes, issues notamment du #programme_PISA, révèlent un fort impact négatif. Curieusement, rien n’est fait pour stopper ou ralentir le processus, bien au contraire. Il n’existe qu’une explication rationnelle à cette absurdité. Elle est d’ordre économique : en substituant, de manière plus ou moins partielle, le numérique à l’humain il est possible, à terme, d’envisager une belle réduction des coûts d’enseignement. […] "« Le monde ne possède qu’une fraction des enseignants dont il a besoin ». Car le cœur du problème est bien là. Avec la massification de l’enseignement, trouver des professeurs qualifiés se révèle de plus en plus compliqué, surtout si l’on considère les questions de rémunération. Pour résoudre l’équation, difficile d’envisager meilleure solution que la fameuse « révolution numérique ». […] Le « professeur » devient alors une sorte de passe-plat anthropomorphe dont l’activité se résume, pour l’essentiel, à indiquer aux élèves leur programme numérique quotidien tout en s’assurant que nos braves digital natives restent à peu près tranquilles sur leurs sièges. Il est évidemment facile de continuer à nommer « enseignants » de simples « gardes-chiourmes 2.0 », sous-qualifiés et sous-payés ; et ce faisant, d’abaisser les coûts de fonctionnement sans risquer une révolution parentale. […] [en Floride], les autorités administratives se sont révélées incapables de recruter suffisamment d’enseignants pour répondre à une contrainte législative limitant le nombre d’élèves par classe (vingt-cinq au #lycée). Elles ont donc décidé de créer des classes digitales, sans professeurs. Ds ce cadre, les élèves apprennent seuls, face à un ordinateur, avec pour unique support humain un « facilitateur » dont le rôle se limite à régler les petits problèmes techniques et à s’assurer que les élèves travaillent effectivement. Une approche « criminelle » selon un enseignant, mais une approche « nécessaire » aux dires des autorités scolaires. […] 95 % du budget de l’Éducation nationale passe en salaires ! »

    Conclusion :

    1) « Plus les élèves regardent la télévision, plus ils jouent aux jeux vidéo, plus ils utilisent leur smartphone, plus ils sont actifs sur les réseaux sociaux & plus leurs notes s’effondrent. Même l’ordinateur domestique, dont on nous vante sans fin la puissance éducative, n’exerce aucune action positive sur la performance scolaire.

    2) Plus les États investissent dans les « technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement » (les fameuses TICE), plus la performance des élèves chute. En parallèle, plus les élèves passent de temps avec ces technologies et plus leurs notes baissent.

    3) le numérique est avant tout un moyen de résorber l’ampleur des dépenses éducatives. […]

    4) Pour faire passer la pilule et éviter les fureurs parentales, il faut habiller l’affaire d’un élégant verbiage pédagogiste. Il faut transformer le cautère digital en une « révolution éducative », un « tsunami didactique » réalisé, évidemment, aux seuls profits des élèves. Il faut camoufler la paupérisation intellectuelle du corps enseignant et encenser la mutation des vieux dinosaures prédigitaux en pétillants (au choix !) guides, médiateurs, facilitateurs, metteurs en scène ou passeurs de savoir. Il faut masquer l’impact catastrophique de cette « révolution » sur la perpétuation et le creusement des inégalités sociales. Enfin, il faut éluder la réalité des usages essentiellement distractifs que les élèves font de ces outils. »

    « Si l’usage des écrans affecte aussi lourdement la réussite scolaire, c évidemment parce que leur action s’étend bien au-delà de la simple sphère académique. Les notes sont alors le symptôme d’une meurtrissure + large, aveuglément infligée aux piliers cardinaux de notre dévéloppement. Ce qui est ici frappé, c’est l’essence même de l’édifice humain en développement : langage + #concentration + #mémoire + QI + #sociabilité + #contrôle_des_émotions. Une agression silencieuse menée sans états d’âme ni tempérance, pr le profit de qqs-uns au détriment de presque tous. »

    « Le #cerveau_humain s’avère, quel que soit son âge, bien moins sensible à une représentation vidéo qu’à une présence humaine effective. C’est pr cette raison, notamment, que la puissance pédagogique d’un être de chair et d’os surpasse aussi irrévocablement celle de la machine. »

    « Pr favoriser le développement d’un enfant, mieux vaut accorder du tps aux interactions humaines : [...] l’une des méthodes les + efficaces pr améliorer le dév. de l’enfant passe par les interactions de haute qualité entre l’adulte et l’enfant, sans la distraction des écrans. »

    « Le temps total d’interaction volé par 60 mn quotidiennes de télé sur les 12 premières années de vie d’un enfant s’élève à 2 500 heures. Cela représente 156 journées de veille, presque 3 années scolaires et 18 mois d’emploi salarié à temps complet...

    .. Pas vraiment une paille, surtout si l’on rapporte ces données à des consommations non plus de une, mais de 2 ou 3 heures quotidiennes. Et, à ce désastre, il faut encore ajouter l’altération relationnelle engendrée par les expositions d’arrière-plan. »

    « La consommation d’écrans interfère fortement avec le développement du langage. Par ex., chez des enfants de 18 mois, il a été montré que chaque 1/2 h quotidienne supplémentaire passée avec un appareil mobile multipliait par 2,5 la probabilité d’observer des retards de langage. De la même manière, chez des enfants de 24 à 30 mois, il a été rapporté que le risque de #déficit_langagier augmentait proportionnellement à la durée d’exposition télévisuelle. Ainsi, par rapport aux petits consommateurs (moins de 1 heure par jour), les usagers modérés (1 à 2 heures par jour), moyens (2 à 3 heures par jour) et importants (plus de 3 heures par jour) multipliaient leur probabilité de retard dans l’acquisition du langage respectivement par 1,45, 2,75 et 3,05. [...] Le risque de déficit était quadruplé, chez des enfants de 15 à 48 mois, qd la consommation dépassait 2 h quotidiennes. Ce quadruplement se transformait même en sextuplement lorsque ces enfants avaient été initiés aux joies du petit écran avant 12 mois (sans considération de durée). »

    Plus augmente la consommation d’écrans et plus l’#intelligence_langagière diminue. « Notons que le lien alors identifié était comparable, par son ampleur, à l’association observée entre niveau d’intoxication au plomb (un puissant perturbateur endocrinien) et QI verbal [...] si vous détestez [le] marmot de vos horribles voisins & que vous rêvez de lui pourrir la vie [...], inutile de mettre du plomb ds sa gourde. Offrez-lui plutôt une télé/tablette/console de jeux. L’impact cognitif sera tout aussi dévastateur pr un risque judiciaire nul. »

    « Le jour où l’on substituera le numérique à l’humain, ce n’est plus 30 mois (comme actuellement) mais 10 ans qu’il faudra à nos enfants pour atteindre un volume lexical de 750 à 1 000 mots. »

    « Au-delà d’un socle fondamental, oralement construit au cours des premiers âges de la vie, c’est dans les livres et seulement dans les livres que l’enfant va pouvoir enrichir et développer pleinement son langage. »

    .. [...] « Chaque heure quotidienne de jeux vidéo entraînait un affaissement de 30 % du temps passé à lire seul. Des éléments qui expliquent, au moins pour partie, l’impact négatif des écrans récréatifs sur l’acquisition du code écrit ; impact qui compromet lui-même, en retour le déploiement du langage. Tout est alors en place pr que se développe une boucle pernicieuse auto-entretenue : comme il est moins confronté à l’écrit, l’enfant a + de mal à apprendre à lire ; comme il a + de mal à lire, il a tendance à éviter l’écrit et donc à lire moins ; comme il lit moins, ses compétences langagières ne se développent pas au niveau escompté et il a de plus en plus de mal à affronter les attendus de son âge. Remarquable illustration du célèbre "#effet_Matthieu". »

    Attention – « Chaque heure quotidienne passée devant le petit écran lorsque l’enfant était à l’école primaire augmente de presque 50 % la probabilité d’apparition de troubles majeurs de l’attention au collège. Un résultat identique fut rapporté dans un travail subséquent montrant que le fait de passer quotidiennement entre 1 et 3 heures devant la télévision à 14 ans multipliait par 1,4 le risque d’observer des difficultés attentionnelles à 16 ans. Au-delà de 3 heures, on atteignait un quasi-triplement. Des chiffres inquiétants au regard d’un résultat complémentaire montrant que l’existence de troubles de l’attention à 16 ans quadruplait presque le risque d’échec scolaire à 22 ans. »

    Un travail « du service marketing de #Microsoft, curieusement rendu public, [explique] que les capacités d’attention de notre belle humanité n’ont cessé de se dégrader depuis 15 ans [pour atteindre] aujourd’hui un plus bas historique : inférieures à celles du… poisson rouge. Cette altération serait directement liée au développement des technologies numériques. Ainsi, selon les termes du document, "les modes de vie digitaux affectent la capacité à rester concentré sur des périodes de temps prolongées". »

    « Sean Parker, ancien président de Facebook, admettait d’ailleurs que les réseaux sociaux avaient été pensés, en toute lucidité, pour "exploiter une vulnérabilité de la psychologie humaine". Pour notre homme, "le truc qui motive les gens qui ont créé ces réseaux c’est : “Comment consommer le maximum de votre temps et de vos capacités d’attention” ?" Ds ce contexte, pour vous garder captif, "il faut vous libérer un peu de dopamine, de façon suffisamment régulière. D’où le like ou le commentaire que vous recevez sur une photo, une publication. Cela va vous pousser à contribuer de plus en plus et donc à recevoir de plus en plus de commentaires et de likes, etc. C’est une forme de boucle sans fin de jugement par le nombre". Un discours que l’on retrouve quasiment mot pour mot chez Chamath Palihapitiya, ancien vice-président de Facebook (questions de croissance & d’audience). La conclusion de ce cadre repenti (qui déclare se sentir "immensément coupable") est sans appel : "Je peux contrôler ce que font mes enfants, et ils ne sont pas autorisés à utiliser cette merde !" »

    Conclusion – « Les écrans sapent les trois piliers les plus essentiels du développement de l’enfant.
    – 1) les interactions humaines. [...] Pour le développement, l’écran est une fournaise quand l’humain est une forge.

    – 2) le langage. [...] en altérant le volume et la qualité des échanges verbaux précoces. Ensuite, en entravant l’entrée dans le monde de l’écrit.

    – 3) la concentration. [...] Ds qqs dizaines ou centaines de milliers d’années, les choses auront peut-être changé, si notre brillante espèce n’a pas, d’ici là, disparu de la planète. En attendant, c’est à un véritable #saccage_intellectuel que nous sommes en train d’assister. »
    « La liste des champs touchés paraît sans fin : #obésité, #comportement_alimentaire (#anorexie/#boulimie), #tabagisme, #alcoolisme, #toxicomanie, #violence, #sexualité non protégée, dépression, sédentarité, etc. [...] : les écrans sont parmi les pires faiseurs de maladies de notre temps »

    Manque de sommeil : « c’est l’intégrité de l’individu tout entier qui se trouve ébranlée dans ses dimensions cognitives, émotionnelles et sanitaires les plus cardinales. Au fond, le message porté par l’énorme champ de recherches disponible sur le sujet peut se résumer de manière assez simple : un humain (enfant, adolescent ou adulte) qui ne dort pas bien et/ou pas assez ne peut fonctionner correctement. »
    « Le sommeil est la clé de voûte de notre intégrité émotionnelle, sanitaire et cognitive. C’est particulièrement vrai chez l’enfant et l’adolescent, lorsque le corps et le cerveau se développent activement. »

    Il est possible d’améliorer (ou de dégrader) « très significativement [le fonctionnement de l’individu] en allongeant (ou en raccourcissant) de 30 à 60 mn les nuits de notre progéniture. »

    « L’organisme peut se passer d’#Instagram, #Facebook, #Netflix ou GTA ; il ne peut pas se priver d’un sommeil optimal, ou tt du moins pas sans csquences majeures. Perturber une fonction aussi vitale pr satisfaire des distractions à ce point subalternes relève de la folie furieuse. »

    « Aux États-Unis, l’#espérance_de_vie augmenterait de presque un an et demi si la consommation télévisuelle moyenne passait sous la barre des 2 h quotidiennes. Un résultat comparable fut rapporté par une équipe australienne, mais à rebours. Les auteurs montrèrent en effet que la sédentarité télévisuelle amputait de quasiment deux ans l’espérance de vie des habitants de ce pays. Formulé différemment, cela veut dire "[qu’]en moyenne, chaque heure passée à regarder la télévision après 25 ans réduit l’espérance de vie du spectateur de 21,8 mn". En d’autres termes, publicité comprise, chaque épisode de Mad Men, Dr House ou Game of Thrones enlève presque 22 minutes à votre existence. »

    Conclusion | « La consommation d’#écran_récréatif a un impact très négatif sur la santé de nos enfants et adolescents. Trois leviers se révèlent alors particulièrement délétères.
    – 1) les écrans affectent lourdement le sommeil – pilier essentiel, pour ne pas dire vital, du développement.

    – 2) Les écrans augmentent fortement le degré de sédentarité tt en diminuant significativement le niveau d’#activité_physique. Or, pr évoluer de manière optimale et pour rester en bonne santé, l’organisme a besoin d’être abondamment & activement sollicité. Rester assis nous tue !

    – 3) Les contenus dits « à risque » (sexuels, tabagiques, alcooliques, alimentaires, violents, etc.) saturent l’espace numérique. Aucun support n’est épargné. Or, pour l’enfant et l’adolescent, ces contenus sont d’importants prescripteurs de normes (souvent inconsciemment). »

    « Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle. 
    7 règles essentielles :

    1) AVANT 6 ANS, pas d’écrans (du tout)
    2) APRÈS 6 ANS, pas + de 30 mn à 1 h par jour (tout compris)
    3) pas dans la chambre
    4) pas de contenus inadaptés
    5) pas le matin avant l’école
    6) pas le soir avant de dormir
    7) une chose à la fois.

    #éducation_nationale

  • Pas coconstruire, Seulement Nous Utiliser : le SNU et l’éducation populaire, un rendez-vous raté – L’allume feu
    https://allume-feu.tila.im/index.php/2023/01/30/pas-coconstruire-seulement-nous-utiliser-le-snu-et-leducation-popula

    La recette pour un SNU réussi selon le gouvernement ? On prend des gens qui n’ont pas du tout la même fonction, ni le même but, ni la même culture, et qui ne travaillent jamais ensemble, on mélange tout ça sans préparation et… PAF ! ça fait n’importe quoi. J’ai été témoin d’incompréhensions, de contradictions, de disputes mêmes, en pleine réunion, de ces différents acteurs, chacun voulant faire comme il a l’habitude de faire et ne comprenant pas la même chose des objectifs du SNU.

    Par exemple, alors que je tentais de me faire recruter comme chef de centre (directeur de séjour de cohésion) pour le compte de mon association, je passe en entretien d’embauche. Je suis reçu par une fonctionnaire de la jeunesse et des sports, un militaire, et le recteur d’académie de l’Éducation nationale. En vient une discussion sur la pédagogie à appliquer.

    Ayant bien révisé mes circulaires (et étant issu de l’éducation populaire), je sais que le gouvernement a demandé de réduire au minimum les activités en pédagogie descendante, pour préférer des pédagogies participatives ou par le jeu. Je défends donc cette conception et, puisqu’elle vient d’un document du ministère, ne me doutant pas une minute de la controverse que j’allais soulever. En effet, le militaire n’est pas d’accord : le séjour de cohésion doit être uniforme partout en France et donc on ne peut pas se permettre de pédagogies autres que descendantes. Je vois l’horreur sur le visage de la fonctionnaire de la jeunesse et des sports, qui tente de nuancer ses propos. Le militaire ne l’accepte pas et rebondit. S’en est suivi un dialogue de sourds à la limite de la dispute durant 5 bonnes minutes entre les deux gestionnaires du projet, devant un candidat à l’embauche. Pour ceux qui se demanderaient quel était l’avis du recteur d’académie, il était à moitié en train de dormir sur son bureau. La fonctionnaire de la jeunesse et des sports me rappelle quelques jours après pour me signifier que je ne suis pas pris… et me précise que c’est bien dommage car c’est le militaire tout seul qui n’a pas voulu ! Quelle formidable synergie entre collègues !

    #snu #armée #militaire #éducation

  • Compte rendu de : #Sandrine_Garcia, Mères sous influence. De la cause des femmes à la cause des enfants. (2011)
    https://llss.hypotheses.org/462

    Naissance d’une “cause de l’enfant”

    La troisième partie va donc décrire les étapes de « la construction psychanalytique d’une ‘cause de l’enfant’ ». L’auteur étudie tout d’abord (chapitre 6) l’application de la #psychanalyse à de nouveaux terrains comme l’#éducation, et la diffusion de la psychanalyse de l’enfant dans la pédiatrie institutionnelle grâce en particulier à Jenny Aubry. Cette dernière s’appuie sur les travaux de René Spitz, John Bowlby et Donald Winnicot sur les effets pathogènes de la « carence de soins maternels » pour améliorer la prise en charge des enfants placés en institution.

    La psychanalyse acquiert ainsi une forte légitimité, qui va contribuer à « imposer durablement le paradigme de la séparation mère/enfant comme facteur de ‘risque psychologique’ » (p. 208). Un thème qui va s’avérer très extensible puisqu’il pourra s’appliquer à l’accouchement, à la reprise du travail par la mère, au sevrage, etc. Par conséquent, une amélioration incontestable de la situation des enfants conduit en parallèle, de manière relativement peu visible, à une réimposition d’une division sexuelle du travail parental, et à une vision normative du rôle des mères. Tout un ensemble de « savoirs psy » va être mobilisé par les nouveaux professionnels de l’enfance, qui leur permet d’assigner les parents à une position de profanes, tout en affirmant leur position face aux médecins. Ces « intermédiaires sociaux » (assistantes sociales, psychologues scolaires, etc.), dont le nombre explose dans les années 1970, sont particulièrement enclins à la « psychologisation du social » qui tend à anoblir leur position, comme l’a montré Francine Muel-Dreyfus.

    La figure éminemment populaire de #Françoise_Dolto, qui incarne bien souvent à elle seule la psychanalyse de l’enfant en France, permet à l’auteur d’illustrer comment se construit une position d’autorité en prenant appui sur La genèse et la structure du champ religieux de Pierre Bourdieu. Dolto est selon ce schéma pensée en termes de figure charismatique, et mise en relation avec une configuration historique particulière (la forte expansion du mouvement psychanalytique dans l’après-guerre).

    Comment expliquer le succès de Françoise Dolto malgré ses positions conservatrices sur l’avortement et la contraception ? C’est l’un des points les plus passionnants du livre. Pour Sandrine Garcia, Dolto fonctionne comme un emblème politique « qui dépasse largement ses propres positions, voire les contredit » (p. 216). Elle remarque qu’on lui attribue des positions bien plus féministes et progressistes que celles qu’elle défendait. Un emblème construit par les médias et les exégètes, qui masque les tensions entre un projet éducatif novateur (l’orthopsychanalyse) et une vision traditionnelle du rôle des #femmes. Son discours, ambivalent, a pu se prêter à plusieurs appropriations, tout en coïncidant avec la sensibilité anti-autoritaire de l’époque. Une des clés de compréhension réside dans le recours à des pratiques hétérodoxes par rapport au mouvement psychanalytique (elle est exclue de l’Association psychanalytique internationale, comme Lacan), qui contribue à produire une impression de nouveauté radicale et une « aura de subversivité ». L’auteur affirme :

    « Si l’on veut sociologiser le ‘génie’ de Françoise Dolto, on peut donc faire l’hypothèse qu’il consiste à capitaliser un certain nombre d’idées, de thèses, de ‘découvertes’ d’une entreprise collective, qui peuvent paraître comme inédites auprès du public extérieur auquel elle s’adresse dans l’après-guerre en s’appuyant sur sa légitimité de représentante d’une science jeune et prometteuse, et alors que l’anxiété parentale est devenue, selon Annick Ohayon, un ‘marché juteux’ pour les médecins ». (p. 226)

    Les ressources sociales et scolaires de Françoise Dolto doivent également être mobilisées pour expliquer le succès de cette positon d’autorité alors qu’elle n’est ni psychiatre ni médecin des hôpitaux : issue d’une famille de la grande bourgeoisie catholique parisienne, ses convictions religieuses jouent un grand rôle dans ses théories – ce que Sandrine Garcia appelle la « ressource religieuse » (p. 228), qui fonctionne comme une matrice symbolique. On le voit bien dans la théorie de l’enfant envisagé comme une personne dés la conception, et même avant. La psychanalyse permet à Françoise Dolto de réintroduire les topiques religieux qui avaient été bannis par Marie-Andrée Lagroua. Il s’agit selon Sandrine Garcia d’une « réappropriation par le religieux du pouvoir d’édicter la norme familiale, au prix d’une ouverture sur les questions de sexualité » (p. 216). Si le projet visé semble révolutionnaire (l’épanouissement de l’enfant dans sa singularité), il accorde une place centrale à la disponibilité des mères qui sont assignées à une maternité très contraignante, liée à des modes de vie socialement situés (ne pas travailler, ou à mi-temps), qui renvoient à la propre position de Dolto, qui disposait de personnel de maison.

    L’auteur le montre en soulignant la multiplication des « conseils paradoxaux », qui sont tout à la fois variables et réversibles : il faut être le moins directif possible avec les enfants, sans pour autant être laxiste. Soit un jeu permanent de doubles injonctions, et un double langage tout à la fois culpabilisant / déculpabilisant. Le résultat est l’augmentation des contraintes exercées sur les mères, qui voient ainsi leur liberté fortement réduite. L’exemple de l’acquisition de la propreté le montre bien : Dolto affirme que la propreté ne s’apprend pas, mais doit « venir toute seule ». Son apprentissage fait courir aux enfants de « graves névroses », sans que de telles affirmations ne soient jamais étayées, du fait d’une grande liberté dans les modalités d’administration de la preuve. Le concept de « risque psychologique » de l’enfant en situation ordinaire est la pièce maîtresse de cette entreprise de culpabilisation, et l’une des ressources les plus efficaces pour rappeler les femmes à leurs devoirs.

    C’est finalement un « ordre naturel des genres » qui est promu au travers de la croisade pour « la cause des enfants » : la régulation des naissances est sans cesse dénoncée, le choix de l’allaitement maternel est présenté comme une évidence, de même que le fait qu’un enfant a besoin de sa mère jusqu’à trois ans, au moins. Sur l’avortement, la position est plus subtile : il s’agit de ne pas interdire au fœtus, qui en a le désir, de vivre. Ce qui consiste en une vision nostalgique de l’ordre social qui s’inscrit dans la lutte contre la vision pastorienne.

    Dans le champ scolaire (chapitre 8), Françoise Dolto et Maud Mannoni forment l’avant-garde qui prend pour cible, dans le sillage de 1968, l’école et la famille en tant qu’institutions hiérarchisées, en prenant appui sur une vision néo-rousseauiste. Ces pédagogies psychanalytiques reposent sur une idéologie du don qui revient à imputer les inégalités de talent aux inégalités naturelles, en occultant la dimension sociale dans la réussite scolaire : « Ceux qui ont la capacité et la volonté de devenir savants le deviendront, ceux qui n’ont que les capacités de balayer balaieront » (A. S. Neill, cité p. 267) Comme le rappelle l’auteur, « laisser faire la nature en matière scolaire, c’est en fait laisser agir les dispositions sociales, et en particulier l’héritage culturel » (p. 269). Sandrine Garcia souligne que ces visions s’enracinent dans une expérience sociale très privilégiée : c’est en quelque sorte une « révolte d’héritiers » qui bénéficient du capital culturel nécessaire pour réussir à l’école sans s’identifier au projet scolaire républicain. En effet, Françoise Dolto ne fréquentera l’école publique qu’à partir de 16 ans, étant formée à domicile par une institutrice, puis dans un cours privé.

  • Réflexions sur le lycée autogéré de Paris - Anarchistes Ivry
    https://ivry.anarchiste.info/article760/reflexion-sur-le-lycee-autogere-de-paris

    En 40 ans, il n’est pas rare non plus que le lycée autogéré de Paris accueille des enfants d’anciens lapiens, ou de parents qui auraient voulu venir au LAP ou le connaître plus tôt mais n’ont pas pu.

    Au bout du compte, si les (plus ou moins) 280 personnes que nous accueillons restent tout de même un public assez varié, c’est que le lycée autogéré de Paris est désectorisé et ne représente donc pas le quartier dans lequel il est situé.

    Peu de ceux que nous accueillons ont déjà entendu parler autogestion. Mais si une chose est sûre, c’est que la plupart des élèves accueillis au LAP étaient en rupture scolaire dans le traditionnel, à cause justement des hiérarchies, de l’autorité, des cours imposés, de la condescendance et du dédain des profs. En réponse à cela, que proposer d’autre que l’autogestion  ?

    Mais si l’autogestion est la seule chose que l’on peut proposer, elle n’est pas choisie.
    Ceux qui viennent ici, viennent en réalité chercher un lieu dont le fonctionnement n’est pas autoritaire.

    Les deux sont pourtant censés faire bon ménage, même si je pense qu’un projet libertaire est bien plus qu’un fonctionnement anti-autoritaire et autogestionnaire. — Il n’est pas question, par exemple, de simplement autogérer des structures capitalistes, ou de conserver une organisation si importante qu’elle finirait à ressembler à l’état. — Ceux qui rejoignent le LAP ne viennent donc pas chercher l’autogestion et ne joignent pas non plus les deux ensembles. Une partie des élèves ont le réflexe de voir les professeurs comme leurs chefs puisque c’est plus «  raisonnable  » et plus simple que de prendre en charge la gestion du lycée. Et il faut avouer qu’un fonctionnement égalitaire, au niveau des corvées n’a rien de très attrayant. Chez certains profs, on retrouve le même problème  ; beaucoup viennent dans l’idée de donner des cours alternatifs, sans avoir à exercer de pression sur les élèves, mais sans trop se demander en quoi consiste l’autogestion. Ils cherchent à rester dans les clous, ne pas se montrer trop politique, encore moins libertaire.

    #lap #autogestion #éducation #lycée #école

  • Janvier 2023, L’Evaluation de l’information | Radio nomade
    http://www.radionomade.fr/janvier-2023-levaluation-de-linformation

    Un podcast avec Mônica Macedo-Rouet et Alexandre Serres autour du livre « Savoir Chercher »

    « L’Evaluation de l’information »

    Invité(e))s : Mônica Macedo-Rouet, professeure des Universités en psychologie à l’université CY Cergy Paris Université, précédemment professeure en sciences de l’éducation à l’université Paris 8, Alexandre Serres, maître de conférence honoraire en sciences de l’information et de la communication à l’université Rennes 2, membre fondateur du groupe de recherche sur les cultures et la didactique de l’information (GRCDI).

    Comment évaluer l’information ? Et d’ailleurs qu’est-ce qu’évaluer l’information ?

    C’est à ce questionnement que nos deux invités tentent de répondre au travers de leurs ouvrages respectifs.

    Alexandre Serres dans son livre de 2012 : « Dans le labyrinthe : évaluer l’information sur internet » aux éditions C&F, présente une sorte d’état des lieux sur le sujet, à l’heure du numérique, d’internet et des réseaux sociaux du web 2.0, sachant que nous sommes passés sur cette question, dit-il, de l’ordre du documentaire à l’ordre géostratégique. Entre brouillage formel, brouillage des sources, brouillage des genres au regard des seules ressources documentaires papiers d’avant, et l’apparition de nouvelles valeurs, comme celles du buzz, de l’affectif avec les likes par exemple, ou de l’évaluationnite mais aussi du collaboratif, Alexandre Serres rappelle les menaces qui planent sur internet, les trois dragons comme les nomme François Bernard Huygue, à savoir la désinformation, la mésinformation, et la surinformation, et appelle notamment de ses vœux le développement d’une éducation à l’évaluation de l’information,

    Finalement c’est à ce travail que Monica Macedo-Rouet tente justement de répondre de son côté dans son ouvrage : “Savoir chercher : pour une éducation à l’évaluation de l’information” édité tout récemment en 2022, également aux éditions C&F. En s’appuyant sur un vaste ensemble d’études et de recherches de ces 10, 20 dernières années, menées auprès de primaires, collégiens, lycéens comme étudiants, Monica Macedo-Rouet reconsidère tout d’abord la notion de lecture, lecture papier d’abord et/ou numérique, et au-delà lecture hypertextuelle ou multidocumentaire sur le web ou encore de l’hypermédia. Posant ainsi la nécessité d’appréhender aujourd’hui la lecture non plus seulement comme la lecture d’un simple texte mais également celle d’une recherche et d’une évaluation, Monica Macedo-Rouet réinterroge à la suite la question des sources, comme celles de la crédibilité et de la pertinence d’un contenu et d’une information. En témoignant ainsi de la pratique des enfants et adolescents sur cette question de l’évaluation de l’information, Monica Macedo-Rouet rappelle les courants qui ont précédé celle-ci, comme l’éducation aux médias, la maitrise de l’information ou la littératie multidocumentaire pour n’en citer que quelques-uns, pour finalement proposer à l’aune des nouvelles études engagées, auxquelles elle a elle-même largement participé, des pistes, des préconisations, dans le but de répondre à ce nouvel enjeu essentiel qu’est devenu aujourd’hui la nécessaire éducation à l’évaluation de l’information.

    Plus d’infos :
    https://cfeditions.com/savoir-chercher
    https://cfeditions.com/Labyrinthe
    Lire la suite
    Article précédent Septembre 2022, Mémoire et engagement
    Publié dans FPP 106.3FM
    Étiqueté avec Ecole, Education, enfants, Livres, médias, Pédagogie, sociologie

    #Evaluation #Education_médias_information #Monica_Macedo_Rouet #Savoir_chercher #Alexandre_Serres #Dans_le_labyrinthe #Podcast

  • La guerre des chiffres ça saoule. Au doigt mouillé il y avait, à Paris, vraiment beaucoup de monde : une partie du cortège était encore au point de départ quand l’autre arrivait au point d’arrivée, signe qu’il s’agissait d’une manif de grande ampleur. Pour mettre tout le monde d’accord il faut continuer. Grève générale !


    Brassard du jour.

  • #Logiciels_libres à l’#école : « Il faut mettre la pression sur les États et l’Union européenne », estime l’EPI
    https://www.banquedesterritoires.fr/logiciels-libres-lecole-il-faut-surtout-mettre-la-pression-sur-

    « Il faut que l#'Union_européenne et les gouvernements s’engagent pour une plateforme européenne libre pour la numérisation de l’#éducation », estime l’association l’EPI (Enseignement public et informatique), en réaction à la publication fin 2022 au JO de la réponse du ministère de l’Education nationale demandant de stopper le déploiement des outils de Microsoft et Google dans les écoles françaises

  • Pourquoi la bourgeoisie veut imposer le port de l’uniforme à l’école
    https://www.frustrationmagazine.fr/uniforme

    Des collèges qui ne prennent pas l’eau à la première averse ? Une carte scolaire revue ? Des ordinateurs qui fonctionnent ? Des effectifs supplémentaires ? Une revalorisation salariale des enseignants ? Brigitte Macron a une bien meilleure idée pour faire avancer l’égalité dans l’éducation ! Le 11 janvier dernier, dans une interview au Parisien, […]

  • #témoignage #ecole #prof #education

    La lettre d’une jeune professeure des écoles au ministère de l’éducation : « Nous travaillons dans la frustration, celle de mal faire notre travail »
    https://www.lemonde.fr/education/article/2023/01/17/nous-travaillons-dans-la-frustration-celle-de-mal-faire-notre-travail-l-aler

    Laura Vinas

    Professeure des écoles

    « Si je me permets de vous écrire, c’est parce que je suis plus que passionnée, mais déjà terriblement déçue », dit Laura Vinas.

    Monsieur le ministre, j’ai longuement hésité à vous écrire. Je sais combien vous devez recevoir de messages chaque jour. Le mien ne sera sans doute qu’un message parmi les autres – s’il est lu – mais je me devais de tenter ma chance et d’essayer de faire changer les choses.

    Je ne pouvais pas me résigner, continuer d’aller enseigner chaque matin comme si tout allait bien, continuer de pleurer seule dans ma classe, une fois mes élèves en récréation. Je n’aurais pas supporté d’être restée spectatrice de ce carnage. Car oui, il s’agit bien d’un carnage : les enseignants, les Atsem [agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles] et les AESH [accompagnants d’élèves en situation de handicap] sont en souffrance et l’éducation des enfants est totalement bafouée.

    Si je me permets de vous écrire aujourd’hui, c’est parce que je suis une jeune professeure des écoles plus que passionnée, mais déjà terriblement déçue – après seulement quatre années d’ancienneté – et surtout très inquiète en ce qui concerne le déclin de l’école de la République.

    « Nous sommes épuisés »
    En effet, les conditions d’enseignement et d’apprentissage sont absolument lamentables. Malgré l’énorme budget alloué à l’éducation, nous travaillons sans matériel et sans moyens. Nos classes sont délabrées, certaines ont aux fenêtres des lambeaux de tissu en guise de rideaux, d’autres ont une porte qui donne sur la cour qui ne ferme pas (et par laquelle des enfants de 3 ans peuvent facilement s’échapper), nombreuses sont celles dans lesquelles il fait 28 à 32 °C entre juin et septembre. Et j’en passe, car le matériel et les équipements ne sont pas ce qui est le plus à déplorer.

    L’humain est au cœur de cette crise. De nombreux collègues et moi-même partageons un sentiment commun : l’absence de considération et de respect, que ce soit envers les personnels de l’éducation ou les enfants, futurs citoyens de la République. Certains enseignants ont quatre, voire six postes différents dans la semaine. Et en plus de ces postes qui ne représentent qu’un temps partiel, ils sont remplaçants le reste du temps. Ils sont contraints de changer d’école entre midi et 14 heures, en faisant l’impasse sur leur déjeuner. Ils doivent trouver leur place parmi plusieurs équipes, connaître les besoins de dizaines et de dizaines d’élèves, travailler main dans la main avec des parents qu’ils ne connaissent même pas tant ils sont nombreux, se dédoubler pour tenter de venir en aide à chacun de leurs trente, trente et un ou trente-deux élèves, ayant tous des besoins très différents.

    Nous sommes épuisés. Nous sommes en souffrance. Et pourtant, nous continuons à faire notre travail, et plus que bien. Nous ne nous arrêtons jamais car nous culpabilisons d’abandonner nos élèves ou de les répartir dans les classes de nos collègues (qui n’auraient d’ailleurs même pas assez de chaises ou de superficie pour les accueillir décemment !).

    Nous travaillons le soir, le mercredi et le week-end. Nous sacrifions beaucoup de notre vie privée. Nous mettons notre santé en danger. Nous travaillons dans la frustration, celle de mal faire notre travail car vous ne nous donnez pas les moyens de le faire correctement, comme il nous l’a été pourtant bien enseigné. Et nous faisons tout ça sans rien dire, et en acceptant un salaire de misère.

    « Précarité abominable » des AESH
    Je n’ai rien à faire de l’argent. Si je voulais gagner ma vie grassement, je n’aurais pas choisi ce métier. J’ai choisi cette profession car elle pourrait être la plus belle de toutes. Nous avons pour mission d’élever des enfants, de leur transmettre les valeurs de la République, de les éduquer, de les instruire, de leur donner les clés pour qu’ils puissent faire partie de la société, raisonner, agir en tant que citoyens éclairés. Avez-vous oublié l’histoire de la France ? Celle de l’école de la République ? Ses valeurs, ses principes ? Combien l’éducation est à la base de toute la société ? Elle devrait être la priorité de notre pays, comme celle de toutes les autres nations. Nous sommes une des plus grandes puissances mondiales et nous laissons dépérir notre système éducatif.

    Les AESH n’obtiennent absolument aucune reconnaissance. Elles vivent dans une précarité abominable. Elles sont déplacées d’une école à l’autre depuis la naissance des PIAL [pôles inclusifs d’accompagnement localisés], comme si l’efficacité de leur action ne reposait pas en très grande majorité sur la relation de confiance qu’elles ont su établir avec un enfant après de longues semaines, mois, voire années de dur labeur, ainsi que sur la parfaite connaissance de l’enfant dont elles s’occupent.

    Laura Vinas(Professeure des écoles)❞

    • Je n’ai rien à faire de l’argent.

      Un témoignage qui tombe à pic pour l’ouverture de la concertation sur les salaires (avec des conséquences pour le rentrée prochaine).

  • Étonnant télescopage en revenant sur Seenthis ce soir : on y cause de Lodève alors que j’y étais justement avec les enfants aujourd’hui. Nous sommes retournés au musée de Lodève pour l’expo « En route vers l’impressionnisme » (de Corot à Monet…) :
    https://www.museedelodeve.fr/exposition/en-route-vers-l-impressionnisme
    L’ensemble étant tiré des collections du musée de Reims.

    Très très chouette. Et le musée (de Lodève, celui de Reims je connais pas) est vraiment génial – rien à voir avec le fait qu’ils m’avaient commandé une visite virtuelle de leur expo « Les derniers impressionnistes » :-))
    https://www.museedelodeve.fr/derniers-impressionnistes/index.html

    Outre l’expo temporaire, il y a la très belle exposition permanente d’œuvres du sculpteur local, Paul Dardé. Et deux étages d’histoire de l’humanité et de la Terre, sur la base des collections récoltées dans la région ; le musée a été refait récemment, la muséographie est moderne, c’est très bien fait pour les enfants. Cette fois on n’a pas eu le temps de se refaire les collections d’histoire, parce qu’on est restés dessiner dans l’expo temporaire, mais les enfants ont carrément envie de revenir. (C’est l’avantage d’avoir des enfants jeunes : ils oublient qu’ils ont déjà visité le truc, et de toute façon encore l’année dernière ils étaient capables de se regarder Totoro dix fois de suite sans broncher… alors revisiter un musée deux ou trois ans plus tard, ça les gène pas.)

    • Conclusion

      Pour près d’un demi-million d’euros, soit l’équivalent de 12 années de doctorat ou d’un gros projet ANR, McKinsey a fournit un document à la Direction interministérielle de la transformation publique qui s’appuie notamment sur les travaux d’un think tank libertarien proche de l’alt-right et qui milite ouvertement pour la privatisation de l’enseignement public. Parmi les très nombreux copier-collers depuis l’OCDE, le graphique sur lequel s’appuie la preuve d’efficacité des primes au mérite pour les enseignants fait l’objet d’une interprétation manipulatoire, pouvant être vérifiée en quelques minutes simplement en discutant sur Twitter.

      En réalité, les données sous-jacente au graphique permettent soit de ne rien conclure quant à l’efficacité de ces primes au mérite, soit au contraire de conclure que les primes au mérites ne sont pas nécessairement utilisées par les systèmes éducatifs les plus performants, ce qui est l’exact inverse des préconisation des auteurs du documents.

      et un peu avant :

      Les mauvais esprits avancent que cette promotion [par #McKinsey des primes au mérite pour les enseignants] était une commande du ministère, à laquelle le cabinet conseil ne faisait que répondre, quitte à manipuler les informations disponibles pour donner un fond de rationalité à l’idéologie du gouvernement.

      Jean-Michel #Blanquer appliquait d’ailleurs les recommandations du dossier, deux ans avant de l’avoir commandé.

  • GPT-3 : c’est toi le Chat. – affordance.info
    https://affordance.framasoft.org/2023/01/gpt-3-cest-toi-le-chat

    Soyons tout à fait honnêtes sur ce point, il va rapidement falloir revoir la nature de nos enseignements (et de nos évaluations) en lien avec la capacité de rédiger des productions documentaires. Il ne s’agit pas pour autant d’en faire une alarme catastrophiste. Et je rejoins totalement en cela le camarade Antonio Casilli. Nous nous sommes déjà remis de ce que l’on annonçait – souvenez-vous – comme le début de la fin des enseignants et des bibliothécaires lorsque les moteurs de recherche apparurent, de la fin des relations sociales lorsque les réseaux sociaux devinrent massifs, et la fin de la capacité de construire et de certifier des connaissances lorsque Wikipedia apparût. Nous nous remettrons donc très certainement aussi de cette nouvelle capacité rédactionnelle artefactuelle offerte à l’ensemble des étudiant.e.s, élèves ou apprenant.e.s. Nous l’intégrerons dans nos pratiques et parviendrons à l’évaluer pour ce qu’elle est. Mais sans sombrer dans le catastrophisme, il serait tout aussi idiot de ne pas envisager que nous sommes une nouvelle fois devant un changement absolument majeur de notre manière d’enseigner, de transmettre, et d’interagir dans un cadre éducatif, a fortiori lorsque celui-ci est asynchrone et/ou à distance.

    #IA #SNT #NSI #Lycee #Education

  • Du côté des petites filles d’Elena Gianini Belotti
    https://www.desfemmes.fr/essai/du-cote-des-petites-filles

    Du côté des petites filles est une analyse, fondée sur de très nombreuses observations de la vie de l’enfant selon qu’il est un garçon ou une fille, l’étude des fondements d’une éducation qui se transmet à l’identique, de manière presque inconsciente, automatique. L’auteure montre comment cette dernière est le résultat de toute une série de conditionnements passant par les jeux, les jouets, la littérature enfantine et critique les méthodes pédagogiques, le manque presque total de préparation des enseignants, les rapports toujours faussés de ces derniers avec les enfants. L’ouvrage connaît un immense succès en France (comme auparavant en Italie), il a été tiré à 250 000 exemplaires. « Qu’est-ce qu’un garçon peut tirer de positif de l’arrogante présomption d’appartenir à une caste supérieure, du seul fait qu’il est né garçon ? La mutilation qu’il subit est tout aussi catastrophique que celle de la petite fille persuadée de son infériorité du fait même d’appartenir au sexe féminin. » E.G.B.

    1974 (Edition brochée non disponible)1976, édition de poche208 p. 8,25 €EAN 9782721004499

    (j’ai l’édition brochée, lue à l’époque, quelque part dans un carton…)

  • Thousands of Teens Are Being Pushed Into Military’s Junior R.O.T.C.
    https://www.nytimes.com/2022/12/11/us/jrotc-schools-mandatory-automatic-enrollment.html

    J.R.O.T.C. programs, taught by military veterans at some 3,500 high schools across the country, are supposed to be elective, and the Pentagon has said that requiring students to take them goes against its guidelines. But The New York Times found that thousands of public school students were being funneled into the classes without ever having chosen them, either as an explicit requirement or by being automatically enrolled.

    A review of J.R.O.T.C. enrollment data collected from more than 200 public records requests showed that dozens of schools have made the program mandatory or steered more than 75 percent of students in a single grade into the classes, including schools in Detroit, Los Angeles, Philadelphia, Oklahoma City and Mobile, Ala. A vast majority of the schools with those high enrollment numbers were attended by a large proportion of nonwhite students and those from low-income households, The Times found.

    [...] J.R.O.T.C. classes, which offer instruction in a wide range of topics, including leadership, civic values, weapons handling and financial literacy, have provided the military with a valuable way to interact with teenagers at a time when it is facing its most serious recruiting challenge since the end of the Vietnam War.

    While Pentagon officials have long insisted that J.R.O.T.C. is not a recruiting tool, they have openly discussed expanding the $400 million-a-year program, whose size has already tripled since the 1970s, as a way of drawing more young people into military service. The Army says 44 percent of all soldiers who entered its ranks in recent years came from a school that offered J.R.O.T.C.

    #jrotc #éducation #états-unis

  • La finance se rue sur le business des résidences étudiantes
    https://www.mediapart.fr/journal/france/141222/la-finance-se-rue-sur-le-business-des-residences-etudiantes

    À Lyon, le #Crous disposait au printemps 2022 d’un peu plus de 9 000 places, au sein de 42 résidences. De quoi accueillir moins de 5 % des étudiant·es du territoire. Seuls 18 % des boursiers et boursières peuvent se loger à moindre coût, alors que le plan Anciaux, lancé il y a plus de 15 ans, ambitionnait de pouvoir accueillir 10 % des étudiant·es et 30 % des boursiers et boursières. On en est loin.

    Face aux carences des pouvoirs publics, le secteur privé a beau jeu de se poser en sauveur. En feignant d’oublier qu’il ne s’adresse pas à tous les étudiant·es. « Notre métier, c’est aussi de choisir nos locataires », assume le président de #Cardinal Campus, Thibault Champenier, dans une vidéo de communication interne. « On sait les profils d’étudiants et de cycles qu’on va refuser. Certains s’inscrivent, vont en fac, et puis au bout de trois mois ils abandonnent. Ces gens-là, […] ils ne participent pas au projet économique de l’exploitant, qui a besoin que sa résidence soit remplie de façon importante », développe-t-il. Sollicité, Cardinal Campus n’a pas répondu à notre demande d’interview.

    Les étudiants et étudiantes précaires n’intéressent pas les résidences privées. [...]

    Le syndicat Solidaires Étudiant·es Lyon indique être actuellement en lien avec « six étudiants à la rue ou dans des situations très précaires », mais avoue avoir « très peu de solutions » à leur proposer. « Des filles qui avaient dormi à la gare de Perrache n’ont même pas eu droit au #logement d’urgence du Crous. » De son côté, le Comité local pour le logement autonome des jeunes (CLLAJ) de Lyon observe le développement de l’offre privée d’un œil un peu désabusé. « Les investisseurs pourraient bien créer 30 nouvelles résidences. Avec ces tarifs, ça ne changerait pas grand-chose », souffle Antoine Herrera, chargé de projet pour l’association.

    La tendance dépasse de loin les berges du Rhône. Attirés par une demande largement supérieure à l’offre, les investisseurs privés ont fait pousser des résidences privées un peu partout. Ce marché florissant représentait 8,1 milliards d’euros d’investissements en Europe en 2021, selon un rapport du cabinet d’études Savills, qui anticipe un nouveau record pour 2022. En France, Nexity Studéa est l’un des leaders du secteur, avec 15 000 logements.

    Avec des taux de remplissage alléchants et le soutien financier des familles, les résidences étudiantes attirent bien au-delà de notre continent. Près de 80 % des fonds injectés en 2020 en Europe provenaient de l’extérieur de l’UE, avec un intérêt croissant des fonds qataris, malaisiens ou canadiens, selon Savills. « Le secteur des logements étudiants est une bonne opportunité pour les investisseurs d’équilibrer leur portefeuille en période de ralentissement économique », explique Marcus Roberts, analyste de l’entreprise de conseil britannique.

    Désormais, les logements étudiants s’achètent et se vendent comme des biens financiers classiques. En Europe du Sud et de l’Est, où les infrastructures sont moins développées, les investisseurs du monde entier sont à l’affût. Le cabinet d’analyse financière Bonard liste d’ailleurs Madrid et Rome parmi « les opportunités d’investissement les plus lucratives ». En chiffres, cela donne un lit pour dix-sept étudiant·es à Madrid et seulement un pour trente à Rome.

    Si l’argent privé coule à flots, ce n’est pas une bonne nouvelle pour tout le monde. Toujours d’après Bonard, en 2022, les loyers pratiqués pour un studio de taille équivalente diffèrent fortement selon qu’il s’agit d’une résidence privée ou publique. En région parisienne, il faut ainsi débourser en moyenne 35 % de plus pour pouvoir obtenir un studio dans une résidence privée. Même ordre de grandeur à Milan ou Prague. À Varsovie, ville aux logements étudiants les plus rentables d’Europe selon Savills, cette différence grimpe à 45 %.

    #éducation #université

  • Opinion | A.I. Will Change Education. Don’t Let It Worsen Inequality. - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2022/12/15/opinion/chatgpt-education-ai-technology.html

    It is in high schools and even college where some of ChatGPT’s most interesting and troubling aspects will become clear.

    Essay writing is most often assigned not because the result has much value — proud parents putting good grades on the fridge aside — but because the process teaches crucial skills: researching a topic, judging claims, synthesizing knowledge and expressing it in a clear, coherent and persuasive manner. Those skills will be even more important because of advances in A.I.

    When I asked ChatGPT a range of questions — about the ethical challenges faced by journalists who work with hacked materials, the necessity of cryptocurrency regulation, the possibility of democratic backsliding in the United States — the answers were cogent, well reasoned and clear. It’s also interactive: I could ask for more details or request changes.

    But then, on trickier topics or more complicated concepts, ChatGPT sometimes gave highly plausible answers that were flat-out wrong — something its creators warn about in their disclaimers.

    Unless you already knew the answer or were an expert in the field, you could be subjected to a high-quality intellectual snow job.

    In flipped classrooms, students wouldn’t use ChatGPT to conjure up a whole essay. Instead, they’d use it as a tool to generate critically examined building blocks of essays. It would be similar to how students in advanced math classes are allowed to use calculators to solve complex equations without replicating tedious, previously mastered steps.

    Teachers could assign a complicated topic and allow students to use such tools as part of their research. Assessing the veracity and reliability of these A.I.-generated notes and using them to create an essay would be done in the classroom, with guidance and instruction from teachers. The goal would be to increase the quality and the complexity of the argument.

    This would require more teachers to provide detailed feedback. Unless sufficient resources are provided equitably, adapting to conversational A.I. in flipped classrooms could exacerbate inequalities.

    Some school officials may treat this as a problem of merely plagiarism detection and expand the use of draconian surveillance systems. During the pandemic, many students were forced to take tests or write essays under the gaze of an automated eye-tracking system or on a locked-down computer to prevent cheating.

    In a fruitless arms race against conversational A.I., automated plagiarism software may become supercharged, making school more punitive for monitored students. Worse, such systems will inevitably produce some false accusations, which damage trust and may even stymie the prospects of promising students.

    Educational approaches that treat students like enemies may teach students to hate or subvert the controls. That’s not a recipe for human betterment.

    As societies responded to previous technological advances, like mechanization, by eventually enacting a public safety net, a shorter workweek and a minimum wage, we will also need policies that allow more people to live with dignity as a basic right, even if their skills have been superseded. With so much more wealth generated now, we could unleash our imagination even more, expanding free time and better working conditions for more people.

    The way forward is not to just lament supplanted skills, as Plato did, but also to recognize that as more complex skills become essential, our society must equitably educate people to develop them. And then it always goes back to the basics. Value people as people, not just as bundles of skills.

    #Education #Intlligence_artificielle #Zeynep_Tufekci

  • Nous sommes parents d’élèves et nous refusons l’école numérique – Entre les lignes entre les mots
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/12/15/nous-sommes-parents-deleves-et-nous-refusons-l
    https://secure.gravatar.com/blavatar/a3b1cc5dc5733d7f4309d47eda4caf8d?s=200&ts=1671113415

    Dans le jargon ministériel, la stratégie est de « développer un écosystème global de l’e-Education, depuis les contenus et services jusqu’au matériel ». Alléger les effectifs de classes pour donner aux enseignants les moyens de faire leur travail et réformer le métier pour susciter des vocations ne fait pas partie des priorités. Pour éduquer les citoyens de demain le ministère n’investit pas dans l’humain mais dans la technologie. Et justifie cette débauche numérique en assurant que c’est en immergeant les enfants dans le numérique qu’on en fera des utilisateurs avisés. Mensonge ! Oui nous vivons dans un monde où le numérique est partout, et oui il serait nécessaire que les enfants puissent recevoir une véritable éducation au numérique. Mais éduquer AU numérique n’est pas éduquer PAR le numérique. Or aujourd’hui c’est bien une éducation PAR le numérique qu’on développe ; l’éducation AU numérique est pour ainsi dire inexistante. Dans ces conditions l’Education nationale renforce surtout la dépendance au numérique, produisant davantage des consommateurs captifs que des utilisateurs avisés, avec des opinions qui se forgent plus par les algorithmes que par la réflexion. Ou comment fabriquer une pensée standardisée. C’est bon pour la santé de la Ed Tech, des GAFAM et du commerce, pas pour celle de nos enfants. Et c’est surtout bien inquiétant pour notre avenir à tous : isolés devant des machines, comment apprendre à faire société ?

    #Education #Numérique

  • Carte scolaire 2023 : Inversion de tendance
    https://www.cafepedagogique.net/2022/12/14/carte-scolaire-2023-inversion-de-tendance

    Dans le premier degré

    Selon le ministère, le nombre d’élèves devrait continuer à baisser. On compterait 64 000 écoliers en moins, du fait de l’évolution démographique. Cela représente environ 2500 postes qui pourraient être libérés. Cette prévision est quand même sujette à variation. En 2022, le ministère avait prévu 20 000 élèves de moins que ce qui a été réalisé.

    Le ministère annonce 802 suppressions de postes dans les classes du premier degré, 135 postes étant retenus pour le plan autisme. [...]

    Alors que lors du quinquennat précédent le premier degré a connu des créations de postes, à la rentrée 2023 on aura des suppressions. Les créations des années précédentes étaient justifiées par l’écart de financement du premier degré entre la France et les autres pays de l’OCDE. Cet écart existe toujours : on dépense moins en France que les autres pays pour l’école et plus pour le lycée. La politique de rééquilibrage en faveur du premier degré est cassée net sous le second quinquennat. C’est probablement l’évolution majeure de la rentrée 2023. [...]

    Dans le second degré

    498 postes sont supprimés dans le second degré. Cette année, le ministère n’annonce pas de « moyens supplémentaires » pour esquiver cette situation.

    Ces suppressions de postes ne sont pas justifiées par une diminution du nombre d’élèves. Le ministère prévoit 840 élèves en moins, soit une poussière par rapport aux 5 millions d’élèves du 2d degré.

    #éducation

  • C’est prouvé, mais...
    https://laviedesidees.fr/Draelants-Revaz-L-evidence-des-faits.html

    À propos de : Hugues Draelants & Sonia Revaz, L’évidence des faits. La politique des preuves en #éducation, Puf. L’évaluation scientifique des pratiques éducatives suffit-elle pour les améliorer ? Cette politique des preuves apparaît aux enseignants comme un obstacle à leurs pratiques quand elle s’appuie sur des généralisations #statistiques sans prendre en compte leurs intuitions professionnelles.

    #Société #science #sciences
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20221215_preuves.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20221215_preuves.pdf

    • Le cas de l’éducation sert ici de fil directeur à une réflexion plus générale concernant les limites de l’instrumentalisation politique de la science. Il ne s’agit cependant pas de considérer qu’il faudrait abandonner le projet d’utiliser la science pour améliorer les pratiques professionnelles ou pour élaborer des réformes publiques. Il s’agit plutôt de montrer que le type de preuve que l’on apporte aux professionnels ne s’appuie souvent pas sur le type de connaissances dont ils ont besoin.

      [...] Dans le livre, les auteurs rendent compte de trois formes d’ignorances volontaires [des scientifiques] que nous nous contentons ici d’évoquer très brièvement : (1) L’ignorance de l’intuition, qui désigne la façon dont la politique des preuves tend à s’imposer d’autorité aux acteurs au nom de la rigueur de leurs justifications (« C’est prouvé ! ») et à traiter les intuitions professionnelles des acteurs comme des croyances infondées. (2) L’ignorance des causes, qui désigne la façon dont, dans les études statistiques, la prévision prime sur la compréhension, la notion de « facteur de risque » se substituant à celle de « cause ». Si cette perspective suscite des résistances sur le terrain, c’est parce que les acteurs ont des réticences à agir sans savoir pourquoi ils doivent agir comme cela. (3) L’ignorance des singularités, enfin, qui concerne le décalage que peuvent ressentir les acteurs entre ce que les experts disent de la réalité et l’expérience qu’ils en ont et qui est notamment lié aux fait qu’ils ne partagent pas les mêmes critères d’évaluation

  • À part ça, tandis qu’il recrute des #enseignants au rabais à coup de pochettes surprises, l’État prévoit — projet de loi de Finances (#PLF) oblige — de supprimer 2.000 postes (1.000 dans le primaire public, 500 dans les collèges et lycées publics et 500 dans l’enseignement privé) en septembre prochain. Prétexte : l’#Education_nationale doit perdre 500.000 élèves entre 2022 et 2027. Bref : pour diminuer le nombre d’enfants par classe, le gouvernement compte sur la seule démographie. Quant à la qualité des enseignements, cela fait longue date qu’elle n’est plus un paramètre. #suppression_de_postes