#edward_p._thompson

  • Edward P. Thompson sur William Morris en 1959
    https://sniadecki.wordpress.com/2023/03/07/thompson-morris-fr

    Sur les services publics à l’intérieur d’une société capitaliste :

    Il se demandait :

    « Si… la redoutable organisation de la société mercantile civilisée ne joue pas au chat et à la souris avec nous, les socialistes. Si la Société de l’Inégalité ne pourrait pas accepter une machinerie quasi socialiste… et s’en servir dans le but de défendre cette société quelque peu dépossédée, peut-être, mais de même nature… Les travailleurs seraient mieux traités, mieux organisés, contribueraient au gouvernement, mais sans plus prétendre à l’égalité avec les riches… qu’ils ne le font à présent. »Voilà en quoi consiste son réalisme, recoupant sa situation personnelle, et sondant les dilemmes de notre propre époque avec une intuition morale si intense qu’on peut le confondre avec de l’insensibilité. Lorsqu’on lui présenta la perspective d’un « service public capitaliste parfaitement abouti », il fit remarquer qu’il « ne traverserait pas la rue pour réaliser un tel “idéal”. »

    Le nœud du problème réside dans le concept de communauté. Webb et les Fabiens attendaient l’égalité des chances avec impatience, au sein d’une société concurrentielle. Morris attendaient une société d’égaux avec impatience, une communauté socialiste. La différence entre ces deux concepts n’est pas mince. L’un, même quelque peu modifié, implique l’éthique de la concurrence, les énergies de la guerre. L’autre implique l’éthique de la coopération, les énergies de l’amour. Ce sont ces deux éthiques que Morris opposa de manière récurrente sous le nom de Fausse et Vraie Société.

    #Edward_P._Thompson #William_Morris #socialisme #histoire

  • La France périra faute de bois - Ép. 3/5 - Des forêts qui brûlent
    https://www.franceculture.fr/emissions/matieres-a-penser/matieres-a-penser-emission-du-mercredi-19-fevrier-2020


    Il y a une forme de contestation sociale qui se retrouve en forêt. Par exemple, je suis frappé de voir la manière dont les zadistes se costument, se drapent, se moquent, qui ne sont pas sans rappeler les guerres de demoiselles, qui ne sont pas sans rappeler les black faces de Thomson, etc. La stratégie, le travestissement, la stratégie de la communauté […] donc, voilà, il y a là des passerelles qui sont, à mon avis, intéressantes à creuser et qui sont inattendues.

    Sébastien Poublanc pose la question de la violence de la répression en forêt (#Rémi_Fraisse et un activiste allemand) alors qu’on ne tue plus de manifestant·es en ville.

    Il parle aussi de @mondes Mondes sociaux et de l’écriture numérique de l’histoire. Voir le blog qu’il tient avec ses étudiant·es.

    https://tribulations.hypotheses.org/author/seblue

    #histoire #forêt #sylviculture #communs #Colbert #audio

  • Edward P. Thompson, Modes de domination et révolutions en Angleterre, 1976.

    http://sniadecki.wordpress.com/2017/03/05/thompson-domination

    Résumé
    Dans cet exposé, consacré une discussion sur les modes de domination et les luttes de classes en Angleterre au XVIIIe et au début du XIXe siècle principalement, E. P. Thompson (1924-1993) reprend les résultats de ses travaux sur la formation de la classe ouvrière et de travaux plus récents sur les luttes de classes au XVIIIe siècle. Il montre comment, pour construire une histoire marxiste de la domination de classe en Angleterre, il faut remettre en question divers schèmes ou présupposés associés à la tradition historiographique marxiste et forgés propos de l’histoire française : représentation des transformations des modes de domination sur le modèle des révolutions brutales (modèle cataclysmique) ; représentation d’une opposition radicale sans interpénétration entre aristocratie et bourgeoisie ; représentation des modes de domination sur le modèle de imposition hégémonique de la domination. Il propose des analyses de la mise en scène de la domination de la gentry et de la contre-violence de la terreur populaire.

    Avec un beau PDF...

    #Edward_P._Thompson, #lutte_des_classes, #histoire_sociale.

  • Interview de Edward P. Thompson, L’esprit whig sans l’élitisme, 1992
    https://sniadecki.wordpress.com/2017/03/02/thompson-entretien

    La Formation de la classe ouvrière anglaise a mis plus de vingt ans à être traduite en France : c’était à la fin des années 1980, sa lecture est restée un émerveillement. Pionnier de l’« histoire vue d’en bas », attentif aux processus et interactions individuelles plus qu’aux superstructures, militant pacifiste soucieux de politique non gouvernementale, Edward P. Thompson (1924-1993) compte parmi les figures intellectuelles dont l’œuvre sert de balise. Son parcours, ici retracé, mobilise les trois derniers siècles. Où il apparaît que, face à l’histoire courte, c’est d’une connaissance des possibles passés que nous avons besoin pour tenir et ouvrir le présent.

    Cet entretien prend place dans une série d’interviews d’historiens par des collègues plus jeunes, lancée par l’Institute of Historical Research de l’Université de Londres. Il a été publié en français en 1993, à l’occasion du décès d’E. P. Thompson, dans Liber, revue européenne des livres, supplément au n°100 des Actes de la Recherche en sciences sociales, n°16, décembre 1993.

    #histoire #EP_Thomson #interview #classe_ouvrière

    • Comment réagissez-vous aux attaques de la nouvelle histoire féministe ?

      Elles viennent en particulier de Joan Scott, même si on les retrouve ailleurs que chez elle. Je me souviens avoir assisté, lors d’une conférence aux États-Unis, à un réquisitoire enflammé contre The Making of the English Working Class. Je n’ai jamais répondu aux critiques de Joan Scott, mais suis devenu un moins que rien aux yeux de certains féministes américaines radicales. D’après elles, j’ai totalement négligé les femmes dans The Making. Je crois que c’est une accusation assez injuste, car il y a vraiment beaucoup de femmes dans ce livre : d’autant que Dorothy, qui relisait tout, n’aurait pas laissé passer un tel oubli. Mais il y a aussi un problème technique : lorsque l’on traite d’une période pendant laquelle les institutions et les documents sont presque exclusivement aux mains des hommes – par exemple les premiers syndicats de la Société de correspondance londonienne ou d’autres sociétés de correspondance – l’histoire que l’on écrit s’en ressent inévitablement. Cependant, je crois que Joan Scott, et elle n’est pas la seule, fait une critique importante de The Making, et que je dois garder à l’esprit : la classe ouvrière était elle-même une structure, une construction mentale masculine. Je crois que je ne l’avais pas vraiment perçu, et elle a su le montrer très clairement. Quant aux autres accusations qu’elle lance, je les prends très à cœur, et je lui répondrai un jour, car je pense qu’elle se trompe. Elle a bien entendu mêlé la déconstruction et tout le reste au débat, et elle finit par critiquer dans le livre une structure antirationelle qu’elle a produite elle-même, malheureusement. Quoi qu’il en soit, je pense qu’il est très juste et fondamental de dire que la formation des classes et de la conscience de classe ont toujours eu des connotations masculines. Et quand les historiens n’en sont pas conscients – fort heureusement ils le sont désormais – on aboutit à une lecture déformée de l’histoire.