• Les #baleines_à_bosse victimes des #vagues_de_chaleur_marine dans le Pacifique Nord
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/02/29/les-baleines-a-bosse-victimes-des-vagues-de-chaleur-marines-dans-le-pacifiqu

    Cette étude, bien que focalisée sur une espèce, donne des indices sur l’état de santé des #océans. « La #baleine est un bon indicateur de l’état de son #écosystème, explique Olivier Adam. Tout ce qui est en profondeur est difficile à observer, mais les cétacés sont faciles à comptabiliser, car ils sont obligés de remonter à la surface pour respirer. » Et si l’on en croit les résultats de l’étude, l’océan #Pacifique_Nord va mal. « Au rythme où ça va, il n’y a aucune raison qu’il reste des cétacés dans les océans d’ici quarante à cinquante ans, alerte le chercheur français. On assiste à l’#effondrement des océans en direct. »

    Pour les deux scientifiques, les conclusions à tirer sont claires : « Il est impératif de changer notre façon de gérer les océans. » Selon l’Australien, les mesures les plus efficaces seraient de « diminuer au maximum le réchauffement climatique, d’adapter le transport maritime là où les routes chevauchent l’habitat des baleines afin de réduire les collisions avec les navires, et de mieux réguler la pêche, en particulier la pêche au casier, pour éviter que les animaux ne s’empêtrent dans les lignes ». Pour le chercheur, il est impératif d’agir, car « notre survie dépend d’océans sains et productifs ».

  • Is Bluesky Still Invite Only? Bluesky Signup & Invite Codes, Explained | The Mary Sue
    https://www.themarysue.com/is-bluesky-still-invite-only-bluesky-signup-invite-codes-explained

    Will Bluesky turn into Twitter?

    Who knows? Even before Elon Musk got rid of Twitter’s moderation system and started sucking up to Nazis, Twitter was pretty awful. Any statement, no matter how benign, could be misread and twisted into something criminal. The worst thing that could happen to someone was becoming Twitter’s main character.

    Researchers Alice E. Marwick and danah boyd called the phenomenon “context collapse”: a joke or observation meant for a specific audience goes viral, readers don’t realize that they’re missing context, and suddenly thousands of people are upset over something they don’t even know they don’t understand. “The frequency of context-destruction is no accident,” writes philosopher C. Thi Nguyen. “Twitter rewards high-context speech, and then gives us the perfect tool to decontextualize that speech. Twitter is designed to invite our vulnerability, and then punish it.”

    So, now that Bluesky is open to everyone, will it fall prey to the same problems? Maybe. Or maybe Bluesky will learn from Twitter’s mistakes.

    In the meantime, I’m getting my blocking finger ready.

    #BlueSky #ontext_collapse #Effondrement_de_contexte

  • Désescalade énergétique • Player • PCA – STREAM
    https://www.pca-stream.com/fr/player/desescalade-energetique-178?mc_cid=78156d3629

    Comment les territoires font-ils face à la réduction de leur puissance énergétique ? À l’occasion de la journée d’étude Désescalade Énergétique, organisée à l’agence par le groupe de travail Ville et Energie du Labex Futurs Urbains, cinq chercheurs et chercheuses présentent leurs travaux. Beyrouth, passage du cyclone Irma sur l’Ile de Saint-Denis [en fait c’est Saint Martin], gestion des ressources au Moyen-Âge, choc pétrolier de 1973, et crise environnementale actuelle : tour d’horizons.

    J’ai participé en juillet 2024 à cette rencontre dont ce podcast offre un résumé. Mon intervention est la première, à partir de 2’40’’
    #énergie #désescalade #effondrement #transition #reconfiguration des circuits et de la #consommation énergétique
    #Liban #Saint-Martin #chauffage_urbain #Moyen_Age

  • Troisième partie : Dení « Enlace Zapatista
    https://enlacezapatista.ezln.org.mx/2023/11/21/troisieme-partie-deni

    Il n’y a pas un mot à retirer de ce communiqué de novembre de Marcos, expliquant l’état d’esprit actuel des zapatistes : voir dans 120 ans.

    C’est drôle, c’est touchant, c’est profond, c’est politique, tout à la fois, comme toujours depuis des années. Il y a des géographies qui ont de la chance d’avoir des révolutionnaires de cette consistance…

    Quelqu’un est en train d’expliquer :

    « Dení est présente ici et elle est, on va dire, la première génération. Dans 20 ans, Denì va avoir une petite fille et lui donnera le nom de « Denilita », elle sera la seconde génération. Denilita, 20 ans plus tard, va concevoir une fille qui s’appellera « Denilitilla », c’est la troisième génération. Denilitilla, arrivée à ses 20 ans, va engendrer une fille qui s’appellera « Denilititilla », ce sera la quatrième génération. Denilititilla, à ses 20 ans, va donner naissance à une petite fille et l’appellera « Denilí », la cinquième génération. « Denilí » à l’âge de 20 ans, aura une fille qui s’appellera « Dení Etcétera », qui sera la sixième génération. « Dení Etcétera », 20 ans plus tard, c’est-à-dire dans 120 ans, aura une fille dont on n’arrive pas à voir le nom, parce que sa naissance est déjà loin dans le calendrier, mais elle est la septième génération. »

    À cet instant intervient le Sous-commandant insurgé Moisés : « Nous devons donc nous battre pour que cette petite fille, qui va naître dans 120 ans, soit libre et soit ce qu’elle a envie d’être. Nous ne sommes donc pas en train de lutter pour que cette petite fille soit zapatiste ou membre d’un parti ou quoi que ce soit d’autre, mais pour qu’elle puisse choisir son chemin, quand elle aura l’âge de le faire. Et pas seulement qu’elle puisse décider librement mais aussi et surtout qu’elle soit responsable de cette décision, c’est-à-dire qu’elle tienne compte du fait que toutes les décisions, ce que nous faisons et ce que nous ne faisons plus, ont des conséquences. Alors, il s’agit pour cette fillette de grandir avec tous les éléments pour prendre une décision et en assumer les conséquences.

    Et donc qu’elle n’accuse pas le système, les mauvais gouvernements, ses parents, sa famille, les hommes, son partenaire (qu’il soit homme, ou femme, ou quoique ce soit), l’école, ses amis. Parce que c’est ça la liberté : pouvoir faire quelque chose sans pression ni obligation, mais en se responsabilisant de ce qu’on a fait, c’est-à-dire en connaissant les conséquences à l’avance. »

    Le SubMoy se retourne vers le désormais défunt SupGaleano, comme pour lui dire « c’est à toi ». Le défunt qui n’est pas encore défunt (mais qui sait déjà qu’il le sera bientôt), prévoit qu’un jour il devra parler de ça à des inconnus et commence :

    « Est-ce que cette Dení puissance N ne dira plus de mal de ces foutus hommes ? Si, elle le fera, ça va de soi. Mais ses arguments ne seront pas qu’ils se sont moqués d’elle, qu’ils l’ont méprisée, qu’ils l’ont agressée, harcelée, violée, frappée, fait disparaître, qu’ils l’ont assassinée, démembrée. Non, ça sera pour des choses et des histoires normales, comme le fait que ce foutu homme pète au lit et que la couverture pue ; ou parce qu’il ne vise pas bien la cuvette des toilettes ; ou parce qu’il rote comme un veau ; ou qu’il achète le maillot de son équipe préférée, qu’il met un short, des chaussettes et des chaussures de foot, pour après s’asseoir et regarder le match en se goinfrant de popcorn avec un max de sauce piquante ; ou qu’il choisit avec un soin tout particulier l’outfit qu’il va porter pendant des dizaines d’années : son tee-shirt préféré, son jogging favori, ses tongs de prédilection ; ou parce qu’il ne lâche pas la télécommande ; ou parce qu’il ne lui dit pas qu’il l’aime, même si elle sait qu’il l’aime, mais c’est pas de trop un rappel de temps en temps. »

    Parmi les personnes qui écoutent, les femmes hochent la tête affirmativement comme pour dire « ça va de soi » ; et les hommes sourient nerveusement.

    […]

    Mais, outre le fait qu’on sent que la terre mère est comme révoltée, comme si elle protestait, il y a bien pire : le monstre, l’Hydre, le capitalisme, qui, comme fou, dérobe et détruit. Il veut maintenant voler ce qui, avant, ne l’intéressait pas et il continue à détruire le peu qu’il reste. Le capitalisme produit maintenant la misère et celles et ceux qui la fuient : les migrants.

    La Pandémie du COVID, qui est toujours en cours, a montré l’incapacité de tout un système à donner une réelle explication et à prendre les mesures nécessaires. Pendant que des millions de gens mouraient, quelques-uns se sont enrichis. D’autres pandémies se profilent déjà et les sciences cèdent la place aux pseudo-sciences et aux charlatanismes transformés en projets politiques de gouvernement.

    […]

    Nous savons bien que ça n’a pas été facile. Et maintenant tout est bien pire, et, nous n’avons pas le choix, nous devons regarder cette petite fille dans 120 ans. En fait, nous devons lutter pour quelqu’un que nous n’allons pas connaître. Ni nous, ni vos enfants, ni les enfants de vos enfants, etc…Et nous devons le faire parce que c’est notre devoir, en tant que zapatistes que nous sommes.

    Beaucoup de malheurs, de guerres, d’inondations, de sécheresses, de maladies sont à venir et, au milieu de l’effondrement, il faut que nous voyions loin. Si actuellement les migrants sont des milliers, bientôt ils seront des dizaines de milliers, et puis des centaines de milliers. Des disputes et des assassinats sont à venir entre frères, entre pères et fils, entre voisins, entre races, entre religions, entre nationalités. Les grandes constructions brûleront et personne ne saura dire pourquoi, ni qui, ni dans quel but. Même si on dirait que ce n’est pas possible, mais si, ça va être pire.

    Mais de la même façon que, quand nous travaillons la terre, déjà avant de semer, nous voyons la tortilla, les tamales, le pozol dans nos maisons, c’est comme ça qu’on doit voir maintenant cette petite fille.

    […]

    P.S.- Chaque bombe qui tombe à Gaza tombe aussi sur les capitales et les principales villes du monde, mais on ne s’en est pas encore rendu compte. Des ruines naîtra l’horreur de la guerre de demain.

    #zapatistes #EZLN #Marcos #espoir #projet #futur #effondrement #liberté

  • « En prison, la religion intervient quand les détenus sont au plus mal »
    https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2023/11/19/en-prison-la-religion-intervient-quand-les-detenus-sont-au-plus-mal_6201072_

    Le sociologue Thibault Ducloux analyse, à partir d’une enquête menée auprès de détenus, la présence massive du religieux en prison comme une distanciation mentale face à l’effondrement intérieur créé par l’incarcération.

    Le sociologue Thibault Ducloux a imaginé un protocole de recherche singulier. Ce chercheur associé au laboratoire Triangle, à Lyon, a suivi une trentaine de personnes non religieuses entrant en détention pour saisir in vivo la naissance de leur expérience spirituelle en prison, où le fait est massivement plus présent que dans le reste de la société. Le phénomène a concerné la moitié des détenus qu’il a suivis et a nourri ce travail de thèse soutenu à l’EHESS en 2018. Le sociologue vient d’en tirer l’ouvrage Illuminations carcérales (Labor et Fides, 288 pages, 22 euros).

    https://archive.ph/DeEha

    #effondrement #religion #prison

    • (...) j’aborde la religion comme une ressource parmi d’autres, aux côtés du sport, du trafic, de l’école et du travail. En prison, ces ressources sont mobilisées en vue de cinq grandes finalités : structurer son quotidien, lutter contre l’isolement, se protéger des codétenus, contourner le dénuement matériel et donner du sens à la captivité.

      Dans cette palette de ressources, la religion occupe une place à part, car elle apparaît comme un paradoxe. Celle-ci ne permet aucun gain matériel immédiat, puisqu’elle n’offre pas d’argent, ni de remise de peine. Pourtant, elle est omniprésente. Cela s’explique, bien entendu, par sa gratuité : en prison comme ailleurs, la religion est la ressource des sans-ressources, quand le travail n’est accessible qu’à une minorité de détenus. Mais pas uniquement, car elle permet aussi une distanciation mentale chez les plus désemparés.

      L’une de vos conclusions se formule, elle aussi, comme un paradoxe : la dynamique conduisant à l’illumination religieuse n’a, écrivez-vous, « rien à voir avec le registre religieux »…

      Pour la sociologie, cette conclusion n’est pas un paradoxe. La religion est un fait social, et en tant que sociologue je l’aborde comme tel : ses conditions de possibilité ne sont pas religieuses, mais émergent d’un ensemble de configurations individuelles, sociales et institutionnelles.
      Pour saisir le rôle de la religion, je mobilise les notions d’engagement et de distanciation formulées par Norbert Elias (1897-1990). Ce sociologue allemand modélise l’expérience humaine comme une oscillation permanente entre la maîtrise de soi et l’angoisse. Or, en prison, tous finissent par être engloutis par l’expérience carcérale, même ceux qui semblaient à l’aise dans cet environnement. Le religieux intervient toujours lorsque plusieurs stratégies de #distanciation ont échoué. Il permet une interprétation alternative de ses propres malheurs, qui deviennent compatibles avec la réalité vécue et rend à nouveau l’action possible.

    • le théâtre de la candidature est un art total

      ce qui est intéressant c’est l’aspect mise en mouvement, dans anonymat, ne pas savoir qui est qui ce qui permet de destresser .... on a envie de faire autre chose pour aller déceler des savoirs être ... des employeurs me disent, les compétences techniques, ils peuvent les acquérir, ce qui importe pour moi, c’est la façon dont il va se comporter.... le sourire, faut que ça rayonne ! encore !

      l’AFP conclut son bobino par un jeune descendant de l’immigration arabe (il semble y avoir peu de colorés dans le gros groupe, où on note la présence de pas mal de candidat.e.s à des emplois vieux) qui a l’insigne honneur de rencontrer un « directeur de casting qui cherche de nouvelles silhouettes »

      le prix à payer, avec l’agence régionale Pôle emploi « scène et image », pour avancer vers un très relatif anonymat des candidatures....
      #emploi #chômeurs #chômeuses #candidat #candidate #coaching #non_verbal #improvisation_dirigée #corps #savoir_être #compétences #recrutement #théâtre

  • Restos du cœur : « L’aide alimentaire est à bout de souffle »
    https://reporterre.net/Restos-du-coeur-L-aide-alimentaire-est-a-bout-de-souffle

    Il y a eu le Covid, ainsi que la hausse de l’inflation des produits alimentaires. Mais c’est avant tout notre système économique qui creuse les inégalités. Les salaires n’augmentent pas suffisamment, les écarts de revenus se sont accrus, et des personnes qui travaillent ne peuvent pas payer leurs charges, dont l’alimentation. Quand on touche les minimas sociaux ou un petit salaire, l’alimentation est en effet l’une des variables d’ajustement dans un budget, avec des effets (et des coûts) importants sur la santé et le bien-être. Tout cela devrait nous enjoindre à réfléchir au problème de façon globale : que veut dire se nourrir ? De quelle alimentation parle-t-on ? Quelle est la vie des paysans, à l’autre bout de la chaîne ? Bref, il est important d’appréhender ces enjeux de façon systémique, plutôt que de se pencher seulement sur une partie du problème.

  • Une #université a tué une #librairie

    Une université vient de tuer une librairie. Le #libéralisme a fourni l’arme. Les codes des marchés ont fourni la balle. Et l’université, après avoir baissé les yeux, a appuyé sur la détente.

    Cette université c’est “mon” université, Nantes Université. Cette librairie c’est la librairie Vent d’Ouest, une librairie “historique”, présente dans le centre de Nantes depuis près de 47 années et travaillant avec l’université depuis presqu’autant de temps.

    Une université vient de tuer une librairie. Nantes Université travaillait, pour ses #commandes d’ouvrages (et une université en commande beaucoup …) avec principalement deux #librairies nantaises, Durance et Vent d’Ouest. Pour Vent d’Ouest, cela représentait une trésorerie d’environ 300 000 euros par an, 15% de son chiffre d’affaire. Une ligne de vie pour les 7 salariés de la libraire. Et puis Vent d’Ouest perd ce marché. Du jour au lendemain. Sans même un appel, une alerte ou une explication en amont de la décision de la part de Nantes Université.

    À qui est allé ce marché ? Au groupe #Nosoli, basé à Lyon, qui s’auto-présente comme le “premier libraire français indépendant multi-enseignes” (sic) et qui donc concrètement a racheté les marques et magasins #Decitre et #Furet_du_Nord (et récemment Chapitre.com) et dont le coeur de métier est bien davantage celui de la #logistique (#supply_chain) que celui de la librairie.

    Pourquoi Nosoli a-t-il remporté ce #marché ? Et pourquoi Nantes Université va devoir commander à des librairies Lyonnaises des ouvrages pour … Nantes ? Parce que le code des #marchés_publics. Parce que l’obligation de passer par des #appels_d’offre. Parce le code des marchés publics et des appels d’offre est ainsi fait que désormais (et depuis quelques temps déjà) seuls les plus gros sont en capacité d’entrer dans les critères définis. Parce que les critères définis (par #Nantes_Université notamment) visent bien sûr à faire des #économies_d’échelle. À payer toujours moins. Parce que bien sûr, sur ce poste de dépenses budgétaires comme sur d’autres il faut sans cesse économiser, rogner, négocier, batailler, parce que les universités sont exangues de l’argent que l’état ne leur donne plus et qu’il a converti en médaille en chocolat de “l’autonomie”. Parce qu’à ce jeu les plus gros gagnent toujours les appels d’offre et les marchés publics. C’est même pour cela qu’ils sont gros. Et qu’ils enflent encore. [mise à jour] Mais ici pour ce marché concernant des #livres, ce n’est pas le critère du #prix qui a joué (merci Jack Lang et la prix unique) mais pour être parfaitement précis, c’est le critère du #stock qui, en l’espèce et malgré le recours en justice de la librairie Vent d’Ouest, et bien qu’il soit reconnu comme discriminatoire par le ministère de la culture (en page 62 du Vade Mecum édité par le ministère sur le sujet de l’achat de livres en commande publique), a été décisif pour permettre à Nosoli de remporter le marché. [/mise à jour]

    Alors Nosoli le groupe lyonnais a gagné le marché de Nantes Université. Et les librairies nantaises Durance et Vent d’Ouest ont perdu. Et quelques mois après la perte de ce marché, la librairie Vent d’Ouest va fermer.

    On pourrait s’en réjouir finalement, ou même s’en foutre totalement. Après tout, Nantes Université va faire des #économies. Après tout une librairie qui ferme à Nantes et 7 salariés qui se trouvent sur le carreau c’est (peut-être) 7 personnes du service logistique du groupe Nosoli qui gardent leur emploi. Et puis quoi, une librairie qui ferme à Nantes mais il y en a 6 qui ont ouvert sur les deux dernières années à Nantes. Alors quoi ?

    Alors une université vient de tuer une librairie. Et quand on discute avec les gens qui, à Nantes Université, connaissent autrement que comptablement la réalité de ce qu’était le #marché_public passé avec Durance et Vent d’Ouest, et quand on échange avec celles et ceux qui ont l’habitude, à l’université ou ailleurs, de travailler avec le groupe Nosoli, on entend toujours la même chose : rien jamais ne remplacera la #proximité. Parce qu’avec Durance et Vent d’Ouest les échanges étaient souples, réactifs, pas (trop) systématiquement réglementaires, parce que les gens qui dans les bibliothèques de l’université commandaient les ouvrages connaissaient les gens qui dans les librairies les leur fournissaient, et qu’en cas de souci ils pouvaient même s’y rendre et les croiser, ces gens. Et on entend, en plus de l’aberration écologique, logistique, et sociétale, que les commandes avec le groupe Nosoli sont usuellement et comme avec tout grand groupe logistique … complexes, lentes, difficilement négociables et rattrapables, sans aucune souplesse, sans aucune écoute ou connaissance des besoins fins de l’université “cliente”. Voilà ce que l’on entend, entre autres choses plus âpres et plus en colère.

    Une université vient de tuer une librairie. Et ça fait tellement chier. C’est tellement anormal. Tellement schizophrène. Le même jour que celui où j’ai appris l’annonce de la fermeture définitive de la libraire Vent d’Ouest, j’ai aussi reçu un message de Nantes Université m’informant que, champagne, l’université venait – comme 14 autres universités – de remporter un appel à projet de plus de 23 millions d’euros. La cagnotte lancée par la libraire Vent d’Ouest après la perte du marché de Nantes Université lui avait rapporté quelques milliers d’euros qui lui avaient permis de retarder sa fermeture de cinq mois.

    Vivre à l’université, travailler à Nantes Université, c’est être tous les jours, à chaque instant et sur chaque sujet, confronté au même type de #schizophrénie. D’un côté on collecte des dizaines de millions d’euros dans de toujours plus nébuleux appels à projets, et de l’autre on gère la misère et la détresse. Et on ferme sa gueule. Parce que ne pas se réjouir de l’obtention de ces 23 millions d’euros c’est être un pisse-froid et c’est aussi mépriser le travail (et l’épuisement) des équipes qui pilotent (et parfois remportent) ces appels à projets. Oui mais voilà. À Nantes Université on organise des grandes fêtes de rentrée et on donnez rendez-vous à la prochaine #distribution_alimentaire, la #fête mais la #précarité. Et l’on fait ça tous les jours. Toutes les universités françaises organisent ou ont organisé des #distributions_alimentaires, et toutes les universités françaises remportent ou ont remporté des appels à projet de dizaines de millions d’euros. Mais les financements qui permettraient de recruter des collègues enseignants chercheurs ou des personnels techniques et administratifs en nombre suffisant, et de les recruter comme titulaires, pour garantir un fonctionnement minimal normal, ces financements on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient d’éviter de fermer une librairie avec qui l’université travaille depuis des dizaines d’années et d’éviter de mettre 7 personnes au chômage, on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient à tous les étudiant.e.s de manger tous les jours à leur faim, on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient à l’UFR Staps de Nantes Université de faire sa rentrée on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient aux collègues de la fac de droit de Nantes Université de ne pas sombrer dans l’#épuisement_au_prix et au risque de choix mortifières pour eux comme pour les étudiant.e.s on ne les trouve jamais. Mais les financements qui permettraient aux collègues de l’IAE de Nantes Université de ne pas s’enfoncer dans le #burn-out, ces financements on ne les trouve jamais. Il n’y a pas d’appel à projet à la solidarité partenariale. Il n’y a pas d’appel à projet à la lutte contre la #misère_étudiante. Il n’y a pas d’appel à projet pour permettre à des milliers de post-doctorants d’espérer un jour pouvoir venir enseigner et faire de la recherche à l’université. Il n’y pas d’appel à projet pour sauver l’université publique. Il n’y en a pas.

    Il n’y a pas d’appel à projet pour la normalité des choses. Alors Nantes Université, comme tant d’autres, est uniquement traversée par des #régimes_d’exceptionnalité. #Exceptionnalité des financements obtenus dans quelques appels à projets qui font oublier tous les autres appels à projet où l’université se fait retoquer. Exceptionnalité des #crises que traversent les étudiant.e.s, les formations et les #personnels de l’université. Exceptionnalité des mesures parfois prises pour tenter d’en limiter les effets. Dans nos quotidiens à l’université, tout est inscrit dans ces #logiques_d’exceptionnalité, tout n’est lisible qu’au travers de ces #matrices_d’exceptionnalité. Exceptionnalité des financements. Exceptionnalité des crises. Exceptionnalité des remédiations.

    Une université vient de tuer une librairie. Cela n’est pas exceptionnel. C’est devenu banal. Voilà l’autre danger de ces régimes d’exceptionnalité permanents : ils inversent nos #représentations_morales. Ce qui devrait être exceptionnel devient #banal. Et ce qui devrait être banal (par exemple qu’une université publique reçoive des dotations suffisantes de l’état pour lui permettre d’exercer sa mission d’enseignement et de recherche), est devenu exceptionnel.

    Une université vient de tuer une librairie. Dans le monde qui est le nôtre et celui que nous laissons, il n’est que des #dérèglements. Et si celui du climat dicte déjà tous les autres #effondrements à venir, nous semblons incapables de penser nos relations et nos institutions comme autant d’écosystèmes dans lesquels chaque biotope est essentiel aux autres. Nantes Université a tué la libraire Vent d’Ouest. Le mobile ? L’habitude. L’habitude de ne pas mener les combats avant que les drames ne se produisent. L’habitude de se résigner à appliquer des règles que tout le monde sait pourtant ineptes. L’habitude du renoncement à l’attention à l’autre, au plus proche, au plus fragile, dès lors que l’on peut se réjouir de l’attention que nous portent tant d’autres. L’#habitude d’aller chercher si loin ce que l’on a pourtant si près.

    Une université vient de tuer une librairie. Le libéralisme a fourni l’arme. Les codes des marchés ont fourni la balle. L’habitude a fourni le mobile. Et l’université, après avoir baissé les yeux, a froidement appuyé sur la détente.

    https://affordance.framasoft.org/2023/09/une-universite-a-tue-une-librairie

    #ESR #enseignement_supérieur

  • Anarchy2023

    https://renverse.co/infos-locales/article/anarchy2023-4077

    A propos des rencontres internationales anti-autoritaires 2023 à St-Imier et des tendances libertariennes, validistes, technophiles, réactionnaires, citoyennistes, new age, et effondrementalistes.

    SOMMAIRE

    Introduction
    Des tendances critiquables dans le programme des RIA 2023
    Des libertariens au cœur des rencontres
    A propos de Gian Piero de Bellis
    A propos de Chris Zumbrunn
    A propos de certains ateliers et de leurs tendances critiquables
    Tendances validistes
    Tendances libertariennes
    Tendances technophiles
    Tendances new age
    Tendances effondrementalistes

    Pour ne pas finir...
    Ressources
    Validisme
    Libertarianisme
    Complosphères
    Racisme et colonialisme
    Altercapitalisme et extrême-droite
    Croyances et mouvements #New Age
    Colère et dépossession vs non-violence
    Récits de l’effondrement
    Critique de la technologie et #écologie

    Introduction

    Du 19 au 23 juillet 2023, se tiendront à St-Imier (en suisse) des Rencontres Internationales Anti-autoritaires (qu’on abrégera dans la suite du texte par RIA). À l’annonce de ces rencontres « anarchistes », on trouve problématique que, sur le programme « accessible » et modifiable par tout le monde, il y ait peu ou pas de prises de position sur les tendances notamment libertariennes, ésotériques, citoyennistes, technophiles, qui y sont apparues, ni de précisions sur le cadre général de ces rencontres en termes d’accessibilité.

    Pourquoi publier un texte avant les RIA ? On peut effectivement se dire qu’on en a rien à foutre des grands évènements symboliques, que ce qui compte pour nous c’est l’opposition en actes à la réalité de la domination. Mais on aimerait croire que cet évènement puisse être un lieu de rencontre, de création d’affinités, de prise de conscience, d’organisation, et donc qu’il puisse avoir des effets concrets sur la réalité du monde. Mais quelles affinités, quelle « prise de conscience », et surtout, quels effets concrets sur la réalité du monde pourra avoir un évènement qui laisse une grande place à des individu·xs et des idées à l’opposé d’une position émancipatrice ?

    #libertarianisme #validisme #technophilie #effondrementalisme

    • Beaucoup de choses justes, dans ce texte, sur des sujets parfois très importants. Il ne faut pas avoir peur des clarifications ni des clivages, ni des contradictions. Là dessus, pas de problème.

      Il est, par exemple, salutaire de rappeler la distinction entre Libertarien/libertaire qui empoissonne le débat depuis que nous sommes résolument tombés sous l’emprise idéologique des gringos, avec le grand truc global en ligne. Cela m’avait frappé, il y a une vingtaine d’années, de voir les positions très libertariennes de certains geeks libristes (sur les forums et sur Twitter). Mais j’ai constaté que les choses ont plutôt évolué dans le bon sens. Par exemple, chez Framasoft, où j’ai lu, il y a quelques années un soutien à Beppe Grillo et aux crypto-monnaies (par principe) sur des positions assez proches de TPB. Je ne pense pas qu’on trouve encore autant ce type de contenu, assez naïf, aujourd’hui dans ce milieu. Même chose sur l’évolution du discours de la Quadrature, par exemple sur la 5G, dénoncée alors sur Twitter, par certains geeks restés libertariens, qui accusaient la Quadrature de devenir d’horribles gauchistes.

      Je suis tout aussi d’accord, avec ce texte, pour dénoncer certaines tendances radicales dont le discours sensationnel emboîte le pas aux thèses complotistes et validistes. On a connu de semblables postures dans le passé avec des écrits d’ultra-gauche qui cautionnaient l’idéologie antisémite des négationnistes. Une distinction salutaire.

      Mais ce texte, qui se veut critique sur certaines tendances anarchistes actuelles ambiguës, est trop dense, pas assez approfondi vu le champ des thèmes abordé et trop globalisant. Limite sectaire. Tu as l’impression qu’il faut tout prendre ou tout rejeter, alors qu’on passe en revue, quand même, un paquet de choses très différentes, les unes des autres, ce qui nécessitent, au contraire, qu’on ne mette pas tout dans le même sac et qu’on prenne le temps de les traiter de façon isolée un peu plus en profondeur.

      Cela me laisse un peu la même sensation que celle éprouvée après avoir avalé les deux bouquins de Gelderloos sur la critique de la non-violence, suivi par la réponse apportée à ces ouvrages par l’Atelier de création libertaire. En fait j’ai ressenti une impression de grand gâchis, sur un sujet, traité d’un côté comme de l’autre de façon assez superficielle (pour ne pas dire, dans certains cas, non-documentée), alors qu’il s’agit d’une problématique centrale, depuis plus de 40 ans, et sur laquelle radotent et butent les révolutionnaires.

      Un autre exemple de grand déballage, en mode règlement de compte chez les ceusses qui veulent changer le monde : les tirs croisés entre communautés Queer et féministes radicales, sur des divergences réelles et sérieuses, qui se traitent parfois de façon des plus violentes (tiens, comme par hasard).

      Ou encore, les positions irascibles et intransigeantes, par exemple, de PMO à propos des trans, ainsi que leur systématisation anti-techno qui cible, par exemple, la Quadrature du net, alors que, par ailleurs PMO propose une analyse critique qui me semble pertinente sur la technologie (concernant la Quadrature, voir plus haut). Les positions intransigeantes et caricaturales de PMO sur les trans ont eu pour effet que les antifas les classent parmi l’extrême-droite, ce qui, soit-dit en passant, est une complète absurdité. Et concernant la position agressive de PMO, dans un de leur texte, contre la Quadature du net, je pense au contraire que nous avons le plus grand besoin d’expertises technologiques pour mieux la maîtriser et, le cas échéant, nous en débarrasser. Je ne vois pas comment on pourra traiter, par exemple, le nucléaire autrement, à moins de ne s’en tenir qu’à des positions théoriques.

      À chaque fois les clivages politiques réels font l’objet d’une mise en scène assez spectaculaire qui se veut clivante. À chaque fois, on déroule une logique du genre « on ne peut pas se prétendre [x], si ... »
      Tu remplaces la variable [x] par une identité du type : anarchiste, écolo, féministe (liste non-exhaustive).

      Je ne suis nullement partisan d’aplanir les positions et encore moins de chercher, par principe, le consensus ou de viser à l’entende radieuse du genre humain ou d’autres niaiseries du même acabit mais je considère que la "diversité des pratiques", voire les contradictions devraient être la base de l’action révolutionnaire et les conditions mêmes de son existence, sauf si l’on souhaite rétablir une logique organisationnelle qui me semble assez proche de celle du grand parti qui tranche dans le lard et qui, en dernier recours, sort le dernier mot.

      Bref, ce texte visait à fournir des clarifications salutaires, mais à force de simplifications et de systématisations, il me semble faire résonner beaucoup de bruits et de postures pour ne pas faire avancer grand-chose. Beaucoup de frustration, en définitive.

      Voilà pourquoi j’ai toujours été réfractaire à la logique affinitaire, qui est pourtant une dimension forte de la culture politique libertaire, à laquelle je me rattache, préférant me fondre dans le réel du social, moins influencé par les remous de ces guerres picrocholines.

      Cela me renvoi, surtout, au fait que je suis probablement un vieux con ;-) Pas grave.

    • RIA 2023 : livres islamophobes, action directe et évacuation de la critique - Renversé
      https://renverse.co/infos-locales/article/ria-2023-livres-islamophobes-action-directe-et-evacuation-de-la-critique-41

      RIA 2023 : livres islamophobes, action directe et évacuation de la critique
      Communiqué de l’équipe du salon du livre sur les événements qui ont eu lieu autour d’un stand de la fédération anarchiste
      [...]
      Déroulé des événements
      Vendredi. Des personnes présentes au salon du livre ont pris l’initiative de demander au stand de la section Kropotkine de la FA de retirer un livre de René Berthier intitulé Un voile sur la cause des femmes, identifié comme islamophobe. Par la suite, il leur a été demandé de retirer également L’impasse islamique. La religion contre la vie, d’Hamid Zanaz, préfacé par Michel Onfray. Suite à une altercation verbale et un refus de la part de la FA de retirer le livre, le premier des deux ouvrages a été saisi puis déchiré et brûlé dans le cadre d’une action directe.
      [...]
      Le 10 août 2023, la CNT-AIT France publie un communiqué officiel de soutien à la Fédération Anarchiste française reprenant la même rhétorique dénoncée dans cet article (http://cnt-ait.info/2023/08/10/soutien-fa). Une fois de plus, l’universalisme et l’internationalisme y sont brandis contre le “fascisme qui brûle les livres”, “l’obscurantisme religieux”, le “racialisme et autres idéologies identitaires”. Là encore, une référence est faite à “de très sombres souvenirs …”. Face à cet argumentaire, nous affirmons encore la nécessité de critiquer la blanchité de certains anarchismes et autres courants d’extrême gauche.

      Eh bé...

    • Bah c’est normal que ça fasse du foin !

      Une grand-messe, qui plus est anarchiste, est forcément confuse et folklorique. En fait c’est le genre même d’événement qui me passe complètement à côté.

      Jusqu’à ce matin, je n’étais pas du tout au courant de ce qui s’est passé à St Imier. Cela me semble très grave, au-delà du seul contexte de cette foire anarchiste.

      Là ce qui est en jeu c’est la tendance, dans certains milieux militants actuels, à la généralisation de pratiques expéditives, en guise de régulation de débats, d’expression de désaccord ou de divergence, assimilant la personne qui incarne et qui porte la contradiction au pire - le « fasciste » - et justifiant par là-même, les méthodes les plus violentes.

      Le texte de l’OCL (elle-même lointaine scission de la FA – je me souviens de regards peu flatteurs portés des uns sur les autres, dans les années 70) me semble sur ce point un bon résumé de la situation.

      On est obligé de faire le rapprochement avec les méthodes staliniennes.

    • la tradition stal, chez les anars français, c’est la FA. et, n’en déplaise à l’OCL, la nouveauté, c’est que depuis quelques décennies déjà, cette organisation - au nom de la Palestine ou de l’anticléricalisme - n’est pas des plus claire en matière d’antisémitisme ou d’islamophobie (cf, pour partie, l’article de Renverse que tu cites).

      La surreprésentation de la FA a été identifiée par plusieurs personnes, qui ont demandé que les membres du groupe s’identifient, ce qu’iels ont refusé de faire, avant que plusieurs de ces derniers affirment vouloir participer à l’équipe responsable de la sécurité … De plus, la discussion, centrée sur des questions sécuritaires, n’a aucunement permis d’ aborder le contenu problématique des livres.

    • demande aux concernés. je ne vais pas à des rencontres avec la FA.
      à part ça, parler de « cramer les livres » sans phrases, c’est massif, ça ne dit rien des enjeux et des modalités. avant que un ou deux livres soient cramés, et pas « les livres », ils pouvaient remballer leur camelote toxique, se barrer. la question est beaucoup trop générale à mon goût.
      j’ai d’ailleurs des livres que je préférais détruire (et j’hésite parfois à le faire) et ne veut surtout pas voir tomber entre n’importe quelles mains et faire leur sale chemin dans je ne sais quelle tête. je ne les prête qu’assortis d’explications circonstanciées et à titre documentaire. (des critiques de la religion qui prennent un minimum de pincettes vis à vis des croyants concernés, ça ne manque pas il me semble)

      ce qui me gêne dans cette histoire c’est qu’il était sans doute possible d’ostraciser ces connards autrement. manque de monde, manque d’idées ? des sketchs permanent autour de leur stand par exemple pour laisser entendre et faire comprendre que leur soit disant éclectisme, leur goût des lumières étaient profondément piégés.

      états théocratiques, fascistes islamistes, intégristes musulmans, oui, l’hostilité est de rigueur. « les musulmans » (ou supposés tels...), faut comme avec tous, voir dans la relation et la pratique.

    • ce que je dis, c’est que Nicole Notat, Thion et Maurras, je ne les diffuse pas. et il y a des articles que j’ai pu faire circulez, jusque’à ce que leurs auteurs fassent de la crotte et que j’arrête de diffuser les articles antérieurs, sans contextualisation (de la même manière, avoir publié un commentaire enthousiaste ici à propos de Médine il y a cinq mois, suppose que je signale les raisons de faire un pas de côté si des faits fâcheux l’imposent)
      par ailleurs, ayant peu déménagé ces dernières années, je suis encombré de livres et ne sais toujours pas désherber, trier entre des textes qui ont eu leur utilité un moment, des pièces à charge (par ex. Thion, à propos de la veine « anti-impérialsite » du négationisme), et des ouvrages susceptibles de faire l’objet de relecture. j’en rêve, mais même la perspective de vendre au moins mal ne suffit pas à ce que - entre fétichisme rendant le tri quasi impossible, flemme et procrastination - à ce qu ej m’y mette (mais ça murit, et je crois que je vais finir par être contraint économique

    • sans doute ne sommes nous pas d’accord. je ne sacralise pas guère plus « les livres » que « la liberté d’expression »

      ce que je disais, c’est que Nicole Notat, Thion et Maurras, je ne les diffuse pas. de plus, il y a des articles j’ai cessé de faire circuler, sauf contextualisation, lorsque leurs auteurs se sont mis à faire de la crotte (tout comme, à l’inverse, avoir publié ici un commentaire à propos de Médine il y a cinq mois me conduit à signaler les raisons d’effectuer un pas de côté si la découverte de faits fâcheux l’imposent).

      par ailleurs, ayant peu déménagé ces dernières années, je suis encombré de livres et ne sais toujours pas désherber, trier entre des textes qui ont eu leur utilité un moment, des pièces à charge (par ex. Thion, à propos de la veine « anti-impérialsite » du négationisme), et des ouvrages susceptibles de faire l’objet de relecture. j’en rêve, mais, fétichisme rendant le tri quasi impossible, flemme et procrastination l’empêche. même la perspective de vendre au moins mal afin de disposer sur un site de vente d’un « porte monnaie » (si je touche du fric, la caf peut me réclamer un indu) qui me permette d’acquérir de nouveaux livres n’a pas encore suffit à ce que je m’y mette. mais ça va venir, pour partie grâce à seenthis puisque de nombreux objets culturels référencés ici me donnent envie d’aller y voir de plus près.

      exutoire ? pour revenir aux RIA 2023, si les saloperies de la FA ont été suivies de tels actes, c’est peut-être aussi afin de compenser l’ouverture des rencontres à cette fange marécageuse décrite par Renverse avant les RIA. de ce côté, je sais pas quel tri, reprise de contrôle, éviction, ont pu avoir lieu, ou pas. oui, il y a une tension entre une hétérogénéité constitutive et quelque chose comme un minimum d’asepsie des espaces politique. sauf lorsque l’application de principes de base est adéquate, c’est de chaque cas, chaque composition (un point de vue préétabli ou qui se forge) que découle une méthode.

      j’aurais préféré que le racisme de la FA fasse l’objet de moqueries et de canulars répétés sur place, et que les apports disons « écofascisants » et libertariens soient radicalement critiqués en détail. faudrait déjà arriver à faire rire de machins qui jouxtent en effet le fascisme : un trio théâtral ? jouer le lynchage d’un islamophobe à drapeau noir par deux islamophobes à drapeaux tricolores ?

      (sinon, la photo de cet endroit est terrible)

    • Que ce soit des chercheureuses « indépendants » qui mènent ces recherches ne change rien au fait que le savoir agricole et l’amélioration des plantes est un savoir millénaire, qui doit rester dans les mains des paysan.xes, et pas des expert.es de laboratoire.

      J’arrive après la bataille mais cet extrait... Je viens de me taper le front un peu trop violemment là. En appeler au « savoir millénaire » juste avant de critiquer l’idéologie New Age, fallait oser.

    • @rastapopoulos ça fait bien longtemps (plus d’un siècle au moins) que la sélection de plantes et la création de nouvelles variétés (OGM ou non) n’est plus effectuée par des « paysans », mais en labo, sur la base de connaissances en biologie principalement. J’assimile ce genre de discours à de l’écologie réactionnaire, où on oppose science (mal comprise) et « bon sens » (paysan, sûrement). Bon après je ne connais pas les personnes derrière cet article, c’est peut-être juste une formulation maladroite.

  • Une critique très intéressante du livre Terre et Liberté d’Aurélien Berlan est parue l’année dernière dans la revue L’inventaire. Cette critique se situe dans la même perspective que celle de Berlan, qui a ses limites, qui à mon avis apparaissent mieux avec cette critique de Nicolas Gey. A lire absolument !

    Nicolas Gey, « Subsister », L’Inventaire , automne 2022

    https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2023/05/24/nicolas-gey-subsister

    #agriculture #subsistance

    • Bah c’était déprimant @deun 😭

      s’il est légitime de décrier le calcul des aides que la politique agricole commune indexe à la surface de production, il faut s’exprimer (ce qu’on fait moins) sur la dimension énergétique de ces aides, dont le calcul dépend aussi de la valeur calorique des aliments produits. De sorte que le maraîchage et l’arboriculture sont nettement moins subventionnés que la production d’oléo-protéagineux (comme les appellent les agronomes). Un kilo de tomate, du fait de la main-d’œuvre nécessaire pour sa culture et sa récolte, dépasse souvent le prix de 1 kg de blé, mais sa valeur politique est à peu près nulle : on n’a jamais fait de révolution pour cause de pénurie de tomates.

      […]

      Jusqu’à preuve du contraire, et dans les conditions qui sont les nôtres (et qui n’ont guère de raison de devenir plus favorables), on peut donc affirmer qu’il n’existe, en Occident, aucun modèle agricole économiquement viable susceptible de récolter davantage d’énergie qu’il n’en consomme pour la produire

      […]

      Pour nous subsistantialistes, il ne suffit pas de suggérer qu’on pourrait toujours, le moment venu, se déplacer et labourer avec un animal de trait (21), battre les céréales au fléau, trier le grain avec un tarare, remettre en service des moulins à vent ou à eau, entretenir nous-mêmes les sentiers, les conduites d’eau, les routes pavées et les entrepôts, que sais-je ? N’oublions pas de poser ces questions, en apparence naïves : Qui fait quoi, et surtout quand ? En d’autres termes, qui s’y lance maintenant, avant les autres, au risque de l’épuisement moral et physique ? Qui accepte de commercer avec l’ensemble d’une population directement et indirectement mécanisée et subventionnée ? Qui accepte, en somme, de troquer l’or contre la pacotille ?

      […]

      Jusqu’à preuve du contraire, toutes les expérimentations «  permacoles  » (27) et «  agroécologiques  » non mécanisées des régions tempérées ont échoué à produire non seulement des légumes sur des terres généreusement amendées et paillées (souvent avec fumier et paille du commerce), mais suffisamment de calories pour nourrir, au minimum, les agriculteurs eux-mêmes.

      Dans certains cas, comme au mas de Beaulieu de feu Pierre Rabhi, l’expérimentation, sur un hectare, est loin d’égaler la modeste production maraîchère d’un jardin ouvrier (28). Ailleurs, à la Ferme du Bec-Hellouin (29), Perrine et Charles Hervé-Gruyer renouvellent quant à eux les trouvailles de Bouvard et Pécuchet (30) en terre normande. Là-bas, les cultures nourricières cèdent systématiquement le pas aux productions à forte valeur ajoutée, jusqu’à délaisser la pomme de terre ! Les amendements proviennent de haras voisins ; les résultats publiés sont avant tout financiers, proviennent pour bonne part de formations, et lorsque les volumes de production de certains fruits ou légumes sont annoncés, il n’est jamais question de calories. Or la Ferme Potemkine du Bec-Hellouin est censée apporter sa contribution (sinon la solution) au problème de l’autonomie alimentaire (individuelle, communale, régionale, nationale, etc.). En dépit de l’évidence, une succession de rapports de l’Inra-AgroParisTech conclut toutefois au succès de l’entreprise agroécologique (31).

      […]

      Ce que nombre de «  permaculteurs  » (plus ou moins survivalistes) et «  d’agroécologistes  » ne perçoivent pas lorsqu’ils tentent l’expérience de «  l’autonomie  » (mais ils finissent invariablement par délaisser l’agriculture au profit d’activités plus lucratives, comme la formation, l’accueil de touristes, les «  soins alternatifs  », etc.), c’est le caractère systémique d’une organisation paysanne. Les dimensions d’héritage culturel, de normes, de devoirs, d’effort et de temps sont généralement refoulées ou fantasmées plutôt qu’appréhendées dans leur complexité et leurs limites. S’il est évidemment impossible de répondre à tous ses besoins (de la mine à la forge, de la carrière au four à chaux, des champs de lin aux métiers à tisser, etc.), il l’est presque autant, sous nos latitudes surpeuplées (37), de répondre à ses besoins les plus vitaux, sans se soumettre aux lois de la physique bien sûr, mais aussi à l’autorité d’un groupe, sinon à l’un.e de ses représentant.e.s.

      #déprime #céréales ! #calories #alimentation #nutrition #mode_de_vie #paysannerie etc etc

    • Bah c’était déprimant @deun 😭

      Ah ça ! J’ai lu l’article il y une quinzaine de jours et j’avoue que ça m’a bien sonné ...

      Pourtant, il y a des positions chez Nicolas Gey qui me paraissent assez biaisées, genre :

      Si la dénonciation des effets dévastateurs de la mécanisation, de l’aliénation des agriculteurs, de l’irrigation par pompage, des engrais de synthèse et des pesticides est parfaitement légitime, il est en revanche assez malhonnête d’en déduire que cette agriculture industrielle n’aurait obtenu que des «  résultats minimes  ». Entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 1990, les rendements céréaliers moyens ont bel et bien été multipliés par 4 en France et par 3 en moyenne dans le monde. Puisque la surface cultivée totale est restée à peu près constante (la surface de champs urbanisés étant pour l’instant «  compensée  » par la conversion des pâturages et le défrichement accéléré des ultimes forêts primaires), la production a donc été multipliée par trois et la population mondiale, dont la frange la plus riche s’est mise à consommer de plus en plus de viande (9), par 2,5 (passant de 2,4 à 6 milliards d’individus).

      La question (subsidiaire) aurait pu être : mais pour combien de temps ?

      Et d’ailleurs arrive cette forme d’aveu concernant les limites de cette croissance productive :

      Depuis les années 1990, effectivement, les rendements du blé plafonnent et paraissent même, depuis 2016, amorcer leur déclin.

      Avec, en filigrane, ce sentiment qui est mien, à savoir que le dérèglement climatique et son cortège de nuisances pourrait bien y être pour quelques chose.

      Après, il y aurait un fastidieux travail de vérification des données techniques (entre autre le raisonnement qui s’appuie sur un bilan calories entre le travail à fournir et récolte obtenue) et économique (valeur de la chose produite rapportée à la quantité de travail nécessaire pour la produire)

      Or ce sont précisément les productions agricoles les plus riches en calories et en travail, fût-il mécanique, que les expériences subsistantialistes tendent à ajourner (14). Et pour cause : acheter des céréales, des légumineuses, des sucres, des huiles issues de la production mécanisée et subventionnée revient à acheter chaque jour, pour moins de 2 euros le kilo, une quantité de travail que nous refuserions de fournir à ce prix. Pour fixer les idées : l’équivalent d’une journée de travail de cinq à sept heures (15). Payé au smic de 2021, le coût du travail nécessaire pour produire 1 kg de blé sans tracteur, moissonneuse-batteuse ni subvention serait donc compris entre 50 et 70 euros. Dans ces conditions, qui d’entre nous, s’il ne possédait une rente d’au moins 1500 euros par mois (ce qui le rangerait indiscutablement du côté des puissants), pourrait encore acheter quotidiennement son kilo de farine équitablement subsistantialiste (ou son équivalent énergétique d’environ 2 500 kcal) ?

      Et l’auteur lui-même nous invite à remettre cette évaluation sur le métier dans la note 15 :

      Cette estimation m’est propre, et mérite sans doute discussion. Je suis parti du principe qu’il fallait en moyenne 5 à 10 m2 de terre pour fournir 1 kg de blé tendre dans des conditions «  subsistantialistes  », sans tracteur ni engrais de synthèse. Le calcul consiste simplement à additionner le temps passé à labourer (ou bêcher) cette surface de terre, avant de la semer et d’enterrer le semis (afin qu’il ne soit pas détruit par des étourneaux, des corneilles ou des pies), puis de la désherber (des gaillet, vulpin, folle avoine, rumex, chénopode, renouée, amarante et chardon, entre autres) et de l’amender, avant de la moissonner, d’en transporter les gerbes jusqu’à l’aire de battage, de battre les gerbes, d’en vanner le grain, de le moudre puis de bluter la mouture. Sans compter le travail de cuisine et de boulangerie, ni le temps passé à récolter du bois pour la cuisson.

      La modélisation des rendements énergétiques lié aux activités agricoles, ça a déjà dû être fait. Après, vérifier si tous les paramètres ont été inclus, c’est plus compliqué. En outre, l’anticipation des circonstances (dérèglements climatiques, bouleversements socio- et géopolitiques) qui pourraient influer sur la validité de ces paramètres voire en introduire de nouveaux, ça rajoute du « niveau ». Pas d’autre choix pour l’instant que de confier toutes ces tâches d’expertises à un groupe d’étude comme celui qui travaille sur l’évolution du climat.

    • Est-ce qu’il faut nécessairement envisager les choses comme le fait Nicolas Gey (et Aurélien Berlan peut-être je ne sais pas bien) ? C’est-à-dire penser que la seule alternative à la société industrielle ce sont des sociétés paysannes où tout est fait localement, donc forcément à la main puisque qu’il n’y a pas d’autres types d’énergie disponible sur place ?

      Le texte a tout de même le mérite de pointer le prisme habituel autour du maraîchage et des légumes, en laissant de côté ce que l’on appelle les « grandes cultures », c’est-à-dire comme il l’indique les aliments qui nourrissent vraiment d’un point de vue calorique.
      Encore que, à mon sens, les légumes sont indispensables pour la santé, non pas à cause de leur contenu calorique, mais en terme de vitamines par exemple.

      Plutôt que produire à la main du blé dans une contrée où c’est fait avec d’énormes machines énergivores, on peut aussi s’intéresser aux régions où l’agriculture est déjà sans machines, mais où de petites machines sont introduites à l’intérieur d’une organisation où le travail manuel est la norme.

      Par exemple pour en Afrique, des batteuses sont utilisées pour décortiquer les haricots. Elles peuvent être apportées dans les ferme derrière une moto (par exemple le modèle Imara tech Multi-crop). Ca coûte 700$.

      Actuellement, les femmes et les jeunes supportent la majeure partie de la charge du battage, et l’utilisation du battage mécanisé libère leur temps pour d’autres tâches plus gratifiantes. Un exemple de cela est fourni par l’utilisation de la batteuse multicultures Imara tech, qui prétend traiter les haricots 75 fois plus rapidement qu’à la main.

      https://taat-africa.org/wp-content/uploads/2022/02/Catalogue_Haricot_commun_FR.pdf

      En France toujours pour des haricots on parlera plutôt pour battre les haricots d’une machine à 130000€

      https://www.youtube.com/watch?v=UBc-2m2t5zw

      La deuxième chose c’est de considérer le problème de la mécanisation dans sa dynamique et dans son contexte marchand.
      C’est ce qui manque à la perspective de Bey - à la critique anti-industrielle en général ? Elle finit par rejoindre la perspective survivaliste, comme Bey le reconnaît :

      Autrement dit, qui peut prétendre subvenir à ses besoins, vivre substantiellement de sa production ? S’il existe quelques personnes ou communautés d’Europe de l’Ouest qui y parviennent, je serais ravi, sinon de les rencontrer, du moins d’entendre de quelle manière elles s’y prennent. De ce point de vue, il n’est pas nécessaire de partager les orientations politiques du courant survivaliste pour souscrire au tragique de ses analyses.

      ... comme si le but c’était de vivre de sa propre production. Bien-sûr ce but est évident pour le survivaliste puisqu’il se prépare à une rupture d’approvisionnement généralisé. Mais pour les révolutionnaires ?

    • ... Il y a quand même des erreurs dans le texte de Nicolas Gey. Il parle de la nécessité de produire annuellement 10 tonnes de céréales et 1 tonne d’oléagineux s’il ont est 10... il a confondu tonne et quintal.
      C’est donc, pour 10 personnes, 10 quintaux de céréales, soit 1 tonne, et 1 quintal d’oléagineux, soit 100 kg.

  • Traversée d’un désert médical, par Pierre Souchon (Le Monde diplomatique, août 2023)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/08/SOUCHON/66009

    Ma santé ? » Croisée à l’ombre d’un platane de Privas, préfecture de l’Ardèche, Émilie fond en larmes.

    « C’est simple. Ça fait longtemps que les rares dentistes qui restent dans la ville ne prennent plus de nouveaux patients. Je les ai suppliés… Rien à faire. Ils ont fini par m’envoyer aux urgences, qui ont refusé de me prendre en charge, et m’ont conseillé d’appeler le 15. Au 15, ils m’ont dit qu’ils n’étaient pas dentistes… »

    Toujours émue, elle poursuit : « Alors depuis des années, matin, midi et soir, je remets moi-même mon bridge après chaque repas avec de la colle. Parce qu’il tombe dès que je mange. J’ai la bouche qui pourrit. »

    Les médecins généralistes de la ville, dont au moins trois viennent de partir récemment à la retraite, l’ont eux aussi refusée à cause d’une surcharge de clientèle : « Heureusement, un ami m’a pistonnée, et il m’a trouvé une place dans la vallée du Rhône, à vingt kilomètres. C’est lui qui m’emmène en voiture. Le médecin est sympa : il fait passer la consultation sur la carte de mon ami, sinon je devrais payer, et je ne peux pas… »

    Émilie est femme de ménage. Elle a 36 ans. Récemment licenciée, au chômage, elle élève seule trois jeunes enfants et n’a pas le permis de conduire. Elle ne vote plus depuis très longtemps et ne se souvient pas pour quelle formation elle votait jadis : « De toute façon, qui que ce soit là-haut, on trinque à tous les coups. »

  • Survivalisme et permaculture : comment (sur)vivre après l’effondrement ? - Par Pauline Bock | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/survivalisme-et-permaculture-comment-sur-vivre-apres-leffondrement

    Comment vivra-t-on après la fin du monde, ou, en tout cas, de notre monde ? Comment s’y préparer ? Depuis la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine, la succession d’étés caniculaires et l’inflation qui explose, le spectre de l’effondrement de notre société – qu’il soit climatique, social, politique, ou tout à la fois ne semble plus un lointain horizon, mais une possibilité bien réelle.

    Après notre série d’été sur l’effondrement en 2018, cette année, « Arrêt sur images » a choisi de revenir sur le sujet. Dans cette émission, on se demande si, depuis cinq ans, les médias et la société ont changé de point de vue sur les survivalistes, les preppers, les gens qui stockent des denrées dans leur cave, rejoignent un collectif de permaculture ou qui participent à des stages de survie. Comment repenser nos modes de vie et tendre vers davantage d’autonomie et de résilience ?

    En plateau, la journaliste d’"ASI" Pauline Bock accueille Corinne Morel Darleux, autrice de l’essai sur l’effondrement « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce »(Libertalia, 2019), qui tient une chronique mensuelle pour « Reporterre » et a dirigé le hors-série « Socialter » autour du sujet ""Comment nous pourrions vivre" " ; Eléonore Lluna, ancienne infirmière devenue coach en survie, qui propose des stages d’autonomie en pleine nature. En visio, le journaliste Alexandre Pierrin, qui réalisé la série « Survivre » sur les survivalistes en France pour France TV Slash ; et la chercheuse au CNRS Madeleine Sallustio, qui a étudié les collectifs néo-paysans et leur rapport à l’avenir dans l’ouvrage « À la recherche de l’écologie temporelle : Vivre des temps libérés dans les collectifs néo-paysans autogérés : une analyse anthropologique ».

    #survie #effondrement #survivalisme #médias #journalisme #paywall

  • 12ft | Faster Than Expected: Why Climate Scientists Are So Scared | by Alan Urban | May, 2023 | Medium
    https://12ft.io/proxy?q=https%3A%2F%2Fmedium.com%2F%40CollapseSurvival%2Ffaster-than-expected-w

    “Climate scientists are all a bunch of lying doomsayers! They’re just trying to scare you so they can get more funding, enact a carbon tax, control your life, create a socialist dictatorship, etcetera, etcetera, etcetera…”

    I’ve heard these claims thousands of times, and I used to believe them until about 10 years ago. For most of my life, I was convinced that climate change was a leftwing conspiracy created by elites in order to control our lives and enrich themselves. (Read this to learn why I changed my mind.)

    Recently, I realized something: If climate change were made up, then scientists wouldn’t be saying it’s happening “faster than expected.” Rather, they would be saying it’s happening “slower than expected.” Let me explain…

    I’ve fallen for a lot of conspiracy theories over the years (I won’t tell you which ones because it’s too embarrassing), but fortunately, I discovered the concept of scientific skepticism in my early thirties, and that’s when I finally started questioning my beliefs.

    I soon realized that nearly every conspiracy I believed didn’t hold up to scrutiny. They all relied on cherry-picked evidence or logical fallacies, and the proponents were usually either lying or delusional.

    One logical fallacy I learned about is called special pleading, or moving the goalposts. This is where someone always demands more evidence, no matter how much you give them.

    For example, let’s say you’re debating someone who believes the Earth is flat. They tell you that they’ll need hard evidence before they believe the Earth is round.

    So, you print a bunch of photos of the Earth from outer space and show them to the flat-earther. They say, “That’s not good enough. These photos could be fake. I need scientific evidence.”

    So, you try explaining the scientific evidence for a spherical Earth. You talk about how lunar eclipses always have a round shadow, how star patterns look different in the opposite hemisphere, and how Eratosthenes calculated the circumference of the Earth over 2000 years ago.

    The flat-earther says, “How do I know that science is accurate? How did they collect their data? How do I know it’s not all made up? I need better evidence.”

    But every time you provide evidence, they just move the goalposts and demand even more evidence. If you took them up in a space shuttle so they could look down at the globe with their own eyes, they’d probably demand evidence that they weren’t in a high-tech flight simulator.

    Now let’s return to the idea that climate change is a conspiracy. If that were true, then climate scientists would be proven wrong on a regular basis, and every time they were, they would move the goalposts. What would that look like?

    Imagine an alternate reality where climate change is hoax. It’s June 23rd, 1988, and world-renowned climate scientist James Hansen is testifying to Congress. But in this reality, he makes a bold claim: “By the year 2000, most of Florida will be underwater.”

    The year 2000 comes along and Florida is still very much above water. When confronted with this fact, Hansen says, “My calculations were slightly off, but it will definitely be underwater by 2010.”

    So 2010 comes along, and once again, Hansen is confronted by skeptics. He says, “It would be underwater if it weren’t for all the climate policies we’ve enacted. But if we don’t do more, it will certainly be underwater by 2020.”

    Then 2020 arrives and Florida still isn’t underwater, and on and on it goes. No matter how many times he’s proven wrong, he just moves the goalposts farther into the future. Meanwhile, the Internet is full of headlines like, “Climate impacts taking longer than expected.”

    Wouldn’t that be wonderful?

    Now let’s look at actual reality. Have climate scientists been making wild claims and moving the goalposts when proven wrong?

    No. In fact, the opposite is happening. Rather than moving the goalposts farther into the future, they’re bringing them closer. That’s why we keep seeing headlines with the phrase “faster than expected.”

    That phrase is now so common, it’s become a meme. Although the average global temperature has risen in line with forecasts made decades ago, the impacts have been more severe than scientists anticipated.

    For example, scientists were shocked by the Pacific Northwest Heatwave of 2021, when Canada’s high temperature record was beaten by 5°C. When Sir Brian John Hoskins, a climatologist based at Imperial College London, heard the news, he didn’t believe it. When he read the news story himself, he said, “Oh my god, that’s really scary.”

    He’s right. It is scary because heatwaves like that weren’t supposed to happen for decades. The effects of climate change are arriving much sooner than expected. Don’t believe me? Let’s take a look at some headlines from the past few years:

    NASA: Earth is trapping ‘unprecedented’ amount of heat, warming ‘faster than expected’
    Climate scientists shocked by scale of floods in Germany
    Frequency, Intensity of Extreme Weather Surprises Climate Scientists
    Climate change already worse than expected, says new UN report
    It’s 70 degrees warmer than normal in eastern Antarctica. Scientists are flabbergasted.
    Climate change already causing storm levels only expected in 2080
    Climate change is hitting the planet faster than scientists originally thought
    Scientists say temperatures are getting ‘hotter faster’ than their tools can calculate

    There are hundreds more. If climate change were a hoax, we wouldn’t be seeing headlines like these. We’d be seeing headlines like “Climate Change Not As Bad As Expected” or “Global Warming Less Severe Than Previously Thought.”

    Have you ever seen a headline like that? Even once? Of course not. The last 8 years were the 8 hottest years in history, and it’s still getting hotter.

    Even if the planet stopped getting warmer right now, we would still be in big trouble. The ice caps would keep melting and sea levels would keep rising. Look at what’s already happening at a mere 1.2°C of warming:

    Antarctic Ice Sheet Is Melting Way Faster Than Expected, Scientists Warn
    Climate change: Arctic permafrost now melting at levels not expected until 2090
    Antarctica And Greenland’s Ice Sheet Melting On Track With “Worst-Case Scenario”
    Red alert: Portions of the Arctic are warming much faster than we thought
    Satellite imagery shows Antarctic ice shelf crumbling faster than thought
    Arctic warming is happening significantly faster than previously thought, study finds
    What’s going on with the Greenland ice sheet? It’s losing ice faster than forecast
    Greenland’s glaciers are melting 100 times faster than estimated

    But of course, warming isn’t going to stop at 1.2°C. Because of the heat we’ve already trapped in the atmosphere, and because we continue to emit huge amounts of greenhouse gases every year, the climate is warming exponentially.

    It took us about a century to raise the global thermostat by 1 degree Celsius, and we’re about to raise it another degree in just 20–30 years.

    Think about that for a moment. Another century of global warming in just 2 or 3 decades. And we’re already seeing some of the worst heatwaves in human history, not to mention record-breaking floods, droughts, wildfires, and water shortages.

    All of these climate-related crises are stretching farms to the limit, yet this is just the beginning. As crop yields decline and the population grows, we will see food insecurity get worse and worse until we’re in a global famine.

    And that right there is why climate scientists are scared. They understand that human civilization was born during the Holocene, when global temperatures were very stable and stayed within a range of about 1°C.

    As we push the planet out of that range and raise the temperature about 50 times faster than would occur naturally, it will become harder and harder to produce enough food to feed everyone, and this will lead to social instability, political upheaval, the worst migration crisis ever, and wars over resources.

    Despite all of this, the climate deniers still insist that scientists are just trying to scare us so they can secure more funding. But if you think about that for a moment, you’ll see why it doesn’t make any sense.

    There are tens of thousands of climate scientists around the world. Are all of them in on this vast conspiracy? Am I supposed to believe that everyone researching climate change is creating fake data and trying to scare us…just so they can get a little more funding?

    It would mean that thousands of climate scientists have dedicated their lives to performing junk science that they know isn’t real, just for the money. Is that really plausible? Climate scientists aren’t exactly rich. Maybe a few people would do fake research in order to get a raise, but all of them?

    I understand that most of the world’s conspiracies are about making money, but they’re usually about making big money — like millions or even billions of dollars — not small grants or funds for another year of research.

    The idea of a vast global conspiracy made up of countless scientists and hundreds of organizations across nearly every major country and language, all working together just so they can make a little more money next year is ridiculous.

    If you really want to “follow the money,” why not look at how much money the fossil fuel industry makes? Fossil fuel companies supply 80% of the world’s energy, make billions in profits every year, and get eye-popping subsidies from governments.

    Could it be that they have a vested interest in spreading climate doubt and denial in order to slow climate action so they can keep making huge profits? Doesn’t that conspiracy sound a little more plausible? Especially since the same thing happened with lead, cigarettes, and countless other products?

    Hell, some of the same exact people that worked for big tobacco, convincing people that cigarettes were safe, went on to work for big oil. Companies like Shell and Exxon knew exactly what fossil fuels would do the planet decades ago, but they ignored the science, spread misinformation, and continued to rake in mega-profits.

    Considering all of this, is it really reasonable to believe that climate scientists are a bunch of shills whose primary motive is to make money? Or could they be motivated by something else? Perhaps love for the planet, or fear of societal collapse?

    Take Dr. Peter Kalmus, for example. He’s a climate scientist at NASA’s Jet Propulsion Laboratory in California, and he has been warning of climate disaster for over two decades. Is he raking in gobs of cash from wealthy globalists and living the high life? Nope. In fact, he cut his own carbon footprint by 90%.

    Kalmus is a member of Scientist Rebellion, and last year, they protested in front of the JP Morgan Chase building in Los Angeles since that bank funds more fossil fuel projects than any other.

    With his hand chained to the entrance, he said, “We’ve been trying to warn you guys for so many decades that we’re heading towards a fucking catastrophe. And we’ve been being ignored. The scientists of the world have been being ignored. And it’s gotta stop. We’re gonna lose everything.”

    Here’s the video:

    Kalmus isn’t the only scientist who is scared of what will happen if the planet keeps getting hotter.

    In 2021, Nature did a survey of climate scientists who helped author the latest IPCC report. They found that 60% believe the planet will warm by at least 3°C, an amount that could end civilization as we know it. Only 20% believed warming would stop at 2°C.

    It’s hard to state how horrifying this is. In 2015, the Paris Climate Agreement established 2­°C as the upper limit of warming we should allow, because going beyond it would cause catastrophes on a scale never seen in human history.

    Since then, we’ve learned that climate change is even worse than we thought. Disasters that weren’t supposed to happen until we reached 1.5°C are happening now, so we can only imagine what will happen when we hit 2° or 3°C.

    This is why top scientists from around the world are warning us that we face a ghastly future filled with untold suffering. They’ve been telling us over and over, year after year, summit after summit, that we have to stop burning fossil fuels as quickly as possible. But as you can see, the world keeps ignoring them.
    GHG and Temperature Despite Climate Meetings

    If climate scientists are all in on a vast conspiracy to enrich themselves and control our lives by phasing out fossil fuels, they’re not doing a very good job. They’ve been sounding the alarm for over 30 years, but as you can see, they’ve made virtually no progress.

    This is one of the reasons I changed my mind about climate change. Ever since I was a child, I was told that climate science was fake and that globalists were going to use it to take my rights away. But when I grew up, I realized I had all the same rights my parents did.

    No one forced me to stop flying or go vegan or buy an electric vehicle or give up my gas stove. If climate change were a real conspiracy, they would have managed to take at least a few rights away by now. But today, Americans have the right to expand their carbon footprint as much as ever.

    The truth is much simpler: Greenhouse gases are trapping heat in the atmosphere, warming the planet faster than nature can adapt, and threatening civilization, while big oil is spreading misinformation so they can delay climate action and fill their pockets with as much money as possible before time runs out.

    This is why the collapse of civilization is the most likely outcome, and that is why climate scientists are so scared. Because it’s way way worse than they thought, and most of the world still has no idea.

    As James Lovelock said 15 years ago, “Enjoy life while you can. Because if you’re lucky it’s going to be 20 years before it hits the fan.”

  • https://aoc.media/opinion/2023/02/15/hors-sujet-theorie-de-ma-situation-climatique

    Chaque individu contribue, en dépit de ses efforts éventuels, à la dégradation de la planète. Pourtant la référence à une crise écologique ne suffit jamais à provoquer dans la vie individuelle une réponse cohérente et appropriée. Pour le dire autrement : ce qui se passe éventuellement du point de vue du sujet, dans les termes de la conscience, de la volonté, de la raison, de l’engagement, est hors sujet par rapport aux processus de dégradation environnementale.

    Dans la première conférence de son livre Face à Gaïa, le très regretté Bruno Latour passe en revue une série de « rapports » des sujets aux mutations écologiques du monde, dont le changement climatique est le paradigme. Il est intéressant de revenir à ses réflexions à l’heure où des militants écologistes prônent un mode d’action radicale, que l’ADEME publie son 23e rapport sur les représentations sociales du changement climatique, et que la COP 27 a suscité les commentaires de défiance bien connus.

    Les climato-sceptiques n’ont pas complètement disparu : ils entretiennent encore l’idée que les chiffres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ne sont pas fiables. Un autre rapport à la crise écologique, beaucoup plus répandu, prend la forme du quiétisme. On ne se précipite pas dans le catastrophisme, on n’enquiquine pas les autres avec toutes les urgences auxquelles ils devraient réagir. Et puis il y a ceux qui ont été sensibles aux alertes et qui prétendent sortir des problèmes par un surcroît d’ubris technologique, géo-ingénierie et autres moyens de contrôler l’écosystème terrestre dans sa totalité. La conscience de la crise écologique en déprime d’autres, qui savent ce qui se passe mais savent aussi à quel point ils sont démunis. Les militants ou les porteurs de bonne parole institutionnelle continuent à y croire. Ils font la promotion de la panoplie des solutions. Quelques-uns, plus rares, se sont retirés dans l’isolement de leur activité et, sans prétendre résoudre la crise écologique, surmontent les angoisses qu’elle suscite en eux. Aujourd’hui surgissent les radicaux lanceurs d’alertes, qui espèrent faire bouger les foules et surtout les médias en lançant de la sauce tomate sur des œuvres d’art.

    Cette liste de postures pourrait fonctionner comme une injonction adressée au lecteur. Vous, oui, vous, où vous situez-vous ? Dans quel rapport concret, pratique, intellectuel, moral êtes-vous avec le monde que des mutations écologiques sont en train de bouleverser ? En acceptant une telle question, on valide les différences qui existent entre les postures mentionnées, entre les choix qu’elles expriment et entre les conséquences qu’elles induisent. De ce point de vue, cela fait bien une différence d’être climato-sceptique, militant environnementaliste, quiétiste anti-catastrophisme ou encore grand sage de la cause éco-systémique. L’intention de Latour n’est pourtant pas de provoquer son lecteur par ce genre d’interpellation. Bizarrement, par l’énumération de ces différentes postures, il souhaite montrer en réalité qu’elles sont équivalentes relativement à ce qu’il nous faut comprendre de Gaïa et de l’ère géologique (anthropocène) dans laquelle nous sommes désormais entrés. Doute, cynisme, espoir militant, engagement désespéré, quiétisme as usual, sagesse « bio » ou écologique, tout n’est que folie. Voilà le point de départ qui permet « d’aller au fond de la situation de déréliction dans laquelle nous nous trouvons ».

    Pourquoi ce jugement sur la folie des hommes et sur la déréliction à laquelle nous sommes condamnés ? Cette rhétorique quasi prophétique dit en fait que le sujet humain est HS (hors-sujet).

    #écologie #activisme #quiétisme #capitalocène #crises_systémiques #effondrements

    https://justpaste.it/b3f1n

  • Biodiversité : « Ni l’ampleur, ni la rapidité, ni le caractère systémique de l’écroulement des insectes n’ont été anticipés par les scientifiques »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/02/12/biodiversite-ni-l-ampleur-ni-la-rapidite-ni-le-caractere-systemique-de-l-ecr

    En Europe, l’abondance d’insectes pourrait avoir chuté de près de 80 % au cours des trois ou quatre dernières décennies, mais il est très probable que nos sociétés soient incapables d’infléchir la course au désastre, explique, dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».

    L’écroulement des populations d’insectes, à peu près partout en Europe, est la composante la plus terrifiante de la crise écologique en cours. Non seulement parce que le problème est d’une gravité inouïe, mais aussi, et peut-être surtout, parce qu’il demeure complètement absent du débat public et de l’horizon politique de nos décideurs – il est d’ailleurs probable que la majorité d’entre eux n’en sachent à peu près rien. Le problème est immense, pressant, et nécessiterait des mesures d’urgence, mais la majorité d’entre nous ignorent jusqu’à son existence.

    Le livre qu’il faut donc lire, et faire lire ces jours-ci, est celui de Dave Goulson, professeur à l’université du Sussex (Terre silencieuse. Empêcher l’extinction des insectes, éditions du Rouergue, trad. Ariane Bataille, 400 pages, 23,80 euros). Ce spécialiste mondialement réputé de la biologie et de l’écologie des insectes pollinisateurs y décrit à la fois l’ampleur de la catastrophe et la variété de ses causes, mais il offre aussi, en fin d’ouvrage, un catalogue des mesures ou des politiques publiques susceptibles de l’enrayer. Ce n’est pas encore une oraison funèbre, mais plutôt une déclaration d’amour du biologiste à ces animaux fascinants qu’il a passé sa vie à étudier, et une invite à la prise de conscience, pour sauver ce qui peut l’être.

    C’est non seulement un devoir moral, mais aussi une question vitale – les insectes sont, comme le dit Dave Goulson, « le carburant de la vie ». Une multitude d’organismes ne pourraient survivre à leur absence, qu’ils s’en nourrissent (oiseaux, chauve-souris, poissons d’eau douce, amphibiens, reptiles, etc.) ou qu’ils soient pollinisés par eux, comme la majorité des plantes à fleurs. On comprend bien, aussi, comment l’agriculture aurait toutes les peines du monde à se passer de ces êtres, qui outre la pollinisation, participent à la régulation des ravageurs des cultures, au maintien de la qualité des sols, etc. Si les insectes disparaissent, bien d’autres choses disparaîtront avec eux. En Europe, leur abondance pourrait avoir déjà chuté de près de 80 % au cours des trois ou quatre dernières décennies.

    Dégâts irréversibles

    La probabilité est pourtant forte que nos sociétés soient incapables d’infléchir cette course au désastre. D’abord parce que celui-ci est graduel et invisible. En cela, il partage un point commun avec le changement climatique, mais ce dernier se rappelle régulièrement à nous par le biais de phénomènes destructeurs et spectaculaires. L’effondrement des insectes, lui, pourra se poursuivre sans jamais se signaler en tant que tel, sans jamais scander l’actualité comme le fait parfois le réchauffement lors des grandes canicules, des sécheresses, des inondations monstres ou des saisons d’incendies.

    Avec la fin des insectes, c’est l’augmentation du prix des fruits et légumes qui sera discutée, plutôt que le défaut de pollinisation ; ce sont les restrictions d’usages de l’eau qui feront les gros titres, plutôt que la détérioration des sols entravant la recharge des nappes phréatiques…

    Le problème est aussi rendu invisible par les choix de cadrage de l’expertise internationale. Autant le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a fini par imposer la thématique climatique à l’agenda du monde, autant son jumeau traitant de l’état de la nature a échoué à faire de la biodiversité un sujet d’égale importance. En traitant de front toutes les questions liées à la biodiversité, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) n’en incarne finalement aucune, et certainement pas celle de l’effondrement des insectes.

    Une dernière raison de s’inquiéter de la situation est de nature épistémologique, c’est-à-dire qu’elle a à voir avec la manière dont nos sociétés construisent et consolident la connaissance. Les grands problèmes environnementaux globaux (le réchauffement climatique, l’amincissement de la couche d’ozone, les pluies acides) ont été anticipés par la communauté scientifique ou ont été détectés et compris suffisamment tôt pour pouvoir être gérés avant de produire des effets irréversibles. Ni l’ampleur, ni la rapidité, ni le caractère systémique de l’écroulement des insectes n’ont au contraire été anticipés par les scientifiques. Ils mesurent, stupéfaits, des dégâts irréversibles déjà commis.

    Sentiment de contrôle rassurant

    En 2017, à la publication de la célèbre étude de la Krefeld Entomological Society évaluant à quelque 80 % la chute de biomasse des insectes volants dans une soixantaine de zones protégées allemandes depuis le début des années 1990, le biologiste Bernard Vaissière (Inrae), spécialiste des abeilles sauvages, confiait au Monde : « On m’aurait dit cela il y a dix ans, je ne l’aurais pas du tout cru. » Les autres estimations qui s’accumulent, et qui corroborent largement ce chiffre, suscitent toujours une sorte de sidération chez nombre de spécialistes.

    Cette situation signale une faille profonde et inquiétante dans la connaissance que nous croyons avoir des impacts de nos activités sur le monde naturel, c’est-à-dire sur nous-mêmes. Les administrations qui encadrent et régulent les aménagements du territoire, les développements industriels, les systèmes alimentaires et agricoles procurent à la société un sentiment de contrôle rassurant. C’est en particulier le cas pour les centaines de pesticides autorisés – cause majeure du déclin de l’entomofaune sous nos latitudes – dont les usages sont strictement régulés pour ne produire, en théorie, que des dégâts sanitaires et environnementaux à la fois localisés, acceptables et contrôlables. L’effondrement des insectes nous renvoie à cette cruelle réalité : en vérité, nous ne contrôlons rien du tout.

    Stéphane Foucart

    #Insectes #Pesticides #Perturbateurs_endocriniens

    • En fait, les gens qui ont vu la catastrophe arriver ont été taxés d’alarmistes, voire d’illuminés ou de rétrogrades.

      Et on continue à organiser des manifs pour pouvoir continuer à répandre des produits toxiques sans retenue.

      Le problème est la désinformation/confusion utilisée de manière systémique pour protéger les intérêts des monstres capitalistes.

      Chaque semaine, on découvre que telle ou telle méga-industrie savait depuis le début quelles étaient précisément les conséquences de ses actes et a choisi délibérément de planquer cette vérité pour continuer à engranger des bénéfices colossaux.

      Quand je dis industrie, c’est par commodité, derrière se planquent des hommes et des femmes qui ont pris des décisions en pleine connaissance de cause et qui se savent intouchables.

      Cette impunité nous tue.

    • L’arbre décisionnel est aussi un bon moyen de planquer sa responsabilité. Parce que l’ANS a décrété que « blabla », alors la mairie de Toulouse se fout totalement de balancer des polluants en conseillant de ne pas manger les fruits de nos potagers parce qu’il y a eu deux cas de dengue. Et donc cet été, #parce_que_ce_sont_les_ordres (cf #nazis) mon quartier a été aspergé deux nuits de suite d’antimoustiques, depuis je n’ai pas revu d’abeilles dans les jardins et il y a moins d’insectes et toujours plus de moustiques, qui eux savent muter rapidement.
      Tant que nous serons et accepterons de vivre dans une pression continuelle à répondre aux ordres, parce que sinon tu ne peux plus te nourrir et te loger, alors nous poursuivons la catastrophe. C’est amha là où le libéralisme prospère sur les dominations systémiques mises en place : travail-exploitation-retraite/sexisme/destruction environnemental) et qu’il faut déconstruire.

  • How Stokely Carmichael Helped Inspire the Creation of C-SPAN – Mother Jones
    https://www.motherjones.com/media/2022/08/stokely-carmichael-kwame-ture-cspan-brian-lamb

    In the late 1960s, Brian Lamb, the eventual founder of the cable network C-SPAN, sat at a Black Baptist church watching Stokely Carmichael give a speech. Lamb, fresh off a four-year stint in the U.S Navy, came away impressed. He found the talk by the leader of the Student Non-Violent Coordinating Committee (SNCC) “thoughtful and intelligent and very well stated.” But, later that night, when Lamb watched coverage of the same speech on TV he was taken aback.

    The news broadcast only played the two minutes when Carmichael was at his most incendiary. “What made it on was the fire and brimstone,” Lamb would later tell the New York Times of the experience. “It just seemed to me we were being unfairly treated as a society by the television news,” he lamented.

    About a decade later Lamb founded the Cable Satellite Public Affairs Network, also known as C-SPAN. While the network is most known now for wall-to-wall congressional coverage, it was Carmichael’s unfair representation by white media that Lamb has said helped inspire the attempt to bring the public news without imposition. He wanted a channel “where everybody gets to see everything from start to finish,” he told the Times.

    I was surprised by this connection. I discovered Lamb’s epiphany in the excellent autobiography Ready For Revolution: The Life and Struggles of Stokely Carmichael (Kwame Ture).

    In the latter half of his life Carmichael embraced revolutionary Pan-African socialism, founded the All African Peoples Revolutionary Party, and changed his name to Kwame Ture—a combination of Kwame Nkrumah and Ahmed Sékou Touré, two former decolonial leaders of Ghana and Guinea. In 1969, Ture left the United States to make his home in Conakry, Guinea. One of the best explanations of this transformation can be found when Ture sat down for an interview with Lamb in 1998. (It was shortly before Ture’s death, while he was in Harlem for cancer treatments.)

    Ture writes this of the conversation:

    Mr. Lamb proved an interesting fellow, well-informed and tough-minded. His questions were sharp but fair. Not biased or hostile as is so often the case with the U.S media. … I admire Mr. Lamb’s public spiritedness and resourcefulness and I think his initiative to be especially necessary given the general debasement of political discourse in the American media.

    Lamb was at the helm of the network as CEO until 2012, before retiring from media fully in 2019. Some have argued that by giving politicians the ability to speak directly to the viewer without mediation, C-SPAN was a gift to demagogues like former House Speaker Newt Gingrich, and paved the way for the rise of Donald Trump. But this origin story shows another angle.

    In an exit interview with The New Republic, Lamb explained why he rarely imposed himself on a subject: “It’s probably a learned respect for the average intelligence of the American public to figure it out for themselves, right or wrong. I’m a pessimistic optimist. It’s just the way I am. Every time I said to myself, ‘I know that person isn’t telling the truth,’ my reaction was: ‘So does the caller at the other end of the line.’”

    This “view from nowhere” approach to journalism can normalize injustice. But attacking the faux-neutrality of the status quo isn’t the same as assuming a child-like stupidity from audiences.

    While reading Ready For Revolution, including this history of C-SPAN, I delved deeper into more Ture videos on YouTube. Having spent a life taking notes from street corner preachers in Harlem, Black Baptist ministers in the deep South, and revolutionary leaders in West Africa, Ture is a fantastic and nimble orator with an underrated sense of humor. Many of his speeches are readily available now, thanks in part to the network and amateur archivists.

    I have one clip that is a personal favorite. In it, Ture explains the importance of good faith inquiry, of listening to what someone actually says instead of what other people say about them. You should just watch it.

    #Stockeley_Carmichael #Télévision #Context_collapse #Effondrement_de_contexte

  • La nouvelle-nouvelle réaction, ou les chiens de garde de la résignation. Leur programme, outre la #nausée :

    … accepter les difficultés et les limites des capacités humaines.

    … saisir dans le chaos du présent les signes de [bla-bla]

    … accepter la gravité de la situation et reconnaître sa vulnérabilité extrême ou son impuissance…

    … interpréter le réel en étant attentif aux signes avant-coureurs qui annoncent un nouvel âge…

    … [refuser] que l’idéologie prenne la place de l’espérance, ce qui se traduit en politique par le fait d’imaginer un avenir commun en divisant la société, en brandissant l’opposition entre amis et ennemis…

    Les saccageurs n’auraient pas #Corine_Pelluchon, ils l’inventeraient.

    (Libération)

    #effondrement #capitalisme #caniche #éco-anxiété #idéologue #résignation

  • https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/electricite-et-gaz-les-dessous-de-la-spectaculaire-chute-des-prix-de-l-ene

    ❝C’est à n’y rien comprendre : après une année de volatilité extrême sur les marchés du gaz et de l’électricité en Europe, 2023 s’ouvre par une accalmie significative, entre chute des prix et confiance des acteurs de marchés. Le mois de janvier apparaissait pourtant, jusqu’alors, comme une période à haut risque. Mais des températures anormalement douces et une baisse de la consommation ont déjoué les pronostics les plus sombres. Néanmoins, le retour à la normale n’est pas pour tout de suite, et le Vieux continent reste loin de se trouver à l’abri d’une nouvelle flambée. Explications.
    Marine Godelier
    02 Jan 2023, 18:41

    https://justpaste.it/5007p

    #marchés_de_l'énergie #privatisations #Concurrence_libre_et_non_faussée (mon cul)
    #idéologie (d’écoles de commerce)

  • La #catastrophe #écologique couvait déjà il y a 50 ans

    https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/la-catastrophe-ecologique-couvait-deja-il-y-a-50-ans_168334

    En 2022, deux limites planétaires ont été dépassées. Au total, six de ces seuils fatidiques qui déterminent l’habitabilité de la Terre sont désormais dans le rouge. Une surprise ? Pas vraiment. Car il y a cinquante ans, un rapport scientifique démontrait déjà que poursuivre une croissance illimitée dans un monde aux ressources finies provoquerait une déstabilisation des équilibres planétaires, faisant courir de graves risques à l’humanité.

    Publié en 1972, traduit en 36 langues et vendu à plus de dix millions d’exemplaires, l’ouvrage intitulé « Les Limites à la #croissance » provoqua une onde de choc au sein de la communauté internationale. Il fut rédigé par quatre chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT, États-Unis) - Dennis et Donella Meadows, Jorgen Randers et William Behrens - spécialistes de la dynamique des systèmes, une technique de modélisation mathématique qui permet d’analyser des problèmes complexes.

    Le rapport présente les travaux de recherche réalisés sous la direction de Dennis #Meadows par 17 scientifiques de six pays (États-Unis, Norvège, Allemagne, Inde, Iran et Turquie). Il fut commandé par le Club de Rome, un groupe de réflexion rassemblant des hommes d’affaires, des scientifiques et des économistes, dans un contexte où naissent les premières ONG environnementales comme Greenpeace et le WWF, et où l’opinion publique s’inquiète des dégradations écologiques en cours.
    Une conclusion sans appel

    Pendant deux ans, l’équipe Meadows met au point un modèle mathématique permettant de prévoir l’évolution de plusieurs grandes variables : la démographie, l’activité industrielle, la production agricole, la pollution, les ressources naturelles… La conclusion est sans appel : même en misant sur des progrès technologiques ambitieux, la poursuite de la croissance aboutit inévitablement à un #effondrement du système d’ici à la fin du siècle. Autrement dit, une diminution brutale des ressources disponibles, s’accompagnant d’une dégradation des conditions de vie et d’une chute de la population mondiale.

    Selon les scénarios, cet effondrement est causé soit par une #pénurie de #ressources non #renouvelables comme le pétrole, dont le coût d’extraction devient trop important ; soit par l’érosion des terres agricoles et un niveau de #pollution si élevé qu’il affecte gravement la production alimentaire. Parmi la dizaine de scénarios étudiés, un seul permettait d’éviter le crash : celui d’une stabilisation de la démographie et d’un arrêt de la croissance économique.

    « La plupart des économistes ont jeté ce rapport à la poubelle, raconte l’économiste Gaël Giraud. En effet, l’écrasante majorité d’entre eux ne prend pas en compte, ou très peu, la question des ressources naturelles. Or, le rapport Meadows nous rappelle que le monde réel existe et que si nous ne nous en occupons pas, le retour de bâton sera sévère. » Après de nouvelles éditions publiées en 1992 et en 2004, des études ont confirmé que jusqu’ici, les prévisions du rapport se sont révélées justes (lire l’encadré ci-dessous). « Il est compliqué d’imaginer qu’on puisse pérenniser la croissance économique pendant des décennies et résoudre en même temps les problèmes environnementaux. Car 2 % de croissance par an pendant un siècle revient par exemple à multiplier par six ou sept notre production et notre consommation », explique Aurélien Boutaud, chercheur CNRS associé au laboratoire Environnement, ville, société, à Lyon, et coauteur du livre « Les Limites planétaires » (éd. La Découverte).

    Un scénario d’effondrement qui se confirme.

    Jusqu’ici, les prévisions du rapport Meadows se sont révélées justes. Elles ont été confirmées par plusieurs chercheurs, dont l’Australien Graham Turner en 2012 (tendance observée ci-dessous). L’évolution des différentes variables (nourriture, pollution, production industrielle…) correspond au scénario menant à un effondrement du système.

    À la suite des travaux de l’équipe Meadows, les scientifiques ont tenté de mieux évaluer l’impact de l’humanité sur la planète. Élaborée dans les années 1990, l’empreinte écologique mesure la quantité de surface terrestre nécessaire pour produire les biens et services que nous consommons et absorber les déchets que nous produisons. Elle permet de calculer le jour du dépassement, à partir duquel nous avons pêché plus de poissons, abattu plus d’arbres, cultivé plus de terre que ce que la nature peut nous procurer en une année - et émis plus de gaz à effet de serre que nos océans et nos forêts ne peuvent en absorber.

    En 2022, le jour du dépassement a eu lieu le 28 juillet. « Nous sommes face à un fort déficit écologique qui ne peut pas durer », s’alarme Aurélien Boutaud. Pour compléter le tableau, une équipe de recherche du Stockholm Resilience Centre, en Suède, a défini neuf limites planétaires. Parmi elles, le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, mais aussi d’autres moins connues comme les cycles de l’azote et du phosphore, ou l’acidification des océans (lire l’encadré ci-dessous).

    Six limites planétaires dans le rouge

    Les scientifiques ont identifié neuf limites planétaires qui correspondent aux processus naturels conditionnant la vie sur Terre. Pour chacune d’entre elles, est déterminé un seuil au-delà duquel existe un risque de modification et d’emballement. Deux de ces seuils biophysiques ont été dépassés en 2022 : le cycle de l’eau douce, avec un déficit de l’eau verte contenue dans les sols et la biosphère, principalement dû au changement climatique et à la déforestation ; et l’introduction d’entités nouvelles (pollution chimique) qui reflète en particulier une surabondance des déchets plastiques dans l’ensemble des milieux terrestres. La prochaine sur la liste pourrait être l’acidification des océans, une modification chimique due au surplus de CO2 dans l’air qui affecte notamment le plancton, base de toute la chaîne alimentaire marine.

    Empreinte écologique et limites planétaires offrent une vision globale de notre impact sur la planète. Une nécessité lorsqu’on sait que les différents paramètres sont étroitement liés. Si bien qu’une solution ne prenant pas en compte l’ensemble de ces facteurs pourrait, au contraire, aggraver la situation.

    L’utilisation massive d’agrocarburants pour réduire les émissions de CO2 de nos voitures et de nos avions aurait par exemple un impact majeur sur la déforestation. « Il ne s’agit pas d’avoir sans arrêt recours à des solutions de substitution. Il faut juste consommer moins d’emballages, d’énergie, de produits alimentaires transformés, etc. », explique Sandra Lavorel, écologue, membre de l’Académie des sciences, et coauteure du rapport de l’IPBES (plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques).
    Énergies fossiles et agriculture intensive pointées du doigt

    Le pas à franchir est considérable : diviser par deux notre empreinte écologique au niveau mondial, et par trois en France. « Dire qu’on arrivera à résoudre le problème par des réponses purement technologiques paraît problématique », explique Aurélien Boutaud. Le chercheur souligne l’importance de l’effet rebond : lorsqu’une nouvelle technologie permet de réduire notre impact, cette réduction est compensée par l’augmentation de la consommation. « Il faut avant tout convoquer la sobriété. La meilleure énergie, c’est celle qu’on n’utilise pas, la meilleure ressource est celle qu’on n’a pas eu besoin d’extraire », confirme Philippe Bihouix, ingénieur et auteur de « L’Âge des low tech » (éd. du Seuil).

    Deux secteurs en particulier pèsent très lourd dans notre empreinte écologique : les énergies fossiles, fortement émettrices de CO2, mais aussi l’agriculture. « Notre agriculture intensive produit beaucoup, mais détruit aussi beaucoup », souligne l’agronome Marc Dufumier, évoquant le labour qui dégrade l’humus des sols, l’impact des pesticides et des engrais sur la biodiversité et la pollution des eaux. Sans compter qu’à eux seuls, l’agriculture et l’élevage pèsent 30 % des émissions de gaz à effet de serre.

    Selon une étude de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), réduire notre consommation de viande et passer à l’agroécologie permettrait de diminuer fortement notre empreinte écologique tout en nourrissant 10 milliards de personnes en 2050. "Vous pouvez réduire de moitié votre impact individuel, mais le reste ne peut être baissé que de manière collective ", insiste Aurélien Boutaud. Un changement des modes de consommation est donc nécessaire, mais pas suffisant.

    « Nous n’avons aucune chance de résoudre le problème en gardant le modèle économique et sociétal actuel, confirme Sandra Lavorel. La question n’est pas de savoir s’il faut changer de modèle, mais de déterminer ensemble comment y parvenir. Plus nous attendons, plus les changements seront difficiles. »

  • Compte rendu du Conseil des ministres du 29 novembre 2022 | Gouvernement.fr
    https://www.gouvernement.fr/conseil-des-ministres/compte-rendu-du-conseil-des-ministres-du-29-11-2022#6fc05f79-664d-4c6c-

    Le délestage est une mesure exceptionnelle, mise en oeuvre en dernier recours par les gestionnaires du réseau électrique, pour éviter un déséquilibre du système électrique national. Le 18 novembre, RTE a indiqué qu’il estimait que le risque était faible pour les mois de novembre et décembre, mais qu’il augmentait pour le mois de janvier. Le passage en « rouge » de l’indicateur EcoWatt, qui signifie la possibilité d’un recours à une coupure électrique programmée, fera l’objet d’une communication grand public. Si ces coupures devaient néanmoins intervenir, elles dureraient deux heures consécutives, en affectant alternativement des portions de départements. Les périodes de délestage concerneraient les pics de consommation électrique situés les jours ouvrés, sur des créneaux horaires indicatifs de 8 heures à 13 heures et de 18 heures à 20 heures.

  • Une économie des communs négatifs
    par Alexandre Monnin- AOC media
    https://aoc.media/opinion/2022/11/28/une-economie-des-communs-negatifs

    L’écologie ne peut se penser comme un retour à la nature (ou à une époque antérieure, post industrielle, post-civilisationnelle, etc.) sous peine de porter avec elle un arrière-plan malthusien ou exterminisme.

    Son défi est désormais d’être une écologie des milieux impurs dans lesquels une part grandissante de l’humanité évolue qui cherche à négocier un passage étroit entre deux écueils : l’abandon brutal et immédiat des infrastructures, technologies et modèles – ce que j’appelle des communs négatifs – dont cette part croissante de l’humanité dépend un peu plus chaque jour, ce qui ne saurait se faire à très court terme, et le maintien de ces mêmes réalités à moyen terme.
    [...]
    La tentation est grande en effet, au-delà même des cosmologies, de puiser dans les savoirs du Sud générés en réponses à des situations de crises, situations dès lors valorisées au-titre d’une anticipation d’événements dramatiques à venir au Nord (hausse du niveau de l’eau, des températures, tropicalisation du climat, etc.).

    Les peuples autochtones ou les habitants d’Haïti seraient ainsi les éclaireurs des peuples du Nord, prenant les risques dont ces derniers entendent se préserver en observant la capacité d’adaptation des premiers.
    [...]
    Ceux qui pointent la responsabilité des pays du Nord ont tendance à rejeter le mot « Anthropocène » et à lui en substituer d’autres : Capitalocène, Anglocène, Androcène, etc. Il en existe mille et une variantes. On peut accepter cette responsabilité historique sans céder à l’ensemble des arguments des promoteur-ices de la notion de Capitalocène. Un point nous semble pourtant décisif : loin d’être une avant-garde, il faut penser le Nord Global comme le porteur et le témoin des futurs obsolètes, qui n’ont d’ailleurs, comme le souligne l’écrivain Amitav Ghosh[6], jamais eu vocation à advenir à l’échelle du Globe. L’échange écologique inégal, ainsi nommé par l’anthropologue Alf Hornborg[7], a vocation à le rester.

    Nul artifice ne permettra une généralisation à la population entière du mode de vie californien sans doute l’un des plus marketé à l’échelle du globe en dépit de sa nocivité fondamentale – pour prendre un exemple hélas aussi archétypal que caricatural. Si ces futurs sont obsolètes, il s’agit alors d’hériter à la fois de leurs matérialisations passées et des projets qui adviennent encore chaque jour en leur nom, les « ruines ruineuses » du présent et de l’avenir, à démonétiser symboliquement de toute urgence. Hériter du passé comme de l’avenir, dans un même geste.
    [...]
    Partant du principe qu’aucune transition ne pourra s’accomplir simplement en verdissant l’existant et que tout ne pourra être maintenu en garantissant les conditions d’habitabilité sur Terre, la redirection écologique pose la nécessité de procéder à des arbitrages démocratiques. Qui ne seront pas les mêmes partout et pour tout le monde car nous héritons collectivement des infrastructures de ce que le philosophe Olúfẹmi O. Táíwò[8] appelle the Global Racial Empire, qui opère une distribution des richesses, des biens de première nécessité ou des opportunités, tout à fait inégale.
    [...]
    comment faire changer la trajectoire de modèles (économiques, distributifs, juridiques, managériaux, etc.), d’infrastructures, de technologies non seulement vectrices d’inégalités mais qui détruisent l’habitabilité du monde ? Pour ce faire, il s’agit de les reconnaître pour ce qu’ils sont, de véritables communs négatifs ouvrant sur une nécessaire réappropriation collective à de multiples échelles. Surtout, il convient d’éviter un écueil majeur : les populations attachées, volontairement ou involontairement à ces réalités sont de plus en plus nombreuses, au Nord mais aussi dans le Sud Global, en dépit de l’immense hétérogénéité des situations, ne peuvent s’en extraire et s’en départir du jour en lendemain. En même temps, le business as usual est exclu à moyen terme. Tout l’enjeu consiste donc à emprunter une ligne deux crêtes entre ces deux écueils, qui sont aussi deux positions implicitement exterministes.
    C’est ici que doit s’affirmer le devoir historique des nations et peuples du Nord. Car il s’agit bien de prolonger le fil ouvert par les révolutions industriels et le régime métabolique minier[9] qui a consisté à tirer du sol de nouvelles sources d’énergie qui sont devenues à leur tour la matrice de nouvelles technologies, de nouvelles infrastructures et d’une nouvelle civilisation marquée par des modalités de subsistance impossible à congédier ou à prolonger.

    Des modalités de subsistance qui n’appellent pas nécessairement à passer uniformément sous les fourches caudines des limites planétaires mais à négocier précisément ce à quoi il faut renoncer et qu’il faut tâcher de maintenir pour que la recherche de capacités nouvelles de subsistance ne soit pas un eugénisme masqué des corps sains, enfin libérés des entraves de la Technosphère et rendu à une Nature accueillante.
    [...]
    Face à la dégradation de l’habitabilité, il s’agit d’opérer les nécessaires fermetures pour libérer des espaces où des milieux désormais impurs, comportant des poches de technicités mises par exemple à profits pour perpétuer des soins aux corps le nécessitant, pourront subsister.
    [...]
    Tirer le fil, donc, pour se positionner en arrière-garde d’un monde à venir, composant avec de multiples milieux interlopes.

    Ce rôle d’arrière-garde est généralement échu aux populations indigènes ou aux Nations en passe d’être engloutis par les flots ou sacrifiées pour le maintien du statu quo extractiviste. Têtes de ponts des changements induits par l’Anthropocène, privées d’avenir, et en même temps, avant-garde résiliente, malgré elles, au service des nations du Nord avides de mettre à profit les leçons ainsi glanées. Le statut d’arrière-garde doit être assumé. Prises dans un passé, un héritage, auquel elles se confrontent, les nations du Nord ont vocation à permettre à d’autres pays de représenter l’avant-garde de demain et de négocier avec cette modernité impossible selon leurs propres termes, en s’inspirant à leur guise des savoirs et des arts de la fermeture qu’il est impératif d’expérimenter aux Nord.

    Pour ne pas demander à d’autres d’être nos poissons-pilotes, pour ne pas attendre mais susciter ces bascules, à la fois politique et techniques, pour qu’un premier exemple, coupé de l’attente d’un retour sur investissement ou d’un avantage concurrentiel, ouvre la brèche nécessaire.
    [...]
    Au Nord, désormais, la vie bonne est celle qui prendra en charge les communs négatifs, qui travaillera à les démanteler proprement, avec soin. Premier exercice concret et constructif de réparation[10]. Manière d’assumer une responsabilité historique.

    #décroissance #post-croissance #anthropocène #effondrement

  • Aux origines de l’effondrement du service public de santé
    https://lvsl.fr/leffondrement-du-service-public-de-sante

    Considéré jusqu’au début des années 2000 comme le meilleur du monde, le service public de santé français avec ses deux piliers, l’hôpital public et les professionnels de santé de premier recours, s’effondre peu à peu. Cet article porte sur l’analyse structurelle de cette destruction progressive et dresse le tableau alarmant de l’évolution de la démographie des soignants. Ce texte est une nouvelle version d’une série de trois articles de Frédérick Stambach et Julien Vernaudon initialement parus sur le site de la revue Respublica.

    Le système de santé français a longtemps fait office d’exemple à l’international, au début des années 2000 il était même considéré comme le meilleur au monde. A la suite d’une destruction incrémentale du fondement même de notre système de santé, quel que soit les majorités gouvernementales, celui-ci est dorénavant à l’agonie. Les déserts médicaux progressent et l’hôpital public est au bord de l’implosion du fait de la diminution du nombre de lits, l’introduction en force du Nouveau management public et la dégradation des conditions de travail entraînant le départ en masse de personnels soignants épuisés et écœurés.

    Nous considérons que le point d’entrée dans le système de santé pour l’immense majorité de la population est l’hôpital public par le biais des urgences et ce que nous nommerons les professionnels de santé de premier recours (PSPR), par définition conventionnés en secteur 1. Ces derniers sont représentés par les médecins généralistes principalement mais il existe également d’autres « portes d’entrée » subtiles et souvent méconnues. C’est le cas notamment des pharmacies d’officine et, dans une moindre mesure, des infirmier(e)s et kinésithérapeutes libéraux. Pour les jeunes enfants, la Protection Maternelle et Infantile (PMI) lorsqu’elle existe encore sur le territoire peut également avoir ce rôle. Les chirurgiens-dentistes et les sage-femmes font également partie des PSPR.

    Mais d’une façon générale et majoritaire, lorsqu’un patient a un problème de santé (en dehors des grosses urgences) il va se rendre chez son médecin généraliste ou chez son pharmacien. C’est uniquement si ces deux voies sont fermées qu’il se rendra aux urgences directement.

    La pénurie médicale et la fermeture progressive des pharmacies d’officine, notamment en milieu rural, entraînent donc une suppression pure et simple de l’accès au système de santé, en particulier pour les classes populaires. Les services d’urgence, en grande souffrance, ne peuvent compenser la pénurie médicale de généralistes sur le territoire.

    La situation est complexe et assez catastrophique par bien des aspects, en particulier parce qu’elle relève de décisions gouvernementales qui, pour des raisons budgétaires mais pas uniquement, ont choisi délibérément de mettre en danger sanitaire la population française dans son ensemble. Cependant, les effets sont encore plus dramatiques pour les plus démunis, témoignant ainsi d’une politique de classe très violente : nous parlons ici de ceux qui ont la possibilité de se soigner ou pas.

    Nous allons revenir brièvement sur l’histoire de l’organisation puis de la désorganisation des médecins généralistes et de l’hôpital public, ensuite nous évalueront la situation actuelle (peu brillante) en termes d’effectifs soignants. Nous proposerons pour terminer une analyse politique et nos propositions pour changer de paradigme.

  • L’eau de millions de personnes en France redevient conforme aux normes de qualité après le relèvement des seuils réglementaires
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/10/12/le-relevement-des-seuils-rend-l-eau-de-millions-de-francais-a-nouveau-confor

    Relevez les seuils de tolérance, et tout s’arrange aussitôt. Dans de nombreuses régions françaises touchées par la pollution des ressources hydriques aux pesticides, l’eau du robinet est redevenue conforme aux critères de qualité. Pas de disparition soudaine des contaminations, mais le simple déclassement de deux produits de dégradation (ou « métabolites ») de l’herbicide S-métolachlore, fréquemment retrouvés dans les eaux de surface et souterraines.

    Qu’on trouve aussi ici :
    https://seenthis.net/messages/973928#message976128

    #énorme #effondrement

  • Ralentir ou périr. L’#économie de la #décroissance

    Loin d’être le remède miracle aux crises auxquelles nous faisons face, la croissance économique en est la cause première. Derrière ce phénomène mystérieux qui déchaine les passions, il y a tout un #système_économique qu’il est urgent de transformer.

    Dans cet essai d’économie accessible à tous, #Timothée_Parrique vient déconstruire l’une des plus grandes mythologies contemporaines : la poursuite de la #croissance. Nous n’avons pas besoin de produire plus pour atténuer le #changement_climatique, éradiquer la #pauvreté, réduire les #inégalités, créer de l’#emploi, financer les #services_publics, ou améliorer notre #qualité_de_vie. Au contraire, cette obsession moderne pour l’#accumulation est un frein au #progrès_social et un accélérateur de l’#effondrement écologique.

    Entre produire plus, et polluer moins, il va falloir choisir. Choix facile car une économie peut tout à fait prospérer sans croissance, à condition de repenser complètement son organisation.

    C’est le projet de ce livre. Explorer le chemin de #transition vers une économie de la #post-croissance.

    https://www.seuil.com/ouvrage/ralentir-ou-perir-timothee-parrique/9782021508093

    #livre

    signalé aussi par @olivier_aubert ici :
    https://seenthis.net/messages/973364