• La Confessione

    Perché soltanto in Italia non è ancora scoppiato il caso degli abusi nella Chiesa cattolica? Perché il sistema di copertura degli abusatori è ancora in piedi ed efficace, coinvolge decine e decine di preti e vescovi ed è tacitamente approvato da papa Francesco. Il podcast La Confessione ricostruisce come la Chiesa italiana silenzia le denunce delle vittime, copre i preti sotto accusa e nasconde lo scandalo

    https://podcast24.fr/podcasts/la-confessione
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  • Mille situations d’#abus_sexuels documentées dans l’#Eglise_catholique en Suisse

    L’Université de Zurich a documenté 1002 situations d’abus sexuels dans l’Eglise catholique en Suisse depuis le milieu du XXe siècle, dans une étude inédite qui a eu accès pour la première fois à la quasi totalité des archives. Il ne s’agirait que de la pointe de l’iceberg, la plupart des cas n’ayant pas été signalés et des documents ayant été détruits.

    L’étude présentée mardi par le département d’histoire de l’Université de Zurich constitue la première étape des recherches mandatées par trois organes catholiques dont la Conférence des évêques suisses. Jamais une équipe indépendante n’avait encore recherché sur ce sujet. Ce projet pilote a impliqué tous les diocèses du pays, les structures de droit public ecclésiastique et les communautés religieuses.

    Historiennes et historiens ont obtenu presque toujours les accès nécessaires aux archives, indique l’Université de Zurich. Des dizaines de milliers de pages de documents secrets, constitués par les responsables de l’Église catholique depuis le milieu du XXe siècle, ont pu être consultées. L’équipe a aussi mené de nombreux entretiens, notamment avec des personnes concernées.

    Les victimes : des mineurs, garçons en tête

    Il en ressort que 1002 situations d’abus sexuels ont été identifiées jusqu’à présent dans toute la Suisse sur l’ensemble de la période étudiée. On déplore au moins 921 victimes dont 74% de mineurs, 14% d’adultes et 12% de personnes à l’âge non établi. Au total, 510 personnes – presque uniquement des hommes – ont commis ces abus. 56% des victimes sont de sexe masculin, 39% de sexe féminin. On ignore le sexe de la victime pour les cas restants.

    La grande majorité des abus ont été commis dans le cadre de la pastorale. Tel était le cas surtout en situation de confession ou de consultation, de service de servants et servantes de messe, d’enseignement religieux ou encore d’activités avec des groupes d’enfants ou d’ados.

    Le deuxième domaine touché par les abus sexuels est celui de la formation et de l’aide sociale. Ainsi, environ 30% des cas se sont déroulés dans des foyers, des écoles et des internats catholiques ou établissements similaires.

    Les ordres religieux et les communautés nouvelles constituent le troisième domaine avec moins de 2% des cas documentés. La recherche de sources y a été particulièrement difficile, soulignent l’équipe historique.

    Des documents détruits dans deux diocèses

    De manière générale, historiennes et historiens ont trouvé des preuves d’un large éventail de situations d’abus sexuels, du franchissement problématique des limites aux abus systématiques les plus graves et ayant duré des années. Pourtant, ces situations « ne représentent sans doute que la pointe de l’iceberg », selon les professeures Monika Dommann et Marietta Meier, qui ont dirigé l’étude.

    En effet, de nombreuses archives susceptibles de documenter d’autres situations d’abus sexuels n’ont pas encore été étudiées. Tel est le cas des archives des communautés religieuses, des documents des instances diocésaines et des archives des écoles, internats et foyers catholiques, ainsi que des archives étatiques.

    De plus, les historiens ont pu prouver la destruction de documents dans deux diocèses. En outre, tous les signalements d’abus n’ont pas été documentés par écrit et archivés systématiquement. Seule une petite partie des cas a donc été signalée, supposent chercheuses et chercheurs.
    Un grand nombre de cas dissimulés

    Si les abus sexuels sur des mineurs constituent depuis longtemps un délit grave dans le droit canonique, ce dernier n’a pourtant guère été appliqué en la matière durant une longue partie de la période étudiée par l’Université de Zurich. Un grand nombre de cas ont même été dissimulés, couverts ou minimisés. En règle générale, les sanctions étaient inexistantes ou légères.

    L’Église catholique transférait systématiquement les clercs accusés et condamnés à l’interne, parfois même à l’étranger, dans le but d’éviter des poursuites pénales séculières et d’assurer aux clercs une réaffectation. Ils privilégiaient ainsi les intérêts de l’Eglise et de leurs représentants par rapport à la protection des paroissiennes et paroissiens, constatent l’équipe de recherche.

    Cette pratique n’a changé qu’au début du XXIe siècle, alors que la gestion des abus dans l’Eglise catholique suscitait de plus en plus de scandales. La Conférence des évêques suisses a publié alors des directives claires et a fondé des commissions d’experts, dont la façon de travailler et le degré de professionnalisation sont toutefois variables, selon les historiennes et les historiens.
    De nouvelles accusations

    Dans la dernière édition du SonntagsBlick toutefois, l’évêque de Fribourg Charles Morerod et l’évêque de Sion Jean-Marie Lovey sont accusés de dissimulation. Présent lui aussi face aux médias, l’évêque de Coire Joseph Bonnemain, chargé de l’enquête interne, s’est dit « certain » que des plaintes ont été déposées à ce sujet.

    L’Eglise catholique aurait dû commencer à laisser les historiens travailler indépendamment sur ses archives il y a vingt ans, déplore Monika Dommann. L’Université de Zurich va poursuivre et élargir son travail de 2024 à fin 2026, en accord avec les mandataires pour établir l’ampleur réelle des abus, la responsabilité de l’Etat dans le placement de mineurs et les liens entre les spécificités catholiques et les abus.

    https://www.rts.ch/info/suisse/14306183-mille-situations-dabus-sexuels-documentees-dans-leglise-catholique-en-s
    #Eglise #Suisse #histoire #rapport #archives #dissimulation #violences_sexuelles

    • Projet pilote sur l’histoire des abus sexuels dans le contexte de l’Église catholique romaine en Suisse depuis le milieu du 20ème siècle

      But du projet

      Le projet pilote d’une année pose les bases pour des futurs projets de recherche sur l’histoire des violences sexuelles commises en Suisse par des membres du clergé catholique, des employés de l’Église et les religieux depuis le milieu du 20ème siècle. L’accent est mis sur les structures qui ont permis les abus sexuels de mineurs et d’adultes et qui ont rendu difficiles leur mise à jour et leur sanction. Toutes les régions linguistiques sont prises en compte.

      Le projet à orientation historique, mené par Monika Dommann et Marietta Meier, poursuit deux buts. Premièrement, il convient de clarifier quelles sources existent et sont accessibles. Pour atteindre ce but, des organisations de victimes et de témoins seront contactées. Deuxièmement, des questions et des méthodes possibles pour des projets de recherche ultérieurs seront proposées.

      Lorsque le projet pilote sera terminé, les résultats seront consignés dans un rapport. Ce rapport précisera dans quelle mesure les institutions de l’Église catholique auront soutenu l’équipe de recherche dans la collecte d’informations et l’accès aux archives, aux dossiers et aux témoins.

      D’autres projets de recherche sur l’histoire des abus sexuels dans le contexte ecclésial en Suisse pourront s’appuyer sur les résultats du projet pilote. C’est dans ce cadre que se tiennent l’étude empirique complète, éventuellement interdisciplinaire, des questions de recherche ainsi que la présentation, l’analyse et l’interprétation approfondie des structures, des événements et des expériences à reconstituer.

      https://www.abuscontexteecclesial.ch

      Pour télécharger le rapport :

      Lors d’une conférence de presse à Zurich (https://www.youtube.com/watch?v=AUy3aBeS3tA

      ), les responsables de projet et les représentants de l’Église catholique romaine ont présenté le rapport final du projet pilote sur l’histoire des abus sexuels dans le cadre de l’Église catholique romaine en Suisse depuis le milieu du 20ème siècle. Le rapport peut être téléchargé ici : https://zenodo.org/record/8315774

      https://www.abuscontexteecclesial.ch/rapport-final

  • La valle che accoglie

    Viaggio nella più antica chiesa protestante italiana, minoranza un tempo perseguitata, che oggi è in prima linea nell’accoglienza dei migranti e nelle battaglie per i diritti delle donne e delle coppie omosessuali.

    Un corteo composto esce da un edificio giallo e bianco in stile inglese: religiosi e delegati marciano in silenzio. Davanti al gruppo, alcuni indossano delle toghe nere, gli abiti lunghi dei pastori; al collo le facciole, dei fiocchi bianchi, nonostante le temperature proibitive che stanno colpendo le Alpi e le prealpi italiane alla fine di agosto. Il corteo attraversa il giardino, poi la strada, quindi svolta per entrare in un altro edificio che ricorda una chiesa anglicana: il tempio di Torre Pellice, dove si svolgerà il rito che aprirà il sinodo annuale della più antica chiesa protestante italiana, la chiesa valdese, che è anche la più progressista del paese.

    Non è possibile sapere di cosa esattamente discuterà il sinodo prima che cominci, perché perfino l’ordine del giorno è deciso dai 180 delegati che da tutta Italia sono arrivati a Torre Pellice, una cittadina a 55 chilometri da Torino. “Abbiamo una maniera di decidere le cose molto democratica”, spiega la pastora e teologa Daniela Di Carlo, che si definisce “femminista, antispecista, ecologista” e cita più volte la femminista statunitense Donna Haraway e il filosofo spagnolo Paul B. Preciado.

    Un ruolo centrale

    È arrivata nella val Pellice da Milano, la città di cui è la guida spirituale per le chiese protestanti e responsabile dei rapporti con le altre religioni. “Al sinodo dei valdesi non partecipa solo il clero: dei 180 delegati solo novanta sono pastori, gli altri novanta sono fedeli, che sono eletti localmente dalle diverse chiese. Questo significa che l’assemblea può ribaltare i pronostici e non si può mai davvero prevedere quello che succederà durante la riunione. Se non si è d’accordo su qualcosa, si va avanti a discutere a oltranza”, assicura la pastora, seduta nella stanza rossa della Casa valdese, la sede della chiesa valdese e della sala del sinodo, circondata dai quadri che rappresentano i benefattori della chiesa.

    I valdesi hanno consacrato la prima pastora nel 1967 in un paese in cui la chiesa cattolica, che è maggioritaria, non riconosce il sacerdozio femminile. Di Carlo studiava architettura all’università, ma poi ha deciso di dedicare la sua vita alla chiesa negli anni ottanta, dopo un’esperienza di volontariato durante il terremoto in Irpinia. “Mi interessavano più le persone delle case”, scherza. “Nel Vangelo Gesù ha affidato alle donne l’annuncio della sua resurrezione, voleva per le donne un ruolo centrale”, continua.

    “Quando Gesù incontra le sorelle di Lazzaro, Marta e Maria, è molto chiaro. Marta si lamenta perché la sorella Maria si è messa ad ascoltare le sue parole, invece di aiutarla nelle faccende domestiche, ma Gesù le risponde di lasciarla stare, perché Maria si è seduta ‘nella parte buona, che non le sarà tolta’”, continua Di Carlo, secondo cui la possibilità di diventare pastore per le donne era presente già agli albori della chiesa valdese, addirittura prima che questa aderisse alla riforma protestante nel cinquecento, per essere prima abolita, quindi ripristinata nella seconda metà del novecento. Come guida spirituale della sua comunità non si sente discriminata in quanto donna. “Tranne nei casi in cui partecipo alle cerimonie ecumeniche, specialmente nel rito ortodosso ci sono molti limiti che ancora escludono le donne dalla liturgia”, spiega.

    I valdesi sono stati i primi a benedire le unioni tra persone dello stesso sesso e nel sinodo di quest’anno potrebbero discutere della gestazione per altri (gpa), una pratica riproduttiva che divide anche le femministe e per cui il governo italiano guidato da Giorgia Meloni ha proposto addirittura l’istituzione del “reato universale”. “Abbiamo affidato a una commissione l’indagine sul tema e ne dovremmo discutere. Potrebbero esserci delle divisioni, come avvenne al tempo del riconoscimento delle unioni civili, ma si troverà un accordo”, assicura Di Carlo. Nel sinodo di quest’anno si discuterà anche della mancata presa di distanza dal fascismo nel sinodo del 1943, che si svolse dal 6 al 10 settembre durante i giorni dell’armistizio dell’8 settembre. Nel sinodo, ancora oggi, alcuni vorrebbero che si chiedesse perdono per non aver preso una decisione netta in quell’occasione.

    “Noi siamo una chiesa che include: siamo impegnati contro l’omotransfobia, contro il razzismo, contro la violenza sulle donne”, continua. “Per noi Gesù è inclusione, è accoglienza. Crediamo in un Dio che è diventato uomo per amare e accogliere e la nostra missione è provare a essere come lui”, sottolinea. Proprio per questo motivo, racconta, le capita di incontrare nella chiesa di Milano persone che si convertono al protestantesimo, perché non si sentono accolte in altre chiese: “Arrivano da noi perché sono divorziati, oppure sono omosessuali e non si sentono accettati in altri contesti, ma sono religiosi e vogliono trovare un posto in cui possano esserlo insieme con gli altri”, conclude.

    L’Europa dei valdesi

    I valdesi prendono il loro nome da un mercante di tessuti del dodicesimo secolo chiamato Valdo, che viveva a Lione ed era diventato estremamente ricco con l’usura. “La sua storia è simile a quella di Francesco di Assisi”, assicura Davide Rosso, direttore della fondazione Centro culturale valdese, mentre fa strada, camminando su un sentiero nel villaggio di Angrogna, un paese di montagna a pochi chilometri da Torre Pellice, che nel cinquecento era diventato il centro più esteso nelle valli valdesi.

    Ad Angrogna è conservata una grotta, che è possibile visitare, in cui i valdesi delle origini si riunivano per celebrare il rito domenicale o si nascondevano quando erano perseguitati, la Gheisa d’la tana (la chiesta della tana). “Oggi è possibile visitare questi luoghi a piedi, perché sono stati riconosciuti come percorso turistico dal Consiglio europeo, che li considera costitutivi della storia europea”, spiega Rosso. Nel 2015 papa Francesco ha visitato per la prima volta un tempio valdese a Torino e ha chiesto perdono per le persecuzioni contro i valdesi, condotte dai cattolici nel corso dei secoli. In quell’occasione è stata Alessandra Trotta, moderatrice della Tavola valdese originaria di Palermo, a dare la benedizione finale a cui ha partecipato anche Bergoglio.

    All’inizio i valdesi, chiamati i “poveri di Lione”, furono tollerati dalle gerarchie ecclesiastiche romane: nel 1180 Valdo rinunciò a tutte le sue ricchezze, distribuì i beni ai poveri e cominciò a predicare e a mendicare. Quando gli chiedevano perché lo avesse fatto, rispondeva: “Se vi fosse dato di vedere e credere i tormenti futuri che ho visto e in cui credo, forse anche voi vi comportereste in modo simile”. Da subito ebbe dei seguaci che, come lui, abbandonavano le ricchezze e la vita mondana, per farsi poveri. Inizialmente erano appoggiati dal vescovo di Lione, ma poi furono scomunicati nel 1184 dal papa Lucio III, perché avevano la “presunzione” di predicare in pubblico pur non essendo consacrati e furono considerati eretici dalla chiesa di Roma.

    Molti valdesi dovettero fuggire dalle persecuzioni e si rifugiarono nelle valli delle alpi Cozie, tra l’Italia e la Francia. Quel territorio diventò una base del movimento religioso, durante secoli di pericoli. Nel sinodo valdese del 1532 proprio ad Angrogna la chiesa aderì alla riforma protestante. “Questo diede ai valdesi un appoggio importante dal punto di vista internazionale e anche una maggiore solidità dal punto di vista teologico”, spiega Rosso, mentre mostra il monumento di Chanforan, un obelisco eretto nei campi di Angrogna, che ricorda il luogo in cui si svolse quel sinodo.

    “In quel momento si decise di tradurre la Bibbia in francese e la traduzione fu affidata a Olivetano, con un grande sforzo economico da parte dei valdesi”, racconta Rosso. Con l’adesione alla riforma, i valdesi vennero allo scoperto e cominciarono a costruire anche dei templi, ma questo favorì le persecuzioni nei loro confronti da parte dei Savoia, spesso per ragioni meramente economiche e politiche.

    “Il seicento è stato un secolo particolarmente difficile: nel 1655 il duca di Savoia condusse una campagna, che aveva come obiettivo lo sterminio dei valdesi”, spiega Davide Rosso, mentre cammina tra le stradine di montagna in una giornata caldissima di agosto. “Le loro case furono distrutte, le persone massacrate o imprigionate e i loro beni confiscati. Molti furono costretti a fuggire in Svizzera o in Francia”. Della questione si occuparono anche i britannici Oliver Cromwell, lord protettore del Commonwealth, e il ministro degli affari esteri, il poeta John Milton, che inviò una serie di lettere ai sovrani e ai governi europei per chiedere che si interessassero della causa valdese.

    Cromwell scrisse addirittura al re di Francia, Luigi XIV, minacciando di interrompere le trattative di amicizia in corso con il Regno Unito, se il re francese non avesse fatto pressione sui Savoia per far ottenere ai valdesi la libertà di culto. Ma solo nel 1848 il re Carlo Alberto di Savoia concesse i diritti civili e politici al gruppo. “Tuttavia la libertà di culto vera e propria è arrivata solo nel 1984, con la firma delle intese con lo stato italiano, anche se era già prevista in teoria dall’articolo 8 della costituzione”, spiega Rosso. Fu la prima intesa di questo tipo firmata in Italia con una minoranza religiosa.

    Per lo storico valdese è importante comprendere i legami dei valdesi con le altre chiese protestanti e i loro rapporti internazionali che gli hanno permesso di sopravvivere pur essendo una minoranza perseguitata. Non è un caso, dice Rosso, che “Altiero Spinelli abbia pronunciato a Torre Pellice il suo primo discorso europeista, dopo la scrittura del manifesto di Ventotene”. Il teorico del federalismo europeo era sfollato a Torre Pellice, a casa di una famiglia valdese di Milano, e Rosso sostiene che in parte sia stato influenzato dall’atmosfera cosmopolita di queste valli.

    “Per decenni i valdesi non hanno potuto studiare, frequentare le scuole pubbliche, perché non avevano diritti civili, quindi era normale per loro trasferirsi in altri paesi europei per studiare. Parlavano almeno tre lingue. Per sopravvivere hanno dovuto emigrare, spostarsi. Ma questo li ha resi poliglotti e gli ha permesso di sviluppare uno spirito europeo. Poi l’idea della federazione è tipica del protestantesimo: le chiese protestanti sono sorelle”, continua Rosso, che accompagnerà il presidente della repubblica italiana Sergio Mattarella nel suo viaggio a Torre Pellice, il 31 agosto. In quell’occasione sarà commemorato il discorso di Spinelli sull’Europa. “È interessante guardare alle elezioni europee del prossimo anno e a quel che rimane del progetto europeo da queste valli”, conclude Rosso.

    Dall’Afghanistan alla val Pellice

    Parwana Kebrit apre la porta di un appartamento luminoso al primo piano di un palazzo che ha le porte di ferro battuto. C’è molto caldo, ma l’interno della casa di Kebrit è fresco e in ombra. La donna è arrivata nella val Pellice cinque mesi fa dal Pakistan, insieme al marito Jawan, con un corridoio umanitario. Originaria di un piccolo paese dell’Afghanistan si è rifugiata in Pakistan per la prima volta nel 2001, insieme alla sua famiglia di origine.

    “È lì che io e le mie sorelle siamo andate a scuola per la prima volta, in Afghanistan la maggior parte delle ragazze non poteva studiare. E al di là dei taliban, il 90 per cento degli afgani pensa che per le donne non sia giusto studiare”, racconta. Poi con la famiglia è tornata a Kabul, dove ha frequentato l’università ed è diventata un’attivista per i diritti delle donne. Ma con il ritorno dei taliban nella capitale afgana nell’agosto del 2021, Kebrit e il marito sono stati costretti a scappare di nuovo. “Per noi non era sicuro rimanere nel paese”, racconta.

    Dal Pakistan è arrivata in Piemonte, accolta dalla Diaconia valdese, che la sta aiutando a riprendere gli studi e a imparare l’italiano, oltre che a farsi riconoscere i titoli di studio del paese di origine. Ha una grande passione per il disegno e la pittura e mostra orgogliosa i suoi quadri, esposti uno vicino all’altro. Uno di questi, l’unico dipinto con i colori a olio, l’ha portato con sé nel viaggio dal Pakistan. Mostra delle donne afgane con i pugni alzati che marciano tenendo una bandiera e schiacciano degli uomini. “Sono le donne che combattono per i loro diritti”, spiega. In un disegno che ha realizzato in Italia, invece, si vedono sei gabbie con dentro degli uccelli, una delle gabbie è rossa ed è aperta, l’uccello è volato via. Nel quadro successivo l’uccello rosso vola dopo essersi liberato. Parwana Kebrit si sente così, finalmente libera. La sua intenzione ora è quella di continuare a studiare. Il suo inglese è fluente e i suoi occhi brillano di fiducia.

    “Amo l’Italia, sono stati tutti gentili e disponibili con noi. Voglio rimanere qui”, assicura. Dal 2016 i valdesi sono promotori, insieme alla Federazione delle chiese evangeliche in Italia e alla comunità di sant’Egidio dei cosiddetti corridoi umanitari, dei ponti aerei che hanno permesso di portare legalmente in Italia 4.244 rifugiati dall’Afghanistan, dal Libano e dalla Libia, in accordo con lo stato italiano. Nove persone arrivate in Italia con i corridoi umanitari sono al momento ospitati nella val Pellice, grazie alla Diaconia valdese. “Si tratta di due famiglie afgane”, spiega Alice Squillace, responsabile dell’accoglienza per la Diaconia. La famiglia di Kebrit e quella di Abdul Mutaleb Hamed, un medico afgano che lavorava con un’ong italiana, il Cospe. “Lavoriamo molto sulla loro inclusione e il rapporto con la comunità ospitante”, assicura. E negli anni non ci sono mai stati grandi problemi.

    “In questo momento in cui si torna a parlare di emergenza migranti in Italia (sono stati superati i centomila arrivi nel 2023, ndr), ci sembra che tutto sia strumentale. Guardare per esempio all’esperienza dei corridoi umanitari mostra che lavorare in maniera umana con piccoli gruppi di persone non produce mai situazioni difficili o ingestibili”, conclude. “Siamo stati rifugiati come valdesi in Svizzera e in Germania e sappiamo quali siano le sofferenze del viaggio e della cattiva accoglienza”, assicura Francesco Sciotto, pastore della chiesa valdese di Messina e presidente della Diaconia valdese, seduto ai tavolini del bar, allestito dalla chiesa valdese durante il sinodo, nel giardino del quartier generale di Torre Pellice. “Per questo i valdesi sono particolarmente impegnati nell’accoglienza e per questo vogliono evitare che altri subiscano le conseguenze di una cattiva accoglienza”.

    Oggi in Italia vivono circa ventimila valdesi e la maggioranza è concentrata nelle tre valli del Piemonte: la val Chisone, la valle Germanasca e la val Pellice. “Come tutte le chiese, anche i valdesi hanno una crisi di fedeli e di vocazioni. Sono sempre di meno i ragazzi e le ragazze che decidono di diventare pastori”, racconta Michel Charbonnier, pastore di Torre Pellice.

    “È una crisi che in larga parte dipende dalla secolarizzazione e che noi vediamo di più in queste valli che nelle chiese delle città in giro per l’Italia”. Secondo Charbonnier, in val Pellice molte persone di famiglia valdese hanno smesso di frequentare la chiesa, ma è un processo che va avanti da decenni.

    “Ne parleremo anche nel sinodo. Ma per certi versi per i valdesi questo è un problema meno urgente che per altre chiese: per noi infatti tutti possono predicare e siamo abituati a essere in pochi”. La chiesa è molto più impegnata nelle questioni di tipo sociale che nelle questioni meramente religiose. “Fermo restando la separazione netta tra lo stato e la chiesa in cui crediamo”, conclude Charbonnier. “Sappiamo che si può incidere, anche se siamo in pochi”.

    https://www.internazionale.it/essenziale/notizie/annalisa-camilli/2023/08/24/valdesi-sinodo-torre-pellice

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  • « Après la lecture de cet ouvrage sur les chants inuits, on ne pourra qu’admirer l’incroyable sens de l’à-propos du prince Charles et de Camilla »
    https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2023/08/04/apres-la-lecture-de-cet-ouvrage-sur-les-chants-inuits-on-ne-pourra-qu-admire


    « La Musique qui vient du froid », de Jean-Jacques Nattiez (Presses universitaires de Montréal, 2022).
    LEA GIRARDOT

    « La bibliothèque insolite de Mara Goyet » (5/23). Surprise par le rire, en 2017, du futur couple royal britannique face au chant de deux femmes inuites, l’autrice s’intéresse à cette pratique traditionnelle et à ses modalités dans «  La Musique qui vient du froid  ».

    Depuis toute petite, j’apprécie le prince Charles, aujourd’hui Charles III. Rien de ce qui le concerne ne m’échappe. Evidemment, je connais les fragilités qui m’ont menée à ce choix quand Diana aurait été un parti raisonnable : il était le mal-aimé, le ridicule, l’éternel dauphin, etc. J’ai voulu compenser.

    J’ai néanmoins été surprise par quelques fautes de goût de sa part, notamment ce fou rire au Canada, en 2017, lancé par Camilla, à l’écoute de deux femmes inuites exécutant un chant sans doute exotique à leurs oreilles. Comment quelqu’un qui se fait repasser ses lacets, se promène dans le Commonwealth comme dans un jardin depuis sa naissance et demande que l’on applique le dentifrice sur sa brosse à dents peut-il s’abaisser à un tel manque de tact, à un tel impair ? A une telle beauferie, en somme. Quand on est un prince anglais, on ne rigole pas devant une musique parce qu’elle ne ressemble pas à du Purcell, on bouffe des sauterelles en silence et l’on revêt quantité de coiffes avec le sourire. C’est son travail et son devoir.

    Evidemment, une forme de complaisance nous conduirait à voir dans ce fou rire un soupçon d’humanité. Mais je m’y refuse. J’ai d’ailleurs bien fait car, en lisant La Musique qui vient du froid. Arts, chants et danses des Inuits (Presses universitaires de Montréal, 2022), de Jean-Jacques Nattiez, j’ai pu en apprendre davantage sur ces chants que l’on décrit comme « haletés ». On les retrouve principalement au Canada, ils sont « caractérisés par l’alternance de l’expiration et de l’inspiration ». Ce qui peut les rendre un peu obscènes, du moins si l’on vit dans l’univers lubrique de Camilla et Charles. Ils sont par ailleurs « essentiellement réservés aux femmes ».

    Joutes vocales
    Ces chants permettent aux partenaires de démontrer leur capacité d’endurance au moyen de jeux narratifs que l’on fait durer, combine, juxtapose, enchaîne et répète. Parfois s’ajoutent des sons voisés (ou non) et des intonations diverses qui s’organisent autour d’un pattern rythmique constant.

    Ces joutes vocales doivent divertir mais aussi offrir la possibilité de surmonter les conflits : elles ne doivent pas entrer en opposition avec celles de l’adversaire. On parle à ce titre de chant ordalique. La gagnante sera celle qui utilisera les motifs les plus difficiles et les plus beaux. Quant à la perdante, elle se retrouvera souvent ridiculisée au cours de l’échange. L’humour n’est donc pas étranger à ces jeux de gorge, qui se terminent souvent par des éclats de rire. Dans un esprit similaire, au Groenland, on utilise des « bâtons de taquinerie ».

    reste 20% derrière le #paywall

  • Paderborn : les évêques négligents face aux abus cloués au pilori Maurice Page - cath.ch

    Dans la crypte de la cathédrale de Paderborn, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, est posé un panneau avec le texte suivant : « Les archevêques inhumés ici ont commis pendant leur mandat, du point de vue actuel, de graves erreurs dans leur gestion des abus sexuels. Trop souvent, ils ont fait passer la protection et la réputation de l’institution et des coupables avant la souffrance des personnes touchées ». Le texte a été formulé par le chapitre métropolitain et adopté par la représentation des victimes a expliqué l’archevêché, au site katholisch.de .

    Le porte-parole des associations de victimes, Reinhold Harnisch, a déclaré que les responsables de l’archevêché avaient « rapidement » approuvé cette proposition. Selon lui, il y a toujours des membres du clergé à Paderborn qui occultent la thématique des abus et ne veulent pas en parler. C’est aussi pour cette raison que les représentants des victimes avaient demandé un panneau explicatif.


    La crypte de la cathédrale de Paderborn dans laquelle sont ensevelis les évêques | DR

    Le signe d’un dialogue
    L’archevêché prévoit en outre d’apposer un code QR qui mènera à un site Internet encore en cours d’élaboration. « Ce site Internet présentera non seulement les manquements des deux anciens archevêques de Paderborn, mais aussi des informations sur leur vie et leur œuvre », a déclaré une porte-parole de l’évêché. En combinaison avec le panneau d’information, cette solution est le « signe d’un bon dialogue » et une « forme appropriée de confrontation avec les fautes commises ». 
    Depuis 2020, deux historiennes ont mené une enquête sur les abus commis de 1941 à 2002, sous les épiscopats de Mgr Lorenz Jaeger et Mgr Johannes Joachim Degenhardt. Un premier résultat intermédiaire atteste que les anciens archevêques ont commis de graves erreurs dans leur gestion des auteurs d’abus, en protégeant les accusés et en manquant de sollicitude envers les victimes.

    Faut-il punir les morts ?
    La décision de l’archidiocèse de désigner ainsi nommément des coupables à tous les visiteurs de la crypte n’a pas manqué de faire bondir d’indignation certaines personnes. « Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix ; il était écrit : ‘Jésus le Nazaréen, roi des Juifs’. (Jn,19,20) Cette association m’est inévitablement venue à l’esprit lorsque j’ai lu avec horreur la décision de poser cette prétendue plaque d’abus », écrit ainsi Sœur Anna Mirijam Kaschner, secrétaire générale de la Conférence des évêques des pays nordiques.

    « Comme les évêques sont soustraits à la justice séculière par leur mort, il faut bien les « punir » ultérieurement d’une manière ou d’une autre »
    Sœur Anna Mirijam Kaschner

    Pour la religieuse originaire de Paderborn, une démarche de clarification est peut-être utile, « mais une clarification n’implique-t-elle pas que les personnes accusées puissent s’expliquer, prendre position et demander pardon ? Tout cela n’est malheureusement pas possible pour les deux cardinaux. Et comme ils se sont soustraits à la justice séculière par leur mort, il faut bien les ‘punir’ ultérieurement d’une manière ou d’une autre – même si c’est par une ‘plaque d’abus’. »

    Une question de foi
    « On peut toutefois se demander pourquoi, en bonne logique, on ne trouve pas de telles plaques de culpabilité sur chaque tombe d’un père de famille pédophile, de chaque violeur, de chaque enseignant qui battait ses élèves il y a 50 ans et sur chaque tombe d’une mère qui a avorté un ou plusieurs enfants ? » poursuit Sœur Anna Mirijam. Les cimetières deviendrait des forêts de panneaux d’accusation.

    Pour la religieuse, il y a fondamentalement une question de foi chrétienne : « Je crois en un Dieu juste, qui ne jugera pas seulement les vivants, mais aussi les morts. Ainsi, le panneau des abus dans la crypte de la cathédrale de Paderborn, sur la tombe des deux cardinaux, n’est finalement rien d’autre qu’un signe d’une profonde incrédulité selon laquelle Dieu n’est précisément pas juste et ne demandera pas de comptes aux deux cardinaux. » Sœur Anna Mirijam appelle dès lors l’archidiocèse, le chapitre cathédral et chaque visiteur à reprendre en mains cette question.

    Prisonnière d’une Église coupable
    Le porte-parole du conseil des victimes auprès de la Conférence des évêques allemands, Johannes Norpoth, a réagi avec « une horreur sans nom » au commentaire de Sœur Anna Mirijam Kaschner. Dans une lettre ouverte, il lui reproche « non seulement l’ignorance de la recherche en la matière, mais aussi le manque d’approche sensible aux traumatismes des personnes touchées. Dans son texte, elle exprime une attitude « qui a conduit notre Église exactement là où elle se trouve actuellement : dans une crise existentielle ».

    « Sœur Anna-Mirijam est prisonnière du système de pouvoir de cette Église constituée de manière absolutiste ».
    Johannes Norpoth

    En tant que victime, Johannes Norpoth se dit consterné par les comparaisons et les relativisations qui se trouvent dans l’argumentation. Selon lui, le lien entre avortement et abus sexuels sur des enfants est faux et ne tient pas compte de la complexité de ces questions.

    Il rappelle en outre que les reproches formulés à l’encontre des évêques décédés de Paderborn ne sont pas de vagues suppositions ou des accusations unilatérales de victimes, mais des constatations issues de l’enquête diocésaine.

    « Abstenez-vous de tenir des propos aussi dénués d’empathie et de sens »
    Johannes Norpoth reproche à la religieuse d’être prisonnière « du système de pouvoir de cette Église constituée de manière absolutiste ». Son horreur est d’autant plus grande quand il sait que la secrétaire générale des évêques nordiques participera au synode mondial cet automne avec un droit de vote, contrairement aux victimes de violences sexuelles.

    Le représentant des victimes met en garde Sœur Anna Mirijam contre la poursuite du « système du mensonge » au sein de « l’organisation coupable qu’est l’Eglise » et contre le mépris qu’elle témoigne ainsi aux milliers de victimes de violences sexuelles. « Si vous ne pouvez pas reconnaître et accepter tout cela, accordez-moi au moins une requête : à l’avenir, abstenez-vous de tenir des propos aussi dénués d’empathie et de sens », conclut-il.

    L’archevêché ne veut pas de polémique
    Contacté par katholisch.de , l’archevêché de Paderborn n’a pas souhaité s’exprimer sur la polémique. « En règle générale, l’archevêché ne répond pas aux lettres ouvertes, aux lettres de lecteurs ou aux commentaires. Chacun et chacune peut et doit exprimer son opinion. Il y a des points de vue différents », a expliqué la porte-parole.

    A l’occasion de la célébration des festivités de saint Liboire (évêque du Mans au IVe siècle) patron de la cathédrale de Paderborn, l’administrateur diocésain Mgr Michael Bredeck a reconnu, le 23 juillet 2023, que la mise en place d’un panneau d’information dans la crypte épiscopale était controversée. « Mais nous sommes convaincus qu’elle est un signe important de dialogue, et ce délibérément dans la crypte, lieu où l’histoire, le présent et l’avenir de notre archevêché se rejoignent ». (cath.ch/katholisch.de/mp)

    #Abus_sexuels #archevêque #Cathédrale #Paderborn #Allemagne #pouvoir #église_catholique #religion #QR #crimes_sexuels

    Source : https://www.cath.ch/newsf/paderborn-les-eveques-negligents-face-aux-abus-cloues-au-pilori

    • 44 millions d’euros de bénéfice pour le diocèse allemand de Paderborn

      L’archidiocèse allemand de Paderborn a clôturé ses comptes 2015 avec un bénéfice de 44,2 millions d’euros. Ce montant représente une augmentation d’environ 3 millions d’euros (9%) par rapport à l’année précédente, a indiqué le diocèse le 25 octobre 2016.

      Les rentrées de l’impôt ecclésiastique se sont montées à 396 millions d’euros en augmentation de 20 millions d’euros. Les revenus totaux de l’archidiocèse ont atteint 514 millions d’euros. Quant à la fortune, elle se monte à 4,16 milliards d’euros . L’archidiocèse de Paderborn est ainsi le deuxième plus riche d’Allemagne après Munich (6,26 milliards) et devant Cologne (3,52 milliards).
      . . . . .
      L’archidiocèse de Paderborn en Rhénanie du Nord-Westphalie compte 1,55 million de catholiques sur une population globale de 4,8 mios d’habitants pour un territoire de 14’745 km2. Il regroupe 703 paroisses dans lesquelles sont actifs 1’711 agents pastoraux dont 683 prêtres. Il compte 19 écoles et 498 jardins d’enfants. (cath.ch-apic/kna/mp)

      #richesse #argent #fric #impôt_ecclésiastique #argent

      Source : https://www.cath.ch/newsf/44-millions-deuros-de-benefice-diocese-allemand-de-paderborn

  • Fille de prêtre, elle gagne son combat contre l’Église
    https://www.lepoint.fr/societe/fille-de-pretre-elle-gagne-son-combat-contre-l-eglise-10-07-2023-2527879_23.

    Tout pour Isabelle, la fille du prêtre, ou la moitié pour l’Église ? Début juillet, le diocèse de Perpignan a finalement préféré jeter l’éponge et renoncé « purement et simplement au legs dont le diocèse était bénéficiaire », soit la moitié d’un patrimoine évalué à 450 000 euros. Mais pour l’avocat Jean Codognès, l’Église a bel et bien cherché à « spolier » sa cliente, Isabelle Ballesteros, une professeure de collège de 42 ans, avant de faire machine arrière par peur du scandale.

    « Après avoir volé à cette enfant sa jeunesse et l’affection d’un père, on a voulu broyer la volonté de cet homme au motif qu’il appartient à l’Église », s’indigne l’avocat. « Et on s’est assis sur sa volonté de réparer sur le plan humain et juridique les souffrances endurées par sa fille pour des motifs mercantiles : récupérer l’argent du défunt. »
    « Tous les évêques de Perpignan étaient au courant »

    Le prêtre, bien connu dans la région de Perpignan, s’appelait Lucien Camps. Jusqu’à son décès, en novembre 2021, à l’âge de 87 ans, il était, pour ses paroissiens, le père Camps, un prêtre bienveillant, sympathique, dévoué, qui célébrait messes, mariages et baptêmes. Mais pour sa fille Isabelle, née en 1981, il s’appelait « papa ». Et pour ses deux petites-filles, les filles d’Isabelle, « papy Lucien ».

    Une vie parallèle, et soigneusement cachée, que le prêtre a menée jusqu’à sa mort. « Tous les évêques de Perpignan étaient au courant, depuis ma naissance, jusqu’au dernier », assure Isabelle Ballesteros, qui nous reçoit chez elle, dans un quartier pavillonnaire d’une commune proche de Perpignan. Lors des obsèques de son père, organisées par le diocèse et célébrées dans la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan, sa fille n’a pas été invitée à prendre la parole. Mais l’évêque a évoqué publiquement la fille et les petites-filles du défunt.
    Avant la naissance de sa fille, le prêtre est éloigné par l’évêque

    Lucien Camps, jeune et brillant ingénieur, a été ordonné prêtre en 1964, à l’âge de 30 ans. « Mes parents se sont connus quand ma mère était cheftaine de guides et mon père aumônier », raconte Isabelle. Une relation amoureuse se noue quelques années plus tard entre le prêtre, quadragénaire, et la jeune femme, de 16 ans sa cadette. « Mon père a longtemps courtisé ma mère, qui ne voulait pas de cette relation. »

    Isabelle naît de leur amour en février 1981. Avant même sa naissance, l’évêque est, dit-elle, informé de la situation. « Il a voulu envoyer mon père en Afrique, mais il a refusé. » Il sera éloigné, pendant deux ans, à Toulouse. « C’était une punition. On déplaçait le problème avec l’espoir que la mère et l’enfant ne ressurgissent pas, et que le prêtre continue à vivre sa vie de prêtre. »
    « On allait au cinéma ou au restaurant dans un autre département »

    Officiellement née « de père inconnu », selon l’état civil, la petite Isabelle ne cesse de réclamer son père. À l’aube de ses 6 ans, il entre enfin dans sa vie. La maman, aide-soignante, vit de son côté avec sa fille, et subvient seule à leurs besoins. Lucien leur rend régulièrement visite. « Il venait le mardi, revenait le samedi, passait la nuit chez nous, puis partait célébrer la messe le dimanche matin. Et on se retrouvait parfois le dimanche après-midi pour une promenade en famille. » Jamais sur les plages voisines ou dans le centre de Perpignan.

    « La première fois que je suis allée au cinéma avec mon père, c’était à Narbonne, à 80 kilomètres de Perpignan. Et quand nous allions ensemble au restaurant, c’était dans un autre département. » Le prêtre part tous les ans en vacances avec sa famille, en Bretagne, en Normandie, à Paris, au Portugal… « Là, on n’avait pas besoin de se cacher. »

    Mais quand il croise une connaissance dans la rue avec sa fille, il la présente comme sa « filleule ». Interdiction pour Isabelle de passer chez son père, « car il vivait dans un immeuble où étaient logés d’autres prêtres ». Quand on lui demande la profession de son père, la petite fille répond qu’il est informaticien. « Car il était responsable de l’informatique pour le diocèse. »
    Présent au mariage de sa fille

    À Noël, aux anniversaires de sa fille, à sa communion, à ses fiançailles, le père Camps sera toujours présent. À son mariage, en 2006, il est là, un peu en retrait : il n’amène pas sa fille à l’autel, il ne célèbre pas le mariage, comme elle le lui a demandé, il n’est pas à la table d’honneur au côté de sa mère. Mais il est présent, et embrasse sa fille unique sur les photos de la cérémonie.

    Sans apaiser toutes les souffrances de sa fille. « J’ai su dès l’âge de 7 ans que j’étais la fille d’un prêtre. J’étais en colère, je souffrais d’être privée de mon père au quotidien, de devoir cacher qui il était. » Et d’être amputée d’une partie de ses racines. « Du côté de ma maman, mon arbre généalogique était complet, mais du côté de papa, il s’arrêtait à papa ». Elle ne rencontrera jamais sa grand-mère paternelle, décédée à l’âge de 103 ans. Et celle-ci a probablement ignoré son existence.

    4 000 « enfants du silence » en France

    Le prêtre n’a jamais reconnu officiellement sa fille. Mais il en a fait, en 2011, sa légataire universelle. Le jour même du décès de son père, Isabelle découvre, dans l’étude de notaire, qu’elle hérite de ses biens… et qu’il a rédigé un second testament, six mois avant son décès, léguant la moitié de ses biens au diocèse. Pour Isabelle, c’est comme si on lui volait son père une seconde fois : « Le choc émotionnel m’a déchiré de l’intérieur. » « Le diocèse a abusé de la faiblesse de Lucien Camps », estime son avocat, Jean Codognès.

    Le nouveau testament a été rédigé dans un Ehpad du diocèse, où le prêtre avait été admis peu de temps auparavant. Un expert psychiatre a diagnostiqué un état de « démence » ne « permettant pas à M. Camps l’élaboration d’un testament ». L’avocat du diocèse estime au contraire « fort peu probable » que les deux notaires présents aient « accepté de recevoir le testament » du prêtre s’ils l’avaient « jugé atteint d’insanité d’esprit ».

    Mais le nouvel évêque, entré en fonction en juin, a préféré renoncer. Isabelle héritera bien, seule, de son père. « Vivre caché est quelque chose de terrible et de très douloureux pour les enfants de prêtres, estime-t-elle. Le mariage des prêtres ne réglerait pas tous les problèmes de l’Église, mais rendrait ces enfants heureux. » L’association Les Enfants du silence, qui réunit des enfants de religieux, estime leur nombre à 4 000 en France.

  • L’omerta sur les abus sexuel dans l’Eglise commence à se briser en Amérique latine Carole Pirker/asch - RTS

    De récentes manifestations suite à des révélations pourraient marquer un tournant dans la crise des abus sexuels de l’Eglise catholique en Bolivie. La chappe de plomb commence aussi à se soulever au Brésil sur ces actes longtemps passés sous silence.

    En Amérique latine, l’indignation publique face aux abus sexuels a été très longtemps mise en sourdine, en partie parce que l’Eglise catholique reste l’une des institutions les plus puissantes du continent.


    Cela pourrait néanmoins changer. En Bolivie, un pays à 75% catholique, des centaines de personnes ont manifesté ces dernières semaines contre l’Eglise romaine pour dénoncer les abus commis par des prêtres ces dernières décennies, selon l’agence Religion News Service.

    Dissimulation active par l’Eglise
    L’affaire du prêtre espagnol Alfonso Pedraja, révélée par le quotidien El Pais, a mis le feu aux poudres. Dans son journal de bord, que les journalistes se sont procuré, il raconte avoir abusé au moins 85 jeunes garçons de l’école catholique de Cochabamba, au centre de la Bolivie, dans laquelle il a travaillé 17 ans.

    Son récit met aussi en avant la dissimulation active de ces pratiques par les chefs de l’Eglise, et ce durant des décennies. Tout cela a fait sauter la chape de plomb et ouvert les vannes de l’indignation et de la colère des Boliviens.

    Les survivants de ces abus ont aussi réagi en déposant plainte et le gouvernement a créé une commission pour enquêter et punir ces cas d’abus.

    Le Brésil aussi concerné
    La Bolivie n’est pas le seul pays concerné. Le Brésil, qui compte quelque 120 millions de catholiques, l’est aussi depuis la publication, fin mai, d’un livre sur la pédophilie dans l’Église. Il a révélé que 108 prêtres et dirigeants catholiques ont fait face à des poursuites judiciaires au Brésil depuis l’an 2000. Des chiffres largement en-deçà de la réalité, selon les deux journalistes brésiliens auteurs de l’enquête.

    Leur travail vise à corriger le manque d’attention porté à cette crise des abus qui dure depuis des décennies.

    Selon Religion News Service, les récents événements au Brésil et en Bolivie sont le signe d’une nouvelle prise en compte de ces réalités. En mai dernier, un frère dominicain a par exemple été arrêté à Sao Paulo pour avoir produit et stocké des photos pornographiques d’adolescents. Selon la police locale, l’ordre dominicain a collaboré avec elle et le religieux a été démis de ses fonctions sacerdotales.

    #Brésil #Bolivie #Amérique_latine #viols #culture_du_viol #enfants #abus #prêtres #église_catholique #violences_sexuelles #éducation_religieuse #domination #éducation #paroisses

  • Crise de foi (les abus sexuels dans l’Eglise) 2 témoignages Les pieds sur terre Reportage : Timothée de Rauglaudre , Réalisation : Somaya Dabbech , Mixage : Ludovic Auger

    Marie n’est jamais retournée dans une église depuis qu’elle a appris l’agression de sa sœur par un prêtre. Marion, elle, a longtemps essayé de concilier religion et engagement à gauche, jusqu’à découvrir les abus sexuels dans l’Eglise… Un récit signé Timothée de Rauglaudre

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10078-14.06.2023-ITEMA_23410554-2023C6612S0165-21.mp3

    Marie , 33 ans, est issue d’une famille de quatre enfants. Ses parents sont catholiques pratiquants et très investis au sein de la vie de leur église. « Moi, j’étais très fière de ma famille. On pratiquait énormément, on allait à la messe tous les dimanches, on se confessait régulièrement et on était très proches des prêtres. » Marie
    « Parfois, j’avais l’impression que les prêtres étaient des gens de ma famille. Je jouais avec eux tout le temps. »

    Marie prend alors conscience de la crise des abus sexuels dans les églises en 2016. Pour sa famille, c’est le début d’un long cheminement vers de graves révélations… "Mon frère, ma sœur et moi, on voyait tous les trois des psys. On a été interpellés parce qu’ils nous ont dit qu’on avait des symptômes d’abus sexuels tous les trois. On est tombés des nues. On se demandait comment c’était possible dans une famille aussi parfaite que la nôtre…" parce qu’on se disait dans notre famille si parfaite qu’il ne peut pas y avoir eu de tels actes chez nous."

    Petit à petit la vérité refait surface et suite à des séances d’hypnose, le voile se lève. C’est le choc. Pour Marie tout s’effondre. Elle ne peut plus entrer dans une église. « Je commence petit à petit à aller beaucoup moins à la messe. Je navigue un peu entre les différentes paroisses parce que de toute façon, je ne supporte plus aucun prêtre. »

    Marion est élevée dans la foi et la pratique. Père diacre et mère responsable de l’aumônerie, elle reçoit une éducation religieuse dès le plus jeune âge. "J’ai été vraiment éduquée dans cette idée que Dieu est amour, que Dieu veut notre bien."

    Très vite elle se questionne et s’émancipe de cette éducation. Dans le cadre de ses études et de ses rencontres, elle s’interroge sur la religion tout en gardant la foi. "Quand je suis parti de chez mes parents pour aller faire mes études, j’ai arrêté d’aller à la messe. Ça m’a fait du bien de ne pas être obligée d’y aller tous les dimanches. Il y avait une dimension d’émancipation."

    Pourtant au fil du temps, de plus en plus d’aspects érode sa foi et elle finit par se libérer totalement de ce qui ressemblait à un carcan. Elle fait son « coming-out de sortie de la foi » ! « En fait, je crois même plus qu’il y a un Dieu. Ça m’a quitté. »

    « J’ai vraiment cette image où j’ai l’impression de voir la structure de pouvoir en face de moi, de voir une domination s’exercer et c’est insoutenable. Finalement de découvrir tout ça, m’a fait progressivement déconstruire mes croyances. Je me suis demandée en quoi je croyais réellement. »

    « Quand je dis que je ne suis plus catholique, on parle à la négative. On a perdu quelque chose et je trouve ça assez agaçant. J’aimerais trouver un mot pour le dire autrement parce que moi, je n’ai pas du tout l’impression d’avoir perdu quelque chose. En fait, j’ai l’impression que mon chemin continue. Moi, je n’ai jamais été aussi épanouie dans ma vie. J’ai l’impression de m’être libérée d’énormément d’injonctions, de normes que je trouvais extrêmement pesantes. »

    Merci à Marie et à Marion, ainsi qu’à Églantine du café associatif Le Simone, à Lyon.

    #viols #culture_du_viol #femmes #enfants #abus #prêtres #église_catholique #violences_sexuelles #France #éducation_religieuse #domination #éducation #paroisses #Radio #podcast

    Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/crise-de-foi-7196373

  • #Féminicide Qui a fait disparaître sœur Gabrielle ? Mystérieuse affaire datant de 1982 Philip Heymans, Eric Steffens

    #prêtre #assassinat #homosexualité #pédophilie #église_catholique #podcast #Belgique

    La religieuse a disparu en mars 1982 du couvent Sint-Vincent de Termonde. Une grande part de mystère entoure sa disparition depuis 41 ans. Cette affaire a tenu la petite ville de Flandre orientale en haleine, presque tout le monde a entendu parler de l’histoire. A-t-elle été assassinée par le chanoine-directeur du couvent parce qu’elle en savait trop sur sa vie sexuelle ? La justice, proche des milieux catholiques à l’époque, a-t-elle tenté d’étouffer l’affaire ? Dans une série de podcasts en dix épisodes, la VRT NWS a donné la parole aux membres de la famille de sœur Gabrielle et à de nombreux témoins qui s’expriment sur l’affaire pour la première fois.

    Une disparition mystérieuse
    Le matin du 5 mars 1982, les élèves de sixième scientifique A de l’institut St-Vincent attendent Sœur Gabrielle. En principe elle doit leur donner cours de dessin scientifique, ce sont leurs deux premières heures de cours. Sœur Gabrielle est également leur professeur principal et doit partir avec eux en voyage en Italie pendant les vacances de Pâques, quelques semaines plus tard. Mais elle n’arrive pas. Les filles attendent un moment, puis vont signaler son absence au secrétariat.

    Les autres sœurs se souviennent que Gabrielle n’était pas non plus présente à l’office du matin dans la chapelle. Mais cela arrivait assez souvent. Et Gabrielle avait eu une forte altercation la veille avec le chanoine-directeur du couvent. Ce dernier avait fait irruption dans la salle d’étude des nonnes, jeté des papiers à Gabrielle et crié qu’elle devait arrêter. Elle était partie. Mais après cela, personne ne l’avait plus jamais revue.

    Quelques jours plus tard, les élèves apprennent que sœur Gabrielle est malade et qu’elle ne partira pas avec eux en voyage scolaire en Italie. Plus tard encore, ils apprennent que sœur Gabrielle a quitté le couvent parce qu’elle serait tombée amoureuse du chauffeur de bus italien qui les accompagnait toujours en voyage. Cependant personne ne croit vraiment à cette histoire.
 

    Qui était sœur Gabrielle ?
    Sœur Gabrielle, de son vrai nom Germaine Robberechts, est née en 1926. Elle est entrée au couvent à ses 18 ans. Des générations de jeunes filles de Termonde l’ont eu comme professeur de dessin scientifique et d’esthétique. Au moment de sa disparition, elle avait donc 56 ans.

    Elle était aussi anticonformiste. Sœur Gabrielle laissait ses élèves écouter de la musique pendant les cours, elle allait parfois au café et jouait même de la batterie dans le sous-sol de l’école. « Mais c’était une vraie religieuse, très croyante », soulignent d’anciens élèves.

    Gabrielle était également l’une des rares religieuses à détenir un permis de conduire. Grâce à cela, elle est devenue le chauffeur attitré du chanoine-directeur Gaston Mornie.

    Qu’est-ce qui a pu se passer ?
    Durant des années, le silence a entouré la disparition de sœur Gabrielle. Le couvent a longtemps soutenu qu’elle était partie de sa propre volonté. Quant à la police, elle a fait circuler un avis de recherche puis s’est mise à fouiller les hôpitaux et les maisons de repos.

    La famille de Gabrielle a continué d’insister pour qu’une enquête approfondie soit menée. Selon ses proches, elle n’aurait jamais quitté le couvent comme ça, et certainement pas sans que sa famille ne soit mise au courant. Sa mère a juré de ne pas mourir avant de savoir ce qui était arrivé à sa fille. Elle décédera finalement en 1999. Elle était alors âgée de 105 ans et n’a jamais su ce qui est arrivé.

    En 1990, la justice rouvre l’enquête. Rapidement, les enquêteurs soupçonnent que le chanoine-directeur Gaston Mornie doit en savoir plus. L’homme admet qu’il est homosexuel, qu’il a de nombreux partenaires sexuels et que Gabrielle lui a envoyé des lettres anonymes lui demandant d’arrêter. Il est possible qu’elle ait également été sur la piste des irrégularités financières. Sœur Gabrielle était les yeux et les oreilles de la communauté. Elle savait tout.

    Après plus d’un an d’enquête, les policiers en sont convaincus : Gaston Mornie a assassiné la religieuse. Mais le chanoine continue de nier et aucun corps n’est retrouvé. Finalement Gaston Mornie est écarté par l’église et finit par être interné dans un institut psychiatrique après avoir abusé d’un garçon de 6 ans. Il meurt en 2011, sans jamais avoir avoué.
 
    Où se trouve Sœur Gabrielle ?
    La disparition de sœur Gabrielle a tenu Termonde en haleine pendant près de 40 ans. Dans cette petite ville tout le monde a entendu parler de cette histoire. Le corps de sœur Gabrielle a-t-il été brûlé dans la chaudière de l’institut où elle travaillait ? Son corps est-il enterré sur un terrain situé derrière l’école, où se trouvait à l’époque un chantier de construction ? En tout cas, son corps ne se trouve pas dans le jardin presbytère de Gaston Mornie : en octobre 2021, la justice a effectué des fouilles à cet endroit suite à des travaux de construction d’une salle de sport. Mais sans résultat.

    Une deuxième question est de savoir pourquoi la justice a mis si longtemps à prendre en compte les déclarations de la famille de sœur Gabrielle. Cette dernière avait pourtant tout de suite affirmé que quelque chose de grave avait dû se produire, mais il a fallu huit ans pour que cette piste soit prise au sérieux. Et au final, le chanoine-directeur n’a jamais été inculpé ni traduit en justice. Pourquoi ? 

    Pour la série de podcasts en dix épisodes de la VRT :" Waar is zuster Gabrielle ", Philippe Heymans, le journaliste de la VRT spécialisé dans cette affaire et qui est lui-même originaire de Termonde, a récolté le témoignage de dizaines de personnes : des anciens élèves, des amis et la famille de la religieuse, mais aussi du chanoine-directeur. Il a aussi rencontré des policiers, des membres du diocèse de Gand et du parquet. Pour la première fois des religieuses du couvent Saint-Vincent ont aussi accepté de parler de l’affaire. 

    « Nous nous sommes également plongés dans de vieilles archives. Tous ces témoignages permettront-ils de mieux comprendre la disparition de sœur Gabrielle ? » se demande Philippe Heymans.

    De très nombreux journaux se sont intéressés à cette affaire. Des journaux flamands bien sûr, mais aussi francophones et même l’hebdomadaire néerlandais Aktueel et le quotidien français Le Monde. Ce dernier parle de cette affaire comme d’un « cold case » belge étouffé.

    La VRT consacre une série de podcasts à cette mystérieuse affaire datant de 1982

    Source : https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2023/03/01/qui-a-fait-disparaitre-sur-gabrielle-la-vrt-consacre-un-podcas


    Le chanoine-directeur Gaston Mornie

  • « Le #Canada accorde un #dédommagement historique aux peuples autochtones ».

    Excuses, repentir et dédommagements tardifs, mais l’occasion de rappeler le rôle criminel joué par les Églises dans la mise aux pas des peuples.

    Pendant près de cent ans, 150.000 enfants autochtones ont été retirés de leurs familles, envoyés dans une centaine de pensionnats majoritairement catholiques, et coupés de leur langue et de leur culture. Parmi eux, plusieurs milliers sont morts sous l’effet de maladies, d’#abus_sexuels, et de #malnutrition.

    (Les Échos)

    #peuples_autochtones #génicide_culturel #crime #pensionnat #église_catholique #maladie #maltraitance #amérindiens #Commission_de_vérité_et_réconciliation_du_Canada (#CVR) #Premier_ministre #Justin_Trudeau

  • Liévin : le pensionnat de la perversion Mediacités - Jacques Trentesaux

    Il y a d’abord la figure impressionnante du Père Revet, un géant drapé dans sa soutane brune dotée d’un sinistre ceinturon qui servait à punir les enfants désobéissants. Le Père les frappait torses nus, du côté de la boucle de fer, puis les enfermait pendant une semaine dans les douches, en slip, avec un broc d’eau et du pain. Le Père Revet – que beaucoup d’enfants appelaient en cachette « Crevet » – a fondé en 1960 le Village d’enfants de Riaumont, à Liévin, pour accueillir des jeunes de 6 à 18 ans en déshérence. Les orphelins y côtoyaient des cas sociaux, des débiles légers, des réfugiés du sud-est asiatique ou des enfants de familles ultra-catholiques désireuses de faire bénéficier leurs rejetons d’une éducation à la dure inspirée du scoutisme.

    À Riaumont, la violence est permanente. Claques, coups de poing, coups de pied… Les châtiments corporels servent à expier les fautes. Les fugueurs ont le crâne rasé et barré d’une croix rouge tracée au mercurochrome pour éviter qu’ils ne récidivent. Tous les temps libres sont occupés à construire le village, à monter des murs, à dessoucher des arbres. Été comme hiver, on porte la culotte de cuir et les godillots. La règle, c’est la loi du plus fort. La violence est banalisée entre enfants mais aussi avec les « éducateurs ». Et puisqu’il n’y a plus de limites, le pire arrive. En 2001, un enfant se suicide par pendaison dans le village. Et les plaintes pour agressions sexuelles ou viols finissent par surgir.

    Un lieu figé, en dehors du temps
    De 1960 à 2019, le Village d’enfants de Riaumont a perduré envers et contre toutes les alertes. Il a fallu attendre 1982 pour qu’il perde son habilitation à recevoir des enfants placés par la DDASS ou par les juges. Mais le lieu s’est maintenu par la suite sous la forme d’une école privée hors contrat… et sans aucun contrôle avec l’assentiment - ou la lâcheté - de tous. Une sorte de conspiration du silence. C’est la force du livre d’Ixchel Delaporte Les enfants martyrs de Riaumont, qui paraît le 2 mars aux Éditions du Rouergue, que de reconstituer avec minutie la réalité de ce lieu figé, en dehors du temps, grâce au recueil patient d’une soixantaine de témoignages (lire également son interview https://www.mediacites.fr/interview/lille/2022/02/28/a-riaumont-cetait-une-violence-systemique-instauree ).



    Le livre d’Ixchel Delaporte, Les enfants martyrs de Riaumont, paraîtra le 2 mars aux Éditions du Rouergue.

    La démonstration est implacable, le résultat terrifiant. Le Village fonctionne en vase clos avec ses rites et ses codes, ses raids commandos de nuit ou ses escouades où le chef a tout pouvoir et le « cul de pat’ » (soit le dernier de la patrouille) le souffre-douleur. On y cultive la nostalgie des preux chevaliers, de la France éternelle, on y cultive la virilité et les vraies valeurs. Dans son bureau, le Père Revet collectionne armure de chevalier, souvenirs de guerre et insignes nazis. Il entretient des liaisons étroites avec les milieux d’extrême-droite. S’il se montre parfois violent avec les enfants, il sait aussi se montrer affectueux avec eux, les embrasse parfois sur la bouche et en convie certains à dormir dans sa maison…

    Broyés par les humiliations
    Ixchel Delaporte met à jour une inversion de valeurs effrayante. Sous couvert de lutter contre la déchéance de la société moderne et former des petits soldats du Christ, les encadrants - prêtres intégristes ou laïcs – détruisent les enfants. Si les profils dominants ou rebelles résistent aux lois du village, les plus faibles en sortent broyés par des humiliations constantes, une violence systémique et la perversion de certains encadrants. « La folie est ancrée au cœur de l’enfant. Le fouet bien appliqué l’en délivre », aimait à répéter l’un d’entre eux, reprenant une citation de Saint François d’Assise.

    Le Village de Riaumont était dédié à la protection de l’enfance en danger. Dans les faits, il a mis en danger de nombreux enfants. Et cela durant près de soixante ans, dans une impunité quasi-générale.

    #clergé #perversion #enfance #pédophilie #église_catholique #scouts #violences #viol #pedoviols #catholicisme #violences_sexuelles #enfants en déshérence #virilité #impunité

  • Colombie, scandale pédophile dans l’église
    https://www.rtbf.be/article/colombie-scandale-pedophile-dans-l-eglise-10927524

    Le scandale a éclaté dans la petite ville de Villavicencio, à quelques 120 kilomètres de la capitale Bogota. La ville d’un demi-million d’habitants, majoritairement catholique, est dotée d’un évêché. Et c’est là que sous l’impulsion du pape François et après une enquête de deux années, il apparaît qu’un réseau d’une quarantaine de prêtres s’est livré à des agressions sexuelles sur des mineurs. Des agissements qui ont été couverts ou cachés par la hiérarchie locale.

    A la base de l’enquête, deux femmes, catholiques pratiquantes


    Socorro Martinez (G) et Olga Cristancho (D) AFP

    En Mars 2019, le pape François, qui a fait de la lutte contre les agressions sexuelles une priorité, a chargé l’évêque de Villavicencio, Mgr Oscar Urbina, d’enquêter sur la possibilité d’abus dans son diocèse. Celui-ci confie le dossier à deux fidèles de son entourage, deux femmes, ferventes catholiques et disposant d’une solide connaissance juridique. La première se nomme Olga Cristancho. Elle a 68 ans, elle est à la retraite et a mené une carrière qu’elle a terminé comme procureure. Socorro Martinez a quant à elle 59 ans, elle est aussi fonctionnaire retraitée. Sa carrière s’est déroulé au bureau du procureur général. 

    Les deux femmes entament l’enquête mais, bien vite, elles soupçonnent Mgr Urbina de vouloir couvrir des auteurs présumés d’agressions et d’abus sexuels. Elles prennent leurs distances et poursuivent leurs investigations loin du palais épiscopal. 

    En 2021, elles ont envoyé leurs conclusions au Vatican et se sont retrouvées au ban de leur église. Elles se sentent considérées comme des ennemies parce qu’elles ont divulgué toutes ces informations. 

    "De nombreux éléments permettent de penser qu’ils voulaient que tout cela passe inaperçu", ajoute Socorro Martinez, qui évite désormais d’aller à la messe, mais "prie le chapelet tous les jours". 
 

    40 prédateurs, 20 victimes au moins


    Socorro Martinez et Olga Cristancho ont recueilli plusieurs témoignages, comme celui de Miguel (prénom d’emprunt). AFP

    Au bout de deux ans d’enquête, les deux femmes identifient une quarantaine de prêtres et au moins 20 victimes. L’une d’elles témoigne pour l’AFP. Un homme de 26 ans qui se fait appeler Miguel pour l’entretien. Pendant son enfance, il était quelques fois envoyé en vacance chez son oncle, lui-même ecclésiastique, chez qui il s’est fait abuser.

     » C’est une personne, un séminariste, qui a parfaitement su gagner la confiance de mon oncle et la confiance de ma famille. Ainsi, je me suis retrouvé dans le lit d’une personne qui n’était même pas de ma famille. Je me souviens d’être allé dans la chambre de cet homme, il y avait une télévision, je me souviens de beaucoup de choses et je me souviens que cette personne m’obligeait à lui faire une fellation et qu’il me faisait la même chose."

    Arrivé à l’âge adulte, le jeune homme souffre de dépression et réalise la nature et l’importance de l’abus dont il a été victime. Le diocèse n’a jamais donné de suite à ses dénonciations.

    Les prédateurs étaient organisés. Ils se "partageaient" leurs victimes au moyen de subterfuges secrets. C’est Olga Cristancho, l’ancienne procureure, qui explique :
    "Les prêtres utilisaient un "mot de passe" entre eux. C’était un CD. Un prêtre envoyait ce garçon à un autre prêtre, il disait "apporte-lui ce CD", mais c’était comme si il y allait avec ce garçon, et indiquait qu’il pouvait lui faire une proposition indécente qu’il accepterait sûrement".

    L’arbre qui cache la forêt


    Juan Pablo Barrientos, écrivain et journaliste AFP

    Le travail des deux femmes a été prolongé par un journaliste, Juan Pablo Barrientos qui a révélé le scandale dans un livre intitulé "Voici l’agneau de Dieu". Des témoignages et des éléments impliquant 38 prêtres. L’église de Villavicencio a tenté de faire censurer l’ouvrage, des prêtres cités ont engagé des actions juridiques pour le faire exclure des librairies mais sans succès. 

    Pour le journaliste, l’affaire qu’il décrit n’est que l’arbre qui cache la forêt. Juan Pablo Barrientos a donné une interview à l’AFP : _ " En France, on parle de 250 000 cas entre 1950 et 2020. En Colombie, nous pourrions tripler ce chiffre si une commission similaire était formée, une commission sérieuse, pour découvrir les scandales d’abus sexuels sur les enfants et les adolescents. Nous ne faisons que commencer et, ici en Colombie, nous n’avons fait qu’effleurer les archidiocèses de Villavicencio et Medellín, mais la même chose se produit dans tous les diocèses, archidiocèses et communautés religieuses de Colombie". _

    A la suite de la publication du livre, l’église a discrètement écarté 20 religieux. Deux autres sont en prison, condamnés pour des abus sur un ancien enfant de chœur, âgé de 13 ans à l’époque des faits. Le père William Prieto, du diocèse de Villavicencio, sollicité par l’AFP, a brièvement réagi :

    Il appartiendra aux tribunaux, tant civils que canoniques, de rendre leur verdict.

    Les autorités colombiennes ont ouvert une enquête en janvier 2022. Les deux enquêtrices initiales ont témoigné devant le procureur. Ce dernier ne s’est pas exprimé devant la presse. 

    #prêtres #église_catholique #sexualité #perversions #pédophilie #culture_du_viol #viol #catholicisme #enfants #pédocriminalité #viols #religion #violences_sexuelles #pedocriminalité #impunité #violophilie #eglise #Colombie #Femmes #évêché #CD #diocèses #archidiocèses

  • Williams Lake : 93 tombes non marquées potentielles près de l’ancien pensionnat François Macone - Philippe Moulier
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1857015/williams-lake-premiere-nation-commence-recherche-pensionnat-enfant

    La Première Nation de Williams Lake, en Colombie-Britannique, a annoncé que les résultats d’une première phase d’enquête et de recherches ont permis d’identifier 93 tombes non marquées potentielles près du site de l’ancien pensionnat pour Autochtones de la région.


    Le pensionnat pour Autochtones St Joseph’s Mission a été fondé en 1886 par des missionnaires catholiques. Il a fermé ses portes en 1981 avant d’être démoli il y a 26 ans. Photo : Ressources des pensionnats autochtones et de la réconciliation

    Les responsables de la Première Nation ont rendu publics les résultats préliminaires lors d’une conférence de presse mardi.

    Les premières recherches se sont concentrées sur un périmètre de 14 hectares. En tout, elles doivent examiner 470 hectares du pensionnat St. Joseph’s Mission, qui comprennent différents bâtiments et structures.

    Un cimetière
    Le site sur lequel se trouvent les 93 tombes non marquées potentielles héberge un cimetière. Cependant, selon Whitney Spearing, qui dirige l’équipe d’enquête, les résultats préliminaires indiquent que 50 de ces restes humains potentiels ne sont pas associés au cimetière.

    Le pensionnat St. Joseph’s Mission, ouvert de 1891 à 1981, est à quelques kilomètres de Williams Lake. Il a été démoli depuis, mais a laissé un héritage douloureux pour les survivants et leurs familles.

    “Nous avons entendu des histoires de torture, de viol et d’agression sexuelle systémiques”, a déclaré Willie Sellars, le chef de la Première Nation de Williams Lake, en faisant référence aux nombreux témoignages de personnes ayant été envoyées au pensionnat lorsqu’elles étaient jeunes.

    « Ce voyage a conduit notre équipe d’enquête dans les recoins les plus sombres du comportement humain. »
    Une citation de Willie Sellars, chef de la Première Nation de Williams Lake


    Des chaussures d’enfants sont placées sur les marches du Musée des beaux-arts de Vancouver en souvenir des enfants autochtones victimes des pensionnats.
    Photo : Radio-Canada / Ben Nelms / CBC

    L’horreur des pensionnats
    Selon Willie Sellars, l’équipe a entendu des récits de disparitions, de meurtres, de torture, de sévices, de viols et de famine. Des enfants ont été attachés à des planches et fouettés, battus pour avoir parlé leur langue. Des nouveau-nés ont été jetés dans l’incinérateur de l’école.

    Willie Sellars a déploré que ces histoires aient été “intentionnellement occultées” par la destruction des dossiers et les dissimulations des gouvernements, des autorités religieuses et de la police.

    Le chef autochtone a aussi relaté l’histoire de deux enfants âgés de 8 ans, qui ont essayé de fuir le pensionnat, et dont l’un est mort de froid. Il a aussi évoqué une correspondance de 1920, qui indique que neuf enfants ont tenté de mettre fin à leurs jours en ingurgitant du poison, dont un est mort.

    « Il ne peut y avoir de réconciliation avant qu’il n’y ait la vérité. »
    Une citation de Willie Sellars, chef de la Première Nation de Williams Lake

    Il a souligné le courage des aînés qui ont tenté par le passé de dénoncer ces actes, auxquels “personne n’a cru ou dont personne n’a voulu entendre parler. Nous devons nous assurer que le Canada est au courant de ces atrocités ”, a-t-il ajouté.

    Un travail « long et minutieux »
    Pendant 90 ans, le pensionnat a été dirigé par différents ordres religieux, mais toujours sous l’autorité de l’Église catholique. Depuis, l’archidiocèse de Vancouver a collaboré aux recherches pour établir la vérité.

    Les Premières Nations ont mis en place des mesures d’accompagnement en santé mentale pour leurs membres, mêlant “techniques traditionnelles et médecine moderne”, a expliqué Willie Sellars.

    D’après Whitney Spearing, le travail qui reste à accomplir sera “long et minutieux”, en raison de l’étende de la zone de recherche, mais aussi du manque de données, notamment pour la période de 1941 à 1980.

    Cependant, l’annonce de milliers de documents transmis par Ottawa aux communautés autochtones permettra peut-être d’avancer plus rapidement dans le processus d’identification des tombes anonymes.

    Les recherches ont utilisé la technologie de radar, qui a permis de découvrir des centaines de dépouilles près d’anciens pensionnats à travers le Canada.


    Il est estimé que plus de 150 000 enfants ont fréquenté les pensionnats autochtones du Canada depuis les années 1830. Photo : Bibliothèque et Archives Canada

    Les experts soulignent que, comme les résultats annoncés mardi sont “préliminaires”, les travaux de détections aérienne et terrestre par radar à pénétration de sol et magnétométrie devront être poursuivis.

    Les responsables des recherches précisent toutefois que la technologie de détection n’est pas totalement fiable et qu’il faudra procéder à des fouilles pour “obtenir des certitudes”. Ils en appellent au soutien des gouvernements fédéral et provincial pour poursuivre ce travail de “vérité”.

    Au lancement des fouilles à Williams Lake, en août dernier, une petite partie du site de 4,5 kilomètres carrés a été classée comme prioritaire, après des recherches approfondies sur l’histoire du terrain.

    Les violences physiques, psychologiques et sexuelles dont ont été victimes les élèves de l’établissement ont été documentées par la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

    On estime que plus de 150 000 enfants ont fréquenté les pensionnats pour Autochtones du Canada entre les années 1830 et la fermeture du dernier établissement, en 1997.

    #peuples_autochtones #histoire #disparitions #cimetiéres #enfants #pensionnat #pensionnats #école #cadavres #vol #viols #église_catholique #religieuses #religieux #peuples_premiers #nations_premières #premières_nations #autochtones #colonialisme #extermination #génocide #tuberculose

  • Abus sexuels : l’affaire Ribes secoue trois diocèses de Rhône-Alpes Eve Guyot
    https://www.la-croix.com/Religion/Abus-sexuels-laffaire-Ribes-secoue-trois-dioceses-Sud-Est-2022-01-19-12011

    Depuis le début de l’année, les témoignages accusant d’agressions sexuelles sur mineurs le père Louis Ribes, prêtre et artiste désormais décédé, se multiplient. Les victimes enjoignent aux trois diocèses concernés d’agir.


     
    Il est un peu plus de 20 heures, mardi 18 janvier, quand une soixantaine de personnes entrent timidement dans la salle d’œuvre de Grammond, petit village à l’est de la Loire. Elles se réunissent à l’appel de l’évêque du diocèse de Saint-Étienne, Mgr Sylvain Bataille, qui a pris connaissance récemment de faits d’agressions sexuelles commis sur ces lieux, il y a une trentaine d’années, par Louis Ribes, un prêtre originaire de la commune, décédé en 1994.

    Alors que cinq personnes se sont officiellement signalées comme victimes, l’objectif de la réunion est clair : informer, mais surtout libérer la parole. En l’espace d’une heure et demie, près d’une dizaine de personnes raconteront en avoir été victimes.

    « Prédateur », « manipulateur » et « orgueilleux »
    Ces témoignages difficiles, à travers leurs mots, mais aussi ceux de leurs parents ou de leurs proches, dressent le portrait d’un « prédateur », « manipulateur » et homme « orgueilleux », nourrissant une emprise très forte sur des familles entières, enfants comme parents. Le prêtre, qui a grandi dans la Loire, avant d’exercer son ministère dans les diocèses de #Lyon, puis de #Grenoble, était connu pour ses peintures, fresques, vitraux, dont une centaine serait exposée dans la région, où il était surnommé le « #Picasso des #églises ».

    À Grammond, où il revenait régulièrement, il faisait poser nus les enfants, filles et garçons, avant de leur imposer des attouchements sexuels. « Plusieurs dizaines de familles » pourraient être concernées, affirment Catherine et son frère Richard, qui, avant ce mardi soir, n’avaient jamais pris la parole. « Je n’attends qu’une chose : que tout éclate maintenant », s’exclame ce dernier.

    « Manque de confiance » en l’Église
    Le diocèse de Saint-Étienne, premier des trois à organiser ce type de rencontre, appelle les personnes concernées à se rapprocher de sa cellule d’accueil et d’écoute (1). « Elles seront ensuite dirigées vers l’instance spécialisée de l’Église de France (Inirr,qui devrait être opérationnelle mi-février, NDLR) », explique Jean-Louis Reymondier, diacre délégué à la protection des mineurs.

    Au-delà de la difficulté à mettre un mot sur ces abus, beaucoup font part de leur « manque de confiance » en l’Église dans le contexte actuel. Les trois diocèses ont publié le jeudi 13 janvier un communiqué reconnaissant avoir « acquis la certitude, en octobre dernier, de la véracité des faits » et lancé un appel à témoins commun.

    « Les victimes sont certainement très nombreuses »
    Le premier signalement dans le diocèse de Grenoble date pourtant de 2016. À Lyon, l’archevêque Olivier de Germay indique qu’il a été informé seulement à l’été 2021 d’une première victime. Les faits ont été confirmés grâce aux enquêteurs de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase).

    « Nous avons manqué de coordination, a-t-il reconnu lors d’une conférence de presse organisée mercredi 19 janvier. Certains prêtres qui l’ont connu tombent des nues, d’autres affirment qu’ils avaient des soupçons. Les victimes sont certainement très nombreuses. »

    Le témoignage de Luc, 57 ans, publié en octobre 2021 par l’hebdomadaire Marianne, a été le véritable élément déclencheur. « Arrêtons l’hypocrisie : il faut qu’ils se bougent !, s’exclame Sihem, son épouse. Nous avons besoin d’un dédommagement total pour des années de souffrance, de psychanalyse, d’instabilité psychologique et professionnelle… »

    Les œuvres « doivent toutes disparaître »
    Mgr Bataille explique avoir pris connaissance des faits le jeudi 6 janvier. « Nous avions eu vent de difficultés avec le père Ribes, mais nous ne savions rien de son lien avec notre diocèse », explique-t-il. Il se rendra, le surlendemain, à Grammond, pour rencontrer des victimes, mais aussi pour aborder la délicate question du devenir des œuvres.

    Certaines familles en possession de tableaux s’en sont rapidement débarrassées « bien que l’emprise soit parfois encore présente », affirme Sihem. Les diocèses sont en train de déposer les leurs : un à Saint-Étienne, dix-huit à Lyon.

    L’histoire est un peu plus complexe pour les fresques ou vitraux d’église, propriétés des communes. Comme à Grammond, dont la grande fresque fait apparaître un dessin suggestif. « Nous prendrons le temps de décider ensemble, mais la priorité sera donnée à la volonté des victimes », indique Mgr Bataille. Ce mardi soir, elles sont unanimes : « Elles doivent toutes disparaître. Et rapidement. »
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    Un agresseur prêtre et artiste
    1920. Louis Ribes naît dans le village de Grammond (Loire). Orphelin à 14 ans, il grandit à Caluire-et-Cuire (Rhône) et entre au séminaire d’Oullins, où il sera initié aux arts plastiques.

    1947. Il est ordonné prêtre et exerce son ministère dans les diocèses de Lyon, puis de Grenoble. Il acquiert une renommée d’artiste-peintre.

    Des années 1970 à 1990. Période de la majorité de ses agressions sexuelles, selon les témoignages.

    1994. Décès à Vienne (Isère).

    #prêtres #église_catholique #sexualité #perversions #peinture #pédophilie #culture_du_viol #viol #catholicisme #enfants #pédocriminalité #grand_homme #viols #religion #violences_sexuelles #france #pedocriminalité #impunité #violophilie #eglise

  • En Finlande, l’Eglise va devoir "bientôt" présenter des excuses aux autochtones samis
    https://www.rts.ch/info/monde/12804134-en-finlande-leglise-va-devoir-bientot-presenter-des-excuses-aux-autocht

    Les #Samis, un peuple autochtone d’une zone qui couvre le nord de la #Suède, de la #Norvège et de la #Finlande ainsi que la péninsule de Kola en Russie connue sous le nom de Laponie.
    Ce peuple est souvent nommé « Lapons » mais ce terme est non seulement un terme étranger mais aussi originellement péjoratif, issu de la racine lapp qui signifie porteur de haillons en suédois. Les activités traditionnelles des Samis étaient autrefois la pêche et l’élevage de rennes. Aujourd’hui seule une minorité des 85 000 Sames en vit encore. (Wikipédia)

    L’Eglise évangélique luthérienne de Finlande va devoir "bientôt" présenter des excuses au peuple autochtone sami du pays pour les injustices passées, a déclaré lundi un évêque finlandais.
    "Nous arriverons bientôt à ce moment où l’ensemble de l’Eglise évangélique luthérienne de Finlande devra présenter des excuses au peuple sami" pour "les méfaits passés et les péchés structurels qui continuent d’avoir un impact sur la vie des gens", a déclaré l’évêque d’Oulu Jukka Keskitalo, dans un discours adressé au pape François au Vatican.

    Durant la majeure partie du XXe siècle, ils ont été considérés comme non civilisés et inférieurs par leurs gouvernements.

    Politique d’assimilation jusqu’en 1960
    En Finlande, un programme de recherche en "biologie raciale" sur cette minorité s’est poursuivi jusque dans les années 1970, tandis que les politiques d’assimilation en vigueur au moins jusqu’aux années 1960 forçaient les enfants à fréquenter des écoles de langue finnoise où ils étaient battus ou punis s’ils parlaient leur propre langue.

    De nombreux Samis de Finlande s’apprêtent à témoigner des injustices qu’ils ont subies devant une commission "vérité et réconciliation", dont la première réunion s’est tenue en décembre dans la ville arctique d’Inari. Son rapport devrait être publié en 2023.

    L’évêque d’Oulu Jukka Keskitalo a suggéré que les excuses de l’Eglise de Finlande pourraient être présentées une fois que la commission "vérité et réconciliation" aura terminé son travail.
    "Il n’est pas possible - et cela n’en vaut pas la peine - de présenter des excuses tant que les événements douloureux n’ont pas été vécus ensemble honnêtement et qu’une compréhension commune n’a pas été établie sur ce qui s’est passé", a-t-il détaillé.

    Dans la Suède voisine, l’archevêque Antje Jackelen a déjà présenté ses excuses, en novembre dernier, pour le rôle de l’Eglise de Suède dans des siècles de "graves violations de la dignité humaine" à l’encontre du peuple sami. Elle a également annoncé un plan de réconciliation de 3,9 millions d’euros (4 millions de francs) sur dix ans.

    #église_protestante #pasteurs #clercs #autochtones #Nations_premières #peuples_autochtones #racisme #pauvreté #prison #racisme

    • Que vient foutre le pape François dans cette histoire avec des protestants ?

      La #papauté est elle devenue une société de conseil juridique pour les affaires de #pédophilie, les violations graves de la dignité humaine, l’extermination des minorités raciales ?
      Ses actes le prouvent.

    • commentaire parfaitement crétin !

      L’évêque luthérien était membre de la délégation finlandaise œcuménique au Vatican dans le cadre de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Il a certainement choisi ce cadre pour donner un plus grand retentissement à sa déclaration.

      https://www.la-croix.com/Religion/eveque-finlandais-annonce-excuses-peuple-sami-2022-01-19-1201195604

      Il a également fait une comparaison explicite avec la démarche similaire de l’église catholique canadienne.

      En Finlande, l’Église évangélique luthérienne présentera des excuses aux Samis – Regard sur l’Arctique
      https://www.rcinet.ca/regard-sur-arctique/2022/01/18/en-finlande-leglise-evangelique-lutherienne-presentera-des-excuses-aux-samis

      Mgr Keskitalo a également rappelé que tout au long de l’histoire, les églises chrétiennes se sont également rendues coupables d’assimilation du peuple autochtone. De nombreux Samis de Finlande sont d’ailleurs sur le point de témoigner des injustices qu’ils ont subies devant une commission « vérité et réconciliation », dont la première réunion s’est tenue en décembre dans la ville arctique d’Inari. Un rapport devrait être rendu public en 2023.

      L’évêque a également évoqué dans son discours la relation entre les Autochtones du Canada et l’Église catholique. Les évêques catholiques du pays ont présenté des excuses aux peuples autochtones pour les abus dont ils ont été victimes dans les pensionnats.
      […]
      Il s’est toutefois dit « très heureux » des mesures prises entre l’Église évangélique luthérienne et les Samis. Comme symbole de son geste, il a remis au pape une édition commémorative d’une récente traduction de la Bible en langue samie du Nord. « Que cela soit le signe que notre rêve commun d’une Église avec de plus en plus de visages autochtones devient une réalité », a-t-il conclu.

      Et la conclusion de la réponse du Pape :

      Jukka Keskitalo sur Twitter
      https://twitter.com/JukkaKeskitalo/status/1483412868586483714

      « Piispan ja pastorin ei tule lakata unelmoimasta. Kiitos kun unelmoit ». Näihin sanoihin päätti Paavi Franciscus vastauksensa puheeseeni hänen yksityisvastaanotollaan Vatikaanissa.

      Bref, les différentes églises ont eu des pratiques similaires avec les autochtones, elles en sont conscientes, le reconnaissent et mènent des démarches similaires d’excuses et de réparation.

  • Vannes : trois ans de prison avec sursis pour un ancien prêtre qui détournait de l’argent pour financer ses voyages sexuels
    https://www.lefigaro.fr/faits-divers/vannes-trois-ans-de-prison-avec-sursis-pour-un-ancien-pretre-qui-detournait

    Cet ancien vicaire général de 57 ans utilisait les sommes détournées pour ses voyages en Colombie, où il entretenait des relations avec de jeunes hommes.

    Un ancien prêtre a été condamné jeudi 25 novembre à trois ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Vannes pour avoir détourné des offrandes pour célébration de messes mais aussi des dons et emprunts auprès de communautés religieuses. L’homme, ancien vicaire général du diocèse de Vannes, utilisait les sommes pour financer du tourisme sexuel, entretenant des relations intimes avec de jeunes Colombiens majeurs, rapporte Le Télégramme .

    Âgé de 57 ans, celui qui vit aujourd’hui retiré dans un monastère en Anjou avait reconnu les détournements lors de son procès en octobre. Il utilisait le prétexte de venir en aide à des jeunes défavorisés en Colombie. Le montant total des fraudes s’élève à 678.000 euros. Selon Le Télégramme, le vicaire aurait commencé à rembourser certaines victimes, affirmant néanmoins qu’il ne pourrait « jamais rembourser la totalité », son allocation mensuelle étant de 900 euros.

    Le diocèse de Vannes a expliqué que « la justice civile s’étant prononcée, la voie est désormais ouverte vers un procès canonique ». « Je suis toujours vicaire général car je n’ai pas été démis de ma mission puisque je n’ai jamais eu aucune discussion sur le fond avec mon évêque, après la découverte de ces faits. Je ne regrette pas ma vie de religieux, mais aujourd’hui j’aspire à une certaine liberté. Pour autant, je ne retournerai jamais en Colombie », avait-il affirmé auprès des juges.

    #prêtre #Vannes #église_catholique #Colombie

    • Il parait que si sa soutane avait été en bronze, on aurait pu entendre le tocsin...

      Que quête soit !

      Je ne serais pas étonné qu’il soit bègue, pour confondre ainsi quête avec quéquête.

      Il avait le goupillon missionnaire

      À la messe on faisait donc la quéquette … ?

      Les commentaires déchainés de l’article du Figaro

  • Le Vatican pourrait perdre 116 millions d’euros dans la vente d’un immeuble à Londres
    https://www.lefigaro.fr/flash-eco/le-vatican-pourrait-perdre-116-millions-d-euros-dans-la-vente-d-un-immeuble

    Le Vatican va perdre plus de 100 millions d’euros dans la vente d’un immeuble londonien au cœur d’un scandale financier, selon le quotidien britannique Financial Times. Selon le journal, qui cite des sources anonymes, cette vente au fonds américain Bain Capital avoisinera les 200 millions de livres (233 millions d’euros), soit environ 116 millions d’euros de moins que les quelque 350 millions investis par le Vatican en 2014. Sollicité par l’AFP, le Vatican n’a pas souhaité réagir.


    Cet immeuble de luxe est actuellement au cœur d’un vaste procès financier au Vatican. DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

    Cet immeuble de luxe, situé dans le quartier chic londonien de Chelsea, est actuellement au cœur d’un vaste procès financier au Vatican. Dix personnes, dont l’influent cardinal Becciu, ancien bras droit du pape, sont jugées notamment pour fraude, détournement de fonds, abus de pouvoir et blanchiment, soupçonnées de financement opaque, via des hommes d’affaires italiens.

    Cette acquisition à un prix surévalué - via des montages financiers hautement spéculatifs - a mis en évidence l’utilisation imprudente du Denier de Saint-Pierre, la grande collecte annuelle de dons dédiés aux actions caritatives du pape, générant des pertes substantielles pour les finances du Vatican. Cette affaire a porté un rude coup à la réputation de l’Église et du pape François, qui a accéléré ces derniers mois les réformes financières internes pour lutter contre la corruption.

    #vatican #argent #immobilier #spéculation #blanchiment #charité #catholicisme #religion #pape #église_catholique #église #eglise #lp

  • Pédocriminalité dans l’Eglise : 330 000 victimes estimées en France depuis 1950, selon les travaux de la commission Sauvé
    https://www.lemonde.fr/societe/live/2021/10/05/pedocriminalite-dans-l-eglise-suivez-en-direct-la-conference-de-presse-de-la

    La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise publie son rapport, mardi, après deux ans et demi de travaux. 216 000 personnes ont été victimes de clercs ou de religieux. Leur nombre passe à 330 000 en comptant les victimes de laïcs travaillant dans les institutions de l’Eglise (cathéchisme, aûmonerie).

    La vache. 330 000 victimes pour 3 000 pédocriminels, ça ferait 110 victimes par violeur. Ce qui, je le répète, dénoterait une impunité totale.

    • On est d’accord que quand on écrit « l’Eglise », on parle de l’Eglise de France, et non des catholiques du monde entier ?

      On est d’accord qu’on cause donc de 330 000 victimes rien qu’en France ?

      C’est énorme en fait...

      J’ai cependant une question. Les victimes ont-elles joui ? C’est un policier de l’assistance qui pose la question.

    • Sur l’impunité des violeurs en série, l’entretien de Nathalie Bajos :
      https://seenthis.net/messages/932062

      Mais si l’on se base sur les estimations faites à l’étranger, autour de 5 %, cela veut dire qu’en moyenne un prêtre aurait agressé 35 enfants (et plus de 60 si l’on estime que 3 % des prêtres ont agressé des personnes mineures). C’est aussi un élément qui permet de penser qu’on savait : un prêtre n’abuse pas pendant des années autant d’enfants sans qu’à un moment des membres de l’Eglise catholique ne soient au courant. Il est d’ailleurs frappant de constater que, d’après les données des archives, les prêtres incriminés auraient abusé en moyenne de trois ou quatre enfants. Cela conduit donc à penser que l’Eglise n’a pas diligenté des enquêtes sérieuses qui auraient permis de mettre en évidence toutes les agressions que les prêtres identifiés comme agresseurs avaient pu commettre.

    • Merci à tout le monde pour tout ça.
      Qui pour libérer l’article suivant ?
      Face au rapport Sauvé, les politiques ne savent pas sur quel pied danser
      https://www.mediapart.fr/journal/france/081021/face-au-rapport-sauve-les-politiques-ne-savent-pas-sur-quel-pied-danser

      8 octobre 2021 Par Mathieu Dejean, Mathilde Goanec, Pauline Graulle et Ilyes Ramdani

      Après que le rapport Sauvé a révélé que des centaines de milliers d’enfants français avaient été abusés sexuellement par des ecclésiastiques, les réactions des responsables politiques, de gauche comme de droite, paraissent timides. Certains demandent néanmoins à la justice d’intervenir et à l’Église de se réformer.

    • Aucune interrogation, mardi, lors de la séance hebdomadaire de questions au gouvernement. Une réaction à la volée d’Emmanuel Macron, en déplacement en Slovénie, qui a souhaité « que ce travail puisse se poursuivre dans la lucidité et l’apaisement ». Et le service minimum des candidats à la présidentielle…

      Au début de la semaine, c’est pourtant un scandale majeur qui vient d’éclater : selon les chiffres d’un rapport réalisé par la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique (Ciase), 330 000 enfants français ont été, depuis 1950, victimes de violences sexuelles par des ecclésiastiques et des laïcs œuvrant au sein de l’Église.

      À l’étranger, des révélations du même genre ont, ces dernières années, donné lieu à des prises de parole fortes des plus hautes personnalités de l’État. En 2012, les vice-premiers ministres d’Irlande et d’Irlande du Nord, constatant « l’incapacité des membres éminents de l’Église catholique de protéger les enfants », avaient ainsi appelé à la démission du chef de l’Église catholique du pays, après que le cardinal eut été accusé d’avoir couvert des actes de pédocriminalité d’un prêtre dans les années 1970.

      Jean-Marc Sauvé, président de la Ciase, la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’église, lors de la présentation de son rapport, à Paris, le 5 octobre 2021. © Photo Thomas Coex / AFP

      Cet été, le chef du gouvernement canadien, par ailleurs fervent catholique, Justin Trudeau, s’indignait de l’absence de réaction de l’Église après la découverte de centaines de tombes près d’anciens pensionnats autochtones destinés à évangéliser et assimiler les Amérindiens. Annonçant, lors d’une conférence de presse à Ottawa, que le gouvernement allait mettre « la pression sur l’Église et toutes les institutions [pour qu’elles reconnaissent] leur rôle », il a aussi demandé « aux catholiques à travers le pays de parler à leurs prêtres, de parler à leurs évêques, de passer le message qu’il est temps que l’Église catholique reconnaisse [...] sa part de culpabilité ».

      Des politiques qui assument d’interpeler une institution religieuse : serait-ce impossible dans une République qui a fait de la séparation de l’Église et de l’État l’un des fondements de son identité ?

      Trois jours après la révélation du scandale, les politiques français étaient en tout cas peu nombreux à avoir pris des positions fortes sur l’épineux sujet. Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur et des cultes, a certes été contraint de sortir du silence après que le président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort, eut déclaré que « le secret de la confession est plus fort que les lois de la République ». Mais le gouvernement est resté largement en retrait.

      Plus largement, il est notable que vendredi 8 octobre, ni Jean-Luc Mélenchon, ni Anne Hidalgo, ni Xavier Bertrand, ni Valérie Pécresse n’avaient encore pris la parole. Pour le reste, les rares à avoir réagi, à l’instar de l’écologiste Yannick Jadot ou du communiste Fabien Roussel, se sont généralement cantonnés à des messages sur les réseaux sociaux faisant part de leur empathie avec les victimes et saluant le travail de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église.

      Comment aborder politiquement ce sujet, à la croisée des problématiques religieuses, de la protection de l’enfance, du droit et de la lutte contre les violences sexuelles ?

      « Ni l’État ni le Parlement n’ont les moyens d’intervenir, la balle est dans le camp de l’Église », estime la sénatrice socialiste Marie-Pierre de la Gontrie, qui argue que le fait même que le rapport Sauvé ait été commandé par l’Église désarme en partie le champ politique. « Le travail actuel est nettement plus abouti que tout ce que nous aurions pu faire, incarné par la personnalité de Jean-Marc Sauvé, incontestable. Sa commission a eu accès aux archives des évêchés, ce que nous n’aurions pas pu faire en tant que parlementaires, faute de moyens », ajoute sa collègue de banc, Laurence Rossignol, qui fut ministre de la famille, de l’enfant et des droit des femmes durant le quinquennat Hollande.

      « La difficulté, c’est la coexistence entre le droit canonique et le droit français », ajoute Marie-Pierre de la Gontrie, laquelle examine néanmoins méticuleusement le texte pour voir si des « prolongements législatifs » sont envisageables.

      Le précédent de la commission parlementaire de 2018

      Tout le monde se souvient en outre de la commission sénatoriale avortée en 2018, au moment de l’affaire Preynat. Si Marie-Pierre de la Gontrie avait été parmi les parlementaires à réclamer une enquête conduite par la représentation nationale sur les abus sexuels dans l’Église, l’entreprise avait tourné court, empêchée par la droite au motif que des procédures judiciaires étaient en cours (celle autour du père Preynat et de l’implication éventuelle de Philippe Barbarin, cardinal de Lyon).

      « Pour Alexandre Benalla, ça ne gênait pas du tout, donc l’argument était fallacieux, raille aujourd’hui Laurence Rossignol, en référence à la commission d’enquête du Sénat sur le rôle du chargé de mission d’Emmanuel Macron. La réalité, c’est que la droite était tétanisée à l’idée d’enquêter sur l’Église, et cela s’est transformé en mission fourre-tout sur la pédocriminalité à travers le temps et l’espace... »

      Trois ans plus tard, l’hypothèse de réitérer une enquête de ce type n’est plus d’actualité après le travail immense fourni par la Commission Sauvé.

      En revanche, la question du financement des réparations reste ouverte. Interrogé par Mediapart, l’Insoumis Bastien Lachaud, député de Seine-Saint-Denis, dit « avoir une pensée pour les centaines de milliers de victimes », et appelle surtout à faire preuve de vigilance : « Comme le pointe le rapport Sauvé, il ne faudrait pas que l’Église utilise les fonds du denier du culte, ce qui reviendrait en vérité à les faire payer aux contribuables [le denier est en effet ouvert à la déduction fiscale accordée aux organismes reconnus d’intérêt public – ndlr] », avance-t-il.

      La droite gênée aux entournures

      La droite traditionnelle, dont l’électorat catholique constitue un socle précieux, peinait ces derniers jours à poser des mots sur le scandale. Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains (LR) au Sénat, a appelé sur Twitter à « poser les actes pour que des crimes aussi odieux ne soient plus possibles », qualifiant le rapport de « traumatisant ». Interrogé par Mediapart pour prolonger sa réflexion sur les suites à donner, il n’a pas souhaité s’exprimer.

      Députée du Doubs, Annie Genevard exprime à Mediapart son « effroi à la découverte de l’ampleur du phénomène ». Saluant cette « démarche de vérité nécessaire et salutaire » à laquelle l’Église s’est attelée, la vice-présidente de LR estime elle aussi que le rapport ne peut pas rester lettre morte : « La justice des hommes doit passer », dit-elle.

      « Les victimes peuvent, grâce à ce rapport, se positionner en tant que telles, et c’est déjà très salvateur, estime Perrine Goulet, députée La République en marche, membre de la majorité présidentielle. Ensuite ceux qui ont commis ces crimes doivent être déférés devant la justice, et nous encourageons toutes les victimes qui ne sont pas concernées par la prescription à déposer plainte. »

      Mais sur le plan législatif et pénal, rappelle la députée, « tous les outils sont déjà sur la table ». « Là où on attend l’Église, c’est qu’elle s’interroge pour comprendre comment elle en est arrivée là. Elle doit faire son autocritique. »

      La députée, corapporteure d’un rapport publié en 2019 sur la protection de l’enfance, confirme cependant buter encore sur le contrôle de l’organisation religieuse : « Nous nous sommes attelés récemment, et notamment dans le domaine du sport, à renforcer le contrôle des casiers judiciaires pour toute personne travaillant avec des enfants ou bénévole auprès d’eux, mais nous retombons dans cette affaire au registre de la séparation de l’Église ou de l’État ! Et si on l’oblige pour la religion catholique, il faudra le faire pour toutes les religions, y compris celles où les prêcheurs ne sont pas aussi bien identifiés. »
      « Que l’Église engage des réformes pour le bien commun ! »

      « La commission Sauvé n’a occulté aucun fait, et elle a rendu un état des lieux effarant et accablant, qui appelle à mon sens une réponse forte et des mesures structurelles », soutient Chloé Sagaspe, membre du bureau exécutif national d’Europe Écologie-Les Verts, déléguée à la jeunesse. « Si on veut éviter la répétition de ces violences, l’Église a la responsabilité d’en tirer les leçons. Les conclusions du rapport sont cohérentes avec les enquêtes révélées depuis des années en France et ailleurs. On ne doit plus être dans un silence coupable. »

      Le ton est encore plus virulent chez Robert Ménard, le maire (apparenté Rassemblement National) de Béziers. « L’Église doit reprendre nombre de ses habitudes, nombre de ses dogmes, parce que ce n’est pas possible, a lancé sur France Info l’élu biterrois. On ne peut pas ne pas tirer de conséquences de ce qui vient de se passer, on ne peut pas expliquer qu’il y a 330 000 enfants qui ont été abusés et puis dire qu’on va s’en remettre au bon jugement de prêtres ou de religieux quand on a vu ce qu’un certain nombre pouvait faire. »

      « C’est un séisme, il y aura un “avant” et un “après”, souligne quant à lui, la voix empreinte d’émotion, le député socialiste Dominique Potier. Pour retrouver la lumière, il faudra aller au bout de toutes les conséquences de ces révélations. »

      Tout ce qui affaiblit les corps intermédiaires nous regarde. Il ne faut pas se cacher derrière la pudeur de la laïcité.

      Dominique Potier, député PS

      Pour ce catholique pratiquant, président de l’Esprit civique, un laboratoire d’idées qui fait le lien entre l’éducation populaire et la spiritualité, ces révélations sur l’ampleur de la pédocriminalité dans l’institution catholique doivent déboucher sur un double mouvement : une action en justice d’abord, car, « dans l’esprit de la laïcité, il faut que la justice passe » ; une action de l’Église ensuite, qui doit « entreprendre une réforme profonde ».

      Un responsable politique qui se mêle des affaires de l’Église : Dominique Potier assume. « On peut souhaiter, comme républicain, que l’Église engage des réformes pour le bien commun ! », estime l’élu de Meurthe-et-Moselle. « L’Église, comme toutes les institutions, est partie prenante de la République, souligne-t-il. Nous devons appréhender cette affaire comme si elle avait lieu dans une fédération sportive car tout ce qui affaiblit les corps intermédiaires nous regarde. Il ne faut pas se cacher derrière la pudeur de la laïcité. »

      Le député communiste Pierre Dharréville tient à faire la part des choses : « Dans cette tragédie, il y a des choses condamnables par la justice, et j’encourage toutes les victimes à aller porter plainte. Mais pour ce qui concerne une éventuelle réforme de l’Église, c’est aux Chrétiens de demander des comptes », dit-il, estimant néanmoins que cela doit permettre d’avancer dans la lutte contre les violences sexuelles dans toutes les sphères de la société.

      Alors que 70 % des plaintes pour agression sexuelle sur mineur sont classées sans suite, le rapport Sauvé est ainsi pour tous les élus contactés un point d’appui pour briser l’omerta sur la pédocriminalité dans la société en général. Ainsi Ségolène Royal, ministre déléguée à l’enfance sous Lionel Jospin, estime que « tous les métiers liés à l’enfance et à l’adolescence doivent être surveillés » et se demande si la prescription ne devrait pas être levée, pour que « tous les prédateurs soient condamnés ». Reste que, là encore, le pouvoir politique est bien en mal de se substituer aux autorités de l’Église pour qu’elle se réforme.

      « Éviter que ne se perpétue l’omerta »

      Les organisations de jeunesse (tels les scouts de France, d’obédience religieuse, par exemple) « sont déjà soumises aux règles qui s’appliquent à n’importe quelle colonie de vacances, rappelle Laurence Rossignol. Et les clercs de l’Église qui interviennent auprès des enfants ont rarement des mentions sur leur casier judiciaire puisque jusqu’ici, l’institution fermait les yeux. Donc la révolution à faire est d’abord culturelle. Les parents, qui se taisaient parfois autrefois, sûrement ne se tairont plus. »

      Il reste le curatif et le préventif, faute de contrôles a priori, partout difficiles à mettre en place. L’Église a par exemple promis des cellules d’écoute pour les victimes potentielles… mais tenues par des religieux. « Elles doivent être animées par l’extérieur et des associations de victimes expertes sur le sujet, pour éviter que ne se perpétue l’omerta qui sévissait jusqu’ici », insiste Perrine Goulet.

      Laurence Rossignol estime enfin que l’Église catholique, qui s’est beaucoup exprimée ces dernières années sur les sujets de société, sort « disqualifiée » d’un tel scandale. « Quand on se remémore ce que l’Église a couvert comme actes alors qu’au même moment elle multipliait les injonctions faites aux femmes sur la contraception, l’avortement ou encore multipliait les discours de réprobation sur l’homosexualité ou la famille, qu’elle se taise, et pour longtemps. »

    • Merci beaucoup @monolecte (& aux journalistes de @mediapart , en passant, c’est bien de faire cet article)

      Pour info, le site du journal La Vie est en accès libre jusqu’au 15 octobre :

      La Vie vous ouvre son site
      À l’occasion de la publication du rapport Sauvé et parce que l’actualité mérite d’être lue par tous, nous avons choisi de mettre l’intégralité de nos articles en accès libre jusqu’au 15 octobre 2021

      Par exemple, un article publié aujourd’hui :
      Indemnisation des victimes : dans les diocèses, on veut trouver les moyens quoi qu’il en coûte
      https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/indemnisation-des-victimes-dans-les-dioceses-on-veut-trouver-les-moyens-quoi-q

      Pour Antoine Garapon, magistrat et membre de la Ciase, la question est mal posée : « Il ne s’agit pas tant de savoir si et comment l’Église parviendra à payer, mais quel est le fondement de ce paiement. Si c’est un secours, elle décide souverainement, c’est la logique du don ; si elle considère que des crimes ont été commis en son nom, c’est une dette qui est fixée par un tiers de justice, et non par elle. »

      L’indemnisation financière est d’autant plus importante qu’elle est hautement symbolique : « Dès lors qu’elle se fonde sur une responsabilité assumée et sur une reconnaissance sincère, (…) elle est le signe d’une diminution de l’institution ecclésiale, d’une sorte d’amputation qui répond à celle subie par la victime », résume le rapport de la Ciase.

      Antoine Garapon insiste sur ce point : le chemin de réparation passe par la reconnaissance, « l’argent vient après ». Et ce, pour des raisons très profondes : « Si vous donnez de l’argent sans parole, cela veut dire que l’Église achète le silence. L’argent sans reconnaissance, il n’y a pas pis que cela. »

      Article entier : https://justpaste.it/5mfsa

    • https://www.youtube.com/watch?v=HVsYmYRUHyU


      À l’air libre (150) L’Église, bastion imprenable du patriarcat ?

      Au sommaire de cette émission :
      ➡️ Après les révélations sur la pédocriminalité dans l’Église, peu de réactions de l’État et une certaine crispation chez les évêques de France. Le couvercle ecclésiastique est-il en train de se refermer ?
      ➡️ Le monopole du masculin dans l’Église est pointé du doigt dans les violences sexuelles. L’Église peut-elle changer ?
      Débat avec le sociologue Josselin Tricou, Antoinette Frety, avocate de victimes, Sabine Sauret, co-autrice de « Le Déni » et Laurence Poujade, présidente de l’association Sentinelle.
      Vous connaissez notre émission À l’air libre ?
      #Église #ViolencesSexuelles #CIASE
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  • Il y a eu « entre 2 900 et 3 200 pédocriminels » dans l’Eglise catholique en France depuis 1950, selon le président de la commission d’enquête, Jean-Marc Sauvé

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/10/03/il-y-a-eu-au-moins-2-900-a-3-200-pedocriminels-au-sein-de-l-eglise-catholiqu

    Le président de la commission indépendante qui enquête sur la pédocriminalité dans l’Eglise depuis presque trois ans précise qu’il s’agit là d’une « estimation minimale ». Les conclusions de son rapport, long de 2 500 pages, seront dévoilées mardi.

    #catholicisme #violophilie #violences_sexuelles #culture_du_viol #pedocriminalité

    • Travailler sur l’Église Commission Sauvé : les violences sexuelles sous le regard des sciences sociales
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/10/03/commission-sauve-les-violences-sexuelles-sous-le-regard-des-sciences-sociale

      Pour mener à bien sa mission, la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise a mené trois enquêtes. La première s’intéresse aux victimes, la deuxième a exploré les archives de l’Eglise, tandis que la dernière s’est penchée sur le traitement par la presse de ces affaires.

      L’une des spécificités de l’énorme travail effectué en deux ans et demi par la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) catholique est l’importance accordée à la recherche en sciences sociales. En cela, elle innove par rapport aux commissions qui l’ont précédée dans d’autres pays occidentaux. Sous son égide, deux grandes enquêtes ont été conduites en un temps record. L’une, pilotée par la sociologue et démographe Nathalie Bajos avec l’Inserm, porte sur les victimes et la prévalence de ces actes dans l’Eglise. L’autre, conduite par l’historien et sociologue Philippe Portier en partenariat avec l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), a exploré les archives de l’Eglise pour étudier les profils des prêtres agresseurs et de leurs victimes ainsi que la manière dont l’institution avait géré ces violences.

      Une troisième a débouché sur une étude de la couverture par la presse de ces affaires, à l’initiative de l’anthropologue Laëtitia Atlani-Duault avec la Maison des sciences de l’homme. Au total, la combinaison des approches procure « un regard absolument incroyable sur le phénomène des violences sexuelles dans l’Eglise catholique en France depuis 1950 », assure Mme Bajos. « Ce travail de recherche très approfondi permet d’articuler les préconisations [de la Ciase] et l’objectivation des faits, la réalité », fait valoir Philippe Portier. Ces travaux de recherche seront publiés in extenso en annexe du rapport de la Ciase, mardi 5 octobre.
      Avant même la composition de la commission, Nathalie Bajos a plaidé auprès de Jean-Marc Sauvé pour que, étant donné l’absence totale de données, une approche scientifique permette de cerner le phénomène des agressions sexuelles dans l’Eglise. « Il fallait d’emblée prévoir une approche quantitative complétée par une approche qualitative avec des entretiens de recherche semi-directifs. Il fallait aussi pouvoir comparer l’ampleur des violences dans cette institution par rapport à ce qui se passait ailleurs », explique la chercheuse. « J’ai souligné la tension qui ne manquerait pas de survenir entre le temps de la recherche et le temps de la commission », ajoute-t-elle.

      Pour l’épauler dans ce lourd travail, elle recrute, avec des contrats de recherche signés par la Ciase, deux sociologues, Julie Ancian et Josselin Tricou, et une démographe, Axelle Valendru.

      Obtenir un profil exact

      Leur travail de recherche repose sur trois sources. La première est un questionnaire rempli par certaines (un peu plus de 1 600) des personnes victimes qui ont répondu à l’appel à témoignages de la Ciase. Rempli par Internet, il a été mis sur pied par son équipe et discuté avec des associations de victimes et avec Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), qui a une longue fréquentation des religieuses abusées. La deuxième source est tirée d’entretiens conduits par les chercheurs avec certains des répondants de l’appel à témoignages. A l’arrivée, l’analyse sera basée sur quarante-cinq entretiens de personnes agressées lorsqu’elles étaient mineures et vingt-quatre de personnes agressées lorsqu’elles étaient majeures considérées comme « vulnérables » par la Ciase – en majorité des religieuses.

      Mais les répondants à l’appel à témoignages ne peuvent être considérés, a priori, comme un échantillon représentatif de toutes les victimes de prêtres ou de religieux. La suite de l’enquête démontrera, par exemple, qu’y sont surreprésentées celles qui ont conservé un lien avec l’Eglise catholique et celles appartenant à des catégories favorisées socialement et scolairement. Pour obtenir un profil exact, la chercheuse pensait pouvoir utiliser les données d’une grande enquête périodique sur les sexualités en France, conduite par l’Inserm. L’épidémie de Covid-19 ayant retardé sa mise en route, la Ciase a décidé de faire réaliser une enquête en population générale auprès de 30 000 personnes. Celle-ci permet d’estimer le nombre total de personnes agressées, leurs profils, leurs réactions, les évolutions au cours du temps.

      Cette opération a une autre vertu : elle permet, pour la toute première fois, de situer ce qui s’est passé dans l’Eglise par rapport aux violences sexuelles sur mineurs intervenues dans d’autres sphères de socialisation. « L’enquête française est la seule qui permet de comparer ce qui se passe en population générale, dans la famille, dans l’Eglise, dans les clubs de sports, les colonies de vacances… », souligne Nathalie Bajos. Les résultats de cette enquête, achevée en janvier 2021, tombent lorsque la Ciase est dans la dernière ligne droite de ses travaux. Et ils n’ont pas constitué la moindre de leurs surprises.

      35 diocèses et 17 congrégations

      Parallèlement au travail de l’Inserm, M. Portier est chargé de l’investigation dans les archives de l’Eglise. Ce travail s’impose pour évaluer le nombre d’agresseurs et de victimes connus de l’institution et pour étudier leur « traitement » par cette dernière. Pour cela, il faut avoir accès aux dossiers des prêtres et des religieux pour y chercher les éléments – indication de l’évêque ou du supérieur, lettres de témoignages, procès canoniques ou civils éventuels – qui pourraient témoigner de faits d’agressions sexuelles.
      Pour ce sociologue et historien spécialiste du catholicisme et de la laïcité, c’est bien sûr une perspective stimulante, mais non dénuée d’une pointe d’angoisse initiale : « Je ne savais pas ce qu’il y aurait dans ces archives et donc si je pouvais aboutir à un travail satisfaisant. Et si tout s’était réglé par oral, sans laisser de trace ? » Pour l’épauler, il recrute, par contrat de recherche, une politiste, Anne Lancien, et deux historiens, Thomas Boullu et Paul Airiau.

      Il faut commencer par faire un « repérage ». Le 30 mai 2019, une lettre du président de la Ciase, Jean-Marc Sauvé, adresse à tous les évêques et aux supérieurs majeurs des quelque 350 à 400 congrégations et instituts de vie religieuse présents en France un questionnaire rédigé par les chercheurs. Il leur est demandé combien il y a eu d’agresseurs dans leurs rangs, de victimes, à quelles périodes, et s’ils disposent d’archives sur lesquelles travailler. Tous les diocèses acceptent, sauf un. Les réponses des diocèses et des congrégations sont « contrôlées » au moyen des données trouvées dans la presse, les archives de la justice et l’appel à témoignages.

      A partir des réponses, Philippe Portier et son équipe sélectionnent 35 diocèses (soit un tiers du total) et 17 congrégations (qui regroupent 80 % des cas d’agressions sexuelles) dans les archives desquels ils se plongent. De ce point de vue, la circulaire obtenue de la chancellerie par Jean-Marc Sauvé pour avoir accès aux archives de la justice « a beaucoup fait pour conduire les diocèses et des congrégations à ouvrir la porte de leurs archives », explique Véronique Margron.

      « Des archives extrêmement nourries »

      Au tout début, l’équipe de chercheurs redoute de tomber sur des fonds maigrichons. Mais rapidement, elle découvre « des archives extrêmement nourries, avec des niveaux d’expurgation qui ne mettaient pas du tout en cause la véracité, l’extensivité quantitative des documents dont nous disposions », se félicite Philippe Portier. L’Eglise, qui a pour règle interne de purger partiellement ses archives dix ans après la mort d’un prêtre, par exemple, ne l’a pas toujours fait, loin de là. « Par exemple, sur un prêtre abuseur qui a sévi dans deux diocèses, témoigne le chercheur, j’ai 120 pages : des lettres d’évêques, des dénonciations, ses réponses, les rapports des psychiatres, les jugements – canoniques et civils quand ils existent… Avec ça, on peut repérer des profils psychologiques. » Ils ont aussi accès aux archives des associations qui se sont occupées des prêtres « en difficulté » (alcooliques, dépressifs, pédophiles…) et, au niveau national, aux archives retraçant la politique de l’Eglise.

      Le chercheur a la surprise de constater que si la fréquence des agressions correspond aux zones de forte implantation de l’Eglise catholique en valeur absolue, ce n’est pas nécessairement le cas en chiffres relatifs. Autrement dit, le nombre d’agresseurs rapporté au nombre de catholiques pratiquants est supérieur dans les diocèses où la pratique est moindre, sauf exception. « On peut l’expliquer par le fait que, sauf certains cas, lorsqu’on a un maillage catholique très fort, on a aussi davantage d’instances de régulation. On ne fait pas n’importe quoi car l’institution est là pour vous surveiller. Quand le maillage est plus souple, il est plus facile d’échapper à son contrôle. » Cette logique se vérifie au sein des diocèses de forte empreinte chrétienne : les agressions y sont plus fréquentes dans les zones « de mission », moins pratiquantes.

      Chemin faisant, Philippe Portier a aussi conduit des études parallèles. L’une porte sur les prêtres agresseurs, dont certains ont accepté de témoigner. C’est sur eux que les archives sont les plus bavardes. « Je peux vous dire d’où ils viennent, quels ont été leurs bulletins scolaires… En comparant les abuseurs et les non-abuseurs d’une même promotion, on voit des différences, dans les notes, les appréciations. Les abuseurs ont plus de difficultés. Ce sont statistiquement de moins bons élèves, et on sent surtout chez eux un renfermement. » Une autre étude porte sur la formation délivrée aux séminaristes et son évolution depuis 1950.

      #église

    • Ouf, l’honneur est sauf :

      Autrement dit, le nombre d’agresseurs rapporté au nombre de catholiques pratiquants est supérieur dans les diocèses où la pratique est moindre, sauf exception.

      C’est-à-dire que là où il y a plus de pédophiles, il y a moins de pédophiles, et inversement. Sauf exception.

      Sinon, est-ce que la comparaison entre la prévalence de la pédocriminalité parmi les prêtres catholiques et celle dans la population masculine générale est publiée ? Et est-ce que le nombre de victimes de cette secte a été réévalué (en mars dernier, on parlait de « au moins 10 000 mineurs ») ?

      Et sinon sinon, comment on gère ça, dans le fan-club de « les racines chrétiennes de la France » ?

    • Ils cherchent encore à produire une évaluation du nombre de victimes, c’est très épineux pour pas dire n’importe quoi (comment rendre visible ce qui se situe sous le sommet de cet iceberg), et veulent préserver le crédit de leurs travaux
      Le journal veut sans doute dire que moins il ya de présence de l’église et de pratiquants, plus la proportion d’agresseurs est élevé. C’est pas l’honneur qui sauf, la bombe est trop dévastatrice, mais le raisonnement couramment appliqué à l’islam, plus c’est encore, lemieux ils sont formés, moins il y a de soucis. Une défense de l’institution appelée à se réformer (ha ah ah).

      À défaut d’un « examen de conscience » excédant la dimension individuelle auquel il est cantonné par le rite qui conduirait l’Église de France a décider son auto-dissolution, ce taff contribue à policer cette zone de non droit.

      Je sais pas quoi faire pour payer le loyer mais on dirait qu’un créneau s’ouvre pour vendre des prestations « foi et prédation » à une église qui se doit d’envisager son avenir au regard de ces pratiques massives. Après tout, ces crimes sont moins fréquents chez/parmi les croyants que parmi les pratiquants, voilà qui impose d’entreprendre une analyse institutionnelle. Et d’appeler la puissance publique à la rescousse pour fermer certains lieu de culte, de formation, de vie communautaire, à limage de ce que la gestion de l’islam nous a appris à faire.

      #Sauvé, telle est la promesse. Et ça turbine nucléaire.
      Certain que ça perturbe bien des réunions pâtisserie au sortir de la messe aujourd’hui : - )

    • Sur la dissolution ou l’auto-dissolution, les questions de responsabilité… je découvre un aspect intéressant dans les documents publiés sur le site de la Ciase :
      https://www.ciase.fr/wordpress/wp-content/uploads/Note-du-Pr.-Laurent-Aynes-sur-la-responsabilite-de-leveque-et.ou-de-lassociati

      Or l’Eglise catholique n’est pas une personne morale. Sans doute comporte-t-elle en son sein de nombreuses personnes morales : associations diocésaines, associations cultuelles, congrégations, associations déclarées ou simples, fondations... ; mais chacune de celles-ci a un objet propre et n’est pas l’Eglise. Si l’Eglise n’est pas une personne juridique, ce n’est pas qu’elle ait négligé de se constituer en une telle personne ; c’est que sa nature propre -assemblée du peuple de Dieu- l’empêche d’être une telle personne : elle n’est pas un groupement de personnes réunies volontairement par une adhésion qui en déterminerait les membres car elle est constituée de tous ceux qui simplement se reconnaissent d’Eglise ; elle inclut potentiellement tous les humains. Elle n’a pas d’intérêts collectifs, de volonté collective permettant la défense de ces intérêts ; elle n’a pas de but ni d’objet, mais constitue seulement un peuple.

      L’appartenance à ce peuple ne nécessite aucun acte et ne se manifeste pas nécessairement par un signe ; elle est dénuée de tout effet juridique, et n’a de conséquence que dans l’ordre personnel et spirituel. Parler de « responsabilité de l’Eglise » -dont sont au demeurant membres les auteurs des crimes aussi bien que les victimes et un grand nombre d’innocents- n’a pas de sens juridique. De même que l’affirmation selon laquelle les prêtres agiraient « pour le compte de l’Eglise » ou se verraient confier par l’Eglise « la mission de prendre soin de ses fidèles », comme si l’Eglise était un organisme doté de préposés affectés au service de ses usagers, est une facilité langagière dénuée de toute signification juridique, qui masque à peine une méconnaissance de la nature de l’Eglise.

      De même, les diocèses, qui sont une Eglise particulière, ne sont pas des personnes juridiques. Certes, les associations diocésaines le sont, mais leur personnalité est limitée par leur objet : non pas exercer le culte catholique mais subvenir aux frais et à l’entretien du culte catholique sous l’autorité de l’évêque, en communion avec le Saint-Siège et conformément à la constitution de l’Eglise catholique (statuts-type approuvés par l’autorité civile).

      De même encore, les paroisses ne sont pas des personnes juridiques.

    • Trouvé un article qui avance un nombre de victimes bien supérieur au rapport de l’année dernière : Pédocriminalité dans l’Eglise : plus de 100.000 mineurs concernés selon le rapport Sauvé
      https://www.europe1.fr/societe/pedocriminalite-dans-leglise-plus-de-100000-mineurs-concernes-selon-le-rappo

      Selon plusieurs sources au sein du gouvernement et de la commission, le nombre de victimes serait largement au-dessus de 100.000. C’est au moins dix fois plus que le chiffre évoqué dans le dernier rapport d’Etat de Jean-Marc Sauvé au printemps 2020. Ce dernier rapport avançait le chiffre de 10.000 victimes. Eric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France a déjà parlé d’un phénomène « insoupçonné dans son ampleur » qui allait forcer l’Eglise à réagir.

      Si c’est confirmé, ça ferait 100 000 victimes pour 3 000 pédocriminels, c’est-à-dire une moyenne de 33 victimes par pédophile. Ce qui ne serait possible qu’avec une impunité quasi totale des auteurs.

    • Oui, c’est la reprise du nom de cette commission, crée par les évêques français.
      https://www.ciase.fr/mission-de-la-commission
      Pour cette opération transparence, l’église a dégoté un saint. La bio wikipedia de Sauvé propose une (discrète ?) hagiographie d’un grand serviteur de l’État (comme on dit), mentionnant qu’il dit avoir voulu abolir la peine de mort à 12 ans, et que novice chez les Jésuites il " a pu éprouver des « expériences uniques que peu de personnes de [son] milieu professionnel ont pu faire : s’occuper d’autistes pendant plusieurs mois, vivre avec une famille de gitans, être employé de libre-service »" avant de quitter le noviciat. Tardivement au PS (au "début des années 80"...), il est dans le staff du Badinter des débuts de l’alternance, puis sera secrétaire général du gouvernement sous quatre 1ers ministres de droite. Expérience catholique, passage par la gauche, carrière peu perturbée par les changements de majorité politique, si ce n’est une convocation par Sarkozy après l’annulation de l’élection de Corbeil Essone en 2008.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marc_Sauvé

  • Un évêque américain poussé à la démission après que ses données de localisation ont été exploitées contre lui Par Emma Confrere
    https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/un-eveque-americain-pousse-a-la-demission-apres-que-ses-donnees-de-localisa

    Un média catholique s’est retrouvé en possession de données personnelles recueillies via l’application de rencontres gay Grindr.

    Des données personnelles ont entraîné la démission d’un haut responsable de l’Église catholique américaine. Si cette affirmation paraît saugrenue, c’est pourtant ce qui est arrivé à Jeffrey Burrill, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB). À la suite de la divulgation de ses données personnelles, il s’avérerait être un utilisateur fréquent de l’application de rencontres gay, Grindr. Or, en tant qu’évêque, il doit respecter le célibat sacerdotal, c’est-à-dire ne pas se marier ni avoir d’activité sexuelle.


    L’évêque américain, Jeffrey Burill, aurait utilisé l’application de rencontres gay Grindr, en dépit du célibat sacerdotal imposé par l’Église. IdeaLabProduction / stock.adobe.com

    Un média catholique à l’origine de l’affaire
    Sa démission intervient après des allégations de « comportement inapproprié » portées à l’USCCB par une newsletter catholique, intitulée The Pillar . Le média indique que Jeffrey Burrill aurait visité des bars gays dans plusieurs villes entre 2018 et 2020, tout en utilisant l’application Grindr.

    L’article explique comment The Pillar est arrivé à de telles conclusions. Le média a eu accès aux données de géolocalisation que collecte Grindr sur ses utilisateurs via leurs smartphones, et qui sont ensuite revendues à des data brokers, ou courtiers en données. On ignore comment The Pillar a obtenu ces informations : en les achetant auprès d’un data broker, ou bien en les obtenant de la part d’un tiers ?

    Aux États-Unis, il n’est pas illégal d’acheter de tels fichiers. Aucune loi fédérale de protection des données personnelles, sur le modèle du RGPD européen, n’existe dans ce pays. Cette affaire soulève de brûlantes questions sur le respect de la vie privée et le rôle de mouchard que peut jouer un simple téléphone connecté à Internet.

    Revente des données personnelles
    Les données personnelles revendues aux data brokers sont anonymisées, puis compilées pour créer des profils marketing exploités par les annonceurs afin de cibler leurs campagnes publicitaires.

    Grindr affirme avoir partagé une variété de données personnelles avec des partenaires publicitaires dans le passé, comme des identifiants d’appareil, des données de localisation, des informations de connexion ou encore l’âge et le sexe de l’utilisateur. Mais la société affirme qu’ils ont arrêté de fournir des informations sur l’emplacement, l’âge et le sexe des usagers dès avril 2020, suite à un changement de leurs conditions d’utilisation.

    On ignore comment The Pillar a réussi à faire le lien entre les données anonymisées de Grindr et l’évêque Jeffrey Burrill. Des zones d’ombre persistent donc dans cette affaire. Pour le révérend James Martins, prêtre jésuite et défenseur de l’inclusion des LGBT+ dans l’Église catholique, les prêtres devraient « évidemment tenir leurs promesses de célibat », mais les journalistes catholiques, eux, « ne devraient pas utiliser des moyens immoraux pour les espionner », affirme-t-il auprès de l’agence AP.

  • Pourquoi les palestiniens protestent ils à Gaza ?

    – 95 % de l’eau n’est pas potable.
    – 4 heures d’électricité par jour.
    – 45 % de chômage.
    – 46% des enfants souffrent d’anémie aiguë.
    – 50% des enfants n’expriment aucun désir de vivre.
    – 2 millions de personnes interdites de circuler.

    #Israel #israël #Gaza #Gazaouis #CrimesdeGuerre #Palestine #BDS #Apartheid #colonisation
    #nakba #Ramallah #violences #Arabes_israéliens ##Palestine_assassinée #occupation #colonisation #racisme #sionisme Tsahal l’#armée_israélienne

    • Palestine et pétainisme Badia Benjelloun

      Toute honte bue, le gouvernement français a condamné la riposte armée des Palestiniens à la dépossession de leurs terres, maisons et villes. Il s’est abstenu de commenter l’origine de ce nouvel embrasement en Palestine. L’expulsion de leur domicile des Palestiniens à Cheikh Jarrah, Silwan, Khan Al Ahmar pour les quartiers de Jérusalem mais aussi des villes de Jaffa, Um Fahm, près de Haïfa dans les territoires conquis en 1948 par l’entité occupante sont des crimes de guerre.

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      Que les expropriations soient validées par la Cour Suprême de l’entité militaro-ethnique renforce le caractère de l’illégitimité de cette organisation terroriste fondée en 1948 sous le patronage des Etats occidentaux. Cette pratique d’obéir, voire de devancer, les ordres d’une puissance occupante est l’une des expressions du pétainisme, une forme de gouvernement et d’idéologie moultepolitique qui remonte à 1815, exposée par Alain Badiou dans son opus De quoi Sarközy est-il le nom ?(1). Les deux moteurs du pétainisme selon le philosophe sont la vassalisation (à une puissance étrangère) et la peur que les gouvernants ont d’une partie de la population démunie, violentée par l’oppression économique et policière, et dès lors potentiellement révolutionnaire. A cet égard, les successeurs de Sarközy, le plus outrageusement et ostensiblement américain et sioniste des présidents français, constituent une parfaite continuité du transcendal pétainiste.

      Alors que les peuples du monde entier ne peuvent contenir leur colère et leurs larmes face à des provocations, car qu’est-ce donc que d’envoyer colons et armée sur l’Esplanade des mosquées le sept et le dix mai au moment où soixante-dix mille Palestiniens priaient en ce mois du Ramadan, sacré pour les Musulmans ? et face aux crimes de l’entité occupante, manifestent leur solidarité, Macron a répété l’antienne vide de sens : « Israël a le droit de se défendre ». Les Palestiniens, eux, les colonisés, sans Etat protecteur, ne l’auraient sans doute pas.

      Ce droit, ils l’ont pris.
      Agressés par l’armée et les colons, les habitants du quartier Sheikh Al Jarrah, au Nord de Jérusalem, ont fait appel aux branches armées de la résistance palestinienne à Gaza pour les défendre. Le recours à l’Autorité palestinienne, nom donné aux collaborateurs palestiniens chargés de faire la police pour le compte de l’occupant dans de minuscules territoires sous son administration et de lui livrer les résistants depuis 1993, est impossible par définition et après moultes vérifications de son rôle de supplétif. La concertation entre les différents groupes palestiniens ne fut pas longue pour décider d’intervenir. Ils s’y étaient préparés depuis de nombreux mois voire des années.

      Des salves de roquettes s’abattent sur des points sensibles dans les territoires de 1948. D’une portée de 250 km, les roquettes artisanales sont plus précises, elles perturbent l’aéroport international de Tel Aviv où les vols ont été suspendus, attaquent des pipelines. Elles échappent en bonne part au ‘dôme de fer’ censé les capter et les inactiver, financé très généreusement par les Usa et elles atteignent n’importe quel point de la Palestine historique occupée depuis 1948.

      Tenir six mois
      Les brigades Azzedine al Qassam, bras armé du Hamas, affirment disposer d’un arsenal qui leur permettraient de maintenir leur pression offensive durant six mois. C’est la nouveauté et la surprise de cet affrontement entre des forces assurément asymétriques. Le nombre, la précision et la portée des roquettes ont fait des dégâts d’une ampleur inattendue et grande impression.

      Liebermann, ancien ministre de la Sécurité en convient. Il déplore que soit donnée en spectacle au monde la difficile situation militaire de l’entité sioniste face à une formation militaire populaire, non étatique. Il n’a pas hésité à souligner que cette guerre est une opportunité pour l’actuel chef de gouvernement de prolonger son mandat. Il est exposé à un procès pour corruption aggravée et de plus une crise profonde traverse la société israélienne.

      Dans la ‘seule démocratie’ au Moyen Orient, quatre élections législatives se sont déroulées en moins de deux ans sans que n’ait pu être dégagée une majorité de gouvernement stable et consistante. Pour la première fois de l’histoire, le parti des ‘Arabes’, soit celui des Palestiniens non expulsés en 1948, a un rôle à jouer pour la composition d’une majorité à la Knesset et donc dans le choix d’un exécutif.

      L’unité palestinienne.
      L’autre inédit réside dans le soulèvement simultané des Palestiniens de la Cisjordanie et de la Palestine de 1948. Plusieurs fronts ont été ouverts, obligeant à une dispersion des forces de répression. C’est à l’occupant que revient en réalité cette prouesse.

      Fort de l’impunité conférée par le soutien de l’Occident rejoint par les Etats arabes vassaux, l’entité a multiplié ses agressions contre les Palestiniens de Jaffa et de Umm al Fahm, près de Haïfa. Là aussi, les ‘Arabes israéliens’ sont expulsés de leurs maisons. Comble de la perversion, quand les constructions sont déclarées illégales, l’arsenal juridique discriminatoire est très fourni et s’étoffe sans cesse depuis 1948, ou que la zone soit répertoriée comme d’intérêt militaire, les Palestiniens sont contraints de détruire eux-mêmes leur domicile sous peine d’avoir à payer (3) l’intervention d’une entreprise israélienne. L’actuelle guerre contre ce peuple dépossédé de tout réalise l’unité totale des Palestiniens, fragmentés géographiquement entre Gaza, la Cisjordanie elle-même morcelée par le Mur de séparation et les innombrables check-points et la Palestine de 1948.

      Le Hamas a déclaré sa séparation de la mouvance des Frères musulmans. Le Hamas se considère comme autonome de cette nébuleuse idéologique, récupérée par les régimes rétrogrades du Qatar et de la Turquie d’Erdogan et de son parti, israélo-compatibles. Cette autonomie nouvelle lui redonne une grande liberté d’action, de quoi se consacrer à la lutte pour la libération sans attendre une aide financière humanitaire à la fois parcimonieuse et soumise aux orientations du moment des donateurs. Cette étape est importante, elle marque une rupture très nette avec son positionnement antérieur aligné sur celui de la Turquie et des EAU sur la guerre qui n’a rien de civile instaurée en Syrie par les proxy de l’OTAN. Khalid Mechaal, ancien chef démissionnaire du Hamas, vient cependant d’être réintégré comme responsable des affaires extérieures au sein de son bureau politique. La direction militaire de son côté souligne l’importance de sa coopération avec le Hezbollah libanais, l’Iran et la Syrie. Un équilibre semble se dessiner entre l’aile du refus et celle de l’ex direction étrangère.

      Centralité de la Palestine.
      Le problème palestinien n’est évidemment pas religieux. Le projet sioniste, fou, repose sur l’invention aberrante d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre. Il faut donc à cette idéologie incarnée par toutes les variantes de l’éventail politique représentées à Tel Aviv effacer toute trace des Palestiniens, quitte à s’en approprier des traits de leur culture, musicale ou culinaire par exemple. Les colons fondamentalistes de Jérusalem se promettent de détruire toutes les Eglises chrétiennes (4) qu’ils considèrent comme relevant d’un rite impie. L’aversion des intégristes ne se limite donc pas aux seuls musulmans. Au fur et à mesure que disparaît la génération des pionniers fondateurs de l’Etat juif qui affichait une idéologie libérale laïque (tout en instituant une loi de citoyenneté théocratique) l’intégrisme religieux imprègne de plus en plus tout le spectre politique. Il est clairement suprémaciste et ouvertement raciste.

      L’objectif colonial commun est donc à la fois de nier l’existence des Palestiniens et de les faire partir. Le grignotage permanent continuel des terres, les expulsions, les emprisonnements, le harcèlement continuel des Palestiniens vise à les faire disparaître par toute sorte de moyens. Les faire partir et/ou les exterminer (solution extrême inapplicable en raison du frein éthique partagé par toutes les sociétés, marqué par le martelage du précédent nazi auquel les sionistes ont contribué) tel est le but du nettoyage ethnico-religieux entrepris dès le 15 mai 1948. Cet événement et cette date ont fait des Palestiniens un peuple composé pour moitié de réfugiés puisque près de 800 000 ont fui les exactions d’une armée de terroristes lors de la Naqba (la Catastrophe). Ils sont devenus désormais plus de sept millions à revendiquer leur droit au retour.

      En dehors de rares exceptions, tous les peuples ont tenu à manifester leur solidarité avec la Palestine dans cette énième épreuve, bravant souvent les interdictions liées à la crise sanitaire. Ceux du monde arabe n’ont pas manqué à l’appel, y compris quand ils sont dirigés par des gouvernements qui ont consenti à normaliser leurs relations avec Tel Aviv. En Iraq, pays déchiqueté et très affaible depuis son invasion en 2003, des milliers de partisans de Moqtada Sadr ont manifesté dans plusieurs villes.

      Après une éclipse de quelques années liée aux problématiques locales et nationales nées avec le ‘printemps arabe’, la Palestine reprend sa place centrale. La création d’une colonie de peuplement en plein cœur du monde arabe est vécue comme une réplique tardive de l’impérialisme occidental et l’attaque de Jérusalem qui concentre des enjeux culturels et religieux considérables a réveillé des réactions et des émotions que l’on croyait taries.

      Les Etats attaqués par l’OTAN ces dernières années faisaient tous partie du front du refus et n’avaient jamais établi des accords de paix avec l’occupant. L’Irak, le Soudan, la Libye et la Syrie appartiennent à cette série tragique. Partitionné en 2011, le coup d’Etat de 2019 au Soudan a évincé Omar el Bachir et pour lever les sanctions économiques imposées par les Usa, le nouveau régime soudanais a accédé à la condition de Trump, établir des relations diplomatiques avec Israël.

      Toute la politique étrangère des Usa au Moyen Orient depuis 1967 consiste à protéger Israël, de façon prioritaire bien au-delà de ses propres intérêts nationaux stratégiques. Il n’est plus tabou de le reconnaître depuis la publication par deux universitaires étasuniens Stephen Walt et John Mearsheimer en 2007 de leur travail Le Lobby israélien et la politique étrangère des Usa. (5)

      Depuis cette date, l’émergence de la Chine comme rivale économique, danger vital pour leur suprématie, a contraint les Usa à déployer plus d’efforts militaires, diplomatiques, de renseignements, d’opérations de contre-insurrections diverses en Afrique. Et donc à réduire (relativement) leurs moyens au Proche Orient arabe. Cette tendance à vouloir retirer les troupes d’Irak, d’Afghanistan et de Syrie est certes contrecarrée. Des supplétifs comme les milices djihadistes et des firmes militaires privées font bien l’affaire pour entretenir le chaos dans tous les pays dans le voisinage de l’occupant israélien.

      Pressions-Sanctions.
      De plus en plus des voix s’élèvent pour demander des pressions effectives comme des sanctions économiques contre Tel Aviv afin de l’obliger à cesser ses crimes de guerre. La campagne internationale BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) initiée en 2005 par 171 ONG palestiniennes ne cesse de prendre de l’ampleur malgré les efforts de propagande sioniste de l’assimiler à une discrimination antisémite. La Cour européenne des droits de l’homme a tranché (6) en septembre 2020, le boycott est une protestation d’une politique garantie par la liberté d’expression démocratique.

      Une partie des Démocrates étasuniens commence à poser le problème de la conditionnalité de l’aide étasunienne à Israël. La majorité de la jeunesse juive étasunienne ne se reconnaît pas dans cette barbarie perpétrée au nom du judaïsme qu‘elle tient à ne pas confondre avec le sionisme. En France, l’Union des juifs de France pour la paix rappelle ses positions très nettes en faveur des droits nationaux palestiniens, elles sont tout à fait opposées à la colonisation rampante de la Palestine. L’UJFP précise que le CRIF ne représente qu’une infime minorité des juifs en France et qu’il représente les intérêts de l’Etat hébreu de Tel Aviv et pas celle d’une communauté religieuse. Elle était signataire de l’appel pour la manifestation du 15 mai, interdite par Darmanin quelques jours après qu’elle fut autorisés par les autorités préfectorales compétentes en la manière.

      Se basant sur le droit constitutionnel en vigueur en France, les organisateurs ont maintenu la manifestation. Le résultat de son interdiction et l’extrême concentration des forces de police sur le site de son départ ont abouti au surgissement des couleurs du drapeau palestinien dans de nombreux lieux de la capitale.

      Comme à la grande époque des Gilets Jaunes, la dissémination des manifestants a désorganisé les plans de la préfecture. Des rendez-vous alternatifs diffusés par la messagerie Whatsapp ont servi efficacement de leurres et ont mobilisé du personnel répressif et leurs innombrables véhicules place de la Bastille, vide de manifestants. Un immense drapeau palestinien avait été accroché un moment sur les marches de l’Opéra Bastille, raison pour laquelle aussi sans doute des dizaines de cars y ont afflué- trop tard. D’autres rassemblements, très dynamiques avaient lieu ailleurs en particulier à République.

      Palestine plus que jamais vivante.
      Une jeunesse ardente a été repoussée sur le boulevard Barbès à hauteur du métro Château Rouge. Elle a ‘tenu’ le boulevard jusqu’à la porte de Clignancourt près de quatre heures. Elle a été renforcée par l’arrivée de jeunes des cités qui bordent le boulevard Ney. Quand fut donné l’assaut final par les forces de l’ordre, les quelques six cents personnes se sont évaporées dans les dédales de leurs cités. CRS et BRAV (brigades de répression de la violence motorisée, résurrection des voltigeurs de Pasqua corps dissout en 1986 à l’occasion des Gilets Jaunes) sont restés bredouilles dans leur chasse.

      Bien mieux que ne pourraient le faire toutes les commémorations nostalgiques de la Commune de Paris, cette jeunesse française a renoué avec la tradition des combats de rue livrés aux régimes pétainistes, qu’ils portent le nom de Thiers, de Pétain ou de Macron. 73 ans d’occupation, de destruction de sociocides, de dispersion mais la Palestine aujourd’hui ressoude ses membres disloqués, reconstitue son corps, est plus que jamais vivante, on a entendu son cœur battre à Paris ce 15 mai.

      Badia Benjelloun
      16 mai 2021.

      (1) https://www.babelio.com/livres/Badiou-De-quoi-Sarkozy-est-il-le-nom-/96549
      (2) https://french.almanar.com.lb/2070246
      (3) https://www.france24.com/en/20200830-denied-permits-palestinians-raze-own-homes-in-jerusalem
      (4) https://imemc.org/article/59791
      (5)https://www.editionsladecouverte.fr/le_lobby_pro_israelien_et_la_politique_etrangere_americaine-978
      (6) https://europalestine.com/2020/09/16/bds-le-jugement-historique-de-la-cour-europeenne-des-droits-de-lhomme

      Source : http://www.librairie-tropiques.fr/2021/05/palestine-et-petainisme.html

      #palestine, #géopolitique, #Badia_Benjelloun, #pétainisme #france #occupation

    • Israeli Settlers Burn Church in Jerusalem rappel

      A hundred year old church was burned, Friday, by right-wing Israeli settlers, who broke a number of windows of the church and hurled Molotov cocktails inside.The damage to the church was substantial, with burning throughout the first floor of the building.

      The church was built in Jerusalem in 1897, and housed the Palestinian Bible College until 1947, when parishioners were pushed out by Jewish armed gangs, during the violence accompanying the creation of the state of Israel.

      Christians make up 2% of the population of both Israel and the Palestinian Territories – the number used to be around 15%, but many Christians from the Holy Land have emigrated due to the harsh conditions of the Israeli occupation, and discrimination against them by the Israeli state.

      This is not the first time that Israeli right-wingers have destroyed churches and church property – a number of Christian churches were destroyed during the second intifada (uprising) which began in 2000, and many more were destroyed by Israeli forces during the 1948 and 67 wars.

      In 2006, an Israeli couple tried to firebomb an ancient church in Nazareth, the city where Chrisitians believe that Jesus Christ lived 2,000 years ago. An Israeli court which tried the case failed to convict the couple of any charges.

      A leader who, in the church, was assaulted on Friday, Zachariah al-Mashriqi, told reporters that the attack on the church was a clear attempt to provoke Palestinians to respond in anger. He urged Palestinian Christians to respond to the attack with virtue and patience.

      Al-Mashriqi urged the Israeli government to act responsibly and condemn the attack, and work on investigating the attack to find out who was involved and actually file charges in the case. He asked the Israeli government to protect holy sites in the city of Jerusalem, as these sites come under increasing attack by Israeli settlers.

      Source : https://imemc.org/article/59791
      #eglise_Orthodoxe

  • Argentine : ouverture du procès pour complicité dans l’affaire de viols d’enfants sourds par des prêtres

    Le procès de deux religieuses et sept autres femmes poursuivies pour complicité de viols commis par deux prêtres, condamnés en 2019, sur des enfants sourds et muets d’un pensionnat de l’Ouest de l’Argentine, s’est ouvert lundi.

    Dans une affaire qui avait secoué le pays du Pape François, les deux prêtres avaient été condamnés à plus de 40 ans de prison pour des abus sexuels et des viols d’enfants âgés de 4 à 17 ans commis entre 2004 et 2006 à l’institut Provolo de Mendoza. Un jardinier a également été condamné à 18 ans de prison.

    Sur la base des révélations lors de ce procès de 2019, de nouvelles enquêtes ont été ouvertes et une religieuse paraguayenne de 53 ans, une psychologue, une cuisinière, quatre directrices et la représentante légale de l’institution sont jugées pour corruption de mineurs et complicité.

    Une religieuse japonaise de 46 ans est elle poursuivie pour abus sexuels aggravés dans ce procès prévu pour une durée d’environ six mois où plus d’une centaine de témoins seront entendus.

    Aucune des prévenues qui comparaissent libres, seule la religieuse japonaise étant assignée à résidence, n’est présente à l’audience qui déroule en visio-conférence, a indiqué une source judiciaire.
    . . . . . .
    « Ils ont tout couvert, ils leur ont interdit d’apprendre la langue des signes pour que ça ne se sache pas », a-t-il déploré.

    L’institut Provolo, situé au pied des Andes, à Mendoza, à mille km à l’ouest de Buenos Aires, a été fermé en 2016 lorsque le scandale a éclaté.

    Ce grand bâtiment en briques au toit vert, fondé en 1995, accueillait gratuitement des élèves sourds et muets d’origine modeste qui étaient internes et retournaient chez eux le week-end.

     L’intégrale : https://www.rtbf.be/info/societe/detail_argentine-ouverture-du-proces-pour-complicite-dans-l-affaire-de-viols-d-

    #catholicisme #maltraitance #viol #culture_du_viol #agressions_sexuelles #pédophilie #Argentine #église_catholique #violences_éducatives #enfance_volée #pédocriminalité #abus_sexuels #emprise #enfance #domination #hommes #femmes #religieuse #secret_de_polichinelle #handicap

  • Au vieux pays de mes pères

    Il y a milles histoires de #collaborations qui sont terriblement françaises, mais celle-ci, à première vue, est plutôt bretonne. C’est celle de Mathieu Cabioch, cultivateur, homme pieux, père, grand-père, arrière-grand-père. Et collabo, aussi ?

    Cette histoire, c’est une histoire de #transmission. De ce que l’on se passe, de génération en génération, pour construire le #récit_familial.

    C’est l’histoire d’une quête, aussi. Celle du journaliste #Thomas_Rozec, pour trouver la vérité dans ce que ses parents et grand-parents lui ont raconté de ses ancêtres. C’est tout l’enjeu de cette série documentaire en 5 épisodes, réalisée par #Quentin_Bresson.

    « Au vieux pays de mes pères » est une enquête à travers le #Finistère, le temps, et les souvenirs.

    https://binge.audio/podcast/programme-b/au-vieux-pays-de-mes-peres

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Breiz_Atao
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Perrot

    #Breiz_Atao #ww2 #seconde_guerre_mondiale #nazisme #eglise_catholique #Jean-Marie_Perrot

  • Maltraitances : les sœurs du Bon Pasteur retiennent leurs archives pour éviter un scandale
    20 février 2021 Par Sarah Boucault
    https://www.mediapart.fr/journal/france/200221/maltraitances-les-soeurs-du-bon-pasteur-retiennent-leurs-archives-pour-evi


    D’ex-jeunes filles placées dénoncent les violences subies, il y a plusieurs décennies, dans les foyers de la congrégation. Réunies dans une association, elles réclament réparation. L’institution, elle, s’organise pour préserver son image et limite l’accès aux dossiers.

    Reno* a toujours un trou dans le genou gauche. Une marque indélébile de son passage au foyer du Bon Pasteur à Loos, dans le Nord, de 1960 à 1964. Un jour, alors qu’elle refusait de laver à nouveau le sol qu’elle venait d’astiquer, une sœur l’a poussée violemment, pour la punir, dans des escaliers en brique. « J’ai atterri les mains et les genoux en sang et n’ai reçu aucun soin. Je me suis soignée avec un chiffon, se souvient-elle. Le lendemain, j’avais des cloques pleines de pus. » La septuagénaire, dépressive chronique, est encore marquée au fer rouge par ce placement traumatisant, à l’âge de 13 ans.
    Marie-Christine Vennat, Sylvie et Éveline Le Bris, le 15 janvier 2021. © SB Marie-Christine Vennat, Sylvie et Éveline Le Bris, le 15 janvier 2021. © SB
    Comme quinze autres femmes, elle est membre de l’association « Les Filles du Bon Pasteur », créée en décembre dernier. Ces anciennes pensionnaires, placées par des juges des enfants, ont décidé de s’unir pour dénoncer les maltraitances qu’elles ont subies, il y a des décennies, dans les maisons censées les protéger, gérées par la congrégation catholique du Bon Pasteur.

    Elles demandent des excuses publiques à la congrégation et au gouvernement, un dédommagement, la gratuité des soins physiques et psychologiques, et la récupération des points retraite pour le travail effectué gratuitement.

    Plus largement, elles sont plus de 800 « anciennes » sur un forum et 177 sur une page Facebook à échanger et à se soutenir. Beaucoup racontent maltraitances et violences – même si une partie affirme que les sœurs les ont aussi sauvées de familles néfastes et que leur placement a été une opportunité pour recevoir une éducation.

    Dans ce long cheminement de réparation, il est une étape essentielle : la restitution de leur dossier. Elles y découvrent la manière dont on parlait d’elles, les raisons de leur placement, des secrets de famille. Autant d’éléments éclairants et douloureux, qu’elles mettent des années à digérer. Au Bon Pasteur, l’épreuve s’avère plus brutale qu’ailleurs, car la congrégation exerce un contrôle strict sur les informations qui pourraient nuire à son image.

    Fondé en 1835 à Angers, le Bon Pasteur a pour vocation alors de « sauver » les jeunes filles de la débauche. Au pic de son activité, en 1940, la congrégation catholique compte 350 institutions dans quarante pays, 10 000 religieuses et 50 000 jeunes filles. Dans les années 1950 et 1960, des milliers d’adolescentes y sont placées, partout en France, par des juges pour enfants, dont le statut est créé par l’ordonnance de 1945 pour protéger les mineurs de familles considérées comme défaillantes.

    « Contrairement aux garçons, la délinquance des filles n’inquiète pas la société, explique Véronique Blanchard, historienne. On les protège alors du vagabondage, qui pourrait se transformer en prostitution. » À l’époque, si 95 % des garçons qui sont enfermés le sont pour des faits pénaux, ce n’est le cas que pour seulement 36 % des filles.

    Les trois quarts des jeunes filles qui entrent au Bon Pasteur ont entre 12 et 16 ans. « Beaucoup sont victimes d’agressions sexuelles, et considérées comme fautives et responsables », indique David Niget, historien. Le placement de Reno, par exemple, est la conséquence des abus sexuels de son père sur sa sœur. Même configuration pour Éveline Le Bris, la présidente de l’association : les viols d’un voisin la conduisent loin de sa famille, jusqu’à son enfermement.

    Aujourd’hui, la honte de l’étiquette « mauvaise fille » est toujours vive, et la colère, intense. « Ces femmes ont intégré le mal que la société pensait d’elles, souligne Véronique Blanchard. La culpabilité colle à la peau. »

    Marie-Christine Vennat devant le centre d’observation des Tilleuls, au Bon Pasteur d’Angers, en 1964. © DR Marie-Christine Vennat devant le centre d’observation des Tilleuls, au Bon Pasteur d’Angers, en 1964. © DR

    Dans la plupart des institutions, l’humiliation et la culpabilisation sont la règle. À l’arrivée, chaque fille subit un test de virginité. Marie-Christine Vennat, pensionnaire à Angers et Orléans entre 1964 et 1967, raconte que le médecin du Bon Pasteur lui a introduit un doigt dans le vagin. « Sans gant, ni spéculum, précise-t-elle. J’ai hurlé comme un cochon. Il m’a dit : “C’est bien.” Il y a deux ans, ma gynéco m’a appris que c’était un viol. » Dans le cadre de la Commission indépendante des abus sexuels dans l’Église (Ciase), qui rendra ses conclusions à la fin 2021, 6 500 victimes ont été entendues, dont des femmes passées au Bon Pasteur.

    Pour ces adolescentes éprises de liberté, les journées sont rythmées par le silence, les prières et le travail. Parmi les humiliations : la confiscation des biens personnels et des lettres des proches, les corvées de ménage à genoux, le drap sur la tête quand on a uriné au lit, le cachot, les cheveux rasés après les fugues, le parloir pour les visites, les rares soins et le manque de serviettes hygiéniques, qu’il faut récupérer usagées dans la poubelle. Certes, dans les années 1960, ces traitements ne sont pas inhabituels dans les institutions religieuses comme laïques.

    Mais Marie-Christine Vennat se souvient d’une scène effroyable : « Cette sœur nous hurlait dessus, nous battait. Un jour, elle a explosé la tête d’une fille sur le lavabo, elle était en sang. J’étais pétrifiée, je n’avais jamais vu une telle violence de ma vie. »

    Et les jeunes filles cousent ou blanchissent jusqu’à 8 heures par jour, pour des entreprises ou des particuliers, en échange d’une rémunération insignifiante. « Au bout de trois et demi, on m’a donné l’équivalent de 4 euros, témoigne Éveline Le Bris. J’ai pu aller deux fois chez le coiffeur et m’acheter un pull. » Selon leurs aptitudes, déterminées par un test, certaines étudient. D’autres sont considérées comme inaptes. « À 21 ans, elles sortent démunies et sous-qualifiées par rapport à ce qu’elles auraient pu faire à l’extérieur, précise David Niget. Dans un contexte où le CAP est créé, peu le passent car les sœurs prétextent souvent qu’elles sont trop bêtes. »

    Éveline Le Bris au Bon Pasteur d’Angers, le 21 juillet 1963. © DR Éveline Le Bris au Bon Pasteur d’Angers, le 21 juillet 1963. © DR

    Aujourd’hui, pour se réapproprier leur histoire et être reconnues comme victimes, les anciennes pensionnaires doivent avant tout récupérer leur dossier. Depuis 2002, la loi autorise les personnes qui ont été placées à le faire. Ces documents sont des archives publiques mais peuvent être conservées dans les institutions privées, du moment qu’elles respectent la loi en vigueur et qu’elles proposent un accueil similaire à celui préconisé dans le public.

    Quand Éveline Le Bris se rend au Bon Pasteur d’Angers, le 4 septembre 2020, pour consulter son dossier, le choc est rude. Placée en 1963, elle découvre qu’elle est décrite ainsi : « Tête baissée, mine renfrognée, cheveux roux mal coiffés tombant sur les yeux, Éveline a une présentation très défectueuse. C’est une fille genre vulgaire et fruste. » Pendant deux heures, une sœur du Bon Pasteur lui lit l’intégralité de son dossier. Mais « une fois encore, c’était elle qui me disait ce que j’avais fait, s’indigne la septuagénaire. On aurait dit Germinal. Elle m’a même dit : “Si c’est écrit, c’est que ça doit être vrai.” Je me suis pris une nouvelle avoinée morale. »

    Plus tard, elle récupère le dossier d’un autre placement, à l’Aide sociale à l’enfance du Mans (ASE), dans la Sarthe, cette fois. La violence des informations est similaire mais, au service des archives départementales, elle est reçue par deux assistantes sociales laïques : « Elles étaient émues et outrées. Sans me plaindre, elles étaient de mon côté. À Angers, au Bon Pasteur, ce n’était pas le cas. J’étais chez elles. »

    « Chez elles. » Avec son service d’archives « maison », le Bon Pasteur oblige les anciennes pensionnaires à revenir dans l’enceinte du traumatisme. Le service, structuré, a des normes de sécurité et de conservation exigeantes, et même, une archiviste à plein temps. Peu d’institutions offrent un tel trésor, ce qui permet à la congrégation de pratiquer une politique de contrôle. À huis clos, elles reconnaissent les sévices. « On m’a expliqué que me forcer à manger le vomi que je venais de dégurgiter dans mon assiette était de la maltraitance », rapporte Marie-Christine Vennat.

    Mais « lors d’une consultation, c’est intrusif de discuter de son intimité avec un travailleur social ou une sœur, remarque Adélaïde Laloux, doctorante en archivistique, qui travaille sur les dossiers d’enfants placés. Ces pratiques, répandues et légales, sont à l’origine de nouvelles formes de maltraitance ».
    Chercheurs non grata

    Autre différence avec les structures publiques : une attestation de communication des dossiers interdisant aux intéressées d’en divulguer le contenu – un document que les sœurs ont fait signer jusqu’à la fin 2018 au moins. Parfois, elles ne remettent même pas de double.

    Centre d’observation des Tilleuls au Bon Pasteur d’Angers, siège de la congrégation. © SB Centre d’observation des Tilleuls au Bon Pasteur d’Angers, siège de la congrégation. © SB
    Diffuser son propre dossier est pourtant autorisé, dans les limites fixées par la loi (respect de la vie privée d’autrui, anonymat des professionnels, respect de l’ordre public). « Encore un exemple de violence qui se perpétue », juge David Niget.

    Des descendants se voient aussi refuser l’accès au dossier de leur mère, alors que la loi prévoit que si la personne placée est décédée, ses enfants et petits-enfants peuvent le consulter. Si la personne est en vie, la loi indique également que la personne « peut mandater un tiers de son choix pour procéder à la consultation en son nom ».

    Pourtant, depuis plusieurs mois, Daniel R. se retrouve face à un mur. « Ma mère est d’accord mais elle ne veut pas le faire elle-même, raconte l’homme de 62 ans. J’ai demandé son dossier au Bon Pasteur, cinq ou six fois, par mail ou par téléphone. » Plusieurs fois, Daniel R. a reçu la même réponse : « Conformément à la loi, seule votre maman peut consulter son dossier. »

    Avec les chercheurs, surtout, le Bon Pasteur pratique une véritable rétention d’informations. Dès les années 1980, de nombreux historiens qui brûlent d’accéder à cette pépite archivistique aux rails et rayonnages impeccables se heurtent à un mur. Tous s’accordent à dire qu’obtenir une autorisation du Bon Pasteur est plus difficile qu’ailleurs.

    Pourtant, les dossiers personnels des jeunes filles sont des archives publiques auxquelles les chercheurs ont généralement accès, sur dérogation. « Il semblerait que la congrégation considère que mes travaux sont ‘‘à charge’’ », constate Véronique Blanchard, autrice de plusieurs livres sur le sujet, qui n’a jamais vu l’ombre d’une archive.

    En 2014, au terme de décennies de lutte, cinq historiens voient tout de même les portes s’ouvrir. Dirigée par Magdalena Franciscus, sœur progressiste, la congrégation met 15 000 euros sur la table (la moitié d’un poste, complété par Angers Loire Métropole) et « commande » une enquête. Mais les sœurs ne cessent de répéter depuis qu’elles attendent le livre (sortie prévue fin 2021) avant de recevoir d’autres chercheurs…

    Le Bon Pasteur est en droit de conserver ses archives en son sein. Ce qui pose problème, ce sont les refus d’accès successifs, sans raison valable. Si ces archives dormaient dans un bâtiment public, la congrégation serait dans l’obligation de justifier son opposition. « D’emblée, le Bon Pasteur n’instruit pas la demande, c’est un refus immédiat, sans trace », pointe David Niget.

    Quand on lui demande pourquoi les archives ne sont pas transférées, la directrice des archives départementales de Maine-et-Loire, Élisabeth Verry, répond : « Deux kilomètres de papier, c’est énorme. » Avec des archives colossales, classées au millimètre et un service d’accueil dédié, on comprend entre les lignes que le Bon Pasteur est en position de force.

    Une fois sur place, d’anciennes pensionnaires constatent par ailleurs que leur dossier a été dépouillé. « Je me souviens de tests d’évaluation, où j’avais écrit, à chaque ligne : “Je veux ma liberté”, s’étonne Sylvie*, passée par le Bon Pasteur d’Angers, en 1967. Ils ont disparu. »

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    David Niget, membre de l’équipe de recherche de 2014, confirme : « Les dossiers ont été triés et nettoyés. Si on compare à d’autres institutions, ceux du Bon Pasteur sont deux fois moins épais. Des éléments personnels des filles ont été détruits. Le manque de place et la méconnaissance sont l’explication naïve ; cela arrive aussi dans le public. Mais il y a aussi une probable décision politique pour supprimer tout ce qui peut faire désordre. » Impossible de déterminer la date ni le volume des archives détruites. Sans l’accord des archives départementales, la destruction d’archives publiques est interdite depuis 2008.

    Une réalisatrice, qui tourne un film sur le Bon Pasteur, a aussi essuyé plusieurs refus. Alors qu’elle suit Éveline Le Bris, volontaire pour le tournage, elle demande à filmer sa consultation de dossier. « Notre protocole de consultation ne prévoit pas que les entretiens soient filmés et enregistrés », répond le Bon Pasteur. À l’ASE du Mans, à l’inverse, les caméras étaient bienvenues.

    La seule réaction publique de la congrégation date de novembre 2019, dans Le Courrier de l’Ouest. Patricia Diet, sœur provinciale (France, Pays-Bas, Belgique et Hongrie) et psychologue convertie sur le tard, formule des excuses : « Là où l’objectif était de retrouver la joie de vivre et la dignité personnelle, nous reconnaissons que des comportements inadaptés sont parfois venus ternir des intentions louables. Je le regrette profondément et demande pardon pour ces attitudes qui ont provoqué incompréhension et souffrance. » Mais elle ne s’adresse pas directement aux femmes concernées.

    En décembre dernier, sollicitée par Mediapart, sœur Marie-Luc Bailly, la remplaçante de Patricia Diet, en arrêt, admettait « des méthodes éducatives qui aujourd’hui nous feraient frémir », mais pondérait, en insistant sur le nombre de jeunes filles sauvées et en réduisant les victimes à deux femmes isolées : « Ces deux femmes sont très meurtries, elles ont le sentiment que l’on n’a pas pris leur demande au sérieux. Tous les trois, quatre ans, leur demande revient à la charge. Elles ont pourtant été rencontrées bien des fois. »

    La congrégation internationale du Bon Pasteur, basée à Rome et contactée à de nombreuses reprises par Mediapart, renvoie vers la congrégation française. Même refus du côté du Vatican, où le cardinal João Braz de Aviz, en charge des instituts de la vie consacrée et des sociétés de vie apostolique, et dernier responsable avant le pape, a décliné nos demandes d’interview.

    Dans le paysage catholique français, toutefois, d’autres voix s’élèvent. « Pour les sœurs du Bon Pasteur, il y a une sorte de choc frontal et une part de déni, observe Véronique Margron, la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref). Pourtant, pour faire la distinction entre ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné, il faut aller au bout de la vérité, là où des personnes ont subi des violences qu’elles n’auraient jamais dû subir. Il faut pouvoir exprimer sa honte, et plus que des excuses, il faut des actes. »

    Avis similaire chez Vincent Neymon, secrétaire général adjoint et porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF) : « Aucune institution ne doit échapper aux révélations de faits coupables qui ont pu avoir lieu en son sein. Ces institutions doivent non seulement chercher la vérité sur ces faits, mais aussi sur les silences ou les mensonges qui ont cherché à couvrir les personnes coupables. »

    Du côté de l’État français, la porte n’est pas fermée. « Cela mériterait un travail de recherche à part entière, note Emmanuelle Masson, porte-parole du ministère de la justice, qui ajoute que rien d’officiel n’a pour l’instant été lancé. Le transfert des archives vers le public est aussi une piste de réflexion. »

    D’autres pays ont, eux, entamé le travail de reconnaissance. En Australie, une grande enquête parlementaire a été menée, et des excuses sans équivoque figurent sur le site de la congrégation. Aux Pays-Bas, un rapport universitaire, commandé par le gouvernement, conclut au travail forcé.

    Fin 2020, 140 Néerlandaises ont ainsi reçu les excuses du ministère de la justice et un dédommagement de 5 000 euros chacune. Dans un courrier adressé aux victimes, en néerlandais, Patricia Diet convient que « les pratiques n’ont pas été correctes ». En Irlande, les enquêtes et les excuses se succèdent pour reconnaître la maltraitance dans les couvents des Magdalene Sisters, cousines du Bon Pasteur.

    « Dans la congrégation, la peur de la contagion du système irlandais prédomine, affirme David Niget. On pense encore pouvoir mettre le couvercle sur la marmite. Mais j’ai bon espoir pour qu’il y ait une reconnaissance un jour. Grâce à #MeToo, le statut de victime est aujourd’hui possible. Même si le moment de reconnaissance va être douloureux et conflictuel. »