• Saint-Denis (93) : « Juste une volonté de se venger »
    Émeutes : trois ans de prison pour un SDF après l’incendie du centre administratif de Saint-Denis
    https://sansnom.noblogs.org/archives/18764

    Le prévenu a invectivé à plusieurs reprises et insulté le maire de Saint-Denis. « C’est un enc… Cette pourriture, il m’a laissé pourrir dans la rue. Assassin ! Tu laisses crever les jeunes ! j’ai cinq amis clochards qui sont morts », s’est emporté le prévenu. Sorti de la salle d’audience, M. a continué à vociférer dans les geôles, couvrant la plaidoirie de l’avocate de la Ville de Saint-Denis, qui a demandé un renvoi sur intérêt civil. Le prévenu a finalement été ramené pour le réquisitoire du ministère public.

    « Malgré les revendications de monsieur, vous avez dans cette affaire tous les éléments pour rentrer en voie de condamnation », a commencé le procureur. Alors qu’il mentionne le passif du prévenu, dont une condamnation pour des faits similaires en 2013, le flot d’insultes reprend : « Trou du c.. tu connais pas ton dossier ! ». « Je demande que les mots de monsieur soient notés », s’étrangle le magistrat.
    Tout en retenant une altération du discernement, le procureur a requis une peine de quatre ans de prison ainsi qu’une révocation de son sursis d’un an : « Il n’y a aucune revendication particulière dans cette affaire, si ce n’est profiter du chaos ambiant. Juste une volonté de se venger, de porter son ressentiment (vis-à-vis) du maire et de la mairie en général ».

    Dans sa brève plaidoirie, l’avocate de la défense a relayé la demande de son client de se faire interner en psychiatrie : « La prison n’est pas une solution  ». Une phrase que n’a pas soutenu le tribunal, condamnant M. à trois ans de #prison ferme (dont six mois de révocation du sursis) ainsi qu’une interdiction de paraître à #Saint-Denis pendant trois ans.

    #émeutes #logement #justice

    • À Saint-Denis, la « stratégie du choc » de Mathieu Hanotin met la ville en ébullition | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/politique/110723/saint-denis-la-strategie-du-choc-de-mathieu-hanotin-met-la-ville-en-ebulli

      Élu en 2020 à la tête d’une ville communiste depuis la Libération, le socialiste a entrepris une transformation au pas de charge de sa commune. L’opposition et d’anciens élus démissionnaires dénoncent une gentrification tous azimuts et la « brutalité » de la méthode. Le maire plaide « l’urgence à agir ».

      Pauline Graulle

      11 juillet 2023

      Lundi 3 juillet, un calme précaire est revenu à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Place du Caquet, ils sont une centaine d’habitants, de responsables associatifs et d’élus en écharpe tricolore à avoir répondu à l’invitation du maire. Encore sonné par les émeutes qui ont embrasé sa ville à la suite de la mort de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine), Mathieu Hanotin se poste devant le micro sous bonne escorte : à sa droite, Valérie Pécresse, présidente Les Républicains (LR) de la région Île-de-France et le socialiste Stéphane Troussel, à la tête du conseil départemental. À sa gauche, les deux députés de la circonscription, Stéphane Peu (PCF) et Éric Coquerel (La France insoumise).
      [...]
      Au nom de « l’urgence à agir », le quadragénaire démarre vite. Et fort. En août, son arrêté anti-chichas sur la voie publique lui vaut les foudres de la gauche radicale locale. En septembre, son premier conseil municipal, qu’il consacre presque entièrement à l’armement de la police municipale, crispe encore ses opposants. « Pourquoi la gauche aurait-elle des complexes à s’occuper de la sécurité de ses habitants ? », rétorque celui qui, l’année suivante, recevra l’ordre national du Mérite sur le contingent de Gérald Darmanin.

      À l’automne 2020, c’est la question sociale qui met le feu aux poudres. En cause : l’augmentation des heures de travail du personnel municipal imposée par le gouvernement. Alors qu’au même moment, Anne Hidalgo met en scène son combat contre cette mesure de l’autre côté du périphérique, Mathieu Hanotin joue le bon élève.

      Après trois longs mois de grève, l’intersyndicale finit par jeter l’éponge. Et dénonce la curieuse conception du dialogue social de cet ancien proche de Benoît Hamon, classé chez les « frondeurs » socialistes quand il était député sous l’ère Hollande.

      Loin de se satisfaire de ce premier bras de fer victorieux, le maire continue d’appuyer sur l’accélérateur. Quelques mois plus tard, il se lance dans l’externalisation des personnels de ménage dans les écoles, qu’il confie notamment au groupe coté en bourse Derichebourg.
      « Faire tourner un service avec 40 % d’absentéisme, ce n’était plus possible », justifie aujourd’hui Mathieu Hanotin, qui assume de privatiser « si cela permet une économie de 3 à 5 millions d’euros et du coup, de ne pas augmenter les impôts ». Un « plan social » déguisé qui n’aurait d’autre but que de financer la centaine de policiers municipaux envoyés sur la ville, s’émeut alors l’opposition municipale.
      […]
      La publication sur les réseaux sociaux, début 2022, de photos le montrant accompagnant les forces de l’ordre dans la cité Gabriel-Péri vêtu d’un gilet pare-balles siglé « Maire de Saint-Denis » ont également fait beaucoup gloser. « Il a renvoyé l’image qu’il était un étranger dans sa propre ville », pointe Bally Bagayoko, qui parle d’un « maire débutant qui agit comme un enfant capricieux »
      […]
      Peu féru des temps de concertation avec les habitants – « c’est en accélérant qu’on gagne le match », dit Mathieu Hanotin –, le socialiste a d’emblée donné le ton à son arrivée à la mairie. Ignorant l’usage qui veut que le maire de la ville centre du département ne cumule pas ses fonctions avec la présidence de Plaine-Commune, le protégé de Claude Bartolone a raflé, dès le mois de juillet 2020, la présidence de la puissante communauté d’agglomération.
      De quoi lui attribuer un poids politique sur la métropole sans commune mesure avec celui de ses prédécesseurs. « Tout cela est très stratégique, affirme Bally Bagayoko. Plaine-Commune est devenue le bras armé du PS dans sa stratégie de conquête du territoire. »
      [...]

      https://jpst.it/3n8C8

  • L’émeute, entre jacquerie et carnaval, par Loïc Wacquant
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/09/WACQUANT/66069


    Jérôme Lagarrigue. – « Besieged » (Assiégés), 2017
    © Jérôme Lagarrigue - Courtesy Galerie Olivier Waltman

    Une étincelle peut mettre le feu à la plaine. Sans leader ni revendications précises, les #émeutes de juin dernier en France rappellent d’autres protestations d’en bas, dont les révoltes paysannes de l’Ancien Régime. L’arrogance d’un président-monarque encourage les analogies : une rage mêlée de jubilation, des incendies et des saccages — et pour finir la répression.

    Il est instructif, pour comprendre la vague d’émeutes qui a secoué la France pendant six nuits à la suite du meurtre du jeune Nahel Merzouk par un policier à Nanterre, de faire un détour historique par l’Ancien Régime et par deux phénomènes populaires qui l’ont marqué, la #jacquerie et le #carnaval. Ces derniers donnent des clés de lecture qui suggèrent que ces émeutes sont bien françaises : au-delà du vandalisme, elles s’inscrivent dans une longue lignée de protestations des populations subalternes contre les exactions des autorités.

    La jacquerie est une révolte paysanne comme en a connu périodiquement l’Occident du XVIe au XVIIe siècle. Elle prend la forme de violences collectives déclenchées par la disette mais aussi et surtout par l’incurie et les abus des tutelles, seigneur, Église, pouvoir royal, qui se manifestent alors par la cherté du blé, la pression fiscale et l’enrôlement de force dans les armées. La jacquerie se compose ainsi d’attaques contre les représentants des institutions féodales mais aussi d’incendies, de pillages et de meurtres. On a en tête celle conduite par Jacquou le Croquant, la figure éponyme du roman de 1899 adapté à la télévision, mais la plupart des jacqueries du Grand Siècle étaient spontanées, sans leader et sans cahier de revendications clair. Elles étaient l’expression du refus explosif d’un malheur collectif et d’un pouvoir injuste, provoqué par un événement soudain qui les rendait plus intolérables encore qu’à l’accoutumée.

    #paywall..

  • « On évite les conflits » : deux mois après les émeutes, ce qui a changé pour les policiers de terrain - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/faits-divers/on-evite-les-conflits-deux-mois-apres-les-emeutes-ce-qui-a-change-pour-le

    Dans le Val-de-Marne, un des départements franciliens où les violences urbaines ont été les plus fortes lors des #émeutes qui ont suivi la mort de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine) le 27 juin, les policiers expriment leurs craintes lors des interventions.

    Ce n’est pas demain la veille qu’ils seront de nouveau à court de munitions. Tous les commissariats ont été réapprovisionnés. C’est à peu près le seul point positif que les policiers du Val-de-Marne retiennent des #violences_urbaines qui ont éclaté il y a deux mois après la mort de Nahel tué par un policier, le 27 juin. Car pour le reste, ils en ont gros sur la patate. Au mieux de la désillusion, au pire de la haine.

    [...] « Aujourd’hui quand on sort, c’est catastrophique, lâche un brigadier d’un service départemental. Les types en face sont dans un sentiment d’impunité. Ils nous disent on vous a bien défoncés, hein. »

    #police

  • [Document] Les menaces d’un policier pour dissuader Otman de porter plainte pour violences - Marsactu
    https://marsactu.fr/document-les-menaces-dun-policier-pour-dissuader-otman-de-porter-plainte-po

    Le policier toujours en garde à vue ce mercredi, notamment pour violences en marge des #émeutes, a tenté de dissuader le blessé de porter #plainte. Au cours d’un échange téléphonique dont Marsactu publie de longs extraits, l’agent demande à Otman de « faire le mort » s’il ne veut pas se retrouver « avec une procédure » contre lui.

    #police #violences_policières #Marseille

  • Comment le Raid, novice en maintien de l’ordre, a provoqué la mort de Mohamed Bendriss à Marseille | Gauche Police
    https://www.mediapart.fr/journal/france/280823/comment-le-raid-novice-en-maintien-de-l-ordre-provoque-la-mort-de-mohamed-

    L’enquête sur le tir de #LBD fatal à un jeune homme de 27 ans, à laquelle Mediapart et « Libération » ont eu accès, montre comment cette unité d’exception a été mise au service d’un rétablissement de l’ordre spectaculaire alors qu’elle n’avait ni l’équipement, ni les compétences, ni le raisonnement adaptés à cette situation d’émeute. 
    Camille Polloni

    Le 2 juillet, à 00 h 58, au niveau du 73, rue de Rome à Marseille, #Mohamed_Bendriss, au guidon de son scooter, est atteint par deux tirs de lanceur de balles de défense (LBD). Il remonte alors le long d’une colonne de véhicules du #Raid, déployés pour « rétablir l’ordre » à #Marseille. Le jeune homme de 27 ans parvient à continuer sa route et s’effondre deux minutes plus tard devant chez sa mère, cours Lieutaud. 
    Mohamed Bendriss est le seul mort recensé lors de ces nuits d’émeutes qui ont suivi la mort de Nahel Merzouk, tué par un tir policier à Nanterre. L’un des deux impacts de #LBD, au thorax, a provoqué une crise cardiaque ayant entraîné sa mort. L’autre a laissé une marque sur l’intérieur de sa cuisse droite. Sous l’effet d’un troisième projectile, un « #bean_bag » tiré à trois ou quatre mètres, le phare de son scooter a éclaté. 
    Le 10 août, soit six semaines après les faits, trois policiers du Raid soupçonnés d’être à l’origine de ces tirs sont mis en examen pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». L’information judiciaire, qui se poursuit, vise à déterminer s’ils ont agi dans les règles et de manière proportionnée. L’enquête confiée à l’Inspection générale de la #police nationale (IGPN) et à la police judiciaire (PJ), à laquelle Mediapart et Libération ont eu accès, permet d’éclaircir dans quelles conditions le Raid est intervenu ce soir-là à Marseille et pourquoi il a décidé d’ouvrir le feu. 
    Les dépositions des mis en cause et d’une trentaine de témoins (policiers ou non), ainsi que l’exploitation de nombreuses vidéos, révèlent que cette unité d’exception au sein de la police, particulièrement peu préparée à assurer des missions de maintien de l’ordre, obéit à des logiques à part. Elles montrent aussi que très tôt, le Raid a eu conscience de sa possible implication dans le décès de Mohamed Bendriss et a préféré en discuter collectivement, en interne, plutôt que d’en référer à la justice .
     
    « Mohamed a été tué par une balle de LBD 40, tirée avec une arme non adaptée et illégale, par une unité spéciale inadaptée au #maintien_de_l’ordre, couverte par la hiérarchie du Raid qui a dissimulé le crime en connaissance de cause », affirme Arié Alimi, l’avocat de la veuve de Mohamed Bendriss. 

    Au soir du 1er juillet, comme les deux jours précédents, le Raid est déployé à Marseille pour faire face à des #émeutes et #pillages de magasins. Sur décision de #Gérald_Darmanin, c’est la première fois que cette unité d’élite, spécialisée dans les prises d’otages et les interventions antiterroristes, est ainsi employée à lutter contre des #violences_urbaines en métropole. 
    « On se demandait ce qu’on foutait là », résume en garde à vue Alexandre P., un des policiers mis en examen. « C’était ma toute première nuit d’émeute dans ma carrière, ajoute son collègue Jérémy P. Nous ne sommes pas du tout formés pour ce genre d’émeute, nous ne sommes pas habitués à cela. Nous n’avons même pas de protection adaptée. » 
    Dans les rues de Marseille, le Raid se déplace en convoi de sept véhicules. À sa tête, le « PVP » (« petit véhicule de protection »), un blindé très reconnaissable avec un opérateur du Raid juché sur une tourelle. Ce soir-là, c’est Alexandre P. qui s’y colle. Son rôle : « signaler aux autres des faits suspects » et « assurer la protection du convoi ». Pour ce faire, il dispose d’un #LBD_multicoups, approvisionné par six munitions. 
    « Nous devions suivre le PVP où qu’il aille, sans jamais nous séparer ni changer la position de la colonne », explique un opérateur assis dans un autre véhicule. Le convoi est là pour impressionner, mais aussi pour interpeller si nécessaire, ou disperser un attroupement.  
    Si les fonctionnaires du Raid sont novices en maintien de l’ordre, ce sont de bons tireurs : habilités à toutes les armes, ils s’entraînent plus souvent que les autres policiers. Signe qu’ils appartiennent à une unité à part, chacun d’entre eux peut choisir ses armes et les embarquer en mission sans formalités particulières. Au point que leur hiérarchie est incapable de déterminer, a posteriori, qui a pris quoi. 
    Au total, dans la nuit du 1er au 2 juillet, les 22 opérateurs composant la colonne ont tiré 107 « bean bags » (des projectiles en petits sacs compacts remplis de billes), 30 munitions de LBD, 10 #grenades lacrymogènes et 4 grenades de désencerclement . Ils n’ont rempli aucune « fiche TSUA » (traitement et suivi de l’usage des armes), obligatoire après chaque tir pour les policiers classiques, en gage de traçabilité. Ils ne sont pas non plus équipés de caméras-piétons et leurs échanges radio, en circuit fermé, ne font l’objet d’aucun enregistrement.

    Un premier tir depuis la tourelle 
     
    Lors du « briefing », la hiérarchie du Raid a appelé ses troupes à faire preuve d’une vigilance particulière sur les deux-roues, qui pourraient leur tourner autour et s’attaquer à elles. « Nous avions la sensation que les scooters étaient les leaders d’une guérilla urbaine, explique l’un des policiers placés en garde à vue, puis relâché sans suite. Nous avions la crainte de recevoir des cocktails Molotov comme les collègues de Strasbourg, qui se sont même fait tirer dessus à la kalachnikov… Les collègues de Nîmes se sont fait tirer dessus au 9 mm. » 
    C’est dans ce contexte que les policiers assistent, peu avant 1 heure du matin, à une scène qui attire leur attention. Alors qu’ils sont requis en centre-ville, pour sécuriser un magasin Foot Locker pillé, ils voient un piéton courir vers eux, tenant à la main un sac de marchandises volées. À sa hauteur, un scooter semble le suivre et se livrer à un étrange manège : il pourrait être son complice ou essayer d’arracher son butin. Dans tous les cas, « il y a matière à interpeller », estime Alexandre P. depuis sa tourelle. 
    Alors que certains de ses collègues mettent pied à terre, le policier tire au LBD à deux reprises. Il vise d’abord le piéton, puis se retourne vers le scooter de Mohamed Bendriss, qui « continue d’avancer alors qu’on lui demande de s’arrêter ». 
    « J’ai considéré son geste d’accélérer en direction du convoi comme un geste d’agression », explique Alexandre P., estimant sa distance de tir à dix mètres. « Je n’ai pas visé la tête, je voulais arrêter ce putain de scooter », qui « fonce sur nous », « met en péril notre capacité opérationnelle » et pourrait représenter « une menace », ajoute-t-il. « Je me protégeais et je protégeais les personnels du convoi à terre. »

    Le policier constate que le scooter continue sa route. Sur le moment, il n’aurait même pas été certain de toucher Mohamed Bendriss. Les images, qu’il a visionnées par la suite, le lui confirment : « On voit mon projectile sortir de la veste du scooter du conducteur. […] C’est ma balle de défense qui sort de sa veste et qui vient tomber par terre. » C’est probablement ce tir qui a atteint Mohamed Bendriss en pleine poitrine. 
    « J’ai toujours fait mon travail dans les règles de l’art ; je ne veux pas la mort des gens », a indiqué Alexandre P. aux enquêteurs. « J’ai jamais été aussi stressé alors que j’ai vécu l’Hyper Cacher. C’est le ciel qui me tombe sur la tête. » Contacté par Mediapart et Libération, son avocat, Dominique Mattei, n’a pas souhaité s’exprimer. 

    Un « bean bag » dans le phare 

    « Au départ, c’est le monsieur du fourgon qui était sur le toit qui tirait et ses collègues se sont mis à faire pareil », indique à l’IGPN une riveraine, témoin de la scène. Une fois le scooter hors de portée d’Alexandre P., d’autres fonctionnaires prennent effectivement le relais : ils sortent du deuxième véhicule de la colonne, un multivan Volkswagen.
    Les agents « E » et « F » (désignés ainsi dans l’enquête pour préserver leur #anonymat) tirent chacun un « bean bag » en direction du piéton, touché dans le dos, et parviennent à l’interpeller. Nabil B. sera condamné à quatre mois de prison ferme pour le vol de deux paires de Nike
    Au même moment, Jérémy P., le passager arrière gauche du multivan, se retrouve face au scooter. Celui-ci n’est plus qu’à une dizaine de mètres et fait « des embardées de droite à gauche ». Depuis leur fenêtre, des riveraines en déduisent que « le conducteur a dû être touché » et tente de garder l’équilibre. « Je me suis senti clairement en danger […] car je ne parvenais pas à comprendre ses intentions », avance de son côté Jérémy P. Il crie « stop » et met en joue Mohamed Bendriss avec son fusil « bean bag ». 
    « Le scooter n’a jamais ralenti, j’ai vu qu’il n’avait pas les mains sur les freins car il se rapprochait de plus en plus. À trois mètres de moi, je me suis rendu compte qu’il était trop près pour que je lui tire dessus, alors j’ai visé la calandre. […] Je l’ai impacté au phare, qui était éclairé et qui a explosé. Il a volé en mille morceaux, il y avait des éclats au sol. » 
    Quatre jours après les faits, c’est bien une munition « bean bag », fichée dans le phare du scooter, qui met les enquêteurs sur la piste du Raid . « Je suis certain d’avoir tiré en direction de son scooter et non de sa personne », répète Jérémy P. face à la juge d’instruction qui le met en examen. Son avocate, Chantal Fortuné, n’a pas souhaité s’exprimer. 
    Le troisième mis en examen soupçonné du tir à la cuisse 
    Malgré ce nouveau tir, le scooter continue à remonter le convoi. Grâce aux #vidéos récoltées au fil de l’enquête, l’IGPN établit qu’en quelques secondes, six détonations – des tirs de LBD ou de « bean bags » – retentissent. Ils ont du mal à attribuer la dernière, mais considèrent qu’il pourrait s’agir du tir de LBD qui a touché Mohamed Bendriss à la cuisse. 
    Un fonctionnaire fait office de suspect privilégié : Sylvain S., conducteur de la Laguna en troisième position dans le convoi. Sur certaines images, le canon de son LBD dépasse de sa fenêtre. « Je n’ai pas fait usage de cette arme », faute de « fenêtre de tir » satisfaisante, assure pourtant ce policier. « Le tir éventuel qui m’est reproché, c’est une blessure au niveau de la cuisse et c’est improbable au niveau de l’angle de tir », ajoute-t-il. Il est tout de même mis en examen. Son avocat, Nicolas Branthomme, n’a pas souhaité s’exprimer. 
    Comment comprendre que le Raid ait vu Mohamed Bendriss comme une menace ? Par des réflexes propres à son fonctionnement, mais inconnus du grand public. « Tout ce qui s’approchait de notre bulle de protection était considéré comme dangereux », résume l’un des opérateurs lors de sa garde à vue. « Il faut vraiment être stupide pour forcer un barrage de convoi du Raid », complète un autre, pour lequel « on ne pouvait pas se retrouver avec des émeutiers au milieu [du] convoi ». 
    Tous le répètent : au sein de leur colonne, deux médecins sont là pour prendre en charge d’éventuels blessés. Ils ont d’ailleurs porté assistance à Nabil B., le voleur de baskets. S’ils ne se sont pas inquiétés du sort de Mohamed Bendriss, c’est parce qu’il a continué sa route sans encombre et paraissait en bonne santé. 
     
    Vingt-six jours pour envoyer une vidéo

    Pour aboutir à la convocation de toute la colonne du Raid les 8 et 9 août, le placement en garde à vue de cinq fonctionnaires susceptibles d’avoir tiré et la mise en examen de trois d’entre eux, les juges d’instruction et les enquêteurs de l’IGPN ont mené un énorme travail de collecte et de recoupement d’indices pendant un mois. 
    La nuit des faits, le scooter de Mohamed Bendriss, abandonné devant chez sa mère et volé dans la foulée, est retrouvé par un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) à 3 heures du matin. Coïncidence : deux des trois policiers qui contrôlent et interpellent le voleur seront mis en examen, trois semaines plus tard, pour des « violences aggravées » contre Hedi R. la même nuit.  
    À la recherche du deux-roues, l’IGPN apprend le 6 juillet qu’il est stocké dans un commissariat marseillais et découvre qu’un « bean bag » est resté encastré dans le phare. Comprenant alors que le Raid pourrait être impliqué, la « police des polices » envoie une série de réquisitions à cette unité pour connaître l’équipement de ses membres, la chronologie de ses interventions au cours de la nuit et la composition de ses équipages. Elle obtient des réponses rapides, mais pas toujours complètes. 

    En parallèle, la #géolocalisation téléphonique de Mohamed Bendriss montre qu’il se trouvait au 54, rue de Rome à 00 h 57, puis sur le cours Lieutaud une minute plus tard. L’IGPN lance aussitôt une enquête de voisinage, récupère les images issues de caméras de la ville et de plusieurs commerces. Certaines retracent le trajet de Mohamed Bendriss, d’autres la progression de la colonne du Raid dans le centre-ville. 
    Une vidéo amateur de 25 secondes, tournée par une habitante de la rue de Rome depuis sa fenêtre, s’avère même cruciale. Elle montre l’interaction entre les policiers et le scooter, et permet aux enquêteurs de distinguer, à l’oreille, six détonations. Auditionnée par l’IGPN, la vidéaste prête un étrange serment sur procès-verbal : « Conformément à vos instructions, je m’engage à ne pas diffuser ce film à qui que ce soit ou à le montrer. Je prends acte qu’en cas de diffusion je pourrais être poursuivie par la justice. J’ai compris ce que vous me dites, je m’engage à respecter la loi. » La loi n’impose pourtant rien de tel. 
    Le 11 juillet, au détour d’un courrier sur la géolocalisation de ses véhicules, la patronne locale du Raid mentionne l’existence d’une caméra sur le « petit véhicule de protection », filmant en continu la progression du convoi. « Je vous précise que je tiens à votre disposition les enregistrements », indique la commissaire divisionnaire qui coordonne les antennes de l’échelon zonal sud du Raid (Marseille, Nice, Montpellier et Toulouse). 
    Cette vidéo n’est finalement transmise à l’IGPN que le 28 juillet, deux jours après une nouvelle réquisition formelle et presque un mois après les faits. Ce sont pourtant ces images de bonne qualité qui montrent, le plus clairement, le tir probablement fatal à Mohamed Bendriss. 
    Comme l’écrit l’IGPN dans son exploitation, « alors que le scooter progresse face au convoi, la veste de Mohamed Bendriss fait un mouvement soudain et s’étire de manière brusque du côté gauche. Au même instant, un objet rond et noir de petite taille se détache de la silhouette de Mohamed Bendriss semblant provenir du pan de la veste qui vient de sursauter et chute au sol ». Cet objet, qui tombe sur les rails du tram, « ressemble au projectile tiré par un LBD ». 

    Un visionnage collectif
    Pourquoi le Raid n’a-t-il pas, de lui-même, transmis cette vidéo ? Si l’on se fie à leurs dépositions, les policiers de l’unité, dont le chef de l’antenne marseillaise et la coordinatrice zonale elle-même, craignaient pourtant depuis plusieurs semaines que le Raid soit impliqué dans le décès de Mohamed Bendriss. 
    Le 4 juillet, les premiers articles de presse évoquent le décès d’un conducteur de scooter touché par un tir de LBD à Marseille, dans des circonstances encore floues. A posteriori, les policiers du Raid expliquent s’être posé la question d’un lien avec leur intervention, mais l’adresse où a été retrouvé le jeune homme a tendance à les rassurer : ils ne se sont pas rendus cours Lieutaud. « L’adjoint au chef d’antenne a dit que nous n’étions pas concernés », affirme Alexandre P., pour qui « l’information était classée ». 
    Le doute persiste cependant, raconte leur chef d’antenne. « Des sources internes à la police semblent insister en pensant que le tir pourrait être celui d’une personne de la colonne. Avec mon adjoint, nous décidons par acquit de conscience de questionner les gars de manière globale. Certains nous font remonter qu’un scooter a traversé le dispositif au moment de l’interpellation rue de Rome et certains disaient qu’en traversant le dispositif, il a certainement essuyé des tirs. Ces déclarations ont motivé chez nous le souhait de visionner les images du PVP. » 
    Plusieurs opérateurs du Raid confirment qu’un débriefing ou une « réunion de crise » a eu lieu pour clarifier la position de chacun, regarder ensemble les images et identifier les potentiels tireurs. Si aucun ne donne la date de ce visionnage collectif, la coordinatrice zonale la situe « avant » la réception des réquisitions de l’IGPN, c’est-à-dire entre le 4 et le 6 juillet. Alexandre P., lui, estime qu’elle a eu lieu « suite aux réquisitions IGPN ». « Ça fait à peu près un mois qu’on sait qu’on est reliés à la mort de ce jeune homme », résume-t-il. 
    Selon ses dires, la coordinatrice a déjà connaissance des images lorsqu’elle rédige sa première réponse à l’IGPN , le 6 juillet, dans laquelle elle relate les événements marquants de la nuit du 1er au 2. Et semble s’appuyer dessus quand elle décrit, avec précision, « l’interpellation d’un individu sortant du magasin Foot Locker un sac à la main ». 
    « Un individu en scooter venait à sa rencontre. Les deux individus prenaient la fuite, le scooter forçait le passage de la colonne du Raid et parvenait à s’enfuir malgré l’usage de MFI [moyens de force intermédiaires – ndlr]. L’auteur du vol était interpellé rue de la Palud, en état d’ébriété et impacté par un tir de MFI. » Pour autant, dans son courrier, la #commissaire_divisionnaire ne propose pas à l’#IGPN de lui transmettre la vidéo du PVP. 
    D’après elle, plusieurs agents « se sont signalés rapidement » à leur hiérarchie, « beaucoup pensant avoir tiré, sans certitude cependant ». Mobilisés plusieurs nuits de suite sur les émeutes à Marseille, ils ne se souviennent pas de tous leurs faits et gestes et confondent parfois les scènes entre elles. Le 26 juillet, le Raid transmet finalement à l’IGPN une liste de cinq fonctionnaires « se trouvant sur le flanc gauche » du convoi – donc « susceptibles d’avoir utilisé » leurs armes contre Mohamed Bendriss. Au moment de se rendre à la convocation de l’IGPN, ils ont eu plus d’un mois pour préparer leurs réponses.

  • Émeutes après la mort de Nahel : 2 700 signalements ont été reçus sur la plateforme Pharos
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/info-franceinfo-emeutes-apres-la-mort-de-nahel-2-700-signalements-ont-e
    https://www.francetvinfo.fr/pictures/UnpxZQ38LooIwT-EbP8yO17qhKc/1500x843/2023/08/26/64e9fb2867e75_emeut.jpg

    À partir du 27 juin, date de la mort de Nahel lors d’un contrôle policier à Nanterre, et pendant les #émeutes des jours suivants, la plateforme Pharos a reçu quelque 2 700 #signalements : des #vidéos de pillages, d’incendies ou de dégradations, repérés et dénoncés par des internautes sur cette plateforme du ministère de l’Intérieur, a appris lundi 28 août franceinfo de sources concordantes.

    Ces signalements ont permis l’interpellation de possibles émeutiers : 32 personnes ont été arrêtées ces dernières semaines, dont certaines ont déjà été condamnées à des peines de prison ou placées sous bracelet électronique. Elles ont été repérées et identifiées grâce à des signalements de #citoyens qui ont fait remonter au ministère de l’Intérieur des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, montrant des images de magasins pillés, d’écoles ou de commissariats incendiés. Au total, une centaine d’enquêtes ont été ouvertes, notamment pour les faits les plus graves.

    Près de 2 000 condamnations déjà prononcées

    En parallèle, la #police nationale déclare avoir interpellé, depuis la fin des émeutes, 350 personnes partout en France, et ce chiffre doit encore augmenter dans les prochaines semaines puisque de nombreuses enquêtes sont encore en cours.

    Ce chiffre s’ajoute aux quelque 4 000 personnes interpellées en flagrant délit pendant les émeutes. Parmi elles, près de la moitié ont déjà été jugées et condamnées à des peines lourdes : presque neuf mois de prison en moyenne.

  • Préfet du Val-d’Oise sur X
    https://twitter.com/Prefet95/status/1694364181846229277

    #DroitsEtDevoirs | Expulsion de son logement social d’un émeutier ayant participé aux violences urbaines de juin dernier.

    Le 30 juin 2023, cet émeutier a été interpellé après avoir pillé le magasin d’un opticien à Deuil-la-Barre.

    Placé en détention provisoire, il a été condamné par le Tribunal Judiciaire de Pontoise à 12 mois d’emprisonnement.

    Ce jour, après avoir délivré le concours de la force publique,
    @prefet95 a fait procéder à l’expulsion locative de l’ensemble des occupants du logement social où il résidait.

    #émeutes #prison #préfecture #expulsion #logement_social

    • L’expulsion de son logement d’un jeune condamné et de sa famille suscite l’incompréhension | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/240823/l-expulsion-de-son-logement-d-un-jeune-condamne-et-de-sa-famille-suscite-l

      La préfecture du Val-d’Oise a annoncé l’expulsion d’une famille d’un logement social de Deuil-la-Barre, après la condamnation d’un des enfants pour pillage lors des révoltes urbaines liées à la mort de Nahel. Une décision aux airs de punition collective et qui pourrait constituer un dangereux précédent.

      https://jpst.it/3l-oU

    • Une peine à effectuer à domicile sous bracelet électronique pour certains ou en détention pour d’autres. On ne sait pas sous quel régime le membre de cette famille devait effectuer sa peine. Et vingt-quatre heures après la révélation des faits, le manque d’information est criant dans cette histoire : ni la préfecture ni la mairie n’ont répondu aux questions de Mediapart. Comme s’il s’agissait avant tout d’envoyer un message, au prix d’une communication brutale (...)

      Le préfet du Val-d’Oise, Philippe Court, a annoncé jeudi avoir engagé vingt-neuf procédures d’expulsion locative pour des faits de délinquance liés au trafic de stupéfiants, aux rodéos mais aussi, donc à des « émeutes ». L’expulsion locative de mercredi serait donc loin d’être la dernière.
      Selon le préfet, elle s’est faite « en application d’un jugement antérieur » : « La finalité de cette expulsion est liée au fait que cette personne a pillé un magasin. Il s’avère par ailleurs, dans ce cas, qu’il y avait déjà un autre motif d’expulsion donc pour gagner du temps, on a exécuté un jugement d’expulsion préexistant », a précisé Philippe Court.
      Est-ce à dire que même sans autre motif, des expulsions seront également possibles ?
      [...]
      Ces décisions d’expulsion s’appuient sur un article de loi de 1989 stipulant entre autres que le locataire est obligé de « payer le loyer et les charges » et « d’user paisiblement des locaux loués ». « Le propriétaire peut demander l’expulsion des locataires et des occupants à compter du moment où il y a un défaut de paiement ou un trouble de jouissance, confirme Mireille Damiano, ancienne présidente nationale du Syndicat des avocats de France (SAF) et représentante du syndicat à Nice. C’est là-dessus que les autorités s’appuient même si on peut questionner la proportionnalité de ces décisions. »
      Car le lien semble cette fois très éloigné entre le délit commis et un trouble causé dans la zone d’habitation : « Le deal est une vraie nuisance pour le voisinage, même si on peut interroger l’efficacité d’expulser pour finalement déplacer le problème ailleurs. Mais, dans le cas de l’expulsion de la famille de Deuil-la-Barre, la condamnation est liée à un événement ponctuel - la participation à une émeute - qui n’est pas une nuisance régulière dans la résidence. Et donc, ça pose question »

      une forme de #punition_collective défendue par diverses mairies P"C"F dès les années 80

      #loisifiradormirailleurs

  • Après les émeutes, E. M. s’adresse à la jeunesse à Bormes-les-Mimosas : la liberté « n’est pas une frénésie de transgression »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/08/17/apres-les-emeutes-emmanuel-macron-s-adresse-a-la-jeunesse-a-bormes-les-mimos

    « Il y a dans nos jeunes un appétit de liberté, un idéalisme (...) parfois, cette aspiration noble se retourne contre elle-même et sape les fondations de cette nation de liberté, d’égalité et de fraternité (...) génération après génération, fidèle à l’esprit des Lumières »

    [...]
    M. a rendu hommage aux jeunes Français ayant participé au débarquement de Provence [...] et surtout à Pierre Velsch, mort en septembre 2022, « l’enfant de Kouba qui avait traversé la Méditerranée pour débarquer sur nos côtes ».
    « Sans phrase et sans écume, ils nous ont montré que c’était là et que c’était cela, exercer sa liberté (...) ça n’est pas une fièvre de renverser les interdits. (...) cette liberté-là, qui n’existe que parce qu’elle est toujours et d’abord collective, les droits qui s’ensuivent qui ne sont là que parce qu’il y avait d’abord des devoirs, c’est ce dont nous devons nourrir nos jeunes générations »

    il y a dent, il y a carie.

    edit c’est sans danger

    #France #émeutes #jeunesse #devoirs

  • Émeutes : comment la police traque les délinquants qui avaient échappé aux arrestations


    Des policiers poursuivent des manifestants, le 1er juillet, sur les Champs-Élysées, lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, le 27 juin à Nanterre. NACHO DOCE/REUTERS

    ENQUÊTE - Les enquêteurs de la police ont effectué un travail colossal, tout au long du mois de juillet, pour retrouver 314 délinquants qui avaient échappé aux arrestations pendant les nuits de violence.

    Tandis que la France chavirait soudain dans le chaos lors d’émeutes consécutives à la mort de Nahel, tué le 27 juin dernier après un refus d’obtempérer à Nanterre (Hauts-de-Seine), les forces de l’ordre ont dû encaisser un double choc. D’abord celui, filmé heure par heure, d’un tsunami de violences qui s’est soldé par un bilan de 3800 interpellations, commises en temps réel et en flagrant délit, sur l’ensemble du territoire. Puis un second, beaucoup moins connu, d’une #traque_judiciaire hors norme dont Le Figaro est en mesure de révéler le détail. Selon un bilan qui s’arrête au 31 juillet dernier, pas moins de 314 émeutiers, casseurs et incendiaires supplémentaires ont été interpellés par des services d’investigations de la sécurité publique et de la police judiciaire. À elle seule, cette dernière s’est vu confier le soin de mener un peu plus de 170 #enquêtes particulièrement sensibles, portant sur les actes les plus graves. « Dès les premiers jours, l’autorité judiciaire a ainsi saisi la PJ sur des événements emblématiques, qu’il s’agisse de destructions et d’incendies de mairies, d’attaques de locaux de police ou de pillages importants, voire de menaces ou d’agressions sur des élus, confie le contrôleur général Frédéric Laissy, chef du service de la communication de la police nationale. Alors même que les dispositifs d’ordre public étaient encore maintenus à leur maximum, les premières #interpellations étaient effectuées à domicile, souvent avec le concours de la BRI ou du Raid. »
    Ainsi, dès le 5 juillet, la sûreté urbaine de Lille interpellait avec l’appui du Raid une demi-douzaine de voyous impliqués dans l’attaque, menée lors de la deuxième soirée des émeutes, de l’hôtel de police municipal abritant un centre de supervision. Les assaillants ont notamment pu être confondus grâce à leur #ADN retrouvé sur des cocktails Molotov. Cinq d’entre eux ont été placés en détention provisoire dans l’attente de leur jugement d’ici à la fin du mois, tandis qu’un de leurs complices est activement recherché. Au même moment, les policiers du Rhône ont appréhendé, au terme d’une enquête éclair, six des délinquants à l’origine de l’incendie volontaire d’un immeuble d’habitation à Saint-Fons, le 2 juillet dernier. Le feu avait été mis dans le local à poubelles avant de se propager aux étages et de provoquer d’importants dégâts dans le supermarché attenant. Là, les limiers de la sûreté ont obtenu des preuves par l’image : l’exploitation de la vidéoprotection d’un commerce voisin a permis d’identifier un premier suspect en raison d’une tenue caractéristique correspondant à celle d’une personne contrôlée peu auparavant par la police municipale. Là encore, les incendiaires présumés ont été placés derrière les barreaux en attendant d’être jugés, tandis que 62 personnes évacuées espèrent toujours être relogées.

    À travers le pays et à la faveur des investigations, les unités spécialisées d’intervention ont investi à l’heure du laitier des dizaines de domiciles, alors que le soufflé des violences destructrices n’était pas retombé. L’engagement hors norme des policiers en civil et les opérations ciblées ont sans nul doute douché les ardeurs au cœur des quartiers, battant en brèche tout sentiment d’impunité et participant de facto à une stratégie globale de retour à l’ordre. « Si le temps judiciaire est parfois considéré comme plus long, il faut bien constater que la mobilisation des services d’enquête a joué un rôle à la fois dans la dissuasion au moment des #violences_urbaines et dans la dissuasion à plus long terme, avec des interpellations et des incarcérations décidées par les tribunaux qui ont pu poursuivre sur la base d’investigations », assure-t-on à la Direction générale de la police nationale. Sur le terrain, face à la déferlante, l’heure a été à l’union sacrée. La PJ, fortement mise à contribution, a ainsi bénéficié de l’énorme investissement des petits groupes d’enquêtes dans les commissariats des villes moyennes ayant elles aussi payé un lourd tribut en termes de dégâts. Ainsi, à Niort (Deux-Sèvres), les policiers locaux ont multiplié les enquêtes de voisinages et passé au crible des bandes #vidéo avant de lancer un coup de filet.
    Entre les 3 et 12 juillet, ils ont intercepté six membres d’une horde de jeunes #émeutiers qui avaient mis le centre-ville à sac, tendant des embuscades à la #police, pillant des #commerces et brûlant des véhicules dans la nuit du 30 juin au 1er juillet.
    https://www.lefigaro.fr/actualite-france/emeutes-comment-la-police-traque-les-delinquants-qui-avaient-echappe-aux-ar
    https://justpaste.it/amtj3

    #révolte #émeutes #police_judiciaire #justice #prison

    • Avec méthode, les experts ont en effet passé au crible des pierres, des projectiles divers, des armes de fortune retrouvées sur les champs de bataille, des bouteilles utilisées pour les liquides incendiaires ou encore des traces de sang. Même les briquets ou les étuis de mortiers abandonnés sur place ont été soumis aux analyses. Selon nos informations, le Service national de #police_scientifique, basé à Écully et qui dispose de cinq laboratoires, a été saisi de 317 dossiers, représentant près de 1800 scellés pour les affaires les plus importantes et sensibles.

      [...]

      Outre l’analyse des indices, des réseaux sociaux et l’examen des vidéos - même si un millier de caméras ont été détruites lors des émeutes -, les enquêteurs se sont appuyés sur la connaissance de la population locale par les policiers de quartier, ainsi que sur la #géolocalisation. À ce titre, un téléphone portable dérobé dans l’habitacle d’un camion de pompiers volé à Vernon (Eure), au premier soir des émeutes, a permis de retrouver la trace d’un délinquant puis de ses quatre complices. Le profil des interpellés, qui devrait faire l’objet d’une analyse plus poussée, laisse apparaître, comme l’a révélé Gérald Darmanin le 19 juillet devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, que la moyenne d’âge est entre 17 et 18 ans. Les plus jeunes sont âgés de 12 ans et les deux tiers n’avaient jusqu’ici pas de casier.

      [...]

      Les services de #renseignements sont invités à « renforcer, dès à présent, leurs dispositifs d’anticipation de ce type d’événement ». L’idée est de prévenir tout débordement à l’approche de la Coupe du monde de rugby et des JO de Paris,

  • De la nuit et des rêves : Anima Sola #9
    Récit poétique à partir d’images créées par procuration.

    https://liminaire.fr/palimpseste/article/de-la-nuit-et-des-reves

    Encore une journée qui touche à sa fin. Cet effondrement est aussi soudain qu’effrayant. Certains jours en ville s’écoulent sur moi sans laisser le moindre impact. Dans la foule des passants. Je devine un amoncellement de volumes informes. Les formes et les couleurs. J’imagine un jeu ridicule et monstrueux. Le temps prend un aspect un peu trouble, irréel.

    (...) #Écriture, #Langage, #Poésie, #Lecture, #Photographie, #Littérature, #Art, #AI, #IntelligenceArtificielle, #Dalle-e, #Récit, #Nuit, #Feu, #Émeute (...)

    https://liminaire.fr/IMG/mp4/anima_sola_9.mp4

  • Marseille : cinq policiers du Raid placés en garde à vue après la mort d’un homme de 27 ans pendant les émeutes
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/violences-policieres/marseille-cinq-policiers-du-raid-places-en-garde-a-vue-apres-la-mort-d-

    Cinq policiers du #Raid ont été placés en garde à vue, mardi 8 août au matin, annonce le parquet de #Marseille dans un communiqué. Ils étaient convoqués, ainsi qu’une vingtaine de leurs collègues, devant les enquêteurs de l’IGPN (la « police des polices ») chargés de l’enquête sur le décès d’un homme de 27 ans, en marge des #émeutes à Marseille, dans la nuit du 1er au 2 juillet.

    Mohamed Bendriss a été retrouvé inanimé devant le domicile de sa mère après avoir fait un malaise au guidon de son scooter. Son décès a été constaté à l’hôpital où un médecin a observé un impact au niveau du thorax. Cet impact, à l’origine de la mort du jeune homme, pourrait être la conséquence d’un tir de lanceur de balles de défense (#LBD). 

    Le jeune homme s’était écroulé quelques centaines de mètres plus loin, deux minutes plus tard. Aucune autre intervention policière n’avait été détectée dans l’intervalle entre le tir et son malaise. L’autopsie réalisée a conclu à un « choc sur le cœur » ayant probablement entraîné une crise cardiaque, a appris mardi 8 août franceinfo d’une source proche du dossier

    (...) Les investigations devront déterminer si le tir mortel de LBD était réglementaire ou non.

    #police #vidéo

    • « Les éléments de l’enquête permettent de retenir comme probable un décès causé par un choc violent au niveau du thorax causé par le tir d’un projectile de type Flash-Ball », écrivait la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, le 5 juillet. A cette date, il n’était pas possible de déterminer le lieu où le drame s’était passé, ni si #Mohamed_Bendriss avait ou non pris part aux émeutes, ni même s’il avait circulé dans cette zone. Selon des proches de la victime, ce père d’un enfant, et dont l’épouse en attendait un second, aurait été vu, quelques instants plus tôt, en train de filmer des interpellations dans une rue commerçante, à quelques encablures du cours Lieutaud.

      De très nombreuses vidéos ayant été conservées pour nourrir les procédures ouvertes contre des pillards, certains enregistrements auraient permis de conduire l’inspection générale de la police nationale (#IGPN) et la police judiciaire – les deux services d’enquête cosaisis – jusqu’aux fonctionnaires du RAID. Au vu des déclarations des gardés à vue et des explications qui ont été fournies par leurs collègues, la juge d’instruction a décidé, mardi soir, de prolonger la garde à vue pour trois des agents et de laisser sortir les deux autres.

      Un cousin de la victime également blessé

      Les avocats de l’épouse et de la mère de la victime, qui se sont constituées partie civile, se réjouissent de cette accélération de l’enquête. Dans un communiqué publié en juillet, Mes Frédéric Coffano et Thierry Ospital indiquaient que les deux femmes n’entendaient pas polémiquer et « porter des accusations ou anathèmes à l’encontre de quiconque », manifestant uniquement leur « volonté indéfectible de connaître les auteurs de cette mort troublante et violente, et ce dans le cadre d’une procédure loyale et objective ».

      Me Arié Alimi, autre défenseur de l’épouse, a par ailleurs déposé une plainte avec constitution de partie civile pour le compte d’Abdelkarim Y. , 22 ans, gravement blessé à l’œil gauche, dont il aurait perdu l’usage, la nuit précédente, par un tir de LBD [mais on est pas sûr]. Le jeune homme est le cousin de Mohamed Bendriss. Entendu par l’IGPN, saisie par le parquet d’une enquête ouverte pour « violences volontaires en réunion ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente par personne dépositaire de l’autorité publique et avec arme », il aurait [lors de ses allégations et], selon son défenseur, évoqué un policier vêtu de noir le ciblant depuis la tourelle d’un véhicule blindé léger. Un policier cagoulé, comme y sont autorisés les fonctionnaires du RAID, précise l’avocat.

      « S’il s’avère que les policiers du RAID sont impliqués à la fois dans le décès de Mohamed Bendriss et la mutilation de son cousin Abdelkarim, la veille, alors c’est la décision même de les faire intervenir qui doit être passée au crible pénal », estime l’avocat.

      La garde à vue des fonctionnaires du RAID intervient moins d’une semaine après la décision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) de maintenir en détention provisoire un des quatre policiers d’une brigade anticriminalité de Marseille mis en examen, le 21 juillet, pour violences volontaires aggravées commises sur Hedi R., un jeune homme de 22 ans très grièvement blessé au crâne par un tir de LBD et passé à tabac, la même nuit que la mort de Mohamed Bendriss et dans le même secteur. Quatre autres fonctionnaires [lyncheurs] avaient été initialement placés en garde à vue, mais aucune suite judiciaire n’a été donnée les concernant . Cette incarcération provisoire d’un policier est à l’origine du mouvement inédit ayant poussé des centaines de fonctionnaires marseillais [en désaccord avec le théorème de la pomme pourrie] à se mettre en arrêt maladie tout au long du mois de juillet. Plusieurs syndicats de police ont fait le choix de ne pas commenter cette nouvelle affaire tant que leurs collègues sont en garde à vue.

      Trois des trente et une enquêtes confiées à l’IGPN et ouvertes dans le sillage des émeutes concernent donc des faits commis à Marseille et le seul décès recensé en marge de l’épisode de violences urbaines qui a secoué la France durant plusieurs jours après la mort du jeune Nahel M., victime du tir d’un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, fin juin.

      Hasard de calendrier [juré_craché], le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu, mardi matin tôt [en Falcon], dans un commissariat marseillais, où il s’est entretenu durant une heure avec une soixantaine de policiers, « de façon informelle et constructive sur des sujets police classiques concernant les moyens et les conditions de travail », affirme une source policière. Ce déplacement, « hors presse et hors élus », avait pour objectif de féliciter des fonctionnaires du commissariat du 15e arrondissement qui, dimanche 6 août, avaient saisi 220 kilos de cannabis à l’occasion d’un contrôle.

      Luc Leroux (Marseille, le plus policier des correspondants locaux de l’organe)
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/08/apres-la-mort-de-mohamed-bendriss-en-marge-des-emeutes-a-marseille-cinq-poli

  • J’allume un contre-feu : Anima Sola #8
    Récit poétique à partir d’images créées par procuration.

    https://liminaire.fr/palimpseste/article/j-allume-un-contre-feu

    Dans la nuit, je me dédouble. J’agis sous le poids d’innombrables fatigues. L’abandon de certaines charges inutiles. Je ne peux pas avancer sans cela. Les lumières et les ombres accompagnent mon trajet. Main dans la main. Un miroir invisible. Personne ne me regarde comme toi. Je regarde le ciel sans nuages, haut à donner le vertige. Dans la ville, la nuit tout s’arrête à un détail près.

    (...) #Écriture, #Langage, #Poésie, #Lecture, #Photographie, #Littérature, #Art, #AI, #IntelligenceArtificielle, #Dalle-e, #Récit, #Nuit, #Feu, #Émeute (...)

    https://liminaire.fr/IMG/mp4/anima_sola_8.mp4

  • Éloge de l’émeute
    https://lundi.am/Eloge-de-l-emeute-5586

    Ce lundisoir, nous accueillons le philosophe Jacques Deschamps qui vient nous parler de sa revigorante « Éloge de l’émeute » tout juste publiée aux éditions Les liens qui libèrent. Il y sera donc question de cette pratique ancestrale et chère à tout bouleversement historique : sortir dans la rue pour s’en prendre aux symboles du pouvoir ; et dans les meilleurs jours parvenir à l’abattre. À mille lieues des arguties de plateaux télé et de leur sociologie de comptoir, Jacques Deschamps voit dans les pratiques émeutières des gestes éminemment politiques depuis lesquels s’entre-ouvre le présent. L’émeute est partout, dans les rues, dans les champs mais aussi dans les têtes. Partout où il s’agit de se retrouver et de résister contre le règne de la bêtise, de la mort et de la tristesse.

    https://www.youtube.com/watch?v=mtX3EkznOl0&t

    #émeute #révolte #rébellion #sociologie

  • North Africa a ’testing ground’ for EU surveillance technology

    The EU is outsourcing controversial surveillance technologies to countries in North Africa and the Sahel region with no human rights impact assessments, reports say.

    Controversial surveillance technologies are being outsourced by the European Union to countries in North Africa and the Sahel region with no transparency or regulation, according to two new reports.

    Funding, equipment and training is funnelled to third countries via aid packages, where autocratic governments use the equipment and techniques to surveil the local population.

    Beyond the borders of Europe, the movements of asylum seekers are being policed and eventually used to assess their asylum applications.

    Antonella Napolitano, author of a report for human rights group EuroMed Rights, told Middle East Eye that the implementation of these projects is opaque and lacks proper consideration for the rights of civilians and the protection of their data.

    “There aren’t enough safeguards in those countries. There aren’t data protection laws,” Napolitano said. “I think the paradox here is that border externalisation means furthering instability [in these countries].”

    The complex web of funding projects and the diversity of actors who implement them make the trails of money difficult to track.

    “This enables states to carry out operations with much less transparency, accountability or regulation than would be required of the EU or any EU government,” Napolitano told MEE.

    The deployment of experimental technologies on the border is also largely unregulated.

    While the EU has identified AI regulation as a priority, its Artificial Intelligence Act does not contain any stringent provision for the use of the technologies for border control.

    “It’s creating a two-tiered system,” Napolitano told MEE. “People on the move outside the EU don’t have the same rights by design.”
    Asylum claims

    The surveillance of migrants on the move outside of Europe is also brought to bear back inside Europe.

    A Privacy International report published in May found that five companies were operating GPS tagging of asylum seekers for Britain’s Home Office.

    “It’s been massively expanded in the past couple of years,” Lucie Audibert, legal officer at Privacy International, told MEE.

    Other, less tangible forms of surveillance are also deployed to monitor asylum seekers. “We know, for example, that the Home Office uses social media a lot… to assess the veracity of people’s claims in their immigration applications,” Audibert told MEE.

    According to the reports, surveillance equipment and training is supplied by the EU to third countries under the guise of development aid packages.

    These include the EU Emergency Trust Fund for Africa (EUTF for Africa) and now the Neighbourhood, Development and International Cooperation Instrument.

    The reports cite multiple instances of how these funding instruments served to bolster law enforcement agencies in Algeria, Egypt, Libya and Tunisia, furnishing them with equipment and training that they then used against the local population.

    The EUTF for Africa allocated 15 million euros ($16.5m USD) in funding to these countries to train up a group of “cyber specialists” in online surveillance and data extraction from smart devices.

    A Privacy International investigation into the role of CEPOL, the EU law enforcement training agency, revealed that it had supplied internet surveillance training to members of Algeria’s police force.

    The investigation highlights a potential connection between these tactics, which contravened the EU’s own policies on disinformation, and the wave of online disinformation and censorship driven by pro-regime fake accounts in the aftermath of the 2019 Hirak protests in Algeria.
    A dangerous trend

    For journalist Matthias Monroy, the major development in border surveillance came after the so-called migration crisis of 2015, which fuelled the development of the border surveillance industrial complex.

    Prior to that, Europe’s border agency, Frontex, was wholly dependent on member states to source equipment. But after 2015, the agency could acquire its own.

    “The first thing they did: they published tenders for aircraft, first manned and then unmanned. And both tenders are in the hands of private operators,” Monroy told MEE.

    Frontex’s drones are now manned by the British company Airbus. “The Airbus crew detected the Crotone boat,” Monroy told MEE, referring to a shipwreck off the coast of Crotone, Italy, in February.

    “But everybody said Frontex spotted the boat. No, it was Airbus. It’s very difficult to trace the responsibility, so if this surveillance is given to private operators, who is responsible?”

    Almost 100 people died in the wreck.

    Since 2015, with the expansion of the border surveillance industrial complex, its digitisation and control has been concentrated increasingly in the hands of private actors.

    “I would see this as a trend and I would say it is very dangerous,” Monroy said.

    https://www.middleeasteye.net/news/eu-north-africa-surveillance-technology-testing-ground

    #surveillance #technologie #test #Afrique_du_Nord #Sahel #asile #migrations #réfugiés #frontières #intelligence_artificielle #IA #EU_Emergency_Trust_Fund_for_Africa (#EUTF_for_Africa) #développement #Emergency_Trust_Fund #Algérie #Egypte #Tunisie #Libye #complexe_militaro-industriel #contrôles_frontaliers #Frontex #Airbus #drones #privatisation

    ping @_kg_

    • The (human) cost of Artificial Intelligence and Surveillance technology in migration

      The ethical cost of Artificial Intelligence tools has triggered heated debates in the last few months. From chatbots to image generation software, advocates and detractors have been debating the technological pros and societal cons of the new technology.

      In two new reports, Europe’s Techno-Borders and Artificial Intelligence: The New Frontier of the EU’s Border Externalisation Strategy, EuroMed Rights, Statewatch and independent researcher Antonella Napolitano have investigated the human and financial costs of AI in migration. The reports show how the deployment of AI to manage migration flows actively contribute to the instability of the Middle East and North African region as well as discriminatory border procedures, threatening the right to asylum, the right to leave one’s country, the principle of non-refoulement as well as the rights to privacy and liberty.

      European borders and neighbouring countries have been the stage of decades-long efforts to militarise and securitise the control of migration. Huge sums of public money have been invested to deploy security and defence tools and equipment to curb arrivals towards the EU territory, both via externalisation policies in countries in the Middle East and North Africa and at the EU’s borders themselves. In this strategy of “muscling-up” the borders, technology has played a crucial role.

      EuroMed Rights’ new reports highlight how over the decades, surveillance technology has become a central asset in the EU’s migration policies with serious impacts on fundamental rights and privacy. In Artificial Intelligence: The New Frontier of the EU’s Border Externalisation Strategy we analyse how surveillance technology has been a crucial part of the European policy of externalisation of migration control. When surveillance technologies are deployed with the purpose of anti-smuggling, trafficking or counterterrorism in countries where democracies are fragile or there are authoritarian governments, they can easily end up being used for the repression of civic space and freedom of expression. What is being sold as tools to curb migrant flows, could actually be used to reinforce the security apparatus of repressive governments and fuel instability in the region.

      At the same time, Europe’s Techno-Borders highlights how this security obsession has been applied to the EU’s borders for decades, equipping them with ever-more advanced technologies. This architecture for border surveillance has been continuously expanding in an attempt to detect, deter and repel refugees and migrants. For those who manage to enter, they are biometrically registered and screened against large-scale databases, raising serious concerns on privacy violations, data protection breaches and questions of proportionality.

      Decades of “muscling-up” the EU’s borders keep showing the same thing: military, security, defence tools or technology do not stop migration, they only make it more dangerous and lethal. Nonetheless, the security and surveillance apparatus is only expected to increase: more and more money is being invested to research and develop new tech tools to curb migration, including through Artificial Intelligence.

      In a context that is resistant to public scrutiny and accountability, and where the private military and security sector has a vested interest in expanding the surveillance architecture, it is crucial to keep monitoring and denouncing the use of these technologies, in the struggle for a humane migration policy that puts the right of people on the move at the centre!

      Read our reports here:

      - Artificial Intelligence: the new frontier of the EU’s border externalisation strategy: https://euromedrights.org/wp-content/uploads/2023/07/Euromed_AI-Migration-Report_EN-1.pdf
      - Europe’s Techno-Borders: https://euromedrights.org/wp-content/uploads/2023/07/EuroMed-Rights_Statewatch_Europe-techno-borders_EN-1.pdf

      https://euromedrights.org/publication/the-human-cost-of-artificial-intelligence-and-surveillance-technology
      #rapport #EuroMed_rights

  • Trois nuits marseillaises – Le serpent de mer
    https://leserpentdemer.wordpress.com/2023/07/13/trois-nuits-marseillaises

    Le spectacle qui s’offre là est à première vue celui d’une émeute terminée. Des bûchers sur les voies de tramway, éteints déjà par les pompiers, fument comme paisiblement sur le pavé inondé. Il y a çà et là de petits groupes de très jeunes gens et parfois d’enfants qui vont et viennent, rigolards et gueulards, sous l’œil placide et bienveillant de la population. L’émeute cependant ne fait en réalité que commencer et sa tension est tout à fait palpable presque comme une chose matérielle. Nous remontons le cours Belsunce au bout duquel est la bibliothèque de l’Alcazar et toutes ses vitres sont démolies. Dans la rue d’Aix il y a des dizaines et bientôt des centaines de gamins et plusieurs poubelles flambent parmi eux. De temps à autre dans une explosion de pure euphorie ils tirent des feux d’artifice. Dans un vacarme de délire, une vingtaine d’entre eux tente de forcer le rideau métallique d’une bijouterie et contre toute attente au bout de plusieurs minutes d’efforts à coups de pieds et de poteaux de signalisation ils parviennent en effet à l’éventrer. Cependant les flics se sont amassés en bas de la rue d’Aix et déjà se produisent les premiers mouvements de la foule le en général sans motif sérieux. Il suffit qu’un jeune crie Arah pour que tous se mettent à courir et à s’égailler dans un sauve-qui-peut général sans regarder derrière eux et le plus souvent l’alerte est fausse. Les groupes se disloquent et se reforment ainsi dans des sprints permanents. Des feux d’artifice sont tout de même dirigés contre la police et c’est bien joli. Quant à moi j’ai une assez grande aversion pour les feux d’artifice municipaux du 14-juillet mais cet usage au fond inoffensif sur les flics caparaçonnés des pieds à la tête et de toute façon à peu près toujours hors de portée me plaît assez.

    À la suite d’un de ces mouvements de panique, qui au fond me semble comme surjouée par la masse, comme si elle cherchait instinctivement la mobilité la plus grande et la moins prévisible, nous nous retrouvons porte d’Aix. Il y a là des centaines de jeunes, pour la plupart des garçons, pour la plupart de moins de vingt ans. Parmi eux nous détonnons nettement Blancs et quadragénaires que nous sommes et pourtant on ne décèle pas de défiance ni d’hostilité dans le regard des minots, tout au plus une légitime curiosité. Un peu plus tard l’un de ces gamins, âgé au plus d’une quinzaine d’années, me dit : C’est bizarre, on dirait pas qu’tu casses toi, en passant sa main devant le visage de bas en haut dans le geste des racistes quand ils désignent les Noirs et les Arabes. Il faut dire que je suis en chemise et en pantalon parmi ces adolescents en shorts et torses nus. Une agréable conversation s’engage, portant sur les vertus combustibles du gel hydro-alcoolique, à la suite de laquelle il me dit : Hé ! ti es un bon, toi ! ti es un bon, l’ancien ! et nous nous tapons dans les mains et allons chacun notre chemin en nous souhaitant bonne chance.

    De temps en temps, la foule scande des slogans en arabe et il me semble y reconnaître parmi d’autres la formule de condoléances Allah-i-Rahmo (mais je peux me tromper). Au bout d’un moment après divers va-et-vient et diverses hésitations une partie de la foule s’élance vers le boulevard des Dames et s’arrête au croisement de la rue de la République. Là on s’emploie à démolir la vitrine de la boutique Orange dont l’intérieur suite au déclenchement d’un dispositif d’alarme s’emplit d’une dense fumée. Les jeunes gens s’adonnent joyeusement à cette tâche sans parvenir, me semble-t-il, à dérober des téléphones. Dans le même temps partout on brûle tout combustible possible. La décision se prend d’aller au centre commercial des Terrasses du Port non loin de là mais à peine les premiers groupes y parviennent-ils que des fourgons de flics surviennent et que des flics en surgissent qui inondent l’endroit de gaz lacrymogène. Chacun jette ce qu’il peut sur la route, sur les flics, et on reflue à toute vitesse. Je remarque la présence d’assez nombreuses filles qui prennent part à la chose dans la joie et sans visiblement y avoir un statut inférieur ni même peut-être différent de celui des garçons. Elles cassent, elles incendient, elles braillent, elles participent aux prises de décision c’est-à-dire qu’elles affirment comme les autres leurs envies et ce qui leur semble le plus pertinent. Certaines à grands cris organisent ou suggèrent des directions à la foule. Les mouvements désordonnés et imprévisibles ne cessent jamais.

    À un moment alors que chacun jette tout ce qu’il trouve ou rencontre sur le macadam, en l’occurrence, des arbustes en pots, une femme dit d’une voix craintive : Pensez aux habitants. Elle implore. Un jeune gars sans se retourner lui répond : J’m’en bats les couilles, Madame, et dans ce Madame est exprimé beaucoup du rapport social, me semble-t-il.

    #émeutes #Marseille

  • Un moment de révolte émeutière
    https://blog.tempscritiques.net/archives/4735

    Nous ne sommes plus dans cette situation. Un « alliage » et non pas la tarte à la crème du discours syndicalo-gauchiste sur la « convergence », s’est construit entre fractions diverses de la jeunesse et certaines couches ou catégories sociales engagées préalablement dans une lutte contre le pouvoir en place. Cet alliage qui semblait improbable s’est forgé progressivement dans une certaine exemplarité des #luttes depuis 2017 et non pas sur la base d’intérêts à défendre. La présence d’une diversité sociologique, politique et générationnelle de manifestants plus importante qu’auparavant, le développement des cortèges de tête, les initiatives des Gilets jaunes et certaines actions directes contre les grands projets capitalistes (Notre-Dame des Landes, le TGV Lyon-Turin, Sivens et les grandes bassines) ou d’autres sur le climat témoignent de cet alliage où il n’est pas question non plus de chercher et trouver une quelconque « intersection » possible. Il s’est exprimé concrètement par une similitude des #pratiques entre certaines des actions directes dans les centres-villes et les déambulations sauvages qui se sont produites pendant les nuits de la fin de la lutte contre le projet de retraite. Il y a eu une même volonté de prendre le contrôle de la #rue et des axes de circulation. Pour les uns, c’est parce que, depuis les Gilets jaunes, ce contrôle est devenu un enjeu dépassant largement la question du lieu exact (cf. les ronds-points) puisque les trajets et même le droit à manifester sont de plus en plus remis en cause ; pour les autres, les sans-pouvoirs et sans–représentants, il s’agit de prouver son existence et éventuellement sa puissance potentielle ou latente, là où la puissance publique n’apparaît plus clairement que policière, et éventuellement de dépasser, comme les Gilets jaunes avant eux, cette territorialisation, parfois plus subie que choisie, en s’aventurant jusque dans le cœur des villes, lieux de pouvoir et de consommation.

    #émeutes #centre_villes

  • Des nouvelles de l’union des droites : au Blanc-Mesnil (93) le Sénateur-Maire Thierry Meigne fait régner un climat de terreur politique
    https://threadreaderapp.com/thread/1679231229810425858.html

    Le maire et les Tilleuls : tension et répulsion
    https://www.bondyblog.fr/politique/municipales2020/le-maire-et-les-tilleuls-tension-et-repulsion
    Pourquoi les banlieues rouges passent à droite. Le Blanc-Mesnil, un cas d’école, Samir Hadj Belgacem

    Thierry Meignen
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Thierry_Meignen

    La nouvelle équipe municipale supprime les subventions du Forum culturel, salle de spectacle conventionnée inaugurée en 1993 et réputée l’une des grandes réussites de l’acte II de la décentralisation, afin de marquer une rupture avec la politique culturelle des précédentes administrations3.

    En juillet 2014, l’auteur de bande dessinée Remedium lance Titi Gnangnan, une bande dessinée publiée sous forme de daily strip sur Tumblr. Le personnage principal, maire nouvellement élu de la commune fictive d’Alba-Villa, est inspiré Thierry Meignen, qui menace de porter plainte contre l’auteur4 puis résilie son bail dans un logement conventionné de la commune, mais en octobre 2016 le tribunal administratif de Montreuil annule cette décision pour « détournement de pouvoir » de l’édile et condamne la municipalité à verser 1 000 € au dessinateur.

    Le maire a quitté les Républicains pour rejoindre Soyons libres créé par la présidente du conseil régional Valérie Pécresse.

    #émeutes #IDF #porcherie #banlieue_rouge #gauche #PCF_chauvin #droite #épuration #union_des_droites #Reconquête #cités #pauvres #association #culture #syndicalisme #privatisation #spéculation_immobilière #Valérie_Pécresse

  • Émeutes à Marseille : « Ils étaient là pour taper » : Hedi a été laissé pour mort après un tir de flash-ball | La Provence
    https://www.laprovence.com/article/faits-divers-justice/6003428299923315/info-la-provence-ils-etaient-la-pour-taper-laisse-pour-mort-apres-un-tir


    Hedi a le visage tuméfié, les jambes constellées de plaies, la tête barrée de pansements camouflant mal les multiples traumatismes de cette nuit du 1er au 2 juillet. PHOTO FREDERIC SPEICH

    Dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet, en marge des émeutes qui ont secoué Marseille, Hedi a reçu un tir de « flash-ball » dans la tempe avant d’être passé à tabac par un groupe de quatre à cinq personnes qu’il identifie comme un équipage de la Bac. Sorti du #coma, le jeune homme souffre d’un grave traumatisme crânien. Il raconte.

    Certains anniversaires marquent plus que d’autres. Hedi n’avait pas prévu de passer le sien couché sur un lit d’hôpital, le visage tuméfié, les jambes constellées de plaies, la tête barrée de pansements camouflant mal les multiples traumatismes de cette nuit du 1er au 2 juillet. Sur sa fiche de transmission, les médecins ont indiqué, dans la case exposant les raisons de son admission : « TC (#traumatisme_crânien, Ndlr) grave sur shoot de flash-ball ».

    Sur la tablette de sa chambre aux murs jaunis, le jeune homme de tout juste 22 ans dispose de plusieurs bouteilles d’eau minérale entamées et d’un paquet de bonbons éventré, auquel il ne faut pas se fier. « Il ne mange rien, gronde doucement Leïla, sa maman. Il a dû perdre au moins cinq kilos ! »

    Sa silhouette longiligne étendue sur les draps froissés, le jeune homme justifie dans un pâle sourire : « Le médecin a dit que c’était dû à l’état de choc. » Ce choc, Hedi l’a reçu en pleine tête la semaine dernière, alors qu’en marge des #émeutes qui ont secoué le #centre-ville de Marseille, il était sorti boire un verre avec Lilian, l’ami qu’il appelle son frère, en état de choc lui aussi depuis cette sombre nuit.

    « C’était la fête des terrasses, et j’ai terminé mon service vers 1h30, remonte le temps Hedi, assistant de direction dans l’hôtellerie-restauration, à Meyrargues. J’ai retrouvé Lilian à #Marseille, sur le Vieux-Port. Il devait être deux heures et il y avait beaucoup de fourgons de #police, on en a croisé quelques-uns, on leur a dit ’bonsoir’, on se sentait en sécurité. » Les deux jeunes hommes doivent retrouver leurs petites amies respectives, quand ils aperçoivent un #hélicoptère survoler la ville. « C’était comme dans un film, se souvient Hedi. On l’a suivi vers le cours Lieutaud, pour voir. On n’aurait pas dû. » Arrivés dans une ruelle non éclairée perpendiculaire au cours, vers le boulevard Baille, les deux amis croisent « quatre ou cinq hommes ».

    « Ils étaient en civil mais portaient une arme à la ceinture, un #flash-ball autour du cou et avaient des matraques, détaille Lilian. Quand ils nous ont demandé ce qu’on faisait là, l’un d’eux avait son arme à la main, le doigt sur la détente, un autre a déplié sa matraque. Je crois qu’on n’a même pas eu le temps de répondre. J’ai bloqué un coup de matraque avec mon bras, on s’est retourné pour partir en courant. Et j’ai entendu un tir . »

    « J’étais impuissant »

    Le jeune homme se retourne, voit son ami « voler », atteint par une balle de « flash-ball ». Hedi s’écroule sur le sol, du haut de son mètre quatre-vingt-dix. « Ils m’ont tiré par les habits et m’ont traîné dans une ruelle, ils m’ont mis sur le dos, l’un d’eux a mis ses genoux sur mes jambes pour les bloquer. J’essayais de me protéger, mais je sentais le sang couler de ma tête, je pensais que j’avais toujours la balle dessus », revit-il, mimant les gestes qu’il a instinctivement exécutés alors, désignant ses blessures , les unes après les autres, causées par des coups de pied, de poing et de matraque . « Et puis un des hommes a dit de me laisser tranquille et ils sont partis . »

    Sonné, meurtri, mais toujours conscient et « porté par l’adrénaline », Hedi parvient à se remettre sur pied, remarque le t-shirt gris de l’un de ses agresseurs taché de sang, le brassard sur l’avant-bras d’un autre. « Ils ont dû croire qu’on venait pour casser, tente-t-il de comprendre. On avait nos casquettes, nos gilets, mais pas de cagoules, de masques ou de gants... »

    Pour Lilian, « ils étaient là pour taper. Ils attendaient que quelqu’un passe et malheureusement, ça a été nous. » Et de poursuivre : « Je suis parti... Quand j’ai vu qu’ils l’emmenaient, j’ai cru qu’ils l’interpellaient, je pensais pas que ça pouvait se terminer comme ça. J’étais impuissant, je ne pouvais rien faire », explique-t-il, ses larmes répondant à celles qui roulent sur les joues de son ami.

    #toctoc #BAC #violences_policières #LBD #assassins

    • Cette nuit là

      Sept policiers ont été blessés à Marseille, dont un sérieusement.

      https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/marseille/emeutes-apres-la-mort-de-nahel-71-interpellations-et-7-

      La prise en charge des flics est prioritaire pour les services de secours qui, surtout dans de telles circonstances, sont placés sous les ordres de la préfecture (pire, à Marseille, comme à Paris, les pompiers sont militaires). Ce qui a eu lieu à Sainte Soline n’est pas une exception mais un cas dramatique qui a pris la lumière).

      La mort de Mohamed, ce livreur de 27 ans qui a eu le tort de filmer la police cette même nuit a été cachée trois jours durant par les autorités.

      Dans un dossier de tir de LBD dans la tête d’une enfant à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), nous avons demandé que l’ADN soit prélevé sur le projectile – que la famille avait remis à la police. La #justice a refusé. Puis elle a conclu à un classement sans suite pour défaut d’identification du tireur.

      https://justpaste.it/bnl4t

      Je me demande ce que sont devenus les fragments de balle de LBD identifiés à l’hosto.

      (toujours ahurissant de voir les déclarations initiales des proches qui pensent améliorer le rapport de force en niant la portée générale du cas qui les touche ; faudrait voir partout, épiceries arabes compris,De la stratégie Judiciaire de l’antisémite Vergès )

      #services_de_secours #en_bande_organisée

    • Tabasser un blessé grave par LBD, ça s’applaudit

      Les enquêtes sur les agissements des forces de l’ordre pendant les émeutes se multiplient (...). Gérald Darmanin évoque « moins de quinze » enquêtes, alors que la directrice de l’IGPN en dénombre vingt et une.
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/20/les-enquetes-sur-les-agissements-des-forces-de-l-ordre-pendant-les-emeutes-s

      L’opinion, encore marquée par les images d’incendies, les gerbes de mortiers d’artifice, les scènes de vandalisme diffusées par les chaînes d’information en continu, n’a pas prêté attention à ces événements. Mais, depuis, de nouveaux cas sont venus raviver les critiques faisant état de bavures.

      [...]
      Au total, sept agents de la brigade anticriminalité ont été transférés des locaux de l’#IGPN, à l’Evéché, le quartier général de la police, applaudis par leurs collègues qui s’étaient spontanément rassemblés pour leur apporter leur soutien. La levée de la garde à vue d’un premier policier est intervenue rapidement, suivie par celle de deux autres, dans la nuit de mardi à mercredi. Les quatre derniers policiers entendus par leurs collègues ont été déférés au parquet jeudi matin, indiquait une source judiciaire.

  • Mort de Nahel : À Montreuil, on s’interroge sur la véritable identité des casseurs | L’Humanité


    Une barricade, dressée dans le centre ville de Montreuil (Seine-Saint-Denis). © STEPHANE ROUPPERT / NURPHOTO VIA AFP

    Dans la nuit de jeudi à vendredi, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, les révoltes urbaines ont pris la forme de scènes d’#émeutes et de pillages. Chacun tentait de comprendre les évènements d’une nuit de violences inédite, avant que le centre commercial voisin de Rosny 2 ne soit, à son tour, pris pour cible par les jeunes émeutiers. 

    Ce vendredi matin, les tables sont sorties sur les terrasses et les habitants s’affairent dans une odeur de café. Montreuil semble couler une vie paisible sous un soleil radieux et rien, ou presque, ne laisse deviner que la ville a été, quelques heures plus tôt, le théâtre d’émeutes urbaines comme elle n’en avait jamais connu. Commerces pillés, feux de poubelles par dizaines, chevauchées nocturnes dans la ville... Des scènes d’apocalypse autour de la place de mairie, abondamment diffusées sur les réseaux sociaux.

    Si quelques indices de cette nuit fiévreuse subsistent - bitume cramé, poubelles brûlées et vitres brisées - les fonctionnaires municipaux s’empressent de les effacer sur le boulevard Rouget de Lisle qui relie les stations de métro Croix de Chavaux et Mairie de Montreuil. 

    Des militants venus d’ailleurs s’attaquent à la mémoire des résistants

    A mi-chemin, la section du Parti communiste a été la cible de vandales, vitrines fracassées. Trois militants sous le choc sont réunis et s’interrogent. Le motif de l’inquiétude, une l’inscription taguée sous la plaque des résistants déportés : « mort au communisme ». « Ils étaient très structurés, par groupe de trois », assure l’un d’eux. « Vers 21 heure, ils sont sortis par grappes de la bouche de métro Croix de Chavaux. Ce ne sont pas des gens qui habitent #Montreuil »
    https://www.humanite.fr/politique/montreuil/mort-de-nahel-montreuil-s-interroge-sur-la-veritable-identite-des-casseurs-

    une commande du maire Patrick Bessac ?

    #pawall...

    • « Ce ne sont pas des gens qui habitent Montreuil ». Un homme d’une soixantaine d’années s’arrête et engage la conversation « C’est des malades ces gens-là, ils s’attaquent à la gauche ! ». « Mais ce ne sont pas des gens de gauche ! », retorque le militant.

      La rue piétonne du Capitaine Dreyfus, avec son chapelet de cafés animés à quelques pas de la mairie, a été épargnée par les émeutiers. Des groupes de cinq hommes patrouillent pour protéger les lieux et s’enquièrent auprès des restaurateurs. « Des gens du quartier sont venus protéger la rue piétonne. Des plus anciens l’ont bloquée et des gens du quartier leur ont filé un billet », assure Méline Le Gourriérec, adjointe à la jeunesse de la municipalité. « Aujourd’hui, les jeunes ne dégradent plus les cités, mais viennent en centre-ville pour saccager les boutiques », constate-t-elle.

      Au bout de la rue, l’asphalte a cramé. Un immense feu qui n’a pas pénétré l’artère. « On peut craindre que les gens se protègent entre eux. Ça peut être dangereux ». A quelques mètres, rue des Lumières, c’est la colère et la sidération qui dominent chez les habitants qui s’amassent devant un petit centre commercial à ciel ouvert pour constater pillages et dévastations de nombreux commerces. « Sur la seule nuit dernière, c’est 450 000€ de pertes pour la seule ville, essentiellement en voirie », nous informe l’élue.

      Dans cette ville communiste, la crainte est manifeste que le pouvoir municipal ne soit pas épargné par la colère consécutive à l’assassinat du jeune Nahel par un policer, à Nanterre, mardi matin. Mais d’évidence, des groupes cagoulés dont il est difficile de définir les objectifs, se sont mêlés aux insurgés. L’ancien secrétaire de section du PCF local, Jean-Marie Doussin, s’interroge : « On entend de plus en plus parler d’une conjonction gilets jaunes, retraites, vie chère... »
      Peur de la police

      La comparaison avec les révoltes de 2005 est dans toutes les têtes. D’autant qu’à l’époque, Montreuil avait été relativement préservée, à l’inverse des villes voisines de Seine-Saint-Denis. Jean-Marie Doussin, qui a vécu les évènements, tente d’expliquer le phénomène : « ​​​​​​​ Par rapport à 2005, la situation sociale génère une sorte de solidarité objective. C’est un élément qui peut leur permettre de durer. Ils pensent pouvoir bouger les lignes après un mouvement social qui n’a pas abouti ».

      Mais le militant s’attache à cerner les évolutions sur presque 20 ans : « Ce qui a changé, c’est bien sûr les réseaux sociaux qui génèrent un phénomène de compétition », constate-t-il, ajoutant que « cette fois-ci, on a essentiellement affaire à des mineurs ou jeunes majeurs. Et il y avait aussi des filles, autant côté anars que côté quartiers ».

      « C’est parti pour durer », abonde Méline Le Gourriérec. « ​​​​​​​ Personne n’a une quelconque influence. Les jeunes veulent en découdre avec les flics, et je ne vois pas pourquoi ils s’arrêteraient. C’est le mort de trop. Ça me fait penser à ce qui s’est passé avec George Floyd aux Etats-Unis. En 2020, on a mené une enquête auprès des jeunes de Montreuil pour leur demander ce qui leur faisait le plus peur. Ils ont répondu : la Police. »

      Plus haut dans la ville, dans le quartier populaire de la Boissière, les pillages ont ciblé le magasin Auchan, ravagé. A quelques pas, le Lieu Ecoute Accueil, une structure associative de prévention et d’orientation largement financée par la ville, est ouvert pour recueillir la parole des habitants. Trois femmes sont présentes avec le médiateur et coordinateur de l’association Hamaye Konaté. Ils refont les évènements de la veille sur le large canapé de ce lieu hospitalier, cherchant des explications.

      « Je ne m’attendais pas à ce que ça prenne autant d’ampleur à Montreuil » s’étonne Hamaye Konaté, Montreuillois de naissance connu des jeunes des quartiers nord. « ​​​​​​​ Sur ce secteur, ça s’est bien passé la première nuit [mercredi soir, NDLR]. On est passé dans les cités », explique-t-il. Ici, la condamnation des violences est unanime, autant que la mort de Nahel dans les esprits.

      À deux heures du matin, Bintou Doukouré, élégamment coiffée ce matin d’un foulard africain, était devant le magasin Auchan. « Ils sont venus en scooters et camionnettes », témoigne-t-elle. « Ils étaient très organisés. » Une logistique impressionnante qui a permis de vider le magasin en quelques instants. « Puis d’autres personnes sont venues avec des sacs qu’elles ont rempli. Ils ont peut-être faim ». Impossible de pénétrer dans le supermarché, mais un coup d’œil suffit à constater que les rayons frais, portes réfrigérantes grandes ouvertes, ont été les premiers ciblés. « La crise sociale joue un rôle, c’est évident. », abonde Hamaye Konaté.
      Des médiateurs amers

      La petite assemblée pointe également les réseaux sociaux comme vecteur des effets de groupe ou de masse, et l’on doute, ici, que les pillages aient été l’œuvre de Montreuillois. C’est que le médiateur tient à rappeler le travail effectué depuis des années par la municipalité et le tissu associatif, particulièrement dense, de la ville. « On a effectué un gros travail entre les jeunes et la police en montant par exemple des saynètes pour que chacun puisse comprendre qu’elle est le rôle de l’autre. Un travail police / professionnels important, avec le commissaire ».

      “ Mais quand ça finit comme ça, c’est que le message ne passe pas”, énonce-t-il avec une pointe d’amertume. C’est toutefois la peur qui domine chez ces habitants, peur des violences comme de la police. Bintou Doukouré l’affirme : « ​​​​​​​ Les gens ont peur pour leurs biens, et les parents ont peur des contrôles policiers ou que leurs enfants se retrouvent au milieu de l’émeute. » « Et il y a de plus en plus de jeunes de 12 ou 13 ans », constate-t-elle à son tour.

      Pendant la conversation, la rumeur enfle d’un rendez-vous donné aux émeutiers dans le centre commercial Rosny 2, l’un des plus importants de France, dans la ville voisine. « Demain, rdv devant Rosny 2 à 14h30, venez nombreux et nombreuses toutes les cités on va faire les magasins » indique un message envoyé la veille et abondamment relayé sur Snapchat et TikTok.

      Le rendez-vous est honoré et des grappes de gamins courent et circulent dans ce temple de la consommation avant que le police arrive sur les lieux. Le centre commercial, habituellement rempli de jeunes qui salivent devant les vitrines de boutiques de marque, est évacué avec ses centaines de salariés, excédés ou fatalistes. Les émeutiers se replient sur les parkings en étages et toisent policiers et agents de sécurité, en s’attaquant aux rangées de caddies.

      Devant la gare RER qui dessert le centre commercial, un amas est constitué de plots, planches et bouts de plastique. Un enfant auquel on peine à donner dix ans, haut comme trois pommes, allume le brasier et s’enfuit en courant avant qu’une brigade de police débarque sous les huées. Des mômes, dont quelques filles, foncent par dizaines dans un bus bondé, d’autres détalent dans la cité voisine. Pour aller où ? Rivés à leurs smartphones, ils se donneront sans doute rendez-vous ailleurs.

    • derrière l’agence immobilière la rue du Capitane Dreyfus, épargnée (sauf le Quick), c’est plus Croix de chavaux, une piétonne à abreuvoirs dotés de terrasses et petits commerces, façon rue Quimcampois locale avec une clientèle moins friquée au sommet de laquelle figure une catégorie mixte de fonctionnaires et d’intermittents du spectacle indemnisés saupoudrée de quelques richous est située

      la rue des Lumières, dévastée, est une rue nouvelle de commerces franchisés qui débouche sur la nouvelle place de la Marie, son Naturalia, son ciné municipal devenu multiplex, son théâtre municipal et son environnement sud gavé de tours de bureaux, près de ce centre où doivent accéder par des bus bondés tous.tes celles qui vont taffer à Ripa par le métro

      la presse embourgeoisante dit Brooklyn pour Montreuil, c’est plutôt un micro Marseille sans la mer et ses touristes, et quoi qu’en dise l’article (qui dit aussi bien le contraire) le haut Montreuil est descendu au centre.

      merci @loutre !!

      #urbanisme #ville #centre-ville

    • Mort de Nahel M. : dans le centre-ville saccagé de Montreuil, des commerces pillés et des feux de poubelles partout

      Jeudi 29 juin au soir, jusque tard dans la nuit, un peu avant 3 heures du matin, Montreuil a connu sa deuxième soirée d’embrasement. Plus violents que la veille, les incidents se sont concentrés sur la place de la mairie, sur le boulevard qui mène au commissariat et, surtout, contre des boutiques du centre commercial à proximité de la mairie. Pas une n’a échappé à plusieurs centaines de jeunes, pour certains cagoulés, masqués et armés de bâtons. Pharmacie, magasin de téléphonie, d’optique, parfumerie, restaurant McDonald, distributeur de billets… tous ont été pillés. Les grandes baies vitrées du cinéma municipal, le Méliès, fierté des Montreuillois, ont, elles, été épargnées. Plusieurs voitures ont, comme la veille, été incendiées, les feux de poubelle étant généralisés, ainsi que quelques tentatives de dresser des barricades autour de la mairie.

      A la différence de mercredi soir, les jeunes, venus de nombreux quartiers de cette ville de quelque 110 000 habitants, se sont donné directement rendez-vous devant la mairie, les affrontements commençant vers 23 heures. La veille, la stratégie semblait plutôt de multiplier les feux de poubelles, les tirs d’artifice et de mortier dans différents quartiers, La Noue-Clos Français, Jean Moulin, Le Morillon… avec pour but d’attirer les policiers dans des sortes de guet-apens, une stratégie qui n’a pas fonctionné, les forces de l’ordre étant restées, la plus grande partie de la soirée, dans et autour du commissariat.

      un autre angle, le lendemain

      Mort de Nahel M. : à Montreuil, une « convergence des rages » contre la police

      Dans la ville de Seine-Saint-Denis, jeudi 29 juin, des militants de la mouvance radicale ont rejoint les jeunes des quartiers, dont ils veulent se rapprocher, pour participer aux violences urbaines. Des initiatives similaires sont prises à Marseille ou à Toulouse.

      https://justpaste.it/avnek

  • « Les banlieues qui s’enflamment ont beaucoup plus en commun avec les bourgs et les villages abandonnés que ce que l’on s’imagine », Thomas Piketty

    Pour analyser les émeutes urbaines de 2023 – de loin les plus graves depuis celles de 2005 – et les incompréhensions politiques qu’elles suscitent, il est indispensable de revenir aux sources du malaise territorial français. Les banlieues qui s’enflamment aujourd’hui ont beaucoup plus en commun avec les bourgs et les villages abandonnés que ce que l’on s’imagine parfois. Seul le rapprochement politique de ces différents territoires défavorisés permettra de sortir des contradictions actuelles.

    Revenons en arrière. Entre 1900-1910 et 1980-1990, les inégalités territoriales ont diminué en France, aussi bien du point de vue des écarts de produit intérieur brut [PIB] par habitant entre départements que des inégalités de richesse immobilière ou de revenu moyen entre communes et entre départements.

    C’est tout l’inverse qui s’est produit depuis les années 1980-1990 (Julia Cagé et Thomas Piketty, Une histoire du conflit politique, Seuil, 832 pages, 27 euros). Le ratio entre le PIB par habitant des cinq départements les plus riches et les plus pauvres, qui était passé de 3,5 en 1900 à 2,5 en 1985, est ainsi remonté à 3,4 en 2022.

    On assiste au passage à une concentration inédite du PIB au sein de quelques départements de l’Ile-de-France (notamment #Paris et les #Hauts-de-Seine), en lien avec l’expansion sans précédent du secteur financier et des états-majors des grandes entreprises, et au détriment des centres industriels provinciaux. Cette évolution spectaculaire a été exacerbée par la dérégulation financière et la libéralisation commerciale, ainsi que par des investissements publics faisant la part belle à la région capitale et aux grandes métropoles (TGV contre trains régionaux).

    Défis spécifiques

    On retrouve des évolutions similaires au niveau des inégalités entre communes. Le ratio entre la richesse immobilière moyenne des 1 % des communes les plus riches et les plus pauvres est passé de 10 en 1985 à 16 en 2022. A Vierzon (Cher), à Aubusson (Creuse) ou à Château-Chinon (Nièvre), la valeur moyenne des logements est d’à peine 60 000 euros. Elle dépasse les 1,2 million d’euros dans le 7e arrondissement de Paris, ainsi qu’à Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine), à Saint-Jean-Cap-Ferrat (Alpes-Maritimes) ou à Saint-Marc-Jaumegarde (Bouches-du-Rhône).

    Le ratio entre le revenu moyen des 1 % des communes les plus riches et les plus pauvres est passé quant à lui de 5 en 1990 à plus de 8 en 2022. Le #revenu moyen est d’à peine 8 000 à 9 000 euros par an et par habitant à Creil (Oise), à Grigny (Essonne), à Grande-Synthe (Nord) ou à Roubaix (Nord). Il atteint 70 000 à 80 000 euros à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), au Vésinet (Yvelines) ou au Touquet (Pas-de-Calais). Il dépasse même les 100 000 euros par habitant (y compris les enfants !) dans les 7e et 8e arrondissements de la capitale.

    Le point central est que l’on observe des inégalités considérables entre communes sur l’ensemble du territoire, aussi bien à l’intérieur des grandes agglomérations que des bourgs et des villages. Au sommet de la hiérarchie territoriale se trouvent les banlieues les plus riches des grandes métropoles, une partie des centres-villes, ainsi qu’un certain nombre de bourgs et de villages huppés. Tout en bas de la pyramide, les banlieues les plus pauvres ont été lourdement frappées par la désindustrialisation. Elles sont désormais tout aussi pauvres que les bourgs et les villages les plus pauvres, ce qui n’était pas le cas historiquement.

    Ces différents territoires défavorisés font certes face à des défis spécifiques. Les banlieues #pauvres ont une beaucoup plus forte expérience de la diversité des origines et des discriminations avérées face aux pratiques policières, ou à l’accès au logement et à l’emploi. Il est urgent que la puissance publique se donne enfin les moyens d’objectiver et de mesurer rigoureusement l’évolution de ces discriminations – dont l’existence est démontrée par une multitude de travaux de recherche.

    L’argent public exacerbe les inégalités au lieu de les corriger

    Les différents territoires défavorisés se caractérisent également par des insertions spécifiques dans la structure productive. Les banlieues pauvres comprennent un grand nombre d’employés des services (commerce, restauration, nettoyage, santé, etc.) qui continuent de voter pour la gauche. A l’inverse, les bourgs et villages pauvres comprennent désormais davantage d’ouvriers exposés à la concurrence internationale. Beaucoup se sont sentis abandonnés par les gouvernements de gauche et de droite des dernières décennies (accusés d’avoir tout misé sur l’intégration européenne et commerciale à l’échelle mondiale, sans limites et sans règles) et ont rejoint le Rassemblement national (anciennement Front national).

    Mais, contrairement à ce que s’imaginent les responsables politiques du bloc nationaliste, ces électeurs attendent avant tout des réponses socio-économiques à leurs problèmes et non pas une stratégie de l’affrontement identitaire, qui ne correspond nullement à l’état réel de la société française, comme le montrent les niveaux très élevés de mixité et d’intermariages.

    La vérité est que les banlieues pauvres et les bourgs et villages pauvres ont beaucoup de points communs par rapport à tout ce qui les sépare des territoires les plus riches, notamment en matière d’accès aux services publics et de budgets communaux. La raison en est simple : les ressources dont disposent les collectivités publiques dépendent avant tout des bases fiscales locales, et les dispositifs nationaux supposément mis en place pour faire face à ces inégalités abyssales n’en ont jamais réduit qu’une petite partie.

    Finalement, le budget par habitant est plus élevé dans les communes riches que dans les communes pauvres, si bien que l’argent public exacerbe les inégalités initiales au lieu de les corriger, en toute bonne conscience. Les propositions faites en 2018 par le rapport Borloo pour objectiver cette réalité et y mettre fin ont été abandonnées, et le bloc libéral continue d’expliquer aujourd’hui qu’aucune redistribution supplémentaire n’est envisageable. Face aux impasses des deux autres blocs, c’est au bloc de gauche qu’il appartient aujourd’hui de rassembler les territoires défavorisés autour d’une plate-forme commune.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/08/thomas-piketty-les-banlieues-qui-s-enflamment-ont-beaucoup-plus-en-commun-av

    la périphérie est (presque) partout

    #émeutes #banlieues #fiscalité #salaire #territoire

  • Révoltes urbaines : couper les réseaux sociaux pour ignorer l’incendie ? - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2023/07/nahel-revoltes-urbaines-couper-les-reseaux-sociaux-pour-ignorer-lincendie

    « L’attention est l’oxygène des mouvements. Sans elle, ils ne peuvent pas s’embraser », écrit Zeynep Tufekci, sociologue américano-turque dans son remarquable essai Twitter et les gaz lacrymogènes, forces et fragilités de la contestation connectée (C&F éditions). Elle ajoute : « Des acteurs puissants tentent d’étouffer les mouvements en leur refusant toute attention. » Couper les réseaux sociaux ou carrément le réseau des réseaux, Internet, est devenu en quelques années l’outil indispensable des régimes autoritaires. Turquie, Inde, Chine, Russie… 72 pays (1), non démocratiques pour l’essentiel, utilisent de telles techniques pour s’assurer de la docilité de leur population.

    Couper les réseaux, ce n’est pas seulement empêcher l’incendie de se propager, mais empêcher de le voir. Comme le soulignait très justement Zeynep Tufekci dans Twitter et les gaz lacrymogènes, la profusion d’images lors d’événements de contestation permet aux journalistes et militants des droits humains, sans être dans la confusion du moment, d’appréhender un événement sous une multitude d’angles. Empêcher ce travail de documentation revient à entraver la presse et masquer de potentielles violences de la police. L’article 24 de la loi sécurité globale – depuis censuré par le Conseil constitutionnel –, qui projetait de pénaliser la diffusion « malveillante » d’images de policiers, procédait du même esprit. Circulez, il n’y a rien à voir. Les militants des quartiers n’ont pas fini de le répéter : ici c’est le laboratoire, ici se joue l’avenir. Tout le monde devrait se sentir concerné, les techniques imaginées pour « pacifier » les banlieues finissent toujours par en sortir.

    #Zeynep_Tufekci #Emeutes

  • Entre expérience et expérimentation, une politique qui ne porte toujours pas le nom de politique (2007)
    https://www.cip-idf.org/spip.php?article3284

    Les vagues de révolte se soulèvent et disparaissent selon des logiques qui font couler l’encre des sociologues et des théoriciens, selon des trajectoires qu’on ne retrace pas sans se sentir policier et intrusif, sans se voir en archiviste de la nostalgie. Nous n’avons pas ici l’ambition de faire un bilan de l’hiver et du printemps agités qui viennent de s’écouler. Dans les lignes qui suivent nous aborderons quelques problèmes de langage présents dans la politique contemporaine et les critères qui organisent le partage entre ce qui relève de cette politique et ce qui en exclu.

    Tout serait-il vain parce que la souffrance est éternelle, et que les révolutions ne survivent pas à leur victoire ? Mais le succès d’une révolution ne réside qu’en elle-même, précisément dans les vibrations, les étreintes, les ouvertures qu’elle a données aux hommes au moment où elle se faisait, et qui composent en soi un monument toujours en devenir, comme ces tumulus auxquels chaque nouveau voyageur apporte une pierre. la victoire d’une révolution est immanente, et consiste dans les nouveaux liens qu’elle instaure entre les hommes, même si ceux-ci ne durent pas plus que sa matière en fusion et font vite place à la division, à la trahison. G. Deleuze, F. Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ?, Les Editions de Minuit, Paris, 1991.

    Ce qui nous intéresse ici est aussi de montrer que les #émeutes de novembre 2005 et celles d’avril 2006 s’inscrivent dans une longue généalogie de soulèvements et que le fait qu’elles soient à présent devenues « souterraines » ne préjuge en rien de leur valeur d’événements.

    Comme l’explique Foucault « ce qui, dans l’histoire, échappe à l’histoire, ce n’est pas l’universel, l’immobile, ce que tout le monde, tout le temps, peut penser, dire ou vouloir. Ce qui échappe à l’histoire, c’est l’instant, la fracture, le déchirement, l’interruption (...). La révolution s’organise selon toute une économie intérieure au temps : des conditions, des promesses, des nécessités ; elle loge dans l’histoire, y fait son lit et finalement s’y couche. Le soulèvement, lui, coupant le temps, dresse les hommes à la verticale de leur terre et de leur humanité" [1].

    Deux de ces coupures verticales, de ces ruptures de la ligne prescrite par l’histoire des vainqueurs ont donc pris place d’après les medias dans les mois passés. La première s’est produite dans les banlieues de plusieurs villes de l’hexagone et à été attribuée - de manière un peu grossière - à des jeunes issus de l’immigration et mécontents d’un présent trop répressif et d’un futur trop sombre. La deuxième qu’on a baptisée mouvement anti-CPE s’est développée au cœur des villes et des universités, a été le fait des étudiants et des syndicats, a fini par réunir les jeunes et les adultes sous un seul drapeau qu’a l’étranger on a souvent trouvé conservateur. Car les pays où la tragédie de la fin du welfare s’est déjà consommée dans les décennies passées (comme l’Angleterre par exemple) ont jugé incompréhensible cette réaction de masse contre des conditions d’entrée dans le marché du travail qui ne semblaient point avilissantes. Mais de fait la contestation de ces conditions ne résume pas l’éventail des raisons qui ont fait descendre des milliers de gens dans les rues contre le gouvernement en place.

    [...]

    Les politiques du silence sont alors les pratiques propres aux états d’exception, celles qui se tiennent dans une relation étroite et risquée avec l’expérimentation aussi bien qu’avec l’expérience, pendant que le pouvoir en place gonfle sa puissance de répression. On peut aussi parler de « politiques de purs gestes », car le geste est toujours geste de ne pas se retrouver dans le langage et que l’être-dans-le-langage n’est pas quelque chose qui puisse être énoncé en propositions [44].

    Les catégories qui nous permettent de penser cet espace liminaire du politique, où quelque chose de décisif se joue au jour le jour en dehors de la comédie représentative gouvernementale et en deça du théâtre bohémien de la gauche extra-parlementaire, n’ont sans doute pas encore été crées. Pour l’heure, un enjeu important reste celui de prêter l’oreille, le corps, les affects, aux silences de la politique qui ne porte toujours pas ce nom.

    #révolte #immanence_de_la_révolution #révolution #histoire #interruption #soulèvement #mouvement_anti-CPE #émeutes_de_2005 #État #politique

    • La catégorie de l’étrangeté était plus qu’une figure de style pour l’Autonomie italienne qui en fit son orgueil [33] et l’articula notamment autour de l’idée pivot du refus du travail, c’est-à-dire le refus d’assumer comme sa propre place dans la dynamique de l’émancipation celle dela classe ouvrière. En 1977 les cercles du jeune prolétariat diffusaientun long communiqué, nous en citons un extrait dont l’actualité risque de surprendre : « Va travailler ! Ils nous le disent toujours, que l’on travaille ou que l’on soit chômeur. En effet nous sommes d’accord avec cet ouvrier américain qui disait dans une interview : » Si un matin je me levais avec l’envie d’aller travailler, j’irais tout de suite voir le psychologue« . C’est pour cela qu’existent les grèves et les absentéismes. Le travail (...) n’est qu’une nécessité. Mais même cette nécessité les patrons nous la rendent énormément pesante. Travailler veut dire commencer jeunes à faire de nouveau la vie de nos pères, huit heures à la chaîne ou au bureau, toujours obligés de rendre des comptes à un chef, avec pour seule perspective pour nous, les jeunes, d’être opprimés et exploités pendant toute notre vie (...). L’accusation de ne pas avoir envie de travailler, lorsqu’elle vient des bourgeois n’est qu’une grande hypocrisie » [34].

      #autonomie #travail #refus_du_travail

  • « Prends-moi un Yop » : l’absurde au cœur des émeutes
    https://theconversation.com/prends-moi-un-yop-labsurde-au-coeur-des-emeutes-208958

    Les révoltes de juin 2023 sont en train de faire l’histoire, une histoire supplémentaire de rupture avec les pouvoirs. Elles frappent par leur intensité, la rapidité de leur propagation, l’ampleur des destructions, et chose nouvelle par rapport à 2005, celle des pillages.

    La circulation des vidéos sur les réseaux sociaux ajoute à la stupéfaction. Ces émeutes sont des révoltes politiques quand bien même elles ne se traduisent pas, dans le présent de la situation, par des slogans ou des revendications. Ce qui domine dans l’émeute, ce n’est pas la parole mais plutôt l’acte.

    Elle confronte la société dans ce qu’elle sait déjà mais qu’elle dénie ou qu’elle se refuse d’affronter sérieusement depuis des décennies autrement que par une gestion technique du « maintien de l’ordre public ». Ces vies écrasées et méprisées se redressent et débordent. Elles font effraction dans ce qui leur est habituellement soustrait : la parole et l’audition politiques.

    « Dingueries »

    Au côté de la gravité de la situation et de ses déterminations politiques, une chose étonne : au milieu des affrontements, entre les tirs de mortiers, de feu d’artifice, des dizaines de vidéos montrent aussi des émeutiers hilares, amusés de leurs propres gestes et narquois.

    Ils donnent le sentiment de jouir du moment présent. Ils développent un sens évident de la mise en absurdité de leurs propres gestes. On y croise des « fous » qui font toute sorte de « dingueries » c’est-à-dire des êtres qui osent des gestes transgressifs que le commun s’interdit d’accomplir par crainte ou par honte. Le temps d’un instant, au cours d’une nuit ou d’une marche blanche, certains en oublient les sentiments tristes qui les ont conduits dans la rue.

    C’est un fait assez commun aux émeutes : elles sont un condensé d’affects et de sensations hétérogènes et souvent contradictoires. L’absurde côtoie la colère. L’humour se confond avec la violence des gestes. La joie se mêle aux larmes de la famille endeuillée de Nahel.

    Les gestes nihilistes de saccage se mélangent aux plaintes dirigées sans équivocité à l’endroit des forces de l’ordre et de l’état. Rationalités politiques et gestes absurdes sont le propre des pratiques émeutières.

    #révolte #pillages #émeutes

    • LE VERTIGE DE L’ÉMEUTE, entretien avec Romain Huët
      https://lundi.am/Le-vertige-de-l-emeute

      Ce #livre est parti d’une idée assez simple. Il est né en 2016 pendant la Loi Travail. Ce qu’on appelait alors le cortège de tête était intense. Les affrontements étaient nombreux. Et je constatais bien autour de moi, qu’au lieu de susciter de la répulsion, ce cortège attirait toujours plus de personnes. Vraisemblablement, des gens ordinaires le rejoignaient « parce qu’il se passait vraiment quelque chose ». Plus encore, je constatais de la joie, une ambiance festive, une quasi-effervescence collective. Cette atmosphère légère et rieuse contraste avec l’idée que je me faisais de la révolte et de l’épreuve de la rue. La colère, les demandes de justice, le refus du « monde tel qu’il est » sont des épreuves tristes et graves. Elles sont le signe d’une impuissance, d’un monde subi, de vies obligées à être contrites. Et je découvrais assez naïvement que la révolte n’est pas que l’expression du refus devant la vie écrasée. Elle est une « puissance de vie » comme disait Albert Camus (L’homme révolté).

      J’ai voulu comprendre ce qui suscitaient ces passions joyeuses chez les participants à une émeute. Et ce fait n’est pas réductible à tel ou tel mouvement social. Lors de la dernière réforme des retraites, j’étais assez saisi de voir l’enthousiasme qui gagnait les manifestants lorsque les dispositifs de la préfecture étaient débordés. Beaucoup expérimentaient leurs premières manifestations. Et je crois bien qu’ils en garderont un souvenir brulant. Ils ont participé à un moment ponctuel et très localisé de mise en déroute du pouvoir. Aux impuissances auxquelles nous sommes bien habitués, les manifestations sauvages donnent cette singulière impression d’inverser les registres de la puissance, de fragiliser les ordres policiers comme si le monde se fendait provisoirement.

      La thèse que j’essaye de défendre est assez simple. On a tendance à occulter la qualité affective de l’épreuve que la vie fait d’elle- même au cours de la réalisation d’une émeute. Cette occultation est tout à fait problématique car l’essentiel du sens d’une émeute ne réside pas dans les rationalités qui président au choix de la violence comme moyen politique. Toute la puissance performative de l’émeute et son attrait résident plutôt dans le fait qu’elle éveille des dispositions subjectives particulières tant au cours de l’instant de la violence que dans les sociabilités que les émeutiers nouent les uns avec les autres. Pour s’éviter ce genre d’approximation, il nous faut parler de l’expérience elle-même et de la réalité des émotions qu’elle contient. La scène qu’ouvre l’émeute est sans commun rapport avec nos vies ordinaires enfoncées dans leurs petites contingences, leurs petits riens qui les rendent ternes et sans éclats. L’émeute est le contraire. Elle est exubérance, intensité, et sentiment que le monde est « affecté » par le geste accompli.

      #expérience #intensité #joie