@allergie Oui, mais je lis l’interview de l’auteur sur son site, et sans aucune surprise, ça parle de l’anorexie (des canons d’aujourd’hui). J’y vois donc bien une lecture simpliste, avec condamnation des canons d’aujourd’hui, sans trop d’interrogation sur ceux de l’époque et leur évolution.
Ce que dit Agnès est tout de même beaucoup plus intéressant.
Les femmes de l’époque ne sont pas athlétiques, parce que ce sont les paysannes qui font des efforts physiques toute la journée, elles ne sont pas bronzées, parce que là encore les paysannes passent leurs journées dehors. Aujourd’hui, la femme des classes laborieuses est urbaine, travaille assise enfermée dans un bureau, n’a pas le temps de soigner son alimentation, ne peut pas se payer les crèmes antirides de luxe… Donc la représentation de la femme idéale (donc pas laborieuse) se pose assez naturellement à l’inverse : elle a du temps et les moyens pour s’occuper d’elle-même, donc elle est bronzée, athlétique, avec un régime alimentaire contrôlé, et des crèmes régénérantes qui vont bien.
Les représentations de l’époque ne sont en rien « naturelles ». Elles sont socialement construites, et pas forcément pour le mieux. Or ce que je lis sur ce travail (et les histoires d’anorexie), ça repose très largement sur l’idée de l’opposition entre femmes « naturelles » de l’époque, et « anorexiques » d’aujourd’hui.