• Le petit président - Élisabeth Vallet - Le Devoir - 4 Avril 2020
      https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/576413/etats-unis-le-petit-president

      Très tôt après son élection, devant ses agissements imprévisibles, son dédain pour l’intérêt général et son incapacité à embrasser la complexité, la question a été soulevée. Comment ce président, sans expérience de gouvernement, dépourvu d’un sens du service public, dépourvu d’empathie, incapable de tolérer et de bénéficier des dissensions, allait-il faire face à la première crise majeure que devraient affronter les États-Unis ? La réponse est là. Sous nos yeux. Et ça pique.

      Incompétent
      Le 11 mars 2020 a des relents de 11 Septembre. Même dérapage, même aveuglement, même rendez-vous raté. Avec une strate de plus : cette crise s’est jouée en slow motion. Le président a eu deux longs mois pour agir alors que les services de renseignement bombardaient le gouvernement d’informations alarmantes. Il ne l’a pas fait. Il a eu beau, le soir du 11 mars, dans son adresse à la nation — la seule vraiment depuis le début de cette crise — minimiser, blâmer, vilipender, les ratés remontent au début de sa présidence. À vouloir apurer le « deep state » , il a fini par priver son gouvernement d’une capacité de réaction rapide. À force de museler les points de vue divergents, il s’est privé d’expertises essentielles. Il a démantelé des équipes compétentes, notamment au National Security Council, et a écarté du revers de la main les résultats d’une simulation sur la réponse à une pandémie organisée lors de la transition par l’équipe d’Obama. Obsédé par sa cote de popularité et sa réélection, il refuse d’orchestrer une réponse coordonnée. Or, le président a un rôle clé en matière d’impulsion, de coordination, de chef d’orchestre, celui que décrivait Tocqueville lorsqu’il écrivait sur la démocratie en Amérique. Encore aurait-il fallu que Trump ait l’envergure d’un grand président. Mais il est plus qu’incompétent, son comportement est criminel.

      Criminel
      À ce stade-ci, le commandant en chef, dont on connaissait le rapport plus qu’élastique à l’éthique, s’est mué en criminel en chef. Il n’y a pas d’autres mots pour qualifier celui qui affirme qu’il aura fait « une bonne job » si le nombre de morts demeure en deçà de 100 000. Cent. Mille. Humains. Rejeter les appels à l’aide du gouverneur new-yorkais va dans le même sens. C’est une condamnation à mort pour ceux qui auront besoin des respirateurs de la réserve fédérale pour survivre. Il est tout aussi criminel de légitimer ainsi l’inertie des gouverneurs républicains du Sud et du Midwest qui va mener à plus de morts encore, ou encore les propos du gouverneur du Texas, selon qui les grands-parents mourront avec enthousiasme pour le bénéfice économique de leurs petits-enfants. Bien entendu, le président ne joue pas seul dans sa catégorie. Les sénateurs qui ont vendu pour des millions d’actions après avoir lu les rapports du renseignement jouent dans la même équipe. Tout comme le gouverneur de Géorgie qui affirme qu’on ne savait pas que les personnes asymptomatiques étaient contagieuses. Dès lors, minimiser une menace imminente ou refuser d’agir lorsque des gouverneurs appellent au secours entre dans la catégorie « trahison, corruption ou autres hauts crimes et délits ». Sauf qu’il est trop tard pour le destituer.

      Pirate
      Parce qu’au fond, le pays est aujourd’hui dirigé par un pirate. Qui n’hésite pas à faire payer aux autres le prix de son incompétence. Une commande de masques pour la France, le Canada ou d’autres alliés ? Il suffit de tripler la mise, et hop, détournée. Des exportations de masques à destination du Canada ? Enrayées. Cela va de pair avec la transaction avortée (ce qu’a confirmé la chancelière allemande) entre le laboratoire allemand CureVac et le président américain. Ainsi, aucune alliance, aucun accord de libre-échange n’ont de valeur dans son univers. Il est prêt à faire déraper une négociation internationale du G7 sur une affaire terminologique, et à faire affaire avec la Russie et la Chine pour obtenir les équipements dont il a besoin.

      Il aurait fallu aux États-Unis un grand président. Il aurait fallu au monde un pays aux commandes de la réponse multilatérale. Las, l’inaction de ce petit président a des conséquences dramatiques. Sur le plan individuel, une fois que l’on aura compté nos morts après cette vague et les suivantes, les Occidentaux que nous sommes, accoutumés à ne pas rencontrer d’entraves à nos déplacements, verront soudain s’ériger des murs réels et virtuels — habituons-nous à l’idée d’un « passeport immunitaire » subordonnant notre mobilité à notre santé. À l’échelle locale, les systèmes de santé exsangues n’auront aucune capacité de rebond lorsque cette crise aura muté vers les finances publiques. Sur le plan étatique, la crédibilité des dirigeants sera érodée au point de fragiliser ce qu’il reste de démocratie. À l’échelle internationale, le système de coopération qui fondait le système international aura volé en éclats, et la concurrence — plus dommageable que la coopération — contribuera à l’appauvrissement mondial tandis qu’on aura laissé le Sud mourir… sans se retourner. Enfin, le rééquilibrage du système international, mû par les « mauvais samaritains » de la diplomatie du masque, ne mènera pas forcément au retour de la stabilité. Ce petit président aura finalement eu un effet démesuré.

      #Donald_Trump ou #emmanuel_macron #coronavirus #baltringues

  • Hôpital public : la note explosive de la Caisse des dépôts
    Laurent Mauduit et Martine Orange
    https://www.mediapart.fr/journal/france/010420/hopital-public-la-note-explosive-de-la-caisse-des-depots?onglet=full

    À la demande d’Emmanuel Macron, la Caisse des dépôts travaille à un plan pour l’hôpital public. Mediapart en révèle le contenu. Au lieu de défendre l’intérêt général, il vise à accélérer la marchandisation de la santé et sa privatisation rampante.

    ...
    La philosophie générale du plan. Tous les experts que nous avons interrogés – professeur de médecine, économistes, sociologue – portent sur cette note un regard similaire. S’ils relèvent ici ou là quelques avancées, ils constatent qu’elle ne tire aucun enseignement de la crise sanitaire historique que nous traversons et cherche à poursuivre et même à accélérer les processus de privatisation rampante et de marchandisation de la santé, qui étaient déjà à l’œuvre les années précédentes.

    ...
    Pierre-André Juven ajoute : « Ce document est le révélateur très net des orientations actuelles en matière de réformes de la santé : nécessité de faire plus de place au privé ; croyance forte dans l’innovation numérique comme solution au double enjeu de la qualité des soins et de la contrainte financière ; responsabilisation et individualisation face au risque. Les quatre points généraux du document ne sont qu’un coup de tampon aux stratégies édictées depuis plusieurs années. Loin de remettre en cause les orientations délétères des réformes conduites depuis plus de vingt ans, ils conduisent à accélérer la casse de l’hôpital public. Ce document n’est pas seulement la marque d’une volonté d’étendre l’emprise du privé au sein de l’hôpital public, il traduit la conception technophile, néolibérale et paternaliste qu’une grande partie des acteurs administratifs et des responsables politiques ont de la santé. »

    Interrogé également par Mediapart, le professeur André Grimaldi, fondateur du Collectif Inter-Hôpitaux, juge aussi sévèrement cette note. Il souligne en particulier qu’elle présente le vice majeur de mettre sur un pied d’égalité l’hôpital public et d’autres établissements, dont les établissements privés de santé à but non lucratif (Espic), qui, même s’ils sont détenus par des mutuelles et des fondations, sont régis par d’autres règles, notamment celles de la concurrence, ce qui leur permet d’embaucher les soignants sous des contrats individuels, de faire leur mercato pour débaucher des professeurs de renom, avec les rémunérations afférentes. Cette mise sur un pied d’égalité de ces établissements a, selon lui, pour effet d’effacer la frontière entre public et privé et s’inscrit dans une logique de marchandisation.

    Jean-Paul Domin, professeur de sciences économiques à l’université de Reims et membre des Économistes atterrés, soulève, avant toute chose, une question de méthode : « N’y a-t-il pas un évident conflit d’intérêts à demander un rapport à la CDC sur l’hospitalisation ? La CDC, via une de ses filiales Icade santé, est un acteur majeur de l’hospitalisation privée lucrative. Icade santé est détenue à hauteur de 38,8 % par la CDC et pour 18,4 % par Prédica SA (la filiale assurance du Crédit agricole). Icade s’est spécialisée sur le marché de l’immobilier sanitaire. Elle possède un portefeuille de 135 établissements de santé valorisé à hauteur de 5,5 milliards d’euros. Elle est déjà partenaire de marques reconnues (Elsan, Ramsay santé, Vivalto) ainsi que des groupes régionaux. Icade souhaite également investir le marché des Ehpad et annonce un accord de partenariat avec le groupe Korian. »

    #Politique-de-santé #Hôpitaux #Emmanuel-Macron #Ultralibéralisme #Privatisation

    • Pour Jean-Paul Domin, la critique est similaire : « C’est le truc à la mode. Les opérateurs complémentaires (mutuelles, assurances) se sont lancés en proposant des solutions de téléconsultation (la société Mesdocteurs.com est financée en partie par Axa, qui est au capital). La CDC oublie que cette fausse solution nécessite que l’ensemble des patients puisse avoir accès au très haut débit, ce qui n’est pas le cas pour tout le monde. L’accès à la télémédecine est marqué par de fortes inégalités. »

      Depuis quelques mois impossible pour moi d’avoir accès à mon compte « Amélie ». J’ai perdu mes codes, comme la fonction pour en demander de nouveaux en ligne est down, je fait une demande écrite par la poste. Un mois plus tard je reçoit le code, il marche pas mon compte est indiqué « indisponible pour l’instant - revenez plus tard ». Je téléphone à la secu, plus de 30 minutes d’attente avec la petite musique qui rend folle au prix standart + 6 centimes la minutes. L’opérateur me donne un nouveau code par SMS.
      Je vais sur Amélie et là encore ca marche pas « votre compte est indisponible pour l’instant - revenez plus tard » avec une image très mignonne et plus aucune fonction accessible meme la demande d’un nouveau code.
      N’étant pas super douée en informatique mais pas non plus totalement incapable je suis toujours dans l’incapacité d’avoir accès à mon compte Amélie. Ca implique que je peu pas avoir de justificatif pour prendre une mutuelle du coup j’ai du payé pas mal de frais médicaux de décembre à mars et j’ose pas imaginé ce que serait une téléconsultation avec ce système.

    • et puis après la lecture de cet article je tombe sur ceci qui m’aurais fait avalé mon dentier si j’en avait un !

      Coronavirus : « La solidarité, ça ne s’instrumentalise pas », dit Paris à Pékin et Moscou

      https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/290320/coronavirus-la-solidarite-ca-ne-s-instrumentalise-pas-dit-paris-pekin-et-m

      La Chine et la Russie ne doivent pas « instrumentaliser » l’aide qu’elles apportent à d’autres dans la crise sanitaire du Covid-19, a déclaré dimanche une ministre française, déplorant des mises « en scène » à des fins de « propagande ».

      « La solidarité, ça ne s’instrumentalise pas », a lancé la secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Amélie de Montchalin dans l’émission « Questions politiques » de la radio France Inter, du journal Le Monde et de France Télévisions.

      « C’est parfois plus simple de faire de la propagande, des belles images et parfois d’instrumentaliser ce qui se passe », a-t-elle relevé. « Je vous parle de la Chine, de la Russie qui mettent en scène des choses », a-t-elle souligné.

    • Et je viens d’apprendre par la MDA que je vais pas pouvoir avoir de dédomagement pour mon expo qui à été annulée le 16mars car j’ai aucun moyen d’avoir cette « attestation de la sécurité sociale des artistes-auteurs de l’année en cours ou précédente ou tout document attestant de votre situation sociale en cours de validité » qui est bloqué sur Amélie et qui m’a déjà couté un bras et qui va me couter les deux jambes.
      https://www.cnap.fr/fonds-durgence
      et pour la seconde aide possible j’ai 0€ de revenus pour mars 2019 tout comme mars 2020, mes premières factures sont daté d’avril 2019....

  • "Ils m’ont emballé comme un colis" : le cri de détresse d’un Camerounais expulsé de Turquie

    Dans une série de vidéos publiées à la mi-février, un homme est emballé dans du film plastique à bord d’un avion de la #compagnie_aérienne Turkish Airlines. Ces images ont largement circulé au Cameroun, pays d’origine de ce passager, et ont suscité une vague d’indignation. La rédaction des Observateurs de France 24 a pu recueillir le témoignage de cet homme qui dénonce un traitement violent et humiliant de la part de cette entreprise et des autorités turques.

    Notre rédaction a pu identifier une série de quatre #vidéos montrant un incident à bord du vol numéro TK667 reliant Istanbul et Yaoundé la nuit du 27 au 28 janvier 2020.

    https://twitter.com/Ehuzud/status/1229365329727512576?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

    Cette première vidéo montre le moment où le passager a commencé à protester contre son expulsion. Elle a été filmée par sa compagne qui se trouvait non loin. À la fin de la vidéo, une hôtesse de la compagnie #Turkish_Airlines, reconnaissable à son uniforme, l’empêche de filmer.

    https://twitter.com/abelamundala/status/1229288299216461824?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

    Cette deuxième #vidéo montre le moment où les trois hommes qui entourent le passager commencent à lui retirer le film plastique qui entoure son torse. Ces images ont également été filmées par sa compagne.

    Ces deux vidéos ont été publiées dès le 28 janvier sur Facebook et ont été transmises à l’influenceur camerounais #David_Eboutou par une passagère de l’avion Istanbul Yaoundé. On y voit le passager libéré de la plupart de son enveloppe de plastique et les hommes qui l’entourent essayer de le libérer du scotch et des menottes qu’il a aux chevilles.

    En observant attentivement la série de vidéos, on voit clairement que l’homme est menotté à l’aide de sangles en plastique noir au niveau des poignets et de menottes aux chevilles. Par-dessus, ses vêtements ont été rajoutées plusieurs couches de #film_plastique, consolidées avec du large #scotch transparent.

    Un des trois hommes qui entoure le passager porte un rouleau de ce type de scotch à la main. On aperçoit également un masque chirurgical qui pend aux oreilles du passager et qu’il portait probablement avant de manifester sa colère à bord.

    « On m’a dit que mon visa était un faux et on m’a arrêté »
    La rédaction des Observateurs de France 24 a pu retrouver cet homme. Emmanuel Fosso Someon Chedjou, 47 ans, est marchand de chaussures à Douala au Cameroun. Il a fourni plusieurs documents à notre rédaction permettant de prouver qu’il a bien effectué ce voyage et qu’il a été expulsé de l’aéroport d’Istanbul. Notre rédaction a également pu discuter avec six passagers qui étaient à ses côtés dans le centre de détention de l’aéroport. Tous ont livré un témoignage concordant avec le sien.


    Je voulais me rendre à Dubaï avec ma compagne pour acheter un stock de chaussures et j’ai fait appel à une agence de voyage pour tout préparer. C’était ma première fois et j’ai compris trop tard que je m’étais fait arnaquer.

    Le vol pour Dubaï passait par Istanbul avec une #escale de 8 heures, c’était le 21 janvier.

    https://scd.observers.france24.com/files/imagecache/observers_full_width/rfi_multimedia_element_image/documents_dubai.jpeg

    Sur cette photo prise avant le départ, on voit que le voyage entrepris par #Emmanuel_Chedjou et sa compagne vers Dubai devait durer du 21 au 29 janvier.

    Quand nous sommes arrivés ma compagne est restée dans la zone de transit et j’ai voulu sortir de l’aéroport faire une course, vu que notre temps d’attente était très long. Arrivé au contrôle des passeports, on m’a dit que mon visa de transit était un faux et on m’a arrêté. On m’a emmené dans une sorte de centre de détention et j’ai retrouvé là-bas ma compagne qui avait été arrêtée entre temps.

    Ce document, en turc et en anglais, détaille qu’Emmanuel Chedjou est décrété « #passager_non_admissible », ou INAD dans le jargon de l’aviation pour le motif suivant : « Visa ou permis de résidence contrefait ».

    https://scd.observers.france24.com/files/imagecache/observers_full_width/rfi_multimedia_element_image/selfie.jpeg

    Un selfie pris par Emmanuel Chedjou dans l’aéroport d’Istanbul, reconnaissable à son plafond, peu de temps avant son arrestation.

    On m’a confisqué mon téléphone et on m’a demandé de signer des papiers que je ne pouvais pas lire puisqu’ils étaient en turc. J’ai aussi demandé à parler à un avocat et les officiers qui étaient là ont refusé.

    Je ne savais pas exactement qui étaient ces officiers, si c’étaient des policiers, des gendarmes ou des agents de sécurité. Ils ne portaient pas d’uniformes.

    Deux jours plus tard, ils ont voulu me déporter une première fois, le 23 janvier. J’ai protesté en disant que je voulais poursuivre mon voyage vers Dubaï et les officiers m’ont frappé. Un fois arrivé sur la passerelle de l’avion, j’ai protesté à nouveau et crié. À ce moment-là, l’équipage et le pilote de Turkish Airlines sont sortis et ont refusé de me prendre à bord. Ils ont demandé à ce que je sois pris en charge par le HCR.

    Mais il n’en a rien été.

    « Ils ont pris les rouleaux de film plastique utilisés pour emballer les valises »

    J’ai continué de subir des tabassages et des menaces pour que je rentre dans mon pays. Le 28 janvier vers 13 h ils sont venus me chercher pour me rapatrier sur un vol vers Yaoundé, au Cameroun. J’ai protesté à nouveau et cette fois ils m’ont mis dans une pièce spéciale.

    Il y avait une dizaine d’officiers et ils s’y sont mis à plusieurs pour me maîtriser. Ils ont d’abord mis des sangles en plastique à mes pieds et à mes poignets, puis de véritables menottes en métal. Ensuite ils ont rempli ma bouche de mouchoirs et l’ont fermée avec du scotch.

    Enfin, ils ont pris deux grands rouleaux de film plastique, ceux qui sont utilisés dans les aéroports pour emballer les valises. Ils m’en ont mis des couches et des couches du cou jusqu’aux pieds, si bien que c’était absolument impossible de bouger. À ce moment-là, j’ai vraiment commencé à avoir du mal à respirer.

    Trois d’entre eux m’ont mis dans un fauteuil roulant et m’ont emmené dans un avion qui partait pour Yaoundé. À l’intérieur ils m’ont porté comme un colis jusqu’à mon siège.

    Quand les passagers étaient tous installés et qu’il restait environ 15 minutes avant le décollage, j’ai réussi à cracher les mouchoirs qui étaient coincés dans ma bouche et j’ai pu crier à l’aide.

    Les passagers ont tout de suite réagi quand ils m’ont vu et ont protesté pour qu’on me libère de tout ce plastique. Ma compagne était dans l’avion elle m’a vu ainsi et a pris deux vidéos pour garder des preuves.

    Mes habits s’étaient déchirés quand je me battais avec les policiers et j’ai demandé à récupérer mon bagage à main pour me changer. Dans la poche de mon jean déchiré, que j’avais laissé sur mon siège, il y avait 2 400 euros en liquide que j’avais pris pour commercer à Dubaï. Quand l’officier m’a rendu le pantalon, les poches étaient vides. Il m’a dit : « tu as déjà de la chance, on va te tuer ».

    « Ils m’ont laissé dans un hall pendant deux jours sans rien à manger »

    Après tout ça, une hôtesse de Turkish Airlines m’a accompagné à l’extérieur de l’avion dans lequel était restée ma compagne, qui s’est donc envolée pour Yaoundé. Elle m’a demandé pourquoi j’étais sous escorte et je lui ai dit qu’il était inacceptable de traiter les gens de cette manière, que j’étais malade et que j’avais besoin de soins. Elle m’a laissé dans un hall de l’aéroport, devant un bureau de Turkish Airlines, sans rien. J’étais obligé de mendier pour manger.

    Au bout de deux jours, un homme qui se présentait comme le chef du personnel de Turkish Airlines m’a dit : « on ne peut pas te soigner et tu ne peux pas rester en Turquie, tu restes ici sans te laver, tu vas choisir un pays où on va te déposer et tu vas partir ». Ensuite, des officiers sont venus me chercher pour me ramener au centre de détention.
    Une nuit, un des policiers qui m’avait emballé dans du plastique m’a dit en m’apportant un café qu’ils allaient m’emmener à Abuja, au Nigeria. Je lui ai répondu que ce n’est pas mon pays et que c’est très loin de chez moi. Il m’a dit que c’est à côté [800 kilomètres séparent Abuja de Douala, NDLR].

    À ce moment-là j’étais vraiment épuisé, je n’en pouvais plus et j’ai fini par céder. J’ai pris la carte d’embarquement pour ce vol et ils m’ont mis de simples menottes pour m’emmener dans l’avion. Une fois que j’étais assis ils les ont enlevées et sont sortis de l’appareil.

    https://scd.observers.france24.com/files/imagecache/observers_portrait_width/rfi_multimedia_element_image/boarding_pass_abuja.jpeg

    La carte d’embarquement d’Emmanuel Chedjou pour le vol d’Istanbul à Abuja.

    Je suis arrivé à #Abuja dans la nuit du 30 au 31 janvier et une dame rencontrée dans l’avion m’a aidé à organiser mon voyage en voiture jusque chez moi. Je suis arrivé à la maison le 4 février [soit deux semaines après son arrivée en Turquie, NDLR].

    Entre l’agence de voyage qui m’a arnaqué et ce qu’il s’est passé à Istanbul, j’ai perdu environ 7 millions de francs CFA, soit 10 590 euros [des chiffres que notre rédaction n’a pas pu vérifier de façon indépendante, NDLR]. Avec cet échec, j’ai donc perdu non seulement mon capital mais j’ai aussi perdu toute crédibilité dans ma communauté. Plus personne ne veut commercer avec moi. Je veux dénoncer la compagnie Turkish Airlines et ces officiers qui m’ont humilié. Je veux aujourd’hui me faire dédommager et, si c’est possible, je porterai plainte.

    « Ils prenaient les téléphones des Noirs mais pas ceux des Blancs »

    Emmanuel Chedjou dénonce par ailleurs un traitement discriminatoire dans le centre de détention où sont mis en attente tous les passagers n’ayant pu passer les frontières de l’aéroport. Selon lui, les personnes noires sont systématiquement privées de leurs téléphones portables et sont détenues dans une pièce séparée.

    Un avis partagé par un autre passager resté détenu pendant 6 jours à la même période que lui, #Johnny_Mabaya, un Congolais de 20 ans.

    Moi, contrairement à Emmanuel, je ne parle pas l’anglais. Il y avait donc un gros problème de communication et ça générait beaucoup de tensions. On nous servait de la nourriture quasi immangeable et on nous frappait régulièrement. Tous les téléphones des Noirs étaient confisqués, mais pas ceux des Blancs. On était aussi tous détenus dans une pièce séparée.

    Le jour où ils ont emballé Emmanuel dans du plastique on a entendu beaucoup de cris, et tout d’un coup, ça s’est arrêté. On a compris qu’ils avaient réussi à lui fermer la bouche. Quelques jours plus tard c’était mon tour, j’ai essayé de protester moi aussi, mais j’ai vite cédé par peur qu’ils me fassent la même chose.

    Deux femmes, l’une Congolaise et l’autre Camerounaise, nous ont confirmé que les ressortissants africains étaient traités différemment. Un passager ukrainien détenu brièvement au même endroit nous a confirmé qu’il avait pu garder son téléphone portable dans le centre de détention.

    Que se passe-t-il à l’aéroport d’Istanbul ?

    Très peu d’associations de défense des réfugiés et d’avocats spécialistes de ce domaine ont accès au centre de détention de l’aéroport d’Istanbul. D’après nos recherches, plusieurs avocats de l’ONG « Refugee Rights Turkey » ont pu le visiter, mais l’organisation a décliné notre demande d’interview.

    L’autorité administrative de l’aéroport est responsable de cet endroit, comme le précise la loi sur les obligations des transporteurs aériens du 7 novembre 2015. Cependant, les responsabilités sont partagées : la compagnie aérienne s’assure du retour au pays le plus rapide possible du passager non admissible sur le sol turc et l’entreprise gestionnaire de l’aéroport veille à ce que le temps d’attente soit passé dans un endroit dédié et dans des conditions dignes et sécurisées.

    Aucun texte de loi turc ne précise quelles unités de police ou de sécurités privées sont chargées d’escorter les passagers à bord des avions, ni de quels moyens ils disposent légalement pour les contrôler s’ils refusent d’obtempérer. Selon un ancien cadre de l’aviation civile turque, les compagnies aériennes font appel à des services de sécurité privée pour ce type de cas. Une affirmation que nous n’avons pas été en mesure de vérifier.

    Selon Piril Erçoban, coordinatrice de l’association turque de défense des réfugiés Mütleci-der, les images de l’expulsion d’Emmanuel Chedjou sont « révoltantes ».

    « Peu importe le statut de la personne, cette pratique est inacceptable. Ça ne peut être légal. Les autorités doivent prendre des mesures administratives et légales contre les personnes responsables et ne plus tolérer ce type de pratiques dans les zones frontalières ou de transit ».

    La Direction générale de la gestion des migrations (DGMM en turc), branche du ministère de l’Intérieur turc, a déclaré le 22 février sur Twitter que « de telles pratiques ne peuvent absolument pas être acceptées » et annoncé que « deux enquêteurs ont été missionnés » pour établir les faits avant que « le nécessaire soit fait concernant les responsables ».

    « Le passager concerné a essayé d’entrer dans notre pays avec un faux document le 21 janvier et son entrée n’était pas autorisée. L’étranger concerné a été soumis à trois tentatives de renvoi les 21, 22 et 27 janvier. Il n’a pas pu être renvoyé en raison de sa résistance et parce qu’il a retiré ses vêtements dans l’avion lors de la dernière tentative. Il a finalement été renvoyé le 30 janvier lors d’une quatrième procédure », détaille l’institution dans son communiqué.

    Notre rédaction a contacté la compagnie aérienne Turkish Airlines pour obtenir des explications sur cet incident. Cette dernière n’a pas répondu à nos questions. Nous publierons sa réponse quand elle nous parviendra.❞

    https://observers.france24.com/fr/20200221-turquie-cameroun-expulsion-avion-turkish-airlines-passa

    #renvois #renvois_forcés #asile #migrations #réfugiés #Turquie #réfugiés_camerounais #Cameroun #déshumanisation #inhumanité #dignité #Emmanuel_Fosso_Someon_Chedjou #expulsion #déportation
    #menottes #sangles

    ping @karine4 @isskein @reka

  • La « tournant écologique » du quinquennat de Macron
    http://carfree.fr/index.php/2020/02/21/la-tournant-ecologique-du-quinquennat-de-macron

    Attention, c’est du lourd. Une fois de plus, Macron va sauver la planète, épisode 227… Dans un entretien exclusif au journal DNA le 12 février 2020, le président de la Lire la suite...

    #Alternatives_à_la_voiture #Fin_de_l'automobile #Marche_à_pied #Transports_publics #Vélo #avions #écologie #Emmanuel_Macron #intermodalité #marche #mobilité #politique

  • Le Triomphe de l’#injustice. #Richesse, #évasion_fiscale et #démocratie

    Pour la première fois depuis plus d’un siècle, les milliardaires américains paient moins d’impôts, en proportion de leurs #revenus, que chacun des autres groupes sociaux.

    Écrit par deux économistes qui ont révolutionné l’étude des inégalités, ce livre présente une analyse au scalpel de cette grande transformation.

    Mêlant récit historique et analyse économique, #Emmanuel_Saez et #Gabriel_Zucman analysent les choix (et non-choix) qui ont conduit au triomphe de cette #injustice_fiscale, de l’exonération progressive des revenus du #capital au développement d’une nouvelle #industrie_de_l’évasion_fiscale, en passant par l’engrenage de la #concurrence_fiscale internationale. Avec clarté et concision, ils expliquent comment l’Amérique, qui a été à la pointe du combat pour la #justice_fiscale pendant la moitié du xxe siècle, a tourné le dos à sa propre tradition.

    Si l’on veut éviter que l’#Europe ne s’enfonce dans la dérive inégalitaire et oligarchique qui a amené Donald Trump au pouvoir, il y a urgence à tirer les leçons de cette histoire. Car même si ce phénomène a été extrême de l’autre côté de l’Atlantique, le déclin de la #progressivité_fiscale dans un contexte de montée des inégalités n‘est en rien spécifique aux États-Unis, et appelle des solutions globales.

    Le Triomphe de l’injustice propose une refondation de l’#impôt à la fois visionnaire et pragmatique, à même d’apporter des solutions concrètes aux défis inégalitaires contemporains et de réconcilier la #mondialisation et la #justice_économique.

    https://www.seuil.com/ouvrage/le-triomphe-de-l-injustice-emmanuel-saez/9782021412123
    #livre #économie #fiscalité #Etats-Unis #USA

  • « Ce papier était inimaginable il y a 1 an, tant #EmmanuelMacron était l’enfant chéri de la presse internationale . Aujourd’hui, ca l’est avec un jugement très dur sur l’arrogance et le manque d’intelligence émotionnelle. »

    The skies darken for France’s Sun King, Emmanuel Macron
    His imperious manner and lack of emotional intelligence make him vulnerable
    https://www.ft.com/content/d8bbe94a-4812-11ea-aeb3-955839e06441
    https://spectator.imgix.net/content/uploads/2019/04/Macron_SE.jpg?auto=compress,enhance,format&crop=faces,entropy,edges

    Emmanuel Macron has just passed the halfway mark of his presidential term and France’s metropolitan elites are already falling to despair about the next election. The omens, they say, are far from encouraging. As elegantly as he dances on the global stage, he is no longer applauded at home. Mr Macron could lose in 2022. Dangerously, the far-right Marine Le Pen could win the Elysée.

    Now that would be a political earthquake. The shockwaves would be felt well beyond the borders of France. Whenever I am in Berlin I hear complaints about the French president’s habit of seizing the agenda. But Germany cannot afford to see Mr Macron lose. That would damage German as well as French ambitions for a Europe that holds its own amid great power rivalry between the US and China.

    Visitors to France should always remember that it is rarely cheerful about itself. That said, the present mood seems particularly dyspeptic. The gilets jaunes protests, essentially about the careless disregard shown by metropolitan France for small provincial towns, have shrunk. Yet deep resentments linger. They are overlaid with union anger at the reform of the public realm.

    Strikes against plans to modernise a costly and byzantine pension system are set to enter a third month. Until recently, Paris was gridlocked by strikes on the railway and subway systems. Teachers, nurses and lawyers have joined the protests. Blockades of incinerators see rubbish piled in the streets.

    Mr Macron can probably ride out such action. The numbers are getting smaller. Government concessions have defused the opposition of some moderate unionists. But if Mr Macron can win, at what price? The strikes have halted the upturn in growth that had set unemployment on a downward trend for the first time in more than a decade.

    The president’s approval ratings have fallen to the low thirties. Taking a run of polls back to 1980, only François Hollande, Mr Macron’s ill-starred Socialist predecessor, had consistently lower scores during his first two years. There has been a collapse of trust. More than three quarters of those polled believe that a pensions overhaul is overdue. But more than half support the strikes.

    La République en Marche, the movement created by Mr Macron in 2017, is likely to be trounced in next month’s municipal elections. A dispute over its choice of candidate means the ruling party may lose even in Paris, where Mr Macron secured 90 per cent support in 2017.

    Many of the criticisms of Mr Macron focus on style more than substance. The reforms of the employment market, tax, education, training and latterly pensions that he made his political mission have antecedents in the efforts of previous governments of left and right. What raises concern is his imperious manner, his lack of emotional intelligence and the sense he is out of touch.

    Behind such critiques lie the real fractures in French society — between the big cities and provincial towns and between insiders and outsiders in the labour market. In a curious way, Mr Macron has mapped Ms Le Pen’s path to the Elysée. He laid waste to the traditional parties of right and left in 2017 after framing the presidential contest as between progressive, pro-Europeanism and reactionary nationalism. Neither the Republicans nor Socialists have recovered from the shock. But Ms Le Pen can redraw the line as one between “globalism” and nationalism. This is a fight she thinks she can win.

    The president’s allies admit that he has haemorrhaged support among erstwhile Socialist voters who fear the destruction of France’s unique social contract. The changes to the pension system are actually progressive — they shift benefits from those with entrenched advantages — train drivers, say, who retire at 50 — to those on low wages in precarious jobs. Yet Mr Macron has done little to counter the populist narrative that the reforms represent the march of neoliberalism.

    Ms Le Pen has sanitised her Rassemblement National. It now presents itself as the standard-bearer of tradition and stability. She has shed some of the more extreme positions of her father, the party’s founder Jean-Marie Le Pen. Associations with Vichy and virulent anti-Semitism have faded with the passing of her father’s generation, if only to be replaced by Islamophobia. Hostility to the euro and the EU has been tempered. The party, she claimed in a recent interview with the Financial Times, is now “profoundly reasonable and pragmatic”.

    In truth it is anything but. Voters angry with the status quo, however, may not look too closely. Ms Le Pen has drawn support both from the gilets jaunes and from hard-left backers of the populist Jean-Luc Mélenchon. She is targeting a broader span of left-leaning voters. The UK Conservative prime minister Boris Johnson’s success in winning over lifetime Labour supporters in December’s British election is part of the model. A similar shift in France would probably put Ms Le Pen in the Elysée.

    To my mind it is much too soon to despair of Mr Macron’s prospects. Those now predicting his demise were often wrong in 2017 about his capacity to break the old system. The president will seek to lure the traditional right as well as a sizeable part of the old left. But if not despair, then beware. Mr Macron has been right on his prescriptions for France; and wrong in the way he has administered them.

    • Emmanuel Macron vient de franchir la mi-parcours de son mandat présidentiel et les élites métropolitaines de France sont déjà désespérées au sujet des prochaines élections. Les présages, disent-ils, sont loin d’être encourageants. Aussi élégamment qu’il danse sur la scène mondiale, il n’est plus applaudi chez lui. M. Macron pourrait perdre en 2022. Dangereusement, l’extrême droite Marine Le Pen pourrait remporter l’Elysée.

      Maintenant, ce serait un tremblement de terre politique. Les ondes de choc se feraient sentir bien au-delà des frontières de la France. Chaque fois que je suis à Berlin, j’entends des plaintes concernant l’habitude du président français de saisir l’ordre du jour. Mais l’Allemagne ne peut pas se permettre de voir M. Macron perdre. Cela nuirait aux ambitions tant allemandes que françaises d’une Europe qui se maintient au milieu d’une rivalité de grande puissance entre les États-Unis et la Chine.

      Les visiteurs en France doivent toujours se rappeler qu’il est rarement joyeux de lui-même. Cela dit, l’humeur actuelle semble particulièrement dyspeptique. Les protestations des gilets jaunes, essentiellement à propos du mépris insouciant manifesté par la France métropolitaine pour les petites villes de province, ont diminué. Pourtant, de profonds ressentiments persistent. Ils sont submergés de colère syndicale face à la réforme du domaine public.

      Les grèves contre les projets de modernisation d’un système de retraite coûteux et byzantin devraient entrer dans un troisième mois. Jusqu’à récemment, Paris était bloqué par des grèves sur les réseaux ferroviaires et de métro. Des enseignants, des infirmières et des avocats se sont joints aux manifestations. Des blocages d’incinérateurs voient des ordures empilées dans les rues.

      M. Macron peut probablement renoncer à une telle action. Les chiffres diminuent. Les concessions du gouvernement ont désamorcé l’opposition de certains syndicalistes modérés. Mais si M. Macron peut gagner, à quel prix ? Les grèves ont stoppé la reprise de la croissance qui avait placé le chômage sur une tendance à la baisse pour la première fois depuis plus d’une décennie.

      Les cotes d’approbation du président sont tombées dans la trentaine. Reprenant une série de sondages depuis 1980, seul François Hollande, le prédécesseur socialiste mal joué de M. Macron, avait constamment des scores inférieurs au cours de ses deux premières années. Il y a eu un effondrement de la confiance. Plus des trois quarts des personnes interrogées pensent qu’une refonte des pensions est en retard. Mais plus de la moitié soutiennent les grèves.

      La République en Marche, le mouvement créé par M. Macron en 2017, risque d’être battu lors des élections municipales du mois prochain. Un différend sur son choix de candidat signifie que le parti au pouvoir pourrait perdre même à Paris, où M. Macron a obtenu un soutien de 90% en 2017.

      Beaucoup de critiques adressées à M. Macron portent davantage sur le style que sur le fond. Les réformes du marché de l’emploi, de la fiscalité, de l’éducation, de la formation et dernièrement des retraites qu’il a faites à sa mission politique ont des antécédents dans les efforts des précédents gouvernements de gauche et de droite. Ce qui inquiète, c’est sa manière impérieuse, son manque d’intelligence émotionnelle et le sentiment qu’il est déconnecté.

      Derrière de telles critiques se cachent les véritables fractures de la société française - entre les grandes villes et les villes de province et entre les initiés et les étrangers sur le marché du travail. Curieusement, M. Macron a tracé le chemin de Mme Le Pen vers l’Élysée. Il a ravagé les partis traditionnels de droite et de gauche en 2017 après avoir cadré le concours présidentiel entre le progressisme, le pro-européanisme et le nationalisme réactionnaire. Ni les républicains ni les socialistes ne se sont remis du choc. Mais Mme Le Pen peut redessiner la frontière entre le « mondialisme » et le nationalisme. C’est un combat qu’elle pense pouvoir gagner.

      Les alliés du président admettent qu’il a eu un soutien hémorragique parmi les électeurs socialistes d’autrefois qui craignent la destruction du contrat social unique de la France. Les changements apportés au système de retraite sont en fait progressifs - ils déplacent les prestations de ceux qui ont des avantages enracinés - les conducteurs de train, par exemple, qui prennent leur retraite à 50 ans - vers ceux qui ont de bas salaires dans des emplois précaires. Pourtant, M. Macron n’a pas fait grand-chose pour contrer le discours populiste selon lequel les réformes représentent la marche du néolibéralisme.

      Mme Le Pen a aseptisé son Rassemblement National. Il se présente désormais comme le porte-étendard de la tradition et de la stabilité. Elle a abandonné certaines des positions les plus extrêmes de son père, le fondateur du parti, Jean-Marie Le Pen. Les associations avec Vichy et l’antisémitisme virulent se sont estompées avec le décès de la génération de son père, ne serait-ce que pour être remplacées par l’islamophobie. L’hostilité à l’euro et à l’UE a été tempérée. Le parti, a-t-elle affirmé dans une récente interview au Financial Times, est désormais "profondément raisonnable et pragmatique".

      En vérité, c’est tout sauf. Les électeurs en colère contre le statu quo, cependant, peuvent ne pas regarder de trop près. Mme Le Pen a obtenu le soutien des gilets jaunes et des partisans de la gauche du populiste Jean-Luc Mélenchon. Elle cible un éventail plus large d’électeurs de gauche. Le succès du premier ministre conservateur britannique, Boris Johnson, à gagner des partisans à vie des travaillistes aux élections britanniques de décembre fait partie du modèle. Un changement similaire en France placerait probablement Mme Le Pen à l’Elysée.

      À mon avis, il est beaucoup trop tôt pour désespérer des perspectives de M. Macron. Ceux qui prédisent maintenant sa disparition se sont souvent trompés en 2017 sur sa capacité à briser l’ancien système. Le président cherchera à attirer la droite traditionnelle ainsi qu’une partie importante de l’ancienne gauche. Mais sinon désespérer, alors méfiez-vous. M. Macron a eu raison sur ses prescriptions pour la France ; et mal dans la façon dont il les a administrés.

  • Aujourd’hui sur #FranceInter, le chien de garde #AliBadou a essayé d’étouffer la parole d’#EmmanuelTodd. (à 14’47 environ)
    Raté !
    Emmanuel Todd dans le Grand Face-à-face sur France Inter (1er février 2020)
    https://www.youtube.com/watch?v=azwFlCXerQ8

    Dans des échanges de nouveau houleux avec un journaliste du service public, Emmanuel Todd revient sur les éléments les plus polémiques de son livre, notamment sur les dérives anti-démocratiques actuelles.

  • « #Macron, les #femmes et l’#Afrique : un discours de sélection sexuelle et de triage colonial »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/11/30/macron-les-femmes-et-l-afrique-un-discours-de-selection-sexuelle-et-de-triag

    Les propos sur la natalité en Afrique tenus par Emmanuel Macron lors du sommet du G20 à Hambourg, le 8 juillet, ont été quasi unanimement qualifiés de racistes. Le président français s’est-il ressaisi au Burkina Faso le 28 novembre ? Non, il a sciemment abordé de nouveau le sujet, sous une autre forme, et il s’agit ici de comprendre pourquoi ; pourquoi aurait-il été trop coûteux de renoncer à parler des « femmes africaines », qui ne sont qu’un butin rhétorique cher à la politique française ?

    Les termes utilisés à Hambourg par le chef d’Etat pour appréhender cette question étaient marqués d’un passé impérial qui continue d’imposer l’ordre du discours sur « l’Afrique ». En parlant de « défi civilisationnel », Emmanuel Macron comprenait les enjeux de la « transition démographique » et, en la matière, il rendait hommage à l’un de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy, qui, dans l’amphithéâtre de la prestigieuse université Cheikh Anta Diop de Dakar, s’était senti totalement légitime d’expliquer à « l’homme africain » comment s’extraire du temps cyclique de la nature, où il n’y a pas de place ne serait-ce que pour « l’idée du progrès ».
    Lire aussi Après les déclarations de Macron sur la natalité en Afrique, que disent les chiffres ?

    Devant ses homologues, ce jour de juillet, Emmanuel Macron déclarait : « Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider de dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien ». Les femmes, donc ; cette fois, ce sont les femmes africaines qui sont visées, comme leur enlisement dans le temps cyclique de la reproduction sans limite ; ces ingrates Africaines à la sexualité débridée et irresponsable, assimilées, en somme, à des femelles n’ayant aucune conscience des investissements consentis – la dite « aide au développement » – pour qu’elles arrêtent enfin de lester ce continent d’enfants qui en diffèrent l’entrée dans l’Histoire.

    #racisme #françafrique #colonialisme #mépris

  • La fabrique des « #indésirables », dans les sociétés européennes hier et aujourd’hui

    Le 80e anniversaire des décrets-lois Daladier a servi de prétexte au comité scientifique des Voix d’exils pour engager une réflexion collective sur la fabrique des « #étrangers_indésirables » hier et aujourd’hui, manière de s’interroger sur le processus de #criminalisation des personnes migrantes par les autorités des différents états européens.

    https://lecpa.hypotheses.org/1103

    Pour télécharger le numéro de la revue en pdf :
    https://lecpa.hypotheses.org/files/2019/11/saufconduit_n1-novembre-2019.pdf

    #catégorisation #asile #migrations #réfugiés

  • Fanfiction, ce que l’auteur a oublié d’écrire - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=TebTzEYQNkY

    Un excellent documentaire sur les fanfictions

    Documentaire inédit réalisé par Emmanuelle Debats et produit par La Gaptière (Lundi 18/04/2016)

    Une fanfiction est une histoire originale, écrite par un passionné d’une oeuvre, dont il utilise les personnages et l’univers. Ecrite en amateur, elle est initialement sans aucune intention commerciale. Cette pratique née aux Etats-Unis commence à prendre de l’ampleur en France. Des auteurs de fanfiction racontent pourquoi ils se sont lancés dans cette entreprise et ce qu’ils en retirent.

    #fanfiction #documentaire #Emmanuelle_Debats #Alain_Damasio #Magalie_Bigey

  • Fonction publique : c’en est fini de la déontologie !
    https://www.mediapart.fr/journal/france/270919/fonction-publique-c-en-est-fini-de-la-deontologie

    La réforme de la fonction publique prévoit la fusion de la Commission de déontologie et de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Sous cette réorganisation se cache une disposition gravissime peu remarquée : en cas de pantouflage, ce sera le plus souvent la seule autorité hiérarchique qui sera amenée à émettre un avis. Ce qui fait peser un risque de corruption sur toute la haute fonction publique.

    #CONFLITS_D'INTÉRÊTS #Emmanuel_Macron,_Commission_de_déontologie,_Fonction_Publique,_Haute_autorité_pour_la_transparence_de_la_vie_publique

  • #Emmanuel_Macron et l’Europe – Par Éric Juillot (4/4)
    https://www.les-crises.fr/emmanuel-macron-et-leurope-par-eric-juillot-4-4

    Plan : – Les discours : idéalisme et manichéisme (1/4) – Les discours : incohérence et indigence (2/4) – Refonder « l’Europe » : entre petits pas insignifiants et ambitions démesurées (3/4) – Actes et résultats de la politique européiste d’Emmanuel Macron (4/4)Lire la suite

    #l'Europe #Europe #l'Europe,_Emmanuel_Macron,_Europe

  • Macron rattrapé par Macron
    https://www.mediapart.fr/journal/france/230919/macron-rattrape-par-macron

    Depuis un an, et plus encore depuis la crise des « gilets jaunes », Emmanuel Macron promet à qui veut l’entendre qu’il va changer. Fini les « petites phrases » et les airs de « je-sais-tout-mieux-que-tout-le-monde », l’heure est à l’écoute et à la prise de hauteur. C’était sans compter le naturel qui ne tarde jamais à reprendre le dessus.

    #Parti_pris #Emmanuel_Macron,_social,_Présidence,_Ecologie

  • A deux doigts d’inventer le train…
    http://carfree.fr/index.php/2019/09/20/a-deux-doigts-dinventer-le-train

    France-Inter, ce n’est plus ce que c’était. Aujourd’hui, on y découvre une sorte de publi-reportage pour un truc censé être « innovant » et « disruptif » en langage macronien, à savoir le « platooning« … Lire la suite...

    #Transports_publics #camions #critique #Emmanuel_Macron #fret #marchandises #sncf #trains #transport

  • #Emmanuel_Macron et l’Europe – Par Eric Juillot (3/4)
    https://www.les-crises.fr/emmanuel-macron-et-leurope-par-eric-juillot-3-4

    Plan : – Les discours : idéalisme et manichéisme (1/4) – Les discours : incohérence et indigence (2/4) – Refonder « l’Europe » : entre petits pas insignifiants et ambitions démesurées (3/4) – Actes et résultats de la politique européiste d’Emmanuel Macron (4/4)Lire la suite

    #l'Europe #Europe #l'Europe,_Emmanuel_Macron,_Europe

  • #Emmanuel_Macron et l’Europe – Par Eric Juillot (2/4)
    https://www.les-crises.fr/emmanuel-macron-et-leurope-par-eric-juillot-2-4

    Plan : – Les discours : idéalisme et manichéisme (1/4) – Les discours : incohérence et indigence (2/4) – Refonder « l’Europe » : entre petits pas insignifiants et ambitions démesurées (3/4) – Actes et résultats de la politique européiste d’Emmanuel Macron (4/4)Lire la suite

    #l'Europe #Europe #l'Europe,_Emmanuel_Macron,_Europe

  • #Emmanuel_Macron et l’Europe – Par Eric Juillot (1/4)
    https://www.les-crises.fr/emmanuel-macron-et-leurope-par-eric-juillot-1-4

    Plan : – Les discours : idéalisme et manichéisme (1/4) – Les discours : incohérence et indigence (2/4) – Refonder « l’Europe » : entre petits pas insignifiants et ambitions démesurées (3/4) – Actes et résultats de la politique européiste d’Emmanuel Macron (4/4)Lire la suite

    #l'Europe #Europe #l'Europe,_Emmanuel_Macron,_Europe

  • Une journaliste de « l’Opinion » harcèle-t-elle un confrère de « Libé » derrière un faux compte Twitter ? - Libération
    https://www.liberation.fr/amphtml/france/2019/09/13/une-journaliste-de-l-opinion-harcele-t-elle-un-confrere-de-libe-derriere-

    Depuis quelques jours, un compte Twitter anonyme relaie des informations fausses et diffamatoires sur un des journalistes de CheckNews, annonçant notamment son possible licenciement de Libération.

    Le compte Twitter en question, @RaysonElla, a été créé le 14 juin 2019. Depuis le 4 septembre, il a posté une cinquantaine de tweets (d’autres ont été postés entre juin et septembre, mais ont été supprimés depuis). La quasi-totalité des tweets visent des journalistes ayant eu affaire d’une manière ou d’une autre à Emmanuelle Ducros, journaliste de l’Opinion, en charge des questions agricoles et au cœur de fréquents débats (souvent agités) à propos, notamment, du glyphosate. Certains tweets visent ainsi Daniel Schneidermann, fondateur d’Arrêt sur images. Mais aussi plusieurs hommes et femmes politiques comme Jean-Luc Mélenchon, Isabelle Saporta, Manon Aubry ou Cécile Duflot.

    Outre le scandale de cette pauvre "journaliste à la solde des lobbies" se livrant au cyberharcèlement, l’article est intéressant sur la manière de repérer les réels propriétaires des comptes Twitter.

    #Cyberharcèlement #Emmanuelle_Ducros #Twitter

  • Affaire Ferrand : la Macronie enterre ses promesses d’exemplarité
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120919/affaire-ferrand-la-macronie-enterre-ses-promesses-d-exemplarite

    Le gouvernement et la majorité montent au créneau pour défendre Richard Ferrand, mis en examen dans l’affaire dite des Mutuelles de Bretagne. Ce faisant, ils renient leurs déclarations passées sur les « exigences éthiques » qui avaient guidé la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron et le début de son mandat.

    #France #Emmanuel_Macron,_affaires,_Justice,_Assemblée_nationale,_Richard_Ferrand,_Mutuelles_de_Bretagne

  • L’Iran au G7 : un coup d’épée dans l’eau ?
    https://www.mediapart.fr/journal/international/270819/l-iran-au-g7-un-coup-d-epee-dans-l-eau

    Moins de 24 heures après la fin du sommet de Biarritz, c’est le président iranien et non Donald Trump qui a dit ne pas vouloir de discussion entre Washington et Téhéran. Macron a voulu faire un coup d’éclat ; il a, au mieux, fait un pas de fourmi.

    #DIPLOMATIE #Emmanuel_Macron,_Iran,_Hassan_Rohani,_G7,_Donal_Trump,_Javad_Zarif,_France,_A_la_Une

  • La France en marche EP40 épilogue du Homardgate, le grand Téléshopping du 14 juillet _ Studio Crapulax *

    https://www.youtube.com/watch?v=DlJzgoioRIA

    Pour feter les 2 ans de notre chaine, notre antenne revient sur le merveilleux défilé du 14 juillet qui aura permis à notre glorieux monarque de mesurer son imbattable popularité tout en ventant la collection 2019 de l’industrie française de l’armement pour nos richissimes clients étrangers ! Dans cet épisode nous revenons également sur le destin tragique d’un bienfaiteur de l’humanité : François de Rugy, nouvelle victime du populisme galopant !

    Gloire à Maman Brigitte et à la main invisible !
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    Voulez-vous en savoir + ?
    L’ordo libéralisme vous interesse ? « Simple comme l’Europe » est un programme à visionner en famille pour mieux comprendre les enjeux de l’Union Européenne pour les nuls !
    https://www.youtube.com/watch?v=HytVgI6rXkE

    Cinéma : L’attaque des bots Russophiles - un thriller palpitant :
    https://www.youtube.com/watch?v=AW6HIs_5MXI

    Chanson française : venez twister avec le Fringant Gaétan Thomas et son succès au hit parade de la Start-up Nation « Si j’avais un barbouze » !
    https://www.youtube.com/watch?v=ki2DdroIG-Q

    #France #enMarche #néo-libéralisme #ordo-libéralisme #françois_de_rugy #Homard #injustice #populisme #oùeststeve #violences_policières #emmanuel_macron