• « La Horde », de Marie Favereau : la Horde d’or, empire oublié


    La bataille de Kulikovo (1380), entre les armées de la Horde d’or et celles de plusieurs principautés russes. SCIENCE HISTORY IMAGES/ALAMY/HÉMIS.FR

    Au Moyen Age, l’Etat nomade du fils de Gengis Khan domina un territoire immense, de l’Asie à l’Europe. L’historienne le ressuscite dans un livre brillant.
    Par Marie Dejoux (historienne et collaboratrice du « Monde des livres »)

    « La Horde. Comment les Mongols ont changé le monde » (The Horde), de Marie Favereau, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par l’autrice, Perrin, 432 p., 25 €, numérique 17 €.
    Rituellement, les historiens justifient l’écriture de leurs ouvrages par une lacune à combler. Chez Marie Favereau, l’argument n’est pas une posture, tant son ­livre La Horde peut être vu comme la pièce centrale, mais étonnamment manquante, d’un puzzle pourtant célèbre : l’Empire mongol. Les livres portant sur ce dernier sont en effet légion, mais ils se centrent en général sur le grand Gengis Khan et sur les Etats fondés, après sa mort, en 1227, par les Yuan, en Chine, ou par les Ilkhans, au Moyen-Orient. Rien ou presque sur la Horde d’or de ­Jochi (ou Djötchi), fils aîné du ­conquérant, structure politique pourtant pluriséculaire et qui engloba, entre le XIIIe et le XVe siècle, le Kazakhstan, la Russie et une bonne partie de l’Europe orientale (l’Ukraine, notamment).

    Que l’Empire jochide soit demeuré dans l’ombre s’explique par plusieurs raisons, que Marie Favereau explore brillamment. Bien sûr, il y a la disgrâce même de Jochi (v. 1182-1227), que son père écarta de la succession et qui dut partir se tailler un nouveau royaume. La fonction que les khans (les souverains) de la Horde assignèrent à l’écrit n’aida pas non plus. Négligeant la rédaction de grands récits fondateurs au profit de traités diplomatiques ou commerciaux, ils abandonnèrent la narration de leurs conquêtes à ceux qui en pâtirent, laissant, à l’instar des Vikings, l’image sombre de pillards sanguinaires et destructeurs. Mais l’originalité de la proposition de Marie Favereau est ailleurs : selon elle, notre oubli de la Horde d’or tiendrait avant tout à notre incapacité à concevoir aujourd’hui qu’un empire ait pu être nomade.

    De fait, pour nous autres ­sédentaires, un empire est certes caractérisé par sa vastitude, sa longévité et le nombre de peuples qu’il agrège, mais il a nécessairement un ou plusieurs centres administratifs, ainsi qu’un territoire borné que l’empereur entend à la fois défendre et étendre. En la ­matière, notre horizon de référence est l’Empire romain et l’on comprend dès lors mieux que la Chine des Yuan, mongole elle aussi, mais dont l’organisation bureaucratique émerveilla si fort Marco Polo en son temps, ait davantage reçu de lumière. Marie Favereau parvient pourtant à nous ­convaincre, page après page, que la longévité et l’extension remarquables de la Horde tinrent, au contraire, à la flexibilité que lui conféra le nomadisme. « En adéquation avec la vie quotidienne des Mongols, cette organisation était toujours en mouvement », écrit-elle.

    La « tolérance mongole »

    Aussi la Horde aurait-elle été, plus que toute autre structure ­impériale, capable d’adaptation, mais aussi de résistance. Sans autre toit que celui de leurs tentes de feutre, ces sociétés d’éleveurs itinérants avaient une force : ­elles n’avaient ni terres à cultiver, ni sanctuaires à honorer, ni frontières à défendre. Percées foudroyantes, replis et abandons stratégiques, retournements brusques d’alliances, organisation politique interne fluide étaient autant de cartes entre les mains de « ce royaume résolument nomade » qui, partant, excella aussi bien dans l’art de la guerre que dans celui de la diplomatie et du grand commerce.

    Quel conquérant pouvait-il, en outre, être mieux accepté que ­celui qui, n’étant pas un colon, ne forçait pas les peuples à adopter ses traditions ou sa religion ? L’historienne dévoile un empire original, où bouddhistes, taoïstes, chrétiens et musulmans bénéficiaient de la « tolérance mongole » dès avant la conversion oppor­tuniste des khans à l’islam, au XIIIe siècle, et où l’esclavage, pilier des empires sédentaires, n’existait pas. Au sein de la Horde, l’altérité culturelle ne posait pas de problème, à condition que les peuples et les tribus agrégés, sédentaires ou nomades, reconnaissent la domination du khan, s’acquittent des impôts et n’entravent pas, voire encouragent, l’activité commerciale sur laquelle reposait le « grand échange mongol », ample réseau commercial connectant entre elles l’Europe centrale, la Méditerranée, la ­Sibérie et la mer Noire aux XIIIe-XIVe siècles. Le lecteur connaissait la paix romaine, la pax romana, il découvre enthousiaste la pax mongolica !

    Convaincante lorsqu’elle invite le lecteur à renoncer à ses préjugés et à se décentrer, Marie Favereau se trompe en revanche peut-être quand elle entend réhabiliter les Mongols de la Horde en en ­faisant les artisans d’une « première mondialisation ». Les historiens de la Scandinavie commencèrent eux aussi par revaloriser les Vikings en les dépeignant comme de grands explorateurs, habiles commerçants et précurseurs de la globalisation. Mais ils insistent également aujourd’hui sur la violence que ­représenta ce choc viking, ce qui n’est pas incompa­tible. Ce retour critique était sans doute prématuré dans le cas de la Horde, dont le fonctionnement interne et l’ample récit étaient ­largement inconnus. On attend donc avec d’autant plus d’impatience la suite d’une histoire que Marie Favereau amorce ici avec maestria.

    Marie Dejoux(historienne et collaboratrice du « Monde des livres »)
    https://www.lemonde.fr/livres/article/2023/03/26/la-horde-de-marie-favereau-la-horde-d-or-empire-oublie_6167024_3260.html

    #histoire #Moyen_Age #Empire_mongol #Horde_d’or_de_Jochi #Mongols #nomadisme

  • « Le conflit de générations est réactivé par l’urgence écologique » : la journaliste Salomé Saqué déconstruit les stéréotypes sur les moins de 30 ans
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/03/25/le-conflit-de-generations-est-reactive-par-l-urgence-ecologique-la-journalis

    La journaliste de « Blast » dépeint dans son premier livre les attentes et les souffrances d’une génération – la sienne – marquée par la crise écologique et la montée des inégalités sociales.
    Propos recueillis par Marine Miller

    « Connasse ! Crève et fais pas chier ! » Ainsi commence le livre de Salomé Saqué, Sois jeune et tais-toi (Payot, 2023). Une insulte choc prononcée par un actionnaire de TotalEnergies âgé d’une soixantaine d’années à une jeune militante pour le climat bloquant l’entrée de l’assemblée générale du groupe. La séquence de cette altercation violente, filmée le 25 mai 2022, a fait le tour des réseaux sociaux et mis en exergue un fragment du conflit de générations et du mépris à l’égard des jeunes qui s’exprime ici et là dans la société française.

    La vidéo a aussitôt été envoyée par des jeunes followers directement à la journaliste de Blast, provoquant un sentiment de révolte. « Au départ, je me suis dit : ce n’est pas possible, j’ai voulu vérifier auprès des personnes présentes, qui ont confirmé qu’il ne s’était rien passé d’hostile avant. Imaginons la situation inverse, si un jeune militant s’en était pris à une personne âgée en l’insultant avec cette même violence… » De cette scène Salomé Saqué, 27 ans, tire une motivation pour accélérer son projet de livre sur la jeunesse et pour ne pas « laisser passer » ce sujet hors du débat public.

    Dans cette enquête, qui s’appuie sur les travaux de chercheurs en économie et en sociologie, sur les témoignages de jeunes de 18 à 30 ans, et sur sa propre expérience, Salomé Saqué défend sa génération des préjugés qui l’accablent : les jeunes seraient paresseux, narcissiques, craintifs, incultes, individualistes et sans engagement. Et dresse le portrait nuancé d’une jeunesse française soumise aux crises écologiques et économiques, en évitant de déclarer la guerre aux « boomeurs ».

    • De plus, les jeunes peuvent incarner de parfaits boucs émissaires en temps de crise. La pandémie a ainsi été l’occasion de les accabler pour leur « irresponsabilité », de pointer du doigt ceux qui ne respectaient pas les restrictions, alors que l’immense majorité d’entre eux se sont confinés en se pliant aux règles sanitaires. La free party en Bretagne en décembre 2021, par exemple, a été couverte quasi en continu par plusieurs chaînes de télé comme un événement politique.

      Vous rappelez que les conditions d’#emploi des #jeunes sont beaucoup plus difficiles que celles des générations précédentes. Quelles sont les conséquences ?

      C’est une première cause d’incompréhension entre les générations. De nombreux parents et grands-parents ont l’impression que les jeunes ne veulent pas travailler. On les entend parfois dire « moi aussi de mon temps c’était difficile ». Il ne s’agit pas de nier ces difficultés, mais il faut rappeler que la situation en matière d’emploi s’est nettement dégradée. La quête d’un CDI est aujourd’hui un parcours du combattant. Les chiffres sont édifiants, le taux d’emploi précaire des 15-24 ans est passé de 17,3 % en 1982 à 52,6 % en 2020.

      https://justpaste.it/8a2do

    • ces mauvaises conditions créent ce que les sociologues appellent un « effet cicatrice » qui ne se résorbe pas avec le temps : les jeunes sont de moins en moins bien payés, en #salaire d’entrée et en progression salariale. Le niveau d’éducation ne constitue plus une protection contre cette #précarisation. A diplôme égal, on ne dispose plus des mêmes chances que ses parents d’obtenir un #emploi correct, c’est une forme de déclassement ! Quand on fait l’addition : marché de l’emploi saturé, explosion du #chômage, baisse des salaires d’entrée, dégradation de la qualité de l’emploi, allongement de la durée des études, les jeunes subissent plus que les autres les difficultés financières. En 2018, le taux de précarité était de 38 % pour les 18-29 ans, contre 7 % pour les plus de 50 ans. Ils sont aussi les premiers abonnés à l’extrême #pauvreté. En 2019, plus de la moitié des bénéficiaires des Restos du cœur avaient moins de 26 ans.
      (...) il y a un déclin général du vote, et chez les jeunes il y a une diversification des modes d’engagement, qui passe par les manifestations (un jeune sur deux déclarait avoir déjà manifesté en 2019, ils n’étaient qu’un sur trois en 1981)

      (...) On observe une implication croissante des jeunes dans la contestation en cours : leur nombre grossit dans les cortèges, et ils sont de plus en plus bruyants sur les réseaux sociaux.
      Ils le font pour leur entourage proche de la retraite, pour qui ils s’inquiètent, puisqu’ils constatent les effets du travail sur leur santé, mais leurs revendications vont souvent au-delà de la réforme. On a vu apparaître des slogans tels que « Tu nous mets 64, on t’met 68 », ou encore « #Retraites, planète, même combat ». Le débat qui s’est ouvert est plus large, il concerne désormais la place que nous accordons au #travail dans nos vies, les conditions de travail, on retrouve même des revendications parlant de la précarité étudiante ou de la sortie du modèle productiviste, considéré comme incompatible avec l’urgence écologique par les scientifiques.

      #écologie #écologie_sociale

  • Le calvaire des #femmes palestiniennes dans les #prisons israéliennes

    Au cours des 74 dernières années, Israël a arrêté plus de 10 000 femmes palestiniennes, les soumettant à des traitements cruels et brutaux… Elles sont anciennes détenues ou membres d’association de défense des droits des prisonniers. Elles dénoncent les #conditions_de_détention, les #agressions, le #harcèlement, les #attouchements, le retrait du voile, mais aussi la #torture, les #raids ou la #négligence_médicale. Car au-delà de l’enfermement, la peine est aussi politique et religieuse.

    https://www.rfi.fr/fr/podcasts/grand-reportage/20230324-le-calvaire-des-femmes-palestiniennes-dans-les-prisons-isra%C3%A9lienne
    #emprisonnement #femmes_palestiniennes #Israël #audio #podcast #patriarcat

  • [On arrête et on se casse] Le large spectre des grèves et des #retraites - Yves Citton
    https://aoc.media/opinion/2023/03/01/le-large-spectre-des-greves-et-des-retraites

    Prendre sa retraite de la folie compétitive exacerbée par le capitalisme néolibéral, c’est bien. Faire la grève pour interrompre la folie productiviste de l’extractivisme écocidaire, c’est bien aussi. Mais #déserter les boulots qui ne contribuent à gonfler la croissance du PIB qu’en désertifiant nos milieux de vie, c’est encore mieux.

    Un spectre hante l’Europe : en Angleterre, en Allemagne, en France, des #grèves paralysent tour à tour tel ou tel secteur de l’économie nationale, avec quelques avant-goûts épisodiques de grève générale. Ce spectre n’est certes pas nouveau même si une certaine démobilisation des forces traditionnelles de revendication semble avoir caractérisé les décennies passées en Europe de l’Ouest. Davantage que le spectre-fantôme, c’est toutefois la largeur du spectre des revendications (explicites ou latentes) qui mérite de nous intéresser.

    C’est aujourd’hui un lieu commun de relever qu’il y va de bien autre chose que du seul âge légal de la retraite dans les mouvements sociaux actuellement en cours en royaume de Macronie. On l’avait déjà souligné pour les Gilets Jaunes, dont les occupations de ronds-points excédaient largement la question de la taxe carbone, pour remettre en cause l’ensemble d’un « système » à la fois politique, économique, financier, urbanistique, médiatique et épistémique. Derrière les questions relatives à la retraite, c’est l’ensemble du « rapport au #travail » qui est en train de subir une mutation de grande ampleur, nous dit-on (avec raison). Essayons de préciser sommairement cinq échelles (temporelles, sociales, idéologiques, macroéconomiques, écologiques) sur lesquelles mérite de se décliner cet élargissement nécessaire du compas avec lequel mesurer le spectre de ce qui se joue en ce début 2023.

    La forêt de l’injustice sociale

    Au cours des dernières semaines, on n’a pas assez souligné le parallélisme profond entre le moment existentiel de la retraite et le geste de la grève : dans les deux cas, on sort d’une routine scandée par la contrainte salariale qui structure le capitalisme (tu bosses ou tu crèves). Dans les deux cas, on arrête. Et suivant la façon dont on arrête, quelque chose s’interrompt. Le capitalisme écocidaire, survitaminé à la spéculation financière, s’enorgueillit de sa capacité de disruption (qui constitue l’envers de la sacro-sainte innovation). À la suite des anarchistes du XIXe siècle, nos amis de Tarnac et de Lundi matin soulignent depuis des années la radicalité politique du geste d’interruption des flux de cette...

    #paywall

    • Dans l’analyse qu’en propose Yann Moulier Boutang, https://seenthis.net/messages/993740 cette perte de sens des emplois salariés résulte d’au moins cinq facteurs de causalité : 1° la taylorisation des activités tertiaires ; 2° une numérisation qui intensifie encore ce contrôle tayloriste ; 3° l’injonction contradictoire d’être à la fois soumis à la discipline tayloriste et perpétuellement inventif, « créatif », émancipé de la boîte à pensées préformatées ; 4° la conscience de plus en plus vive d’un insoutenable décalage entre les injonctions de l’économie (le boulot) et les évidences de l’#écologie (la planète) ; 5° une « mutation du #capitalisme où l’activité de pollinisation cognitive devient beaucoup plus productive (comprenons qu’elle produit bien plus de sur-valeur) que la prestation individualisée du travail salarié[5] ».
      Sous le quintuple effet de ces facteurs de désaffection et de détachement face à nos emplois salariés, la retraite et la grève n’apparaissent plus seulement comme un « repos bien mérité » pour la première, et comme un « levier pour l’amélioration des droits sociaux » pour la seconde. Elles sont plutôt à interpréter comme des gestes de fuite et de rejet face à un système productif dont la logique d’ensemble est devenue proprement insupportable : les manifestant·es réuni·es dans les rues en quantités inédites signalent (encore calmement) qu’ielles ne peuvent ni continuer à endurer ce qui leur est imposé, ni continuer à cautionner la pseudo-rationalité économique au nom de laquelle de nouveaux « sacrifices » leur sont imposés avec le report de l’âge légal de la retraite. C’est bien plutôt la logique d’ensemble de ce système insoutenable qu’ils demandent (calmement, raisonnablement) de sacrifier.

      #grève #travail #emploi #retraites

  • Adem, le dealer de cocaïne des manifestations parisiennes, écope de deux ans ferme - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/paris-75/adem-le-dealer-de-cocaine-des-manifestations-parisiennes-ecope-de-deux-an

    Cet homme de 24 ans a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris. Il a été surpris fin janvier avec près de 10 000 euros de cocaïne alors qu’il se mêlait aux manifestants qui protestaient contre la réforme des retraites.

    Vendre de la cocaïne dans les cortèges des manifestations contre les retraites : c’était sa méthode pour écouler rapidement sa marchandise. Ce jeune du XIIIe arrondissement de la capitale a été condamné ce lundi par le tribunal correctionnel de Paris à une peine de deux ans de prison ferme pour deux affaires de trafics de stupéfiants. « Dans les manifestations, le trafic de cocaïne pose un problème de trouble à l’ordre public, note le procureur. On sait bien que certains pensent que la contestation sociale est synonyme de fête. La prise de cette drogue désinhibe les consommateurs. Par conséquent, il y a plus de casse et avec la police cela se passe moins bien. »

    #emploi_informel

  • Le prolétariat international, la seule classe capable de mettre fin au capitalisme et à l’exploitation !

    #archiveLO #conférenceLO (Cercle Léon Trotsky du 4 mars 2011)

    https://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky/article/le-proletariat-international-la-14434

    Sommaire :

    Du #socialisme_utopique aux premières luttes

    1848 : Le Manifeste Communiste...
    – Le prolétarait considéré comme une classe révolutionnaire
    – La #plus-value
    – La nécessité du parti

    ... et la révolution !

    La construction des partis ouvriers
    – Bataille d’idées

    1871 : la Commune de Paris

    De l’apogée de la social-démocratie à sa trahison
    – Développement de la social-démocratie et du prolétariat
    – L’illusion réformiste

    La #révolution_russe de #1917

    Le stalinisme, ennemi du mouvement ouvrier
    – Un courant contre-révolutionnaire
    – Des situations révolutionnaires trahies par le #stalinisme

    Les #révolutions_anticoloniales : une occasion perdue

    La trahison de l’#intelligentsia

    Le prolétariat, classe majoritaire sur la planète

    La classe ouvrière dans les pays du Tiers monde
    – Des zones franches aux usines géantes d’Asie
    – La responsabilité de l’#impérialisme

    Le #prolétariat des pays riches
    – La classe ouvrière industrielle
    – Les #employés, partie intégrante du prolétariat

    Une seule #classe_ouvrière mondiale

    #manifeste_duParti_communiste #nationalisme #indépendance #réformisme #marxisme #parti_révolutionnaire #Karl_marx #Friedrich_Engels #marx #engels #Lénine #trotsky #trotskisme #léninisme

  • Pendant que vous pensez réforme des retraites, d’autres ont déjà l’esprit ailleurs : dans vos utérus mesdames !
    http://www.regards.fr/actu/article/emploi-retraites-le-rn-lr-et-le-medef-veulent-mettre-les-femmes-en-cloque
    https://www.youtube.com/watch?v=LLKWuNUoXAg


    Emploi : « Si on faisait plus d’enfants en France, on règlerait le problème assez facilement » (Geoffroy Roux de Bézieux)

    C’est une petite musique qui monte, doucement, tranquillement. Une mélodie qui fait le lien entre la réforme des retraites et le projet de loi Immigration – ce dernier devrait être examiné par les parlementaires au printemps – : Françaises, faites des mioches !

    D’un côté, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, se dit, le 19 février, « passionné » par le sujet. Pour pallier, selon lui, un avenir où il y aurait de moins en moins de jeunes qui entrent chaque année sur le marché du travail et, en même temps, de plus en plus de vieux qui partent en retraite, il a une solution toute simple : « Si on faisait plus d’enfants en France, on réglerait le problème assez facilement. »

    De l’autre côté, on a l’extrême droite, qui ajoute sa petite touche nationaliste pour résoudre un éventuel problème de main d’oeuvre. Voyez Sébastien Chenu, le 13 février : « Moi je préfère qu’on fabrique des travailleurs français plutôt qu’on les importe. [...] Pour assurer la perpétuité de la civilisation et de la population française. Qu’on ait plus de petits français demain plutôt que d’ouvrir les vannes et de voir l’immigration comme un projet de peuplement. »

    Notez le vocabulaire pour le moins étonnant de la marchandise, alors que l’on parle d’êtres humains. Notez aussi le lien direct fait entre « civilisation » et « population française », synonymes dans la pensée du vice-président du RN.

    Sébastien Chenu veut que l’on prenne exemple sur l’Allemagne, l’Italie ou encore la Hongrie… alors même que la France est le pays de l’UE où le taux de fécondité est le plus élevé ! Mieux, dans les deux premiers cas, les natalités allemande et italienne font partie des plus déclinantes au monde, quant à la Hongrie, on pourrait en effet dire que sa volonté nataliste fonctionne, mais elle va de pair avec une politique nationaliste et réactionnaire sur l’avortement, et les droits des femmes en général, qui n’a pas son pareil en Europe. Or, si le taux de fécondité hongrois est passé de 1,2 à 1,55 enfant par femme en dix ans, il semble avoir atteint un plafond. Par ailleurs, les principaux problèmes démographiques de la Hongrie restent l’émigration et la mortalité. Comme on lit sur franceinfo : « Un million de Hongrois ont quitté le pays. Des Hongrois partis pour chercher un job mieux payé dans l’Europe de l’Ouest, ou pour échapper au régime autoritaire de Viktor Orban ». Le rêve du RN ?

    Un peu plus loin à l’extrême droite, on trouve également cette rhétorique dans les tweet de Damien Rieu, ici et là :

    « Qui va payer les saintes retraites par répartition si vous ne faites pas d’enfants ? »

    « Délibérément choisir de ne pas avoir d’enfants quand on en a la possibilité est plus qu’un caprice égoïste et bourgeois, c’est une faute morale qui conduit au suicide de la civilisation dont vous profitez, grâce au efforts et sacrifices de vos ancêtres. » [1]

    Le débat sur la natalité s’est même invité dans l’hémicycle, lors des débats sur la réforme des retraites, les LR proposant de « baisser le taux de CSG sur les revenus d’activités des mères de famille » en fonction du nombre d’enfants à charge. Amendement rejeté par le gouvernement, mais le ministre Gabriel Attal a tout de même assuré être « en ligne avec vous sur les objectifs ».

    Tiens, vous n’avez rien remarqué d’étrange ? Que des hommes. Que des hommes pour discuter natalité… Étrange, étrange…

    À l’Assemblée, la députée écologiste Sandrine Rousseau s’en est sérieusement agacée : « Un conseil : lâchez nos utérus ! Si vous souhaitez aider les femmes, faites l’égalité salariale, le congé paternité équivalent au congé maternité. Laissez partir les femmes avant 64 ans avec les trimestres acquis. Retirez votre réforme ! Nos ventres ne sont pas la variable d’ajustement de votre réforme des retraites. »

    Même la députée macroniste Prisca Thévenot y est allée de bon cœur : « Voilà que vous sortez de votre grotte pour raviver non pas vos vieux démons mais vos démons actuels. [Selon vous,] il y a un problème, c’est les femmes. Merci pour vos leçons, mais on passera. » Mais il est important de préciser qu’elle s’adressait au RN, pas à Gabriel Attal…

    Sur Twitter, l’historienne Mathilde Larrère s’inquiète : « Ce n’est pas neuf, c’était dans le programme de Marine Le Pen dans les deux dernières élections présidentielles. Ce sont des idées qu’on trouvait défendue par l’extrême droite dans les années 30 et sous Vichy [...] quand ces idées s’imposent, on sait ce que ça entraîne : des mesures anti-IVG. Et ne nous pensons pas à l’abri en France. (Ce d’autant qu’on ne le rappellera jamais assez, les mesures anti IVG ne diminuent pas le nombre d’IVG, mais les rendent très dangereuses pour les femmes) ».

    Sur Regards, la semaine dernière, Éric Le Bourg, spécialiste en biologie du vieillissement, écrivait justement ceci : « La dénatalité n’existe pas en France, et il n’y a pas lieu de s’inquiéter du nombre futur de cotisants aux régimes de retraite. » Mais la politique n’est pas affaire d’experts…

    Vous pensiez que la réforme des retraites allait pénaliser un peu plus les femmes ? Vous n’êtes pas prêts pour la suite !

    Loïc Le Clerc
    Notes

    [1] Concernant cette citation, la starlette de la fachosphère parle du témoignage d’une jeune femme de 23 ans ayant pris la décision de se ligaturer les trompes.

    #sexisme #natalisme #medef #femmes #emploi #backlash #masculinisme

    • Quand l’Assemblée nationale se demande si faire des enfants peut sauver les retraites
      https://www.nouvelobs.com/politique/20230301.OBS70205/quand-l-assemblee-nationale-se-demande-si-faire-des-enfants-peut-sauver-l

      Une semaine après la fin de l’examen en première lecture du texte du gouvernement, les députés ont débattu mardi soir de « la baisse démographique en France ». Si aucun vote n’était prévu, les discussions ont montré les divisions sur ce sujet brûlant.

      La nuit était déjà tombée ce mardi 28 février quand le sujet est revenu dans les travées de l’Assemblée nationale. Ordre du jour : « Débat sur les conséquences de la baisse démographique en France et les politiques à mettre en œuvre pour y remédier ». Derrière cet intitulé aux allures de discussion sur des enjeux très lointains, c’est bien la réforme des retraites qui a fait son grand retour dans l’Hémicycle, un peu plus d’une semaine après la clôture des débats en première lecture du texte. C’est le MoDem qui a souhaité remettre la question sur la table. Il faut dire que son patron, François Bayrou, avait déjà publié en 2021 avec sa casquette de Haut Commissaire au plan un rapport intitulé « Démographie : la clé pour préserver notre modèle social » [PDF https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2021/05/hcp_demographie_note_douverture_mai_2021_3.pdf ].

      Sébastien Chenu, vice-président RN de l’Assemblée nationale, avait expliqué sur France Inter préférer « qu’on fabrique des travailleurs français plutôt qu’on les importe » pour défendre la politique nataliste revendiquée par sa formation.

      « Lâchez nos utérus ! » leur avait répondu la députée écolo Sandrine Rousseau. Et d’enchaîner, en visant LR et le gouvernement : « Nos ventres ne sont pas la variable d’ajustement de votre réforme des retraites. »

      Ce mardi soir, le débat a repris en ces termes. Parmi la dizaine de députés présents dans les rangs de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes, alliance de gauche), on fustige l’idée que la natalité viendrait au secours des retraites. « Nous n’accepterons plus que le rôle de la femme soit cantonné à la reproduction », revendique Cyrielle Chatelain (Europe Ecologie-Les Verts, EELV). Ni même que les femmes deviennent des « incubateurs à main-d’œuvre pour le patronat », dit Elise Leboucher, sa collègue de La France insoumise (LFI), les yeux rivés vers les députés du RN.

      Alain David, député socialiste de la Gironde, s’interroge sur le timing et l’opportunité de ce débat : « Est-il de bon ton de vouloir justifier cette régression sociale [la réforme des retraites] en invoquant l’alourdissement supposément insupportable du fardeau des retraites et le vieillissement supposément inquiétant de la population ? » Pour lui, évidemment, la réponse est non. Et l’élu préférait ouvrir d’autres perspectives, comme « la lutte contre la mortalité infantile qui monte, l’évolution de la productivité et la lutte contre le chômage ». En somme, « les clés pour financer notre système de protection sociale », selon lui.

      Si le mot « natalité » crispe, certains éléments sont cependant communs à tous les groupes politiques. « C’est une question de confiance en l’avenir », pour les familles, relèvent d’abord les socialistes, avant d’être rejoints par tous les parlementaires présents. D’autres points de convergence apparaissent, comme les leviers de santé publique à actionner pour faire repartir le nombre d’enfants – alors que le taux de fécondité est tombé à 1,83 enfant par femme, en dessous du seuil de renouvellement des générations. « Il faut absolument agir sur la mortalité infantile et les questions d’infertilité », plaide ainsi François Piquemal (LFI) (!) , interpellant Jean-Christophe Combe, le ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées.

      –---
      voir aussi

      L’extrême droite veut faire main basse sur nos utérus de femmes blanches

      Titiou Lecoq — 24 septembre 2021

      Refuser aux femmes la possibilité de se réaliser comme un individu qui fait seul ses choix, exercer des pressions sur elles, les ramener sans cesse et les limiter socialement à leurs fonctions reproductives, c’est au fondement de la pensée d’extrême droite.

      https://www.slate.fr/story/216453/extreme-droite-veut-faire-main-basse-uterus-femmes-blanches-natalite-orban-zem

    • Notes sur le rapport Bayrou sur la natalité - https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2021/05/hcp_demographie_note_douverture_mai_2021_3.pdf

      – Il faut attendre la page 14 pour voire le mot femme pour la première fois.

      Mais d’autres leviers existent aussi. En examinant la situation comparée de l’Italie et de la France, on a observé que l’âge moyen auquel les femmes avaient leur premier enfant était respectivement de 31 et 28 ans et demi (chiffres de 2016) et que cela n’était pas sans lien avec l’âge moyen auquel ces jeunes femmes quittaient le domicile de leurs parents, cet âge étant alors respectivement de 29 et 23 ans. Comme on le sait, plus l’âge de procréation est précoce, plus le taux de fécondité est élevé. Comme on l’a évoqué l’augmentation de cet âge moyen traduit des choix individuels et des progrès comme l’accès aux études supérieures. Mais elle est parfois aussi la conséquence de contraintes imposées. On mesure ainsi à quel point les politiques de logement qui permettent d’accéder à une forme d’indépendance (en particulier dans les zones très tendues comme la région parisienne) et les conditions d’accès à l’emploi des jeunes sont de ce point de vue importantes.

      – tous les « levier » semblent envisageables, y compris pousser les femmes a avoir des enfants plus jeunes.

      La CCL

      La nécessité d’un Pacte national pour la démographie

      Toutes les questions doivent être mises à plat. Faut-il revenir à un modèle classique de politique familiale, né lors de la reconstruction qui a suivi la Seconde Guerre mondiale et dont les premiers éléments dataient même de l’avant-guerre ? Ces outils sont-ils encore adaptés alors que le profil des familles est aujourd’hui beaucoup plus divers ? Quel levier doit-on privilégier ?
      En tout état de cause, il est certain qu’en la matière, l’un des éléments les plus déterminants est le climat psychologique dans lequel se trouve une nation, selon que nous sommes collectivement assurés de notre avenir ou, au contraire,
      pessimistes sur notre destin collectif.
      Selon les propos de M. Laurent Chalard, géographe de la population à l’université Paris-Sorbonne : « Il n’existe pas de modèle explicatif des variations de fécondité. Elles résultent de décisions personnelles et sont liées aux évolutions des
      mentalités. »69 De ce point de vue, les crises économiques ou sanitaires que nous traversons ont un impact mais qu’il n’est pas si simple de mesurer.

      On estime qu’en France les politiques sociales amortissent plus qu’ailleurs les chocs économiques et retardent ou étalent leur impact négatif sur la fécondité. C’est le constat qui a été fait en 2008. Nous n’avons pas assez de recul pour mesurer les conséquences de l’épidémie de COVID. Va-t-elle simplement conduire à décaler les naissances ? Quel va être son impact sur la mortalité ? Sur l’immigration ? Nous l’ignorons puisque nous ne savons pas tout simplement quelle va être la durée de
      cette crise. Mais on peut raisonnablement craindre que l’impact de cette épidémie soit plus profond et durable que toutes les crises précédentes. Même si l’épidémie
      est jugulée dans les mois qui viennent, demeurera la crainte qu’un tel événement ressurgisse dans les années à venir. L’impensable étant survenu il ne devient plus impensable. Dès lors, un climat pessimiste pourrait peser sur le désir d’enfant de nos concitoyens.
      C’est pourquoi, plus encore, il importe de reconstruire un consensus sur notre politique démographique afin d’installer à nouveau un climat de confiance.
      Ceci implique une politique ayant quatre caractéristiques :
      1. la globalité : il faut envisager la politique de soutien à la natalité dans tous ses aspects car il est démontré qu’un seul levier n’est pas, pris isolément, assez efficace.
      2. la cohérence : forte d’une orientation claire, cette politique doit avoir un objectif : celui de soutenir la natalité. Les autres objectifs sociaux comme la lutte contre les inégalités – tout aussi légitimes naturellement – doivent faire l’objet
      d’autres instruments.
      3. la continuité : la politique de soutien à la natalité ne doit pas constituer une variable d’ajustement, notamment pour rééquilibrer les comptes publics. La question démographique est si structurante qu’elle doit échapper à des logiques
      conjoncturelles.
      4. la lisibilité : nos concitoyens doivent pouvoir prendre conscience très simplement du soutien que le pays leur apporte dans le projet d’avoir un enfant. Chaque
      méandre administratif est un obstacle à l’objectif que nous nous assignons.
      La France a sans doute plus besoin encore que ses voisins d’une démographie dynamique car son modèle social repose, pour beaucoup, sur la solidarité entre les générations. Il est nécessaire pour le préserver de disposer d’une pyramide de la
      population plus équilibrée.
      D’autres pays, bien plus exposés que le nôtre, sont en train de prendre conscience de cette nécessité. Ainsi avec l’épidémie de COVID qui a augmenté la mortalité à des niveaux sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Italie a vu sa population baisser de 380 000 personnes soit l’équivalent de la ville de Florence. Cette situation a eu l’effet d’un électrochoc. Le Sénat italien vient de voter des mesures d’aide
      financière considérables en instituant une allocation mensuelle pour tous les enfants d’un montant de 250 euros par enfant, versée du 7e mois de grossesse jusqu’à ses vingt-et-un ans. Cette aide viendra se substituer pour partie à des aides existantes et diminuera en fonction des revenus des parents. Cet effort est engagé par un pays bien décidé à sortir de son « hiver démographique ». Sont également prévus des
      investissements dans les services à l’enfance, la réorganisation des aides à domicile ou l’aide aux mères qui travaillent. Plus largement le Gouvernement italien vient de lancer des états généraux de la natalité pour mobiliser la société autour de ce qui fait désormais figure de cause nationale.
      Même si la situation française n’est heureusement pas comparable à celle de l’Italie, cet exemple d’une prise de conscience collective doit nous inciter à nous réunir pour
      trouver les voies propres à la France. Plus que tout autre, nous avons des atouts pour réussir. La dynamique des dernières décennies fait que nous ne partons pas de rien. Il
      faut se ressaisir.

      – je sais pas ce que la psychologie des citoyens viens faire dans cette histoire. C’est au citoyennes de décidé si elles veulent porter des enfants, pas aux citoyens de décidé pour elles.
      – Bayrou propose en fait un salaire pour l’enfantement en s’inspirant d’une loi voté par le gouvernement italien notoirement fasciste et vieille marotte du RN.
      – Le point n2 - La cohérence, me laisse songeuse. La seule cohérence des macronards c’est de privilégié les privilégies. « Les autres objectifs sociaux comme la lutte contre les inégalités – tout aussi légitimes naturellement – doivent faire l’objet d’autres instruments. » Cette phrase indique pour moi que les moyens utilisés pour le natalisme ne vont pas tenir compte des luttes contre les inégalités. CAD qu’aussi légitimement naturels que soient la lutte contre ces inégalités, les macronards n’utiliserons pas ces instruments là pour engrosser les françaises.

      https://www.youtube.com/watch?v=-hIKj5dSeWM

    • Réforme des retraites : en arrière-plan, le projet nataliste du Rassemblement national
      https://www.radiofrance.fr/franceinter/reforme-des-retraites-en-arriere-plan-le-projet-nataliste-du-rassembleme

      Depuis le début de l’examen de la réforme des retraites à l’assemblée, le RN se montre plutôt discret, avec seulement 238 amendements déposés. Mais il profite malgré tout de cette tribune pour défendre l’un de ses fondements politiques : la relance de la natalité à visée identitaire.

      Des allocations familiales pour les parents « des petits Français de souche », quel que soit leur niveau de revenu, c’est ce que proposait en 2007 Jean-Marie Le Pen. À éplucher les amendements du RN sur la réforme des retraites, le discours et les idées n’ont pas changé. Après l’article 16, le parti de Marine Le Pen a ainsi déposé plusieurs amendements pour déplafonner les aides, et les réserver aux familles dont l’un des deux parents au moins est français.

      Mais le parti va au-delà, présentant la politique nataliste comme seule alternative à une « immigration de peuplement » pour sauver le système de retraites. Comme l’a résumé la semaine dernière la députée du Var Laure Lavalette dans l’hémicycle. « Encourager la démographie, c’est un levier fondamental. N’en déplaise à nos collègues d’en face (la Nupes) qui veulent combler le déficit d’enfants avec l’immigration », déclare-t-elle.

      Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d’intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d’utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
      Le modèle hongrois

      Car pour le RN, à l’instar de Georgia Meloni en Italie, ou de Viktor Orban en Hongrie, la politique nataliste est bien identitaire. Comme l’indiquait en septembre dernier cette proposition de résolution signée par les élus lepénistes, visant à faire de l’année 2024 une année dédiée à la relance de la natalité française : « Nous ne pouvons pas faire le pari fou, pour maintenir notre population, voire l’accroître, de déraciner des millions de personnes, à l’échelle européenne des dizaines de millions de personnes, en leur promettant un rêve en France, en Europe, alors même que notre civilisation est en proie à une crise majeure. »

      Comme l’assure également le livret sur la famille de Marine Le Pen : « Choisir l’immigration serait considérer que les êtres humains sont interchangeables. Faire le choix de la natalité, c’est s’engager à assurer la continuité de la nation et la perpétuation de notre civilisation. »

      D’où la reprise de plusieurs propositions calquées sur le modèle hongrois, dont un prêt à taux zéro jusqu’à 100.000 euros pour aider les jeunes couples, dont l’un des deux membres est français, à s’installer, avec une annulation du reste dû au troisième enfant.

      Propositions jugées irrecevables dans le cadre de ce projet de loi, mais pour le RN, l’essentiel est ailleurs. Profiter des retraites pour rappeler, comme le dit Marine Le Pen, « son choix de société », dont la lutte contre l’immigration et la priorité nationale sont des piliers.

  • Cartographie des mouvances anti-Lumières (Version 2.01)
    Du progressisme à l’obscurantisme

    https://collectiflieuxcommuns.fr/?1102-Cartographie-des-mouvances-anti-Lumieres

    Cette cartographie vise deux objectifs :
    • Recenser, sans prétention à l’exhaustivité, l’ensemble des personnalités, groupements et institutions qui travaillent à la fin du projet d’autonomie tel qu’il a été porté par la modernité, les Lumières, l’Occident comme germe de l’émancipation individuelle et collective.
    Ils sont répartis autour d’une douzaine de grands pôles en cercles concentriques représentant un ensemble de domaines idéologiques, de causes politiques et de champs d’action, qui vont de l’indigénisme au néo-féminisme, de l’islamo-gauchisme à l’écologie décoloniale ou du sans-frontiérisme aux anti-flics, etc. Lors d’un clic sur un de ces pôles, apparaît leur véritable appellation ainsi qu’une définition sommaire, regroupant « Ce qu’ils prétendent faire », « Ce qu’ils font réellement », « Leurs méthodes idéologiques », et « Impact réel ». Ces ensembles étant poreux et leurs acteurs mouvants, ce classement propose un repérage efficace qui prend en compte le continuum que constituent ces milieux, largement interconnectés.

    • Organiser ce magma politico-idéologique selon une grille de lecture sur deux axes. Le premier, vertical, oppose en haut les progressistes ou plutôt les déconstructeurs, aux obscurantistes, ici les fondamentalistes placés en bas ; et le second oppose les communautaristes ou tribalistes, à gauche, aux impérialistes, ici en bas.
    Les déconstructeurs cherchent à ruiner l’idée de règles et de repères communs en pervertissant le principe de la discussion argumentée, ce sont des héritiers de la gauche : des post-modernes qui travaillent pour l’anomie. Ils préparent le terrain aux fondamentalistes qui veulent imposer un système de valeurs closes et pseudo-traditionnelles échappant à l’examen critique. Ceux-là s’enferment dans leurs déterminismes culturels : ce sont les pré-modernes qui œuvrent à l’hétéronomie. Les tribalistes revendiquent leurs particularités contre le principe même de société en assignant à l’individu une place déterminée dans sa communauté supposée. Refusant de faire société, ils n’agissent que pour les intérêts de leur clan revendiqué. À l’opposé, les impérialistes veulent organiser la totalité de la société selon un principe unique, un empire sans limites, réduisant la collectivité à une cohabitation de communautés en concurrence. Luttant contre toute souveraineté populaire, ils militent pour la domination mondiale.

    #Avant-gardisme, #Écologie (dé)coloniale, #Écologisme, #Empire, #Extrêmes-droites, #Féminisme, #Gauchisme, #Immigration, #Insurrectionnalisme , #Islam, #Islamogauchisme, #Progressisme, " #woke

  • Bataille des #retraites : durcir le ton, élargir le front, Fabien Escalona et Romaric Godin
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/180223/bataille-des-retraites-durcir-le-ton-elargir-le-front

    Face à un pouvoir radicalisé, le mouvement social doit à la fois durcir ses actions et élargir la bataille à d’autres enjeux que la réforme des retraites. La victoire n’est aucunement garantie, mais seule cette voie est constructive, même en cas d’échec.

    creuser. un autre versant d’un approfondissement possible
    https://seenthis.net/messages/991381

    Pour revenir à la situation présente : ce que nous voulons dire c’est que tout est déjà là. Les deux millions de manifestants, Macron, l’expérience de l’émeute comme du blocage, les complicités ainsi que la sécheresse, le dégoût du travail et la fin de la politique, les bureaucrates têtes-à-claques, qui n’en peuvent plus d’attendre de s’en prendre. On propose donc d’écarter un temps, disons le 7 mars, tout penchant pour la nostalgie, la résignation ou le cynisme, et d’y aller.

    • La voix du Capital
      https://www.lantivol.com/2023/02/les-breves-du-satirique-fevrier-2023.html

      Le 2 février 2023, Alain Minc était l’invité de Ruth Elkrief dans «  Un œil sur le monde   » sur LCI. Interrogé sur la réforme des retraites, il l’a joué comme à son habitude tout sourire et tout cynique, façon petit expert maître-chanteur :

      «  Je crois qu’iI est inenvisageable qu’elle ne passe pas. Et pour une raison que le pouvoir n’ose pas dire ou ne peut pas dire. Pourquoi il faut faire cette réforme ? Nous avons 3000 milliards de #dette. Le taux d’intérêt que nous payons est très proche de celui de l’Allemagne, ce qui est une espèce de bénédiction, peut-être imméritée. (…) Le marché, c’est un être primaire. S’il voit qu’on a changé l’âge, il considérera que la France demeure un pays sérieux. Vous allez me dire : c’est idiot. Peut-être, mais c’est comme ça. Quand on est #débiteur de 3000 milliards on fait attention à ce que pense son #créancier. Si aujourd’hui cette #réforme n’avait pas lieu, si les taux d’intérêt français augmentaient à cause de ça, imaginez qu’1% de plus c’est sur 10 ans 150 milliards, on parle de ces choses-là, c’est à dire des moyens de payer les retraites, mais aussi de payer les salaires des fonctionnaires, les infirmières… Donc cette réforme a une portée symbolique à laquelle il faut accepter de céder, peu importe les concessions qu’il va falloir faire. Et comme le président de la République qui sait quand même ce que sont les règles du monde financier ne peut qu’être conscient de ça, il ne cédera pas.   »

      C’est fou comme ce genre de déclarations, ça donne encore plus envie de les faire céder et d’imposer, au-delà du retrait de leur projet, nos propres réformes…

    • « C’est le mentor de Macron Alain Minc qui le dit, la réforme des retraites sert uniquement à donner des gages aux parasites de la finance.
      Sauver le système ils n’en ont rien à foutre… »
      #greve7mars #GreveGenerale #NonALaReformeDesRetraites

      https://video.twimg.com/amplify_video/1627932060798033921/vid/1280x720/o-DhXM-Uw74z5sOJ.mp4?tag=16

      https://twitter.com/realmarcel1/status/1628392611168894976?cxt=HHwWgIC--ficm5ktAAAA

    • Quand un républicain keynésien (Godin) en vient à citer Luxembourg et Lukàcs (...), ne pas hésiter à lire des analyses plus concrètes de la situation dans laquelle s’inscrivent ces réformes.

      Le mouvement contre la réforme des retraites en France, automne 2010 - SIC INTERNATIONAL JOURNAL FOR COMMUNISATION
      https://www.sicjournal.org/le-mouvement-contre-la-reforme-des-retraites-en-france-automne-2010-2

      La deuxième détermination a été sa généralisation à partir de la volonté de défense d’un statu quo qui, de fait, était déjà en grande partie obsolète.
      Avec quarante années d’annuité, il faut avoir un emploi protégé, une carrière commencée tôt, pour que la perspective de la retraite ait un sens. Une situation qui s’apparente de plus en plus à celle de dinosaures au sein des travailleurs. Si le mouvement a continué, dépassant le cycle convenu des manifestations-défilés, c’est parce que cette défense d’un statu quo s’est elle-même muée en une critique plus profonde. Les quarante annuités, c’est une condamnation au travail à perpétuité.

      La lutte contre la réforme des retraites n’est pas le révélateur d’autre chose mais de tout ce qui est inscrit dans cette réforme. La question c’est l’organisation du marché du travail dans le mode de production capitaliste issu de la restructuration des années 1970 : la #précarisation ; les jeunes de moins de 25 ans qui sont au chômage[3] ; les plus de 55 ans qui sont poussés vers la sortie (en 2010, il y a eu 350 000 licenciements conventionnels).

      Dans les nouvelles modalités de l’exploitation de la force de travail totale comme une seule force de travail sociale disponible face au capital et segmentable à l’infini, cette #segmentation est tout autant division, création de catégories, que continuum de positions qui coexistent dans un même ensemble et se contaminent les unes les autres.

      Au travers d’un grand nombre de dispositifs nouveaux, la classe capitaliste cherche désormais à soutenir l’offre de travail alors que l’objectif poursuivi jusqu’à la fin des années 1980 par l’action publique était plutôt d’encourager les retraits d’activité. La cible n’est plus de diminuer le taux de chômage, mais d’accroître le taux d’emploi [les deux étant loin de s’exclure, ndc]. On peut compter actuellement en France plus de dix millions de salariés concernés par les exonérations sur les bas #salaires, on peut dénombrer également 8,5 millions de bénéficiaires de la prime pour l’emploi. Le changement d’échelle est très net (2,8 millions de bénéficiaires de la politique de l’emploi en 2000).

      #emploi #retraites #chômage

    • « Je lutte des classes » - Le mouvement contre la réforme des retraites en France, automne 2010
      https://entremonde.net/IMG/pdf/senonevero_jeluttedesclasses.pdf

      je lutte des classes – dans ce slogan emblématique d’un mouvement sans illusion et sans espoir de victoire, on entend « je fais la lutte des classes ». Si on doit affirmer la lutte de classe sous cette forme ambiguë, humoristique et contradictoire, c’est que ce qui demeure un fait objectif, massif et incontournable, structurel, la lutte des classes, ne se reconnaissait plus elle-même comme un fait collectif et objectif intégrant et dépassant les manifestants individuels, mais comme un choix idéologique (politico-social) personnel.
      Le succès de ce slogan malicieux et sérieux à la fois montrait que pour tous, (et surtout chacun !) les mani- festations – élément central et organisateur du mou- vement – affirmaient une identité ouvrière à la fois obsolète et indispensable, idéale dans les deux sens du mot : comme idéal qui serait à atteindre et comme pur concept. Comme idée de ce qui avait existé, et qui jus- tement n’existait plus.
      7
      « Je lutte des classes »
      Cette dualité désignait à la fois la permanence de la contradiction de classes immanente au capitalisme et son caractère radicalement transformé ne donnant plus naissance à une identité de classe pouvant s’affir- mer contre le capital. « Je lutte des classes » fut le nom que, dans la lutte des classes, l’implosion de l’identité ouvrière en acte s’est donnée à elle-même. À côté des manifestations où se proclamait cette identité ouvrière idéale, les secteurs en grève étaient justement ceux où des communautés de travail encore plus ou moins stables pouvaient magiquement et nostalgiquement servir de référent à cette invocation. Le slogan dit très joliment la perte de l’identité ouvrière dans la volonté de l’affirmer. Le singulier du sujet est contradictoire à ce qu’est l’appartenance de classe qui n’est pas une appartenance individuelle, l’élément d’une somme. Il n’y a pas si longtemps, comme ouvrier, à Ivry ou à Port- de-Bouc, on était, par définition, de la classe ouvrière.

      #classe #ouvrier

  • Combattre le capitalisme, une nécessité matérielle et politique (#éditorial LO du 20 février 2019)

    ...la #crise_économique s’approfondit. Les #injustices et les #inégalités explosent, parce que la classe capitaliste est de plus en plus rapace et aveuglée par la #recherche_du_profit. Et toute l’#économie est gangrenée par la #finance.

    #Emploi, #salaire, #retraite, #logement, #garde_des_enfants, #déserts_médicaux, #transports_publics, prise en charge des handicapés ou des personnes âgées dépendantes : le gouvernement est incapable d’apporter la moindre solution à des problèmes élémentaires et quotidiens.

    Il est également incapable d’enrayer les catastrophes climatiques et humanitaires qui menacent la société. Et il l’est tout autant pour contrer la montée des #idées_réactionnaires et le #délitement_moral de la société qui sont alimentés par le repli sur soi, la misère et la marginalisation sociale. Cela a de graves conséquences, car les forces politiques les plus réactionnaires prêtes à s’appuyer sur les pires préjugés sont à l’œuvre, avec l’ambition de prendre la place de partis politiques discrédités.

    Si elles parviennent au pouvoir, ces forces se porteront au secours de l’ordre bourgeois, en commençant par s’en prendre aux immigrés, avant d’attaquer l’ensemble du monde du travail.

    Pour les travailleurs, lutter pour leurs intérêts matériels ne peut suffire. Il faut aussi lutter contre le système capitaliste, porteur de bien d’autres menaces. Lever le drapeau de l’#émancipation_sociale, c’est-à-dire d’une société débarrassée de la dictature du #grand_capital, doit être leur perspective.

    Tous les jours, des travailleurs sont amenés à se défendre contre le #grand_patronat. Il faut que leur combat devienne collectif : le combat de la #classe_ouvrière contre la #classe_capitaliste. L’aboutissement doit en être le renversement de ce système capitaliste qui empoisonne la société.

    #révolution_sociale #capitalisme #crise_climatique #grande_bourgeoisie #parasitisme

  • Le lanceur d’alerte Guillaume Coudray publie un nouveau livre sur la dangerosité de ces #additifs_de_synthèse, qui envahissent même les produits bio. (Libération)

    Consommer de la #charcuterie favorise le #cancer_colorectal mais ça ne veut pas dire que si l’on consomme des charcuteries, on développera obligatoirement un cancer. La certitude, depuis 2007, c’est que même une consommation modeste entraîne une augmentation du risque. Et plus la consommation de charcuterie augmente, plus le risque augmente. Une évaluation sérieuse publiée en 2019 a montré qu’une portion quotidienne de 25 grammes de charcuterie entraînait une hausse de 19 %. A 50 grammes par jour, elle atteint 42 %, puis 69 % pour 75 grammes. […]

    En juillet dernier, l’agence sanitaire #Anses a reconnu pour la première fois, notamment après l’analyse de très nombreuses études épidémiologiques, que le nitrate et le nitrite ajoutés aux charcuteries pour allonger leur durée de #conservation et faciliter leur fabrication sont bien cancérigènes. […]

    Un plan gouvernemental avait été annoncé pour l’automne, puis pour la mi-février. Entre-temps, même l’#EFSA [#Autorité_européenne_de_sécurité_des_aliments, ndlr] a rendu les armes, dans un prérapport, en reconnaissant que ces composés sont problématiques ; son directeur l’a admis tout piteux devant des parlementaires à Bruxelles. Malgré cette volte-face spectaculaire, la France traîne pour interdire les nitrites. […]

    Je crains que le gouvernement ait choisi son camp, celui de l’économie, au détriment de la santé des Français. Ça n’a rien de surprenant.

    Le bio ?

    A l’origine, les charcuteries bio étaient dépourvues de ces additifs mais l’arrivée d’industriels dans ce secteur a changé la donne. Les cahiers des charges des fabricants ont été soumis à la contrainte de la #production_de_masse et les nitrites se sont infiltrés dans la majorité des jambons.

    #jambon #capitalisme #santé_publique #empoisonnement #poison

    • Ça ne s’invente pas : Guillaume Coudray, le lanceur d’alerte du scandale des nitrites dans le jambon et le saucisson, habite dans une ancienne charcuterie. Le réalisateur de documentaires tente depuis près de quinze ans de faire reconnaître les dangers de ces additifs chimiques utilisés comme conservateurs à partir des années 60. Dans Nitrites dans la charcuterie : le scandale (chez Harper Collins), ouvrage très érudit consacré à ce qu’il qualifie de « scandale sanitaire », il plaide pour leur interdiction à la lumière de nouvelles études et expertises scientifiques.

      Pourquoi consacrez-vous un deuxième ouvrage aux nitrites, ces additifs chimiques utilisés comme conservateurs dans la charcuterie ?

      Mon premier livre, en 2017, visait à alerter sur ces produits qui donnent sa jolie couleur rosée au jambon mais menacent notre santé. Cette saison 2 est la suite de l’enquête que je mène depuis près de quinze ans. Elle paraît après un tournant historique et politique en France : en juillet dernier, l’agence sanitaire Anses a reconnu pour la première fois, notamment après l’analyse de très nombreuses études épidémiologiques, que le nitrate et le nitrite ajoutés aux charcuteries pour allonger leur durée de conservation et faciliter leur fabrication sont bien cancérigènes. Elle a aussi invité le gouvernement à prendre des « mesures volontaristes » de sécurité sanitaire pour « réduire l’exposition de la population » aux composés nitrosés, issus du nitrate et du nitrite.

      Ces mesures ont-elles été annoncées ?

      Non ! Un plan gouvernemental avait été annoncé pour l’automne, puis pour la mi-février. Entre-temps, même l’EFSA [Autorité européenne de sécurité des aliments, ndlr] a rendu les armes, dans un prérapport, en reconnaissant que ces composés sont problématiques ; son directeur l’a admis tout piteux devant des parlementaires à Bruxelles. Malgré cette volteface spectaculaire, la France traîne pour interdire les nitrites. Aujourd’hui, on parle de mi-mars (lire encadré). Le ministère de l’Agriculture organise des réunions en catimini avec les industriels de l’agroalimentaire, les fabricants d’additifs, des experts travaillant pour ces secteurs économiques. Les associations de consommateurs et les scientifiques, eux, sont exclus de ces discussions ; et le ministère de la Santé reste silencieux.

      Pourquoi se désintéresse-t-il du dossier ?

      Je crains que le gouvernement ait choisi son camp, celui de l’économie, au détriment de la santé des Français. Ça n’a rien de surprenant. Tout le monde l’ignore mais une première guerre des nitrites a déjà eu lieu. En 1964, pour augmenter les volumes de production et concurrencer les fabricants américains ou allemands, le ministère de l’Agriculture avait pris le parti des charcutiers industriels, tordant les bras du ministère de la Santé et de l’Académie de médecine, qui recommandaient de ne pas autoriser les nitrites. Il s’agissait d’une décision purement économique, dans le sillage de la naissance du marché commun en 1957. Cette tutelle de l’économie sur la santé se retrouve aux EtatsUnis : alors que tous les additifs alimentaires sont autorisés par la puissante agence sanitaire FDA [Food and Drug Administration], le nitrate et le nitrite dépendent d’un service obscur du secrétariat à l’Agriculture.

      En quoi les nitrites sont-ils dangereux ?

      Les nitrites ou les nitrates, présents dans environ trois quarts des charcuteries vendues en France et parfois désignés par les codes E250 et E252 sur les étiquettes, sont deux substances voisines ayant des effets cancérigènes. Le soupçon concernant leur dangerosité a émergé dans les années 60, sous la plume de plusieurs scientifiques, avec une alerte en majesté dans la revue The Lancet en 1968. Au lieu d’en tenir compte, les responsables politiques à travers le monde ont mis la tête dans le sable. Les recherches ont continué ; les experts ont montré que ces additifs ne sont pas dangereux en eux-mêmes. Les produits auxquels ils donnent naissance après réaction chimique avec la viande peuvent être cancérigènes. Ils sont alors responsables d’une intoxication à petit feu.

      […]

      Dans le livre, vous démontrez comment le lobby de l’agroalimentaire agit pour empêcher la mise en oeuvre d’une politique de prévention…

      Faire traîner les choses est sa ruse habituelle. Comme lors des précédentes alertes, le puissant lobby des charcutiers conteste la pertinence de l’état des lieux scientifique. Et il reste encore des médecins et des experts –certes minoritaires – pour remettre en doute le consensus scientifique. Tous sans exception ont des liens d’intérêt avec l’industrie agroalimentaire. La fabrique du doute, si familière, par exemple, aux lanceurs d’alerte qui ont lutté contre l’industrie du tabac, est à l’oeuvre. Heureusement, le principal argument des fabricants, selon lequel l’interdiction des nitrites était encore plus dangereuse pour la santé, semble périmé. Supprimer les additifs nitrés des charcuteries est certes une opération délicate et coûteuse mais non, leur retrait ne va pas provoquer une épidémie de botulisme ! Nous n’allons pas tous mourir faute de conservateurs chimiques ! La preuve ? Désormais, les alternatives existent, tous les industriels commercialisent deux gammes : du jambon chimique bien rose avec nitrites et du jambon blanc sans nitrites !

      Des alternatives existent mais même le bio n’est pas épargné. Pourquoi une majorité de ces charcuteries sont-elles désormais bourrées de nitrites ?

      A l’origine, les charcuteries bio étaient dépourvues de ces additifs mais l’arrivée d’industriels dans ce secteur a changé la donne. Les cahiers des charges des fabricants ont été soumis à la contrainte de la production de masse et les nitrites se sont infiltrés dans la majorité des jambons. On ne note aucun progrès récent et le règlement bio européen prévoyant une suppression de leur utilisation n’a jamais été appliqué en France. Pourquoi ça bloque ? Parce que l’Institut national des appellations d’origine (Inao), organisme chargé de sa mise en oeuvre en France, n’en fait pas une priorité.

      Des lobbyistes vous accusent de vous acharner contre les nitrites. Êtes-vous en croisade contre les salaisons ?

      Je m’acharne contre les nitrites, qui empoisonnent toute ma vie, rognant sur mon sommeil, mes loisirs. Ces additifs sont devenus une obsession. Pour retracer leur histoire secrète, et plus largement celle des charcuteries modernes optimisées par la chimie, j’ai écumé les archives en France, mais aussi aux Etats-Unis où ces produits sont nés. Je ne mène pas une croisade contre les charcuteries, j’accomplis au contraire un travail de vérité pour faire revivre une belle tradition française. J’adore le bon jambon ! Je le dis souvent en plaisantant à mes proches mais au fond, j’y crois : un jour, je recevrai la médaille du mérite agricole parce qu’il n’y aura plus de produits nitrités en rayon.

      Cette guerre peut-elle être gagnée ?

      Je pense qu’on va y arriver, au moins à moyen terme. J’ai interviewé une ex sous-secrétaire d’Etat de la présidence Carter, qui avait bâti un plan en 1978 pour bannir les nitrites. L’arrivée de Reagan et l’activisme du lobby agroalimentaire ont fait échouer cette opération. Aujourd’hui, les lanceurs d’alertes disposent de nombreux alliés. Le député Richard Ramos mène une intense guérilla à l’Assemblée, avec le soutien des associations de consommateurs, de l’application nutritionnelle Yuka ou de la Ligue contre le cancer. Il y a aussi une armée dans l’ombre : des charcutiers viennent me voir en cachette lors de conférences pour me confier qu’ils travaillent pour changer leurs procédés de fabrication. Et la région de Bayonne connaît une révolution. Comme à Parme, on y produit désormais de plus en plus souvent du jambon sans additifs nitrés. •

  • Âge légal de départ en retraite et absences maladie : quels effets du passage à 62 ans en 2010 ? | CEET | Cnam
    https://ceet.cnam.fr/publications/connaissance-de-l-emploi/age-legal-de-depart-en-retraite-et-absences-maladie-quels-effets-du-passag

    En repoussant de deux ans l’âge minimum de liquidation de pension ou âge d’ouverture des droits (AOD), l’ambition de la réforme des #retraites de 2010 a été de réduire la charge des pensions et d’augmenter le taux d’activité des seniors, limitant ainsi le déficit des caisses d’assurance-retraite. Mais alors que ce type de réforme entend encourager l’#emploi des #seniors, plusieurs études montrent qu’une hausse de l’âge légal de départ à la retraite engendre également d’autres effets, tels que l’augmentation du #chômage ou de l’#invalidité en fin de carrière.

    Ce numéro de Connaissance de l’emploi s’intéresse à un autre effet indirect à partir des données de la base administrative Hygie (2005-2015) : l’augmentation des absences pour maladie. Si cet effet s’avère important , la réduction du déficit des caisses d’assurance-retraite s’accompagnerait d’un surcoût pour l’assurance-maladie, lié au surcroît du nombre de jours d’arrêt à indemniser. Les résultats montrent que le report de l’âge légal de départ en 2010 a effectivement entraîné une augmentation significative des #arrêts-maladie, et ce, pour l’ensemble de la population, mais avec des effets différencié selon le genre.

  • La #Dares, un organisme dépendant du ministère du Travail, constate que, entre octobre 2021 et août 2022, le #smic a augmenté de 5,6 %, un chiffre qui reste moins élevé que la #hausse_des_prix, en particulier celle des #produits_alimentaires.

    Le #salaire_minimum est donc toujours plus éloigné du minimum nécessaire pour vivre. Mais l’ensemble des salaires a évolué à un rythme encore inférieur. D’après le ministère, les #salaires de base (la première ligne du bulletin de paie) dans les entreprises de plus de dix salariés auraient augmenté de 4,5 % chez les #ouvriers et #employés et de 2,8 % chez les professions dites intermédiaires.

    Ces chiffres issus des déclarations des entreprises paraissent bien optimistes, mais même eux confirment que le #pouvoir_d’achat recule.

    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/02/08/pouvoir-dachat-officiellement-en-recul_494147.html

    #inflation #niveau_de_vie

  • Réforme des #retraites et de l’assurance-chômage : deux faces d’une même pièce | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/010223/reforme-des-retraites-et-de-l-assurance-chomage-deux-faces-d-une-meme-piec

    C’est là que la #réforme des retraites entre en cohérence avec celle de l’assurance-chômage. Elle participe de la #contrainte qui sera imposée sur les demandeurs d’emploi, futurs retraités ou non. En terme macroéconomique, elle permet de maintenir une « armée de réserve » qui fait pression à la #baisse sur les $salaires. Cette pression s’exerce d’ailleurs moins par la quantité de main-d’œuvre que par l’acceptation forcée des bas salaires.

    On peut ici le résumer aisément. La salariée (ou le salarié) qui aura perdu son emploi après ses 60 ans se retrouvera avec des droits au chômage réduits et un parcours allongé avant sa retraite. La pression sera donc plus forte pour qu’elle (ou il) accepte le premier emploi disponible, y compris le plus pénible ou le plus mal payé, puisque l’enjeu est ici de survivre jusqu’à la pension. Ce qui, en passant, exerce une pression sur les emplois disponibles pour les autres générations, rendant les augmentations de salaire et les améliorations des conditions de travail moins urgentes.

    En cela, la réforme répond à deux des principales préoccupations du moment du capital. La première est celle de résister à toute demande de hausse salariale, alors que le taux de chômage recule. La seconde est de faire en sorte que les travailleurs acceptent les emplois proposés, qui sont souvent pénibles et mal payés. Ces deux préoccupations peuvent se résumer en une seule : le capitalisme contemporain est un #capitalisme de bas régime, avec des gains de #productivité faibles, voire négatifs.

    Dans ce cadre, les #emplois sont à la fois abondants et nécessairement mal rémunérés et avec des conditions de #travail détériorées. Dès lors, les deux problèmes se posent immédiatement : la préservation des #profits suppose une résistance à toute revendication d’amélioration des conditions de travail et des #salaires. Mais cette réalité même rend peu attractifs les emplois proposés, ce qui peut conduire à des manques de main-d’œuvre dans certains secteurs. C’est là tout le paradoxe de ce plein-emploi en trompe-l’œil que nous promet l’actuel système économique.

    La seule solution à ce problème est alors la #contrainte : il faut obliger les travailleurs à accepter l’état existant de l’emploi et, pour cela, il faut faire pression sur ses conditions de subsistance. C’est absolument la fonction des trois réformes mises en œuvre depuis 2020 par le chef de l’État. Durcir les conditions d’accès et d’indemnisation à l’assurance-chômage, et rendre plus difficile l’accès à la retraite conduit alors à vouloir discipliner le monde du travail dans l’intérêt du capital. Il permet d’exonérer ce dernier de toute réflexion sur le contenu des emplois qu’il crée.

    Derrière les boniments se cachent bien la #guerre sociale et la #violence de #classe.

  • Trois ans du Covid-19 : la difficile réintégration des salariés touchés...
    https://www.aefinfo.fr/depeche/685166-trois-ans-du-covid-19-la-difficile-reintegration-des-salaries-touches

    Trois ans après le premier cas de Covid-19 recensé en France, le Covid long touche, selon Santé Publique France, plus de 2 millions d’adultes dans notre pays. Une partie de ces patients éprouvent de grandes difficultés à reprendre le travail. "Pendant 8 mois, j’ai essayé de reprendre le boulot comme avant mais je n’ai pas réussi", témoigne Stéphane, cadre dans un bureau d’études. "On m’a détecté de graves lésions cérébrales et des séquelles neurologiques et cognitives irréversibles. C’est compliqué de faire comprendre à mon employeur que la personne qu’il a embauchée ne reviendra pas", explique Maëlle, salariée dans un organisme de formation, obligée de limiter son temps de travail à 20 %. L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail appelle les entreprises à s’emparer de ce sujet majeur de santé publique, en mettant en place un suivi RH adapté pour éviter les rechutes. (heu...)

    #covid_long #emploi #travail #santé_publique

  • Un entretien très riche avec l’économiste et historien, Denis Cogneau qui vient apporter de nouveaux arguments et résultats très documentés (à partir de la reconstitution de séries statistiques) sur l’économie et l’Etat colonial dans l’empire français. A lire absolument.

    « La France s’est offert un empire colonial bon marché » |
    https://www.alternatives-economiques.fr/france-sest-offert-un-empire-colonial-marche/00105844

    ❝« La France s’est offert un empire colonial bon marché »
    Le 28/01/2023

    Denis Cogneau professeur à l’école d’économie de Paris, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS)

    L’économiste Denis Cogneau vient de publier Un empire bon marché. Histoire et économie politique de la colonisation française, XIXe-XXIe siècle (Seuil, 2023), résultat de quinze années d’enquête statistique et économique sur la colonisation française. Un livre passionnant et limpide d’histoire économique sur une période dont nous vivons encore les répercussions aujourd’hui.

    En plus de la somme d’informations offertes, l’intérêt de l’ouvrage tient au fait qu’il remet complètement en cause le célèbre travail de Jacques Marseille paru il y a pratiquement quarante ans dans Empire colonial et capitalisme français. Histoire d’un divorce (Albin Michel, 1984). Là où Jacques Marseille décrit le fardeau financier que faisaient porter les colonies à la France, poussant les capitalistes à en sortir dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, Denis Cogneau montre qu’ils se sont accrochés jusqu’au bout pour maintenir leur présence coloniale et qu’au final, l’empire s’est révélé bon marché pour la France.

    L’esprit colonialiste de la IIIe République fait l’objet d’un consensus droite-gauche : quels étaient les arguments mis en avant ?

    Denis Cogneau : Il faut bien comprendre que l’on assiste alors à un renversement. La pensée politique libérale, qui domine à l’époque, conserve les traces de la critique du premier empire colonial de la France, mercantiliste et esclavagiste, dont la plupart des territoires ont été perdus après la guerre de sept ans (1756-1763) et la période napoléonienne. Puis, à mesure du développement de la révolution industrielle, l’idée d’une supériorité de la civilisation européenne s’impose, et on se convainc qu’il est possible et légitime de coloniser « libéralement », sans retomber dans les mauvaises pratiques du passé

    Y compris à gauche ?

    D. C. : La gauche de l’époque, ce sont les radicaux-socialistes, des individualités comme Clemenceau ! C’est sûrement le plus anticolonialiste, mais il ne sera pas suivi par le reste de son parti qui fournira des administrateurs coloniaux tout autant que les autres partis. Avant de devenir socialiste, Jean Jaurès se situe alors au centre, il est proche de Jules Ferry et de ses ambitions impériales. Il y a également un lobby colonial actif, soutenu par les commerçants marseillais, bordelais, etc., qui pense pouvoir faire du profit. Tout cela soutient le mouvement.

    Comment les économistes se sont-ils inscrits dans ce débat ?

    D. C. : Sur ce sujet, le libéral Paul Leroy-Beaulieu est l’économiste phare du moment. Il est l’auteur de De la colonisation chez les peuples modernes qui représente le manifeste économique de la colonisation. Le premier argument, principalement politique, peut se résumer ainsi : si on ne bâtit pas un empire, les autres grandes puissances, en particulier l’Angleterre, le feront, et la France sera dépassée. Par ailleurs, personne ne sait vraiment si cela sera une grosse source de profit, les régions sont pauvres, isolées du commerce mondial, mais cela fournira quand même des débouchés pour la production manufacturière et cela permettra d’importer des matières premières bon marché. Le saint-simonien Michel Chevalier, le beau-père de Leroy-Beaulieu, qui l’a précédé au Collège de France, rêvait d’un monde ouvert unifiant Europe, Afrique et Orient, reliés par les chemins de fer français.

    Des économistes comme Léon Walras ou Clément Juglar ne soutiennent pas particulièrement le projet colonial mais ne s’y opposent pas franchement non plus. Le plus farouche opposant est Auguste Comte, il juge la colonisation inacceptable. Cette opposition se retrouve aussi chez l’économiste pacifiste Frédéric Passy. Pour Tocqueville, plus la France retrouvera son honneur et sa fierté, plus sa démocratie sera préservée. Pour tous les libéraux, la violence de la conquête est un mauvais moment à passer avant que les autochtones comprennent les bienfaits de la présence française.

    La fin du XIXe siècle jusqu’en 1914 correspond à ce que l’on appelle la première mondialisation : l’empire colonial y jouait-il un rôle important pour la France ?

    D. C. : Juste avant la Première Guerre mondiale, la France est à l’apogée de sa puissance économique, elle a pu se tailler un vaste empire colonial, comparable en superficie à celui de son rival anglais. L’empire y joue cependant un rôle modeste : le capital investi dans les colonies ne représente que 10 % des actifs investis à l’étranger (c’est 15 % pour les Britanniques) et 2-3 % de la richesse mobilière (hors terres et logements) totale en 1914.

    Pour les entreprises, il n’y a donc pas eu de course à l’empire comme source de profits ?

    D. C. : Certains auteurs expliquent la volonté impériale par le nationalisme de l’époque et la quête de puissance, d’autres insistent sur l’avidité des capitalistes en quête de profits. Au-delà du fait que les deux motivations puissent être complémentaires, ma lecture est que les entrepreneurs français n’avaient pas de raison de ne pas tenter le coup.

    Dans la mesure où l’Etat assure le contrôle policier et engage les investissements nécessaires en infrastructures, le coût pour le privé n’est pas très élevé. Dans les colonies africaines, les deux tiers du capital investi sont publics et un tiers privé, la ligne transindochinoise qui traverse le Vietnam, est publique… Il n’y a pas eu de ruée des capitalistes français vers l’empire, ils ont juste profité de son existence.

    Pourtant, des fortunes se sont bâties sur la colonisation ?

    D. C. : Oui, mais il y a eu aussi de gros échecs ! Les négociants marseillais ont rêvé de faire de l’Algérie la nouvelle Saint-Domingue (Haïti) en y cultivant du sucre ou du coton. A la fin, le pays exportera du blé et du vin, des cultures pas vraiment exotiques. Certains ont beaucoup misé sur le caoutchouc dont l’utilisation est en plein boom mais la récolte de l’hévéa est très intensive en main-d’œuvre et, en Afrique équatoriale, cela va échouer à cause du manque de bras, avec d’énormes scandales humanitaires liés au travail forcé.

    A l’inverse, cela fonctionnera en Indochine, Michelin y possède des plantations, Edmond Giscard d’Estaing, le père du futur président, est très présent aux conseils d’administration de plusieurs entreprises coloniales. Autre grande réussite, les huiles Lesieur à partir de l’arachide du Sénégal : grâce à la coopération avec la confrérie mouride, l’arachide est exportée puis raffinée à Dunkerque. Le vin va très bien marcher en Algérie, non sans conflit avec les productions du sud de la France, mais le vin du Languedoc coupé avec celui d’Algérie sera la boisson des poilus de 1914. Ils fument aussi les cigarettes Bastos, qui proviennent d’une entreprise à capital moyen, créée par un colon espagnol installé en Algérie.

    Et pendant l’entre-deux-guerres ?

    D. C. : Entre la répudiation des emprunts russes et la crise des années 1930, la valeur des actifs s’effondre, l’empire colonial sert alors de matelas de sécurité. Les économies se referment sur elles-mêmes et, pour la France, cela signifie se replier sur son territoire et ses colonies. Le commerce avec l’empire représente alors presque un tiers des échanges extérieurs français, et les actifs coloniaux finissent par représenter environ 10 % de la richesse mobilière.

    Si l’on s’attelle au bilan de la colonisation sur un plan strictement financier, les dépenses publiques ont-elles coûté cher à la France ?

    D. C. : Entre 1830 et la Seconde Guerre mondiale, ce que le contribuable français débourse à travers les dépenses de l’Etat français dans l’empire correspond à 0,5 % du produit intérieur brut (PIB) en moyenne annuelle. C’est très peu pour un empire qui fait 20 fois la superficie de la France et dans ce « peu », il y a 80 % de dépenses militaires. Cela change après la Seconde Guerre mondiale, où l’on passe en moyenne annuelle à 3 % du PIB entre 1945 et 1962. Mais là encore, il y a 0,5 point de pourcentage de dépenses civiles et 2,5 points de dépenses militaires, entre la guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie qui coûtent très cher. L’empire a commencé à réclamer beaucoup d’argent lorsque la France a voulu conserver ses colonies à tout prix.

    On ne peut pas dire que l’argent ait ruisselé de la France vers l’empire au détriment de la métropole, la France s’est offert un empire bon marché. Beaucoup d’impôts ont été prélevés sur place pour faire fonctionner l’Etat colonial : dans les années 1920, les recettes fiscales correspondent à environ 10 % du PIB des colonies, elles s’élèveront à près de 20 % dans les années 1950. C’est un niveau plus élevé que celui pratiqué dans des pays indépendants équivalents comme la Bolivie ou la Thaïlande. L’Etat coercitif, la peur du gendarme incitent à payer ses impôts. Il fallait avoir sa carte justifiant du paiement de l’impôt pour pouvoir travailler, se déplacer.

    La France a-t-elle contribué au développement des infrastructures économiques et sociales locales ?
    D. C. : Pour l’essentiel, la métropole a construit des routes, des trains et des ports, les infrastructures nécessaires aux exportations. Elle n’a pas cherché à développer le marché intérieur. Il y a aussi un petit côté pharaonique dans les projets développés par les ingénieurs français. Mais sans commune mesure avec tout ce qui a été réalisé en France : pour paraphraser un vieux slogan, la Corrèze est toujours passée avant le Zambèze !
    Au début du XXe siècle, la Creuse ou la Corse ne sont pas mieux électrifiées que l’Algérie, mais au milieu des années 1950, elles le sont beaucoup plus. La France a également investi dans les villes coloniales, là où habitaient les colons, elles ont l’adduction d’eau, l’électricité, les lampadaires, etc. Alors que l’irrigation et les routes rurales sont délaissées, mais pas autant dans la Creuse ou en Corse, sans parler du Finistère, ou de la Corrèze justement !

    Comment se comportent les entreprises après-guerre ?

    D. C. : Le patronat français n’a pas fui en masse. Il croit qu’il va pouvoir rester longtemps, même si les colonies prennent leur autonomie. Sa seule crainte est de voir progresser trop vite les droits sociaux. Il n’anticipe pas les nationalisations en Algérie et ailleurs. On voit des retours de capitaux très significatifs juste avant les indépendances, et aussi juste après, ce qui ne signifie pas forcément qu’ils reviennent en France, on sait qu’une partie s’est retrouvée en Suisse…

    Quel héritage économique a laissé la colonisation française ?

    D. C. : En Indochine, la rupture est forte, les dirigeants s’orientant vers un modèle de socialisme réel et réellement appliqué ! En Algérie, tout le monde est surpris par le départ massif et rapide des pieds-noirs, en Tunisie et au Maroc les colons français et les juifs autochtones partent un peu plus graduellement. En Afrique subsaharienne, les quelques colons ont tendance à rester, et le pouvoir, notamment par l’intermédiaire de Jacques Foccart, le conseiller de de Gaulle, organise une transition qui protège les intérêts français. Aujourd’hui, si la « Françafrique » n’a pas disparu, le poids de la France a quand même beaucoup diminué dans le commerce, les investissements et même l’aide au développement.

    Si l’on se place du côté des pays colonisés, l’héritage principal se trouve du côté des structures de l’Etat. Ils ont conservé un Etat fiscalement coercitif, autoritaire et inégalitaire, dualiste dans le sens où une petite élite publique bien rémunérée s’est glissée sans problème dans le costume des administrateurs français. Des figures de l’anticolonialisme comme René Dumont, Frantz Fanon et Samir Amin dénoncent ce que ce dernier va qualifier de « socialisme petit bourgeois ».

    Il n’y a jamais eu de convergence entre les pays de l’empire et la métropole. Si l’on revient à notre point de départ, la supposée mission civilisatrice de la France, on aurait pu s’attendre à ce qu’elle se traduise par des rapprochements en termes de bien-être matériel, d’éducation, de santé, etc. Cela n’a pas été le cas. Il y a eu quelques progrès, mais peu au regard de ceux enregistrés en métropole ou dans d’autres pays indépendants, il n’y a pas eu de « bonus » lié à l’appartenance à l’empire. Le bilan de la « mission civilisatrice » s’avère, in fine, très mauvais.

    Propos recueillis par Christian Chavagneux

    #économie #exploitation #impôts #empire #colonisation

  • Pourquoi il est grand temps de quitter les villes

    Si le processus d’urbanisation globalisée ne semble pas vouloir marquer le pas, le géographe Guillaume Faburel nous invite à considérer le débranchement urbain dans son texte « Vider les villes ? », dont nous vous proposons des extraits. Retrouvez cette réflexion et bien d’autres dans le livre collectif « Écologies. Le vivant et le social », publié aux éditions de la Découverte.

    https://theconversation.com/pourquoi-il-est-grand-temps-de-quitter-les-villes-198141

    #pollution#urbanisation#villes#déchets#empreinte_environnementale
    #canicules#Metropolisation#Ecologie_posturbaine

    • Text de l’article de la Fed of Saint Louis

      What is quite remarkable is the evolution of China’s defense outlays in comparison to those of the other nations. Its defense spending in the early 1990s was lower than that of the U.K. and Russia, but rose steadily in the 2000s to exceed all other nations’ outlays except that of the U.S.

      suivant le graphique
      1998 : Chine ca. $30 Mrd./ USA ca. $470 Mrd.
      2013 : Chine ca. $170 Mrd. / USA ca. $850 Mrd.
      2022 : Chine ca. $275 Mrd. / USA ca. $950 Mrd.

      Le texte ne mentionne pas le type de financement derrière ces chiffres hilarants. Pour les Etats Unis chaque année une grande partie de ces dépenses se rajoute à l’énorme dette envers ses propres banques et les autres pays du monde qui veulent bien prêter au colosse hyper endetté. La Chine par contre peut puiser dans l’immense richesse qu’elle a accumulée par son excédent commercial.

      A cause de la dette acuelle et pour maintenir sa solvabilité les #USA sont obligés à maintenir leur présence militaire dans le monde. Une fois cet empire militaire affaibli le système mondial US sera menacé. On comprend que ĺes USA sont l’unique pays au monde qui profite des guerres dans lesquelles il est impliqué et qu’il a besoin de mettre le feu au poudres où bien il semble à ses dirigeants. Autrement dit les peuples des États Unis et des pays à présence étatsunienne sont victimes d’un cercle vicieux inexorable crée par les élites US.

      Voici un exemple récent pour cette logique impérialiste :
      https://www.truthorfiction.com/did-elon-musk-tweet-we-will-coup-whoever-we-want-deal-with-it

      We will coup whoever we want! Deal with it.

      Elon Musk

      Les dépenses militaires chinoises par contre ne sont pas fondées sur un tel calcul de rentabilité impérialiste. Pour la Chine la guerre ne peut pas nourrir la guerre. La base de sa puissance économique et militaire est constituée par la productivité et l’ingéniosité de ses peuples réunis. L’économie chinoise est soutenue par une politique qui alterne entre des phases libérales et des interventions gouvernementales cherchant à limiter les degâts d’une croissance sans bornes. Sa politique extérieure cherche à agrandir l’impact de cette puissance économique à travers des investissements dans les infrastructures internationales. Elle devient alors vulnérable sur ce terrain et doit également investir dans des armes modernes afin de protéger ses investissements.

      La pratique de la guerre comme affaire commerciale apparaît en Europe pendant la guerre de Trente Ans. Les entrepreneurs de la guerre comme von Mansfeld et Wallenstein transforment alors les querelles entre familles nobles en massacres rentables à grande échelle. Il sont les prédécesseurs d’Erik Prince (Blackwater) et d’Evgueni Prigojine (Groupe Wagner) et de leurs banquiers. Friedrich Schiller les introduit dans la culture générale quand il fait dire au général Isolani dans sa pièce de théâtre Wallenstein « Der Krieg ernährt den Krieg ».

      Pour ce qui est du financement de la guerre il est intéressant de se rappeler du système des Mefo-Wechsel .

      https://de.wikipedia.org/wiki/Mefo-Wechsel

      Die Mefo-Wechsel waren ein von Reichsbankpräsident Hjalmar Schacht 1933 eingeführtes Finanzierungsinstrument des NS-Staats in Form eines Wechselkredits. Mit den Wechseln wurde praktisch eine Parallelwährung neben der Reichsmark geschaffen, da das Reich ihre Einlösung nach spätestens fünf Jahren garantierte
      ...
      Dabei wurde vonseiten der NS-Führung bewusst einkalkuliert, die Verbindlichkeiten später aus einer fest eingeplanten Kriegsbeute begleichen zu können.

      Ce système développé par le banquier des nazis Horace Greeley Hjalmar Schacht ressemble étrangement au Sondervermögen Bundeswehr du chancelier Scholz qui constitue également un budget parallel (Schattenhaushalt) au budget officiel de l’état allemand. La différence entre Sondervermögen et Mefo-Wechsel consiste dans la stricte légalité des Sondervermögen . Tout aussi risqué que les lettres de change Mefo le Sondervermögen est un budget officiel soumis au contrôle parlementaire alors que la société Mefo émettait des lettres de change privées pourtant garanties par l’État allemand.

      Nous sommes au courant du remboursement des bons Mefo par les conquêtes militaires nazies. Qui remboursera alors le Sondervermögen Bundeswehr crée par le gouvernement Scholz ?

      Scholz’s Sondervermögen : A German Strategic Revival
      https://csps.gmu.edu/2022/05/10/scholzs-sondervermogen-a-german-strategic-revival

      Sondervermögen (Haushaltsrecht)
      https://de.wikipedia.org/wiki/Sonderverm%C3%B6gen_(Haushaltsrecht)

      Ein Sondervermögen (volkswirtschaftlich Extrahaushalt, engl. Extra Budget) ist im deutschen Haushaltsrecht ein wirtschaftlich verselbständigter Nebenhaushalt („Schattenhaushalt“) zur Erfüllung bestimmter Aufgaben. Bei Sondervermögen brauchen nur die Zuführungen oder die Ablieferungen in den Haushaltsplan eingestellt zu werden (Art. 110 Abs. 1 Satz 1 HS 2 GG). Sondervermögen dürfen jedoch – wie der Haushaltsplan selbst – nur durch Gesetz errichtet werden und unterliegen der Kontrolle durch den Bundestag, den Bundesrat und den Bundesrechnungshof (Art. 114 GG). Sie werden entsprechend den Vorschriften der Bundeshaushaltsordnung (BHO) aufgestellt und bewirtschaftet (§ 113 BHO).

      Bon MEFO
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Bon_MEFO

      Arbeitsstelle Schacht
      https://de.wikipedia.org/wiki/Arbeitsstelle_Schacht

      Hjalmar Schacht
      https://de.wikipedia.org/wiki/Hjalmar_Schacht#Nationalsozialismus

      Horace Greeley
      https://en.wikipedia.org/wiki/Horace_Greeley

      Schachts Beitrag zu Hitlers Machtergreifung
      https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-663-19764-5_9

      Der Krieg ernährt den Krieg
      https://de.wikipedia.org/wiki/Der_Krieg_ern%C3%A4hrt_den_Krieg

      Johann Ludwig Hektor von Isolani
      https://de.wikipedia.org/wiki/Johann_Ludwig_Hektor_von_Isolani

      Wallenstein
      https://de.wikipedia.org/wiki/Wallenstein#In_Diensten_verschiedener_Herren

      Groupe Wagner
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_Wagner

      #impérialisme #nazis #emprunt #guerre

    • J’entends dire qu’avec le « Sondervermögen Bundeswehr » de 100 milliards d’Euros le budget militaire allemand atteind la troisième place au monde. Pourtant notre pays si puissant ne figure pas sur ce graphique. Va savoir pourquoi.

  • Detained below deck

    How asylum seekers are held in secret prisons on commercial ships to facilitate illegal pushbacks from Italy to Greece.

    As holidaymakers sip on cold beer and cocktails on the deck of a passenger ferry, a buzz of excitement in the air, a very different situation is playing out below deck. In the bowels of this vessel there are people, including children, chained and locked up in dark places against their will.

    This is Europe’s lesser known pushback practice, where secret prisons on private ships are used to illegally return asylum seekers back to where they came from.

    The systematic denial of the right to seek asylum at the EU’s land borders has been well-documented in recent years. Last year, Lighthouse Reports and partners revealed the existence of “black sites” – clandestine places of detention – where refugees and migrants are denied the right to seek asylum and illegally imprisoned prior to being forced back.

    What has received less attention is the unlawful denial of the opportunity to claim asylum at borders within the EU, and the brutal pushbacks that take place between member states – namely from Italy to Greece – at sea.

    We’ve found that asylum seekers, including children, are being detained in unofficial jails – in the form of metal boxes and dark rooms – for sometimes more than a day at a time in the bowels of passenger ships headed from Italy to Greece, as part of illegal pushbacks by the Italian authorities.

    In 2014, the European Court of Human Rights ruled that Italy had unlawfully returned asylum seekers to Greece in this way, denying them the opportunity to lodge a claim for protection. Eight years on, despite the Italian authorities having repeatedly claimed this practice has not stopped, we’ve found that it continues in full force.
    METHODS

    Lighthouse Reports, in collaboration with SRF, ARD Monitor, Al Jazeera, Il Domani and Solomon, has obtained photographs, video footage and testimony revealing that people who risk their lives stowing away on ferries bound for the Italian Adriatic ports of Venice, Ancona, Bari and Brindisi in the hope of claiming asylum are being denied the opportunity to do so.

    Instead, they are detained at the port before being locked up on the vessels they arrived on and sent back to Greece.

    In the first visual evidence of its kind, obtained during numerous reporting trips between Italy and Greece on commercial ships owned by Greek ferry giant Attica Group, we captured images of the sites that are used to detain asylum seekers on these vessels, sometimes handcuffed to metal shelves, as they are illegally deported.

    We found that on one ferry, named the Asterion II, people are locked in a former bathroom with broken showers and toilets, along with two mattresses. Names and dates of detainees are scribbled on the walls in different languages. We have visual evidence of this room, obtained with a small camera through a keyhole, which matches descriptions given by asylum seekers.

    On another commercial ship, named Superfast I, people are held in a metal box with a caged roof in the garage room on one of the lower decks. It gets extremely hot here during the summer months. We visited the room and captured footage and stills. It matches the descriptions from asylum seekers. There is only a piece of cardboard on the floor. People appear to have tried to write words in the dust on the metal wall.

    According to an Afghan asylum seeker who says he was held in this place: “It is a room the length of 2 metres and the width of 1.2 metres. It’s a small room […] You have only a small bottle of water and no food at all […] We had to stay in that small room inside the ship and accept the difficulties.”

    On a third ferry, the Superfast II, asylum seekers are kept in a room where luggage is collected. One Afghan man managed to take a selfie while he was handcuffed to metal pipes. We went to the same spot and took footage, which matches the surroundings in the selfie image.

    Among those detained are children. We have verified three cases where under-18s have been returned via ferry from Italy to Greece in this way. One 17-year-old Afghan named Baloosh told us: “They sent me back to Greece by boat, illegally. They didn’t ask me at all about my asylum claim or anything else.”

    As well as testimony and visual evidence, we got confirmation from a number of crew members that these places were being used to detain asylum seekers being returned to Greece. They referred to the sites as “prisons”. Legal experts and NGOs further corroborated the findings, saying they have heard large numbers of reports of these practices taking place in recent years.
    STORYLINES

    Under a bilateral “readmissions” agreement between the Italian and the Greek government – which has been in place since 1999 despite not having been ratified by the Italian parliament – Italy is able to return undocumented migrants who have arrived from Greece back to the country. However, this cannot be applied to those seeking asylum.

    But we found that asylum seekers from Afghanistan, Syria and Iraq have been subject to this treatment in the last 12 months. Data provided by the Greek authorities shows that hundreds have been affected in the last two years, with 157 people returned from Italy to Greece in 2021, and 74 in 2022 – although experts believe that not all cases are documented.

    Since the ECHR judgement in 2014, Italy has repeatedly claimed that this practice has stopped, and has pushed for official monitoring of its border processes at the port – which were put in place following the ECHR judgement – to be stopped on the basis that the violations are no longer occurring.

    Italian immigration lawyer Erminia Rizzi said these forced returns take place “frequently” and see asylum seekers, including minors, “prevented from accessing the territory, in violation of all the rules and with informal procedures”.

    Wenzel Michalski, director of Human Rights Watch Germany, raised the question of EU complicity, saying the findings showed how “Europe has allowed itself to tolerate such circumstances”.

    https://www.lighthousereports.nl/investigation/detained-below-deck

    #push-backs #emprisonnement #ferry #ferries #bateaux_de_croisière #Italie #Grèce #mer_Adriatique #Adriatique #mer_Méditerranée #Méditerranée #asile #migrations #réfugiés #détention #mer #bateau #réadmission #Superfast

    –-

    Ajouté à la métaliste sur les liens entre migrations et #tourisme :
    ajouté à la métaliste #migrations et #tourisme :
    https://seenthis.net/messages/770799
    et plus précisément ici :
    https://seenthis.net/messages/770799#message927668

    • While tourists on ferries are sipping from their sundowners, people - including children - are chained & locked up below decks in dark places

      Refugees from Afghanistan, Syria & Iraq risk their lives stowing away on ferries bound for the Italian ports in the hope of claiming asylum

      Instead, when caught by authorities, they are locked up on ferries & sent back to Greece without any procedure, in breach of interntnl law

      Last month, @LHreports & partners revealed the existence of “black sites” – clandestine places of detention – where refugees are denied the right to seek asylum & illegally imprisoned on EU land borders before being forced back
      https://seenthis.net/messages/984470

      Now, we have captured images of unofficial “prisons” that are used to detain asylum seekers on 3 passenger ships travelling Greece and Italy, sometimes handcuffed to metal shelves, as they are illegally deported

      @saracreta interviewed a refugee from Afghanistan who managed to take a selfie while being handcuffed to metal shelves on the @SuperfastF(ast) II

      The vessel runs between the Italian port of Bari & the Greek ports of Igoumenitsa & Patras - a journey that takes around 12 hours

      “I couldn’t lie down because of the handcuffs,” the man, named Abdulmanan, said

      “Once they brought me something to eat & drink. They took off my handcuffs. After that, they chained me again.”

      He said he was put there after being denied the right to apply for asylum in Italy

      On the Superfast I ferry, refugees are locked up in a metal box with just a piece of cardboard & sheet

      Some left messages on the walls, while others appear to have tried to escape by climbing the walls

      The secret detention sites on the Superfast ferries are located next to where lorries are parked - an area that is considered unsafe for passengers to be during the journey

      Yet asylum seekers are locked up there for the duration of the trip

      A small room with a broken toilet & ceiling on the 7th floor of the Asterion II has been made into a makeshift prison

      Refugees have scribbled their names & dates of detention on the wall while tourists enjoyed hot meals just metres away

      Italy has justified these “readmissions” under a bilateral agreement with Greece - an agreement that was never ratified by the Italian parliament

      The return of asylum seekers under this agreement was ruled unlawful by @ECHR_CEDH in 2014

      https://www.asylumlawdatabase.eu/en/content/ecthr-sharifi-and-others-v-italy-and-greece-application-no-1664309

      Italy has since repeatedly claimed that this practice has stopped, & has pushed for official monitoring of its border processes at the port - which were put in place following the ECHR judgement - to be stopped on the basis that the violations are no longer occurring

      But @LHreports @AJEnglish @ARD_Presse
      #Monitor @srfnews @DomaniGiornale @we_are_solomon can reveal that the practices are still ongoing

      More than a dozen people from Afghanistan, Syria & Iraq told us they have been subject to this treatment in the last 12 months

      Among them are children. We have verified 3 cases where under-18 have been returned via ferry from Italy to Greece in this way

      One 16-yo Afghan named Baloosh said: “They sent me back to Greece by boat, illegally. They didn’t ask me at all about my asylum claim or anything else."

      Personnel on board of the ferries, all owned by the Greek company Attica, confirmed to us that they are detaining asylum seekers & directed us to the locations where people are being detained

      A number of crew members referred to the detention places as “prisons”

      Hundreds of these illegal returns have taken place in the last 2 years

      The Greek authorities confirmed that 157 people were returned from Italy to Greece in 2021, and 74 in 2022 - although experts believe that not all cases are documented

      Italy can assess whether an asylum seeker can be returned to Greece under the Dublin Regulation, which enables returns of people who have already lodged a claim in another EU state

      But this process usually takes at least 1 month, during which they cannot remove the individual

      https://twitter.com/LHreports/status/1615743769604722689

    • Angekettet auf der Fähre

      Wie Italien illegal Flüchtlinge abschiebt
      Inhalt

      Fährschiffe transportieren tausende Touristen zwischen Italien und Griechenland. Unter Deck passiert gleichzeitig Unmenschliches: Flüchtlinge werden angekettet und in Schächten oder defekten Toiletten eingesperrt.

      SRF Investigativ: «Haben Sie ein Gefängnis auf dem Schiff?»

      Fährschiff-Mitarbeiter: «Ja»

      «Ist das hier, wo die Passagiere sind?»

      «Nein, es ist in der Garage vier, dort ist das Gefängnis.»

      Italien schiebt die Flüchtlinge illegal ab, das heisst ohne die nötigen Abklärungen. Pushback nennt sich das. Die italienischen Behörden verstossen dabei gegen Verfahrensregeln und es wird teilweise auch Gewalt angewandt.

      Das zeigt eine Recherche, die SRF in Kooperation mit Lighthouse Reports, Al Jazeera,ARD Monitor und Domani durchgeführt hat. Das Rechercheteam hat mit gut einem Dutzend Pushback-Opfern gesprochen, mit Schiffsmitarbeitenden, Grenzpolizistinnen und Experten. Erstmals gibt es auch Bilder und Videos von geheimen Gefängnissen auf Passagierfähren im Adriatischen Meer.

      Die Illustrationen in diesem Artikel sind anhand zahlreicher Schilderungen von Flüchtlingen nachgezeichnet.

      https://www.srf.ch/news/pushbacks-eingesperrt-auf-der-touristenfaehre-im-mittelmeer

  • Tirailleurs sénégalais : la chair à canon venue des colonies
    https://journal.lutte-ouvriere.org/2023/01/11/tirailleurs-senegalais-la-chair-canon-venue-des-colonies_467

    La sortie du #film #Tirailleurs a servi de prétexte à divers politiciens allant de l’#extrême_droite aux macronistes pour déverser leurs injures contre ceux qui critiquent le passé colonial de la France.

    Ce corps militaire fut créé en 1857 pour aider l’armée française à imposer sa domination aux populations des colonies. Avec la montée vers la #Première_Guerre_mondiale, l’idée surgit d’utiliser ces soldats en dehors des #colonies. Le général Mangin, un officier colonial, justifia par sa rhétorique raciste la constitution d’une « #force_noire ». « Le noir naît soldat », écrivait-il pour justifier l’emploi de ces soldats qu’il décrivait comme des « primitifs pour lesquels la vie compte si peu ». À partir de 1915, de grandes opérations de recrutement de force eurent lieu dans les colonies d’Afrique de l’ouest. Contrairement à la légende, la population résista à cet enrôlement particulièrement violent, comme le montre le film. Des #révoltes éclatèrent même à #Madagascar en 1915, dans des villages de l’actuel Burkina et parmi les populations du Tchad et du nord du #Niger en 1916, dans les Aurès en 1917, ainsi qu’en #Indochine et en #Nouvelle-Calédonie.

    485 000 soldats enrôlés dans tout l’empire colonial furent envoyés au front. Ils tombèrent massivement à Verdun en 1916, lors de l’offensive du Chemin des Dames en 1917 et pour la prise de la ville de Reims en 1918. Sur les 134 000 #tirailleurs_sénégalais envoyés en Europe, plus de 20 % périrent, sur les champs de bataille et dans l’horreur des tranchées d’abord, et aussi du fait de toutes les maladies pulmonaires qui leur étaient inconnues jusque-là. Des dizaines de milliers d’hommes venant des colonies étaient aussi enrôlés dans les usines en France pour faire la richesse des marchands de canons. Pendant ce temps, les populations des colonies connaissaient les réquisitions et le travail forcé pour participer bien malgré elles à l’#effort_de_guerre.

    Lors de la Deuxième Guerre mondiale, de nouveau des troupes coloniales participèrent en masse aux combats pour que la France fasse partie des vainqueurs et garde son #empire_colonial. Mais les discours sur la liberté et la démocratie ne leur étaient pas adressés. Le 1er décembre 1944, plusieurs dizaines de tirailleurs sénégalais furent massacrés par des gendarmes français dans le camp de Thiaroye au #Sénégal. Après avoir été prisonniers de guerre, ils étaient rapatriés au pays et manifestaient pour obtenir la solde à laquelle ils avaient droit.

    Quant aux soldats venant d’Algérie, ils découvrirent, à leur retour, les massacres à Sétif et Guelma contre ceux qui avaient osé réclamer l’indépendance et la liberté pour eux-mêmes. La puissance coloniale française allait finir par payer sa politique. En armant ces soldats, elle fit de certains des combattants qui décidèrent de ne plus se laisser dominer. Beaucoup luttèrent ensuite contre la présence française dans leur pays.

    Jusqu’au bout, l’#armée_française utilisa des tirailleurs et autres soldats enrôlés dans les colonies pour combattre leurs frères d’oppression. En Indochine, en #Algérie, ils servirent à nouveau de #chair_à_canon. Comment s’étonner que les différents gouvernements n’aient jamais traité les soldats africains à égalité avec les soldats français ? Le personnel politique de cette vieille puissance coloniale est élevé dans le #racisme comme il est élevé dans la #haine_antiouvrière et antipauvres.

  • « Comme un animal de zoo » : des hôtesses de l’air forcées à se montrer en sous-vêtements devant des recruteurs - midilibre.fr
    https://www.midilibre.fr/2023/01/06/comme-un-animal-de-zoo-des-hotesses-de-lair-forcees-a-se-montrer-en-sous-v

    Les trois candidates interrogées par nos confrères reviennent sur une session de #recrutement surréaliste. "On a directement dit non aux garçons parce qu’ils n’engagent que des hommes du Koweït, explique Mariana, 23 ans. Puis ils ont continué à éliminer des #filles."

    Après une série de questions sur leur physique et des remarques déplacées sur leurs poids faites à voix haute et en public, une dernière épreuve attend les jeunes #femmes : un #examen en #sous-vêtement visiblement décisif pour la future embauche. « J’avais du mal à le croire, je paniquais », témoigne l’une des candidates citée par El Diario. « J’étais comme un animal de zoo. »

    #sexisme