• #Changement_climatique. Le rôle ignoré des ex-#empires_coloniaux
    https://afriquexxi.info/Changement-climatique-Le-role-ignore-des-ex-empires-coloniaux

    La responsabilité historique du changement climatique est radicalement modifiée lorsque l’on tient compte des #émissions de #CO2 générées par les #anciennes_puissances_coloniales dans les #territoires qu’elles contrôlaient. L’#Europe a ainsi un impact beaucoup plus important que ne le laissent penser les modes de calcul actuels.

  • Mirages de la carte

    Lorsque les troupes françaises débarquèrent à Alger en 1830, le territoire qui s’étendait devant eux leur était à peu près inconnu. Quelques récits de voyageurs, les traités des géographes antiques : le bagage était mince. La #conquête allait commencer, mais aucun Français ne savait ce qu’était l’Algérie. Quelles étaient ses limites, à l’est et à l’ouest, en direction de la Tunisie et du Maroc ? Fallait-il se contenter d’occuper une bande de terre côtière ou pénétrer en direction du mystérieux Sahara ? Comment établir des frontières, dans les confins traversés par des populations nomades ? Et, dans l’immédiat, sur quelles cartes s’appuyer pour assurer le contrôle du territoire, identifier les populations locales et nommer les régions occupées ?
    Mirages de la carte renouvelle en profondeur l’histoire de la conquête de l’Algérie, en suivant au plus près les travaux des géographes et des cartographes chargés d’arpenter ce territoire et d’en tracer les contours dans le sillage de l’#armée. Hélène Blais montre que la #géographie_coloniale sert à prendre #possession d’un territoire, aussi bien militairement que symboliquement, mais qu’elle ne se réduit pas à imposer une #domination. En nous conviant à l’#invention de l’#Algérie_coloniale, à la croisée des pratiques savantes et des ambitions impériales, ce livre original et novateur démontre brillamment comment l’#histoire_des_savoirs peut renouveler celle des #empires_coloniaux.


    https://www.fayard.fr/histoire/mirages-de-la-carte-9782213677620

    #livre #histoire #cartographie #France #Algérie #colonisation

    ping @reka @albertocampiphoto @karine4

    • Voyages au Grand Océan. Géographies du #Pacifique et colonisation, 1815-1845

      Pour avoir été dédiés à la #découverte et à la #science, les #grands_voyages de découverte autour du monde du XVIIIe siècle ont acquis un immense prestige. Au lendemain des guerres napoléoniennes, la #Marine_française tente de renouer avec cette tradition. De grands marins comme #Freycinet, #Dumont_d'Urville ou #Dupetit-Thouars partent alors sur les traces de Bougainville et de Lapérouse. Le monde a cependant changé. De 1815 à 1845, les ambitions coloniales renaissent. L’#océan_Pacifique, qui reste un réservoir de mythes et de rêves pour les Européens, devient simultanément un terrain de #convoitise. Il faut répondre à la fois aux normes modernes de précision et aux impératifs géostratégiques qui se modèlent dans cette partie du monde. En 1842, la mainmise française sur les archipels des #Marquises et de #Tahiti donne aux reconnaissances géographiques une orientation coloniale soudain explicite.
      C’est l’histoire encore méconnue de ces #voyages_océaniens, où les visées impérialistes se mêlent aux objectifs scientifiques, qui est ici racontée. Quels étaient les objectifs politiques et les visées scientifiques de ces #explorations ? Que faisaient au juste les voyageurs sur le terrain ? Quel nouveaux savoirs géographiques ont-ils élaboré ? Quel usage a-t-on fait des informations rapportées ?
      Hélène Blais montre comment la curiosité géographique et les ambitions coloniales s’articulent de façon inattendue et parfois ambiguë. Les marins comblent les blancs de la carte, donnant ainsi naissance à des géographies du Pacifique qui se distinguent pas leurs usages et leur réception. Mais au-delà, ces voyages au Grand Océan font apparaître, à travers le choix des échelles et les découpages internes, les différents facteurs qui président à l’invention d’un territoire dans un contexte d’#expansion_coloniale.


      http://cths.fr/ed/edition.php?id=601
      #océans #mers #mer #océan

  • L’Afrique à l’arrivée des premiers explorateurs européens

    https://www.nofi.media/2016/10/lafrique-3/31224

    Lorsque les premiers explorateurs européens arrivèrent sur le
    continent africain, contrairement à ce que beaucoup aiment à
    croire, ils ne rencontrèrent pas des sauvages à demi-nus se
    balançant de branches en branches avec des os dans le nez,
    mais bel et bien des hommes et des femmes civilisés.
    Par exemple, l’ethnologue et archéologue allemand Leo
    Frobenius (1873-1938) qui entreprit près d’une douzaine
    d’expéditions en Afrique sub-saharienne entre 1904 et 1935,
    témoigne dans une une brève description, de ce que à quoi la
    « Terre-Mère » ressemblait à l’arrivée des premiers Européens

    #afrique #colonisation #exploration

  • Le vent se lève contre les #GAFA

    Nous assistons peut-être au début de la fin d’une toute-puissance. Ou, du moins, à un certain contrôle des pratiques et de l’emprise globale des géants du #Web. Avec l’avènement d’#internet et la digitalisation accélérée de nos vies et de l’économie, les monstres du secteur que sont #Google, #Apple, #Facebook et #Amazon – les GAFA – ont développé d’immenses #empires en surfant sur le manque de #régulation d’un business totalement nouveau et a priori sans frontières. Au point de rendre une partie de l’humanité captive de leurs services et de leurs politiques commerciales.

    Mais, après des années de laisser-faire au nom de la libre entreprise, les Etats veulent enfin sonner la fin de la récréation. Les chantiers ne manquent pas, tant les GAFA ont su contourner les lois pour étendre leurs tentacules.

    D’abord, la collecte massive de données qu’ils effectuent à des fins publicitaires, voire politiques. Ensuite, leur « optimisation fiscale » poussée au paroxysme. Les géants du net payent, en moyenne, deux fois moins d’impôts que les entreprises traditionnelles, grâce à des délocalisations de bénéfices déclarés dans des pays aux taux minimes. Enfin, les monstres du digital se sont illustrés par leur agressivité visant à s’assurer de quasi-monopoles. Ceci en rachetant presque toutes les jeunes sociétés qui pourraient leur faire de la concurrence.

    C’est ce dernier point qui fait l’actualité aux Etats-Unis. Une cinquantaine de procureurs d’Etat se sont réunis lundi à Washington devant la Cour suprême. Ils ont annoncé l’ouverture d’une enquête antitrust contre Google, qui accapare 92% des recherches en ligne, et les détournerait à son bénéfice.

    Cet été, la France a pour sa part lancé une nouvelle taxe sur les activités des géants d’internet, qui devrait être suivie par la création d’une imposition mondiale du numérique, négociée au sein de l’OCDE. De son côté, Facebook a été condamné en juillet à une amende de 5 milliards de dollars par les autorités étasuniennes pour ne pas avoir protégé les données de ses utilisateurs. Quant au maintien annoncé mardi de la Danoise Margrethe Vestager, célèbre pour avoir amendé les GAFA, à la tête de la Concurrence à la Commission européenne, il semble confirmer un mouvement de fond.

    Il était temps que les Etats sonnent la rébellion. Et il ne faut pas qu’ils en restent là. Car l’idéal d’un internet « libre » est bien mort depuis longtemps, étouffé par le rouleau compresseur de l’ultralibéralisme à outrance incarné par les GAFA.

    https://lecourrier.ch/2019/09/10/le-vent-se-leve-contre-les-gafa
    #résistance

  • Écoutons encore une fois Servan* :

    “(...) Quand vous aurez ainsi formé la chaîne des #idées dans la tête de vos #citoyens, vous pourrez alors vous vanter de les conduire et d’être leurs #maîtres. Un #despote #imbécile peut contraindre des #esclaves avec des #chaînes de fer ; mais un vrai #politique les lie bien plus fortement par la chaîne de leurs propres idées ; c’est au plan fixe de la #raison qu’il en attache le premier bout ; lien d’autant plus fort que nous en ignorons la texture et que nous le croyons notre ouvrage ; le désespoir et le temps rongent les liens de fer et d’acier, mais il ne peut rien contre l’union habituelle des idées, il ne fait que la resserrer davantage ; et sur les molles fibres du cerveau est fondée la base inébranlable des plus fermes #Empires”.

    * JM Servan, Discours sur l’administration et la justice criminelle 1767, p. 35.

    #MICHEL_FOUCAULT (Surveiller et punir, p. 105, collection Bibliothèque des histoires, Gallimard, 1975)

  • Visualizing empires decline

    This is mainly an experimentation with soft bodies using toxi’s verlet springs.
    The data refers to the evolution of the top 4 maritime empires of the XIX and XX centuries by extent. The visual emphasis is on their decline.

    https://vimeo.com/6437816


    #empires #déclin #histoire #vidéo #ressources_pédagogiques #Portugal #la_fin_des_empires #UK #Angleterre #Espagne #France #empires_maritimes #visualisation #chronologie #colonialisme #colonialisation #décolonisation
    ping @reka @fil @albertocampiphoto

  • Homo domesticus. Une histoire profonde des premiers États

    Ernest London

    https://lavoiedujaguar.net/Homo-domesticus-Une-histoire-profonde-des-premiers-Etats

    À la recherche de l’origine des États antiques, James C. Scott, professeur de science politique et d’anthropologie, bouleverse les grands récits civilisationnels. Contrairement à bien des idées reçues, la domestication des plantes et des animaux n’a pas entraîné la fin du nomadisme ni engendré l’agriculture sédentaire. Et jusqu’il y a environ quatre siècles un tiers du globe était occupé par des chasseurs-cueilleurs tandis que la majorité de la population mondiale vivait « hors d’atteinte des entités étatiques et de leur appareil fiscal ».

    La première domestication, celle du feu, est responsable de la première concentration de population. La construction de niche de biodiversité par le biais d’une horticulture assistée par le feu a permis de relocaliser la faune et la flore désirables à l’intérieur d’un cercle restreint autour des campements. La cuisson des aliments a externalisé une partie du processus de digestion. Entre 8000 et 6000 avant notre ère, Homo sapiens a commencé à planter toute la gamme des céréales et des légumineuses, à domestiquer des chèvres, des moutons, des porcs, des bovins, c’est-à-dire bien avant l’émergence de sociétés étatiques de type agraire. (...)

    #James_C._Scott #histoire #anthropologie #Homo_sapiens #chasseurs-cueilleurs #agriculture #Mésopotamie #esclavage #État #empires_fantômes

    • Contre le blé, contre l’Etat, Joseph Confavreux

      L’anthropologue anarchiste James C. Scott publie un ouvrage détonnant qui, à l’appui des récentes découvertes de l’archéologie, remet en cause le grand récit civilisationnel fondé sur l’agriculture céréalière, la sédentarité et l’État.

      James C. Scott est éleveur de moutons et dit se sentir « personnellement offensé chaque fois qu’on cite les moutons comme synonyme de comportement conformiste de masse, de pusillanimité et d’absence d’individualité », alors que cela fait 8 000 ans que l’homme a sélectionné les moutons précisément pour les domestiquer et les rendre toujours plus dociles.

      James C. Scott est aussi un des anthropologues les plus singuliers du monde, auteur d’un travail au long cours sur les comportements infrapolitiques (Petit éloge de l’anarchisme), les logiques du pouvoir de l’État moderne (Seeing like a State) ou les peuples sans État, notamment ceux d’Asie du Sud (Zomia ou l’art de ne pas être gouverné).

      homo-domesticusSon dernier livre, que viennent de traduire les éditions La Découverte, s’intitule Homo Domestiscus. Une histoire profonde des premiers États, et combine ce qu’il a pu personnellement observer en matière de domestication des animaux ou des hommes avec des décennies de travail sur les rapports entre les marges et les centres, les nomades et les États, les gouvernés et les gouvernants, les prétendus barbares et les soi-disant civilisés.
      Il se nourrit, aussi et surtout, des récentes avancées de l’archéologie qui, grâce notamment à de nouvelles techniques de recherche, viennent de plus en plus souvent bousculer les savoirs solidifiés dans les livres scolaires et appris par des générations d’écoliers. La récente et impressionnante Histoire des civilisations, sous-titrée Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, également publiée par les éditions La Découverte et codirigée par l’archéologue Jean-Paul Demoule, s’inscrivait aussi dans ce moment singulier où l’archéologie change notre regard sur le passé, et peut-être ainsi sur le présent.

      Homo domesticus assume d’être une synthèse, voire parfois une forme de braconnage sur des territoires qui ne sont pas ceux de l’anthropologue. Scott définit d’ailleurs lui-même son ouvrage comme le « rapport d’exploration d’un intrus ». Mais son sens du récit et son érudition tout-terrain rendent sa thèse principale très convaincante, tout en permettant au lecteur d’apprendre, au passage, pourquoi les chimpanzés ont un intestin trois fois plus grand que le nôtre, quel est le métabolisme du blé sauvage ou comment lire l’épopée de Gilgamesh…

      Cette thèse consiste à démonter le grand récit civilisationnel de la révolution néolithique et de l’essor de l’humanité, selon lequel « l’agriculture venait se substituer au monde barbare, sauvage, primitif, brutal et sans loi des chasseurs-cueilleurs et des nomades ». Pour l’anthropologue, même si l’on a longtemps supposé que « l’agriculture avait été un grand pas en avant pour l’humanité en termes de bien-être, de nutrition et de temps libre », initialement, « c’est plutôt le contraire qui est vrai ».

      L’hypothèse implicite que la récolte d’une culture plantée serait plus fiable que le rendement des espèces sauvages serait ainsi fausse, « dans la mesure où les espèces sauvages, par définition, ne sont présentes que sur des sites où elles peuvent prospérer ». Celles et ceux qui voient dans l’agriculture sédentaire un pas majeur dans l’avancée de la civilisation négligent en plus les « risques de crise de subsistance impliqués par un mode de vie sédentaire et par la nécessité concomitante de planter, de soigner et de protéger des espèces cultivées ».

      Les avancées récentes de l’archéologie révèlent que les chasseurs-cueilleurs n’avaient rien « de ces populations désemparées, mal nourries, toujours au bord de la famine, qu’imagine l’ethnologie populaire ». Et permettent de mieux comprendre que la « sécurité alimentaire des chasseurs-cueilleurs reposait précisément sur la mobilité et sur la diversité des ressources auxquelles ils avaient accès ».

      À partir du moment où l’on remet en question l’hypothèse fondamentale de la supériorité et de la plus grande attractivité de l’agriculture sédentaire par rapport à toutes les formes de subsistance antérieures, il devient clair, pour le chercheur, « que ladite hypothèse repose elle-même sur un présupposé plus profond et plus enraciné qui n’est, lui, pratiquement jamais remis en cause : à savoir que l’existence sédentaire serait elle-même supérieure et plus attrayante que les formes de subsistance fondées sur la mobilité ».

      51bn3kwdvel-sx329-bo1-204-203-200Dans ce livre, dont le titre original est Against the Grain : A Deep History of the Earliest States, Scott avance donc l’hypothèse du lien étroit entre les céréales et la constitution d’États jugés coercitifs par l’anarchiste qu’il est depuis des décennies. Pour lui, « seules les céréales sont vraiment adaptées à la concentration de la production, au prélèvement fiscal, à l’appropriation, aux registres cadastraux, au stockage et au rationnement ». Ce qui explique pourquoi l’économie de tous les États antiques reposait sur les céréales et pourquoi « l’histoire n’a pas gardé trace de l’existence d’États du manioc, du sagou, de l’igname, du taro, du plantain, de l’arbre à pain ou de la patate douce ».
      Il s’ensuit pour Scott que « l’émergence de l’État ne devient possible que lorsqu’il n’existe guère d’autres options qu’un régime alimentaire dominé par les céréales domestiquées ». La « clé du lien » entre l’État et les céréales serait donc le fait que « seules ces dernières peuvent servir de base à l’impôt, de par leur visibilité, leur divisibilité, leur “évaluabilité”, leur “stockabilité”, leur transportabilité. »

      « Myopie historique »

      À partir de là, James C. Scott juge donc qu’on surestime très largement la révolution néolithique qui « a entraîné un appauvrissement de la sensibilité et du savoir pratique de notre espèce face au monde naturel, un appauvrissement de son régime alimentaire, une contraction de son espace vital et aussi, sans doute, de la richesse de son existence rituelle ».

      arton2238-a8443Une surévaluation intimement liée à la manière dont les progrès de la civilisation ont été « codifiés par les premiers grands royaumes agraires ». Comme dans Zomia, l’anthropologue juge nécessaire de se départir de la « téléologie de l’État » et d’une « histoire stato-centrée ». Une histoire « impartiale » supposerait, selon lui, qu’on accorde à l’État « un rôle beaucoup plus modeste que celui qu’on lui attribue normalement », même s’il n’est pas étonnant que l’État ait fini par dominer les grands récits archéologiques et historiques.
      En effet, outre l’hégémonie de la forme État dans le monde actuel, « la majeure partie des recherches archéologiques et historiques dans le monde sont parrainées par l’État, ce qui en fait souvent une sorte d’autoportrait narcissique », écrit Scott, en notant qu’on a toujours privilégié l’excavation des grandes ruines historiques sur des indices plus faibles d’installation humaine, que les dernières techniques archéologiques permettent de mieux repérer.

      De plus, les « documents écrits sont invariablement produits par et pour l’État ». Même si bon nombre de peuples nomades connaissaient l’écriture, « ils écrivaient généralement sur des matériaux périssables (écorce, feuille, bambou, roseau) et pour des raisons étrangères aux préoccupations d’un État (comme mémoriser des sortilèges ou des poèmes d’amour) ».

      Décentrer ainsi l’Histoire pour éclairer les zones oubliées par les récits officiels permet notamment de montrer que l’émergence de l’État apparaît en réalité très longtemps après la naissance de l’agriculture sédentaire et ne lui est pas liée, même si cette forme d’organisation sociale demeure, en général, réticente aux zones humides, désertiques ou montagneuses.

      Scott rappelle à ce sujet que les premiers établissements sédentaires de l’histoire de l’humanité sont apparus dans des zones humides, dont le rôle a été largement sous-estimé, pour au moins trois raisons. D’abord en raison de « l’association presque irrésistible entre l’idée de civilisation et les principales céréales : blé, orge, riz et maïs ». Ensuite, parce qu’il s’agissait de cultures largement orales n’ayant laissé derrière elles aucun témoignage écrit. Enfin, parce que cette myopie historique vis-à-vis des sociétés des zones humides pourrait être liée à leur « incompatibilité écologique avec la centralisation administrative et le contrôle par le haut. Ces sociétés reposaient en effet sur ce qu’on appelle aujourd’hui des biens collectifs ou des communs – plantes, animaux et espèces aquatiques sauvages auxquelles toute la communauté avait accès. Il n’existait aucune ressource dominante unique susceptible d’être monopolisée ou contrôlée et encore moins taxée par un centre politique ».

      Décentrer l’histoire permet aussi de comprendre que les premiers États étaient, en réalité, non seulement très fragiles, mais éphémères et réversibles. « Dans la plupart des cas, les périodes d’interrègne, de fragmentation et de décadence étaient plus fréquentes que les phases de domination efficace et stable. » En outre, explique Scott, « dans une grande partie du monde, l’État, même lorsqu’il était robuste, n’était qu’une institution saisonnière. Récemment encore, en Asie du Sud-Est, pendant les averses annuelles de la mousson, il n’était guère capable de projeter sa puissance au-delà des murs du palais royal ».

      Pour l’anthropologue, il a existé plusieurs lignes de faille, « sous-produits de l’émergence de l’État lui-même », liées aux conséquences épidémiologiques de la concentration sans précédent des espaces cultivés, des humains et du bétail, ainsi que des parasites et agents pathogènes, liées également aux effets écologiques plus insidieux de l’urbanisme ou encore aux répercussions d’une agriculture reposant sur l’irrigation intensive et entraînant une déforestation et une salinisation des sols.

      Rompre ainsi l’hypnose provoquée par les récits « narrant la fondation d’une dynastie ou exaltant sa période classique, alors que les périodes de désintégration et de désordre ne laissent que peu ou pas de trace », permet notamment de saisir les nombreux « mouvements de fuite des territoires contrôlés par les premiers États en direction de leur périphérie ». Mouvements dont les traces, « dans la mesure où ils contredisent le récit qui met en scène l’État en tant que porteur de civilisation et bienfaiteur de ses sujets », sont « confinées dans d’obscurs documents juridiques ».

      La Grande Muraille sur le site de Mutianyu
      La Grande Muraille sur le site de Mutianyu
      Le lecteur apprend ainsi que la Grande Muraille de Chine servait tout autant à retenir les paysans Han et les contribuables qu’à faire obstacle aux incursions barbares. Ce fait que les premiers États n’aient pas réussi à retenir leur population est, pour Scott, le signe que « c’est seulement par le biais de diverses formes de servitude que les premiers États ont réussi à capturer et à fixer une bonne partie de leurs populations ».
      « Homo sapiens n’a-t-il pas lui-même été domestiqué ? »

      La mise en cause du récit traditionnel de la civilisation par James Scott n’est pas seulement, pour lui, un moyen de rendre justice à un passé moins linéaire que la vision que nous en avons d’habitude. Elle est aussi une façon de repenser le présent, et notamment le fait que nous acceptons comme quelque chose d’inévitable, voire de normal, de vivre dans des États inégalitaires et dont les premières fondations reposent sur la coercition et l’exploitation de leurs populations.

      41wndayie2l-sx303-bo1-204-203-200L’anthropologue réexamine ainsi « la conception de l’État chère à des théoriciens du contrat social tels que Hobbes et Locke, celle d’un pôle d’attraction irrésistible reposant sur la paix civile, l’ordre social et la sécurité personnelle ». Alors que, pour lui, la « formation des premiers États est pour une bonne part une entreprise coercitive », appuyée sur l’usage « extensif d’une main-d’œuvre servile » : prisonniers de guerre, semi-servage, esclaves, même si celui-ci était présent dans nombre de sociétés pré-étatiques.
      James C. Scott tient à réhabiliter des modes de vie classés comme « barbares » simplement parce qu’il refusaient les rets de l’État, et en particulier l’impôt, que le chercheur n’hésite pas à qualifier de « fléau » pour les populations intégrées aux premiers États, en évoquant les collectes en nature prélevées par l’État sous forme de céréales, de main-d’œuvre et de conscription.

      Il fait ainsi voler en éclats la ligne de démarcation censée passer entre les mondes dits barbares et les mondes prétendument civilisés, c’est-à-dire étatisés, notamment parce que les populations assujetties à l’État et les peuples sans État étaient en réalité des partenaires commerciaux naturels et fréquents, dont le négoce des peaux de castor des Amérindiens a été l’un des plus emblématiques. « Une telle symbiose engendrait une hybridité culturelle beaucoup plus intense que ce que la typique dichotomie “barbare-civilisé” pourrait laisser croire », écrit Scott.

      Pour lui, les « barbares » doivent davantage être compris comme les « jumeaux cachés de la civilisation », comme l’atteste notamment le fait qu’il est arrivé que ces derniers conquièrent l’État, comme ce fut le cas deux fois dans l’histoire de la Chine, avec la dynastie mongole des Yuan et la dynastie mandchoue des Qing, ainsi que dans celui d’Osman, le fondateur de l’Empire ottoman. Pour Scott, l’existence dite barbare a donc « été souvent plus facile, plus libre et plus saine que celle des membres des sociétés civilisées – du moins de ceux qui ne faisaient pas partie de l’élite ».

      À lire l’anthropologue, on peut même aller jusqu’à désigner « la longue période historique qui vit se côtoyer des États agraires relativement faibles et de nombreux peuples sans État, généralement équestres », comme un « âge d’or » des barbares, comparable à un moment où « le mouvement d’enclosure politique représenté par l’État-nation n’existait pas encore ». Pour lui, ces « barbares » étaient « presque à tous égards plus libres que les petits fermiers anglais de la fin du Moyen Âge et du début de l’ère moderne, dont on a tant vanté l’indépendance ».

      Ce détour par la proto-histoire est aussi, pour Scott, un moyen de réfléchir à la notion de domestication, et à la façon dont elle résonne aujourd’hui. Il rappelle en effet que le terme domestiquer est normalement considéré comme un verbe actif impliquant un complément d’objet direct. Mais, interroge-t-il, Homo sapiens n’a-t-il « pas lui-même été domestiqué, attelé au cycle interminable du labourage, du plantage, du désherbage, de la récolte, du battage, du broyage » ? Pour Scott, l’homme est quasiment devenu esclave des céréales, et a été domestiqué par son confinement, une plus forte densité démographique et de nouveaux modèles d’activité physique et d’organisation sociale…

      Ce qui interroge quand on sait que, par rapport à leurs ancêtres sauvages, les moutons ont connu une réduction de 24 % de la taille de leur cerveau au cours des 10 000 ans d’histoire de leur domestication ou que les furets ont des cerveaux 30 % plus petits que ceux des putois… « La réduction de la taille du cerveau et ses conséquences possibles semblent décisives pour rendre compte de la docilité des animaux domestiques en général », écrit James Scott, en se plaisant sans doute à imaginer ce que serait le cerveau d’un homme sauvage, en liberté et sans État.

      LIRE AUSSI
      De l’importance de traverser hors des clous
      PAR JOSEPH CONFAVREUX
      Cette plongée dans la profondeur de l’histoire est, enfin, un moyen pour Scott de reprendre à nouveaux frais une notion à la mode, qui a pu être féconde pour alerter sur notre destinée civilisationnelle, mais s’avère également sidérante, voire paralysante : celle d’effondrement. Pour Scott, « dans son usage non réfléchi, la notion d’effondrement désigne une tragédie civilisationnelle affectant un grand royaume antique et ses réalisations culturelles ». Elle pourrait pourtant signifier « simplement un retour à la fragmentation de leurs parties constitutives, quitte à ce qu’elles se fédèrent de nouveau ultérieurement ».
      À lire l’anthropologue, une bonne partie de ce qui, dans l’histoire, est passé pour un effondrement n’était en réalité qu’une désagrégation au sens propre du terme : la réduction d’entités politiques de grande taille mais fragiles, à leurs composantes plus modestes et souvent plus stables, mais aussi souvent plus justes politiquement et socialement.

      Scott va jusqu’à effectuer alors un curieux, mais osé, « plaidoyer pour l’effondrement », en faisant l’hypothèse que ce qu’on désigne encore comme des siècles obscurs, des périodes intermédiaires ou des âges sombres a « en fait suscité un net gain de liberté pour de nombreux sujets des États antiques et une amélioration général du bien-être humain ». Une histoire à méditer pour les collapsologues ou les déclinistes contemporains…

    • Je connais mal cette littérature, mais je suppose que ces théories ont été confrontées et confirmées par les récits qu’on a des sociétés de #chasseurs-cueilleurs plus récentes, comme par exemple les sociétés #autochtones nord-américaines ? On a des témoignages du 17ème siècle de colons européens, par exemple :

      Un Français au « Royaume des bestes sauvages »
      #Paul_Lejeune, Lux, le 8 janvier 2009
      https://www.luxediteur.com/catalogue/un-francais-au-royaume-bestes-sauvages

      #Canada #Lux @lux_editeur

  • #Sexe, #race & #colonies. La #domination des #corps du XVe siècle à nos jours

    Reposant sur plus de mille peintures, illustrations, photographies et objets répartis sur six siècles d’histoire au creuset de tous les #empires_coloniaux, depuis les conquistadors, en passant par les systèmes esclavagistes, notamment aux États-Unis, et jusqu’aux #décolonisations, ce livre s’attache à une #histoire complexe et #taboue. Une histoire dont les traces sont toujours visibles de nos jours, dans les enjeux postcoloniaux, les questions migratoires ou le métissage des identités.
    C’est le récit d’une #fascination et d’une #violence multiforme. C’est aussi la révélation de l’incroyable production d’#images qui ont fabriqué le regard exotique et les fantasmes de l’Occident. Projet inédit tant par son ambition éditoriale, que par sa volonté de rassembler les meilleurs spécialistes internationaux, l’objectif de Sexe, race & colonies est de dresser un panorama complet de ce passé oublié et ignoré, en suivant pas à pas ce long récit de la #domination_des_corps.


    https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Sexe__race___colonies-9782348036002.html
    #colonialisme #colonisation
    #esclavage #image #post-colonialisme #identité #exotisme

    • "Sexe, race & colonies", un ouvrage d’historiens qui fait débat

      L’ouvrage « Sexe, race & colonies » d’un collectif d’historiens sur l’imagerie du corps sous domination coloniale, fait à la fois référence et débat en France. L’historien Pascal Blanchard est l’invité de France 24.

      Le livre en impose par son ambition historiographique, par le nombre de photographies réunies, par l’ampleur du sujet – des siècles et des continents parcourus. « Sexe, race & colonies, la domination des corps du XVe siècle à nos jours » (éditions La Découverte) jette un regard historique et transnational sur l’accaparement des individus jusque dans leur intimité, au nom de la domination occidentale.

      Plus d’un millier de peintures et de photographies permettent de prendre la mesure du corps-à-corps entre colons et colonisés, perçus comme étant à disposition, sexualisables à l’envi. Le travail d’un collectif de 97 historiens sous la direction de Pascal Blanchard, spécialiste du fait colonial et de son imaginaire au Laboratoire communication et politique du CNRS, scrute tout le panel de cette imagerie, tour à tour fantasmagorique et tristement réelle, de la représentation érotisée des « sauvages » dès le XVe siècle jusqu’à des cartes postales dégradantes envoyés en Europe par les colons établis dans les pays du Sud aux XIXe et XXe siècles. Le phénomène ne se résume pas aux colonies françaises en Afrique, l’Empire japonais et l’Amérique ségrégationniste ont connu les mêmes logiques d’assujettissement sexuel des corps.

      Cet ouvrage donne à voir combien « l’Occident s’est arrogé un droit sur l’autre. La domination des terres s’est accompagnée d’une domination des corps. C’était un safari incroyable. L’homme blanc se sentait intouchable », explique Pascal Blanchard sur France 24. « Dès le XVe siècle, la peinture raconte l’histoire d’un paradis perdu. Ces corps nouveaux fascinent, alors même que les Occidentaux cachent le leur. Mépris et attirance se sont entrecroisés. Ce qui était un paradis pour les uns était l’enfer des autres », juge l’historien.

      Durant quatre années, le collectif a fouillé quelque 450 fonds privés et publics dans le monde, en Europe, aux États-Unis, en Asie, et s’est heurté à des obstacles. « Les musées ont refusé de nous céder les droits pour les œuvres de Gauguin qui posent énormément problème. Les héritiers de Hergé ont également mis leur veto pour utiliser des dessins de ’Tintin au Congo’. Sans compter les marques qui ont refusé que leurs publicités interraciales soient dans le livre », relate Pascal Blanchard, convaincu que le sujet dérange encore.

      « Prendre les images au sérieux »

      Peut-on décoloniser les images sans montrer les images ? L’ouvrage s’est attiré des critiques. Le collectif Cases rebelles ironise sur l’intention de ces « bonnes âmes » qui, « sous prétexte de dénoncer ou d’analyser », ne fait que « reconduire la violence en diffusant massivement des images de femmes non-blanches humiliées, agressées, dont certaines sont encore des enfants sur les clichés en question. Comme si la reproduction de ces images avait cessé d’être profondément attentatoire à leur dignité, comme si elles n’affectaient plus leurs descendant.e.s et tout.e.s les héritier.e.s – côté victimes – de cette violence coloniale. »

      Parmi les historiens qui ont participé à l’ouvrage, Christelle Taraud, spécialiste de l’histoire des femmes, du genre et des sexualités en contexte colonial, particulièrement dans les pays du Maghreb, s’explique : « Il y a assez peu d’ouvrages qui prennent au sérieux les images », affirme-t-elle lors des Rendez-vous de l’histoire organisés à Blois, le 13 octobre 2018. « Pour parler de domination coloniale, il fallait donc nous emparer de ce matériel image qui a toujours posé beaucoup de problèmes aux historiens, ou a été traité de façon illustrative, poursuit l’historienne. On voulait replacer ces images au cœur de notre propos. A partir du XIXe siècle et l’invention de la photographie, l’essentiel de la domination symbolique est passé par la domination visuelle. Et nous sommes persuadés que les stéréotypes d’hier affectent très lourdement nos sociétés contemporaines. »

      Le succès du tourisme sexuel dans les pays anciennement colonisés, le fantasme de la « beurette » supposément sensuelle, sont autant d’héritages non assumés de cette imagerie dominatrice, estime le collectif d’historiens, qui se défend d’avoir versé dans le sensationnalisme. « Les images ont une puissance, elles sont perturbantes, bouleversantes, admet Nicolas Bancel, invité de la table ronde consacrée à l’ouvrage aux Rendez-vous de l’histoire. Elles font résonner en nous des zones obscures de l’inconscient. Nous avons travaillé à ce que ce livre fasse réfléchir, qu’il permette la distance. On a particulièrement réfléchi à l’intertextualité, le rapport entre le texte et l’image. »

      Vertige et violence de la reproduction

      Précisément, cette intertextualité est l’objet de critiques. L’habillage de l’ouvrage, la typographie du mot « sexe » qui s’étale en couverture, la reproduction en grand format et sur papier glacé des photographies de personnes nues et maltraitées, la prégnance des images au détriment du texte, participent au rejet du livre.

      Ce format de publication ne se soucie pas « de la matérialité de l’objet d’histoire que l’on fabrique » et vient « contredire le projet des auteurs », écrit Philippe Artières dans Libération. Les photographies sont « crues, pornographiques et violentes », atteste la militante féministe Mélusine, qui plaide pour le « respect » envers « toutes leurs lectrices d’aujourd’hui, en particulier pour celles qui reconnaissent ces corps au leur si semblables et qui continuent de souffrir des conséquences sociales, morales et physiques de cet imaginaire sexuel raciste, qui n’a pas cessé d’exciter l’œil des spectateurs ». « On vomit parce qu’on a cru ouvrir un livre d’histoire, et qu’on se retrouve en train de feuilleter un gros beau livre porno, écrit Daniel Schneidermann. Vous savez, les beaux livres, sur les tracteurs, les peintres du Quattrocento ou les pipes en écume ? Cette fois, c’est un beau livre de viols coloniaux. » Florent Georgesco dans Le Monde admet également que « l’ensemble souffre au bout du compte de définir le sexe colonial de manière si large, sans les nuances qu’une pensée critique plus solide aurait permises, qu’il devient une réalité vague, propre à accueillir tous les sentiments. Même la fascination. »

      « On ne les appelle pas des photos érotiques », se défend Pascal Blanchard sur France 24. « On les appelle des images de la domination coloniale. Vous avez vu un homme qui presse le sein d’une femme ? C’est un safari sexuel. Et on n’a pas tout montré, les images de pédophilie n’ont pas été publiées. Si on veut comprendre comment à l’époque, à travers ces photographies, on a légitimé le droit de posséder le corps de l’autre, il faut montrer ces images. »

      Nicolas Bancel dresse un parallèle avec la réception de l’ouvrage américain « Without Sanctuary » (éditions Twin Palms Publishers, 2000), qui rend compte d’une abondante iconographie du lynchage aux États-Unis. Sur les cartes postales et sur les photographies amateur, la présence des enfants blancs dans le public, tout comme l’esthétisme des clichés, dérangent fortement. « Les premières réactions à ce livre et à ces images ont été extrêmement violentes parmi les Noirs américains, jusqu’à ce qu’ils s’en emparent », relate l’historien. De la même façon, le temps permettra aux images coloniales d’être « digérées, comprises, dépassées », estime Christelle Taraud.

      Quid du droit à l’image

      Faut-il se désoler de l’impréparation d’une société à affronter la force dérangeante de ces images, ou alors faire une place à l’émotion que suscite cet ouvrage ? La distanciation voulue par les auteurs du livre a-t-elle pris en compte, dans son champ de vision, la présence des descendants des colonisés qui vivent cette publication comme une nouvelle violence ?

      « Ces victimes sur les photographies publiées sont nôtres, elles sont de chez nous, de nos terres, de nos familles, affirme le collectif Cases rebelles. Nous ne sommes pas éloigné.e.s, pas détaché.e.s de ces corps. Aujourd’hui encore, nous portons au quotidien le poids de ces hypersexualisations violentes, de ces hyperaccessibilités au corps colonisé », rappelle le collectif qui pose la question du droit à l’image : « À la question de savoir si ces photos doivent être montrées dans l’absolu, nous répondons clairement : ne serait-ce pas d’abord aux personnes figurant sur les photos de répondre ? Les femmes, les enfants humilié.e.s, exhibé.e.s sur ces photos, ou leurs ayants droit, ont-ils donné leur autorisation ? Est-ce que quelqu’un connaît même leurs noms ? »

      Sans répondre à ces critiques – Pascal Blanchard n’a pas affronté de contradiction en public lors des Rendez-vous de l’histoire à Blois, ni honoré l’invitation de l’émission « Arrêt sur images » de débattre à plusieurs –, l’historien conclut sur France 24 : « Nous sommes en train de découvrir l’histoire de la domination masculine. C’est une longue histoire, qui n’est pas née avec #MeToo, et ne s’arrêtera pas dans les quelques mois qui viennent. C’est très complexe d’aborder l’histoire de la domination masculine parce que par définition ça nous fait peur, parce que ça bouleverse tous nos repères. »

      Le malaise face aux images serait donc le miroir d’un désarroi. Ou peut-être le signe que la distance et le respect n’ont pas encore trouvé leur place dans cette longue histoire du rapport au corps.

      https://www.france24.com/fr/20181021-sexe-race-colonies-livre-histoire-images-domination-corps-pascal-

  • Le #Japon #impérial de #conquête en conquête : plus qu’un enjeu #économique, le reflet des craintes d’une nation #insulaireselon Michel Vié (professeur des universités a l’institut national des langues et civilisations orientales)

    https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2005/07/25/le-japon-imperial-de-conquete-en-conquete_674710_3216.html
    Publié le 27/07/2005
    Vu le 03/06/2018

    L’#expansion de l’empire Japonais correspond au modèle européen et ses « #empires massifs et sans limites précises, jusqu’à ce qu’ils viennent buter sur un obstacle naturel ou militaire infranchissable » (obstacles pouvant également leur donner l’avantage comme ce fut le cas de l’espace maritime fournissant des ressources mais aussi des « glacis » protecteurs ».)

    En regardant une carte, tout paraît simple. Entre 1931 et 1942 ensuite, jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il serait plus exact de parler d’un reflux, l’agrandissement de l’espace dominé par le Japon obéit à une évidente logique #géographique, construite autour du principe de contiguïté : la prise de contrôle d’un #territoire sert de phase préparatoire à une nouvelle avance vers le territoire voisin.

    Pourtant ce serait sur une « obsession #sécuritaire » que se serait fondé cet empire et non pas en quête de territoire. La #puissance insulaire serait en fait marquée par l’#insécurité notamment à cause de son #isolement. Avant la #guerre, c’est l’instabilité qui règne dans ses territoires chinois et la tension du blocus pétrolier américain qui pousse cette insécurité jusqu’à la décision de l’attaque de Pearl Harbor.

    La recherche de la sécurité absolue nourrit un sentiment croissant d’insécurité qui culmine à Pearl Harbor. Déjà, entre 1931 et 1937, expansion et conflits débordent la Mandchourie : à Shanghaï, dans le Jehol, à Tientsin et en Mongolie intérieure.

    Après la guerre, cette insécurité persiste avec le possible retour de la Chine sur le #marché #international et la possible occidentalisation forcée qu’elle anticipera jusqu’à s’occidentaliser elle-même. Enfin, le profond désir du Japon de garder son #identité est intimement lié avec son insularité et impact chaque décision prise par le pays.

    Le Japon ne dépose les armes que lorsque ses dirigeants sont convaincus que, malgré l’ambiguïté de la réponse américaine, leur revendication de survie pour leur nation en tant que civilisation immémoriale a été tacitement acceptée

  • Retrouver l’empire
    http://www.laviedesidees.fr/Retrouver-l-empire.html

    L’empire des Habsbourg n’a pas bonne presse, surtout dans les pays d’Europe centrale où il est accusé d’avoir opprimé les nationalités. Et si cette vision n’était rien d’autre qu’une invention ? Pieter Judson invite à « retrouver » l’empire, par-delà les nombreux mythes qui encombrent son histoire.

    #Recensions

    / #empire, #XIXe_siècle

  • L’histoire de l’humanité résumée en une superbe infographie de 1931 | Slate.fr

    http://www.slate.fr/story/100873/histoire-monde-infographie

    il y aurait beaucoup à dire sur cette intéressante visu.

    Cette « Histocarte » créée par John B. Sparks a été imprimée pour la première fois par l’éditeur Rand McNally en 1931. (La David Rumsey Map Collection en héberge une, où l’on peut zoomer pour tout observer.)

    #visualisation #graphique #sémiologie #sémantique

  • Contrôle du corps des femmes ou biopolitique | Contretemps
    http://www.contretemps.eu/lectures/contr%C3%B4le-corps-femmes-biopolitique

    Il est à noter que le #livre, ainsi que l’intéressante conférence qui fut à son origine, passent en revue les #empires_coloniaux, c’est-à-dire des histoires en relation avec la #modernité occidentale, rapports qui, aux yeux de ce type de travail, concernent au premier lieu l’#esclavage moderne et le #genre. C’est bien sûr justement dans les #colonies ainsi qu’à propos des #femmes que la #biopolitique a été inventée, s’appliquant aux #corps « dociles » ou supposés sans défense, en tout cas aux corps contrôlés : contrôlés au moyen d’une nouvelle technologie du pouvoir – la biopolitique. La modernité y est introduite par les méthodes les plus brutales et fait elle-même partie de la #colonisation.

  • Map: Imperial Europe’s Penal Colonies | History Today

    http://www.historytoday.com/dean-nicholas/map-imperial-europes-penal-colonies

    Where did Europe’s imperial powers send their convicts? Many people are familiar with the British sending people to Australia and parts of Asia, and the French penal colony in Guyana has some notoriety. Yet, as our graphic above, which illustrates the number of convicts sent between 1415 and 1953, the geographical and numerical extent of the colonies is greater than one might expect.

    #colonies #bagnes #prisons #empires_coloniaux #colonisation

  • Lendemains d’empires
    http://www.laviedesidees.fr/Lendemains-d-empires.html

    L’Asie n’est plus sous la domination de l’Europe. Mais que reste-t-il des projets anti-impérialistes de ceux qui, à la fin du XIXe siècle, espéraient inventer une voie alternative vers la modernité ? Pour Pankaj Mishra, le développement de l’Asie n’a fait que perpétuer un modèle autrefois dénoncé.

    Livres & études

    / #Asie, #empire, #impérialisme

    #Livres_&_études

  • Grand Atlas des empires coloniaux - La Cliothèque
    http://clio-cr.clionautes.org/grand-atlas-des-empires-coloniaux.html

    Un volumineux atlas de 287 pages et une ambitieuse mise à jour à la lumière des derniers travaux de recherche de Christophe Colomb jusqu’aux émeutes urbaines de 2005 en France, héritage colonial. L’ouvrage se présente comme un projet d’histoire globale en écho au thème des Rendez-vous de Blois en octobre prochain : Les empires.

    L’ouvrage est organisé en trois grandes périodes chronologiques : Premières #colonisations - #Empires_coloniaux - #Décolonisations, l’ensemble est complété d’une utile chronologie et d’une abondante bibliographie.

    Un titre incontournable qui devrait être dans tous les CDI.

    Chaque partie, organisée en 4 chapitres, est introduite par un texte de présentation de la période au ton souvent novateur. Chaque carte ou graphe est inséré dans un texte qui fait le point sur le thème retenu.

    #livre

  • The Histomap. - David Rumsey Historical Map Collection
    http://www.davidrumsey.com/luna/servlet/detail/RUMSEY~8~1~200375~3001080:The-Histomap-#

    The Histomap. Four Thousand Years Of World History. Relative Power Of Contemporary States, Nations And Empires.

    Une image emprunté à slate pour la prévisualisation, mais il faut aller sur le lien pour pouvoir naviguer dans la carte à haute résolution.

    A noter que si la carte d’origine est « Four Thousand Years Of World History », Slate titre son article « The entite history of the world » gommant au passage l’histoire de l’humanité pré-civlisationnelle. Et d’ailleurs la carte de Rumsey a aussi ce #biais car ce n’est pas une « carte » historique du monde mais des #empires. Car je rappelle qu’il y a 500 ans à peine les chasseurs cueilleurs occupaient un tiers du globe, et bien plus encore à la date de début de la fresque.

    #visualisation #civilisation

  • Un siècle de changements frontaliers en Europe

    visionscarto.net/un-siecle-de-frontieres

    Des quatre empires centraux en concurrence au XIXe siècle, il n’en reste plus que trois à la veille de la première guerre mondiale, en 1914. L’Empire ottoman est presque entièrement démembré, non pas au profit des grandes puissances (Russie et Autriche-Hongrie), mais par la création de nouveaux petits États. La « paix de Versailles », c’est-à-dire les cinq traités conclus en 1919 et 1920, consacre la disparition de l’Empire austro-hongrois et permet l’indépendance de petites et moyennes nations aux côtés des grandes
    puissances.

    #Frontières #Europe #Histoire #Ex-URSS #Empires #Nations #cartiographie_narrative #cartographie

  • RESOURCE CRISIS: How to destroy a civilization
    http://cassandralegacy.blogspot.fr/2014/05/how-to-destroy-civilization.html

    Mathematical models may be a lot of fun, but when you use them to project the future of our civilization the results may be a bit unpleasant, to say the least. That was the destiny of the first quantitative model which examined the future of the world system; the well known “The Limits to Growth” study, sponsored by the Club of Rome in 1972. This study showed that if the world’s economy was run in a “business as usual” mode, then the only possible result was collapse.

    This kind of unpleasant results is a feature of most models which attempt to foresee the long term destiny of our civilization. Not that it should be surprising considering the speed at which we are wasting our natural resources. Nevertheless, whenever these studies are discussed, they generate a lot of criticism and opposition. It is the result, mainly, of emotional reactions: there is nothing to do about that, it is the way the human mind works.

    But let’s try to put aside emotions and examine a recent study by by Motessharry, Rivas and Kalnay (MRK) on the destiny of human society that became known as the “NASA funded model” after a note by Nafeez Ahmed. The model has attracted much criticism (as usual) but it is worth looking at it with some attention because it highlights some features of our world which we should try to understand if we still think we can avoid collapsing (or at least mitigate it).

    The MRK model has this specific feature: it divides humankind in two categories, “commoners” and “elites”, assuming that the first category produces wealth while the second doesn’t. In some assumptions, it turns out that the elite can completely drain all the resources available and bring society to an irreversible collapse, even though the resources are renewable and can reform the initial stock.

    I think this is a very fundamental point that describes events which have happened in the past. As I noted in a previous post, it may describe how the Roman Empire destroyed itself by excessive military expenses (we may be doing exactly the same). Or, it may describe the collapse of the society of Easter Island, with a lot of natural capital squandered in building useless stone statues while putting a high strain on the available resources (the story may be more complex than this, but its main elements remain the same)

    So, it looks like elites (better defined as “non productive elites”) may play a fundamental role in the collapse of societies. But how exactly can this be modeled? The MRK model does that using an approach that, as I noted earlier on, is typical of system dynamics, (even though they do not use the term in their paper. Not only that, but it is clearly a model in the style of those “mind sized” models which I had proposed in a paper of mine. The idea of mind sized models is to avoid a bane of most models - of all kinds - that of “creeping overparametrization”. Since, as a modeler, you are always accused that your model is too simple, then you tend to add parameters over parameters. The result is not necessarily more realistic, but surely you add more and more uncertainty to your model. Hence, the need for “mind-sized” models (a term that I attribute to Seymour Paper)........

    .................

    #collapse
    #dynamic-models
    #empires
    #NASA

  • The Imperial Map: Cartography and the Mastery of Empire

    http://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/I/bo5813558.html

    Cartography and the Mastery of Empire - The Imperial Map

    Edited by James R. Akerman

    384 pages | 12 color plates, 100 halftones | 7 x 10 | © 2008

    The Kenneth Nebenzahl, Jr., Lectures in the History of Cartography

    Maps from virtually every culture and period—from Babylonian world maps to Saul Steinberg’s famous New Yorker cover illustration, “View of the World from 9th Avenue”—convey our tendency to see our communities as the center of the world (if not the universe) and, by implication, as superior to anything beyond these immediate boundaries. Mapping has long been a tool by which ruling bodies could claim their entitlement to lands and peoples. It is this aspect of cartography that James R. Akerman and a group of distinguished contributors address in The Imperial Map.

    Critically reflecting on elements of mapping and imperialism from the late seventeenth century to the early twentieth century, the essays discuss the nature of the imperial map through a series of case studies of empires, from the Qing dynasty of China, to the Portuguese empire in South America, to American imperial pretensions in the Pacific Ocean, among others. Collectively, the essays reveal that the relationship between mapping and imperialism, as well as the practice of political and economic domination of weak polities by stronger ones, is a rich and complex historical theme that continues to resonate in our modern day.

    #bibliographie #livre #cartographie-historique #empires