• À la recherche du #polycentrisme francilien
    https://metropolitiques.eu/A-la-recherche-du-polycentrisme-francilien.html

    Et si la révision du Schéma directeur d’aménagement de la région #Île-de-France (SDRIF-E) faisait fausse route ? Jacqueline Lorthiois et Harm Smit appellent à un véritable polycentrisme, fondé sur la superposition des bassins d’emploi et des bassins de vie afin de réduire les temps de transport et les #inégalités entre territoires franciliens. L’objectif du schéma directeur de la Région Île-de-France (SDRIF) est de définir « la planification stratégique afin d’encadrer la croissance urbaine, l’utilisation de #Débats

    / #planification_urbaine, inégalités, #emploi, Île-de-France, #transports, centralité, polycentrisme, (...)

    #centralité #mobilité
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/smit-lorthiois.pdf

  • Le stage hors études, un système bien rodé qui fragilise l’insertion professionnelle des jeunes diplômés
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/07/18/le-stage-hors-etudes-un-systeme-bien-rode-qui-fragilise-l-insertion-professi

    Lorsque s’affiche sur LinkedIn une offre de stage lui proposant de travailler « au service com » d’un club de sport professionnel, Hugo (le prénom a été modifié), 21 ans, saute de joie. Sans activité depuis la fin de sa licence de journalisme et communication, trois mois plus tôt, il postule et obtient le stage dans la foulée. « La RH m’a demandé de lui envoyer la convention de stage au plus vite, je devais commencer le lundi suivant », retrace-t-il. La panique le gagne. En France, les stages en entreprise de six mois sont interdits aux étudiants hors cursus pédagogique.

    Après quelques recherches en ligne, Hugo découvre un véritable « marché » de la convention de stage. Des dizaines d’annonces promettent, contre quelques centaines d’euros, de fournir un document « conforme à la loi » en moins de 24 heures. Il en appelle plusieurs, puis s’inscrit à Fac for Pro Education, une formation qui dispense des cours en présentiel et en ligne. Coût de l’opération : 550 euros. Le lendemain, le stage est validé sans problème. Hugo n’a eu besoin de suivre aucun cours.
    La stratégie de Fac for Pro Education joue avec les largesses de la loi française encadrant les stages. Pour fournir légalement des conventions conformes, les écoles doivent proposer 200 heures de cours au minimum sur une année, dont 50 heures dispensées en présence des étudiants. Un strict minimum que propose la formation, avec une particularité : l’étudiant peut débuter son stage immédiatement après l’inscription dans l’école, sans effectuer le moindre cours au préalable.

    je l’ai trouvé avec
    « On se dit que ça payera forcément plus tard » : quand l’espoir fait travailler les jeunes presque gratuitement

    Stages, bénévolat, projets non rémunérés, service national universel, service civique... les jeunes hommes et femmes qui acceptent cette logique de « travail de l’espoir », selon l’expression des sociologues, en espèrent un retour sur investissement.

    https://justpaste.it/fv2oo

    ces chômeurs doivent devenir de bons candidats à l’emploi. une manne.

    #travail #travail_de_l’espoir #travail_payant #formation #stages #étudiants #CV #chômeurs #précarité #emploi

  • #Espagne : l’embellie économique boostée par le #progrès_social

    Aux antipodes des prédictions des conservateurs, l’Espagne, gouvernée par une coalition progressiste, voit sa #croissance largement surpasser la moyenne des pays de la zone euro.

    Janvier 2020. Le socialiste #Pedro_Sánchez passe un accord de gouvernement avec #Unidas_Podemos (UP) – composé de partis situés à sa #gauche – sur la base d’un programme résolument progressiste. Un gouvernement de coalition est formé, il vise à faire de l’Espagne une « référence pour la protection des #droits_sociaux en Europe », soit résorber les mesures néolibérales et antisociales qui flagellent la population depuis plus de dix ans.

    (#paywall)

    https://www.humanite.fr/monde/coalition/espagne-lembellie-economique-boostee-par-le-progres-social

    #économie

    • Les fortes hausses du « #Smic » en Espagne et en #Allemagne ont-elles pénalisé l’emploi ?

      Les gouvernements allemands et espagnols ont fortement augmenté leurs salaires minimum respectifs ces dernières années. Mais dans ces deux pays, la différence avec le salaire médian reste bien inférieure à ce qu’on observe à l’heure actuelle en France.

      Un tassement des salaires autour du Smic, une perte de compétitivité et des destructions d’emplois ou bien encore un creusement des déficits si l’Etat aide les entreprises mises en difficulté. La hausse de 14,4% d’un coup du Smic souhaité par le NFP concentre de nombreuses critiques émanant d’économistes et d’entrepreneurs.

      Pourtant chez certains de nos voisins, le salaire minimum a fortement augmenté ces dernières années. C’est le cas en Espagne où la hausse cumulée sur six ans atteint 54% ou encore en Allemagne où le salaire minimum a progressé de 26% depuis le 1er octobre 2022. Ces mesures ont-elles été néfastes pour les économies des deux pays ?
      Un succès en Espagne

      Prenons d’abord l’Espagne. Le salaire minimum est passé de 750 euros nets par mois en 2018 à 1.200 euros en 2024. Les organisations patronales ainsi que la Banque d’Espagne craignaient une perte de compétitivité ainsi qu’une hausse du chômage dans un pays où le taux est déjà, de très loin, le plus haut en Europe. Six ans après le début de ses hausses massives, le bilan est pourtant plutôt positif.

      « Cela a été un des plus grands succès du gouvernement et aucune des prévisions alarmistes ne s’est réalisée », observe Guillem Lopez Casasnovas, professeur d’économie à l’Université Pompeu Fabra de Barcelone cité dans Ouest France.

      Si le bilan positif est peut-être à nuancer puisque le taux de chômage a tout de même bondi en un an de 0,5 point à 12,3% de la population active, il faut reconnaître que sur une période de cinq ans, la part des demandeurs d’emplois au sein de la population active a tout de même reculé (plus de 14% en 2019).

      La hausse du Smic a permis de soutenir un niveau de consommation élevé, et ce, dans un contexte propice. La période de Covid était déflationniste, donc le choc sur les prix a été limité. Et l’après-Covid s’est traduit par une importante hausse de la consommation, les Espagnols dépensant massivement ce qu’ils avaient économisé durant les confinements.

      « Le contexte a été particulièrement favorable et la mesure a permis d’amortir l’inflation, reconnaît l’économiste espagnol plutôt classé à gauche. Une mesure similaire appliquée dans une situation différente peut ne pas fonctionner ».
      Le Smic espagnol partait de très bas

      Les conséquences d’une forte hausse du Smic peuvent en effet être très différentes d’une situation à une autre. De nombreux paramètres entrent en ligne de compte comme le coût du travail global (en incluant les charges), la fiscalité sur les entreprises et surtout l’échelle des salaires et le niveau de qualification sur le marché du travail.

      En Espagne, le Smic est parti de très bas (750 euros par mois) avant de fortement augmenter. Pour autant son montant ne représente selon l’OCDE que 49,5% du salaire médian dans le pays contre 61%, aujourd’hui, en France.

      « Ce qu’il faut regarder ce n’est pas l’évolution du salaire minimum mais le prix normal du salaire des travailleurs non qualifiés, estime Jacques Delpla, économiste, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy quand ce dernier était à Bercy et président-fondateur de Klimatek. Pour cela, il faut mesurer le salaire minimum par rapport au salaire médian. L’économiste et ancienne numéro 2 du FMI Anne Krueger estimait qu’au-delà de 50% c’était mauvais pour l’emploi. En France on est déjà significativement au-dessus et avec une hausse de 14%, on passerait à plus de 68%, ce qui fait vraiment beaucoup. »
      Un coût du travail qui reste attractif

      Par ailleurs, le niveau du salaire minimum est loin d’être le seul indicateur de la compétitivité. Le coût du travail reste ainsi en Espagne un des plus bas de l’Union européenne.

      Selon Rexecode et les données d’Eurostat, le coût de l’heure travaillée dans le secteur marchand est de 24,40 euros en moyenne en Espagne contre 29,70 euros en Italie, 36,30 euros en zone euro, 43,20 en Allemagne et 43,30 euros en France. Ainsi si la France attire le plus grand nombre d’investissements étrangers en Europe, c’est en Espagne que les investisseurs créent en moyenne le plus d’emplois.
      En Allemagne, les inégalités salariales ont été réduites

      Prenons cette fois l’Allemagne. Le pays a mis en place un salaire minimum en 2015 seulement et, depuis, il a -inflation oblige- fortement augmenté. Quel bilan ? L’institut Destatis (l’Insee allemand) a constaté que les hausses récentes avaient permis de réduire les inégalités salariales.

      Ainsi en avril 2022, les 10% de salaires les plus élevés étaient 3,28 fois supérieurs aux plus bas. Ce ratio est tombé à 2,98 un an plus tard après de fortes hausses du salaire minimum. Ces hausses du salaire minimum ont ainsi fait sortir en un an 1,1 million de salariés allemand du plancher des bas salaires allemands, a calculé Destatis, qui est inférieur à 13,04 euros brut de l’heure.

      L’emploi en a-t-il pâti ? Difficile de l’affirmer mais, en tout cas, il n’en a pas tiré bénéfice. Depuis un point bas atteint début 2022, le chômage remonte en Allemagne et frôle désormais les 6% de la population active selon l’Agence fédérale pour l’emploi (contre 5% en avril 2022).
      Un écart de 53% avec le salaire médian

      Malgré tout, le taux d’emploi dans le pays reste élevé et les moins bons chiffres du chômage depuis deux ans sont surtout la conséquence du ralentissement économique consécutif à la crise énergétique.

      Mais là encore, il convient de mesurer ce que représente ce « Smic » allemand par rapport au salaire médian. Au niveau actuel de 12,41 euros brut de l’heure, ce salaire minimum représente 53% du salaire médian. Le syndicat Ver.di et le parti d’extrême gauche Die Linke réclament une hausse assez sensible afin d’atteindre les 60% d’ici 2025, ce que le gouvernement refuse de faire. Or en France pour rappel, il est déjà à 61% et passerait à plus de 68% avec une hausse du Smic à 1.600 euros.

      On pourrait alors estimer que si le Smic est si « élevé » par rapport au salaire médian en France, c’est que le niveau des salaires est globalement trop bas et qu’il faudrait un nouveau partage de la valeur en faveur des salariés. Les données comparables montrent pourtant que c’est déjà en France que le partage de la valeur se fait en Europe le plus au bénéfice des salariés.
      « Le véritable problème en France c’est qu’on a un Smic élevé »

      Selon Eurostat, la part des rémunérations totales représente en France 65% de la valeur ajoutée brute contre 63% en Allemagne, 61% en Espagne et 59% en moyenne en Europe.

      « Le véritable problème en France c’est qu’on a un Smic élevé et qu’on subventionne le travail non qualifié avec des exonérations de charges, résume Jacques Delpla. Le coût de ces exonérations sur les bas salaires, c’est 3% du PIB, soit 80 milliards d’euros. C’est plus de trois fois le budget de l’université et de la rechercher qui est à 25 milliards. Ce qui est totalement absurde puisque notre coût du travail non qualifié ne sera jamais au niveau de celui de la Bulgarie. Pour augmenter le pouvoir d’achat, il faut améliorer la productivité et investir dans les compétences et surtout pas financer des trucs qui n’ont pas d’avenir ».

      https://www.bfmtv.com/economie/international/les-fortes-hausses-du-smic-en-espagne-et-en-allemagne-ont-elles-penalise-l-em

    • #Emplois, #inégalités... L’exemple réussi d’une Espagne gouvernée à gauche

      #PIB en hausse, #chômage en baisse, #taxation des riches… La politique de gauche menée en Espagne a des résultats positifs. Un exemple pour la France, où le programme du Nouveau Front populaire est décrié par la droite.

      Une politique économique de gauche ruinera-t-elle la France ? Le cas de l’Espagne nous démontre le contraire. Le désastre économique ne s’y est jamais produit, bien qu’il soit sans cesse annoncé par la droite depuis que la gauche est au pouvoir depuis 2018. Avec l’arrivée du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez aux affaires la même année, en coalition avec des formations situées à sa gauche, le gouvernement a mené une politique économique de gauche. Et ce, malgré la pandémie et la guerre en Ukraine.

      Résultat : les grands indicateurs mesurant la santé d’une économie indiquent que nos voisins s’en sortent plutôt bien. La droite, le patronat et certaines institutions ont pourtant systématiquement freiné des quatre fers, justifiant leur rejet par le risque de conséquences graves. Voici quelques exemples.
      +54 % du salaire minimum depuis 2018

      Le salaire minimum a augmenté de 54 % depuis 2018, passant de 736 euros par mois en 2018, à 1 134 en 2024. Il y a six ans, la mesure a déclenché un débat acharné dans le pays. Représentants patronaux, politiques et presse de droite ainsi que de nombreux économistes ou encore la Banque d’Espagne martelaient que cela entraînerait une importante destruction d’emplois, accompagnée d’une réduction du nombre d’heures pour les bas salaires et la faillite de nombreuses entreprises.

      En 2023, la plupart des économistes s’accordaient pour dire que, s’il y avait un effet négatif sur les emplois, il était marginal, alors que le pays connaît actuellement une forte progression de l’emploi. Contrairement aux autres revenus dans le pays, le salaire minimum a augmenté de 26 % entre 2019 et mai 2024, soit plus que l’inflation. Cela se traduit par une augmentation de 6,5 % du revenu moyen des personnes affectées, estime une étude de l’OCDE.
      Un marché régulé, davantage d’emplois

      Une nouvelle loi Travail adoptée en 2022 a été conçue pour réduire la précarité dans un pays qui souffrait d’un taux d’emplois temporaires deux fois plus élevé que la moyenne de l’Union européenne (UE).

      « Si on change la législation relative au travail et que ces normes compliquent les choses pour les entreprises, peut-être qu’elles n’emploieront personne », expliquait en 2020 Antonio Garamendi, président de l’organisation patronale CEOE. « Les gens savent-ils que cette réforme va détruire ou arrêter de créer près de 1 million d’emplois ? » se demandait Pablo Casado, chef de file de l’opposition de droite jusqu’en 2022.

      Deux ans plus tard, si certains angles morts demeurent, la plupart des experts reconnaissent que ses effets ont été positifs. Le taux d’emplois à temps partiel est passé de 26 % à 15,7 %. Le nombre de personnes en poste n’a jamais été aussi élevé et le chômage est au plus bas depuis 2008.
      Des riches imposés, et encore plus riches

      En 2022, en pleine inflation, le gouvernement a lancé plusieurs impôts. Tout d’abord sur les grandes banques, dont les bénéfices ont explosé avec les hausses de taux d’intérêt visant à endiguer la montée des prix. Puis sur le chiffre d’affaires des grandes entreprises de l’énergie, dont les bénéfices ont augmenté brutalement avec l’inflation des prix de l’énergie.

      Il a également décidé d’une hausse généralisée pour les contribuables les plus aisés, une baisse pour les revenus les plus bas et d’un « impôt temporaire de solidarité sur les grandes fortunes ».

      Selon la droite et les patrons des secteurs concernés, cette politique détériorerait l’économie en général, puisque les banques et les énergéticiens répercuteraient ces hausses sur les clients, renforçant l’inflation. La Banque centrale européenne (BCE), entre autres, partageait les mêmes craintes. La droite martelait aussi que les plus fortunés fuiraient le pays. Pourtant en 2023, les banques ont enregistré des bénéfices records, les sociétés énergétiques sont revenues à des bénéfices de 2021 (records en leur temps). Quant aux riches, leur nombre a augmenté, leur patrimoine aussi. Le gouvernement envisage désormais de pérenniser ces impôts.

      De nombreuses autres mesures sociales ont été adoptées, un « revenu minimum vital » (équivalent au RSA), une limitation au prix du gaz qui a amplement participé à limiter l’inflation, ou la gratuité de nombreux transports en commun. Résultat : en 2023, le PIB de nos voisins a crû de 2,5 %, quand la hausse n’a été que de 0,3 % pour l’ensemble de l’UE (1,1 % pour la France). Le taux de chômage reste haut, à 11,7 % en 2023. Mais c’est un niveau historiquement bas depuis la crise de 2008.

      Difficile d’imputer ces résultats à la seule gestion du gouvernement. Mais une chose est sûre : elle n’a absolument pas fait sombrer l’économie espagnole. Les contextes espagnol et français sont, certes, différents. Mais l’exemple mérite d’être médité.

      https://reporterre.net/Emplois-inegalites-L-exemple-reussi-d-une-Espagne-gouvernee-a-gauche

  • À France Travail, l’essor du contrôle algorithmique
    https://www.laquadrature.net/2024/06/25/a-france-travail-lessor-du-controle-algorithmique

    « Score de suspicion » visant à évaluer l’honnêteté des chômeur·ses, « score d’employabilité » visant à mesurer leur « attractivité », algorithmes de détection des demandeur·ses d’emploi en situation de « perte de confiance », en « besoin de redynamisation » ou encore à…

    #Données_personnelles #Surveillance

    • Au nom de la « rationalisation » de l’action publique et d’une promesse « d’accompagnement personnalisé » et de « relation augmentée », se dessine ainsi l’horizon d’un service public de l’#emploi largement automatisé. Cette automatisation est rendue possible par le recours à une myriade d’#algorithmes qui, de l’inscription au suivi régulier, se voient chargés d’analyser nos #données afin de mieux nous évaluer, nous trier et nous classer. Soit une extension des logiques de #surveillance de masse visant à un #contrôle_social toujours plus fin et contribuant à une déshumanisation de l’accompagnement social.

      De la CAF à France Travail : vers la multiplication des « scores de suspicion »

      C’est, ici encore, au nom de la « lutte contre la fraude » que fut développé le premier algorithme de profilage au sein de #France_Travail. Les premiers travaux visant à évaluer algorithmiquement l’honnêteté des personnes sans emploi furent lancés dès 2013 dans la foulée de l’officialisation par la CAF de son algorithme de notation des allocataires. Après des premiers essais en interne jugés « frustrants »1, France Travail – à l’époque Pôle Emploi – se tourne vers le secteur privé. C’est ainsi que le développement d’un outil de détermination de la probité des demandeur·ses d’emploi fut confié à Cap Gemini, une multinationale du CAC402.

      La notation des chômeur·ses est généralisée en 2018.

      #chômeurs #guerre_aux_pauvres

  • Migration pour le développement : Le ministre Ndeye Khady D. Gaye salue les opportunités offertes aux jeunes
    https://www.dakaractu.com/Migration-pour-le-developpement-Le-ministre-Ndeye-Khady-D-Gaye-salue-les-

    Migration pour le développement : Le ministre Ndeye Khady D. Gaye salue les opportunités offertes aux jeunes
    La clôture du Programme Migration pour le Développement a enregistré un bilan positif pour l’Emploi des Jeunes au Sénégal. Organisée par l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ), la cérémonie a vu la participation de nombreuses personnalités, notamment Mme Khady Diene Gaye, ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, qui a présidé l’événement ainsi que l’ambassadeur de la République d’Allemagne au Sénégal M. Sonke Siemon et des partenaires.
    Lancé en 2017, le Programme Migration pour le Développement a marqué une étape cruciale dans la gestion des questions migratoires au Sénégal. L’une des réalisations majeures du programme est la mise en place du Centre Sénégalo-Allemand d’information sur l’emploi, la Migration et la Réintégration (CSAEM). Ce centre a permis à l’ANPEJ d’adopter une approche proactive face aux défis migratoires, en offrant des sessions de sensibilisation, de formation et des dispositifs d’aide à l’emploi.
    Lors de son allocution, Mme Khady Diene Gaye a souligné l’importance de telles initiatives pour le développement économique et social du pays. « Le CSAEM a joué un rôle déterminant en fournissant aux jeunes et aux migrants de retour des opportunités concrètes pour leur réintégration et leur insertion professionnelle », a-t-elle déclaré. Elle a également salué la coopération allemande pour son soutien continu et son engagement en faveur de l’emploi des jeunes.
    Le Programme a notamment permis la mise en place de bourses de stage et l’appui matériel pour les migrants de retour, des initiatives qui ont contribué à améliorer les perspectives professionnelles de nombreux jeunes Sénégalais. Plusieurs bénéficiaires présents à la cérémonie ont témoigné de l’impact positif du programme sur leur parcours professionnel. « Grâce à la bourse de stage obtenue par le biais du CSAEM, j’ai pu acquérir des compétences précieuses qui m’ont aidé à trouver un emploi stable », a confié Mamadou Diop, l’un des bénéficiaires.
    La clôture du programme marque la fin d’une phase, mais Mme Khady Diene Gaye a insisté sur la nécessité de continuer sur cette lancée. « Nous devons capitaliser sur les acquis de ce programme et redoubler d’efforts pour offrir à nos jeunes des perspectives d’avenir prometteuses », a-t-elle conclu.

    #Covid-19#migration#migrant#senegal#developement#retour#jeunesse#CSAEM#emploi#allemagne#sante

  • Au cœur de France Travail : quand accompagnement social rime avec violence verbale - Chômeurs CGT
    https://chomeurs-precaires-cgt.fr/pole-emploi/au-coeur-de-france-travail-quand-accompagnement-social-rime-a

    « Jeudi 23 mai 2024, 14 heures, plateforme sociale municipale. Je me rends à mon rendez-vous semestriel d’accompagnement dans le cadre du dispositif #RSA, vers lequel sont automatiquement orientés les bénéficiaires de ce revenu. Ma conseillère #France_Travail était cette fois exceptionnellement présente aux côtés de la conseillère en insertion de la mairie de ma ville de résidence qui suit mon dossier depuis environ trois ans et demi.

    Cette conseillère en insertion a donc commencé l’entretien en me demandant comment se passait l’ »accompagnement global » que ma conseillère France Travail réalise pour moi depuis six mois. J’ai répondu, non sans ironie, qu’elle m’avait coup sur coup vanté, dans ce cadre, le bénévolat, orienté vers un #emploi qui ne recrute qu’en contrat « adultes-relais« [1], auquel je ne suis pas éligible, et m’avait tout dernièrement imprimé des offres d’emploi en intérim dont le public-cible est les « bénéficiaires de l’obligation d’emploi« [2] ; dont je ne fais pas partie non plus.

    Mais plutôt que de reconnaître là le signalement d’une série d’écueils à éviter à l’avenir, la conseillère en insertion a versé tout de go dans la malveillance débridée en me disant que, de toute façon, d’ici 2025, ce sera pour moi 15 heures hebdomadaires de #travail_obligatoire ou bien la suspension du RSA. « C’est ça que vous voulez ? »

    #chômeurs #travail

  • Liberté, égalité, #gratuité dans les #transports_en_commun

    Ce mercredi 10 avril, il pleut. Alors le Niçois peut rester au chaud en regardant PSG-Barça à la télé entre potes, ou en fêtant l’Aïd-el-Fitr en famille. Autre solution : assister à la réunion publique organisée par ViVA ! sur les transports gratuits. « A n’importe quelle heure, sans se soucier de quoi que ce soit d’autre que de la destination à laquelle on se rend. Peinard. Et libre d’aller ».

    Pour qu’on nous explique tout bien comment un truc aussi dingue pour nos imaginaires peut être possible, les membres du collectif citoyen niçois #ViVA ! ont accueilli Magali Giovannangeli et Mariano Bona, respectivement conseillère municipale d’Aubagne et membre du collectif #Union_pour_la_Gratuité_et_le_Développement_des_Transports_Publics à Grenoble. Tous les deux ont une bonne expertise sur la question et une expérience solide, cumulées au fil des années dans leurs coins respectifs.

    Gratuité = développement du réseau

    La gratuité des transports en commun, il faut s’y préparer, elle va s’accompagner du doublement, voire du triplement de la #fréquentation de ces transports. Et donc, forcément, ça implique un développement important des #infrastructures, tant du côté de ce qui roule (bus, tramway, métro, etc.) que de celui des installations (voies, arrêts, stations, etc.). La gratuité, c’est donc carrément #repenser_la_ville, établir des connexions et des possibilités qui n’existaient pas. Comme celle de bouger de son quartier pour aller voir ailleurs si on y est. Et ça nous parle ça, à nous, les Niçoises et les Niçois. Disons-le clairement, notre ville est belle, mais Nissa la Bella, c’est pas pour tout le monde. Le centre-ville et les jolies plages peuvent sembler loin quand on est coincé en haut de notre colline, au fond de notre quartier ou dans l’arrière-pays, de l’autre côté de la carte postale.

    La bagnole au garage pour un air plus sain

    La gratuité, c’est aussi et surtout moins de bagnoles en ville, dans une des métropoles les plus polluées de France. Il n’existe pourtant pas d’industrie lourde dans les Alpes-Maritimes, mais un nombre de trucs qui roulent, qui flottent et qui volent incalculables sur ce tout petit territoire très touristique, sans vent pour dégager les particules de toutes sortes. Ici, 55% de la #pollution_de_l'air viennent des #transports, et 40% des trajets en #voiture font moins de 3 km sur Nice. Il y a une #urgence_écologique que plus personne ne peut nier. Au rythme actuel, et dans le meilleur des cas, la neutralité carbone arrivera dans la région PACA en 2070. On le sait, les dégâts climatiques coûtent cher et vont coûter de plus en plus cher si on ne prend pas le problème à bras le corps. Et la gratuité des transports en commun fait partie de tout un panel de solutions préventives qui coûtent beaucoup moins cher.

    On ne peut donc pas écarter d’un revers de la main un débat sur la gratuité dans un coin qui compterait 500 morts prématurées par an dues à la #pollution_atmosphérique. Et encore moins dans un pays où le gouvernement semble vouloir nous préparer à vivre avec une hausse des températures de 4°C quand les experts du GIEC, déjà bien flippés, nous supplient de tout faire pour ne pas dépasser les 2°C. Le but est de passer d’une utilisation massive de la voiture à une utilisation massive des transports en commun qui doivent être nombreux, fiables et confortables pour devenir une solution de #remplacement acceptable et enviable pour le plus grand nombre.

    Qui paye ?

    La gratuité, c’est l’#écologie et aussi la #solidarité dans une ville qui compte 21% de personnes sous le seuil de pauvreté, contre 14% dans toute la France. Ce qui représente quand même 1/5 des Niçoises et des Niçois. Mais alors, “qui qui paye dans tout ça ?” / “Non mais, vous avez vu la dette de la métropole ?” / “Je suis contre parce que ça va se répercuter sur nos #impôts, vu que rien n’est gratuit”. Autant d’arguments qu’il va falloir détricoter. C’est plus que nécessaire, parce que quoi que l’on en pense, c’est ce que l’on entend très souvent en parlant de ce sujet autour de nous. Alors oui, une dette bien calibrée peut être un investissement bénéfique pour la collectivité sur le long terme. Mais le truc principal à comprendre et à intégrer, c’est que la gratuité des transports en commun n’est absolument pas synonyme d’une augmentation des impôts.

    Car on fait confiance à nos représentants politiques locaux pour mettre de l’huile sur le feu sur ce sujet précis. Eux qui hurlent régulièrement contre “l’écologie punitive” en nous parlant plutôt d’incitations foireuses pour noyer le poisson. Alors quoi ? La gratuité ? C’est pas de l’#incitation peut-être ? Et pas qu’un peu… Ce n’est pas une incitation à couper l’eau du robinet quand on se lave les dents dont il s’agit, mais bien d’un projet ambitieux, culotté et révolutionnaire étant donné notre rapport aux transports dans les Alpes-Maritimes et en région PACA. Un projet qui a fait ses preuves dans de nombreux endroits comme #Bordeaux, #Aubagne, #Dunkerque ou #Montpellier, où la plupart du temps, la gratuité a d’abord été testée les week-ends, le temps de réadapter les usages et le réseau et pour se donner les moyens de réussir cette utopie concrète.

    La loi de finances 2024 autorise le triplement de la taxe de séjour pour l’Île-de-France. C’est-à-dire la taxe que paient les touristes de passage dans la région. Pour parler concrètement, c’est sur ce levier qu’il faut s’appuyer principalement dans la métropole Nice Côte d’Azur, victime de son sur-#tourisme. Juste retour des choses, les vacanciers qui viennent par paquets en avion, en train et en voiture, mettront la main à la poche pour permettre aux habitant·es de la métropole de se passer de leur bagnole, tout en utilisant des transports de qualité. À elle seule, l’augmentation de la #taxe_de_séjour suffirait à financer l’indispensable extension du réseau. En quelques chiffres, pour bien se rendre compte du truc, rien qu’à Nice, c’est 5 millions de visiteurs par an, 12 000 chambres d’hôtel, dont 38% en 4 et 5 étoiles et 6 000 fiches actives sur Airbnb. Il est donc temps de se servir là où il y a des sous pour faire baisser la pression au niveau du CO2.

    La gratuité limite aussi les #accidents_de_la_route (chouette !) et le coût global de l’ensemble des heures passées dans les #embouteillages (youpi !). Finalement, la gratuité coûte beaucoup moins cher à l’ensemble des collectivités et des entreprises. On lance ça comme ça, à l’attention de nos camarades patrons et patronnes qui, même s’ils et elles devront subir une augmentation de la #taxe_mobilité, n’auront plus à prendre en charge le remboursement des abonnements de transports de leurs salarié·es qui circuleront sur un réseau fiable.

    Plus d’emplois pour une ambiance apaisée

    Partout où la gratuité est passée, on a observé une amélioration des #conditions_de_travail des salarié·es des régies de transports. Alors que la CGT à Dunkerque était contre le projet initialement, elle a totalement changé d’avis par la suite, en constatant que la gratuité avait généré 25% d’#emplois en plus dans le secteur. Par exemple, les #contrôleurs peuvent faire de l’accompagnement de voyageurs. Moins de coups de pression, plus de #médiation ! À Aubagne, ça a considérablement amélioré l’#ambiance sur l’ensemble du réseau, #agent_de_médiation étant quand même un métier bien plus gratifiant que contrôleur. Et puis, fini les campagnes anti-fraude culpabilisantes à la con, la fuite en avant sécuritaire et au final, la mise en danger du personnel.

    Ce n’est pas la gratuité qui crée des pertes d’emplois, que ce soit clair ! Les automates, la suppression des guichets, les chef·fes de gare en moins, les stations fermées partout en France. Tout ça, c’est la réalité que l’on connaît depuis bien trop longtemps maintenant, sur un réseau pourtant payant, dégradé et de plus en plus cher. Comme pour la transition écologique dans le monde paysan, le mieux-vivre ne pourra se concrétiser qu’avec une hausse importante de main-d’œuvre. Davantage de présence humaine, une ambiance apaisée et rassurante pour les usager·es. Voilà l’avenir.

    La mobilité comme #droit_universel

    La dernière augmentation des tarifs de Lignes d’Azur a été très mal vécue par la population qui a eu la sensation de s’être fait berner par des annonces de tarifs dégressifs fallacieuses, avec le prix du ticket et de l’abonnement qui ont augmenté et la carte “10 voyages”, la plus populaire du réseau, qui a été supprimée. Plus les transports sont chers, moins ils sont utilisés par les usagers et moins il est nécessaire de les développer. À méditer quand on sait que Nice Côte d’Azur est la seule métropole dont le tram ne dépasse pas les frontières de sa ville principale. L’augmentation des tarifs est donc une manière de réguler le développement à la baisse. A contrario, accepter la gratuité, c’est accepter la nécessité du développement nécessaire des transports en commun.

    Et à la remarque “Ce qui est gratuit n’a pas de valeur !”, on pourrait répondre que “ce qui est gratuit n’a pas de prix”. Les transports en commun gratuits et la possibilité de se déplacer librement doivent être considérés comme un service universel, au même titre que le droit à la santé ou à l’éducation. Dans les faits, l’école publique est ouverte à tout le monde, et ce, quel que soit le niveau de revenu des familles. Sur le même modèle, tout le monde devrait être à égalité face à la mobilité.

    Le futur, tranquillou…

    Considérer la gratuité des transports en commun est très ambitieux et ne peut pas s’envisager autrement que comme un projet de vie collective plus global, qui inclut aussi le logement, la répartition sur le territoire et la façon dont les un·es et les autres s’approprient la ville de par leurs déplacements. Pensons aux personnes âgées isolées, aux piéton·nes, aux cyclistes ou encore aux enfants qui subissent le tout-voiture partout et tout le temps. Ce paradigme du tout-voiture des années 50 est voué à disparaître, alors il va falloir accompagner tout cela. Pour que la modernité, ce ne soit plus se la raconter dans une berline électrique face à la mer et à fond sur la Prom’, mais bien sauter dans le premier bus ou tram venu à Carros, à la Trinité, à l’Ariane ou place Garibaldi, n’importe quel jour et à (presque) n’importe quelle heure, sans se soucier de quoi que ce soit d’autre que de la destination à laquelle on se rend. Peinard. Et libre d’aller.

    https://blogs.mediapart.fr/mouais-le-journal-dubitatif/blog/020624/liberte-egalite-gratuite-dans-les-transports-en-commun
    #transports_publics #mobilité

  • Allemagne : plus de 3 millions de personnes en quête d’une protection - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/57429/allemagne--plus-de-3-millions-de-personnes-en-quete-dune-protection

    Allemagne : plus de 3 millions de personnes en quête d’une protection
    Par InfoMigrants Publié le : 31/05/2024
    Plus de 3 millions de personnes étaient enregistrées comme cherchant ou ayant obtenu une forme de protection en Allemagne à la fin de l’année 2023, selon les statistiques officielles. À la fin de l’année 2023, près de 3,2 millions de personnes en quête de protection internationale étaient enregistrées en Allemagne, soit une augmentation de 100 000 personnes par rapport à l’année précédente. L’Allemagne reste ainsi en tête de la liste des pays de l’Union européenne qui comptent le plus grand nombre de personnes ayant demandé ou obtenu une protection.
    Selon l’Office allemand des statistiques Destatis, la majorité des personnes proviennent d’Ukraine, soit 977 000 cas. Les Syriens arrivent en deuxième position, avec 712 000 personnes, ce qui représente une augmentation de 6 % par rapport à 2022. Les plus de 323 000 Afghans constituent le troisième groupe le plus important, avec une hausse de 13 % par rapport à l’année précédente.
    Arrivent ensuite les ressortissants irakiens et turcs, avec respectivement 200 000 et un peu plus de 150 000 personnes.
    Ces cinq nationalités combinées composaient environ 75 % de toutes les personnes en quête d’une protection l’année dernière, alors que le nombre d’arrivées de demandeurs d’asile continue d’augmenter dans toute l’Europe.Plus de 2,5 millions de personnes se sont vu accorder un statut de protection à la fin de l’année dernière, souligne le rapport, soit une hausse de 12 % des demandes traitées.
    La grande majorité des demandeurs n’ont toutefois obtenu qu’un statut de protection temporaire, dont la moitié par le biais d’une procédure d’asile simplifiée. Si le paysage politique dans leur pays d’origine venait à changer et qu’ils ne sont plus considérés comme étant persécutés, ces personnes perdraient leur droit de séjour temporaire et seraient invités à rentrer chez eux. Il est à noter que les Ukrainiens qui ont fui la guerre ont obtenu une autorisation de séjour temporaire dans le cadre d’un dispositif de protection générale accordée par l’Union européenne. Dans le même temps, 189 000 personnes ont vu leur demande d’asile rejetée ou ont perdu leur statut de protection en Allemagne l’an dernier. Cela ne signifie pas automatiquement qu’elles seront expulsées, car il existe encore d’autres formes de résidence, comme la “Duldung”, qui est un séjour toléré, dans la mesure où une personne ne peut être renvoyée pour des raisons allant de l’absence de documents de voyage à un état de santé fragile. Toutefois, les taux d’expulsion ont à nouveau progressé ces derniers mois. Au cours du premier trimestre 2024, l’Allemagne a renvoyé près de 4 800 personnes dont la demande de protection a été rejetée, un chiffre en hausse de 30 % par rapport à la même période de l’année dernière, selon un rapport du quotidien TAZ.
    La majorité des personnes expulsées depuis le début de l’année sont originaires de Macédoine du Nord, qui est considérée comme un pays d’origine sûr. Pour la même raison les autorités allemandes ont renvoyé des ressortissants de la Géorgie et de la Serbie. Le journal précise que dans 7 050 cas, les expulsions n’ont pas eu lieu, le plus souvent parce que les autorités ignorent où se trouvent les personnes concernées. En outre, selon Destatis, le statut de protection de 455 000 personnes était toujours en cours d’examen à la fin de l’année 2023, soit une baisse de 20 % du nombre de dossiers en cours par rapport à fin 2022.
    (...) Les données révèlent également l’âge moyen des personnes en quête d’une protection. En Allemagne, un demandeur d’asile ou un réfugié a en moyenne 32,2 ans, ce qui est considérablement plus jeune que l’âge moyen en Allemagne, qui est de 44,6 ans. Une nouveauté observée sur les dernières années est la parité parmi les demandeurs d’asile et les réfugiés. Ainsi, les femmes représentent 49 % de toutes les personnes enregistrées. Toutefois, cela s’explique en grande partie par le fait que l’immense majorité des personnes fuyant l’Ukraine sont des femmes, alors que la plupart des demandeurs d’asile en provenance du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie sont des hommes

    #Covid-19#migrant#migration#allemagne#syrie#afghnistan#ukraine#turquie#irak#moyenorient#afrique#asie#protection#droit#politiquemigratoire#emploi#sante

  • Apprentissage : les dérapages financiers et pédagogiques sur un plateau de télé | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/nasr-lakhsassi/blog/210524/apprentissage-les-derapages-financiers-et-pedagogiques-sur-un-platea

    L’argent public est absorbé par un trou noir

    L’open bar des primes et de l’argent facile fonctionne donc parfaitement...pour les employeurs et les centres de formation. Un puits sans fonds. L’eldorado, il est là ! Et nombreux sont ceux qui en sont devenus accrocs, y compris les patrons milliardaires des multinationales !

    Depuis la mise en place de la réforme, les financements publics alloués à l’apprentissage n’ont cessé d’augmenter.

    Dans son étude « Un bilan des années folles », Bruno Coquet montre que les dépenses publiques sont passées de 5 693 M € en 2017 à 19 894 M € en 2022.

    Les dépenses publiques enregistrées en 2023 s’élèvent à 22 milliards d’après France info.

    « Jamais une politique de soutien à l’emploi n’a été aussi coûteuse pour les finances publiques. Ce sont des milliards d’euros de deniers publics qui partent en pure perte. Sans aucune régulation derrière ! » Ces mots forts viennent d’un haut fonctionnaire tenu au devoir de réserve. De ceux qui n’aiment pas les polémiques et tiennent plutôt les journalistes à distance. Sauf que là, la moutarde pique trop : « Il faut ouvrir le capot de ce beau discours sur la hausse de l’apprentissage. » Libération 23 novembre 2022.

    #apprentissage #privé #emploi #argent_public #dette

  • Seniors : comment travailler plus longtemps quand personne ne vous recrute plus ?
    https://theconversation.com/seniors-comment-travailler-plus-longtemps-quand-personne-ne-vous-re

    Le nombre des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans a nettement augmenté, passant de 312 000 en 2008 (cat. A) à 809 000 fin 2022 (il a baissé chez les moins de 25 ans, passant de 355 000 à 311 000 demandeurs). De surcroit, il s’agit beaucoup plus souvent de chômeurs de longue durée : la durée moyenne de chômage des plus de 50 ans était de 370 jours début 2008. Elle atteint 665 jours fin 2022 (celle des moins de 25 ans est passée de 123 jours à 143 jours).

    Des « testings », qui permettent de juger de la réaction des recruteurs face à des candidatures factices montrent une situation désastreuse et qui ne change pas. En 2006, un candidat de 48-50 ans avait en moyenne trois fois moins de chance qu’un candidat de 28-30 ans de passer le stade du tri de CV. Un candidat au nom maghrébin avait aussi à cette date environ trois fois moins de chances de recevoir une réponse positive qu’un autre.

    En 2022, le résultat est quasiment le même s’agissant des candidats seniors. Une personne ayant entre 48 et 55 ans a trois fois moins de chance d’être rappelée pour un entretien qu’un 23-30 ans (75 % de réponses positives de moins). La discrimination en raison du nom porté (les origines nationales) a diminué (33 % de réponses positives de moins au lieu 75 % en 2006). Ces « testings » sur l’âge révèlent là encore les médiocres résultats de la France par rapport aux autres pays européens et aux États-Unis.

  • Assurance-chômage : la réforme pourrait affecter jusqu’à un tiers des allocataires
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/05/18/assurance-chomage-la-reforme-pourrait-affecter-jusqu-a-un-tiers-des-allocata

    L’une des pistes privilégiées aujourd’hui par l’exécutif consisterait à accroître la « #durée_d’affiliation » – c’est-à-dire le temps de travail nécessaire pour être éligible à l’#assurance-chômage. A l’heure actuelle, il faut avoir exercé une activité de six mois sur une « #période_de_référence » de vingt-quatre mois pour être indemnisé.

    Le premier paramètre pourrait être modifié : s’il passait à sept mois, 11 % des allocataires seraient pénalisés (avec une entrée plus tardive dans le régime), ce qui engendrerait, à terme, une économie de 400 millions d’euros par an. S’il était relevé à douze mois, 31 % des personnes seraient touchées, tandis que l’Unédic, elle, verrait sa facture s’alléger de 2,3 milliards d’euros. Autre solution, aux effets encore plus puissants : raccourcir la « période de référence » en la ramenant de vingt-quatre à dix-huit mois. Dans cette éventualité, 32 % des allocataires seraient « impactés » et les économies atteindraient le montant colossal de 7,5 milliards d’euros par an.

    « Ramener de l’argent »

    Parmi les critères susceptibles d’évoluer figure également la durée pendant laquelle les demandeurs d’emploi sont couverts : si elle était fixée à douze mois (contre dix-huit, aujourd’hui, pour les personnes de moins de 53 ans), le régime économiserait environ 6 milliards d’euros.

    L’étude diffusée vendredi montre également que la réforme n’a pas les mêmes retombées suivant les curseurs qui sont actionnés. Une augmentation de la durée d’affiliation frappe particulièrement les moins de 25 ans ainsi que les individus s’inscrivant au chômage après un CDD ou une mission d’intérim. Les profils seraient très différents s’il était décidé de réduire la #durée_d’indemnisation : selon l’Unédic, il y aurait davantage de personnes d’au moins 25 ans ou ayant mis fin à leur contrat de travail après une rupture conventionnelle ; ceux qui perçoivent des allocations au-dessus de la moyenne seraient également plus nombreux.

    #chômeurs

    • Réforme de l’assurance-chômage : le gouvernement mise sur 3,6 milliards d’euros d’économies et la création de 90 000 emplois
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/05/22/reforme-de-l-assurance-chomage-le-gouvernement-mise-sur-3-6-milliards-d-euro

      L’exécutif espère atteindre ces objectifs en réformant les règles d’indemnisation des chômeurs par un #décret, dont les contours sont actuellement présentés par la ministre Catherine Vautrin aux partenaires sociaux.

      .... il faudra avoir travaillé huit mois dans les vingt derniers mois, au lieu de six mois dans les vingt-quatre derniers mois actuellement.

      #guerre_aux_pauvres #travail #société_punitive

    • Une des conceptrices de la réforme récompensée.

      Alexandra Roulet, lauréate du Prix du meilleur jeune économiste 2024 : « L’assurance-chômage comporte un aléa moral »


      Alexandra Roulet, lauréate du Prix du meilleur jeune économiste 2024, dans les locaux du « Monde », le 22 mai 2024. BRUNO LEVY POUR « LE MONDE »

      Alexandra Roulet est récompensée ce lundi 27 mai du Prix du meilleur jeune économiste 2024. Professeure d’économie à l’Insead, c’est une spécialiste du #travail, de l’assurance-chômage, des politiques de l’#emploi et des inégalités hommes-femmes.

      [...]

      Vous avez durant un an travaillé au plus près de la décision politique en étant conseillère économique à l’Elysée et à Matignon entre 2022 et 2023. Est-ce un avantage ou un handicap quand on revient à la recherche académique ?
      J’ai beaucoup aimé ce passage en cabinet et je recommande aux académiques de faire des expériences hors du champ universitaire. Cela m’a permis de toucher du doigt les contraintes du politique, y compris sur les sujets que l’on croit bien connaître. Par exemple dans le domaine du travail, j’ai été confrontée aux aspects juridiques et politiques de ce dossier. Cela m’a peut-être laissé une étiquette, mais j’ai eu peu de réactions hostiles et je garde le plaisir de dialoguer avec tout le monde, quelles que soient les orientations. J’espère que mes travaux ne seront pas jugés à travers ce filtre, mais pour ce qu’ils sont.

      https://justpaste.it/89aso

      #économie #économistes #sans_vergogne

  • Le gouvernement veut réduire le nombre de ruptures conventionnelles
    https://www.bfmtv.com/economie/economie-social/social/le-gouvernement-veut-reduire-le-nombre-de-ruptures-conventionnelles_AV-202311

    Pour faire baisser le #chômage, Matignon veut réduire le recours des salariés à la rupture conventionnelle, ce dispositif qui permet de quitter l’entreprise en percevant des indemnités.

    #emploi #rupture_conventionnelle #revenu

  • Avec un taux de chômage à 7,5 %, la promesse du plein-emploi s’éloigne, sauf pour les seniors
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/02/13/avec-un-taux-de-chomage-a-7-5-la-promesse-du-plein-emploi-s-eloigne-sauf-pou

    (...) Dans le cadre du « nouveau pacte de la vie au travail » annoncé par M. Macron à la mi-avril 2023, le pouvoir en place veut parvenir « au plein-emploi des seniors ». Un objectif chiffré a même été évoqué : la proportion d’individus âgés de 60 à 64 ans et titulaires d’un poste devra s’élever à 65 % « à l’horizon 2030 », alors qu’elle n’était que de 36,2 % en 2022.

    Le projet paraît très osé, car il implique d’accomplir un saut quantitatif de près de 30 points en moins d’une décennie. Pour mémoire, le gain n’avait été que de 13,3 points entre 2012 et 2022. Mais plusieurs économistes considèrent que les intentions de l’exécutif n’ont rien de saugrenu.

    « Ça ne me paraît pas irréaliste », commente Yannick L’Horty, professeur à l’université Gustave-Eiffel. L’évolution en cours est déjà orientée à la hausse, explique-t-il. S’y ajouteront deux autres « effets » : celui des « durcissements » des règles d’assurance-chômage, décidés en 2019 et en 2022, et celui imputable à la réforme des retraites, qui, en décalant l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, va conduire des millions de travailleurs à rester en activité jusqu’à cette borne d’âge.

    Gilbert Cette, professeur à Neoma Business School, partage l’avis de son collègue : un ratio de 65 % à l’horizon 2030 est, dit-il, « très ambitieux, mais atteignable ». « La réforme des retraites y aidera », avance-t-il, lui aussi. De façon plus globale, il fait valoir que « l’objectif d’une augmentation du taux d’#emploi, en particulier des #seniors, est une nécessité si l’on souhaite accroître le PIB et les recettes fiscales, de façon à faire face aux défis qui sont devant nous » : financement de la transition climatique, désendettement public, réponse aux attentes en matière de pouvoir d’achat, etc.
    Pour Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le but du « nouveau pacte de la vie au travail » est « un peu optimiste », mais « il est sûr », enchaîne-t-il, que la part des 60-64 ans en emploi va progresser, avec le report de l’âge d’ouverture des droits à la #retraite. « Le gouvernement prend un risque limité en mettant en avant ce ratio de 65 %, analyse-t-il. Même s’il ne l’atteint pas, il sait qu’il s’en rapprochera et que l’évolution sera favorable. »
    Ce n’est pas le cas, en revanche, s’agissant de l’objectif de plein-emploi, avec un taux de #chômage autour de 5 % en 2027.« Il est presque certain qu’un tel résultat est hors de portée, désormais, compte tenu du ralentissement plus marqué et plus durable que prévu de la croissance, juge Eric Heyer. Le pouvoir en place en a conscience et il adapte son discours à cette perspective, en se fixant un nouveau cap, qui semble moins inaccessible. »

    • Hétérogénéité du chômage, il suffit que l’adulescence s’étiole un tant soit peu pour verser dans la senioritude. Les témoignages qui suivent proviennent de personnes de 42 ans et plus.

      « Quand vous n’avez pas de boulot, vous vous sentez en marge de la société » : chez les chômeurs, la crainte d’un nouveau durcissement de l’assurance-chômage
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/04/22/quand-vous-n-avez-pas-de-boulot-vous-vous-sentez-en-marge-de-la-societe-chez

      Alors que le premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé une nouvelle réforme pour « inciter davantage à la reprise d’emploi », des personnes au chômage racontent le chemin semé d’embûches pour retrouver un travail.
      Par Jérémie Lamothe - Publié le 22 avril 2024


      Après avoir occupé pendant « plus de vingt ans » divers postes dans les ressources humaines, Dominique (les personnes citées par leur prénom n’ont pas souhaité donner leur nom) se retrouve désormais « de l’autre côté », celui des demandeurs d’emploi, à la suite d’un licenciement économique en novembre 2023. Une fois passé le « choc psychologique » lié à la perte de son poste et après une expérience non concluante de quelques semaines en début d’année, cet ancien responsable de recrutement de 55 ans s’astreint à conserver un quotidien qui s’apparente « à de vraies journées de travail ».

      Dès l’aube, Dominique épluche les offres d’emploi, postule à certaines d’entre elles, relance des recruteurs, se rend à des entretiens, tout en se tenant informé des sujets d’actualité de son secteur, « comme actuellement sur l’intelligence artificielle ». A la fin de ses journées, ce père de famille note sur son ordinateur toutes les actions entreprises « pour [se] donner l’impression [qu’il n’a] pas passé [sa] journée à ne rien faire », avant de préparer une « to-do list » des tâches à réaliser le lendemain : « C’est une façon de fonctionner un peu excessive, mais je veux absolument retrouver un job. »

      Alors quand le premier ministre, Gabriel Attal, annonce une nouvelle réforme de l’assurance-chômage – de nouvelles règles doivent être fixées dès le 1er juillet – et l’augmentation des contrôles pour « inciter davantage à la reprise d’emploi » en arguant que « le #travail doit toujours mieux payer que l’inactivité », Dominique se demande si l’exécutif « considère bien le côté psychologique d’être au chômage ». « On n’est pas là à ne rien faire et à attendre que ça passe, se justifie-t-il. Le travail permet de structurer chaque être humain, quand vous n’avez pas de boulot, vous vous sentez en marge de la société. »

      La volonté du premier ministre de durcir à nouveau les règles de l’#assurance-chômage en proposant de réduire la durée d’indemnisation, de réduire le montant ou d’augmenter le temps de travail nécessaire pour bénéficier d’une indemnité a ainsi été perçue par bon nombre de personnes en recherche d’emploi comme un nouveau coup rude reçu dans un chemin déjà semé d’embûches.

      Au chômage et percevant le revenu de solidarité active (#RSA), Anne-Laure, déplore, elle, « un discours qui culpabilise les plus #précaires ». « S’il y avait vraiment un véritable accompagnement, d’accord. Mais il n’y a même pas ça », rejette cette ancienne secrétaire de rédaction de 60 ans, qui reproche notamment à #France_Travail un manque de suivi régulier. Cette Francilienne s’est vu proposer plusieurs propositions qu’elle juge « inadéquates » par l’organisme, telle que cette offre pour être comptable, « alors [qu’elle n’a] aucune expérience dans la comptabilité », avant d’être orientée vers une formation pour devenir agent de sécurité à l’occasion des Jeux olympiques. « Je me retrouve à être dirigée vers quelque chose qui ne me correspond pas, mais bon ça me permettra de travailler… », explique-t-elle, avec un certain fatalisme.

      « Une claque supplémentaire »

      Pour Jean-Marie Pillon, maître de conférences en sociologie à l’université Paris-Dauphine, ce discours tenu par le gouvernement, « qui considère le chômage comme total et volontaire avec des gens qui passent leur temps à ne rien faire », ne correspond d’ailleurs pas à la réalité du marché du travail actuel. Dénonçant ce « régime de suspicion », le sociologue rappelle que la moitié des allocataires, à la fin du troisième trimestre 2023, ont travaillé « une partie du mois tout en étant inscrits à Pôle emploi » , comme l’a souligné l’Unedic dans une étude parue le 20 mars. « En plus du sentiment de culpabilité d’être au chômage, de la dégradation de l’image de soi, va s’ajouter une angoisse matérielle de voir ses droits diminuer », ajoute Nathalie Hanet, présidente de l’association Solidarités nouvelles face au chômage.

      Une « peur » ressentie par Vanda (le prénom a été changé), qui s’est de nouveau retrouvée au chômage en janvier après la fin d’un contrat de deux mois à la direction départementale du travail à Nancy. Bien qu’elle « regarde beaucoup les actualités », cette femme de 46 ans « zappe » désormais dès qu’elle aperçoit Gabriel Attal à la télé ou que le sujet de l’assurance-chômage est évoqué en plateau. « Ça me remet une claque supplémentaire. Je n’ai jamais demandé à être au chômage », raconte-t-elle. Son angoisse est d’autant plus grande que son allocation d’aide au retour à l’emploi de 730 euros par mois doit prendre fin en novembre. « Là je me débrouille par moi-même mais jusqu’à quand ? s’inquiète-t-elle. Je sais que la prochaine étape c’est le RSA… »

      Mais dans sa recherche active d’emploi pour un poste de secrétaire d’accueil ou d’assistante administrative, Vanda ne souhaite pas « [se] précipiter sur n’importe quelle offre ». « Je reste dans mon domaine, je ne veux pas un poste qui soit en dessous de mes compétences », fait-elle savoir. Elle a bien eu « deux entretiens » depuis janvier, mais à chaque fois la même réponse, négative, tombe sans explication. Il faut alors tourner la page de cet espoir déçu et repartir dans ce quotidien rythmé par la chasse aux offres de travail et l’envoi spontané de CV et _[la rédaction...]_de lettres de motivation, sans avoir la certitude qu’ils soient lus. Il faut aussi composer avec cette irrémédiable attente d’un retour de la part des employeurs après avoir passé des entretiens.

      « Mettre fin aux préjugés »

      « On vous laisse constamment dans une #incertitude_, regrette Agnès, 48 ans, à la recherche d’un emploi dans l’édition à Paris. _Alors on attend, on recontacte le recruteur qui ne nous répond pas. Au bout d’un moment on se dit : “Ils n’ont même pas pris le temps de me rappeler donc je ne vaux rien.” » « C’est déstabilisant », pointe-t-elle, reconnaissant « dormir de plus en plus mal » face à cette situation.
      « Il y a plein de codes à avoir quand on recherche un travail », ajoute Ophélie, 39 ans. Actuellement en arrêt maladie après avoir alterné des périodes de chômage et des contrats dans l’aide à la personne, elle « crain[t] d’être perçue comme une forceuse » en relançant un recruteur : « Il ne faut pas leur montrer qu’on est désespéré, et qu’on attend à tout prix leur réponse. » A toutes ces difficultés s’ajoute aussi, pour certains de ces demandeurs d’emploi, la sensation de voir des portes se refermer en raison de leur âge, et ce, malgré la réforme des retraites, qui a allongé en 2023 l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. « On nous répond qu’on est trop expérimenté, qu’on va s’ennuyer à ce poste et qu’un profil plus junior a été choisi », relate Agnès, qui ne pensait pas « être perçue comme une senior à 48 ans ».

      Mais alors que le gouvernement souhaite engager sa quatrième réforme de l’assurance-chômage depuis 2018 afin d’atteindre le plein-emploi – autour de 5 % de chômage, contre 7,5 % aujourd’hui –, ces chômeurs ont le sentiment que leurs efforts pour retrouver un emploi ne sont pas reconnus par les responsables politiques, tout en étant ignorés par l’opinion publique. Dans la cinquième édition du baromètre de la perception du chômage et de l’emploi, publiée en décembre 2023 par l’Unedic, la moitié des personnes interrogées considèrent en effet que la plupart des chômeurs ne cherchent pas vraiment à retrouver un emploi et sont responsables de leur situation.

      Or pour Nathalie Hanet, c’est aussi à l’Etat et aux employeurs de prendre leurs responsabilités pour « mettre fin aux préjugés, qui sont parfois inconscients, de recruteurs qui écartent des CV dès que le parcours est un peu haché, que la durée au chômage s’allonge ou que la personne dépasse la cinquantaine ». « Le vrai sujet maintenant, c’est : qu’est-ce qu’on met en place pour mieux accompagner ces personnes et leur permettre de retrouver un emploi _, conclut-elle à destination du gouvernement.

      Jérémie Lamothe

      #rat_race

  • Ces salariés rémunérés au smic toute leur carrière : « Le temporaire dure depuis vingt-deux ans »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/02/ces-salaries-remuneres-au-smic-toute-leur-carriere-le-temporaire-dure-depuis


    Un salarié contrôle une machine dans la verrerie d’Arc, à Arques (Pas-de-Calais), le 9 septembre 2022. SAMEER AL-DOUMY / AFP

    Ce phénomène de stagnation concerne notamment les femmes et les travailleurs âgés de plus de 50 ans.
    Par Jérémie Lamothe - Publié le 02 avril 2024

    En intégrant Phone Régie en 2002 en tant qu’hôtesse d’accueil standardiste en région parisienne, Géraldine (le prénom a été changé), alors âgée de 30 ans, en était persuadée : ce boulot « alimentaire » rémunéré au smic, qui lui permettait d’échapper au chômage, ne serait que « temporaire ». « Mais le temporaire dure depuis vingt-deux ans, et je suis toujours au smic », raconte-t-elle.

    Elle a bien été augmentée « une fois » par sa direction « d’une dizaine d’euros en 2010 », se remémore-t-elle, avant d’être rattrapée par le smic, indexé, lui, sur l’inflation. « A quoi ça sert d’aller batailler auprès de la direction pour avoir une augmentation, si c’est pour être de nouveau au smic quelque temps après ? », s’interroge cette mère de deux enfants, âgés de 10 et 18 ans.

    Plus de 3 millions de salariés, soit près d’une personne sur cinq (17,3 % ) dans le secteur privé non agricole, sont payés actuellement au salaire minimum (1 398,69 euros net par mois). Un niveau inédit – la proportion était de près de 12 % en 2021 – atteint en raison, notamment, de la flambée des prix et de la politique d’#exonération de charges. Les rémunérations jusqu’à 1,6 fois le smic sont exonérées de cotisations patronales, mais pas au-delà, ce qui n’incite pas les entreprises à revaloriser les fiches de paie. « Augmenter de 100 euros le revenu d’un employé au smic » revient aux entreprises à « débourser 238 euros de plus », résumait, le 30 janvier, à l’Assemblée nationale, le premier ministre, Gabriel Attal.

    « Manque de considération »

    Des employés, à l’instar de Géraldine, se retrouvent ainsi cantonnés au #salaire_minimum tout au long de leur vie professionnelle. Dans une étude parue en 2019 sur les trajectoires salariales de salariés au smic entre 1995 et 2015, la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques estimait que 20 % des salariés rémunérés autour du smic l’étaient depuis au moins deux ans.

    Ce « phénomène de stagnation » se « concentre sur une partie des salariés qui restent durablement rémunérés » au smic, notamment les #femmes et les travailleurs de plus de 50 ans. Et plus le temps passé au smic s’accroît, plus le risque de ne pas voir sa fiche de paie évoluer augmente. Derrière cette absence d’évolution salariale, ces travailleurs au smic, qui occupent le plus souvent un #emploi_pénible (hôtellerie-restauration, grande distribution, logistique…), souffrent aussi « d’être bloqués à leur poste et de ne plus pouvoir connaître de mobilité ascendante au sein de leur entreprise », relève Lucas Tranchant, maître de conférences en sociologie à l’université Paris-VIII. Et il y a cette réalité moins visible, mais tout aussi lancinante pour ces salariés, du « manque de considération » et de « reconnaissance » qui accentue leur amertume vis-à-vis de leur employeur, les interrogeant sur le sens même de leur #travail.

    « Le salaire, c’est ce qui donnait une reconnaissance au travail réalisé, notamment dans les emplois pénibles, avance Lucas Tranchant. Mais c’est en train de disparaître avec cette #smicardisation des emplois peu qualifiés. » « On est là au cœur des tensions sociales », ajoute le directeur de l’Observatoire des inégalités, Louis Maurin : « S’il n’y a pas de dynamique [salariale ou professionnelle], c’est l’idée que, quelque part, vous ne comptez pas. Il doit y avoir une forme de responsabilité des entreprises sur ce qu’elles font de la vie des gens. »

    Alors qu’il commence sa « vingt-cinquième année » au smic depuis la signature de son contrat en 1999 chez le géant du verre en difficulté, Arc International, Christophe, 48 ans, se souvient « en [avoir] fait, des demandes d’augmentation ». A chaque fois, il a obtenu la même réponse : « Ils n’ont pas de budget, pas de place pour que j’évolue… Ils ont toujours une excuse pour ne pas m’augmenter. » A tel point que cet opérateur en préparation et conditionnement dans l’usine d’Arques (Pas-de-Calais) envisage de quitter la stabilité de son CDI pour devenir coach sportif, avec l’espoir de gagner davantage : « Je peux viser entre 60 et 80 euros de l’heure, alors que je suis autour de 11 euros chez Arc… »

    Un décompte scrupuleux

    Car avec la poussée inflationniste de ces deux dernières années (plus de 10 % d’#inflation cumulée en deux ans, + 20 % pour les produits alimentaires) les fins de mois sont devenues encore plus difficiles pour ces salariés au smic. « Je survis, souffle Christophe. Je ne fais pas mes comptes, quand faut payer, faut payer… »

    Afin de ne pas se laisser déborder par cette envolée des prix, Chantal (le prénom a été changé), salariée depuis cinq ans au smic par une association dans le Sud-Est, tient, elle, un décompte scrupuleux de chacune des dépenses de la famille sur un tableur Excel. « On est tout le temps dans la réflexion : est-ce qu’on peut acheter ça, ou pas ? », explique cette employée de 41 ans, mère de deux enfants. Il a aussi fallu apporter quelques changements aux habitudes familiales : la viande rouge se fait plus rare à table, le compte Netflix à 150 euros par an a été supprimé et, pour les vacances, « on essaye aussi de rogner, en allant chez les amis, la famille », explique Chantal.

    Opératrice téléphonique au #smic chez Concentrix Webhelp depuis dix-huit ans et mère célibataire de deux enfants, Nadège Chainier voit, elle, son #salaire être « mangé aux trois quarts » chaque mois par son prêt immobilier de 600 euros, et la consommation d’eau et d’électricité. Alors, elle a dû faire une croix sur les vacances, ce qui a provoqué l’incompréhension de la plus jeune de ses filles, âgée de 10 ans. « Elle m’a dit qu’elle n’était jamais partie en vacances pendant une semaine comme on a pu le faire pour sa grande sœur. Ça fait de la peine en tant que parent d’entendre son enfant dire qu’il veut partir en vacances. On se dit : “Merde, on a loupé un truc” », raconte la salariée de 48 ans.
    Jérémie Lamothe

    Les emplois qui, soit au SMIC horaire soit guère mieux payés, sont rémunérés en deçà du SMIC mensuel, qu’il s’agisse de temps partiels ou/et d’emplois discontinus sont zappés. Autant de salarié.e.s à ajouter aux 17% de #smicards proprement dit.

    55 ans après on "pense" le SMIC dans les termes de l’époque de son instauration, en 1967.

    #emploi #précarisation

  • Pourquoi la scission des activités énergies du groupe américain General Electric inquiète les salariés en France
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/territoire-de-belfort/belfort/pourquoi-la-scission-des-activites-energies-du-groupe-a

    Scindées en deux entités distinctes, les filiales énergies et aéronautique de General Electric font désormais bande à part en bourse. Une opération qui inquiète les syndicats des usines françaises liées à l’énergie, désormais « GE Vernova » : ils craignent des nouvelles suppressions d’emplois.

    Pour les 9.000 salariés français qui travaillent dans l’une des filiales énergétiques de General Electric, c’est officiel : depuis ce mardi 2 avril 2024, ils ne font plus partie du grand conglomérat américain, mais de « GE Vernova ». Les activités aéronautiques et énergétiques de la grande entreprise ont été scindées en deux, quelques mois après le départ des activités liées au domaine médical vers la nouvelle entreprise « GE Healthcare ». Une opération boursière qui inquiète les syndicats, car elle pourrait annoncer de nouvelles grandes restructurations.

    « Tout le monde sera touché »

    « Ça va accélérer les restructurations » soupire Philippe Petitcolin, délégué syndicat CFE-CGC, le premier syndicat chez General Electric (GE) en France et à Belfort.

    « Avec l’aviation, le groupe GE était un groupe rentable financièrement », explique l’élu du personnel, « là, l’entité séparée n’aura pas le niveau de rentabilité attendu ». En 2023, la filiale GE Aerospace, dont les moteurs d’avions sont particulièrement demandés, a enregistré une augmentation de son chiffre d’affaires de 12% et de son bénéfice de 11%, quand la filiale énergies a peiné à « trouver une rentabilité » notamment du fait d’une conjoncture difficile pour l’éolien.

    « On sait que GE Vernova ne sera pas viable financièrement d’un point de vue boursier » résume Philippe Petitcolin. « Ils ont déjà annoncé pour la partie wind off-shore [nrdl : les éoliennes en mer] des restructurations agressives ». Les sites de Nantes, St-Nazaire et Cherbourg sont concernés.

    « Que fait l’État  ? »

    « Cherbourg, c’est la seule usine de pales électriques en France, et elle est amenée à disparaître » s’insurge le délégué syndical. Lui voit dans ces restructurations une menace pour l’indépendance industrielle française : « Que fait l’État par rapport aux objectifs de France 2030 ? Est-ce qu’on compte faire de l’énergie avec des acteurs étrangers ? », s’interroge-t-il « Parce que l’acteur français continue d’être démantelé sous les yeux du gouvernement ».

    Le délégué syndical estime que les décisions de son entreprise n’ont guère plus à voir avec les intérêts français : « c’est une entreprise de plus en plus américaine avec des centres de décisions de plus en plus aux US contrairement aux accords : un staff américain, un projet américain basé sur le marché américain, avec des clients aux US ».

    Cette nouvelle entité « GE Vernova », dont vont dépendre 3.000 salariés à Belfort, est cotée à la bourse de New York.

    #General_Electric #emploi #Alstom #industrie

  • « Il faut prendre en compte les réalités de l’économie de la culture fondée sur la contribution des artistes-auteurs faiblement rémunérés »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/25/il-faut-prendre-en-compte-les-realites-de-l-economie-de-la-culture-fondee-su

    Un collectif rassemblant plusieurs milliers de personnalités du monde culturel, dont la réalisatrice Agnès Jaoui, l’écrivain Nicolas Mathieu et la dessinatrice de bandes dessinées Pénélope Bagieu, demande, dans une tribune au « Monde », l’adoption d’une proposition de loi visant à intégrer les #artistes-auteurs dans la caisse commune de l’#assurance-chômage.

    Aucun livre, film, spectacle vivant, aucune création visuelle, plastique, graphique ou sonore ne peut exister sans le #travail initial d’un ou d’une artiste, ou d’un auteur ou d’une autrice. Nous, les artistes-auteurs, sommes à l’origine de toute œuvre. Nous sommes la condition sine qua non de la création contemporaine, l’élément moteur de la vie culturelle et intellectuelle de notre pays. Notre travail génère une activité économique qui fait vivre les secteurs de la musique, de l’art contemporain, de l’édition, du design ou du cinéma.

    Environ 720 700 emplois dépendaient directement de nos créations en 2019, selon l’analyse conjoncturelle du chiffre d’affaires de la culture au quatrième trimestre 2022. En 2022, les secteurs de l’art et de la #culture représentaient plus de 90 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un montant colossal, mais sans rapport avec nos conditions de vie.
    En 2021, nous étions plus de 300 000 à avoir déclaré des revenus au régime des artistes-auteurs. Parmi nous, des écrivains, des compositeurs, des réalisateurs, des scénaristes, des photographes, des graphistes, des peintres, des sculpteurs, des illustrateurs, des designers ou encore des traducteurs.

    Une précarité structurelle

    Malgré la diversité de nos professions, nous partageons un statut offrant une faible protection sociale. Contrairement aux artistes-interprètes, nous ne bénéficions pas des #droits_sociaux fondamentaux que sont la reconnaissance des accidents du travail ou des maladies professionnelles. Nous n’avons pas non plus accès à l’assurance-chômage, en dépit de nos #emplois_précaires et discontinus.

    Pourtant, nous sommes aussi des travailleurs et prétendons à une couverture sociale digne de ce nom. La situation sociale des métiers de la création est bien documentée : en 2017, 53 % des artistes graphiques et plastiques ont perçu moins de 8 703 euros de revenus artistiques annuels, selon le rapport d’activité 2018 de la Maison des artistes. Si toutes nos professions ne sont pas égales face à la #pauvreté, tous les artistes-auteurs partagent une précarité structurelle qui les empêche de se projeter et d’envisager l’avenir sereinement.

    La situation est également bien connue du Parlement européen, qui, dans sa résolution du 21 novembre 2023, alerte sur les droits des artistes-auteurs, soulignant qu’ils devraient, comme tous les travailleurs, bénéficier « du droit à un salaire minimum, à la négociation collective, à une protection en ce qui concerne le temps de travail et la santé, à des congés payés et à un accès amélioré à la protection contre les accidents du travail, aux prestations de chômage et de maladie, ainsi qu’aux pensions de vieillesse contributives ».

    Intégrer la caisse commune de l’assurance-chômage

    Il est temps de prendre en compte les réalités d’une économie fondée sur la contribution de travailleurs faiblement rémunérés, soumis à une concurrence féroce et relégués dans des dispositifs inadaptés comme le RSA [revenu de solidarité active] et l’ASS [allocation de solidarité spécifique]. Les réformes en cours menacent d’ailleurs d’en priver nombre d’artistes-auteurs, qui risquent alors de devoir renoncer à leur métier.

    C’est pourquoi, avec Pierre Dharréville, député (Gauche démocrate et républicaine) des Hauts-de-Seine, et la commission culture du Parti communiste français, des syndicats et associations (SNAP CGT, STAA CNT-SO, La Buse, la SRF, l’AFD) ont rédigé, sous l’œil attentif de la majorité des organisations professionnelles, une proposition de loi visant à intégrer les artistes-auteurs dans la caisse commune de l’assurance-chômage.

    Son adoption serait une avancée historique s’inscrivant dans la continuité des dispositifs en place. Car, depuis le milieu des années 1970, nous sommes adossés au régime général de la Sécurité sociale et bénéficions des droits de salariés en ce qui concerne la retraite, la maladie et la famille. Il s’agira ici d’étendre ces prestations au chômage, conformément aux recommandations du Parlement européen.

    Une usure physique et psychique

    Ce progrès social majeur serait financé par une augmentation des cotisations payées par les diffuseurs, qui passeraient de 1,1 % à 5,15 % – les artistes-auteurs s’acquittant déjà d’une part salariale de la contribution chômage via la CSG [contribution sociale généralisée].

    La liberté, au cœur de la création, ne peut exister qu’à l’abri de logiques ultra-concurrentielles qui favorisent les violences systémiques. Contre l’incertitude des règles du marché, qui conduisent à obéir plutôt qu’à inventer, nous devons construire des droits qui changent la donne. S’il est émancipateur, le travail de création génère aussi du stress, des angoisses, amplifiés par l’absence de protection sociale. Cette précarité provoque de l’usure physique et psychique.

    Une rémunération archaïque héritée du XIXe siècle

    L’effet immédiat de ce dispositif de continuité du revenu sera de sortir de la #précarité économique nombre d’entre nous, qui pourront ainsi se maintenir en activité. Nous aurons plus d’aisance pour négocier nos contrats, et serons en meilleure position dans les rapports de force, forcément inégaux, instaurés par les diffuseurs et les commanditaires.
    Moins #précaires, nous n’aurons plus à choisir entre une vie de famille et la poursuite de notre carrière. Nous pourrons envisager plus sereinement des situations de vie extrêmement banales qui sont particulièrement complexes pour nombre d’entre nous (location, emprunts bancaires, etc.).

    La sécurisation des conditions de travail des artistes-auteurs est essentielle pour que continuent d’éclore des talents qui font l’attractivité de la France et contribuent à son rayonnement. Nous demandons aux parlementaires, députés et sénateurs, de défendre et de voter ce texte qui mettrait fin à un mode de rémunération archaïque hérité du XIXe siècle.

    Les premiers signataires de cette tribune : Pénélope Bagieu (dessinatrice de bandes dessinées), Lucas Belvaux (réalisateur), Philippe Faucon (réalisateur et producteur), Gisèle Vienne (chorégraphe et metteuse en scène), Arthur Harari (cinéaste), Agnès Jaoui (actrice et cinéaste), Ange Leccia (artiste plasticien), Nicolas Mathieu (écrivain), Catherine Meurisse (illustratrice et dessinatrice), Usul (vidéaste) et Jean-Luc Verna (artiste plasticien).

    Liste complète des signataires https://continuite-revenus.fr/tribune

  • Côte d’Ivoire : plus de 150 000 euros distribués à des migrants rentrés au pays - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55980/cote-divoire--plus-de-150-000-euros-distribues-a-des-migrants-rentres-

    Côte d’Ivoire : plus de 150 000 euros distribués à des migrants rentrés au pays
    Par Marlène Panara Publié le : 22/03/2024
    Quatre-vingt-seize exilés ivoiriens rentrés dans le pays ont reçu un chèque d’environ 1 500 euros chacun, de la part des autorités. Objectif de cette aide ? Faciliter leur réinsertion dans la société, un processus qui s’avère souvent long et difficile.
    Plus de 150 000 euros distribués, environ 98 millions de francs CFA. C’est le montant total de l’enveloppe allouée au gouvernement ivoirien à 96 migrants, dont 28 femmes, de retour dans le pays. Les quelques 1 500 euros reçus par chacun des exilés prennent la forme d’un prêt remboursable sur deux ans, afin « de les accompagner dans leur parcours d’insertion professionnelle », a indiqué le ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique, Mamadou Touré.
    C’est lui qui a remis leur chèque aux exilés bénéficiaires mercredi 20 mars dans le quartier du Plateau à Abidjan, en compagnie de Wautabona Ouattara, ministre délégué chargé de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’Extérieur. Le partenaire financier du programme Orange Bank était aussi présent.Les secteurs d’activité des migrants de retour sont le commerce (50 projets), les services (19), l’élevage (15), l’artisanat (cinq), la restauration (quatre), le transport (deux) et l’agriculture (un), affirme un communiqué du ministère de la Promotion de la jeunesse. (...)
    Durant la distribution, Mamadou Touré a par ailleurs invité les bénéficiaires à « être des ambassadeurs de la Côte d’Ivoire dans la campagne de sensibilisation contre l’immigration irrégulière » et à faire comprendre aux jeunes qu’il existe des dispositifs d’insertion professionnelle pour eux.En 2023, 150 personnes rentrées en Côte d’ivoire ont bénéficié de ce même programme, d’un montant total cette année-là de 143,8 millions de francs CFA, soit environ 218 000 euros.Parmi les candidats à l’exil qui empruntent chaque année les routes migratoires menant à l’Europe, nombreux sont les citoyens ivoiriens. En 2023, sur les 157 000 migrants débarqués en Italie, 16 000 étaient Ivoiriens. Soit la troisième nationalité représentée, derrière la Guinée et la Tunisie. En octobre 2023, l’agence européenne de surveillance des frontières extérieures Frontex comptabilisait 14 000 Ivoiriens arrivés de manière irrégulière en Europe, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 12 500.
    Des chiffres que conteste le gouvernement ivoirien. Après la publication de ces données, le ministre ivoirien de l’intérieur Vagondo Diomandé s’était offusqué « d’une situation qui tend à ternir l’image de notre pays » et avait contredit les chiffres donnés par les deux agences. Selon lui, beaucoup de migrants se diraient Ivoiriens mais seraient en réalité originaires d’un autre pays.
    Pour inciter ses ressortissants à rentrer au pays, les autorités ont, il n’empêche, lancé divers programmes d’aide à la réinsertion économique et sociale, en partenariat avec l’OIM. En 2023, plus de 1 700 Ivoiriens - poussés notamment par les attaques anti-Noirs en Tunisie - sont revenus chez eux, un record depuis 2013. Et près de 800 ont demandé l’aide proposée par l’État. Mais beaucoup attendent encore de toucher ces sommes d’argent.
    Pour pallier les carences de l’État, des ONG tentent d’aider les migrants, souvent traumatisés par un passage en Libye ou une traversée périlleuse de la Méditerranée. L’Association pour la réinsertion des migrants de retour en Côte d’Ivoire (Arm-ci), basée à Abidjan, aide par exemple les exilés à « réintégrer le tissu social », avait assuré à InfoMigrants Boniface N’Groma, son fondateur. D’abord en leur permettant de gagner leur indépendance financière, car beaucoup de migrants de retour doivent rembourser des personnes qui leur ont prêté de l’argent pour leur voyage. Puis en leur apportant un soutien psychologique, indispensable à leur réinsertion. « Une fois rentrés, par honte, beaucoup se cachent et ne préviennent pas leurs parents, avait confié Florentine Djiro, présidente du Réseau africain de lutte contre l’immigration clandestine (Realic). Le regard de la famille et de l’entourage sur eux est très dur. Dans certaines zones du pays, ces migrants de retour, on les appelle ‘les maudits’ ».

    #Covid-19#migrant#migration#cotedivoire#retour#rapatriement#OIM#jeunesse#ONG#reinsertion#sante#emploi

  • « L’immigration participe à la vitalité de l’économie américaine »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/15/l-immigration-participe-de-la-vitalite-de-l-economie-americaine_6222194_3232

    « L’immigration participe à la vitalité de l’économie américaine »
    Hillel Rapoport, Economiste
    S’il y a consensus parmi les économistes pour constater le déficit de croissance de l’Europe par rapport aux Etats-Unis, les analyses divergent sur les facteurs à mettre en avant pour expliquer le creusement progressif d’un fossé économique qui s’élargit depuis maintenant trois décennies et ramène l’Europe, en termes relatifs, à sa position d’avant les « trente glorieuses ». Les facteurs conjoncturels récents – la guerre en Ukraine, la hausse des prix de l’énergie – ont creusé ce fossé de façon spectaculaire et permis une prise de conscience. Mais seuls des facteurs structurels peuvent expliquer l’aspect graduel et apparemment inexorable du déclin européen.
    Parmi ceux-ci, l’immigration est un facteur fondamental, étrangement absent du débat sur le « décrochage ». Pourtant, l’immigration participe à la vitalité de l’économie américaine d’un point de vue tant conjoncturel que structurel. En comparaison, l’immigration vers l’Europe, pourtant équivalente en volume, fait pâle figure. Pour l’expliquer, deux aspects paraissent déterminants : d’une part, la structure de l’immigration est beaucoup plus qualifiée aux Etats-Unis, ce qui permet d’alimenter en continu les sources de la croissance à long terme que sont l’innovation, l’entrepreneuriat et l’insertion dans l’économie globale (« L’immigration qualifiée, un visa pour la croissance », Emmanuelle Auriol et Hillel Rapoport, note du Conseil d’analyse économique n° 67, novembre 2021) ; et, d’autre part, l’immigration aux Etats-Unis réagit beaucoup plus à la conjoncture économique, à laquelle elle s’ajuste, permettant d’amortir les chocs conjoncturels.
    Pour l’essentiel, l’immigration vers l’Europe a une structure pyramidale, avec une base peu qualifiée assez large. Aux Etats-Unis, un tiers des immigrés sont diplômés du supérieur (soit la même proportion que parmi les Américains). Il faut dire que, pour les plus qualifiés, l’attractivité des Etats-Unis est exceptionnelle, donc difficile, voire impossible, à concurrencer. Cela tient au fait que le capital humain se caractérise par des « rendements croissants », qui font que celui-ci tend à s’agglomérer, à se concentrer là où il est déjà abondant : plus il y a d’ingénieurs ou de chercheurs quelque part, plus leur productivité – donc leur rémunération – est forte. Les immigrés de première génération représentent ainsi plus du tiers des inventeurs ou des créateurs d’entreprises, contre 15 % de la population active aux Etats-Unis. En France ou en Allemagne, pour une même part de 15 % de la population active, ils ne fournissent que 10 % des inventeurs et entrepreneurs, soit trois fois moins.
    Le « coussin » migratoire
    Par ailleurs, l’immigration vers les Etats-Unis est beaucoup plus sensible à la conjoncture économique : les immigrés (notamment mexicains) sont largement retournés chez eux lors de la grande récession de 2008… et massivement revenus lors du rebond post-Covid-19 et des pénuries de main-d’œuvre qui l’ont accompagné depuis lors. L’immigration joue donc un rôle de « coussin », qui permet d’amortir les chocs en phase de récession comme de surchauffe. Elle a ainsi contribué au soft landing (« atterrissage en douceur ») et, plus généralement, à la bonne santé actuelle de l’économie américaine (« How Immigrants Are Saving the Economy », Paul Krugman, New York Times, 13 avril 2023).
    Au risque de caricaturer, l’immigration vers l’Europe est aujourd’hui largement déterminée par les push factors dans les pays d’origine – conflits, guerres civiles, catastrophes naturelles, crises politiques et économiques –, qui poussent les personnes à partir et à se réfugier politiquement ou économiquement en Europe, au nom du droit humanitaire ou familial. Aux Etats-Unis, ce sont en revanche les pull factors, c’est-à-dire les « facteurs d’attractivité », qui dominent : la concentration et la forte rémunération du capital humain, la fluidité du marché du travail, la perception diffuse de l’espoir de participer au rêve américain. C’est affaire de degré plus que de nature, mais les faits sont là.
    Quelles sont, dès lors, les marges de manœuvre de l’Europe ? Elles sont étroites et passent inévitablement par une reconsidération du rôle de l’immigration dans la construction de l’Europe démographique, économique et sociale. Le déficit d’attractivité de l’Europe est certes en partie le produit d’une géographie et d’une histoire que l’on ne peut modifier. Mais il provient également, pour une bonne part, d’attitudes négatives et stéréotypées et de politiques frileuses dont on peut s’affranchir. Il s’agit de s’ouvrir à l’immigration de travail de façon plus large et moins subie, de s’engager plus résolument dans la compétition internationale pour attirer les talents, de réfléchir à la place à reconnaître aux immigrés des première et seconde générations dans l’économie, la culture et la société, et de leur proposer un futur et une citoyenneté partagés.

    #Covid-19#migration#migrant#france#etatsunis#economie#attractivite#immigration#croissance#emploi#sante

  • Sony studio Firesprite has been shedding talent amidst accusations of toxic culture, staff say | Eurogamer.net
    https://www.eurogamer.net/sony-studio-firesprite-has-been-shedding-talent-amidst-accusations-of-tox

    Most concerning are reports from sources that two senior leaders from Sony support studio XDev, brought in to help lead Firesprite, have since been accused of sexual discrimination and ageism. A subsequent internal investigation by Sony is said to have resulted in the claims being dismissed as a “misunderstanding”.

    #jeux_vidéo #jeu_vidéo #firespire #sony #xdev #business #ressources_humaines #emploi #discrimination #licenciements

  • #Université, service public ou secteur productif ?

    L’#annonce d’une “vraie #révolution de l’Enseignement Supérieur et la Recherche” traduit le passage, organisé par un bloc hégémonique, d’un service public reposant sur des #carrières, des #programmes et des diplômes à l’imposition autoritaire d’un #modèle_productif, au détriment de la #profession.

    L’annonce d’une « #vraie_révolution » de l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) par Emmanuel Macron le 7 décembre, a pour objet, annonce-t-il, d’« ouvrir l’acte 2 de l’#autonomie et d’aller vers la #vraie_autonomie avec des vrais contrats pluriannuels où on a une #gouvernance qui est réformée » sans recours à la loi, avec un agenda sur dix-huit mois et sans modifications de la trajectoire budgétaire. Le président sera accompagné par un #Conseil_présidentiel_de_la_science, composé de scientifiques ayant tous les gages de reconnaissance, mais sans avoir de lien aux instances professionnelles élues des personnels concernés. Ce Conseil pilotera la mise en œuvre de cette « révolution », à savoir transformer les universités, en s’appuyant sur celles composant un bloc d’#excellence, et réduire le #CNRS en une #agence_de_moyen. Les composantes de cette grande transformation déjà engagée sont connues. Elle se fera sans, voire contre, la profession qui était auparavant centrale. Notre objet ici n’est ni de la commenter, ni d’en reprendre l’historique (Voir Charle 2021).

    Nous en proposons un éclairage mésoéconomique que ne perçoit ni la perspective macroéconomique qui pense à partir des agrégats, des valeurs d’ensemble ni l’analyse microéconomique qui part de l’agent et de son action individuelle. Penser en termes de mésoéconomie permet de qualifier d’autres logiques, d’autres organisations, et notamment de voir comment les dynamiques d’ensemble affectent sans déterminisme ce qui s’organise à l’échelle méso, et comment les actions d’acteurs structurent, elles aussi, les dynamiques méso.

    La transformation de la régulation administrée du #système_éducatif, dont nombre de règles perdurent, et l’émergence d’une #régulation_néolibérale de l’ESR, qui érode ces règles, procède par trois canaux : transformation du #travail et des modalités de construction des #carrières ; mise en #concurrence des établissements ; projection dans l’avenir du bloc hégémonique (i.e. les nouveaux managers). L’action de ces trois canaux forment une configuration nouvelle pour l’ESR qui devient un secteur de production, remodelant le système éducatif hier porté par l’État social. Il s’agissait de reproduire la population qualifiée sous l’égide de l’État. Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle phase du #capitalisme, et cette reproduction est arrimée à l’accumulation du capital dans la perspective de #rentabilisation des #connaissances et de contrôle des professionnels qui l’assurent.

    Le couplage de l’évolution du système d’ESR avec la dynamique de l’#accumulation, constitue une nouvelle articulation avec le régime macro. Cela engendre toutefois des #contradictions majeures qui forment les conditions d’une #dégradation rapide de l’ESR.

    Co-construction historique du système éducatif français par les enseignants et l’État

    Depuis la Révolution française, le système éducatif français s’est déployé sur la base d’une régulation administrée, endogène, co-construite par le corps enseignant et l’État ; la profession en assumant de fait la charge déléguée par l’État (Musselin, 2022). Historiquement, elle a permis la croissance des niveaux d’éducation successifs par de la dépense publique (Michel, 2002). L’allongement historique de la scolarité (fig.1) a permis de façonner la force de travail, facteur décisif des gains de productivité au cœur de la croissance industrielle passée. L’éducation, et progressivement l’ESR, jouent un rôle structurant dans la reproduction de la force de travail et plus largement de la reproduction de la société - stratifications sociales incluses.

    À la fin des années 1960, l’expansion du secondaire se poursuit dans un contexte où la détention de diplômes devient un avantage pour s’insérer dans l’emploi. D’abord pour la bourgeoisie. La massification du supérieur intervient après les années 1980. C’est un phénomène décisif, visible dès les années 1970. Rapidement cela va télescoper une période d’austérité budgétaire. Au cours des années 2000, le pilotage de l’université, basé jusque-là sur l’ensemble du système éducatif et piloté par la profession (pour une version détaillée), s’est effacé au profit d’un pilotage pour et par la recherche, en lien étroit avec le régime d’accumulation financiarisé dans les pays de l’OCDE. Dans ce cadre, l’activité économique est orientée par l’extraction de la valeur financière, c’est à dire principalement par les marchés de capitaux et non par l’activité productive (Voir notamment Clévenot 2008).
    L’ESR : formation d’un secteur productif orienté par la recherche

    La #massification du supérieur rencontre rapidement plusieurs obstacles. Les effectifs étudiants progressent plus vite que ceux des encadrants (Piketty met à jour un graphique révélateur), ce qui entrave la qualité de la formation. La baisse du #taux_d’encadrement déclenche une phase de diminution de la dépense moyenne, car dans l’ESR le travail est un quasi-coût fixe ; avant que ce ne soit pour cette raison les statuts et donc la rémunération du travail qui soient visés. Ceci alors que pourtant il y a une corrélation étroite entre taux d’encadrement et #qualité_de_l’emploi. L’INSEE montre ainsi que le diplôme est un facteur d’amélioration de la productivité, alors que la productivité plonge en France (voir Aussilloux et al. (2020) et Guadalupe et al. 2022).

    Par ailleurs, la massification entraine une demande de différenciation de la part les classes dominantes qui perçoivent le #diplôme comme un des instruments de la reproduction stratifiée de la population. C’est ainsi qu’elles se détournent largement des filières et des établissements massifiés, qui n’assurent plus la fonction de « distinction » (voir le cas exemplaire des effectifs des #écoles_de_commerce et #grandes_écoles).

    Dans le même temps la dynamique de l’accumulation suppose une population formée par l’ESR (i.e. un niveau de diplomation croissant). Cela se traduit par l’insistance des entreprises à définir elles-mêmes les formations supérieures (i.e. à demander des salariés immédiatement aptes à une activité productive, spécialisés). En effet la connaissance, incorporée par les travailleurs, est devenue un actif stratégique majeur pour les entreprises.

    C’est là qu’apparaît une rupture dans l’ESR. Cette rupture est celle de la remise en cause d’un #service_public dont l’organisation est administrée, et dont le pouvoir sur les carrières des personnels, sur la définition des programmes et des diplômes, sur la direction des établissements etc. s’estompe, au profit d’une organisation qui revêt des formes d’un #secteur_productif.

    Depuis la #LRU (2007) puis la #LPR (2020) et la vague qui s’annonce, on peut identifier plusieurs lignes de #transformation, la #mise_en_concurrence conduisant à une adaptation des personnels et des établissements. Au premier titre se trouvent les instruments de #pilotage par la #performance et l’#évaluation. À cela s’ajoute la concurrence entre établissements pour l’#accès_aux_financements (type #Idex, #PIA etc.), aux meilleures candidatures étudiantes, aux #labels et la concurrence entre les personnels, pour l’accès aux #dotations (cf. agences de programmes, type #ANR, #ERC) et l’accès aux des postes de titulaires. Enfin le pouvoir accru des hiérarchies, s’exerce aux dépens de la #collégialité.

    La généralisation de l’évaluation et de la #sélection permanente s’opère au moyen d’#indicateurs permettant de classer. Gingras évoque une #Fièvre_de_l’évaluation, qui devient une référence définissant des #standards_de_qualité, utilisés pour distribuer des ressources réduites. Il y a là un instrument de #discipline agissant sur les #conduites_individuelles (voir Clémentine Gozlan). L’important mouvement de #fusion des universités est ainsi lié à la recherche d’un registre de performance déconnecté de l’activité courante de formation (être université de rang mondial ou d’université de recherche), cela condensé sous la menace du #classement_de_Shanghai, pourtant créé dans un tout autre but.

    La remise en question du caractère national des diplômes, revenant sur les compromis forgés dans le temps long entre les professions et l’État (Kouamé et al. 2023), quant à elle, assoit la mise en concurrence des établissements qui dépossède en retour la profession au profit des directions d’établissement.

    La dynamique de #mise_en_concurrence par les instruments transforme les carrières et la relation d’#emploi, qui reposaient sur une norme commune, administrée par des instances élues, non sans conflit. Cela fonctionne par des instruments, au sens de Lascoumes et Legalès, mais aussi parce que les acteurs les utilisent. Le discours du 7 décembre est éloquent à propos de la transformation des #statuts pour assurer le #pilotage_stratégique non par la profession mais par des directions d’établissements :

    "Et moi, je souhaite que les universités qui y sont prêtes et qui le veulent fassent des propositions les plus audacieuses et permettent de gérer la #ressource_humaine (…) la ministre m’a interdit de prononcer le mot statut. (…) Donc je n’ai pas dit qu’on allait réformer les statuts (…) moi, je vous invite très sincèrement, vous êtes beaucoup plus intelligents que moi, tous dans cette salle, à les changer vous-mêmes."

    La démarche est caractéristique du #new_management_public : une norme centrale formulée sur le registre non discutable d’une prétérition qui renvoie aux personnes concernées, celles-là même qui la refuse, l’injonction de s’amputer (Bechtold-Rognon & Lamarche, 2011).

    Une des clés est le transfert de gestion des personnels aux établissements alors autonomes : les carrières, mais aussi la #gouvernance, échappent progressivement aux instances professionnelles élues. Il y a un processus de mise aux normes du travail de recherche, chercheurs/chercheuses constituant une main d’œuvre qui est atypique en termes de formation, de types de production fortement marqués par l’incertitude, de difficulté à en évaluer la productivité en particulier à court terme. Ce processus est un marqueur de la transformation qui opère, à savoir, un processus de transformation en un secteur. La #pénurie de moyen public est un puissant levier pour que les directions d’établissement acceptent les #règles_dérogatoires (cf. nouveaux contrats de non titulaires ainsi que les rapports qui ont proposé de spécialiser voire de moduler des services).

    On a pu observer depuis la LRU et de façon active depuis la LPR, à la #destruction régulière du #compromis_social noué entre l’État social et le monde enseignant. La perte spectaculaire de #pouvoir_d’achat des universitaires, qui remonte plus loin historiquement, en est l’un des signaux de fond. Il sera progressivement articulé avec l’éclatement de la relation d’emploi (diminution de la part de l’emploi sous statut, #dévalorisation_du_travail etc.).

    Arrimer l’ESR au #régime_d’accumulation, une visée utilitariste

    L’État est un acteur essentiel dans l’émergence de la production de connaissance, hier comme commun, désormais comme résultat, ou produit, d’un secteur productif. En dérégulant l’ESR, le principal appareil de cette production, l’État délaisse la priorité accordée à la montée de la qualification de la population active, au profit d’un #pilotage_par_la_recherche. Ce faisant, il radicalise des dualités anciennes entre système éducatif pour l’élite et pour la masse, entre recherche utile à l’industrie et recherche vue comme activité intellectuelle (cf. la place des SHS), etc.

    La croissance des effectifs étudiants sur une période assez longue, s’est faite à moyens constants avec des effectifs titulaires qui ne permettent pas de maintenir la qualité du travail de formation (cf. figure 2). L’existence de gisements de productivité supposés, à savoir d’une partie de temps de travail des enseignants-chercheurs inutilisé, a conduit à une pénurie de poste et à une recomposition de l’emploi : alourdissement des tâches des personnels statutaires pour un #temps_de_travail identique et développement de l’#emploi_hors_statut. Carpentier & Picard ont récemment montré, qu’en France comme ailleurs, le recours au #précariat s’est généralisé, participant par ce fait même à l’effritement du #corps_professionnel qui n’a plus été à même d’assurer ni sa reproduction ni ses missions de formation.

    C’est le résultat de l’évolution longue. L’#enseignement est la part délaissée, et les étudiants et étudiantes ne sont plus au cœur des #politiques_universitaires : ni par la #dotation accordée par étudiant, ni pour ce qui structure la carrière des universitaires (rythmée par des enjeux de recherche), et encore moins pour les dotations complémentaires (associées à une excellence en recherche). Ce mouvement se met toutefois en œuvre en dehors de la formation des élites qui passent en France majoritairement par les grandes écoles (Charle et Soulié, 2015). Dès lors que les étudiants cessaient d’être le principe organisateur de l’ESR dans les universités, la #recherche pouvait s’y substituer. Cela intervient avec une nouvelle convention de qualité de la recherche. La mise en œuvre de ce principe concurrentiel, initialement limité au financement sur projets, a été élargie à la régulation des carrières.

    La connaissance, et de façon concrète le niveau de diplôme des salariés, est devenu une clé de la compétitivité, voire, pour les gouvernements, de la perspective de croissance. Alors que le travail de recherche tend à devenir une compétence générale du travail qualifié, son rôle croissant dans le régime d’accumulation pousse à la transformation du rapport social de travail de l’ESR.

    C’est à partir du système d’#innovation, en ce que la recherche permet de produire des actifs de production, que l’appariement entre recherche et profit participe d’une dynamique nouvelle du régime d’accumulation.

    Cette dynamique est pilotée par l’évolution jointe du #capitalisme_financiarisé (primauté du profit actionnarial sur le profit industriel) et du capitalisme intensif en connaissance. Les profits futurs des entreprises, incertains, sont liés d’une part aux investissements présents, dont le coût élevé repose sur la financiarisation tout en l’accélérant, et d’autre part au travail de recherche, dont le contrôle échappe au régime historique de croissance de la productivité. La diffusion des compétences du travail de recherche, avec la montée des qualifications des travailleurs, et l’accumulation de connaissances sur lequel il repose, deviennent primordiaux, faisant surgir la transformation du contenu du travail par l’élévation de sa qualité dans une division du travail qui vise pourtant à l’économiser. Cela engendre une forte tension sur la production des savoirs et les systèmes de transmission du savoir qui les traduisent en connaissances et compétences.

    Le travail de recherche devenant une compétence stratégique du travail dans tous les secteurs d’activité, les questions posées au secteur de recherche en termes de mesure de l’#efficacité deviennent des questions générales. L’enjeu en est l’adoption d’une norme d’évaluation que les marchés soient capables de faire circuler parmi les secteurs et les activités consommatrices de connaissances.

    Un régime face à ses contradictions

    Cette transformation de la recherche en un secteur, arrimé au régime d’accumulation, suppose un nouveau compromis institutionnalisé. Mais, menée par une politique néolibérale, elle se heurte à plusieurs contradictions majeures qui détruisent les conditions de sa stabilisation sans que les principes d’une régulation propre ne parviennent à émerger.

    Quand la normalisation du travail de recherche dévalorise l’activité et les personnels

    Durant la longue période de régulation administrée, le travail de recherche a associé le principe de #liberté_académique à l’emploi à statut. L’accomplissement de ce travail a été considéré comme incompatible avec une prise en charge par le marché, ce dernier n’étant pas estimé en capacité de former un signal prix sur les services attachés à ce type de travail. Ainsi, la production de connaissance est un travail entre pairs, rattachés à des collectifs productifs. Son caractère incertain, la possibilité de l’erreur sont inscrits dans le statut ainsi que la définition de la mission (produire des connaissances pour la société, même si son accaparement privé par la bourgeoisie est structurel). La qualité de l’emploi, notamment via les statuts, a été la clé de la #régulation_professionnelle. Avec la #mise_en_concurrence_généralisée (entre établissements, entre laboratoires, entre Universités et grandes écoles, entre les personnels), le compromis productif entre les individus et les collectifs de travail est rompu, car la concurrence fait émerger la figure du #chercheur_entrepreneur, concerné par la #rentabilisation des résultats de sa recherche, via la #valorisation sous forme de #propriété_intellectuelle, voire la création de #start-up devenu objectifs de nombre d’université et du CNRS.

    La réponse publique à la #dévalorisation_salariale évoquée plus haut, passe par une construction différenciée de la #rémunération, qui rompt le compromis incarné par les emplois à statut. Le gel des rémunérations s’accompagne d’une individualisation croissante des salaires, l’accès aux ressources étant largement subordonné à l’adhésion aux dispositifs de mise en concurrence. La grille des rémunérations statutaires perd ainsi progressivement tout pouvoir organisationnel du travail. Le rétrécissement de la possibilité de travailler hors financements sur projet est indissociable du recours à du #travail_précaire. La profession a été dépossédée de sa capacité à défendre son statut et l’évolution des rémunérations, elle est inopérante à faire face à son dépècement par le bloc minoritaire.

    La contradiction intervient avec les dispositifs de concurrence qui tirent les instruments de la régulation professionnelle vers une mise aux normes marchandes pour une partie de la communauté par une autre. Ce mouvement est rendu possible par le décrochage de la rémunération du travail : le niveau de rémunération d’entrée dans la carrière pour les maîtres de conférences est ainsi passé de 2,4 SMIC dans les années 1980 à 1,24 aujourd’hui.

    Là où le statut exprimait l’impossibilité d’attacher une valeur au travail de recherche hors reconnaissance collective, il tend à devenir un travail individualisable dont le prix sélectionne les usages et les contenus. Cette transformation du travail affecte durablement ce que produit l’université.

    Produire de l’innovation et non de la connaissance comme communs

    Durant la période administrée, c’est sous l’égide de la profession que la recherche était conduite. Définissant la valeur de la connaissance, l’action collective des personnels, ratifiée par l’action publique, pose le caractère non rival de l’activité. La possibilité pour un résultat de recherche d’être utilisé par d’autres sans coût de production supplémentaire était un gage d’efficacité. Les passerelles entre recherche et innovation étaient nombreuses, accordant des droits d’exploitation, notamment à l’industrie. Dans ce cadre, le lien recherche-profit ou recherche-utilité économique, sans être ignoré, ne primait pas. Ainsi, la communauté professionnelle et les conditions de sa mise au travail correspondait à la nature de ce qui était alors produit, à savoir les connaissances comme commun. Le financement public de la recherche concordait alors avec la nature non rivale et l’incertitude radicale de (l’utilité de) ce qui est produit.

    La connaissance étant devenue un actif stratégique, sa valorisation par le marché s’est imposée comme instrument d’orientation de la recherche. Finalement dans un régime d’apparence libérale, la conduite politique est forte, c’est d’ailleurs propre d’un régime néolibéral tel que décrit notamment par Amable & Palombarini (2018). Les #appels_à_projet sélectionnent les recherches susceptibles de #valorisation_économique. Là où la #publication fait circuler les connaissances et valide le caractère non rival du produit, les classements des publications ont pour objet de trier les résultats. La priorité donnée à la protection du résultat par la propriété intellectuelle achève le processus de signalement de la bonne recherche, rompant son caractère non rival. La #rivalité exacerbe l’effectivité de l’exclusion par les prix, dont le niveau est en rapport avec les profits anticipés.

    Dans ce contexte, le positionnement des entreprises au plus près des chercheurs publics conduit à une adaptation de l’appareil de production de l’ESR, en créant des lieux (#incubateurs) qui établissent et affinent l’appariement recherche / entreprise et la #transférabilité à la #valorisation_marchande. La hiérarchisation des domaines de recherche, des communautés entre elles et en leur sein est alors inévitable. Dans ce processus, le #financement_public, qui continue d’endosser les coûts irrécouvrables de l’incertitude, opère comme un instrument de sélection et d’orientation qui autorise la mise sous contrôle de la sphère publique. L’ESR est ainsi mobilisée par l’accumulation, en voyant son autonomie (sa capacité à se réguler, à orienter les recherches) se réduire. L’incitation à la propriété intellectuelle sur les résultats de la recherche à des fins de mise en marché est un dispositif qui assure cet arrimage à l’accumulation.

    Le caractère appropriable de la recherche, devenant essentiel pour la légitimation de l’activité, internalise une forme de consentement de la communauté à la perte du contrôle des connaissances scientifiques, forme de garantie de sa circulation. Cette rupture de la non-rivalité constitue un coût collectif pour la société que les communautés scientifiques ne parviennent pas à rendre visible. De la même manière, le partage des connaissances comme principe d’efficacité par les externalités positives qu’il génère n’est pas perçu comme un principe alternatif d’efficacité. Chemin faisant, une recherche à caractère universel, régulée par des communautés, disparait au profit d’un appareil sous doté, orienté vers une utilité de court terme, relayé par la puissance publique elle-même.

    Un bloc hégémonique réduit, contre la collégialité universitaire

    En tant que mode de gouvernance, la collégialité universitaire a garanti la participation, et de fait la mobilisation des personnels, car ce n’est pas la stimulation des rémunérations qui a produit l’#engagement. Les collectifs de travail s’étaient dotés d’objectifs communs et s’étaient accordés sur la #transmission_des_savoirs et les critères de la #validation_scientifique. La #collégialité_universitaire en lien à la définition des savoirs légitimes a été la clé de la gouvernance publique. Il est indispensable de rappeler la continuité régulatrice entre liberté académique et organisation professionnelle qui rend possible le travail de recherche et en même temps le contrôle des usages de ses produits.

    Alors que l’université doit faire face à une masse d’étudiants, elle est évaluée et ses dotations sont accordées sur la base d’une activité de recherche, ce qui produit une contradiction majeure qui affecte les universités, mais pas toutes. Il s’effectue un processus de #différenciation_territoriale, avec une masse d’établissements en souffrance et un petit nombre qui a été retenu pour former l’élite. Les travaux de géographes sur les #inégalités_territoriales montrent la très forte concentration sur quelques pôles laissant des déserts en matière de recherche. Ainsi se renforce une dualité entre des universités portées vers des stratégies d’#élite et d’autres conduites à accepter une #secondarisation_du_supérieur. Une forme de hiatus entre les besoins technologiques et scientifiques massifs et le #décrochage_éducatif commence à être diagnostiquée.

    La sectorisation de l’ESR, et le pouvoir pris par un bloc hégémonique réduit auquel participent certaines universités dans l’espoir de ne pas être reléguées, ont procédé par l’appropriation de prérogatives de plus en plus larges sur les carrières, sur la valorisation de la recherche et la propriété intellectuelle, de ce qui était un commun de la recherche. En cela, les dispositifs d’excellence ont joué un rôle marquant d’affectation de moyens par une partie étroite de la profession. De cette manière, ce bloc capte des prébendes, assoit son pouvoir par la formation des normes concurrentielles qu’il contrôle et développe un rôle asymétrique sur les carrières par son rôle dominant dans l’affectation de reconnaissance professionnelle individualisée, en contournant les instances professionnelles. Il y a là création de nouveaux périmètres par la norme, et la profession dans son ensemble n’a plus grande prise, elle est mise à distance des critères qui servent à son nouveau fonctionnement et à la mesure de la performance.

    Les dispositifs mis en place au nom de l’#excellence_scientifique sont des instruments pour ceux qui peuvent s’en emparer et définissant les critères de sélection selon leur représentation, exercent une domination concurrentielle en sélectionnant les élites futures. Il est alors essentiel d’intégrer les Clubs qui en seront issus. Il y a là une #sociologie_des_élites à préciser sur la construction d’#UDICE, club des 10 universités dites d’excellence. L’évaluation de la performance détermine gagnants et perdants, via des labels, qui couronnent des processus de sélection, et assoit le pouvoir oligopolistique et les élites qui l’ont porté, souvent contre la masse de la profession (Musselin, 2017).

    Le jeu des acteurs dominants, en lien étroit avec le pouvoir politique qui les reconnait et les renforce dans cette position, au moyen d’instruments de #rationalisation de l’allocation de moyens pénuriques permet de définir un nouvel espace pour ceux-ci, ségrégué du reste de l’ESR, démarche qui est justifié par son arrimage au régime d’accumulation. Ce processus s’achève avec une forme de séparatisme du nouveau bloc hégémonique composé par ces managers de l’ESR, composante minoritaire qui correspond d’une certaine mesure au bloc bourgeois. Celles- et ceux-là même qui applaudissent le discours présidentiel annonçant la révolution dont un petit fragment tirera du feu peu de marrons, mais qui seront sans doute pour eux très lucratifs. Toutefois le scénario ainsi décrit dans sa tendance contradictoire pour ne pas dire délétère ne doit pas faire oublier que les communautés scientifiques perdurent, même si elles souffrent. La trajectoire choisie de sectorisation déstabilise l’ESR sans ouvrir d’espace pour un compromis ni avec les personnels ni pour la formation. En l’état, les conditions d’émergence d’un nouveau régime pour l’ESR, reliant son fonctionnement et sa visée pour la société ne sont pas réunies, en particulier parce que la #rupture se fait contre la profession et que c’est pourtant elle qui reste au cœur de la production.

    https://laviedesidees.fr/Universite-service-public-ou-secteur-productif
    #ESR #facs #souffrance