#en_vrac

  • ALORS C’EST QUI LES CASSEURS ?

    Ces derniers mois, un remarquable vent de contestation s’est levé contre la loi travail.
    Face à lui, le gouvernement, ses ministres, son président et sa police, ont fait le choix d’une répression politique et policière, d’un niveau rare et multiplié les coups de force afin d’étouffer le mouvement.
    La précarisation, la violence sociale et la manipulation médiatique sont tout autant de symptômes qui traduisent le malaise d’une société où le peuple est stratégiquement muselé.
    Ce film porte la voix de ceux qui se révoltent, quels qu’ils soient, et surtout de ceux que l’on n’entend jamais, méprisés par le pouvoir, les médias et le discours dominant.

    https://vimeo.com/181344588


    #loi_travail #en_vrac

    • http://ouestorch.alouest.net/ces-gens-sont-des-casseurs

      « Enfin, vous savez bien que ces gens sont des #casseurs, vous ne regardez pas la télé ? »
      Cette réflexion, c’est un policier qui m’en a fait part. Je me rendais à une manifestation contre la loi “Travail”. Une barricade déjà montée barrait l’accès vers République. M’approchant d’un CRS, jouant un peu le piéton naïf, je lui demandais : « Pourquoi y a-t-il toujours un dispositif de sécurité aussi important, à toutes les manifs ? » « Mais parce que, ces gens détruisent tout, cassent des vitrines…
      – Ah bon ? Je ne me rendais pas compte…
      – Mais enfin, vous n’avez pas regardé la télé hier soir ? »
      Merci M. le policier, car cette petite phrase est loin d’être anodine. Vous auriez pu me suggérer de regarder autour de moi si vous étiez vraiment convaincu, me montrer un tag, ou la vitrine du Crédit agricole brisée mais non, vous m’avez conseillé d’allumer ma télé. Car en regardant autour de moi, j’aurais vu des gens vaquant à leurs occupations, faisant leurs courses, pas franchement angoissées par le climat de « casse » dont les journaux locaux et les médias nationaux nous gavent.
      Quelles violences ?
      Bien sûr, la violence existe, à plusieurs niveaux. La violence des institutions, du chômage, de la précarité, du licenciement de centaines de salariés pour augmenter le profit de quelques actionnaires. La violence de ceux qui s’opposent à ce système, avec leurs moyens, séquestrent un patron, arrachent une chemise ou cassent une vitrine. Enfin la violence qui protège les institutions et contrôle la contestation, celle exécutée par la police, les gendarmes, ou la BAC ; la violence d’une charge de CRS ou d’un tir de flashball. Je ne discuterai pas ici de la légitimité de l’une ou de l’autre, je vous poserai simplement une question : combien de pages, d’articles, de reportages, vos quotidiens habituels, ou votre JT de 20 heures, a-t-il consacré à chacune de ces violences ? M. le policier, ce que vous venez de dire, c’est que le mouvement social en cours n’est pas décrédibilisé par la violence des manifestants, mais bien par son traitement médiatique. Le terme même de « casseurs », un mot vague employé faute de pouvoir vraiment cerner qui sont ces personnes, est un choix des médias, qui veulent du « trash ». On vend plus de journaux en montrant une vitrine cassée ou des scènes de « guérilla urbaine » qu’en analysant point par point les articles de la loi El Khomri. Mais la conséquence de cette course au sensationnel, est de ne montrer à ses lecteurs qu’une facette de la lutte, en espérant qu’ils s’en contenteront et ne se poseront pas de questions.
      Merci M. le policier car ce jour-là, vous avez exprimé vous-même ce que je voudrais dire ici : la « vérité » de la télévision ne peut se constater dans la rue. La rue veut faire de la politique, la télévision la transforme en guerre urbaine par un tour de magie dont elle a le secret.
      Dans les pages de Ouest Torch’, nous voulons vous raconter le mouvement de l’intérieur. Nous voulons faire entendre la voix de gens divers, salariés du public ou du privé, étudiants, syndiqués ou non, chômeurs, précaires, qui luttent depuis maintenant plusieurs mois contre le projet de loi El Khomri et le monde qui l’a créée.

      Cailloux .