• Technocratisme
    Les grands corps à la dérive
    Alexandre Moatti | Éditions Amsterdam
    http://www.editionsamsterdam.fr/technocratisme


    Couverture © Sylvain Lamy

    TECHNOCRATISME
    LES GRANDS CORPS À LA DÉRIVE

    En France, les élites dirigeantes, tant économiques que politiques, sont pour l’essentiel issues d’une poignée de « grands corps » d’État : le corps des Mines, celui des Ponts et Chaussées, l’Inspection des finances, le Conseil d’État et la Cour des comptes. Pourtant, bien que la moitié des dirigeants du CAC 40 et trois présidents de la République sur quatre depuis trente ans soient issus de ces lieux de production par excellence de la technocratie française, ceux-ci demeurent largement méconnus du public.
    Riche d’une connaissance de première main du système des grands corps et de ses dérives, Alexandre Moatti en propose dans cet ouvrage une critique engagée, à la fois historique et systémique. Il décrypte de manière minutieuse les logiques de carrière qui informent les trajectoires des membres de ces corps et leurs effets néfastes, tant sur l’élaboration des politiques publiques que sur le fonctionnement du secteur privé. Surtout, il montre que la montée en puissance des grands corps s’est accompagnée d’un effondrement de l’éthique de l’État, situation à l’origine non seulement d’une déperdition du lien social en France, mais d’un recul progressif de la démocratie.

    Alexandre Moatti
    Alexandre Moatti est ingénieur au corps des Mines, chercheur associé (habilité à diriger des recherches) à l’université Paris Cité.

    ISBN 9782354802738
    18 EUROS
    256 PAGES
    PARU LE 08 SEPTEMBRE 2023

  • A lire :
    Technocratisme
    Les grands corps à la dérive

    Alexandre Moatti

    Sort aujourd’hui aux Editions Amsterdam

    Crucial pour saisir l’essence des pouvoirs actuels : intrication du politique, de la finance & de la grande industrie ; réseaux & connivences ; perte de toute valeur au profit de l’argent ; et ce qu’Alexandre Moatti nomme « l’effacement progressif de la démocratie »

    https://twitter.com/LBantigny/status/1700441642791047522?s=20

  • L’Asymptomatique : Un départ en vacances très électrique par Jacky Dufourq
    Véhicules électriques et mathématiques niveau certificat d’études primaires, ce matin.

    Les véhicules « tout électrique » ont dans le meilleur des cas une autonomie de 350 à 400 km en usage normal sur autoroutes.

    Ne chipotons pas et accordons qu’avec le progrès des batteries, les 500 km seront atteints bientôt.
Bordeaux est à 583 km de Paris par l’autoroute A10.

    Dans la zone comprise entre le 350eme et le 500eme km pour la panne sèche, il y a 5 stations pouvant accueillir des bornes de recharge.


    Le flux des véhicules d’une journée de grand départ est de 80.000 en Juillet ou Août soit sur 24 h, 3333 véhicules par heure (en réalité concentrés sur beaucoup moins).

    Le temps d’une recharge d’un véhicule est à minima de 30mn.

    Les 3333 véhicules arrivant devront donc bénéficier de 1667 bornes soit 333 bornes par station dans la zone.

    Toutes en état de marche, avec des chauffeurs se répartissant de manière harmonieuse devant les bornes aussi bien à 3h du matin qu’à 15 h et d’une discipline exemplaire pour éviter les délais entre chacun.

    En réalité vus ces aléas, il faudrait au moins le double voire le triple de bornes disponibles.
Entre 700 et 1000 par station !

    On ne parle pas des pylônes électriques pour acheminer « le jus » ni de la centrale nucléaire au bout du câble….

    Bon les véhicules électriques sont l’avenir et il faut inciter les « gens » à acquérir ces véhicules, disent-ils ?

    Mais si plutôt on renforçait l’enseignement des mathématiques à l’ENA pour leur donner le niveau d’un titulaire de CEP des années 60 du siècle dernier.
Bon café en y réfléchissant.
    Jacky Dufourq (sur Facebook)

    NDLR  : On peut aussi imaginer les rues de nos villes quand des millions de véhicules devront au moins une fois pas semaine “faire le plein” d’électricité. “L’écologie” vue par les marchands d’électricité.
    Source : https://www.asymptomatique.be/un-depart-en-vacances-tres-electrique-par-jacky-dufourq
    #voiture_électrique #électricité #énergie #écologie #Fin_de_l'automobile #voiture #france #transport #mobilité #automobile #transports #tesla #ENA

  • Le #dégel du #point_d’indice, ou l’art d’offrir ce qui est dû

    C’est l’une des mesures phares proposées par le gouvernement pour parer à l’érosion du #pouvoir_d'achat des #fonctionnaires. Toute la question est de savoir si ce geste est aussi généreux qu’il prétend l’être.

    Alors, commençons par le commencement : le point d’indice, c’est tout simplement la valeur de base à partir de laquelle sont calculés tous les salaires des fonctionnaires. C’est cet outil qu’a choisi d’utiliser le gouvernement pour faire face à la hausse brutale de l’#inflation, comme le rappelle Stanislas Guerini, le ministre de la Fonction publique, lundi 6 juin sur franceinfo. « Dans le texte que nous sommes en train de préparer pour le pouvoir d’achat des Français, il y aura aussi le dégel du point d’indice, confirme Stanislas Guerini. La #revalorisation du point d’indice. C’est un geste de reconnaissance du travail, évidemment. De reconnaissance aussi des difficultés avec le retour de l’inflation. On a cette situation inédite. » Le dégel du point d’indice serait un geste de reconnaissance des difficultés liées à l’inflation, et de #reconnaissance du travail fourni par les fonctionnaires.

    L’érosion du pouvoir d’achat

    On peut, me semble-t-il, hausser au moins un sourcil face à cette argumentation. Le point d’indice, c’est avant tout l’outil permettant d’ajuster les salaires des fonctionnaires par rapport à l’inflation. Entre 1995 et 2010, il a été revalorisé 24 fois pour que le pouvoir d’achat des fonctionnaires ne diminue pas en raison de la hausse des prix ! Puis, en 2010, il est gelé sous la présidence de Nicolas Sarkozy, et il le restera pendant la présidence de François Hollande, pour l’essentiel, et pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, intégralement.

    Conséquence : des économies substantielles pour l’État, et une érosion du pouvoir d’achat pour les fonctionnaires. Selon un rapport de l’INSEE publié en août 2021, les salaires dans la fonction publique, corrigés de l’inflation, ont diminué de 0,7% entre 2009 et 2019. Dans le même temps, les salaires du privé, eux, augmentaient de près de 5%.

    En apparence l’érosion est limitée, mais en apparence seulement, car elle masque de très fortes disparités. Dans une tribune parue en mars dernier dans Le Monde, l’économiste Philippe Askenazy explique que les gouvernements successifs ont rendu une partie des crédits économisés sur le point d’indice par le biais de ce que l’on a appelé « la #politique_catégorielle ». Pour faire simple, certains corps de la fonction publique ont été augmentés au détriment des autres. Les grands corps techniques, l’#Ena, la #police ont vu le gel du point compensé, voir surcompensé. En revanche, les #enseignants et les « petits » fonctionnaires, les fonctionnaires de catégorie C, ont été de grands perdants.

    Il y a donc un certain cynisme à entendre Stanislas Guerini nous dire que le dégel du point d’indice serait une « reconnaissance du travail fourni par les fonctionnaires » Non, ce n’est pas un cadeau de la part du gouvernement, c’est un dû pour compenser l’érosion de leur pouvoir d’achat, du fait des décisions prises, notamment, par ce même gouvernement.

    Des solutions floues

    Le gouvernement ne se concentre pas uniquement sur le salaire des fonctionnaires. #Stanislas_Guerini est également sensible à une autre dimension, le #sens et la #mission. « Il faut faire un petit peu faire respirer les carrières des agents de la fonction publique. Leur permettre de retrouver du sens, de l’action. C’est vrai qu’il y a un enjeu de sens. Mois c’est ça qui me frappe beaucoup, il faut redonner le sens à la mission des services publiques. Au fond, la raison d’être d’une certaine façon des services publiques. »

    Il faut « redonner le sens de la mission du service public. » Alors oui, certes. Mais comment ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que les solutions avancées par Stanislas Guerini sont floues… En revanche, on peut trouver une piste dans un article publié en 2015 par la chercheuse Florence Audier et ses collègues. Ils reviennent sur la multiplication des #primes à la #performance, qui font partie des mesures décidées pour compenser le gel du point d’indice. Et ils expliquent que ces primes à la performance contribuent à déconstruire le sens de la mission dans la fonction publique, en l’éloignant de son idéal : celui d’agents désintéressés, au service de l’#intérêt_général. La « #crise_de_sens » dont s’émeut Stanislas Guerini viendrait donc, en partie au moins, d’une politique suivie par son propre gouvernement. Après avoir proposé d’offrir une hausse de salaires qui était due, le voilà donc désormais qui cherche à compenser ce qu’ils ont eux-mêmes abîmé.

    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/entre-les-lignes/le-degel-du-point-dindice-ou-lart-doffrir-ce-qui-est-du_5176270.html#xt
    #salaire #salaires #fonction_publique #travail

  • La #méritocratie à la française

    Frustration sur Twitter

    Les bourgeois français sont quand même gonflés. Ils se réservent toutes les formations de prestige, les font financer par tout le monde, y apprennent l’art du bullshit, du #mépris_de_classe et du sentiment de supériorité et disent après coup « j’ai mérité ». Petit tour d’horizon :

    On commence par la fabrique des gros connards (#Polytechnique). #Didier_Lombard, l’ex PDG de #France_Telecom qui a orchestré la maltraitance institutionnelle de milliers de salariés, vient de cette usine à dirigeants arrogants et sans scrupule.

    On continue avec la pouponnière à crétins dominants (#Ecole_Nationale_d'Administration #ENA). Ici ont grandi pas mal des pires fléaux que le pays ait connu. #Macron, #Juppé, #Attali... Non seulement l’école leur a fourni le titre à nous dominer mais en plus c’est nous qui payons leur vie étudiante pépouse.

    Inutile de présenter #Science_Po Paris, également nommé Science Pipeau par ceux-là même qui y sont passés et ont connu la faiblesse des cours qu’on y donne, puisque tout ce qui compte c’est d’en être, d’y briller, d’en sortir et de vous diriger.

    Et si on parlait des #écoles_de_journalisme ? Niveau entre-soi social c’est pas mal non plus hein. On y apprend à parler de façon trop bizarre ("Et là, c’est le drame") à interroger des usagers exaspérés par les grèves et à supporter la tyrannie des rédac chefs. Well done.

    On passerait à côté de toute la toxicité du travail en France et dans le monde si on ne parlait pas des cortèges de jeunes diplômés d’#école_de_commerce et d’#ingénieurs qui deviennent chefs à 25 ans ou consultant en power bullshit point.

    Bref, si l’on regarde de près de qui il s’agit et ce qu’on y apprend on comprend vite que les #études_supérieures de la bourgeoisie n’apporte dans le fond pas d’autres compétences que de reproduire dans le temps la légitimité de cette #classe à dominer les autres.

    Une société sans classe passe par la fin de toutes ces formations qui n’ont d’autres valeurs ajoutée que la distinction sociale et l’entre soi. Vous leur enlevez ça, elles ne servent plus à rien.

    Détruisons la croyance en la compétence de la bourgeoisie. Maintenant.

    Source : https://twitter.com/Frustration_web/status/1487020958015709188

    Illustration tirée de La Guerre des mots de #Selim_Derkaoui et #Nicolas_Framont illustré par #Antoine-Glorieux

    #Frustration_magazine

  • François Garçon : « La France est un gigantesque Titanic »
    https://www.letemps.ch/evenements/france-doitelle-sinspirer-suisse-matiere-democratie-1
    . . . . . .
    Mais pourquoi la France ne change-t-elle pas ? Une révolution s’impose-t-elle pour renouveler son système politique ?
    F.G : Je ne pense pas que l’ADN français soit révolutionnaire. L’ADN français se résume à un mot : la rente. Soixante-six millions de Français aspirent à intégrer l’élite, car elle détient la rente, ainsi que des pouvoirs très étendus, plus que dans n’importe quelle démocratie occidentale. L’élite française, détentrice de la fameuse rente, a pour principale caractéristique d’être à la fois inepte et insubmersible. Rien ne peut lui arriver. Incompétente, elle surfe sur la vague, elle jouit d’une impunité professionnelle totale au simple motif qu’elle a fait des idioties sanctionnées par des concours idiots. Or, si ces personnes ont été scolairement excellentes, on ne compte plus celles qui se sont depuis avérées économiquement désastreuses. Mais leur rente scolaire les protège, leur confère une impunité, une armure en titane.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=a1TzZcHXV3o

    La France peut aussi créer de grandes choses, non ?
    F.G : La France est capable de grandes choses, je ne le nie pas, mais ce qui arrive me fait peur. La France va bientôt organiser les Jeux olympiques à Paris. J’aurais aimé que les habitants, donc électeurs, du Grand Paris puissent s’exprimer sur la pertinence de cet événement. Tant d’argent gaspillé alors qu’il y a d’autres besoins urgents... Mais il y a cette obsession de grandeur chez tant de personnalités françaises, l’obsession pathétique de laisser une marque dans l’histoire.

    Mais alors, comment faire évoluer la France ?
    F.G : La France est un pays immobile qui vit dans le culte du passé. Le pays ne bouge que lorsqu’il se heurte à un événement d’opposition fort, comme ça été le cas avec les gilets jaunes. Quelle déception encore de voir Emmanuel Macron, en 2021, chercher des recettes pour moderniser le système électoral. Ces recettes se trouvent pourtant à sa porte. Non ! La bonne recette, l’élite française a à cœur de l’inventer. Elle va nous fourguer une nouvelle roue carrée, c’est certain.


    Manifestation de « gilets jaunes » bloquant le périphérique de la ville de Caen. France, 18 novembre 2018. — © AFP

    La Suisse est un pays très décentralisé. La France ne doit-elle pas tout d’abord opter pour cette voie ?
    F.G : C’est évident, mais la décentralisation sera difficile et je n’y crois pas. La décentralisation est une promesse que l’on entend depuis Valéry Giscard d’Estaing. Cette promesse n’a jamais été tenue. Pourquoi ? Ceux qui arrivent au pouvoir bénéficient du système élitiste parisien. Pendant leurs campagnes électorales, ils ont tous plus ou moins promis de le détruire. Une fois au pouvoir, que font-ils ? Rien ou, au pire avec Macron, ils le renforcent ! Décentraliser, voire aller vers le fédéralisme est une promesse d’alcoolique qui ne sera jamais tenue..

    Le système suisse conduit aussi à un certain immobilisme...
    F.G : Oui, mais qui s’en plaint ? Qui en est pénalisé ? Quand je vois le PIB du pays, la stabilité politique du pays, l’adhésion des Suisses à leurs institutions, le niveau de vie, une société si inclusive et prospère... Finalement, que le système suisse soit lent et que les personnalités politiques suisses soient peu charismatiques ou si soporifiques n’est aucunement un problème.

    La France a aussi lancé des initiatives participatives, la Convention citoyenne pour le climat en 2019 par exemple...
    F.G : Une véritable foutaise ! La Convention citoyenne a été un gadget qui - entre autres aberrations - a zappé la question du nucléaire. Même le porte-parole de cette initiative avoue avoir été floué. De mon point de vue, c’est plutôt une bonne nouvelle. Le problème est simple : en toutes occasions, la France cherche à se montrer innovante, au-dessus des autres. Elle veut montrer la voie au monde. Dès lors, son élite invente des formules inutiles se voulant disruptives. On aboutit à des catastrophes - les 35 heures par exemples - ou à des pets de lapin, comme cette convention bouffonne. Il suffirait pourtant de reprendre ce qui fonctionne ailleurs.

    Vous critiquez beaucoup le système français. Mais quelles sont vos solutions ?
    F.G :  Je revendique ma casquette de démolisseur. Elle me va bien. Passons à la reconstruction. Les solutions sont nombreuses, elles passent par une dose de démocratie directe. Le pays doit se construire en utilisant des instruments référendaires dont la Suisse nous montre depuis 150 ans à quel point ils sont efficaces. La priorité de la France, pour qu’elle devienne une véritable démocratie participative, est d’instaurer le référendum au niveau communal. Ce serait une première mise en jambe. Il faut que les Français comprennent qu’ils ont un pouvoir, et qu’ils peuvent l’exercer de manière visible dans leurs communes. La démocratie communale est l’école de la responsabilité individuelle, qui n’existe pas en France.


    Sur le plan fédéral, les Suisses votent régulièrement sur plusierus objets. Il peut aussi y avoir des scrutins cantonaux, comme ici à Genève, le 27 septembre. — © Salvatore Di Nolfi/Keystone

    F.G : Il y a moins d’énarques candidats que lors de la dernière présidentielle, où cette engeance pullulait. C’est une bonne chose. Pour le reste, pas grand-chose... Les débats,pour l’heure, sont mauvais, inaudibles. J’ai lu le livre d’Eric Zemmour, j’ai été stupéfait par son contenu. Il nous raconte qu’il a déjeuné avec tel premier ministre, puis avec un autre. Il écrit très bien, sa plume est joyeusement cruelle,, mais cela ne vole pas haut sur les idées. C’est un excellent journaliste polémiste. Point barre !

    Donc aucun changement à venir ?
    F.G : Emmanuel Macron va sans doute être réélu. Donc rien ne changera ! Pourquoi ce premier de la classe changerait-il un système dont il a su si habilement tirer parti pour être élu président ? La France est un gigantesque Titanic, avec sa caste scolaire dans les canots de sauvetage... Eux, quand le navire sombrera, sauveront leurs peaux, comme à l’accoutumée. Pour les autres, dans les ponts inférieurs, médiocres scolaires pour leur malheur, le pire est à redouter.

    #ena #énarchie #rentiers #autisme #impunité #france #élite #politique #macron #pantouflage #technocratie #éducation #emmanuel_macron #démocratie #gouvernement #grandes_écoles #éric zemmour,

    • Je ne vois pas l’intérêt de relayer cet ultralibéral nourri au lait de l’État français sur lequel il crache ! Il enseigne de la daube (les « médias » et la com’) dans une fac poubelle et vomit sur les classes prépas qu’il n’a pas intégrer, il lui en cuit encore ! Une belle projection...

  • Lasst de Gaulles Erbe fahren

    Das Land hat seinem früheren Präsidenten viel zu verdanken, unter anderem auch dies: Das System ist ineffizient, weil das Verständnis von Staat und Bürger überkommen ist. Es wäre an der Zeit für ein demokratisches Update.

    Man darf es Staatsversagen nennen. In der Corona-Krise hat Frankreichs Führung auch in der zweiten Welle nichts im Griff. Zuletzt zählt das Land täglich etwa 60 000 Ansteckungen, seit Beginn der Pandemie sind es 1,6 Millionen. Europa-Rekord.

    Unter den vielen Formen der Überforderung, die im Umgang mit dem Virus zu beobachten sind, sticht das französische Beispiel hervor. Nirgendwo ist die Diskrepanz zwischen dem Anspruch der Eliten auf exzellente Regierungsführung und der Wirklichkeit des Krisenmanagements so groß. Das Virus stellt schonungslos infrage, wie in Frankreich Entscheidungen für das Gemeinwesen gesteuert und umgesetzt werden. Und das in einem Land, in dem der Staat Kern nationaler Identität ist.

    Das System steht in napoleonischer Tradition

    Der Fehler liegt im System, dem Erbe von Charles de Gaulle. Dessen später Nachfolger Emmanuel Macron wird jetzt, zum 50. Todestag des Begründers der Fünften Republik, den Geist de Gaulles um Beistand beschwören. Dabei ist de Gaulle nicht Teil der Krisenlösung, er ist Teil des Problems. Die politisch-administrative Struktur, in die der General die französische Demokratie in napoleonischer Tradition 1958 gepresst hat, entspricht weder den Herausforderungen durch das Virus noch der Komplexität einer modernen Gesellschaft. Die Corona-Lehre lautet: Beerdigt de Gaulle.

    Lang ist die Serie aus Irrtümern und bürokratischen Erschwernissen in Frankreichs Kampf gegen die Pandemie. Anfangs bestritt die Regierung den Nutzen von Schutzmasken, und die Gesundheitsbehörden erkannten nicht, wie wichtig eine Teststrategie ist. Inzwischen wird massiv getestet, aber die Auswertung kann Wochen dauern. Der Mangel an Intensivbetten verursacht weiter viele Tote. Von 12 000 Betten, die vor der zweiten Welle versprochen wurden, fehlen 4000. Dabei gibt Frankreich, gemessen an der Wirtschaftsleistung, ebenso viel für Gesundheit aus wie Deutschland; nur erhält es für dieses Geld weniger Schutz.
    Das Land leidet unter einem Eliten-Inzest

    Die Verwaltung besticht nicht durch Effizienz. Dafür besitzt sie im Präsidialsystem eine dominante Stellung. De Gaulle gründete nach dem Krieg die zu Recht viel kritisierte Elitehochschule ENA, die neben dem heutigen Staatschef und dem Premierminister auch die wichtigen Entscheider im Hintergrund stellt. Sie mögen alle kluge Köpfe sein - ihr Eliten-Inzest bringt dennoch oft kompliziert-kafkaeske Entscheidungen hervor, im schlimmsten Fall schlechte Krisenpolitik. Macron wollte die ENA abschaffen. Aber Frankreichs mächtigste Lobby widersteht.

    Das System ist ineffizient, weil sein Verständnis von Staat und Bürger überkommen ist: Die Spitze hat immer recht, selbst wenn sie irrt. Deshalb verbessert sich dieses System kaum, es lernt nicht. Oder nur sehr langsam, zu langsam für ein schnelles Virus. Zu dessen Bekämpfung greift Macron in de Gaulle’scher Manier auf Notstandsgesetze zurück und unterwirft sein Corona-Kabinett dem Verteidigungsgeheimnis. Transparenz und Demokratie gelten als lästige Hindernisse. Nur: So schafft man keine Akzeptanz für den Corona-Kampf, der noch lange dauern wird.

    De Gaulle war ein großer Staatsmann. Ein Kriegsheld und später ein Präsident, der seinem Land Gehör verschaffte. Auch die Deutschen haben ihm viel zu verdanken: die Aussöhnung mit Frankreich.

    Doch heute verhindert sein Verfassungserbe gutes Regieren. Frankreich muss sich von ihm lösen. Es braucht ein demokratisches Update. Einen Staat, der modern ist - auch und vor allem an der Spitze.

    https://www.sueddeutsche.de/meinung/frankreich-lasst-de-gaulles-erbe-fahren-1.5107621!amp?__twitter_impress

    #La_France_vue_d'Allemagne #vu_d'Allemagne #France #de_Gaulle #gaullisme #tradition_napoléonienne #administration #administration_française #covid-19 #gestion #coronavirus #ENA #grandes_écoles #Macron

    –---

    Quelques passages traduits en français par Pascal Thibaut sur twitter et ici :

    « on peut parler d’une #faillite de l’#Etat. Les responsables français ont aussi perdu le contrôle des choses durant cette deuxième vague. Nulle part ailleurs, on ne voit un tel fossé entre les ambitions des #élites et leur management de #crise »
    "Le virus met cruellement en cause la manière dont les #décisions sont adoptées et mises en place en France. Et cela dans un pays où l’Etat joue un rôle central pour l’#identité_nationale".
    « L’erreur réside dans l’héritage de de Gaulle dont Macron invoque l’héritage 50 ans après sa mort. Les structures fondées en 1958 dans un #esprit_napoléonien ne peuvent répondre aux défis d’une pandémie et à une société complexe. Conclusion : il faut enterrer de Gaulle ».
    « Les Enarques sont peut-être des esprits brillants mais leur #inceste_élitaire produit trop souvent des décisions complexes et kafkaiennes et dans le pire des cas une mauvaise gestion de crise. »
    "le système est inefficient car sa compréhension de l’Etat et de ses citoyens est dépassée. Le sommet a toujours raison même quand il a tort. C’est pourquoi le système s’améliore peu et ne tire que trop lentement des leçons de ses erreurs. Trop lentement pour un virus".
    « Pour le combattre, Macron recourt à la mode gaullienne à des lois d’urgence et soumet le conseil des ministres au secret défense. La #transparence et la #démocratie sont perçes comme gênants. Mais cela ne favorise pas le soutien de la population. »
    "La France a besoin d’un #update_démocratique, d’un Etat moderne surtout pour sa direction"

    https://twitter.com/pthibaut/status/1324795895586660352

  • #Tunis : Suspension du professeur de l’ENS, accusé de harcèlement sexuel par des étudiantes - Kapitalis

    A. H., le professeur de l’Ecole normale supérieure (ENS) de Tunis, accusé de harcèlement sexuel par des étudiantes et faisant l’objet d’une enquête par l’Inspection générale du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a été suspendu des ses fonctions.

    C’est ce qu’indique le collectif « Le harceleur n’enseigne pas », qui se réjouit de cette décision et espère que cela ne s’arrêtera pas là et que la justice entrera aussi en ligne.

    « Pour le moment, il a été décidé de le suspendre jusqu’à la fin de l’enquête et, de son côté, il a menacé de porter plainte contre les étudiantes pour diffamation », précise le collectif.

    Les étudiantes, qui se sont présentées comme victimes, disent avoir des preuves de leurs accusations et souhaitent que cette affaire ne soit pas étouffée et que A. H. ne soit pas muté dans une autre université.

    « S’il est muté, il recommencera, et on ne fera que déplacer le problème. C’est dans sa nature et il n’a jamais été puni par la loi. A Lyon où il a étudié, il y a également eu plusieurs témoignages remontant à plus de 10 ans et il n’a donc jamais cessé son manège », déplore Y. D., une des victime présumée.

    « Bravo aux normaliennes qui ne renoncent pas et qui ne cessent de lutter pour que justice soit faite », a commenté pour sa part, le collectif #EnaZeda, luttant contre le harcèlement sexuel, le viol et les violences faites aux femmes et qui a, dès le début de l’affaire, soutenu les étudiantes.

    Y. N.

    #Tunisie #Ecole_normale_supérieure #ENS #étudiantes #harcèlement_sexualisée #ministère #Enseignement_supérieur #professeur #suspension

    http://kapitalis.com/tunisie/2019/12/26/tunis-suspension-du-professeur-de-lens-accuse-de-harcelement-sexuel-par-d

  • Un gouvernement compétent est-il possible ? Et même souhaitable ? A propos du désir d’Etat qui s’exprime de toute part

    « Incompétent, nul, #amateurisme, manquement », les mots ne manquent pas pour qualifier Macron et son gouvernement, tout comme les raisons de le faire. La rage gronde, et avec elle la volonté de leur demander des comptes et de les faire payer. La vengeance est peut-être la moins triste des passions tristes. Tout comme la colère, elle apparait comme le moteur de la révolte des vaincus d’hier. Mais ce gouvernement est-il réellement incompétent ? Plus largement un gouvernement compétent est-il possible ? Voir même souhaitable ? Et si au contraire, c’était de l’extrême compétence des gouvernements dont nous souffrons actuellement.

    « Être gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n’ont ni titre, ni la science, ni la vertu. Le gouvernement de l’homme par l’homme, sous quelque nom qu’il se déguise, est oppression ».
    Pierre-Joseph Proudhon

    On peut reprocher au gouvernement actuel de mal gérer la crise malgré l’air martial qu’il a voulu se donner. On peut aussi dire que d’autres gouvernements ont fait mieux que le « nôtre » (sic), même si en vrai il faudrait s’entendre sur ce que ça peut bien vouloir dire. Mais à trop le répéter on risque de rater l’essentiel et de tomber dans un piège.

    En l’espèce, lors de cette crise le gouvernement a renforcé sa dimension autoritaire et la tendance à la surveillance technologique au nom de l’état d’urgence sanitaire, il a augmenté le contrôle et la répression des quartiers populaires, et il a bien été obligé de prendre des mesures dangereuses pour l’économie elle-même afin de limiter la casse et aussi pour éviter de perdre toute légitimité aux yeux de ceux qu’il gouverne. Sa tâche est maintenant de la remettre en marche, de nous renvoyer au travail et de nous faire payer les conséquences économiques de la crise qui vient.

    D’autres, à leur place et dans les mêmes circonstances, auraient fait sensiblement la même chose. Il ne s’agit nullement d’exonérer nos gouvernants actuels. Reconnaissons seulement qu’ils obéissent à une logique qui rend nécessaire leurs agissements et qu’il est vain de s’imaginer qu’ils pourraient faire autrement. C’est bien en cela qu’ils sont nos ennemis. Ainsi en est-il de la « casse de l’hôpital public » et de la diminution du nombre de lits (70 000 suppressions en 15 ans) : elle résulte de l’action de tous les gouvernements précédents auquel celui de Macron s’est contenté, en toute logique, de contribuer.

    Il y a donc une confusion entre ceux qui nous gouvernent (Macon et ses ministres) et le principe même du gouvernement. En règle générale les premiers font ce que la fonction exige d’eux : réprimer et mutiler quand il le faut, accompagner les restructurations capitalistes par des lois adaptées et raconter des histoires pour vendre tout ça. En deux mots : servir les puissants dont ils partagent le monde et la vision du monde ; reproduire et reconduire un certain partage et sa cohorte d’inégalités, de massacres et de désastres.

    C’est dire que notre problème réside davantage dans le gouvernement comme principe, et plus largement dans la continuité de l’appareil d’Etat (constitution, lois et institutions), que dans tel gouvernement et ceux qui exercent le pouvoir à un moment donné. Dit autrement, le problème ça n’est pas que ceux qui nous gouvernent sont des salauds ou des incompétents, c’est qu’ils servent une logique économique mortifère qui produit et produira toujours les mêmes effets. Telle est leur compétence première et leur raison d’être ; voilà le savoir-faire qu’ils ont acquis sur les bancs de Sciences Po et de l’ENA : ils sont des agents de pouvoir du capitalisme, du libéralisme ou de la civilisation thermo-industrielle selon la langue, la sensibilité ou l’axe choisi.

    L’exemple le plus marquant reste celui du réchauffement climatique. Jamais aucun gouvernement ne pourra prendre une mesure à la hauteur de la situation car ce serait alors mettre en péril pour de bon la civilisation dont ils sont les garants. « Notre mode de vie n’est pas négociable », avait reconnu en son temps un Bush président, pour une fois honnête. A tout prendre, mieux vaut le cynisme décomplexé de nos ennemis que leurs mensonges répétés, gratinés de bons sentiments.

    Demander aux gouvernements une autre compétence que la leur, c’est un peu comme vouloir que son lave-linge nettoie sa vaisselle, c’est une demande absurde. Et s’il y a bien quelque chose que commande l’époque c’est bien ça : cesser d’adresser à tous les gouvernements du monde des demandes irréalistes.
    Ce n’est pas de leur incompétence qu’il faut se scandaliser. C’est au contraire leur compétence qu’il faut attaquer et défaire.

    Cette demande de gouvernement ou d’Etat compétent relève d’un vieux fantasme républicain largement partagé à gauche, celui de l’intérêt général. Il s’accompagne aussi d’un désir inquiétant : le désir d’être bien gouverné. Et à bien y réfléchir, non seulement c’est impossible comme nous croyons l’avoir établi, mais c’est absolument terrifiant. Il faudrait que l’Etat, entendu comme machine technique, administrative et fiscale flanquée de nombreuses institutions (aujourd’hui l’hôpital mais demain l’armée ou la police), soit efficace au point de régler nos existences de manière suffisamment parfaite pour qu’il nous protège en toutes circonstances. L’Etat, cette forme de pouvoir séparé de la population malgré le mythe démocratique, pourrait non seulement vouloir notre bien à tous, mais en plus serait à même de le réaliser. Il suffirait juste de trouver les bons gouvernants.

    Il s’agit en fait d’une funeste croyance qu’il est préférable d’abandonner à tous ceux qui ont la prétention de nous gouverner. De l’utopie, à la dystopie, il n’y a qu’un pas. Quoi alors, que faire ? Ici commence les difficultés et nous sommes autant perdus que les autres. Les esprits sensés auront compris que c’est du côté des ruptures révolutionnaires qu’il y a à chercher et expérimenter. Soit, mais il est bon alors de rappeler que l’imaginaire révolutionnaire est lui-même largement contaminé par cette idée du bon gouvernement, fût-il un « auto-gouvernement » ou un gouvernement auto-organisé.

    https://rouendanslarue.net/un-gouvernement-competent-est-il-possible-et-meme-souhaitable-a-prop

    #incompétence #France #Macron #covid-19 #coronavirus #colère #comptes_à_rendre #vengeance #révolte #compétence #oppression #Proudhon #autoritarisme #surveillance #surveillance_technologique #état_d'urgence_sanitaire #quartiers_populaires #contrôles #répression #économie #hôpitaux #hôpital_public #services_publics #gouvernement #capitalisme #pouvoir #sciences_po #ENA #libéralisme #changement_climatique #mode_de_vie #cynisme #intérêt_général #mythe_démocratique #démocratie #bon_gouvernement #mauvais_gouvernement #utopie #dystopie

    • Tant de questions décisives aussi vite abordées pourraient contraindre à penser sans et contre ce texte, c’est pas mal d’avoir un exemple si pauvre de ce que de nombreux commentaires d’intellectuels où le biopouvoir (de l’imprévoyance structurelle et de l’absence de souci de détail quant à la gestion de la population ?!), l’état d’exception et l’attente de la fin du capitalisme ou de l’anthropocène se tricotent au coin du confinement, sans éclairer grand chose ; sans pouvoir et/ou vouloir prendre en compte et tenter d’analyser des pratiques (des soignants, des confinés, des travailleurs, etc.), un empêchement redoublé par le confinement qu’il n’est pas évident de dépasser ou contourner qui fait des penseurs plus en roue libre que jamais.
      Un texte laid. Il règle leur compte de manière expéditive à une série d’expériences qui, de la Commune de Paris à la Révolution russe, du Chiapas à la ZAD de NNDL, pour ne citer qu’une partie des plus identifiées (...), se sont coltiné la nécessité de rompre l’ordre du monde et de faire horizon.

      #État #désir_d'État #souverain #pouvoir_d'État #sécuritaire #paradigme_sécuritaire #capitaliste_collectif #gestion #police (#politique résorbée dans la) #imaginaire #imaginaire_révolutionnaire #insurrectionnalisme #idéologie

  • Des trajectoires immobilisées : #protection et #criminalisation des migrations au #Niger

    Le 6 janvier dernier, un camp du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) situé à une quinzaine de kilomètres de la ville nigérienne d’Agadez est incendié. À partir d’une brève présentation des mobilités régionales, l’article revient sur les contraintes et les tentatives de blocage des trajectoires migratoires dans ce pays saharo-sahélien. Depuis 2015, les projets européens se multiplient afin de lutter contre « les causes profondes de la migration irrégulière ». La Belgique est un des contributeurs du Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne pour l’Afrique (FFUE) et l’agence #Enabel met en place des projets visant la #stabilisation des communautés au Niger

    http://www.liguedh.be/wp-content/uploads/2020/04/Chronique_LDH_190_voies-sures-et-legales.pdf
    #immobilité #asile #migrations #réfugiés #Agadez #migrations #asile #réfugiés #root_causes #causes_profondes #Fonds_fiduciaire #mécanisme_de_transit_d’urgence #Fonds_fiduciaire_d’urgence_pour_l’Afrique #transit_d'urgence #OIM #temporaire #réinstallation #accueil_temporaire #Libye #IOM #expulsions_sud-sud #UE #EU #Union_européenne #mise_à_l'abri #évacuation #Italie #pays_de_transit #transit #mixed_migrations #migrations_mixtes #Convention_des_Nations_Unies_contre_la_criminalité_transnationale_organisée #fermeture_des_frontières #criminalisation #militarisation_des_frontières #France #Belgique #Espagne #passeurs #catégorisation #catégories #frontières #HCR #appel_d'air #incendie #trafic_illicite_de_migrants #trafiquants

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    Sur l’incendie de janvier 2020, voir :
    https://seenthis.net/messages/816450

    ping @karine4 @isskein :
    Cette doctorante et membre de Migreurop, Alizée Dauchy, a réussi un super défi : résumé en 3 pages la situation dans laquelle se trouve le Niger...

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    Pour @sinehebdo, un nouveau mot : l’#exodant
    –-> #vocabulaire #terminologie #mots

    Les origine de ce terme :

    Sur l’origine et l’emploi du terme « exodant » au Niger, voir Bernus (1999), Bonkano et Boubakar (1996), Boyer (2005a). Les termes #passagers, #rakab (de la racine arabe rakib désignant « ceux qui prennent un moyen de trans-port »), et #yan_tafia (« ceux qui partent » en haoussa) sont également utilisés.

    https://www.reseau-terra.eu/IMG/pdf/mts.pdf

  • Masques : les preuves d’un mensonge d’Etat | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/020420/masques-les-preuves-d-un-mensonge-d-etat

    Fin janvier et début février, le ministère de la santé, conscient de la faiblesse des stocks d’État, n’a décidé de commander qu’une très faible quantité de masques, malgré des alertes internes. Le matériel a de surcroît mis plusieurs semaines à arriver.

    Après ce premier fiasco, l’État a créé, début mars, une cellule interministérielle dédiée à l’achat de masques. Mais là encore, le bilan s’est avéré catastrophique : lors des trois premières semaines de mars, la cellule n’a pu obtenir que 40 millions de masques, soit l’équivalent d’une semaine de consommation au rythme contraint actuel. La cellule a notamment raté plusieurs possibilités de livraisons rapides.

    Le gouvernement a caché cette pénurie pendant près de deux mois et, en fonction des stocks, a adapté ses consignes sanitaires sur le port du masque. Fin février, le directeur général de la santé préconisait un masque pour toute personne en contact avec un porteur du Covid. Un mois plus tard, la porte-parole de l’exécutif déclarait que c’était inutile…

    Des entreprises dans des secteurs « non essentiels » de l’économie ont continué à consommer des masques, pour des raisons économiques. Exemple : l’avionneur Airbus, qui semble avoir bénéficié d’un traitement de faveur. Dans le même temps, des personnels soignants continuent à travailler sans ces masques protecteurs, faute de stocks suffisants.

    Le gouvernement tente désormais de renflouer les stocks, avec une stratégie à 180° : il faut préparer la sortie de confinement, « où on sait qu’il faudra massivement équiper » la population, ainsi que l’a admis la secrétaire d’État à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, dans une réunion dont Mediapart a obtenu l’enregistrement.

    L’article fait 5 pages. Je ne mets pas tout. Je passe l’intro au dessus de la partie citée ci-dessus, et je colle la suite par bouts dans des réponses

    ACTE I (fin janvier 2020). Mensonge sur une pénurie

    « La grande erreur aux États-Unis et en Europe est, à mon avis, que la population ne porte pas de masque. » Dans le très sérieux magazine américain Science, un haut scientifique chinois a rappelé, le 27 mars, une évidence face au coronavirus, qui « se transmet par les gouttelettes respiratoires » : « Il faut porter un masque. »

    « Le simple fait de parler peut transmettre le virus, a souligné George Gao, directeur général du Centre chinois de contrôle et de préventions des maladies, qui fut en première ligne dans la lutte contre le Covid-19. De nombreux individus atteints sont asymptomatiques, ou ne présentent pas encore de symptômes : avec un masque, on peut empêcher les gouttelettes porteuses du virus de s’échapper et d’infecter les autres. »

    Le problème : mi-janvier, au début de l’épidémie en Chine, les stocks de masques sont quasi inexistants en France.

    Selon nos informations, on dénombre alors moins de 80 millions de masques dits « chirurgicaux » – plus 80 millions supplémentaires commandés avant l’épidémie, mais pas encore livrés – et zéro en stock de masques dits « FFP2 ». Les premiers sont des masques anti-projection de base, destinés à la population, avec une durée de vie limitée à quatre heures. Ils ne protègent pas ceux qui les portent, mais empêchent ces derniers de contaminer d’autres personnes par leurs postillons.

    Les seconds – ainsi que leur version haut de gamme, les FFP3 – sont, eux, des masques de protection respiratoires à destination du personnel soignant. Seuls les FFP2 et FFP3 protègent leurs porteurs. En cas de pandémie, il faut pouvoir en distribuer, au minimum, à tous les personnels de santé les plus exposés : soignants hospitaliers, médecins de ville, pompiers, ambulanciers… Et pourtant, la France n’en a aucun en stock.

    Ce choix n’est pas celui du gouvernement actuel mais de son prédécesseur. En 2013, la ministre de la santé, Marisol Touraine, avait en effet décidé de supprimer les stocks stratégiques de l’État et de transférer cette compétence aux employeurs, qu’ils soient privés ou publics, désormais chargés « de constituer des stocks de masques pour protéger [leur] personnel ».

    Au lieu de jouer la transparence sur cette pénurie – qui n’est pas de son fait –, et d’expliquer que le peu de stock disponible sera réservé en priorité aux soignants, le gouvernement d’Édouard Philippe choisit de ne pas informer les Français. Et d’utiliser de faux arguments sanitaires pour masquer des stocks insuffisants. Il expliquera ainsi tour à tour que les masques sont inutiles pour la population générale, puis qu’ils ne sont pas efficaces car les Français ne savent pas les porter, pour désormais, sur le tard, tenter d’équiper « massivement » la population afin de sortir du confinement.

    #corinavirus #scandale_d_état #masques #matériel_médical

    • ACTE II (fin janvier – début février). Une réaction lente et insuffisante

      Nous sommes en janvier. Dans l’entourage du professeur Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, on s’inquiète déjà, selon les informations recoupées de Mediapart : les responsables politiques n’osent pas avouer à la population que les masques risquaient de manquer, et préfèrent dire dans un premier temps que les masques sont inutiles, jusqu’à ce que les commandes arrivent.

      Le 24 janvier, quelques heures avant la confirmation de trois cas européens (et français) de coronavirus, la ministre de la santé Agnès Buzyn se veut rassurante à la sortie du Conseil des ministres : « Les risques de propagation du virus dans la population [française – ndlr] sont très faibles.

      Le 13 février, trois jours avant sa démission pour mener la campagne des municipales à Paris, Agnès Buzyn annonce lors d’un point presse sur le Covid-19 un grand « marché public européen » pour un approvisionnement massif de masques, plutôt que chaque pays s’équipe séparément. Un mois et demi plus tard, plus personne n’en parle.

      La Commission européenne commence simplement à examiner les offres, pour une mise à disposition des équipements prévue deux semaines après la signature du contrat… « Nous faisons de notre mieux pour accélérer considérablement le processus administratif de la passation conjointe de marchés », a répondu, le 30 mars, le service de presse de la Commission, sans nous donner la moindre indication de date, volume ou répartition par pays de la commande.

      « Peut-être qu’il y a eu des erreurs, concède à Mediapart un membre de la cellule de crise. Sans doute l’État n’a pas été assez réactif, et trop sage dans les demandes. Les procédures de marchés publics sont très bien par temps calme, mais totalement inadaptées par tempête où il faut prendre des décisions rapides, alors que la mise en concurrence est de trois mois… ».

      Pour lui, le problème initial vient surtout « du choix de ne pas avoir de stocks stratégiques de masques ».

      Mi-janvier, « en l’état des connaissances scientifiques, et avec les contraintes budgétaires imposées, la prise de décision était compliquée », plaide-t-il, et « la personne qui aurait alors, dans l’état actuel des finances de la France, dit “on va dépenser des centaines de millions d’euros pour une crise hypothétique”, on lui aurait ri au nez. Dès le départ, on savait que ce serait une gestion de crise liée à la pénurie – de masques, de tests, de respirateurs, de lits de réanimation. À partir de là, vous pouvez anticiper, faire un tas de choses bien – et on en a fait – vous avez perdu la guerre d’entrée. »

      Le gouvernement a aussi clairement sous-estimé la rapidité et la virulence de l’épidémie. « On était conscient dès le départ qu’une vague allait nous arriver, poursuit la même source, mais on ne pensait pas qu’elle serait de cette force-là, que le virus serait aussi violent, avec des patients qui peuvent se dégrader d’un seul coup et qu’il faut intuber d’urgence. »

      Mi-février, le ministère sonne l’alerte auprès de Santé publique France, notamment à l’occasion d’une réunion technique destinée à la mise en place du schéma directeur de stockage et de distribution. Il faut passer à la vitesse supérieure, arrêter de passer par ses traditionnels marchés publics longs, prospecter partout, « en mode guerrier », leur dit-on.

      L’agence ne semble pas prendre pleinement conscience de l’urgence de la situation. Sa léthargie est, plus largement, due à son fonctionnement : elle est née en 2016 de la fusion de trois instituts sanitaires et « armée comme un plan quinquennal au temps de l’Union soviétique », estiment certaines sources.

      Censée être plus réactive et moins soumise aux contraintes administratives que le ministère, la machine SPF souffre en fait de la même lourdeur alors qu’elle doit mener des opérations urgentes. D’autant que, depuis la fusion, son volet « intervention », géré par l’ancien Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS), a été négligé. Questionnée par Mediapart, la direction de SPF n’a pas souhaité répondre, nous renvoyant vers le ministère de la santé.

      Dans la foulée de cette alerte, mi-février, le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), un organisme dépendant de Matignon chargé d’organiser la réponse de l’État aux crises les plus graves, qu’elles soient terroristes ou sanitaires, se réunit avec différents ministères. Il demande de s’appuyer sur les quatre industriels français producteurs de FFP2. Puis le cabinet du ministre de la santé convoque ces quatre industriels, et regroupe toutes les commandes d’État via un acheteur unique, SPF. L’objectif : peser davantage dans les négociations avec les fournisseurs.

      En cette fin février, l’épidémie atteint l’Italie de manière inquiétante et l’exécutif commence à s’affoler. Le 25 février, une réunion interministérielle de crise est organisée autour du premier ministre Édouard Philippe. Selon la réponse du ministère de la santé à Mediapart, un « besoin » supplémentaire de 175 millions de masques FFP2 est identifié « sur la base d’une épidémie de 3 mois ». Toujours selon le ministère, Olivier Véran mandate le même jour Santé publique France afin que ces masques soient commandés.

      Publiquement, le ministère de la santé se veut rassurant lors de ses points presse. « Pour ces masques à haut niveau de technicité [les FFP2 – ndlr] », « la commande publique a été passée », afin de « constituer un stock de plusieurs dizaines de millions », déclare Olivier Véran le 26 février, promettant, le lendemain, ne pas être « en réaction » mais « depuis des semaines dans l’anticipation ».

      « Nous avons et nous garderons un temps d’avance », jure-t-il.

      « Il n’y a pas de sujet de pénurie », insiste de son côté Jérôme Salomon, le DGS.

      Deux jours plus tard, tandis que l’agence européenne de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) requalifie à la hausse le risque d’importation en Union européenne, la ministre dissuade, sur RTL, de porter le masque chirurgical, qui n’est utile, dit-elle, que « quand on est malade ». Elle relativise : « Quand vous croisez quelqu’un dans la rue, le risque d’attraper le virus est faible. » Elle affirme aussi que « des dizaines de millions de masques [sont] en stock, en cas d’urgence », que « tout cela est parfaitement géré par les autorités ». « Et si un jour il fallait porter un masque, nous distribuerions le masque, il n’y a absolument aucune raison d’aller en acheter », ajoute-t-elle.

      Les Français font tout l’inverse. Dès la mi-janvier, « beaucoup de gens se sont rués dans les pharmacies pour acheter des masques, dans les magasins de bricolage, en ligne, partout. Ça a beaucoup vidé les stocks », a indiqué, lors d’une réunion interne confidentielle, le directeur commercial pour la zone Ouest Méditerranée du fabricant américain 3M, l’un des leaders mondiaux des masques. D’autant plus que « beaucoup de masques qui étaient stockés en France sont partis en Chine ou ailleurs ». La pénurie dans le circuit commercial a été si violente que 3M « a arrêté dès la fin janvier de fournir les pharmacies » françaises et « priorisé vers les hôpitaux », poursuit le directeur commercial.

      Les propos d’Agnès Buzyn sont aussi en décalage complet avec la réalité vécue au même moment par la cellule de crise du ministère de la santé, qui planche sur un plan d’action pour les différents stades de l’épidémie. Composée de 25 personnes, issues du CORRUSS (le centre de veille du ministère) et de la sous-direction « veille et sécurité sanitaire », cette cellule s’alarme des maigres stocks de masques. « On a commencé à s’inquiéter et on s’est mis en ordre de bataille pour acheter massivement fin janvier », confie à Mediapart, sous le couvert de l’anonymat en raison de sa fonction, un membre de la cellule de crise.

      Le 24 janvier, la Direction de générale de la santé (DGS) saisit l’agence Santé publique France (SPF), sous la tutelle du ministère, pour faire un inventaire des stocks de matériel médical. Le 30 janvier, elle lui demande d’acquérir « dès que possible » 1,1 million de masques FFP2 seulement, selon un document obtenu par Mediapart :

      S’agissant des masques chirurgicaux, la DGS ne préconise pas de nouvel approvisionnement autre que la commande de 80 millions de masques, déjà passée avant l’arrivée de l’épidémie et destinée à atteindre un stock national d’environ 160 millions. Cela semble alors suffisant aux yeux des autorités sanitaires.

      Le 7 février, nouvelle demande de la DGS à SPF. Il s’agit cette fois d’acquérir 28,4 millions de FFP2, à travers « une procédure accélérée d’achat », en contactant seulement les trois gros producteurs français. Du côté des masques chirurgicaux, aucune commande supplémentaire n’est passée. Pire : la DGS ordonne de sortir des stocks 810 000 chirurgicaux ayant une date de péremption courte (31 mars, 31 août 2020), à destination de la Chine…

      Deux semaines après la première saisine, les résultats sont catastrophiques. Au 12 février, sur les 28,4 millions de FFP2 demandés, SPF n’en a reçu que 500 000 et en a commandé 250 000 autres, pas encore livrés. Et sur les 160 millions de chirurgicaux espérés, 30 millions manquent encore, commandés mais toujours pas livrés.

      L’inquiétude monte inévitablement au sein du ministère de la santé, qui s’alarme des difficultés d’approvisionnement, et de la lenteur de Santé publique France. Lors d’une réunion interne sur le sujet, le 11 février, il est acté qu’atteindre l’objectif de 28,4 millions de masques FFP2 est compromis. Ce qui n’empêche pas le nouveau ministre de la santé, Olivier Véran, de claironner, à plusieurs reprises, le 18 février, au micro de France Inter, que la « France est prête » face au « risque pandémique ».

      Comment expliquer ce fiasco ? Le ministère fait valoir qu’il s’est heurté à un marché très concurrentiel – offre limitée, demande accrue à travers le monde, prix en hausse –, notamment face aux Asiatiques, qui possèdent déjà leurs canaux d’approvisionnement habituels.

      Mais le gouvernement a objectivement commis plusieurs erreurs : des commandes en très faibles volumes, trop tardives, dispersées – chaque ministère commande de son côté, pesant moins dans les négociations – et, enfin, l’usage de procédures de marchés publics inadaptées à l’urgence. Y compris au niveau européen.

    • ACTE III (fin février – début mars). Les failles de la cellule commando

      Mais en coulisses, le gouvernement décide de changer de braquet. Santé publique France apparaît clairement sous-dimensionnée pour piloter les commandes, collectes et distributions de masques. Une stratégie agressive est mise en place. L’exécutif crée une cellule de crise interministérielle Covid-19, la CCIL (pour « cellule de coordination interministérielle de logistique »), qui est officiellement « activée » le 4 mars. Avec, en son sein, un service dédié aux achats de masques, chargé de faire remonter les stocks par tous les moyens possibles.

      Cette « sous-cellule masques » rassemble notamment des agents du ministère de la santé et du SGDSN. Sa direction est confiée à Martial Mettendorff, l’ex-directeur général adjoint de Santé publique France, celui-là même qui avait reçu la demande d’accélérer du ministère à la mi-février… Il sera remplacé à la tête de cette « cellule masques » moins d’un mois plus tard, par un commissaire général des armées.

      Le bilan de ce commando inter-ministériel est très maigre. Entre sa création et le 21 mars, soit un peu plus de trois semaines, la cellule n’a pu obtenir que 40 millions de masques tout compris (production française, réquisitions, dons et importations), selon le ministre de la santé. Soit seulement une semaine de consommation du stock stratégique au rythme actuel.

      Sur le papier, l’exécutif a pourtant frappé fort. Le 3 mars, l’État a décidé, par décret du premier ministre, de réquisitionner à la fois tous les stocks de masques sur le territoire, et ceux qui sortent des usines.

      Côté production, ce décret a réglé d’un seul coup les laborieuses négociations engagées en février avec les quatre fabricants dotés d’une usine en France. Ils sont désormais obligés de livrer exclusivement l’État et parviennent à doubler leur production, qui a atteint aujourd’hui 6 millions de masques par semaine. Soit une vingtaine de millions livrés au 21 mars.

      La réquisition des stocks détenus par l’ensemble des institutions et des entreprises françaises a pour sa part connu des ratés. Le 25 mars, la fédération CGT des services publics alerte le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner : des « dizaines de milliers de masques attendent toujours que l’on vienne les chercher ». Pour faire face à la pénurie en Haute-Savoie, le coordinateur CGT des pompiers, Sébastien Delavoux, a en effet appelé des syndicalistes dans plusieurs entreprises publiques de l’énergie. « On a trouvé des dizaines de milliers de masques en passant quelques coups de fil. Dans plusieurs endroits, les masques ont été rassemblés mais personne n’est venu les prendre », raconte-t-il.

      Le décret de réquisition a aussi eu des effets pervers. « On a navigué à vue », estime le membre de la cellule de crise déjà cité, pour qui « le remède a sans doute été pire que le mal ». Selon lui, « la réquisition n’a pas été préparée. Après le tweet d’Emmanuel Macron l’annonçant, il a fallu rapidement faire le décret ».

      Un élément clé en particulier n’a pas été « anticipé » : le fait que la réquisition allait « assécher les circuits traditionnels d’approvisionnement pendant deux semaines, parce que les professionnels qui livraient notamment aux établissements de santé et aux pharmacies ont arrêté, ne sachant pas ce qu’ils avaient le droit de faire ou s’ils allaient être payés ». « On s’est retrouvé en difficulté, et cela a clairement retardé l’approvisionnement en masques, raconte-t-il. Les Allemands, eux, ont par exemple interdit les exportations, au lieu de réquisitionner. »

      Le 20 mars, soit trois semaines après la réquisition, le gouvernement fait volte-face et autorise de nouveau les entités publiques et privées à importer librement des masques.

      Mais le résultat le plus décevant vient des achats à l’étranger. Selon une estimation de Mediapart, que le ministère de la santé nous a confirmé, la « cellule masques » a réussi à importer moins de 20 millions d’unités entre début mars et le 21 mars. Le ministre de la santé a indiqué publiquement que ces « difficultés » viennent de la « course mondiale aux masques » provoquée par la pandémie, qui fait qu’« aucun pays au monde ne fait face à sa demande ».

      Des erreurs ont cependant été commises. Selon nos informations, des propositions sérieuses ont, de fait, été ignorées. Comme celle de Julien, un expert en sourcing industriel en Chine, qui a souhaité rester anonyme (voir notre « Boîte noire »). Il a vécu dix ans sur place, connu plusieurs pandémies virales, et suit la crise de près par le truchement de ses amis confinés à Wuhan.

      Choqué par la politique française qui déconseille le port du masque, il s’est adressé le 13 mars au directeur général de la santé, Jérôme Salomon. « Porter un masque n’est pas un acte folklorique. C’est ce qui a permis et permet de contrôler la propagation du virus en Asie, lui écrit Julien via la plateforme LinkedIn. Le port du masque est obligatoire dans beaucoup de pays asiatiques. […] Les résultats sont probants. […] En Europe, surtout en France, le discours vis-à-vis du port du masque est irrationnel. Les mentalités aussi. Changeons-les. »

      « Il faut en priorité équiper les soignants, les stocks sont limités », lui répond le jour même le directeur général de la santé, confirmant en creux que la politique sanitaire française est en réalité dictée par la pénurie. Julien lui indique que la Chine a dopé ses cadences de production, qui atteignent 110 millions de masques par jour. « Pas si simple, je vous garantis que nous cherchons tous azimuts », lui répond Jérôme Salomon.

      Julien propose alors du tac au tac d’aider l’État en mobilisant son réseau en Chine. Jérôme Salomon l’aiguille vers Antoine Tesnière, le conseiller Covid du ministre de la santé. Deux jours plus tard, le 15 mars, il envoie une proposition détaillée et indique avoir trouvé des usines capables de fournir 6 à 10 millions de masques chirurgicaux par semaine dont 1 million de masques FFP2, une denrée rare. Son courriel est transmis au chef de la « cellule masques », Martial Mettendorff, et à la patronne du SGDN, Claire Landais.

      Le 16 mars, Julien s’entretient au téléphone avec l’adjointe d’Antoine Tesnière. Selon lui, elle lui répond que la cellule n’a pas besoin d’aide car elle a son propre réseau en Chine. Dans des échanges de SMS que Mediapart a pu consulter, les fournisseurs chinois de Julien écrivent qu’ils n’ont pas été contactés par l’État français.

      « J’ai été choqué, car je leur ai trouvé en trois jours des usines fiables, qui avaient des capacités, des certificats et des autorisations d’exporter, mais ils s’en fichaient, indique Julien. Le 16 mars, l’un des fournisseurs que j’avais contacté m’a dit avoir livré 70 millions de masques pour le Kazakhstan, en m’envoyant une vidéo de l’opération. »

      Le ministère de la santé nous a répondu que l’offre de Julien a été rejetée car elle manquait de « fiabilité ».

      Un membre de la cellule de crise reconnaît que l’examen des offres des importateurs a été mal géré, par manque de moyens humains et à cause de problèmes d’organisation qui ont ralenti le fonctionnement de la cellule pendant les deux premières semaines. « Ce flux de mails, on n’a pas été capables de le gérer, on a manqué d’organisation. Des gens n’ont pas eu de réponse, alors que c’était des offres sérieuses. »

      L’offre d’un de ces importateurs, Jérôme* qui a fourni à Mediapart l’intégralité de ses correspondances avec la cellule, a en effet été jugée sérieuse. L’État lui a en effet demandé de faire une proposition détaillée pour une première commande d’un million de masques produits en Chine, selon des courriels obtenus par Mediapart. Mais Jérôme a attendu une semaine avant de recevoir une réponse, finalement négative pour cause de prix jugés trop élevés…

      Certes, Jérôme a fait son offre au moment des méga-commandes annoncées par l’État, le 21 mars (voir plus bas). Mais ce délai d’examen interpelle au vu de l’urgence sanitaire et de la concurrence féroce sur l’approvisionnement. « La demande est telle qu’à chaque jour qui passait, la capacité disponible de mes fournisseurs baissait. L’un d’entre eux a pris une commande de 10 millions de pièces pour un autre pays », indique-t-il à Mediapart.

      À sa décharge, la cellule devait à la fois aller vite et vérifier le sérieux des offres pour éviter les escrocs. « La difficulté, c’est qu’il y avait aussi un flot de propositions étrangères de sociétés qui n’existaient pas, des masques FFP2 proposés à des prix délirants par rapport aux prix habituels, etc. », raconte une source interne. « Les propositions frauduleuses ont pullulé », a confirmé le ministère de la santé à Mediapart.

      Le cabinet d’Olivier Véran nous a répondu que la cellule interministérielle, composée de « professionnels » aguerris, « a reçu de nombreuses offres d’achat ou de don qui ont été examinées par ordre de priorité », et a « suivi l’ensemble des précautions nécessaires pour pouvoir s’approvisionner avec du matériel à la qualité reconnue, issu de sources fiables ». Le ministère ne souhaite pas commenter « l’ensemble des propositions d’offres » que nous lui avons soumises, car il n’y aurait pas de « preuve » que les entrepreneurs nous ayant dit être sérieux le soient vraiment.

      Il semble également y avoir eu des problèmes de communication entre les services de l’État en régions et la cellule nationale. L’histoire la plus emblématique est celle l’entreprise Prolaser, révélée par le quotidien Ouest-France. Lors de la semaine du 16 mars, cette PME, spécialiste des cartouches d’encre recyclées, identifie des fournisseurs chinois capables de livrer rapidement 500 000 masques par jour, grâce à son réseau sur place. L’entreprise s’adresse aux services locaux de l’État, sans succès. Le ministère de la Santé nous a indiqué ne pas avoir eu connaissance de cette proposition.

      Résultat : juste après la parution du décret du 20 mars autorisant de nouveau les institutions et les entreprises à s’approvisionner, les conseils départementaux de Vendée et du Maine-et-Loire en profitent pour passer des commandes pour 1,2 million de masques, pour leur compte et celui des communautés de communes de leur territoire. Ils seront notamment livrés aux Ehpad et aux personnels qui aident les personnes âgées à domicile.

      Prolaser a indiqué à Mediapart avoir sécurisé 500 000 livraisons par jour, avec un premier avion qui a atterri ce lundi 30 mars. Le conseil départemental de Vendée confirme avoir reçu le même jour un premier lot de 30 000 masques, qui permettra de pallier la pénurie en attendant « les livraisons de l’État ».

      Il existe enfin des stocks de masques qui n’ont pas le certificat européen CE, mais respectent des normes étrangères dont les caractéristiques sont très proches. Le 16 mars, Henri(1), patron d’une société d’importation d’objets publicitaires, repère un stock chinois de 500 000 masques chirurgicaux chinois à la norme non-européenne EFB95, destinée à l’origine au marché brésilien. Il a l’idée de les importer en France pour les proposer « à prix coûtant ». « Ces masques étaient conformes et de bonne qualité. Ma réflexion était qu’il vallait mieux avoir des masques, même sans marquage CE, que pas de masque du tout », raconte-t-il.

      Henri contacte les douanes pour leur demander si une importation est possible. « Il leur fallait juste l’accord des services de santé, ce qui est compréhensible. Mais malgré plusieurs relances, nous n’avons pas eu de retour de leur part. Nous avons dû libérer le stock, qui est parti dans d’autres pays. »

      Vu la pénurie, l’Espagne a décidé le 20 mars d’autoriser temporairement l’importation de ces masques aux normes étrangères. La France a choisi pour sa part de réquisitionner à partir du 13 mars les masques dépourvus de marquage CE stockés sur son territoire, mais a attendu le 27 mars pour autoriser les importations.

      Le gouvernement semble donc avoir raté, au mois de mars, plusieurs opportunités de livraisons, dans un contexte de pénurie où les acheteurs publics comme privés se livrent une concurrence féroce auprès des fabricants chinois. « C’est la guerre entre les pays pour être servi, relate un acheteur d’un groupe français. Les ambassadeurs en Chine en sont quasiment à dormir sur les palettes pour sécuriser les lots. Et à ce jeu-là, la France s’est réveillée tard. »

      Ce n’est pas Renaud Muselier qui dira le contraire. Ce mardi 31 mars, le président de la Région Sud (ex-Provence-Alpes-Côte d’Azur) a annoncé, sur la chaîne russe RT, qu’une partie d’une commande française de 4 millions de masques en provenance Chine a été tout simplement détournée vers les États-Unis à la dernière minute. « Sur le tarmac [de l’aéroport], en Chine, une commande française a été achetée par les Américains cash, et l’avion qui devait venir en France est parti directement aux États-Unis », a dénoncé le président de Région.

      Plusieurs entrepreneurs en contact avec l’État ont indiqué à Mediapart avoir prévenu la « cellule masques » que le retard pris dans les commandes se paierait cher. Car dès la mi-mars, le marché chinois est devenu une « jungle », le « far west », selon ces sources.

      Les industriels chinois se sont rués sur le marché du masque, devenu le nouvel « or blanc », ouvrant des usines à tour de bras. Avec pour conséquence une baisse de la qualité et une difficulté croissante pour trouver des stocks fiables. Les Pays-Bas ont ainsi découvert qu’un lot de 1,3 million de masques chinois livrés le 21 mars était défectueux.

      En France, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a expliqué, dans une note confidentielle, avoir reçu, le 26 mars, 700 000 masques « sans marquage CE ». Ces masques « sont conformes », insistent la Région Île-de-France, à l’origine de la commande, et l’ARS, qui l’a contrôlée.

      Le ministère nous a indiqué avoir passé, dès le 11 mars, une commande 175 millions de masques, sans préciser si elle incluait les volumes achetés aux producteurs français.

      Quel que soit le volume commandé à l’import, il a tardé à arriver : entre la fin février et le 21 mars, la cellule interministérielle n’a réussi à se faire livrer que moins de 20 millions de masques achetés à l’étranger.

      Le ministère nous indique que sa « performance » doit être évaluée en tenant compte du « contexte inédit » auquel tous les pays acheteurs ont été confrontés, c’est-à-dire la difficulté à se fournir dans un contexte d’offre mondiale insuffisante et de concurrence exacerbée.

    • ACTE IV (mars). La cellule de Bercy et le scandale Airbus

      C’est le credo du gouvernement depuis le début de la crise : « La distribution des masques privilégie toujours les soignants et les personnes les plus fragiles », répétait, samedi 28 mars, le ministre Olivier Véran. C’est exact, mais « privilégier » ne signifie pas « réserver ». S’il a été fortement réduit, le gouvernement n’a jamais coupé l’approvisionnement des entreprises, au nom de sa politique consistant à préserver autant que possible l’activité économique (lire nos enquêtes ici, là, là et là).

      Lorsque le gouvernement a réquisitionné, le 3 mars, par décret, tous les masques présents sur le territoire, il n’a pas ordonné la saisie de l’intégralité des stocks des entreprises. Selon Marianne, le ministère de la santé avait souhaité récupérer, une semaine plus tard, les masques de l’industrie agroalimentaire, qui en consomme plus de 1,5 million par semaine. Avant d’y renoncer sous la pression des industriels et du ministre de l’agriculture.

      Après une période de flottement, le gouvernement a précisé les règles : les entreprises qui avaient l’obligation légale de fournir des masques à leurs salariés avant la crise, pour des raisons de sécurité au travail, peuvent continuer à le faire, a indiqué le 30 mars la secrétaire d’État à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, lors d’un point presse téléphonique.

      Le 20 mars, en libéralisant les importations – seules les commandes supérieures à 5 millions de masques doivent être déclarées et sont susceptibles d’être réquisitionnées –, les autorités ont aussi permis aux entreprises françaises de se fournir en masques, alimentant ainsi la concurrence sur un marché déjà sous forte tension.

      Plus surprenant encore : Bercy a créé, au sein de sa Direction générale des entreprises (DGE), une cellule chargée d’aider les entreprises à importer des masques. Distincte de la cellule interministérielle chargée d’approvisionner l’État pour le personnel soignant, elle coordonne un réseau de 150 acheteurs privés disséminés dans les grands groupes français. La secrétaire d’État a précisé que la « cellule entreprises » se fournit auprès de fabricants chinois « de plus petite taille », les « volumes les plus importants » étant « fléchés » en priorité vers la cellule qui fournit l’État.

      Dès lors que l’État a « verrouillé » ses approvisionnements en passant des commandes géantes annoncées le 21 mars (lire ci-dessous), Agnès Pannier-Runacher trouve « normal » que Bercy s’emploie à « aider les entreprises, puisqu’elles permettent de donner une résilience supplémentaire à la France ».

      Interrogée lundi 30 mars par Mediapart lors de son point presse, elle s’est montrée plus embarrassée sur le nombre de masques consommés par les entreprises. « Moins de quelques millions par semaine », a-t-elle répondu. Questionné par la suite sur les volumes exacts, son cabinet a refusé de répondre.

      La secrétaire d’État a assuré que le privé « ne vient pas en concurrence avec la santé », et qu’il serait « erroné d’opposer l’un à l’autre ». Elle affirme que l’État « déstocke » suffisamment de masques chaque semaine pour les hôpitaux, que l’unique « question » qui se poserait serait la « logistique » de leur distribution aux soignants.

      Cette affirmation est fortement contestable, vu la pénurie qui sévit chez les soignants (lire plus bas). D’autant plus que la libéralisation d’achat des masques datant d’il y a seulement dix jours, la consommation de masques par les entreprises est amenée à augmenter. Et que ces masques sont loin d’être utilisés par les seuls secteurs essentiels ou exposés, comme l’alimentaire et les caissières de supermarché.

      Le cas le plus emblématique est celui du géant Airbus.

      Alors que la crise du Covid-19 a cloué au sol 80 % de la flotte aérienne mondiale, il n’y a aucune urgence à assembler des avions. Airbus a pourtant rouvert ses usines françaises le 21 mars, au prix d’une consommation de masques très importante, selon nos informations.

      Et l’avionneur semble avoir bénéficié d’un passe-droit. Le 20 mars, le directeur commercial de la zone Ouest-Méditerranée du fabricant de masques 3M distribue à ses troupes un document confidentiel intitulé « communication covid » décrivant les secteurs à livrer en priorité. Il s’agit, explique-t-il lors d’une conférence téléphonique, des consignes données par le gouvernement.

      Tout est à première vue logique. La « priorité 1 » concerne les commandes des établissements de santé, de l’industrie pharmaceutique du « gouvernement ». Les secteurs essentiels (alimentaire, énergie) sont en « priorité 2 », tandis que toutes les autres entreprises sont en « priorité 3 », c’est-à-dire « non prioritaires ».

      Toutes les autres, sauf Airbus, classé dans le document en « priorité 2 ». Pourquoi ? « C’est basé sur des priorités qui sont définies par le gouvernement. […] Ce n’est pas nous qui décidons de ces priorités », répond le directeur commercial de 3M, le fabricant de masques, lors d’une conférence téléphonique interne du 20 mars. « Je ne vais pas juger, on n’est pas là du tout pour juger, mais jusqu’à présent, ça faisait partie des priorités », ajoute-t-il. Selon un autre document confidentiel de 3M, Airbus n’a été retiré de la « priorité 2 » que le 25 mars, et reclassé de facto en « priorité 3 », au même titre que l’ensemble des entreprises aéronautiques (ci-dessous).

      Le gouvernement a-t-il vraiment donné instruction à 3M de favoriser Airbus ? Le fabricant de masques n’a pas démenti, se bornant à affirmer qu’il tient « parfaitement compte des recommandations du gouvernement, s’agissant notamment de donner la priorité aux professionnels de santé ». Airbus indique qu’il n’a « pas connaissance de ce classement en priorités 1, 2 ou 3 ». Bercy et le ministère de la santé ne nous ont pas répondu sur ce point.

      Quoi qu’il en soit, après cinq jours d’arrêt pour cause de mise en place du confinement, les usines françaises d’Airbus ont rouvert le 21 mars. Le lendemain, le PDG de l’avionneur, Guillaume Faury, annonçait sur Twitter qu’un de ses A330 s’était posé à Toulouse avec 2 millions de masques chinois, dont « la majorité sera donnée aux gouvernements ». « Nous travaillons pour soutenir les équipes médicales qui sauvent des vies sur le terrain », se félicite-t-il.

      Mais Guillaume Faury a oublié de dire que la cargaison était aussi destinée à ses usines. « Une petite partie a été conservée par Airbus afin d’assurer la sécurité des personnels qui travaillent sur nos sites », reconnaît aujourd’hui l’entreprise. L’avionneur s’est donc bien servi d’un convoi humanitaire pour se fournir discrètement.

      Mediapart s’est procuré les consignes distribuées aux ouvriers à l’entrée des usines : le port du masque chirurgical est obligatoire « lorsque l’activité ne permet pas le respect de la distance de 1 m », avec « changements des masques toutes les 4 heures ». Selon nos informations, la majorité des ouvriers portent des masques. Vu les effectifs d’Airbus, cela représente plusieurs milliers de masques par jour. L’entreprise n’a pas démenti ce chiffre.

      Il y a plus choquant encore : les mêmes consignes indiquent que le « port d’un masque FFP3 » est obligatoire « si exposition aux poussières / brouillard d’huile ». Les masques FFP3, encore plus performants et chers que les FFP2, sont en effet indispensables pour protéger les ouvriers à certains postes. Mais leur utilisation en pleine crise du Covid interroge. Les masques FFP2 et 3 sont les seuls qui protègent leur porteur contre le Covid, et même les soignants en première ligne dans la lutte contre le virus ont du mal à s’en procurer. « Je suis écœuré qu’on utilise des FFP3 alors que ça ne sert à rien d’assembler des avions en ce moment, confie un salarié d’Airbus. Ces masques devraient être donnés aux hôpitaux. »

      Interrogé, Airbus assure qu’il « limite sa consommation en masques chirurgicaux et FFP3 au strict nécessaire afin d’assurer la sécurité de ses employés ». Le groupe justifie la poursuite de ses activités malgré la crise du Covid par la nécessité de « garantir la survie à long terme » de la filière aéronautique, « un secteur primordial et stratégique pour la France ». Airbus indique enfin avoir « rapatrié environ 6 millions de masques, destinés en grande majorité aux services de santé européens » (lire la réponse intégrale dans l’onglet Prolonger).

      Le cas d’Airbus ne pose aucune problème au gouvernement : le ministère de la santé nous a répondu que depuis la libéralisation des importations décidée le 20 mars, toutes les entreprises « dont l’activité nécessite le port d’un masque chirurgical ou de type FFP2/FFP3 », même les non essentielles, ont le droit d’en acheter.

    • ACTE V [mars]. La pénurie actuelle de masques

      Hôpital Bichat, à Paris. Pour affronter la « vague » de patients qui submerge l’Île-de-France, l’établissement a poussé les murs pour augmenter ses capacités d’accueil. Son service de réanimation est passé de 28 lits à 45 lits en quelques jours seulement, la semaine dernière. Cet effort est déjà insuffisant : la jauge est pleine, à 100 %, selon nos informations.

      Dans les autres services aussi, le personnel soignant est en première ligne pour prendre en charge un flot de patients « plus ou moins dégradés ». Mais la pénurie de masques se fait lourdement sentir.

      « Le week-end dernier, on m’a donné trois masques, pas des FFP2 qui nous protègent mais des simples chirurgicaux, pour toute une nuit », dénonce Sarah*, qui était mobilisée auprès de 24 patients Covid, porteurs avérés du virus, la « plupart dans un état critique ». Cette infirmière de 28 ans, qui travaille habituellement en milieu associatif, s’était portée volontaire pour renforcer les équipes hospitalières. « On m’a dit que j’allais être protégée. On m’avait montré des vidéos pour bien m’habiller en cellule Covid, etc. ». En réalité, l’infirmière a l’impression « d’avoir été envoyée au casse-pipe sans protection ». « C’est très traumatisant, je suis sûre d’être désormais contaminée », dit-elle.

      Au lendemain de sa nuit, Sarah a appelé l’astreinte pour annoncer qu’elle ne reviendrait plus à Bichat. En guise de dernier mot, l’hôpital lui a donné le numéro de la ligne directe d’un infectiologue.

      Si le personnel est ainsi rationné, c’est parce que les réserves de masques ont atteint un niveau critique. L’AP-HP, qui emploie 100 000 professionnels sur 39 hôpitaux comptait moins de 2,4 millions de masques en stock au 31 mars, selon les synthèses de sa « cellule masques ».

      Le stock est largement dominé par une réserve de 2 millions de FFP2, dont le réapprovisionnement est à ce jour très incertain. L’AP-HP a donc serré les vis dans tous les établissements de santé, en priorisant le personnel des services de réanimation. Sur les trois derniers jours, du 29 au 31 mars, seulement 20 000 FFP2 ont été distribués en moyenne tous les jours. Et ce, alors que les hôpitaux d’Île-de-France font face à un afflux record de patients (lire ici).

      Conséquence : les consignes édictées, au début de la crise, par les autorités de santé sont tombées à l’eau. Le 20 février, dans une note adressée aux établissements de santé, le ministère exigeait que tout soignant au contact d’un cas « possible » de Covid-19 porte un FFP2. Mais la doctrine officielle d’utilisation de masques a ensuite évolué, rappelle le ministère de la santé.

      Pour restreindre le port du FFP2, les autorités se sont appuyées sur un avis, rendu le 4 mars, par la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H), qui a considéré que ces masques pouvaient être réservés « aux personnels soignants qui réalisent des gestes médicaux invasifs ou des manœuvres au niveau de la sphère respiratoire » sur les patients Covid-19. La SF2H s’est elle-même appuyée sur une recommandation de l’Organisation mondiale de la santé ayant pour but de « rationaliser » l’utilisation de matériel médical face au risque de pénurie mondial.

      Pour les masques chirurgicaux aussi, la distribution est désormais très contrôlée. Et pour cause, il ne restait plus que 294 000 masques en stock ce mardi 31 mars. Le ratio des entrées et sorties sur les derniers jours montre la gravité de la situation : en trois jours, l’APHP a distribué 829 750 masques… et n’en a reçu dans le même temps que 7 500.

      L’urgence est telle que l’AP-HP se mobilise avec l’université Paris-Saclay, et le géant du luxe Kering, pour fabriquer quelques centaines de masques supplémentaires par jour à l’aide de quelque 60 imprimantes 3D…

      Dans le même temps, selon les chiffres officiels communiqués par sa direction générale, le nombre de professionnels de l’AP-HP contaminés depuis le début de l’épidémie a grimpé à 1 200 personnes « avec une proportion importante de médecins, proche de 40 % ».

      Le problème ne concerne pas seulement l’Île-de-France. Dans de nombreux territoires et depuis plusieurs semaines, des personnels soignants estiment ne plus avoir les moyens de travailler en sécurité.

      Dès le 19 mars, un infirmier en réanimation au centre hospitalier de Perpignan, où du personnel médical a depuis été contaminé, expliquait à Mediapart les conséquences du manque de masques : « Habituellement, hors Covid, pour les patients en isolement, on doit porter une surblouse étanche, des gants, une charlotte, un masque FFP2, et en sortant de la chambre on jette tout. Aujourd’hui, on nous demande de garder nos masques FFP2 le temps de validité (trois à quatre heures). Sauf que quand on s’occupe d’un patient, on prend des gouttelettes sur le masque, qu’ensuite on va aller téléphoner avec, aller et venir dans le service. Là, on se met vraiment en danger, par souci d’économie. On nous dit : “Il n’y a pas de masque.” »

      La pénurie frappe toute la chaîne hospitalière. Comme dans cet hôpital psychiatrique de Lorraine qui a dû donner 25 % de son stock (10 000 masques chirurgicaux sur 40 000) au CHU de Nancy. La raison ? Même « après les réquisitions du gouvernement », la dotation accordée à l’antenne départementale de l’ARS « permet très difficilement de faire face aux besoins exprimés », explique par mail la direction de l’hôpital, le 18 mars.

      Interrogée par Mediapart, l’ARS Grand Est déclare qu’il s’agissait d’une « demande » et aucun cas d’une « réquisition » : « Cela s’est fait avec l’accord de ces derniers, et appuyé par de la solidarité entre établissements dans une période de crise. Personne n’a été lésé », ajoute-t-on, au service de presse.

      Les conséquences n’ont pourtant pas été neutres : pour libérer du matériel, le personnel soignant de l’hôpital psychiatrique – dont plusieurs patients sont atteints du Covid-19, selon une note interne – a été invité par sa direction à ne plus porter de masque du tout pour la prise en charge de ceux ne présentant pas de symptômes. « Nous sommes exposés depuis près de 15 jours », fulmine une infirmière, qui redoute que le virus prospère entre patients et professionnels asymptomatiques.

      « On nous annonce depuis le début des livraisons de masque en pharmacie, mais où sont-ils ? On ne comprend pas ! », s’alarme, dans la Sarthe, la docteur Audrey Bidault. Depuis plusieurs semaines, cette gériatre compte ses masques, qu’elle distribue au « compte-gouttes » autour d’elle.

      Pour sa consommation personnelle, la médecin « réutilise les masques chirurgicaux sur quelques jours, ce qui n’est pas idéal, bien évidemment ». Mais les réserves fondent. Alors elle réfléchit à la possibilité de recycler ses « derniers FFP2 en les décontaminant à une température de 70 °C pendant une durée de trente minutes ».

      Malgré tout, Audrey Bidault se sait aujourd’hui privilégiée : elle est l’une des rares professionnelles à avoir constitué son propre stock en achetant du matériel sur internet début mars. La raison ? Un voyage en famille au Japon – où la quasi-totalité de la population est équipée d’un masque – dont elle est rentrée, fin février, avec la certitude que la France devait se préparer à la propagation du virus.

      En atterrissant sur le sol français, la docteur Bidault avait alerté les plus hautes autorités, à commencer par le directeur général de la santé, le professeur Jérôme Salomon. « Serait-il possible d’avoir des distributions de masques chirurgicaux à la population sur de multiples lieux ? », lui demande-t-elle, le 24 février, sur LinkedIn. Le professeur Salomon rétorque : « Les masques chirurgicaux sont utiles en cas d’épidémie et ils sont distribués aux personnes de retour de Chine et aux personnes au contact de malades. » Audrey Bidault relance : « Selon moi, cela s’avérera insuffisant. Nous ne sommes pas assez dans la prévention. » « Nous sommes bien d’accord et soutenons toutes les actions de prévention », répond Jérôme Salomon.

      Quatre jours plus tard, la France passe au « stade 2 » de l’épidémie.

    • ACTE VI (seconde quinzaine de mars). Méga-commandes et méga com’

      La France est toujours en « stade 2 » quand le gouvernement maintient le premier tour des municipales du 15 mars. Aucun masque n’est fourni par l’État aux présidents et assesseurs des bureaux de vote. Le lendemain soir, Emmanuel Macron annonce le confinement de la population pour deux semaines.

      Le Covid-19 a alors déjà fait 148 morts.

      Dans les jours qui suivent, l’exécutif martèle ses éléments de langage sur l’inutilité du port du masque. « Les Français ne pourront pas acheter de masque dans les pharmacies parce que ce n’est pas nécessaire quand on n’est pas malade », déclare la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, le 19 mars. « Je ne sais pas utiliser un masque […] ce sont des gestes techniques », ajoute-t-elle le lendemain.

      Le message est diffusé sur tous les tons, sur toutes les chaînes. « Il faut sortir de ce fantasme autour des masques, abonde Agnès Pannier-Runacher le même jour sur BFM Business. Respecter une distance de plus d’un mètre, c’est beaucoup plus efficace qu’un masque. Et surtout on a des cas de contaminations de gens qui portent des masques et le tripotent tout la journée. »

      Le summum est atteint le 25 mars lorsque Sibeth Ndiaye déclare que « le président de la République n’est pas muni d’un masque, tout simplement parce qu’il n’y a pas besoin d’un masque quand on respecte la distance de protection vis-à-vis des autres ». Le soir même, Emmanuel Macron visite l’hôpital de campagne de Mulhouse, dressé par l’armée, avec le précieux masque FFP2 sur le visage.

      En parallèle, Olivier Véran reconnaît enfin la pénurie, le 19 mars, au Sénat, puis lors d’un discours télévisé deux jours plus tard. Il explique, avec près de deux mois de retard, que l’État n’avait que « 150 millions » de masques chirurgicaux et aucun FFP2 en stock fin janvier.

      Olivier Véran livre aussi un bilan très noir. Il admet que, depuis la fin février, l’État n’a réussi à se procurer que 40 millions de masques, tous circuits confondus (production française, dons, réquisitions et import). Il n’y a plus qu’un petit million de FFP2 en stock, et 80 millions de masques chirurgicaux. De quoi tenir seulement deux semaines. Alors même que tous les soignants ne peuvent être servis, la France consomme désormais 40 millions de masques par semaine.

      Mais ces chiffres sont éclipsés par une autre annonce du ministre, ce même 21 mars : près d’un mois après la création de la cellule interministérielle, il indique que l’État est enfin parvenu à commander « plus de 250 millions de masques » à des fournisseurs chinois. La commande ne cesse d’enfler la semaine suivante par voie de presse : 600 millions de masques le 27 mars selon Le Monde, et 1 milliard le lendemain, le samedi 28 mars, selon France Info.

      Ce dernier chiffre est officiellement confirmé le même jour par Olivier Véran lors d’une conférence de presse avec le premier ministre Édouard Philippe. Mais avec une nuance de taille : « Plus d’un milliard de masques » sont commandés en Chine « pour la France et l’étranger, depuis la France et l’étranger, pour les semaines, les mois à venir ».

      Le ministère de la santé nous a précisé qu’il s’agit de commandes faites par la France, mais s’est contredit lui-même sur leur origine. Le cabinet d’Olivier Véran nous a en effet répondu que ce milliard de masques allait « être importé », pour ajouter juste après que ce chiffre « comprend [aussi] la production nationale ». Si cette seconde version est la bonne, ça veut dire que la commande chinoise est donc bien inférieure au milliard.

      Qu’importe, le jour de l’annonce, le chiffre d’un milliard de masques commandés en Chine a tourné en boucle dans les médias. L’opération de communication a fonctionné.

      Car le vrai sujet n’est pas le nombre de masques commandés, mais la date à laquelle ils vont arriver de Chine. Et cela inquiète le gouvernement. Il y a « des incertitudes sur la possibilité de valider les commandes faites, l’incertitude sur la réalité de leur livraison », confiait la secrétaire d’État à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, le 27 mars, lors d’une conférence téléphonique avec la filière textile, dont Mediapart s’est procuré l’enregistrement.

      « Je n’ai la certitude que les importations sont effectivement sur notre territoire […] qu’à la minute où l’avion qui doit amener les masques atterrit sur le tarmac des aéroports français », a ajouté Olivier Véran le lendemain.

      Vu la concurrence sur les achats de masques chinois, il faut d’abord s’assurer que les masques soient bel et bien fabriqués, ensuite qu’ils soient de bonne qualité, et surtout trouver des avions pour les livrer. Avec 80 % de la flotte mondiale clouée au sol, les prix du fret aérien ont explosé, et il est devenu très difficile de trouver des avions cargo disponibles.

      Comme l’a raconté Le Monde, le « pont aérien » vanté par l’exécutif a été organisé dans la plus grande précipitation. Un appel d’offres a été lancé dans le week-end des 21-22 mars, juste après l’annonce de la première commande de 250 millions de masques par Olivier Véran. Le marché a été remporté par Geodis, filiale privée de la SNCF, qui est parvenue à affréter deux Antonov 124, dont le premier s’est posé lundi à l’aéroport de Paris-Vatry (Marne), avec 8,5 millions de masques à bord.

      Le gouvernement et Geodis n’ont communiqué aucun chiffre précis sur le volume et le planning des livraisons. Le ministère de la santé a refusé de nous les donner.

      Geodis annonce 16 vols supplémentaires « dans les prochaines semaines », mais aucun volume de masques. Les vols sont programmés au mois d’avril, selon la direction de l’aéroport citée par l’Agence France-Presse (AFP). À raison d’une dizaine de millions de masques par vol, cela pourrait correspondre, si tout se passe comme prévu, à une quarantaine de millions de masques par semaine. Juste assez pour assurer le rythme de consommation actuel, qui comprend donc des restrictions pour le personnel soignant.

      L’État va toutefois pouvoir compter sur un filet de sécurité supplémentaire, grâce aux dons d’entreprises comme le Crédit agricole et surtout LVMH. Le numéro 1 mondial du luxe indique à Mediapart avoir passé le 20 mars une commande de 40 millions de masques made in China offerts à la France, dont 12 millions des précieux FFP2, la livraison étant prévue à raison de 10 millions par semaine au mois d’avril.

      « La grande difficulté, c’est de trouver des avions », indique-t-on au siège du groupe. Le premier lot de 2,5 millions de masques est arrivé en France dimanche à bord d’un appareil d’Air France affrété par le groupe Bolloré. L’avion transportait aussi 3 millions de masques supplémentaires commandés par des entreprises françaises, dont 1 million pour le groupe Casino, destinés à équiper ses caissiers et caissières.

    • ACTE VII (fin mars). Changement de doctrine

      Pour tenter de faire oublier la pénurie et la lenteur de sa réaction depuis la fin janvier, l’exécutif multiplie les opérations de communication. Mardi 31 mars, Emmanuel Macron a visité l’usine de masques Kolmi-Hopen, près d’Angers, pour affirmer son nouvel objectif : la France doit atteindre « une indépendance pleine et entière » en matière de production de masques « d’ici la fin de l’année ».

      Le chef de l’État a vanté la mobilisation des quatre usines françaises, dont la production est passée de 3,5 à 8 millions de masques par semaine, avec l’objectif de grimper à 10 millions « fin avril », et même 15 millions grâce à l’aide de « nouveaux acteurs ».

      Soit un tiers seulement de la consommation actuelle, elle-même insuffisante.

      La veille, la secrétaire d’État à l’économie Agnès Pannier-Runacher avait communiqué sur l’« initiative » gouvernementale pour produire des masques en tissu grâce aux professionnels de l’industrie textile. Alors que le projet a aussi été initié par les entreprises du secteur.

      Certes, le 6 mars, Bercy avait en effet écrit à une représentante de la filière textile pour lui demander d’envisager de produire des masques. Mais plusieurs autres entreprises se sont mises spontanément à produire des masques pour répondre aux appels à l’aide lancés sur les réseaux sociaux par des soignants frappés de plein fouet par la pénurie. La scène, surréaliste, s’est répétée ces derniers jours encore, malgré les annonces tonitruantes du gouvernement de commandes de centaines de millions de masques en Chine.

      De véritables filières de distribution se sont mises en place de manière informelle pour pallier les carences de l’État. En Isère, le personnel médical a trouvé le soutien de la marque de jeans 1083, basée à Romans (Drôme). « Nous avons été appelés le 16 mars par plusieurs médecins qui nous connaissent dans le secteur. Ils nous ont dit qu’ils étaient en rupture de masques et que le CHU de Grenoble leur avait envoyé un tutoriel pour en fabriquer eux-mêmes », raconte le fondateur de l’entreprise, Thomas Huriez.

      « Il n’avait pas le temps pour fabriquer les masques, ni forcément la compétence et les machines à coudre. Ils nous ont donc sollicités pour le faire, ajoute-t-il. On s’y est mis le lundi soir, et on commençait à distribuer le mardi midi. » Depuis la marque a distribué gratuitement des « milliers de masques » à des médecins, dans des Ehpad. D’autres fabricants français ont fait de même.

      Ce n’est que le 18 mars que Bercy a demandé au Comité stratégique de filière mode et luxe de structurer le projet et d’encadrer la mobilisation de la filière. L’objectif : fabriquer deux types des produits aux caractéristiques proches des masques chirurgicaux et FFP2, en version légèrement dégradée. L’État a défini des normes et mobilisé un laboratoire de l’armée pour tester les prototypes. 179 entreprises ont répondu à l’appel ; 81 prototypes ont été validés.

      L’exécutif espère que le filière pourra produire 500 000 masques par jour « dans les prochains jours », et 1 million d’ici la fin du mois. L’objectif n’est pas d’équiper les personnels soignants, mais les salariés du privé et les fonctionnaires que l’État est aujourd’hui incapable de protéger. « Celles et ceux qui sont exposés aux services à domicile, à nos transporteurs, à nos pompiers, à nos forces de l’ordre, à nos caissiers et caissières, aux guichets, à toutes les professions qui sont aujourd’hui exposées qui, je le sais, ont souvent une angoisse et attendent, des masques », a déclaré Emmanuel Macron.

      Conférence téléphonique d’Agnès Pannier-Runacher avec les entreprises du textile membres du projet de fabrication de masques, le 27 mars 2020.

      Derrière ce forcing pour doper la production nationale se cache un changement de doctrine sur le port du masque, à l’opposé du discours officiel sur sa prétendue inutilité. C’est ce qu’a exposé la secrétaire d’État à l’économie Agnès Pannier-Runacher, vendredi 27 mars, lors d’une conférence téléphonique sur les masques avec la filière de l’industrie textile, dont Mediapart s’est procuré l’enregistrement.

      Il faut « augmenter massivement, massivement, notre autonomie en matière de masques », a indiqué la secrétaire d’État. « L’enjeu pour nous, c’est finalement de préparer la sortie de confinement, où on sait qu’il faudra massivement équiper » la population, a-t-elle ajouté. Interrogé par Mediapart, son cabinet a refusé de commenter, au motif que « la doctrine d’usage des masques » est « exclusivement du ressort du ministère de la santé ». Le ministère n’a pas répondu sur ce point.

      Les propos de la secrétaire d’État montrent pourtant que le gouvernement ne croit pas à son discours officiel sur la primauté exclusive des « gestes barrières ». Une fois le confinement terminé, la population sera en effet de nouveau exposée au virus, avec le risque d’une reprise de l’épidémie.

      Dans ce contexte, le masque est un moyen de protection efficace. Quatre pays d’Europe centrale (République tchèque, Slovaquie, Autriche et Slovénie) ont d’ailleurs rendu, ces derniers jours, son port obligatoire dans l’espace public.

      Au moins six plaintes pénales ont déjà été déposées devant la Cour de justice de la République (CJR) contre le premier ministre Édouard Philippe, l’ex-ministre de la santé Agnès Buzyn et son successeur Olivier Véran, accusés d’avoir mal géré la crise, notamment au sujet des masques (lire ici).

      Lors de sa visite de l’usine de masques Kolmi-Hopen, Emmanuel Macron a dénoncé les « irresponsables » qui en sont « déjà à faire des procès alors que nous n’avons pas gagné la guerre ». « Ensuite viendra le temps des responsabilités. Et on regardera tous et toutes ce qu’on pouvait mieux faire, ce qu’on aurait pu mieux faire », a-t-il promis.

      Le chef de l’État a réclamé que cet examen soit réalisé « avec un principe de justice, à l’égard de tous les choix passés, quels que soient d’ailleurs les responsables politiques ». Il a estimé que ceux qui ont « pris des décisions il y a cinq ou dix ans » ne « pouvaient pas anticiper ce qu’on vient de vivre ».

      « Quand on vit quelque chose qui est inédit, on ne peut pas demander aux gens de l’avoir prévu il y a dix ans », a-t-il ajouté, précisant qu’il souhaite que ce « principe de justice » soit appliqué « à l’égard de tous et toutes ».

    • « Le langage politique est conçu pour que les mensonges paraissent vrais et les meurtres respectables, et pour donner à du vent l’apparence de la solidité » - Orwell

      Chez LREM, on le maîtrise mal...

      Merci Mediapart.

    • Au lieu de jouer la transparence sur cette pénurie – qui n’est pas de son fait –, et d’expliquer que le peu de stock disponible sera réservé en priorité aux soignants, le gouvernement d’Édouard Philippe choisit de ne pas informer les Français.

      Et si on ne sait pas les porter (c’est vrai !), qu’on nous apprenne !

  • #Danakali done first phase of Eritrea potash project

    Australia’s Danakali (ASX, LON:DNK) has finished the first phase of development of its world-class Colluli potash project in Eritrea, Africa, which takes the company a step closer to the construction phase and then onto production in 2022.

    The Perth-based miner is now moving to Phase 2, which includes finalizing geotechnical work, buying critical equipment such as a reverse osmosis plant and looking into optimization opportunities.

    Colluli, a 50:50 joint venture between Danakali and the Eritrean National Mining Corporation (ENAMCO), has been called “a game changer” for Eritrea’s economy, as is expected to become one of the world’s most significant and lowest-cost sources of sulphate of potash (SOP), a premium grade fertilizer.

    “The government will benefit from the longer-term development of the project, and the expected significant boost to royalties, taxation and exports, and from jobs and skills and economic development of the region,” chief executive Niels Wage told MINING.COM last year.

    The development of the Colluli potash projects coincides with the move towards diplomatic relations between the once feuding countries of Eritrea and Ethiopia, which officially declared peace in July 2018.
    Welcome boost

    A United Nations report published last year suggested that Colluli could significantly boost the economy of Eritrea, a country that, until 2018, was on the UN’s sanctions list.

    The document estimated that Colluli would contribute 3% of the country’s GDP by 2021 and 50% of the nation’s exports by 2030, while providing 10,000 direct and indirect local jobs.

    The report also identified how the mine could help Eritrea advance its sustainable development agenda, which are 13 priority Sustainable Development Goals (SDGs). These include: No poverty, zero hunger, quality education, gender equality, clean water and sanitation, sustainable economic growth and decent work, industry, innovation and infrastructure, reduced inequalities, climate action, peace, justice and strong institutions and partnerships for the SDGs.

    In the initial phase of operation, Wage said, Colluli would produce more than 472,000 tonnes a year of Sulphate of Potash. Annual output could rise to almost 944,000 tonnes if Danakali decides to go ahead with a second phase of development, as the project has a possible 200-year plus mine-life.

    The asset has the potential to produce other fertilizer products, such as Sulphate of Potash Magnesium (SOP-M), muriate of potash (MOP) and gypsum, along with rock salt. There is also potential for kieserite and mag chloride to be commercialized with minimal further processing required.

    https://www.mining.com/danakalis-first-phase-of-eritrean-potash-project-done
    #extractivisme #Erythrée #mines #Colluli_potash_project #Eritrean_National_Mining_Corporation (#ENAMCO) #Sulfate #fertilisants #industrie_agro-alimentaire #Sulfate_de_potassium

    La belle rhétorique du #développement... (sic), voire des #SDGs (#sustainable_development_goals)

    –-> ATTENTION : site de propagande commerciale... donc pas du tout mais pas du tout critique vis-à-vis de ce projet...

    ping @daphne @albertocampiphoto @reka

  • #Entre-deux, de #Enayat_Asadi

    Été 2018. Un jeune Afghan soutient son compagnon de route, au bord de l’#épuisement. Il leur aura fallu cinq heures de #marche en #montagne, plongés dans une nuit noire, pour atteindre la frontière iranienne. Cette étape migratoire est l’une des plus meurtrières au monde. Affaiblis, les deux jeunes hommes attendent de monter dans l’une des remorques surchargées qui les mènera vers la Turquie.

    Pour documenter le #périple des exilés afghans qui rallient son pays, le photographe iranien Enayat Asadi a élu domicile dans la région du #Sistan-Baloutchistan. Pendant deux ans, il s’est mêlé à ces marcheurs forcés et à leurs « prédateurs » : « La majorité des habitants des villages traversés vivent du trafic de drogue, de carburant ou de la traite humaine. Les migrants sont à la merci des contrebandiers, mais aussi de la police des frontières. Les arrestations peuvent mener à du travail forcé. »

    Décembre 2019 a marqué le triste anniversaire du début de la crise migratoire afghane. Depuis l’entrée des forces soviétiques sur Kaboul en 1979, trois millions d’Afghans ont trouvé refuge en Iran. De jeunes hommes pour la plupart, happés par la perspective d’un avenir pacifié, vidant le pays de ses forces vives. « Ils fuient les séquelles de la guerre et les persécutions religieuses pour la loi de la jungle, décrit le photographe. On les prive de toute dignité humaine. Ils n’ont qu’une idée en tête, survivre, mais une fois la frontière franchie, l’espoir se lit à nouveau dans leurs regards. »

    Cette photo est issue de la série « Rising from the Ashes of War » (« Renaître des Cendres de la Guerre »).

    http://www.6mois.fr/Entre-deux
    #photographie #Iran #réfugiés_afghans #réfugiés #Afghanistan #réfugiés_afghans #frontières

    –---------

    Le reportage Rising from the Ashes of War :

    https://www.leica-oskar-barnack-award.com/en/series-finalists/2019/enayat-asadi.html

    ping @albertocampiphoto @philippe_de_jonckheere
    signalé par @karine4

  • A propos de #Gabriel_Matzneff, un ami m’envoie cet article :

    « Pour écrire, je quitte le gris et froid Paris pour m’installer dans un pays du soleil » (entretien avec Gabriel Matzneff)
    Aymen HACEN, La Presse de Tunisie, le 18 février 2014
    https://www.turess.com/fr/lapresse/79134

    Surtout pour me signaler que celui qui a fait l’interview de Gabriel Matzneff est #Aymen_Hacen, chroniqueur à Causeur, et assistant de français à l’ENS de Tunis, accusé de harcèlement sexuel par des étudiantes :

    Tunis : suspension du professeur de l’ENS accusé de harcèlement sexuel par des étudiantes
    Kapitalis, le 26 décembre 2019
    http://kapitalis.com/tunisie/2019/12/26/tunis-suspension-du-professeur-de-lens-accuse-de-harcelement-sexuel-par-d

    Et que, du coup, on remonte à ses méfaits à l’ENS de Lyon lorsqu’il était encore étudiant :

    Accusé de harcèlement sexuel par des étudiantes de l’ENS de Tunis, un professeur rattrapé par des témoignages de ses camarades de l’ENS de Lyon
    Kapitalis, le 18 décembre 2019
    http://kapitalis.com/tunisie/2019/12/18/accuse-de-harcelement-sexuel-par-des-etudiantes-de-lens-de-tunis-le-profe

    #Tunisie #France #harcèlement_sexuel #université

    • Sur Aymen Hacen, voir aussi ce tweet de Léila Véron (11.12.2019) :

      J’exprime ma solidarité publique avec les étudiantes de l’Ecole Normale Supérieure de Tunis qui dénoncent le harcèlement, les agressions sexuelles et les viols présumés d’Aymen Hacen, professeur à l’ENS Tunis.
      Il y a 10 ans, ce prédateur faisait déjà de même à l’ENS de Lyon (j’y étais). Sauf que maintenant il est prof titulaire et il abuse de cette position de pouvoir.
      J’étais sa colocataire à l’ENS de Lyon. Je connais deux personnes qui l’ont accusé de viol (+multiples accusations de harcèlement et d’agressions). Il y a eu plusieurs mains courantes, une plainte, et l’école n’a à peu près rien fait, elle a surtout attendu qu’il parte.
      La plainte en France a été classée sans suite. La police ne m’a pas interrogée alors que j’étais la colocataire d’Aymen Hacen, présente la nuit de l’agression présumée… (j’ai entendu des éclats de voix, et le lendemain j’ai croisé la victime qui m’a montré des traces de coups).
      Cela fait des années que les étudiantes de Tunis dénoncent ces agissements. Il menace de les poursuivre en diffamation. Il dispose de soutiens politiques, et ses victimes craignent que le scandale soit étouffé. Elles ont besoin de notre soutien.
      Ça fait au moins 10 ans qu’il est accusé de commettre ces méfaits. Conformément aux demandes des étudiantes, Aymen Hacen doit être exclu. Personnellement, je demande à mes collègues de veiller à ne pas lui donner davantage de pouvoir et de visibilité.
      Photos d’un événement qui s’est tenu le 02 décembre contre le harcèlement sexuel à l’ENS de Tunis et le lien de la page facebook (l’équivalent de « balance ton porc ») où Aymen Hacen a été « balancé » et pour laquelle il menace de diffamation (https://www.facebook.com/groups/501115630620276/?fref=mentions)
      J’ai eu de très nombreux témoignages de personnes ayant été victimes d’Aymen Hacen, dans différents pays et différentes villes. Si vous êtes prêtes à témoigner publiquement n’hésitez pas à prendre contact avec moi et ce collectif.
      Si vous avez été victime d’Aymen Hacen ou témoin de ses agissements, je vous invite à écrire au recteur de l’université de Tunis (habib.sidhom@gmail.com), au directeur de l’ENS de Tunis (othman.hasnaoui@ens.rnu.tn) et au président de l’université de Tunis (habib.sidhom@gmail.com)

      Vous pouvez aussi témoigner sur cette page fb qui a recueilli les témoignages : https://www.facebook.com/groups/501115630620276
      Il va sans dire que si des journalistes me suivent et désirent couvrir cette histoire et cet exemple d’un metoo tunisien, j’aurais des contacts à leur fournir parmi les étudiantes mobilisées à l’ENS de Tunis.
      Il y a 10 ans, j’avais essayé d’aider les victimes, mais j’étais démunie et je ne savais pas qu’il fallait se tourner vers des collectifs dans ce genre de cas. Aujourd’hui, j’essaie de réagir et tant pis si je suis poursuivie en diffamation, je préfère que ça tombe sur moi.
      J’appelle toutes les personnes qui à l’époque à l’ENS Lyon ont mal réagi par ignorance, par maladresse, par lâcheté, à apporter leur soutien aux victimes de Tunis, et à écrire aux personnes signalées.
      On peut faire des erreurs, mais il y aussi des réactions impardonnables. Je repense à cet "ami" qui m’avait dit qu’il croyait Aymen Hacen coupable mais qu’il irait quand même à son mariage car il avait envie de voir un "mariage traditionnel tunisien"
      Bravo à mes soeurs de lutte tunisiennes pour leur courage, pour oser s’élever contre quelqu’un de puissant alors que cela met en péril beaucoup de choses pour elles. Je vous admire. Disons-leur que nous sommes avec elles.

      https://twitter.com/laelia_ve/status/1204841133907595271?lang=en

      #harcèlement_sexuel #ENS #ENS_Tunis #ENS_Lyon

    • Et à propos de #Matzneff...

      Sur un site web récemment supprimé, Gabriel Matzneff racontait ses activités pédophiles

      Visé par une enquête judiciaire, l’écrivain Gabriel Matzneff racontait ses activités pédophiles sur un site web récemment supprimé avec plus de détails encore que dans ses livres.

      –—

      Les petits enfants, c’est merveilleux. On rentre dedans comme dans du beurre

      https://www.lejdd.fr/Societe/gabriel-matzneff-ce-quil-a-voulu-cacher-3941071
      #grands_hommes #pédophilie

  • #EnaZeda — Au-delà des témoignages, un acte politique
    https://inkyfada.com/fr/2019/12/26/au-dela-des-temoignages-un-acte-politique

    Un député qui se masturbe devant un lycée, ses photos partagées massivement sur les réseaux sociaux et le #MeToo tunisien est né. Avec #EnaZeda, la parole se libère et les marqueurs se déplacent, remettant en cause certaines normes patriarcales maintenues par la loi du silence ou l’oppression des familles. Avec ce documentaire sonore, inkyfada propose une lecture politique et engagée du mouvement - à travers des rencontres, des discussions et des questionnements -, entrecoupée de témoignages lus ou racontés. Durée : 42 min. Source : Inkyfada

  • How to Enable DNS-over-HTTPS in Firefox (https://www.zdnet.com/arti...
    https://diasp.eu/p/9324210

    How to Enable DNS-over-HTTPS in Firefox

    HN Discussion: https://news.ycombinator.com/item?id=20371741 Posted by smacktoward (karma: 42629) Post stats: Points: 120 - Comments: 60 - 2019-07-06T20:28:36Z

    #HackerNews #dns-over-https #enable #firefox #how HackerNewsBot debug: Calculated post rank: 100 - Loop: 174 - Rank min: 100 - Author rank: 64

  • The Highest Bidder Takes It All: The World Bank’s Scheme to Privatize the Commons

    The Highest Bidder Takes It All: The World Bank’s Scheme to Privatize the Commons details how the Bank’s prescribes reforms, via a new land indicator in the #Enabling_the_Business_of_Agriculture (#EBA) project, promotes large-scale land acquisitions and the expansion of agribusinesses in the developing world. This new indicator is now a key element of the larger EBA project, which dictates pro-business reforms that governments should conduct in the agricultural sector. Initiated as a pilot in 38 countries in 2017, the land indicator is expected to be expanded to 80 countries in 2019. The project is funded by the US and UK governments and the Bill and Melinda Gates Foundation.

    The EBA’s main recommendations to governments include formalizing private property rights, easing the sale and lease of land for commercial use, systematizing the sale of public land by auction to the highest bidder, and improving procedures for #expropriation. Countries are scored on how well they implement the Bank’s policy advice. The scores then help determine the volume of aid money and foreign investment they receive.

    Amidst myriad flaws detailed in the report is the Bank’s prescription to developing countries’ governments, particularly in Africa, to transfer public lands with “potential economic value” to private, commercial use, so that the land can be put to its supposed “best use.” Claiming that low-income countries do not manage public land in an effective manner, the Bank pushes for the privatization of public land as the way forward. This ignores the fact that millions of rural poor live and work on these lands, which are essential for their livelihoods while representing ancestral assets with deep social and cultural significance.

    The Highest Bidder Takes It All is released as part of the Our Land Our Business campaign, made up of 280 organizations worldwide, demanding an end to the Enabling Business of Agriculture program.


    https://www.oaklandinstitute.org/highest-bidder-takes-all-world-banks-scheme-privatize-commons
    #Banque_mondiale #privatisation #terres #commons #communs #rapport #agriculture #industrie_agro-alimentaire #agro-business #land_grabbing #accaparement_des_terres #réformes #aide_au_développement #développement #commodification #économie #marchandisation #valeur_économique #néo-libéralisme

    signalé par @fil
    cc @odilon

  • Le mariage pour tous abordé lors du grand débat national ? « Nous n’interdisons aucun thème », répond Chantal Jouanno
    https://www.europe1.fr/politique/le-mariage-pour-tous-aborde-lors-du-grand-debat-national-nous-ninterdisons-a

    Invitée de la matinale d’Europe 1, lundi, la présidente de la Commission nationale du débat public Chantal Jouanno a indiqué qu’aucun thème n’était exclu du grand débat national qui débute le 15 janvier.

    Responsable de l’organisation du « #grand_débat_national », qui démarre le 15 janvier, Chantal Jouanno n’a pas exclu une réouverture du débat sur le mariage pour tous lors de ces échanges : « Peut-être que nos concitoyens voudront le faire. Nous n’interdisons aucun thème. C’est ensuite au gouvernement de décider ce qu’il en fera », a-t-elle assuré au micro d’Audrey Crespo-Mara sur Europe 1, lundi.

    Des opposants au mariage pour tous « libres » d’organiser une réunion. La présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP) réagissait à la première place, parmi 5.000 propositions, de l’abrogation du mariage pour tous dans la consultation lancée par le #Conseil_économique_social_et_environnemental.

    #CESE

    • Gilets jaunes : 7 000 contributions déposées sur le site du Conseil économique, social et environnemental
      https://www.ouest-france.fr/societe/gilets-jaunes/gilets-jaunes-7-000-contributions-deposees-sur-le-site-du-conseil-econo

      Sur son site internet, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a lancé une consultation qui s’adresse à tous. 7 300 contributions ont été déposées, ce midi, vendredi 4 janvier. Le Cese proposait aux citoyens « avec ou sans gilet jaune » de s’exprimer sur six sujets : « inégalités sociales », « justice fiscale », « inégalités territoriales », « pouvoir d’achat », « participation des citoyens » et « transition écologique ».

      Les contributions les plus votées sont souvent celles issues de réseaux militants très marqués à droite comme celles de l’Institut pour la justice ou de collectifs opposés au mariage pour tous (en tête avec 4 700 votes) ou à la PMA.

      Dans les contributions les plus votées, figurent également des textes pour demander « la fin des subventions dans l’éolien », « le retour à l’universalité des allocations familiales », « la prise en compte du vote blanc » ou « la création d’un référendum d’initiative citoyenne » (900 votes).

    • La consultation du Cese détournée par les anti-mariages pour tous : « Une bonne pratique de ce qu’il ne faut pas faire », estime Mounir Mahjoubi - LCI
      https://www.lci.fr/social/la-consultation-du-cese-detournee-par-les-anti-mariages-pour-tous-une-bonne-prat

      La lecture du site du Conseil économique, social et environnemental (Cese) aura donné beaucoup de grain à moudre aux plus sceptiques dans le débat sur le Référendum d’initiative citoyenne. Le 15 décembre, l’assemblée constitutionnelle initiait une consultation en ligne, en réponse aux revendications des Gilets jaunes sur l’instauration de ce mode de démocratie directe. Elle permettait à tous les citoyens de proposer des mesures autour de six thèmes : inégalités sociales, justice fiscale, inégalités territoriales, pouvoir d’achat, participation des citoyens et transition écologique. 

      Des revendications bien loin des demandes portées par les Gilets jaunes

      Au vendredi 4 janvier, date de sa clôture, l’initiative avait recueilli plus de 9000 contributions, pour environ 31.000 participants. Et, en tête des propositions les plus populaires, une vieille rengaine : l’abrogation de la loi Taubira ouvrant le mariage et l’adoption aux couples gays et lesbiens de 2013. Non loin derrière, le retour de l’universalité des allocations familiales, un référendum d’initiative citoyenne sur le projet de loi bioéthique et l’abolition universelle de la GPA. Des propositions très éloignées des revendications portées par les Gilets jaunes : justice fiscale, pouvoir d’achat, référendum d’initiative citoyenne...

    • Chantal Jouanno, l’oligarque aux 176 000 euros  :  Cela ne dépend pas de moi et ça n’est pas lié au grand débat national
      wikipédia, extraits :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Chantal_Jouanno

      Famille
      Elle est la fille de Jean-Louis Paul, chef d’entreprise de cartonnerie de Vernon dans l’Eure, et de Françoise Paul.

      Formation
      Après son baccalauréat, elle obtient un BTS en commerce international à Paris et débute comme assistante export zone Afrique puis Amérique latine en 1988 chez #Citroën, et effectue un stage au service de la comptabilité de la Banque internationale pour l’Afrique occidentale entre 1989 et 1990 1.

      Elle obtient ensuite une maîtrise d’administration économique et sociale à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et, après avoir sollicité #Martine_Aubry 2, elle est chargée d’un rapport sur le travail frontalier pour le ministère du Travail et de l’Emploi en 19921.

      Carrière professionnelle
      En 1994, elle est recrutée par #EDF pour y mettre en place un observatoire social. Puis, diplômée de #Sciences_Po Paris, elle entre à 28 ans à l’École nationale d’administration l’#ENA en 1997 (promotion Cyrano de Bergerac), dont elle sort en 1999 comme administrateur civil au ministère de l’Intérieur : sous-préfète, directrice de cabinet du préfet de la Vienne et de Poitou-Charentes, entre 1999 et 2001 1.

      Brièvement conseillère pour la réforme de la police auprès du directeur central de la sécurité publique au ministère de l’Intérieur en 2001, elle devient la même année directrice de cabinet du PDG de #Coframi1.
      . . . .
      Débuts
      Elle retrouve les bureaux de la place Beauvau en 2002, en qualité de responsable du bureau des statuts et de la réglementation des personnels territoriaux à la direction générale des collectivités locales.

      Elle est choisie par le ministre titulaire, #Nicolas_Sarkozy, comme rédactrice de ses discours à partir de juillet 2002, tout en étant officiellement chargée de la communication auprès de Michel Gaudin, directeur général de la #police_nationale.

      Sur les conseils de #Claude_Guéant, elle s’intéresse au #développement_durable, domaine pour lequel, avec les questions de sécurité routière, elle est nommée conseillère technique au cabinet du ministre en 2003. Quand Nicolas Sarkozy quitte le ministère de l’Intérieur, elle devient jusqu’en 2006, sa directrice de cabinet et de communication au Conseil général des Hauts-de-Seine où elle sera notamment chargée d’organiser la concertation publique pour élaborer le programme sur cinq ans du Conseil général, et d’installer le premier conseil départemental du développement durable.

      Elle suit ensuite Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, comme conseillère pour le développement durable8, puis participe à son programme présidentiel. Quand il est élu président de la République, en 2007, elle est nommée conseiller développement durable à l’Élysée, et a la charge notamment des négociations du# Grenelle_Environnement 2.

      Elle est nommée le 6 février 2008 présidente de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (#Ademe) 3, et administratrice de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (#ANDRA) le 30 juillet suivant.

      Membre du gouvernement
      Le 21 janvier 2009, elle est nommée secrétaire d’État chargée de l’#Écologie, en remplacement de Nathalie Kosciusko-Morizet.

      En tant que secrétaire d’État chargée de l’Écologie, elle doit porter devant le Parlement l’examen des lois dites « Grenelle I » et « Grenelle II » issues du Grenelle Environnement qu’elle a suivi pour l’Élysée et à l’Ademe9 et souhaite défendre « la biodiversité, la santé environnementale et la conso durable »2.

      Dans le cadre des élections régionales 2010, elle énonce les « principes d’une écologie de droite » qui seraient notamment la croissance, le progrès technologique, et l’utilisation de l’#énergie_nucléaire 10.

      Le 26 juillet 2010, Chantal Jouanno annonce que « seuls les ours tués ou morts accidentellement seront remplacés », stoppant ainsi le plan de réintroduction de ces animaux dans les Pyrénées11. Deux jours plus tard, elle présente le bilan qualité de l’air 2009, qui indique que la concentration en particules polluantes a augmenté par rapport à l’année précédente ; pour répondre à ce problème, la secrétaire d’État annonce plusieurs mesures dans le cadre d’un « plan particules », avec pour objectif de réduire de 30 % les émissions polluantes d’ici 201512.

      Chantal Jouanno est nommée le 14 novembre 2010 ministre des Sports dans le gouvernement #Fillon 3
      . . . .

    • Emmanuel Macron lance une nouvelle polémique avec sa phrase sur les 50 euros d’APL qui seraient la dernière obsession de certains Français ne connaissant rien à l’histoire de France. Prononcée dans un documentaire dont le Président a promu le réalisateur à la tête d’une chaîne publique, cette phrase nourrit l’image d’un Macron élitiste, avec un tropisme aristocratique qui le déconnecte de la réalité. Nul ne sait jusqu’où l’entêtement du Président à couvrir les citoyens de son mépris social le mènera.


      Il existe un plaisir rare en France : celui de visiter la demeure d’une vieille famille au sang bleu, et d’écouter son chef ou son héritier commenter l’arbre généalogique accroché dans le vestibule. Le meilleur moment est toujours celui où votre hôte vous explique le rôle tenu par son prétendu ancêtre dans le siège d’Antioche, en 1098, qu’il fit à cheval, bien sûr, quand vos ancêtres à vous le menèrent à pied. Et vous comprenez brutalement la différence entre l’histoire de France vue par ceux qui l’ont parcourue à cheval, et ceux qui n’avaient même pas les moyens de se payer un âne. Les premiers, comme les seconds, sont souvent convaincus que, sans les autres, l’histoire de ce pays serait bien plus belle.

      Emmanuel Macron n’échappe pas à la règle. Ses ancêtres ont peut-être participé au siège d’Antioche, mais à pied. Cela ne l’empêche pas de croire que le roman national fut surtout écrit par ceux qui le menèrent à cheval. C’est son péché pas complètement mignon, car la France s’est construite en rassemblant les deux : les cavaliers et les va-nu pieds. A force de ne pas le comprendre, l’histoire tragique pourrait bien lui jouer un mauvais tour.

      Le romantisme grand bourgeois d’Emmanuel Macron
      Emmanuel Macron a ceci de Rastignac qu’il rêve de grandeur, de lyrisme, d’héroïsme, de causes épiques. Pour lui la France, c’est une tragédie racinienne : des personnages aristocratiques agités par des passions élégantes. Et c’est dans cette pièce-là qu’il veut jouer. D’où cette déclaration ahurissante https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/macron-critique-ceux-qui-pensent-que-le-summum-de-la-lutte-cest-les-50-euros-dapl/ar-AAwSeLU?li=BBwlBpb&ocid=spartanntp :

      Les gens qui pensent que la France, c’est une espèce de syndic de copropriété où il faudrait défendre un modèle social qui ne sale plus (…) » et où l’ « on invoque la tragédie dès qu’il faut réformer ceci ou cela, et qui pensent que le summum de la lutte c’est les 50 euros d’APL, ces gens-là ne savent pas ce que c’est que l’histoire de notre pays. L’histoire de notre pays, c’est une histoire d’absolu, c’est un amour de la liberté au-delà de tout, c’est une volonté de l’égalité réelle ».

      Cette déclaration, par sa naïveté, a pour ainsi dire quelque chose de touchant, d’enfantin. C’est le rêve du fils à papa amiénois qui dit enfin sa vérité devant les yeux estomaqués d’un monde incrédule. Car, Rastignac, nous l’aimons tous, mais il est vieux de deux cents ans désormais, et Balzac n’a jamais caché les défauts de ce cynique ambitieux. Il n’y a guère qu’un adolescent perdu dans un monde d’adulte pour dire que la vraie France, c’est celle rêvée par Rastignac, et non celle de la prosaïque réalité.

      En ce sens, la France de Macron, c’est celle des héritiers de la bonne bourgeoisie de province qui s’ennuie dans un monde un peu morne, et qui rêve les yeux grands ouverts. Ici a parlé le fils du médecin picard, une sorte de Bovary contemporain, qui vomit la platitude des petites affaires et ne veut entendre parler que de salons, de dames en crinoline et de cochers les menant nuitamment à leur Odette après une soirée chez les Verdurin.

      Macron et le mal fantasmagorique des élites françaises
      On aurait bien tort de reprocher à Macron sa solitude dans cette espèce de déni face à la réalité française. La conviction que la France est un fantasme aristocratique a nourri l’imaginaire de tous les dirigeants de ce pays qui sont passés par #Sciences-Po et l’#ENA.

      Dans leur vision binaire, le peuple français est un ramassis de bourrins incapables de tout (de se gouverner, de se réformer, de réfléchir, de comprendre le monde, de parler les langues étrangères). Et comme ce sont des bourrins méprisables, il leur faut une élite qui les dirige et les réforme de préférence sans les consulter. En poussant un peu, on les entendrait même dire qu’une bonne décision est une décision contestée. Une décision qui ne fait pas polémique est jugée méprisable.

      Cette certitude qu’il faut mépriser les Français pour pouvoir gouverner la France est au cœur même du processus aristocratique qu’on appelle l’ENA. Macron n’est (et c’est peut-être son problème) que le énième numéro d’une même galerie de portraits tous portés par la même conviction immédiate.

      Le déni des échecs aristocratiques
      Le problème de cette prétendue culture aristocratique tient au déni face aux naufrages éhontés qu’elle a régulièrement produits dans l’histoire de ce pays. La raclée de 1940, par exemple, est tout entière due à la défaillance de nos élites, et il est de bon ton de le nier farouchement.

      Ainsi, traîne l’idée qu’en 1940, les soldats ne se seraient pas battus contre les Allemands. Qui se souvient qu’en réalité, en six semaines de combat, l’armée française a perdu 60.000 hommes et a infligé autant de perte à l’armée allemande ? La campagne de France fut perdue alors que sa plèbe fut très combative. Mais ses aristocrates, ses généraux, furent tous plus lamentables les uns que les autres et s’empressèrent ensuite de porter Pétain au pouvoir (De Gaulle et une poignée d’autres exceptés). La mythologie contemporaine interdit aujourd’hui de citer la longue liste des hauts fonctionnaires et des conseillers d’Etat qui, le 11 juillet au matin, ont parié sur Pétain et l’ont rejoint comme un seul homme pour réformer autoritairement le pays.

      Ceux-là ont été pour beaucoup dans l’occultation des causes réelles de la défaite. Et si Pétain n’avait pris des décrets raciaux et anti-maçonniques, beaucoup auraient, sans scrupule, continuer la collaboration jusqu’à la fin. Ou en tout cas très longtemps.

      La vraie histoire de la France, c’est celle-là. Celle d’une élite taraudée par sa manie de la #consanguinité et du #conformisme, qui n’hésite pas à régulièrement accaparer l’idée nationale et à la piller jusqu’au naufrage. Et dans sa suffisance, elle est convaincue que toute grandeur procède d’elle, et que toute petitesse procède du peuple.

      Grandeur des 50 euros d’APL
      Ce manichéisme typique de l’aristocratie française gagnerait à ouvrir les yeux. Car ce pays, notre pays, s’est en réalité nourri d’une toute autre sève.

      Parlons d’abord de la résilience française, cette capacité à la souffrance qu’on endure jusqu’à l’obstination de réussir, dans nos campagnes, dans nos banlieues. Si Macron avait eu faim dans son enfance, il saurait les soirs de privation, les frustrations, les abnégations de tant de nos enfants pour améliorer leur sort, un jour. Ceux qui n’ont pas connu un dîner maigre du dimanche soir où les regards se fuient dans la famille pour ne pas dire l’angoisse du lendemain, la peine qu’il y a à se priver pour payer les études du dernier, pour réparer la voiture qui tombe en panne et dont on a besoin pour aller bosser, ceux-là ne savent rien à l’histoire de France.

      Car tous les matins, tous les après-midis, ce pays fonctionne, parfois avec des bouts de ficelle noués par ceux qui se sont privés de beaucoup la veille. Et pendant que les managers des entreprises sont absorbés dans d’interminables réunions où rien ne se décide, les petites gens font tourner le pays.

      Et ceux-là, ils ont effectivement besoin de 50 euros d’APL pour améliorer l’ordinaire. Sans eux, le pays s’arrêterait.

      Macron ne devrait pas gâcher sa chance. Car ceux-là ne demandent rien. Ils sont pudiques, ils ne cherchent pas à faire pleurer dans les chaumières. Ils sont dignes.

      Ils demandent ceux-là un peu de respect.

      Source : Eric Verhaeghe, 07-05-2018 http://eric-verhaeghe.entreprise.news/2018/05/07/50-euros-dapl-la-france-de-macron-celle-qui-a-fait-le-siege-dantioche-a-cheval/amp/?__twitter_impression=true

      #élites #aristocratie #haute_bourgeoisie #mépris #pétain #macron

  • Energie : les portes du pouvoir ouvertes à tous les vents du lobbying - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/05/02/energie-les-portes-du-pouvoir-ouvertes-a-tous-les-vents-du-lobbying_16469

    La pratique des « #portes_tournantes » (revolving doors) consistant à faire des allers-retours entre public et privé, sans trop se soucier des #conflits_d’intérêts, n’est pas l’apanage des élites françaises et concerne tous les secteurs d’activité en Europe. Mais selon un rapport que doit publier ce mercredi le groupe des Verts au Parlement européen, elle est particulièrement développée en France dans les industries des #énergies_fossiles et nucléaires. De quoi expliquer un certain manque de volontarisme en matière de transition écologique.

    Ce document de 82 pages intitulé « Revolving doors and the fossil fuel industry », que Libération s’est procuré, passe en revue « les relations chaleureuses » qui ont pu se nouer dans les principaux pays de l’Union entre décideurs politiques et grandes entreprises de l’énergie via ces fameuses portes tournantes.

    Un phénomène « répandu » que l’on appelle chez nous « #pantouflage », quand un haut fonctionnaire quitte le secteur public pour un poste bien payé dans le privé. Et « #rétro-pantouflage », lorsque c’est un grand cadre du privé, souvent issu des mêmes grandes écoles (#ENA, #Polytechnique), qui revient exercer des fonctions importantes au sommet de l’Etat. Ou comment placer ses pions quand on est une grande entreprise soucieuse de bétonner son business…

    #nucléaire #énergie

  • Macron, « c’est le chef comptable qui a pris le pouvoir »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120418/macron-c-est-le-chef-comptable-qui-pris-le-pouvoir

    Emmanuel Macron, suivi du secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler. © Reuters Pur produit de la #technostructure, #Emmanuel_Macron avait promis qu’il bousculerait les schémas de l’« ancien monde » en réformant le fonctionnement de l’appareil d’État. Un an après son élection, la méthode qu’il a instaurée, en mettant au pas la haute #Administration et en accordant un rôle prédominant à Bercy, a accentué un mouvement vieux de trente ans : l’hypercentralisation du pouvoir.

    #France #ENA #exécutif #gouvernement #haute_fonction_publique