• Recension critique d’une brochure de Bouveresse sur le Progrès par @tranbert
    https://sniadecki.wordpress.com/2017/05/16/louart-progres

    Comme son titre l’indique, il s’agit donc d’une critique de l’idée de Progrès, et l’on y trouve des citations de quelques grands et moins grands critiques de cette doctrine laïque et obligatoire des sociétés capitalistes et industrielles.

    Et un détour par Polanyi et la contradiction entre « amélioration » et « habitation », venant d’un document du temps des enclosures qui disait :

    L’homme pauvre sera satisfait dans son but : l’Habitation ; et le gentilhomme ne sera pas entravé dans son désir : l’Amélioration.

    Mais

    Ce Progrès se réalise toujours depuis au détriment de « l’habitation », c’est-à-dire du fait de vivre dans un pays, une contrée, sur un bout de terre dont on tire les ressources de son existence et sa subsistance, que l’on cultive et aménage à sa convenance, où l’on trouve des habitants, des compagnons et des complices qui en font autant. Ou dans une ville, dans un quartier, où l’on partage la vie et les activités avec ceux vivants alentour. Bref, l’habitation consiste à construire un monde qui soit le nôtre. Et en fait seule l’habitation est source d’une véritable amélioration de notre condition humaine.

    […]

    J’entend déjà d’ici quelques sarcasmes : « En voilà un qui veut créer un mouvement pour l’immobilisme ! »

    Pourtant, si tant de gens vont prendre des vacances dans des pays exotiques, ou visitent les centres anciens des grandes villes, c’est bien parce que là subsiste encore quelques traces d’authentique habitation. Alors que partout alentour se multiplient les non-lieux : les mêmes supermarchés, les pavillons de banlieue identiques, les tours de bureau semblables, les zones industrielles, les élevages intensifs et les champs remplis de clones, etc. Le touriste fuit ces lieux de sa morne existence pour aller se faire prendre en photo dans les lieux habités qui subsistent. Ce faisant il participe à en chasser les habitants et à transformer leur antiques demeures en décor. Voyez ce qu’est devenue Venise, par exemple.

    L’habitation n’est pas l’immobilisme, c’est la condition pour peupler le monde et donner au voyage un véritable contenu de rencontre et de dépaysement.

    #Progrès #Jacques_Bouveresse #brochure #recension #Karl_Polanyi #critique_techno #enclosures #habitation #amélioration #innovation et @chezsoi du coup

  • A Paris, l’installation de rochers sur un terre-plein où dormaient des migrants suscite l’indignation
    http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/article/2017/02/17/a-paris-l-installation-de-rochers-sur-un-terre-plein-ou-dormaient-des-migran

    Plusieurs bénévoles d’associations et des collectifs de citoyens ont exprimé leur indignation sur les réseaux sociaux après l’arrivée de ces blocs de pierre sur un terre-plein à proximité du centre humanitaire de la Chapelle, qui attire de nombreux exilés.

    #communs_urbains #enclosures

  • Clôturer le corps des femmes | jef klak

    http://jefklak.org/?p=2335

    J’avais raté cet entretien, pour référence.

    Dix ans après sa parution aux États-Unis, l’ouvrage majeur de la féministe radicale #Silvia_Federici, Caliban et la sorcière, vient d’être traduit en français dans une co-édition Entremonde et Senonevero. Elle y montre, d’un point de vue féministe, que la transition entre féodalisme et capitalisme en Europe s’appuie notamment sur le phénomène de chasse aux sorcières aux XVIe et XVIIe siècles. Car l’#oppression_des_femmes sert ici l’instauration du capitalisme : le pouvoir étatique contrôlant la politique des naissances et donc la démographie de son pays. En tant qu’outil reproducteur du prolétariat, le corps féminin doit être exploité et contrôlé. Sous ce premier angle, l’infériorité de la femme est aux fondements du capitalisme. L’originalité du texte de Federici est d’inscrire les chasses aux #sorcières dans la continuité immédiate de l’expropriation terrienne des paysans par les « #enclosures » et de rappeler que celles-ci suscitèrent des révoltes populaires massives.

  • Kazakhstan’s Land Reforms | The Diplomat
    http://thediplomat.com/2016/06/kazakhstans-land-reforms

    Under the new bill, entities with (at most) 50 percent foreign ownership were eligible to lease agricultural land for 25 years, a 15-year extension from the current code that since 2011 has allowed for a 10-year lease. The bill also eliminated leases on agricultural land to residents of Kazakhstan, creating instead an auction-like mechanism (called a konkurs, or competition) wherein Kazakhs would purchase agricultural plots, thereby acquiring title.

    ...

    Land reform is an extremely sensitive topic in #Kazakhstan. In 2003, when the Land Code was introduced, legalizing the notion of private property for the first time in Kazakhstan, people protested and the controversy forced Prime Minister Imangali Tasmagambetov to resign. With 43 percent of the workforce residing in rural regions and 18 percent of the workforce engaged in agriculture, modifications to the Land Code directly impacts a significant portion of the population. Plus, Kazakhs possess an intimate relationship with land; they fought against warring, nomadic tribes for hundreds of years to secure the territory, and view land as the source of all life. There is a Kazakh saying, “land is mother, and you do not rent out your mother.”

    In response to recent protests, President Nursultan Nazarbayev placed a moratorium on land reform through December 31, 2016. He also formed the Presidential Commission on Land reform, a 75-member body that includes politicians, businessmen and members of civil society, to explore questions related to land reform, and draft a new bill to submit to the Mazhilis by year-end. The Commission was designed to be an independent, ad hoc body capable of fostering an inclusive and wide-reaching dialogue on issues related to agricultural land reform.

    Having convened on three occasions in May 2016 in Astana, the Commission began its multi-week tour around the country, meeting with local farmers, and businessmen. Last week, the Commission held its first off-site session in Akmolinsk oblast, while smaller, roundtables also occurred in Kyzylorda and Kostonay oblasts.

    #réforme_agraire #enclosure #privatisation #terres

  • Accaparement des terres agricoles en France
    http://www.terre-net.fr/actualite-agricole/economie-social/article/les-terres-agricoles-de-plus-en-plus-convoitees-202-117699.html

    Emmanuel Hyest, président de la FNSafer, s’inquiète aussi d’un phénomène « exponentiel » de prise de contrôle de terres agricoles par des sociétés financières. « S’il n’y a pas de décision prise, dans cinq ans l’agriculture française ne sera plus la même », prévient-t-il. « Des gens qui n’auraient pas accès normalement au foncier agricole ont trouvé un moyen de contourner la réglementation » en vendant et rachetant des terres sous forme de parts sociales dans des sociétés agricoles, explique Emmanuel Hyest. Ce montage juridique permet à ces transactions d’échapper au contrôle des #Safer, qui peuvent normalement préempter des terres pour permettre à des agriculteurs de s’y installer. Difficile de dire qui détient ces entreprises, « c’est complètement opaque », mais il peut s’agir d’agriculteurs à la tête « de grosses structures », comme de « capitaux étrangers », estime Emmanuel Hyest, qui craint un impact « sur la sécurité alimentaire ».

    Je crois qu’on est déjà en déficit pour la production maraîchère (à confirmer) à cause de la céréaculture d’exportation subventionnée par la #pac.

    #terres #foncier #réglementation

  • L’offensive chinoise sur la terre berrichonne - 04/02/2016 - La Nouvelle République Indre
    http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre/Actualite/Economie-social/n/Contenus/Articles/2016/02/04/L-offensive-chinoise-sur-la-terre-berrichonne-2613209

    P ourquoi les Chinois achètent-ils nos terres ? L’interrogation s’étalait à la une de l’édition numérique du Journal de Montréal, le 27 janvier dernier. Le même titre pourrait être utilisé dans l’Indre. Alors qu’ils sont plutôt annoncés du côté de la zone économique d’Ozans, des Chinois se lancent en effet dans l’achat de terres agricoles en Sud-Berry.
    L’offensive est visiblement importante puisque 1.500 hectares auraient déjà été acquis, à Clion, Châtillon et Vendœuvres, notamment. Ils arrivent. Et lorgneraient dorénavant avec insistance vers la Champagne berrichonne. Le mouvement a été lancé voilà un an. Propriétaire d’une exploitation installée au « Grand Mée », sur le territoire de la commune de Clion, Ronald Ammerlaan a été approché par un agent immobilier. Ce ressortissant néerlandais désormais installé dans la Sarthe, avait eu plusieurs autres acheteurs potentiels. A chaque fois, la transaction s’était opposée au veto des banques. Moins de problème avec la société Hongyang de Hongkong : ses émissaires sont arrivés avec la puissance d’un groupe qui pèserait des milliers d’emplois dans l’empire du Milieu. « Ils n’étaient intéressés que par les terres. La discussion a été serrée. » La transaction était finalement signée, fin septembre.

    C’est le revers des #enclosures #terres

  • Petite synthèse à propos de la récente occupation d’un bâtiment fédéral par une #milice d’#extrême-droite en Oregon
    https://reason.com/blog/2016/01/03/armed-protesters-occupy-remote-federal-o
    (vu sur twitter https://twitter.com/CorentinSellin/status/683593205183574016 )

    Les événements d’#Oregon (occupation d’un bâtiment fédéral par une milice armée) sont liés à l’affaire #Bundy qui secoue l’Ouest depuis 2014.
    Depuis 1993, le fermier Bundy du Nevada fait paître ses troupeaux illégalement sur des terres fédérales. En 2013, il est condamné par un juge. En avril 2014, des US rangers vinrent appliquer ce jugement fédéral, confisquer le troupeau de Bundy. Ils sont repoussés par des miliciens. L’affrontement en avril 2014 entre les forces de l’ordre fédérales et les miliciens armés de Bundy est retransmis sur #FoxNews.
    Bundy, républicain père de 14 enfants, devient l’icône des conservateurs radicaux : Rand Paul, Bachmann lui apportent leur soutien. Sauf que Bundy livre vite à la TV son opinion raffinée sur les Afro-Américains « mieux dans l’esclavage ». https://www.youtube.com/watch?v=1Bf-AxkBp-0


    Le fermier est vite lâché par les élus républicains « ultras » mais sa ferme devient le « Fort Chabrol » de milices sécessionnistes armées et il coagule autour de lui tous ceux refusant la souveraineté de l’Etat fédéral comme la milice « Oath Keepers ».
    http://www.nytimes.com/2014/04/24/us/politics/rancher-proudly-breaks-the-law-becoming-a-hero-in-the-west.html
    Depuis 2014, il faisait paître son troupeau sous la protection de miliciens, appelant à la désobéissance.
    http://www.theguardian.com/us-news/2015/jun/01/cliven-bundy-standoff-grazing-rights-nevada-ranch
    Quand les Hammond de l’Oregon sont condamnés par un juge à 5 ans de prison pour incendie de terres fédérales, il voit l’opportunité.
    L’occupation du bâtiment fédéral de l’Oregon par les Oath Keepers et deux de ses fils est l’occasion de « dupliquer » la « rébellion ».
    L’occupation armée en Oregon est un acte clair de défiance/sécession de Bundy et des milices face à l’#Etat fédéral
    http://edition.cnn.com/2016/01/03/us/oregon-wildlife-refuge-protest
    et s’inscrit dans une mouvance des « Citoyens Souverains » rangée par le FBI/DHS 1ère menace #terroriste intérieure.
    http://edition.cnn.com/2015/02/19/politics/terror-threat-homeland-security
    Les « citoyens souverains » vénèrent le second amendement donnant le droit individuel de s’armer comme une protection face à l’Etat.

    #terrorisme #racisme #mafia #armes #armement #manche_de_pioche

  • Le jour où l’espace a cessé d’être un bien commun…
    http://scinfolex.com/2015/11/30/le-jour-ou-lespace-a-cesse-detre-un-bien-commun

    Plusieurs sites de presse comme Rue89 ou Slate se sont faits aujourd’hui l’écho d’une nouvelle que j’ai trouvée particulièrement glaçante : Barack Obama a promulgué la semaine dernière une loi (HR 2262) qui va autoriser des compagnies privées à s’approprier les ressources naturelles figurant dans l’espace extra-atmosphérique. Source : : : S.I.Lex : :

  • Democrats and Republicans agree : If you can mine it in space, it’s yours | Ars Technica
    http://arstechnica.com/science/2015/11/democrats-and-republicans-agree-if-you-can-mine-it-in-space-its-yours

    On Tuesday evening Congress took a key step toward encouraging the development of this industry by passing on H.R. 2262, the US Commercial Space Launch Competitiveness Act, with bipartisan support. The legislation provides a number of pro-business measures, such as establishing legal rights for US citizens to own resources in outer space

    #espace #propriété_privée décidée par les #États-Unis

    • Droit de l’espace — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_l'espace#Le_principe_de_non_appropriation

      Le principe de non appropriation
      Malgré son intitulé, le principe de non-appropriation ne porte pas directement sur la négation de tout droit de propriété sur tout ou partie de l’espace extra-atmosphérique, y compris les corps célestes (les planètes et astéroïdes du système solaire de la Terre). En réalité, ce principe prohibe toute extension de souveraineté nationale sur tout ou partie de l’espace extra-atmosphérique. De cette absence de souveraineté nationale découle l’absence de toute juridiction susceptible de fonder un droit subjectif. Ainsi, la personne qui revendiquerait l’un ou l’autre droit subjectif (propriété, usage, etc.) sur tout ou partie de l’Espace ne pourrait fonder cette revendication sur aucune loi applicable.

      Cette nuance est importante car la possibilité d’une reconnaissance de droits subjectifs individuels sur la base du droit international n’est, quant à elle, pas exclue par le Droit de l’Espace. Ainsi, un système similaire à celui mis en place par la Partie XI de la Convention de Montego Bay sur le Droit de la Mer pourrait, le cas échéant, permettre d’octroyer des droits à des entreprises afin de leur permettre d’exploiter certaines zones riches en ressources minérales sur la Lune ou sur d’autres corps célestes. C’est d’ailleurs sur ce postulat qu’est bâti l’article 11 de l’Accord sur la Lune de 1979 qualifiant ces ressources de Patrimoine commun de l’humanité.

    • Moon Treaty - Wikipedia, the free encyclopedia
      https://en.wikipedia.org/wiki/Moon_Treaty

      In practice it is a failed treaty because it has not been ratified by any state that engages in self-launched manned space exploration or has plans to do so (e.g. the United States, some member states of the European Space Agency, Russia, People’s Republic of China, Japan, and India) since its creation in 1979, and thus has a negligible effect on actual spaceflight. As of 2014, it has been ratified by 16 states.

      La France a signé (29/01/1980) mais jamais ratifié.

      The objection to the treaty by the spacefaring nations is held to be the requirement that extracted resources (and the technology used to that end) must be shared with other nations. The similar regime in the United Nations Convention on the Law of the Sea is believed to impede the development of such industries on the seabed.

    • Y a une séquence amusante dans Seul sur mars (assez relou au demeurant) dans laquelle le héros (Matt Damon) commence par citer Locke ("la terre que je cultive devient ma propriété"), avant de se corriger : en fait, du point du vue du droit, Mars se situe dans les eaux internationales ; ce qui fait donc de lui un pirate. Mais la chose n’est pas vraiment approfondie… (commentaire sponsorisé par @pguilli qui se fait trop rare ici).

    • « Ceci est la première grande reconnaissance des droits de propriété dans l’histoire. Ce projet de loi établit le même cadre légal qui a créé les grandes économies de l’histoire, et encourage le développement durable de l’espace. »

  • Catherine Gousseff, spécialistes des #migrations : “L’édification de murs en Europe est une formidable régression” - Le monde bouge - Télérama.fr
    http://www.telerama.fr/monde/catherine-gousseff-specialistes-des-migrations-l-edification-de-murs-en-eur
    Je me faisais ce genre de réflexion justement, ce matin, dans le fil de mon post d’hier et du fait qu’on nous sommes actuellement les nazis de service.
    Je repensais à mon bouquin et surtout à l’historique des flux migratoires juifs, puisqu’en gros, ils ont suivi les soubresauts de l’#histoire européenne avec une belle constance. Ce qu’on peut y lire, c’est que les pays qui se développent, qui progressent, qui portent un haut niveau de civilisation sont toujours assez friands d’émigrants. L’Espagne des trois religions connaît son apogée au moment où différentes populations cohabitent, circulent, échangent et créent ensemble. C’est une ouverture caractéristique. Et le #déclin est annoncé, puis précipité par le retour en force des rois catholiques excluants, le retour de la #nation fermée, homogène, discriminante. Les expulsions et la fermeture des frontières signent le repli et un déclin terrible qui va durer des siècles.

    Je pense que ce qui arrive en ce moment en Europe est l’indicateur le plus éclatant de notre fossilisation, de notre déclin, lequel ne vient pas de la dilution fantasmée d’une pseudo identité historique, mais bien de la fin de notre politique d’accueil qui marque la fin de notre adaptation réelle et concrète aux mouvements de l’histoire, du monde, des peuples.

    Je suis en train de lire Va et poste une sentinelle, le second/premier bouquin de Harper Lee, celle qui a écrit le célébrissime Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur et c’est assez exactement de cela que ça traite : de la crispation conservatrice d’un modèle de société fini et qui refuse de disparaître.

    La promesse de l’Europe réunifiée s’est construite sur une réalité et un symbole qui furent la chute du Mur de Berlin. L’édification de murs dans l’Europe d’aujourd’hui doit être lue comme une formidable régression, surtout de la part de pays comme la Hongrie, qui a effectué sa sortie du communisme en ouvrant, au printemps 1989, ses frontières avec l’Autriche, fait qui a entraîné la déstabilisation que l’on sait en RDA, où des milliers de ressortissants est-allemands ont commencé à fuir le pays, profitant de cette brèche ouverte dans le camp socialiste.

    Réinstaurer des murs dans des pays qui se sont vécus comme victimes du Mur entre l’Est et l’Ouest est difficilement compréhensible et acceptable. Au-delà, les murs constituent une non-réponse, une façon de ne pas se sentir concerné par le problème et le défi contemporain, en rejetant ce problème sur les voisins, en affirmant hautement une posture de désolidarisation.

  • “La plus grande victoire des jésuites fut de persuader les Naskapi de battre leurs enfants” — Silvia Federici décrit l’arrivée de la civilisation française en Amérique du Nord.

    #masculinisme #civilisation #colonialisme #europe #amériques #sauvages #enfance #femmes #punition #religion #histoire #esclavagisme #nos_valeurs

    (Je viens de finir l’introduction de “Caliban et la Sorcière” — l’introduction occupe les deux-tiers du volume ! —, et je m’apprête à entrer enfin dans l’histoire de la chasse aux #sorcières.)

    • Oh oui c’est très très riche ; ce que j’ai aimé dans ces deux pages c’est la concision avec laquelle elle y fait tout converger.

    • Ça donne vraiment le goût de le lire ! :-)
      Quand on peut voir les séquelles chez ces peuples jusqu’à aujourd’hui ! Ce qui les maintient dans une position ambivalente face à ce passé d’autant plus que ces traces écrites sont majeures dans l’histoire (écrite donc légitime !) de ces nations autochtones.

    • Merci @fil, c’est très instructif sur la #colonisation (EDIT pour le tag #colonisation) et sur l’exportation de la violence.

      Notamment sur l’histoire de l’éducation à la française et comment se transmet la violence encore aujourd’hui, en premier sur les femmes et les enfants, deux enfants meurent tous les jours en France de maltraitance physique.
      http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/06/14/enfants-maltraites-deux-morts-par-jour_3430128_3224.html

      Il y a un livre (dont je n’ai pas les refs désolée mais il date de 1999 je pense) sur les croisades qui relate l’exportation de la violence chrétienne par les croisés dans les territoires qu’ils asservissent.
      Voici la carte des croisades, édifiant …

    • Pas directement lié mais ça me rappelle ça :

      L’amusement disparut lorsque les relations se précisèrent. Les envahisseurs avaient besoin de main-d’oeuvre sur les territoires qu’ils s’étaient attribués, et si les Indiens étaient prêts à céder une partie de leur terres d’assez bonne grâce, ils refusaient fermement de travailler. Les moines de l’ordre de Saint-Jérôme s’indignèrent : « Ils fuient les Espagnols, refusent de travailler sans rémunération, mais poussent la perversité jusqu’à faire don de leurs biens. Ils n’acceptent pas de rejeter leurs camarades à qui les Espagnols coupent leurs oreilles. […] Il vaut mieux pour les Indiens devenir des hommes esclaves que de rester des animaux libres. »

      (Préface de Terre Sacrée, de Serge Bramly)

    • lecture au risque d’éveiller des remarques désobligeantes sur la situation actuelle de ressortissants de certains pays européens ! cf la description de l’état des indigènes autour de la république des Iroquois dans les notes de voyage de Beaumont (aux cotés de Tocqueville )

    • J’ai beaucoup aimé Caliban et la sorcière, mais il y a quant même un problème qui me semble important et que je voudrais signalé dans l’utilisation d’une illustration. Page 39 de l’édition @entremonde , il y a deux images. Celle du dessous est légendé « Femmes maçon bâtissant un mur d’enceinte. France, XVe siècle ». Cette image interviens après un développement qui explique que les femmes faisaient tout type de profession, y compris maçon. L’image sert un peu de preuve historique pour convaincre à ce moment de la lecture.

      Mais l’image est en fait un recadrage d’une enluminure issu du livre « la cité des dames » de Christine de Pisan. On ne voie que la partie de droite de cette image dans le livre de Federicci :

      Je l’ai reconnu au premier coup d’œil, car je l’ai dessiné plusieurs fois :
      http://ecole-athena.blogspot.fr/2014/12/3-christine-de-pizan-photo-du-jour.html

      Cette image n’est absolument pas un témoignage historique montrant deux femmes maçon françaises du XVeme siecle construisant un mur de pierre. Il s’agit de Dame Droiture et Christine de Pisan qui bâtissent les murs symboliques de la cité des dames, forteresse de l’esprit, afin de protégé les femmes de la calomnie des hommes.
      La légende ne donne pas la source de l’image. Seulement « France XVe » alors que d’autres images sont correctement sourcées dans le livre et que cette image est bien connu et je ne peu pas croire qu’au vu de la richesse et de la rareté de certaines illustrations, celle ci ne soit pas connu de Federicci.
      Et même si elle ne connais pas la cité des dames de Christine de Pisan, ce qui me semble peu crédible, comment est-ce possible que ses femmes maçon portent couronne et robe de cour et que Federicci n’ai pas remarqué ce « détail » ?

      J’ai beau retourné ca dans tous les sens ca me semble suspect. Est-ce que les illustrations du bouquin sont sortis de livres de contes de fées ? Ca me donne l’impression qu’il faudrais que je vérifie moi même toutes les sources cités par Federicci et il y en a un paquet. En tout cas ça m’a gâché la lecture, car elle dit des choses vraiment étonnantes et qui retournent la vision qu’on a de l’histoire de l’Europe et en particulier sur la période de la Renaissance. Mais comment la croire vraiment si une des premières illustration de son livre est une grossière manipulation d’un document historique pour le tordre à sa théorie. ..

      A moins que ca soit un très gros problème de « biais de confirmation »
      https://seenthis.net/messages/513828

      –-----
      Je croyais avoir deja expliqué cette histoire d’illustration dans Caliban et la sorcière sur seenthis mais je ne retrouve pas mon message alors je le remet ici. Désolé si il y a doublon ou triplon :)

    • Merci pour la référence @aude_v
      Par rapport au travail des femmes, il me semble claire que les femmes n’ont pas été épargné pour les taches physiques contrairement à ce que l’imaginaire moderne le fait croire. Je pense par exemple au discours de Sojourner Truth « Ne suis-je pas une femme ? » qui met bien en avant que la prétendue fragilité et faiblesse physique des femmes n’était valable que pour les femmes blanches de certaines catégories socio-économiques.
      –----
      Autre chose, page 45 Federicci parle du « droit de cuissage » comme si c’était une réalité historique indiscutable de la société médiévale.

      C’est le seigneur qui commandait le travail et les relations sociales des femmes, décidant par exemple si une veuve devait se remarier et qui devait être son époux, revendiquant même dans certaines régions le jus primae noctis, le droit de coucher avec la femme du serf lors de la nuit de noce.

      Mais il semblerais que ce droit en tout cas pour la France soit une invention plus tardive.
      http://www.zetetique.ldh.org/cuissage.html
      Federicci dit juste « dans certaine région » et ne document pas plus à ce sujet. J’imagine qu’il y a eu des seigneurs qui ont commis des viols en profitant de leur pouvoir, comme les hommes le font toujours massivement aujourd’hui, mais de là à parler d’une loi écrite, alors qu’il ne semble pas y avoir de trace de cette loi (sinon Federicci aurais indiqué une source au lieu de rester dans le vague), ca me semble pas bien sérieux. Et ca met à mal encore la crédibilité de Federicci à mes yeux.

      –---
      Je me souviens aussi d’une partie sur le cochon qui m’avait surprise. Federicci dit que la mise à mort du cochon est une forme de violence faite aux femmes (c’est dans une partie sur le mécanisme de Descartes et le traitement des animaux comme de machines). Elle affirme, là aussi sans aucune source documentaire, que les femmes s’occupaient du cochon dans les fermes d’Europe et que la mise à mort du cochon les affectaient particulièrement et était même tourné comme une attaque contre les femmes. Faudra que je retrouve cette partie. Cet hivers j’ai été suivre des conférences sur la viande au musée dit « de l’homme » et j’en ai discuté avec un médiéviste spécialiste de la boucherie qui faisait une de ces conférences ( c’etait : Statut(s) de l’animal de boucherie dans l’occident médiéval par Benoit Descamps (Historien, chargé de cours à l’Université Paris 8) ). Il m’a dit être surpris par cette théorie et n’avoir jamais constaté dans ses sources une spécificité féminine dans l’élevage des porcs. Il m’a dit qu’il se renseignerais mais je ne l’ai jamais revu pour voire si il a trouvé quelque chose. Cet historien ne m’as pas dit que c’était faux, ni impossible, et il n’était pas spécialement sensible à la place des femmes et n’avais manifestement jamais cherché dans cette direction. En plus la conférence était au musée du macho et il y avais peu de conférencières, par contre les organisatrices étaient des femmes et les femmes n’ont pratiquement pas été évoqués dans les conférences auquelle j’ai assisté. Les conférences étaient pour beaucoup assez problématiques, à base de « nous » on mange de la viande et on a trop raison et « eux » les végétariens sont des tarés relous qui nous emmerde. Mais tout de même ca me semble un peu suspect ce que dit Federicci sur la mise à mort du cochon comme violence contre les femmes et surtout sans rien produire comme source pour donner corps à cette idée.

      Tout ca m’embête, je voudrais bien croire ce que dit Federicci. Vu l’aspect révolutionnaire de sa théorie, et le fait qu’elle s’oppose totalement à l’histoire telle que je l’ai appris, je suis frustré de voire les problèmes que je soulève ici.

  • Tanzania Offers 60,000 Hectares for Sugar - allAfrica.com
    http://allafrica.com/stories/201510051799.html

    Si tu voulais faire un carré de jardin c’est le moment

    The government has allocated 60,000 hectares of land for investment in large-scale commercial farming for sugar and rice.

    The land is located in Mkulazi area, 60 kilometres from the Dar es Salaam - Morogoro highway.

    The Tanzania Investment Centre (TIC) is coordinating subsequent transactions.

    TIC is a One Stop Agency set up under the Tanzania Investment Act, No. 26 of 1997 to promote, co-ordinate and facilitate investment into Tanzania.

    Both local and foreign investors are invited to apply for allocations.

    The site is situated alongside the TAZARA railway line linking Dar es Salaam with the Zambian border, approximately 100 kms from Dar es Salaam.

    #terres #enclosure #agro-industrie #Tanzanie

  • Conquête coloniale et concentration de terres - Visionscarto
    http://visionscarto.net/conquete-et-concentration


    Mon dernier opus en carrés

    Genèse d’un pillage en neuf tableaux

    Le moment est venu de remonter le fil de l’histoire en retraçant les différentes étapes qui ont conduit aux appropriations de terres dénoncées dans les médias depuis quelques années. À propos de ce phénomène, on utilise parfois le terme de « néocolonialisme ». Est-ce vraiment le cas ? Ce colonialisme est-il réellement nouveau ? Retour sur la genèse d’un processus en marche depuis plusieurs siècles.


    #terres #accaparement #cartographie #art #aquarelle #colonialisme #land_grabbing

  • Conquête coloniale et concentration de terres
    http://visionscarto.net/conquete-et-concentration

    Le moment est venu de remonter le fil de l’histoire en retraçant les différentes étapes qui ont conduit aux appropriations de terres dénoncées dans les médias depuis quelques années. À propos de ce phénomène, on utilise parfois le terme de « néocolonialisme ». Est-ce vraiment le cas ? Ce colonialisme est-il réellement nouveau ? Retour sur la genèse d’un processus en marche depuis plusieurs siècles

    Par Agnès Stienne @odilon
    artiste, cartographe

  • CADTM - Grèce : Déchaînement sexiste contre les résistances aux memoranda
    http://cadtm.org/GRECE-Dechainement-sexiste-contre

    Ce serait une erreur d’attribuer cet « extrême phénomène sexiste » à des comportements phallocratiques individuels dus au hasard ou à des mentalités anachroniques. Il s’agit d’une chasse contemporaine aux sorcières. C’est plutôt ça et non pas ce que prétendait la section de politique féministe du (vieux) Syriza quand elle publiait un communique titré « L’attaque sexiste contre Konstantopoulou renvoie à des stéréotypes anachroniques ».

    Mais, qu’est ce qui unit la chasse aux sorcières à l’aube du capitalisme avec l’actuel phénomène de sexisme violent, lequel pourrait très bien évoluer vers une chasse aux sorcières contemporaine ?

    La chasse aux sorcières apparait en Europe entre la fin du 15e et le début du 16e siècle, quand le capitalisme fait son apparition |2| Elle se caractérise par la diabolisation systématique des femmes présentées comme sorcières à une période historique de crise -analogue à l’actuelle de l’explosion de la crise de la dette- marquée par des révoltes et des résistances qui voyaient les femmes être en première ligne.

    Aujourd’hui comme alors, nous vivons au milieu d’une réorganisation des rapports de production et de reproduction aux dépens des femmes. C’est un fait totalement ignoré par ceux qui occupent les devants de la scène politique.

    A l’époque de la chasse aux sorcières les femmes avaient été exclues des métiers, de la connaissance, de la terre commune, elles ont été en –cloisonnées, enfermées dans la maison et la chambre à coucher. Aujourd‘hui elles sont chassées de la vie publique et sont poussées à assumer gratis (!) à la maison, plusieurs des services publiques assumés auparavant par l’Etat providence liquidé par les politiques néolibérales d’austérité. Et les énormes sommes ainsi économisées vont évidemment au paiement de la dette publique…

    Et dans le rapport d’Oxfam :

    Oxfam dénonce la mise en pièces du modèle social européen
    http://www.mediapart.fr/journal/economie/090915/oxfam-denonce-la-mise-en-pieces-du-modele-social-europeen?onglet=full

    Cette politique est d’abord payée par les plus faibles, les plus vulnérables : les femmes, les émigrés et les jeunes. « Selon des recherches sur l’impact de l’austérité en Europe, au lendemain de la crise financière, les mères de jeunes enfants avaient encore moins de chances de trouver un emploi qu’avant, notamment en conséquence des coupes réalisées dans les services de garde. À cause des coupes dans les services publics et les mesures de protection sociale, comme le congé parental, les femmes sont davantage susceptibles d’opter pour un travail à temps partiel pour tenir leurs responsabilités au sein du foyer, ce qui limite leur potentiel de revenus », écrit l’ONG.

    #Grèce #austérité #sexisme #sorcières #Union_européenne

  • Toute notre #civilisation est fondée sur la spécialisation, laquelle implique l’asservissement de ceux qui exécutent à ceux qui coordonnent ; et sur une telle base, on ne peut qu’organiser et perfectionner l’#oppression, mais non pas l’alléger.
    Simone Weil (1909-1943)

    http://iresmo.jimdo.com/2015/07/18/simone-weil-une-critique-de-l-industrialisme
    http://classiques.uqac.ca/classiques/weil_simone/reflexions_causes_liberte_oppression/reflexions_sur_la_liberte.pdf
    #guerre_aux_pauvres #critique_techno #critique_de_la_valeur

    • Mais, si l’état actuel de la technique ne suffit pas à libérer les travailleurs, peut-on du moins raisonnablement espérer qu’elle soit destinée à un développement illimité, qui impliquerait un accroissement illimité du rendement du travail ? C’est ce que tout le monde admet, chez les capitalistes comme chez les socialistes, et sans la moindre étude préalable de la question ; il suffit que le rendement de l’effort humain ait augmenté d’une manière inouïe depuis trois siècles pour qu’on s’attende à ce que cet accroissement se poursuive au même rythme. Notre culture soi-disant scientifique nous a donné cette funeste habitude de généraliser, d’extrapoler arbitrairement, au lieu d’étudier les conditions d’un phénomène et les limites qu’elles impliquent ; et Marx, que sa méthode dialectique devait préserver d’une telle erreur, y est tombé sur ce point comme les autres.

    • Il n’existe par ailleurs qu’une autre ressource permettant de diminuer la somme de l’effort humain, à savoir ce que l’on peut nommer, en se servant d’une expression moderne, la #rationalisation du #travail.
      [...]
      Dès qu’on jette un regard sur le régime actuel de la production, il semble assez clair non seulement que ces facteurs d’économie comportent une limite au-delà de laquelle ils deviennent facteurs de dépense, mais encore que cette limite est atteinte et dépassée. Depuis des années déjà l’agrandissement des entreprises s’accompagne non d’une diminution, mais d’un accroissement des frais généraux ; le fonctionnement de l’entreprise, devenu trop complexe pour permettre un contrôle efficace, laisse une marge de plus en plus grande au #gaspillage et suscite une extension accélérée et sans doute dans une certaine mesure parasitaire du personnel affecté à la coordination des diverses parties de l’entreprise. L’extension des échanges, qui a autrefois joué un rôle formidable comme facteur de #progrès économique, se met elle aussi à causer plus de frais qu’elle n’en évite, parce que les marchandises restent longtemps improductives, parce-que le personnel affecté aux échanges s’accroît lui aussi à un rythme accéléré, et parce que les transports consomment une énergie sans cesse accrue en raison des innovations destinées à augmenter la vitesse, innovations nécessairement de plus en plus coûteuses et de moins en moins efficaces à mesure qu’elles se succèdent. Ainsi à tous ces égards le progrès se transforme aujourd’hui, d’une manière à proprement parler mathématique, en régression.

      #contre-productivité

    • Simone Weil aborde dans ses textes plusieurs points qui raisonnent avec une accuité particulière aujourd’hui dans une économie pourtant souvent qualifiée de post-fordiste et de post-industrielle. Elle s’interroge sur le mythe de la #croissance illimitée. Elle montre la difficulté à s’appuyer sur une croyance en l’innovation technologique et la confiance dans le progrès #technique. Elle rappelle au contraire la part d’imprévisibilité à laquelle est soumise l’#innovation technologique. De même, elle montre le lien entre la #rationalité technique et calculante. Elle met en lumière la manière dont cette rationalité calculante envahit tous les pans de l’existence. Aujourd’hui, l’utilisation de la rationalité algorithmique dans le monde de l’entreprise et de la gouvernance politique en constitue une nouvelle étage. L’automatisation du travail par l’"#intelligence_artificielle" et l’utilisation des #big_data en vue d’une analyse prédictive en sont deux exemples. Face aux tenants du #capitalisme vert, qui affirment que les progrès technologique pourront dépasser le problème des limites naturelles, Simone Weil montre en quoi cette croyance relève d’une foi religieuse dans le progrès technique.

    • Le problème est effectivement spécialisation + besoin de coordination. Ce besoin de coordination est apparemment apparu avec les infrastructures agricoles (barrages, bassins, canaux d’irrigation....). Et la spécialisation a été possible grâce à l’#agriculture aussi, avec des denrées stockables en surplus (céréales).

    • @nicolasm comme le disait Hemenway, l’agriculture amène, toujours, à une concentration du pouvoir par l’élite. C’est le résultat inévitable de l’existence de gros surplus stockables, qui est au coeur de l’agriculture, et nous pourrions avoir besoin de créer une culture où le surplus, ainsi que la peur et la cupidité qui le rendent desirable, ne sont plus les résultats structurels de nos pratiques culturelles.
      http://seenthis.net/messages/190256
      Ce qui nous ramène à l’#horticulture

      Most horticultural societies are far more egalitarian than agriculturists, lacking despots, armies, and centralized control hierarchies.
      Horticulture is the most efficient method known for obtaining food, measured by return on energy invested. Agriculture can be thought of as an intensification of horticulture, using more labor, land, capital, and technology. This means that agriculture, as noted, usually consumes more calories of work and resources than can be produced in food, and so is on the wrong side of the point of diminishing returns. That’s a good definition of unsustainability, while horticulture is probably on the positive side of the curve.

      http://tobyhemenway.com/203-is-sustainable-agriculture-an-oxymoron

    • Oui mais j’imagine que ça ne suffit pas, car même si les céréales sont sans mesure pour la facilité et la durée de stockage et la versatilité de l’utilisation, on pourrait imaginer une capitalisation agricole avec surplus temporaires (tubercules, fruits à coques) suffisamment en nombre pour fabriquer une élite ? Peut être qu’une condition nécessaire est d’avoir des biens communs pour que celles et ceux qui ne veulent pas être esclaves puissent vivre librement en autonomie. Mais malheureusement ce n’est pas de la seule volonté des humains libres, comme l’a démontré maintes fois l’Histoire.

    • Sauf que l’horticulture étant par définition très manuelle, tu ne peux pas avoir de grosse surface cultivée par personne. Ça favorise une relative égalité dans la propriété, et une plus grande dispersion des ressources, qui sont de ce fait moins accumulables.
      La disparition des #communs a par ailleurs été de pair avec la mise en place des #enclosures, qui a marqué les débuts du capitalisme.

    • Sauf que l’horticulture étant par définition très manuelle, tu ne peux pas avoir de grosse surface cultivée par personne. Ça favorise une relative égalité dans la propriété

      Une égalité ... ou de l’esclavage. La canne à sucre est un bon exemple, puisque ça doit être une des culture les plus rentables en calories/ha, mais requérant une grosse main d’œuvre. Mais peut être s’éloigne t-on de l’horticulture

    • La puissance et la concentration des armements mettent toutes les vies humaines à la merci du pouvoir central. En raison de l’extension formidable des échanges, la plupart des hommes ne peuvent atteindre la plupart des choses qu’ils consomment que par l’intermédiaire de la société et contre de l’argent ; les paysans eux-mêmes sont aujourd’hui soumis dans une large mesure à cette nécessité d’acheter. Et comme la grande industrie est un régime de production collective, bien des hommes sont contraints, pour que leurs mains puissent atteindre la matière du travail, de passer par une collectivité qui se les incorpore et les astreint à une tâche plus ou moins servile ; lorsque la collectivité les repousse, la force et l’habileté de leurs mains restent vaines. Les paysans eux-mêmes, qui échappaient jusqu’ici à cette condition misérable, y ont été réduits récemment sur un sixième du globe. Un état de choses aussi étouffant suscite bien ça et là une réaction individualiste ; l’art, et notamment la littérature, en porte des traces ; mais comme en vertu des conditions objectives, cette réaction ne peut mordre ni sur le domaine de la pensée ni sur celui de l’action, elle demeure enfermée dans les jeux de la #vie_intérieure ou dans ceux de l’aventure et des actes gratuits, c’est-à-dire qu’elle ne sort pas du royaume des ombres ; et tout porte à croire que même cette ombre de réaction est vouée à disparaître presque complètement.

      #hétéronomie #système_technicien

    • Elle a écrit ce texte en 1934 et c’est impressionnant de voir avec quelle précision ça décrit la situation actuelle

      L’augmentation formidable de la part prise dans les entreprises par le capital matériel, si on la compare à celle du #travail_vivant, la diminution rapide du #taux_de_profit qui en a résulté, la masse perpétuellement croissante des frais généraux, le #gaspillage, le coulage, l’absence de tout élément régulateur permettant d’ajuster les diverses branches de la production, tout empêche que l’activité sociale puisse encore avoir pour pivot le développement de l’#entreprise par la transformation du #profit en #capital. Il semble que la lutte économique ait cessé d’être une rivalité pour devenir une sorte de guerre. Il s’agit non plus tant de bien organiser le travail que d’arracher la plus grande part possible de capital disponible épars dans la société en écoulant des actions, et d’arracher ensuite la plus grande quantité possible de l’argent dispersé de toutes parts en écoulant des produits ; tout se joue dans le domaine de l’opinion et presque de la fiction, à coups de #spéculation et de #publicité. Le crédit étant à la clef de tout succès économique, l’épargne est remplacée par les dépenses les plus folles. Le terme de #propriété est devenu presque vide de sens ; il ne s’agit plus pour l’ambitieux de faire prospérer une affaire dont il serait le propriétaire, mais de faire passer sous son contrôle le plus large secteur possible de l’activité économique. En un mot, pour caractériser d’une manière d’ailleurs vague et sommaire cette transformation d’une obscurité presque impénétrable, il s’agit à présent dans la lutte pour la puissance économique bien moins de construire que de conquérir ; et comme la conquête est destructrice, le système capitaliste, demeuré pourtant en apparence à peu près le même qu’il y a cinquante ans, s’oriente tout entier vers la destruction.

    • Les moyens puissants sont oppressifs, les moyens faibles sont inopérants. Toutes les fois que les opprimés ont voulu constituer des groupements capables d’exercer une influence réelle, ces groupements, qu’ils aient eu nom partis ou syndicats, ont intégralement reproduit dans leur sein toutes les tares du régime qu’ils prétendaient réformer ou abattre, à savoir l’organisation bureaucratique, le renversement du rapport entre les moyens et les fins, le mépris de l’individu, la séparation entre la pensée et l’action, le caractère machinal de la pensée elle-même, l’utilisation de l’abêtissement et du mensonge comme moyens de propagande, et ainsi de suite. L’unique possibilité de salut consisterait dans une coopération méthodique de tous, puissants et faibles, en vue d’une décentralisation progressive de la vie sociale ; mais l’absurdité d’une telle idée saute immédiatement aux yeux. Une telle coopération ne peut pas s’imaginer même en rêve dans une civilisation qui repose sur la rivalité, sur la lutte, sur la guerre

      lien avec http://seenthis.net/messages/315340

    • Les leaders sont des types durs, qui ont des idées et des idéologies, et la visibilité et l’illusion de l’unité disparaîtraient. C’est précisément parce qu’ils n’ont pas de leader que le mouvement peut survivre. Mais c’est précisément parce qu’ils n’ont pas de leader qu’ils ne peuvent pas transformer leur unité en action concrète.

      http://cultura.elpais.com/cultura/2015/12/30/babelia/1451504427_675885.html

  • Histoire de la Corse et Révoltes Paysannes au XVIIIe siècle
    (vu sur twitter https://twitter.com/Lev_Bronystein/status/630007242264322049 )

    Peu de temps après la conquête militaire de l’ile par le Royaume de France, Louis XV charge toute une équipe d’une trentaine de géomètres et de dessinateurs pour cartographier la #Corse, en connaitre toutes ses ressources, savoir par exemple le nombre de moulins par villages...
    C’est intéressant car cette cartographie de l’ile s’accompagne d’un « Plan de Régéneration », un plan de développement piloté par l’Etat ou comment une proto-technocratie se charge de faire passer la Corse, de gré ou de force, dans une sorte de « #capitalisme agraire moderne ».
    Comme quoi quand on dit que la géographie c’est la retranscription spatiale des rapports de classe...
    Épistémologiquement parlant, c’est intéressant aussi car les méthodologies de la #cartographie et des statistiques modernes apparaissent ici.
    Le contexte de l’époque, c’est avec Diderot et son « Supplément au voyage de Bougainville », le mythe du « bon sauvage », simple, honnête...
    Mais il n’y a pas de « bon sauvage » en Corse, loin de là :


    En attendant, ceux qui ne portent qu’a peine une « figure humaine » sortent de 14 ans d’indépendance, avec une des premières constitutions démocratiques au monde hein... Tandis que le Royaume de France est toujours dirigé par un monarque absolu.
    250 ans après, les mêmes schémas restent, c’est impressionnant
    Voila a titre d’introduction. Passons au texte « Plan Terrier et conscience sociale », écrit par Ange Rovère.
    Le Terrier c’est d’abord le regard que la France Monarchique porte sur sa nouvelle conquête. Testevuide et Bedigis qui y participent sont certes nourris de la pensée des #Lumières mais leur grille de lecture de la Corse est révélatrice du choc de deux mondes.
    Ainsi parmi les termes qui reviennent le plus, il y a « médiocre », « archaïque », « sauvage ».Prisonniers de leurs cultures, de leurs éducations comme d’autres francais qui viendront en Corse (Pommereul, Gaudin), ils se persuadent que la #civilisation, c’est eux, c’est la France et qu’ils ont un devoir moral d’apporter la civilisation en Corse, de « régénér[er] l’Isle ».
    La philosophie du Terrier est pétrie d’esprit physiocratique : le savoir est un moyen pour faire de la Corse un terrain d’expérience.
    Il s’agit ainsi de modifier l’ensemble de la formation économique et sociale, d’organiser sur un mode totalement différent les rapports de production et les rapports entre les hommes pour trouver une voie originale de passage au capitalisme agraire.
    L’articulation des rubriques dans le plan Terrier a donc sa logique. Connaitre l’étendue des terres du Roi, c’est savoir où l’état mettra en place son #agriculture moderne. Fixer les limites des « pieve » et des communautés permet de casser les habitudes du libre-parcours et tout un mode de vie sylvo-pastoral. (Ce qui rappelle les travaux de Marx sur l’#enclosure (pas sur du nom) au Royaume Uni qui precède la #révolution_industrielle.)
    Réorganiser le système de #propriété pour en finir avec ce statut sur la terre et ses fruits, pour casser l’#égalité, préjudiciable au #progrès
    Briser donc un mode de #production où chacun grâce a ses petites propriétés, aux biens communaux et aux droits d’usage, par le biais de l’organisation communautaire, de l’indivision et de la mise en valeur dans le cadre du groupe familial permet a chacun de vivre sans être contraint de vendre sa force de travail. Dans cette entreprise, l’#impôt occupe donc une place stratégique centrale.
    Il faut individualiser la propriété, cloisonner les communautés, bloquer les libres-parcours pour lever l’impôt.
    Les Corses ne pouvaient donc que gueuler face à une entreprise de #spoliation de leurs biens, et de mise en cause de leurs moyens d’existence.
    La résistance est multiforme : sabotages, agressions, émeutes spontanées ou organisées. Dès le 24 novembre 1769, soit 6 mois apres la bataille de Ponte Novu, des paysans de Campuloru empoisonnent l’étang de Diana revendiqué par les Domaines (le roi quoi)
    Mars 1770 à Appiettu : les paysans reviennent de leurs champs au village pour tomber a coup d’outils agricoles, de batons, de fusils, et de pistolets sur une troupe de soldats : 1 troufion et deux paysans sont tués, plusieurs autres sont blessés.
    Mars 1771, c’est toute la région de Vicu qui s’enflamme quand la monarchie s’annexe l’ancienne colonie grecque de Paomia, au detriment des habitants de Vicu et Rennu qui en avaient repris l’usage dans les années 1730. La tension monte, entre l’état qui continue ses travaux et la résistance de la population jusqu’à l’explosion de 1773 où plusieurs centaines d’habitants armés de Rennu attaquent les géomètres.
    D’autres cas similaires d’embuscades sont signalés par Testevuine et Bédigis, affolés, dans le Nebbiu, dans la plaine de Biguglia...
    Ces luttes se produisaient ainsi contre l’état, mais aussi contre les notables qui, soutenus par la France et ses représentants, profitaient des opérations de limitation de propriétés pour s’annexer les biens communaux. Des révoltes contre l’impôt aussi.
    Et aussi (d’où l’utilité du travail de division mis en place par la France), des tensions entre communautés et villages pour le partage du #territoire. Ca me fait penser aux années 1990, quand Joxe et Pasqua donneront aux uns la puissance économique et aux autres la puissance politique qui entrainera la guerre fratricide entre nationalistes... D’où l’intérêt de connaitre l’#histoire...
    Ou un peu comme dans les colonies africaines (aof et aef) avec des ethnies privilégiées au détriment d’autres selon les coins...
    C’est fascinant de voir a quel point ce qui a été réalisé et perfectionné par la France en Afrique et en Indochine a été initié en Corse. C’est exactement les memes schemas de pensée : moderniser et civiliser les sauvages
    Bref, le Terrier provoque un grand chambardement, dont les attaques contre les géomètres sont l’expression la + consciente de la #résistance
    Toute aussi consciente est la #lutte engagée contre les Domaines, qu’ils soient en concession ou en régie directe.
    Exemples :
    Enfin à Coti-Chiavari, des notables (les Stephanopoli, le comte Rossi et l’apothicaire Fleury) n’ont jamais pu utiliser ni bénéficier des terres attribuées par le Roi, tout simplement parce que les #paysans de Frassetu, Quasquara et Campu, qui avaient arraché ces terres aux Gênois les ont en quelque sorte réquisitionnées et ont continué a les cultiver comme avant, genre on s’en bat les couilles du roi...
    Je conclurai en disant que l’auteur, Ange Rovère, historien, ancien 1er adjoint PCF à la mairie de Bastia, est l’archétype du « Vive la France » et par conséquent ça m’a agréablement surpris de le voir écrire ça.
    J’espère ne pas avoir été trop long, mais je voulais vous faire partager ma découverte et mon contentement d’en avoir appris un peu plus sur l’histoire de mon pays.

    #imaginaire #colonialisme #communs #modernité

  • D’une mutation anthropologique
    http://acontretemps.org/spip.php?article565

    Sur les luttes sociales de la fin de l’époque médiévale, les processus d’expropriation qui se développent en Europe à la fin du XVe siècle, la « lutte contre le corps rebelle » et la « grande chasse aux sorcières », les réflexions de Silvia Federici entrent souvent en écho avec les travaux de certains théoriciens classiques de l’École de Francfort, mais aussi avec les théoriciens de la critique de la valeur (Krisis, Anselm Jappe, Gérard Briche, etc.). L’historienne s’efforce de démontrer comment, à partir du XVIe siècle et tout au long du XVIIe, se mettent en place, au nom de la rationalité et du principe de rendement, des politiques étatiques qui bénéficieront, au XIXe siècle, des conditions historiques de leur triomphe avec, notamment, la constitution du mythe de l’État-Nation fonctionnant comme instrumentalisation de l’histoire (le roman national) et de la géographie (le mythe des frontières naturelles). Cette forme d’expression d’une rationalité exclusive et hégémonique – culte du progrès, de l’efficience et de la performance – représente une forme de paradigme que l’on peut tout aussi bien décliner pour comprendre notre époque. Dans la continuité de Marx, Silvia Federici se concentre sur la période anglaise des « enclosures », période durant laquelle les grands propriétaires fonciers clôturent les terres qui appartenaient à la communauté paysanne afin de rentabiliser l’élevage des moutons. Avec les « enclosures » s’amorce, à la fin du XVe siècle, en Angleterre, un mouvement de privatisation des terres qui se développera aux XVIe et XVIIe siècles. Le développement du salariat – et surtout la primauté accordée à la valeur d’échange sur la valeur d’usage, qui induit une relation au travail marquant la fin du monde médiéval – annonce le début d’une ère nouvelle. Cette mutation économique, sociale et idéologique, insiste l’historienne, va aussi transformer, pour les besoins de la rationalisation capitaliste de la production, le corps en « machine-travail » : il sera dès lors « travaillé » par une logique propre au processus de création de la valeur. De plus en plus subordonné « à un procès de travail reposant sur des formes uniformes et prévisibles », le corps « pourra donc devenir un outil s’ouvrant aux infinies possibilités des manipulations uniformes et prévisibles ». Cette mutation va de pair avec la création d’un État dont Hobbes fut, avec son Léviathan, le théoricien.

    #histoire #anthropologie

  • #agriculture, #géopolitique, #Hérodote
    Repéré pour notamment @koldobika et @odilon


    http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index.php?ean13=9782707185761

    L’agriculture est une question géopolitique. En effet, cette activité, très liée au territoire, est traversée par des rivalités d’acteurs à différents niveaux (villages, régions, États, monde) et n’est pas étrangère aux questions de puissance, de souveraineté et de sécurité.
    Ce numéro s’intéresse en particulier aux questions de la terre (accaparements, inégalités foncières et réformes agraires) et de l’irrigation, qui font naître des rivalités à différents niveaux, à la question alimentaire, qui renvoie à celle de la souveraineté et de l’insécurité sociale et politique, au rôle de l’agriculture dans la maîtrise de l’espace (fronts pionniers), en particulier dans des zones en conflit, à la dimension identitaire de l’agriculture et des paysanneries, déterminante en géopolitique, à la conflictualité entre groupes (éleveurs/agriculteurs, agrifirmes/paysanneries disqualifiées), aux débats politiques autour des OGM, etc.

  • Rapport sur l’état de nos forêts et leurs devenirs possibles
    par des habitants du plateau de Millevaches - novembre 2013
    http://juralib.noblogs.org/files/2015/03/BrochureForetTelechargement.pdf

    Nous avons cherché à comprendre l’histoire humaine qui se cache sous les dehors faussement naturels du paysage, à déchiffrer les intérêts, les conceptions et les discours qui s’incarnent dans une « futaie régulière » de Douglas, une coupe rase ou un puy recouvert, sans ordre apparent, de feuillus dits « de qualité médiocre ». Il nous est alors apparu que notre plateau, prétendument si éloigné de tout, était traversé jusqu’en son cœur par la dynamique actuelle du capitalisme. En témoigne le simple fait que plus de la moitié des volumes de bois exploités sur le plateau partent en trituration pour l’usine de pâte à papier de Saillat ; une usine qui appartient au plus grand groupe papetier mondial, International Paper, dont le conseil d’administration accueille, entre autres financiers planétaires, l’ancien directeur général de la banque Goldman Sachs. Quant au bois qui ne part pas en trituration, les principaux acteurs de la filière savent s’entendre pour se partager la ressource et en fixer le cours.
    En vérité, c’est tout un paysage qui nous est devenu plus lisible. Là où le lobby forestier a tendance à ne voir que des arbres plantés dans un désert humain, et où nous autres habitants avons tendance à envisager notre vie comme se déroulant sur le fond d’une « nature » immuable, nous avons découvert que l’état de la forêt, au fil de l’histoire, ne faisait qu’exprimer la façon dont le plateau était habité. L’état de la forêt est le reflet fidèle de notre rapport au territoire

    Les grandes étendues « nordiques » qui sont la toile de fond et la beauté de notre vie quotidienne sur ce plateau, se révèlent à une étude approfondie guère plus poétiques que les champs de maïs industriels qui occupent l’horizon dans les grandes plaines de Charente.
    Au fil des générations l’enrésinement a entériné la fin des communaux et des sectionnaux, et avec eux, de toute la vie sociale paysanne qui faisait leur raison d’être. La « désertification » rurale a fait le reste, dissociant de plus en plus propriété foncière et habitants. On compte aujourd’hui 40 000 habitants sur le périmètre du PNR, et 20 000 propriétaires forestiers, dont l’écrasante majorité ne compte plus parmi les dits habitants du plateau.
    En l’espace d’à peine quatre générations, on ne peut que constater cet effet de balancier malheureux qui a vu la propriété foncière passer d’un régime féodal (domaines des nobles locaux et communaux hérités du Moyen Âge) à la petite propriété paysanne, pour repasser presque aussi sec à une propriété d’ « actionnaires distants » ; de lointains héritiers de paysans, ou des investisseurs dé-territorialisés qui ont un rapport à leurs propriétés foncières et forestières équivalant au mieux à un livret A, au pire à un portefeuille d’actions.
    Nous autres, les habitants anciens et nouveaux, nous retrouvons dans le statut peu enviable de gardien de parc, à vivre au beau milieu d’un territoire capitalisé par des propriétaires absentéistes. Un environnement sur lequel nous n’avons aucune forme de pouvoir.

    Ce qu’il s’agit aujourd’hui d’amorcer, c’est le retour de la question de la forêt dans l’idée que nous nous faisons d’habiter un territoire. Qu’on l’envisage comme « cadre de vie », « ressource locale en énergie bois », « ressource locale pour l’éco-habitat », « gage d’autonomie énergétique pour le plateau et ses habitants », « diversité paysagère », voire simplement comme « forêt d’agrément » ou comme « milieu propice tant à la chasse qu’à la cueillette », la défense de cette richesse commune est un élément essentiel sur le chemin d’une reprise de pouvoir sur nos existences.
    Cette reprise de pouvoir à laquelle nous appelons, peut entre autre passer par la diffusion d’une culture populaire de la forêt parmi les habitants et propriétaires forestiers, comme y travaillent déjà certaines structures

    Par-delà telle ou telle initiative concrète, ce qui est en jeu ici, c’est une mutation de notre rapport à ce qui nous entoure. Là où existe une véritable « culture de la forêt », on ne traite pas des parcelles plantées en vue de leur seule valorisation marchande sur un mode standardisé, on prend soin quasi-individuellement de chaque arbre, en vue d’en faire un bel arbre, beau à couper comme à voir. De la même manière, si près de 40% des forêts du plateau appartiennent à des propriétaires qui ne s’en occupent guère, c’est que cette propriété est moins affaire d’appât du gain qu’une façon pour des héritiers citadins attachés à leurs racines de conserver symboliquement un pied sur le territoire et dans la société paysanne dont ils sont issus. Il faut partir de la sincérité d’un tel attachement et faire comprendre à ces absents que le pays dont ils veulent le bien pourrait bien crever de leur négligence et du conformisme avec lequel ils laissent exploiter leurs parcelles. Nous voulons tous un plateau où il y ait des truites dans les rivières, des cèpes dans les sous-bois, de l’eau potable dans les robinets, du bois pour se chauffer, des forêts mélangées comme des jardins où l’on ait plaisir à se promener et où la faune abonde. Nous voulons que le bois qui pousse ici enrichisse le territoire lui-même et non l’ex-PDG de Goldmann Sachs. Nous voulons un plateau vivant, et il ne le sera que par l’insoumission à la logique actuelle qui régit nos forêts

    #forêt #écoumène #communs #autonomie
    #privatisation #enclosures #déménagement_du_territoire

    • « Promouvoir la gestion durable de la forêt » : La charte PEFC (anciennement Pan-European Forest Certification, aujourd’hui Program for the Enforcement of the Forest sChemes) se contente ainsi de répéter ce que dit la loi, elle ne parle de contraintes qu’au conditionnel, et permet finalement de cautionner autant les coupes rases que la monoculture et l’emploi de produits chimiques. L’adhésion à PEFC n’est qu’une simple formalité administrative sans aucune vérification sur le terrain, à tel point qu’il a été possible à un forestier facétieux de faire labelliser PEFC la pompe à essence du supermarché d’Eymoutiers !

  • Il se nourrit de plantes sauvages et s’en porte bien - Reporterre
    http://reporterre.net/Il-se-nourrit-de-plantes-sauvages

    « Je ne mange que des plantes sauvages et du riz depuis quinze ans. » Une telle affirmation a de quoi surprendre, surtout quand elle provient d’un sexagénaire pétillant. Pourtant, dans les ruelles de Montpellier, Jean Peyre passe presque inaperçu : casquette et jeans usés, il n’a pas l’air d’un excentrique. Seul détail intrigant, il s’arrête tous les trois mètres pour ramasser une pousse verte coincée dans le bitume. Chicorée, chardon, oseille. « Nos villes regorgent de plantes comestibles, seulement, nous ne savons plus les reconnaître. »

    #alimentation

  • Ludd contre Marx
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=693

    Voici notre première livraison d’une enquête consacrée à la technocratie, classe dirigeante globale à l’ère technologique du capitalisme planétaire unifié. Les débuts de cette enquête remontent à décembre 2010. Nous avions publié en brochures avec Black Star (s)éditions, Une Armée de justiciers, le merveilleux chapitre consacré à la révolte des Luddites par l’historien E.P. Thomson, dans sa Formation de la classe ouvrière anglaise (ici). « Oui, nous dirent nos amis de Black Star, mais il faudrait quelque chose en plus, une petite préface, un mot de présentation… » Voici ce mot cinq ans plus tard, il a proliféré, muté en chapitres, en livres, sans arriver à sa fin. Si vous le trouvez long, plaignez-vous à Black Star, c’est de leur faute. C’est que le sujet était aussi passionnant que méconnu. L’équivalent de la (...)

    #Documents
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/Ludd_contre_Marx-2.pdf

    • Début d’un livre, 48 pages.

      La plupart des gens réduisent la technocratie à la bureaucratie, aux énarques, à ces fonctionnaires de Bruxelles qui réglementent la fabrication de nos fromages : ce n’est qu’une infime part. La technocratie se définit comme une classe consciente d’elle-même ; la classe de l’expertise et de l’efficacité, de la rationalité maximale. La classe centrale des sociétés technologiques avancées, en quantité et en qualité. Elle forme avec la bourgeoisie capitaliste (y compris les financiers), un alliage indissoluble dirigé contre les autres classes (paysans, ouvriers, boutiquiers, employés), qu’elle remplace d’ailleurs par des machines. A l’ère technologique, tout pouvoir doit se faire technocratique ou périr. L’Etat, l’armée, l’entreprise sont technocratiques. Le capital, public ou privé, est technocratique. La Silicon Valley, talonnée par la Chine, présente le type le plus avancé de ce capitalisme technologique et technocratique, qui extermine les espèces, les peuples, les classes, les individus réfractaires à son vampirisme.

      #technocratie #Histoire #luddites #EP_Thomson #Ludd #Marx #enclosures #communisme #critique_techno

    • Auteur certifié non #bobo :

      Marius Blouin n’est pas diplômé de Normale Sup, ni de l’EHESS. Il ne travaille ni aux Inrocks, ni à France Culture. Il ne fait partie d’aucun collectif. Il n’habite pas Montreuil ni les Cévennes, et d’ailleurs Marius Blouin n’est pas son nom, mais celui de son grand-père exclu du Parti pour avoir commis une bonne action.

      #cax