Après lecture, je réagis au marque-page ►http://seenthis.net/messages/68091 de @anarsonore sur le débat Jappe-Latouche.
Super débat sur l’échange, mais dommage que ce ne soit pas assez en échange justement, enfin en aller-retour, entre les deux intervenants, car ils répondent surtout aux questions du public, du coup ils parlent une fois chacun, mais sans trop se parler entre eux.
Je voulais surtout faire une remarque sur la fin, sur la stratégie à adopter.
Je trouve l’attitude d’#Anselm-Jappe très paradoxale. En effet, #Serge-Latouche pense qu’il faut quand même limiter les dégâts avec une « vraie » politique de #gauche classique (que seule propose l’extrême droite avec son protectionnisme), et ensuite une fois qu’on a un peu sortie la tête hors de l’eau, on peut penser à une société qui sortirait de l’#économie.
Anselm Jappe répond alors qu’il n’est pas d’accord du coup, et que la critique de la spéculation, des méchants banquiers, etc, est une chose qui est de plus en plus commun et partagé dans les populismes de gauche comme de droite, et que c’est une critique vraiment tronquée du #capitalisme.
Mais :
1) Serge Latouche n’a jamais dit le contraire ! Il ne dit pas du tout que c’est une bonne analyse du capitalisme que de penser ça, il dit juste que ça permet d’être un peu moins dans la merde.
2) Et surtout dans la question précédente, Anselm Jappe rappelait avec justesse la critique du #catastrophisme par les auteurs de l’#Encyclopédie-des-Nuisances !
En effet, pour faire vite, cette critique dit qu’attendre des catastrophes, écologiques ou sociales, n’amène pas forcément les gens à changer en mieux. Et bien justement ! Là actuellement les gens sont de plus en plus dans la misère, dans la précarité, alors est-ce qu’il faut continuer dans cette voie-là, partir de cette base-là, pour réfléchir à la sortie de l’économie ?
Je trouve donc que les deux dernières réponses d’Anselm Jappe se contredisent l’une et l’autre.
Si on ne doit pas partir du catastrophisme pour inventer autre chose, alors il faut quand même d’abord que les gens ordinaires, non théoriciens, soient un peu moins dans la merde dans leur vie quotidienne (un toit, une activité, de la nourriture pas trop pourrie, etc).
Le danger qu’il y a, et c’est à mon avis ce pourquoi Jappe réagit comme ça, c’est que du coup #lesgens se contentent de cette critique-là et n’aillent jamais plus loin, et que ce soit reparti pour un tour...
Mais donc on en revient à un dilemme récurrent :
– Est-ce qu’il vaut mieux que les gens soient vraiment dans la merde et que « ceux qui savent » fassent de la pédagogie sur l’imaginaire du capitalisme, mais alors au risque que le peuple ressente le besoin d’un homme fort pour les aider ?
– Ou est-ce qu’il vaut mieux s’attaquer d’abord aux aspects plus « visibles » (le morceau de l’iceberg qui est au-dessus de l’eau) du capitalisme afin d’être plus « tranquilles » dans nos vies et dans nos têtes pour enfin s’attaquer au cœur du capitalisme, mais alors au risque de ne jamais aller plus loin que la critique des « méchants spéculateurs » ?
Je n’ai pas de réponse, évidemment. :)
#critique_de_la_valeur #radical