• Ô mon #français !

    J’ai passé ma jeunesse à suer sur des dictées à quatre points la faute, j’ai même fini par aimer ça. Suffisamment pour m’en infliger en dehors de l’école. J’ai le souvenir d’une dictée de Pivot, retransmise en direct à la télé, que j’avais tenu mordicus à faire. Télé vieillotte, en noir et blanc avec un écran qui crépitait et un son qui grésillait, dont il fallait ajuster la fréquence de la chaine à la main à l’aide d’un bouton-potentiomètre. Évidemment, je n’étais pas très fort, et j’enfilais les fautes comme les perles. Mais j’étais fier de faire mon maximum pour faire honneur à ma langue maternelle. Paternelle aussi, d’ailleurs. Et puis j’ai appris l’anglais, avec difficulté, tant bien que mal. Ça me paraissait au moins autant abscons et complexe que le français, mais c’était ainsi. Plus tard, j’étais en Italie, alors j’ai appris l’#italien. Également avec des efforts (je ne suis pas particulièrement doué pour les langues étrangères), mais le quotidien aidant, au bout de quelques mois (enfin, environ douze !) je fus capable de tenir une conversation. J’ai compris que l’italien était bien plus simple (et cela n’empêche pas les Italiens d’avoir une culture très riche !) que le français, ne serait-ce que parce qu’il se prononce quasiment comme il s’écrit (et inversement). Contrairement au français (et à l’anglais). De quoi avoir 20/20 à une dictée d’italien. Mais pour la peine, ça ne serait pas drôle. Donc il n’y a pas de dictée en italien.

    Plus tard je suis tombé sur la vidéo d’une courte conférence intitulée « la faute de l’orthographe » par deux profs belges (inventez un mot, puis calculez combien il y aurait – théoriquement – de manières de l’écrire en français). Cette vidéo m’a ouvert l’esprit. J’ai compris que l’orthographe n’était qu’un #outil. Que la langue n’était qu’un outil ; pour communiquer, transmettre des idées, en l’occurrence. Et que si l’outil était moins complexe à utiliser qu’il ne l’est, le temps incommensurable que l’on passe à l’étudier, à tenter d’essayer de l’apprivoiser, à éventuellement vouloir le maitriser, pourrait être dédié à faire des choses plus constructives. Des maths, de la physique, écrire, lire, réfléchir, jouer de la musique, ou avec son chat, faire du ski de rando ou grimper, bref, d’autres trucs. L’orthographe devait redescendre du piédestal sur lequel mes études l’avaient placé.

    Dans le même temps (ou avant, même, plutôt), cette histoire d’#écriture_inclusive commençait à infuser. Franchement, ajouter des points au milieu des mots dans une langue aussi complexe, ça n’allait pas aider. N’était-ce pas barbare ? En plus l’#Académie_française avait pris position contre cette incongruité. Alors…

    Et puis j’ai commencé à faire pas mal de vélo, je me suis acheté un casque à conduction osseuse pour pouvoir écouter des podcasts assis sur ma selle. J’en écoute à la pelle. Je suis tombé sur les émissions de Binge Audio, je ne sais plus trop comment, et surtout sur le podcast de #Laélia_Véron, « Parler comme jamais » (https://www.binge.audio/podcast/parler-comme-jamais). Notamment un épisode intitulé « Écriture inclusive : pourquoi tant de haine ? » que j’ai écouté par curiosité (https://www.binge.audio/podcast/parler-comme-jamais/ecriture-inclusive-pourquoi-tant-de-haine). J’ai compris alors que l’écriture inclusive ne se limitait pas au point médian, loin s’en faut. Il y a beaucoup d’autres choses à côté. Mais alors pourquoi autant d’efforts à vouloir peser sur l’usage ? Simplement parce que les linguistes ont montré qu’une #langue_genrée avait un effet pas du tout négligeable sur les #inégalités_de_genre dans la société. Le linguiste #Pascal_Gygax, auteur de telles études, conclut un article de vulgarisation ainsi : « L’histoire nous enseigne que la société patriarcale a eu un effet sur la #masculinisation de la langue et les données disent que la #masculinisation_de_la_langue a une influence sur notre manière de percevoir le monde. À partir de là, ce qu’il faut se demander, c’est : veut-on changer cela ? Si oui, alors le langage inclusif est un outil pour y parvenir » (https://www.revue-horizons.ch/2021/09/02/comment-le-masculin-forge-la-pensee-de-lenfant). Quand il a commencé à vulgariser son travail, il a reçu une flopée d’insultes. Décidément, touchez pas au français… Et pourtant, y toucher, volontairement, c’est changer potentiellement les rapports au monde de la moitié de l’humanité (tout au moins des francophones).

    L’oppression de la femme par l’homme ne date pas d’hier, et le langage a été modelé par l’homme en ce sens au cours de l’histoire (comme pour leur interdire l’accès à certaines professions, par exemple). Le #patriarcat a ainsi fait son œuvre notamment via ce moyen de communication entre les humains et les humaines. Il semble n’y avoir que peu de langues, dans le monde, tout au moins celui qui vit dans les sociétés dites occidentales (même si elles sont aussi à l’orient suite aux colonisations), qui ne sont pas genrées, et ainsi, masculinisées.

    Le patriarcat est une forme de #capitalisme. Ce dernier est l’#exploitation des ressources naturelles (ce que l’on nomme pudiquement externalités !) ad nauseam, qui génère des pollutions (autres externalités) ad nauseam, mais c’est aussi l’exploitation des humains (ressources « humaines »). Dans ce cadre, le patriarcat se fait un malin plaisir à exploiter un peu plus les femmes. Dès qu’il s’agit d’augmenter les profits et de trouver des marchés, le capitalisme n’a aucune limite, même si l’Histoire a tout de même réussi à mettre fin au marché de l’esclavagisme. Enfin, pas partout ; et les femmes y sont probablement les plus mal loties.

    Pour mettre fin à ce capitalisme destructeur (de la planète, des sociétés humaines, de l’humanité), et à ses avatars que sont les nombreuses inégalités, dont les inégalités de #genre sous la forme du patriarcat qui perdurent y compris en France, il n’y a pas qu’une façon de faire, une méthode idéale, tracée, parfaite, avec un protocole qui resterait à appliquer. Ce qui est sûr, c’est que sans aplanir ces inégalités, c’est voué à l’échec, comme en témoigne le mouvement des Gilets Jaunes. La « solution » est nébulaire et diffuse, c’est pourquoi il faut faire feu de tout bois et utiliser tous les leviers disponibles. La langue, qui est l’outil avec lequel nous communiquons, est dans cette lutte d’une capitale importance : elle fabrique et façonne notre société ainsi que les rapports que nous avons entre nous.

    La langue française actuelle (re)construite historiquement petit à petit par la classe bourgeoise masculine dominante comme un outil d’accès réservé à l’#élite (masculine) n’est pas immuable : l’outil peut très bien être retourné pour servir la cause. Et donc évoluer dans une direction souhaitable. Inclusive. En somme, un effort minuscule (changer à la marge notre façon d’écrire et de parler) pour un résultat immense : une diminution des inégalités de genre ! Le jeu en vaut certainement la chandelle d’autant qu’il est appuyé par les résultats de la #linguistique. Les enjeux écologiques de frontières planétaires que nous sommes en train de dépasser sont très liés à la question des #inégalités : toute l’humanité n’est pas responsable des pollutions diverses et variées, seulement une minorité, la plus riche. Inégalités de richesse donc, mais aussi, et c’est lié, de genre, de race, de handicap, de classe, de religion, nord-sud, et j’en passe. Dans le jeu de celui qui est le plus fort, ce dernier trouve toujours un moyen d’enfoncer les plus faibles ; et tous les coups sont permis.

    Quand on identifie un nouvel outil dont il est démontré [1] qu’il pourrait permettre de diminuer une partie de ces inégalités pourquoi s’enfoncer dans un #conservatisme mortifère ? Allons-y ! Qu’avons-nous à perdre ? Le #français_inclusif, même si les études scientifiques se trompaient sur sa propension à diminuer les inégalités de genre, n’en serait pas moins toujours le moyen de communication au sein des sociétés francophones. Quant au #point_médian, ce n’est jamais qu’un raccourci à l’écrit, il n’est pas obligatoire [2], alors pourquoi tant de haine ? Je vous conseille la lecture de « Eutopia » de Camille Leboulanger, un roman qui raconte une société où la notion de propriété privée est abolie (non seulement des habitations, mais aussi de la nature, et même la notion de famille est revisitée !), seule perdure la propriété d’usage. Le roman est écrit au féminin générique. Vous verrez, ça rafraichit !

    Mais la langue française n’attise pas les passions que sur les questions de genre. Je vous invite à lire le tract Gallimard « Le français va très bien, merci » par le collectif des Linguistes atterrés (https://tracts.gallimard.fr/fr/products/le-francais-va-tres-bien-merci). Quelques citations glanées çà et là pour un panorama de ce que j’en retiens : « Le français n’a jamais été homogène. Le #standard unique est un mythe. » 300 millions de personnes parlent français dans le monde, il fait partie des cinq langues les plus parlées sur la planète. « Le français n’est pas envahi par l’anglais. […] Le contact entre les langues ressemble davantage à un jeu à somme positive qu’à une guerre : ce que « gagne » l’une, l’autre ne le perd pas. […] Le #mélange, l’impur sont signe de vitalité pour une langue. Le séparé, le pur, une vue de l’esprit, un idéal, une langue statufiée. La langue se renouvèle d’abord parce que le monde change et qu’il faut le nommer, pour le meilleur et pour le pire (« covid » est-il un mot anglais ou français ?), mais aussi par besoin expressif, par jeu, pour faire place aux jeunes, aux autres, à l’altérité. » Autre idée reçue : « le français n’est pas règlementé par l’Académie française. » Elle n’a aucun pouvoir sur la langue, et ne renferme aucun (ni aucune d’ailleurs) spécialiste de la langue puisqu’aucun (ni aucune) linguiste n’y siège. Son dictionnaire est obsolète et sa grammaire encore plus. Dans leur ouvrage « Le français est à nous ! », les linguistes Laélia Véron et Maria Candea posent la question « Au XXIe siècle, à quoi sert l’Académie française ? » Elles répondent : « À rien. Rigoureusement à rien. C’est une institution d’opérette. […] qui sert encore à recycler confortablement des personnalités, grâce à un patrimoine exorbitant et à des finances opaques. » L’orthographe est compliquée : « Il est devenu pratiquement impossible d’écrire sans faire aucune faute. » Cela parce que l’orthographe n’a pas été réformée depuis quasiment deux siècles : la dernière réforme en date, celle de 1990 « peine à s’imposer dans les pratiques. […] Et si notre orthographe ne parvient pas à faire peau neuve, c’est parce qu’elle est devenue un #marqueur_social extrêmement puissant qui donne l’illusion de pouvoir juger des facultés linguistiques de quelqu’un sans entrer dans la complexité de la syntaxe, du vocabulaire ou de tout ce qui constitue la véritable qualité d’un texte écrit. » Bref. Convaincu que réformer l’orthographe est un nivèlement par le haut, j’ai décidé, depuis la lecture de cet opus, d’appliquer la réforme de 1990 au mieux. Pour cela, je m’aide du logiciel Antidote (https://www.antidote.info/fr/blogue/enquetes/redaction-inclusive), qui est également utilisé par les étudiantes et les étudiants à l’université au Québec, tout comme elles (et les nôtres aussi) utilisent la calculatrice. Il y a beaucoup d’autres choses dans ce petit livre, que je vous laisse découvrir. Car vous allez le lire, maintenant, n’est-ce pas ?

    [1] « Le langage inclusif […] a bien l’effet pour lequel il est préconisé : réduire les stéréotypes de genre et augmenter la visibilité des femmes. »

    [2] Même si : « L’usage du point médian permet de supprimer le biais de représentation vers le masculin. » selon le psycholinguiste Léo Varnet.

    http://gblanc.fr/spip.php?article780
    #langue #langue_française #orthographe 

    • La faute de l’orthographe | #Arnaud_Hoedt et #Jérôme_Piron

      Nous avons été profs de français. Sommés de nous offusquer des #fautes_d'orthographe, nous avons été pris pour les curés de la langue. Nous avons écrit pour dédramatiser, pour réfléchir ensemble et puis aussi parce que nous avons toujours pensé que l’#Académie_Française avait un vrai potentiel comique. « Les deux belges qui veulent simplifier la langue française » : tout est faux dans cette phrase. Pas « simplifier » mais bien faire preuve d’esprit critique, se demander si tout se vaut dans notre orthographe. Pas deux Belges, mais bien deux curieux qui veulent transmettre le travail des linguistes de toute la francophonie, pas même la « langue française », seulement son orthographe. Car l’orthographe, c’est pas la langue, c’est juste le code graphique qui permet de la retranscrire. Passion pour les uns, chemin de croix pour les autres, elle est sacrée pour tous. Et pourtant, il ne s’agit peut-être que d’un énorme #malentendu. Arnaud Hoedt et Jérôme Piron sont linguistes de formation. Ils ont vécu 25 ans sans se connaître, mais c’était moins bien. Ils ont ensuite enseigné pendant 15 ans dans la même école. Quand Arnaud participe à la rédaction des programmes de français en Belgique, Jérôme se spécialise en médiation culturelle. En 2016, ils écrivent et mettent en scène le spectacle « La Convivialité », au Théâtre National de Bruxelles. Ce spectacle conférence qui traite de la question du rapport dogmatique à l’orthographe tourne depuis 3 ans dans toute la francophonie. Dans la foulée, ils publient l’ouvrage « La faute de l’orthographe », aux éditions Textuel. Ils se définissent comme suit : « Linguistes dilet(t)antes. Pédagogues en (robe de) chambre. Tentent de corriger le participe passé. Écrivent des trucs. Vrais-Faux Comédiens. Bouffeurs d’Académicien ». A la question « est-ce que ça se dit ? » , Arnaud et Jérôme répondent invariablement « oui, tu viens de le faire ».

      https://www.ted.com/talks/arnaud_hoedt_jerome_piron_la_faute_de_l_orthographe
      #tedx

    • Comment le masculin forge la pensée de l’#enfant

      Les données disent que la langue masculinisée influence nos pensées. C’est du moins la conclusion du nouveau livre du psycholinguiste fribourgeois Pascal Gygax.

      Le cerveau pense-t-il au masculin ? C’est la question que pose Pascal Gygax, psycholinguiste à l’Université de Fribourg, en titre d’un livre* publié récemment avec la linguiste Sandrine Zufferey et la psychologue sociale Ute Gabriel. Pas de suspense inutile : la réponse est oui. L’ouvrage le montre à travers une multitude d’études suisses et internationales qui ont analysé l’influence du langage genré sur les représentations sexistes. « Sur ce sujet, il y a cinquante ans de recherches et quelque 200 études, explique Pascal Gygax, premier auteur. Il était temps d’écrire un livre grand public pour recadrer le débat, qui est devenu très passionnel. » Les réactions à l’ouvrage en attestent. « Depuis dix-sept ans que je travaille sur cette thématique, je n’ai jamais reçu autant d’insultes, confie le Biennois. Il s’agit surtout d’hommes blancs quinquagénaires ou sexagénaires dans des positions dominantes qui m’écrivent pour m’expliquer leur point de vue, souvent très peu documenté. C’est dommage, car le but était justement de prendre de la hauteur de manière scientifique. »

      Le livre se penche en particulier sur l’interprétation de la forme grammaticale dite « générique ». En français, en allemand, en anglais et dans d’autres langues, le genre masculin est également utilisé pour le genre « neutre », au singulier ou au pluriel (en plus de son sens « spécifique »). Exemple tiré du livre : « When a kid goes to school, he often feels excited on the first day » (« Quand un enfant va à l’école, il se sent souvent excité le premier jour »). Le « he » a ici fonction de générique. En français, on peut l’expliquer de la manière suivante : dans « Il y a beaucoup d’excellents chercheurs en Suisse », le mot « chercheur » devrait également inclure tous les genres. Problème : ce sens générique n’est pas perçu comme tel.
      Le générique n’est pas neutre

      En 1984, Janet Hyde, une chercheuse étatsunienne, a demandé à des personnes en formation d’âges différents d’écrire une histoire commençant par la phrase avec l’enfant citée au paragraphe précédent. Chez les universitaires, 21% des récits portaient sur un personnage féminin contre 7% chez les 5-12 ans. Pour l’immense majorité, le masculin a donc induit une représentation masculine.

      En 2008, une étude de Pascal Gygax et de ses collègues a montré qu’en français et en allemand, il était difficile d’appréhender des suites de phrases présentant des femmes après des amorces avec un métier ou une activité au masculin pluriel (« les musiciens », par exemple), donc pouvant agir comme générique. En clair : il est naïf de penser que le générique puisse être complètement détaché du masculin.

      L’ouvrage regorge aussi d’exemples qui témoignent à quel point la langue a été construite autour du masculin. Il n’est pas innocent que l’on dise « Adam et Eve » et « mari et femme ». Selon une méta-analyse réalisée en 2016 par Peter Hegarty et ses collègues, l’ordre de mention est souvent lié à l’importance perçue des entités mentionnées. Et cette masculinisation est au moins en partie intentionnelle, expose le livre. On apprend par exemple qu’aux Etats-Unis et en Angleterre, le pronom pluriel neutre « they » était utilisé jusqu’au XIXe siècle comme singulier lorsque l’on ne connaissait pas le genre d’une personne. Mais que des grammairiens ont imposé le pronom « he » (« il ») comme générique, le jugeant plus « digne ». Le « they » revient en force aujourd’hui.

      Ce langage activement androcentré « nous force à voir le monde au travers d’un prisme masculin », participant aux inégalités entre les genres, soutient l’ouvrage. C’est là qu’intervient le langage inclusif, boîte à outils permettant de « démasculiniser » l’expression orale et écrite. En français ou en allemand, les doublets (« écrivaines et écrivains ») ou les formes contractées des doublets (« écrivain·es ») peuvent par exemple être utiles pour réduire les stéréotypes associés aux métiers. Sabine Sczesny le confirme. Professeure de psychologie sociale à l’Université de Berne, elle a notamment réalisé des travaux mettant au jour un lien entre attitude sexiste et opposition au langage inclusif : « Les filles sont plus intéressées par les professions typiquement masculines lorsqu’elles leur sont présentées sous forme de conomination par rapport à la forme masculine. »
      Le chat des voisins

      Anne Dister, professeure de linguistique à l’Université Saint-Louis de Bruxelles, pense également qu’il est judicieux de mentionner les professions avec un double nom si elles sont stéréotypées masculines, et de mentionner les titres de postes masculins et féminins dans les offres d’emploi. Toutefois, elle juge inutile de vouloir systématiquement tout féminiser et plaide pour « l’économie du langage ». « Dans certains contextes, ce n’est simplement pas pertinent. Si je raconte que mes voisins ont adopté un chat, quel est l’intérêt de préciser leur genre ? »

      Anne Dister juge par ailleurs que le générique, dans les interactions langagières au quotidien, est très bien compris comme tel : « Qui pense sérieusement que les femmes ne peuvent pas traverser sur un passage pour piétons ? » Elle conteste aussi les affirmations selon lesquelles la langue aurait été entièrement masculinisée par les grammairiens : « Le lexique pour certains noms, assurément. Mais pas la grammaire. On prend d’ailleurs toujours les mêmes exemples. » Et de poursuivre : « Ce qui invisibilise, ce n’est pas tant le masculin que notre connaissance du monde. Aujourd’hui, le terme « ministre » qui est épicène n’active pas les mêmes représentations qu’il y a cinquante ans. » La linguiste sait de quoi elle parle. Avec Marie-Louise Moreau, elle a analysé l’évolution des termes utilisés par les candidates aux élections européennes en France et en Belgique pour se décrire depuis 1989 (« sénatrice » ou « sénateur », typiquement). Résultat : la féminisation est massive.

      Accordons-nous trop d’importance au langage ? N’est-il pas uniquement le reflet de la société et appelé à évoluer avec elle ? « Il ne sert presque à rien de se poser cette question, répond Pascal Gygax. L’histoire nous enseigne que la société patriarcale a eu un effet sur la masculinisation de la langue et les données disent que la masculinisation de la langue a une influence sur notre manière de percevoir le monde. A partir de là, ce qu’il faut se demander, c’est : veut-on changer cela ? Si oui, alors le langage inclusif est un outil pour y parvenir. »

      Les attaques personnelles subies après la publication du livre n’entament d’ailleurs en rien l’engagement du chercheur, très présent dans les médias : « J’ai toujours eu envie de sortir de la bulle académique. »

      *« Le cerveau pense-t-il au masculin ? », Pascal Gygax, Sandrine Zufferey, Ute Gabriel, Le Robert, 2021, 176 pages

      https://www.revue-horizons.ch/2021/09/02/comment-le-masculin-forge-la-pensee-de-lenfant

    • Le français va très bien, merci

      « Nous, linguistes de France, de Belgique, de Suisse, du Canada, sommes proprement atterrées par l’ampleur de la diffusion d’idées fausses sur la langue française. » Les Linguistes atterrées
      Les discours sur les "fautes" saturent quasiment l’espace éditorial et médiatique contemporain. Mais la différence entre une faute et une évolution, c’est la place qu’elle occupera à long terme dans l’usage. Et l’usage, ça s’étudie avec minutie. C’est le travail des linguistes. Face aux rengaines déclinistes, il devient indispensable de rétablir la rigueur des faits. Non, l’orthographe n’est pas immuable en français. Non, les jeunes, les provinciaux ou les Belges ne "déforment" pas la langue. Oui, le participe passé tend à devenir invariable. Non, le français n’appartient pas à la France. Oui, tout le monde a un accent, voire plusieurs. Dix idées reçues sur la langue, et surtout trente propositions pour en sortir.

      https://tracts.gallimard.fr/fr/products/le-francais-va-tres-bien-merci
      #Linguistes_atterrées

    • J’ai écrit : il meure. Tranquilou. Au bout de deux jours je me suis dit mmm il y a quelque chose qui ne va pas. J’ai cherché et trouvé : il meurt ! Me suis dit ,mais pourquoi écrire il meure comme ça ? Quelle raison logique ? Pas trouvé de réponses satisfaisantes . Il y a toujours moyen de faire des fautes, TOUJOURS ! C’est pénible.

  • Judith Godrèche à l’Assemblée nationale : « Je compte sur vous pour protéger les enfants, ne plus les livrer au cinéma sans aucune protection »

    « Merci de me faire l’honneur de me recevoir aujourd’hui et d’avoir convié à cette même table, la délégation aux droits des enfants et la délégation aux droits des femmes.

    Ces derniers jours, alors que je me préparais à cette audition, et que j’essayais de rassembler mes pensées pour venir vous exposer avec le plus d’éloquence possible mon humble vision de la société dans laquelle j’évolue, je me suis surprise à répéter ces mots à haute voix.

    Les Droits des Femmes. Les Droits des Enfants.

    Leur fort pouvoir évocateur guidait la construction de mes pensées.

    Mais, comme un jeu de chaises musicales, la phrase évocatrice que je murmurais en boucle a perdu des mots en chemin.

    Va savoir pourquoi.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/16/judith-godreche-a-lassemblee-nationale-je-comp

    #enfant #cinema

  • Maroc : parmi les mineurs qui débarquent en Espagne, « beaucoup d’enfants en errance » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55686/maroc--parmi-les-mineurs-qui-debarquent-en-espagne-beaucoup-denfants-e

    Maroc : parmi les mineurs qui débarquent en Espagne, « beaucoup d’enfants en errance »
    Par Marlène Panara Publié le : 08/03/2024
    Ces dernières semaines, les départs d’exilés marocains pour l’Espagne se sont faits plus réguliers, et ont été rendus visibles par les images publiées dans la presse espagnole de dangereuses traversées à la nage vers Ceuta. Nombre de ces migrants ont moins de 18 ans. Pourquoi sont-ils si nombreux ? Interview.
    Les images sont impressionnantes. Ces dernières semaines, la presse espagnole a publié des vidéos de jeunes Marocains ballotés par les vagues et les courants au large de l’enclave espagnole de Ceuta. Certains sont jetés malgré eux sur les rochers, nombreux à cet endroit. À leur arrivée sur la plage à genoux, épuisés, beaucoup s’effondrent.
    Sur la soixantaine d’exilés arrivés fin février de cette manière, plus de vingt avaient moins de 18 ans. Quinze jours plus tôt, 57 mineurs avaient emprunté le même chemin.Depuis le début de l’année, 144 au total ont atteint Ceuta par la mer. Environ 230 sont actuellement hébergés par l’Etat dans le centre de séjour temporaire pour immigrés (CETI) de l’enclave, « La Esperanza ».
    Chaque année, des milliers de jeunes marocains comme eux partent seuls sur les routes migratoires qui mènent à l’Espagne, direction Ceuta ou le sud de la péninsule ibérique. Qu’est-ce qui poussent ces mineurs, parfois encore des enfants, à tout quitter et à s’engager sur ces chemins périlleux ? Sont-ils de plus en plus nombreux ? Mehdi Alioua, sociologue et professeur à l’université internationale de Rabat, répond à InfoMigrants.
    InfoMigrants : Ces dernières semaines, des dizaines de jeunes marocains ont débarqué sur la plage de Benzu, à Ceuta. Peut-on dire que les arrivées sont en augmentation par rapport à ces derniers mois ?
    Mehdi Alioua : Il y a eu un léger pic d’arrivées en février, mais les tentatives de passages à cet endroit n’ont en fait jamais baissé. Dans cette région du Maroc, il y a toujours des mineurs qui s’entraînent à nager dans la mer pour un jour, partir. Au sud de Ceuta, à Nador, des enfants qui courent derrière les camions pour ensuite prendre les ferries vers l’Espagne, c’est tous les jours. Et ce, depuis 20 ans. Cette enclave a toujours été un lieu de circulation intense entre le Maroc et l’Espagne.Mais la militarisation de la frontière a rendu les choses bien plus compliquées. Les Marocains sont contraints de trouver d’autres solutions, plus dangereuses, pour passer. Les jeunes sont, en plus, très influencés aujourd’hui par les réseaux sociaux. Quand on voit un ami, un cousin, poster une photo de lui en Espagne tout sourire, on se dit que c’est possible.
    IM : Début février, Baker, 17 ans, s’est noyé en tentant d’atteindre l’enclave. Un autre adolescent, Hazim, est toujours porté disparu depuis début décembre. Ces drames réguliers entament-ils la détermination des candidats à l’exil ?
    M.A. : L’attrait de l’Espagne reste plus fort. Depuis les côtes marocaines, les jeunes voient les lumières de Ceuta la nuit. L’enclave leur paraît toute proche, accessible.La pression familiale peut être un facteur de plus. Les familles souhaitent envoyer les enfants en Espagne, rassurées par la forte communauté marocaine qui y réside. [Avec près de 800 000 ressortissants installés légalement, les Marocains représentent la première communauté étrangère d’Espagne, devant les Roumains et les Britanniques ndlr]. Certains jeunes souhaitent aussi rejoindre, parfois, un membre de la famille qui lui, est passé légalement à Ceuta.Mais parmi ces mineurs, il y a aussi beaucoup d’enfants en errance. Ces jeunes qui arrivent à Ceuta ou qui embarquent dans des bateaux dans le nord du Maroc ne sont pas forcément de la région. Ils viennent de tout le pays pour tenter la traversée.
    IM : Ces enfants sont-ils accompagnés d’un membre de la famille ou d’une connaissance ?
    M.A. : Ils sont complètement seuls, et se constituent en petits groupes lors de la traversée ou de l’arrivée en Europe. Au Maroc, on les appelle « Ouled El Haram », « les enfants du pêché ». Ils sont nés hors mariage, et sont donc considérés comme illégitimes. Les mères de ses enfants, de honte, les confient à une tante ou un oncle quand ils sont encore bébés. Et puis les années passant, ces enfants sont de plus en plus livrés à eux-mêmes, et finissent à la rue. C’est là qu’ils entendent parler d’une traversée pour l’Europe, où ils pourront gagner de l’argent. Et cela devient leur seul objectif.

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#espagne#ceuta#nador#mineur#enfant#traversee#mediterranee#sante#mortalite#exil

  • How children visualise cities of today and tomorrow

    How do children see urban inequalities and the transformation of cities? What would they change in their neighbourhoods? What kind of cities do they wish for? periferiasdibujadas is an ongoing project that works collaboratively with other groups to createspaces for children in different places across Europe to research, narrate and intervenein their urban contexts. The children’s images explore issues affecting cities today,such as access to housing, racism, gentrification and the impact of tourism, and showtheir visions for more liveable and just cities.

    https://padlet.com/periferiasdibujadas/how-children-visualise-cities-of-today-and-tomorrow-vjw8kyzgxbka5io0
    #enfants #enfance #villes #cartographie #cartoexperiment #cartographie_sensible #cartographie_participative #quartiers #periferiasdibujadas #tourisme #racisme #gentrification #habitat #Albayzín #Grenade #Espagne

    ping @reka

  • Homes indiens de Guyane : vers une Commission vérité ?

    L’IFJD – Institut Louis Joinet, UNICEF France et l’Université de Guyane ont organisé, sous le haut patronage du Grand Conseil Coutumier, une série d’événements intitulée « Autochtones et écoles : réparer l’injustice ? », les 10 et 13 décembre 2022. Elle comportait notamment un séminaire organisé à l’Université de Guyane le 13 décembre. Organisé en ateliers, il visait à analyser l’impact passé et les conséquences actuelles des traumatismes générés au sein des populations autochtones par l’intégration de 2000 enfants dans des pensionnats catholiques dont les règles de vie, prenant l’exact contre-pied des conditions et des valeurs amérindiennes, visaient à déconstruire leurs racines identitaires. Lors de ces événements, il est apparu qu’une Commission vérité et réconciliation, s’appuyant sur les modèles retenus à l’étranger (Canada, États-Unis, Australie, Groenland, Finlande et Suède notamment), pourrait être une option pertinente pour la prise en charge du traumatisme ressenti par les anciens pensionnaires des Homes et leur entourage, ainsi que pour reconstruire le vivre-ensemble. Cette hypothèse initiale doit néanmoins être corroborée par un travail exploratoire plus approfondi permettant de la confirmer ou de l’infirmer.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/02/27/homes-indiens-de-guyane-vers-une-commission-ve

    #international #guyane #enfant #colonisation

  • Arrêtez de tuer des enfants ! (nous avons besoin du journalisme)

    Finalement, la guerre. Sous différentes formes. La guerre du patriarcat contre celles et ceux qui doivent lui rester subordonnés (les femmes et les enfants, et toutes celles et ceux qui menacent le dogme hétérosexuel), et la guerre du complexe militaro-industriel contre les peuples ou les pays qui doivent rester subordonnés aux intérêts des puissances du monde.

    Hier soir sur la scène de l’Olympia, j’ai vu finalement deux faces d’un même mal, sur deux sujets différents (mais finalement pas tant que cela).

    Le mépris, la résistance passive-agressive au changement, l’indifférence, le manque total d’empathie et d’humanité.

    Finalement, la guerre. Sous différentes formes.

    La guerre du patriarcat contre celles et ceux qui doivent lui rester subordonnés (les femmes et les enfants, et toutes celles et ceux qui menacent le dogme hétérosexuel), et la guerre du complexe militaro-industriel contre les peuples ou les pays qui doivent rester subordonnés aux intérêts des puissances du monde.

    Une actrice qui dénonce des choses très graves, qui se déroulent non seulement au cinéma, mais dans toute la société, qui certes est ovationnée par la salle, mais qui ne reçoit finalement le soutien d’aucun homme.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/02/27/arretez-de-tuer-des-enfants-nous-avons-besoin-

    #journalisme #enfant

  • Five Takeaways From The Times’s Investigation Into Child Influencers - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/02/22/us/takeaways-instagram-child-influencers.html

    JBy Jennifer Valentino-DeVries and Michael H. Keller

    Feb. 22, 2024

    Instagram does not allow children under 13 to have accounts, but parents are allowed to run them — and many do so for daughters who aspire to be social media influencers.

    What often starts as a parent’s effort to jump-start a child’s modeling career, or win favors from clothing brands, can quickly descend into a dark underworld dominated by adult men, many of whom openly admit on other platforms to being sexually attracted to children, an investigation by The New York Times found.
    Read the investigation here.
    A Marketplace of Girl Influencers Managed by Moms and Stalked by Men
    Feb. 22, 2024

    Thousands of so-called mom-run accounts examined by The Times offer disturbing insights into how social media is reshaping childhood, especially for girls, with direct parental encouragement and involvement.

    Nearly one in three preteens list influencing as a career goal, and 11 percent of those born in Generation Z, between 1997 and 2012, describe themselves as influencers. But health and technology experts have recently cautioned that social media presents a “profound risk of harm” for girls. Constant comparisons to their peers and face-altering filters are driving negative feelings of self-worth and promoting objectification of their bodies, researchers found.

    The pursuit of online fame, particularly through Instagram, has supercharged the often toxic phenomenon, The Times found, encouraging parents to commodify their daughter’s images. These are some key findings.
    Parents are the driving force behind the accounts. Some offer the sale of photos, exclusive chat sessions and even the girls’ worn leotards to mostly unknown male followers.

    The child influencers can earn six-figure incomes from monthly subscriptions and other interactions with followers, according to interviews. Some can demand $3,000 from companies for a single post. Big followings look impressive to brands and bolster chances of getting discounts, products and other financial incentives, and the accounts themselves are rewarded by Instagram’s algorithm with greater visibility on the platform.
    As the accounts gain followers, they also draw a higher proportion of males. Interacting with the men opens the door to abuse.

    One calculation performed by an audience demographics firm found 32 million connections to male followers among the 5,000 accounts examined by The Times. In addition, an analysis using image classification software from Google and Microsoft indicates that suggestive posts are more likely to receive “likes” and comments.

    Some of the male followers flatter, bully and blackmail girls and their parents to get racier images, and some have been convicted of sex crimes. The Times monitored separate exchanges on Telegram, the messaging app, where men openly fantasize about sexually abusing the children they follow on Instagram and extol the platform for making the images so readily available.
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    “It’s like a candy store 😍😍😍,” one of them wrote. “God bless instamoms 🙌,” wrote another.
    Account owners who report explicit images or potential predators to Instagram are typically met with silence or indifference.

    Meta, Instagram’s parent company, found that 500,000 child Instagram accounts had “inappropriate” interactions every day, according to an internal study in 2020 quoted in legal proceedings. The platform’s policy prohibits convicted sex offenders, and the company said it removed two accounts after The Times pointed them out.

    In a statement, Andy Stone, a Meta spokesman, said that parents were responsible for the accounts and their content and could delete them anytime. “Anyone on Instagram can control who is able to tag, mention or message them, as well as who can comment on their account,” he added, noting a feature that allows parents to ban comments that contain certain words.
    Some parents refuse to give in to creepy “bullies,” but others regret ever opening an account.

    A mother in Australia, whose daughter is now 17, said she worried that a childhood spent sporting bikinis online for adult men had scarred her. She warned mothers to avoid her mistakes. “I’ve been stupidly, naïvely, feeding a pack of monsters, and the regret is huge,” she said. But a mother in Alabama said parents couldn’t ignore the reality of this new economy. “Social media is the way of our future, and I feel like they’ll be behind if they don’t know what’s going on,” she said.
    Though rare, there have been criminal prosecutions against parents accused in child sexual abuse cases.

    Even the most unsettling images of sexualized child influencers tend to fall into a legal gray area. To meet the federal definition of so-called child pornography, the law generally requires a “lascivious exhibition” of the anal or genital area, though courts have found the requirement can be met without nudity or sheer clothing.

    #Média_sociaux #Instagram #Enfants #Pedopornographie #Exploitation_sexuelle

  • Les #Enfants traumatisés par les conflits de guerre
    https://www.obsarm.info/spip.php?article640

    À l’heure où de nombreux enfants, et leurs parents bien entendu, sont sous les bombes à Gaza, en Ukraine, et dans d’autres contrées, ce livre court mérite le détour. Zygmunt L. Ostrowski est pédiatre, ex-conseiller de l’Organisation mondiale de la Santé, et président de l’ADE (en anglais, Association for Studies on Nutrition and Child Developpement), une ONG humanitaire. Cette ONG humanitaire a travaillé sur de nombreux conflits, sur de nombreux enfants traumatisés. Elle s’appuie sur « (...) #Fiches_de_lecture

    / #Guerres, Enfants, #Actions_contre_la_guerre, #La_trois

  • Immigration en Europe : la France à la manœuvre pour autoriser la rétention des enfants dès le plus jeune âge
    https://disclose.ngo/fr/article/immigration-en-europe-la-france-a-la-manoeuvre-pour-autoriser-la-retention

    La France a œuvré dans le plus grand secret, pour obtenir l’autorisation d’enfermer des mineurs, sans limite d’âge, dans des centres construits aux frontières de l’Europe. Cette disposition inscrite dans le Pacte sur la migration et l’asile, qui sera voté au printemps par le Parlement européen, pourrait violer la Convention internationale des droits de l’enfant. Lire l’article

  • Stage « Tournez dans un film de cinéma muet » 2024

    Pour les enfants, adolescents et adultes confondus, « Le Bateau Ivre » (organisme de formation depuis 1998) propose deux sessions du Stage de Mime « Tournez dans un film de cinéma muet » à Paris (75009) pendant 4 jours de 14 à 17h en avril 2024. https://www.silencecommunity.com/events/event/view/48629/stage-%C2%AB%C2%A0tournez-dans-un-film-de-cinema-muet%C2%A0%C2%BB-

    #Paris #ÎleDeFrance #stage #formation #tournage #enfants #adolescents #adultes #cinéma #mime #pantomime #mimique #ArtisteMime #muet #CinémaMuet #film #CourtMétrage #laussat #pillavoine #avril #lbi2324

  • Et les critères diagnostiques du DSM-5 :

    A. Un mode persistant d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité qui interfère avec le fonctionnement ou le développement, caractérisé par (1) et/ou (2) :
    1. Inattention : Six (ou plus) des symptômes suivants persistent depuis au moins 6 mois, à un degré qui ne correspond pas au niveau de développement et qui a un
    retentissement négatif direct sur les activités sociales et scolaires/professionnelles :
    N.B. : Les symptômes ne sont pas seulement la manifestation d’un comportement opposant, provocateur ou hostile, ou de l’incapacité de comprendre les tâches ou
    les instructions. Chez les grands adolescents et les adultes (17 ans ou plus), au moins cinq symptômes sont requis.
    a. Souvent, ne parvient pas à prêter attention aux détails, ou fait des fautes d’étourderie dans les devoirs scolaires, le travail ou d’autres activités (p. ex. néglige ou ne remarque pas des détails, le travail est imprécis).
    b. A souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux (p. ex. a du mal à rester concentré pendant les cours magistraux, des conversations ou la lecture de longs textes).
    c. Semble souvent ne pas écouter quand on lui parle personnellement (p. ex. semble avoir l’esprit ailleurs, même en l’absence d’une source de distraction évidente).
    d. Souvent, ne se conforme pas aux consignes et ne parvient pas à mener à terme ses devoirs scolaires, ses tâches domestiques ou ses obligations professionnelles (p. ex. commence des tâches mais se déconcentre vite et se laisse facilement distraire).
    e. A souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités (p. ex. dificulté à gérer des tâches comportant plusieurs étapes, dificulté à garder ses affaires et ses documents en ordre, travail brouillon ou désordonné, mauvaise gestion du temps, échoue à respecter les délais).
    f. Souvent, évite, a en aversion, ou fait à contrecœur les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu (p. ex. le travail scolaire ou les devoirs à la maison ; chez les grands adolescents et les adultes, préparer un rapport, remplir des formulaires, analyser de longs articles).
    g. Perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses activités (p. ex. matériel scolaire, crayons, livres, outils, portefeuilles, clés, documents, lunettes, téléphones mobiles).
    h. Se laisse souvent facilement distraire par des stimuli externes (chez les grands adolescents et les adultes, il peut s’agir de pensées sans rapport).
    i. A des oublis fréquents dans la vie quotidienne (p. ex. effectuer les tâches ménagères et faire les courses ; chez les grands adolescents et les adultes, rappeler des personnes au téléphone, payer des factures, honorer des rendez-vous).
    2. Hyperactivité et impulsivité : Six (ou plus) des symptômes suivants persistent depuis au moins 6 mois, à un degré qui ne correspond pas au niveau de développement et qui a un retentissement négatif direct sur les activités sociales et scolaires/professionnelles :
    N.B. : Les symptômes ne sont pas seulement la manifestation d’un comportement opposant, provocateur ou hostile, ou de l’incapacité de comprendre les tâches ou les instructions. Chez les grands adolescents et les adultes (17 ans ou plus), au moins cinq symptômes sont requis.
    a. Remue souvent les mains ou les pieds, ou se tortille sur son siège.
    b. Se lève souvent en classe ou dans d’autres situations où il est supposé rester assis (p. ex. quitte sa place en classe, au bureau ou dans un autre lieu de travail, ou dans d’autres situations où il est censé rester en place).
    c. Souvent, court ou grimpe partout, dans des situations où cela est inapproprié
    (N.B. : Chez les adolescents ou les adultes cela peut se limiter à un sentiment d’impatience motrice.)
    d. Est souvent incapable de se tenir tranquille dans les jeux ou les activités de loisir.
    e. Est souvent « sur la brèche » ou agit souvent comme s’il était « monté sur ressorts » (p. ex. n’aime pas rester tranquille pendant un temps prolongé ou est alors mal à l’aise, comme au restaurant ou dans une réunion, peut être perçu par les autres comme impatient ou dificile à suivre).
    f. Parle souvent trop.
    g. Laisse souvent échapper la réponse à une question qui n’est pas encore entièrement posée (p. ex. termine les phrases des autres, ne peut pas attendre son tour dans une conversation).
    h. A souvent du mal à attendre son tour (p. ex. dans une ile d’attente).
    i. Interrompt souvent les autres ou impose sa présence (p. ex. fait irruption dans les conversations, les jeux ou les activités, peut se mettre à utiliser les affaires des autres sans le demander ou en recevoir la permission ; chez les adolescents ou les adultes, peut être intrusif et envahissant dans les activités des autres).
    B. Plusieurs symptômes d’inattention ou d’hyperactivité-impulsivité étaient présents avant l’âge de 12 ans.
    C. Plusieurs symptômes d’inattention ou d’hyperactivité-impulsivité sont présents dans au moins deux contextes différents (p. ex. à la maison, à l’école, ou au travail ; avec des amis ou de la famille, dans d’autres activités).
    D. On doit mettre clairement en évidence que les symptômes interfèrent avec ou réduisent la qualité du fonctionnement social, scolaire ou professionnel.
    E. Les symptômes ne surviennent pas exclusivement au cours d’une schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique, et ils ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (p.ex., trouble de l’humeur, trouble anxieux, trouble dissociatif, trouble de la personnalité, intoxication par, ou sevrage d’une substance).

    Des marqueurs biologiques ? Non :

    Il n’existe pas de marqueurs biologiques permettant le diagnostic du TDAH. Pris dans leur ensemble, en comparaison avec leurs pairs, les enfants ayant un TDAH présentent une augmentation des ondes lentes à l’électroencéphalogramme (Barry et al. 2003), un volume total du cerveau réduit à l’imagerie par résonance magnétique (Castellanos et al. 2002) et possiblement un retard de maturation corticale dans le sens postérieur-antérieur (Shaw et al. 2007), mais ces constatations ne participent pas au diagnostic. Dans les cas rares où il existe une cause génétique connue (p. ex.
    syndrome de l’X fragile, syndrome de délétion 22q11), la présence d’un tableau clinique de TDAH devra aussi faire poser le diagnostic de ce trouble.

    Facteurs de risque génétiques ? Malgré les pirouettes sophistiques, non plus :

    Bien que plusieurs gènes spécifiques aient été corrélés avec le TDAH (Gizer et al. 2009), ce ne sont des facteurs causaux ni nécessaires ni sufisants.

    https://psyclinicfes.files.wordpress.com/2020/03/dsm-5-manuel-diagnostique-et-statistique-des-troubles-
    #psychanalyse #enfants_terribles

  • La fausse épidémie de TDAH de Patrick Landman, in Etudes 2018/11 (Novembre)

    Au fur et à mesure des éditions du DSM, le TDAH s’est vu diminuer les seuils d’inclusion : avant sept ans, puis avant douze ans. On a également allégé les restrictions au diagnostic : le dernier allègement est la comorbidité possible avec les troubles autistiques. Et le TDAH a été adapté aux effets escomptés du médicament, avec une focalisation sur l’attention cible du méthylphénidate, au détriment de l’hyperactivité sur laquelle le médicament agit beaucoup moins. Toutes ces modifications ont permis un élargissement considérable du marché. La théorie non prouvée du dommage cérébral minimum s’est transformée en une autre théorie non prouvée : « Le TDAH n’est plus dans le DSM-5 un trouble du comportement, mais un trouble neuro-développemental. »
    (...)
    Dans les versions qui précédaient le DSM-5 actuel, le TDAH était considéré comme un trouble du comportement. Depuis cette cinquième version du DSM, le TDAH est intégré dans le vaste ensemble des troubles neuro-développementaux. Qui dit neuro-développemental dit participation cérébrale. Or qui sont les enfants étiquetés TDAH ? La plupart d’entre eux appartiennent à la catégorie très floue des enfants « ingérables », ingérables par les parents qui sont en souffrance, ingérables par l’école soumise à des conditions de travail très compliquées, ingérables par la société en général. Naturaliser sans preuve scientifique une catégorie pathologique sans spécificité, sans distinction claire avec la norme et surtout pourvue de corrélations fortes avec la condition sociale, peut présenter des risques potentiels éthiques et même politiques.

    https://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ETU_4254_0053
    #psychanalyse #enfants_terribles

  • Le modèle neuropsychiatrique du TDAH de Jean-Claude St-Onge, in Canal Psy 113/114|2015

    L’imagerie médicale montre des différences entre les cerveaux des TDAH et des enfants de groupes témoins. Cependant, il est impossible de savoir à quoi attribuer ces différences, car la plupart des sujets TDAH participant aux études étaient médicamentés et la vaste majorité d’entre eux étaient porteurs de deux, voire trois ou quatre diagnostics. Par ailleurs, en 2012 le groupe de travail en imagerie médicale de l’APA, signalait que ces différences quantitatives ne sont pas assez importantes ni assez spécifiques pour servir de marqueur biologique (First, 2012).

    Plusieurs de ces études présentent des failles. Une étude de l’Institut national de santé mentale des États-Unis, d’une durée de 10 ans, soutenait que le cerveau des TDAH serait de 3 % à 4 % plus petit. Or, les enfants TDAH, qui n’étaient pas médicamentés, avaient deux ans de moins que les enfants qui en étaient exempts, et on sait que la taille du cerveau est en corrélation avec la masse corporelle (Leo, 2003).

    Les régions du cerveau liées au TDAH ne sont pas les mêmes et les résultats des études sur une même région sont contradictoires. Certains spécialistes pensent que le cortex préfrontal, qui serait le siège du raisonnement, de la mémoire de travail, du contrôle des impulsions, fonctionnerait différemment. Or, certaines études ont identifié une diminution de l’activité dans le cortex préfrontal, d’autres n’ont constaté aucune différence et au moins une autre a remarqué une augmentation de l’activité (Leo, 2003).

    https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=1481
    #psychanalyse #enfants_terribles

  • Pesticides : « Nous, chercheurs et chercheuses, dénonçons une mise au placard des connaissances scientifiques »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/02/07/pesticides-nous-chercheurs-et-chercheuses-denoncons-une-mise-au-placard-des-

    En 2021 et en 2022, nous avons présenté les conclusions de trois synthèses des connaissances scientifiques sur les impacts des produits phytopharmaceutiques (« pesticides ») et les solutions alternatives. Conduits dans le cadre du plan Ecophyto à la demande du gouvernement pour éclairer sa prise de décision, ces travaux, coordonnés par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) sont inédits par la centaine d’experts mobilisés et les plus de 11 000 publications analysées.

    Nos expertises scientifiques collectives ont démontré l’ampleur des impacts des #pesticides sur la #santé humaine et l’#environnement, et mis en évidence des alternatives agroécologiques capables de répondre aux enjeux environnementaux tout en préservant la production agricole. Nos travaux ont aussi identifié les verrous socio-économiques et institutionnels qui limitent le déploiement des alternatives, et les leviers pour les dépasser. Nos conclusions ont alimenté des travaux parlementaires soulignant le besoin de renforcer le plan #Ecophyto, car il n’a pas permis de réduire l’usage des pesticides. Pourtant, le gouvernement a choisi de suspendre ce plan pour apaiser le conflit avec une partie du monde agricole.
    Nous, chercheurs et chercheuses, manifestons ici notre inquiétude face à cette décision, symptomatique du traitement disjoint des enjeux agricoles et environnementaux. Nous dénonçons une mise au placard des connaissances scientifiques et réaffirmons la nécessité d’une politique multisectorielle d’envergure et de long terme, en faveur d’une #agriculture économiquement viable et respectueuse de la santé et de l’environnement.

    Enjeux de santé publique et animale

    Tous les milieux (sols, #eau, #air), même éloignés des zones d’application, sont contaminés par des pesticides. Des liens existent entre pesticides et santé humaine chez les #agriculteurs, les autres professionnels manipulant ces produits, et les #enfants exposés pendant la grossesse : maladies respiratoires, troubles cognitifs, maladie de Parkinson, troubles du développement neuropsychologique et moteur, cancers. L’usage généralisé de pesticides favorise les résistances chez les organismes qu’ils sont censés éliminer – compromettant l’efficacité des produits à plus long terme – et chez des organismes responsables de maladies – soulevant de nouveaux enjeux de santé publique et animale.
    Les pesticides contribuent à l’effondrement de la #biodiversité : déclin des invertébrés terrestres (vers de terre, insectes…) et aquatiques, des oiseaux, etc. Ils altèrent certains processus naturels, tels que la #pollinisation, la régulation des ravageurs et des maladies des cultures. Or, ces services que la biodiversité rend gratuitement aux agriculteurs leur sont essentiels pour gagner en durabilité et en autonomie.

    Des solutions existent pour protéger les cultures autrement : semer des mélanges variétaux, cultiver plusieurs espèces dans un même champ, allonger les #rotations ou encore pratiquer l’#agroforesterie. Toutes ces pratiques concourent à contrôler les ravageurs et les maladies des cultures.

    Par exemple, les associations de cultures aident à contrôler les adventices, tandis que les #haies, bandes fleuries et #prairies abritent des oiseaux, des chauves-souris, des araignées et des insectes auxiliaires de culture qui se nourrissent des ravageurs et pollinisent les plantes cultivées. La littérature scientifique signale la baisse de l’usage des pesticides dans les systèmes qui mettent en œuvre ces pratiques.
    De plus, un paysage avec une diversité de cultures et au moins 20 % de végétation non cultivée (haies, prairies, bosquets…) offre des refuges à la biodiversité tout en limitant la dispersion des pesticides. Un autre levier d’action est l’amélioration de l’évaluation des risques liés aux pesticides, notamment en s’appuyant sur les connaissances scientifiques robustes les plus récentes, en renforçant la surveillance postautorisation et en continuant à se fonder sur l’expertise des agences de sécurité sanitaire.

    Les agriculteurs supportent une très grande part du poids des réglementations, alors que leurs choix de pratiques sont contraints par les filières en amont et en aval : #semenciers, conseil agricole, #industries_agroalimentaires, #grande_distribution… En dehors de la certification « Agriculture biologique », les initiatives pour produire de façon rentable sans pesticides de synthèse sont marginales.
    Pour opérer un changement à large échelle, l’ensemble des maillons des filières doit évoluer. Cette évolution doit s’accompagner d’une meilleure évaluation et d’une meilleure répartition des coûts et des bénéfices des pratiques agricoles. Alors que les coûts de l’usage des pesticides sont essentiellement supportés à bas bruit par les contribuables (dépenses de santé, coûts de dépollution…), les cobénéfices de pratiques respectueuses de l’environnement et de la santé restent insuffisamment rémunérés aux agriculteurs.

    Rôle-clé des politiques publiques

    Le succès de la politique agricole commune [PAC] pour moderniser l’agriculture au sortir de la seconde guerre mondiale témoigne du rôle-clé des politiques publiques dans une transition d’envergure. Garantir durablement la sécurité alimentaire en préservant les écosystèmes est possible à condition de se doter de politiques cohérentes qui gèrent simultanément les enjeux sanitaires, agricoles, environnementaux et alimentaires.
    Ces politiques doivent tenir compte des effets du #changement_climatique. Les rendements des systèmes intensifs sont d’ailleurs plus affectés par les épisodes de sécheresse ou d’inondations que ceux des systèmes diversifiés.

    Ces politiques doivent concerner l’ensemble des filières agricoles et alimentaires, de la réorientation de la sélection variétale à la création de débouchés rémunérateurs pour les systèmes vertueux. Elles doivent accompagner les agriculteurs dans la transition en favorisant les relations entre recherche, conseil et pratique. Enfin, elles doivent inciter à l’évolution des comportements alimentaires vers des régimes favorables à la santé et à l’environnement.
    L’objectif de réduction de l’usage de pesticides est atteignable sans opposer agriculture et environnement. Sans nier les imperfections du plan Ecophyto, nous estimons que sa mise en pause est un signal à l’encontre de cet objectif. Le moment n’est-il pas opportun pour construire des politiques publiques audacieuses appuyées sur les connaissances scientifiques ?

    Premiers signataires : Cécile Chevrier, épidémiologiste, Inserm ; Xavier Coumoul, toxicologue, université Paris Cité ; Clémentine Fritsch, écotoxicologue, CNRS ; Vincent Martinet, économiste, Inrae ; Wilfried Sanchez, écotoxicologue, Ifremer ; Aude Vialatte, agroécologue, Inrae.

    #alimentation #économie #science #maladies_respiratoires #troubles_cognitifs #maladie_de_Parkinson #troubles_du_développement_neuropsychologique_et_moteur #TDN #cancers #écologie #agroécologie

  • Les troubles du neurodéveloppement chez les enfants, un enjeu de santé publique
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/06/autisme-dys-tdah-les-troubles-du-neurodeveloppement-enjeu-de-sante-publique_

    Autisme, « dys », TDAH… en première ligne en ce qui concerne le dépistage, les médecins, psychiatres et pédiatres interrogent la prévalence de ces troubles et leur écho à l’école.

    Troubles du spectre de l’autisme (TSA), trouble déficit de l’attention avec – ou sans – hyperactivité (TDAH), dyslexie mais aussi dyscalculie, dysorthographie, dyspraxie ou dysgraphie, troubles du développement intellectuel (#TDI)… Dans les salles de classe, nombre d’enseignants ont le sentiment d’être face à un « envol » des cas. Du côté des médecins psychiatres, pédiatres et autres acteurs de la santé, on évoque les chiffres avec prudence, aussi parce qu’« il n’existe pas à proprement parler d’étude épidémiologique spécifique à la France et [qu’]il nous faut encore raisonner en transposant des études internationales à la situation démographique française », explique le médecin de santé publique Etienne Pot, nommé, en novembre 2023, délégué interministériel à la stratégie nationale pour les troubles du #neurodéveloppement, ou « TND », les trois lettres qui renvoient à l’ensemble de ces affections.

    Il n’empêche, par extrapolation d’enquêtes menées aux Etats-Unis, et convergeant avec d’autres résultats au Royaume-Uni, au Canada et en Australie notamment, les cliniciens font état d’une incidence forte. Et même, semble-t-il, de plus en plus forte : aux Etats-Unis, 17,8 % des enfants étaient affectés de TND durant la période 2015-2017, contre 16,2 % dans les années 2009-2011, selon l’étude du chercheur et statisticien en santé Benjamin Zablotsky publiée dans Pediatrics, en 2019, qui fait référence.

    Dans de nombreux pays depuis une vingtaine d’années, la prévalence de ces troubles semble suivre une tendance haussière, particulièrement pour les #TSA et #TDAH. Au point qu’on évoque, sur le terrain, jusqu’à une personne sur six qui pourrait être concernée. Un enjeu de #santé publique.
    [...]
    Une urgence autour de laquelle enseignants et soignants se rejoignent. « Dans une classe ordinaire de 25 à 30 élèves, vous avez toutes les probabilités statistiques d’avoir au moins un #enfant présentant l’un de ces troubles, relève la pédopsychiatre Frédérique Bonnet-Brilhault, responsable du Centre d’excellence EXAC-T du CHRU de Tours et des Hôpitaux universitaires du Grand-Ouest. Le dépistage précoce fait qu’on accompagne sans doute aujourd’hui plus longuement dans les parcours scolaires des enfants qui, il y a vingt ans, sans diagnostic, avec des troubles plus bruyants, ont probablement été plus rapidement en décrochage ou écartés de l’#école. »

    Les progrès du dépistage expliquent-ils, alors, la courbe haussière ? Oui, répondent les spécialistes. Mais sans doute pas à eux seuls. « Les critères et les bornes diagnostiques ont évolué, de même que nos connaissances scientifiques, reprend la professeure Bonnet-Brilhault. Mais on ne peut pas exclure le rôle de facteurs environnementaux, sur lequel la recherche scientifique a commencé à se pencher. Ils ne sont jamais “causaux” à eux seuls, mais ils peuvent jouer sur les vulnérabilités génétiques établies. »
    Alimentation, modes de vie, exposition à certains polluants ou à des perturbateurs endocriniens… ces « nouveaux » risques sont sous les projecteurs. Le lancement en 2023 de la cohorte Marianne, qui vise, en suivant plus de 1 700 familles, à renforcer les données épidémiologiques françaises, doit aussi permettre d’évaluer les facteurs multiples – et le rôle de chacun – dans la survenue des #TND. Dans l’optique de pouvoir agir dans le domaine de la prévention dès la grossesse, la prématurité étant un facteur de risque important des TND.

    https://justpaste.it/ezcls

    Ecole inclusive : un système qui craque et varia
    https://seenthis.net/messages/1040363

    #AESH

  • The Senate blasts tech CEOs over child safety
    https://www.platformer.news/thursday-newsletter

    Each time a reluctant tech CEO is dragged before Congress to answer questions about the harms that take place on their platforms, I strive to keep an open mind. Perhaps this will be the time, I tell myself, that we hear a productive discussion on the much-needed reforms that tech companies are often too slow to implement.

    But while Congress is generally more educated on tech subjects today than it was when the backlash began in 2017, the hearings still play out much as they did at the beginning: with outraged lawmakers scolding, questioning, and interrupting their witnesses for hours on end, while bills that might address their concerns continue to languish without ever being passed. With so little of substance accomplished, the press can only comment on the spectacle: of the loudest protesters, the harshest insults, and the tensest exchanges.

    After five hours of combative testimony, Wednesday’s Senate Judiciary Committee hearing on child safety appears destined to be remembered mostly as a tech hearing like any other: long on talk, and short of much hope that it will lead to a bill being passed.

    All that said, I still worry that both the Senate and the CEOs are falling into the trap of techno-solutionism. There’s no doubt that tech companies can and should reduce harm by working to reduce the spread of bullying, harmful content, CSAM, and extortion.

    But it would be a mistake to lay the broader teen mental health crisis at the feet of tech companies alone. As researcher danah boyd, who has long studied children and social media, wrote this week in a piece criticizing the Kids Online Safety Act

    For all the hearing’s flaws, I do believe tech companies should face pressure to limit the harm on their platforms. Recent revelations from the state attorneys general lawsuit against Meta have laid out in disturbing detail the extent to which the company identified risks to young people and did too little to reduce them.

    But we shouldn’t view the platforms in a vacuum, either. Whatever platforms do to support teens won’t change the fact that mental health care remains broadly inaccessible, dozens of school shootings take place every year, and teens continue to suffer the traumatic effects of living through a global pandemic.

    Tech companies may indeed have teens’ blood on their hands, as Graham told Zuckerberg. But we should never forget that Congress does, too.

    #Médias_sociaux #Enfants #Spectacle

  • Conversations and insights about the moment. - The New York Times
    https://www.nytimes.com/live/2024/01/30/opinion/thepoint#tech-hearings-transparency

    Zeynep Tufekci
    Feb. 1, 2024, 1:02 p.m. ETFeb. 1, 2024
    Feb. 1, 2024

    Zeynep Tufekci

    Opinion Columnist
    We Need Information, Not Apologies, From Tech Companies

    At the Senate Judiciary Committee hearings on Wednesday on online child sexual exploitation, perhaps the most dramatic moment came when Mark Zuckerberg, the C.E.O. of the company that owns Facebook and Instagram, turned around and stood up to face parents holding up photos of their children who had died by suicide after sexual abuse or extortion via a social media platform.

    “I’m sorry for everything you have all been through,” Zuckerberg said to them.

    Here, reasonable voices might intervene. An unbearable tragedy, certainly, they might say, but such tragedies have occurred before social media came along. Let’s not lose proper historical and individual context when talking about the mental health and well-being of children, they might point out.

    All of that is technically correct, but fundamentally wrong. And one senator got to the heart of it.

    “Platforms need to hand over more content about how the algorithms work, what the content does and what the consequences are, not at the aggregate, not at the population level, but the actual numbers of cases so we can understand the content,” said Senator Chris Coons, Democrat of Delaware. He said he was sponsoring a bill with that requirement, setting new standards for disclosure and transparency, and posed the question forthrightly for Zuckerberg and the C.E.O.s of TikTok, Snap, X and Discord:

    “Is there any one of you willing to say now that you support this bill?”

    The answer was … silence. Crickets. Not one C.E.O. would commit. “Mr. Chairman, let the record reflect a yawning silence from the leaders of the social media platforms,” Coons noted, with resignation.

    The platforms have nearly absolute immunity as an industry. Thanks to Section 230, they generally cannot be sued and held liable for tragic events even if they were facilitated by their product; they get to keep all the profits made from these products. And yet when the public asks for meaningful transparency and data — so that it’s not just an appeal to emotion that results in legislation — the public is told, basically, to pound sand.

    We wouldn’t accept this from any other industry, and we should not accept it from technology companies. And that’s the most important point anyone should make until legislators start passing bipartisan bills that force meaningful transparency on these companies, which could finally allow proper accountability and reasonable oversight.

    #Zeynep_Tufekci #Facebook #Enfants

  • Meta Rejected Efforts to Improve Children’s Safety, Documents Show - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2024/01/31/technology/meta-childrens-safety-documents.html

    Hours before Mark Zuckerberg, the chief executive of Meta, was set to testify on Wednesday about child safety online, lawmakers released internal documents showing how his company had rejected calls to bulk up on resources to combat the problem.

    In 90 pages of internal emails from fall 2021, top officials at Meta, which owns Instagram and Facebook, debated the addition of dozens of engineers and other employees to focus on children’s well-being and safety. One proposal to Mr. Zuckerberg for 45 new staff members was declined.

    The documents, which are being released in full for the first time, were cited in a lawsuit last year by 33 state attorneys general who accused Meta of getting young users hooked on its apps. They contradict statements from company executives, including the head of global safety and the head of Instagram, who testified in congressional hearings on child safety during that period that they prioritized the well-being of their youngest users and would work harder to combat harmful content on their platform.

    Mr. Zuckerberg, who will be testifying before Congress on Wednesday for the eighth time, is in the hot seat to defend Meta’s lack of investment in child safety amid rising complaints of toxic and harmful content online, said Senator Richard Blumenthal, Democrat of Connecticut, who released the emails with Senator Marsha Blackburn, Republican of Tennessee.

    “The hypocrisy is mind-boggling,” Mr. Blumenthal said in an interview. “We’ve heard time and time again how much they care and are working on this but the documents show a very different picture.”

    Ce passage est vraiment fun. L’irresponsabilité élevée comme mode d’existence.

    A major line of questioning on Wednesday is expected to focus on how apps verify users’ ages, since the company bars users younger than 13.

    At the hearing, Mr. Zuckerberg plans to suggest that Apple bear the responsibility for verifying ages via its App Store, according to his prepared remarks. He also plans to encourage legislation that will require teenagers to seek parental approval for downloading apps.

    #Facebook #Enfants #Toxicité

  • Robin Myers sur X :
    https://twitter.com/robin_ep_myers/status/1752486974315700527

    Comment distraire un enfant de Gaza dont la blessure nécessite d’être suturée sans anesthésie ?

    Lui demander quel est son meilleur ami ? Et s’il était mort ?

    Quel est son plat favori ? Mais quand a-t-il mangé pour la dernière fois ?

    Quelle est sa matière préférée à l’école ? Il n’y va plus depuis 3 mois.

    #Gaza #enfants #génocide #sionisme

  • Les experts de l’#ONU exhortent la #France à protéger les #enfants contre l’#inceste et toutes les formes d’#abus_sexuels | #OHCHR
    https://www.ohchr.org/fr/press-releases/2024/01/un-experts-urge-france-protect-children-incest-and-all-forms-sexual-abuse

    Les experts ont constaté que, selon les allégations, les enfants sont victimes d’abus sexuels ou courent un risque élevé d’abus sexuels de la part de leurs #pères ou d’auteurs présumés contre lesquels il existe des preuves crédibles et troublantes d’abus sexuels incestueux.

    « Malgré ces allégations, et en l’absence d’enquête adéquate, ces enfants sont placés sous la garde des pères contre lesquels les allégations sont faites, et les #mères sont sanctionnées pour enlèvement d’enfant pour avoir essayé de protéger leurs enfants », ont-ils déclaré.

    « Alors que la France a répondu à ces allégations, les enfants concernés restent sous la garde des auteurs présumés », ont déclaré les experts. « Nous sommes particulièrement préoccupés par la manière dont le #tribunal_des_affaires_familiales a permis à l’auteur présumé d’accuser la mère d’aliénation parentale afin de miner les allégations d’abus sexuels sur les enfants et détourner l’attention des abus présumés auxquels ils soumettent leurs partenaires et leurs enfants. »

    Ils ont exhorté les autorités à respecter le "#principe_de_précaution" et le "#principe_de_diligence_raisonnable" en matière de #protection_de_l'enfance, en particulier pendant les procédures judiciaires, afin de permettre une approche préventive dans les cas d’incertitude et de complexité.

    L’opinion de l’enfant doit être recherchée et respectée, et l’#intérêt_supérieur_de_l'enfant doit être la considération première avant que les décisions de garde ne soient prises en faveur de l’un des parents, ont-ils déclaré.

    « Il est essentiel de sensibiliser les responsables de l’application de la loi et de la justice et de renforcer leur capacité à surveiller et à traiter efficacement les violations des droits de l’homme dont sont victimes ces enfants et leurs mères », ont-ils déclaré.

    « Des mesures urgentes doivent être prises pour remédier à la situation pénible dans laquelle les enfants et leurs mères sont affectés par l’absence de prise en compte adéquate de leurs besoins », ont déclaré les experts.

    #justice

  • La production de l’évidence hétérosexuelle chez les enfants | #Kevin_Diter, dans Actes de la recherche en sciences sociales 2023/4
    https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2023-4-page-20.htm
    Une présomption hétérosexuelle omniprésente et diffuse

    La perception de l’évidente #hétérosexualité des #enfants apparaît tout d’abord dans la manière dont les pères, les mères, les professeur·es et animateur·rices définissent et caractérisent les relations entre enfants : quand un·e enfant joue, parle, rigole avec un·e enfant du même sexe, cet échange est aussitôt pensé et défini comme une relation amicale. Il s’agit de deux ou plusieurs meilleur·es copains ou copines qui « aiment passer du temps ensemble », « se raconter leur vie », « faire les 400 coups » ou « se chamailler pour un oui ou un non, avant de se réconcilier » [...]. À l’inverse, lorsque deux enfants de sexe différent s’amusent ou restent simplement à proximité, sans montrer de faux signes d’agacement ou sans faire semblant de se repousser, la relation perd son caractère amical. Elle est immédiatement requalifiée par les adultes, puis par les autres enfants assistant à la scène, comme une relation amoureuse, et ce de façon d’autant plus vive si le garçon et la fille sont en « tête à tête » et restent relativement à l’écart de leurs copains et copines respectif·ves.

    Cette redéfinition amoureuse des relations garçons-filles s’effectue même lorsque les enfants ne sont pas d’accord avec la labélisation proposée et estiment être dans une relation purement amicale.

    [...]

    La présomption hétérosexuelle des enfants se donne ensuite plus directement à voir dans les discussions parents-enfants, ou plus précisément les discussions mères-enfants, lorsqu’elles et ils abordent ensemble la question de leurs « vraies amours », c’est-à-dire de leurs #amours adolescentes et adultes, de leur mariage à venir, voire de la conception des enfants. [...]

    Quand je demande aux mères et aux pères (qui sont toutes et tous hétérosexuel·les) s’il leur arrive d’évoquer lors de ces échanges les amours entre deux filles ou entre deux garçons, les réponses sont souvent identiques. Elles oscillent entre le « trop petits pour comprendre, on verra ça plus tard » et le « non » franc et massif [...].

    Enfin, la présomption hétérosexuelle ressort de manière flagrante au moment de la Saint-Valentin ou à la fin des vacances, quand les adultes organisent des activités « romantiques », comme les boums, dont le but premier et présenté comme tel est de permettre aux enfants « d’aller à la rencontre de leurs amoureuses », et plus généralement, lors des slows, de « mélanger un peu les filles et les garçons » et de « voir des petits couples se former » pour reprendre les expressions amusées des animateurs et animatrices qui encadrent les activités dansantes. Lors de ces évènements, l’hétérosexualité – et l’ordre du genre sur lequel elle repose et qu’elle participe à légitimer – sont « hyper-ritualisées  » [...].

    Une homosexualité possible et pensable uniquement « à la troisième personne »

    Tous les exemples [d’#homosexualité] pris par les enfants renvoient à des ami·es ou à des membres de la famille de l’âge de leurs parents (qui ont tous et toutes des enfants et qui ont donc fait preuve d’un véritable amour). L’homosexualité ne semble pas relever du champ du possible pour les enfants elles- et eux-mêmes. Cette mise à distance du monde enfantin de l’homosexualité est particulièrement saillante quand je leur demande si elles et ils pourraient être amoureux/ses d’un·e enfant du même sexe. Elles et ils me répondent immédiatement et sans aucune hésitation par la négative [...]. En d’autres termes, un effet de troisième personne émerge de leurs commentaires : si l’homosexualité entre dans le champ du possible et du pensable des enfants, et peut leur apparaître légitime, elle ne l’est pas pour elles et eux. Elle l’est uniquement pour d’autres personnes, des personnes relativement éloignées d’elles et eux puisqu’appartenant au seul monde des adultes. Cette mise à distance enfantine peut s’expliquer par le fait que les histoires de couple ou d’amour homosexuels que les filles et les garçons connaissent ne concernent généralement que des adultes et sont mentionnées sous le sceau du secret, signalant et renforçant leur caractère anormal pour les enfants. 

    De vraies amitiés entre filles et garçons

    Plusieurs enfants soutiennent, malgré les moqueries dont elles et ils ont pu parfois faire l’objet, que l’« amitié avec les garçons, ça existe vraiment » (Céline, CM1...), « [qu’] on peut être copain avec une fille, sans qu’elle soit notre amoureuse » (Clément, CM2...), concédant toutefois que « c’est quand même vachement rare ». Elles et ils prennent le plus souvent pour exemple des #amitiés hétérosexuées qui se sont développées dans le cadre domestique ou lors de vacances, loin des regards moqueurs et des risques de rappel à l’ordre hétérosexuel de la part de leurs camarades d’école ou des professionnel·les de l’enfance. Ces amitiés se tissent le plus souvent avec les copains/copines de leur(s) frère(s) ou sœur(s) aîné·e(s) ou avec les enfants des ami·es de leurs parents, qui ont tous et toutes pour point commun de ne pas avoir le même âge. Cette différence d’âge, tout comme la coprésence imposée de l’enfant de l’autre sexe (puisque ce sont les autres membres de la famille qui l’ont convié·e au domicile), permettent aux amitiés filles/garçons de se développer sereinement dans la mesure où elles endiguent, voire suppriment, tout soupçon d’amour naissant. Les enfants des deux sexes qui jouent ensemble ne peuvent être des amoureux puisqu’ils et elles n’ont pas choisi d’être réuni·es. Ils et elles le sont, contre leur gré, du fait de l’intervention de personnes extérieures. De même, l’écart d’âge rend le développement de toute relation amoureuse impossible en raison de la distance (sociale) qui sépare les « grand·es » des « petit·es ». Ces dernier·ères seraient trop éloigné·es, trop différent·es pour qu’un sentiment plus fort qu’une simple camaraderie n’émerge .

    #homophobie #sexisme