• Le drame des enfants placés lâchés à leur majorité : « T’es qu’une enfant de l’aide sociale à l’enfance, arrête de viser trop loin »
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2023/12/05/le-drame-des-enfants-places-laches-a-leur-majorite-t-es-qu-une-enfant-de-l-a

    L’arrivée des 18 ans rime, pour tous les adolescents placés, avec l’urgence de déterminer comment se lancer dans la vie adulte, eux qui sont contraints à faire le grand saut sans soutien familial.

    [...]

    Plus d’un tiers des jeunes sans domicile [et combien de détenus ? ndc] sont ainsi issus de l’ASE, notait une étude de la Fondation Abbé Pierre en 2019. Une proportion alarmante alors que les enfants placés ne représentent que 2 % de la population générale des mineurs.

    [...]

    Votée en 2022, la loi dite « Taquet » devait en finir avec ces « sorties sèches » de l’#ASE, rendant obligatoire l’accompagnement des jeunes de moins de 21 ans « sans ressources suffisantes ». Mais un an après, son application s’avère « peu efficiente », constatait un rapport du Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ), en juin. Si le nombre de contrats jeunes majeurs [cet accompagnement individualisé éducatif et financier, parfois d’hébergement, qui peut être accordé par les départements aux majeurs sortant de l’ASE, sous condition de la constitution d’un « projet »] accordés progresse ces dernières années – ainsi, 35 000 jeunes adultes bénéficiaient d’une mesure de la protection de l’enfance, selon les derniers chiffres de 2021 –, les ruptures brutales d’accompagnement persistent et l’accès des jeunes concernés à leurs droits fondamentaux relève du « parcours du combattant », alerte ce rapport. Une grande disparité de prise en charge est aussi relevée selon les départements, avec des territoires où le contrat jeune majeur est « plus rare que l’or », de l’avis des intéressés.

    Face à ce constat sévère, la première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé, le 20 novembre, des actions de mentorat ainsi qu’un « coup de pouce financier » de 1 500 euros, versé automatiquement à 18 ans aux sortants de l’ASE. Les collectifs d’anciens enfants placés se sont dits « sidérés » par cette annonce : trop insuffisante à leurs yeux, mais qui impliquera surtout la suppression du « pécule », une somme à laquelle ces jeunes ont droit depuis 2016 à leur majorité. Constituée des allocations de rentrée scolaire mises chaque année sur un compte bloqué le temps de leur placement (et encore aujourd’hui pas toujours perçue ni réclamée, faute d’information), elle peut s’élever, pour certains, largement au-dessus de 1 500 euros. « On nous fait les poches ! », s’est insurgé Lyes Louffok, lui-même ancien enfant placé et auteur de Si les enfants votaient (Harper Collins, 2022).

    Dans le Doubs, Emilie Joly a seulement 19 ans lorsqu’elle reçoit une lettre lui annonçant sans sommation sa sortie de l’ASE et la fin de son #contrat_jeune_majeur, grâce auquel elle pouvait continuer à séjourner dans sa famille d’accueil. A l’ouverture du courrier, elle s’effondre dans les couloirs de son université. « La lettre stipulait seulement que je ne faisais plus partie de leurs effectifs, sans aucune explication. La première chose que je me suis dite, c’est : “Est-ce que j’ai même le droit de rentrer ce soir dans ma famille d’accueil ?” », raconte la jeune femme, cinq ans plus tard.

    A partir de là, Emilie se sent « totalement abandonnée ». L’étudiante, alors en DUT carrières sociales, doit déménager, malgré les réclamations de sa famille d’accueil, trouver un appartement sans aide de l’ASE, puis cumuler les petits jobs étudiants pour pouvoir continuer à financer ses études, en parallèle de sa bourse d’Etat. Le plus difficile, explique celle qui était placée depuis ses 6 mois, a surtout été de voir le lien rompu, du jour au lendemain, avec son éducatrice et la psychologue de l’ASE qui la suivait depuis petite. « J’ai fait une terrible dépression dans les semaines qui ont suivi et j’ai fini hospitalisée quelque temps. Tous mes projets, tous mes espoirs semblaient s’envoler », confie-t-elle.

    Mais même l’horizon des 21 ans prévu par la loi joue en réalité comme un couperet très précoce. « A ces jeunes, on demande d’être autonomes tout de suite : gérer très tôt et seuls la question du budget, l’enjeu des études ou du travail, les aléas du logement, des premiers impôts…, observe Marie Convert, cheffe de service chez Habitat Jeunes Montpellier, une structure de logements sociaux qui accueille des jeunes sortis de l’ASE. Tout cela plus vite que tous les autres. » L’accès à l’autonomie est de plus en plus tardif pour le reste des jeunes Français, qui quittent désormais le domicile familial vers 24 ans, selon les chiffres Eurostat pour l’année 2021.

    « Orientations subies »

    En regard, les jeunes passés par l’ASE doivent avancer à marche forcée, avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. « La peur ne nous quitte jamais. Pas seulement à l’approche des 18 ou 21 ans, mais à chaque échéance de renouvellement, ou pas, de nos contrats jeune majeur, souvent proposés par tranches de six mois seulement », souligne Alissa Denissova, présidente de l’association d’entraide Repairs ! 44 destinée aux jeunes de l’ASE, à Nantes.

    Des « incertitudes » qui génèrent une « énorme pression », confie Romain, 19 ans. Après une mauvaise orientation à la fac, lui qui a grandi en village d’enfants – des ensembles de plusieurs maisons où sont accueillis des enfants placés – vient de commencer, à Lille, une formation de travailleur social, qui dure trois ans. Il en sera donc diplômé à 22 ans. « Sauf qu’à 21 ans tout s’arrête. Je ne sais déjà pas comment je ferai pour vivre la dernière année, alors il faut absolument que je réussisse chaque examen : je ne peux pas me permettre de redoubler en plus de ça », s’angoisse-t-il.

    [...]

    Tous ont intégré cette réalité : ils n’ont « pas le droit à l’erreur » ni au tâtonnement. Pressés par le temps et la nécessité de trouver rapidement un emploi et un logement – y compris parfois pour pouvoir prétendre aux dispositifs d’accompagnement de l’ASE une fois majeurs –, ces jeunes placés sont d’ailleurs massivement dirigés vers des formations courtes professionnalisantes, dès la fin du collège.
    « On ne leur laisse pas beaucoup de part de rêve », déplore Marie Convert. Ainsi, 40 % des adolescents placés se tournent vers un CAP, seulement 17 % vers un bac général (contre 51 % des jeunes de leur âge).

    https://archive.is/PkWlj

    #enfants_placés

    • #Irlande : sept essais de #vaccins contraires à l’ #éthique ont été menés entre 1934 et 1973. + 9000 décès d’enfants de mères célibataires dans ces établissements tenus par des religieuses catholiques et l’Etat
      https://www.rts.ch/info/monde/11892060-une-enquete-en-irlande-pointe-le-drame-des-maisons-pour-meres-celibatai

      Une commission d’enquête sur les anciennes maisons pour mères célibataires en Irlande a mis en lumière mardi la mortalité dramatique des enfants dans ces établissements tenus par des religieuses catholiques et l’Etat.

      Elle a aussi révélé l’hostilité générale envers ces naissances jugées illégitimes. « Toute la société était complice », a résumé le Premier ministre Micheal Martin à l’occasion de la publication après cinq ans d’enquête du rapport de 3000 pages. Il a annoncé qu’il présenterait les « excuses » de l’Etat mercredi devant le Parlement irlandais, le Dail.

      L’enquête a mis en évidence 9000 décès, soit 15% des 57’000 enfants qui sont passés par ces établissements entre 1922 et 1998. « Il est difficile de concevoir l’ampleur de la #tragédie et le chagrin qui se cache derrière ce chiffre », a déclaré le ministre irlandais de l’Enfance, Roderic O’Gorman.

      Ces maisons ne sauvaient pas les vies
      Dans son rapport, la commission a conclu qu’avant 1960, de fait ces maisons « mère-enfant » ne « sauvaient pas les vies des enfants ’illégitimes’ », pire, « il semblent avoir significativement réduit leurs perspectives de survie ».

      Le taux de #mortalité « très élevé » était « connu des autorités locales et nationales à l’époque et enregistrés dans les publications officielles », souligne-t-il. La plupart des décès dont les cause étaient identifiables étaient dus à des infections respiratoires et des gastro-entérites.

      Ces maisons accueillaient jeunes filles et jeunes femmes rejetées par leurs familles qui n’avaient pour la plupart « aucune alternative ». Considérés comme illégitimes, les enfants qui y naissaient étaient souvent séparés de leur mère pour ensuite être adoptés, rompant tout lien avec leur famille biologique.

      Scandales dans l’Eglise catholique
      La commission a été mise sur pied pour faire la lumière sur le haut niveau de mortalité des enfants dans ces anciennes institutions de la très catholique Irlande. Cette affaire s’inscrit dans une série de scandales qui ont ébranlé la puissante église catholique irlandaise ces dernières années, avec l’ampleur de la pédophilie et les « Magdalene Sisters », ces jeunes filles qui travaillaient gratuitement dans des blanchisseries exploitées commercialement par des #religieuses.

      Dans le cas des « maisons mère-enfant », l’enquête avait été ouverte en 2015 dans le sillage des travaux d’une historienne, Catherine Corless. Elle affirmait que près de 800 enfants nés dans l’une de ces maisons de naissance, le foyer St Mary des soeurs du Bon Secours de Tuam (ouest de l’Irlande), avaient été enterrés dans une fosse commune entre 1925 et 1961.

      Responsabilité des familles
      Le rapport final porte surtout la responsabilité sur les familles qui envoyaient les femmes concernées dans ces établissements ou ne leur laissaient pas d’autre choix faute de soutien, et au delà sur toute la société irlandaise.

      Il décrit un chapitre « sombre et honteux de l’histoire récente de l’Irlande », a déclaré Micheal Martin, et met en lumière la « culture misogyne » qu’a connu le pays pendant « plusieurs décennies », particulièrement les « discriminations graves et systématiques contre les femmes, particulièrement celle qui ont accouché hors mariage ».

      « Nous avions une attitude complètement déformée vis-à-vis de la sexualité et de l’intimité », « dysfonctionnement » pour lequel « les jeunes mères et leurs fils et filles » dans ces établissement « ont été contraints de payer un prix terrible », a déclaré Micheal Martin.

      afp/jpr

      Mères « forcées à abandonner leurs enfants »
      Un groupe de victimes de ces institutions, Irish First Mothers, a dénoncé l’échec du rapport à établir que « les mères étaient forcées à abandonner leurs enfants ». Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le groupe estime que la commission « absout à la fois l’église et l’Etat de toute responsabilité systémique pour ce qu’elle reconnaît comme l’incarcération de fait de mères enceintes ».

      Jusqu’au années 1960, « la plupart des femmes plaçaient leur enfant à l’adoption » et quittaient l’établissent « dans les quelques mois qui suivaient la naissance », selon le rapport.

      Certaines estiment que « leur consentement n’était pas total, libre et éclairé », mais hormis quelques cas qui ont été porté devant la justice, « il n’y a pas de preuve que tel était leur opinion au moment de l’adoption ».

      Les investigations ont également permis d’établir que sept essais de vaccins contraires à l’éthique ont été menés dans ces maisons entre 1934 et 1973.

      #religion #catholique #monstres #culture_du_viol #viol #femmes #ventre_des_femmes #blame_the_victim #génocide #enfants #femmes #vaccin #Tuam #couvent #religion #Galway #Magdalene_asylums #église #église_catholique #enfants_placés

  • https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/17/l-etat-d-urgence-sanitaire-ne-justifie-pas-une-telle-disproportion-dans-l-at

    Pour recenser d’éventuelles violations, la Commission nationale consultative des droits de l’homme a mis en place un observatoire.

    La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) vient de mettre en place un Observatoire de l’état d’urgence sanitaire et du confinement visant à contrôler la mise en œuvre des mesures coercitives qu’autorise cet état d’exception et à évaluer les éventuelles violations des droits et libertés qui en résulteraient. Le président et la vice-présidente de l’institution, Jean-Marie Burguburu et Laurène Chesnel, partagent leurs premières observations.

    Quelle est la vocation de cet observatoire ?
    Jean-Marie Burguburu : Avec la mise en place de l’état d’urgence sanitaire pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, notre état de droit se trouve mis à mal par des mesures d’exception qui contreviennent à nos droits fondamentaux – liberté de déplacement, de réunion, de travail… Il relève de nos missions de contrôler que l’application de ces mesures demeure nécessaire, proportionnée, exceptionnelle, non discriminatoire et temporaire. Et de surveiller les éventuelles violations des droits et libertés. Cet instrument, créé dans l’urgence, permet des remontées immédiates des associations de terrain. Nos recommandations visent à alerter les pouvoirs publics, en espérant qu’ils y réagissent vite.

    La mission de cet observatoire devrait se poursuivre après le confinement : nous resterons très vigilants au fait que certaines mesures restrictives des libertés ne soient pas subrepticement inscrites dans le droit commun, comme cela a pu se produire à la fin de l’état d’urgence qui avait suivi les attentats. Il serait facile de maintenir des mesures abaissant le niveau de contradictoire du débat judiciaire. En matière de droit du travail, le motif pourrait être tout trouvé quant à l’impérieuse nécessité de remettre l’économie sur pied. Actuellement, nous sommes particulièrement préoccupés par le projet de traçage numérique des citoyens, sur lequel nous préparons un avis.

    #paywall

    • Quels sont vos premiers constats ?

      J.-M. B. : Nous regrettons qu’aucun plan de coordination nationale n’ait été préparé en amont pour prévenir l’impact d’une telle situation sanitaire sur les personnes les plus #précaires. Leur prise en charge a été laissée à la charge quasi exclusive des associations. Les mesures générales prises dans le cadre de l’état d’urgence l’ont été en prenant comme cadre de référence une certaine catégorie de citoyens – salarié, vivant en couple ou en famille, ayant accès à Internet et maîtrisant le français – qui ne saurait refléter la diversité de la population. Ignorer ces réalités, c’est prendre le risque de multiplier les contaminations, mais aussi d’accroître les inégalités.

      Vous alertez sur la situation des personnes migrantes, qu’en est-il ?

      Laurène Chesnel : Ces personnes – dont certaines continuent d’arriver, le confinement n’ayant pas mis fin aux flux migratoires – ne peuvent actuellement plus faire valoir leurs droits. Depuis la fermeture des guichets uniques pour demandeurs d’asile, le 23 mars, aucune #demande_d’asile ne peut être enregistrée. Or le principe du droit d’asile, à valeur constitutionnelle, ne peut faire l’objet de mesures dérogatoires, même durant l’état d’urgence. Nous nous alarmons aussi de la mise en danger des personnes retenues en centre de rétention administrative, et de leurs personnels de garde, alors même que le maintien en rétention n’a plus de justification, les reconduites à la frontière étant actuellement impossibles.

      Concernant la situation aux frontières : à Calais, de nombreuses associations ont dû se retirer pour respecter les consignes sanitaires et protéger leurs bénévoles. Plusieurs centaines de personnes se retrouvent ainsi livrées à elles-mêmes, sans information, aucune mise à l’abri n’a été planifiée, les #campements n’ont pas suffisamment de points d’eau ou de sanitaires, et les distributions alimentaires ont été suspendues. Certains bénévoles encore présents se font verbaliser. A la frontière italienne, les #migrants continuent d’être refoulés dans des conditions non seulement contraires au droit d’asile mais aussi dangereuses pour leur santé.

      Vous alertez aussi sur la situation des #enfants_placés

      L. C. : Pour les foyers d’accueil, maintenir des mineurs dont certains en grande détresse, confinés et sans scolarisation, est un véritable défi. Les espaces réduits et dans certains cas la suspension des liens avec la famille mènent à des violences.
      L’ordonnance adaptant les règles de procédure pénale dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire n’est pas toujours respectée : dans certains services sociaux, les droits de visite ont été remplacés par des contacts téléphoniques une fois par semaine, sans décision du juge et sans consultation préalable des parents et enfants. Dans plusieurs départements, aucune mise en relation par des moyens audiovisuels ne paraît avoir été organisée. Des situations urgentes ne sont pas jugées comme telles, ce qui met parfois les enfants en danger.

      Cette ordonnance donne aussi la possibilité aux juges des enfants de se prononcer sans audience et sans recueil des observations des parties. Le droit de l’enfant à être entendu est pourtant un principe consacré. Or les décisions qui pourront être prises, sans contradictoire et pour de longues durées, seront lourdes de conséquences… L’état d’urgence sanitaire ne justifie pas une telle disproportion dans l’atteinte aux droits des parties.

      La situation des mineurs non accompagnés est aussi préoccupante. Beaucoup sont encore à la rue, en particulier chez les primo arrivants, qui ne savent pas vers qui se tourner. Enfin, nous sommes inquiets de la situation des enfants incarcérés, alors que la protection contre l’épidémie n’est pas assurée en milieu carcéral, où l’accès à l’éducation n’est pas maintenu, et les contacts avec les familles sont rompus.

      Qu’en est-il des personnes en situation de pauvreté ?

      L. C. : Au sein des foyers pauvres, la crainte est désormais de ne pas pouvoir payer le #loyer et de se retrouver à la rue. Si le gouvernement vient d’annoncer le versement d’une aide exceptionnelle pour les familles les plus modestes, cette dernière fait l’impasse sur une partie importante des publics précaires : ceux qui ne bénéficient pas du RSA ou d’une allocation logement.

      Nous constatons aussi des difficultés d’accès à certains services publics, comme la CAF, intégralement dématérialisés du fait du confinement. Les personnes n’ayant pas accès à Internet se tournent vers les permanences téléphoniques, mais celles-ci, en plus d’être saturées, sont souvent payantes.

      « Rappelons que 135 euros d’amende représentent 25 % d’un RSA »

      Nous rappelons aussi que les conditions d’hébergement d’urgence sont inadaptées à un confinement qui dure : nourriture insuffisante, impossibilité de se faire des repas, manque de produits d’hygiène, surpopulation nuisant au respect des « gestes barrière », parfois même interdiction de toute sortie des hébergements de la part des gestionnaires d’hôtel, en contradiction avec les consignes officielles.

      Avez-vous des remontées concernant le reste de la population ?

      L. C. : Nous en avons beaucoup concernant des verbalisations jugées abusives et discriminatoires : pour des gens qui se rendaient à des distributions alimentaires, visitaient un proche malade, des bénévoles qui apportent à manger à des personnes isolées, des contenus de courses jugés arbitrairement comme ne relevant pas de la première nécessité (des serviettes hygiéniques par exemple). Ou ces personnes qui n’ont pas de compte en banque et doivent, pour retirer leurs minima sociaux, se déplacer jusqu’au premier bureau de poste ouvert, parfois éloigné. Rappelons que 135 euros d’amende représentent 25 % d’un RSA.
      Autre problème qui nous remonte, côté droit du travail : l’impossibilité de contester des licenciements jugés abusifs, tribunaux prud’homaux étant fermés.

      Quelles sont vos recommandations sur ces multiples enjeux ?

      J.-M. B. : Nous recommandons urgemment au gouvernement de mettre en place un pilotage national de l’aide aux personnes précaires avec une cellule de crise en coordination avec les associations ; ainsi qu’une cellule de crise concernant les personnes migrantes. Il faut aussi permettre aux associations d’assurer la sécurité de leurs bénévoles, avec du matériel de protection et une attestation permanente de déplacement. La communication sur les mesures liées à l’état d’urgence doit être rendue plus accessible à tous.

      Du côté de la protection de l’enfance, nous recommandons un référencement clair des personnes ou structures joignables, communiqués à tous ; l’équipement des professionnels ; le maintien des liens familiaux des enfants placés. Nous recommandons également l’accélération des remises en liberté et l’arrêt de toute prolongation automatique de détention provisoire pour les mineurs incarcérés. Nous demandons la mise à l’abri de tous les mineurs présumés et la prolongation systématique du délai pour déposer une demande de titre de séjour pour tous les mineurs étrangers ayant atteint la majorité.

      Nous appelons enfin à envisager le déconfinement en priorité pour les familles mal logées, avec une proposition de suivi psychologique et, dans l’attente, de leur proposer un espace de sortie quelques heures par jour.

  • Chronique BD - #Wheelie + #La_porte_ouverte
    http://www.radiopanik.org/emissions/les-promesses-de-l-aube/wheelie-la-porte-ouverte

    Ce matin, on a parlé d’enfants sur Radio Panik.

    Claire et Stéphanie, du musée d’Ixelles, sont venues nous présenter le projet Wheelie - ou comment amener l’art aux tous-petits (réponse : à #vélo, what else ?) - qui a besoin d’un petit coup de pouce.

    Puis Jean-Marc et Anne-Geneviève, de l’asbl La porte ouverte ont témoigné de leur expérience de familles accueillant des enfants placé·es : engagement, disponibilité et beaucoup, beaucoup d’amour. Pour en savoir plus sur l’accueil familial : http://www.lesfamillesdaccueil.be et https://www.pleegzorgvlaanderen.be.

    En bonus, la chronique BD de Pierre.

    Crédits photo : Wheelie / musée (...)

    #art #action_culturelle #musée_d'Ixelles #musée_chez_soi #familles_d'accueil #placement_familial #enfants_placés #art,vélo,Wheelie,action_culturelle,musée_d’Ixelles,musée_chez_soi,familles_d’accueil,La_porte_ouverte,placement_familial,enfants_placés
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/les-promesses-de-l-aube/wheelie-la-porte-ouverte_06677__0.mp3

  • Un tournant historique pour l’#Espagne ?

    L’Espagne va-t-elle s’engager dans un tournant historique ? On ne peut que l’espérer. Une « fenêtre » s’ouvre, en tout cas, pour qu’elle assume enfin en tant qu’Etat les chapitres les plus sombres de son passé. Qu’elle condamne les crimes du franquisme et en assure la « #réparation », autant que possible du moins. Cela, à défaut de pouvoir envoyer en prison les criminels de la dictature dont l’immense majorité est décédée paisiblement depuis longtemps, grâce à l’#impunité que leur a garanti l’establishment qui a dirigé le pays à la suite d’une #transition_démocratique jamais complètement achevée.

    Le premier procès concernant les « #bébés_volés » s’est ouvert mardi à Madrid. Sur le banc des accusés, #Eduardo_Vela, un ex-obstétricien de 85 ans, accusé d’avoir séquestré à sa naissance #Inés_Madrigal, 49 ans aujourd’hui, pour être offerte à un couple stérile. Comme elle, des dizaines de milliers de nouveaux-nés auraient été dérobés à leur mère entre le début de la guerre civile (1936) et la fin de la dictature franquiste (1975). D’abord parce que ces femmes étaient républicaines. Plus tard, parce qu’elles étaient célibataires, ou tout simplement pauvres, et que de « bonnes » familles payaient un bon prix. Le tout avec la complicité de l’Eglise, des juges et des autorités. Un trafic dénoncé depuis des décennies. Mais sans succès. Tant les métastases du franquisme sont restées incrustées au cœur des institutions.

    L’Espagne a la possibilité de choisir une nouvelle voie. Celle de la fin de l’impunité, de la reconnaissance juridique des horreurs du franquisme. Une dictature qui a non seulement volé des bébés, mais qui a aussi fait disparaître, fusiller, torturer et séquestrer des centaines de milliers de personnes. Sans qu’aucun des responsables de ces crimes contre l’humanité – pourtant imprescriptibles – n’ait été jugé. Au mépris de toutes les exigences du droit international. Un régime encore glorifié dans de nombreuses places et rues qui portent le nom du sanguinaire général ou de ses pires lieutenants.

    Ce chemin, c’est celui que de nombreuses voix appellent le nouveau premier ministre socialiste, Pedro Sánchez, à emprunter. En ne se limitant pas à s’attaquer à la Fondation Franco et au mausolée du défunt dictateur, comme déjà annoncé. Le parlement doit enfin rendre caduques les lois d’amnistie, le gouvernement doit mettre en place des politiques de reconnaissance et de réparation, et la justice doit enquêter, au lieu de bloquer les procédures, tant locales qu’internationales, à la recherche de la vérité. Assumer pleinement son histoire constitue en effet la seule issue pour avancer sans plus être déchiré par le passé.

    https://lecourrier.ch/2018/06/26/un-tournant-historique-pour-lespagne
    #enfants_volés #enfants_placés #enfants #enfance #franquisme #histoire #procès #justice

  • Tomber entre les craques

    Les yeux de ces quatre enfants me hantent.

    En avril, ils attendaient un vol à Brownsville, au Texas, qui devait les réunir avec un membre de leur famille ou avec un tuteur légal avant de recevoir la décision du gouvernement américain quant à leur droit de rester (ou non) aux États-Unis.

    Aujourd’hui, qui sait où ils se trouvent ? Ces mineurs non accompagnés font partie des enfants placés sous la responsabilité du #Office_for_Refugee_Resettlement (#ORR). Or, cette agence fédérale américaine a perdu la trace de 1 475 enfants (sur 7 635) en 2017.

    Impossible de les retracer, car il est impossible de joindre les adultes qui en ont la charge. Ces enfants sont tombés entre les craques d’un système qui sacrifie leur sécurité au profit d’une lutte contre l’immigration « illégale ».

    Alors que l’ORR se défend qu’une fois l’enfant confié à un adulte (que celui-ci soit lié à l’enfant ou non), elle n’a pas de responsabilité de suivi, il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui, l’état de ces 1 475 enfants ne peut pas être confirmé. Et cette incapacité à assurer la sécurité des enfants sous sa responsabilité survient à un moment où cette agence est de plus en plus sollicitée. L’annonce, le 7 mai dernier, d’une nouvelle directive obligeant des poursuites criminelles contre toute personne entrant sans autorisation aux États-Unis force la #séparation_des_familles, les enfants ne pouvant pas être détenus dans les prisons criminelles (jusqu’alors, les mères étaient détenues avec leurs enfants dans des centres de détention). Durant les 13 premiers jours d’application, cette directive a mené à la séparation de 658 enfants de leurs parents. Ces enfants sont placés auprès d’ONG (affiliées à l’ORR) qui ont pour tâche ou bien de localiser un membre de la famille (aux États-Unis) ou un tuteur légal, ou bien de s’occuper de l’enfant si un tel adulte ne peut pas être trouvé. L’entrée en vigueur de la nouvelle directive mènera inévitablement à plus de séparations.

    Penser que cette politique sera un véritable dissuasif à l’immigration dénote une incompréhension marquée de la réalité et des violences en Amérique centrale, moteurs principaux de la migration des enfants et des cellules familiales. La preuve ? Les tentatives de traversée n’ont pas diminué en mai.

    Éparpillés aux quatre coins des États-Unis, enfants et parents butent sur les obstacles bureaucratiques à la réunification. Celle-ci est mise en péril par l’absence de documents officiels d’identité : les enfants – et les parents – n’ont pas toujours de papiers prouvant le lien familial. Ces enfants perdus dans les entrailles bureaucratiques du système d’immigration américain pourront-ils être retrouvés ? Et les parents dont les enfants leur sont enlevés au moment de l’arrestation pourront-ils les retrouver lorsqu’ils seront relâchés ou avant d’être expulsés ? L’obsession pour le contrôle des frontières est telle que la séparation des enfants et de leurs parents est devenue une politique d’État, banalisée par l’administration Trump. Et ce sont ces enfants qui porteront les traumatismes de la séparation dans leurs yeux déjà trop marqués par la violence et par la peur.

    http://journalmetro.com/opinions/trajectoires/1602965/tomber-entre-les-craques
    #disparitions #enfants #USA #Etats-Unis #unité_familiale #mineurs #enfance #famille #détention_administrative #rétention #enfants_placés #dissuasion

  • #Pauvreté : pour les anciens #enfants_placés, dur d’éviter la rue

    Sannois (France) - « A 18 ans pile, c’était fini » : depuis qu’il a quitté le foyer où il était placé, Guillaume, 21 ans, est précaire. Pour éviter la rupture, il bénéficie d’un accompagnement expérimental dédié aux anciens de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), qui représenteraient aujourd’hui près d’un quart des sans-abri.

    https://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/pauvrete-pour-les-anciens-enfants-places-dur-d-eviter-la-rue_1992204.html
    #SDF #sans-abri #France

  • Entre 1939 et la fin des années 1980 en Espagne, quelque trois cent mille #bébés ont été volés à leurs parents, pour être adoptés illégalement. Au plus près des victimes, ce documentaire éclaire cette sinistre affaire, héritage du #franquisme.

    https://www.arte.tv/fr/videos/063678-000-A/les-bebes-voles-du-franquisme

    52 min.
    Disponible du 13/02/2018 au 20/02/2018
    Disponible en direct : Oui
    Prochaine diffusion : mardi 13 février à 23h30

    Que faire des #symboles_franquistes qui continuent d’orner les rues espagnoles ? Depuis 2007, la loi stipule qu’ils doivent être retirés, mais la société espagnole reste toujours divisée. La question du devoir de #mémoire est loin d’être réglée. Exemple la semaine dernière, où le démantèlement d’une sculpture dans un village près de Valence a encore fait polémique.

    https://www.arte.tv/fr/videos/081166-000-A/l-heritage-de-franco-continue-de-diviser
    https://www.arte.tv/fr/videos/actu-et-societe/arte-journal
    #Arte

    • Le photojournaliste German Gallego est interviewé dans le documentaire d’ARTE et il parle de ses photos à travers lesquelles, en 1982, il a documenté le vol d’enfants.

      GERMAN GALLEGO Y LOS NIÑOS ROBADOS

      Quiero recordar que fue María Antonia quien junto con el fotógrafo #Germán_Gallego, publicó en el número 298 y siguientes de Intervíu, del 27de enero hasta el 17 de febrero de 1982, diversos reportajes sobre la trama dedicada a robar niños y darlos en adopción a personas afines, dirigido presuntamente en el Hogar-cuna" de La Almudena en Madrid, por sor María y del doctor Vela. «La monja que trafica con niños» se titulaba el primero de ellos que llevaba incorporada una fotografía del lugar donde se situaba a los niños en espera de su adopción, y en números siguientes las de la cochambrosa nevera donde se guardaban los cadáveres de alguno de ellos que se mostraban a las madres para apropiarse de su hijo vivo, convenciéndola de que había muerto. Todo esto además de la noticia que según la investigación se trataba de por lo menos 1900 niños robados provocó innumerables artículos en televisiones, periódicos y revistas extranjeros pero no en España. Tuvieron que pasar treinta años para que algunas personas, entre ellas la periodista Ana María Pascual con sus investigaciones publicadas en 2012, y personas que se sometieron a pruebas de ADN , se pudiera demostrar que efectivamente había tenido lugar el siniestro negocio y que niños nacidos en la Almudena no eran oficialmente hijos de la madre que los había parido, con lo cual sus denuncias fueron admitidas a trámite, se investigó el asunto y sor María fue imputada, aunque no los médicos del mismo centro que declararon que el asunto de las adopciones lo llevaba directa y secretamente la propia sor María. Desgraciadamente Sor María murió a los 87 años, antes de que la justicia pudiera dilucidar su papel en esta macabra historia de niños robados. Pero aunque a veces se nos olvida, fue gracias a las investigaciones de María Antonia Iglesias y Germán Gallego que se puso la primera piedra para que saliera a la luz el negocio de las adopciones. Dar a conocer la verdad es siempre un acto de justicia y sobre todo cuando se trata de un aspecto tan sórdido sobre las actuaciones en favor de los privilegiados amigos de esa monja que además presuntamente montó un gran negocio basado en el dolor de unas y las esperanzas de otras mujeres.
      El otro aspecto de la prolongada labor de investigación de María Antonia, es la que se refiere a su libro Los maestros de la República, los otros santos , los otros mártires.


      https://gallegojoseluis.blogspot.fr/2017/01/german-gallego-y-los-ninos-robados.html
      #photographie #photojournalisme

  • Israël : des tombes vont être ouvertes dans une affaire d’enfants disparus
    Libération, le 24 janvier 2018
    http://www.liberation.fr/planete/2018/01/24/israel-des-tombes-vont-etre-ouvertes-dans-une-affaire-d-enfants-disparus_

    La justice israélienne a autorisé l’ouverture de tombes d’enfants juifs décédés dans les années 1950 ainsi que des analyses génétiques pour tenter de faire la lumière sur une affaire très controversée, a indiqué mercredi le ministère de la Justice.

    Des militants des droits de l’Homme et des familles d’immigrants arrivés peu après la création d’Israël en 1948 affirment que des milliers de bébés auraient été enlevés à leurs parents biologiques, principalement parmi des familles juives yéménites ou venues d’autres pays arabes et des Balkans.

    Ils assurent que ces bébés auraient été ensuite donnés à des couples juifs ashkénazes (originaires d’Europe de l’est), en mal d’adoption, en Israël et à l’étranger.

    Cette histoire a donné lieu à des accusations de racisme et de « discrimination » formulées par les séfarades (juifs originaires des pays arabes) à l’encontre de « l’establishment » contrôlé par les ashkénazes, qui ont fondé l’Etat.

    Les militants affirment que les autorités faisaient croire aux parents que leurs enfants étaient morts mais ne leur auraient jamais remis les dépouilles.

    Pour tenter de clore ce dossier très sensible, la justice a accédé à la demande de 17 familles dont des enfants ont été déclarés décédés et qui ont demandé à pratiquer des analyses génétiques sur les restes de ces présumés proches.

    Ces familles soupçonnent les autorités de leur avoir menti sur l’identité des défunts pour cacher le « trafic d’enfants ».

    « Cette décision a été prise afin de faire avancer la recherche sur la mort et l’enterrement de mineurs originaires du Yémen, de pays arabes et des Balkans dont les familles ont reçu l’annonce de leur décès dans les années qui ont suivi la création de l’Etat », a affirmé le ministère dans un communiqué.

    Au fil des ans, plusieurs enquêtes officielles ont conclu que la majorité des enfants disparus étaient morts, mettant en avant les mauvaises conditions sanitaires dans les camps où avaient été accueillis leurs familles. Peu après la création d’Israël, les autorités avaient installé des camps pour gérer l’afflux de nouveaux juifs immigrants, essentiellement venus des pays arabes, dont 30.000 yéménites.

    Mais les enquêtes officielles n’ont pas réussi à dissiper les doutes.

    L’association Amram, qui accuse les autorités de l’enlèvement de milliers d’enfants dans les années 1950 a exprimé son scepticisme sur l’efficacité des examens qui vont être effectués.

    « Cette affaire est très complexe et nous pensons que l’Etat doit reconnaître qu’un crime a été commis pour faire avancer les choses », a affirmé Naama Katihi, membre de l’association, citée par le quotidien Maariv.

    L’Etat d’Israël a accepté en décembre 2016 d’ouvrir les archives de cette époque tout en s’engageant à donner des réponses aux familles.

    Articles plus anciens sur le sujet :
    https://seenthis.net/messages/559618
    https://seenthis.net/messages/596154
    https://seenthis.net/messages/612358
    https://seenthis.net/messages/615430
    https://seenthis.net/messages/616163
    https://seenthis.net/messages/621702

    #enfants_placés #enfants_volés #enfants #bébés #expériences_médicales #cobayes_humains #israel #yéménites #tombes #analyses_génétiques

  • Enfants autochtones : une pratique d’évacuation « barbare »
    Gabrielle Duchaine, Philippe Teisceira-Lessard, La Presse, le 24 janvier 2018
    http://www.lapresse.ca/actualites/sante/201801/24/01-5151227-enfants-autochtones-une-pratique-devacuation-barbare.php

    Des médecins québécois montent au créneau et dénoncent le fait que des dizaines de jeunes Inuits sont séparés de leurs parents au moment le plus critique de leur existence : lors de l’évacuation médicale qui vise à leur sauver la vie.

    #Canada #Médecine #Soins #Autochtones #Inuit #Discriminations #Racisme #ça_continue... #TiensMaMain

  • #Yéménites disparus : une affaire d’Etat longtemps étouffée en #Israël

    http://www.liberation.fr/planete/2017/08/10/yemenites-disparus-une-affaire-d-etat-longtemps-etouffee-en-israel_158933

    Des enfants évanouis dans la nature, placés dans des familles ou utilisés comme #cobayes lors d’ #expérimentations_médicales à leur arrivée dans le pays. Cinquante ans après les faits, sous la pression des médias et des familles, le gouvernement ouvre enfin ses archives, accablantes.

    Yona Yossef reprend espoir. Aujourd’hui âgée de 85 ans, cette grand-mère juive d’origine yéménite est persuadée qu’elle apprendra bientôt ce qu’est devenue sa petite sœur, Saada, mystérieusement disparue au début des années 50, peu après l’arrivée de sa famille en Israël. Et qu’elle aura peut-être la chance de la serrer dans ses bras.

    Ce bébé disparu fait partie des milliers d’enfants en bas âge évaporés peu après l’arrivée de leurs parents en « Terre promise ». Officiellement, ils seraient morts de ne pas avoir supporté leur vaccination ou d’avoir contracté une maladie inconnue. Mais l’histoire n’est pas si simple. Peu après la création d’Israël en 1948, des centaines de milliers de juifs originaires des pays arabes et du bassin méditerranéen se sont installés dans l’Etat hébreu. Parce que leur nouveau pays était en guerre, que ses institutions, fraîchement créées, étaient désorganisées et que son économie était au bord de la faillite, ils y ont été mal reçus. Mais aussi parce que ces olim (nouveaux arrivants) étaient des mizrahim (issus des pays orientaux) et que l’establishment constitué d’ashkénazes (originaires d’Europe) les méprisait.

  • France/Monde | #Enfants disparus : Israël lève le voile sur son terrible secret
    http://www.ledauphine.com/france-monde/2017/07/18/enfants-disparus-israel-leve-le-voile-sur-son-terrible-secret

    Au milieu de rapports sur des expériences destinées à prouver ou non que les Yéménites avaient « du sang nègre », la trace d’au moins quatre enfants sur lesquels un « traitement expérimental actif » a été testé. Morts peu après, ils ont été enterrés à la va-vite, on ne sait où.

    À la création d’Israël, en 1948, des centaines de milliers de Juifs du Proche-Orient affluent en « Terre Promise »... mais sont souvent méprisés par les ashkénazes, ces Juifs d’Europe « originels » de l’État hébreu.

  • Des milliers de gens manifestent contre l’enlèvement d’enfants yéménites
    Mondoweiss | Shiraz Grinbaum and Yotam Ronen, 26 juin 2017 | Traduction : Jean Michel-Henry.
    https://afps85.wordpress.com/2017/06/28/des-milliers-de-gens-manifestent-contre-lenlevement-denfants-yemen

    Photo : Shiraz Grinbaum and Yotam Ronen/Activestills.org

    Les proches en vie des enfants juifs yéménites, dont les familles disent qu’ils ont été enlevés par le personnel des centres médicaux de l’État et vendus pour être adoptés, protestent à Jérusalem. Les manifestants réclament du gouvernement qu’il effectue des recherches concernant lesdits enlèvements systématiques, connus sous l nom de l’Affaire des Enfants Yéménites, 21 juin.
    Plus de 2000 juifs Yéménites israéliens et des activistes venus leur apporter leur soutien, se sont réunis à Jérusalem mercredi dernier pour marquer le jour annuel du souvenir de ce que les familles appellent un programme mis en œuvre par l’État pour enlever les bébés juifs yéménites et d’autres enfants israéliens nés de parents qui étaient de récents immigrants des pays arabes.

    « l’Affaire des Enfants yéménites », dans la première décennie qui a suivi la création de l’État d’Israël en 1948, est l’histoire du kidnapping systématique des nouveau-nés yéménites, mené par les hôpitaux israéliens et les institutions gouvernementales.(...)

  • Yemenite babies who disappeared in 1950s Israel were sold to U.S. Jews, new film claims - Israel News - Haaretz.com
    http://www.haaretz.com/israel-news/.premium-1.787519

    U.S. Jews believed children were orphans, that money would help new Jewish state, researcher says in ’Lost Children,’ which claims WIZO played role in sending infants to U.S.
    Judy Maltz May 05, 2017 10:50 PM

    In 1994, a few dozen armed Yemenite Jews barricaded themselves in a home in the central Israel city of Yehud. They would not leave, they warned, until an official investigation was launched into allegations that Yemenite children had been systematically abducted and handed over to Ashkenazi families – sometimes in exchange for money – in the early years of the state. Their leader was a radical rabbi named Uzi Meshulam, who threatened bloodshed. The standoff lasted seven weeks, and Meshulam ended up serving nearly six years in prison.

    But by drawing public attention to their cause, he and his followers were able to force the government’s hand. A year after the standoff, a commission of inquiry was established to determine the fate of hundreds of Yemenite babies and toddlers who had gone missing in the 1950s, not long after they and their families arrived in the recently established state. Did they die of illness, as two previous investigations had found, or had they been abducted and handed over to childless couples in Israel and the United States in exchange for money, as Meshulam and his followers insisted?

    A new documentary recently aired on Israel’s Channel 2 TV suggests Meshulam may not have been as crazy as many in Israel believed. Relying on fresh testimonies, rare footage of the commission hearings and recently declassified documents, “Lost Children” presents considerable evidence to support his claims.

    “I was also one of those people who thought these were wacko claims and that Uzi Meshulam and his followers were all wackos,” says Prof. Meira Weiss, an Israeli anthropologist interviewed in the hour-long documentary.

    Years later, intrigued by new evidence that had emerged to support the abduction theory, Weiss proceeded on her own quest to discover the truth. On a trip to New Jersey, where she had heard that several of the missing Yemenite children ended up, she says her suspicions were confirmed.

    “What I was told is that these families had heard through the Jewish community that they could adopt orphans in Israel in exchange for money that would be used to help the new Jewish state get on its feet and purchase weapons,” she says in the film. “So they came and took these children they believed were orphans. As they saw it, they were doing a mitzvah and were very proud of that. When they heard later on that there might be parents who were still alive and that the money they gave didn’t all go to buy weapons, they were genuinely shocked.”

    Weiss says her investigation led her to believe that the stories she had heard about children being handed over for adoption without their parents’ consent were not isolated cases. “It was a phenomenon,” she says.

    Last December, the Israel State Archives released more than 200,000 previously classified documents pertaining to this decades-long affair that has come to symbolize the grievances of Mizrahim (Jews of Middle Eastern or North African origin) against the establishment. They include testimonies of parents who searched in vain for their missing children and their graves for decades; of hospital nurses who witnessed children being given away without permission; and of children sent off for adoption who later tried to reconnect with their biological parents. However, the documents provided no outright proof of an organized and institutionalized abduction campaign.

    The newly declassified papers also include minutes from the hearings of the commission of inquiry established in 1995. Like the two previous commissions that investigated the affair (the most recent being by Justice Moshe Shalgi in 1988), this one also found that most of the Yemenite children who disappeared had died of illness. While the fate of several dozen children is still unknown, the most recent commission of inquiry determined that none of the children had been kidnapped.

    The new documentary challenges these findings. A key testimony is provided by Ami Hovav, who worked as an investigator on two of the three commissions of inquiry. In an interview with Rina Matzliach, the Channel 2 correspondent who made the film, Hovav addresses the role of machers, or middlemen, in the disappearance of several children. As part of his duties on the commissions, Hovav had been asked to investigate reports, published as early as 1967, that Yemenite children had been abducted and sold to wealthy Jews abroad for $5,000 a head.

    Interviewed in the film, Hovav relays that many of the Yemenite babies and toddlers were put in child-care centers run by the Women’s International Zionist Organization (WIZO), one of the largest Jewish women’s organizations in the world.

    “There was a rule at the time that if the parents didn’t show up within three months to reclaim their children, the kids would be sent off for adoption,” he states. “So there were these machers who would come and get $5,000 for each child that was adopted.”

    But it would be wrong, he says, to describe such transactions as sales: “This was a commission they took, just like real estate agents. This was their job.”

    The film provides never-before-seen footage, shot by Meshulam’s followers, of the 1995 commission of inquiry hearings. At one point, Sonia Milstein, the head nurse at the Kibbutz Ein Shemer absorption center, recounts how Yemenite children were systematically separated from their parents and put in childcare centers. When asked to explain why no records of their whereabouts were ever kept, she responds: “That was the reality then. It was what it was.”

    In more rare footage, a former doctor at a WIZO center in Safed tells her interrogators at the commission hearings she has no recollection of what happened to the Yemenite children housed at her facility. Commenting in the documentary, Drora Nachmani – the lawyer who interrogated the doctor and other witnesses – notes that this sudden loss of memory among WIZO staff members was not uncommon.

    “Some of the WIZO witnesses didn’t want to come to the hearings, and we would have to chase after them,” she tells Matzliach. “Often, they would insist we come to them rather than they come to us, as if they were afraid of something. And sometimes they said one thing to one investigator and something else to another.”

    According to Nachmani, the WIZO day-care centers “were often the last stop or the second-last stop in the whole chronology of events” surrounding the disappearance of the Yemenite children.

    “They were a central junction in this whole story,” she states.

    The documents recently declassified by the Israel State Archives were meant to stay under wraps for another 15 years. But in response to public pressure, the government decided to release them sooner.

    Mizrahi activists had been urging the government to open the state archives for several years, arguing that the various commissions of inquiry whitewashed the affair. A driving force behind the campaign has been an organization called Amram.

    Interviewed in the film, founding member Shlomi Hatuka notes that out of more than 5,800 Yemenite babies and toddlers known to have been alive during the first years of the state, 700 disappeared. “That is one out of eight children,” he tells Matzliach. “And if you take into account those parents who didn’t report their missing children, it’s probably closer to one out of seven, or one out of six.”

    The irony, he notes, is that families were told their children were being moved from absorption centers to child-care centers for reasons of health and sanitation, but many became ill there, ending up in hospitals from which they never returned.

    To illustrate the atmosphere of mayhem in those early days of the state, Hovav recounts a story he heard from Milstein, the head nurse, about what would happen when sick babies were taken to the hospital. “An ambulance driver would pick them up and the babies would be put in cardboard boxes that had been used to transport fruit, bananas or apples,” he relays. “And there would be five or six of these boxes in the back.”

    Each carton, according to his account, had a little note attached to it bearing the child’s name, address and destination. “When it would get very hot,” he recounts, “the ambulance driver would open the window and a huge blast of wind would come in. What would happen then is that all those little notes would start flying in the air. They would stop the ambulance on the side of the road, but they had no idea after that which note belonged where.”

    Asked to comment on the allegations raised against WIZO in the film, a spokeswoman issued the following statement: “The process by which children were admitted or left our facilities was handled exclusively by the certified state authorities, while WIZO’s role was restricted to caring for their health and welfare. The allegation that the organization played a central role in transferring the children to adoptive families is erroneous and is merely someone’s personal interpretation of events. The same is true about allegations raised by some of the interviewees in Rina Matzliach’s film.”

    WIZO’s spokeswoman said her organization knew of no pressure put to bear on former staffers to refrain from cooperating with the commission of inquiry. “The reverse is true. WIZO handed over all the information it had, and the commission of inquiry not only found nothing wrong with the way it behaved, but recently the government even decided to publish this information on the internet.

    “As a social organization,” she added, “WIZO supports all efforts to shed light on this affair, which has caused such great pain to many in Israeli society.”

  • Une enfance crucifiée

    Jusqu’en 1981 plus de 100’000 enfants en Suisse ont été placés de force dans des familles ou dans des institutions. Parce que leurs parents étaient trop pauvres ou jugés peu vertueux. Véritable enfer, l’institut Marini, dans le canton de Fribourg a hébergé des milliers d’enfants. Beaucoup y ont été battus, violés, certains même sont peut-être décédés suite à des mauvais traitements. Temps Présent a enquêté sur cette réalité souvent insoutenable. Car si pendant des années, la souffrance de ces malheureux est restée cachée, aujourd’hui l’Eglise a choisi de faire face à son passé aussi sombre soit-il et d’ouvrir ses dossiers.

    Ils s’appellent Michel, Daniel, Bernard, Jean-Louis ou encore Jacques… Ils ont tous bientôt 80 ans et pourtant ils sont encore marqués par leur passage à l’institut Marini. Les coups au quotidien, les humiliations, la peur de s’endormir dans le dortoir car le surveillant venait les chercher pour les violer…. Tout est encore présent dans leur mémoire. Pendant des années, ils ont vécu avec cette souffrance enfouie car personne ne voulait les écouter. Mais aujourd’hui grâce à la persévérance et au combat de l’un d’eux, l’évêque, Monseigneur Morerod a accepté de regarder le passé en face. Il a mandaté deux historiens pour dépouiller les archives de l’institut Marini et recueillir la parole des témoins encore vivants. Leurs conclusions sont accablantes. Les enfants, qui pour la plupart étaient des enfants placés, étaient à la merci des prêtres. Certains même étaient devenus des objets sexuels qu’ils se passaient entre eux.

    Le travail des historiens permet aussi de mesurer toute la stratégie d’occultation de l’Eglise, une institution intouchable dans le canton de Fribourg de l’époque. Il s’écoule toujours 10 ans entre les premières dénonciations et les sanctions... quand il y en a ! Car force est de constater que les prêtres pouvaient agir en toute #impunité. La punition la plus sévère consistait juste à les déplacer.

    Temps Présent a eu accès au dossier des enfants de Marini et expose l’ampleur de ce scandale.


    https://pages.rts.ch/emissions/temps-present/8388461-une-enfance-crucifiee.html#8388463
    #enfants_placés #prêtres #Fribourg #Institut_Marini #viols #abus_sexuels #maltraitance #histoire #enfants #enfance #Suisse #Eglise #violence
    cc @daphne @marty

    • Malgré une « réparation », tout n’est pas réglé

      Enfant, #Rita_Soltermann fut placée dans une ferme de la vallée d’Emmental. Dès cet instant, elle devint un être humain de seconde zone. Les mesures prises au niveau national pour réparer la souffrance subie, lui semblent justifiées ce qui ne veut pas dire que les cicatrices qui subsistent de cette époque disparaissent pour autant.

      Il y a des fleurs, des fleurs, des fleurs partout dans la salle de séjour de Rita Soltermann, la presque octogénaire de Niederönz (BE)... et 350 petits cochons en porcelaine qui font sourire le visiteur mais rappellent à Rita Soltermann sa jeunesse qui était tout autre que rose. À l’âge de six ans, Rita Soltermann fut placée dans une famille de fermiers de montagne sans enfants. Rita était alors le quatorzième enfant placé de suite dans cette famille – une main-d’œuvre gratuite qui peinait sur les pentes abruptes de cette ferme isolée de montagne.

      Il fallait se lever à 6h, nourrir d’abord les poules et ensuite les cochons. Ses vêtements restaient imprégnés des odeurs de l’étable quand elle se hâtait à rejoindre l’école sans possibilité de pouvoir auparavant faire sa toilette. Rita Soltermann l’admet sans ambages : « Je puais. » Une fois l’école finie, il fallait se changer et retourner travailler. Faire ses devoirs un jour de semaine était impensable, donc rien d’étonnant que ses résultats scolaires laissaient à désirer et ne lui permettaient pas de suivre un quelconque apprentissage. Dès le départ, ses cartes étaient faussées : « Si tu débutes comme ça, tu restes toute ta vie bouche-trou. On reste un être de seconde zone. »
      À dos de cochon

      Nourrir les cochons était un moment privilégié dans la vie de l’enfant. Elle aimait bien les cochons, devenus ses compagnons de peine qui lui procurent des rares moments de bonheur : « Parfois, je montais à dos d’une truie et quittais la porcherie. » À l’école, on l’appelait la « Söirittere » – Rita, la dompteuse de cochons.

      Rita Soltermann est l’une des milliers de victimes des mesures de coercition prises par l’État. Son destin est typique de celui des enfants auxquels l’administration a volé la jeunesse – et ceci à des fins d’assistance. Les enfants issus de familles défavorisées étaient placés, d’autres étaient détenus dans des centres ou proposés à l’adoption. Les enfants des communautés yéniches ont été enlevés à leurs familles sous le prétexte de leur assurer un avenir convenable. D’autres ont été castrés ou stérilisés sur demande de l’État. Depuis des années, les débats sont vifs en Suisse au sujet de la réparation et réhabilitation des personnes lésées durant ce sombre chapitre de l’histoire suisse qui a pris fin en 1981.

      Le Conseil fédéral et le Parlement ont fait un grand pas en avant en s’attelant à un travail de mémoire en concertation étroite avec les victimes qui bénéficieront d’un montant de solidarité de CHF 25 000. Ils sont plus de 9000 victimes, pour la plupart âgées, qui ont déposé une demande (voir également la « Revue » 4/2018). Rita Soltermann est l’une d’elles.

      Est-ce que ce geste changera le regard que l’on jette sur son propre destin ? Ce n’est pas si simple, pense Rita Soltermann. Il est certes très important que l’injustice subie soit reconnue comme telle mais en fin de compte, il ne pourra pas y avoir de véritable réparation. « Le fait, étant enfant, de ne pas avoir ressenti d’amour, de ne jamais avoir été serré dans les bras de ses parents, est une expérience irréversible. » Elle ne pourra pas non plus effacer le souvenir du désespoir qui l’a submergée quand, jeune maman, elle a dû lutter pour que son propre enfant ne lui soit pas enlevé. Le geste de solidarité de la part de la Confédération est important : « Mais ce n’est qu’une goutte d’eau dans un océan. »

      Les associations des victimes s’insurgent également contre cette solution en disant qu’une réparation ne suffira pas à effacer les traces. Robert Blaser, membre de l’organisation « Fremdplatziert » (placé chez autrui) constate que l’État a certes fait beaucoup mais a également sous-estimé des réactions comme par exemple le réflexe de défense contre tout ce qui est représentatif de l’administration : « Nombreux sont ceux qui considèrent que l’autorité – l’État, le canton, la commune et l’Église – a joué le rôle d’auteur des mesures. Et nombreux sont ceux qui ne comprennent pas que cet auteur veuille leur donner de l’argent. » La contribution de solidarité est, selon Blaser, plutôt « une reconnaissance de l’injustice commise » sans que les conditions de vie se soient pour autant améliorées. Pour les victimes vivant aujourd’hui dans une situation précaire, le montant serait même désastreux, insiste Blaser : « À savoir cinq salaires mensuels en contrepartie d’une vie salopée. » Selon lui, ce geste n’a rien d’une réparation. Luzius Mader, en charge du dossier, mandaté par le gouvernement, ne lui donne pas tout à fait tort. Il parle de geste de solidarité et non de réparation (voir interview en page 19).
      Appel aux fermiers

      Werner Zwahlen, membre de l’association « Netzwerk verdingt » (réseau placé) est d’avis que les prestations de solidarité ne peuvent en aucun cas changer l’histoire d’une vie. Son réseau avait espéré qu’un versement régulier tel une rente serait retenue à la place d’un versement unique. Une petite aide financière mensuelle aurait constitué une sorte de « coupure avec le passé ». Zwahlen et ses coéquipiers considèrent en outre que ce n’est pas à la Confédération seule de s’occuper du travail de mémoire historique. Les communes, cantons et organisations rurales sont réticents à s’y engager à fond. Kurt Gäggeler du « Netzwerk verdingt » regrette que les fermiers n’envisagent pas de « réhabiliter leurs fermes, à savoir de les laver de la malédiction du passé ». À ce jour, il n’existe pas encore d’initiative à ce sujet. Hans Jörg Rüeggsegger, président de la puissante Union suisse des paysans (USP) à Berne, a récemment commenté la suggestion de Gäggeler en disant qu’il ne connaissait aucune ferme qui se sentirait stigmatisée pour les événements passés.

      Que la réparation versée par l’État ne suffise pas à elle seule, est également l’avis de Daniel Huber de la « Radgenossenschaft der Landstrasse » (Association des gens du voyage) qui s’engage en faveur des Sinté et des Yéniches. Donner de l’argent comme geste de solidarité est « bien et justifié ». Toujours est-il que dans la vie de tous les jours, les gens du voyage tels les Yéniches et les Sinté ne sont pas bien accueillis. Selon Huber : « L’espace vital des gens du voyage rétrécit, les fermiers sont tenus de ne pas leur accorder d’aires de stationnement. » Le contraste entre la position bienveillante de la Confédération et la réalité serait simplement trop frappant.
      Une grand-mère entourée d’une multitude de fleurs

      De retour à Niederönz, Rita Soltermann revient sur d’autres facettes d’une vie sans jeunesse. Elle a fait la connaissance de sa sœur cadette seulement à l’âge de 68 ans. Une preuve de plus qu’en tant qu’enfant placé, on appartient à « une famille sans histoire commune ». Et elle ajoute que le risque de perpétrer la violence et la maltraitance est grand : « Je ne me suis rendu compte que j’étais une mère très sévère, jusqu’à donner des claques. » Elle en est aujourd’hui désolée mais cette violence doit être en elle ce qui ne l’empêche pas de ressentir un grand bonheur : dans sa vie de couple, elle se sent aujourd’hui protégée, entourée par une famille aimante.

      Selon toute vraisemblance, il y a des choses qui s’arrangent. La « dompteuse de cochons » d’antan se consacre aujourd’hui à ses fleurs et est devenue « ds Margritli-Grosi », la « grand-mère aux marguerites » : c’est ainsi que ses petits-enfants l’appellent quand elle leur sourit parmi ses fleurs.


      https://www.revue.ch/fr/editions/2018/05/detail/news/detail/News/malgre-une-reparation-tout-nest-pas-regle

    • « Le montant est une preuve de solidarité »

      Luzius Mader* était chargé de la part du gouvernement fédéral du dossier « Mesures de coercition à des fins d’assistance et de placement extrafamilial ». Voici son constat à demi-parcours, somme toute positif.

      « Revue Suisse » : Jusqu’en 1980, l’État a infligé des souffrances à de nombreux enfants. Êtes-vous satisfait de ce qui a été réalisé en matière de réparation ?

      Luzius Mader : Oui, je suis globalement satisfait, d’autant plus que par rapport aux approches précédentes, nous avons su lancer le processus politique d’un travail de mémoire indispensable. Ce processus politique est achevé tandis que le travail sur les aspects scientifiques et humains se poursuit.

      Vous étiez confronté au problème de devoir trouver des solutions politiquement applicables. Est-ce que ce volet politique pourra répondre aux attentes des victimes ?

      Dans la mesure où nous voulions obtenir des résultats concrets, nous devions, dans un premier temps, tenir compte du cadre politique. Un échec de plus aurait été fatal.

      Vous vous êtes réunis autour d’une table avec les victimes. C’était une expérience douloureuse ?

      Dans un premier temps, nous devions créer une confiance réciproque. Il fallait dépasser le stade de confrontation « auteurs-victimes ». C’était à moi de leur faire comprendre que les personnes réunies autour de la table n’étaient ni l’un ni l’autre, qu’elles étaient seulement désireuses de contribuer au travail de mémoire.

      Pour beaucoup parmi elles, la perspective restait donc inchangée : En tant que victimes, elles devaient soumettre leur demande à l’instance incriminée, à savoir l’État.

      Il n’y avait pas d’autre solution. C’était à l’État de nommer une institution prête à prendre en charge la lourde tâche. C’est tout à fait justifié : l’État doit assumer le rôle qu’il a joué, qu’il y a eu injustice et que de ce fait, il endossera sa responsabilité. Cette prise de position est au cœur même du problème.

      Au maximum 20 000 personnes auraient pu faire valoir le statut de victimes, 9000 demandes ont été déposées.

      Un chiffre qui correspond tout à fait à nos attentes, d’autant plus qu’il démontre que les obstacles psychologiques pour déposer une requête ont pu être surmontés par les victimes.

      Les victimes reconnues comme telles bénéficient de CHF 25 000. Est-ce qu’un tel montant est suffisant pour remédier à une vie semée d’injustices ?

      Je ne pense pas, j’évite toujours de parler d’indemnisation ou de réparation. Le montant est seulement une preuve de solidarité. Un geste nécessaire car une attestation du statut de victime couchée sur papier ne pourra suffire. Vu les courriers de remerciements, nombreuses sont les victimes qui l’ont compris ainsi.

      Le montant ne suffira pas à faire changer la situation financière d’une personne qui, suite aux souffrances subies, bénéficie aujourd’hui d’aides sociales.

      Tout à fait. Ce ne sont pas CHF 25 000 qui changeront fondamentalement une vie, d’autant plus que nombreux sont les ayants droit qui ont atteint un âge avancé. Mais le montant est exonéré d’impôt et n’engendre pas de réduction des prestations complémentaires. Dans ce contexte, ce n’est pas à l’État de donner d’une main pour mieux reprendre de l’autre.

      Les mesures mises à ce jour en œuvre ont été prises au niveau national. Mais ce sont les communes et cantons qui ont pris à l’époque les décisions qui ont fait souffrir tant de personnes. Ils s’en lavent les mains ?

      Non, les communes et cantons ont fait un travail remarquable lorsqu’il s’agissait de faire des recherches dans leurs archives et de créer des guichets d’accueil. Les communes comme Berne et Köniz ont entre autres versé des montants conséquents à une aide d’urgence. À l’heure actuelle, huit cantons ont financièrement contribué au budget de solidarité. Le fait qu’ils contribuent est plus important que le montant versé.

      Fin mai, vous avez pris votre retraite en abandonnant votre poste de directeur suppléant de l’Office fédéral de la justice. Pour vous, le thème est donc clos ?

      Je continuerai à m’occuper du sujet et diriger la commission consultative qui étudie les contributions de solidarité et à représenter les intérêts de la Confédération quant au travail de mémoire scientifique.

      * Luzius Mader était directeur suppléant de l’Office fédéral de la justice et dirigeait la table ronde en faveur des victimes des mesures de coercition à des fins d’assistance et de placement extrafamilial.

      https://www.revue.ch/fr/editions/2018/05/detail/news/detail/News/le-montant-est-une-preuve-de-solidarite

  • Israël instamment prié de présenter ses excuses pour les bébés disparus
    par Jonathan Cook | Publié le 1 janvier 2017 sur Al Jazeera |
    Traduction : Jean-Marie Flémal
    http://www.pourlapalestine.be/israel-instamment-prie-de-presenter-ses-excuses-pour-les-bebes-dispa

    Quelque 200.000 documents concernant la disparition mystérieuse de milliers de bébés durant les débuts de l’État d’Israël ont été rendus publics pour la première fois la semaine dernière.

    Le gouvernement israélien a déclassifié ces dossiers et les a publiés dans des archives sur Internet, après plusieurs décennies d’accusations prétendant que les hauts responsables de l’État avaient dissimulé les preuves établissant qu’un grand nombre de ces bébés avaient été dérobés à leurs parents.

    Immigrants juifs du Yémen en 1949 (Photo : Reuters)

    Les familles, dont la plupart constituées de Juifs des pays arabes arrivés de fraîche date en Israël, craignent que les enfants n’aient été cédés par des hôpitaux et des cliniques à des familles juives fortunées vivant en Israël et à l’étranger.

    Trois enquêtes officielles ont conclu en lieu et place que la plupart des enfants étaient morts au cours de la période de chaos qui avait suivi la création de l’État, en 1948, et qu’ils étaient morts de maladie ou de malnutrition.

    Mais un grand nombre de familles n’ont jamais reçu de certificat de décès et on ne leur a jamais montré de tombe non plus. D’autres disent que les bébés en bonne santé leur ont été arrachés des mains par le personnel de l’hôpital et qu’on ne les leur a jamais rendus.

    Des soupçons de camouflage ont été accrus par la décision de l’enquête Kedmi – qui a publié ses conclusions en 2001 – de placer sous scellés pendant 70 ans les dossiers et témoignages concernant de nombreux cas.

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    traduction française de cet article : https://seenthis.net/messages/556729

  • Une forme d’eugénisme indéfendable de la confédération helvétique.
    Suisse : ces enfances volées « Au nom de l’ordre et de la morale » -
    http://www.lexpress.fr/culture/tele/suisse-ces-enfances-volees-au-nom-de-l-ordre-et-de-la-morale_1789162.html
    Entre 1942 et le début des années 1980, des milliers de Suisses ont été internés par #décision_administrative. D’autres ont été « placés » de force dans des #familles_d'accueil, ou ont subi des #stérilisations chirurgicales. Mères célibataires, indigents, alcooliques, prostituées ou « déficients mentaux », tous ont été victimes d’une société bien-pensante et conservatrice, qui prétendait les aider en les tenant à l’écart d’une collectivité prête à tout pour se préserver.
    https://vimeo.com/106398151


    #documentaire

  • Des enfants groenlandais enlevés de force à leur famille en 1951 par le gouvernement danois pour une « expérience » ont reçu cette semaine les excuses du gouvernement danois...

    Beklager « eksperimentet » mot grønlandske barn - NRK Verden - Utenriksnyheter og -dokumentarer

    http://www.nrk.no/verden/beklager-_eksperimentet_-mot-gronlandske-barn-1.12618900

    22 grønlandske barn ble tvangsflyttet fra sine hjem i 1951. Bare åtte av dem lever fortsatt. Denne uken fikk de endelig en unnskyldning fra Redd Barna.