• On ne convainc pas les gens en les engueulant... Merci #seenthis de me permettre de découvrir Miguel Benasayag. #liberté (si, si : 2 occurences magnifiques) #engagement_joyeux #cycles #irreversibilité

      Le retour de l’horreur et de la Réaction n’est pas l’échec du #projet. Aucune marche vers l’#émancipation n’est sans retour ; la seule chose qui le soit relève de l’expérimentation, chez les humains — ce qui, dirait Deleuze, « fait jurisprudence ». Autrement dit : une fois qu’on a expérimenté qu’une femme, une seule, peut être médecin, c’est irréversible ; une fois qu’on a expérimenté qu’un Noir, un seul, peut être président des États-Unis, c’est irréversible. Bien sûr, le racisme revient et reviendra, il y aura encore des victimes, mais il y a des nouveaux possibles. Il n’y a pas de marche cumulative vers l’émancipation ; les expériences sont irréversibles au cœur de l’éphémère. Le saisir permet d’éviter la tristesse permanente. Dans notre guérilla contre la dictature, nous avons pris le bunker de Somoza puis nous avons « fait justice », c’est-à-dire qu’on l’a liquidé. (rires) Le Nicaragua est ensuite devenu une sorte de merdouille sans nom, mais il ne faut jamais penser « Tout ça pour ça ». Dans la situation de la dictature de Somoza, la liberté passait par son renversement. Il y a des actes d’émancipation, pas d’état d’émancipation. Fidel Castro, en 1959, lorsqu’il renverse le régime de Batista, c’est l’émancipation ; aujourd’hui, Cuba est une horrible caricature. Le Che disait, et ça semblait une idiotie, qu’un révolutionnaire fait la révolution : on n’est révolutionnaire qu’à l’instant précis de l’acte révolutionnaire. Il n’y a pas de monde de la révolution. C’est notre grand défi : pour gagner de nouveaux possibles, il faut abandonner l’idée de lutte finale, de société de justice. Ça ne produit que de la déception — ou de la dictature, lorsque les « justiciers » triomphent.