• 200 ans de Karl Marx : « un changement de paradigme vers une société sans exploitation » 5 Mai 2018 - Peter Mertens

    Un chat a paraît-il neuf vies, alors qu’un être humain n’en a qu’une. On ne vit qu’une fois. Et on ne meurt qu’une fois. Karl Marx n’est certes pas un chat, mais aucun être humain n’a été déclaré « mort » autant de fois que lui – de préférence en fanfare et roulements de tambours. Et qui, ensuite, est immanquablement ressuscité, dans tous les coins de la planète. Aujourd’hui pour la deux centième fois. Marx est mort, longue vie à Marx !

    Lors de la journée de la lutte du mouvement ouvrier, le 1er Mai donc, c’est un certain Geert Noels qui a rejoint le long cortège international des fossoyeurs qui sont passés dans l’histoire pour enterrer Marx et dont les noms sont depuis longtemps oubliés. Le gestionnaire de fortune Geert Noels a lancé quelques idées-clés en guise de message du 1er mai 2018. Il a ainsi décrété que « l’opposition entre travail et capital appartient au passé ». Schluss damit, terminé. Il n’existe pas d’opposition. Dixit le gestionnaire de fortune, par ailleurs également gestionnaire des idées des possesseurs des grosses fortunes. Et, après avoir déclaré ce conflit éliminé, le gestionnaire de fortune estime qu’il est enfin temps que nous réalisions que ce sont les entrepreneurs qui apportent « la prospérité pour tous ». Voilà, l’opposition est balayée, Marx est enterré, et le capital prend soin de nous tous.


    « Sans les travailleurs, pas de richesse ». Cette question, d’où provient aujourd’hui la richesse, est une question cruciale dans l’histoire.
    Alors que Geert Noels twittait tout cela depuis sa zone de confort, les travailleuses et travailleurs de Lidl entamaient leur sixième journée de grève. Une grève qui a tout à voir avec la thèse de Noels, et donc aussi avec celle de Marx. D’après Noels, c’est Dieter Schwarz, le grand CEO de Lidl, qui apporte la prospérité à tous. Un peu comme ce patron anglais qui, dans le beau film Le Jeune Karl Marx, lance à Karl Marx : « Sans moi, pas de profit, et pas d’entreprise ». Ce à quoi Marx rétorque judicieusement : « Sans les travailleurs, pas de richesse ». Cette question, d’où provient aujourd’hui la richesse, est une question cruciale dans l’histoire.

    La richesse provient du travail. Marx montre comment le travail apporte de la plus-value, et par quels mécanismes un petit groupe s’approprie cette plus-value. Aux dépens de la collectivité. C’est évidemment on ne peut plus actuel. Dieter Schwarz n’a pas amassé sa fortune de 37 milliards d’euros par son propre travail. Mais bien par le travail de plus de 300 000 travailleuses et travailleurs de Lidl dans 25 pays. C’est par leur labeur que la famille Schwarz est devenue toujours plus riche. Sa fortune est passée de 10 milliards d’euros en 2010 à 37 milliards d’euros aujourd’hui. 27 milliards d’euros supplémentaires en à peine huit années. Cela représente 85 000 euros en plus par membre du personnel, en huit ans de temps. Et ça ne se passe pas comme par magie. Tout est fait pour ça. Car entre-temps, chaque geste du personnel est chronométré. La technologie la plus moderne est mise en œuvre pour éviter le moindre « temps mort » – comprenez : le moindre moment de répit. Le temps de travail est intensifié, jusqu’à l’extrême. Jusqu’à rendre les gens à moitié fous : il faut décharger des palettes, remplir les rayons, cuire les pains, maintenir le magasin et le parking propres, être à la caisse, et avec le sourire s’il-vous-plaît. Trimer pour les uns, 27 milliards d’euros pour quelques autres. Telle est l’opposition entre travail et capital aujourd’hui, et il faut vivre seulement sur la planète Twitter pour ne pas le voir.
    Dieter Schwarz n’a pas amassé sa fortune de 37 milliards d’euros par son propre travail. Mais bien par le travail de plus de 300 000 travailleuses et travailleurs de Lidl dans 25 pays.

    Une lutte pour le temps et pour le salaire
    La lutte pour le temps et la lutte pour le salaire, c’est une lutte entre des intérêts divergents dans la société, c’est une lutte entre des classes différents, explique Marx. Ce n’est pas un point de vue idéologique, ce n’est pas une question de bonne ou de mauvaise volonté, c’est un mécanisme du capital lui-même. « Le capital usurpe le temps qu’exigent la croissance, le développement et l’entretien du corps en bonne santé. Le capital vole le temps qui devrait être employé à respirer à l’air libre et à jouir de la lumière du soleil. Le capital lésine sur le temps des repas (...), sur le temps du sommeil (...). Le capital ne s’inquiète pas de la durée de la force de travail. Ce qui l’intéresse uniquement, c’est le maximum qui peut en être dépensé dans une journée », écrit Marx dans Le Capital.

    « Le travailleur isolé succombe sans résistance possible », constatait Marx. Les travailleurs doivent s’organiser, mettre fin à la concurrence entre eux et se battre. C’est ce qui s’est passé lorsque, quelque part chez Lidl, une travailleuse a dit « non » à la pression de plus en plus forte, et que ses collègues se sont jointes à elle, et les syndicats, et tout le magasin, et ensuite les autres magasins. Les travailleuses de Lidl se sont organisées en tant que classe, et elles ont gagné leur lutte. Une lutte pour le temps. Un engagement d’un temps plein par magasin, 305 emplois supplémentaires au total. Cela coûte 9 millions d’euros à la famille Schwarz et aux autres grands actionnaires de Lidl. Neuf millions d’euros, arrachés par la lutte sociale et les nouveaux rapports de force. Marx résumait ainsi le conflit : « Le capitaliste essaie continuellement d’abaisser les salaires à leur minimum physiologique et la journée de travail à son maximum physiologique, tandis que l’ouvrier exerce constamment une pression dans le sens opposé. La chose se réduit à la question des rapports de force des combattants. »

    Cette lutte, nous la voyons aujourd’hui partout. Elle encaisse des coups, elle est écrasée, elle sombre, mais elle revient toujours, immanquablement. Toujours, comme Marx lui-même. En petit et en grand. Chez Carrefour, où les gens exigent 5 minutes de pause supplémentaires. Chez Volvo, où un ouvrier a exactement 71 secondes pour faire sa tâche avant que la voiture suivante arrive, et où les travailleurs demandent quelques secondes supplémentaires. Un peu de répit. Une lutte pour le temps.

    Séparés, les doigts de la main sont fragiles. Ensemble, ils forment un poing
    S’il y a un documentaire sur l’histoire sociale belge qu’il faut avoir vu, c’est bien Misère au Borinage d’ #Henri_Storck et #Joris_Ivens. Celui-ci montre le sort des mineurs après la crise de #1929. Des mineurs extraient le meilleur charbon aux dépens de leurs santé, mais ils ne gagnent même pas assez pour acheter du bon charbon afin de chauffer leur logement. Des mineurs sont expulsés de chez eux à cause de leur participation à la grève générale de 1932. Le documentaire est muet, ce qui le rend encore plus fort. Il se termine sur un grand cortège de mineurs. Dans ce cortège, il n’y a ni drapeau ni calicot, seulement un grand cadre, une peinture : un portrait de Karl Marx. Il symbolise la force du mouvement ouvrier, et la lutte pour une société sans exploitation de l’homme par l’homme.

    Depuis, la situation a changé, direz-vous. Bien sûr. Mais avant tout parce que le mouvement ouvrier s’est organisé, parce qu’il a conscientisé et lutté et qu’il a construit des rapports de force. Le droit de s’organiser, le droit de grève, le droit de vote, les congés payés, la journée des huit heures et la semaine de quarante heures, la sécurité sociale… Rien n’a été obtenu gratuitement. Tout a été arraché d’en bas, dans des conflits souvent très durs. Et, dans le capitalisme, ces acquis sociaux et démocratiques sont en permanence mis sous pression. Les crises de 1973 et de 2008 ont été utilisées par le capital pour lancer une contre-offensive mondiale. Geler les salaires, flexibiliser le travail, contraindre les chômeurs à accepter n’importe quel travail à n’importe quel salaire, faire travailler les gens de plus en plus longtemps. On peut ainsi encore augmenter la pression sur les conditions de salaire et de travail. Cela aussi, Marx l’avait déjà expliqué.

    « Marx est mort, les oppositions de classe n’existent plus, le capital prend soin de nous tous », écrivent les hérauts du libre-marché. Entre-temps, ils ne savent plus quoi faire des gains phénoménaux engrangés par les toutes grosses entreprises et ils planquent vingt-cinq mille milliards d’euros dans les #paradis_fiscaux. Le capitalisme prend soin de nous tous ? Rien que ces constructions fiscales coûtent chaque année aux trésors publics des États européens 1.000 milliards d’euros en rentrées fiscales, un montant qui est ensuite économisé dans les transports publics, dans l’enseignement, dans le secteur public des soins de santé ou dans la recherche publique.

    Ryanair, Deliveroo, Lidl... La leçon est et reste celle de Marx : c’est seulement en s’organisant que la concurrence au sein de la classe des travailleurs peut être arrêtée. 

     « Il n’existe plus d’opposition entre travail et capital », clament ces hérauts de la classe dominante. Mais, comme ils ne sont pas très sûrs de leur affaire, ils veulent s’assurer que la classe des travailleurs ne puisse pas s’organiser dans des organisations de lutte. D’où la multiplication des attaques sur les droits syndicaux et sur le droit de grève. Si on peut briser la colonne vertébrale de la classe ouvrière, on a alors le champ entièrement libre. Bien évidemment que c’est actuel. Cela se joue sous notre nez. Chez #Ryanair où le personnel se bat pour arracher ses droits syndicaux à des capitalistes comme Michael O’Leary. Chez #Deliveroo où les jeunes découvrent leur force collective et s’organisent. Chez #Lidl, bien sûr. Et la leçon est et reste celle de Marx : c’est seulement en s’organisant que la concurrence au sein de la classe des travailleurs peut être arrêtée. Séparés, les doigts de la main sont fragiles. Ensemble, ils forment un poing.

    Internationalisme
    « Un spectre hante l’Europe, le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une #Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le pape et le tsar, Metternich et Guizot, les radicaux de France et les policiers d’Allemagne », écrivent Karl Marx et Friedrich Engels au numéro 50 de la rue Jean d’Ardenne à Ixelles. Ce sont les mots d’ouverture du Manifeste du Parti communiste.

    Le spectre du communisme rôdait à Bruxelles. Le parcours de Marx est étroitement lié à Bruxelles. De Cologne à Paris, de Paris à #Bruxelles, où il était le bienvenu à la condition de ne rien publier de politique. Ce qui n’a pas été le cas. À Bruxelles, Marx fonde la première Ligue des communistes, et, avec Friedrich Engels, il écrit Le Manifeste du Parti communiste. Quand, en février 1848, la révolution éclate en France, le gouvernement belge en a des sueurs froides et décide d’expulser Marx.

    Marx a été arrêté à cause de sa phrase « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ». Cette anecdote en dit long. Marx et Engels étaient des internationalistes.

    Un jour avant l’expulsion, la police bruxelloise débarque au deuxième étage de la pension « Bois sauvage », à la place Sainte-Gudule, où loge la famille Marx. Karl Marx veut montrer l’exploit d’huissier lui enjoignant de quitter notre pays le lendemain. Mais, distrait, il se trompe de document et montre le tract de la Ligue communiste sur lequel figure en grand : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ». Suite à quoi il est arrêté et emmené à l’Amigo, le cachot derrière l’hôtel de ville de Bruxelles.

    L’union des travailleurs et l’apport d’une perspective socialiste, c’en était trop pour le royaume belge #ultralibéral de l’époque, au capitalisme tout neuf. La liberté d’expression, c’était très bien, mais il ne fallait pas d’idées révolutionnaires dans notre pays. Au Parlement, le Premier ministre libéral Charles Rogier – non, pas Charles Michel – a justifié ainsi l’expulsion de Marx : « Tout étranger qui mène en Belgique une vie paisible, une vie tranquille, qui rend hommage à nos institutions libérales et les respecte, ceux qui ne cherchent pas par leur conduite à semer le trouble et l’émeute, ceux-là continueront à vivre libres et tranquilles comme les Belges eux-mêmes. Mais les étrangers qui viendraient susciter des désordres, des émeutes, qui voudraient entraîner le pays au-delà des limites que le pays s’est lui-même tracées, ces étrangers, nous continuerons à agir à leur égard avec sévérité. Qu’ils aillent dans leur pays chercher le triomphe de leurs théories. ».

    L’expulsion de Marx de Bruxelles a certes débouché sur une bonne chose. C’est suite à cela qu’il a abouti dans le centre du capitalisme mondial à l’époque, Londres. Et c’est là qu’il a écrit Le Capital. Marx a été arrêté à cause de sa phrase « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ». Cette anecdote en dit long. Marx et #Engels étaient des internationalistes. Marx a décrit la manière dont l’extermination et l’oppression de la population autochtone en Amérique latine, le pillage des Indes, la transformation de l’Afrique en territoire de commerce de la population noire ont constitué l’aube de la production mondiale capitaliste. Leur perspective était internationale, et leur réponse était également internationale. Ils se sont consacrés sans relâche à donner forme à un mouvement international des travailleurs et à offrir une perspective de lutte socialiste, avec toutes les langues, lettres, discussions, luttes, débats et voyages que cela nécessitait. Pour forger une classe internationale, qui a conscience d’elle-même et qui se lève contre le capital international organisé. Cent quarante ans plus tard, nous avons besoin de davantage de cette sorte d’internationalisme, et non pas moins.

    Un changement de paradigme vers une société sans exploitation
    Quand Copernic, Kepler, Galilée ont affirmé que la Terre et d’autres planètes tournaient autour du soleil, et donc, que tout ne tournait pas autour de la Terre, ils ont été traités de fous et d’hérétiques. Ils ont produit une révolution dans la pensée, mais leur époque n’était pas mûre pour celle-ci. Ce n’est qu’après plusieurs générations que l’on a admis qu’ils avaient raison. C’est ainsi que la vision qu’avaient les gens à propos de la Terre et de l’univers a été bouleversée. Quand le cadre de pensée dominant est fortement modifié, on parle d’un changement de paradigme. Une rupture avec le cadre de pensée dominant s’opère toujours sur plusieurs générations. 

    Il n’en va pas autrement pour Karl Marx et Friedrich Engels. Ils ont créé un changement de paradigme dans la pensée de l’histoire humaine. Ils ont apporté une réponse à la question sur la manière dont, au cours de l’histoire, on passe d’une forme de société à une autre forme de société. Ils ont observé que les hommes se sont toujours organisés autour de la production : pour vivre, pour manger, pour se loger et pour se développer, les êtres humains devaient produire. Ils ont montré comment le développement de la technique et de la science, de la connaissance de la production et des compétences est une force motrice dans l’histoire humaine. Et ils ont aussi découvert cet autre moteur de la roue de l’histoire humaine : l’action de hommes, les interactions sociales entre les gens et la lutte sociale entre les différents intérêts et classes dans la société.

    Le changement arrive par l’action. « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter diversement le monde ; il s’agit maintenant de le transformer », a écrit Marx sur un papier à Bruxelles. Marx et Engels étaient des révolutionnaires. Ils ont placé leur vie sous le signe de l’émancipation de la classe ouvrière et de la lutte pour une société sans exploitation de l’homme par l’homme.

    La société n’est pas faite par des lois de la nature, elle est faite par des êtres humains. 

    Marx et Engels le savaient : la société n’est pas faite par des lois de la nature, elle est faite par des êtres humains. Et elle peut donc aussi être changée par des êtres humains. Les pharaons en Égypte, les aristocrates athéniens, les empereurs chinois, les nobles du Moyen Âge étaient tous persuadés que leur règne serait éternel et qu’il n’y avait pas d’autre société possible. Jusqu’à ce que leur modèle soit menacé : par de nouveaux développements scientifiques et techniques, par de nouvelles possibilités de production et par des nouvelles conceptions. Jusqu’à ce que les tensions sociales deviennent si fortes que la forme de la société doive changer.

    Une nouvelle forme de #société n’arrive pas de manière soudaine. Le capitalisme aussi a eu besoin d’une très longue période pour s’installer. Il y a eu les premières tentatives dans la Gênes et la Venise de la seconde moitié du quatorzième siècle. Il y a eu le développement de relations capitalistes dans la Hollande et l’Angleterre du seizième siècle. Ce n’est qu’après tout un processus de conflits et de compromis avec le féodalisme usé que le capitalisme a pu réellement s’imposer comme système politique, au dix-neuvième siècle. Le capitalisme n’a pas réussi dès ses premières tentatives. Il faudrait donc être étroit d’esprit pour rejeter le socialisme parce qu’il n’a pas réussi lors de ses premières tentatives de construction. C’est un long processus historique, avec des hauts et des bas. Avec de belles réalisations, mais aussi avec de graves erreurs.

    Le changement de paradigme que Copernic, Darwin et Marx ont opéré, chacun sur leur terrain, ne signifie bien sûr pas que plus rien n’a changé depuis. La science évolue continuellement et de nouvelles perspectives apparaissent. Il n’empêche que le changement de paradigme de Marx et Engels reste aujourd’hui inspirant.
    Face à la #pensée_unique étouffante qui domine aujourd’hui la société, nous avons besoin d’un autre horizon. La crise du climat, la volonté de plus en plus grande de mener des guerres, les gens qui fuient leur pays, les tendances croissantes de l’autoritarisme et de la militarisation de la société, les paradis fiscaux et le caractère parasitaire du capital, tout cela demande une réponse globale. Il ne s’agit pas d’un détail ici et là. Il s’agit de l’avenir de l’humanité et de la planète. Nous avons à nouveau besoin d’un changement de paradigme pour y apporter une réponse. Et une autre société, non pas comme une utopie ou un beau rêve romantique, mais comme une réponse nécessaire aux défis d’aujourd’hui. Plus grandes seront les ruines du capitalisme, plus ceux qui défendent les intérêts de celui-ci affirmeront haut et fort que Marx est mort, que le capital va prendre soin de nous tous, et qu’il n’y a pas d’alternative possible. En même temps, de nouvelles générations de jeunes continueront à rechercher une perspective émancipatoire et libératrice pour l’homme et la planète et, à chaque fois, ils redécouvriront Marx. « La vérité est l’enfant du temps, pas de l’autorité », répondait Galilée à ses accusateurs dans une pièce de théâtre de Bertolt Brecht. La société ne doit pas tourner à la mesure du profit, mais à la mesure de l’humain. C’est pourquoi nous sommes marxistes. Des marxistes de notre temps et à notre manière. Marx est mort. Longue vie à Marx !

    Discours de Peter Mertens, président du PTB, prononcé lors de la soirée « Marx 200 » le 5 mai 2018 à Bruxelles.

    http://ptb.be/articles/200-ans-de-karl-marx-un-changement-de-paradigme-vers-une-societe-sans-exploitati
     #marx #capitalisme #histoire #travail #marxisme #philosophie #économie #karl_marx #socialisme #richesse #dieter_schwarz Peter_Mertens #PTB

  • Homo 01. Marx, Engels et « l’inverti »
    https://ddt21.noblogs.org/?page_id=828

    Une histoire dans l’Histoire, que j’ai trouvé intéressante…

    Début 21e siècle, si le lecteur ne comprend pas grand-chose à cette correspondance, il en ressort choqué. Nous aussi. Mais l’intelligence théorique ne consiste pas à dénoncer les préjugés autrefois monnaie courante, plutôt à repérer ceux qui règnent à notre époque. Notre but n’est pas de juger, seulement de comprendre le présent en faisant un détour par le passé.

    #Marx #Engels #socialisme #homosexualité #Histoire

  • Engels à Montréal
    http://www.contretemps.eu/engels-montreal

    Au tournant du dix-neuvième siècle, les socialistes européens vivent une grande transition. L’autodissolution de l’Association internationale des travailleurs (AIT) et surtout, la défaite de la Commune, mettent temporairement fin à l’utopie d’une grande révolution qui devait ouvrir le chemin vers le socialisme. Mais en dépit du vent de répression, des mouvements socialistes progressent. Ils gagnent des sièges au parlement et dans les municipalités. Ils se rallient une importante fraction des intellectuels. Des syndicats arrachent le droit d’exister. Des pourparlers ont lieu pour reconstituer une plateforme internationale (la future Internationale socialiste, dite Deuxième Internationale).

    #Engels #Diaporama #Histoire #Stratégie #canada #colonialisme #Deuxième_Internationale #émancipation #marxisme #prolétariat #Québec #socialisme

    • Considérer que l’avenir de l’Inde, de l’Algérie, du Mexique ou du Québec, devait passer par l’assimilation à ce qui était considéré comme les pays du capitalisme « avancé » était en fin de compte une grave erreur théorique et politique, que le mouvement socialiste, de son avènement à plusieurs décennies plus tard, a malheureusement intériorisé. La conséquence est que des socialistes ont fini par appuyer les ignobles aventures coloniales et impérialistes des États capitalistes « avancés ».

      Il est plutôt consternant de constater que ce colonialisme de « gauche » continue de sévir aujourd’hui dans les pays capitalistes, selon la logique tordue qu’il est nécessaire de « civiliser » les barbares, comme le dispositif du pouvoir capitaliste et impérialiste prétend le faire en Afghanistan, en Irak, en Palestine et ailleurs. Cette opération de camouflage est souvent soutenue par des gauches enlisées dans l’idée inavouable d’un « modèle occidental », qui n’a, en réalité, d’autre but que de perpétuer le « bon vieux pillage ».

  • #Marx, #Engels et le #parti révolutionnaire
    http://revueperiode.net/marx-engels-et-le-parti-revolutionnaire

    Dans les récits canoniques, il y a deux lectures essentielles de la pensée de Marx sur le parti, toutes deux insuffisantes. L’une, héritée des traditions léninistes, fait de Marx et Engels les précurseurs de la social-démocratie allemande et russe, puis du bolchevisme. L’autre fait de Marx un penseur presque libertaire. Dans cet article de 1978, Étienne Balibar proposait une déconstruction minutieuse, une lecture symptomale de la pensée marxienne du parti. Entre le parti comme conscience et le parti comme appareil, se lisent des points d’incompatibilité, des points aveugles, mais aussi de puissantes intuitions qui méritent d’être réactivées. Au fond, il s’agit de faire travailler la contradiction féconde entre autonomie de classe et pouvoir ouvrier, entre une nouvelle intellectualité de masse et son (...)

    #Uncategorized

  • L’histoire et les éléments à charge après étude de milliers de documents extraits de Syrie et actuellement aux mains de Chris Engels et de la Commission for International Justice and Accountability prouvant l’implication de Assad et son régime dans la torture et le meurtre de milliers d’opposants et citoyens Syriens

    The Assad Files - The New Yorker
    http://www.newyorker.com/magazine/2016/04/18/bashar-al-assads-war-crimes-exposed

    The Assad Files
    Capturing the top-secret documents that tie the Syrian regime to mass torture and killings.

    #Assad #Syrie
    #Tortures
    #Engels

  • Tendance Karl. Autour d’une tentative romanesque de #Marx
    http://revueperiode.net/tendance-karl-autour-dune-tentative-romanesque-de-marx

    Karl Marx a tenté, dans sa jeunesse, d’écrire un #roman, intitulé Scorpion et Félix. Il est notoire que les tentatives littéraires de Marx étaient plutôt médiocres, mais ce morceau de roman est révélateur d’une tendance rarement évoquée chez l’auteur du Capital. De sa jeunesse à sa maturité, Marx a été fasciné par la référentialité littéraire, dont il a abreuvé ses œuvres théoriques. Proche du poète et chroniqueur de la gauche hégélienne Heinrich #Heine, et bien qu’admirateur de Balzac, Marx est à mille lieues de cette passion exclusive pour le « réalisme » romanesque qu’on a voulu lui prêter. Dans cette introduction à Scorpion et Félix (inédit jusqu’en 1929), Gabriele Pedullà nous fait découvrir un Marx « qui – disons-le clairement – parmi les communistes [des années 1930] n’aurait pu plaire qu’à André Breton et aux (...)

    #Uncategorized #Diderot #Engels #Eschylle #Goethe #Jean_Paul #Kundera #littérature #Shakespeare #Sterne

  • Marx et Engels poètes romantiques
    https://bataillesocialiste.wordpress.com/2014/12/30/marx-et-engels-poetes-romantiques

    « Il connaissait par cœur Henri Heine et Goethe qu’il citait souvent dans sa conversation », écrivait Paul Lafargue quelques années après la mort de son beau-père. « Marx possédait une imagination poétique incomparable ; ses premières œuvres furent des poésies. Mme Marx gardait soigneusement les œuvres de jeunesse de son mari, mais ne les montrait à personne. » Dans ses premières années d’étudiant, autour de ses dix-huit ans, Karl Marx se consacra en effet avec énergie à l’écriture de ces poèmes ; au même âge, Friedrich Engels, de deux ans son cadet, en avait déjà publié plusieurs et si sa production fut à l’époque moins abondante, elle n’était certainement inférieure ni en contenu, ni en style, à celle de son aîné.

    #poésie

  • Révolution allemande : pourquoi ont-ils tué Rosa Luxemburg ?

    http://www.youtube.com/watch?v=_BzVMwwHcIc

    http://ragemag.fr/revolution-allemande-pourquoi-ont-ils-tue-rosa-luxemburg-52700 Par Max Leroy

    Berlin, 15 janvier 1919.
    #Rosa_Luxemburg se repose dans sa chambre. Quartier cossu de Wilmersdorf. Voilà quelques jours qu’elle vit clandestinement dans cet immeuble. Des affiches, collées aux murs de la cité, exigent sa mise mort. Il est un peu plus de vingt-et-une heures lorsqu’elle entend des soldats. Combien sont-ils ? Qui a bien pu la dénoncer ? Elle ramasse quelques livres – dont Faust, de #Goethe. Les #militaires font irruption dans la pièce ; elle est debout, sa valise prête. La nuit porte du noir et Luxemburg boite. Elle a toujours boité – trace de tous ces mois qu’elle passa, plâtrée et alitée, lorsqu’elle n’était qu’enfant ? Peut-être. À moins que ce ne soit cette jambe, fichu tas de viande et d’os, la droite ou la gauche, celle qui fut toujours et résolument plus courte que l’autre ?… Ils l’installent dans une voiture puis roulent en direction de l’hôtel Eden. #Karl_Liebknecht, camarade et fondateur, à ses côtés, de la Ligue #Spartakiste, s’y trouve déjà. On la couvre d’injures. Imagine-t-elle que bientôt tout s’achèvera ? « L’ordre règne à #Berlin », pouvait-on lire, la veille, dans l’article qu’elle avait écrit pour le journal Die Rote Fahne. Ses mots tenaient solidement sur leurs pieds. Ses mots n’avaient pas l’œil flottant. Ses mots ne claquaient pas des dents.

    (…)

    Le « #luxemburgisme », courant auquel elle donna naissance de son vivant (sans être toutefois à l’initiative d’une telle dénomination), affiche des contours doctrinaux relativement souples, à en juger par ceux qui s’en réclament – la condamnation que #Staline en fera lui assurera la sympathie de certains #trotskystes et ses prises de position contre l’#autoritarisme léniniste séduiront certains #libertaires. Un noyau dur apparaît néanmoins : le rejet du #militarisme, de l’#impérialisme et du #capitalisme ; la défense du #socialisme internationaliste ; la confiance dans les masses ; l’ambition d’une démocratie ouvrière et d’une administration par Conseils ; la lutte contre le centralisme rigide du #marxisme-léninisme. Le professeur américain William A. Pelz, auteur de l’ouvrage Karl Marx, A World to Win, isolera pour sa part cinq éléments : « 1) confiance constante dans la démocratie ; 2) complète confiance au peuple (les masses) ; 3) dévouement à l’internationalisme dans la théorie et dans les actes ; 4) engagement pour un parti révolutionnaire démocratique ; 5) pratique inébranlable de l’humanisme. »

    Est-ce trahir l’œuvre de #Marx et d’#Engels que de s’en inspirer sans s’incliner ? Non point. Du moins, pas dans l’esprit de Luxemburg. Elle nota ainsi dans son texte « Arrêts et progrès du marxisme » (1903) : « C’est seulement dans le domaine économique qu’il peut être plus ou moins question chez Marx d’une construction parfaitement achevée. Pour ce qui est, au contraire, de la partie de ses écrits qui présente la plus haute valeur, la conception #matérialiste, dialectique de l’histoire, elle reste qu’une méthode d’enquête, un couple d’idées directrices générales, qui permettent d’apercevoir un monde nouveau, qui ouvrent aux initiatives individuelles des perspectives infinies, qui offrent à l’esprit des ailes pour les incursions les plus audacieuses dans des domaines inexplorés. [...] On laisse rouiller cette arme merveilleuse. » Si Rosa Luxemburg a toujours clamé son affiliation au #socialisme_scientifique, elle entendait enduire d’huile les théories marxistes pour qu’elles puissent faire tourner le monde à venir. La fidélité ? Un pas de côté pour mieux revenir au centre.

    (…)

    Le communiste libertaire #Daniel_Guérin s’intéressera à Luxemburg au point de lui consacrer un essai, en 1971 : Rosa Luxemburg et la spontanéité révolutionnaire. Un chapitre, dédié aux liens entre l’anarchisme et la révolutionnaire allemande, reviendra sur les coups portés par cette dernière : l’anarchisme ne serait que « maladie infantile » et « chimères ». Son article « Grève de masse, parti et syndicat », rédigé en 1906, avait même des allures de procès : « L’#anarchisme dans la #révolution_russe n’est pas la théorie du #prolétariat militant mais l’enseigne idéologique du #Lumpenproletariat #contre-révolutionnaire grondant comme une bande de requins dans le sillage du navire de guerre de la révolution. » Une position qui n’empêchera pas Guérin, après avoir rappelé les contradictions et les manquements inhérents à son œuvre, de rallier Luxemburg sous l’étendard du socialisme #anti-autoritaire : preuve en est, notamment, des critiques qu’elle formula à l’encontre de #Lénine. Il saluera également son attachement à « l’auto-activité des masses » (une position qu’aucun marxiste, estimera-t-il, n’avait à ce point tenue avant elle). Et Guérin de conclure : la pensée de Luxemburg est féconde à condition d’y plonger muni d’un tamis. Ni hosanna ni mise au ban, ni dédain ni dithyrambe : lire la marxiste allemande l’œil sec et lucide pour prélever l’or qu’elle charrie, ici ou là.

    #Communisme #Spartakisme #Allemagne #Histoire #Révoltion #Féminisme #Marxisme #Vidéo #Livre

  • Ceci est un commentaire à propos de http://seenthis.net/messages/67474 de Mass Mardaspan

    L’histoire de l’écriture et de la publication de Value, Price and Profit témoignent autant de sa qualité internationaliste et européenne que son contenu :

    Vortrag, gehalten auf den Sitzungen des Generalrats der I. Internationale am 20. und 27. Juni 1865. Geschrieben Ende Mai bis 27. Juni 1865. Erstmals veröffentlicht von Marx’ Tochter Eleanor unter dem Titel „Value, price and profit“ mit einem Vorwort von Edward Aveling. Nach dem Manuskript des Vortrags. Aus dem Englischen.

    http://www.mlwerke.de/me/me16/me16_101.htm

    My small part in the preparation of this work has been reading the manuscript, making a few suggestions as to English forms of expression, dividing the work up into chapters and naming the chapters, and revising the proofs for press. All the rest, and by far the most important part, of the work has been done by her whose name appears on the title page. The present volume has already been translated into German.

    http://www.marxists.org/archive/marx/works/1865/value-price-profit/preface.htm

    Karl Marx s’était exilé en Angleterre à cause de la persécution dans son pays natal, qui souffrait sous les régimes autoritaires d’une cinquantaine de petits souverains locaux. Alors cette introduction dans l’analyse de l’économie capitaliste était à l’origine un discours en anglais. C’est seulement après la mort de Marx que Value, Price and Profit fut publié et traduit en d’autres langes dont le français et l’allemand.

    Chez Karl Marx le travail scientifique, son action pédagogique et ses interventions politiques étaient toujours destinés à avoir un impact direct sur le monde. Ainsi son disours devenu célèbre sous le titre Salaire, prix et profit était destiné à convaincre le sécretariat général de la I. Internationale d’adopter la position suivante :

    Firstly. A general rise in the rate of wages would result in a fall of the general rate of profit, but, broadly speaking, not affect the prices of commodities.

    Secondly. The general tendency of capitalist production is not to raise, but to sink the average standard of wages.

    Thirdly. Trades Unions work well as centers of resistance against the encroachments of capital. They fail partially from an injudicious use of their power. They fail generally from limiting themselves to a guerilla war against the effects of the existing system, instead of simultaneously trying to change it, instead of using their organized forces as a lever for the final emancipation of the working class that is to say the ultimate abolition of the wages system.

    http://www.marxists.org/archive/marx/works/1865/value-price-profit/ch03.htm#c14

    J’ai trouvé cette version française du texte : http://marxists.org/francais/marx/works/1865/06/km18650626.htm
    Sous cette adresse on trouve une version commentée de textes de Marx sur le même sujet : http://acjj.be/IMG/pdf/MAM_fascicule9.pdf
    #Marx #Engels #europe #socialisme

    • Très beau texte en effet, mais se méfier de la vision « historiciste » dont il témoigne, et de façon plus générale de ces textes de circonstance, militants, à la vision de l’histoire un peu trop déterministe et nécessaire : du capitalisme et de lui seul naîtra nécessairement le communisme, en gros.

      Le Capital, c’est 1867.

      Et dans les 10 dernières années de sa vie (il meurt en 1883), Marx lit beaucoup de choses sur les sociétés non occidentales, et découvrent dans des formes pré-capitalistes d’autres routes possibles vers un communisme au demeurant indéterminé dans ses formes politiques. Cf. à ce sujet le bouquin récemment paru de Dardot et Laval
      http://sophiapol.hypotheses.org/7512
      http://www.gallimard.fr/media/couv_mini/A12264.jpg

    • L’intérêt de « Lohn, Preis und Profit » ne consiste pas dans la déscription de voies vers le socialisme/communisme mais dans sa déscription concise des mécanismes économiques. Pour en résumer l’idée centrale (je ne suis pas économiste, qu’on m’explique mieux si je me trompe) on pourrait dire que c’est uniquement le travail humain qui est source de valeur.

      Il paraît qu’il y a d’autres définitions de la valeur qui font intervenir des éléments allant jusqu’à la force de dieu. Toute réflexion économique et politique sérieuse est forcément le résultat de ses vérités de base, et je ne connais pas d’autre texte fondamental de Marx et Engels qui soit aussi bref et simple à comprendre.

      C’est un texte qu’il faudrait donner à lire à chaque élève de troisième pour l’initier à une pensée précise sur l’économie.

    • Oui, mais on ne s’en préoccupe plus, les prophéties marxistes ou autres ont toutes fait leur peuves - négatives - et comme dirait l’autre d’abord comme tragédie, comme farce à répétition par la suite.