« Le dispositif de récupération des biodéchets est un miroir aux alouettes », Sabine Barles, urbaniste
Jusqu’au tournant du XXe siècle, le mot « déchet » n’est pas employé pour désigner les matières organiques, tout simplement parce que ces résidus – épluchures, os, excréments… – sont considérés comme très utiles, notamment pour l’agriculture, où ils servent d’engrais. On les appelle boues, ordures (du latin horridus, qui veut dire « horrible »), ou immondices (du latin immunditia, « saleté »), ce qui n’empêche pas de les valoriser.
Le mot déchet (qui vient du verbe choir) désigne, au contraire, ce qu’on n’utilise pas dans la fabrication ou la transformation d’un objet, comme les chutes de tissu lors de la confection d’un vêtement.
[...]
Depuis le 1er janvier, les collectivités doivent organiser le tri à la source des déchets organiques. Cette mesure marque-t-elle une étape dans ce nouveau récit ?
A première vue, récupérer les matières organiques semble être une mesure positive. Mais au-delà même des difficultés de faisabilité, le dispositif est un miroir aux alouettes, une façon de nous laisser croire qu’on agit sans aborder les problèmes de fond. Pour que cette collecte soit vraiment utile, il ne suffit pas de déposer un bac et d’organiser une tournée supplémentaire. Il faut un objectif.
Les #villes concentrent un gisement d’#engrais qui, si on le mobilise, peut contribuer à la nécessaire transformation de l’#agriculture et à la sortie des engrais industriels, à la fois à l’échelle locale pour développer l’agriculture urbaine, mais aussi plus largement à l’échelle régionale. Car il n’existe pas de ville autarcique, c’est une illusion. Chacune entretient des liens avec des territoires qui l’approvisionnent et qu’elle peut approvisionner. Et il est logique et nécessaire que les villes rendent à la #campagne ce qu’elles lui prennent, comme elles l’ont fait jusqu’au début du XXe siècle.
Malheureusement, la question de cette complémentarité entre la ville et la campagne n’est pas abordée aujourd’hui. Pourtant, l’agriculture n’est jamais très loin de la ville. L’objectif n’est pas que le compost fasse des milliers de kilomètres, mais il peut en parcourir dix à vingt.
Pour une région comme l’Ile-de-France et le bassin de la Seine, où plus de 40 % de l’espace est agricole, la récupération des fertilisants urbains permettrait, avec la généralisation d’un système de #polyculture et d’élevage biologique, de sortir des engrais industriels. On sait que cela fonctionne, mais ce n’est pas à l’agenda politique.
Quels sont les principaux freins à de tels changements ?
La valorisation agricole des #biodéchets se heurte à plusieurs obstacles : la production d’#énergie continue d’avoir la faveur de nombreuses collectivités, qui sont aussi souvent dépendantes des filières existantes. Ces filières nécessitent des équipements lourds – la massification entraînant des économies d’échelle – qui doivent être nourris en permanence. C’est le cas de l’#incinération, qui s’est considérablement développée depuis les années 1970 et permet la production de chaleur. Les villes équipées n’ont aucun intérêt à priver leurs incinérateurs de #déchets.
Dans d’autres cas, la #méthanisation, qui consiste à dégrader les matières organiques par l’action de bactéries pour produire du biogaz, vient directement concurrencer le compostage des biodéchets. Or, ce procédé ne produit qu’une quantité limitée d’énergie et conduit à la perte d’une matière organique qui serait bien plus utile à l’agriculture. La priorité de l’utilisation agricole par rapport à la valorisation énergétique est pourtant inscrite depuis 2008 dans la hiérarchie officielle des traitements des déchets.
Que faudrait-il faire pour aller plus loin ?
Outre la mise en place d’une filière structurée de valorisation agricole, le plus urgent est aujourd’hui de diminuer les quantités de biodéchets. De 20 % à 30 % des produits alimentaires sont perdus à différents niveaux de la chaîne : une partie non négligeable du gaspillage intervient dans la sphère domestique et les services de restauration collective, mais beaucoup de pertes ont lieu plus en amont. Il serait nécessaire d’engager une réflexion sur l’ensemble du système #agri-alimentaire, ce qui n’est pas du ressort des collectivités qui gèrent les déchets.
Le #recyclage, présenté comme l’alpha et l’oméga de la croissance verte, est une mauvaise réponse s’il est pensé en bout de chaîne, comme c’est le cas aujourd’hui. Une vraie stratégie de sobriété énergétique et matérielle suppose des implications économiques et politiques autrement importantes et une transformation profonde de la société. On en est encore loin.
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/04/sabine-barles-urbaniste-le-dispositif-de-recuperation-des-biodechets-est-un-
]]>#Productivisme et destruction de l’#environnement : #FNSEA et #gouvernement marchent sur la tête
Répondre à la #détresse des #agriculteurs et agricultrices est compatible avec le respect de l’environnement et de la #santé_publique, expliquent, dans cette tribune à « l’Obs », les Scientifiques en rébellion, à condition de rejeter les mesures productivistes et rétrogrades du duo FNSEA-gouvernement.
La #crise de l’agriculture brasse croyances, savoirs, opinions, émotions. Elle ne peut laisser quiconque insensible tant elle renvoie à l’un de nos #besoins_fondamentaux – se nourrir – et témoigne du #désarroi profond d’une partie de nos concitoyen·nes qui travaillent pour satisfaire ce besoin. Reconnaître la #souffrance et le désarroi du #monde_agricole n’empêche pas d’examiner les faits et de tenter de démêler les #responsabilités dans la situation actuelle. Une partie de son #traitement_médiatique tend à faire croire que les agriculteurs et agricultrices parleraient d’une seule voix, celle du président agro-businessman de la FNSEA #Arnaud_Rousseau. Ce directeur de multinationale, administrateur de holding, partage-t-il vraiment la vie de celles et ceux qui ne parviennent plus à gagner la leur par le travail de la terre ? Est-ce que les agriculteur·ices formeraient un corps uniforme, qui valoriserait le productivisme au mépris des #enjeux_environnementaux qu’ils et elles ne comprendraient soi-disant pas ? Tout cela est difficile à croire.
Ce que la science documente et analyse invariablement, en complément des savoirs et des observations de nombre d’agriculteur·ices, c’est que le #modèle_agricole industriel et productiviste conduit à une #catastrophe sociale et environnementale. Que ce modèle concurrence dangereusement les #alternatives écologiquement et socialement viables. Que cette agriculture ne s’adaptera pas indéfiniment à un environnement profondément dégradé. Qu’elle ne s’adaptera pas à un #réchauffement_climatique de +4 °C pour la France et une ressource en #eau fortement diminuée, pas plus qu’à une disparition des #insectes_pollinisateurs.
Actuellement, comme le rappelle le Haut Conseil pour le Climat (HCC), l’agriculture représente le deuxième secteur d’émissions de #gaz_à_effet_de_serre, avec 18 % du total français, derrière les transports. La moitié de ces émissions agricoles (en équivalent CO2) provient de l’#élevage_bovin à cause du #méthane produit par leur digestion, 14 % des #engrais_minéraux qui libèrent du #protoxyde_d’azote et 13 % de l’ensemble des #moteurs, #engins et #chaudières_agricoles. Le HCC rappelle aussi que la France s’est engagée lors de la COP26 à baisser de 30 % ses émissions de méthane d’ici à 2030, pour limiter le réchauffement climatique. L’agriculture, bien que répondant à un besoin fondamental, doit aussi revoir son modèle dominant pour répondre aux enjeux climatiques. De ce point de vue, ce qu’indique la science, c’est que, si l’on souhaite faire notre part dans le respect de l’accord de Paris, la consommation de #viande et de #produits_laitiers doit diminuer en France. Mais la solidarité avec nos agriculteur.ices ainsi que l’objectif légitime de souveraineté et #résilience_alimentaire nous indiquent que ce sont les importations et les élevages intensifs de ruminants qui devraient diminuer en premier.
Côté #biodiversité, la littérature scientifique montre que l’usage des #pesticides est la deuxième cause de l’effondrement des populations d’#insectes, qui atteint 80 % dans certaines régions françaises. Les #oiseaux sont en déclin global de 25 % en quarante ans, mais ce chiffre bondit à 60 % en milieux agricoles intensifs : le printemps est devenu particulièrement silencieux dans certains champs…
D’autres voies sont possibles
Le paradoxe est que ces bouleversements environnementaux menacent particulièrement les agriculteur·ices, pour au moins trois raisons bien identifiées. Tout d’abord environnementale, à cause du manque d’eau, de la dégradation des sols, des événements météorologiques extrêmes (incendies ou grêles), ou du déclin des insectes pollinisateurs, qui se traduisent par une baisse de production. Sanitaires, ensuite : par leur exposition aux #produits_phytosanitaires, ils et elles ont plus de risque de développer des #cancers (myélome multiple, lymphome) et des #maladies_dégénératives. Financière enfin, avec l’interminable fuite en avant du #surendettement, provoqué par la nécessité d’actualiser un équipement toujours plus performant et d’acheter des #intrants pour pallier les baisses de production engendrées par la dégradation environnementale.
Depuis des décennies, les #traités_de_libre-échange et la compétition intra-européenne ont privé la grande majorité des agriculteur·ices de leur #autonomie, dans un cercle vicieux aux répercussions sociales tragiques pouvant mener au #suicide. Si la FNSEA, les #JA, ou la #Coordination_rurale réclament une forme de #protectionnisme_agricole, d’autres de leurs revendications portent en revanche sur une baisse des #contraintes_environnementales et sanitaires qui font porter le risque de la poursuite d’un modèle délétère sur le long terme. Ce sont justement ces revendications que le gouvernement a satisfaites avec, en particulier, la « suspension » du #plan_Ecophyto, accueilli par un satisfecit de ces trois organisations syndicales rappelant immédiatement « leurs » agriculteurs à la ferme. Seule la #Confédération_paysanne refuse ce compromis construit au détriment de l’#écologie.
Pourtant, des pratiques et des modèles alternatifs existent, réduisant significativement les émissions de gaz à effet de serre et préservant la biodiversité ; ils sont déjà mis en œuvre par des agriculteur·ices qui prouvent chaque jour que d’autres voies sont possibles. Mais ces alternatives ont besoin d’une réorientation des #politiques_publiques (qui contribuent aujourd’hui pour 80 % au #revenu_agricole). Des propositions cohérentes de politiques publiques répondant à des enjeux clés (#rémunération digne des agriculteur·ices non soumis aux trusts’de la grande distribution, souveraineté alimentaire, considérations climatiques et protection de la biodiversité) existent, comme les propositions relevant de l’#agroécologie, qu’elles émanent du Haut Conseil pour le Climat, de la fédération associative Pour une autre PAC, de l’IDDRI, ou encore de la prospective INRAE de 2023 : baisse de l’#élevage_industriel et du cheptel notamment bovin avec soutien à l’#élevage_extensif à l’herbe, généralisation des pratiques agro-écologiques et biologiques basées sur la valorisation de la biodiversité (cultures associées, #agro-foresterie, restauration des #haies favorisant la maîtrise des bio-agresseurs) et arrêt des #pesticides_chimiques_de_synthèse. Ces changements de pratiques doivent être accompagnés de mesures économiques et politiques permettant d’assurer le #revenu des agriculteur·ices, leur #accès_à_la_terre et leur #formation, en cohérence avec ce que proposent des syndicats, des associations ou des réseaux (Confédération paysanne, Atelier paysan, Terre de liens, Fédérations nationale et régionales d’Agriculture biologique, Réseau salariat, …).
Nous savons donc que les politiques qui maintiennent le #modèle_agro-industriel sous perfusion ne font qu’empirer les choses et qu’une réorientation complète est nécessaire et possible pour la #survie, la #dignité, la #santé et l’#emploi des agriculteur·ices. Nombre d’enquêtes sociologiques indiquent qu’une bonne partie d’entre elles et eux le savent très bien, et que leur détresse témoigne aussi de ce #conflit_interne entre le modèle productiviste qui les emprisonne et la nécessité de préserver l’environnement.
Une #convention_citoyenne
Si le gouvernement convient que « les premières victimes du dérèglement climatique sont les agriculteurs », les mesures prises démontrent que la priorité gouvernementale est de sanctuariser le modèle agro-industriel. La remise en cause du plan Ecophyto, et la reprise en main de l’#Anses notamment, sont en totale contradiction avec l’urgence de s’attaquer à la dégradation environnementale couplée à celle des #conditions_de_vie et de travail des agriculteur·ices. Nous appelons les citoyen·nes et les agriculteur·rices à soutenir les changements de politique qui iraient réellement dans l’intérêt général, du climat, de la biodiversité. Nous rappelons que le sujet de l’agriculture et de l’#alimentation est d’une redoutable complexité, et qu’identifier les mesures les plus pertinentes devrait être réalisé collectivement et démocratiquement. Ces mesures devraient privilégier l’intérêt général et à long-terme, par exemple dans le cadre de conventions citoyennes dont les conclusions seraient réellement traduites dans la législation, a contrario a contrario de la précédente convention citoyenne pour le climat.
▻https://www.nouvelobs.com/opinions/20240203.OBS84041/tribune-productivisme-et-destruction-de-l-environnement-fnsea-et-gouverne
#tribune #scientifiques_en_rébellion #agriculture #souveraineté_alimentaire #industrie_agro-alimentaire
Céréales, légumes... Les Français surexposés au cadmium
▻https://reporterre.net/Cereales-legumes-Les-Francais-surexposes-au-cadmium
Ça continue
Or, les Français sont surexposés au #cadmium, avertit #Santé Environnement France. L’association s’appuie sur deux études de Santé publique France, la première réalisée en 2006-2007 et l’autre entre 2014 et 2016. L’agence nationale démontre qu’entre les deux, l’imprégnation moyenne au cadmium a bondi de 75 % chez les adultes français. Cette surimprégnation concerne près d’1 adulte sur 2, selon l’association. Plus inquiétant encore, 18 % des enfants dépassent les seuils définis par l’Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire nationale (Anses), notamment ceux qui mangent des céréales au petit-déjeuner.
Pour réduire les conséquences sur notre santé, le ministère de l’Agriculture a proposé fin novembre de réduire la teneur en cadmium de 60 à 40 mg par kilo dans les #engrais. Toutefois, cette baisse reste insuffisante pour les autorités sanitaires, qui recommandent pas plus de 20 mg par kilo.
]]>#José_Vieira : « La #mémoire des résistances face à l’accaparement des terres a été peu transmise »
Dans « #Territórios_ocupados », José Vieira revient sur l’#expropriation en #1941 des paysans portugais de leurs #terres_communales pour y planter des #forêts. Cet épisode explique les #mégafeux qui ravagent le pays et résonne avec les #luttes pour la défense des #biens_communs.
Né au Portugal en 1957 et arrivé enfant en France à l’âge de 7 ans, José Vieira réalise depuis plus de trente ans des documentaires qui racontent une histoire populaire de l’immigration portugaise.
Bien loin du mythe des Portugais·es qui se seraient « intégré·es » sans le moindre problème en France a contrario d’autres populations, José Vieira s’est attaché à démontrer comment l’#immigration_portugaise a été un #exode violent – voir notamment La Photo déchirée (2001) ou Souvenirs d’un futur radieux (2014) –, synonyme d’un impossible retour.
Dans son nouveau documentaire, Territórios ocupados, diffusé sur Mediapart, José Vieira a posé sa caméra dans les #montagnes du #Caramulo, au centre du #Portugal, afin de déterrer une histoire oubliée de la #mémoire_collective rurale du pays. Celle de l’expropriation en 1941, par l’État salazariste, de milliers de paysans et de paysannes de leurs terres communales – #baldios en portugais.
Cette #violence étatique a été opérée au nom d’un vaste #projet_industriel : planter des forêts pour développer économiquement ces #territoires_ruraux et, par le même geste, « civiliser » les villageois et villageoises des #montagnes, encore rétifs au #salariat et à l’ordre social réactionnaire de #Salazar. Un épisode qui résonne aujourd’hui avec les politiques libérales des États qui aident les intérêts privés à accaparer les biens communs.
Mediapart : Comment avez-vous découvert cette histoire oubliée de l’expropriation des terres communales ou « baldios » au Portugal ?
José Vieira : Complètement par hasard. J’étais en train de filmer Le pain que le diable a pétri (2012, Zeugma Films) sur les habitants des montagnes au Portugal qui sont partis après-guerre travailler dans les usines à Lisbonne.
Je demandais à un vieux qui est resté au village, António, quelle était la définition d’un baldio – on voit cet extrait dans le documentaire, où il parle d’un lieu où tout le monde peut aller pour récolter du bois, faire pâturer ses bêtes, etc. Puis il me sort soudain : « Sauf que l’État a occupé tous les baldios, c’était juste avant que je parte au service militaire. »
J’étais estomaqué, je voulais en savoir plus mais impossible, car dans la foulée, il m’a envoyé baladé en râlant : « De toute façon, je ne te supporte pas aujourd’hui. »
Qu’avez-vous fait alors ?
J’ai commencé à fouiller sur Internet et j’ai eu la chance de tomber sur une étude parue dans la revue de sociologie portugaise Análise Social, qui raconte comment dans les années 1940 l’État salazariste avait pour projet initial de boiser 500 000 hectares de biens communaux en expropriant les usagers de ces terres.
Je devais ensuite trouver des éléments d’histoire locale, dans la Serra do Caramulo, dont je suis originaire. J’ai passé un temps fou le nez dans les archives du journal local, qui était bien sûr à l’époque entièrement dévoué au régime.
Après la publication de l’avis à la population que les baldios seront expropriés au profit de la plantation de forêts, plus aucune mention des communaux n’apparaît dans la presse. Mais rapidement, des correspondants locaux et des éditorialistes vont s’apercevoir qu’il existe dans ce territoire un malaise, qu’Untel abandonne sa ferme faute de pâturage ou que d’autres partent en ville. En somme, que sans les baldios, les gens ne s’en sortent plus.
Comment sont perçus les communaux par les tenants du salazarisme ?
Les ingénieurs forestiers décrivent les paysans de ces territoires comme des « primitifs » qu’il faut « civiliser ». Ils se voient comme des missionnaires du progrès et dénoncent l’oisiveté de ces montagnards peu enclins au salariat.
À Lisbonne, j’ai trouvé aussi une archive qui parle des baldios comme étant une source de perversion, de mœurs légères qui conduisent à des enfants illégitimes dans des coins où « les familles vivent presque sans travailler ». Un crime dans un régime où le travail est élevé au rang de valeur suprême.
On retrouve tous ces différents motifs dans le fameux Portrait du colonisé d’Albert Memmi (1957). Car il y a de la part du régime un vrai discours de colonisateur vis-à-vis de ces régions montagneuses où l’État et la religion ont encore peu de prise sur les habitants.
En somme, l’État salazariste veut faire entrer ces Portugais reculés dans la modernité.
Il y a eu des résistances face à ces expropriations ?
Les villageois vont être embauchés pour boiser les baldios. Sauf qu’après avoir semé les pins, il faut attendre vingt ans pour que la forêt pousse.
Il y a eu alors quelques histoires d’arrachage clandestin d’arbres. Et je raconte dans le film comment une incartade avec un garde forestier a failli virer au drame à cause d’une balle perdue – je rappelle qu’on est alors sous la chape de plomb du salazarisme. D’autres habitants ont aussi tabassé deux gardes forestiers à la sortie d’un bar et leur ont piqué leurs flingues.
Mais la mémoire de ces résistances a peu été transmise. Aujourd’hui, avec l’émigration, il ne reste plus rien de cette mémoire collective, la plupart des vieux et vieilles que j’ai filmés dans ce documentaire sont déjà morts.
Comment justement avez-vous travaillé pour ce documentaire ?
Quand António me raconte cette histoire d’expropriation des baldios par l’État, c’était en 2010 et je tournais un documentaire, Souvenirs d’un futur radieux. Puis lorsqu’en 2014 un premier incendie a calciné le paysage forestier, je me suis dit qu’il fallait que je m’y mette.
J’ai travaillé doucement, pendant trois ans, sans savoir où j’allais réellement. J’ai filmé un village situé à 15 kilomètres de là où je suis né. J’ai fait le choix d’y suivre des gens qui subsistent encore en pratiquant une agriculture traditionnelle, avec des outils de travail séculaires, comme la roue celte. Ils ont les mêmes pratiques que dans les années 1940, et qui sont respectueuses de l’écosystème, de la ressource en eau, de la terre.
Vous vous êtes aussi attaché à retracer tel un historien cet épisode de boisement à marche forcée...
Cette utopie industrialiste date du XIXe siècle, des ingénieurs forestiers parlant déjà de vouloir récupérer ces « terres de personne ». Puis sous Salazar, dans les années 1930, il y a eu un débat intense au sein du régime entre agrairistes et industrialistes. Pour les premiers, boiser ne va pas être rentable et les baldios sont vitaux aux paysans. Pour les seconds, le pays a besoin de l’industrie du bois pour décoller économiquement, et il manque de bras dans les villes pour travailler dans les usines.
Le pouvoir central a alors même créé un organisme étatique, la Junte de colonisation interne, qui va recenser les baldios et proposer d’installer des personnes en leur donnant à cultiver des terres communales – des colonies de repeuplement pour résumer.
Finalement, l’industrie du bois et de la cellulose l’a emporté. La loi de boisement des baldios est votée en 1938 et c’est en novembre 1941 que ça va commencer à se mettre en place sur le terrain.
Une enquête publique a été réalisée, où tout le monde localement s’est prononcé contre. Et comme pour les enquêtes aujourd’hui en France, ils se sont arrangés pour dire que les habitants étaient d’accord.
Qu’en est-il aujourd’hui de ces forêts ? Subsiste-t-il encore des « baldios » ?
Les pinèdes sont exploitées par des boîtes privées qui font travailler des prolos qui galèrent en bossant dur. Mais beaucoup de ces forêts ont brûlé ces dernière décennies, notamment lors de la grande vague d’incendies au Portugal de 2017, où des gens du village où je filmais ont failli périr.
Les feux ont dévoilé les paysages de pierre qu’on voyait auparavant sur les photos d’archives du territoire, avant que des pins de 30 mètres de haut ne bouchent le paysage.
Quant aux baldios restants, ils sont loués à des entreprises de cellulose qui y plantent de l’eucalyptus. D’autres servent à faire des parcs d’éoliennes. Toutes les lois promues par les différents gouvernements à travers l’histoire du Portugal vont dans le même sens : privatiser les baldios alors que ces gens ont géré pendant des siècles ces espaces de façon collective et très intelligente.
J’ai fait ce film avec en tête les forêts au Brésil gérées par les peuples autochtones depuis des siècles, TotalEnergies en Ouganda qui déplace 100 000 personnes de leurs terres pour du pétrole ou encore Sainte-Soline, où l’État aide les intérêts privés à accaparer un autre bien commun : l’eau.
▻https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/021223/jose-vieira-la-memoire-des-resistances-face-l-accaparement-des-terres-ete-
#accaparement_de_terres #terre #terres #dictature #histoire #paysannerie #Serra_do_Caramulo #communaux #salazarisme #progrès #colonisation #colonialisme #rural #modernité #résistance #incendie #boisement #utopie_industrialiste #ingénieurs #ingénieurs_forestiers #propriété #industrie_du_bois #Junte_de_colonisation_interne #colonies_de_repeuplement #cellulose #pinèdes #feux #paysage #privatisation #eucalyptus #éoliennes #loi #foncier
]]>Fermes, coopératives... « En #Palestine, une nouvelle forme de #résistance »
Jardins communautaires, coopératives... En Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens ont développé une « #écologie_de_la_subsistance qui n’est pas séparée de la résistance », raconte l’historienne #Stéphanie_Latte_Abdallah.
Alors qu’une trêve vient de commencer au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, la chercheuse Stéphanie Latte Abdallah souligne les enjeux écologiques qui se profilent derrière le #conflit_armé. Elle rappelle le lien entre #colonisation et #destruction de l’#environnement, et « la relation symbiotique » qu’entretiennent les Palestiniens avec leur #terre et les êtres qui la peuplent. Ils partagent un même destin, une même #lutte contre l’#effacement et la #disparition.
Stéphanie Latte Abdallah est historienne et anthropologue du politique, directrice de recherche au CNRS (CéSor-EHESS). Elle a récemment publié La toile carcérale, une histoire de l’enfermement en Palestine (Bayard, 2021).
Reporterre — Comment analysez-vous à la situation à #Gaza et en #Cisjordanie ?
Stéphanie Latte Abdallah — L’attaque du #Hamas et ses répercussions prolongent des dynamiques déjà à l’œuvre mais c’est une rupture historique dans le déchaînement de #violence que cela a provoqué. Depuis le 7 octobre, le processus d’#encerclement de la population palestinienne s’est intensifié. #Israël les prive de tout #moyens_de_subsistance, à court terme comme à moyen terme, avec une offensive massive sur leurs conditions matérielles d’existence. À Gaza, il n’y a plus d’accès à l’#eau, à l’#électricité ou à la #nourriture. Des boulangeries et des marchés sont bombardés. Les pêcheurs ne peuvent plus accéder à la mer. Les infrastructures agricoles, les lieux de stockage, les élevages de volailles sont méthodiquement démolis.
En Cisjordanie, les Palestiniens subissent — depuis quelques années déjà mais de manière accrue maintenant — une forme d’#assiègement. Des #cultures_vivrières sont détruites, des oliviers abattus, des terres volées. Les #raids de colons ont été multipliés par deux, de manière totalement décomplexée, pour pousser la population à partir, notamment la population bédouine qui vit dans des zones plus isolées. On assiste à un approfondissement du phénomène colonial. Certains parlent de nouvelle #Nakba [littéralement « catastrophe » en Arabe. Cette expression fait référence à l’exode forcé de la population palestinienne en 1948]. On compte plus d’1,7 million de #déplacés à Gaza. Où iront-ils demain ?
« Israël mène une #guerre_totale à une population civile »
Gaza a connu six guerres en dix-sept ans mais il y a quelque chose d’inédit aujourd’hui, par l’ampleur des #destructions, le nombre de #morts et l’#effet_de_sidération. À défaut d’arriver à véritablement éliminer le Hamas – ce qui est, selon moi, impossible — Israël mène une guerre totale à une population civile. Il pratique la politique de la #terre_brûlée, rase Gaza ville, pilonne des hôpitaux, humilie et terrorise tout un peuple. Cette stratégie a été théorisée dès 2006 par #Gadi_Eizenkot, aujourd’hui ministre et membre du cabinet de guerre, et baptisée « la #doctrine_Dahiya », en référence à la banlieue sud de Beyrouth. Cette doctrine ne fait pas de distinction entre #cibles_civiles et #cibles_militaires et ignore délibérément le #principe_de_proportionnalité_de_la_force. L’objectif est de détruire toutes les infrastructures, de créer un #choc_psychologique suffisamment fort, et de retourner la population contre le Hamas. Cette situation nous enferme dans un #cycle_de_violence.
Vos travaux les plus récents portent sur les initiatives écologiques palestiniennes. Face à la fureur des armes, on en entend évidemment peu parler. Vous expliquez pourtant qu’elles sont essentielles. Quelles sont-elles ?
La Palestine est un vivier d’#innovations politiques et écologiques, un lieu de #créativité_sociale. Ces dernières années, suite au constat d’échec des négociations liées aux accords d’Oslo [1] mais aussi de l’échec de la lutte armée, s’est dessinée une #troisième_voie.
Depuis le début des années 2000, la #société_civile a repris l’initiative. Dans de nombreux villages, des #marches et des #manifestations hebdomadaires sont organisées contre la prédation des colons ou pour l’#accès_aux_ressources. Plus récemment, s’est développée une #économie_alternative, dite de résistance, avec la création de #fermes, parfois communautaires, et un renouveau des #coopératives.
L’objectif est de reconstruire une autre société libérée du #néolibéralisme, de l’occupation et de la #dépendance à l’#aide_internationale. Des agronomes, des intellectuels, des agriculteurs, des agricultrices, des associations et des syndicats de gauche se sont retrouvés dans cette nouvelle forme de résistance en dehors de la politique institutionnelle. Une jeune génération a rejoint des pionniers. Plutôt qu’une solution nationale et étatique à la colonisation israélienne — un objectif trop abstrait sur lequel personne n’a aujourd’hui de prise — il s’agit de promouvoir des actions à l’échelle citoyenne et locale. L’idée est de retrouver de l’#autonomie et de parvenir à des formes de #souveraineté par le bas. Des terres ont été remises en culture, des #fermes_agroécologiques ont été installées — dont le nombre a explosé ces cinq dernières années — des #banques_de_semences locales créées, des modes d’#échange directs entre producteurs et consommateurs mis en place. On a parlé d’« #intifada_verte ».
Une « intifada verte » pour retrouver de l’autonomie
Tout est né d’une #prise_de_conscience. Les #territoires_palestiniens sont un marché captif pour l’#économie israélienne. Il y a très peu de #production. Entre 1975 et 2014, la part des secteurs de l’agriculture et de l’#industrie dans le PIB a diminué de moitié. 65 % des produits consommés en Cisjordanie viennent d’Israël, et plus encore à Gaza. Depuis les accords d’Oslo en 1995, la #production_agricole est passée de 13 % à 6 % du PIB.
Ces nouvelles actions s’inscrivent aussi dans l’histoire de la résistance : au cours de la première Intifada (1987-1993), le #boycott des taxes et des produits israéliens, les #grèves massives et la mise en place d’une économie alternative autogérée, notamment autour de l’agriculture, avaient été centraux. À l’époque, des #jardins_communautaires, appelés « les #jardins_de_la_victoire » avait été créés. Ce #soulèvement, d’abord conçu comme une #guerre_économique, entendait alors se réapproprier les #ressources captées par l’occupation totale de la Cisjordanie et de la #bande_de_Gaza.
Comment définiriez-vous l’#écologie palestinienne ?
C’est une écologie de la subsistance qui n’est pas séparée de la résistance, et même au-delà, une #écologie_existentielle. Le #retour_à_la_terre participe de la lutte. C’est le seul moyen de la conserver, et donc d’empêcher la disparition totale, de continuer à exister. En Cisjordanie, si les terres ne sont pas cultivées pendant 3 ou 10 ans selon les modes de propriété, elles peuvent tomber dans l’escarcelle de l’État d’Israël, en vertu d’une ancienne loi ottomane réactualisée par les autorités israéliennes en 1976. Donc, il y a une nécessité de maintenir et augmenter les cultures, de redevenir paysans, pour limiter l’expansion de la #colonisation. Il y a aussi une nécessité d’aller vers des modes de production plus écologiques pour des raisons autant climatiques que politiques. Les #engrais et les #produits_chimiques proviennent des #multinationales via Israël, ces produits sont coûteux et rendent les sols peu à peu stériles. Il faut donc inventer autre chose.
Les Palestiniens renouent avec une forme d’#agriculture_économe, ancrée dans des #savoir-faire_ancestraux, une agriculture locale et paysanne (#baladi) et #baaliya, c’est-à-dire basée sur la pluviométrie, tout en s’appuyant sur des savoirs nouveaux. Le manque d’#eau pousse à développer cette méthode sans #irrigation et avec des #semences anciennes résistantes. L’idée est de revenir à des formes d’#agriculture_vivrière.
La #révolution_verte productiviste avec ses #monocultures de tabac, de fraises et d’avocats destinée à l’export a fragilisé l’#économie_palestinienne. Elle n’est pas compatible avec l’occupation et le contrôle de toutes les frontières extérieures par les autorités israéliennes qui les ferment quand elles le souhaitent. Par ailleurs, en Cisjordanie, il existe environ 600 formes de check-points internes, eux aussi actionnés en fonction de la situation, qui permettent de créer ce que l’armée a nommé des « #cellules_territoriales ». Le #territoire est morcelé. Il faut donc apprendre à survivre dans des zones encerclées, être prêt à affronter des #blocus et développer l’#autosuffisance dans des espaces restreints. Il n’y a quasiment plus de profondeur de #paysage palestinien.
« Il faut apprendre à survivre dans des zones encerclées »
À Gaza, on voit poindre une #économie_circulaire, même si elle n’est pas nommée ainsi. C’est un mélange de #débrouille et d’#inventivité. Il faut, en effet, recycler les matériaux des immeubles détruits pour pouvoir faire de nouvelles constructions, parce qu’il y a très peu de matériaux qui peuvent entrer sur le territoire. Un entrepreneur a mis au point un moyen d’utiliser les ordures comme #matériaux. Les modes de construction anciens, en terre ou en sable, apparaissent aussi mieux adaptés au territoire et au climat. On utilise des modes de production agricole innovants, en #hydroponie ou bien à la #verticale, parce que la terre manque, et les sols sont pollués. De nouvelles pratiques énergétiques ont été mises en place, surtout à Gaza, où, outre les #générateurs qui remplacent le peu d’électricité fournie, des #panneaux_solaires ont été installés en nombre pour permettre de maintenir certaines activités, notamment celles des hôpitaux.
Est-ce qu’on peut parler d’#écocide en ce moment ?
Tout à fait. Nombre de Palestiniens emploient maintenant le terme, de même qu’ils mettent en avant la notion d’#inégalités_environnementales avec la captation des #ressources_naturelles par Israël (terre, ressources en eau…). Cela permet de comprendre dans leur ensemble les dégradations faites à l’#environnement, et leur sens politique. Cela permet aussi d’interpeller le mouvement écologiste israélien, peu concerné jusque-là, et de dénoncer le #greenwashing des autorités. À Gaza, des #pesticides sont épandus par avion sur les zones frontalières, des #oliveraies et des #orangeraies ont été arrachées. Partout, les #sols sont pollués par la toxicité de la guerre et la pluie de #bombes, dont certaines au #phosphore. En Cisjordanie, les autorités israéliennes et des acteurs privés externalisent certaines #nuisances_environnementales. À Hébron, une décharge de déchets électroniques a ainsi été créée. Les eaux usées ne sont pas également réparties. À Tulkarem, une usine chimique considérée trop toxique a été également déplacée de l’autre côté du Mur et pollue massivement les habitants, les terres et les fermes palestiniennes alentour.
« Il existe une relation intime entre les Palestiniens et leur environnement »
Les habitants des territoires occupés, et leur environnement — les plantes, les arbres, le paysage et les espèces qui le composent — sont attaqués et visés de manière similaire. Ils sont placés dans une même #vulnérabilité. Pour certains, il apparaît clair que leur destin est commun, et qu’ils doivent donc d’une certaine manière résister ensemble. C’est ce que j’appelle des « #résistances_multispécifiques », en écho à la pensée de la [philosophe féministe étasunienne] #Donna_Haraway. [2] Il existe une relation intime entre les Palestiniens et leur environnement. Une même crainte pour l’existence. La même menace d’#effacement. C’est très palpable dans le discours de certaines personnes. Il y a une lutte commune pour la #survie, qui concerne autant les humains que le reste du vivant, une nécessité écologique encore plus aigüe. C’est pour cette raison que je parle d’#écologisme_existentiel en Palestine.
Aujourd’hui, ces initiatives écologistes ne sont-elles pas cependant menacées ? Cet élan écologiste ne risque-t-il pas d’être brisé par la guerre ?
Il est évidemment difficile d’exister dans une guerre totale mais on ne sait pas encore comment cela va finir. D’un côté, on assiste à un réarmement des esprits, les attaques de colons s’accélèrent et les populations palestiniennes en Cisjordanie réfléchissent à comment se défendre. De l’autre côté, ces initiatives restent une nécessité pour les Palestiniens. J’ai pu le constater lors de mon dernier voyage en juin, l’engouement est réel, la dynamique importante. Ce sont des #utopies qui tentent de vivre en pleine #dystopie.
▻https://reporterre.net/En-Palestine-l-ecologie-n-est-pas-separee-de-la-resistance
#agriculture #humiliation #pollution #recyclage #réusage #utopie
Selon la CGT, « il y a eu chez Yara des démissions de honte »
Presse Océan Marina CESSA. Publié le 26/09/2023
▻https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-nazaire-44600/selon-la-cgt-il-y-a-eu-chez-yara-des-demissions-de-honte-0c31d74a-5ae7-
▻https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMzA5NzQ2NzdkNWUwYjdiYmMzMjY2YzM3Y2RhYWZiMmExOTk?width=1260&he
Yara compte 170 salariés. « Et ils sont pour certains riverains de l’entreprise », précise Damien Girard, secrétaire de l’union locale CGT. En répondant à nos questions, le syndicaliste indique qu’en aucun cas il ne se substitue aux délégués CGT de Yara. L’un d’eux a été contacté par Presse Océan mais n’a pas donné suite.
Les employés de Yara sont les premiers exposés à la pollution du site, à sa dangerosité aussi. Ils sont aussi exposés à la mauvaise image que véhicule l’entreprise. Si certains n’osent plus dire pour qui ils travaillent, d’autres quittent le navire. « Les conditions de vie des salariés sont compliquées. Yara n’est pas une carapace facile à porter. Il y a eu ce qu’on appelle des démissions de honte, c’est-à-dire que les salariés n’arrivaient plus à assumer. Et Yara a du mal à recruter. Les salariés sont victimes de la politique de l’entreprise », souligne Damien Girard. À cela s’ajoutait jusqu’à il y a quelques mois, la présence d’un directeur « provocateur et conflictuel ». Il a été remplacé. (...)
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Fuite de 13 tonnes d’acide sulfurique dans l’entreprise Yara près de Saint-Nazaire
Presse Océan Marina Cessa Publié le 20/09/2023
▻https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/montoir-de-bretagne-44550/environnement-nouvelle-fuite-dacide-chez-yara-a-montoir-de-bretagne-5f0
La Dreal a révélé que 13 tonnes d’acide sulfurique se sont déversées le 28 juillet 2023 dans les eaux pluviales stockées par l’entreprise Yara à Montoir-de-Bretagne, à l’est de Saint-Nazaire. Un salarié aurait été blessé.
#YARA
]]>Proposition de loi sur la « ferme France » : « L’objectif du texte du Sénat n’est pas d’œuvrer pour l’agriculture française, mais d’élargir la fenêtre d’Overton », Stéphane Foucart
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/05/21/proposition-de-loi-sur-la-ferme-france-l-objectif-du-texte-du-senat-n-est-pa
Porté par les sénateurs Laurent Duplomb (Les Républicains, LR, Haute-Loire), Pierre Louault (Union centriste, Indre-et-Loire), Serge Mérillou (Parti socialiste, Dordogne) et Sophie Primas (LR, Yvelines), le texte « consacre une vision délirante, dogmatique, rétrograde » de l’agriculture, selon l’agronome Jacques Caplat, de l’association Agir pour l’environnement. Pour Alain Bazot, le président de l’UFC-Que choisir, il n’est autre qu’une « véritable lettre au Père Noël de la FNSEA » – la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles.
L’expression n’a rien d’exagéré. Le texte entend permettre le retour des épandages aériens, par exemple, et la mise en balance de la santé humaine avec d’éventuels bénéfices économiques dans le choix d’autoriser ou non le recours à tel ou tel pesticide.
.... Les dispositions les plus controversées du texte, si elles venaient à être effectivement inscrites dans la loi, ne survivraient sans doute pas à une interprétation raisonnable de la jurisprudence et du droit européens, ou à l’application du principe de précaution, constitutionnalisé en 2005. .... A quoi peut bien servir un texte dont une part est inapplicable, et une autre sans réelle application ?
#écologie #agriculture #santé #pesticides #mégabassines #eau #eau_non_potable #engrais #entreprise_France
]]>The Culprit Behind Dead Zones and the Threat to Our Water Supply — ProPublica
▻https://www.propublica.org/article/phosphorus-the-culprit-behind-dead-zones-threat-to-water-supply
Voilà comment l’industrie resout le problèm du manque de phosphore qu’elle adressait au dix neuvième siècle en dépouillant les fosses communes des grands champs de bataille - elle pollue les lacs et rivières au point de menacer l’approvisionnement en eau potable.
▻https://seenthis.net/messages/999516
17.4.2023 by Anna Clark - As bright green plumes of toxic algae spread over Lake Erie in the summer of 2014, suffocating one of the largest lakes on earth, reporter Dan Egan was there. He had arrived in Toledo, Ohio, to investigate what had sickened the water — and how treatment plants might not be able to purify it.
Indeed, that’s exactly what happened. The day after he returned home to Wisconsin, Toledo warned people to stop drinking, boiling or bathing in tap water. Ohio’s governor declared a state of emergency. And Egan soon published an expansive report in the Milwaukee Journal Sentinel about how we got to a place where people living by such an abundant source of life-giving freshwater could not drink it or even touch it.
As the Journal Sentinel’s Great Lakes reporter for nearly 20 years, where he was twice a finalist for the Pulitzer Prize, and now writing magazine stories, Egan has long explored the tension between people and place. From invasive species to the multibillion-dollar recreational fishing industry to Chicago’s fraught relationship with Lake Michigan, he serves as a watchdog for the massive inland seas. The narrative power of his first book, “The Death and Life of the Great Lakes,” helped it reach a wide audience. A New York Times bestseller, it won both the Los Angeles Times Book Prize and the J. Anthony Lukas Award.
Egan’s new book, “The Devil’s Element: Phosphorus and a World Out of Balance,” tells the urgent story of the 13th element to be discovered. (It’s the 15th element on the periodic table.) The unchecked flow of phosphorus into our waterways — often from farm runoff — contributes to “dead zones” and toxic algae blooms. At the same time, as an essential ingredient in fertilizer, phosphorus turns vast swaths of land green, nourishing crops and animals. It makes life possible for billions of people.
Phosphorus, he writes, isn’t only essential to us; it is us. It’s found in our bones, teeth, even our DNA. In the naturally replenishing cycle, animals eat phosphorus-rich plants and then return the element to the soil when they defecate or die and decay. The soil then grows the next generation of plant life. Thanks to the remnants of long-dead organisms, phosphorus is also found in rare caches of sedimentary rocks on ancient seabeds. But in the 19th century, humans figured out how to break the cycle — systematically taking rocks, guano and even bones from one place to fertilize the soil of another place. Today, the world’s food supply depends on diminishing phosphorus reserves in places like Bone Valley, Florida, and the Western Sahara. At the same time, excess phosphorus from both plant and animal farms spills into our water and spoils it.
Dan Egan Credit: Mike De Sisti/Milwaukee Journal Sentinel
Egan’s reporting takes him not only to the Great Lakes, which hold about a fifth of all the freshwater on the face of the planet, but also to Germany, where an alchemist first isolated the combustible element and where traces of phosphorus cast down by World War II firebombers still wash ashore — with alarming results. We follow him to the saltwater beaches of the Mississippi Gulf Coast, once thought safe from the telltale shock of green, and to Ontario’s Experimental Lakes Area, where scientists discovered the connection between phosphorus and algae, much to the chagrin of detergent makers of the era. Along the way, Egan explores the Clean Water Act’s “yawning exemption” for agriculture and how some scientists fear we’ll hit “peak phosphorus” in a few decades.
Egan, now the Brico journalist in residence at the Center for Water Policy in the University of Wisconsin-Milwaukee’s School of Freshwater Sciences, spoke with ProPublica about phosphorus, algae and the perils and possibilities of book-length journalism. This interview was edited for length and clarity.
You’ve spent nearly 30 years covering environmental stories, first in Idaho and Utah and then at the Milwaukee Journal Sentinel. What are the earliest stories you remember writing about toxic algae blooms?
I come at this without a background in science or environmental studies. But being out in Idaho, I was thrown to the wolves, literally, because wolf reintroduction was a huge issue. I also covered salmon recovery and grizzly bear recovery. That was a crash course in environmental journalism.
But I don’t remember writing about algae until 2014. I was in Toledo the week before they lost their water, doing a story on what would happen if Toledo lost their water.
What did you come across in your reporting that surprised you?
When I was writing about the algae blooms in Lake Erie, I was mostly reading about the algae blooms. I was just introduced to phosphorus along the way. I didn’t put much of it in my first book. But the idea that we need rocks to sustain modern agriculture — somebody was saying, “Yeah, it comes out of Florida, it comes up on trains to the various fertilizer factories.” “Rocks? Any rocks?” “No, special rocks.”
And then, the whole stuff about grinding bones and spreading them on crops. I wasn’t bored writing this book, I will tell you that.
What really caught my eye was how phosphorus doesn’t exist on its own in the environment. It’s always bound with oxygen atoms to make phosphates, which are stable, or noncombustible. But when they first isolated pure phosphorus in the late 1600s, it was magical stuff. It got above 80 Fahrenheit, and it just burst into flames and will not stop. Nothing will stop it. I guess you saw this in the book — a guy that’s burned goes into the water, and then he comes out of the water, and it flares up again.
And then you see that it was used as a weapon. But it’s also this essential fertilizer. Of the three big [elements in] fertilizers — nitrogen, potassium and phosphorus — phosphorus is the limiting [or least available] element.
There’s this paradox of how we’re just squandering these relatively scarce deposits and at the same time we’re overdosing our waters to the point where sometimes you can’t drink them, you can’t swim in them, it kills dogs, it threatens people.
How does the nuance here compare to our relationship with other materials that have proved vexing, such as lead, or PFAS, or even the vinyl chloride recently unleashed on East Palestine, Ohio?
With any toxin or element that we exploit and pollute the environment, there was a reason we did it. But phosphorus is so essential and also just so potentially harmful. Managing this stuff was hard enough when we had a billion people, but now we’re zooming toward 9 billion.
We need to change the way we’re using this, or there’s two consequences, and they’re not exclusive. We’re going to poison the crap out of our waters, or we’re going to run out of easily accessible deposits and have food shortages.
That’s the story. There’s a lot unfolding fast here. And I think it’s only going to accelerate.
What is slowing people down in restoring what you call “the virtuous cycle” of phosphorus?
It’s probably the agriculture lobby. They know there’s a problem, but it’s not being adequately addressed or we wouldn’t have these chronic blooms in every state in the union.
As far as slowing down people, I don’t know. It’s just not something people talk about. People would ask, “Are you writing another book?” I’d say, “Yep.” “What’s it about?” “Phosphorus.” And they’d look at me like I just told them I was diagnosed with something really bad.
And these are your book fans, asking what you’re writing next!
That alone is daunting. On the other hand, when you start telling people about how we mined the battlefield of Waterloo for all the [human] bones to grind them up to throw them on crops to grow turnips in England? That gets people’s attention.
There’s so much that goes into modern food production that we’re just divorced from. There’s been books written about this, and very good books, but I don’t think anybody has written a book for popular consumption that connects the dots between the food on a table and the poisoned waters. And also the lengths we’ve gone to find this precious substance that nobody thinks about.
Your book discusses a number of 20th century wins, such as the revival of Lake Erie after it was virtually declared dead and the pushback against the detergent industry’s overuse of phosphorus. Do you see a blueprint here for how to tackle problems with phosphorus today?
It’s useful to look at when we first tangled with phosphorus as a pollutant in the 1960s and ’70s and solved the problem, largely by banning phosphates in detergents. But it’s not entirely applicable. Today it’s a much bigger problem. It’s more diffuse. When we could plug a pipe or cap a smokestack to stop the pollutants, that’s easy. But now that it’s spread on the landscape, we’ve got these legacy phosphorus deposits. They’re going to be leaching into the water for decades. Even if we clamp down on CAFOs [concentrated animal feeding operations] tomorrow, there’s so much inertia in the system. It’s like climate: Things are going to get worse before they get better.
But it’s also important that we do look back and see that we have been successful. And we also have an obligation to just try. We have a chance to make things better for future generations. We should take advantage of it.
Before we leave off, is there any part of the book that you’d like to underline? Water or fertilizer, mining or politics, what would you like to make sure gets through to the public?
It’s a deep question and requires something of a deeper answer. But I think it’s the circle of life. It’s not just “The Lion King.” It’s real. And the thing that stitches it together in this case is phosphorus. We’ve got to learn that you don’t use it and chuck it. You use it again and use it again and use it again and use it again, if we’re going to stay fed and have waters that are safe enough to fish in and swim in and drink from and have your pets play in. This book is about the circle of life, manifested in phosphorus.
]]>Les morts de Waterloo ont-ils été transformés en fertilisant agricole au 19e siècle ?
►https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/les-morts-de-waterloo-ont-ils-ete-transformes-en-fertilisant-agrico
21.6.2022 par Bernadette Arnaud - Des fouilles archéologiques menées depuis 2015 sur le site de la bataille de Waterloo (1815) n’ont livré que de très rares restes humains... Or ces modestes découvertes soulèvent une question majeure : où sont passés les corps des dizaines de milliers d’hommes et de chevaux de cette bataille napoléonienne ? Une explication, -peu relayée tant elle est macabre-, voudrait qu’ils aient pu être transformés en engrais à usage agricole… Un mystère qui devrait être prochainement réexaminé par de nouvelles fouilles archéologiques menées sur le célèbre site.
Comme chaque année depuis 2015, -hors la période de pandémie de Covid-19-, l’organisation britannique « Waterloo Uncovered », un organisme qui travaille en coopération avec des militaires blessés ou atteint du syndrome de stress post-traumatique (SSPT), participe à des recherches archéologiques dans la plaine de Waterloo (Belgique), lieu de la grande bataille napoléonienne de 1815. Sous la houlette de l’archéologue Tony Pollard, directeur du Centre d’Archéologie des Champs de batailles de l’Université de Glasgow (Ecosse), une soixantaine de participants ont déjà exploré de nombreux secteurs du champ de bataille. En 2019, passant particulièrement au crible les alentours de la ferme de Mont-Saint-Jean, l’un des épicentres des combats, ils avaient ainsi été mis au jour des munitions et surtout trois os provenant de membres inférieurs - probablement issus d’amputation - dégagés à proximité du bâtiment ayant servi d’hôpital de campagne. L’un des os dégagés portait encore des marques de scie... « Cette découverte poignante a immédiatement transformé l’atmosphère de la fouille, tissant un lien direct entre les personnes qui avaient souffert ici en 1815 et les soldats vétérans présents », avait alors déclaré Tony Pollard dans une interview au Guardian.
Un des rares ossements humains mis au jour dans la plaine de Waterloo, lors de fouilles archéologiques. Crédits : Waterloo UncoveredUne pénurie de restes humains qui interroge
L’exhumation de ces restes humains constituait surtout une première pour l’archéologue écossais qui étudie la plaine de la bataille de Waterloo, « le plus affreux carnage que j’ai jamais vu », selon le maréchal Ney (1769-1815). La pénurie d’ossements exhumés intrigue en effet depuis longtemps le spécialiste : à ce jour, sur ce site où se sont affrontés près de 269.000 hommes et où 47.000 d’entre eux environ ont perdu la vie ou ont été blessés, un seul squelette complet a été récupéré ! En 2012, lors du creusement d’un parking, la dépouille d’un soldat a en effet été recueillie. Il appartenait à la King’s German Legion (KGL) du roi Georges III, des unités militaires hanovriennes formées en Grande-Bretagne et Irlande entre 1803 et 1816. La balle de mousquet ayant entrainé sa mort a même été retrouvée au milieu de ses côtes, l’ensemble étant désormais exposé dans le musée du site.
"La Bataille de Waterloo, le 18 juin 1815", par Clément Auguste Andrieux (1829-1880). Crédits : AFPA la recherche des fosses communes
Que sont donc devenues les dépouilles des soldats de Waterloo ? Interrogation à laquelle Tony Pollard vient de consacrer un article dans le Journal of Conflict Archaeology paru ce 18 juin 2022. L’archéologue écossais y développe en effet une hypothèse : « S’il est extrêmement rare de trouver des restes humains sur ce champ de bataille, c’est que de nombreuses fosses communes ont été pillées et les os broyés pour être utilisés comme engrais dans les années qui ont suivi la bataille de 1815 ». Des propos qu’il avait déjà tenu dans un article du Telegraph le 17 juillet 2019 relayé par le très sérieux Smithsonian Institute du 18 juillet 2019 qui évoquait de son côté « les fabricants d’engrais anglais qui récupéraient ces os »… ! Diantre ! Dans la presse anglo-saxonne, les choses semblaient établies ! Mais de ce côté-ci de la Manche ? Sommes-nous face à une rumeur, un élément de folklore à classer dans la longue liste des légendes urbaines ? Ou bien s’agit-il de faits historiques avérés ? A bien lire ce qui a été écrit autour des affrontements homériques que furent les batailles napoléoniennes, il demeure difficile aujourd’hui encore de se faire une idée de la réalité de ces comportements profanatoires, alors que les cimetières de la Première (1914-1918) et Seconde guerres mondiales (1939-1945) sont l’objet de tous les soins et commémorations. Rappelons que la considération attribuée à l’individualisation des corps des soldats morts au combat n’est seulement advenue qu’avec la Première guerre mondiale.
Emplacements indicatifs de possibles lieux de sépultures, de concentrations de fosses, ou de bûchers, après de récentes analyses de sources. Crédits : Waterloo UncoveredToujours est-il que pour tenter de cartographier l’emplacement des fosses et lieux de sépultures non repérés à ce jour, l’archéologue écossais raconte avoir réuni tous les témoignages d’archives et informations existants émanant de témoins oculaires présents au lendemain de la bataille de 1815. Des croquis, des peintures, des récits, signalant des lieux où avaient été creusées des fosses, grandes ou petites (cf. carte). En particulier des dessins récemment découverts, et des lettres et documents personnels inédits d’un certain James Ker, un marchand écossais vivant à Bruxelles au moment de l’affrontement, dont les informations recueillies à Waterloo dès le 19 juin 1815 n’avaient jamais été publiées. « Il serait vraiment intéressant de retrouver l’emplacement des fosses desquelles des os ont été extraits, car toute perturbation produit des anomalies géophysiques dans les sols », explique ainsi Tony Pollard. Pour tenter de les localiser, des relevés du champ de bataille utilisant des méthodes électromagnétiques devraient démarrer au cours des prochaines fouilles archéologiques. Interrogé, le Dr. Kevin Linch, expert en guerres napoléoniennes à l’Université de Leeds (qui ne participe pas à ces recherches), a déclaré de son côté, « qu’il y avait de bonnes raisons de penser que les os des morts avaient été prélevés pour être utilisés comme engrais ». Des travaux prochains qu’approuvent la Napoleonic & Revolutionnary War Graves Charity, pour lequel il serait important de retrouver et connaitre ce qui est véritablement advenu des dépouilles.
"Enterrer les morts au Château d’Hougoumont après la bataille de Waterloo (1815)". Aquarelle de James Rouse, de 1817. Crédits : Journal of Conflict ArchaeologyCe que l’histoire nous dit, c’est qu’à Waterloo, les morts auraient été inhumés ou incinérés. Les descriptions des carnets du Capitaine Coignet (1799-1815), l’un des célèbres soldats de la Garde Impériale, n’en font pas mystère puisqu’elles indiquent que « pendant huit jours des buchers brulèrent nuit et jour » ; ou que « les dépouilles des soldats morts étaient entassés dans des fosses ». Ce qu’ont confirmé quelques autres découvertes de fosses napoléoniennes effectuées au 21e siècle, à l’instar des 3.000 squelettes exhumés à Vilnius (Lituanie) en 2001 (lire Sciences et Avenir n° 663). D’autre part, des documents rapportent que dès la fin des combats, nombreux étaient ceux qui se rendaient sur les champs de bataille pour « dépouiller » les morts, prélever les vêtements des soldats, leurs chaussures, leurs armes, -parfois jusqu’à leurs dents pour en faire des prothèses ! Une collecte d’artefacts revendus en « souvenirs » connue des historiens.
Dépouillés de leurs vêtements, de leurs biens, de leurs armes et tout ce qui pouvait avoir la moindre valeur, les morts de Waterloo ont été placés dans plusieurs fosses communes... Crédits : Journal of Conflict ArchaeologyContactés, des spécialistes de l’étude des traitements funéraires des champs de batailles ont rappelé que pour ces périodes napoléoniennes « les sites étaient complètement nettoyés après les batailles, et qu’une quinzaine de charniers sont documentés à travers l’Europe, ce qui ne correspond donc pas une absence totale de corps ». Néanmoins, la question que pose l’archéologue Tony Pollard n’est pas anodine : des milliers d’hommes -et des dizaines de milliers de chevaux- tués sur les champs de bataille des guerres napoléoniennes ont-ils connu, -ou non-, ce destin, que d’avoir au 19e siècle, été transformés en fertilisant agricole ?
Ce thème peu évoqué semble en fait lié au développement agricole de l’époque. Un sujet sur lequel travaille l’archéologue Ecossais qui a confié à Sciences et Avenir être actuellement en train d’écrire un livre sur le sujet.
Des sociétés d’engrais ont-elles fait irruption dans les sépultures des guerres napoléoniennes ?
Pour comprendre, revenons au contexte de l’époque. Au 19e siècle, l’agrochimiste allemand Justus von Liebig (1803-1873) met en lumière le principe de fertilisation. Pour croître dans de bonnes conditions, les plantes doivent pousser dans un sol riche en azote, en potassium et phosphore. L’idée majeure étant qu’une fois les récoltes effectuées, il fallait rendre à la terre les nutriments prélevés sous peine de voir les sols s’appauvrir. Mais où trouver les précieux minéraux en quantité ? Le fumier procuré par les animaux des fermes jusque-là ne suffisait plus en ces aubes de révolution industrielle et de croissance des populations à nourrir. Pour produire plus, les cultures nécessitaient l’apport de quantités massives de fertilisants.
Dans les années 1830-1840, les os, très riches en phosphate de calcium, auraient alors été considérés comme d’excellents engrais… Brûlés ou broyés ils étaient répandus dans les champs pour augmenter les rendements. Ainsi bien des fossiles paléontologiques ont-ils fini pulvérisés. Mais ils ne sont pas les seuls, semble-t-il ! Des entreprises anglaises auraient alors pensé au trésor qui se trouvait enfouis sous les champs de bataille... Elles se seraient rendues sur les sites des guerres napoléoniennes pour récupérer les ossements des soldats et chevaux tombés, ensuite broyés et vendus aux agriculteurs britanniques.
« Des fosses communes ont été vidées par des entrepreneurs à la recherche d’os utilisés comme engrais pour faire de la farine d’os dans la première moitié du 19e siècle. Il existe de nombreux journaux faisant références à cette pratique à l’époque - avec les principaux champs de bataille européens dans lesquels étaient recherchés des tombes contenant de grandes quantités d’os. Leipzig est un autre champ de bataille mentionnés dans ce contexte. Les os ont été expédiés vers des ports tels que celui de Hull en Angleterre, mais également vers l’Écosse, où ils étaient broyés pour être utilisés comme engrais afin de favoriser la croissance des cultures. Seuls les charniers valaient la peine [des fosses contenant des corps en quantité, ndlr] et des contacts locaux ont probablement dû être payés pour identifier l’emplacement de ces sépultures. Ce qui ne veut pas dire que chaque charnier a été traité de cette manière, mais beaucoup semblent l’avoir été », a expliqué à Sciences et Avenir, l’archéologue Tony Pollard, lors d’un précédent échange.
Auraient ainsi été visités les champs de bataille d’Austerlitz, Waterloo et quelques autres. En 1822, un journal britannique rapportait d’ailleurs : « On estime que plus d’un million de boisseaux d’os humains et inhumains [chevaux, ndlr] ont été importés du continent européen l’année dernière dans le port de Hull. Les quartiers de Leipzig, Austerlitz, Waterloo et de tous les lieux où se sont déroulés les principaux combats de la dernière guerre sanglante ont été balayés de la même façon par les os du héros et du cheval qu’il a montés. Ainsi rassemblés chaque trimestre, ils ont été expédiés au port de Hull, puis acheminés aux broyeurs d’os du Yorkshire, qui ont installé des moteurs à vapeur et des machines puissantes dans le but de les réduire à l’état de granulaire. [..Ils ont été envoyés principalement à Doncaster, l’un des plus grands marchés agricoles de cette partie du pays, et son vendus aux agriculteurs pour qu’ils fassent purifier leurs terres…] »
Une campagne géophysique « ambitieuse »
Dans le Journal de la société statistique de Paris, et sa séance du 4 mars 1863, on pouvait lire : « La culture anglaise est tellement pénétrée de l’importance du rôle du phosphate de chaux comme engrais, que des spéculateurs ont fouillé pour elle, tous les champs de bataille de l’Europe, et que récemment encore, des navires apportaient, dans les ports anglais, où elle se vendaient à gros bénéfice, des cargaisons d’ossements humains recueillis en Crimée ».
Toutes ces matières finirent toutefois par s’épuiser. Ces pratiques auraient cessé dans les années 1860, après une campagne de rumeurs contre les agriculteurs, soulignant qu’ils jetaient les corps de leurs propres enfants dans les champs. Il est à noter que ces mêmes usages, la transformation en engrais, concernèrent les momies égyptiennes rapportées par cargaisons entières -un fait largement confirmé par des documents historiques. A partir de 1841, remplaçant les ossements, ces engrais aurait été recherché dans les îles à guano -des montagnes de déjections d’oiseaux marins- acheminées en Grande-Bretagne et dans l’ensemble de l’Europe depuis les îles Chincha, au large des côtes du Pérou.
Pour déterminer une fois pour toute si les restes des morts de Waterloo ont fini broyés en « farine d’os », Tony Pollard et ses équipes du « Waterloo Uncovered » souhaitent pouvoir mener dans les années qui viennent, une campagne géophysique « ambitieuse » pour tenter d’identifier les zones où le sol a été perturbé et où aurait pu se trouver l’emplacement d’anciennes fosses… vidangées.
Le 18 juin 1815, se sont opposés dans la plaine de Waterloo, à 18km au sud de Bruxelles, les forces françaises constituées de 74.000 hommes et 266 canons, aux Forces alliées (195 000 hommes), composées des armées anglo-hollando-Belges : 68.000 hommes, et prussiennes : 127.000 hommes. Débutée à 11h35, la bataille s’est achevée autour de 21h par la défaite des troupes napoléoniennes. Les pertes françaises (tués et blessés) se sont élevées aux alentours de 20.000 hommes, de même que les pertes alliées, 20.000 hommes tués et blessés dont 7.000 prussiens).
Dictionnaire des batailles de Napoléon, d’Alain Pigeard, editions Taillandier.
Forces en présence dans la plaine de Waterloo, le 18 juin 1815 (en bleu, les armées napoléoniennes). Crédits : Journal of Conflict Archaeology
Histoire de plantes : l’engrais des champs de bataille
Par Marc Mennessier Publié le 30/03/2018
▻https://www.lefigaro.fr/jardin/2018/03/30/30008-20180330ARTFIG00257-histoire-de-plantes-l-engrais-des-champs-de-batai
Le mystère de la disparition des corps des soldats à la bataille de Waterloo enfin résolu ?
▻https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2022-06-22/le-mystere-de-la-disparition-des-corps-des-soldats-a-la-bataille-de-wat
#capitalisme #agriculture #engrais #chimie #phosphates #guerre #histoire #Belgique #Waterloo #bataille
]]>Le système alimentaire mondial menace de s’effondrer
Aux mains de quelques #multinationales et très liée au secteur financier, l’#industrie_agroalimentaire fonctionne en #flux_tendu. Ce qui rend la #production mondiale très vulnérable aux #chocs politiques et climatiques, met en garde l’éditorialiste britannique George Monbiot.
Depuis quelques années, les scientifiques s’évertuent à alerter les gouvernements, qui font la sourde oreille : le #système_alimentaire_mondial ressemble de plus en plus au système financier mondial à l’approche de 2008.
Si l’#effondrement de la finance aurait été catastrophique pour le bien-être humain, les conséquences d’un effondrement du #système_alimentaire sont inimaginables. Or les signes inquiétants se multiplient rapidement. La flambée actuelle des #prix des #aliments a tout l’air du dernier indice en date de l’#instabilité_systémique.
Une alimentation hors de #prix
Nombreux sont ceux qui supposent que cette crise est la conséquence de la #pandémie, associée à l’#invasion de l’Ukraine. Ces deux facteurs sont cruciaux, mais ils aggravent un problème sous-jacent. Pendant des années, la #faim dans le monde a semblé en voie de disparition. Le nombre de personnes sous-alimentées a chuté de 811 millions en 2005 à 607 millions en 2014. Mais la tendance s’est inversée à partir de 2015, et depuis [selon l’ONU] la faim progresse : elle concernait 650 millions de personnes en 2019 et elle a de nouveau touché 811 millions de personnes en 2020. L’année 2022 s’annonce pire encore.
Préparez-vous maintenant à une nouvelle bien plus terrible : ce phénomène s’inscrit dans une période de grande #abondance. La #production_alimentaire mondiale est en hausse régulière depuis plus de cinquante ans, à un rythme nettement plus soutenu que la #croissance_démographique. En 2021, la #récolte mondiale de #blé a battu des records. Contre toute attente, plus d’humains ont souffert de #sous-alimentation à mesure que les prix alimentaires mondiaux ont commencé à baisser. En 2014, quand le nombre de #mal_nourris était à son niveau le plus bas, l’indice des #prix_alimentaires [de la FAO] était à 115 points ; il est tombé à 93 en 2015 et il est resté en deçà de 100 jusqu’en 2021.
Cet indice n’a connu un pic que ces deux dernières années. La flambée des prix alimentaires est maintenant l’un des principaux facteurs de l’#inflation, qui a atteint 9 % au Royaume-Uni en avril 2022 [5,4 % en France pour l’indice harmonisé]. L’alimentation devient hors de prix pour beaucoup d’habitants dans les pays riches ; l’impact dans les pays pauvres est beaucoup plus grave.
L’#interdépendance rend le système fragile
Alors, que se passe-t-il ? À l’échelle mondiale, l’alimentation, tout comme la finance, est un système complexe qui évolue spontanément en fonction de milliards d’interactions. Les systèmes complexes ont des fonctionnements contre-intuitifs. Ils tiennent bon dans certains contextes grâce à des caractéristiques d’auto-organisation qui les stabilisent. Mais à mesure que les pressions s’accentuent, ces mêmes caractéristiques infligent des chocs qui se propagent dans tout le réseau. Au bout d’un moment, une perturbation même modeste peut faire basculer l’ensemble au-delà du point de non-retour, provoquant un effondrement brutal et irrésistible.
Les scientifiques représentent les #systèmes_complexes sous la forme d’un maillage de noeuds et de liens. Les noeuds ressemblent à ceux des filets de pêche ; les liens sont les fils qui les connectent les uns aux autres. Dans le système alimentaire, les noeuds sont les entreprises qui vendent et achètent des céréales, des semences, des produits chimiques agricoles, mais aussi les grands exportateurs et importateurs, et les ports par lesquels les aliments transitent. Les liens sont leurs relations commerciales et institutionnelles.
Si certains noeuds deviennent prépondérants, fonctionnent tous pareil et sont étroitement liés, alors il est probable que le système soit fragile. À l’approche de la crise de 2008, les grandes banques concevaient les mêmes stratégies et géraient le risque de la même manière, car elles courraient après les mêmes sources de profit. Elles sont devenues extrêmement interdépendantes et les gendarmes financiers comprenaient mal ces liens. Quand [la banque d’affaires] Lehman Brothers a déposé le bilan, elle a failli entraîner tout le monde dans sa chute.
Quatre groupes contrôlent 90 % du commerce céréalier
Voici ce qui donne des sueurs froides aux analystes du système alimentaire mondial. Ces dernières années, tout comme dans la finance au début des années 2000, les principaux noeuds du système alimentaire ont gonflé, leurs liens se sont resserrés, les stratégies commerciales ont convergé et se sont synchronisées, et les facteurs susceptibles d’empêcher un #effondrement_systémique (la #redondance, la #modularité, les #disjoncteurs, les #systèmes_auxiliaires) ont été éliminés, ce qui expose le système à des #chocs pouvant entraîner une contagion mondiale.
Selon une estimation, quatre grands groupes seulement contrôlent 90 % du #commerce_céréalier mondial [#Archer_Daniels_Midland (#ADM), #Bunge, #Cargill et #Louis_Dreyfus]. Ces mêmes entreprises investissent dans les secteurs des #semences, des #produits_chimiques, de la #transformation, du #conditionnement, de la #distribution et de la #vente au détail. Les pays se divisent maintenant en deux catégories : les #super-importateurs et les #super-exportateurs. L’essentiel de ce #commerce_international transite par des goulets d’étranglement vulnérables, comme les détroits turcs (aujourd’hui bloqués par l’invasion russe de l’Ukraine), les canaux de Suez et de Panama, et les détroits d’Ormuz, de Bab El-Mandeb et de Malacca.
L’une des transitions culturelles les plus rapides dans l’histoire de l’humanité est la convergence vers un #régime_alimentaire standard mondial. Au niveau local, notre alimentation s’est diversifiée mais on peut faire un constat inverse au niveau mondial. Quatre plantes seulement - le #blé, le #riz, le #maïs et le #soja - correspondent à près de 60 % des calories cultivées sur les exploitations. La production est aujourd’hui extrêmement concentrée dans quelques pays, notamment la #Russie et l’#Ukraine. Ce #régime_alimentaire_standard_mondial est cultivé par la #ferme_mondiale_standard, avec les mêmes #semences, #engrais et #machines fournis par le même petit groupe d’entreprises, l’ensemble étant vulnérable aux mêmes chocs environnementaux.
Des bouleversements environnementaux et politiques
L’industrie agroalimentaire est étroitement associée au #secteur_financier, ce qui la rend d’autant plus sensible aux échecs en cascade. Partout dans le monde, les #barrières_commerciales ont été levées, les #routes et #ports modernisés, ce qui a optimisé l’ensemble du réseau mondial. On pourrait croire que ce système fluide améliore la #sécurité_alimentaire, mais il a permis aux entreprises d’éliminer des coûts liés aux #entrepôts et #stocks, et de passer à une logique de flux. Dans l’ensemble, cette stratégie du flux tendu fonctionne, mais si les livraisons sont interrompues ou s’il y a un pic soudain de la demande, les rayons peuvent se vider brusquement.
Aujourd’hui, le système alimentaire mondial doit survive non seulement à ses fragilités inhérentes, mais aussi aux bouleversements environnementaux et politiques susceptibles de s’influencer les uns les autres. Prenons un exemple récent. À la mi-avril, le gouvernement indien a laissé entendre que son pays pourrait compenser la baisse des exportations alimentaires mondiales provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine. Un mois plus tard, il interdisait les exportations de blé, car les récoltes avaient énormément souffert d’une #canicule dévastatrice.
Nous devons de toute urgence diversifier la production alimentaire mondiale, sur le plan géographique mais aussi en matière de cultures et de #techniques_agricoles. Nous devons briser l’#emprise des #multinationales et des spéculateurs. Nous devons prévoir des plans B et produire notre #nourriture autrement. Nous devons donner de la marge à un système menacé par sa propre #efficacité.
Si tant d’êtres humains ne mangent pas à leur faim dans une période d’abondance inédite, les conséquences de récoltes catastrophiques que pourrait entraîner l’effondrement environnemental dépassent l’entendement. C’est le système qu’il faut changer.
▻https://www.courrierinternational.com/article/crise-le-systeme-alimentaire-mondial-menace-de-s-effondrer
#alimentation #vulnérabilité #fragilité #diversification #globalisation #mondialisation #spéculation
]]>#Gluten, l’ennemi public ?
En abordant le sujet de l’explosion contemporaine d’#intolérance au gluten, ce film raconte en fait d’une bataille menée par certaines des sociétés les plus puissantes de la planète contre la science libre et notre #santé à nous tous. En jeu, en plus, est la survie de millions de petits agriculteurs, tout autour de la planète, qui risquent d’être chassés du marché. Comment ces choses peuvent être liées entre elles ?
▻http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/62747_1
#industrie_agro-alimentaire #gluten #film #documentaire #film_documentaire #blé #céréales #alimentation #gluten-free #allergie #intolérances_alimentaires #business #alimentation #blé #coeliaquie #industrie_chimique #CIMMYT #Fondation_Rockfeller #engrais #engrais_chimiques #Norman_Borlaug #Sonora_64 #révolution_verte #agriculture #industrialisation #glyphosate #ABCD (#Archer_Daniels_Midland, #Bunge, #Cargill, #Louis_Dreyfus_Company) #agriculture_intensive #OGM #Monsanto #herbicide #microbiome #roundup #OMC #barrières_non-tarifaires #protectionnisme #capitalisme
voir aussi, via @odilon :
▻https://seenthis.net/messages/911865
Azote : la crise environnementale dont vous n’avez pas encore entendu parler | Ashoka Mukpo
►https://up-magazine.info/planete/climat/93757-azote-la-crise-environnementale-dont-vous-navez-pas-encore-enten
La création des engrais de synthèse au début du XXe siècle a marqué un tournant dans l’histoire de l’humanité, permettant une augmentation des rendements agricoles et provoquant un boom démographique. Mais l’utilisation excessive d’azote et de phosphore provenant de ces engrais est à l’origine d’une crise environnementale, avec la prolifération des algues et l’augmentation de la fréquence et de l’ampleur des « zones mortes » océaniques. Source : UP’ Magazine
]]>Azote : la crise environnementale dont vous n’avez pas encore entendu parler - UP’ Magazine
▻http://urlr.me/dpv59
La création des engrais de synthèse au début du XXe siècle a marqué un tournant dans l’histoire de l’humanité, permettant une augmentation des rendements agricoles et provoquant un boom démographique. Mais l’utilisation excessive d’azote et de phosphore provenant de ces engrais est à l’origine d’une crise environnementale, avec la prolifération des algues et l’augmentation de la fréquence et de l’ampleur des « zones mortes » océaniques. Sur les neuf « limites planétaires » que les scientifiques affirment que nous ne devons pas franchir pour maintenir la vie humaine, la limite associée aux déchets d’azote et de phosphore a été largement dépassée, mettant en péril le système de fonctionnement de la Terre. Les responsables politiques mondiaux commencent lentement à reconnaître l’ampleur du problème, alors que le changement climatique menace de l’aggraver. En l’absence de réformes majeures des pratiques agroalimentaires, les scientifiques cherchent à convaincre le monde de réagir.
#engrais #agriculture #algue #crise_environnementale #anoxie_océanique #ordovicien #permien #anthropocène
]]> Les catapultes à Covid et autres pathogènes Robin des bois
▻https://robindesbois.org/les-catapultes-a-covid-et-autres-pathogenes
Les souffleurs de feuilles à air pulsé, fonctionnant au pétrole ou avec des batteries au plomb ou au lithium, dispersent des agents toxiques et infectieux dont les coronavirus. Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) saisi par la Direction Générale de la Santé (DGS) a recommandé dans son avis du 4 avril 2020 pendant la première des vagues Covid, de « ne surtout pas employer d’appareils pour souffler des poussières des sols de type souffleurs de feuilles ».

Les litières des feuilles et les couches superficielles des terres végétales sont l’habitat de milliers d’espèces d’invertébrés utiles à la fertilisation et aux chaînes alimentaires des oiseaux et des petits mammifères. Les vers de terre se nourrissent en partie de feuilles mortes. Quand les souffleurs de feuilles s’attaquent aux îlots végétalisés, aux parterres, aux squares, aux jardins publics et privés et aux pourtours des arbres, ils balayent et dévastent des écosystèmes utiles et complètement négligés.
Nous invitons tous ceux qui sont témoins ou victimes de l’utilisation de souffleurs de feuilles à protester auprès des mairies, des syndics de copropriété et des gestionnaires d’îlots résidentiels comme l’OPAC (Office Public d’Aménagement et de Construction).
Pendant la période Covid et au-delà, ces engins constituent une mise en danger de la vie d’autrui et de toutes celles et ceux qui les utilisent.
#HCSP #DGS #gestes_barrières #virus #germes #infection #bouillon_de_culture #particules #plomb #hydrocarbures #moisissures #pesticides #engrais #pollens #allergènes #pollution #écosystèmes #crise_sanitaire #sante #santé #coronavirus #sars-cov-2 #covid #pandémie #santé_publique
]]>Landes : un incident industriel provoque une pollution autour de l’usine Fertinagro à Misson
▻https://www.francebleu.fr/infos/environnement/landes-un-incident-industriel-provoque-une-pollution-autour-de-l-usine-fe
L’incident s’est produit dans la nuit du 16 au 17 mai à Misson (Landes) : une cheminée de l’usine d’engrais Fertinagro a rejeté accidentellement des poussières polluantes dans l’atmosphère et certaines se sont épandues dans les champs aux alentours, provoquant des dégâts dans les cultures, apprend ce mardi 25 mai France Bleu Gascogne. Selon nos informations, au moins 18 hectares de cultures et de végétation ont été pollués. « Il s’agit d’un accident industriel très regrettable » déclare le maire de la commune, Bernard Magescas.
Ces poussières d’#engrais, qui sont sorties de la cheminée de l’usine, avant de se répandre aux alentours, sont composées d’#urée, de #sulfate_d'ammonium et de #chlorure_de_potasse notamment. L’urée, présente dans cet engrais, entraîne un jaunissement des feuilles des végétaux, ce qui a été constaté sur des parcelles de maïs, mais aussi sur des arbres, comme des acacias.
]]>Florida faces ’imminent’ pollution catastrophe from phosphate mine pond | Florida | The Guardian
▻https://www.theguardian.com/us-news/2021/apr/04/florida-imminent-pollution-catastrophe-phosphate-retention-pond-bradent
Work crews were pumping millions of gallons of contaminated wastewater into an ecologically sensitive Florida bay on Sunday, as they tried to prevent the “imminent” collapse of a storage reservoir at an old phosphate mine.
Officials in Manatee county extended an evacuation zone overnight and warned Sunday that up to 340m gallons could engulf the area in “a 20ft wall of water” if they could not repair the breach at the Piney Point reservoir in the Tampa Bay area, north of Bradenton.[...]
The pond at the abandoned phosphate mine sits in a stack of phosphogypsum, a radioactive waste product from fertiliser manufacturing. The pond contains small amounts of naturally occurring radium and uranium. The stacks can also release large concentrations of radon gas.
]]>#Développement_humain (2020)
- L´#indice_de_développement_humain et ses composantes
– L´évolution de l´indice de développement humain
– L´indice de développement humain ajusté aux #inégalités
– L´indice de développement de #genre
– L´indice d´#inégalités_de_genre
– Indice de #pauvreté multidimensionnelle : pays en développement
– Tendances démographiques
– #Santé
– Niveaux d´#instruction
– #Revenu_national et composition des ressources
– #Travail et #emploi
– #Sécurité_humaine
– #Mobilité humaine et flux de capitaux
– Qualité du développement humain
– Inégalités femmes-hommes sur le cycle de vie
– Autonomisation des #femmes
– #Durabilité_environnementale
– Viabilité socio-économique
▻http://www.cartostat.eu/dr=2020_developpement_humain/F/TABLEAU.html
#cartothèque #cartes #visualisations #développement_humain
#ressources_pédagogiques #statistiques #chiffres #monde
#inégalités #démographie #éducation #mobilité_humaine #dette #tourisme #migrations #téléphone #téléphone_mobile #mortalité_infantile #paludisme #tuberculeuse #VIH #HIV #scolarisation #alphabétisation #PIB #chômage #réfugiés #IDPs #déplacés_internes #suicide #suicides #violence_domestique #violence_conjugale #alimentation #déficit_alimentaire #espérance_de_vie #lits_d'hôpitaux #soins #médecin #PISA #électricité #eau_potable #assainissement #travail_domestique #accouchement #contraception #congé_maternité #combustibles_fossiles #CO2 #émissions_de_CO2 #forêt #engrais #industrie_agro-alimentaire #pollution #pollution_atmosphérique #hygiène #dépenses_militaires #armée #pauvreté
ping @reka
Les nitrates d’ammonium, l’un des dangers de l’agriculture industrielle.
▻https://lareleveetlapeste.fr/explosion-a-beyrouth-les-nitrates-dammonium-lun-des-dangers-de-lag
La France est le premier consommateur d’engrais chimiques à base de nitrates d’ammonium en Europe. En 2014, la France produisait 40 % des engrais de synthèse qu’elle utilise, en importait 35 % depuis des États de l’Union européenne et 25 % hors-Europe. En revanche, elle importe la quasi-totalité de ses matières premières pour la production des engrais, faisant de nos ports industriels, par lesquels transitent et sont stockés les produits, de véritables bombes à retardement comme le dénonce l’association les Amis de la Terre.
« En France, nous avons des sites qui contiennent beaucoup plus de nitrates que ce qu’il s’est passé à Beyrouth, et ce, sans respect des règles de sécurité ! Le leader mondial des engrais Yara, implanté dans les régions du Havre, de Saint-Nazaire ou encore de Bordeaux, a ainsi fait l’objet de pas moins de 11 mises en demeure depuis 2015 ! Comment ne pas s’inquiéter d’un stockage de 20 000 tonnes de nitrates d’ammonium à proximité de Bordeaux par une multinationale qui ne respecte pas la réglementation et pour laquelle l’État fait preuve de largesses ? » explique Anne-Laure Sablée, chargée de campagne agriculture chez les Amis de la Terre, à La Relève et La Peste
]]>Explosion monumentale au port de Beyrouth.
Deux fortes explosions font des dizaines de blessés à Beyrouth
▻https://www.lapresse.ca/international/moyen-orient/2020-08-04/deux-fortes-explosions-font-des-dizaines-de-blesses-a-beyrouth.php
Claude Got : « Nous n’avons pas encore intégré les méthodes qui ont réduit la mortalité en Chine »
▻https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/28/claude-got-nous-n-avons-pas-encore-integre-les-methodes-qui-ont-reduit-la-mo
Quand le bilan de l’épidémie du Covid-19 sera terminé, l’insuffisance de dispositifs de protection personnelle apparaîtra comme l’erreur de gestion la plus grave. Minimiser l’intérêt des masques pour l’ensemble des personnes exposées a été une manœuvre pour réduire la faute des pouvoirs publics qui n’ont pas maintenu le stock de masques commandé par [l’ancienne ministre de la santé] Roselyne Bachelot, en 2009
]]>600 millions de masques : l’objectif du « pont aérien » en préparation entre la Chine et la France, Piotr Smolar et Nathalie Guibert
▻https://www.lemonde.fr/international/article/2020/03/27/600-millions-de-masques-l-objectif-du-pont-aerien-en-preparation-entre-la-ch
Déchargement par des soldats de l’armée tchèque de matériel médical en provenance de Chine, sur l’aéroport de Pardubice, le 22 mars. JOSEF VOSTAREK / AFP
La rotation des avions pourrait durer plusieurs mois, en fonction des aléas de la production, afin de combler la pénurie de matériels dont souffrent les hôpitaux français.
Six cents millions de #masques chinois, dont 74 millions de FFP2, les protections respiratoires les plus performantes. Tel est l’objectif spectaculaire du marché, en plusieurs volets, qu’est en train de passer la France avec des fabricants de la région de Shenzhen, en urgence. Confronté à la nécessité de reconstituer des stocks quasi vides, pouvant mettre en danger la vie des Français, selon ses détracteurs , le gouvernement compte initier un « pont aérien » avec la Chine.
Des #appareils_respiratoires sont aussi prévus, mais la question des tests du coronavirus demeure irrésolue. La rotation des avions pourrait durer près de 14 semaines, selon les informations du Monde, en fonction de la rapidité de la production sur place. Un avion-cargo doit décoller le 29 mars, pour ramener dix millions de masques. Un autre le 31 mars, avec une quantité similaire attendue.
« Nous avons prévu des avions-cargos qui iront en Chine chercher les masques. Ils sont prévus, ils sont affrétés, on peut évoquer l’image du pont aérien. De fait, c’est ce qui va se passer », a expliqué le premier ministre, Edouard Philippe, au Sénat, le 25 mars. Il a fallu raccourcir au maximum les délais, trouver les premiers trajets, sans disposer de toutes les garanties sur la qualité des livraisons à venir. Un marché interministériel d’affrètement en urgence a été passé le week-end des 21 et 22 mars, mentionnant déjà quatre vols – à 1,5 million d’euros l’aller-retour – de 10 millions de masques chacun. L’ordonnateur est la Direction des achats de l’Etat (DAE), qui relève du ministre des finances et des comptes publics. La DAE procède à ces achats sous l’autorité du premier ministre.
Un défi logistique
Reste à faire voler des avions, ce qui est une gageure dans la période, des professionnels du secteur logistique évoquant une situation « non plus de crise mais de chaos ». Avico, le courtier privé de la défense qui a effectué, sur divers appareils, une trentaine de vols de rapatriement de Français depuis l’étranger, a ainsi tenté de trouver un avion immédiatement après l’appel gouvernemental. Un A340 portugais qui partait de Shanghaï dans le week-end avec une cargaison de masques disposait de place pour un fret supplémentaire. Mais ce créneau n’a pu être pris.
Les cinq prestataires du ministère des armées pour les affrètements urgents de fret n’ont toutefois pas été sollicités pour ces vols de matériel médical. Et dans les circonstances actuelles, extrêmement précaires sur le plan de la circulation aérienne, il a été décidé de scinder le marché. En ce qui concerne la partie acheminement, c’est la société Geodis qui en a la charge. A elle de trouver les appareils capables de maintenir ce pont aérien. L’agence nationale Santé publique France est responsable de l’approvisionnement en masques. L’ambassade de France à Pékin essaiera, dans la mesure du possible, de vérifier la qualité de la production chinoise.
Une fois en France, les équipements seront dans un premier temps acheminés dans les huit entrepôts de Santé publique France, répartis sur tout le territoire. Puis la livraison envisagée par le gouvernement serait confiée à différents prestataires. Selon nos informations, Girodmedical, un distributeur en ligne qui livre de grands comptes tels que les hôpitaux, est concerné. L’entreprise située dans la région de Nantes, a toutefois répondu au Monde : « Nous ne pouvons commenter aucune information ».
La Chine « veut montrer sa force »
D’autres pays européens ont procédé différemment, et plus vite. La République tchèque et la Slovaquie ont utilisé leur cotisation au contrat de transport stratégique Salis géré par l’OTAN avec un Antonov 124, le plus gros porteur du monde, pour acheminer des matériels médicaux depuis Shenzen, soit 70 tonnes le 21 mars, opération qui devait être renouvelée les 23 et 31 mars.
A l’Elysée, on tient à souligner la réciprocité qui a existé entre Européens et Chinois, pour rejeter toute idée de sauvetage du Vieux Continent par Pékin. On rappelle qu’à la fin janvier, le gouvernement chinois avait sollicité l’aide de la Commission européenne, qui avait envoyé 56 tonnes de matériel sanitaire, notamment des combinaisons de protection, du désinfectant et des masques chirurgicaux. Aucune publicité n’avait alors été faite sur ce sujet, pour ne pas embarrasser la Chine. La réciproque n’est guère vraie.
Aujourd’hui, la donne a changé. « On voit bien le récit géopolitique qui s’installe côté chinois, et dans une moindre mesure côté russe, dit une source à l’Elysée. Pékin veut montrer sa force, prétend avoir surmonté la crise et battu le virus au point de venir en aide au monde entier, en ciblant à court terme l’Europe. Il faut assumer le fait qu’on a besoin de ces masques à court terme, dans la guerre sanitaire dont parle le président. Ensuite, on aura une question plus générale à traiter, sur la dépendance économique, qu’on fait mine de découvrir sur les médicaments par exemple. Comment peut-on produire et distribuer nous-mêmes ? »
Des contacts nourris entre Paris et Pékin
Pékin n’a pas seulement davantage de moyens de production que les Européens. Le régime chinois accompagne ses cargaisons d’une puissante propagande, destinée à faire oublier son déni et ses mensonges pendant les deux premiers mois de la crise sanitaire, à Wuhan. Au cours des derniers jours, la Chine a envoyé des équipements respiratoires, des cargaisons de gants et de masques, à de nombreux pays européens, dont l’Italie, l’Espagne, la Grèce, la Serbie, et bien entendu la France. Des fournitures qui comportent de sérieux risques : le quotidien espagnol El Pais soulignait jeudi que les 640 000 tests envoyés au pays étaient défectueux, pas assez sensibles.
Le milliardaire chinois Jack Ma a aussi organisé son propre réseau d’aide, par exemple vers la Belgique. Mais l’ampleur du marché passé par le gouvernement français dépasse largement les aides ponctuelles, de type humanitaire. Les contacts politiques entre les deux pays ont été nombreux ces derniers jours. En début de semaine, Emmanuel Macron s’est entretenu avec le président chinois Xi Jinping. De son côté, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a dialogué par téléphone avec son homologue Wang Yi, jeudi 26 mars.
Pékin est reconnaissant à la France de s’être opposée, parmi d’autres, lors de la visioconférence du G7 tenue la veille, aux propos incriminants tenus par le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo. Celui-ci souhaitait que les participants emploient dans un communiqué final l’expression « virus de Wuhan ». Le responsable américain a mis en cause directement le Parti communiste chinois pour l’ampleur de la crise. Ne pas reconnaître cette responsabilité équivaudrait, selon lui, à une forme de complicité passive, a rapporté une source française au Monde. D’où l’atmosphère extrêmement houleuse de la discussion, par écrans interposés.
Le 14 mars : Covid-19 : la discrète bataille des masques entre la France, l’Allemagne et l’Italie
La Commission européenne presse Paris et Berlin de partager leurs stocks avec d’autres pays.
Montrer l’exemple. Empêcher que d’autres Etats soient tentés, eux aussi, de garder pour eux leurs masques, gants et autres combinaisons médicales. Neuf jours après que la France et l’Allemagne, selon des modalités différentes, ont décidé de conserver les matériels médicaux de protection dont elles disposaient sur leur territoire, alors que la situation italienne commençait à devenir préoccupante, la Commission européenne a fini par réussir, vendredi 13 mars, à les faire revenir à des considérations plus altruistes.
Face à la progression dramatique de l’épidémie de coronavirus en Italie, Bruxelles ne pouvait pas rester inactive. D’abord, parce que le décret de réquisition de Paris et l’ordonnance d’interdiction d’exportation de Berlin, tous deux publiés le 4 mars, contrevenaient à l’un des principes fondamentaux régissant le marché intérieur de l’Union européenne (UE) : le droit à la libre circulation des marchandises. Ensuite, parce que les deux pays possèdent une quantité importante de matériels médicaux de protection : tandis que la France a constitué des stocks stratégiques, l’Allemagne en fabrique en grande quantité et a sur son territoire le centre de distribution d’un producteur américain.
Indifférence
« Les deux cas de figure étaient différents. La France voulait lutter contre la spéculation et garder les masques pour son personnel médical, les chercheurs en laboratoire et les malades. L’Allemagne, elle, gardait ses masques chez elle mais n’empêchait pas quiconque le souhaitait de s’approvisionner pour constituer des stocks », explique une source européenne. Deux situations distinctes, donc, mais pas de différence essentielle du point de vue de Bruxelles : pour la Commission, le décret de réquisition français comme l’interdiction d’exportation allemande étaient tout aussi inacceptables.
Accusée d’indifférence à l’égard du drame que vivait l’Italie, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a compris qu’elle avait personnellement intérêt à se saisir du dossier. De son côté, le commissaire au marché intérieur, Thierry Breton, a pris contact avec les industriels pour faire un état des lieux des stocks et des capacités de production. Le sujet a été évoqué, le 6 mars, lors de la réunion extraordinaire des ministres européens de la santé, à Bruxelles. Mais c’est la tribune libre de l’ambassadeur italien auprès de l’UE, Maurizio Massari, publiée sur le site Politico, mardi 10 mars, qui a accéléré les choses. Le diplomate y racontait que son pays avait demandé des masques à ses partenaires, mais sans succès. « Seule la Chine a répondu. Ce n’est pas bon signe en ce qui concerne la solidarité européenne », écrivait-il.
La Chine – d’où la pandémie est partie – a tout fait, de son côté, pour que son geste ait le plus de retentissement possible. Ainsi, dans la soirée de jeudi, un Airbus A350 en provenance de Shanghaï a atterri sur l’aéroport romain de Fiumicino. A son bord, neuf palettes contenant du matériel respiratoire, des électrocardiogrammes et plusieurs dizaines de milliers de masques, et d’autres matériels mis à disposition par la Croix rouge chinoise, mais aussi neuf médecins spécialistes chinois, ayant tous œuvré dans la lutte contre la propagation du virus dans l’empire du Milieu. A l’arrivée de l’avion, le chef de la diplomatie italienne, Luigi Di Maio, a chaleureusement salué les autorités chinoises : « C’est ce que nous appelons de la solidarité et je suis certain que d’autres arrivées se produiront », a-t-il remercié, ajoutant : « Nous ne sommes pas seuls, il y a des personnes dans le monde qui veulent aider l’Italie. » Comment mieux souligner que les partenaires le plus proches de l’Italie, eux, ont manqué à l’appel ?
Bruxelles a donc demandé à la France et à l’Allemagne de revoir leur copie et d’y stipuler clairement que les matériels de protection présents sur leur sol pouvaient être mobilisés pour les appels d’offres conjoints de l’UE et les besoins de tel ou tel pays. « Il est possible de prévoir des restrictions d’exportations, mais il faut que ceux qui sont en contact avec les malades ou le virus, partout en Europe, soient prioritaires », explique un fonctionnaire.
Réaction en chaîne
Compte tenu de l’explosion des besoins en France et en Allemagne, les décisions de leurs gouvernements n’auraient sans doute pas bouleversé la donne. Outre-Rhin, par exemple, une entreprise comme Gehe Pharma Handel, qui fournit quotidiennement plus de 6 500 pharmacies dans le pays, a vu ses demandes en masques de protection respiratoire multipliées par dix depuis février. « Aujourd’hui, nous ne sommes que très partiellement en capacité de livrer les masques qui nous ont été commandés », explique la direction de l’entreprise. Et ce, alors que l’Allemagne – avec plus de 3 600 cas détectés dont 8 mortels – a été pour l’instant beaucoup plus épargnée que la France ou l’Italie.
Berlin s’y sera repris à deux fois avant de fournir un texte qui convienne aux autorités européennes. Jeudi, le gouvernement allemand a proposé une mouture qui n’a pas été jugée à la hauteur, même si elle prévoyait la possibilité d’exporter du matériel de protection sous certaines conditions. Vendredi soir, Berlin était encore en train de travailler à la modification de son ordonnance. Selon le journal La Repubblica, samedi, l’Allemagne aurait autorisé l’envoi d’un million de masques et autre matériel de protection dans la péninsule.
Trois autres pays ont cependant notifié à la Commission leur intention d’interdire l’exportation de matériel de protection médicale : la République tchèque, la Bulgarie et… l’Italie. D’autres, comme la Pologne, l’envisagent également. Face à ce début de réaction en chaîne en contradiction avec les promesses de solidarité formulées par Emmanuel Macron et Angela Merkel, la Commission a donc décidé de réagir. Vendredi, Mme von der Leyen a ainsi regretté que des « Etats membres empêchent les équipements de protection médicale d’arriver jusqu’aux patients et médecins qui en ont besoin, en ces temps où la solidarité est nécessaire ».
Le 7 mars : Pékin a augmenté ses capacités de production et mène une diplomatie du masque à travers le monde pour redorer son blason.
Foyer principal de l’épidémie due au coronavirus, la Chine démultiplie ses capacités de production de masques. Malgré les pénuries, elle met désormais un point d’honneur à en redistribuer à travers le monde – au côté souvent de matériel médical et de kits de test du virus. L’Iran, qui avait puisé dans ses stocks pour envoyer un million de masques en Chine début février au point d’en manquer très vite, en a reçu 250 000 de Pékin fin février. La Corée du Sud et le Japon, qui en ont fourni plusieurs millions, en ont reçu en retour des centaines de milliers récemment.
Outre les donations gouvernementales chinoises, les patrons du privé sont appelés à la rescousse : Jack Ma, le fondateur d’Alibaba, a annoncé, lundi 2 mars, une donation d’un million de masques au Japon et à l’Iran. La presse chinoise a rapporté début mars la distribution, fin février, de masques gratuits dans la rue à Nagoya, au Japon, par des étudiants chinois présents dans le pays dans le cadre d’un échange universitaire.
Eviter la stigmatisation du pays
Voici le temps de la « diplomatie du masque », devenu un signe de good will (« bonne volonté »), d’abord en Asie puis dans le reste du monde, après les fortes tensions géopolitiques générées par la propagation du coronavirus.
Séoul était en plein réchauffement avec Pékin quand le Covid-19 a frappé – ce qui explique que la Corée du Sud n’ait pas imposé de quarantaine aux voyageurs venant de Chine – tout comme le Japon, qui devait accueillir Xi Jinping fin avril pour la première visite d’Etat d’un président chinois depuis 2008, après des années d’animosité. Le voyage a été repoussé.
Dans les premières semaines de l’épidémie, la Chine s’était indignée de voir certains pays, notamment les Etats-Unis, fermer leurs frontières ou stigmatiser ses ressortissants – jusque des pays « amis » comme la Russie – tout en couvrant de louanges les alliés les plus fidèles, comme le Cambodge.
« Quand une idéologie, une personne détenant des secrets comme Snowden, un nuage radioactif ou des migrants traversent une frontière entre deux pays, et ce faisant, provoquent des conséquences sur les rapports de pouvoir de part et d’autre, on est face à un facteur géopolitique. C’est le cas du virus, et il entraîne une géopolitique du masque », souligne, depuis Taipei, le sinologue Stéphane Corcuff, de Sciences Po Lyon.
Les masques sont d’autant plus symboliques pour Pékin que Peter Navarro, le conseiller pour le commerce de Donald Trump, connu pour son hostilité à la Chine, en a fait fin février un enjeu stratégique de la bataille pour la « relocalisation » des industries parties dans l’ex-empire du Milieu : Pékin a « placé des restrictions à l’exportation des masques N95 [la meilleure qualité] » fabriqués en Chine par la société américaine 3M « pour que nous n’en recevions pas, elle a nationalisé nos usines », avait-il déclaré le 26 février sur la chaîne conservatrice Fox News, annonçant le projet de construire de nouvelles lignes de production de masques aux Etats-Unis. Dans un communiqué publié le 5 mars, le ministère chinois du commerce a déclaré « n’avoir jamais placé aucune restriction » à l’exportation de masques fabriqués en Chine.
« L’usine du monde »
Depuis quelques jours, les médias officiels chinois consacrent une grande place au boom de la production de masques dans le pays : celui-ci produit désormais 1,66 million de masques N95 par jour – soit cinq fois plus que début février. Il produit chaque jour 110 millions de masques toutes qualités confondues – soit douze fois plus que début février. Un long article sur le site de l’agence de lutte contre la corruption, publié le 3 mars, décrit cette montée en puissance industrielle comme un « code secret chinois », entendre, une « arme secrète ».
« Le masque est devenu l’objet symbolique de la lutte contre l’épidémie. A travers les donations à l’extérieur, la Chine veut aujourd’hui démontrer que l’usine du monde a toujours d’énormes capacités de production », explique le chercheur en sciences politiques indépendant Chen Daoyin. « Avec l’épidémie, il y a eu beaucoup d’interrogations, en Chine comme à l’étranger, sur le “destin commun de l’humanité” [une antienne de la propagande] promis par la Chine, et aussi sur les risques pour les autres pays de mettre tous leurs œufs dans le même panier en faisant tout produire en Chine. Maintenant que l’épidémie s’est stabilisée en Chine et qu’une deuxième phase est en cours dans le reste du monde, Pékin redouble d’efforts pour reconstituer une image de leadership », poursuit-il.
Le point d’orgue de ce retour en force d’une Chine volontariste et fière devait être un livre publié par le département de la propagande du Parti communiste, et intitulé Da guo zhan yi, soit « La grande puissance combat l’épidémie ». Les médias officiels ont annoncé sa publication officielle le 26 février – mais sa distribution n’a pas encore eu lieu. « L’annonce de la sortie du livre a généré plein de quolibets sur Internet, ils se sont sans doute dit que c’était prématuré et qu’il y aurait un retour de bâton. Donc ils attendent », explique un observateur des réseaux sociaux chinois, qui préfère garder l’anonymat.
]]>Sapins de Noël : excédé par les pesticides, il a tiré au fusil sur une cuve d’épandage | Gaspard d’Allens
▻https://reporterre.net/Sapins-de-Noel-excede-par-les-pesticides-il-a-tire-au-fusil-sur-une-cuve
Un sapin de Noël sur quatre provient du Morvan. Ils y poussent sous perfusion d’engrais et aspergés de produits phytosanitaires. Excédé de voir ses abeilles mourir, Roger a tiré au fusil sur une cuve d’épandage de pesticides traitant les parcelles voisines de chez lui. Son acte a révélé le ras-le-bol des habitants de la région face à cette activité industrielle. Source : Reporterre
]]>Le ruissellement des engrais crée la plus grande zone morte jamais observée aux États-Unis
▻https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2019/06/le-ruissellement-des-engrais-cree-la-plus-grande-zone-morte-jamai
Au large des côtes de la #Louisiane et du #Texas, à l’endroit même où le #Mississippi finit sa course à travers les États-Unis, l’#océan meurt à petit feu. Ce phénomène cyclique est connu sous le nom de #zone_morte et il se produit tous les ans mais selon les scientifiques, la zone atteindra cette année sa superficie maximale depuis le début des relevés.
]]>En #Bretagne, le #fléau des #algues vertes refait surface - FRANCE 24
▻https://webdoc.france24.com/algues-vertes-bretagne-pollution
L’Atlantique tropical ceinturé par les algues sargasses
▻https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/07/09/l-atlantique-tropical-ceinture-par-les-algues-sargasses_5487087_1650684.html
Joseph Montoya (Georgia Institute of Technology, Atlanta) et ses collègues se sont appuyés sur des données satellitaires pour étudier l’évolution de ce qui évoque un superorganisme d’une dimension inédite : en juin 2018, cette ceinture mesurait 8 850 kilomètres de long pour une biomasse de 20 millions de tonnes ! La croissance des algues est dopée par les effluents charriés en plus grande quantité jusqu’à l’océan par l’Amazone, en raison des #épandages d’#engrais agricoles et de la #déforestation, et par la remontée de nutriments sur les côtes africaines.
#algues_sargasses
►https://science.sciencemag.org/content/365/6448/83
Alerte ! Les #océans manquent d’#oxygène
▻https://reporterre.net/Alerte-Les-oceans-manquent-d-oxygene
La teneur en oxygène des flots marins chute radicalement depuis plusieurs années. Cette désoxygénation de l’océan — due au réchauffement climatique et aux rejets d’#engrais agricoles — abîme la biodiversité marine... Et augmente les émissions de gaz à effet de serre. Mais les remèdes existent.
]]>France 3 Centre-Val de Loire - #Biodiversité : SOS nos #oiseaux ont besoin d’aide
▻https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/emissions/on-vous-embarque/sos-nos-oiseaux-ont-besoin-aide-1669881.html
La #chasse, la #pollution ou encore l’#urbanisation participe au #déclin de la population d’oiseaux. Mais le facteur principal semble bien être l’intensification de l’#agriculture. Les lieux de nidification et donc de reproduction perdent du terrain face à l’homogénéisation des #terres agricoles.
Leurs ressources alimentaires sont aussi impactées par l’agriculture intensive. L’utilisation massive de #pesticides et d’#engrais réduit le nombre d’#insectes et par conséquent la quantité de nourriture disponible pour les oiseaux.
]]>#Rural !
C’est l’histoire d’un coin tranquille à la #campagne. Un couple achève d’y retaper une vieille bâtisse devenue en dix ans de travaux une agréable maison. Un peu plus loin, trois jeunes paysans, convaincus qu’une autre agriculture est possible, tentent le pari du #bio. Tout va bien, jusqu’au jour où la nouvelle tombe : le tracé d’une future #autoroute passe ici-même. Durant une année entière, Étienne Davodeau a suvi ces gens crayon en main, a mené son enquête sur les origines de cette décision absurde et ses répercussions dramatiques sur la vie d’une région.
Quelques extraits...
Sur l’#agriculture_biologique :
La disparition du lieu-dit du #Bignon, désormais effacé par l’autoroute :
#paysannerie #GAEC #BD #bande_dessinée #agriculture #ruralité #géographie_rurale #livre #agriculture_biologique #biologique #A87 #infrastructure_routière
]]>Le cadmium, ce « tueur » caché dans les engrais qui divise l’Europe
▻http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2018/03/16/le-cadmium-ce-tueur-cache-dans-les-engrais_5271887_3244.html
Le cadmium est un métal lourd contenu dans les roches phosphatées utilisées pour fabriquer des engrais pour l’agriculture. Classé cancérogène pour l’homme par l’Organisation mondiale de la santé, il a des effets toxiques sur les reins, le squelette, l’appareil respiratoire, et est fortement suspecté d’être un perturbateur endocrinien. Or, l’utilisation d’engrais phosphatés dans les cultures est la principale cause de contamination des sols au cadmium, et donc de l’alimentation, qui représente 90 % de l’exposition à cette substance pour les non-fumeurs.
Santé contre marché
Autre élément : la peur des agriculteurs de voir s’envoler le coût des engrais. « Limiter le niveau de cadmium dans les engrais phosphatés aura un impact important sur le prix du produit fini en raison de la rareté des gisements de phosphates faibles en cadmium, a déjà prévenu Fertilizers Europe, le syndicat européen des producteurs d’engrais. L’augmentation des coûts sera transmise aux agriculteurs européens au détriment de leur compétitivité internationale. »
Avec sa nouvelle réglementation, la Commission entend aussi encourager l’usage des engrais organiques et à base de déchets. Le projet de texte s’inscrit dans un train de mesures sur l’économie circulaire. Il précise que « l’UE importe environ 6 millions de tonnes de phosphates par an, mais pourrait remplacer jusqu’à 30 % de ce total par des boues d’épuration, des déchets biodégradables, des farines de viande et d’os ou du fumier ».
« Conflit d’intérêts » en Espagne
Des orientations qui ne semblent pas partagées par tous les Etats membres. Si la France n’a pas encore exprimé publiquement sa position, dans d’autres pays, le débat fait rage. L’Espagne a fait savoir qu’elle était opposée au projet de la Commission. « Des limites trop strictes de cadmium nous excluraient du marché des engrais phosphatés », a déclaré la ministre de l’agriculture et de l’environnement, Isabel Garcia Tejerina, le 21 février, devant les députés, affirmant que cette position était partagée par la France.
La ministre espagnole a également assuré que les teneurs en cadmium actuelles ne représentaient « pas de risque pour les personnes ni pour l’environnement ». Le parti d’opposition Podemos accuse Mme Garcia Tejerina de « parrainer les engrais toxiques » et de « corruption » – une allusion au parcours professionnel de la ministre de l’agriculture. L’élue du Parti populaire a été, entre 2004 et 2012, directrice de la planification stratégique de Fertiberia, le premier producteur d’engrais en Espagne, et conseillère de Fertial (Société des fertilisants d’Algérie) appartenant au même groupe Villar Mir.
Et bien sûr conflits d’intérêt.
#Conflit_intérêt #Perturbateurs_endocriniens #Engrais #Agriculture
]]>#Pesticides : quand le #privé administre la recherche publique québécoise | ICI.Radio-Canada.ca
▻http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1086727/cerom-mapaq-agriculture-ministere-pesticides-grains-overbeek-recher
Une note interne accablante du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du #Québec (MAPAQ) et une dizaine de témoignages obtenus par Radio-#Canada révèlent une crise sans précédent dans la recherche publique en #agronomie.
[...]
Le CÉROM est financé à 68 % par le ministère de l’#Agriculture. Pourtant, son conseil d’administration est entièrement dominé par le privé. Parmi les membres avec droit de vote, on retrouve :
. trois représentants des Producteurs de grains du Québec ;
. deux représentants de la COOP fédérée, plus important fournisseur de #semences et de #pesticides au Québec ;
. un représentant de la compagnie Synagri qui vend pesticides, semences et #engrais ;
. une productrice de grains indépendante ;
. une consultante en gestion.
Le MAPAQ n’a pas le droit de vote au conseil d’administration, son représentant n’est qu’un « invité » qui peut agir comme conseiller.
]]>The Most Overlooked Environmental Crisis of 2017 | New Republic
▻https://newrepublic.com/article/146195/overlooked-environmental-crisis-2017
Une synthèse sur le rôle néfaste de l’#élevage et de l’#alimentation_animale par le #maïs sur le #climat, la #potabilité, l’#environnement_aquatique, l’#extinction, la #santé...
The meat industry’s main problem is its reliance on corn to feed animals. In 2016, corn crops caused most of the 1.15 million metric tons of nutrient #pollution —excess nitrogen and phosphorus, mostly from fertilizer runoff—that was released into the Gulf. Thirty-six percent of those corn crops are used to feed chicken, cows, and pigs, most of which are eventually eaten by humans. As meat production increases, corn demand rises, producing more nutrient pollution and a bigger dead zone. The dead zone is bad for obvious reasons—as a concerned citizen once told Scavia, “8,000 square miles of no oxygen has got to be a bad thing”—but it also has consequences for humans, as it could decimate the Gulf shrimp industry.
This map provided by NOAA shows how water pollution from farmland flows downstream into the Gulf of Mexico, creating a “dead zone” that cannot support marine life. The red dots indicate cities; lime green areas indicate farmland; and the yellow area is the dead zone.#agriculture #bétail #engrais_chimiques #zone_morte #carbone #politique
]]>We Know for Sure That Bread Is Unhealthy—for the Environment, at Least | Alternet
▻http://www.alternet.org/environment/bread-really-unhealthy-least-environment?akid=15668.2663896.KgMr77&rd=1&sr
The good news is there’s now a clear target to reduce the impact: Nearly half of the emissions (0.589kg, or 13.7oz) come from fertilizer used to grow the wheat. Writing in Nature Plants, Peter Horton and his colleagues from the University of Sheffield analyzed the whole manufacturing process, from planting the seed to putting the bread on the shelf. They found the bulk of the greenhouse gases come from the farm.
“Our findings bring into focus a key part of the food security challenge—resolving the major conflicts embedded in the agri-food system, whose primary purpose is to make money not to provide sustainable global food security,” commented Horton, who is chief research advisor to the University of Sheffield’s Grantham Center for Sustainable Futures.
We know plenty of ways to reduce the impact of using fertilizer, such as using it at key points during the season rather than continuously, and using different cropping systems—by planting vegetables between crop cycles (decreasing “fallow frequency"), farmers can keep the land in use and improve the ability of the soil to hold carbon.
The biggest challenge will be implementing these changes in places where farmers rely on fertilizer to protect their income; after all, it’s a surefire way to make sure the crop grows, regardless of the impact it has on the environment.
]]>Maudit soit le phosphate
"Ce documentaire retrace l’histoire de la « #révolte de #Gafsa », qui secoua le Sud-Ouest de la #Tunisie, où se situe une importante région minière d’extraction de phosphate, durement frappée par la #pauvreté et le #chômage.
Le 5 janvier 2008, commune de #Redeyef : des chômeurs.euses organisent un #sit-in devant la mairie, marquant le début d’un mouvement de désobéissance civile qui durera 6 mois.
Ils s’appelaient Moudhaffer, Bechir, Adnène, Leila ou encore Adel et Haroun. Ils/elles étaient instituteurs.trices, chômeur.euses, jeunes désespéré.e.s., criant leurs revendications, ensemble dans la tourmente d’un mouvement populaire sans précèdent dans l’histoire contemporaine de la Tunisie, surnommé la "#révolte_de_la_dignité".
▻https://www.youtube.com/watch?v=foZUwchinpY
#film #documentaire #phosphate #mines #résistance #matières_premières
cc @albertocampiphoto @reka
Reporterre sur France Inter : Alerte aux algues bleues !
▻https://reporterre.net/Reporterre-sur-France-Inter-Alerte-aux-algues-bleues
L’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), vient de publier le premier recueil mondial de données sur les efflorescences algales nuisibles : il s’agit de multiplication à grande échelle de micro-organismes - dits #cyanobactéries, ou #algues_bleues - qui appauvrissent les stocks de #poissons, détruisent les #fermes_piscicoles et peuvent être porteuses de maladies voire causer la mort de l’homme et des gros animaux marins.
Ce phénomène tend à se développer. En cause : les rejets excessifs d’azote et de phosphore, qui nourrissent ces micro-algues. Qui ont cependant aussi un rôle positif, en produisant de l’oxygène par photosynthèse.
]]>Comment les phosphates du Maroc nourissent la planète - Libération.fr
►http://libeafrica4.blogs.liberation.fr/2016/06/29/comment-les-phosphates-du-maroc-nourissent-la-planete
Je suis aussi intéressé par le fait que l’exploitation du #phosphate a vu le jour dans les dernières décennies de la #colonisation européenne en Afrique du Nord (1900-1960). La création de cette industrie pendant la période coloniale a laissé des legs importants pour les États indépendants d’#Afrique_du_Nord. La #Tunisie, l’#Algérie et le #Maroc en particulier sont tous devenus indépendants avec à leur disposition d’importantes infrastructures minières de phosphate mais aussi des moyens de relier ce phosphate au tissu économique : des mines, des chemins de fer, des ingénieurs, des mineurs et des villes entières axées sur le phosphate. Les sociétés minières de phosphates elles-mêmes sont devenues des acteurs importants dans la formation post-indépendance des pays d’Afrique du Nord, en particulier au Maroc, où l’OCP a fourni des revenus substantiels à l’État. Du point de vue géopolitique, le phosphate a aussi servi à étendre l’influence régionale et mondiale de ces États. J’ai donc choisi d’étudier la façon dont le #phosphate_minier fait à la fois partie du système alimentaire mondial, mais symbolise aussi la transition d’un monde colonial vers un monde post-impérial national.
#sahara_occidental #agriculture #engrais #extraction_minière
]]>L’#urine humaine, le prochain or vert ?
▻http://www.lemonde.fr/sciences/video/2016/04/14/l-urine-humaine-le-prochain-or-vert_4902326_1650684.html
J’ai commencé l’été dernier à faire pipi dans un seau, ajouté autant d’eau, versé dans l’arrosoir : arrose une fois le matin et une fois le soir, plantes d’agrément et potager :) Je peux difficilement en tirer des stats mais le jardin se porte très très bien.
Par contre le caca part dans les toilettes.
]]>Jusqu’à l’os !
#Cosmétiques, #engrais, #biodiesel : le juteux #business des #cadavres_d'animaux - Basta !
▻http://www.bastamag.net/Cosmetiques-engrais-biodiesel-le-juteux-business-des-cadavres-d-animaux#nh
▻http://www.bastamag.net/IMG/arton5463.jpg?1456139545
SOLEIL VERT 1973 100 ’ USA
Réal. Richard Fleischer
Int. Charlton Heston, Edward G.Robinson, Chuck Connors, Leigh Taylor Young.
New York en l’an 2020. La pollution a détruit toute source d’alimentation. Les survivants ont trouvé une solution radicale : l’#euthanasie et la #nécrophagie_industrielle.
#SF #anticipation #agriculture #capitalisme
Le #Bhoutan veut devenir le premier pays 100 % bio
▻http://www.reporterre.net/Le-Bhoutan-veut-devenir-le-premier-pays-100-bio
« Nous travaillons à devenir le premier pays du monde à être 100 % biologique. » Par ces quelques mots soulignés par des applaudissements soutenus, le premier ministre bhoutanais Jigmi Y. Thinley créait la surprise dans un discours prononcé en 2012 à la Conférence Rio+20. L’annonce fut reprise par la presse internationale et depuis, elle revient sporadiquement dans les pages des journaux.
Entre temps, au Bhoutan, les élections de 2013 ont mené le parti d’opposition au pouvoir. Le nouveau ministre de l‘agriculture a maintenu cet engagement, mais sur le terrain, l’objectif du 100 % bio s’avère plus difficile à atteindre que n’est une déclaration internationale à formuler.
Les intrants chimiques ont été introduits au Bhoutan dès les années 1960, alors que le pays mettait en place ses premiers plans de développement. D’après la Banque mondiale, le Bhoutan utilisait 7,4 kg d’#engrais_chimiques par hectare de terres arables en 2004. En 2012, le pays en consommait 15 kg par hectare. A titre de comparaison, la même année, la France en utilisait 137 kg par hectare. Si l’usage d’intrants reste donc relativement faible au Bhoutan, il n’est pas inexistant. Et certains paysans s’y sont habitués.
]]>Les Exxon de l’agriculture
▻https://www.grain.org/fr/article/entries/5271-les-exxon-de-l-agriculture
Ce « tour de force » politique du secteur des engrais s’explique notamment par le fait que son rôle dans les changements climatiques est mal compris et fortement sous-estimé. Les gens associent Shell avec la fracturation hydraulique, mais pas Yara. Mais c’est bien Yara qui coordonne le lobby des entreprises pour le développement du gaz de schiste en Europe, et c’est Yara et d’autres producteurs d’engrais qui absorbent l’essentiel du gaz naturel produit par le boom de la fracturation hydraulique aux États-Unis.3
La production d’engrais, en particulier d’engrais azotés, nécessite une énorme quantité d’#énergie. On estime que la production d’engrais représente 1 à 2 % de la consommation totale d’énergie au niveau mondial et produit environ la même proportion des émissions mondiales de gaz à effet de serre (#GES).4 Cette production augmente chaque année. L’approvisionnement en engrais azoté, qui est produit presque intégralement à partir de gaz naturel, devrait augmenter de près de 4 % par an au cours des dix prochaines années.5 Et cette production va avoir de plus en plus souvent recours au gaz naturel des puits fracturés, dont les fuites de méthane sont de 40 à 60 % supérieures à celles des puits de #gaz conventionnel. (Le méthane est un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2.)6
La production, cependant, ne représente qu’une petite fraction des émissions de GES générées par les #engrais_chimiques. La plupart des émissions se produisent une fois qu’ils sont appliqués sur les sols.
]]>«Une planète trop peuplée»: anatomie d’un mythe - LeTemps.ch
▻http://www.letemps.ch/Page/Uuid/f1801488-0e15-11e5-bce4-0f8872f43eca/Une_plan%C3%A8te_trop_peupl%C3%A9e_anatomie_dun_mythe
Nourrir tout le monde implique-t-il d’aller dans le mur sur le plan écologique ? Les #populationnistes pensent que oui. Pour eux, « le monde est confronté à un choix cornélien entre l’#agriculture industrielle, qui détruit l’#environnement mais nourrit tout le monde, et l’agriculture respectueuse de l’environnement, qui protège ce dernier mais ne nourrit pas la moitié des habitants sur Terre. Heureusement, il y a tout lieu de penser qu’ils ont tort. » Le contre-exemple vient de #Cuba : « Soudain privé de ses approvisionnements en carburants, en #engrais, en #pesticides et en semences lorsque l’Union soviétique s’est effondrée en 1990, le pays a adopté à grande échelle une agriculture #biologique à faible impact. » Résultat : « l’agriculture cubaine s’est plus que redressée, en usant de procédés qui n’étaient pas censés fonctionner ». Plusieurs études ont confirmé cette possibilité. Une méta-analyse de 300 recherches, conduite en 2007 à l’Université du Michigan, comparait les rendements de l’agriculture industrielle et écologique en montrant que « l’approvisionnement en denrées biologiques estimé excédait l’approvisionnement alimentaire actuel dans toutes les catégories de produits ».
Un modèle maintenant menacé par les #Etats-Unis
What Cuba can teach America about organic farming
▻http://www.pbs.org/newshour/bb/cuba-can-teach-america-farming
JEFFREY BROWN: But questions loom, as diplomatic relations between the U.S. and Cuba improve, and American agriculture and food companies look for commercial opportunities on the island.
JASON REIS: I was just talking to our guide at the farm here, and she says that genetically modified organisms are outlawed in Cuba. They’re not allowed. However, chemicals may be allowed.
And I don’t know what will happen if the American agriculture companies get in here, and are able to sell their products, if it’s going to continue like this organic model, or if it’s going to look a lot more like what we see in the U.S. I really — I really don’t know what’s going to happen.
JEFFREY BROWN: Miguel Salcines says farming here will change, but he hopes the focus on organic methods continues.
MIGUEL SALCINES (through translator): The use of chemicals is inevitable. The chemists are going to return. What we have to know is to what extent, and use them as little as possible, and try to continue to emphasize organic agriculture.
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