• La plus grande #enquête participative sur l’#extrême_droite en #France
    https://www.youtube.com/watch?v=-jnwq4-cdHw&t=1s

    Aidez nous à combattre l’extrême droite

    StreetPress.com est un #média indépendant d’investigation. Nous voulons mener la plus grande enquête jamais réalisée sur l’extrême droite et ses groupuscules radicaux. Selon nos estimations, il y aurait en plus du RN présent sur tout le territoire, près de 150 groupes actifs en France. Ils forment un maillage militant dense et s’en prennent partout dans l’hexagone à tous ceux qui ne collent pas à leur vision rance de la France.

    Nous avons décidé de ne pas les lâcher. Nous sommes convaincus que la connaissance est le premier outil de lutte contre les haineux et les violents.

    Nous avons donc décidé d’enquêter sur chacun de ces 150 #groupuscules et les milliers de membres qui les composent, dévoiler les noms de ceux qui les financent et leurs réseaux politiques. C’est un travail titanesque que nous ne pourrons mener seul. Unissons nos forces.

    ► Chacun d’entre vous peut nous aider, de manière anonyme s’il le souhaite.

    https://riposte-extremedroite.streetpress.com

    #StreetPress

    • [Street press] Johan Weisz-Myara@joweisz
      https://twitter.com/joweisz/status/1730184462531538952
      THREAD TRES TRES VENERE 🤬

      Mon whatsapp chauffe. Vous êtes des dizaines à me demander pourquoi @StreetPress est down depuis près de deux heures.

      L’explication est + flippante que la question 🧶👇

      Car qui a coupé StreetPress à votre avis ? 👇

      Non, @StreetPress n’a pas été censuré par une décision de justice.

      Non ce n’est pas un hacker qui aurait poussé nos admins système ou notre développeur dans leurs retranchements. 👇

      Oui, c’est bien @Scaleway_fr - un hébergeur français - pas un Gafa, qui a décidé de bloquer nos IP sous 48h 😱

      Bloquer un site d’information agréé par la Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse, en 3 clicks ? C’est très simple 👇

      Voici ce qu’il s’est passé pour @StreetPress
       : Lundi, un internaute qui apparaît dans un sujet sur des néonazis qui s’entraînent dans les catacombes (ça ne s’invente pas) nous demande de le flouter - chose que l’on fait dans la foulée. 👇

      Mardi, le même internaute signale notre sujet à Youtube, des réseaux sociaux et notre hébergeur, donc.
      Le seul qui va nous bloquer en 48h, c’est donc notre hébergeur
      @Scaleway_fr qui nous envoie un mail mystique, du type « abuse #0876XXXXXXXX » 👇

      Mardi et mercredi, on taffe du matin au soir pr une grosse enquête à sortir jeudi matin :

      La semaine, ils bossent à l’Assemblée 🇫🇷 pour des députés RN, le week-end, ils militent pour des groupuscules violents 🥊🔥
      https://streetpress.com/sujet/1701278537-rassemblement-national-rn-radicaux-identitaires-monarchistes

      Allez la lire, elle est dingue. [...] Ces radicaux occupent aussi des postes-clés au sein du RNJ, la section jeunesse du...

      Jeudi matin, on sort l’enquête. Une heure plus tard
      @Scaleway_fr nous coupe.

      Encore une fois, sans décision de justice.

      L’#hébergeur bloque en 48 heures un site d’info français qui emploie 17 journalistes.

      Un site d’information politique et générale agréé par la CPPAP. 👇
      Ce fonctionnement à l’américaine pose un immense problème de censure et de liberté d’informer.

      Je pose ça ici, et je suis preneur de vos avis et retours
      @laquadrature @gandi_net @N0thing2Hide @RSF_inter

      je ne pige pas bien car les pages du site restent accessibles.. (coup de pub ?)
      sinon, c’est couillon de ne pas choisir un hébergeur de confiance situé à l’étranger (surtout pour payer un hébergeur qui appartient à X Niel, si j’ai bien compris), histoire qu’il soit moins sensibles à des campagnes politiques hostiles, ou moins contraint de collaborer avec le police et la justice française.

      en lançant leur enquête ils ont dit s’être formé en cybersécurité mais le sens politique parait leur faire au moins partiellement leur fait défaut.

      #internet #fafland

  • Dans la #Manche, les coulisses terrifiantes du sauvetage des migrants

    Il y a deux ans, au moins 27 personnes périssaient dans des eaux glaciales au large de Calais, après le naufrage de leur embarcation. Mediapart a enquêté sur les pratiques des différents acteurs missionnés pour sauver celles et ceux qui tentent de rejoindre le Royaume-Uni par la mer.

    « Parfois, ils refusent notre appel, parfois ils décrochent. Quand j’appelle le 999, ils me disent d’appeler les Français, et les Français nous disent d’appeler les Anglais. Ils se moquent de nous. » Ces quelques phrases, issues d’un échange entre un membre de l’association #Utopia_56 et un exilé se trouvant à bord d’une embarcation dans la Manche, résument à elles seules les défaillances du #secours en mer lorsque celui-ci n’est pas coordonné.

    Elles illustrent également le désarroi de celles et ceux qui tentent la traversée pour rejoindre les côtes britanniques. Le 20 novembre 2021, les membres d’Utopia 56 ont passé des heures à communiquer par messages écrits et audio avec un groupe d’exilé·es qui s’était signalé en détresse dans la Manche. « Nous avons appelé tous les numéros mais ils ne répondent pas. Je ne comprends pas quel est leur problème », leur dit un homme présent à bord. « Restez calmes, quelqu’un va venir. Appelez le 112 et on va appeler les #garde-côtes français, ok ? » peut-on lire dans les échanges consultés par Mediapart.

    « Comme ils ont pu nous contacter, on a relancé le #Cross [#Centre_régional_opérationnel_de_surveillance_et_de_sauvetage_maritimes – ndlr], qui a pu intervenir. Mais on peut se demander ce qu’il se serait passé pour eux si ça n’avait pas été le cas », commente Nikolaï, d’Utopia 56. Cet appel à l’aide désespéré a été passé seulement quatre jours avant le naufrage meurtrier du #24_novembre_2021, qui a coûté la vie à au moins vingt-sept personnes, parmi lesquelles des Afghan·es, des Kurdes d’Irak et d’Iran, des Éthiopien·nes ou encore un Vietnamien.

    Un an plus tard, Le Monde révélait comment le Cross, et en particulier l’une de ses agent·es, avait traité leur cas sans considération, voire avec mépris, alors que les personnes étaient sur le point de se noyer. Une #information_judiciaire a notamment été ouverte pour « homicides », « blessures involontaires » et « mise en danger » (aggravée par la violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence), menant à la mise en examen de cinq militaires pour « #non-assistance_à_personne_en_danger » au printemps 2023.

    « Ah bah t’entends pas, tu seras pas sauvé », « T’as les pieds dans l’eau ? Bah, je t’ai pas demandé de partir »… Rendue publique, la communication entre l’agente du Cross et les exilé·es en détresse en mer, en date du 24 novembre, a agi comme une déflagration dans le milieu associatif comme dans celui du secours en mer. Signe d’#inhumanité pour les uns, de #surmenage ou d’#incompétence pour les autres, cet épisode dramatique est venu jeter une lumière crue sur la réalité que subissent les migrant·es en mer, que beaucoup ignorent.

    « Urgence vitale » contre « urgence de confort »

    Entendue dans le cadre de l’#enquête_judiciaire, l’agente concernée a expliqué faire la différence entre une situation d’« #urgence_vitale » et une situation de « #détresse » : « Pour moi, la détresse c’est vraiment quand il y a une vie humaine en jeu. La plupart des migrants qui appellent sont en situation de détresse alors qu’en fait il peut s’agir d’une urgence de confort », a déroulé la militaire lors de son audition, précisant que certains cherchent « juste à être accompagnés vers les eaux britanniques ».

    Elle décrit aussi des horaires décalés, de nuit, et évoque des appels « incessants » ainsi que l’incapacité matérielle de vérifier les indicatifs de chaque numéro de téléphone. Un autre agent du Cross explique ne pas avoir souvenir d’un « gros coup de bourre » cette nuit-là. « Chaque opération migrant s’est enchaînée continuellement mais sans densité particulière. » Et de préciser : « Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de densité particulière que nous faisons le travail avec plus de légèreté ; aucun n’est mis de côté et chaque appel est pris au sérieux. »

    Deux sauveteurs ont accepté de se confier à Mediapart, peu après le naufrage, refusant que puisse se diffuser cette image écornée du #secours_en_mer. « C’est malheureux de dire des choses comme ça », regrette Julien*, bénévole à la #Société_nationale_de_sauvetage_en_mer (#SNSM). Il y a peut-être, poursuit-il, « des personnes avec moins de jugeote, ou qui ont décidé de se ranger d’un côté et pas de l’autre ».

    L’homme interroge cependant la surcharge de travail du Cross, sans « minimiser l’incident » de Calais. « La personne était peut-être dans le rush ou avait déjà fait un certain nombre d’appels… Ils sont obligés de trier, il peut y avoir des erreurs. Mais on ne rigole pas avec ça. »

    Lorsque des fenêtres météo favorables se présentent, sur une période d’à peine deux ou trois jours, le Cross comme les sauveteurs peuvent être amenés à gérer jusqu’à 300 départs. Les réfugié·es partent de communes de plus en plus éloignées, prenant des « #risques énormes » pour éviter les contrôles de police et les tentatives d’interception sur le rivage.

    « Cela devient de plus en plus périlleux », constate Julien, qui décrit par ailleurs les stratégies employées par les #passeurs visant à envoyer beaucoup d’exilé·es d’un seul coup pour en faire passer un maximum.

    Il y a des journées où on ne fait que ça.

    Alain*, sauveteur dans la Manche

    « En temps normal, on arrive à faire les sauvetages car nos moyens sont suffisants. Mais à un moment donné, si on se retrouve dans le rush avec de tels chiffres à gérer, on a beau être là, avoir notre #matériel et nos #techniques de sauvetage, on ne s’en sort pas. » Julien se souvient de cette terrible intervention, survenue fin 2021 au large de la Côte d’Opale, pour laquelle plusieurs nageurs de bord ont été « mis à l’eau » pour porter secours à un canot pneumatique disloqué dont le moteur avait fini à 23 heures au fond d’une eau à 7 degrés.

    Présents sur zone en une demi-heure, les nageurs récupèrent les exilé·es « par paquet de trois », essayant d’optimiser tous les moyens dont ils disposent. « On aurait peut-être eu un drame dans la Manche si on n’avait pas été efficaces et si les nageurs n’avaient pas sauté à l’eau », relate-t-il, précisant que cette opération les a épuisés. L’ensemble des personnes en détresse ce jour-là sont toutes sauvées.

    Le plus souvent, les sauveteurs font en sorte d’être au moins six, voire huit dans l’idéal, avec un patron qui pilote le bateau, un mécanicien et au moins un nageur de bord. « Le jour où on a frôlé la catastrophe, on était onze. Mais il nous est déjà arrivé de partir à quatre. »

    Alain* intervient depuis plus de cinq années dans la Manche. La surface à couvrir est « énorme », dit-il. « Il y a des journées où on ne fait que ça. » Ce qu’il vit en mer est éprouvant et, « au #drame_humain auquel nous devons faire face », se rajoute parfois « le #cynisme aussi bien des autorités françaises que des autorités anglaises ».

    On a sauvé en priorité ceux qui n’avaient pas de gilet. Les autres ont dû attendre.

    Alain* à propos d’un sauvetage

    Il évoque ce jour de septembre 2021 où 40 personnes sont en danger sur une embarcation qui menace de se plier, avec un brouillard laissant très peu de visibilité. Ne pouvant y aller en patrouilleur, l’équipe de quatre sauveteurs se rend sur zone avec deux Zodiac, et « accompagne » l’embarcation jusqu’aux eaux anglaises. Mais celle-ci commence à se dégonfler.

    La priorité est alors de stabiliser tous les passagers et de les récupérer, un par un. « Ça hurlait dans tous les sens, mais on a réussi à les calmer », relate Alain qui, tout en livrant son récit, revit la scène. « Il ne faut surtout pas paniquer parce qu’on est les sauveteurs. Plus difficile encore, il faut se résoudre à admettre que c’est un sauvetage de masse et qu’on ne peut pas sauver tout le monde. » Alain et ses collègues parviennent à charger tous les passagers en les répartissant sur chaque Zodiac.

    Lors d’un autre sauvetage, qu’il qualifie de « critique », ses collègues et lui doivent porter secours à une quarantaine d’exilés, certains se trouvant dans l’eau, et parfois sans gilet de sauvetage. « On a sauvé en priorité ceux qui n’avaient pas de gilet, explique-t-il. Mais les autres ont dû attendre notre retour parce qu’on manquait de place sur notre bateau. Et par chance, entre-temps, c’est la SNSM qui les a récupérés. » Ce jour-là, confie-t-il, le Cross a « vraiment eu peur qu’il y ait des morts ».

    Négociations en pleine mer

    À cela s’ajoute la « #mise_en_danger » provoquée par les tractations en pleine mer pour déterminer qui a la responsabilité de sauver les personnes concernées.

    Une fois, raconte encore Alain, le boudin d’un canot pneumatique transportant 26 personnes avait crevé. « On leur a dit de couper le moteur et on les a récupérés. Il y avait un bébé de quelques mois, c’était l’urgence absolue. » En mer se trouve aussi le bateau anglais, qui fait demi-tour lorsqu’il constate que les exilé·es sont secouru·es.

    « Les migrants se sont mis à hurler parce que leur rêve s’écroulait. C’était pour nous une mise en danger de les calmer et de faire en sorte que personne ne se jette à l’eau par désespoir. » Le bateau anglais finit par revenir après 45 minutes de discussion entre le Cross et son homologue. « Plus de 45 minutes, répète Alain, en pleine mer avec un bébé de quelques mois à bord. »

    Qu’est devenu ce nourrisson ? s’interroge Alain, qui dit n’avoir jamais été confronté à la mort. Il faut se blinder, poursuit-il. « Nous sommes confrontés à des drames. Ces personnes se mettent en danger parce qu’elles n’ont plus rien à perdre et se raccrochent à cette traversée pour vivre, seulement vivre. » Il se demande souvent ce que sont devenus les enfants qu’il a sauvés. Sur son téléphone, il retrouve la photo d’une fillette sauvée des eaux, puis sourit.

    Pour lui, il n’y aurait pas de « consignes » visant à distinguer les #eaux_françaises et les #eaux_anglaises pour le secours en mer. « On ne nous a jamais dit : “S’ils sont dans les eaux anglaises, n’intervenez pas.” Le 24 novembre a été un loupé et on ne parle plus que de ça, mais il y a quand même des gens qui prennent à cœur leur boulot et s’investissent. » Si trente bateaux doivent être secourus en une nuit, précise-t-il pour illustrer son propos, « tout le monde y va, les Français, les Anglais, les Belges ».

    Lors de ses interventions en mer, la SNSM vérifie qu’il n’y a pas d’obstacles autour de l’embarcation à secourir, comme des bancs de sable ou des courants particulièrement forts. Elle informe également le Cross, qui déclenche les sauveteurs pour partir sur zone.

    « On approche très doucement du bateau, on évalue l’état des personnes, combien ils sont, s’il y a des enfants, s’il y a des femmes, si elles sont enceintes », décrit Julien, qui revoit cet enfant handicapé, trempé, qu’il a fallu porter alors qu’il pesait près de 80 kilos. Ce nourrisson âgé de 15 jours, aussi, qui dépassait tout juste la taille de ses mains.

    Si les exilés se lèvent brutalement en les voyant arriver, ce qui arrive souvent lorsqu’ils sont en détresse, le plancher de l’embarcation craque « comme un carton rempli de bouteilles de verre » qui glisseraient toutes en même temps vers le centre. Certains exilés sont en mer depuis deux jours lorsqu’ils les retrouvent. « En short et pieds nus », souvent épuisés, affamés et désespérés.

    Des « miracles » malgré le manque de moyens

    Les sauveteurs restent profondément marqués par ces sauvetages souvent difficiles, pouvant mener à huit heures de navigation continue dans une mer agitée et troublée par des conditions météo difficiles. « L’objectif est de récupérer les gens vivants, commente Julien. Mais il peut arriver aussi qu’ils soient décédés. Et aller récupérer un noyé qui se trouve dans l’eau depuis trois jours, c’est encore autre chose. »

    En trois ans, le nombre de sauvetages a été, selon lui, multiplié par dix. Le nombre d’arrivées au Royaume-Uni a bondi, conduisant le gouvernement britannique à multiplier les annonces visant à durcir les conditions d’accueil des migrant·es, du projet d’externalisation des demandes d’asile avec le Rwanda, à l’hébergement des demandeurs et demandeuses d’asile à bord d’une barge, plus économique, et non plus dans des hôtels.

    Pour Julien, les dirigeant·es français·es comme britanniques s’égarent dans l’obsession de vouloir contenir les mouvements migratoires, au point de pousser les forces de l’ordre à des pratiques parfois discutables : comme le montrent les images des journalistes ou des vacanciers, certains CRS ou gendarmes viennent jusqu’au rivage pour stopper les tentatives de traversée, suscitant des tensions avec les exilé·es. Aujourd’hui, pour éviter des drames, ils ne sont pas autorisés à intercepter une embarcation dès lors que celle-ci est à l’eau.

    Dans le même temps, les sauveteurs font avec les moyens dont ils disposent. Un canot de sauvetage vieillissant, entretenu mais non adapté au sauvetage de migrants en surnombre, explique Julien. « On porte secours à près de 60 personnes en moyenne. Si on est trop lourd, ça déséquilibre le bateau et on doit les répartir à l’avant et au milieu, sinon l’eau s’infiltre à l’arrière. » Ses équipes ont alerté sur ce point mais « on nous a ri au nez ». Leur canot devrait être remplacé, mais par un bateau « pas plus grand », qui ne prend pas ce type d’opérations en compte dans son cahier des charges.

    En un an, près de « 50 000 personnes ont pu être sauvées », tient à préciser Alain, avant d’ajouter : « C’est un miracle, compte tenu du manque de moyens. » Il peut arriver que les bénévoles de la SNSM reçoivent une médaille des autorités pour leur action. Mais à quoi servent donc les médailles s’ils n’obtiennent pas les moyens nécessaires et si leurs requêtes restent ignorées ?, interroge-t-il.

    « La France est mauvaise sur l’immigration, elle ne sait pas gérer », déplore Alain, qui précise que rien n’a changé depuis le drame du 24 novembre 2021. Et Julien de conclure : « Les dirigeants sont dans les bureaux, à faire de la politique et du commerce, pendant que nous on est sur le terrain et on sauve des gens. S’ils nous donnent des bateaux qui ne tiennent pas la route, on ne va pas y arriver… »

    Mercredi 22 novembre, deux exilés sont morts dans un nouveau naufrage en tentant de rallier le Royaume-Uni.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/241123/dans-la-manche-les-coulisses-terrifiantes-du-sauvetage-des-migrants
    #Calais #mourir_en_mer #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #France #UK #Angleterre #GB #sauvetage #naufrage #frontières #migrations #asile #réfugiés

  • Les aventures de l’enquête militante, Davide Gallo Lassere, Frédéric Monferrand, Rue Descartes 2019/2 (N° 96), pages 93 à 107
    https://www.cairn.info/revue-rue-descartes-2019-2-page-93.htm

    Depuis la crise de 2008, on assiste à un retour en force de la notion de « capitalisme » sur la scène intellectuelle et dans le débat public, ce qui soulève au moins deux questions : que faut-il au juste entendre par « capitalisme » ? Et qu’est-ce qui en justifie la critique ? Dans une perspective marxienne, la réponse à la première question ne paraît guère problématique, même si elle peut faire l’objet de développements divergents. Par « capitalisme », on entend en effet un mode de production fondé sur la généralisation de l’échange marchand, l’exploitation d’une force de travail « libre » et l’accumulation indéfinie de survaleur. La réponse à la seconde question est en revanche moins évidente, ne serait-ce que parce qu’on trouve dans Le Capital différents modèles de critique du capitalisme.

    Dans les deux premières sections de l’ouvrage, Marx explique que l’échange marchand génère des illusions socialement nécessaires qui imposent aux individus des rôles sociaux unilatéraux en les transformant en simples « porteurs » d’un processus de valorisation anonyme. De la lecture des deux cent premières pages du Capital, on retire donc l’impression que le capitalisme doit être critiqué parce qu’il constitue un système opaque animé d’une tendance incontrôlable à élargir la base de sa reproduction.

    Or, une telle critique, menée du point de vue objectif du capital, resterait formelle si elle n’était complétée par une description, menée du point de vue subjectif du travail, des effets concrets de l’accumulation capitaliste sur l’expérience sociale de celles et ceux qui en assurent la continuité. Dès lors qu’on quitte la sphère de la circulation marchande pour descendre dans l’« antre secret de la production , le capital n’apparaît en effet plus comme un « sujet automate, mais comme une forme de #commandement sur le travail qui suscite des conflits portant sur le #temps et sur l’#organisation de l’activité, qui oppose différentes stratégies d’extraction du surtravail et de refus de l’exploitation et qui se traduit par des dégradations physiques et morales dont Marx, à la suite des inspecteurs de fabrique, fournit la patiente description . Dans cette seconde perspective, le #capitalisme ne doit plus être critiqué parce qu’il constitue un système irrationnel et autoalimenté, mais parce qu’il produit des effets négatifs sur la vie physique, psychique et sociale des subjectivités.

    L’objectif de cet article est de développer ce second modèle critique – qu’on peut qualifier de « critique par les effets » – en montrant qu’il a reçu dans la pratique de l’enquête militante un appui théorique et une continuation politique. Partant des élaborations pionnières du jeune Engels, nous soutiendrons la thèse selon laquelle l’enquête militante permet d’articuler la connaissance des rapports sociaux et l’organisation des pratiques visant à en accomplir la transformation. Car, comme nous tenterons de le montrer ensuite en parcourant la séquence menant des élaborations de Socialisme ou Barbarie en France à celles des _Quaderni rossi puis de Classe operaia en Italie, c’est bien la question de l’organisation qui fournit à l’enquête militante sa raison d’être et en détermine les différentes modalités.

    #enquête_ouvrière #enquête_militante #opéraïsme #stratégie #travail #subjectivité #refus #organisation_autonome #autonomie #barbarie

  • McKinsey, pour le meilleur et pour le pire – Les Éditions Buchet-Chastel
    https://www.buchetchastel.fr/catalogue/mckinsey-pour-le-meilleur-et-pour-le-pire

    Quelle est la véritable influence du cabinet de conseil le plus prestigieux au monde, McKinsey ?

    Dans cette #enquête sans précédent, qui mesure l’impact considérable de #McKinsey sur tous les secteurs de l’économie mondiale, des centaines d’interviews d’anciens consultants, de clients, ainsi que des milliers de documents inédits, ont permis de percer sa culture du secret et de lever le voile sur ses profondes contradictions.

    Course aux profits à court terme, licenciements massifs, délocalisation abusive, surrémunération des patrons et des actionnaires… Les recommandations de McKinsey ont-elles toujours respecté un pacte éthique ? Ou, au contraire, ont-elles précipité la cruauté du capitalisme ?

    Peut-on travailler à la fois pour le ministère de la Santé et pour les producteurs d’opioïdes ? Peut-on soutenir l’écologie tout en travaillant avec les entreprises les plus émettrices de CO2 ? Peut-on optimiser les profits des parcs Disney et mettre en question la maintenance ?...

    À travers de multiples exemples et révélations, pour les auteurs il n’y a pas de doute : McKinsey a souvent rendu le monde plus inégal et impitoyable.

    Avec un extrait des premières pages pour se mettre en appétit.

  • [pub] Les extraits du « Côté obscur de la force » : « Pendant la crise des “gilets jaunes”, jamais une surveillance aussi massive n’avait été déployée »

    Dans un livre qui paraît chez Flammarion mercredi 11 octobre, le journaliste Vincent Nouzille propose une enquête très fouillée sur ce qu’il appelle les « dérives du ministère de l’intérieur et de sa #police ». « Le Monde » publie en avant-première des extraits concernant le mouvement social qu’a connu la France en 2018.
    Par Vincent Nouzille

    Bonnes feuilles. C’est un secret d’Etat jusque-là bien préservé que nous dévoilons ici : en pleine crise des « #gilets_jaunes », les services de renseignement français ont mis sur #écoute et géolocalisé des milliers de #manifestants. Jamais une #surveillance aussi massive n’avait été déployée. Jamais autant d’individus en même temps n’avaient été concernés. Jamais de tels moyens techniques n’avaient été combinés pour savoir où des citoyens allaient se rendre, et tenter d’interpeller en amont ceux qui étaient suspectés, à tort ou à raison, de s’apprêter à commettre des violences.

    Selon les témoignages de plusieurs responsables de la police et du #renseignement, si le cadre légal a été formellement respecté, certaines de ces surveillances ont été décidées et avalisées sur la base de critères flous et dans la précipitation. « C’était la panique au sommet du pouvoir et dans les services, explique une source au ministère de l’intérieur. Le mouvement des “gilets jaunes” se transformait chaque samedi en insurrection. Il fallait sauver la République. Nous avons donc ratissé large1. »
    Au lendemain de la journée du 1er décembre 2018, où la violence est montée d’un cran, notamment à Paris avec le saccage de l’Arc de triomphe et au Puy-en-Velay avec l’incendie de la préfecture, le ministre de l’intérieur, #Christophe_Castaner, et son secrétaire d’Etat, #Laurent_Nuñez, décident de changer de stratégie. Ils exigent que le dispositif de sécurité soit plus mobile et demandent davantage d’interpellations en amont. Ils souhaitent surtout une surveillance ciblée de toute personne présumée violente. (…)

    Les services de renseignement ont déjà dans leurs radars des individus classés à l’ultragauche et à l’ultradroite, beaucoup étant « #fichés_S » (pour « sûreté d’Etat »). En revanche, la plupart des « gilets jaunes » sont inconnus. Dans les premiers temps, les services peinent à repérer des « leaders » d’un mouvement aussi éruptif que peu organisé. (…) Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, s’inquiète des activistes provinciaux que ses équipes ne connaissent pas et qui risquent de « monter » à Paris pour y semer des troubles chaque samedi.
    Face aux risques de désordre qui se propagent, les « gilets jaunes » étant insaisissables et se déplaçant sans arrêt, la donne change. « Nous allons maintenant travailler sur cette nouvelle population », glisse, de manière elliptique, Laurent Nuñez à propos des « gilets jaunes », lors d’une audition au Sénat le 4 décembre. Durant la seule journée du 8 décembre 2018, 724 personnes sont placées en garde à vue dans toute la France, souvent avant même qu’elles ne commencent à manifester. Les samedi 15 et 22 décembre, le même dispositif se reproduit. Les différents services ont commencé leur surveillance de certains manifestants considérés comme potentiellement dangereux. Et cela avec l’aval des plus hautes instances, qui ont donné leur feu vert à l’emploi massif des « techniques de renseignement », les « TR » dans le jargon des initiés. (…)

    L’emploi des #techniques_de_renseignement ne peut être justifié que pour la défense nationale, la protection des intérêts majeurs du pays, la lutte contre l’espionnage économique et scientifique, la prévention du terrorisme, du crime organisé et de la prolifération d’armes de destruction massive. Mais elles sont aussi autorisées pour la prévention des « atteintes à la forme républicaine des institutions », de la « reconstitution de groupements dissous » ou des « violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique ». C’est principalement ce dernier motif – appelé « 5-C » par les spécialistes, et déjà employé lors de l’évacuation de la #ZAD_de_Notre-Dame-des-Landes au printemps 2018 – qui va être utilisé à grande échelle lors de la crise des « gilets jaunes ».

    En décembre 2018, les requêtes de « TR » affluent brutalement (…). Même si les données publiées dans les rapports annuels de la CNCTR [Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement] sont imparfaites, elles donnent un aperçu de cette montée. Les demandes motivées par la « prévention des violences collectives » passent de 6 % de l’ensemble des requêtes en 2017 à 14 % en 2019, ce qui représente une augmentation de 133 % et un cumul de plus de 20 000 demandes en trois ans2 ! Dans le détail, le compteur des « géoloc », déjà en forte croissance les années précédentes, s’affole, passant de 3 751 demandes en 2017 à 5 191 en 2018, puis à 7 601 en 2019, soit un doublement en deux ans et la plus forte progression des techniques de renseignement. Quant aux écoutes, elles se multiplient aussi sur la même période, passant de 8 758 en 2017 à 12 574 en 2019, soit une croissance de 43 % en deux ans. Globalement, cette surveillance a concerné au moins 2 000 personnes entre fin 2018 et fin 2019. (…)

    La pression est telle que le centre d’écoute, basé aux Invalides, doit faire appel à des renforts d’effectifs pour les week-ends. De plus, le nombre de lignes téléphoniques écoutées simultanément a rapidement atteint le maximum autorisé3, ce qui a conduit Matignon à rehausser ce contingent en juin 2019 pour atteindre 3 800 lignes, dont 3 050 réservées au ministère de l’intérieur. Les « grandes oreilles » sont employées à grande échelle.
    Au siège de la CNCTR, un bâtiment sécurisé caché au fond d’un jardin de la rue de Babylone, dans le 7e arrondissement, la tension est maximale chaque fin de semaine à partir de décembre 2018. (…) « C’était l’enfer. Tous les services voulaient un feu vert dans la soirée de vendredi. La Commission n’avait pas forcément le temps de vérifier les motivations indiquées dans les centaines de demandes », précise un de ses membres, qui n’a pas eu son mot à dire sur ces décisions.

    (…) Beaucoup de manifestants ciblés sont ainsi repérés en direct, dans leurs déplacements en voiture, en train, jusqu’à Paris, ou vers d’autres grandes métropoles où se déroulaient des rassemblements importants. Ignorant qu’ils sont géolocalisés grâce à leur téléphone, certains sont interpellés sur les routes, aux péages, dans les gares ou près des lieux de leur résidence. Seize personnes, présentées par la police comme des « black blocs » ou des « ultrajaunes », seront arrêtées à 12 h 30 le samedi 7 décembre 2019, dans une maison louée avenue du Général-Leclerc, au Bouscat, près de Bordeaux, et les locaux perquisitionnés.
    Leur localisation a été rendue possible, affirmeront les enquêteurs, grâce à la découverte faite dans la nuit de tags anti-police peints dans le quartier et sur la foi d’« investigations d’environnement » effectuées le matin même. Mais les détails de ces « investigations d’environnement » ne seront pas versés en procédure, car, selon l’officier de police judiciaire chargé de l’enquête, elles « provenaient d’informations classifiées ». Ce qui correspond à des renseignements de surveillance émanant des services.

    La #géolocalisation permet également de suivre le parcours des « cibles » durant les manifestations. Les trajets sont visualisés en direct sur des écrans. (…) Chaque cible est alors colorée selon son appartenance présumée : rouge pour des cibles de l’ultragauche, bleu pour l’ultradroite. (…)

    D’autres « gilets jaunes » font l’objet d’un traçage en direct hors des manifestations habituelles du samedi. Le dimanche 14 juillet 2019, juste avant le défilé traditionnel des armées sur les Champs-Elysées, les services reçoivent des alertes sur la présence de « gilets jaunes » dans les parages, alors que le périmètre a été interdit à toute manifestation sur ordre du préfet de police. Plus grave : ils soupçonnent une attaque contre le président de la République, Emmanuel Macron. Au vu du risque de « trouble grave à l’ordre public », des surveillances téléphoniques sont aussitôt autorisées, pour quelques jours, sur plusieurs cibles, avant d’être levées faute de menaces avérées. Coïncidence ? Ce jour-là, parmi les près de 200 personnes interpellées dans Paris en marge du défilé, trois leaders connus des « gilets jaunes », Eric Drouet, Maxime Nicolle et Jérôme Rodrigues, sont arrêtés dès le matin aux alentours des Champs-Elysées et placés en garde à vue, avant d’être relâchés dans l’après-midi, une fois les procédures lancées ou classées sans suite. Les techniques de surveillance sont également utilisées de manière intensive pour repérer les manifestants contre le sommet du G7 qui se tient à Biarritz du 24 au 26 août 2019. (…)

    La fin du mouvement des « gilets jaunes » en 2020, suivie de la longue crise sanitaire, n’a pas stoppé cette surveillance ciblée. Au contraire. Selon les données de la CNCTR, chargée de filtrer les requêtes des services, les demandes d’écoutes et de poses de balises pour tous types de motifs sont restées stables à un niveau élevé depuis 2020. Celles portant sur des intrusions dans des lieux privés ont fortement augmenté, tout comme celles sur la captation de données informatiques. Quant aux demandes de géolocalisation en temps réel , très prisées lors des manifestations, elles ont continué leur irrésistible ascension, de 7 601 en 2019, jusqu’à 10 901 en 2022 , un nouveau record.

    Notes de bas de page :
    1- Entretiens avec l’auteur. La plupart des sources de ce prologue ont requis l’anonymat, vu le caractère sensible des informations livrées ici. Les dates des entretiens ne sont pas précisées.
    2 - Nombre des requêtes de TR motivées par les motifs de prévention des violences collectives : 4 226 en 2017 (soit 6 % du total des 70 432 demandes) ; 6 596 en 2018 (soit 9 % des 73 298 demandes) ; 10 296 en 2019 (soit 14 % du total des 73 543 demandes). Source : rapports annuels de la #CNCTR.
    3 - Le contingent d’écoutes était de 3 040 depuis 2017, déjà passé à 3 600 en juin 2018.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/09/les-extraits-du-cote-obscur-de-la-force-pendant-la-crise-des-gilets-jaunes-j
    les (...) du texte sont du journal

    edit #police_politique #solutionnisme_technologique #écologie_radicale #SLT #extinction_rebellion ...

    #manifestations #livre

    • « Le Côté obscur de la force », enquête sur la part d’ombre des pratiques policières
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/09/le-cote-obscur-de-la-force-enquete-sur-la-part-d-ombre-des-pratiques-policie

      L’enquête de Vincent Nouzille qui paraît le 11 octobre chez Flammarion fait la lumière sur deux tendances de fond aux lourdes conséquences sur les libertés publiques : la multiplication des entraves au droit de manifester et le développement de la surveillance de masse.

      Livre. Depuis P… comme police, d’Alain Hamon et Jean-Charles Marchand (Alain Moreau, 1983), les livres d’enquête sur une institution aussi décriée que propice aux fantasmes n’ont pas fait défaut. Il manquait toutefois, dans ce catalogue, un ouvrage consacré aux plus récentes années, un livre qui serait à la fois une mise en perspective de maux endémiques (comme la difficulté à admettre l’existence de violences policières, fussent-elles répétées et objectivées) et un exercice d’analyse prospective sur des pratiques policières renouvelées, bien souvent inquiétantes. Vincent Nouzille, journaliste rompu aux investigations documentées, comble cette lacune en explorant Le Côté obscur de la force (Flammarion, 512 pages, 23 euros).
      Si elle n’oublie pas les figures imposées et traite notamment de la persistance de réseaux d’influence souterrains au sein du ministère de l’intérieur, son enquête aide avant tout à mettre en lumière deux tendances de fond aux lourdes conséquences sur les #libertés_publiques. La première tient à la multiplication des entraves au #droit_de_manifester grâce à la mobilisation de toutes les ressources judiciaires possibles, parfois au moyen de procédés à la limite du dilatoire. La seconde tendance concerne la mise en œuvre de techniques de surveillance de masse.
      Noyés dans les rapports officiels et les interventions des autorités policières, les chiffres exhumés par l’auteur montrent que des milliers d’individus ont fait l’objet d’une surveillance étroite, une vaste entreprise de « renseignement » décidée au plus haut sommet de l’Etat lors de la crise des « gilets jaunes » et prolongée depuis. La pérennisation de ces techniques fait craindre une extension du domaine panoptique, rendue probable par le test grandeur nature des Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024. « Il est assez vraisemblable, prévient Vincent Nouzille, que les enseignements qui en seront tirés inciteront ses promoteurs, notamment toute la filière de la sécurité qui piaffe d’impatience, à vouloir en tirer parti pour passer à la vitesse supérieure. » Et accélérer un mouvement, manifestement déjà bien engagé, de surveillance généralisée.

      "Ils ne peuvent plus s’en passer" : un livre révèle une "flambée" des écoutes depuis les "gilets jaunes"
      https://www.radiofrance.fr/franceinter/ils-ne-peuvent-plus-s-en-passer-un-livre-revele-une-flambee-des-ecoutes-

      (...) il y a eu au moins 2.000 personnes écoutées ou géolocalisées pendant la crise des « gilets jaunes ». Jamais on n’avait écouté autant de monde en même temps lors d’une crise sociale. Cela a permis aux services de renseignement et services de police, d’une part d’écouter, mais surtout de suivre les #mouvements de ces manifestants et d’en interpeller certains en amont des manifestations. Cela a été, selon eux, extrêmement efficace. Les [représentants] officiels me disent que tout a été fait dans les règles. Mais vu le nombre de demandes et vu, surtout, l’afflux soudain des demandes, nous pouvons nous poser des questions sur les contrôles qui ont pu être exercés en la matière."

      Vous montrez également que cette surveillance n’a pas pris fin après cet épisode des « gilets jaunes »...

      "On aurait pu croire qu’avec la fin de la crise des « gilets jaunes », début 2020, cette surveillance diminue. Or, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé, au contraire. En fait, les responsables du service de renseignement m’ont confié qu’ils y avaient pris goût et ne pouvaient plus se passer des écoutes, et surtout des géolocalisations en temps réel, qui permettent de savoir où sont les personnes que l’on veut surveiller. Le nombre des personnes qui ont été surveillées "au titre des violences collectives", comme on dit dans le jargon, a atteint 3.500 en 2021, c’est à dire trois fois plus qu’en 2017. Nous avons donc bien eu une extension de la surveillance à un nombre beaucoup plus grand de personnes.

      Il y a ensuite eu un léger repli en 2022, mais, début 2023, je révèle qu’il y a eu un nouvel accord de la Commission nationale des techniques de renseignement pour élargir les critères de la surveillance et des possibilités d’écoutes à des personnes qui font partie des mouvements de l’écologie radicale. C’est le cas de certains membres des Soulèvements de la Terre, d’Extinction rébellion et d’autres, notamment toutes les personnes qui ont lutté contre les méga-bassines. Cette commission a décidé fin 2022, début 2023, de changer les critères et d’accepter un certain nombre de demandes des renseignements qu’elle avait jusqu’alors refusées. Par exemple, lorsqu’a eu lieu la première manifestation à Sainte-Soline, en octobre 2022, les services de renseignement avaient fait des demandes d’écoute d’un certain nombre de leaders des mouvements, et cela n’avait pas été accepté par cette commission. Mais vu la violence et les incidents qui ont eu lieu fin octobre, l’intrusion ensuite dans la cimenterie Lafarge, près de Marseille, qui a eu lieu en décembre, et d’autres incidents de ce type, cette Commission de contrôle des techniques de renseignement a décidé d’élargir les critères d’écoute en acceptant désormais des cas de demandes de personnes qui sont susceptibles de commettre des violences non pas physiques, mais des #violences_matérielles, de destruction, de #sabotage."

      #justice #enquêtes_judiciaires #JO #gendarmerie #Service_central_de_renseignement_territorial #RT

  • « Affaire du 8 décembre 2020 » : un procès pour terrorisme d’ultragauche sur des bases fragiles

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/25/affaire-du-8-decembre-2020-le-proces-d-une-supposee-menace-terroriste-d-ultr

    Sept personnes sont renvoyées à partir du 3 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris pour « association de malfaiteurs terroriste ». Ce dossier terroriste d’ultragauche est le premier à être jugé depuis le groupe Action directe, dont le dernier procès remonte à 1995.

    https://soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org

    –—
    Suivi du procès qui a débuté mardi 3 octobre 2023 :
    https://seenthis.net/messages/1019505

    –—
    En commentaire ci-dessous : détails sur l’affaire.

    • C’est un groupe qui n’a pas de nom. Un groupe dont la plupart des membres ne se connaissent pas. Un groupe sans lieu ni objectif défini. Bref, ce n’est pas vraiment un groupe. Mais cela n’a pas empêché les juges antiterroristes de renvoyer sept individus – six hommes et une femme – classés politiquement à l’ #ultragauche devant un tribunal pour « association de malfaiteurs #terroriste ». Leur procès doit se tenir du 3 au 27 octobre devant la 16e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris. Ils encourent jusqu’à dix années de prison.

    • Par quelque bout qu’on le prenne, le dossier tient essentiellement sur une seule personne : Florian D., qui se fait appeler désormais « Libre Flot ». Agé de 39 ans, ce militant anarchiste est parti combattre au Kurdistan syrien aux côtés des Unités de protection du peuple (#YPG), des brigades intégrées aux Forces démocratiques syriennes contre l’organisation Etat islamique (EI), d’avril 2017 à janvier 2018.

      #libre_flot

    • A l’été et à l’automne 2020, les pièces versées au dossier vont même en décroissant. Les écoutes sont de peu d’intérêt, seule la sonorisation du camion dans lequel vit et se déplace Florian D. vient alimenter quelque peu le dossier. Or, en novembre 2020, les enquêteurs apprennent que Florian D. a l’intention de vendre son camion et de partir à l’étranger. Il est alors décidé, au terme d’une réunion le 19 novembre 2020 entre la #DGSI, le #PNAT et le juge d’instruction Jean-Marc Herbaut, d’interpeller les mis en cause. Le coup de filet a lieu le 8 décembre 2020, les mises en examen de sept des onze interpellés, appréhendés dans toute la France et ramenés au siège de la DGSI, sont prononcées le 11 décembre.

    • Au bout de quinze mois d’isolement, qu’il assimile à de la « torture blanche » et qui a occasionné pertes de mémoire, désorientation spatiotemporelle, etc., Florian D. a mené une grève de la faim d’un mois, qui s’est achevée par sa remise en liberté sous contrôle judiciaire. Après sa sortie de prison, il a attaqué l’Etat devant le tribunal administratif de Versailles et a obtenu, le 18 avril 2023, l’annulation des décisions de mise à l’isolement et la condamnation de l’Etat à 3 000 euros de réparations.

    • « Dans ce dossier, le PNAT et le juge d’instruction ont plaqué de manière totalement artificielle une méthodologie et un récit directement empruntés au terrorisme djihadiste, estiment les deux avocates. On retrouve la notion de “séjour sur zone” [au Kurdistan syrien] pour aller combattre, la figure du “revenant” tout comme l’idée d’un “réseau transnational” kurde. C’est absurde, il n’y a jamais eu de lien entre une entraide internationale au Rojava et des actions en Occident, c’est un procédé grossier pour criminaliser à bas coût l’extrême gauche. Au contraire, les Kurdes combattent Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique], avec l’appui de la coalition. » « Il ne faut pas oublier que nous défendons quelqu’un qui a combattu Daech au péril de sa vie », renchérit Me Kempf, qui assure la défense de Florian D., avec Me Coline Bouillon. D’autant qu’il n’est pas illégal d’aller combattre avec les YPG au Kurdistan, comme le confirme un jugement du tribunal administratif du 31 mars 2017.

    • Pour Mes Simon et Vannier, « ce dossier pose les bases de ce qui va suivre : les notions d’écoterrorisme et de terrorisme intellectuel agités par Gérald Darmanin depuis un an, la dissolution des Soulèvements de la Terre [ #slt ] en juin ». Me Kempf, lui, y voit la logique dévorante de l’antiterrorisme en action : « Les acteurs de l’antiterrorisme ont besoin de se nourrir de dossiers pour justifier leur existence. Avec le reflux du djihadisme, on peut penser qu’ils ont besoin de se tourner vers d’autres horizons. Or, eux seuls décident, en fonction de critères obscurs, de ce qui est terroriste ou pas. » Pour Mes Chalot et Arnaud, « ce dossier est une porte ouverte extrêmement dangereuse pour les années qui viennent ».

      Des avocats expriment la crainte d’une requalification terroriste à l’avenir de plusieurs dossiers de destruction de biens dans lesquels les Soulèvements de la Terre sont poursuivis.

    • AFFAIRE DU 8 DÉCEMBRE -L’antiterrorisme à l’assaut des luttes sociales
      https://lundi.am/Affaire-du-8-decembre

      Le 8 décembre 2020, une opération antiterroriste visait 9 militants politiques français. Les quelques éléments de langage et de procédure distillés dans la presse par la police laissent alors songeur. Une association de Paint Ball, un artificier qui travaille à Disneyland et quelques discussions de fin de soirée où l’on dit tout le mal que l’on pense de la police nationale captées par des micros cachés par la DGSI. À partir du 3 octobre, sept personnes seront jugées à Paris, soupçonnées de participation à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Afin de mieux saisir les enjeux comme le fond de cette affaire, nous avons reçu cette analyse détaillée et politique du dossier d’instruction.

      #luttes #antiterrorisme #police #justice #enquête #téléphonie #fadettes #géolocalisation

    • Ça parait tout droit issu de la culture des recrues de l’intérieur nourrie de la bibliothèque rose, un truc comme la DGSI et le club des cinq ou bien Darmanin et La girafe noire

      Et pourtant, la DGSI n’avait pas lésiné sur les moyens de surveillance. A la sonorisation de lieux d’habitation, s’ajoutent des milliers d’heures d’écoutes téléphoniques, le recours à la géolocalisation en temps réel, des dizaines d’opération d’IMSI catching, des centaines de filatures et bien entendu l’analyse des dizaines de supports numériques saisis lors des arrestations et des comptes associés (mails, réseaux sociaux...). Soit sept intimités violées pour venir satisfaire la curiosité malsaine des quelques 106 agent.es du renseignement ayant travaillé sur ce dossier.

    • Affaire du « 8 décembre » : le droit au chiffrement et à la vie privée en procès - 2 octobre 2023

      https://www.laquadrature.net/2023/10/02/affaire-du-8-decembre-le-droit-au-chiffrement-et-a-la-vie-privee-en-pr

      Le 3 octobre prochain s’ouvrira le procès de l’affaire dite du « 8 décembre ». Sept personnes sont accusées d’association de malfaiteurs terroriste. Pour construire le récit du complot terroriste, les services de renseignement de la DGSI chargés de l’enquête judiciaire, le parquet national antiterroriste (PNAT) puis le juge d’instruction instrumentalisent à charge le fait que les inculpé·es utilisaient au quotidien des outils pour protéger leur vie privée et chiffrer leurs communications . Face à cette atteinte inédite, que nous documentions longuement il y a quelques mois, le temps de ce procès va donc être crucial dans la bataille contre les velléités récurrentes de l’État de criminaliser des pratiques numériques banales, sécurisées et saines, pratiques que nous défendons depuis toujours.

      [...]

      Ce procès est une énième attaque contre les libertés fondamentales, mais surtout un possible aller sans retour dans le rapport que l’État entretient avec le droit à la vie privée. Alors votre mobilisation est importante ! Rendez-vous demain, 3 octobre, à 12h devant le tribunal de Paris (Porte de Clichy) pour un rassemblement en soutien aux inculpé·es. Puis si vous le pouvez, venez assister aux audiences (qui se tiendront les après-midis du 3 au 27 octobre au tribunal de Paris) afin de montrer, tous les jours, solidarité et résistance face à ces attaques.

      –—

      Affaire du 8 décembre : le chiffrement des communications assimilé à un comportement terroriste - 5 juin 2023

      https://www.laquadrature.net/2023/06/05/affaire-du-8-decembre-le-chiffrement-des-communications-assimile-a-un-

      nous avons été alerté du fait que, parmi les faits reprochés (pour un aperçu global de l’affaire, voir les références en notes de bas de page7), les pratiques numériques des inculpé·es, au premier rang desquelles l’utilisation de messageries chiffrées grand public, sont instrumentalisées comme autant de « preuves » d’une soi-disant « clandestinité » qui ne peut s’expliquer que par l’existence d’un projet terroriste.

      Nous avons choisi de le dénoncer.

      –—

      « Affaire du 8 décembre 2020 » : le #chiffrement des communications des prévenus au cœur du soupçon

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/25/affaire-du-8-decembre-2020-le-chiffrement-des-communications-des-prevenus-au

    • Procès pour terrorisme d’ultragauche : la cause kurde en filigrane de l’accusation

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/03/proces-pour-terrorisme-d-ultragauche-la-cause-kurde-en-filigrane-de-l-accusa

      Florian D. et six autres personnes sympathisantes de l’ultragauche sont jugées à Paris à partir de mardi. A l’origine du dossier, le séjour de Florian D. au Kurdistan syrien, durant lequel il a appris le maniement des armes pour combattre l’organisation Etat islamique.

  • Affaire « Lafarge ». Les moyens d’enquête utilisés et quelques attentions à en tirer - Rebellyon.info
    https://rebellyon.info/Affaire-Lafarge-Les-moyens-d-enquete-25197

    Suite aux 35 arrestations des 5 et 20 juin dernier, les entretiens menés avec les arrêté.e.s ont en partie révélé l’ampleur de ce que l’État est prêt à déployer pour traquer celleux qui s’opposent au ravage écologique et industriel. Ecoutes, filatures, logiciel espion, reconnaissance faciale, balise GPS...

    À noter que plusieurs des personnes visées par ces réquisitions ont vu leur compte en banque clôturé sans explication ou ont subit des #contrôles_domicilaires très poussés par la CAF. Une clôture de compte bancaire inexpliquée peut ainsi être un signe de surveillance.

    La police dit ne pas envoyer de réquisitions à Riseup par peur qu’iels ne préviennent les personnes concernées, et considérant que Riseup ne leur répondra probablement jamais. Cela semble confirmer que l’utilisation de fournisseurs mail militantes mettant en œuvre un certain nombre de protections et de système de chiffrement tels que #Riseup leur pose beaucoup plus de problèmes d’accès que dans le cas de fournisseurs commerciaux [6]. (Il va sans dire que l’utilisation de clés de chiffrement PGP pour les échanges de mails ajoute une couche de protection supplémentaire).

    [...] Sans tomber dans le fantasme d’une surveillance permanente et omniprésente, autant prendre un certain nombre de mesures pour se protéger du traçage policier, tout en veillant à ce que ça ne nous pourrisse pas trop la vie et que ça ne nous empêche pas de nous organiser collectivement.

    Nous travaillons à une analyse plus poussée de ces premiers éléments et d’autres. Vous pouvez nous contacter à lesmoyens @ systemli.org

    #lafarge #police #justice #luttes #enquête #SDAT #ADN #vidéosurveillance #Reconnaissance_faciale #téléphonie #fadettes #géolocalisation #logiciel_espion #IMSI_catchers #écoutes #CAF #Pôle_emploi #impôts #ANTS #blablacar ++ #SNCF #FlixBus #banques #Twitter #Facebook (refus !) #Instagram #sonorisation_de_véhicule #boîtiers_GPS #Filatures #sociétés_d'autoroute #Demande_de_photos_des_véhicules_aux_péages_autoroutiers

  • « Le viol, passage presque inévitable de la migration » : à Marseille, huit femmes témoignent
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/18/le-viol-passage-presque-inevitable-de-la-migration-a-marseille-huit-femmes-r

    « Le viol, passage presque inévitable de la migration » : à Marseille, huit femmes témoignent
    Par Lorraine de Foucher (Marseille, envoyée spéciale)
    Publié hier à 06h58, modifié hier à 14h22
    TémoignagesLundi 18 septembre, la revue scientifique internationale « The Lancet » publie une enquête de santé publique inédite menée sur 273 demandeuses d’asile à Marseille, corrélant la migration et la violence sexuelle dont elles sont victimes. « Le Monde » a recueilli les histoires de huit femmes qui ont participé à l’étude.
    Au milieu de la conversation, Aissata tressaille. Adama, elle, manque plusieurs fois de faire tomber son bébé de 2 mois, gros poupon emmailloté dans un body blanc, qu’elle allaite le regard absent. Les yeux de Perry se brouillent : elle a vu trop de violence. Ceux de Fanta sont devenus vitreux : elle est là, mais plus vraiment là. Grace regrette sa sécheresse oculaire, elle aimerait tant pleurer et hurler, peut-être la croirait-on et l’aiderait-on davantage, mais elle ne sait pas où ses larmes sont parties. Nadia sourit en montrant les cicatrices des brûlures de cigarettes qui constellent sa poitrine, comme pour s’excuser de cette vie qui l’a fait s’échouer ici. Stella porte ses lunettes de soleil à l’intérieur, et explose de rire en racontant qu’elle a été vendue quatre fois.
    Tous ces détails, ces marques de la barbarie inscrite dans le corps des femmes migrantes, le docteur Jérémy Khouani les observe depuis ses études de médecine. Généraliste dans une maison de santé du 3e arrondissement de Marseille – avec 55 % de ses habitants au-dessous du seuil de pauvreté, c’est l’un des endroits les plus pauvres de France –, il soigne les bobos, les angines et les gastros, mais voit surtout le traumatisme surgir face aux mots « excision », « Libye », « traite » ou « viol ».Bouleversé par des consultations qui l’amènent à mesurer la taille de lèvres vaginales post-excision pour l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), à diagnostiquer une arthrose massive à une jeune femme de 30 ans ou à prescrire des antidépresseurs à une autre qui vient de tenter de s’immoler, il a décidé de lutter avec ce qu’il savait faire : « De la science ». « Je n’ai pas envie de hiérarchiser, mais les violences que subissent les femmes demandeuses d’asile, c’est trois fois plus horrible que les hommes. Ils subissent aussi des violences, mais ce n’est pas systémique, ils n’ont pas le vagin mutilé à 6 ans, ou le viol comme passage presque inévitable de la migration. » En Europe, en 2021, les femmes représentent 31 % des demandeurs d’asile.
    Il y a trois ans, avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille et la faculté de médecine d’Aix-Marseille, Jérémy Khouani a lancé une grande enquête de santé publique pour mesurer l’incidence des violences sexuelles chez les femmes demandeuses d’asile en France. Une étude inédite, publiée ce lundi 18 septembre dans la revue scientifique The Lancet (Regional Health Europe) et menée sur 273 femmes arrivées sur le territoire français, volontaires pour participer et en attente de la réponse des autorités quant à leur statut. La moitié d’entre elles viennent d’Afrique de l’Ouest, le reste du Moyen-Orient, d’Asie ou d’Europe.
    Ainsi, 26 % d’entre elles se déclarent victimes de violences sexuelles au cours de leurs douze derniers mois sur le territoire français, et 75 % avant leur entrée en France. Les demandeuses d’asile encourent dix-huit fois plus le risque d’être victimes de viol en France que les Françaises de la population générale ; 40 % d’entre elles ont subi des mutilations génitales. « L’étude fait ressortir que la violence sexuelle est un motif de départ, un impondérable du parcours migratoire, et un crime dont on ne les protège pas en France », analyse Anne Desrues, sociologue et enquêtrice sur le projet.(....)

    #Covid-19#migrant#migration#sante#femme#violence#parcoursmigratoire#santementame#france#afriqueouest#asie#moyenorient#europesantepublique#france#enquete#violencesexuelle#viol

  • « Le viol, passage presque inévitable de la migration » : à Marseille, huit femmes témoignent

    Lundi 18 septembre, la revue scientifique internationale « The Lancet » publie une enquête de santé publique inédite menée sur 273 demandeuses d’asile à Marseille, corrélant la migration et la violence sexuelle dont elles sont victimes. « Le Monde » a recueilli les histoires de huit femmes qui ont participé à l’étude.

    [...]

    Bouleversé par des consultations qui l’amènent à mesurer la taille de lèvres vaginales post-excision pour l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (#Ofpra), à diagnostiquer une arthrose massive à une jeune femme de 30 ans ou à prescrire des antidépresseurs à une autre qui vient de tenter de s’immoler, [Jérémy Khouani] a décidé de lutter avec ce qu’il savait faire : « De la science ». « Je n’ai pas envie de hiérarchiser, mais les violences que subissent les femmes demandeuses d’asile, c’est trois fois plus horrible que les hommes. Ils subissent aussi des violences, mais ce n’est pas systémique, ils n’ont pas le vagin mutilé à 6 ans, ou le viol comme passage presque inévitable de la migration. » En Europe, en 2021, les femmes représentent 31 % des demandeurs d’asile.

    Il y a trois ans, avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille et la faculté de médecine d’Aix-Marseille, Jérémy Khouani a lancé une grande #enquête de #santé_publique pour mesurer l’incidence des violences sexuelles chez les femmes demandeuses d’asile en France. Une étude inédite, publiée ce lundi 18 septembre dans la revue scientifique The Lancet (Regional Health Europe) et menée sur 273 femmes arrivées sur le territoire français, volontaires pour participer et en attente de la réponse des autorités quant à leur statut. La moitié d’entre elles viennent d’Afrique de l’Ouest, le reste du Moyen-Orient, d’Asie ou d’Europe.

    « Un impondérable du parcours migratoire »

    Ainsi, 26 % d’entre elles se déclarent victimes de violences sexuelles au cours de leurs douze derniers mois sur le territoire français, et 75 % avant leur entrée en France. Les demandeuses d’asile encourent dix-huit fois plus le risque d’être victimes de viol en France que les Françaises de la population générale ; 40 % d’entre elles ont subi des mutilations génitales. « L’étude fait ressortir que la violence sexuelle est un motif de départ, un impondérable du parcours migratoire, et un crime dont on ne les protège pas en France », analyse Anne Desrues, sociologue et enquêtrice sur le projet.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/09/18/le-viol-passage-presque-inevitable-de-la-migration-a-marseille-huit-femmes-r

    trouvé, ainsi que « Les femmes_migrantes doivent intégrer le viol comme un élément du voyage » . Plus de 80 % des femmes originaires d’Amérique latine qui prennent la route de l’exil sont violées durant leur trajet (Smaïn Laacher, 2019), ici https://justpaste.it/c1du2

    #femmes #migration #femmes_migrantes #violences_sexuelles #viol #demandeuses_d’asile #mutilations_génitales #exil

    • Oui, effectivement c’est la logique infernale du cumul des calamités et malheureusement ce n’est pas prêt de s’arranger.

      La surcharge des étoiles sur seenthis, je l’avais déjà eu avec mon smartphone et c’est la première fois que ça me le fait sur mon ordi. Je vais désormais tâcher d’être plus patient avant de renouveler un clic ;-)

  • Les oubliés du droit d’asile

    Plus de 500 personnes ont participé à l’enquête réalisée sur 5 structures d’accueil parisiennes. L’enquête a permis la production d’un rapport final à partir de l’analyse des données quantitatives et qualitatives recueillies.


    Le rapport « Les oubliés du droit d’asile » dresse un constat alarmant sur les conditions d’existence des #hommes_isolés fréquentant les structures sur lesquelles l’enquête a été menée. Ces résultats amènent les associations à formuler des recommandations qui supposent une adaptation réglementaire et législative, l’augmentation des moyens ou l’ajustement des pratiques. Les associations en sont convaincues, les réponses aux difficultés rencontrées par les hommes isolés visés par l’enquête ne pourront se construire qu’en concertation et collaboration entre les associations, les services et agences de l’Etat et les collectivités.

    https://www.youtube.com/watch?v=ScjteUjbWAA

    https://www.actioncontrelafaim.org/publication/les-oublies-du-droit-dasile
    #rapport #France #Paris #asile #migrations #réfugiés #accueil #recommandations #SDF #sans-abris #sans-abrisme #hébergement #conditions_d'accueil #île_de_France #conditions_matérielles_d'accueil #enquête #dispositif_d'accueil #précarisation #allocation_pour_demandeurs_d'asile (#ADA) #accès_aux_droits #faim #santé_mentale

    ping @karine4

    • 95 entretiens poussés , un peu de sérieux , 85 bénévoles combien ça coute ? transmission des résultats aux services publiques , canal habituel ? l’honorable correspondant ? etc ...

    • Lors de la dernière audition, à court de nouvelles déductions, Z. avait finit par me questionner à propos d’un billet de France Culture sur la dissolution des Soulèvements de la Terre, écouté le matin même dans sa voiture. Il me précise que l’éditorialiste Jean Leymarie y critique la dissolution mais interroge la « radicalisation du mouvement » : « Leymarie cite le philosophe Pascal et son adage - la justice sans la force est impuissante mais la force sans la justice est tyrannique ? Continuerez vous malgré votre mesure de garde à vue à légitimer l’usage de la violence ? N’avez vous pas peur que votre mouvement devienne tyrannique ? Allez vous vous ranger du côté de la justice ? »

      Ce qui est bien quand on est seul à faire les questions et à savoir que les réponses ne viendront pas, c’est que l’on a toujours la possibilité de se les poser à soi-même et à son corps de métier. Une semaine après nos sorties de garde à vue, des policiers tuaient une fois de plus dans la rue un adolescent des quartiers populaires, provoquant le soulèvement politique le plus fracassant qu’ait connu ce pays depuis les Gilets Jaunes, avant d’envoyer des centaines de nouvelles personnes en prison. Alors que la conséquence que les policiers en tirent quant à eux est de revendiquer aujourd’hui, avec l’appui du ministère de l’Intérieur, un statut d’exception à même de les faire échapper à la loi, la question de ce que devient la force sans la justice est tragiquement d’actualité.

    • Quand je suis emmené pour la dernière fois dans son bureau pour l’audition finale, il ne nous cache cette fois pas sa forte déception et l’étonnement des enquêteurs de ne pas avoir été suivis par la juge. L’un deux soufflera d’ailleurs à une autre personne que celle-ci est « à moitié en burn out ». Lui confirme en tout cas qu’elle a estimé que « les conditions de sérénité des débats n’étaient pas réunies ». On peut imaginer, au-delà de toute autres considérations guidant cette décision, que la juge doit à minima répugner à ce que son indépendance soit publiquement mise en débat et à ce que le doute continue à se distiller sur son instrumentalisation au profit d’une urgence gouvernementale à mettre fin aux Soulèvements de la Terre. D’autant que depuis l’affaire Tarnac, les juges d’instruction savent bien que la fragnolite peut toujours les attendre au tournant, et depuis Bure que les associations de malfaiteurs trop enflées politiquement peuvent finir en relaxe.

    • Le capitaine nous affirme d’ailleurs que justement la SDAT « cherche aujourd’hui de nouveaux débouchés » du côté de l’« écologie » et « des violences extrêmes ».

      [...]

      Z. dira à plusieurs reprises que la seule raison pour laquelle la SDAT a pu « lever le doigt » pour être chargée de l’affaire était les « tentatives d’incendies sur des véhicules de l’usine », et que « sans le feu » tout ceci serait sans doute resté dans une catégorie de délit inférieur sans bénéficier de leur attention

      [...]

      Au long des 4 jours, on constate que Z. oscille quant à lui maladroitement entre une surqualification des faits incriminés seule à même de justifier que les moyens de la SDAT soit employée dans cette affaire, et une posture opposée visant à déjouer les critiques sur l’emploi des moyens de l’anti-terrorisme à l’encontre d’actions écologistes qui peuvent difficilement être qualifiée comme telles. Il estime d’un côté que notre mise en cause de l’emploi de la SDAT dans la presse est déplacée puisque la qualification « terroriste » n’est pas retenue dans le classement de cette affaire et que la SDAT agirait ici comme un « simple corps de police ». Mais il nous exposera par ailleurs dans le détail comment seuls les moyens exceptionnels de l’anti-terrorisme ont pu permettre de mener une telle enquête et que « nul autre qu’eux » aurait été capable de fournir ce travail.

      Il faut dire que la taille du dossier d’instruction encore incomplet est de 14 000 pages, ce qui représente à ce que l’on en comprend six mois de plein emploi pour un nombre significatif de policiers, et donne une idée du sens des priorités dans l’exercice de la justice dans ce pays. A sa lecture ultérieure et en y explorant dans le détail l’amplitude des moyens qu’ont jugé bon de déployer les enquêteurs pour venir à la rescousse de Lafarge, les mis en examen constateront qu’ils avaient effectivement carte blanche. L’officier concède d’ailleurs à mon avocat que la police est, ces dernières années, une des institutions les mieux dotées financièrement du pays, et admet que leurs syndicats font quand même bien du cinéma. En l’occurrence cette manne a été mise au service de ce qui paraît être devenu ces derniers mois deux impératifs catégoriques pour le gouvernement français et les entreprises qui comptent sur sa loyauté à leur égard. En premier lieu produire une secousse répressive suffisante pour décourager toute velléité de reproduction d’un telle intrusion. Il doit demeurer absolument inconcevable que la population fasse le nécessaire et mette elle-même à l’arrêt les infrastructures qui ravagent ses milieux de vie. En second lieu, étendre encore le travail de surveillance et de fichage déjà à l’œuvre sur un ensemble de cercles jugés suspects en s’appuyant sur les moyens débridés offerts par l’enquête.

    • Il veux savoir si j’ai lu les brochures visant à attaquer les #Soulèvements_de_la_Terre, de ceux qu’il qualifie d’« #anarchistes individualistes ». Les accusations portées à notre égard y sont selon lui fort instructives et mettent en cause les faits et gestes de certaines personnes d’une manière qui s’avère sans doute pertinente pour l’enquête. C’est notamment à partir de ces fables intégralement versées au dossier que la SDAT justifie certaines des #arrestations, et fonde une partie de la structure incriminante de son récit sur ces « cadres des Soulèvements » qui resteraient « au chaud » en envoyant d’autres personnes au charbon. Ce sont d’ailleurs ces mêmes pamphlets, publiées sur certains sites militants, que le ministère de l’Intérieur reprend avec application pour fournir des « preuves » de l’existence et de l’identité de certains soit-disant « #dirigeants », et alimenter, dans son argumentaire sur la dissolution, l’idée d’un mouvement « en réalité vertical ». Z. est en même temps « bien conscient », dit-il, que ces écrits, sont « probablement l’expression de « guerres de chapelles », comme ils peuvent en avoir eux-même de services à service ». Cela ne l’empêche pas de proposer à une autre personne, arrêtée lors de la première vague, de prendre le temps de les lire pendant sa garde à vue « pour réaliser à quel point » elle se serait fait « manipuler ».

      #récit #autonomie #surveillance #police_politique #SDAT (héritage du PS années 80) #arrestations #interrogatoires #SLT #écologie #sabotage #anti_terrorisme #Lafarge #Béton

    • Lafarge, Daesh et la DGSE
      La raison d’Etat dans le chaos syrien

      https://lundi.am/Lafarge-Daesh-et-la-DGSE

      Ce mardi 19 septembre se tenait une audience devant la cour de cassation concernant l’affaire Lafarge en Syrie dans laquelle le cimentier et ses dirigeants sont soupçonnés de financement du terrorisme. Alors que le terme terrorisme plane frauduleusement autour du désarmement de l’usine de Bouc-bel-Air, voilà l’occasion d’une petite mise en perspective.

      #lafarge #daesh #dgse #syrie

  • Élancourt : « C’est la voiture de police qui l’a percuté »
    https://contre-attaque.net/2023/09/08/elancourt-cest-la-voiture-de-police-qui-la-percute

    Très gravement blessé, [#Sefa S.] a été hospitalisé et se trouve en état de mort cérébrale. Deux policiers conducteurs ont été placés en garde à vue, avant d’être relâchés. En attendant, la violente compagnie #CRS8 a été déployée dans la ville, une violence supplémentaire.

    L’avocat de la famille, Yassine Bouzrou, expliquait : « Nous avons la certitude que la voiture de police a percuté la moto ». https://seenthis.net/messages/1015892#message1016013 Un témoin direct confirmait à la presse : « J’ai vu que c’était la voiture de police qui l’a percuté ». Plusieurs caméras de surveillance sont sur les lieux. Les proches demandent à les consulter. Sont-elles « tombées en panne », comme cela arrive souvent en cas de violences policières ?

    Pour rappel, les policiers ne peuvent engager une #course-poursuite que pour les délits les plus graves. Et pas pour des #refus_d’obtempérer, qui sont exclus des consignes officielles. Les agents disent avoir poursuivi le jeune homme parce qu’il n’avait pas son casque. Justification encore plus absurde : on ne fonce pas sur une personne qui est particulièrement exposée car non protégée.

    Jeudi 13 avril à Paris, trois adolescents sur un scooter étaient percutés par une voiture de #police. Une jeune fille de 17 ans avait été placée dans le coma et un jeune de 14 ans était hospitalisé dans un état grave. Les policiers avaient ouvert leur portière pour déstabiliser le scooter. Grâce aux images, trois policiers avaient été mis à pied.

    Cette technique nommée « #parechoquage », percuter une personne pour l’arrêter, est réclamée par les #syndicats_policiers. Eric Z. avait aussi déclaré : « Je suis favorable à ce que les Anglais font depuis quelques mois, c’est-à-dire ce qu’ils appellent le contact tactique ».

    mensonge(s) des policiers quant aux faits, mensonge du Parquet qui annonce la mort de Seba S., repris par les #média [D’après une source citée par le Parisien, « il aurait pu heurter la voiture d’un particulier ou autre. C’est une coïncidence totale. »]

    edit

    Deux policiers ont été placés en garde à vue. Il s’agit des conducteurs des deux véhicules impliqués dans l’accident, précise le parquet au Parisien. En fin d’après-midi ce jeudi 7 septembre, le parquet a annoncé la levée de ces gardes à vue (...) Yassine Bouzrou récuse la version policière. « Le véhicule de police a percuté le jeune S. sur sa moto et le véhicule de police intervenait suite à un refus d’obtempérer donc ce véhicule n’était pas là par hasard », souligne-t-il. Le conseil évoque ainsi des « traces du choc » visibles sur le véhicule et la moto. « D’après plusieurs témoins, il y aurait des caméras de surveillance donc nous demandons à ce qu’une enquête sérieuse soit réalisée en dehors du tribunal de #Versailles », poursuit-il.

    L’avocat met notamment en doute l’impartialité d’une #enquête_de_police qui serait menée dans les Yvelines sur des agents du même département. Ainsi que la compétence du parquet qui a, en première instance, annoncé à tort la mort du jeune homme. « Il est totalement irrespectueux à l’égard de la famille d’annoncer un décès alors que l’hôpital ne l’a pas annoncé à la famille. Donc encore une fois le parquet de Versailles a manqué une bonne occasion de faire preuve de respect vis à vis de la famille », condamne-t-il. Yassine Bouzrou révèle par ailleurs avoir déposé pour plainte pour « tentative d’homicide volontaire ». _Ration, le 6/9 avec 4 maj le 7/9 de 7h à 17h24]

    #justice #tentative_d’homicide_volontaire

  • « Sur l’abaya, le gouvernement n’a pas compris l’effet boomerang des lois coercitives », Agnès De Féo

    L’abaya est en passe de devenir une cause nationale depuis la déclaration de Gabriel Attal du 27 août selon laquelle « l’abaya ne pourra plus être portée à l’école », qui fait écho à celle de Nicolas Sarkozy, quatorze ans plus tôt, le 22 juin 2009 – « La burqa n’est pas la bienvenue sur le territoire de la République française » –, aboutissant à la loi d’#interdiction de dissimulation du visage dans l’espace public du 11 octobre 2010. Dans ces deux déclarations, ce ne sont pas les usagères qui occupent le sujet de la phrase, mais l’objet qu’elles portent (abaya, burqa), un objet exogène qui menacerait l’intégrité de la nation.

    Une représentation aussi caricaturale pourrait faire sourire si elle n’était plébiscitée par une grande partie des Français et instrumentalisée par des personnalités politiques, révélant en passant leur obsession pour le corps des musulmanes depuis l’époque coloniale. Des usagères, il n’est finalement que peu question. Elles restent les grandes inconnues des spéculations dont elles font l’objet. Or, soupçonner ces jeunes filles de manœuvrer contre l’école, c’est surestimer un phénomène minoritaire adolescent qui reste inoffensif.

    Disons-le d’emblée : l’abaya est bel et bien marquée religieusement, même si les intéressées s’en défendent. En affirmant ingénument que l’abaya n’est pas une tenue religieuse mais traditionnelle, portée par goût vestimentaire, les adolescentes concernées jouent sur sa « polymorphie ». Si les robes élégantes portées notamment dans les pays du Golfe peuvent effectivement s’appeler « abayas », ce terme possède une tout autre acception en France. Par sa forme épurée, ses couleurs unies, sans broderie ni coupe cintrée, et souvent des élastiques aux poignets, l’abaya correspond bien à l’image de l’habit de pieuses musulmanes que se font celles qui la portent.

    Argumentaire de façade

    Les femmes que j’ai pu rencontrer dans le cadre de mes recherches sociologiques accompagnent leur abaya d’un long voile, identifié comme islamique par la manière dont il est fixé sur la tête, ne laissant aucun doute sur l’expression de leur confession. C’est aussi le cas des collégiennes et lycéennes en abaya qui se couvrent les cheveux dès la sortie de leur établissement. Preuve que ce vêtement exprime la religiosité, il s’achète dans des boutiques et des sites spécialisés à destination d’une clientèle musulmane pratiquante, plutôt que dans le prêt-à-porter mainstream. Même si, sortie de son contexte, elle est perçue comme une simple robe, l’abaya est portée en France pour son #signifiant_islamique. Celles qui l’arborent à l’école devraient donc logiquement tomber sous le coup de l’interdiction de la loi de 2004.

    Mais, en disant cela, nous restons au degré zéro du sens obvie. Pour saisir le phénomène, il est nécessaire de comprendre ce qu’expriment les porteuses d’abaya, sans se limiter à leur argumentaire de façade, sans non plus surinterpréter leur message. L’abaya est devenue aujourd’hui un objet désiré pour sa dimension subversive (comme le niqab au moment de son interdiction en 2010) : celles qui en font usage expriment ainsi leur fierté d’être musulmanes contre l’obsession sociétale de les effacer de l’espace public.

    Leur détermination à porter l’abaya s’accompagne d’exclamations comme « je fais ce que je veux, personne ne décide de ma façon de m’habiller » ou de slogans féministes, tel le fameux « mon corps m’appartient ». Si la tenue est religieuse, le discours l’est beaucoup moins : il est celui de jeunes femmes en lutte pour leurs droits dans une société où elles estiment ne pas être respectées.

    Il y a dix-neuf ans, l’interdiction des signes religieux à l’#école_publique visait la disparition du voile musulman du système scolaire. Elle l’a pourtant multiplié dans l’espace public et a provoqué la création d’établissements confessionnels musulmans. Il y a treize ans, celle du voile intégral a également créé une émulation, incitant des femmes à porter le niqab parce qu’il faisait l’unanimité contre lui. La visibilité musulmane chez les jeunes ne doit plus être comprise comme une simple expression religieuse, mais comme une résistance aux polémiques récurrentes cherchant à l’interdire depuis plus de deux décennies. Par l’aversion et les mesures de rétorsion qu’il provoque, le vêtement islamique est devenu un moyen de transgresser les normes, il est même le seul aujourd’hui à « choquer le bourgeois ».

    Le gouvernement n’a pas tiré les leçons des échecs précédents. Il n’a pas compris l’effet boomerang des lois coercitives qui n’ont fait que décupler l’expression visible de l’islam dans la société, au lieu de l’effacer. Celles-ci ont, au contraire, favorisé le repli sur soi, le communautarisme et le séparatisme tant décriés. Cela n’empêche pas le gouvernement de réitérer aujourd’hui, avec une nouvelle interdiction qui devrait transformer l’abaya en tendance contestataire, le multiplier à l’université et dans l’espace public, ainsi qu’encourager la désobéissance civile. Et, bien sûr, augmenter l’audience des prédicateurs de TikTok, que les jeunes femmes en abaya plébiscitent pour incarner l’opposition à laquelle elles adhèrent – et qui les aident à retourner le stigmate.

    Rappelons que les recruteurs de Daech ont usé de la loi de 2010 pour convaincre des femmes de s’engager en Syrie et en Irak. Plutôt que de spéculer sur l’#abaya et d’en faire l’objet d’une nouvelle croisade, il serait bon de redonner sa place à la subjectivité de celles qui la portent, ce que les politiques sont incapables de faire aujourd’hui, impatients de jouer sur la corde sensible électoraliste. Le gouvernement français, qui invoque les lois de 1905 et de 2004 pour « protéger les valeurs de la République » face à une robe d’adolescente, révèle sa grande faiblesse et son manque d’initiative pour créer un vivre-ensemble apaisé qui ferait fi des différences.

    Agnès De Féo est sociologue à l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans et à l’université Aix-Marseille. Elle est l’autrice de « Derrière le niqab. Dix ans d’enquête sur les femmes qui ont porté et enlevé le voile intégral » (Armand Colin, 2020).

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/09/03/agnes-de-feo-sociologue-sur-l-abaya-le-gouvernement-n-a-pas-compris-l-effet-

    • « Le port du voile intégral n’est pas déterminé par la religion, mais par le rapport aux hommes », novembre 2020
      https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2020/11/29/le-port-du-voile-integral-n-est-pas-determine-par-la-religion-mais-par-le-ra

      Loin de l’image de croyantes soumises ou d’islamistes qu’on leur accole, la sociologue Agnès De Féo s’appuie sur dix ans d’enquête auprès de femmes portant le niqab pour montrer que c’est avant tout le rapport avec le sexe opposé qui détermine leur choix.


      « La Pudeur égyptienne », par Charles Gleyre, 1838. Selon un poncif orientaliste, une Egyptienne préfère montrer sa nudité plutôt que son visage. WIKIPEDIA
      https://justpaste.it/8q1zl

    • Loi sur le voile intégral : « On a créé le monstre qu’on voulait éviter »
      https://www.lemonde.fr/religions/article/2015/10/10/loi-sur-le-voile-integral-on-a-cree-le-monstre-qu-on-voulait-eviter_4786934_

      A Paris, dans la rue Jean-Pierre Timbaud, connue pour ses librairies musulmanes et ses magasins de vêtements, on ne dit pas autre chose. Shainez travaille dans une boutique et vend « quelques » niqabs (qui ne laissent voir que les yeux) par semaine. Dans une autre enseigne, Mouni Lakehal parle « d’une vente chaque mois ». Ce qui ne manque pas d’énerver cette Algérienne de 60 ans : « Celles qui portent le niqab, c’est du show-off [de la frime] », lâche-t-elle.

      « C’est ma façon de lutter »
      Une critique que réfute Samira (le prénom a été modifié), qui fait justement des achats dans la rue et porte un niqab « parce qu’[elle se] sen[t] bien et qu’[elle] devien[t] [elle]-même ». La jeune femme de 28 ans dit avoir « cherché à [se] rapprocher du meilleur comportement, celui du prophète et de ses femmes ». Elle est issue d’une « famille musulmane pas ultra-pratiquante » et son mari était opposé au voile intégral. Samira porte le niqab depuis « environ trois ans » et dit avoir essuyé de nombreuses insultes dans la rue. A contrario, « il n’y a jamais eu d’altercation avec la police », constate-t-elle, alors qu’elle a déjà fait l’objet de quatre contrôles.
      C’est aussi le cas de Leila (le prénom a été modifié), trentenaire célibataire de Vaulx-en-Velin (Rhône), qui décrit une vingtaine de contrôles d’identité et une seule verbalisation : « Je lève mon voile directement, les agents apprécient. Cela se passe très bien. » Leila, issue comme Samira d’une famille musulmane « pas forcément très pratiquante », raconte avoir troqué le voile pour le niqab au moment du vote de la loi : « C’est ma façon de lutter, de dire non au gouvernement qui me retire ma liberté. »
      D’après Agnès de Féo, sociologue et réalisatrice de documentaires qui travaille depuis plus de dix ans sur le port du niqab, la loi a « agi comme un déclencheur et suscité des vocations ». Avant 2010, celles qui portaient le niqab « étaient davantage dans une démarche religieuse, piétiste. Aujourd’hui, même si elles affirment toujours vouloir plaire à Dieu, il y a une volonté de revendication, de rupture avec une société qu’elles considèrent comme hostile », explique-t-elle.
      Cette analyse met à mal l’idée selon laquelle les femmes qui portent le niqab subiraient la mainmise d’un homme. On retrouve au contraire beaucoup de profils de femmes célibataires, divorcées ou agissant contre l’avis de leur mari et, dans tous les cas, revendiquant leur libre arbitre.
      La sociologue évoque enfin une recherche « plus identitaire, qui est rarement suivie d’un investissement religieux profond ». En témoigne le nombre important de converties parmi les femmes qui revêtent le niqab. « Le battage médiatique autour de la loi a permis à certaines de découvrir un moyen de revendiquer une islamité valorisante à travers les codes salafistes, poursuit Agnès de Féo. C’est un renversement du stigmate. On les a nourries d’exclusion, on a projeté sur elles nos propres fantasmes, on a créé le monstre qu’on voulait éviter. »

    • Le gouvernement n’a pas tiré les leçons des échecs précédents. Il n’a pas compris l’effet boomerang des lois coercitives qui n’ont fait que décupler l’expression visible de l’islam dans la société, au lieu de l’effacer.

      Je pense qu’elle se gourre naïvement en écrivant qu’un gvt français serait préoccupé d’effacer l’expression de l’Islam en interdisant des tenues vestimentaires. A mon avis c’est tout le contraire. Les gouvernements français sont préoccupé par tous les moyens à se maintenir en place pour servir les intérêts de leur classe et à augmenter les malaises sociaux qu’ils créent pour se faire. D’abord récolter les voix d’un potentiel électorat d’Xdroite mais aussi monter des écrans de fumées vestimentaires pour masquer leur incurie. A ces salopards il leur faut ancrer toujours plus l’idée que les français sont légitimes à être racistes, continuer de fabriquer l’ennemi proche facile à reconnaitre par sa peau, sa burqa, ses vêtements. Sous tendu par l’idée qu’une nation se refonde face à l’ennemi, la peur, les angoisses xénophobes, la petitesse d’esprit. Les gouvernements n’en ont rien à foutre de faciliter la vie commune des habitants de ce pays, il leur faut juste se mêler d’augmenter le racisme et de creuser le fossé de solidarité sociale.

      Relis Fanon, le racisme c’est bien un rapport de pouvoir qu’on intègre.

    • il me semble que cette posture est une convention, un tic (in)corpo(ré). sous couvert de neutralité axiologique, ne surtout pas donner l’impression de quelque chose comme une critique qui serait immanquablement dénoncée comme un procès d’intention. Il s’agit de défendre la discipline (qui éclaire) et les salaires qui vont avec en prétendant que ce qu’iels montrent est ignoré des pouvoirs publics. malgré ou derrière cela, il y a #enquête, terrain, et ce n’est pas rien.

    • Je suis fatiguée des conventions qui consiste à se taire pour éviter les accusations de wokiste ou islamo gauchiste. Uhu, je ne demande pas tant une critique mais un exposé des faits, et je cherche encore les enquêtes sur cette fabrication de l’islamo ennemi par ces salopards au pouvoir. Qui montreraient ne serait-ce que comment Balkany alors maire de Levallois avait fait fermer le peu de salles de loisirs pour les jeunes (rencontre/musique/infosida/politisation) dans les quartiers de Levallois pour les remplacer par des lieux d’apprentissage coraniques.

      Moi aussi j’ai fait mon enquête de terrain :)

  • « Les immigrés partagent les valeurs dominantes de leur pays d’accueil »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/28/les-immigres-partagent-les-valeurs-dominantes-de-leur-pays-d-accueil_6186785

    « Les immigrés partagent les valeurs dominantes de leur pays d’accueil »
    Tribune
    Bernard Denni
    L’enquête « European Values Study » montre qu’en Europe, la majorité des personnes étrangères et d’origine étrangère ont, de la même manière que les autochtones, des valeurs traditionnelles dans l’Est et le Sud, et d’émancipation personnelle dans le Nord et l’Ouest, explique le politiste Bernard Denni, dans une tribune au « Monde ».
    L’immigré est très souvent perçu par les Européens comme une menace pour leur mode de vie et les idéaux démocratiques. Une actualité trop souvent tragique et très médiatisée nourrit cette perception. Dans le cadre de l’European Values Study [une enquête menée dans 35 pays européens entre 2017 et 2020, portant sur le sens que les individus donnent à la famille, au travail, aux loisirs, aux relations à autrui, à la religion et à la politique], l’analyse des réponses des personnes d’origine étrangère dans vingt Etats de l’Union européenne (UE) met en lumière une tout autre réalité. Dans leur grande majorité, les immigrés partagent les valeurs dominantes de leur pays d’accueil.
    L’immigré est défini ici comme une personne née hors du pays de résidence ou bien née dans ce pays mais qui a au moins un des deux parents né dans un autre pays. Parmi ces immigrés, on distingue les « immigrés nationaux » qui ont la nationalité de leur pays de résidence (3 351 personnes interrogées) et ceux qui ne l’ont pas, les « étrangers » (957). Les autres personnes sont les « autochtones » (85 % des enquêtés).
    Dans Les Transformations culturelles. Comment les valeurs des individus bouleversent le monde ? (Presses universitaires de Grenoble, 2018), le politologue Ronald Inglehart démontre que le remplacement progressif des valeurs conservatrices d’ordre et d’autorité par des valeurs d’autonomie et d’émancipation personnelle favorise la démocratie. Celle-ci est étroitement liée à la diffusion de valeurs non directement politiques, parmi lesquelles la tolérance à l’égard de la diversité des mœurs, la confiance en autrui et une perception égalitaire des êtres humains. Ces valeurs sont constitutives d’une « super-dimension culturelle latente » qui oppose les sociétés traditionnelles aux sociétés individualisées.
    Construite à partir de l’analyse statistique des réponses à quatorze questions relatives aux trois valeurs retenues, cette super-dimension permet d’évaluer où se situe une société entre tradition et individualisation. Son score varie de 0 à 20 : plus il est élevé, plus les valeurs d’autonomie sont répandues ; plus il est faible, plus les valeurs traditionnelles sont fréquentes. Le score moyen de 9,90 montre que les Européens se situent à mi-chemin entre les deux systèmes de valeurs. Il existe de très fortes variations en fonction des Etats de l’UE et des groupes sociaux, mais à peu près sans lien avec le statut d’immigré.
    Ainsi, à propos de l’égalité de genre, dans les sociétés individualisées 63 % des autochtones, 64 % des immigrés nationaux et 62 % des étrangers accordent la même importance à l’éducation des garçons et des filles. Un sur deux, dans chaque groupe, reconnaît aux deux sexes le même droit à l’embauche quand les emplois sont rares. Dans les sociétés plus traditionnelles, le rejet de la discrimination de genre est nettement moins fréquent, presque à égalité dans chacun des trois groupes : de 38 % à 41 % pour l’éducation et autour de 20 % pour l’égalité à l’embauche.
    Newsletter abonnés
    Au chapitre de la tolérance, dans les sociétés traditionnelles, l’homosexualité est jugée « toujours justifiée » par 19 % des autochtones, 23 % des immigrés nationaux et 21 % des étrangers. Dans les sociétés individualisées, la même réponse est donnée par 56 % des autochtones, 51 % des immigrés nationaux et seulement 36 % des étrangers. Plusieurs facteurs expliquent cet écart.
    Huit étrangers sur dix sont nés dans une société traditionnelle, soit plus du double des immigrés nationaux. Les conflits entre les cultures des sociétés d’origine et d’accueil, plus fréquents, ralentissent le processus d’individualisation, d’autant que leur temps de résidence dans la société d’accueil est deux fois plus court que celui des immigrés nationaux. De surcroît, leur statut social est plus modeste et ils sont deux fois plus nombreux à se déclarer de religion orthodoxe ou musulmane. Or le statut social et, plus encore, la religion ont un effet puissant sur la persistance des valeurs conservatrices dans les sociétés individualisées : 55 % des étrangers acceptent l’homosexualité s’ils sont sans religion et 26 % s’ils sont pratiquants.
    Le brassage des normes et des valeurs entre autochtones, immigrés et étrangers, sur fond d’inégalités sociales, n’est pas toujours un long fleuve tranquille et engendre d’inévitables tensions. Mais ces analyses ne font pas apparaître de clivages entre les valeurs des autochtones et celles des immigrés justifiant un sentiment de menace. Comme les autochtones, la majorité des personnes d’origine étrangère ont des valeurs traditionnelles à l’est et au sud de l’Europe, et des valeurs d’émancipation personnelle au nord et à l’ouest, avec des variations liées aux mêmes facteurs socio-économiques et religieux. Les politiques d’immigration devraient favoriser davantage ces ressorts sociologiques par lesquels les immigrés deviennent des Européens comme les autres.
    Une enquête quantitative, la European Values Study, est menée régulièrement depuis 1981 dans une très grande partie de l’Europe : trente-cinq pays en 2017-2020, 56 491 interviews d’une heure, face à face, sur des échantillons le plus représentatifs possible des populations de chaque pays, avec une méthodologie strictement aléatoire. Le questionnaire, très détaillé, porte sur le sens que les individus donnent à la famille, au travail, aux loisirs, aux relations à autrui, à la religion et à la politique.
    Cette enquête permet de mesurer les valeurs et les systèmes de valeurs, c’est-à-dire les idéaux intériorisés par les individus, qui les animent et les font vivre. On peut ainsi comparer de façon précise les valeurs dans les différentes aires géographiques et pays. L’équipe française qui analyse ces données est pilotée depuis Sciences Po Grenoble et le laboratoire de sciences sociales Pacte, en partenariat avec des enseignants-chercheurs de huit établissements d’enseignement supérieur. Elle vient de publier, sous la direction de Pierre Bréchon, Les Européens et leurs valeurs. Entre individualisme et individualisation (Presses universitaires de Grenoble, 312 pages, 29,50 euros, numérique 27 euros).
    Bernard Denni est professeur émérite de science politique, chercheur au laboratoire Pacte, qui réunit l’université Grenoble-Alpes, Science Po Grenoble et le CNRS.

    #Covid-19#migrant#migration#france#europe#immigration#enquete#systemevaleur#famille#travail#religion#politique

  • Tags antisémites à Levallois : un suspect juif âgé de 74 ans jugé mi-décembre Afp - Le Figaro

    Le suspect, un prothésiste dentaire de confession juive à la retraite et propriétaire du local visé par les tags, a invoqué de potentiels loyers impayés par le gérant du commerce pour expliquer son acte.

    Le tribunal de Nanterre a renvoyé jeudi au 14 décembre le procès d’un homme de 74 ans interpellé après la découverte d’inscriptions à caractère antisémite samedi sur la devanture d’un commerce casher à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Placé en garde à vue, le suspect, un prothésiste dentaire de confession juive à la retraite et propriétaire du local visé par les tags, a comparu jeudi 24 août devant le tribunal correctionnel.

    L’homme, qui comparaissait sous assistance respiratoire, a répondu de manière décousue aux questions de la présidente et invoqué de potentiels loyers impayés par le gérant de la sandwicherie pour expliquer son acte. Son avocat, Me Ian Knafou, a plaidé que son client, présenté comme « de confession juive et enfant de rescapé » de la Shoah, avait « pété un câble ».

    Dans l’attente de son procès, il a été placé sous contrôle judiciaire et a reçu l’interdiction de paraître à Levallois-Perret, de rentrer en contact avec le gérant de la sandwicherie ou de se rendre à son domicile. Le tribunal a ordonné une expertise psychiatrique du prévenu, ainsi que le demandait son conseil.

    Dans la foulée de la découverte des inscriptions, la municipalité de Levallois-Perret avait décidé d’entourer l’établissement d’une « palissade » pour cacher ces « tags immondes », dans l’attente du retour des gérants actuellement en vacances, selon la maire LR Agnès Pottier-Dumas. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’était dit sur X (ex-Twitter) « profondément choqué par ces inscriptions antisémites insupportables » et avait salué « la grande réactivité des policiers » ayant permis l’interpellation d’un autre suspect, relâché depuis. Les tags ont provoqué une vive indignation dans la classe politique.

    #antisémitisme #religion #société #justice #police #enquête #tribunal #justice

    Source : https://www.lefigaro.fr/faits-divers/tags-antisemites-a-levallois-un-suspect-age-de-74-ans-juge-mi-decembre-2023

    • Toute son oeuvre témoigne en effet d’un attachement farouche à des idéaux et des principes (pour le dire vite : ceux de la gauche, dans le meilleur sens du terme) qui, loin de justifier quelque « pieux mensonges », « détournement de regard » et autres « arrangements avec le vrai », a au contraire nourri, tout en s’en nourrissant à son tour, une attention tout aussi farouche portée au réel – quelle que fut sa dureté, sa complexité, ou l’inconfort qu’il impose à la pensée. Que le nom d’historien vienne d’un mot grec qui signifie « #enquête », toute la vie d’#Antoine_Germa, à l’éducation nationale, puis dans l’édition, puis dans le cinéma, vient nous le rappeler. Le souci du vrai, loin de signifier une froide raison apolitique et « détachée », est plutôt ce qui, en rendant plus visibles, audibles, tangibles, bref sensibles, des oppressions et des injustices que le récit dominant relègue dans l’ombre, le flou ou l’approximation, et en rendant perceptibles aussi les silenciations et les falsifications, rend possible du même coup l’indignation, la révolte, bref l’engagement contre ce « réel » trop injuste et ces récits trop menteurs. C’est ce travail qu’a constamment et opiniâtrement mené Antoine Germa, comme historien, auteur ou coordonnateur de livres (notamment l’indispensable Les Juifs dans l’Histoire : De la naissance du judaïsme au monde contemporain, mais aussi un remarquable numéro de la Revue d’histoire de la Shoah consacré aux « écrans de la Shoah » https://www.cairn.info/revue-d-histoire-de-la-shoah-2011-2.htm ), comme co-auteur de films (notamment les poignants Vie et destin du Livre noir et Moissons sanglantes. 1933, la famine en Ukraine https://www.zed.fr/fr/catalogue/moissons-sanglantes ), ou encore comme professeur engagé, au milieu des années 2000. Antoine nous avait alors fait l’amitié de nous accorder deux « textes d’intervention », aussi concis – c’est la loi du genre – que précis et percutants. Le premier portait sur la tristement célèbre « affaire Dieudonné » [2005 https://lmsi.net/Memoire-de-la-Shoah-memoire ]– et plus largement sur ce que l’on nomme depuis plusieurs décennie maintenant la « concurrence des victimes » ou la « concurrence des mémoires ». Le second, que nous re-publions en guise d’au-revoir et d’hommage, est un texte rédigé à chaud, au coeur des événements, au lendemain de la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, alors que la ville de Clichy-sous-Bois, où Antoine enseigne l’histoire-géographie, commence à « s’embraser ». Dans ce court texte initialement publié le 1er novembre 2005 se manifeste, en « pointillés » et en « condensé », le même souci de justesse et de justice, de justesse au service de la justice, qu’on retrouve, sous des formes beaucoup plus élaborées et développées, dans les grandes oeuvres écrites ou filmiques d’un grand camarade.

  • Émeutes : comment la police traque les délinquants qui avaient échappé aux arrestations


    Des policiers poursuivent des manifestants, le 1er juillet, sur les Champs-Élysées, lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, le 27 juin à Nanterre. NACHO DOCE/REUTERS

    ENQUÊTE - Les enquêteurs de la police ont effectué un travail colossal, tout au long du mois de juillet, pour retrouver 314 délinquants qui avaient échappé aux arrestations pendant les nuits de violence.

    Tandis que la France chavirait soudain dans le chaos lors d’émeutes consécutives à la mort de Nahel, tué le 27 juin dernier après un refus d’obtempérer à Nanterre (Hauts-de-Seine), les forces de l’ordre ont dû encaisser un double choc. D’abord celui, filmé heure par heure, d’un tsunami de violences qui s’est soldé par un bilan de 3800 interpellations, commises en temps réel et en flagrant délit, sur l’ensemble du territoire. Puis un second, beaucoup moins connu, d’une #traque_judiciaire hors norme dont Le Figaro est en mesure de révéler le détail. Selon un bilan qui s’arrête au 31 juillet dernier, pas moins de 314 émeutiers, casseurs et incendiaires supplémentaires ont été interpellés par des services d’investigations de la sécurité publique et de la police judiciaire. À elle seule, cette dernière s’est vu confier le soin de mener un peu plus de 170 #enquêtes particulièrement sensibles, portant sur les actes les plus graves. « Dès les premiers jours, l’autorité judiciaire a ainsi saisi la PJ sur des événements emblématiques, qu’il s’agisse de destructions et d’incendies de mairies, d’attaques de locaux de police ou de pillages importants, voire de menaces ou d’agressions sur des élus, confie le contrôleur général Frédéric Laissy, chef du service de la communication de la police nationale. Alors même que les dispositifs d’ordre public étaient encore maintenus à leur maximum, les premières #interpellations étaient effectuées à domicile, souvent avec le concours de la BRI ou du Raid. »
    Ainsi, dès le 5 juillet, la sûreté urbaine de Lille interpellait avec l’appui du Raid une demi-douzaine de voyous impliqués dans l’attaque, menée lors de la deuxième soirée des émeutes, de l’hôtel de police municipal abritant un centre de supervision. Les assaillants ont notamment pu être confondus grâce à leur #ADN retrouvé sur des cocktails Molotov. Cinq d’entre eux ont été placés en détention provisoire dans l’attente de leur jugement d’ici à la fin du mois, tandis qu’un de leurs complices est activement recherché. Au même moment, les policiers du Rhône ont appréhendé, au terme d’une enquête éclair, six des délinquants à l’origine de l’incendie volontaire d’un immeuble d’habitation à Saint-Fons, le 2 juillet dernier. Le feu avait été mis dans le local à poubelles avant de se propager aux étages et de provoquer d’importants dégâts dans le supermarché attenant. Là, les limiers de la sûreté ont obtenu des preuves par l’image : l’exploitation de la vidéoprotection d’un commerce voisin a permis d’identifier un premier suspect en raison d’une tenue caractéristique correspondant à celle d’une personne contrôlée peu auparavant par la police municipale. Là encore, les incendiaires présumés ont été placés derrière les barreaux en attendant d’être jugés, tandis que 62 personnes évacuées espèrent toujours être relogées.

    À travers le pays et à la faveur des investigations, les unités spécialisées d’intervention ont investi à l’heure du laitier des dizaines de domiciles, alors que le soufflé des violences destructrices n’était pas retombé. L’engagement hors norme des policiers en civil et les opérations ciblées ont sans nul doute douché les ardeurs au cœur des quartiers, battant en brèche tout sentiment d’impunité et participant de facto à une stratégie globale de retour à l’ordre. « Si le temps judiciaire est parfois considéré comme plus long, il faut bien constater que la mobilisation des services d’enquête a joué un rôle à la fois dans la dissuasion au moment des #violences_urbaines et dans la dissuasion à plus long terme, avec des interpellations et des incarcérations décidées par les tribunaux qui ont pu poursuivre sur la base d’investigations », assure-t-on à la Direction générale de la police nationale. Sur le terrain, face à la déferlante, l’heure a été à l’union sacrée. La PJ, fortement mise à contribution, a ainsi bénéficié de l’énorme investissement des petits groupes d’enquêtes dans les commissariats des villes moyennes ayant elles aussi payé un lourd tribut en termes de dégâts. Ainsi, à Niort (Deux-Sèvres), les policiers locaux ont multiplié les enquêtes de voisinages et passé au crible des bandes #vidéo avant de lancer un coup de filet.
    Entre les 3 et 12 juillet, ils ont intercepté six membres d’une horde de jeunes #émeutiers qui avaient mis le centre-ville à sac, tendant des embuscades à la #police, pillant des #commerces et brûlant des véhicules dans la nuit du 30 juin au 1er juillet.
    https://www.lefigaro.fr/actualite-france/emeutes-comment-la-police-traque-les-delinquants-qui-avaient-echappe-aux-ar
    https://justpaste.it/amtj3

    #révolte #émeutes #police_judiciaire #justice #prison

    • Avec méthode, les experts ont en effet passé au crible des pierres, des projectiles divers, des armes de fortune retrouvées sur les champs de bataille, des bouteilles utilisées pour les liquides incendiaires ou encore des traces de sang. Même les briquets ou les étuis de mortiers abandonnés sur place ont été soumis aux analyses. Selon nos informations, le Service national de #police_scientifique, basé à Écully et qui dispose de cinq laboratoires, a été saisi de 317 dossiers, représentant près de 1800 scellés pour les affaires les plus importantes et sensibles.

      [...]

      Outre l’analyse des indices, des réseaux sociaux et l’examen des vidéos - même si un millier de caméras ont été détruites lors des émeutes -, les enquêteurs se sont appuyés sur la connaissance de la population locale par les policiers de quartier, ainsi que sur la #géolocalisation. À ce titre, un téléphone portable dérobé dans l’habitacle d’un camion de pompiers volé à Vernon (Eure), au premier soir des émeutes, a permis de retrouver la trace d’un délinquant puis de ses quatre complices. Le profil des interpellés, qui devrait faire l’objet d’une analyse plus poussée, laisse apparaître, comme l’a révélé Gérald Darmanin le 19 juillet devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, que la moyenne d’âge est entre 17 et 18 ans. Les plus jeunes sont âgés de 12 ans et les deux tiers n’avaient jusqu’ici pas de casier.

      [...]

      Les services de #renseignements sont invités à « renforcer, dès à présent, leurs dispositifs d’anticipation de ce type d’événement ». L’idée est de prévenir tout débordement à l’approche de la Coupe du monde de rugby et des JO de Paris,

  • #Controverses mode d’emploi

    Pratique pédagogique pionnière en sciences sociales, la cartographie des controverses apprend à regarder le monde sans jamais séparer sciences, techniques et société. À tenir compte de tous les points de vue et du contexte dans lequel ils sont émis. À analyser finement l’écosystème qui fait naître un objet, une invention, un phénomène.
    Face aux problèmes environnementaux et sanitaires qui nous submergent, face à la cadence inédite des innovations technologiques, les expert·e·s s’affrontent, se contredisent ou s’avouent sans réponse. Les controverses surgissent à un rythme bien plus rapide que la production des savoirs. Dans cet âge d’#incertitude, où la décision doit souvent précéder la connaissance, il nous faut imaginer de nouvelles manières de penser et d’agir collectivement.

    La cartographie des controverses fournit ce cadre. Pratique pédagogique pionnière en sciences sociales, elle apprend à regarder le monde sans jamais séparer sciences, techniques et société. À tenir compte de tous les points de vue et du contexte dans lequel ils sont émis. À analyser finement l’écosystème qui fait naître un objet, une invention, un phénomène.

    Pour se repérer dans l’incertitude, nous dit-elle, il faut d’abord se perdre dans la complexité.

    Ce livre en offre le mode d’emploi, en s’appuyant sur des exemples de controverses contemporaines soigneusement sélectionnées pour leur diversité et la richesse de leurs enseignements.

    https://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?gcoi=27246100412870#h2tabtableContents

    #livre #controverse #eau #vélo #femmes #hystérie #burn-out #glyphosate #Romainville #rats #Paris #forages #eaux_profondes #enquête

    @reka : dans le résumé du livre on parle de « cartographie des controverses », mais je ne sais pas ce qui se cache derrière #cartographie, si c’est « mapping » en anglais qui pourrait donc comporter zéro visualisation :-)

  • #Francesco_Sebregondi : « On ne peut pas dissocier les violences policières de la question du racisme »

    Après avoir travaillé pour #Forensic_Architecture sur les morts d’#Adama_Traoré et de #Zineb_Redouane, l’architecte #Francesco_Sebregondi a créé INDEX, pour enquêter sur les #violences_d’État et en particulier sur les violences policières en #France et depuis la France. Publié plusieurs semaines avant la mort de Nahel M., cet entretien mérite d’être relu attentivement. Rediffusion d’un entretien du 22 avril 2023

    C’est en 2010 que l’architecte, chercheur et activiste Eyal Weizman crée au Goldsmiths College de Londres un groupe de recherche pluridisciplinaire qui fera date : Forensic Architecture. L’Architecture forensique avait déjà fait l’objet d’un entretien dans AOC.

    Cette méthode bien particulière avait été créée à l’origine pour enquêter sur les crimes de guerre et les violations des droits humains en utilisant les outils de l’architecture. Depuis, le groupe a essaimé dans différentes parties du monde, créant #Investigative_Commons, une communauté de pratiques rassemblant des agences d’investigation, des activistes, des journalistes, des institutions culturelles, des scientifiques et artistes (la réalisatrice Laura Poitras en fait partie), etc. Fondé par l’architecte Francesco Sebregondi à Paris en 2020, #INDEX est l’une d’entre elles. Entre agence d’expertise indépendante et média d’investigation, INDEX enquête sur les violences d’État et en particulier sur les violences policières en France et depuis la France. Alors que les violences se multiplient dans le cadre des mouvements sociaux, comment « faire en sorte que l’État même s’équipe de mécanismes qui limitent les excès qui lui sont inhérents » ? Si la vérité est en ruines, comment la rétablir ? OR

    Vous avez monté l’agence d’investigation INDEX après avoir longtemps travaillé avec Forensic Architecture. Racontez-nous…
    Forensic Architecture est né en 2010 à Goldsmiths à Londres. À l’origine, c’était un projet de recherche assez expérimental, pionnier dans son genre, qui cherchait à utiliser les outils de l’architecture pour enquêter sur les violations des #droits_humains et en particulier du droit de la guerre. La période était charnière : avec l’émergence des réseaux sociaux et des smartphones, les images prises par des témoins étaient diffusées très rapidement sur des réseaux souvent anonymes. La quantité d’#images et de #documentation_visuelle disponible commençait à augmenter de manière exponentielle et la démocratisation de l’accès à l’#imagerie_satellitaire permettait de suivre d’un point de vue désincarné l’évolution d’un territoire et les #traces qui s’y inscrivaient. La notion de #trace est importante car c’est ce qui nous relie à la tradition de l’enquête appliquée plus spécifiquement au champ spatial. Les traces que la #guerre laisse dans l’#environnement_urbain sont autant de points de départ pour reconstruire les événements. On applique à ces traces une série de techniques d’analyse architecturale et spatiale qui nous permettent de remonter à l’événement. Les traces sont aussi dans les documents numériques, les images et les vidéos. Une large partie de notre travail est une forme d’archéologie des pixels qui va chercher dans la matérialité même des documents numériques. On peut reconstituer les événements passés, par exemple redéployer une scène en volume, à partir de ses traces numériques en image.

    Quels en ont été les champs d’application ?
    À partir du travail sur les conflits armés, au sein de Forensic Architecture, on a développé une série de techniques et de recherches qui s’appliquent à une variété d’autres domaines. On commençait à travailler sur les violences aux frontières avec le projet de Lorenzo Pezzani et Charles Zeller sur les bateaux de migrants laissés sans assistance aux frontières méditerranéennes de l’Europe, à des cas de #violences_environnementales ou à des cas de violences policières… L’origine de notre approche dans l’enquête sur des crimes de guerre faisait qu’on avait tendance à porter un regard, depuis notre base à Londres, vers les frontières conflictuelles du monde Occidental. On s’est alors rendus compte que les violences d’État qui avaient lieu dans des contextes plus proches de nous, que ce soit en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou en Grèce, pouvaient bénéficier d’un éclairage qui mobiliserait les mêmes techniques et approches qu’on avait à l’origine développées pour des situations de conflits armés. Tout cela est en lien assez direct avec la militarisation de la #police un peu partout dans le Nord global, le contexte occidental, que ce soit au niveau des #armes utilisées qu’au niveau des #stratégies employées pour maintenir l’ordre.

    La France vous a ensuite semblé être un pays depuis lequel enquêter ?
    Je suis revenu vivre en France en 2018 en plein milieu de la crise sociale autour du mouvement des Gilets jaunes et de son intense répression policière. Dès ce moment-là, il m’a semblé important d’essayer d’employer nos techniques d’enquête par l’espace et les images pour éclairer ce qui était en train de se passer. On en parlait aussi beaucoup. En 2020, j’ai dirigé les enquêtes sur la mort d’Adama Traoré et de Zineb Redouane pour le compte de Forensic Architecture depuis la France avec une équipe principalement française. C’était une période d’incubation d’INDEX en quelque sorte. Ces enquêtes ont initié notre travail sur le contexte français en rassemblant des moyens et une équipe locale.
    On est aujourd’hui dans un rapport de filiation assez clair avec Forensic Architecture même si INDEX est structurellement autonome. Les deux organisations sont très étroitement liées et entretiennent des relations d’échange, de partage de ressources, etc. Tout comme Forensic Architecture, INDEX est l’une des organisations du réseau international Investigative Commons qui fédère une douzaine de structures d’investigation indépendantes dans différents pays et qui travaillent à l’emploi des techniques d’enquêtes en sources ouvertes dans des contextes locaux.

    Il existe donc d’autres structures comme INDEX ?
    Elles sont en train d’émerger. On est dans cette phase charnière très intéressante. On passe d’une organisation reconnue comme pionnière dans l’innovation et les nouvelles techniques d’enquête à tout un champ de pratiques qui a encore beaucoup de marge de développement et qui, en se frottant à des contextes locaux ou spécifiques, vient éprouver sa capacité à interpeller l’opinion, à faire changer certaines pratiques, à demander de la transparence et des comptes aux autorités qui se rendent responsables de certaines violences.

    On utilise depuis toujours le terme d’enquête dans les sciences humaines et sociales mais l’on voit aujourd’hui que les architectes, les artistes s’en emparent, dans des contextes tous très différents. Qu’est-ce que l’enquête pour INDEX ?
    On emploie le terme d’#enquête dans un sens peut-être plus littéral que son usage en sciences humaines ou en recherche car il est question de faire la lumière sur les circonstances d’un incident et d’établir des rapports de causalité dans leur déroulement, si ce n’est de responsabilité. Il y a aussi cette idée de suivre une trace. On travaille vraiment essentiellement sur une matière factuelle. L’enquête, c’est une pratique qui permet de faire émerger une relation, un #récit qui unit une série de traces dans un ensemble cohérent et convaincant. Dans notre travail, il y a aussi la notion d’#expertise. Le nom INDEX est une contraction de « independant expertise ». C’est aussi une référence à la racine latine d’indice. Nous cherchons à nous réapproprier la notion d’expertise, trop souvent dévoyée, en particulier dans les affaires de violences d’État sur lesquelles on travaille.

    Vos enquêtes s’appuient beaucoup sur les travaux d’Hannah Arendt et notamment sur Vérité et politique qui date de 1964.
    On s’appuie beaucoup sur la distinction que Hannah Arendt fait entre #vérité_de_fait et #vérité_de_raison, en expliquant que les vérités de fait sont des propositions qui s’appuient sur l’extérieur, vérifiables, et dont la valeur de vérité n’est possible qu’en relation avec d’autres propositions et d’autres éléments, en particuliers matériels. La vérité de raison, elle, fait appel à un système de pensée auquel on doit adhérer. C’est à partir de cette distinction qu’Arendt déploie les raisons pour lesquelles #vérité et #politique sont toujours en tension et comment la pratique du politique doit s’appuyer sur une série de vérités de raison, sur l’adhésion d’un peuple à une série de principes que le pouvoir en place est censé incarner. Ainsi, le pouvoir, dépendant de cette adhésion, doit tenir à distance les éléments factuels qui viendraient remettre en cause ces principes. C’est ce qu’on essaye de déjouer en remettant au centre des discussions, au cœur du débat et de l’espace public des vérités de fait, même quand elles sont en friction avec des « #vérités_officielles ».
    Du temps d’Hannah Arendt, le politique avait encore les moyens d’empêcher la vérité par le régime du secret. C’est beaucoup moins le cas dans les conditions médiatiques contemporaines : le problème du secret tend à céder le pas au problème inverse, celui de l’excès d’informations. Dans cet excès, les faits et la vérité peuvent se noyer et venir à manquer. On entend alors parler de faits alternatifs, on entre dans la post-vérité, qui est en fait une négation pure et simple de la dimension sociale et partagée de la vérité. Si on veut résister à ce processus, si on veut réaffirmer l’exigence de vérité comme un #bien_commun essentiel à toute société, alors, face à ces défis nouveaux, on doit faire évoluer son approche et ses pratiques. Beaucoup des techniques développées d’abord avec Forensic Architecture et maintenant avec INDEX cherchent à développer une culture de l’enquête et de la #vérification. Ce sont des moyens éprouvés pour mettre la mise en relation de cette masse critique de données pour faire émerger du sens, de manière inclusive et participative autant que possible.

    L’#architecture_forensique, même si elle est pluridisciplinaire, s’appuie sur des méthodes d’architecture. En quoi est-ce particulièrement pertinent aujourd’hui ?
    L’une des techniques qui est devenue la plus essentielle dans les enquêtes que l’on produit est l’utilisation d’un modèle 3D pour resituer des images et des vidéos d’un événement afin de les recouper entre elles. Aujourd’hui, il y a souvent une masse d’images disponibles d’un événement. Leur intérêt documentaire réside moins dans l’individualité d’une image que sur la trame de relations entre les différentes images. C’est la #spatialisation et la #modélisation en 3D de ces différentes prises de vue qui nous permet d’établir avec précision la trame des images qui résulte de cet événement. Nous utilisons les outils de l’architecture à des fins de reconstitution et de reconstruction plus que de projection, que ce soit d’un bâtiment, d’un événement, etc.

    Parce qu’il faut bien rappeler que vos enquêtes sont toujours basées sur les lieux.
    L’environnement urbain est le repère clé qui nous permet de resituer l’endroit où des images ont été prises. Des détails de l’environnement urbain aussi courants qu’un passage piéton, un banc public, un kiosque à journaux ou un abribus nous permettent de donner une échelle pour reconstituer en trois dimensions où et comment une certaine scène s’est déroulée. Nous ne considérons pas l’architecture comme la pratique responsable de la production de l’environnement bâti mais comme un champ de connaissance dont la particularité est de mettre en lien une variété de domaines de pensées et de savoirs entre eux. Lorsqu’on mobilise l’architecture à des fins d’enquête, on essaye de faire dialoguer entre elles toute une série de disciplines. Nos équipes mêmes sont très interdisciplinaires. On fait travailler des vidéastes, des ingénieurs des matériaux, des juristes… le tout pour faire émerger une trame narrative qui soit convaincante et qui permette de resituer ce qui s’est passé autour de l’évènement sous enquête.

    L’historienne Samia Henni qui enseigne à Cornell University aux États-Unis, et qui se considère « historienne des environnements bâtis, détruits et imaginés », dit qu’apprendre l’histoire des destructions est aussi important que celles des constructions, en raison notamment du nombre de situations de conflits et de guerres sur la planète. Quand on fait du projet d’architecture, on se projette en général dans l’avenir. En ce qui vous concerne, vous remodélisez et reconstituez des événements passés, souvent disparus. Qu’est-ce que ce rapport au temps inversé change en termes de représentations ?
    Je ne suis pas sûr que le rapport au temps soit inversé. Je pense que dans la pratique de l’enquête, c’est toujours l’avenir qui est en jeu. C’est justement en allant chercher dans des événements passés, en cherchant la manière précise dont ils se sont déroulés et la spécificité d’une reconstitution que l’on essaye de dégager les aspects structurels et systémiques qui ont provoqué cet incident. En ce sens, ça nous rapproche peut-être de l’idée d’#accident de Virilio, qui est tout sauf imprévisible.
    L’enjeu concerne l’avenir. Il s’agit de montrer comment certains incidents ont pu se dérouler afin d’interpeller, de demander des comptes aux responsables de ces incidents et de faire en sorte que les conditions de production de cette #violence soient remises en question pour qu’elle ne se reproduise pas. Il s’agit toujours de changer les conditions futures dans lesquelles nous serons amenés à vivre ensemble, à habiter, etc. En cela je ne pense pas que la flèche du temps soit inversée, j’ai l’impression que c’est très proche d’une pratique du projet architectural assez classique.

    Vous utilisez souvent le terme de « violences d’État ». Dans une tribune de Libération intitulée « Nommer la violence d’État » en 2020, encore d’actualité ces temps-ci, l’anthropologue, sociologue et médecin Didier Fassin revenait sur la rhétorique du gouvernement et son refus de nommer les violences policières. Selon lui, « ne pas nommer les violences policières participe précisément de la violence de l’État. » Il y aurait donc une double violence. Cette semaine, l’avocat Arié Alimi en parlait aussi dans les colonnes d’AOC. Qu’en pensez-vous ?
    Je partage tout à fait l’analyse de Didier Fassin sur le fait que les violences d’État s’opèrent sur deux plans. Il y a d’une part la violence des actes et ensuite la violence du #déni des actes. Cela fait le lien avec l’appareil conceptuel développé par Hannah Arendt dans Vérité et politique. Nier est nécessaire pour garantir une forme de pouvoir qui serait remise en question par des faits qui dérangent. Cela dit, il est important de constamment travailler les conditions qui permettent ou non de nommer et surtout de justifier l’emploi de ces termes.

    Vous utilisez le terme de « violences d’État » mais aussi de « violences policières » de votre côté…
    Avec INDEX, on emploie le terme de « violences d’État » parce qu’on pense qu’il existe une forme de continuum de violence qui s’opère entre violences policières et judiciaires, le déni officiel et l’#impunité de fait étant des conditions qui garantissent la reproduction des violences d’État. Donc même si ce terme a tendance à être perçu comme particulièrement subversif – dès qu’on le prononce, on tend à être étiqueté comme militant, voire anarchiste –, on ne remet pas forcément en question tout le système d’opération du pouvoir qu’on appelle l’État dès lors qu’on dénonce ses violences. On peut évoquer Montesquieu : « Le #pouvoir arrête le pouvoir ». Comment faire en sorte que l’État même s’équipe de mécanismes qui limitent les excès qui lui sont inhérents ? Il s’agit a minima d’interpeller l’#opinion_publique sur les pratiques de l’État qui dépassent le cadre légal ; mais aussi, on l’espère, d’alimenter la réflexion collective sur ce qui est acceptable au sein de nos sociétés, au-delà la question de la légalité.

    Ce que je voulais dire c’est que Forensic Architecture utilise le terme de « violences d’État » ou de « crimes » dans un sens plus large. Sur le site d’INDEX, on trouve le terme de « violences policières » qui donne une information sur le cadre précis de vos enquêtes.
    On essaye d’être le maillon d’une chaîne. Aujourd’hui, on se présente comme une ONG d’investigation qui enquête sur les violences policières en France. Il s’agit d’être très précis sur le cadre de notre travail, local, qui s’occupe d’un champ bien défini, dans un contexte particulier. Cela reflète notre démarche : on est une petite structure, avec peu de moyens. En se spécialisant, on peut faire la lumière sur une série d’incidents, malheureusement récurrents, mais en travaillant au cœur d’un réseau déjà constitué et actif en France qui se confronte depuis plusieurs décennies aux violences d’État et aux violences policières plus particulièrement. En se localisant et étant spécifique, INDEX permet un travail de collaboration et d’échanges beaucoup plus pérenne et durable avec toute une série d’acteurs et d’actrices d’un réseau mobilisé autour d’un problème aussi majeur que l’usage illégitime de la force et de la violence par l’État. Limiter le cadre de notre exercice est une façon d’éprouver la capacité de nos techniques d’enquête et d’intervention publique à véritablement amorcer un changement dans les faits.

    On a parfois l’impression que la production des observateurs étrangers est plus forte, depuis l’extérieur. Quand la presse ou les observateurs étrangers s’emparent du sujet, ils prennent tout de suite une autre ampleur. Qu’en pensez-vous ?
    C’est sûr que la possibilité de projeter une perspective internationale sur un incident est puissante – je pense par exemple à la couverture du désastre du #maintien_de_l’ordre lors de la finale de la Ligue des champions 2022 au Stade de France qui a causé plus d’embarras aux représentants du gouvernement que si le scandale s’était limité à la presse française –, mais en même temps je ne pense pas qu’il y ait véritablement un gain à long terme dans une stratégie qui viserait à créer un scandale à l’échelle internationale. Avec INDEX, avoir une action répétée, constituer une archive d’enquêtes où chacune se renforce et montre le caractère structurel et systématique de l’exercice d’une violence permet aussi de sortir du discours de l’#exception, de la #bavure, du #dérapage. Avec un travail au long cours, on peut montrer comment un #problème_structurel se déploie. Travailler sur un tel sujet localement pose des problèmes, on a des difficultés à se financer comme organisation. Il est toujours plus facile de trouver des financements quand on travaille sur des violations des droits humains ou des libertés fondamentales à l’étranger que lorsqu’on essaye de le faire sur place, « à la maison ». Cela dit, on espère que cette stratégie portera ses fruits à long terme.

    Vous avez travaillé avec plusieurs médias français : Le Monde, Libération, Disclose. Comment s’est passé ce travail en commun ?
    Notre pratique est déjà inter et pluridisciplinaire. Avec Forensic Architecture, on a souvent travaillé avec des journalistes, en tant que chercheurs on est habitués à documenter de façon très précise les éléments sur lesquels on enquête puis à les mettre en commun. Donc tout s’est bien passé. Le travail très spécifique qu’on apporte sur l’analyse des images, la modélisation, la spatialisation, permet parfois de fournir des conclusions et d’apporter des éléments que l’investigation plus classique ne permet pas.

    Ce ne sont pas des compétences dont ces médias disposent en interne ?
    Non mais cela ne m’étonnerait pas que ça se développe. On l’a vu avec le New York Times. Les premières collaborations avec Forensic Architecture autour de 2014 ont contribué à donner naissance à un département qui s’appelle Visual Investigations qui fait maintenant ce travail en interne de façon très riche et très convaincante. Ce sera peut-être aussi l’avenir des rédactions françaises.

    C’est le cas du Monde qui a maintenant une « cellule d’enquête vidéo ».
    Cela concerne peut-être une question plus générale : ce qui constitue la valeur de vérité aujourd’hui. Les institutions qui étaient traditionnellement les garantes de vérité publique sont largement remises en cause, elles n’ont plus le même poids, le même rôle déterminant qu’il y a cinquante ans. Les médias eux-mêmes cherchent de nouvelles façons de convaincre leurs lecteurs et lectrices de la précision, de la rigueur et de la dimension factuelle de l’information qu’ils publient. Aller chercher l’apport documentaire des images et en augmenter la capacité de preuve et de description à travers les techniques qu’on emploie s’inscrit très bien dans cette exigence renouvelée et dans ce nouveau standard de vérification des faits qui commence à s’imposer et à circuler. Pour que les lecteurs leur renouvellent leur confiance, les médias doivent aujourd’hui s’efforcer de convaincre qu’ils constituent une source d’informations fiables et surtout factuelles.

    J’aimerais que l’on parle du contexte très actuel de ces dernières semaines en France. Depuis le mouvement contre la réforme des retraites, que constatez-vous ?
    On est dans une situation où les violences policières sont d’un coup beaucoup plus visibles. C’est toujours un peu pareil : les violences policières reviennent au cœur de l’actualité politique et médiatique au moment où elles ont lieu dans des situations de maintien de l’ordre, dans des manifestations… En fait, quand elles ne touchent plus seulement des populations racisées et qu’elles ne se limitent plus aux quartiers populaires.

    C’est ce que disait Didier Fassin dans le texte dont nous parlions à l’instant…
    Voilà. On ne parle vraiment de violences policières que quand elles touchent un nombre important de personnes blanches. Pendant la séquence des Gilets jaunes, c’était la même dynamique. C’est à ce moment-là qu’une large proportion de la population française a découvert les violences policières et les armes dites « non létales », mais de fait mutilantes, qui sont pourtant quotidiennement utilisées dans les #quartiers_populaires depuis des décennies. Je pense qu’il y a un problème dans cette forme de mobilisation épisodique contre les violences policières parce qu’elle risque aussi, par manque de questionnements des privilèges qui la sous-tendent, de reproduire passivement des dimensions de ces mêmes violences. Je pense qu’au fond, on ne peut pas dissocier les violences policières de la question du racisme en France.
    Il me semble aussi qu’il faut savoir saisir la séquence présente où circulent énormément d’images très parlantes, évidentes, choquantes de violences policières disproportionnées, autour desquelles tout semblant de cadre légal a sauté, afin de justement souligner le continuum de cette violence, à rebours de son interprétation comme « flambée », comme exception liée au mouvement social en cours uniquement. Les enquêtes qu’on a publiées jusqu’ici ont pour la plupart porté sur des formes de violences policières banalisées dans les quartiers populaires : tirs sur des véhicules en mouvement, situations dites de « refus d’obtempérer », usages de LBD par la BAC dans une forme de répression du quotidien et pas d’un mouvement social en particulier. Les séquences que l’on vit actuellement doivent nous interpeller mais aussi nous permettre de faire le lien avec la dimension continue, structurelle et discriminatoire de la violence d’État. On ne peut pas d’un coup faire sauter la dimension discriminatoire des violences policières et des violences d’État au moment où ses modes opératoires, qui sont régulièrement testés et mis au point contre des populations racisées, s’abattent soudainement sur une population plus large.

    Vous parlez des #violences_systémiques qui existent, à une autre échelle…
    Oui. On l’a au départ vu avec les Gilets jaunes lorsque les groupes #BAC ont été mobilisés. Ces groupes sont entraînés quotidiennement à faire de la #répression dans les quartiers populaires. C’est là-bas qu’ils ont développé leurs savoirs et leurs pratiques particulières, très au contact, très agressives. C’est à cause de cet exercice quotidien et normalisé des violences dans les quartiers populaires que ces unités font parler d’elles quand elles sont déployées dans le maintien de l’ordre lors des manifestations. On le voit encore aujourd’hui lors de la mobilisation autour de la réforme des retraites, en particulier le soir. Ces situations évoluent quotidiennement donc je n’ai pas toutes les dernières données mais la mobilisation massive des effectifs de police – en plus de la #BRAV-M [Brigades de répression des actions violentes motorisées] on a ajouté les groupes BAC –, poursuivent dans la logique dite du « contact » qui fait souvent beaucoup de blessés avec les armes utilisées.

    Avez-vous été sollicités ces temps-ci pour des cas en particulier ?
    Il y aura tout un travail à faire à froid, à partir de la quantité d’images qui ont émergé de la répression et en particulier des manifestations spontanées. Aujourd’hui, les enjeux ne me semblent pas concerner la reconstitution précise d’un incident mais plutôt le traitement et la confrontation de ces pratiques dont la documentation montre le caractère systémique et hors du cadre légal de l’emploi de la force. Cela dit, on suit de près les blessures, dont certaines apparemment mutilantes, relatives à l’usage de certaines armes dites « non létales » et en particulier de #grenades qui auraient causé une mutilation ici, un éborgnement là… Les données précises émergent au compte-goutte…
    On a beaucoup entendu parler des #grenades_offensives pendant le mouvement des Gilets jaunes. Le ministère de l’Intérieur et le gouvernement ont beaucoup communiqué sur le fait que des leçons avaient été tirées depuis, que certaines des grenades le plus souvent responsables ou impliquées dans des cas de mutilation avaient été interdites et que l’arsenal avait changé. En fait, elles ont été remplacées par des grenades aux effets quasi-équivalents. Aujourd’hui, avec l’escalade du mouvement social et de contestation, les mêmes stratégies de maintien de l’ordre sont déployées : le recours massif à des armes de l’arsenal policier. Le modèle de grenade explosive ou de #désencerclement employé dans le maintien de l’ordre a changé entre 2018 et 2023 mais il semblerait que les #blessures et les #mutilations qui s’ensuivent perdurent.

    À la suite des événements de Sainte-Soline, beaucoup d’appels à témoins et à documents visuels ont circulé sur les réseaux sociaux. Il semblerait que ce soit de plus en plus fréquent.
    Il y a une prise de conscience collective d’un potentiel – si ce n’est d’un pouvoir – de l’image et de la documentation. Filmer et documenter est vraiment devenu un réflexe partagé dans des situations de tension. J’ai l’impression qu’on est devenus collectivement conscients de l’importance de pouvoir documenter au cas où quelque chose se passerait. Lors de la proposition de loi relative à la sécurité globale, on a observé qu’il y avait un véritable enjeu de pouvoir autour de ces images, de leur circulation et de leur interprétation. Le projet de loi visait à durcir l’encadrement pénal de la capture d’image de la police en action. Aujourd’hui, en voyant le niveau de violence déployée alors que les policiers sont sous les caméras, on peut vraiment se demander ce qu’il se passerait dans la rue, autour des manifestations et du mouvement social en cours si cette loi était passée, s’il était illégal de tourner des images de la police.
    En tant que praticiens de l’enquête en source ouverte, on essaye de s’articuler à ce mouvement spontané et collectif au sein de la société civile, d’utiliser les outils qu’on a dans la poche, à savoir notre smartphone, pour documenter de façon massive et pluri-perspective et voir ce qu’on peut en faire, ensemble. Notre champ de pratique n’existe que grâce à ce mouvement. La #capture_d’images et l’engagement des #témoins qui se mettent souvent en danger à travers la prise d’images est préalable. Notre travail s’inscrit dans une démarche qui cherche à en augmenter la capacité documentaire, descriptive et probatoire – jusqu’à la #preuve_judiciaire –, par rapport à la négociation d’une vérité de fait autour de ces évènements.

    Le mouvement « La Vérité pour Adama », créé par sa sœur suite à la mort d’Adama Traoré en 2016, a pris beaucoup d’ampleur au fil du temps, engageant beaucoup de monde sur l’affaire. Vous-mêmes y avez travaillé…
    La recherche de la justice dans cette appellation qui est devenue courante parmi les différents comités constitués autour de victimes est intéressante car elle met en tension les termes de vérité et de justice et qu’elle appelle, implicitement, à une autre forme de justice que celle de la #justice_institutionnelle.
    Notre enquête sur la mort d’Adama Traoré a été réalisée en partenariat avec Le Monde. À la base, c’était un travail journalistique. Il ne s’agit pas d’une commande du comité et nous n’avons pas été en lien. Ce n’est d’ailleurs jamais le cas au moment de l’enquête. Bien qu’en tant qu’organisation, INDEX soit solidaire du mouvement de contestation des abus du pouvoir policier, des violences d’État illégitimes, etc., on est bien conscients qu’afin de mobiliser efficacement notre savoir et notre expertise, il faut aussi entretenir une certaine distance avec les « parties » – au sens judiciaire –, qui sont les premières concernées dans ces affaires, afin que notre impartialité ne soit pas remise en cause. On se concentre sur la reconstitution des faits et pas à véhiculer un certain récit des faits.

    Le comité « La Vérité pour Adama » avait commencé à enquêter lui-même…
    Bien sûr. Et ce n’est pas le seul. Ce qui est très intéressant autour des #comités_Vérité_et_Justice qui émergent dans les quartiers populaires autour de victimes de violences policières, c’est qu’un véritable savoir se constitue. C’est un #savoir autonome, qu’on peut dans de nombreux cas considérer comme une expertise, et qui émerge en réponse au déni d’information des expertises et des enquêtes officielles. C’est parce que ces familles sont face à un mur qu’elles s’improvisent expertes, mais de manière très développée, en mettant en lien toute une série de personnes et de savoirs pour refuser le statu quo d’une enquête qui n’aboutit à rien et d’un non-lieu prononcé en justice. Pour nous, c’est une source d’inspiration. On vient prolonger cet effort initial fourni par les premiers et premières concernées, d’apporter, d’enquêter et d’expertiser eux-mêmes les données disponibles.

    Y a-t-il encore une différence entre images amateures et images professionnelles ? Tout le monde capte des images avec son téléphone et en même temps ce n’est pas parce que les journalistes portent un brassard estampillé « presse » qu’ils et elles ne sont pas non plus victimes de violences. Certain·es ont par exemple dit que le journaliste embarqué Rémy Buisine avait inventé un format journalistique en immersion, plus proche de son auditoire. Par rapport aux médias, est-ce que quelque chose a changé ?
    Je ne voudrais pas forcément l’isoler. Rémy Buisine a été particulièrement actif pendant le mouvement des Gilets jaunes mais il y avait aussi beaucoup d’autres journalistes en immersion. La condition technique et médiatique contemporaine permet ce genre de reportage embarqué qui s’inspire aussi du modèle des reporters sur les lignes de front. C’est intéressant de voir qu’à travers la militarisation du maintien de l’ordre, des modèles de journalisme embarqués dans un camp ou dans l’autre d’un conflit armé se reproduisent aujourd’hui.

    Avec la dimension du direct en plus…
    Au-delà de ce que ça change du point de vue de la forme du reportage, ce qui pose encore plus question concerne la porosité qui s’est établie entre les consommateurs et les producteurs d’images. On est dans une situation où les mêmes personnes qui reçoivent les flux de données et d’images sont celles qui sont actives dans leur production. Un flou s’opère dans les mécanismes de communication entre les pôles de production et de réception. Cela ouvre une perspective vers de formes nouvelles de circulation de l’information, de formes beaucoup plus inclusives et participatives. C’est déjà le cas. On est encore dans une phase un peu éparse dans laquelle une culture doit encore se construire sur la manière dont on peut interpréter collectivement des images produites collectivement.

    https://aoc.media/entretien/2023/08/11/francesco-sebregondi-on-ne-peut-pas-dissocier-les-violences-policieres-de-la-

    #racisme #violences_policières

    ping @karine4

    • INDEX

      INDEX est une ONG d’investigation indépendante, à but non-lucratif, créée en France en 2020.

      Nous enquêtons et produisons des rapports d’expertise sur des faits allégués de violence, de violations des libertés fondamentales ou des droits humains.

      Nos enquêtes réunissent un réseau indépendant de journalistes, de chercheur·es, de vidéastes, d’ingénieur·es, d’architectes, ou de juristes.

      Nos domaines d’expertise comprennent l’investigation en sources ouvertes, l’analyse audiovisuelle et la reconstitution numérique en 3D.

      https://www.index.ngo

  • L’#immobilier en France, porte d’entrée du blanchiment : 7,3 millions de #parcelles sans #propriétaire identifié
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/07/05/l-immobilier-en-france-porte-d-entree-du-blanchiment-7-3-millions-de-parcell

    En pleine incertitude sur l’avenir d’#Anticor, qui vient de perdre son agrément, voici une illustration concrète de l’utilité publique des #ONG #anticorruption. Alors que l’achat de biens immobiliers reste une voie royale pour blanchir de l’argent d’origine criminelle, mais qu’il n’existe aucune donnée macroéconomique pour étalonner le risque en #France, Transparency International et sa section française, associées au collectif #Anti-Corruption #Data Collective, comblent le vide. Ensemble, ils publient, mercredi 5 juillet, un rapport détaillé sur le sujet intitulé « Face au mur ».

    Cette radiographie inédite du territoire est riche en révélations. Elle montre que 11 % des parcelles cadastrales françaises – plus de 10 millions sur 98 millions – sont détenues par l’entremise de sociétés privées (sociétés civiles immobilières, sociétés anonymes, etc.), et que, dans trois quarts des cas, l’identité des propriétaires réels n’est pas renseignée dans les registres accessibles publiquement. Ce qui représente le chiffre choc de 7,3 millions de parcelles détenues anonymement, soit par des sociétés françaises, qui ne remplissent pas leurs obligations légales de déclaration de « bénéficiaires effectifs », soit par des sociétés étrangères, non tenues à cet exercice de transparence. Ces données manquantes empêchent la société civile d’exercer son rôle de vigie : les journalistes et les ONG sont en particulier privés d’informations précieuses pour nourrir leurs enquêtes ou révéler des scandales financiers.

    Pour parvenir à ces constats, plusieurs mois de travail ont été nécessaires à Transparency et Anti-Corruption Data Collective. Il a fallu compiler, agréger et comparer les données publiques existant sur les sociétés et sur les biens immobiliers (registre des bénéficiaires effectifs de sociétés, registre des actifs immobiliers détenus par des personnes morales, cadastre, etc.).

    « On est loin du “tout est sous contrôle” »

    Si cette #enquête force l’attention, c’est parce que le blanchiment à travers l’immobilier – secteur-clé de l’économie, avec 11 % du PIB et plus d’un million de transactions chaque année – constitue « une menace élevée » en France, ainsi que le signalait le Conseil d’orientation de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans son « analyse nationale des risques » de janvier. Ce risque est maximal dans l’immobilier résidentiel de luxe, où la possibilité de recycler dans l’économie légale de très grosses sommes d’argent issues de crimes et de délits (trafic de drogue, fraude fiscale, corruption, traite d’êtres humains, etc.) s’ajoute à la difficulté pour les autorités à mener des contrôles, en raison de l’absence de référentiel de prix.

    Surtout, les chiffres de #Transparency révèlent un niveau d’opacité maximal lorsque les achats se font par l’entremise de sociétés, et en particulier celles immatriculées à l’étranger. C’est ainsi que les schémas de blanchiment régulièrement appréhendés par #Tracfin, la cellule #antiblanchiment de #Bercy, comportent immanquablement des sociétés écrans, créées à l’étranger, pour dissimuler l’origine des fonds.

    « On est loin du “tout est sous contrôle”, qui est le discours officiel des autorités, constate Sara Brimbeuf de Transparency International France. On est face à un véritable mur d’opacité, qui empêche le suivi des flux d’argent sale dans l’immobilier français. L’Etat doit réagir. » « Tout le monde sait que l’immobilier résidentiel de luxe français, dans l’Ouest parisien ou sur la Côte d’Azur, est prisé par les kleptocrates », ajoute Mme Brimbeuf.

  • Meurtre d’un homme de 27 ans à Marseille : ce qui apparaîtra désormais dans les titres de la presse mainstream ( et aux ordres), c’est cette volonté des rédactions à éduquer leur lectorat au concept de « probabilité »

    Les infos de 6h - Marseille : ce que l’on sait de la mort d’un homme probablement touché par un tir de flash-ball
    Un homme de 27 ans est décédé à Marseille dans la nuit du 1er au 2 juillet, probablement à la suite d’un tir de "type flash-ball". (RTL)

    Homme mort après un « probable » tir policier de LBD à Marseille : ce que l’on sait (Libé)

    Selon le parquet, les premiers éléments de l’enquête « permettent de retenir comme probable un décès causé par un choc violent au niveau du thorax causé par le tir d’un projectile de « type flash-ball » . (La Marseillaise)

    Marseille : enquête après le décès d’un homme probablement touché par un tir de flash-ball (Europe 1)

    Un homme décédé à Marseille, probablement après un tir de flash ball (Le Dauphiné)

    Les éléments de l’enquête indiquent que la cause du décès est probablement due à "un choc violent au niveau du thorax" causé par ce type d’arme. (Var Matin)

    #probablement #éventualité #Parquet #enquêtes #justice_menottes_prison #violences_policières #IGPN #terreur_d'état #pinochétisation (de la classe politique) #14_juillet

    • Oui mais bon, pourquoi n’était-il pas chez lui ? C’est comme une femme violée à cause de sa jupe trop courte, ou dans la rue seule, ou trop ceci ou trop cela...

    • À Marseille, une enquête ouverte après la mort d’un homme probablement due à un tir de flash-ball
      Publié le Mercredi 5 juillet 2023 | Julia Hamlaoui | L’Humanité
      https://www.humanite.fr/societe/mort-de-nahel/marseille-une-enquete-ouverte-apres-la-mort-d-un-homme-probablement-due-un-

      Un homme de 27 ans a trouvé la mort à Marseille, dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet, alors que la ville était en proie à de nouvelles violences consécutives à la mort de Nahel, tué à bout portant par un policier mardi 27 juin à Nanterre. Sans qu’il soit pour l’heure établi de savoir s’il participait aux émeutes dans la cité phocéenne, la victime est probablement décédée à la suite d’un tir de flash-ball, selon les autorités.

      Le parquet a ouvert une information judiciaire pour « coups mortels avec usage ou menace d’une arme », a révélé, mardi 4 juillet, le quotidien La Marseillaise . La police judiciaire et l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) ont été cosaisies, selon une source proche de l’enquête citée par l’AFP. « Les premiers éléments de l’enquête permettent de retenir comme probable un décès causé par un choc violent au niveau du thorax causé par le tir d’un projectile de »type flash-ball«  », précise le parquet qui ajoute que l’impact « a entraîné un arrêt cardiaque et donc la mort dans un temps proche ». (...)

  • Drowning in Lies. Greece tries to cover up its own role in the #Pylos shipwreck by tampering with evidence

    On the night of 13 June, a vessel carrying around 750 men, women and children mainly from Pakistan, Egypt and Syria capsized in the Central Mediterranean, in Greek waters. The Greek authorities had been aware of the overloaded vessel the day before because Europe’s border agency Frontex and activists had warned them.

    Instead of rescuing the people, the Greek coast guard stayed close to the boat and observed it from the sky with a helicopter, ignoring Frontex’s offer for help. They sent commercial vessels to the area and later a coast guard boat.

    Shortly after the coast guard vessel arrived on the scene, the overloaded boat capsized. Only 104 men survived. All the others, including all the women and children on board, drowned.

    Survivors alleged that their vessel was towed by the Greek coast guard boat, causing the fatal wreck. The Greek coast guard and the government strongly denied these allegations and claimed the boat was never towed.

    We decided to collect as many survivor testimonies as possible and try to establish what really happened, and whether there had been efforts to cover up the truth.
    METHODS

    Finding visual evidence to determine the cause of the shipwreck was nearly impossible since it happened on the high seas and commercial vessels and surveillance planes were sent away by the Greek authorities. Videos survivors might have had on their phones were no longer accessible due to water damage or because they lost their phones.

    We decided to put a team together, including journalists from the same regions as the passengers, and carried out 17 interviews with survivors – the largest number collected in a single investigation into the wreck so far – to compare their accounts. We also spoke to sources inside the European border agency Frontex.

    We obtained crucial court documents containing two sets of testimonies given by the same nine survivors. They spoke first to the Greek coast guard and later to a local Greek court.
    STORYLINES

    Documents and witness testimony obtained by Lighthouse Reports, Der Spiegel, Monitor, SIRAJ, El País, Reporters United and The Times show the Greek coast guard tampered with official statements to conceal their role in the wreck and pressured survivors into naming certain people as the smugglers.

    Nine survivors were asked by the coast guard to give witness statements just hours after the wreck. On analysing the documents, we discovered that critical parts of several testimonies contain identical phrases.

    The documents reveal that the translator used during one of the survivor’s interviews with the coast guard is a member of the coast guard himself. Other translators were local residents who spoke Arabic and other languages, who were sworn in on the day.

    In the documents, eight survivors are stated to have blamed the capsizing on factors unrelated to towing. Four of them are stated to have testified – in nearly identical wording – that the boat capsized because it was “old” and “there were no life jackets”. Their interviews were translated by three different interpreters.

    None of the survivors interrogated by the coast guard blamed the coast guard at all, according to the transcriptions. But in a later round of questioning by a Greek court of the same nine survivors, six of them are stated to have said the coast guard towed the boat shortly before it capsized.

    We spoke to two of the nine survivors who testified; they told us that the coast guard had omitted the parts of their testimony mentioning towing.

    “They asked me what happened to the boat and how it sank. I told them the Greek coast guard came and tied the rope to our boat and towed us and caused the capsizing of the boat,” said one survivor. “They didn’t type that in my testimony. When they presented it at the end I couldn’t find this part.”

    He added that the coast guard pressured him to single out certain people as the smugglers in charge of the operation. This claim is supported by our analysis of the documents: two answers to the coast guard’s questions about smugglers contain identical sentences.

    Another survivor who testified said he also blamed the shipwreck on towing when asked by the coast guard, but still signed the deposition at the end despite knowing it did not reflect what he said, because he felt “terrified”.

    Sixteen out of the seventeen survivors we spoke to said the coast guard attached a rope to the vessel and tried to tow it shortly before it capsized. Four also claimed that the coast guard was attempting to tow the boat to Italian waters, while four reported that the coast guard caused more deaths by circling around the boat after it capsized, making waves that caused the boat’s carcass to sink.

    While Europe and its border agency Frontex have largely backed Greece on its border practices and said following the shipwreck that they believed the coast guard did everything it could to save the people who drowned, Frontex is now doubting the official version

    The border agency has circulated an internal report on the incident based on survivor testimony, in which survivors state that the Greek coast guard was to blame for the drownings, according to sources.

    https://www.lighthousereports.com/investigation/drowning-in-lies
    #Grèce #naufrage #asile #migrations #décès #morts #tragédie #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #14_juin_2023 #Méditerranée #Mer_Méditerranée #13_juin_2023
    #Lighthouse_reports #enquête #contre-enquête

    Sur ce naufrage voir ce fil de discussion:
    https://seenthis.net/messages/1006608

    • Survivors: ‘Greek coastguard was next to us when boat capsized’

      Two Syrian refugees recall their harrowing journey and pin blame on the coastguard for the devastating shipwreck.

      “The boat was too heavy,” he told Al Jazeera.

      “We were sitting next to each other, and there was a constant fear of sinking.”

      On the derelict blue ship that was soon to hit international headlines, he saw about 750 people crammed together, shoulder-to-shoulder, unable to move. They had all hoped to eventually reach Europe.

      In a few days, he would see hundreds of these people drown as a Greek coastguard ship floated nearby.

      Ahmed fled Syria with his friend Mohammed*, 23. They both asked to use pseudonyms because they fear the Greek government would punish them for speaking out about what they saw that night.

      They are two of the 104 survivors of the shipwreck off the coast of Pylos, Greece. Seventy-eight people have been confirmed dead.

      Like hundreds of other people on board, their third companion, Mohammed’s cousin, was never found.

      Their path to the central Mediterranean was taken in many steps. Ahmed and Mohammed said they left home hoping for a future without violence.

      Their journey took them to Lebanon, then Egypt and Libya.

      They spent about a month in Libya, where smugglers kept them closed up in an apartment with Egyptians, Pakistanis and other Syrians also making the journey.

      Mohammed said the smugglers beat the Egyptians and Pakistanis, constantly cursing and insulting them.

      Finally, in the first days of June, they were told, “You are leaving today.”

      They were put on the back of trucks that drove to the shore, were loaded onto small boats and were taken to a trawler, the Adriana, out in deeper waters.

      “They were beating people there,” Ahmed said.

      “They were beating them while taking them to the lower deck of the boat. … It was very bad down there. It smelled of diesel and fish. You couldn’t breathe.”

      Ahmed and his companions managed to pay a bribe of $200 to get themselves a spot on the upper deck.

      But wherever the passengers sat on the ship, they were wedged together.

      Women and children were kept below in the hold. From their cramped spot on the top deck, the young men could see the sea.
      ‘People were starting to lose consciousness’

      From the second day of the voyage, the boat’s engine started breaking down.

      “They would repair it, and after a while, it would break down again,” Mohammed said. “Every time they repaired it, it would stop again after two to three hours.”

      After the second day at sea, food and water ran out. Panic began to percolate across the ship.

      “At that time, people were starting to lose consciousness,” Ahmed said.

      “They were falling on the ground. They were fainting. Some were shaking. We were seeing tens, hundreds of people in this state.”

      They heard fights were breaking out all across the boat due to hunger, thirst and fear.

      “Me, Ahmed and my relative who is now missing were always trying to keep our spirits up,” Mohammed said. “When someone cried, we made jokes. ‘We will make it,’ we were saying to ourselves. But everyone was going crazy.”

      By the fourth day, they heard disturbing news from the hold.

      “Some people coming up from below said, ‘There are dead people down there,’” Ahmed said.

      “They said there were six dead bodies on the boat. Five bodies were down below, and we didn’t see them. One was on the upper deck. We saw him.”

      Ahmed and Mohammed said the passengers started telephoning the Italian authorities and the Greek coastguard to ask for help.

      “From the fourth day onwards, the Greek coastguard had been aware of us,” Mohammed said.

      By the fifth day, June 13, they said it looked like the Adriana had stopped moving completely.

      In the afternoon, a helicopter flew overhead.

      The passengers could not understand from the deck, but it was the Greek coastguard. In the afternoon, one and then another commercial ship passed by and tossed those on board water over the waves.

      “People were saying: ‘Take us with you.’ They were saying, ‘No.’” Mohammed said. “We asked for help, but they refused to help us.”

      A Greek coastguard vessel finally approached the fishing trawler around midnight in the first minutes of June 14, the friends said. “‘Follow us,’ they told us. We followed them,” Mohammed said.

      “Half an hour later, our boat stopped completely. It could not move. They came back and tied us to their boat.”

      Ahmed and Mohammed said the coastguard started to tow their stalled-out trawler, but it took a sharp turn, and the Adriana heaved precariously left, then right, then capsized.

      “They were right next to us when it capsized. In the moment it sank, they moved away from us. They deliberately made us sink,” Mohammed said. “We were standing on top of the boat, and we were able to see everything clearly.”

      Tossed into the dark Mediterranean Sea, hundreds of people tried to find something to cling onto, some way to survive. “People were holding onto me,” Ahmed said.

      “I was going under the water and getting away from people. Every time I got away, I would come across someone else, and they would hold onto me to save themselves. When someone grabbed onto me, we both went underwater together.”

      After an hour and a half, Ahmed said he spotted an inflatable coastguard boat and swam towards it.

      “They were 200 or 300 metres [220 to 330 yards] away from us,” he said. “I swam to them and got into the boat. They did not come close to us to save us. They were standing far away, and those who could swim were going towards them, like me.”

      As he made his way towards the inflatable boat, Ahmed had to push aside bodies floating in the water.

      Once taken to the larger coastguard boat, Ahmed was reunited with Mohammed. The two hugged each other, overwhelmed and elated to have found each other.

      They started asking about their third companion. He had not made it, and they realised how incomplete their relief was.

      The survivors of the shipwreck were taken ashore. Mohammed said that when they were first held in the Greek city of Kalamata, the authorities came to take his testimony of the tragedy three or four times.

      “When we told them that we had been towed with a rope, they stopped,” he said. “They were saying that the problem was our boat. They wrote our statements with their own words. They did not write down what we said. They made us say it and write it down.”

      Ahmed said no officials have ever taken his testimony.
      ‘Accountability vacuum’

      Both men are now in the Malakasa refugee camp, 40km (25 miles) north of Athens. They are awaiting their asylum claims to be processed. Mohammed is desperate for news of his cousin, even if that news is confirmation he is dead.

      Ahmed’s and Mohammed’s accounts contradict the account of the Greek coastguard, which has said the passengers of the Adriana refused aid, it was only immobile for about 20 minutes before it capsized and the coastguard had not towed the boat prior to it capsizing.

      Survivors’ accounts line up with other evidence.

      The Greek investigative website Solomon has published emails showing that the Greek authorities had been notified that the ship was in distress by 6pm (15:00 GMT) on June 13. And tracking data published and verified by the BBC and The New York Times show that the trawler was not moving for at least seven hours before it capsized.

      When asked to comment on allegations that the coastguard towed the boat and was involved in the shipwreck, the Greek Ministry of Maritime Affairs and Insular Policy told Al Jazeera: “The required information is part of the investigation procedure that is being conducted under strict confidentiality based on the instructions given by the prosecutor of the Supreme Court. Regarding the details of the operation plan of the Hellenic coastguard, no further comments can be made by our service.”

      Fingers have been pointed at the Greek coastguard for both the shipwreck and its large death toll.

      “It has been evidenced that the Hellenic coastguard uses a range of tactics to move boats they have intercepted at sea into different territorial areas to avoid responsibility for search and rescue and the lodging of their applications for international protection,” said Hope Barker, a policy analyst at the Border Violence Monitoring Network.

      “Whilst this usually includes towing boats back to Turkish territorial waters, it is equally likely that if the boat was closer to Italian territorial waters, they would try to transfer it there instead.”

      The organisation is calling for an independent investigation and for Frontex, the European Union’s border agency, to withdraw from Greece.

      “Violations of fundamental rights by the Hellenic coastguard are routine and systematised operations that have proven to be under-investigated by the Greek state. There is an accountability vacuum that allows these actions to continue unabated,” Barker said.

      In Malakasa, Mohammed said he cannot stop thinking about the moment the boat capsized and the screams of the people around him. He does not know how he survived in the water.

      “I shouted Ahmed’s and my cousin’s names for a while,” he said. “In that moment, I heard a voice screaming, ‘Mother! Mother!’ I asked that person for his name, and he said, ‘Fuat’.

      “He and I told each other our names, so that whichever of us survived would be able to bring the news to the other’s family.”

      https://www.aljazeera.com/features/2023/7/5/survivors-greek-coastguard-was-next-to-us-when-boat-capsized

    • Under the unwatchful eye of the authorities’ deactivated cameras: dying in the darkest depths of the Mediterranean

      A collaborative investigation by Solomon, Forensis, The Guardian and ARD presents the most complete tracing, to date, of the course that the fishing vessel Adriana took until it ultimately sank, causing over 600 people to drown − while under the supervision of Greek and European authorities. A document reveals that according to Frontex recommendations, the Coast Guard vessel was obligated to record the operation on video.

      In the early hours of June 14, the state-of-the-art cameras of the Coast Guard vessel ΠΠΛΣ-920 were off.

      The deadliest shipwreck within the Greek Search and Rescue Zone, one of the largest the Mediterranean has ever seen, was reportedly not visually detected.

      Only hours before, aerial photos of the overloaded fishing vessel were taken. Nearby tankers recorded videos before they were ordered to leave the scene. There were satellite images that captured its movement.

      But the exact circumstances in which the Adriana capsized off Pylos, killing more than 600 people, remain unclear three weeks on.

      In affidavits and interviews, some of the 104 survivors attributed the sinking of the fishing vessel to an attempt by the Hellenic Coast Guard to tow it to Italian waters.

      The Coast Guard emphasizes that it saved human lives, and maintains that the fishing vessel overturned due to a disturbance by the passengers.

      Solomon, in a joint investigation with the research group Forensis, The Guardian and German public broadcaster ARD reveals: the Coast Guard vessel ΠΠΛΣ-920, the only vessel present at the time the Adriana capsized, was obligated to “document its operation by video-recording” in accordance with a 2021 Frontex document which recommends that the Greek authorities record their operations continually.

      If this had been done, today there would be answers to the questions that the victims’ families are still asking.

      The ΠΠΛΣ-920 cameras were supposed to record

      By midday on June 13, the Greek and Italian authorities and Frontex (the European Border and Coast Guard Agency), were aware of the overloaded fishing vessel, which had been sailing aimlessly for four days in the central Mediterranean – its only means of navigation was a compass and the position of the sun.

      The activist network Alarm Phone had also relayed to the authorities the desperate SOS of some 750 men, women, and children — mostly from Pakistan, Egypt and Syria — who, lacking potable water, were using their shoelaces to lower containers into the sea: “They are urgently asking for help”.

      ΠΠΛΣ-920, the Coast Guard vessel which received the order to depart from the port of Souda, Crete to assist, has been the pride of the Coast Guard since 2021. European funding covered 90% of its cost, and it is one of the best-equipped vessels available in Greece.

      And it could not be in better hands: earlier this year, in March, its captain was awarded for “his valuable contribution to the protection of maritime borders and human life at sea.”

      According to the Coast Guard, ΠΠΛΣ-920, like its three sister ships (ΠΠΛΣ-900, ΠΠΛΣ-910 and ΠΠΛΣ-930), has two state-of-the-art thermal camera systems. According to the Coast Guard, however, when the fishing vessel capsized, the cameras were not in operation because the crew’s attention was focused on the rescue efforts.

      “When we have an incident, we try to have the ability to operate seamlessly. Making some crew members ‘inactive’ so that they can record a video, you understand, is unethical,” Coast Guard spokesman Nikos Alexiou stated on June 15, justifying why the incident was not recorded on video.

      However, one of the three former and current Coast Guard officers who spoke to us during our investigation, said that these cameras do not require constant manual operation and they exist exactly for this reason – to record such incidents.

      But there is still a critical issue: a document reveals that, according to Frontex recommendations in March 2021, the Coast Guard vessel was obligated to record the operation.

      The document states that “if feasible, all actions taken by Frontex assets or Frontex co-financed assets… should be documented by video consistently.”

      The cost of the ΠΠΛΣ-290, one of four state-of-the-art vessels purchased for €55.5 million, has been 90% financed through Frontex. It is designated to be “available for four months a year, for Frontex missions outside of Greek waters.”

      Frontex had recommended the visual recording of operations, during a meeting where representatives from Greece were present as well as from other European countries, following complaints of human rights violations by the Coast Guard.

      The complaints that were assessed during the meeting referred to the exact same practice, attributed to ΠΠΛΣ-920: towing vessels of asylum seekers outside of Greek waters.
      We created a 3D model of the Adriana

      Solomon, Forensis, The Guardian and ARD worked together and after analyzing a wealth of evidence, we present the most complete picture to date, of the Adriana’s course up to the time of its sinking.

      We collected more than 20 survivor accounts and analyzed material derived from, among others, witness statements, official reports from the Coast Guard and Frontex, deck logs of the Coast Guard vessel and tankers in transit, aerial photographs and data on the position and movement of ships and aircraft. We also secured exclusive footage from the commercial vessels that were in the area and spoke to sources at Frontex, the Coast Guard, and rescuers.

      The analysis of this information resulted in a detailed chronology of the events that occurred on June 13 and 14, an interactive map showing Adriana‘s movement, as well as a 3D model of the fishing vessel.

      With the help of the 3D model, we were able to do what no official authority or journalistic investigation has done so far: to conduct in-person interviews with survivors of the wreck, using the visual impression of this body of data.

      Using the method of situated testimony, the survivors placed themselves in the 3D model of the ship, indicated their location on the deck, and recalled the events that unfolded before the sinking of the Adriana: from the alleged towing to its capsize.

      In this way, we were able to cross-reference accounts of what happened in the presence of the Coast Guard vessel, based on each person’s eyewitness account.
      Main conclusions

      Eleven critical findings emerge from the joint investigation:

      – Frontex offered to help three times. A Frontex source stated that the Coast Guard did not respond to any of the three requests for assistance.

      - The records of ΠΠΛΣ-920 are incoherent and raise questions. For example, while it is reported that immediately before the sinking, the fishing vessel was moving west, it actually appears to be moving for about an hour (00:44 – 01:40) in a southerly direction at a speed of only 0.6 knots. In addition: since, according to the Coast Guard, the fishing vessel’s engine had stopped working at 00:44, why was the preparation of life-saving equipment carried out an hour later, at 01:40?

      - While the fishing vessel’s engine was running but there was no navigation capability, according to testimonies, ΠΠΛΣ-920 approached the vessel and gave directions to Italy. A survivor stated: “[a crew member] told us that the Greek ship would go ahead of us and lead us to Italian waters. He told us that in two hours we would be in Italy.” ΠΠΛΣ-920 directed the fishing vessel from a distance, which followed until its engine broke down again.

      – According to Syrian survivors on deck, when the engine broke down, masked men from ΠΠΛΣ-920 boarded the fishing vessel and tied a blue rope to the stern. The above-mentioned testimonies are also consistent with an entry in the ΠΠΛΣ-920 deck logbook, which mentions the participation of a four-member team from the Special Missions Unit in the operation.

      - According to the same survivors, there were two brief attempts to tow the fishing vessel. The first time the rope broke. The second time the ΠΠΛΣ-920 increased its speed and the fishing vessel rocked to the right, then to the left, then to the right again and flipped onto its right side.

      – The Pakistani survivors were located in the interior of the ship, and could not see what was happening. They stated, however, that while the fishing vessel’s engine was not working, they felt a sharp forward thrust “like a rocket” — a sensation that corroborates the use of a rope for towing.

      – Testimonies in this investigation support testaments presented by other journalistic investigations, as well as survivor statements included in the official case file: this action appears to have led to the capsize and eventual sinking of the ship.

      - The fishing vessel capsized and survivors climbed on top of it. ΠΠΛΣ-920 left the scene, creating waves that made it more difficult for the survivors to stay afloat.

      – After withdrawing, ΠΠΛΣ-920 directed its floodlights on the shipwreck site. Survivors tried to swim to the Coast Guard vessel, but the distance was too great.

      – ΠΠΛΣ-920 began the rescue operation 30 minutes after the sinking, and only after the fishing vessel had completely disappeared from the water’s surface.

      - Survivors claim that their phones (which were protected in plastic cases) contain visual material from the incident. Immediately after the rescue, according to the same testimonies, Coast Guard officers confiscated their phones, which have not been returned to them.

      https://vimeo.com/843117800

      Survivor accounts of the towing

      In the deck log of ΠΠΛΣ-920, which we have seen, there is no mention of any towing attempt. The Coast Guard captain reports that they approached the fishing vessel to offer assistance, received no response, and followed it “from a discreet distance”.

      This is disputed by the accounts of the survivors, some of whom not only tell of a rope that was tied to the fishing vessel, but they all mention its color: blue.

      This investigation documents, for the first time, the blue cable that was used by ΠΠΛΣ-920, which can also be seen in earlier photos of the vessel.

      The estimation that the attempt to tow the fishing vessel by the ΠΠΛΣ-920 led to its sinking is underlined by the statements of survivors, that form part of the case file which is available to the journalists that participated in this investigation.

      “Then the Greek ship came and threw the rope which was tied to the front of our ship,” says a survivor who was on the deck.

      The Coast Guard started towing the fishing vessel, he adds, and “when it was going slowly the fishing vessel was fine, but instead of approaching the Greek ship we were moving away. When they hit the gas, I’m sorry to say, that’s when our ship sank.”

      The same survivor estimates that the fishing boat capsized due to the “pulling from the Greek ship, because then our ship began to lean to one side. And I, who was standing in a corner, slipped into the water with a relative of mine, who died.”

      Another survivor who was also on the deck, but at the stern and without full visibility, says in his testimony that “it was night, the guys in front told me that they tied the rope, but I could feel the motion too, because then we moved, but not for more than two minutes.”

      “Then we said stop-stop because our ship is leaning,” he says, adding, “I think we sank due to the fact that our boat was in bad condition and overloaded and that it shouldn’t have been towed.”

      In another testimony, the description of the towing attempt is concise: “On the last day the Greek ship threw us a rope and tied us to their ship. The Greek one turned right, then ours overturned and we fell into the water.”

      We contacted the Coast Guard, asking questions about the timeline of the shipwreck and asking them to comment on the findings of our investigation. At the time of publication, we have not received a response.
      Why didn’t Greece respond to Frontex?

      The picture of what actually happened would be more complete if the ΠΠΛΣ-920 was not the only vessel present during the incident.

      According to the captain of the merchant ship Faithful Warrior, at 00:18 the Coast Guard’s Search & Rescue Coordination Center gave him permission to depart the scene, thus removing the last witness present. The Faithful Warrior left at 00:30, about 15 minutes before the fishing vessel’s engine stopped working, according to Coast Guard records.

      Frontex, which operates in the central Mediterranean, had informed the Greek authorities about the fishing vessel early in the afternoon, and had offered to help.

      Specifically, at 19:35 (local Greek time) Frontex offered to assist with the Eagle I aircraft. Afterwards, the Greek side asked Frontex to assist in a search and rescue incident south of Crete, where 80 people were in danger. The vessel in question was spotted by the Frontex Heron drone at 22:50.

      At 00:34, Frontex again offered to provide assistance with the Eagle I and a few minutes later, at 00:52, it also offered the Heron. According to a Frontex source who spoke to our joint investigation, the Greek authorities did not respond to any request to send aerial assets to the overloaded fishing vessel.
      Fabricated testimonies?

      Concerns have also been raised about the possible alteration of survivors’ testimonies.

      Survivors gave two rounds of statements: first to the Coast Guard and then to an investigator. Both versions are available to Solomon and the international colleagues who participated in this investigation.

      While there are no references to the attempted towing of the fishing vessel in the survivor testimonies recorded by the Coast Guard, the same survivors spoke about it in the second interview with the investigator.

      Also, when describing the shipwreck, the testimonies that appear to have been given to the Coast Guard by two survivors of different nationalities, are the same, word for word: “There were too many people in the boat, which was old and rusty … that’s why it capsized and sank in the end.”
      Inside the hold

      The TikTok video shows his older brother hugging him tightly and kissing him, before he enters the airport, dragging along his suitcase.

      He had flown from Karachi to Dubai, and from Dubai to Alexandria, Egypt. From there he boarded another plane that took him to Benghazi, Libya, where he spent over ten days locked in a trafficker’s hideout, before he was taken to board the Adriana.

      When he saw the old fishing boat he couldn’t believe it — he thought the trip to Italy would also be by plane. He wanted to go back to Pakistan, but the traffickers wouldn’t let him.

      Inside the Adriana, Abdul traveled on the lowest of three levels, in suffocating conditions where he had to sit with his knees bent. “To get from one place to another, you had to step on people.”

      Conditions were similar on the middle level, where about 300 people were reportedly crammed in, with more than 200 people still on deck. The testimonies speak of another, separate space inside the fishing vessel, where women and children were located. No women were among the 104 people that were rescued.

      The Pakistani travelers had paid a total of €8,000-€10,000 each for the long journey to Europe – Abdul’s family of rice farmers had sold their land to finance his trip.

      Abdul had learned to swim in the canals around his family’s crops – when the Adriana sank, it was his ability to swim that allowed Abdul to reach the Coast Guard vessel and save himself.

      As he walks along in Athens, Abdul’s relatives call him, asking what’s the name of the city he’s in. He tells us about his family, but he also shows us photos of loved ones who perished: he was onboard the Adriana with 14 of his friends and his uncle. Only he survived.

      And of his 350 fellow Pakistanis who were also in the hold with him, only 12 were rescued. “Beautiful people were lost,” says Abdul.

      People who participated in the investigation: Christina Varvia, Lydia Emmanouilidou, Katy Fallon, Ebrahem Farooqui, Armin Ghassim, Sebastian Heidelberger, Stefanos Levidis, Andreas Makas, Stavros Malichudis, Iliana Papangeli, Corina Petridi, Timo Robben, Georgia Skartadou, Sulaiman Tadmory, George Christides.

      https://wearesolomon.com/mag/format/investigation/under-the-unwatchful-eye-of-the-authorities-deactivated-cameras-dying-

    • Greek shipwreck: hi-tech investigation suggests coastguard responsible for sinking

      Research into loss of trawler with hundreds of deaths strongly contradicts official accounts – while finding a failure to mobilise help and evidence that survivor statements were tampered with

      Attempts by the Greek coastguard to tow a fishing trawler carrying hundreds of migrants may have caused the vessel to sink, according to a new investigation by the Guardian and media partners that has raised further questions about the incident, which left an estimated 500 people missing

      The trawler carrying migrants from Libya to Italy sank off the coast of Greece on 14 June. There were 104 survivors.

      Reporters and researchers conducted more than 20 interviews with survivors and drew on court documents and coastguard sources to build a picture of missed rescue opportunities and offers of assistance that were ignored. Multiple survivors said that attempts by the Greek coastguard to tow the vessel had ultimately caused the sinking. The coastguard has strenuously denied that it attempted to tow the trawler.

      The night that the trawler capsized, 47 nautical miles off Pylos, in south-western Greece, was reconstructed using an interactive 3D model of the boat created by Forensis, a Berlin-based research agency founded by Forensic Architecture, which investigates human rights violations.

      The joint investigation by the Guardian, German public broadcaster ARD/NDR/Funk and Greek investigative outlet Solomon, in collaboration with Forensis, has given one of the fullest accounts to date of the trawler’s course up to its sinking. It unearthed new evidence such as a coastguard vessel moored at a closer port but never dispatched to the incident and how Greek authorities failed to respond not twice, as previously reported, but three times to offers of assistance by Frontex, the EU border and coastguard agency.

      Forensis mapped the final hours before the sinking, using data from the coastguard’s log and the testimony of the coast guard vessel’s captain, as well as flight paths, maritime traffic data, satellite imagery and information from videos taken by nearby commercial vessels and other sources. The ship’s last movements contradict the coastguard and reveal inconsistencies within the official account of events, including the trawler’s direction and speed.

      Crucially, the investigation showed the overcrowded trawler started moving westward on meeting the single Greek coastguard vessel sent to the scene. According to multiple survivor testimonies given to the Guardian and Greek prosecutors, the coastguard had told the migrants it would lead them to Italy – clashing with the official version that the trawler started moving west of its own accord. The investigation also showed the trawler had turned to the south and was almost stationary for at least an hour until, survivors said, a second and fatal towing attempt took place.
      Survivors use the 3D model of the boat to describe what happened on the night of the 14 June.

      Two survivors used the 3D model to describe the towing itself, while three others, who were sitting inside or on the vessel’s lower deck, described being propelled forward “like a rocket”, but with the engine not operating. That suggests a towing attempt.

      Another survivor separately said he heard people shouting about a rope being attached by the “Greek army” and described being towed for 10 minutes shortly before the trawler sank. “I feel that they have tried to push us out of Greek water so that their responsibility ends,” a survivor said after considering the map of events and reflecting on his memories of the night.

      Maria Papamina, a lawyer from the Greek Council for Refugees, one of two legal organisations representing between 40 and 50 survivors, said that there had been two towing attempts recounted to her team. Court documents also show that seven out of eight survivors gave accounts to the civil prosecutor of the presence of a rope, towing and a strong pull, in depositions conducted on 17 and 18 June.

      The exact circumstances of the sinking cannot be conclusively proved in the absence of visual evidence. Several survivors testified to having had their phones confiscated by the authorities and some mentioned having filmed videos moments before the sinking. Questions remain over why the newly acquired Greek coastguard vessel at the scene did not record the operation on its thermal cameras. The vessel, called the 920, was 90% financed by the EU to bolster the capabilities of Frontex in Greece and is part of the EU border agency’s joint operations in the country. Frontex recommends that “if feasible, all actions taken by … Frontex co-financed assets should be documented by video consistently”.

      In official statements the Greek coastguard said the operation was not recorded because the crew’s focus was on the rescue operation. But a source within the coastguard said cameras do not need constant manual operation and are there precisely to capture such incidents.

      The presence of masked men, described by two survivors as attaching a rope to the trawler, is also documented in the ship’s log, which includes an entry about a special ops team known as KEA joining the 920 that night.

      According to coastguard sources, it would not be unusual to deploy KEA – typically used in risky situations such as suspected arms or drug smuggling at sea – given the vessel’s unknown status, but one source said that their presence suggested the vessel should have been intercepted on security and maritime safety grounds alone.

      One source described the failure to mobilise help closer to the incident as “incomprehensible”. The 920 was deployed from Chania, in Crete, about 150 nautical miles from the site of the sinking. The source said the coastguard had somewhat smaller but still capable vessels, based in Patras, Kalamata, Neapoli Voion and even Pylos itself. The 920 was ordered by coastguard HQ to “locate” the trawler at about 3pm local time on 13 June. It finally made contact close to midnight. An eyewitness official confirmed another vessel was stationed in Kalamata on 14 June and could have reached the trawler within a couple of hours. “It should have been a ‘send everything you’ve got’ situation. The trawler was in clear need of assistance,” the source said.

      The Greek coastguard and Frontex were alerted to the trawler on the morning of 13 June. Both agencies had photographed it from the air but no search and rescue operation was conducted – according to the Greek side, because the boat had refused assistance. Authorities received an urgent SOS said to have been relayed to them at 5.53pm local time by the small boats emergency hotline Alarmphone, which was in contact with people on board.

      Two of the coastguard sources told the Guardian they believed towing was a likely reason for the boat capsizing. This would not be without precedent. In 2014, an attempt to tow a refugee boat off the coast of Farmakonisi cost 11 lives. Greek courts cleared the coastguard, but the European court of human rights passed a damning judgment in 2022.

      Allegations have also been made that survivors’ statements were tampered with. Two rounds of testimonies were given – first to the coastguard and then to a civil prosecutor – both seen by the Guardian. Testimonies to the coastguard by two separate survivors of different nationalities are word for word the same when describing the sinking: “We were too many people on the boat, which was old and rusty … this is why it capsized and sank in the end.”

      Under oath to the civil prosecutor, days later, the same survivors describe towing incidents and blame the Greek coastguard for the sinking. The same Syrian survivor who stated in his coastguard testimony that the trawler capsized due to its age and overcrowding would later testify: “When they stepped on it, and I am sorry to mention this, our boat sank. I believe the reason was the towing by the Greek boat.”

      Brussels has asked for a “transparent” investigation into the wreck, while there is frustration within Frontex, which repeatedly offered assets to Greek authorities – a plane twice and later a drone – but received no reply. Although Frontex is facing mounting calls to pull out of Greece, the Guardian understands it is considering less drastic measures such as discontinuing co-financing of Greek coastguard vessels.

      The Coast Guard said it “would not comment on operational issues or the ongoing investigation which is confidential according to a Supreme Court Order.”

      Nine Egyptians on the trawler have been arrested on charges including involuntary manslaughter, causing a shipwreck and migrant smuggling; they deny wrongdoing. According to Guardian information, the accused testified there were two towing attempts, the second resulting in the sinking of the boat. A brother of one of the accused said his sibling paid about £3,000 to be on the boat, amounting to proof, he said, that he was not a smuggler.

      In Greece and beyond, survivors and victims’ families are trying to understand what happened. Three Pakistani survivors said they flew from Pakistan through Dubai or Egypt to Libya. Two believed they would fly from Libya to Italy and were shocked on seeing the trawler. “I can’t sleep properly. When I sleep I feel as if I am sinking into the water and will die,” one said.

      Nearly half of the estimated 750 people on board are thought to have been Pakistani citizens taking an emerging people-smuggling route to Italy. Pakistani authorities estimate that 115 came from Gujranwala in the east of the country, a region known for its rice plantations and cotton fields but deeply mired in Pakistan’s economic crisis.

      Ahmed Farouq, who lives on the outskirts of the city of Gujranwala, lost his son in the Pylos shipwreck. Talking of the alleged towing, he saids: “They wanted it to sink. Why didn’t they save the people first? If they don’t want illegal migrants, let them deport us, but don’t let us drown.”

      https://www.theguardian.com/global-development/2023/jul/10/greek-shipwreck-hi-tech-investigation-suggests-coastguard-responsible-f

    • Greek coastguard ’pressured’ disaster survivors to blame Egyptian men

      New evidence found by BBC News casts further doubt on the Greek coastguard’s version of events surrounding last month’s deadly migrant boat sinking, in which up to 600 people died.

      Two survivors have described how the coastguard pressed them to identify nine Egyptians on board as traffickers.

      A new video of the overcrowded boat foundering at sea also challenges the Greek coastguard’s account.

      It was taken when the boat was said to be on a “steady course”.

      BBC Verify has confirmed the footage was filmed when the coastguard claimed the boat was not in need of rescue - and was in fact filmed by the coastguard itself.

      We have also confirmed that the larger vessel in the background is the oil tanker Faithful Warrior, which had been asked to give supplies to the migrant boat.

      The official Greek coastguard account had already been challenged in a BBC Verify report - but now we have seen court documents which show serious discrepancies between survivors’ witness statements taken by the coastguards, and the in-person evidence later presented to a judge.

      A translator has also come forward with his account of a people-smuggling investigation last year, after another group of migrants were rescued by the coastguard. He describes how witnesses from that incident were intimidated by the coastguard. The legal case collapsed before it could reach trial.

      The revelations raise fresh questions about how the Greek authorities handle such disasters.

      Both the Greek coastguard and Greek government did not comment and declined our requests for interview.
      A map of a section of the Mediterranean Sea showing the possible route taken by the migrant boat off the coast of Libya, near the city of Tobruk. The possible route shows the last approximate location of the boat before it sunk and the path taken by the Faithful Warrior, which had made contact with the boat. Also shown is the Greek port city of Pylos.

      Survivors ’silenced and intimidated’

      Soon after the 14 June sinking, nine Egyptian men were detained and charged with manslaughter and people-smuggling.

      But two survivors of the disaster say migrants were silenced and intimidated by Greek authorities, after suggesting the coastguards may have been to blame for the tragedy.

      For the past month, allegations have been made that the coastguard used a rope to tow the fishing vessel, causing it to sink.

      The two survivors we spoke to in Athens - who we are calling Ahmad and Musaab to protect their identities - say that is what happened.

      “They attached a rope from the left. Everyone moved to the right side of our boat to balance it,” says Musaab. “The Greek vessel moved off quickly causing our boat to flip. They kept dragging it for quite a distance.”

      The men described how they spent two hours in the water before being picked up by the coastguard.

      When I ask how they knew it was that amount of time, Musaab says his watch was still working so he could tell.

      Once on land, in Kalamata, they claim the coastguard told survivors to “shut up” when they started to talk about how the Greek authorities had caused the disaster.

      “When people replied by saying the Greek coastguard was the cause, the official in charge of the questioning asked the interpreter to tell the interviewee to stop talking,” says Ahmad.

      Ahmad says those rescued were told to be grateful they hadn’t died.

      He says there were shouts of: “You have survived death! Stop talking about the incident! Don’t ask more questions about it!”

      he men say they are scared to speak out publicly because they fear they too will be accused like the Egyptians.

      “If there was a fair system in place, we would contribute to this case,” says Ahmad.

      The men told us they had both paid $4,500 (£3,480) for a spot on the boat. Ahmad’s younger brother was also on board. He is still missing.
      Collapsing court cases

      As well as this testimony given to us by survivors, we have seen court documents which raise questions about the way evidence is being gathered to be presented in court.

      In initial statements from five survivors, none mentioned the coastguard trying to tow the migrant vessel with a rope. But days later, in front of a judge, all explained that there had been a failed attempt to tow it.

      One initial statement reads:

      But the same witness later told a judge:

      BBC Verify has not spoken to these witnesses and so we can’t say why their accounts changed.

      The Greek coastguard initially denied using a rope - but later backtracked, admitting one had been used. But it said it was only to try to board the vessel and assess the situation. It said this was at least two hours before the fishing vessel capsized.

      Eighty-two people are confirmed dead in the sinking, but the United Nations estimates as many as 500 more lost their lives.

      The Greek authorities say the charged Egyptian men are part of a smuggling ring and were identified by fellow passengers. They face up to life imprisonment if found guilty.

      Some survivors allege some of the nine suspects mistreated those on board - while other testimony says some were actually trying to help.

      But Ahmad and Musaab told us the coastguard had instructed all of the survivors to say that the nine Egyptian men were to blame for trafficking them.

      “They were imprisoned and were wrongly accused by the Greek authorities as an attempt to cover their crime,” says Musaab.

      A Greek Supreme Criminal Court deputy prosecutor is carrying out an investigation, but calls - including from the UN - for an international, independent inquiry have so far been ignored. The European Commission has indicated it has faith in the Greek investigation.

      But Ahmad and Musaab are not alone in their concerns about the Greek coastguard.
      Interpreter comes forward to BBC

      When the nine Egyptian men were arrested in the hours after the shipwreck, it was widely reported as an example of efficient detective work by the Greek authorities.

      But for Farzin Khavand it rang alarm bells. He feared history was repeating itself.

      He says he witnessed Greek coastguards put two innocent Iranian men in the frame for people-smuggling last year, following the rescue of 32 migrants whose boat had got into trouble crossing from Turkey.

      Mr Khavand, a UK citizen who speaks Farsi and has lived in the Kalamata area for 20 years, acted as a translator during the coastguard’s investigation into what happened then.

      He says the migrants - 28 from Afghanistan and four from Iran - explained that they had set off from Turkey and been at sea for eight days before being rescued.

      During this time, the Greek coastguard had approached the boat, before leaving, he was told.

      Two Arabic-speaking men had abandoned the boat after the engine blew up, Mr Khavand was told by the Afghan migrants. They said that most people on board had taken turns to try to steer the stricken boat to safety - including the two accused Iranians, who had paid to be on board like everyone else.

      “They [the Iranian men] were highly traumatised,” Mr Khavand said.

      “They were repeating to me that they’d never even seen an ocean before they set off in Turkey. And they kept being told they were the captain and they said: ’We know nothing about the boat. We can’t even swim.’”

      One of the two accused - a man called Sayeed who was facing a long prison sentence - had been rescued with his young son, explained Mr Khavand.

      “I asked him ’Why did you take a six-year-old child on a boat?’ And he said the smugglers told us it’s only two hours’ journey.”

      Mr Khavand relayed their accounts to the coastguard, exactly as it had been told to him - but he says when he saw the transcripts, the Afghans’ testimony had changed. He fears they altered their stories after pressure from the Greek authorities.

      He says the Iranians told him that some of their fellow Afghan passengers had been leaned on by the coastguard to name them as the people-smugglers - to avoid being “treated unpleasantly”, threatened with prison, and being “returned to the Taliban”.

      The case eventually collapsed. Mr Khavand says he was not willing to assist the Greek coastguard again. He says when Sayeed and his son were released from custody the €1,500 (£1,278) that had been confiscated from them was not returned.

      “The scene ended with me thinking I don’t want to do this again because they were not trying to get to the bottom of the truth. They were trying to pick a couple of guys and accuse them of being people smugglers.”

      All of these accusations were put to the Greek authorities by the BBC - but we have received no response. Our request for an interview with Greece’s minister of maritime affairs - who oversees the coastguard - was also rejected.
      Greece previously accused of human rights violations

      Kalamata lawyer Chrysanthi Kaouni says she has seen other criminal cases brought against alleged people smugglers which have troubled her.

      She has been involved in more than 10 such cases, she tells us.

      “My concerns are around the translations, the way evidence is gathered and - later on - the ability of the defendants to challenge this evidence,” she said.

      “Because of these three points, I don’t think there are enough safeguards according to the international law, and in the end I don’t believe justice is done.”

      A new study has found that the average trial in Greece for migrants accused of people smuggling lasted just 37 minutes and the average prison sentence given was 46 years.

      The study, commissioned by The Greens/European Free Alliance group in the European Parliament, looked at 81 trials involving 95 people - all of whom were tried for smuggling in eight different areas of Greece between February 2020 and March 2023.

      The study claims verdicts were reached often on the testimony of a single police or coastguard officer and, in more than three-quarters of the cases, they didn’t appear in court for their evidence to be cross-examined.

      Ahmad says he and the other survivors now want authorities to recover the shipwreck and the people that went down with it, but they have been told it’s too difficult and the water is too deep.

      He compares this to the vast amounts of money and resources spent on searching for five people on the Titan submersible in the North Atlantic in June.

      “But we were hundreds,” he says. “It’s not just a ship. It’s our friends and family.”

      https://www.bbc.com/news/world-europe-66154654

    • Italy warned of dead children on migrant ship hours before it capsized

      The findings of an investigation by Welt am Sonntag and

      POLITICO raise questions about whether the authorities knew the boat was in distress earlier than they admitted.

      Early on the morning of the Adriana’s final day at sea, the Italian authorities sent a troubling warning to their EU and Greek colleagues: Two children had died aboard the overloaded migrant boat.

      The alert was sent at 8:01 a.m. UTC, just over an hour after the Italians initially spotted the vessel at 6:51 a.m., an investigation by Welt am Sonntag and POLITICO found. The ship would later stall out in the ocean and capsize that night, killing hundreds of migrants on board.

      The new details are revealed in an internal document at the EU border agency Frontex and seen by Welt, part of a “serious incident report” Frontex is compiling on the tragedy.

      The findings raise questions about whether the authorities knew of serious distress on the boat much earlier than they have admitted. The document further complicates the timeline European authorities have given about the boat — Frontex has said its own plane was the first to discover the Adriana at 9:47 a.m., while the Greek government has said it was alerted around 8 a.m.

      According to the internal document, Rome’s warning went to both Frontex and the Greek coast guard’s central office for rescue operations in Piraeus, which sits on the coast near Athens. Yet despite the alert, the Greek authorities did not send a coast guard vessel to the boat until 7:40 p.m., nearly 12 hours later. The boat then capsized around 11 p.m., roughly 15 hours after Rome’s notice first came through, leaving approximately 600 people dead.

      Survivors have said the Greek coast guard’s attempts to attach ropes to the ship caused it to capsize — accounts Greek officials say are not definitive. Only 104 people were brought to shore alive.

      Frontex declined to comment on the internal document showing the Italian warning, citing the “ongoing investigations” and referring to a June 16 statement. That statement lists a chronology of events starting at 9:47 a.m. with the Frontex plane spotting the boat.

      Dimitris Kairidis, Greece’s newly appointed migration minister, told POLITICO in Brussels that he had not seen the Frontex note, and he neither confirmed nor denied that Athens had received the Rome alert mentioning dead children.

      There is, he said, an “independent judicial investigation,” and if anyone is found responsible, “there will definitely be consequences.”

      “But until then,” he added, “we should not rush to conclusions and bow to political pressure.”

      Asked for comment, the Greek government referred to a statement on its coast guard website from June 14, which mentions information coming from Rome around 8 a.m. It doesn’t say whether that information included a warning about dead children on board.

      The Italian government did not respond to a request for comment.

      Greece has faced mounting political pressure over the tragedy.

      German lawmaker Clara Bünger, a member of The Left, is pushing for a review of the drama that unfolded off the shore of Pylos.

      She told Welt that “upon sighting such an overcrowded boat, Frontex should have immediately issued a mayday distress signal; even more so if Frontex knew that there were already Tuesday morning about two dead children on board.”

      That this didn’t happen, she added, is “outrageous and unforgivable.”

      Frontex has been trying to rehab its reputation under new Director Hans Leijtens, but Bünger argued he is on a doomed mission. Frontex, she argued, should just be dissolved.

      “This project has failed miserably,” she said.

      Erik Marquardt, a German European Parliament member from the Greens, pointed out that Germany chairs the Frontex Management Board.

      “I expect the German government to enforce full transparency here,” he said.

      The European Commission, the EU’s executive, said it does not comment on “ongoing investigations” or “leaks.”

      But the Commission stressed: “The facts about the tragic incident off the coast of Pylos must be clarified. That is the priority now.”

      https://www.politico.eu/article/italy-warned-greece-of-dead-children-on-migrant-ship-hour-before-it-capsize

    • Frontex und Athen wussten 15 Stunden vor Bootsdrama von toten Kindern an Bord

      Mitte Juni starben vor der griechischen Küste 600 Migranten, als ihr Boot kenterte. Über die Verantwortung für die schlimmste Katastrophe seit Jahren im Mittelmeer wird seitdem gestritten. Nun kommt heraus: Eine wichtige Information zu den wahren Abläufen wird nach Informationen von WELT AM SONNTAG bewusst zurückgehalten.

      Die EU-Grenzschutzagentur Frontex sowie die griechische Regierung verschweigen die wahren Abläufe eines Bootsdramas im Juni mit rund 600 Toten. Wie WELT AM SONNTAG und das ebenfalls zum Axel-Springer-Verlag gehörende Nachrichtenunternehmen „Politico“ erfuhren, muss die hochdramatische Situation vor der griechischen Küste Athen und den Grenzschützern viel früher bewusst gewesen sein als bislang bekannt.

      Frontex hatte in einer Stellungnahme mitgeteilt, als Erstes habe ein agentureigenes Flugzeug das völlig überladene Boot um 9.47 Uhr (UTC) entdeckt. Allerdings soll das Boot – so geht es aus einem internen Frontex-Dokument hervor – bereits um 6.51 Uhr erstmals gesichtet worden sein – und zwar durch italienische Behörden.

      Um 8.01 Uhr alarmierte die Seenotrettungstelle Rom demnach sowohl Frontex als auch die Leitstelle in Piräus, von wo aus Rettungseinsätze der griechischen Küstenwache gesteuert werden. Noch brisanter: Bestandteil dieses Alarms war die Information, dass an Bord des Bootes bereits zwei Kinder verstorben seien. Wie Italien an seine Informationen zu der Existenz des Bootes und den toten Kindern gelangte, ist unklar.

      Der Alarm ist nach Informationen von WELT AM SONNTAG Teil der Notizen des noch in Arbeit befindlichen „Serious Incident Report“, der das Aktenzeichen 12595/2023 trägt. Trotz des Alarms aus Roms unternahmen die griechischen Behörden lange nichts. Erst gegen 19.40 Uhr traf ein Schiff der Küstenwache in der Nähe der Migranten ein.

      Das Boot kenterte schließlich gegen 23 Uhr, 15 Stunden nach dem Alarm aus Rom. Unmittelbar davor hatten griechische Küstenwächter Seile an das Boot angebracht, was – so berichteten Überlebende – zum Kentern geführt habe. Nur 104 Menschen wurden lebend an Land gebracht.

      WELT AM SONNTAG konfrontierte Frontex mit den Informationen zu dem Alarm aus Rom. Wann ging dieser ein? Was war die Reaktion der Agentur? In einer schriftlichen Antwort hieß es, man könne „aufgrund von laufenden Ermittlungen“ kein Statement abgeben, das über jenes vom 16. Juni hinausgeht. Darin wird die Chronologie der Ereignisse geschildert – mit 9.47 Uhr als Startpunkt, der Sichtung des Bootes durch ein Frontex-Flugzeug.

      Der neu ernannte griechische Migrationsminister Dimitris Kairidis sagte in Brüssel, er habe die Frontex-Notiz nicht gesehen; weder bestätigte noch dementierte er, dass Athen diese Information aus Rom erhalten hat. Er erklärte, dass „eine unabhängige gerichtliche Untersuchung“ stattfinde. Sofern jemand für schuldig befunden werde, „wird es definitiv Konsequenzen geben.

      Bis dahin solle man „keine voreiligen Schlüsse ziehen und sich dem politischen Druck beugen“. Am Freitag verwies Athen auf ein Statement auf der Küstenwache-Webseite vom 14. Juni, in dem eine Info zu dem Boot aus Rom gegen acht Uhr erwähnt wird. Von toten Kindern kein Wort. Die italienische Regierung beantwortete eine Anfrage zu dem Sachverhalt nicht.

      Der Druck aus der Politik auf die Behörde und Athen wächst derweil. Die Linken-Bundestagsabgeordnete Clara Bünger, die auf eine Aufarbeitung des Pylos-Dramas drängt, sagte WELT AM SONNTAG: „Beim Sichten eines derart überfüllten Bootes hätte Frontex sofort einen Mayday-Notruf machen müssen. Das gilt umso mehr, wenn Frontex wusste, dass es am Dienstagmorgen bereits zwei tote Kinder an Bord gab.“ Dass das nicht geschehen ist, sei „ungeheuerlich und unverzeihbar“. Frontex-Direktor Hans Leijtens hätte angekündigt, er wolle Vertrauen wiederherstellen und Menschenrechte achten: „Dieses Vorhaben ist krachend gescheitert.“ Bünger sagte, Frontex sei nicht reformierbar – und forderte die Auflösung.

      Der EU-Parlamentarier Erik Marquardt (Grüne) verwies darauf, dass Deutschland den Vorsitz im Frontex-Verwaltungsrat hat: „Ich erwarte von der Bundesregierung, dass sie hier vollständige Transparenz durchsetzt.“ Derartige Versprechen seitens Leijtens würden bislang nicht eingehalten.

      Die EU-Kommission ließ verlauten, man äußere sich „weder zu laufenden Untersuchungen noch zu Leaks“, machte aber klar: „Die Fakten über den tragischen Vorfall vor der Küste von Pylos müssen geklärt werden. Das ist jetzt die Priorität.“

      https://www.welt.de/politik/ausland/article246382076/Migration-Frontex-und-Athen-wussten-15-Stunden-vor-Bootsdrama-von-toten-Kindern

    • Pylos shipwreck: the Greek authorities must ensure that effective investigations are conducted

      In a letter to the Prime Minister of Greece, Kyriakos Mitsotakis, published today, the Council of Europe Commissioner for Human Rights, Dunja Mijatović, stresses that Greece has the legal obligation to conduct effective investigations into the Pylos shipwreck, which resulted in the death of more than 80 persons with many hundreds still missing, to establish the facts and, where appropriate, to lead to the punishment of those responsible.

      The Commissioner expresses concern about reports of pressure having been exercised on survivors and about allegations of irregularities in the collection of evidence and testimonies, which may have led to a minimisation of the focus on certain actors in this tragedy, including the Greek Coast Guard. In the case of Safi and Others v. Greece, the European Court of Human Rights spelled out the parameters of an effective investigation into a similar event. Among those parameters, the Commissioner notes that independence is critical to securing the trust of the victims’ relatives, the survivors, the public and Greece’s international partners. While stressing that investigations cannot be limited to the role of alleged smugglers, she requests clarifications on the scope of the investigations initiated after the shipwreck.

      Referring to the right of missing persons’ families to know the truth, the Commissioner seeks information on the efforts made to ensure that the remains of deceased migrants are located, respected, identified, and buried.

      Expressing concerns at restrictions on survivors’ freedom of movement and the way asylum interviews have been conducted, she requests information on the concrete measures that Greece has taken to abide by its human rights obligations regarding reception conditions and access to the asylum procedure.

      "In my view, the shipwreck of 14 June is unfortunately not an isolated incident”, writes the Commissioner. This should prompt a reconsideration of the approach to refugees and migrants arriving by sea at the political, policy and practical level. In this context, the Commissioner urges the Prime Minister to ensure that Greece abides by its international obligations regarding search and rescue, both under maritime law and human rights law.

      Finally, the Commissioner reiterates her call for the Greek government to actively create and maintain an enabling legal framework and a political and public environment which is conducive to the existence and functioning of civil society organisations and to the work of human rights defenders and investigative journalists, and to stop their criminalisation and other forms of harassment.

      https://www.coe.int/en/web/commissioner/-/pylos-shipwreck-the-greek-authorities-must-ensure-that-effective-investigations

      Pour télécharger la lettre:
      https://rm.coe.int/letter-addressed-to-the-prime-minister-of-greece-by-dunja-mijatovic-co/1680ac03ce

      #conseil_de_l'Europe

    • Après le naufrage d’un bateau avec 750 personnes à bord au large de la Grèce, une enquête de la médiatrice européenne sur le rôle de Frontex

      #Emily_O’Reilly, dont le rôle est de demander des comptes aux institutions et aux agences de l’Union européenne, a annoncé avoir ouvert cette procédure à la suite du naufrage survenu en juin, le pire en Méditerranée depuis 2016.

      Un peu plus d’un mois après le pire naufrage d’un bateau de migrants depuis 2016 en Méditerrannée, survenu mi-juin au large de la Grèce et qui a fait des centaines de morts, la médiatrice européenne a annoncé, mercredi 26 juillet, avoir ouvert une enquête afin de « clarifier le rôle » de Frontex, l’agence de l’Union européenne (UE) chargée des frontières, dans les opérations de sauvetage.

      « Alors que le rôle des autorités grecques fait l’objet d’une enquête au niveau national, celui de Frontex dans les opérations de recherche et de sauvetage doit également être clarifié », a souligné dans un communiqué Emily O’Reilly. Le rôle de la médiatrice est de demander des comptes aux institutions et aux agences de l’UE.

      « Il a été signalé que Frontex avait bien alerté les autorités grecques de la présence du navire et proposé son assistance ; mais, ce qui n’est pas clair, c’est ce qu’elle aurait pu ou aurait dû faire d’autre », a-t-elle ajouté.

      Le patron de Frontex, Hans Leijtens, a salué l’ouverture de cette enquête, assurant être prêt à coopérer « en toute transparence » pour expliquer le rôle de son agence. « Si nous ne coordonnons pas les opérations de recherche et de sauvetage, sauver des vies en mer est essentiel. Nous apportons une aide aux autorités nationales lorsque cela est nécessaire », a-t-il ajouté dans un message sur X (ex-Twitter).

      Partage d’informations entre Frontex et les autorités nationales

      Le chalutier vétuste et surchargé, qui était parti de Libye, a fait naufrage au large du sud de Grèce dans la nuit du 13 au 14 juin. Il transportait environ 750 personnes à son bord, mais seule une centaine de migrants ont survécu.

      Depuis le naufrage, les interrogations sont tournées autour de la lenteur de l’intervention des gardes-côtes grecs et sur les causes du chavirement de l’embarcation.

      Par cette enquête sur le rôle de Frontex, Mme O’Reilly veut en particulier se pencher sur le partage d’informations entre l’agence européenne et les autorités nationales en matière d’opérations de recherche et de sauvetage.

      Elle la coordonnera aux côtés du médiateur grec, Andreas Pottakis, qui a « la compétence d’examiner » la façon dont les autorités grecques se sont occupées du bateau Adriana.

      Mi-juillet, les eurodéputés ont réclamé l’élaboration d’une « stratégie de recherche et de sauvetage fiable et permanente » des migrants en Méditerranée. Dans une résolution transpartisane, dépourvue de caractère contraignant, ils ont appelé Bruxelles à apporter aux Etats membres de l’UE un « soutien matériel, financier et opérationnel » pour renforcer leurs capacités de sauvetage en mer.

      Les élus du Parlement européen citaient les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), selon laquelle plus de 27 600 personnes ont disparu en Méditerranée depuis 2014.

      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/07/26/naufrage-d-un-bateau-de-migrants-au-large-de-la-grece-la-mediatrice-europeen

    • Smuggler, Warlord, EU ally

      The lead smugglers behind the Pylos shipwreck are closely linked to General Khalifa Haftar, the Libyan warlord who EU leaders are partnering with to curb migration

      On the night of 13 June, a vessel carrying around 750 men, women and children mainly from Pakistan, Egypt and Syria capsized in Greek waters. Only 104 men survived. All women and children died.

      In an earlier investigation we revealed Greek coastguard efforts to cover up their role in the fatal shipwreck. The country’s naval court has since launched a preliminary investigation into the coastguard’s response to the sinking, with no arrests or suspensions of officers so far.

      The only arrests made were those of nine Egyptians, accused in a separate inquiry of being part of the smuggling network behind the deadly voyage. They were charged with six counts including illegal trafficking of foreigners, organisation crime and manslaughter by negligence.

      Using the contacts and documents already available to us, we pursued a follow-up investigation to establish the truth about any smugglers behind the fatal sea crossing, with the aim of identifying the key players and establishing the extent to which the nine Egyptians in prison in Greece are actually responsible.
      METHODS

      Lighthouse Reports, Der Spiegel, SIRAJ, El País and Reporters United used the previously established relationships with survivors and their families, as well as a network of sources in Libya, to investigate the smuggling network behind the Pylos wreck.

      We also looked into the ongoing court case against nine alleged smugglers, analysing confidential court documents and speaking to five of the families of those arrested.
      STORYLINES

      While investigating the circumstances that led to the shipwreck and Greece’s responsibility in it, we spoke to 17 survivors.

      Many named the key smugglers involved in organising the trip during our interviews with them – none of them were people on board the ship.

      Some were Eastern Libyan nationals with ties to the region’s powerful ruler, Khalifa Haftar.

      One name stood out: Muhammad Saad Al-Kahshi Al-Mnfi. Three sources identified him as a key player in the smuggling operation: a survivor, a lower level smuggler and a Libyan insider all gave his name.

      Al-Kahshi works for a special forces navy unit called the “frogmen”, run by a family member of his, Bahar Al-Tawati Al-Mnfi. Al-Tawati Al-Mnfi works under the direct orders of Khalifa Haftar.

      One survivor explained that Al-Kahshi Al-Mnfi used his position to issue the licence that allowed the boat (which came from Egypt) to navigate in Libyan waters and made sure the Libyan coast guards were paid to shut off the marine radar devices that detect ship movements to allow the departure.

      We found that the network goes far beyond Al-Kahshi Al-Mnfi.

      Survivors, insiders and analysts explained that the trip was organised with wide ranging support from powerful people reporting to Haftar.

      Libya expert Jalel Harchaoui said the “migrant business” had been flourishing in Eastern Libya in the last 18 months. “Haftar cannot say that he’s not aware,” he added. “He can’t say that he’s not involved.”

      “All trips are overseen by his son, Saddam Haftar” said one survivor. “Saddam leads the cooperation himself or assigns one of the frogmen battalions [this may have been the case for the Pylos trip] or the 2020 battalion, depending on who has more migrants to pay the fees.”

      Five survivors who flew from Syria to Libya describe how immigration officials facilitated their arrival at Benghazi’s military airport. One said: “At the airport, a person took my passport, went to immigration office, put a stamp and took us outside”.

      There was a curfew in Eastern Libya on the night of departure (حظر التجول ليلاً في طبرق الليبية), yet the survivors we interviewed said that it was at night that they, along with hundreds of passengers, were taken to a small bay near Wadi Arzouka, east of Tobruk, and boarded onto the vessel.

      Militias supported by Khalifa Haftar are not only involved in smuggling, they are also active in illegal “pullbacks” of migrants in EU waters.

      At least two pullbacks (in May and July this year) were carried out by a militia (Tariq Bin Ziyad) controlled by Haftar’s son, including one in Maltese waters.

      At least four of the people who died in the Pylos shipwreck were on the boat that was pulled back by the Tariq Bin Ziyad militia on 25 May, according to family members.

      These findings raise serious questions about EU member states’ migration prevention policies.

      It is known by EU authorities that Eastern Libyan militias answering to Haftar carry out both pullback and smuggling operations. The IOM and the UNHCR briefed EU officials on an increase in departures from eastern Libya , describing them as a “lucrative source of income for the eastern Libyan rulers involved”.

      In spite of this, Italy and Malta are making deals with Haftar to prevent migration.

      In May, Haftar met with Italian PM Meloni to discuss migration related issues and in June Italy’s interior minister said they would ask Haftar to collaborate in stopping departures.

      The same month, for the first time, a Maltese delegation met Haftar in Benghazi to discuss security challenges in the region, with particular emphasis on irregular migration.

      Internal EU documents show the commission is looking for ways to curb arrivals from Benghazi’s airport with the collaboration of local operators.

      Harchaoui described Italian efforts to encourage Khalifa Haftar to stop departures as “bribery” and pointed to “a very clear admission of how Italy intends to work and what it promised to Haftar: if you reduce the human smuggling volumes, we will inject capital”.

      Meanwhile, there’s growing evidence that nine Egyptians imprisoned for trafficking in Greece are being scapegoated.

      We spoke to the families of five of the nine Egyptians under arrest – all of them say that they were passengers, not smugglers.

      Three of them provided evidence that their relatives paid for their trip, indicating that it’s highly unlikely that they were involved in organising the smuggling operation.

      We were able to verify the identity of a smuggler who asked one of the accused men for money ahead of the trip.

      We previously found that witness testimony provided to the coast guard had been tampered with, including survivors’ answers to questions about smugglers.

      In the documents, two answers to questions about smugglers contain identical sentences.

      Those who were interrogated by the coast guard mentioned being pressured to place the blame on the nine Egyptians later indicted.

      https://www.lighthousereports.com/investigation/smuggler-warlord-eu-ally

    • Naufrage au large de la Grèce : deux ONG pointent les défaillances des autorités grecques

      Dans un rapport publié le 3 août, Amnesty International et Human Rights Watch reviennent sur les circonstances troubles du drame survenu aux portes de l’Europe dans la nuit du 13 au 14 juin, qui a coûté la vie à au moins six cents personnes. Les associations réclament une enquête « efficace, indépendante et impartiale ».

      C’est un naufrage qui a d’abord marqué les esprits de par son ampleur : pas moins de 750 personnes se trouvaient à bord d’un bateau de pêche en bois, L’Adriana, au moment où il a chaviré, dans la nuit du 13 au 14 juin, au large de Pýlos en Grèce. Partie de Tobrouk en Libye pour rejoindre l’Italie, l’embarcation surchargée transportait des ressortissants syriens, égyptiens, palestiniens ou pakistanais, dont de nombreuses femmes et enfants placés dans la cale pour être « à l’abri » des éventuelles intempéries ou du soleil.

      Mais on retient aussi les circonstances troubles dans lequel il s’est produit. Très vite après le naufrage, des premières voix parmi la centaine de rescapés se sont élevées pour pointer le rôle potentiel des gardes-côtes grecs dans ce drame.

      Mediapart a documenté, dès le 17 juin, cette version différente de celle avancée par les autorités du pays. Une enquête de la BBC est venue l’appuyer, puis le New York Times a suivi : des témoignages de survivant·es attestent que les gardes-côtes ont non seulement tardé à organiser un sauvetage, mais ont aussi tenté de tirer le bateau à l’aide d’une corde, pouvant ainsi avoir contribué à le faire chavirer.

      Après un déplacement de neuf jours en Grèce et une vingtaine d’entretiens réalisés avec des exilé·es sur place, Amnesty International et Human Rights Watch ont relevé également les « disparités extrêmement préoccupantes » entre les récits des survivant·es du Pýlos et la version des événements livrée par les autorités.

      Les survivant·es interrogé·es par les deux ONG « ont systématiquement déclaré que le navire des gardes-côtes grecs envoyé sur les lieux avait attaché une corde à L’Adriana et l’avait remorqué, le faisant tanguer, puis chavirer », peut-on lire dans le rapport d’enquête publié conjointement ce jeudi 3 août.

      Aux ONG, les responsables des gardes-côtes ont de leur côté affirmé que leurs équipes s’étaient approchées du bateau, reconnaissant avoir utilisé une corde, mais qu’après de « premières négociations », les passagers avaient repoussé la corde pour poursuivre leur trajet.
      Le rôle des gardes-côtes grecs et de Frontex interrogé

      Une version contredite par le témoignage des survivant·es interrogé·es : « Peu importe leur position sur le bateau, les survivants disent tous avoir ressenti le mouvement du bateau une fois tracté, qui avançait alors très vite alors que le moteur ne fonctionnait plus, précise Alice Autin, chercheuse pour la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. Tous sont d’accord pour dire que c’est cela qui a fait vaciller le bateau, avant de le faire chavirer. »

      Frontex a par ailleurs déclaré avoir repéré l’embarcation dès la veille du naufrage, ce qui a poussé certains acteurs à s’interroger sur le rôle de l’agence européenne de surveillance des frontières. Pourquoi n’est-elle pas intervenue pour venir en aide aux passagers ? A-t-elle bien alerté les autorités grecques pour qu’une opération de recherche et de sauvetage soit menée en urgence ?

      Dans un communiqué, Frontex a précisé que l’un de ses avions de surveillance « avait immédiatement informé les autorités compétentes », sans toutefois intervenir, au prétexte que les exilé·es avaient refusé « toute aide ». Le lendemain du drame, le patron de l’agence Hans Leijtens était en déplacement en Grèce pour « mieux comprendre ce qu’il s’était passé », et voir comment ses équipes pouvaient aider les autorités grecques, précisant que le fait de « sauver des vies était leur priorité ».

      Une version qui ne semble pas avoir convaincu la médiatrice européenne, qui a décidé, le 24 juillet dernier, d’ouvrir une enquête de sa propre initiative pour interroger le rôle de Frontex dans les opérations de recherche et de sauvetage à la suite du naufrage survenu en Grèce.

      « Il est clair que Frontex a joué un rôle important dans la mission de recherche et de sauvetage du point de vue de la coordination. À ce titre, je pense qu’il est possible de clarifier davantage son rôle dans de telles opérations », a déclaré dans une lettre ouverte Emily O’Reilly, qui occupe le poste de Médiateur européen.

      « Il a été signalé que Frontex avait bien alerté les autorités grecques de la présence du navire et proposé son assistance ; mais ce qui n’est pas clair, c’est ce qu’elle aurait pu ou aurait dû faire d’autre », a-t-elle souligné. Frontex s’est dite prête à coopérer « en toute transparence ».

      « Cela posera des questions importantes sur le rôle, les pratiques et les protocoles de l’agence dans le contexte des opérations [en mer] et sur les mesures qu’elle a prises pour se conformer à ses obligations en matière de droits fondamentaux et aux lois de l’UE », estiment Amnesty International et Human Rights Watch.
      Des appels à l’aide ignorés

      Les deux ONG s’interrogent aussi sur l’aide que les gardes-côtes grecs auraient pu apporter aux migrant·es dans les heures ayant précédé le naufrage. De hauts responsables des gardes-côtes leur auraient affirmé que « les personnes à bord du bateau limitaient leur demande d’aide à de l’eau et de la nourriture » et avaient exprimé leur volonté de poursuivre leur route vers l’Italie.

      Mais les survivant·es interrogé·es par Amnesty International et Human Rights Watch ont « déclaré que les passagers avaient demandé à être secourus » et qu’ils avaient entendu d’autres personnes à bord de l’embarcation appeler à l’aide lors d’un échange avec un téléphone satellite, plusieurs heures avant le naufrage. Certains auraient enlevé leur T-shirt pour le secouer en l’air et appeler à l’aide, d’autres auraient hurlé à l’attention des deux navires marchands croisés avant le drame.

      « Des récits concordent pour dire que des personnes ont perdu la vie à bord du bateau avant le naufrage et que l’un des corps a été placé sur le pont supérieur au-dessus de la cabine pour signifier l’urgence de la situation », poursuit Alice Autin d’Human rights watch. Et d’ajouter : « Les gardes-côtes grecs avaient la responsabilité de venir en aide aux passagers du bateau et il apparaît au vu des résultats de notre enquête qu’il y a des doutes sur la manière dont cela s’est déroulé. »

      Plusieurs survivants ont enfin déclaré que les autorités leur auraient confisqué leur téléphone après le naufrage, poursuivent les ONG. Or, certaines personnes auraient « tout filmé ». Ces téléphones pourraient, s’ils réapparaissaient, servir dans le cadre de l’enquête ouverte par la justice grecque.

      « Il est essentiel d’analyser ce qu’ils contiennent pour faire toute la lumière sur le déroulement des faits », conclut Alice Autin. Amnesty International et Human Rights Watch réclament une enquête « efficace, indépendante et impartiale ».

      https://www.mediapart.fr/journal/international/030823/naufrage-au-large-de-la-grece-deux-ong-pointent-les-defaillances-des-autor

    • Greece: Disparities in accounts of Pylos shipwreck underscore the need for human rights compliant inquiry

      Starkly divergent accounts from survivors and Greek authorities around the circumstances of the deadly Pylos shipwreck, underscore the urgent need for an effective, independent, and impartial investigation, Amnesty International and Human Rights Watch said today. 

      The disparities between survivors’ accounts of the Pylos shipwreck and the authorities’ version of the events are extremely concerning

      The fishing vessel, Adriana, was carrying an estimated 750 people when it sank on 14 June off the coast of Pylos. In the aftermath, accounts from several of the 104 survivors suggest that the vessel was towed by a Greek coast guard boat, causing the fatal wreck.  The Greek authorities have strongly denied these claims.

      “The disparities between survivors’ accounts of the Pylos shipwreck and the authorities’ version of the events are extremely concerning” said Judith Sunderland, Associate Europe and Central Asia Director at Human Rights Watch.

      “The Greek authorities, with support and scrutiny from the international community, should ensure that there is a transparent investigation to provide truth and justice for survivors and families of the victims, and hold those responsible to account.”  

      A delegation from Amnesty International and Human Rights Watch visited Greece between 4 and 13 July 2023 as part of ongoing research into the circumstances of the shipwreck and steps toward accountability. They interviewed 19 survivors of the shipwreck, 4 relatives of the missing, and nongovernmental organizations, UN and international agencies and organizations, and representatives of the Hellenic Coast Guard and the Greek Police.

      The organizations’ initial observations confirm the concerns reported by several other reputable sources as to the dynamics of the shipwreck. Survivors interviewed by Amnesty International and Human Rights Watch consistently stated that the Hellenic Coast Guard vessel dispatched to the scene attached a rope to the Adriana and started towing, causing it to sway and then capsize. The survivors also consistently said that passengers asked to be rescued, and that they witnessed others on the boat plead for a rescue by satellite phone in the hours before their boat capsized.  

      In a meeting with Amnesty International and Human Rights Watch, senior officials of the Hellenic Coast Guard said individuals on the boat limited their request for assistance to food and water and expressed their intention to proceed to Italy. They said the crew of the Coast Guard vessel came close to the Adriana and used a rope to approach the boat to assess whether passengers wanted help, but that after the first “negotiations”, passengers threw the rope back and the boat continued its journey.

      This preventable tragedy demonstrates the bankruptcy of EU migration policies predicated on the racialized exclusion of people on the move and deadly deterrence

      Greek authorities have opened two criminal investigations, one targeted at the alleged smugglers, and another into the actions of the coast guard. It is vital for these investigations to comply with international human rights standards of impartiality, independence, and effectiveness. 

      To enhance the credibility of judicial investigations both in practice and perception, they should be under the supervision of the Supreme Court Prosecutor’s Office. Further, Greek authorities should ensure that the Greek Ombudsman’s office is promptly provided with information and resources necessary to carry out its functions as the National Mechanism for Investigating Incidents of Arbitrariness, in relation to any disciplinary investigation.   

      Several survivors said that the authorities confiscated their phones following the shipwreck but did not give them any related documentation or tell them how to retrieve their property. Nabil, a survivor of Syrian origin, told the organisations, “It’s not only the evidence of the wreck that has been taken from me, it is my memories of my friends who were lost, my life has been taken from me”. 

      The Greek authorities’ longstanding failure to ensure accountability for violent and unlawful pushbacks at the country’s borders raises concerns over their ability and willingness to carry out effective and independent investigations.

      Lessons should be learned from the European Court of Human Rights 2022 decision about the 2014 “Farmakonisi” shipwreck, in which survivors argued that their boat had capsized because the Hellenic Coast Guard used dangerous maneuvers to tow them towards Turkish waters. The Court condemned Greece for the authorities’ failures in handling rescue operations and for shortcomings in the subsequent investigation of the incident, including how victims’ testimony was handled.  

      In view of the seriousness and international significance of the Pylos tragedy, Greek authorities should seek out and welcome international and/or European assistance and cooperation in the conduct of national investigations as an additional guarantee of independence, effectiveness and transparency.  

      A full and credible investigation into the shipwreck should seek to clarify any responsibility for both the sinking of the ship and delays or shortcomings in the rescue efforts that may have contributed to the appalling loss of life. The investigation should involve taking the testimonies of all survivors, under conditions that guarantee their trust and safety.

      All forensic evidence, such as traces of communications, videos, and photographs, should be collected, assessed and safeguarded to facilitate accountability processes. Any property, such as cell phones, taken from survivors for investigative purposes should be appropriately logged and returned within a reasonable amount of time.  

      All of those involved in or with knowledge of the incident, including the Hellenic Coast Guard, the European Border and Coast Guard Agency (Frontex), the captains and crews of the two merchant vessels, and others who took part in the rescue operation after the shipwreck should be invited or required to testify, as appropriate, and should cooperate fully and promptly with the investigations.

      To ensure this is the last, and not the latest, in an unconscionably long list of tragedies in the Mediterranean, the EU should reorient its border policies towards rescue at sea and safe and legal routes

      In parallel to the national investigation, the EU Ombudsman has announced that it will open an inquiry into the role of Frontex in search and rescue (SAR) activities in the Mediterranean, including in the Adriana shipwreck. This will pose important questions about the agency’s role, practices and protocols in the context of SAR operations and on what actions it has taken to comply with its fundamental rights obligations and EU laws during this and other shipwrecks.

      Amnesty International and Human Rights Watch are continuing to investigate the Pylos shipwreck and demand justice for all those harmed.

      “This preventable tragedy demonstrates the bankruptcy of EU migration policies predicated on the racialized exclusion of people on the move and deadly deterrence,” said Esther Major, Amnesty International’s Senior Research Adviser for Europe.

      “To ensure this is the last, and not the latest, in an unconscionably long list of tragedies in the Mediterranean, the EU should reorient its border policies towards rescue at sea and safe and legal routes for asylum seekers, refugees and migrants.”  

      Background 

      As part of their ongoing investigation, the organizations have sent letters requesting information to several key entities, including the Ministry of Maritime Affairs and Insular Policy, the Prosecutors of the Supreme Court and of the Piraeus Naval Court and Frontex.

      On 13 June 2023, Frontex said its surveillance plane spotted the Adriana at 09:47 UTC (12:47 EEST/in Athens) and alerted authorities in Greece and Italy. In the following hours, two merchant vessels and later a Hellenic Coast Guard vessel interacted with the Adriana. After the boat capsized at around 2 a.m. EEST on 14 June, only 104 survivors, including several children, were rescued.

      The Prosecutor of Kalamata ordered the arrest of nine Egyptian nationals who survived the shipwreck on charges of smuggling, membership in an organized criminal network, manslaughter, and other serious crimes.

      Following an order by the Head of the Prosecutor’s Office of the Piraeus Naval Court, a prosecutor is currently conducting a preliminary investigation into the conditions of the shipwreck and the potential punishable offences by members of the Hellenic Coast Guard. The organizations have sought information with the Greek Minister of Maritime Affairs and Insular Policy about any disciplinary investigation opened into the actions of members of the Hellenic Coast Guard.

      https://www.amnesty.org/en/latest/news/2023/08/greece-disparities-in-accounts-of-pylos-shipwreck-underscore-the-need-for-h