• La prolétarisation des enseignants, au-delà du salaire (Libération)
    https://www.liberation.fr/societe/2011/09/16/la-proletarisation-des-enseignants-au-dela-du-salaire_761521

    Selon Marx l’analyse de l’exploitation capitaliste ne se résumait pas à déplorer simplement une paupérisation des travailleurs. Elle consistait aussi à comprendre un mouvement de dépossession des « puissances intellectuelles de la production » au profit du capital.
    […]
    On pourrait très bien transposer ce mouvement à la condition faite aujourd’hui aux enseignants. Des enseignants qui se prolétarisent non pas seulement au regard des conditions matérielles d’exercice de leur métier et du déclassement social subi et reconnu officiellement depuis plus de vingt ans. Ils se prolétarisent parce qu’ils sont de plus en plus dépossédés du sens et du contenu de leur mission.

    #éducation #enseignant·es #prolétarisation

  • Inscriptions en forte chute aux concours du second degré (Le Café Pédagogique)
    http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2019/11/26112019Article637103518140891709.aspx

    Où l’on apprend que la filière des feignasses privilégié·es peine à recruter.

    Pour l’ensemble des CAPES externes, la baisse est de 7,8 % entre 2020 et 2019, et de 15 % depuis 2016. Pour l’ensemble des CAPET externes, les baisses sont respectivement de 16,6 % et 19,7 %.
    […]
    « La baisse des inscrits confirme la faible attractivité de nos métiers. Nos ministres successifs n’ont rien fait pour enrayer la dévalorisation de nos conditions de travail et nos rémunérations. Ils n’ont rien fait de substantiel, non plus, pour assurer aux étudiant-e-s qui préparent les concours, les meilleures conditions de réussite », écrit le Snes Fsu.

    #éducation #enseignant·es #salariat #conditions_de_travail

  • « Société de vigilance » : les enseignants sont déjà requis depuis des années
    https://www.mediapart.fr/journal/france/181019/societe-de-vigilance-les-enseignants-sont-deja-requis-depuis-des-annees

    Depuis 2014, les autorités ont mis en place un dispositif de remontée des « signaux faibles » par de nombreux « référents radicalisation ». Particulièrement sollicitées, les écoles et universités se voient confier la responsabilité de juger de la dangerosité d’élèves ou d’étudiants, à l’image de la fac de Cergy-Pontoise, en fonction de critères vagues et potentiellement discriminants. La révélation de l’envoi, le lundi 14 octobre, par l’administration de l’université de Cergy-Pontoise, d’un questionnaire visant (...)

    #anti-terrorisme #étudiants #enseignants #surveillance

  • “Aujourd’hui, je n’ai pas réussi à aller travailler” (Prof en scène)
    https://profenscene.tumblr.com/post/188194344681/lundi-7-octobre

    Aujourd’hui, je n’ai pas réussi à aller travailler.
    […]
    C’est ce que j’ai expliqué au médecin. Parce que ce n’est pas une question de fierté. Il n’est pas normal qu’un professeur de trente-sept ans, au bout d’un mois, ne puisse pas réunir la force nécessaire à aller travailler. Je me suis dit que le problème venait de moi.
    […]
    Et je me déteste d’être dans cet état si tôt dans l’année.
    […]
    En vrai, moi, ce qui me fait tenir, c’est de me raconter des histoires. Je vais au boulot pour sauver telle élève. J’y vais pour mettre en scène telle pièce de théâtre, j’y vais pour transformer telle classe. Des fantasmes grotesques. Mais qui me portent depuis des années.

    Ce matin, je n’avais pas d’histoire assez puissante pour me soutenir.

    […]

    Ce lundi 7 octobre j’ai craqué. C’est peut-être le début de la fin, ce sont peut-être des conditions de travail qui se dégradent chaque jour un peu plus, c’est peut-être - je le souhaite - uniquement passager. […] Parce qu’on fait tous de notre mieux.

    Et il y a des jours où notre mieux, ça ne suffit pas.

    #éducation #collège #salariat #enseignant·es #BurnOut #conditions_de_travail

  • Le suicide de Christine Renon n’a pas eu l’écho qu’il aurait dû avoir (Slate.fr)
    http://www.slate.fr/story/182301/education-nationale-suicide-lettre-christine-renon-directrice-ecole-souffrance

    Le 21 septembre, une directrice d’école mettait fin à ses jours dans son établissement de Pantin. Trois semaines seulement après la rentrée, elle disait être « épouvantablement fatiguée ».
    […]
    Le texte de Christine Renon décrit par le menu ses journées de travail –faire remonter des informations, organiser mille et une choses– et montre son attachement au travail bien fait, la rigueur et puis le découragement, l’accablement devant l’absurdité de sa tâche. Un texte bouleversant, aussi, par sa fin.
    […]
    Ce genre de témoignage concorde avec ce que disent les spécialistes de la souffrance au travail Christophe Dejours et Vincent de Gaulejac : ce n’est pas le harcèlement ou la quantité de boulot qui détruit les individus, mais l’organisation du travail et le manque d’écoute.
    […]
    La question de la distance entre le travail que l’on pense, que l’on sait devoir faire et la capacité à le faire réellement marque les consciences professionnelles. Quel sens a votre travail si la mission dont vous êtes investi·e vous semble empêchée par les mêmes personnes qui vous ont confié la tâche de la remplir ? Autrement dit : comment s’occuper des enfants quand l’administration vous bombarde de mails et de demandes ?
    […]
    À moins d’être passionné·e par les publications syndicales des enseignant·es ou de vivre avec quelqu’un exerçant le métier, il y a peu de chances pour que le public entende parler de l’effet de ces réformes sur le quotidien des profs, notamment en matière de charge de travail.
    […]
    Ces souffrances et ce manque de moyens de communication prospèrent sur une toile de fond bien particulière. D’abord, celui des mauvaises performances de l’école, jugées comme décevantes au regard du classement PISA ou tout simplement alarmantes, si l’on en croit d’autres études internationales comme Pirls en français ou Timss en mathématiques. Ensuite, le caractère injuste de notre école qui reproduit, on le sait, beaucoup trop bien les inégalités sociales. Ces discours de déploration affectent les profs et les personnels encadrants, qui s’en estiment souvent la cible.
    […]
    Mais le corps enseignant est-il vraiment responsable ? En lisant le nouvel ouvrage dirigé par Bernard Lahire, Enfances de classe, on comprend –si ce n’était pas déjà compris– que la mission de l’école en matière de réduction des inégalités semble être un défi impossible à relever pour les profs. N’attribue-t-on pas malgré tout un peu trop facilement l’échec de l’école aux personnes qui passent leur vie professionnelle au sein de l’Éducation nationale et au contact des élèves, ce qu’elles sont les seules à faire ?
    Cette responsabilité ressentie par les enseignant·es est alourdie par la perception de l’école publique par l’opinion comme une institution qui doit être juste, démocratique et presque réparatrice […]
    Pour le dire autrement, la distance entre l’idéal et le possible constitue pour beaucoup une source de souffrance professionnelle.

    #école #éducation #souffrance_au_travail #salariat #enseignant·es #suicide #réformes #perte_de_sens

  • Directrice d’école à Pantin : « Non, ce n’était pas une personne fragile. Ce n’est pas ça » (Libération)
    https://www.liberation.fr/france/2019/09/27/directrice-d-ecole-a-pantin-non-ce-n-etait-pas-une-personne-fragile-ce-n-

    Cet enseignant s’approche pour témoigner, puis recule à mesure qu’il parle, angoissé à l’idée que sa hiérarchie puisse l’identifier dans l’article. « On a reçu des pressions pour qu’on se taise.
    […]
    « Comment se fait-il que l’institution ne soit pas représentée ce soir ? Comment peuvent-ils considérer que ce suicide ne concerne pas l’institution ? » rage une mère d’élève. Ces derniers jours, la colère est venue se mêler à la tristesse. Une ancienne collègue s’avance avec plus d’assurance : « On ne peut pas laisser dire que c’était une dépressive sans enfant, fragilisée par le décès de ses parents. Non ! Christine, c’était une bonne vivante, une rigolote. Physiquement, c’était un roc. Pas du tout la personne chétive et fragile comme ils essaient de faire croire. Mais alors pas du tout. »
    […]
    Tous décrivent une femme engagée et souriante, qui aimait son travail. […] Une battante du quotidien. […] Combien de fois je l’ai vu acheter avec son argent des fournitures scolaires, fatiguée de réclamer.
    […]
    « Cette lettre. C’est exactement ça. Mot pour mot ce que l’on vit tous », dit une enseignante d’une voix à peine audible. « Ce truc de tout faire pour les élèves, avec de moins en moins de moyens… Nous sommes nombreux à le partager. » Elle se reconnaît aussi dans ce sentiment d’impuissance face aux familles en détresse « qui viennent vous trouver parce que l’école est l’une des dernières institutions. On écoute, mais on est désarmé. On est sans moyens ». Les larmes sont au bord des yeux. « C’est difficile à comprendre de l’extérieur mais son geste, c’est un acte militant. Pour qu’on l’écoute enfin. »

    #école #enseignant·es #salariat #suicide_au_travail #burn_out #PasDeVagues #détresse_sociale

  • Education Nationale : quand le travail pousse au suicide
    https://www.franceculture.fr/societe/education-nationale-quand-le-travail-pousse-au-suicide

    Ce drame illustre la souffrance que vivent de nombreux agents des institutions publiques que ce soit dans l’éducation, à l’hôpital, dans la police, dans le travail social. […] On se suicide dans toutes ces institutions que l’on « modernise » : France Télécom, la SNCF, la RATP, etc.
    […]
    Les réformes successives qui y sont mises en œuvre, cette réorganisation permanente, […] produisent deux effets : premièrement, les agents ont l’impression que ces réformes les empêchent de travailler. Deuxièmement, s’ils se sont investis dans l’éducation, dans la santé ou dans le travail social, c’est parce qu’ils croyaient aux missions de l’institution : une bonne pédagogie, prendre soin des malades, etc. Faire bien son travail c’était correspondre aux valeurs de l’institution. Mais à présent, l’organisation, tous ces nouveaux outils de gestion présentés comme devant améliorer les choses en fait les mettent en difficulté, non seulement les empêchent de travailler, mais leur font perdre le sens du travail et les valeurs qu’ils avaient mis au centre de leur choix professionnel.
    […]
    Mais pour moi, au niveau collectif et politique, l’urgence consisterait à les traiter comme des sujets, non pas comme des objets de réforme, comme des sujets individuellement et collectivement capables d’élaborer des réponses aux problèmes qui sont posés.

    #école #enseignant·es #salariat #suicide_au_travail #burn_out #PasDeVagues #maltraitance #management #organisation_paradoxante

  • Suicide d’une directrice d’école : « Dans sa lettre, elle met des mots sur notre quotidien » (Libération)
    https://www.liberation.fr/france/2019/09/26/suicide-d-une-directrice-d-ecole-dans-sa-lettre-elle-met-des-mots-sur-not

    C’est difficile et beaucoup de collègues craquent. Après la lettre, l’administration a mis en place une soi-disant cellule d’écoute. Les premiers mots étaient pour nous rappeler notre devoir de réserve, de discrétion. En insistant sur le fait que ce courrier était une pièce de justice, qu’il fallait la remettre à la police et ne pas la diffuser. C’est vraiment ça qui compte ? »

    #école #enseignant·es #salariat #suicide_au_travail #burn_out #PasDeVagues

  • Silence, on meurt (Laurence De Cock, Blog Médiapart)
    https://blogs.mediapart.fr/laurence-de-cock/blog/260919/silence-meurt-0

    Et alors la question qui vrille l’estomac plus encore que le dégout est assez évidente : Qu’est-ce qui est suffisamment puissant et froid pour parvenir à éteindre le soleil ?
    […]
    La réponse tient en une phrase : « Je remercie l’institution de ne pas salir mon nom ».

    #école #enseignant·es #salariat #suicide_au_travail #burn_out #PasDeVagues

  • A l’école de Pantin : « Rien ne peut justifier l’épuisement de notre collègue »
    https://www.mediapart.fr/journal/france/270919/l-ecole-de-pantin-rien-ne-peut-justifier-l-epuisement-de-notre-collegue

    De nombreux enseignants, des parents, des élus, des syndicalistes et des enfants se sont rassemblés ce jeudi 26 septembre, dans la soirée, à l’école Méhul de Pantin pour rendre hommage à la directrice Christine Renon, qui s’est suicidée sur son lieu de travail. Ils ont demandé à l’Éducation nationale « de prendre acte du geste désespéré » de celle qui était une figure du quartier.

    #éducation #enseignants,_suicide,_Christine_Renon,_souffrance_au_travail

  • La Cour des comptes s’inquiète pour les données des élèves
    https://www.nextinpact.com/news/108125-la-cour-comptes-sinquiete-pour-donnees-eleves.htm?amp=1

    Dans son rapport consacré au numérique à l’école, la Cour des comptes s’inquiète de la « place prédominante de logiciels privés » au sein de l’Éducation nationale, notamment en matière de gestion des absences. Pour l’institution, les établissements scolaires s’exposent à différents risques : profilage des élèves, attaques informatiques, etc. « Concept sans stratégie », « déploiement inachevé », politique « illisible »... Le mois dernier, au fil d’un rapport accablant, la Cour des comptes a sévèrement étrillé le « (...)

    #BigData #étudiants #surveillance #enseignants #étudiants #copyright

  • Pénurie, punition et privatisation (En Marche dans l’Éducation)

    1000 postes non pourvus dans le 1er degré à la rentrée [1] car depuis quelques années ce métier n’attire plus [2].
    En effet, contrairement à ce qui se dit dans les diners en ville (profs feignants, vacances, etc.), le métier s’est intensifié [3] et a été nettement dévalorisé financièrement [4] comme le montrent les rapports internationaux [5].
    Et quelles sont les décisions de ce gouvernement pour rendre ce métier plus attrayant alors que les conditions de travail se durcissent ?
    –> Punir davantage les enseignant·es en rendant plus difficiles leurs conditions de salarié·es :
    – remettre en place le jour de carence non payé [6]
    – réduire leurs congés d’une semaine [7]
    – faire une réforme des retraites qui les pénalisera fortement [8].

    Une gestion de RH idéologique, anti-profs, absurde.
    Des choix politiques dont l’objectif à court terme est de tuer le mammouth pour laisser le champ libre aux acteurs marchands [9].

    [NB : ce déficit en recrutement sera comblé par l’embauche de vacataires non-formés sur des contrats précaires et moins payés.]
    [Note anti-trolls : Dire cela n’est pas dire que les autres salarié·es ne sont pas impacté·es ni que d’autres métiers ne sont pas pénibles et davantage encore.]

    [1] http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/06/26062019Article636971318188510795.aspx
    [2] http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/09/10/01016-20140910ARTFIG00404-education-nationale-crise-de-recrutement.php
    [3] http://www.slate.fr/story/106523/prof-sacerdoce
    [4] http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/10/15102012Article634858803492393831.aspx
    [5] https://www.liberation.fr/checknews/2018/09/11/les-profs-francais-sont-ils-moins-bien-payes-que-leurs-homologues-europee
    [6] http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2018/01/17012018Article636517700230222938.aspx
    [7] https://www.humanite.fr/education-blanquer-sen-prend-aux-vacances-des-profs-673818
    [8] https://www.capital.fr/votre-retraite/reforme-des-retraites-ou-en-est-on-aujourdhui-1338441
    [9] http://www.slate.fr/story/77312/privatiser-ecole-france-pas-tout-fait-une-fiction

    #éducation #salariat #enseignant·es #recrutement #précarisation #secteur_marchand

  • Grève du bac, un mouvement social inédit (Revue de presse)

    La perspective de mener un mouvement revendicatif au moment des épreuves du baccalauréat a été longtemps tabou, tant pour les syndicats que pour l’immense majorité des enseignant·es, notamment militant·es. Pour les premiers, ils y voyaient un mode revendicatif condamné à l’impopularité, pour les seconds qui sont souvent parmi les plus impliqué·es pour la réussite des élèves c’était un “crève-cœur” que de l’envisager.

    Cette année le pas a été franchi [1]. D’abord par un appel à la grève de la surveillance parti du terrain et relayé ensuite par des syndicats qui craignaient un décalage avec la base. Ce mouvement a eu peu d’effet car la surveillance a pu être assurée par d’autres personnels de l’Éducation Nationale (hiérarchie locale, administratifs, précaires). Mais il a été l’occasion de mobilisations devant les établissements ou rectorats localement [2]. Les chiffres des grévistes annoncés par le ministère calculés avec une grande mauvaise foi [3] font passer, à tort, une montée forte de l’exaspération pour un mouvement ultra-minoritaire.
    Des appels à la rétention des notes[4], voire à la grève des corrections, remontent maintenant d’AG d’établissements [5][6] et commencent à être repris par certains syndicats, cette étape sera plus difficile à négocier médiatiquement car les effets sur les candidats seront réels.

    D’après les remontés de collègues du secondaire se dessine un mouvement inédit porté par des enseignant·es habituellement peu mobilisé·es et éloigné·es des syndicats. Une "radicalisation" sans doute à associer à la dynamique des "stylos rouges", cousins lointains des "gilets jaunes" [7].

    Les raisons de l’exaspération sont notamment :
    – la perte notable de pouvoir d’achat de la profession sur une génération, et sur la dernière décennie de rigueur budgétaire, associée à un sentiment de déclassement ;
    – Le #ProfBashing permanent des médias et du personnel politique en dépit de conditions de travail ressenties comme de plus en plus dures, ainsi que ce qui s’apparente à la dénonciation incessante de leur incompétence tandis que les rapports internationaux pointent le manque de formation initiale et continue ;
    – le durcissement des conditions sociales (retraites, congés) alors que le métier ne séduit plus et peine à recruter et que les démissions s’envolent.

    [1] Grève du bac : une session 2019 sous tension sans être pour autant menacée (Le Monde)
    https://www.lemonde.fr/education/article/2019/06/14/greve-du-bac-une-session-2019-sous-tension-sans-etre-pour-autant-menacee_547

    A l’appel d’une intersyndicale opposée à la réforme de l’examen, des enseignants n’excluent pas une grève de la surveillance au premier jour des épreuves écrites, lundi 17 juin.

    [2] Le rectorat de Toulouse face aux profs et aux parents (La Dépêche)
    https://www.ladepeche.fr/2019/06/14/le-rectorat-de-toulouse-face-aux-profs-et-aux-parents,8256331.php

    [3] Surveillance du bac : le taux de grévistes était-il de 5,4%, comme le dit le ministère de l’Education nationale ? (France Info)
    https://www.francetvinfo.fr/societe/education/reforme-du-bac/surveillance-du-bac-le-taux-de-grevistes-etait-il-de-5-4-comme-le-dit-l

    La « grève de la surveillance » a débuté le 17 juin, premier jour des épreuves du baccalauréat de l’édition 2019. Le ministère de l’Education nationale reconnaît que son calcul est basé sur l’ensemble des enseignants, même ceux qui ne surveillent pas les épreuves.

    [4] Bac 2019 : Quelle sera l’ampleur du mouvement de rétention des notes par les profs en colère ? (20 minutes)
    https://www.20minutes.fr/societe/2546043-20190622-bac-2019-ampleur-mouvement-retention-notes-profs-colere

    Après la grève de la surveillance le jour de l’épreuve de philo, les profs fourbissent de nouvelles armes. Plusieurs collectifs d’enseignants en colère, qui dénoncent la réforme du lycée, ont appelé leurs collègues à la rétention des notes du bac.

    [5] Comment je me suis « radicalisé » : un professeur de philosophie explique pourquoi il bloquera les notes du baccalauréat (France 3 Occitanie)
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/comment-je-me-suis-radicalise-professeur-philosophie-ex

    Contre la réforme Blanquer, en Occitanie, des professeurs rentrent en désobéissance civile. Ils ont décidé de geler les notes du baccalauréat.

    [6] La grève des examens tourne à celle des corrections (Le Café Pédagogique)
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/06/20062019Article636966253952915897.aspx

    [7] Les « stylos rouges » s’inspirent des « gilets jaunes » (Le Figaro)
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2019/01/03/01016-20190103ARTFIG00230-les-stylos-rouges-s-inspirent-des-gilets-jaunes.p

    Pour séduire davantage le grand public et trouver un second souffle, des enseignants ont créé un collectif de revendications sociales sur Internet… sans leurs syndicats.

    #éducation #enseignant·es #salariat #mouvement_social #baccalauréat

  • La précarité grandit chez les professeurs (L’Humanité)
    https://www.humanite.fr/la-precarite-grandit-chez-les-professeurs-673605

    Le dernier bilan social publié la semaine dernière par le ministère de l’Éducation nationale montre une forte hausse du nombre d’enseignants contractuels et des démissions…

    #éducation #salariat #enseignant·es #précarité #conditions_de_travail

  • Etats-Unis : une institutrice, malade, contrainte de payer son remplaçant (Le Monde)
    https://www.lemonde.fr/international/article/2019/05/10/etats-unis-une-institutrice-malade-contrainte-de-payer-son-remplacant_546029

    L’enseignante, atteinte d’un cancer, se voit retirer près de 180 euros par jour sur son salaire pour payer son remplaçant en vertu de la loi californienne.
    […]

    En vertu de l’accord conclu entre le district et les organisations syndicales à San Francisco, chaque enseignant a droit à dix jours de congés maladie payés par an. Les jours non pris peuvent se cumuler d’année en année.
    Une fois épuisés ces jours, les enseignants malades peuvent encore bénéficier de cent jours de congés prolongés, durant lesquels ils reçoivent « l’intégralité de leur salaire moins le coût de leur remplaçant », explique la porte-parole.

    #éducation #enseignant·es #USA #salarié·es #conditions_de_travail #arrêt_maladie

  • La Floride autorise le port d’#arme des #enseignants en classe
    https://www.courrierinternational.com/article/etats-unis-la-floride-autorise-le-port-darme-des-enseignants-

    En plus de leurs stylos, les enseignants de Floride peuvent désormais porter des armes à feu. C’est le résultat du vote des législateurs de l’État mercredi 1er mai, rapporte CBS Miami.

    Le texte fait suite au lancement du programme Guardian, mis en place après la tuerie de Parkland le 14 février 2018. Si ce programme “autorise certains membres du personnel des écoles à porter une arme à feu”, il ne concerne pas les enseignants, explique NBC.

    Le projet de loi, adopté avec le soutien des républicains, va donc plus loin, commente le Wall Street Journal, en autorisant les conseils d’administration des établissements à décider de l’extension ou non du programme Guardian.

    #sécurité

  • La #grève des #enseignants de #Los_Angeles pourrait faire boule de neige | JOCELYNE ZABLIT | États-Unis
    https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/201901/14/01-5211014-la-greve-des-enseignants-de-los-angeles-pourrait-faire-boule-de-

    « Nous voici en ce jour pluvieux, dans l’un des pays les plus #riches du monde, dans l’un des États les plus riches du pays, un État aussi bleu (couleur du parti démocrate) que possible - et dans une ville qui regorge de millionnaires  ! - avec des enseignants obligés de faire la grève pour obtenir le minimum pour nos élèves », s’est exclamé Alex Caputo-Pearl, président du syndicat des enseignants de Los Angeles (UTLA), lors d’une conférence de presse.

    « Nous défendons l’essence même de l’#éducation_publique. La question est la suivante : est-ce que nous affamons nos écoles publiques de proximité pour aboutir à leur #privatisation  ? Ou bien est-ce que nous investissons dans ces écoles, pour nos élèves et pour une ville en plein développement  ? », a-t-il ajouté.

    #éloquence #etats-unis

    • The Rapid Victory of the West Virginia Teacher Strike Shows What Happens When Progressives Join the Fight Against School Privatization | naked capitalism
      https://www.nakedcapitalism.com/2019/03/rapid-victory-west-virginia-teacher-strike-shows-happens-progressiv

      He concedes, however, there are still unresolved issues in how progressives will coalesce on charters elsewhere. His progressive colleagues in states with lots of charters still feel an urge to not totally reject charters because parents whose children attend the schools are often from marginalized communities. And teachers who work in charters are potential targets for labor unions who want to organize the workers.

      But he finds in places such as West Virginia, and neighboring Virginia and Kentucky, where there are very few or no charters, opposition to the schools is about saving public education. Opponents are quick to point to high-profile charter school scandals in Ohioand Pennsylvaniaas examples of what would befall their states. “It’s been 20 years of experimenting,” he says, “and experiments often fail.”

      Frankenberry’s hope is that the solidarity shown by progressive opposition to school privatization in West Virginia can rub off on his colleagues in states where charters are more abundant. “We’re showing that we’re not going to accept these schools,” he says. “Maybe the progressive organizers in places where they already have them can get inspiration from us to rein charters in.”

      Zuckett foresees opposition to charter schools and voucher programs continuing to be more of a point of contention that progressives will push in their policy positions, and not just in West Virginia. “The fight is on,” he says. “Shame on us if it isn’t.”

  • #Loi_Blanquer : Ce que la #confiance veut dire...

    « L’#école_de_la_confiance » c’est le slogan préféré de JM Blanquer , celui qui a été utilisé pour justifier sa politique tout au long de ses 18 mois de présence au ministère de l’éducation nationale. C’est encore le nom de son projet de loi sur l’école qui devrait bientôt arriver devant le Parlement. La confiance c’est, selon le Larousse, « le sentiment de quelqu’un qui se fie entièrement à quelqu’un d’autre, à quelque chose ». Mais le projet de loi de JM Blanquer redéfinit le terme et sa portée. Il éclaire du coup le véritable projet du ministre. L’école de la confiance c’est celle de la mise au pas des enseignants.

    L’article 1 de la loi Blanquer

    L’école de la confiance a déjà pris de sérieux coups depuis le phénomène #pasdevagues. Les enseignants ont largement témoigné de l’absence de confiance de l’institution à leur égard. Un sentiment bien rendu en retour. On croyait d’ailleurs le slogan enterré mais le ministre n’a pas hésité à l’utiliser à nouveau, juste avant que les lycéens apportent à leur tour un net démenti...

    Le projet de loi « pour une école de la confiance » commence par un premier article qui porte sur « l’engagement de la communauté éducative ». Comme d’autres articles de ce texte, il cache bien son jeu.

    L’article 1 du projet de loi demande d’insérer un article L. 111-3-1 dans le Code de l’éducation ainsi rédigé : « Art. L. 111-3-1 - Par leur engagement et leur exemplarité, les personnels de la communauté éducative contribuent à l’établissement du lien de confiance qui doit unir les élèves et leur famille au service public de l’éducation. Ce lien implique également le respect des élèves et de leur famille à l’égard de l’institution scolaire et de l’ensemble de ses personnels. »

    Un mot pour révoquer facilement

    Apparemment c’est une simple déclaration philosophique dont on peut se demander ce qu’elle fait dans un projet de loi. Mais l’étude d’impact du projet de loi, un document obligatoire fourni par le ministère aux députés, éclaire singulièrement ce que JM BLanquer appelle la confiance.

    « Le Gouvernement souhaite inscrire, dans la loi, la nécessaire protection de ce lien de confiance qui doit unir les personnels du service public de l’éducation aux élèves et à leurs familles. Compte tenu de son importance, il serait en effet déraisonnable de s’en tenir à une simple consécration jurisprudentielle », explique l’étude d’impact.

    « Les dispositions de la présente mesure pourront ainsi être invoquées, comme dans la décision du Conseil d’Etat du 18 juillet 2018 précédemment mentionnée, dans le cadre d’affaires disciplinaires concernant des personnels de l’éducation nationale s’étant rendus coupables de faits portant atteinte à la réputation du service public ».

    L’arrêt en question avait annulé la décision d’une cour administrative d’appel qui était revenue sur une décision de révocation d’un enseignant. Il s’agissait d’un professeur de Montceau-les -Mines coupable et condamné avec sursis pour agressions sexuelles sur mineurs de quinze ans. Pour chasser cet enseignant du métier , le Conseil d’Etat a argué de « l’exigence d’exemplarité et d’irréprochabilité qui incombe aux enseignants dans leurs relations avec des mineurs, y compris en dehors du service » et de l’importance de l’atteinte portée « à la réputation du service public de l’éducation nationale ainsi qu’au lien de confiance qui doit unir les enfants et leurs parents aux enseignants du service ».

    Faire taire les profs sur les réseaux sociaux

    Exploitant cette affaire très particulière, le projet de loi Blanquer exploite cet arrêt dans un tout autre domaine. Il ne s’agit plus de délinquant sexuel condamné mais de n’importe quel prof. Il ne s’agit plus de la violation perverse de la relation pédagogique mais du lien d’obéissance au ministre. En s’appuyant sur cet article et cette évocation de la confiance, le ministre veut pouvoir sanctionner ce qu’il n’arrive pas à punir actuellement.

    L’étude d’impact donne des exemples. « Il en ira par exemple ainsi lorsque des personnels de la communauté éducative chercheront à dénigrer auprès du public par des propos gravement mensongers ou diffamatoires leurs collègues et de manière générale l’institution scolaire. Ces dispositions pourront également être utilement invoquées par l’administration dans les cas de violences contre les personnels de la communauté éducative ou d’atteintes au droit au respect de leur vie privée, notamment par le biais de publications sur des réseaux sociaux ».

    La confiance c’est la soumission

    Ainsi toute critique portée par un enseignant sur l’institution pourrait être légalement sanctionnée par une #révocation. Ce que poursuit le ministre c’est la généralisation du #devoir_de_réserve qui concerne aujourd’hui les seuls cadres du système éducatif ou des cas bien particuliers. Les violences tout comme la diffamation sont déjà punis par la loi. Le devoir de réserve peut être invoqué pour des enseignants qui feraient campagne contre l’institution (et non contre un responsable politique). Or la liberté de parole des enseignants est nécessaire à l’exercice du métier. Ils doivent éthiquement privilégier l’intérêt de l’élève avant celui de l’institution. Ils doivent pouvoir exercer librement un droit de critique sur le fonctionnement de l’institution. Celle-ci d’ailleurs le leur demande quand il s’agit des programmes par exemple.

    On mesure le glissement que permettrait le passage de cet article. JM Blanquer inscrit cet article pour permettre une systématisation des #sanctions et faire en sorte que les #enseignants se taisent, notamment sur les réseaux sociaux, dernier espace de #liberté.

    Cet article autoritaire, qui ferait des enseignants une catégorie spéciale de sous-fonctionnaires, montre à quel point le mot confiance est un piège. Si, pour Orwell, « la liberté c’est l’esclavage », pour l’auteur de ce projet de loi, la confiance c’est la #soumission.

    François Jarraud


    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2018/12/12122018Article636801966942543096.aspx
    #censure #éducation #France #réseaux_sociaux #école

    • https://dijoncter.info/?un-fonctionnaire-ca-ferme-sa-gueule-ou-ca-demissionne-828

      Imaginons qu’un professeur soit amené avec sa collègue enseignant l’allemand, à encadrer une sortie d’élèves, pour étudier au cinéma le film intitulé" Le jeune Karl Marx" ; très vite, il serait amené à évoquer la liberté d’expression, censée être garantie constitutionnellement : l’œuvre s’ouvre en effet sur cette scène insolite où le philosophe et économiste est interpellé par la police d’État alors qu’il se trouve en plein comité de rédaction, le seul crime qu’il est censé avoir commis étant d’avoir participé à un journal contestataire. Cela provoquait l’ire du roi de Prusse.
      Un an plus tard, en 2019, la réalité rejoint la fiction : ce même enseignant prend connaissance de la convocation de Sophie Carrouge pour crime de lèse-majesté (une tribune somme toute inoffensive à l’encontre du président-mandaté du moment). Il apprend aussi - dans les mêmes jours, d’ailleurs - que son ministère a prévu de nouvelles mesures statutaires lui imposant un bâillon à lui ainsi qu’aux milliers d’autres enseignants, sous couvert de renforcement de leur « devoir de réserve » . Sommes nous dans une république bananière ? Dans la Tunisie de Ben Ali ? Non, en France en 2019, où il apparaît légitime de remettre en cause, en toute décontraction, des droits constitutionnels, au nom d’un contrat de travail avec le meilleur des employeurs : l’État.
      Le voilà, par la force de décrets ministériels, dans une situation de sujétion accrue qu’on déguisera au mieux en loyauté à l’égard de la République, au pire en ce qu’on nommera, ce qui ne manque pas de sel ni d’ironie, une « école de la confiance ». (c’est le nom du projet de loi comportant le bâillon en question).
      Pour peu qu’il se rende au Panthéon avec ses élèves, devra-t-il encore rendre hommage à Voltaire ou à quelque autre incitateur de révoltes, qui se sont illustrés contre des institutions vermoulues à l’autoritarisme grossier ? Devrait-on souhaiter, que l’enseignant, comme n’importe quel militaire ou gendarme soumis à sa hiérarchie, soit coopté et jugés honorable que s’il est un fonctionnaire inféodé à tel ou tel gouvernement de passage ? Celui du moment perd chaque jour davantage en crédibilité et légitimité (pour ne rien dire de sa cote de séduction, en chute libre), se crispant toujours davantage sur ses pouvoirs régaliens ; où en est-il, en cherchant à faire taire le moindre professeur de province rédigeant quelques lignes sur un site à la fréquentation confidentielle ? Se met-il sérieusement en tête de traquer quelque « ennemi intérieur » ? Le porte-parole du gouvernement de passage, affolé - et opportuniste - va même jusqu’à qualifier les mouvements de résistance actuels d’ entreprises « factieuses ».

      La liste des « factieux »

      Sont ainsi stigmatisés tous les opposants à la verticalité problématique de la cinquième république désirée par De Gaulle, s’imposant toujours à nous alors qu’elle n’a de cesse de démontrer les excès de l’exécutif : elle à chaque fois chaque fois instrumentalisée par le roitelet du moment (pour cinq ans), lequel est relayé par le moindre de ses petits clones locaux dans chaque institution, chacun se faisant alors une gloire d’être la courroie de transmission de l’insanité d’en haut.
      Seront alors décrétés « Factieux » tous ceux qui osent prendre la parole ou agir hors de la mise-au -pas de la mise « en marche » : ceux qui viennent au secours des sans-papiers, les citoyens qui s’engagent dans une contestation actives, ceux qui alertent l’opinion publique des démolitions programmées des services publics par les réformes qu’on fait passer à coups de matraques, ceux qui remettent en question la dégradation systématique et organisée des services publics (organisée par ceux qui veulent les démanteler pour mieux les vendre aux copains et coquins du privé), et même désormais ceux qui défendent leurs propres élèves contre les algorithmes aveugles ou les matraques sus-citées.
      « Factieux », ceux qui s’indignent de l’annulation de l’ISF, ou du fait qu’on leur tire dessus à bout-portant avec des flash-balls, sans sommation.
      « Factieux » tous ceux qui méprisent la start-up nation et la considèrent aussi has been que Giscard.
      « Factieux » tous ceux qui défendent le véritable esprit républicain et démocratique, qui ne se limitera certes pas à un malheureux vote de barrage dont certains se sont fendus pour éviter Le Pen. Ceux qui réclament des référendums d’initiative populaire, voire une constituante, pour une sixième République : « Factieux. »
      Cela commence à en faire beaucoup, de factieux, beaucoup de citoyens qui prennent encore la parole. Il va falloir recruter encore davantage au ministère de l’intérieur, à défaut d’augmenter le nombre de professeurs, lesquels auraient l’heur d’enseigner la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 qui consacre la liberté d’expression comme un droit imprescriptible, l’article 11 dispose : "La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi". Les enseignants doivent-ils être traités tels des parias de la République au point qu’ils devraient s’acquitter d’une allégeance absolue à tel chef temporaire de l’exécutif et ses divers valets-exécutants zélés dans tels obscurs bureaux ? Entendu que le devoir de réserve en classe favorise l’auto-détermination de l’élève, sans la biaiser ou la fausser, est-ce à dire que le citoyen qu’est d’abord le professeur, doit désormais s’interdire toute prise de position sociale, éthique, syndicale ou politique hors de ses heures de cours ? Les intimidations feutrées prononcées à l’encontre de Sophie Carrouge doivent alerter tous les citoyens.

      La liberté de la fermer

      Le libéralisme économique cherchant à tout s’assujettir – jusqu’aux institutions de la République, même le temps de mandats – est tout de même bien tenté de s’accommoder , ce qu’il fait du reste de plus en plus, d’une dérive autoritaire, de moins en moins temporaire– l’état d’urgence théorisé par le nazi Carl Schmitt pouvant à l’occasion être fort utile pour faire taire toutes les voix discordantes. Mais bien plus retorses qu’une censure par trop directe, les propensions à susciter de l’auto-censure s’imposent discrètement, par les divers raffinements de l’intimidation, les assignations administratives, le recours à toutes les chaînes de commandement ou à toute autre injonction symbolique ; le tout s’autorisant à peu de frais de grands noms ronflants : on ose évoquer « la démocratie » (même si on l’a rabougrie au seul rite masochiste du vote), tout en évoquant bien entendu la nécessité de l’ « ordre » et de la « sécurité » - - ce qui ne manque pas de s’accorder, sans trop de peine, de fait, avec un discours échevelé sur les libertés civiques, notamment celle d’expression - elle pourra à l’occasion permettre de prendre la défense des « journalistes » de BFM.
      De toute manière, Michel Foucault le relevait déjà dans un texte ironisant à l’encontre de ceux qui ne détectent pas les subtilités prises par les formes de contrôle modernes : « il faut se faire une représentation bien inversée du pouvoir pour croire que nous parlent de liberté toutes ces voix qui, depuis tant de temps, dans notre civilisation, ressassent la formidable injonction d’avoir à dire ce qu’on est, ce qu’on a fait, ce dont on se souvient et ce qu’on a oublié, ce qu’on cache et ce qui se cache, ce à quoi on ne pense pas et ce qu’on pense ne pas penser. Immense ouvrage auquel l’Occident a plié des générations pour produire ‑ pendant que d’au­tres formes de travail assuraient l’accumulation du capi­tal – l’assujettissement des hommes ».
      L’accumulation du capital, lui, en effet, se porte bien. Par contre, la question de savoir si nous pouvons encore nous exprimer librement se pose de nouveau avec acuité, à l’heure où des agents de l’État voient leurs droits constitutionnels mis en danger par leurs tutelles administratives et managériales. Nous sommes bel et bien à l’époque du fichage des manifestants, des arrestations préventives sans fondement juridique, de la violence physique opposée aux lycéens contestataires qui prendraient un peu conscience de ce qui les attend, et de l’utilisation des leviers institutionnels pour procéder à des intimidations à l’encontre de tout citoyen un tant soit peu engagé.
      Il semblerait que la seule liberté d’expression qui soit alors concédée consisterait à laisser des avis sur Tripadvisor ou tel ou tel produit chez Amazon ; et encore, peut-être cela devra-t-il fait sous pseudo ? Que de tristes sires se livrent par ailleurs à des insultes racistes ou à d’autres tombereaux d’immondices fascisantes sur le net - cela semble par contre largement toléré, bien davantage, du moins, que les manifestations citoyennes récentes qui ont le heur de tancer le statu quo néo-libéral. Il sera loisible de les faire passer pour des ennemis internes du pacte républicain- - comme si ceux qui entraient en insurrection contre la véritable république française n’étaient pas tous ceux qui se cachent derrière leurs fonctions administratives ou leurs insignes pour se mettre au service de l’oligarchie démantelant les services publics de ce pays. Qu’une clique arguant de son mandat pour procurer des cadeaux fiscaux trouve en effet dans son sillage tout un ensemble d’opportunistes n’est pas si étonnant ; que ceux-ci profitent à ce point de l’aubaine pour renforcer encore la dérive managériale hiérarchique autrefois constatée chez France Télécom et La Poste, cela suscite d’abord notre étonnement, puis tout simplement notre mépris. Nous retournons enseigner Voltaire, Marx et Beaumarchais à nos élèves, en essayant de ne pas mourir de honte à la place de tous ceux qui n’en éprouvent plus depuis longtemps (de la honte).

    • #Loi_sur_l’école : les débats se déportent un peu plus sur la droite

      L’examen du projet de loi « pour une #école_de_la_confiance », porté par le ministre de l’éducation nationale, a débuté le 11 février. La tonalité conservatrice des débats sur l’#uniforme, le #drapeau ou la restriction de la #liberté_d’expression des enseignants est manifeste.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/120219/loi-sur-l-ecole-les-debats-se-deportent-un-peu-plus-sur-la-droite?onglet=f

  • 1000 postes Fioraso. Mensonge !

    « Au cours de l’année universitaire 2016‐2017, 92 000 enseignants étaient en fonction dans les établissements publics d’#enseignement_supérieur ».

    Le tableau ci-dessus est extrait d’un note récente sur les personnels enseignants du SUP (référence en note finale). Nombre de professeurs en 2012 : 20 100, en 2017 : 20 300 ; 200 postes de plus en 5 ans. Nombre de maîtres de conférences en 2012 : 36 400, en 2017 : 36 400 ; 0 poste de plus.

    Entre 2012 et 2017, le nombre d’#enseignants-chercheurs n’a progressé que de 200, soit une progression ridicule par rapport à la progression du nombre d’étudiants. 200 postes en plus, on est loin des 1000 postes, annoncés et rabâchés par Geneviève Fioraso.

    2012-2017 : les universités ont pratiqué le #gel_de_postes dès qu’elles avaient des difficultés financières.

    Ce type de commentaire critique ne figure évidemment pas dans le texte de la note ministérielle. Les deux colonnes de droite du tableau insistent au contraire sur les progressions importantes des #effectifs en 20 ans et même en un an !

    Par définition, toute note ministérielle évite de traiter les #points_noirs.

    Un deuxième point qui pose problème (tableau ci-dessous) : c’est l’#âge auquel les #maîtres_de_conférences sont recrutés : 34 ans 9 mois en moyenne (32 ans 5 mois en sciences et techniques, 36 ans 10 mois en lettres et sciences humaines). Après l’obtention do doctorat : 7 à 10 ans de précarité pour obtenir un poste stable. On ne s’étonnera pas du nombre décroissant de doctorants et de docteurs.

    Troisième point faible : la précarité des doctorants et des jeunes docteurs s’accentue au cours de la période. « 22 315 enseignants sont des enseignants non permanents (hors chargés d’enseignement #vacataires, #agents_temporaires vacataires et invités) ». Parmi eux, la proportion d’#ATER diminue : le gel de postes a aussi concerné ces postes.

    « Parmi la population des enseignants non permanents, la catégorie des #doctorants_contractuels qui effectuent un service d’enseignement est la plus importante, soit 33 % en 2017… Au fil du temps, le nombre relatif de doctorants contractuels enseignants – ou #moniteurs – a augmenté (25% en 2000), principalement au détriment des attachés temporaires d’enseignement et de recherche (ATER), en particulier depuis le milieu des années 2000. En 2017, les ATER représentent 21 % des enseignants non permanents contre 32 % en 2005 ».

    Bref, sans mettre les points sur les « i », cette Note ministérielle révèle que le quinquennat Hollande, qui a mis en avant « 1000 postes supplémentaires pour l’enseignement supérieur », n’a pas tenu ses promesses. En termes plus clairs : la communication ministérielle a reposé sur un #mensonge permanent.

    Note finale. Falilath Adedokun, Jérôme Tourbeaux, Les personnels enseignants de l’enseignement supérieur du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Année 2016‐2017, note de la DGRH, n°8, octobre 2018, 6 pages.

    https://histoiresduniversites.wordpress.com/2018/11/10/fioraso-1000-postes-mensonge
    #université #fac #France #statistiques #précarité #travail #personnel #précarisation

  • Détroit Les profs montent au front Marco Fortier - 3 Novembre 2018 - Le Devoir
    https://www.ledevoir.com/monde/etats-unis/540534/les-profs-montent-au-front

    On se trouve au sud-est du Michigan, un État du nord des États-Unis. Mais parfois, on se croirait au Québec.

    Les élèves des 106 écoles publiques de Detroit ont eu toute une surprise à la rentrée scolaire : il n’y avait plus d’eau potable. Dans aucune école. La commission scolaire a découvert que l’eau des trois quarts des écoles publiques est contaminée au plomb à cause de la plomberie datant du siècle dernier. Les autorités n’ont pas couru de risques. Elles ont fermé les robinets de toutes les écoles.

    Autre signal alarmant pour les écoles publiques, les bâtiments ont été tellement négligés qu’ils ont besoin de travaux de 500 millions de dollars. Toits qui coulent, trous dans les murs, moisissures, portes et fenêtres qui ne ferment pas, la liste des rénovations est interminable.

    Ça vous rappelle quelque chose ? Oui, on se croirait au Québec. Mais encore ? Les enseignants des écoles publiques du Michigan ont le moral à terre. Ils désertent la profession, épuisés par les classes remplies d’élèves ayant des difficultés. Le métier est dévalorisé. Il y a une pénurie de profs. Comme chez nous.


    Photo : Carlos Osorio Associated Press Le délabrement des écoles publiques au Michigan préoccupe les parents et les enseignants. Une manifestation s’est déroulée en février à Detroit pour protester contre la fermeture de dizaines d’écoles.

    En roulant au #Michigan, on peut aussi s’imaginer au Québec. Les ponts et chaussées ont été négligés depuis des décennies dans cet État éprouvé par les fermetures d’usine et la délocalisation des emplois en Chine et au Mexique. Les nids-de-poule font partie des joies de la conduite automobile — et de la marche en ville : l’autre jour, un pauvre journaliste montréalais a failli se fouler la cheville (et se faire écrapoutir par une camionnette) en mettant le pied dans une crevasse en traversant un de ces immenses boulevards à six voies…

    Loin des coups de gueule et des pitreries de Trump, l’avenir des #services_publics — la notion même de service public — est au coeur de la campagne électorale américaine, qui connaîtra son dénouement aux urnes, mardi.

    La bataille des services
    Deux visions s’affrontent : le Parti républicain prône bien sûr le « libre choix » (y compris en éducation) et favorise l’entreprise privée tous azimuts. Ce qui est nouveau, c’est que le Parti démocrate prend résolument position pour les services publics et pour les droits des travailleurs, que ce soit en éducation, en santé ou en services sociaux. Quitte à passer pour un parti « socialiste ».

    « On assiste à la montée d’une aile progressiste chez les démocrates, qui s’inspirent de la campagne de Bernie Sanders en 2016 », dit Frédérick Gagnon, directeur de l’Observatoire sur les États-Unis et professeur au Département de science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

    Le chercheur rentre d’une tournée d’une demi-douzaine d’États du Midwest, dont le Michigan. Ce qui l’a frappé, c’est la montée d’une gauche décomplexée chez les #démocrates.

    « Trump a remporté la présidence, mais les démocrates estiment que ce sont d’abord eux qui ont perdu l’élection de 2016. Ils en ont tiré des leçons. »

    Fouettés par Trump, les jeunes, les femmes et les minorités s’engagent comme jamais en politique. Et ça commence sur les bancs d’école. La semaine dernière, les élèves d’une école secondaire de Detroit ont fait la grève. Avec leur campagne #DoWeCount, ils réclamaient de l’#eau_potable et des tests de qualité de l’#eau dans toute la ville, et non seulement dans les écoles.

    Les jeunes s’inspirent de leurs profs. Au printemps dernier, des #enseignants d’une série d’États sont sortis dans les rues pour réclamer de meilleures conditions de travail.

    La suite logique, on la voit dans cette campagne électorale : pas moins de 554 membres du personnel de l’éducation, en vaste majorité des femmes (profs, orthophonistes, directions d’école, etc.), sont candidates pour des postes à Washington ou dans les législatures d’État, selon une compilation menée par les deux plus grands syndicats de l’éducation.

    Inégalités croissantes
    « Les enseignants se prennent en main pour sauver l’école publique. Le problème de notre système, c’est que la majorité des élus n’ont jamais mis les pieds dans une école publique, sauf pour se rendre dans un bureau de vote le jour des élections », dit Deb Lotan, directrice générale du Michigan Education Association (MEA), un des grands syndicats de l’éducation.

    Deb Lotan est fâchée. Les huit années de règne républicain au Michigan ont porté un coup dur aux écoles publiques, selon elle. Dans les faits, la plupart des familles qui en ont les moyens envoient leurs enfants au privé ou dans les #écoles_à_charte — des écoles financées par les fonds publics, mais qui ne relèvent pas des commissions scolaires.

    Le gouverneur républicain sortant, Rick Snyder, a tout fait pour favoriser l’éclosion des écoles à charte, fait valoir le MEA. À commencer par éliminer les limites au financement de ces écoles hybrides, dont certaines font des profits. Les conditions de travail des enseignants du secteur public ont aussi souffert. Gel salarial, hausse des primes d’assurance maladie, dégradation des conditions de retraite…

    « Les républicains gouvernent pour les riches. Les élèves démunis ou handicapés et leurs enseignants écopent en se retrouvant dans des classes difficiles de l’école publique », dit Deb Lotan.

    Maternelle 4 ans
    Gretchen Whitmer, candidate démocrate au poste de gouverneur de l’État (qui devance son adversaire républicain Bill Schuette), incarne la gauche progressiste qui promet de « redonner ses lettres de noblesse à l’#école_publique ». À la rentrée scolaire, elle a accompagné une enseignante qui allait acheter — de sa poche — des fournitures pour ses élèves démunis du comté de Jackson. Facture : 84 $ de papier, crayons, gommes à effacer et cartables.

    Le programme de Whitmer éveille des souvenirs de la campagne électorale québécoise : maternelle 4 ans pour tous (ça, c’est socialiste, du moins au Michigan !), investissements dans les infrastructures scolaires, hausse des salaires des enseignants et embauche de professionnels pour soutenir les profs en classe.

    Mais on est ici aux #États-Unis : la présence d’armes à feu en classe est au coeur de la campagne. Dans le 20e district, le sénateur #républicain sortant (au Parlement de l’État du Michigan) veut armer le personnel. Son opposant démocrate, le prof Matt Koleszar, s’oppose à la présence d’armes dans les écoles.

    « Les commissions scolaires n’en veulent pas, les enseignants n’en veulent pas, les gestionnaires n’en veulent pas, mais surtout les enfants et leurs parents n’en veulent pas », a déclaré Koleszar dans le journal interne de la MEA.

    Des armes dans les écoles. Cette fois, pas de doute : on est bel et bien aux États-Unis, et non au Québec.

  • L’école 42 condamnée pour ne pas avoir assez protégé les données de ses étudiants
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/10/30/la-cnil-met-en-demeure-l-ecole-42-pour-de-nombreux-manquements-a-la-confiden

    La commission critique notamment une vidéosurveillance excessive et la conservation de données personnelles de candidats n’étant pas scolarisés dans l’établissement. Vidéosurveillance excessive, commentaires sur l’état de santé des étudiants, mots de passe envoyés sans protection informatique : la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) a annoncé, mardi 30 octobre, avoir mis en demeure l’école informatique 42 pour de nombreux manquements à la protection des données personnelles de ses (...)

    #École42 #CCTV #étudiants #enseignants #vidéo-surveillance #surveillance #profiling

  • Le métier d’enseignant ne fait plus rêver (Le Monde)
    https://www.lemonde.fr/education/article/2018/06/12/le-metier-d-enseignant-ne-fait-plus-rever_5313502_1473685.html

    Faute d’un nombre suffisant de candidats aux concours de recrutement de professeurs, plusieurs académies comptent moins d’admissibles que de postes disponibles.

    #éducation #enseignant·e·s #salarié·e·s #attractivité #métier