• Le gouvernement annule 3,1 milliards d’euros de crédit pour les missions #écologie, #économie et recherche et #enseignement_supérieur

    Selon un #décret publié samedi au « Journal officiel », ces annulations sont faites dans le cadre de l’effort supplémentaire de 5 milliards d’euros pour 2025.

    Le gouvernement a acté, samedi 26 avril, au Journal officiel (JO) des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d’euros dans le cadre de l’#effort supplémentaire de 5 milliards d’euros pour 2025 déjà annoncé par Bercy début avril.

    La ministre chargée des comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d’euros devaient permettre de tenir les objectifs de déficit public pour cette année dans un contexte de croissance moindre. « Ces 5 milliards d’euros que nous allons soit annuler, soit repousser, soit réorienter, c’est notre réponse à un monde instable. C’est la manière de faire face quoi qu’il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

    Une partie de cette somme s’est concrétisée à travers le décret publié au JO. « Afin de prévenir une détérioration de l’équilibre budgétaire sur le budget de l’Etat », « le présent décret porte des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d’euros en autorisations d’engagement », peut-on lire dans le JO. « Cet effort porte essentiellement sur les crédits hors masse salariale mis en réserve en début d’année », est-il précisé, « ces annulations ne devraient ainsi pas remettre en cause de façon significative la capacité d’exécution des politiques publiques, selon les termes convenus dans la loi de finances initiale pour 2025 ».

    « Respecter la trajectoire de redressement des #comptes_publics »

    Parmi les annulations de #crédits, sont concernés la mission « écologie, développement et mobilité durable » (549,6 millions d’euros), la mission « économie » (517,7 millions d’euros), la mission « recherche et enseignement supérieur » (493,3 millions d’euros) ou encore la mission « agriculture, alimentation et affaires rurales » (140 millions d’euros).

    « La dégradation récente des perspectives macroéconomiques conduit à anticiper de moindres recettes publiques, en lien notamment avec une révision de la prévision de croissance à 0,7 %. Ces risques sont également renforcés par le contexte géopolitique incertain », souligne le décret. « Dans ce cadre, un effort supplémentaire de maîtrise de la dépense est nécessaire pour respecter la trajectoire de redressement des comptes publics sur laquelle le gouvernement s’est engagé », est-il ajouté.

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/04/26/budget-2025-le-gouvernement-annule-3-1-milliards-d-euros-de-credit_6600269_8
    #ESR #université #France #coupes_budgétaires #budget #recherche

  • Entretien avec Laurence De Cock : « Quand l’extrême droite est au pouvoir, l’école est la première cible » | La Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente
    https://ligue-enseignement.be/education-enseignement/articles/dossier/entretien-avec-laurence-de-cock-quand-lextreme-droite-est-au-pouv

    Les attaques de l’extrême droite subies par le pédagogue Célestin Freinet sont analysées par l’historienne Laurence De Cock dans son ouvrage Une journée fasciste. Alors que les pressions sur le monde éducatif se multiplient aujourd’hui, elle prolonge pour Éduquer sa réflexion sur les résonances du passé dans le présent. « J’ai également voulu alerter sur le fait que les enseignants ne sont jamais à l’abri des sanctions politiques. En écrivant le livre, j’ai été frappée par certaines résonances avec des événements contemporains. La répression qu’a traversée le couple Freinet dans les années 1930 n’est malheureusement pas un cas isolé dans le temps. En France, aujourd’hui encore, beaucoup font face à des pressions similaires dans l’enseignement. »

    -- (...)

    #enseignement #histoire #politique

  • L’Assemblée impulse le #MeToo_scolaire
    https://blogs.mediapart.fr/francois-jarraud/blog/100425/lassemblee-impulse-le-metooscolaire

    Le principal apport de ses travaux c’est la mise en évidence de « la désorganisation des responsabilités et des acteurs », pour reprendre les propos du rapporteur P. Vannier (LFI). L’audition, le 31 mars, de l’état-major du ministère de l’#Education nationale a mis en évidence l’absence de pilotage du suivi des #violences des adultes dans les établissements. A la question de V. Spillebout (EPR), autre rapporteur, sur ce pilotage, répond un très long silence des hauts fonctionnaires. Si le chef du service défense et sécurité du ministère, Christophe Peyrel, est capable de chiffrer le nombre de violences mettant en cause des personnels remonté par le logiciel Fait établissement (1198 en 2023), personne n’est capable de dire ce qui en est fait ! Le directeur général des relations humaines, Boris Melmoux-Eude peut citer le nombre de sanctions communiqué à la Direction générale de la Fonction publique. Mais cela ne concerne que 204 cas (et non 1198) et exclusivement dans l’enseignement public. Il n’a aucune donnée pour le privé. Il n’y a pas plus de suivi du coté de la Justice. « On n’a pas la possibilité de s’assurer que tous les faits aient fait l’objet d’une suite adéquate », reconnait C. Peyrel. Le suivi des signalements est de la seule responsabilité des chefs d’établissement et des services académiques. Au ministère personne ne suit les dossiers du public. Et encore moins ceux du privé !

    [...]

    Ce que montre déjà la commission d’enquête c’est le caractère systémique de ces violences. Le système déconcentré de l’Education nationale n’assure aucun suivi des faits signalés. Il ne met aucun zèle à encourager les #enseignants et les agents à signaler. Bien au contraire, les syndicats enseignants, auditionnés le 3 avril, témoignent que des consignes sont données pour que les signalements passent par la voie hiérarchique. Comme l’explique un représentant FSU, cela crée un conflit de loyauté pour les enseignants s’ils passent outre. Les représentants de Sud et de FO signalent des enseignants sanctionnés pour avoir transmis des informations. Cela, alors que l’article 40 du Code de procédure pénal impose aux fonctionnaires de signaler. C’est aussi un problème budgétaire. Les personnels qui savent faire ces signalements ainsi que les Informations préoccupantes (#IP) sont de moins en moins nombreux dans les établissements : 2200 assistantes sociales, 7800 infirmières, 600 médecins scolaires pour 12 millions d’élèves. Les professeurs des écoles savent faire des IP mais on leur dit qu’il faut transmettre copie aux parents qu’ils croisent tous les jours à la sortie de l’école... Ils ne savent pas que des signalements peuvent être faits anonymement.

    [...]

    Le ministère arrive à être une organisation hyper hiérarchisée et centralisée mais inefficace pour un sujet qu’elle n’a pas considéré majeur.

    C’est le plus grave obstacle à venir. Les violences exercées sur des élèves, même quand elles durent des années, n’ont pas éveillé d’intérêt. Dans ce registre, il est inquiétant de voir que peu de députés assistent aux auditions de la commission d’enquête. Dans la plupart des réunions il n’y a que deux députés pour poser des questions.

    Pourtant c’est peut-être cela qui est en train de changer. Après des années d’omerta, les institutions scolaires privée et publique ont honte. Les rapporteurs témoignent des très nombreux messages qu’ils reçoivent de victimes. Les victimes se sentent entendues pour la première fois. « Elles ont le sentiment que pour la première fois il y a une reconnaissance », explique Paul Vannier. « Des fonctionnaires viennent nous remercier ».

    #enseignement_privé

    • « Défaillances » de l’Éducation nationale face à un enseignant prédateur : l’inspection générale fait l’autopsie d’un fiasco
      https://www.mediapart.fr/journal/france/220425/defaillances-de-l-education-nationale-face-un-enseignant-predateur-l-inspe

      De la fin des années 1990 jusqu’au début des années 2020, cet enseignant brillant et charismatique a joué de son autorité et son emprise pour attirer de nombreux élèves chez lui, dont certains l’accusent aujourd’hui d’agressions sexuelles et de viols (voir nos révélations précédentes).

      Alors que des alertes relatives au comportement inadapté de cet agrégé ont commencé à remonter à l’administration dès l’été 2021, l’enseignant n’a été mis à l’arrêt qu’en septembre 2023, après qu’un ancien élève a déposé une plainte au pénal – une première suivie de huit autres.

      Pascal V. s’étant suicidé dans la foulée, ses victimes se retrouvent aujourd’hui privées de procès. Mais l’Éducation nationale, elle, n’en a pas fini avec cette affaire, puisque plusieurs anciens élèves ont décidé d’attaquer l’État pour « faute ». Or, d’après nos informations, l’enquête de l’IGÉSR pourrait leur donner du grain à moudre. À l’issue d’une quarantaine d’auditions, les deux autrices du rapport jugent en effet que l’institution a méconnu sa responsabilité administrative et disciplinaire.

  • #Enseignement et #IA : la #consommation contre l’#émancipation | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/amelie-hart/blog/090425/enseignement-et-ia-la-consommation-contre-l-emancipation

    Le discours fataliste de l’adaptation à un monde envahi par les #intelligences_artificielles est un #renoncement aux objectifs émancipateurs du service public de l’#éducation. On peut le mettre en parallèle avec le discours de l’#adaptation au #changement_climatique qui fait oublier l’objectif prioritaire : son atténuation.

  • À la recherche des profs perdus : la gauche néglige-t-elle l’école ?
    https://lvsl.fr/a-la-recherche-des-profs-perdus-la-gauche-neglige-t-elle-lecole

    Malgré les 12 millions d’élèves et les 866.000 enseignants que compte la France, la question de l’école reste peu abordée dans le débat public. Le livre de Mathieu Bosque, président du parti de François Ruffin, entend reprendre ce combat historique de la gauche. Si son analyse est pertinente, ses propositions restes vagues et incomplètes.

    #Société #école #éducation_nationale #enfants #Enseignement #enseignement_privé #professeur

  • Les étudiants français en Belgique, heureux mais trop nombreux
    https://www.lemonde.fr/campus/article/2025/03/18/ici-le-systeme-de-notation-est-plus-strict-mais-en-france-l-acces-a-une-form

    Les étudiants français en Belgique, heureux mais trop nombreux
    Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)
    Ils s’appellent Tobias, Gabriel, Julie, Marion, tous Français et tous étudiants dans le supérieur en Belgique, comme plus de 19 000 de leurs compatriotes, selon les derniers décomptes de l’administration de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB, le niveau de pouvoir fédéralisé qui gère notamment l’éducation). Marc (le prénom a été modifié), un Parisien qui préfère rester anonyme, a, lui, réalisé un doctorat en France et a ensuite saisi « l’opportunité » d’un postdoctorat dans une université du royaume, où il découvre un système « moins pesant et moins élitiste ».
    Doctorat français en poche, le Tourangeau Frédéric Louault, quant à lui, a fait le choix d’enseigner la science politique à l’Université libre de Bruxelles (ULB). « J’y apprécie l’ouverture d’esprit et l’ouverture à l’international, l’ancrage de l’université dans la société, la défense de valeurs humanistes. Et aussi la qualité d’écoute et la recherche de solutions dans la discussion, ainsi que la manière de lier rigueur et décontraction, d’être très professionnel et investi dans ses missions », détaille-t-il.Tous, à quelques nuances près, sont donc heureux de vivre dans ce pays où « il est indéniable que les habitants sont plus accueillants et moins psychorigides que les Français », diagnostique Julie François, une Limougeaude de 30 ans, actuellement assistante en première année de médecine générale (l’équivalent d’une première année d’internat en France), à Bruxelles.
    « Comme Franco-Allemand, je me sens, sur de nombreux points, plus proche de la mentalité des Belges que de celle des Français », affirme pour sa part Gabriel Girts, un étudiant dijonnais qui effectue sa première année de master en gestion culturelle à l’ULB. Son frère, Tobias, inscrit en photographie à l’école supérieure des arts de l’image Le Septantecinq, à Woluwe-Saint-Lambert, dans la banlieue de Bruxelles, se réjouit de pouvoir faire des études qui lui auraient été inaccessibles en France : « Les écoles privées sont trop onéreuses, et les écoles nationales supérieures, très sélectives, ne sont accessibles qu’en bac + 2. »
    Les étudiants français sont heureux, mais trop nombreux (pas loin de 10 % du total des étudiants dans la FWB, près de trois quarts des étudiants européens) aux yeux des universités de Bruxelles et de Wallonie, confrontées depuis une vingtaine d’années à un nombre sans cesse croissant de jeunes venus de l’Hexagone. Au début des années 2000, ils furent massivement présents en médecine, en psychologie, en sciences vétérinaires, dans les filières paramédicales ou les écoles d’art, attirés par un enseignement peu coûteux, de bonne qualité et qui a longtemps privilégié un autre mode de sélection que le concours d’entrée « à la française ».
    « Ici, le système de notation est plus strict ; mais, en France, l’accès à une formation est bien plus difficile, avec les plateformes Parcoursup et Mon Master », explique Gabriel Girts, arrivé dans la capitale belge après une licence en langues étrangères en France et une année Erasmus en Allemagne. Il se dit « vraiment content » d’avoir pu quitter « un système français qui représente une source énorme de stress ».
    Au fil du temps, les autorités de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont instauré quelques mesures qui se voulaient dissuasives pour les jeunes Français : des quotas de 30 % au maximum pour les étudiants non résidents en médecine, odontologie, orthophonie, sciences vétérinaires, etc., couplés à un tirage au sort.C’est toutefois insuffisant, jugent les directions : à Liège par exemple, la rectrice de l’université, Anne-Sophie Nyssen, constate que l’architecture ou le droit attirent aussi de nombreux jeunes Français désormais. Or, son université est, comme les autres, confrontée à un financement à base d’« enveloppes fermées » : les moyens qui leur sont alloués n’augmentent plus (hormis une indexation sur le coût de la vie), quel que soit le nombre d’inscrits. « En quinze ans, le financement a régressé de 24 % », indique Anne-Sophie Nyssen.
    Des moyens réduits, de plus en plus d’étudiants et, à la clé, des problèmes de locaux, d’encadrement et de stages. Mais, affirmée partout, la volonté de continuer à inscrire des étudiants étrangers, pour une question d’image et d’ouverture. D’où, deux pistes possibles : un accroissement du contingentement et/ou une augmentation de la contribution financière des étudiants, afin de remédier au « sous-financement structurel » de l’enseignement supérieur.
    Rien n’est tranché, mais les élections qui ont eu lieu en juin 2024 ont abouti à la mise en place d’un gouvernement de centre droit à la FWB. Son programme évoque la nécessité d’obtenir une « contribution plus juste » des étudiants venus d’ailleurs, sans nuire à l’attractivité des établissements ni contrevenir aux règles européennes qui interdisent toute discrimination.En 2010, quatre ans après que la Belgique eut fixé des quotas pour neuf filières médicales et paramédicales, la Cour de justice de l’Union européenne mettait en garde contre toute inégalité de traitement entre les étudiants nationaux et européens, en soulignant toutefois que c’est à la justice belge qu’il appartenait d’évaluer le risque d’une éventuelle mise en péril du système de soins à cause de la présence trop massive de jeunes Français dans les filières concernées.
    Selon les autorités belges, ils risquaient en effet de limiter l’accès des nationaux à ces études ou de réduire l’offre médicale : des étudiants français achevant leurs études rentraient chez eux avec, en poche, leur diplôme, mais aussi le « numéro Inami », un identifiant obligatoire pour dispenser des soins en Belgique et dont le nombre est contingenté. (...)En 2010, les juges européens avaient rejeté l’argument de la charge financière excessive engendrée par la forte présence d’étudiants français, ce qui ne faisait pas les affaires d’universités réclamant, en vain, des moyens adéquats à un pouvoir politique incapable de satisfaire leurs demandes. Actuellement, la présence de 25 700 étudiants européens (pas seulement français donc) non résidents coûterait chaque année 210 millions d’euros à la Fédération Wallonie-Bruxelles.
    Deux professeurs de l’Université catholique de Louvain (UCLouvain) ont cherché un remède qui rétablirait un équilibre entre ceux qui paient des impôts et des taxes en Belgique et ceux qui viennent y étudier en acquittant seulement un « minerval » – frais d’inscription – de 835 euros. Vincent Yzerbyt, doyen de la faculté de psychologie, et Vincent Vandenberghe, professeur d’économie, suggèrent un droit individuel aux études supérieures. Son principe ? L’octroi à tous les étudiants francophones belges, boursiers ou non, et à ceux qui résident dans le pays depuis au moins cinq ans d’une somme forfaitaire de 2 000 euros, alors que le « minerval » serait porté pour tous à 2 835 euros. Soit, donc, une augmentation, pour les non-résidents, français et autres, de 240 %.
    « Nous ne voulons en aucun cas répondre à ce que nous verrions comme une “invasion” d’étudiants étrangers, mais renflouer la trésorerie de nos établissements, remédier aux déséquilibres actuels qui menacent le droit à être formé correctement et, en même temps, remédier au manque de mobilité des étudiants de la FWB : ils ne sont actuellement que quelques milliers à partir étudier à l’étranger », souligne Vincent Yzerbyt. « Portable », le montant de 2 000 euros pourrait, en effet, être utilisé pour une inscription à l’étranger. Vincent Yzerbyt et Vincent Vandenberghe voient d’ailleurs dans leur proposition une éventuelle étape supplémentaire pour le système européen Erasmus si elle se concrétisait au niveau des Vingt-Sept.
    Une telle mesure, décidée seulement par la Belgique francophone, passerait-elle le cap de la justice européenne ? « Oui, le droit de l’Union autorise à réserver le bénéfice des “prestations d’assurance sociale” et d’aides “d’entretien aux études” aux enfants de travailleurs résidant dans le pays », affirment les deux professeurs. La prudence semble toutefois de mise à la présidence de la Fédération Wallonie-Bruxelles. « L’examen du dossier est en cours, les discussions se poursuivent », y indique-t-on. L’espoir des politiques, comme de certains recteurs, est qu’une discussion « constructive » avec les autorités françaises débouche sur d’autres solutions. Le dialogue avec Paris a, en réalité, commencé il y a plusieurs années, mais bute notamment sur une estimation très divergente du nombre réel d’étudiants français, de son évolution et de ses véritables conséquences.
    Si le projet des professeurs de l’UCLouvain se concrétisait, quelles conséquences aurait-il pour les jeunes Français ? « Ce serait sans doute un frein à notre venue », estime Julie François. Selon elle, il serait, pour beaucoup de ses collègues, impossible de régler un tel montant, de contracter un prêt ou de concilier des études universitaires exigeantes avec un travail étudiant. Et même si elle parvient à combiner études et petit boulot dans un restaurant, Eloïse Pioffet, venue d’Issoudun (Indre) étudier la sociologie et l’anthropologie, approuve : « Cela me dissuaderait certainement. »
    « Si j’avais dû acquitter 2 000 euros de plus, je n’aurais pas choisi de réaliser un bachelor ici ; mais pour un master, cela resterait envisageable », dit, en revanche, Tobias Girts. « Un minerval à 2 835 euros, cela freinerait beaucoup de monde, moi le premier. Mais sans alternative équivalente, j’aurais quand même postulé », affirme son frère, Gabriel. Il ajoute : « Il faudrait quand même que la France s’interroge sur le fonctionnement de ses universités au vu des migrations massives de jeunes. »

    #Covid-19#migrant#migration#etudiant#france#belgique#enseignementsuperieur#economie#migrationqualifiee

  • Loir-et-Cher : l’Académie Saint-Louis de Chalès, un internat catholique privé non mixte, va ouvrir ses portes en Sologne
    https://archive.ph/WKFpk

    Former les hommes, révéler les talents. Voilà comment se présente l’Académie Saint-Louis de Chalès, nouveau #collège-#lycée #catholique « d’excellence » privé hors contrat de garçons avec #internat qui devrait ouvrir ses portes en septembre 2025 en plein cœur de la Sologne à Nouan-le-Fuzelier.

    L’ancien orphelinat du domaine de Chalès, ses 175 hectares de forêts et d’étangs se préparent donc à recevoir des adolescents en leur faisant suivre les principes de « l’éducation intégrale telle que la définit l’Église catholique qui considère la personne humaine tout entière : corps, esprit et âme ». Les élèves seront aussi répartis dans des « maisons » avec un « fonctionnement en capitaineries favorisant l’esprit de responsabilité ». 

    [...]

    Si l’Académie Saint-Louis de Chalès est la première à ouvrir, d’autres verront le jour dans chaque région de France. Tout se déroulera en trois phases selon le site internet des Académies. La première phase est presque finie avec l’ouverture prochaine en septembre 2025. La deuxième consistera à continuer de développer les lieux d’enseignement entre 2025 et 2030 avant de posséder une Académie par région en France métropolitaine.

    #Pierre-Édouard_Stérin #enseignement_privé #extrême_droite

    Une dizaine d’organisations, dont les sections du PS et de LFI du Loir-et-Cher, la Ligue des droits de l’homme et des syndicats, demandent ainsi « au préfet et aux autorités de l’Education nationale compétentes de s’opposer à l’ouverture de tels établissements », qui représentant un « danger pour la protection de la jeunesse ».

    https://www.20minutes.fr/societe/4141980-20250305-loir-cher-quoi-projet-internat-catholique-non-mixte-soute

  • « Le Cube », de Claire Marchal : une enquête sur les « usines à étudiants » du groupe #Galileo
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/04/les-piou-pious-tu-les-serres-ils-couinent-un-peu-au-debut-mais-ca-passe-les-

    C’est l’histoire de deux mondes qui n’auraient jamais dû se rencontrer : d’une part, des écoles d’#enseignement_supérieur ; de l’autre, des #fonds_d’investissement. En 2011, les bases d’un empire sont posées lorsque le fonds américain Providence Equity Partners acquiert l’école de mode italienne Istituto Marangoni et fonde la holding Galileo Global Education. Quinze ans après, le groupe – qui a été revendu en 2020 à d’autres fonds d’investissement pour un montant de 2,3 milliards d’euros – compte 61 écoles, 106 campus dans 18 pays et 210 000 #étudiants sur la planète. Ce n’est qu’un début : Galileo a pour objectif d’atteindre le million d’étudiants dans les cinq années à venir.

    Il a fallu deux ans à la documentariste Claire Marchal pour comprendre les ressorts d’une véritable machine financière que l’Etat français contribue à huiler à la faveur des aides à l’#apprentissage et à la #formation_continue. Dans Le Cube (Flammarion, 384 pages, 22 euros), l’autrice, qui s’appuie sur des centaines d’entretiens et quelque 900 documents confidentiels, décrit l’obsession des managers de Galileo à augmenter les effectifs de leurs écoles, réduire leurs coûts, optimiser leurs rendements. La martingale porte un nom, « le Cube », le logiciel de gestion clients du groupe, un « outil informatique infaillible, conçu pour gérer les statistiques nécessaires à la satisfaction de sa soif de rentabilité ».

    A chaque rachat d’école, Galileo procède à de lourdes modifications dans la gestion des ressources humaines, dans la pédagogie et dans les modes de comptabilité. Il suffit alors de quelques années pour détruire de l’intérieur de jolies marques connues du grand public comme Penninghen, Bellecour, Strate, le Cours Florent…
    Mués en « usines à étudiants », ces établissements génèrent une casse énorme. En interne, il faut que les équipes se plient à la seule règle qui soit, celle de la rentabilité. Dans les salles de classe, bien trop remplies, le désarroi envahit des jeunes qui n’ont parfois pas de chaise pour s’asseoir ou qui subissent d’incessants reports de cours. Le tout en versant entre 5 000 et 10 000 euros par an.

    Responsabilité des pouvoirs publics

    Le violent contraste entre « la détresse de nombreux étudiants et la toute-puissance exponentielle de Galileo » est le fil rouge de Claire Marchal qui finit par interroger la responsabilité des pouvoirs publics. Car l’enseignement supérieur privé lucratif « est nourri de la main de l’Etat » depuis la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel : « Ils avancent main dans la main, travaillent ensemble, des cabinets ministériels aux conseils d’administration, de la haute fonction publique aux directions des groupes. »

    Autour du président de la holding, Marc-François Mignot Mahon, gravitent Muriel Pénicaud, ancienne ministre du travail des gouvernements d’Edouard Philippe (2017-2020) et membre du conseil d’administration, Guillaume Pepy, ancien patron de la SNCF et président du conseil de surveillance d’EM Lyon Business School dont Galileo est actionnaire, ou encore, jusqu’en juillet 2024, l’ancien patron de l’AP-HP Martin Hirsch, qui a été vice-président de la multinationale.

    Il manque à Claire Marchal une pièce au puzzle : malgré ses relances, aucun membre de la direction de la holding n’a répondu à ses questions. Les directions des écoles du groupe sont restées muettes elles aussi. Seul Olivier Aptel, qui dirige depuis la rentrée 2024 la Paris School of Business, a fait preuve d’un certain courage en déclarant être « sensible aux retours exprimés [par les étudiants], notamment en ce qui concerne les conditions d’enseignement et l’organisation administrative ».

    « Les piou-pious, tu les serres, ils couinent un peu au début, mais ça passe ! » : les extraits du livre-enquête sur le groupe Galileo et ses « usines à étudiants »
    https://justpaste.it/dwajx

    #enseignement_supérieur_privé

  • [Scoop] Vous ne devinerez jamais quelle est la deuxième langue la plus parlée en France !
    https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/langage-vous-ne-devinerez-jamais-deuxieme-langue-plus-parlee-france

    La diversité linguistique de la France révèle une surprenante réalité : l’arabe dialectal se hisse au rang de deuxième langue la plus parlée dans l’Hexagone. Comment [malgré l’école] cette langue a-t-elle acquis une telle importance ? Quels sont les enjeux sociaux et culturels liés à cette présence linguistique ? Plongeons dans les subtilités de ce phénomène intéressant qui façonne le paysage linguistique français.

    .... les estimations suggèrent qu’entre trois et quatre millions de personnes en France maîtrisent couramment l’#arabe_dialectal.

    [...]

    La présence significative de l’arabe dialectal en France soulève des questions cruciales en matière d’éducation et d’intégration. L’enseignement de l’arabe dans les écoles françaises fait l’objet de débats passionnés, souvent empreints de malentendus et de controverses.
    D’un côté, certains voient dans cet enseignement une opportunité de valoriser le multilinguisme et de favoriser l’intégration des communautés arabophones. De l’autre, des voix s’élèvent, craignant une remise en question de l’identité nationale française.

    #arabe #bilinguisme

    • Ce journal semble aussi louche que bien d’autres (l’arabe pratiqué en France ? quelle surprise !).
      J’ai relayé cet article en raison de l’inusable étonnement causé par la très faible disponibilité de cours d’arabe dans l’éducation nationale, une surprise persistante malgré l’évidence d’une explication, un racisme qui entend l’arabe comme menaçant.
      Effectivement, vu la fragmentation plurilingue, la question de l’enseignement est pas vite répondue
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Arabe#Langue_arabe_littérale
      Et il y est (fort peu) répondu par un enseignement de l’arabe littéral supposé ouvert sur des formes dialectales
      https://www.education.gouv.fr/bo/15/Hebdo31/MENE1518361A.htm#:~:text=La%20langue%20enseignée%20est%20l,ou%20tel%2.

      Une restriction en partie compensée hors de l’école par des moyens rien moins que traditionnels ?

      L’Arabe globalisé
      https://cle.ens-lyon.fr/arabe/langue/langue-arabe/l-arabe-globalise

      En parallèle, les particularités morpho-syntaxiques, syntagmatiques et lexicales de la langue arabe médiée par internet semblent aussi découler d’une très forte volonté des locuteurs arabophones de débattre et de partager avec les autres citoyens du monde les grands enjeux culturels, économiques, sociaux, politiques.

      Une langue arabe ancrée dans la pluralité se construit et se pratique à très large échelle (mélange spontané des registres, des langues, des systèmes graphiques) qui, en réalité, reflète une tendance à une certaine homogénéisation culturelle transnationale.

      Pourrions-nous définir ce registre, que j’appellerai « arabe globalisé », comme une forme d’extension de la pluriglossie historique de la langue arabe ?

    • « Enseigner l’arabe pourrait être un vecteur d’intégration », Mohamed Salah Ben Ammar médecin, ancien ministre de la santé publique tunisien, Publié le 07 janvier 2025
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/01/07/enseigner-l-arabe-pourrait-etre-un-vecteur-d-integration_6485338_3224.html

      Médecin et ancien ministre de la santé tunisien, Mohamed Salah Ben Ammar déplore, dans une tribune au « Monde », la marginalisation de la langue arabe en France et plaide pour que son enseignement soit renforcé à l’école.

      L’enseignement de l’arabe en France dépasse le simple cadre linguistique. Elle soulève des enjeux essentiels d’intégration sociale, culturelle et économique. La marginalisation de cette langue, visible notamment par son absence dans l’espace public, nourrit un sentiment d’exclusion chez de nombreux jeunes issus de l’immigration.
      Langue maternelle d’une partie importante de la population immigrée, notamment maghrébine, l’arabe reste marginalisé sur le plan institutionnel. Ce rejet, d’abord implicite, s’est accentué avec la montée des idéologies xénophobes. Bien que l’extrémisme religieux soit souvent invoqué pour justifier cette marginalisation, les relations historiques entre la France et le Maghreb, ainsi que la présence d’une importante communauté d’origine maghrébine depuis plus d’un siècle, montrent que ce phénomène est bien plus ancien.
      Dans l’imaginaire collectif français, l’arabe est souvent associé à des stéréotypes négatifs et à un mépris pour les cultures des anciens colonisés. Parler arabe en public a longtemps été mal vu, voire interdit. Cette langue est également confondue avec l’islam, alimentant des préjugés injustifiés. Pourtant, l’arabe dépasse largement le cadre religieux. Le mouvement intellectuel de la Nahda, au XIXᵉ siècle, conduit notamment par des Libanais maronites, a modernisé cette langue et enrichi son vocabulaire pour l’adapter aux concepts contemporains.

      En France, l’enseignement de l’arabe suscite des débats marqués par des préjugés. Souvent réduite à quelques mots argotiques ou perçue comme un marqueur des banlieues, cette langue souffre d’une image négative.
      Par ailleurs, la confusion entre arabe littéraire, coranique et dialectal complique son apprentissage. L’arabe littéraire, utilisé dans les médias, la littérature et l’éducation, repose sur une structure grammaticale exigeante. Les dialectes, eux, varient selon les régions et intègrent des influences berbères, françaises, italiennes ou espagnoles. Cette dualité provoque des frustrations chez les apprenants, car la langue apprise en classe diffère souvent de celle entendue au quotidien.

      Contribuer à une société plus inclusive

      Malgré une demande croissante, l’enseignement de l’arabe reste marginal. En 2017, seuls 10 000 élèves apprenaient l’arabe littéraire au collège et au lycée, soit 0,2 % des élèves, et à peine 500 à l’école primaire . Pourtant, on estime à cinq millions le nombre de personnes d’origine arabe et à neuf millions celles ayant une origine musulmane en France.

      Le système éducatif peine à répondre à cette demande : en 2024, seuls sept postes au capes d’arabe ont été ouverts, sur un total de 1 271 pour toutes les langues vivantes. De plus, l’enseignement de l’arabe est souvent relégué à des horaires périphériques, tandis que le contenu des cours est parfois contrôlé par des pays étrangers ou par des associations, suscitant des critiques légitimes.

      En l’absence de reconnaissance institutionnelle, de nombreuses familles se tournent vers des associations culturelles ou religieuses pour transmettre cette langue, ce qui alimente certaines inquiétudes. Cette marginalisation renforce le sentiment d’exclusion des jeunes issus de l’immigration, qui se retrouvent stigmatisés en France pour parler arabe et moqués dans leur pays d’origine pour leur maîtrise imparfaite de cette langue.
      Pourtant, enseigner l’arabe pourrait être un vecteur d’intégration. Reconnaître les liens historiques entre la France et la culture arabe permettrait d’intégrer cette langue dans le récit national, contribuant ainsi à une société plus inclusive.
      Sur le plan économique, l’arabe constitue également un atout stratégique. Cinquième langue la plus parlée au monde, avec plus de 400 millions de locuteurs, elle pourrait renforcer la position de la France sur les marchés du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Intégrer l’arabe dans les musées, les bibliothèques ou même les documents administratifs favoriserait une meilleure compréhension entre les différentes composantes de la société française.

      L’immense écrivain Khalil Gibran (1883-1931) dans son recueil de textes poétiques paru en 1923, Le Prophète, fait dire à son sage, Al Mustapha : « Et qu’est-ce que la connaissance de la parole sinon l’ombre d’une connaissance sans paroles ? » L’#enseignement institutionnel de l’arabe offrirait aux #jeunes_issus_de_l’immigration un outil de valorisation de leur héritage culturel, tout en facilitant leur intégration au sein de la société française.

    • « Le bon Arabe, c’est celui qui choisit d’être le meilleur en français plutôt qu’en arabe »
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/09/30/le-bon-arabe-c-est-celui-qui-choisit-d-etre-le-meilleur-en-francais-plutot-q

      Nabil Wakim, journaliste au « Monde » né au Liban et ayant grandi en France, publie « L’Arabe pour tous. Pourquoi ma langue est taboue en France » (Seuil), une enquête personnelle sur le rapport des enfants de l’immigration avec leur langue maternelle. Extraits.

      https://archive.ph/9eeFK#selection-1971.0-1975.266

    • Ah oui (et zut ! les Fayrouz indiqués ont disparus de YT...).
      J’envisageais un aspect non pas supérieur mais banal de l’enseignement de l’arabe. L’orientalisme d’en haut se ferait déborder par le bas, par des usages que l’institution scolaire saurait favoriser. Hypothèse de ravi de la crèche.
      Sauf qu’en matière d’antifascisme si on peut pour un bon moment douter de l’efficacité des barrages, ce n’est pas le cas de la nécessité des ponts.
      (Si vous voulez « vendre » une idée de gauche à feu le NFP, faites-vous plaisir.)

      En dépit de la biologie, le poisson pourrit par la tête.

  • #Guide de l’étudiant pour ne pas écrire avec #ChatGPT

    OpenAI a publié un « Guide de l’étudiant pour écrire avec ChatGPT » (https://openai.com/chatgpt/use-cases/student-writing-guide). Dans ce billet, je passe en revue leurs #conseils et je propose quelques contre-#arguments, d’un point de vue d’enseignant-chercheur. Après avoir abordé chacune des 12 suggestions d’OpenAI, je conclus en évoquant rapidement les aspects éthiques, cognitifs et environnementaux que tout étudiant devrait considérer avant de décider d’utiliser ou non ChatGPT. J’ajoute quelques commentaires en fin de billet au fil des retours critiques. (Version anglaise : A Student’s Guide to Not Writing with ChatGPT)

    « Déléguez la mise en forme des #citations à ChatGPT. L’IA excelle dans l’automatisation des tâches fastidieuses et chronophages telles que la présentation des citations. N’oubliez cependant pas de vérifier l’exactitude de vos bibliographies par rapport aux documents source. »

    Cette dernière phrase est probablement là pour des raisons juridiques, parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas dire que ChatGPT produira systématiquement des résultats exacts. En effet, mettre en forme des citations et des #bibliographies consiste à présenter des métadonnées conformément à des règles formelles (les #styles_bibliographiques). On n’est pas ici dans le domaine du langage naturel. ChatGPT fera des #erreurs, qui prendront du temps à trouver et à corriger. Alors utilisez plutôt un logiciel de gestion bibliographique, tel que #Zotero. Il s’occupera de vos citations et bibliographies de manière fiable, parce qu’il est programmé pour. Il vous suffit de nettoyer les métadonnées des références au fur et à mesure que vous les collectez, et vos bibliographies ne contiendront jamais d’erreurs.

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    « 2. Informez-vous rapidement sur un nouveau sujet. ChatGPT peut vous aider à démarrer vos recherches en vous permettant d’acquérir un #socle_de_connaissances sur un sujet. »

    ChatGPT est un simulateur de conversation humaine, et non un système d’information ou une base de connaissances. L’#information, ça se trouve dans des cerveaux, des documents et des bases de données. ChatGPT n’est pas doté de capacité de #compréhension : il ne fait que produire des réponses plausibles en tant que réponses, sans comprendre rien à rien. Il ne peut donc pas vous informer de manière fiable. Ne demandez pas à un intermédiaire qui n’a pas la capacité de comprendre une information de vous l’expliquer : à la place, faites un tour dans la #bibliothèque universitaire la plus proche et cherchez vous-même l’information, avec l’aide des bibliothécaires et des documentalistes.

    –-> J’ai tendance à conseiller de solliciter les enseignants, bibliothécaires et co-étudiants. Mais comme me le suggère Adrien Foucart sur Mastodon, peut-être que vous préférez apprendre par vous-même. Dans ce cas, le plus important est de développer vos compétences en recherche d’information. Selon moi, la référence reste le tutoriel CERISE (Conseils aux Etudiants en Recherche d’InformationS Efficace : https://callisto-formation.fr/course/view.php?id=263), que vous pouvez suivre de manière entièrement autonome.

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    « 3. Demandez une feuille de route pour trouver des #sources pertinentes. ChatGPT peut guider votre recherche en vous suggérant des chercheurs, des sources et des termes de recherche pertinents. Mais n’oubliez pas : bien qu’il puisse vous orienter dans la bonne direction, ChatGPT ne remplace pas la lecture de #sources_primaires et d’articles évalués par des pairs. Et comme les #modèles_de_langage peuvent générer des informations inexactes, vérifiez toujours vos faits. »

    (Ce point est encore plus litigieux que le point 1, donc OpenAI nous gratifie de deux phrases complètes qui sont probablement là pour des raisons juridiques.) Parce que ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension, il ne sait pas ce que sont des choses comme « une source » ou « une affirmation vraie ». Vous ne pouvez donc pas vous fier à ses indications. Vous perdrez du temps et ferez des erreurs. Encore une fois, demandez à un humain ou faites une recherche de documents et de données dans un vrai système d’information.

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    « 4. Approfondissez votre compréhension en posant des questions précises à ChatGPT. »

    Parce que ChatGPT n’a pas de capacité de #compréhension, il ne connaît pas les réponses réelles à vos questions, seulement des réponses plausibles. Il génèrera des réponses vraies et fausses sans distinction. Cela retardera votre apprentissage. Encore une fois, passez par des humains, des documents et des données directement au lieu de demander à ChatGPT.

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    « 5. Améliorez votre #écriture en demandant à ChatGPT comment il trouve votre structure. »

    Parce que ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension, il ne comprend pas ce qu’est une structure de texte « attendue » ou « améliorée », même si vous lui décrivez. Il ne peut que rehausser la qualité de votre texte à ce qu’il pense être un niveau moyen, ou l’abaisser à ce même niveau. Dans les deux cas, vous obtiendrez des notes médiocres. Pour progresser réellement dans votre écriture, demandez conseil à un professeur ou joignez un groupe d’étudiants qui s’entraident là-dessus  ; si un tel groupe n’existe pas, réunissez quelques personnes et créez-le – ce sera une expérience utile en soi.

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    « 6. Vérifiez votre raisonnement en demandant à ChatGPT de transformer votre texte en liste à puces. »

    Comme l’a récemment montré une étude australienne (https://pivot-to-ai.com/2024/09/04/dont-use-ai-to-summarize-documents-its-worse-than-humans-in-every-way), ChatGPT ne sait pas #résumer, seulement #raccourcir. À l’heure actuelle, savoir résumer reste un savoir-faire humain. Un #savoir-faire que vous pouvez acquérir en suivant un cours de #résumé dans un cursus en sciences de l’information, un programme de formation continue, un cours en ligne, etc. (Je suis plutôt partisan de faire les choses dans l’autre sens mais plusieurs collègues me disent que sur le fond cette méthode du reverse outlining leur est très utile et qu’ils la conseillent à des étudiants.)

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    « 7. Développez vos idées à travers un dialogue socratique avec ChatGPT. »

    Enfin un conseil qui est lié à la fonction réelle de ChatGPT : simuler la communication humaine. Cependant, le #dialogue_socratique implique que vous conversez avec quelqu’un qui a une compréhension supérieure du sujet et qui vous amène progressivement au même niveau. Malheureusement, ChatGPT n’est pas Socrate. Utiliser ChatGPT comme partenaire d’entraînement vous restreindra à son niveau : celui d’une machine qui produit des phrases humaines plausibles. Proposez plutôt cet exercice à vos professeurs et à vos camarades, et mettez-vous avec quelqu’un de plus avancé que vous pour progresser.

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    « 8. Mettez vos idées à l’épreuve en demandant à ChatGPT des #contre-arguments. »

    Pour améliorer votre capacité de #réflexion, vous devez être capable de trouver des contre-arguments, pas seulement d’y répondre. Utiliser ChatGPT pour faire la moitié du travail vous empêchera de progresser. Trouvez vous-même des contre-arguments. Et si vous avez besoin d’aide, ne demandez pas à ChatGPT : il ne peut produire que des arguments moyens, ce qui vous fera rapidement stagner. Faites plutôt appel à quelqu’un qui sait imaginer des arguments solides qui vous obligeront à réfléchir.

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    « 9. Comparez vos idées à celles des plus grands penseurs de l’histoire. »

    ChatGPT peut vous divertir en créant de toutes pièces une pièce de théâtre entre philosophes, mais il n’a pas la capacité de concevoir un exercice aussi complexe de manière à ce que vous puissiez en tirer des enseignements. Suggérez plutôt cette idée à un enseignant, dont c’est le métier.

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    « 10. Améliorez votre écriture en demandant à ChatGPT de vous faire des retours successifs. »

    Il s’agit d’une variante du point 5 sur le fait de solliciter des #avis. Une fois encore, utiliser ChatGPT limitera votre niveau à ce qu’une machine pense être le niveau de l’humain moyen. Faites plutôt appel à vos professeurs, organisez des sessions d’évaluation par les pairs avec vos camarades, et faites en sorte que ces sessions soient itératives si nécessaire.

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    « 11. Utilisez la fonctionnalité #Mode_vocal_avancé de ChatGPT pour en faire un compagnon de #lecture. »

    (« Mode vocal avancé » signifie que ChatGPT vous écoute lire quelque chose à haute voix et tente de répondre à vos questions sur ce que vous venez de lire). Il s’agit d’une variante des points 2-4 concernant le fait de s’informer. ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension. Il ne fournira donc pas d’interprétations fiables de ce que vous lisez. À la place, cherchez d’abord la définition des mots que vous ne connaissez pas dans des dictionnaires  ; cherchez des analyses rédigées par des humains pour y trouver des interprétations qui vous aideraient à comprendre ce que vous lisez  ; demandez leur avis à d’autres étudiants travaillant sur le même texte.

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    « 12. Ne vous contentez pas de répéter ce que vous avez déjà fait – améliorez vos compétences. […] Demandez à ChatGPT de vous suggérer des moyens de développer votre capacité à penser de manière critique et à écrire clairement. »

    ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension, donc la signification d’expressions comme « pensée critique » et « techniques d’écriture » lui échappent. Prenez ces expressions et entrez-les dans le moteur de recherche du catalogue de la bibliothèque de votre université  ; si vous préférez, demandez conseil à un bibliothécaire. Lisez ce que vous trouvez, et demandez à vos professeurs ce qu’ils en pensent. Pour le reste, rien ne vaut l’entraînement : comme disent les anglophones, practice, practice, practice.

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    Quelques mots de conclusion

    ChatGPT est conçu pour simuler un partenaire de conversation humain. Il s’appuie sur un modèle probabiliste du langage (quel mot est le plus susceptible d’arriver après tel mot) et communique pour communiquer, pour créer l’illusion de la conversation. Il bavarde, tchatche, blablate, indifférent à la signification de ce qu’il dit, indifférent à la vérité. Tout ça est très divertissant mais une attraction de fête foraine n’est pas un outil d’apprentissage fiable, et je pense donc que les étudiants devraient s’en méfier.

    Lorsque des étudiants me posent des questions sur ChatGPT, je mentionne les trois problèmes suivants :

    #éthique : la plupart des modèles de langue ont été construits à partir de données volées  ;
    - #cognition : l’utilisation d’outils comme ChatGPT rend plus dépendant des outils et moins autonome intellectuellement, ainsi que des études ont commencé à le montrer (en voici une réalisée en France)  ;
    #environnement : les coûts énergétiques de l’IA générative sont supérieurs d’un ordre de grandeur à ceux des outils préexistants (et elle n’est même pas rentable, donc on brûle du carburant pour rien).

    C’est généralement suffisant pour faire réfléchir la plupart de mes étudiants. Ce sont des jeunes gens créatifs, ils ont donc de l’empathie pour les créateurs qui ont été spoliés. Pour progresser et obtenir leur diplôme, ils veulent des outils qui leur font gagner du temps, pas des gadgets qui les rendent moins autonomes intellectuellement. Ils sont frappés d’apprendre que ChatGPT consomme dix fois plus d’énergie que Google pour répondre à la même question, généralement en pire (mais Google est en train de rattraper ChatGPT vers le bas).

    La bonne nouvelle, c’est que comme le dit le blogueur Jared White :

    « Vous pouvez littéralement ne pas l’utiliser. […] vous pouvez être un technicien expert et un créateur épanoui, au fait de son époque, très connecté, et rester complètement à l’écart de ce cycle de hype. »

    Si vous avez besoin de plus d’informations sur ce sujet, je vous recommande vivement de consulter le site Need To Know de Baldur Bjarnason (https://needtoknow.fyi). Il s’agit d’une synthèse accessible d’un état de l’art très fouillé sur les risques liés à l’utilisation de l’IA générative. C’est un excellent point de départ. (Et si vous connaissez des ressources similaires en français, je suis preneur.)
    Quelques commentaires supplémentaires
    Suite à la publication de ce billet, j’ai reçu par mail une critique de mon point de vue sur ChatGPT, en particulier l’idée qu’il n’a pas de capacité de compréhension. Je partage ma réponse ci-dessous. Il se peut que d’autres commentaires s’ajoutent ainsi au fil du temps.

    L’idée que ChatGPT n’a pas de capacité de compréhension est discutable. Tout dépend de la définition que l’on donne à « compréhension ». Marcello Vitali-Rosati soutient que le sens n’est pas une prérogative humaine, que les humains ont une forme d’intelligence et que l’IA en a une autre – tout dépend de la façon dont nous définissons les différentes formes d’intelligence. Il évoque le fait que ChatGPT sait faire des choses que les machines ne pouvaient pas faire auparavant mais qu’il échoue à faire d’autres choses que des systèmes plus simples savent faire depuis longtemps. Il serait donc plus juste de dire que ChatGPT possède une forme d’intelligence qui lui est propre, et qui est adaptée à certaines tâches mais pas à d’autres. Marcello mentionne par exemple que ChatGPT peut créer des discours politiques convaincants mais qu’il n’est pas capable de donner la liste des écrits d’un auteur de manière fiable.

    Je suis d’accord avec tout cela. Ça m’amène à préciser un peu les choses : ChatGPT comprend clairement comment communiquer. La manière dont il arrive à cette compréhension est une forme d’intelligence. Le problème, c’est que cette compréhension n’est pas celle qui compte dans un contexte d’apprentissage, de mon point de vue d’enseignant. Comprendre comment communiquer est différent de comprendre une information. C’est fondamental à mes yeux. Et c’est là, à mon avis, que le débat peut véritablement se situer. Quand on fait des études de commerce, ChatGPT est sans doute un outil intéressant pour travailler sur le marketing (même si je pense qu’il vaut mieux y réfléchir soigneusement, du fait des questions éthiques et environnementales). Mais en dehors des domaines dont le matériau principal est le bullshit (tout jugement de valeur mis à part), son utilité est moins évidente.

    Les tâches mentionnées dans le « guide » d’OpenAI font partie de celles où ChatGPT échoue à donner des résultats fiables. ChatGPT n’est pas un système d’information : qu’il passe d’une exactitude de 90 % à 99 %, voire à 99,99 %, ça ne change rien au fait que le risque d’erreur est présent du fait de la nature même de l’outil. On peut légitimement ne pas vouloir prendre ce risque. Quant aux compétences, je crois que les seules personnes qui trouvent ChatGPT bluffant sont celles qui sont moins bonnes que lui dans l’exécution des tâches qui lui sont confiées. Regardons les choses en face : ChatGPT est aussi nul que l’humain moyen. Si on s’appuie sur cet outil pour progresser, tout ce qu’on peut faire c’est plafonner dans le moyen.

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    15/11 – Ce billet sur ChatGPT m’a valu une réponse… générée par ChatGPT ! Sur LinkedIn, Francesc Pujol propose une « critique de ma critique », qu’il explique avoir générée via ChatGPT. Je n’ai pas été convaincu par ce qui ressemble beaucoup à une série de vagues déclarations un peu incantatoires sur la valeur supposée de l’outil. À la fin du texte, l’auteur (humain ou machine ?) dit que mon propos illustre une position « réactionnaire » et « déséquilibrée », et suggère que les gens comme moi pensent que les étudiants n’ont pas envie d’apprendre et les profs pas envie d’enseigner. Charmant !

    Pujol ajoute qu’il va faire lire mes objections à OpenAI et sa « critique de ma critique » par quelques personnes, sans leur dire qui a écrit quoi, pour voir qui de moi ou de ChatGPT produit le plus de déclarations un peu vagues… Là aussi, je ne suis pas convaincu. Mes arguments reposent sur une lecture de la littérature critique sur l’IA générative. Dans mon billet, je renvoie notamment à l’état de l’art réalisé par Baldur Bjarnason et son ouvrage The Intelligence Illusion. Escamoter cela, demander aux gens d’évaluer une série de phrases sans contexte, c’est traiter ce qui devrait être une discussion basée sur des faits comme une dégustation à l’aveugle chez un caviste. Ça me semble particulièrement problématique quand le débat porte précisément sur l’information, les sources, les connaissances vérifiables. Je comprends qu’en tant que partisan de l’utilisation de l’IA dans l’enseignement supérieur on ressente le besoin de défendre ses choix. Encore faudrait-il traiter ses opposants avec un minimum de respect et de sérieux intellectuel.

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    17/11 – Deux jours après la publication de ce billet, Marcello a publié « La créativité des LLM » sur son blog. Il y explique le concept de température, qui est une définition formelle de la créativité mise en œuvre par un outil comme ChatGPT. La fin du billet aide à bien cerner sa position dans un débat qui est de nature épistémologique :

    « Ne me faites pas le petit jeu consistant à dire : “mais non, la créativité est plus que ça !” Si vous n’êtes pas capables de définir formellement ce plus, alors cela veut tout simplement dire que vos idées ne sont pas claires. »

    Pour moi les programmes comme ChatGPT ne sont pas informatifs, en tout cas pas de manière suffisamment fiable dans un contexte éducatif : ils comprennent ce qu’est communiquer, pas informer. Par contre, ils relèvent bien du domaine créatif. Si on n’est pas dans un contexte où la fiabilité de l’information est importante, et que par ailleurs on apporte des réponses aux enjeux d’éthique et de coût énergétique, alors je ne m’oppose pas du tout à l’usage créatif des #LLM.

    https://www.arthurperret.fr/blog/2024-11-15-guide-etudiant-ne-pas-ecrire-avec-chatgpt.html

    #enseignement #AI #IA #intelligence #ESR #université

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    signalé aussi par @monolecte :
    https://seenthis.net/messages/1082701

  • Le #RN déclenche le #cyberharcèlement d’une universitaire de Toulon enregistrée à son insu

    La députée RN #Laure_Lavalette a diffusé un #enregistrement clandestin d’une juriste de la faculté de Toulon qui commentait pendant son cours un tract de #La_Cocarde étudiante, syndicat étudiant d’#extrême_droite, déclenchant une vague de #haine contre elle sur les #réseaux_sociaux.

    L’opération semble avoir été savamment orchestrée. Ce mardi 4 février, comme l’a révélé Le Monde, la maîtresse de conférences en droit public à l’université de Toulon #Hélène_Hurpy découvre des dizaines de #tracts déposés sur les tables de son amphithéâtre par La Cocarde étudiante, syndicat étudiant d’extrême droite. Une pratique normalement proscrite à l’intérieur de l’université, y compris pendant les élections étudiantes qui avaient lieu les 4 et 5 février.

    S’emparant d’un tract, la juriste se lance dans un commentaire de droit sur le texte, qui appelle notamment à mettre fin aux bourses d’excellence pour les étudiants étrangers. En 2024, la faculté a sélectionné trois étudiants étrangers en master et leur a attribué une bourse de 950 euros par mois pour les aider à suivre leur cursus en France. Au nom de la « #priorité_nationale », La Cocarde étudiante, en pleine campagne pour les élections internes, défend une réorientation de ces sommes aux profits des « étudiants français dans le besoin ».

    Sur un ton posé, Hélène Hurpy, spécialiste de droit public, donne son analyse des revendications de La Cocarde étudiante. « Ça, c’est ce qu’on appelle une discrimination et évidemment pour un motif totalement illégitime au sens de l’article 14 de la Cour européenne des droits de l’homme et à l’encontre de l’article premier de la Constitution… que je vous encourage à tous relire », avance-t-elle. « C’est pour cela qu’il y a des partis politiques qui sont à traiter en l’occurrence différemment d’autres partis politiques », poursuit la juriste, en précisant qu’elle vise « tous ceux qui vont à l’encontre de cet article premier de la Constitution française qui pose les caractères de notre République » une et indivisible.

    L’enseignante-chercheuse ne sait pas qu’elle est alors enregistrée et qu’à peine trois heures plus tard, un extrait d’une minute trente de son intervention sera diffusé sur X par la députée #Rassemblement_national (RN) du Var Laure Lavalette, qui dit avoir été interpellée par « de nombreux étudiants scandalisés » par ces propos.

    La députée dénonce une intervention « outrancière et anti-RN de Mme Hurpy, maître de conférences à l’université de Toulon ». Elle conseille à la juriste de relire l’article de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen selon lequel « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

    Bien que son parti politique n’ait pas été cité par l’universitaire, la mention d’un parti prônant des mesures discriminatoires et contraires à la Constitution a manifestement suffi à l’élue – qui n’a pas répondu aux sollicitations de Mediapart – pour qu’elle se sente visée. Il est vrai que les liens entre le RN et La Cocarde étudiantes sont des plus étroits. Des députés RN comme Alexandre Loubet et Gaëtan Dussausaye en sont issus et bon nombre de dirigeants du syndicat ont une double affiliation et certains sont des collaborateurs parlementaires d’élus RN, comme le racontait récemment une enquête de Mediapart.
    Tweet supprimé

    Le message de la très médiatique Laure Lavalette a d’ailleurs été immédiatement relayé par La Cocarde étudiante, et en particulier par Quentin Macullo, assistant parlementaire du député RN Guillaume Bigot, grand habitué des plateaux de CNews.

    Le cyberharcèlement de l’enseignante commence peu après la mise en ligne de l’enregistrement et ce, malgré des propos s’en tenant à de strictes considérations d’ordre juridique. Un déluge de commentaires violents suit la publication de Laure Lavalette sur le réseau d’Elon Musk. « Il va falloir faire quelque chose car il y en a assez que l’extrême gauche soit si influente dans les universités », lance un internaute. « Encore une pro-migrants et pro-droits de l’homme », s’offusque un autre, quand un troisième dénonce un « prêchi-prêcha dégoulinant de bons sentiments pour une fois de plus tordre la Constitution suivant leur interprétation bolchévique du monde ».

    D’anciens étudiants de l’universitaire interviennent également sur X : « Je l’ai eue comme prof et je confirme qu’elle avait bien ce discours de gauche déconnectée. » Une motion d’étudiants en droit de deuxième année du master justice, procès et procédures est, au contraire, venue apporter son soutien à Hélène Hurpy.

    L’universitaire a décidé de porter plainte et de signaler l’enregistrement, illégal et passible de poursuites pénales, aux plateformes qui le diffusent. « J’ai envie d’agir pour dénoncer les faits, je ne veux pas que ce soit invisibilisé car cela va se répéter », a expliqué au Monde l’enseignante-chercheuse, qui a reçu la protection fonctionnelle de son université.

    Ce dimanche, le tweet de Laure Lavalette, resté en ligne jusqu’à samedi, avait été supprimé. La bonne cliente des plateaux télé, qui a commencé sa carrière militante à Renouveau étudiant, un groupuscule violent d’extrême droite affilié au Front national, a peut-être été sensible à ce rappel du droit. Elle n’a pas répondu aux sollicitations de Mediapart, pas plus que La Cocarde étudiante, qui n’a, malgré ce happening, remporté aucun siège dans aucun des conseils centraux de l’université.

    Née d’une scission de l’#UNI, #La_Cocarde_étudiante a été créée en 2015 et connaît un nouvel essor depuis 2022. Cheval de Troie du RN dans les facs, La Cocarde assume des positions identitaires ouvertement racistes, comme lorsque le syndicat avait rendu en 2023 un vibrant hommage au théoricien racialiste Dominique Venner, mort dix ans plus tôt.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/090225/le-rn-declenche-le-cyberharcelement-d-une-universitaire-de-toulon-enregist
    #université #ESR #enseignement_supérieur #facs #syndicat_étudiant

    ping @karine4

  • Federal health workers terrified after ’DEI’ website publishes list of ’targets’

    The site calls out workers who have been involved with DEI initiatives. A majority are Black.

    Federal health workers are expressing fear and alarm after a website called “#DEI_Watch_List” published the photos, names and public information of a number of workers across health agencies, describing them at one point as “targets.”

    It’s unclear when the website, which lists mostly Black employees who work in agencies primarily within the Department of Health and Human Services, first appeared.

    “Offenses” for the workers listed on the website include working on diversity, equity and inclusion initiatives, donating to Democrats and using pronouns in their bios.

    The website, a government worker said, is being circulated among multiple private group chats of federal health workers across agencies, as well as through social media links.

    The site also reached Dr. Georges Benjamin, the executive director of the American Public Health Association, who learned about it Tuesday evening when a federal health worker sent it to him.

    “This is a scare tactic to try to intimidate people who are trying to do their work and do it admirably,” Benjamin said. “It’s clear racism.”

    A government worker said they found out theirs was among the names on the website Tuesday afternoon after a former co-worker sent them the link on social media.

    “It’s unnerving,” said the person, who requested anonymity because of safety concerns. “My name and my picture is there, and in 2025, it’s very simple to Google and look up someone’s home address and all kinds of things that potentially put me at risk.”

    “I don’t know what the intention of the list is for,” the person said. “It’s just kind of a scary place to be.”

    On Tuesday evening, the site listed photos of employees and linked to further information about them under the headline “Targets.” Later Tuesday night, the headline on each page had been changed to “Dossiers.”

    The site lists workers’ salaries along with what it describes as “DEI offenses,” including political donations, screenshots of social media posts, snippets from websites describing their work, or being a part of a DEI initiative that has been scrubbed from a federal website.

    Benjamin suggested the acts of online harassment are criminal. “Law enforcement should look into them.”

    A person who isn’t on the list but works at a federal health agency called the website “psychological warfare.” The link, this person said, is being circulated in their private group chat of federal health workers, causing some to “freak out.”

    It’s hard to gauge, the worker said, whether it’s a legitimate threat. “I don’t know anything about the organization doing this or their parent association. People are just paranoid right now.”

    A note at the bottom of the website says, “A project of the American Accountability Foundation.” That group is a conservative watchdog group.

    It’s not the first time the group has created such a list. In December, it sent Pete Hegseth, then the nominee for defense secretary, a list of names of people in the military whom it deemed too focused on diversity, equity and inclusion, the New York Post reported at the time.

    Neither the American Accountability Foundation nor HHS immediately responded to requests for comment.

    The website comes after a bruising two weeks for public health workers. Employees at the #Centers_for_Disease_Control_and_Prevention say they have received “threatening” memos from the #Department_of_Health_and_Human Services directing them to terminate any activities, jobs and research with any connection to diversity, equity and inclusion — and turn in co-workers who don’t adhere to the orders. HHS oversees federal health agencies, including the CDC and the #National_Institutes_of_Health.

    “The tone is aggressive. It’s threatening consequences if we are not obedient. It’s asking us to report co-workers who aren’t complying,” said a CDC physician who wasn’t authorized to speak to reporters. “There’s a lot of fear and panic.”

    NBC News reviewed one of the memos, which directed employees to “review all agency position descriptions and send a notification to all employees whose position description involves inculcating or promoting gender ideology that they are being placed on paid administrative leave effective immediately.”

    The result, staffers said, is paranoia.

    “I know of people who have been put on administrative leave for perceived infractions related to these ambiguous memos. People are thinking if I put one foot wrong, I’m just going to be fired,” another CDC physician said.

    In one case, a potluck luncheon among co-workers was hastily canceled for fear it would be seen as a way to promote cultural diversity.

    Despite the harassment, public health employees said they remain committed to their work.

    “If I leave, who’s going to replace me?” a CDC physician said. “If nobody replaces me and enough of us leave, then who’s going to be doing the public health work?”

    https://www.nbcnews.com/health/health-news/federal-health-workers-terrified-dei-website-publishes-list-targets-rcna190
    #liste #cibles #USA #Etats-Unis #it_has_begun #fonctionnaires #intimidation #inclusion #diversité #équité #santé #menaces #santé_publique #délation #DEI

    • Higher Ed Fights Back Against Trump’s #DEI_Order

      The American Association of University Professors and others argue in a new lawsuit that the executive orders violate the Constitution.

      College professors and university diversity officers are teaming up with nonprofits and local governments to challenge President Trump’s executive orders that target diversity, equity and inclusion programs in the federal government, higher education and the private sector. Those orders, they argue, violate the U.S. Constitution and have already caused much uncertainty on college campuses.

      The American Association of University Professors, the National Association of Diversity Officers in Higher Education and other groups argue in a lawsuit filed Monday that the orders exceed executive legal authority, violate both the First and Fifth Amendments, and threaten academic freedom and access to higher education for all. They want a judge to declare that the executive orders are unconstitutional and to block the government from further enforcement.

      “In the United States, there is no king,” the plaintiffs say in the 40-page complaint. “In his crusade to erase diversity, equity, inclusion, and accessibility from our country, President Trump cannot usurp Congress’s exclusive power of the purse, nor can he silence those who disagree with him by threatening them with the loss of federal funds and other enforcement actions.”

      Filed in the U.S. District Court in Maryland, the lawsuit is the first to target the DEI-related orders. Numerous states and nonprofits, however, have sued the Trump administration to challenge other executive actions taken during the president’s first two weeks in office, including his attempt to freeze trillions of dollars in federal grants and loans.

      The academic organizations involved in this DEI case are represented by Democracy Forward, the same pro bono legal group that was first to successfully challenge the federal funding freeze. Asian Americans Advancing Justice, another nonprofit civil rights group, also is representing the plaintiffs.

      The executive orders at issue in this lawsuit aim to end what Trump sees as “illegal discrimination” and “wasteful” programs. Institutions that don’t comply could face financial penalties or federal investigations.

      Although AAUP has openly discouraged universities from engaging in “anticipatory obedience,” which it defined as “acting to comply in advance of any pressure to do so,” several colleges and universities have already taken action in an attempt to avoid rebuke from the Trump administration. That includes canceling a Lunar New Year event and removing references to DEI from college websites.

      Trump’s orders are not the first of their kind. They build on a number of laws recently passed in Republican-led states that ban DEI offices and programs in colleges and universities and aim to take those efforts nationwide. Colleges in states like Alabama, Florida, Iowa, Texas and Utah have taken action to comply with those laws, laying off staff and shutting down cultural centers. In some states, such as Kentucky and Michigan, public colleges dissolved certain DEI standards or full offices before legislation passed.

      Regardless of the state-by-state scenarios, groups like NADOHE say they will continue to fight for DEI protection, as such programs are crucial to fulfilling the mission of higher education. Getting rid of DEI, NADOHE says, would send a chilling shock wave throughout academia and lead to increased harassment, discrimination and violence across campuses.

      “By attacking the important work of diversity, equity and inclusion offices at educational institutions, the order seeks to dismantle critical support systems for historically underrepresented students,” NADOHE president Paulette Granberry Russell told Inside Higher Ed after Trump signed the second DEI order. “This would limit workforce preparation and stifle efforts to address systemic inequities. This order depicts diversity, equity and inclusion as divisive when, in reality, these initiatives aim to ensure opportunity for all.”
      What Does the Lawsuit Say?

      The lawsuit is focused on two executive orders that Trump issued during his first 48 hours in office.

      The first order directed federal agencies to get rid of all federal diversity offices and positions and end any “equity-related” grants and contracts. Numerous DEI staffers have since lost their jobs, and dozens of general staff members from the Education Department who attended any DEI training in the past have been put on administrative leave.

      The lawsuit alleges that Trump exceeded his legal authority in issuing that order, as Congress—not the president—has authority over the federal government’s purse strings. Therefore, the plaintiffs argue, Trump does not have the power to unilaterally terminate equity-related grants and contracts “without express statutory authority.”

      The second order, signed Jan. 21, more directly impacts higher education. It calls on all agencies—including the Department of Education—to “enforce our longstanding civil-rights laws and to combat illegal private-sector DEI preferences, mandates, policies, programs, and activities.” It also orders the attorney general and the education secretary to create guidance for colleges and universities on how to comply with the 2023 Supreme Court ruling against affirmative action, and for the secretary to investigate up to nine colleges that have endowments worth more than $1 billion as part an effort “to deter DEI programs or principles.

      The lawyers argue that both orders are overly vague. Neither defines terms such as “DEI,” “illegal DEIA” or “equity.” As a result, they argue, colleges, universities and other institutions have not been given fair guidance as to what is prohibited and what they could be indicted and face penalties for, violating the plaintiffs’ right to due process under the Fifth Amendment. “The lack of definitions necessarily requires people of common intelligence to guess as to what is prohibited,” the lawsuit states. It goes on to suggest that by ordering the investigation of “illegal DEIA” practices at up to nine colleges without first defining the term, the president has granted agencies “carte blanche authority to implement the order discriminatorily.”

      The plaintiffs also argue that the second order violates the First Amendment, discouraging free speech and academic freedom around DEI-related topics on campus—dampening the public service role of academia as a marketplace of ideas. “The Constitution protects the right of scholars, teachers, and researchers to think, speak, and teach without governmental interference,” the plaintiffs write. “The ‘essentiality of freedom in the community of American universities is almost self-evident’ and educators play a ‘vital role in a democracy’.”
      Can Trump ‘Avoid Running Afoul’?

      AAUP president Todd Wolfson said the association is committed to fighting for a higher education system that’s accessible to all, regardless of background. He went on to describe Trump’s orders as “destructive” and said that eliminating DEI at public institutions would threaten the democratic purpose of higher ed.

      “Trump’s orders are about controlling the range of ideas that can be discussed in the classroom, limiting and censoring faculty and students, and codifying into law the prejudices of the past,” he said in a statement to Inside Higher Ed. “These are attempts at authoritarianism that this nation has overcome before. We will do so again.”

      But Tyler Coward, lead counsel for government affairs at the Foundation for Individual Rights and Expression, a First Amendment advocacy group, isn’t so sure. He said in an email statement that Trump’s executive orders on DEI “appear to avoid running afoul of the First Amendment,” but in a more detailed analysis memo, FIRE warns that “implementation should proceed carefully.”

      “Overzealous enforcement could threaten free speech by, for example, indirectly chilling a professor from sharing their positive views of affirmative action policies or leading to investigation of a government grantee for a social media post expressing personal support for DEI initiatives,” the foundation wrote.

      Neither Coward nor the foundation at large, however, commented on the lawsuit’s standing as far as violations of the Fifth Amendment or the separation of powers.

      “We are concerned that the executive order about gender ideology could be used to censor speech on sex and gender,” Coward said. “FIRE is closely watching how federal agencies interpret and enforce the executive orders to ensure the government doesn’t infringe on constitutionally protected speech.”

      https://www.insidehighered.com/news/government/2025/02/05/higher-ed-organizations-sue-against-trumps-dei-orders

      #mots #vocabulaire
      #diversité #équité #inclusion #accessibilité

    • Trump Takes Aim at DEI in Higher Ed

      The executive order doesn’t have an immediate impact on DEI programs at colleges and universities, but experts worry about a chilling effect.

      One of President Donald Trump’s latest executive orders aims to end “illegal” diversity, equity and inclusion policies and could upend programs that support underrepresented groups on college campuses.

      Whether the order, signed late Tuesday night, will be effective is not clear, some experts cautioned Wednesday. Others celebrated it as the end of DEI in America.

      The order calls on all agencies to “enforce our longstanding civil-rights laws and to combat illegal private-sector DEI preferences, mandates, policies, programs, and activities,” though it doesn’t define DEI. Additionally, the order directs the attorney general and education secretary—neither of whom have been confirmed—to create guidance for colleges and universities on how to comply with the 2023 Supreme Court ruling, which banned the use of race-conscious admissions policies.

      The order should not, however, have any immediate impact on higher ed, as most provisions require agency action.

      Higher education experts and diversity, equity and inclusion advocates say it’s difficult to know how far Trump’s latest order against DEI will actually go, but they are certain it represents an attempt to reverse more than 50 years of civil rights work to promote equal access to the American education system.

      University stakeholders add that Trump’s ultimate goal is to amplify culture war issues and create a dichotomy between merit and hard work and programs that celebrate diversity and promote equitable access.

      “What I see is a broad attempt to remove everything that is associated with long-standing institutional efforts to desegregate the U.S. government and institutions like colleges and universities that are entangled with the government through federal financial aid,” said Brendan Cantwell, a professor of education at Michigan State University.

      But anti–diversity, equity and inclusion activists and conservative politicians, on the other hand, see Tuesday’s order as a positive change that reminds colleges to teach students how to think rather than what to think.

      “For too long, social justice warriors crusaded to mandate DEI in every corner of America. Instead of merit, skills, and ability, DEI devotees pushed policies that are antithetical to American exceptionalism,” Republican representative and House education committee chair Tim Walberg said in a statement. “From the classroom to the board room, Americans have felt the negative effects.”

      Christopher Rufo, a senior fellow at the conservative Manhattan Institute, said deconstruction of DEI is impending.

      “Tomorrow morning, the general counsels for every major corporation and university are going to be reading President Trump’s executive orders on DEI and figuring out how they can avoid getting ruined by federal civil rights lawyers,” he wrote on X. “Huge changes imminent.”

      Trump’s latest DEI action builds upon other related orders regarding sex, race and equity that he signed in the first two days of his second term, but this one has the highest likelihood of directly impacting higher education.

      That’s in part because the order designates any institution that receives federal financial aid as a subcontractor. As subcontractors, colleges’ employment, procurement and contracting practices “shall not consider race, color, sex, sexual preference, religion, or national origin in ways that violate the nation’s civil rights laws,” according to the order.

      Additionally, the Education Department must pick up to nine colleges that have endowments worth more than $1 billion to investigate as part an effort “to deter DEI programs or principles.” Harvard University, other Ivy League institutions and more than two dozen other colleges would be on the list for a potential inquiry.

      ‘The DEI Party Is Over’

      Across the board, policy experts that Inside Higher Ed spoke with say that while it is clear what Trump seeks to do, it is uncertain exactly what will actually come to pass. They called the order’s language broad and said much of its consequences will depend on what levers the department pulls for compliance, among other factors.

      Jon Fansmith, senior vice president of government relations and national engagement for the American Council on Education, said in a webinar Wednesday that though the executive orders have created uncertainty, the directives don’t change federal law and are subject to lawsuits.

      “The things we are talking about aren’t absolutes,” he said. “There’s a lot of understandable concern, but some things haven’t changed.”

      On the other hand, Adam Kissel, a visiting fellow of higher education reform at the conservative Heritage Foundation, said the order’s implications are very clear.

      “Colleges and universities, as well as other institutions, are on notice that the DEI party is over,” he said.

      One way that the Trump administration can try to ensure the “DEI party” is fully brought to a halt is by telling colleges that the Supreme Court’s ruling on race-conscious admissions policies extends to any scholarship program or student support services that are geared toward a specific race or ethnic group. Colleges that don’t comply could risk their access to federal financial aid.

      Some legal analysts and Republican officials have argued that the Supreme Court’s ruling also bars scholarships, internships and other educational programs that take race into account. The Biden administration disagreed and said the ruling only affected admissions.

      Kissel said he is “200 percent sure” the Trump administration has the ability to extend the ruling to more than just admissions.

      “The Supreme Court said discrimination is wrong and illegal under the equal protection clause as well as Title VI of the Civil Rights Act of 1964,” he said. And “when we’re talking about nondiscrimination, I think SCOTUS was very clear that the broad interpretation is correct.”

      Kissel expects that the Trump administration will tie DEI compliance to both research grants and Title IV of the Higher Education Act of 1965, which authorizes federal financial aid programs. He believes they have clearance to do so as DEI is, in his view, discriminatory and colleges accessing federal funds cannot discriminate.
      ‘Pre-Emptive Compliance’

      Regardless of the clarity level, a key factor that could determine the impact of the DEI order is how university leaders respond.

      Cantwell said the response from leaders will depend on whether the university is private and what state it’s located in. He expects the order to carry more force at public colleges in Republican-led states. The government has the least control over private universities, he said, and though some dollars come from the federal government, much of higher ed funding is allocated at the state level, giving local lawmakers the most leverage on whether to enforce Trump’s rules.

      Although blue states that disagree with the president’s order may be less likely than red states to pass legislation reinforcing the guidelines, some universities could act on their own. Some institutions, such as the University of Michigan, have already started to rethink their DEI programs in an effort to pre-emptively comply with federal directives.

      “[The case of Michigan] does hint at some wariness,” Cantwell said. “And that wariness and sort of pre-emptive compliance, even absent direct threats from the federal or state government, might be somewhat universal. But I also think we will definitely see lots of variation by state.”

      Sarah Hubbard, a Republican elected regent at the University of Michigan, said the latest executive order shows that Trump is “doing exactly what he said he’d do” and should be a sign that more steps need to be taken in order for Michigan and other public institutions to avoid losing billions in federal funds.

      Michigan has already repealed the use of diversity statements in the hiring process and adopted a policy of institutional neutrality but has not directly cut staff or funding for any of its highly criticized DEI programs. Those decisions would be made in the upcoming budget cycle.

      “Not speaking on behalf of the board … I hope that we will be doing more to realign our campus toward need-based scholarships and removing overbearing DEI bureaucracy,” Hubbard said.
      A Chilling Shock Wave

      Some higher education experts—particularly those working in and around DEI departments—are bracing for it to have a “gigantic” impact on students and faculty.

      Kaleb Briscoe is an assistant professor of adult and higher education at the University of Oklahoma whose recent research has focused on the repercussions of DEI bans. She said that the order has already “sent shock waves,” adding that her phone is “blowing up about it.”

      Although the action does not explicitly say it will ban or restrict DEI programs like some state-level laws, Briscoe believes that Trump’s campaign messages and record from his first term speak loudly. Among other actions, Trump issued an executive order defunding any federally funded trainings or programs that promote race or sex “stereotyping” or “scapegoating.” (Former President Biden rescinded that order.)

      “The language within the executive order does not directly call for [banning DEI], but it doesn’t mean that it cannot be misinterpreted or used by policymakers to come up with additional bans,” she said.

      Shaun Harper, a professor of education, business and public policy and the founder of the University of Southern California’s Race and Equity Center, and an opinion contributor to Inside Higher Ed, said the order “will surely frighten” university administrators. It will likely lead to the pre-emptive hiding, renaming or discontinuation of their DEI initiatives, he added.

      “These leaders will be worried about losing their federal funding, which is exactly what DEI opponents want,” Harper said in an email to Inside Higher Ed. Heterosexual, Christian white men will likely feel supported and affirmed by Trump’s anti-DEI orders, as “too many of them have been tricked into misunderstanding DEI initiatives to be unfair, universal attacks,” he added.

      But in the meantime, Harper said that minority students will face increased harassment, discrimination and violence and will “be left stranded without justice.”

      Briscoe echoed Harper, adding that as the number of DEI-focused staff members dwindles, faculty members will be left to pick up the pieces.

      “We’re looking at a very uphill climb of faculty having to take on more student affairs, diversity professional roles,” she said. “Staff may not exist, but these student needs will have not changed.”

      Paulette Granberry Russell, president and CEO of the National Association of Diversity Officers in Higher Education, said the order is “deeply concerning,” mischaracterizes DEI and takes aim at the core mission of higher education.

      “By attacking the important work of diversity, equity and inclusion offices at educational institutions, the order seeks to dismantle critical support systems for historically underrepresented students,” she said. “This would limit workforce preparation and stifle efforts to address systemic inequities. This order depicts diversity, equity and inclusion as divisive when, in reality, these initiatives aim to ensure opportunity for all.”

      Granberry Russell added that while the order’s immediate impact will depend on how agencies enforce it, “it is already causing uncertainty and fear.”

      “I hope that university leaders will recognize that executive orders should not dictate the values and priorities of higher education institutions,” she said. “Many colleges and universities have long-standing commitments to fostering inclusive environments, and I hope they will continue to uphold these principles despite political headwinds.”

      https://www.insidehighered.com/news/government/politics-elections/2025/01/23/how-trumps-order-targeting-dei-could-affect-higher-ed
      #ESR #recherche #université #enseignement_supérieur

    • ’Unprecedented’: White House moves to control science funding worry researchers

      Darby Saxbe is worried her research funding might get canceled.

      People’s brains change when they become parents. She studies fathers’ brains, in particular, to understand which changes might underlie better parenting. And she wants to study a variety of brains.

      “If you want to understand the brain and biology changes of fathers, you don’t necessarily want to only look at white affluent fathers who are hanging out around a university, which is what a convenient sample might be composed of,” says the University of Southern California neuroendocrinologist. “That just makes for a better, more impactful research project.”

      So with a grant from the #National_Science_Foundation — a federal agency with a $9 billion annual #budget to fund research — she’s working to include more people from minority groups in her study.

      But her research proposal contained the words “diverse” and “underrepresented,” words that now appear on a list of hundreds of DEI-related terms that NSF is currently using to comb through tens of thousands of research grants. The process, described to NPR by two NSF officials who spoke on the condition of anonymity for fear of retribution from the administration, aims to flag research that may not comply with President Trump’s executive orders targeting diversity, equity and inclusion initiatives.

      This kind of scrutiny, along with other actions of the administration so far — freezing grants, clamping down on communications from federal agencies, taking down databases on women’s health, HIV and youth behaviors and purging some of DEI-related terms — represent to many scientists an extreme move to exert more presidential control over the kinds of science that get funded, and potentially who does it. If continued, it could represent a major departure from how science has been funded for decades.

      “This is totally unprecedented, nothing like this has ever happened,” says Neal Lane, who served as director of the NSF from 1993 to 1998. “NSF has a mandate to care about the workforce and ensure that all Americans have opportunities to participate in science,” he says. By targeting DEI, “they’re killing American science.”

      Since the 1990s, Congress has mandated that NSF weigh how its grants will boost the participation of women and minorities in science, in addition to the intellectual merits of the proposal. Now, the Trump administration is essentially saying they can’t follow that law.

      “President Trump was elected president, but in being elected president, the laws of the United States were not repealed and replaced with whatever he wants to do,” says Rep. Zoe Lofgren, D-Calif., ranking member of the U.S. House of Representatives Committee on Science, Space and Technology. “These are bipartisan efforts to make sure that we don’t miss smart people in the science enterprise across the United States.”

      But some say that considering diversity in grantmaking leads to worse science. Last October, Sen. Ted Cruz, R-Texas, said in a report that “NSF allocated over $2.05 billion to thousands of research projects that promoted neo-Marxist perspectives or DEI tenets” and suggested that it undermines “objective hard science.”

      “Intellectual diversity is welcome,” says Jonathan Butcher, a senior research fellow at the Heritage Foundation. “But judging the merits of an idea based on the description of the grant is far more important than figuring out where the people involved are literally coming from, in terms of racial background or country of origin.”
      Changing how science gets funded

      Presidents have the authority to set priorities in research funding, and have used this power. The Biden administration made a push for climate and cancer research, for instance, and George W. Bush’s administration prioritized energy research and the physical sciences. Congress allocates money to these priorities, and then the agencies work out the finer details.

      “Since World War II, science has been organized around this idea of peer review, that scientists understand what good science is and should make decisions about what we should be funding,” says Elizabeth Popp Berman, a sociologist who studies science at the University of Michigan.

      At NSF, that means program officers — often scientists who work at other institutions who come to NSF for temporary stints — manage a review process of proposals, with input from a range of scientists. The law dictates that NSF consider both the intellectual merit of a proposal and the “broader impacts” the research might enable, meaning how the research will benefit society.

      For decades, a key part of those potential benefits is how grants will boost the participation of women and underrepresented groups in science. Since 1997, Congress has required NSF to explicitly weigh such factors in its grantmaking. According to Suzanne Barbour, dean of the Duke University Graduate School and chair of NSF’s Committee on Equal Opportunities in Science and Engineering, that ultimately benefits the taxpayer.

      “There is a large emerging literature that suggests that teams have the largest array of voices, from different different backgrounds, different kinds of lived experiences, voices that perhaps have addressed problems from slightly different angles,” she says. “They’re more creative, they’re more successful and … ultimately are the kinds of teams that make the biggest discoveries.”

      Trump’s executive orders are squarely opposed to that mission. The agency is currently reviewing grants for DEI-related terms using, in part, a list from Sen. Cruz’s October 2024 report titled “How the Biden-Harris NSF Politicized Science,” according to NPR’s NSF sources.

      It’s unclear what will happen to flagged grants. NSF has resumed funding existing awards after freezing them in late January and says they “can not take action to delay or stop payment for active awards based solely on actual or potential non-compliance with the Executive Orders.” The NSF sources tell NPR that approximately 20% of grants were initially flagged, and that number could be further winnowed.

      In reviewing grants for DEI-related content and temporarily pausing payments, the agency seems to be prioritizing the executive order over its congressional mandate, a practice that contradicts internal guidance saying law takes precedence over executive orders when there’s a conflict.

      The Trump administration’s efforts to exert more control over science at NSF go beyond DEI. On Tuesday, staff were informed of plans to cut the agency’s headcount of about 1,700 by 25% to 50% over the next two months, according to NPR’s NSF sources. Staff were also informed that President Trump’s first budget request could slash the agency’s budget from $9 billion to $3 billion, first reported by ArsTechnica and confirmed by NPR, though the actual reduction negotiated by Congress may be different.

      “This administration appears to be not just setting priorities, but enforcing ideological conformity in a way that if your grant is studying something that’s not aligned with a particular view of the world, it’s just not going to be funded,” says Berman. “I think taking that away has the potential to undermine the whole scientific enterprise.”
      Worries about America’s competitive edge

      If the Trump administration continues aggressively targeting diversity initiatives in science and seeking to substantially cut funding, American science will look fundamentally different, says Berman.

      Whole academic fields could wither without federal funds, she says, especially if DEI is broadly defined. “This cuts across economics, psychology, sociology. In all these fields, there are whole chunks of the discipline that may just not be possible to carry on anymore,” says Berman.

      The moves have also sparked a culture of fear among many scientists. “This level of scrutiny is going to make research less collaborative, less competitive and less innovative,” says Diana Macias, an ecologist at the University of California, Berkeley, who is funded by an NSF grant. Bringing more people into science is “not just broadening for the sake of broadening, but it’s broadening for the sake of developing rigorous questions that help us really stay competitive.”

      Only about a quarter of NSF grant proposals win funding, and that’s after a rigorous application process. The idea that an awarded grant could get rescinded, or proposals not get funded for political reasons, makes many scientists uncomfortable and could ultimately lead some to quit or move outside the U.S.

      “I train graduate students and undergrads who want to pursue science careers,” says Saxbe. “It’s hard for me to think about how to encourage them when it seems like the very work that we do is so vulnerable to partisan attack.”

      Federal funding supports these trainees, many of whom ultimately go into the private sector. The NSF funds nearly 80% of fundamental computing research at universities, according to a recent statement from the Computing Research Association.

      Reduced funding could ultimately lead to a smaller skilled workforce to work on important issues in artificial intelligence, cybersecurity and more. That’s despite an insistence by close allies of the president, including Elon Musk, that the U.S. lacks enough homegrown talent to fill the tech industry’s demand for computer science professionals like software engineers and programmers.

      “The private sector does a lot of very important, primarily applied research and development. But they really don’t fund the same kind of research where you are really exploring the frontier,” says Lane, the former NSF director.

      “They can’t justify to their stockholders doing most of the things that the National Science Foundation does. If you take away federal support for science, science is dead in the United States. Nothing can replace that.”

      https://www.npr.org/sections/shots-health-news/2025/02/07/nx-s1-5289912/unprecedented-white-house-moves-to-control-science-funding-worry-researchers

      #science #projets_de_recherche

    • Offensive obscurantiste aux USA : Trump crée un « #bureau_de_la_foi » et #censure le monde universitaire

      Ces propos délirants sortent de la bouche de Paula White, la conseillère spirituelle du président américain depuis 2011. Vous ne la connaissez peut-être pas encore, mais son rôle a été prépondérant pendant la campagne de Trump : elle assure notamment la communication avec les courants intégristes religieux, très puissants aux États-Unis. Un habitant des États-Unis sur cinq se définit en effet comme évangéliste : une base électorale obscurantiste et essentielle pour Donald Trump.
      L’intégrisme chrétien au pouvoir

      Paula White est à présent à la tête d’un nouveau “Bureau de la foi” de la Maison blanche, chargé de renforcer la place de la religion dans la politique du pays. Cette dernière est connue pour ses appels à la haine homophobe ou raciste, déclarant que “l’antifascisme et Black Lives Matter sont l’antéchrist” ou encore “ce n’est pas OK de se faire avorter. Ce n’est pas OK de se marier avec quelqu’un du même sexe”. Ses propos fanatisés semblent sortis d’un autre âge.

      Paula White avait, entre autres joyeusetés, organisé une prière publique en janvier 2020 pour que “toutes les grossesses sataniques aboutissent à une fausse couche”. Cette illuminée aurait toute sa place sous l’inquisition du Moyen-Age, quand un tribunal ecclésiastique jugeait les hérétiques.

      Les mouvements chrétiens fondamentalistes américains considèrent Trump comme un “envoyé de Dieu”, dont la mission sacrée est de s’opposer aux satanistes – les “wokes”, les homosexuels… Il affirmait lui-même d’ailleurs avoir été “sauvé par Dieu” lors de la tentative de meurtre à laquelle il a échappé l’été dernier, pour qu’il guide le pays et lui rende sa grandeur. Une mission divine, exaltée par ses déclarations : “ramenons Dieu dans nos vies” a-t-il réclamé.

      Pourtant, le 1er amendement des États-Unis proclame la séparation de l’État et de la religion. Ces personnes qui se présentent comme les seules vraies gardiens de la Constitution des USA violent donc allègrement son premier amendement. Ces mouvements intégristes religieux constituent la base de l’extrême droite américaine : on les retrouve massivement lors de l’attaque du Capitole en 2021, où nombre de manifestants arboraient des t-shirts avec des symboles chrétiens.

      Dans le même registre, le nouveau secrétaire de la Défense des USA Pete Hegseth, qui est désormais l’un des hommes les plus puissants du pays, a fait inscrire « Jésus » en hébreu sur son bras, un tatouage réalisé à Bethléem, et une grande croix de Jérusalem sur sa poitrine, un symbole représentant une grande croix encerclé de croix grecques plus petites. Un symbole utilisé pendant les Croisades et représentant le royaume de Jérusalem établi par les croisés.

      Hegseth ne cache pas sa fascination pour cette période de conflit sanglant opposant les armées chrétiennes aux musulmans. Cet homme est un vétéran de la Garde nationale du Minnesota, un animateur de la chaine d’extrême droite Fox News, et adhère à une mouvance religieuse sectaire nommée Reconstructionnisme réformé, qui prône l’application de la loi chrétienne biblique à la société, un monde exclusivement dirigé par les hommes et une préparation au retour de Jésus.

      Doit-on s’étonner de voir l’obscurantisme religieux revenir sur le devant de la scène aux États-Unis ? Non. Il avance main dans la main avec le capitalisme sans limite dont rêvent Trump et son inséparable duo Elon Musk. La religion représente d’ailleurs un marché plus que rentable aux États-Unis : 1200 milliards de dollars en 2016.

      L’extrême-droite est étroitement liée aux milieux chrétiens dans de nombreux pays. L’économiste Samir Amin explique que “le capitalisme des monopoles contemporain, en crise, développe une offensive idéologique massive et systématique assise sur le recours au discours de la spiritualité”. Il estime que la faillite de la classe bourgeoise, qui avait massivement adhéré si ce n’est au nazisme ou au fascisme, tout du moins à la collaboration, avait permis aux classes ouvrières au lendemain de la seconde guerre mondiale de construire un rapport de force conséquent.

      Après guerre, le patronat était discrédité, le Parti Communiste était le premier parti dans de nombreux pays, dont la France et l’Italie, et les syndicats étaient de puissants contre-pouvoirs. Pour contrer cela, Washington a poussé à la création de nouveaux partis chrétiens-démocrates afin de résister à la menace communiste.

      Ces partis constituent aujourd’hui la droite traditionnelle dans de nombreux pays européens, remettant le débat autour de l’importance du christianisme comme base de la civilisation occidentale. On en voit la marque de nos jours dans la droite de nombreux pays européens, et la France n’est pas en reste : Macron a largement piétiné la laïcité ces dernières années, comme la cérémonie d’ouverture de Notre-Dame en a été encore l’exemple.

      Aujourd’hui, les partis fascisants qui arrivent au pouvoir dans de nombreux pays se réclament également d’un retour à la foi chrétienne. Mais une foi revisitée, vidée de sa spiritualité, transformée en show, mise en spectacle sur le modèle des évangélistes. Georgia Meloni se revendique “femme, italienne, et chrétienne”, faisant de cette identité un véritable programme politique. Viktor Orban se pose en défenseur des “valeurs chrétiennes”. Marine Le Pen se dit “extrêmement croyante”. Aux États-Unis, l’arrivée au pouvoir de Trump a scellé l’accord parfait entre extrême-droite, intégrisme religieux et capital.
      Guerre contre la science

      L’obscurantisme est défini comme l’attitude attribuée à ceux qui sont hostiles au progrès, au libre exercice de la raison, à la diffusion de l’instruction et du savoir. Cette percée des fondamentalistes religieux s’accompagne ainsi d’une attaque historique contre la science. L’un ne va pas sans l’autre.

      Un décret sur “L’abrogation Woke” a été publié par l’administration Trump il y a quelques jours. Le but ? Détruire toutes les politiques, programmes ou projets de recherche sur des sujets jugés “woke” et donc dangereux pour la sûreté de l’État : le réchauffement climatique et l’environnement, le genre, la diversité, la race, l’inclusion…

      Pour faire simple, une IA va pouvoir identifier des mots clés, au nombre de 120 pour le moment, afin de geler les financements, supprimer des publications… Reporterre dévoile par exemple que toute référence au réchauffement climatique a été purement et simplement effacée de sites internet fédéraux. Certaines pages ont carrément disparu, ne laissant qu’un »404 Not Found ». Parmi les 120 mots interdits, on retrouve “femme”, “préjugé”, “justice environnementale”, “accessibilité”.

      Autre conséquence dramatique : le CDC, le centre de contrôle des maladies, est la plus grosse agence gouvernementale étasunienne pour la santé publique. Une liste de 20 termes a été distribuée en interne afin de retirer ou d’éditer certaines informations, pourtant tout simplement vitales, du site. On trouve notamment dans cette liste les termes « transgenre », « LGBT », « personne enceinte », « biologiquement femme », « biologiquement homme »… Certaines pages sur le virus du SIDA ont également disparu.

      Au fil des siècles, les forces obscurantistes utilisaient l’autodafé afin de détruire les écrits que le pouvoir en place jugeait dangereux pour son propre pouvoir. Le plus célèbre est l’autodafé du 10 mai 1933 où 25.000 ouvrages considérés comme subversifs – auteurs marxistes, anarchistes, juifs…– furent consumés par les nazis. D’ailleurs, en 2023, des élus Républicains du Missouri s’étaient déjà mis en scène en train de brûler des livres considérés comme « woke » au lance-flamme.

      Si l’effacement de données en ligne paraît bien moins spectaculaire, il n’en est pas moins une tentative d’effacement total des pensées divergentes. Et il précède toujours d’autres violences.

      https://contre-attaque.net/2025/02/14/offensive-obscurantiste-aux-usa-trump-cree-un-bureau-de-la-foi-et-ce
      #université #foi

    • US science is feeling the Trump chill

      President Donald Trump’s assault on federal spending, climate science and diversity initiatives is fueling an existential crisis for the nation’s vast web of research institutions — and the scientists who power them.

      The administration is seeking to thwart research it considers a threat to Trump’s agenda — including anything connected to climate science or diversity, equity and inclusion, writes Chelsea Harvey. It has frozen billions of dollars in federal funding, paused grant reviews and cut critical support for university research.

      The language in Trump’s directives is so broad that universities and research institutions worry that projects that make mere mention of gender, race or equity could be on the chopping block. At least one university told researchers that even terms such as biodiversity could be flagged by AI-based grant review systems looking for DEI proposals.

      Republican Sen. Ted Cruz of Texas has added to the alarm by launching an online database last week identifying more than 3,400 grants funded by the National Science Foundation that he said promote “advanced neo-Marxist class warfare propaganda.”

      Federal courts have begun pushing back on some of Trump’s moves — by ordering an end to a sweeping funding freeze, for example — but the administration has been slow to comply and remained steadfast in its attempts to gut science agencies. The atmosphere of fear and confusion is leading some university supervisors to quietly advise faculty to censor their research proposals and other public-facing documents to comply with Trump’s directives.

      A professor at one U.S. university, who was granted anonymity, told Chelsea they were recently advised to remove terms including “climate change” and “greenhouse gas emissions” from research papers and other public documents.

      While past administrations have steered the focus of U.S. research in new directions — from nanotechnology to cancer research — those priorities were typically additive; they didn’t restrict research in other areas.

      Trump’s approach “will have long-term harmful consequences,” said Matt Owens, president of the Council on Government Relations, an association of academic research institutions.

      “One of our strengths as a nation is the federal government has invested across the board in curiosity-driven research, because over time this pays dividends,” he told Chelsea. “So an erosion of broad federal support for all areas of research will damage our ability to remain the global science and innovation leader.”

      Senior prosecutor quits over imperiled climate funds
      A top federal prosecutor in Washington resigned Tuesday rather than follow a Justice Department order to freeze a private bank account holding $20 billion of already allocated climate change funds, write Kyle Cheney, Josh Gerstein, Alex Guillén and Jean Chemnick.

      The resignation of Denise Cheung, the head of the criminal division in the U.S. attorney’s office in Washington, is one of the most dramatic outcomes yet from Trump’s effort to claw back congressionally authorized federal funding.

      Chung said interim U.S. Attorney Ed Martin demanded her resignation after she refused to order the bank to freeze the grants — a step she said is permitted only if prosecutors have “probable cause” to suspect a crime was committed. The Environmental Protection Agency placed the money at Citibank last year to fund a “green bank” created by Congress.

      Trump attacks 50 years of green rules

      The Trump administration is working to unwind almost five decades of rules crafted and imposed under the #National_Environmental_Policy_Act, a foundational statute widely known as the “magna carta” of environmental laws, writes Hannah Northey.

      The plan is to rescind all regulations that the Council on Environmental Quality has issued to implement the bedrock law since 1977, when then-President Jimmy Carter signed an order directing the agency to issue rules under NEPA.

      Trump’s oil ambitions face harsh realities

      Trump wants to “unleash” American energy. The problem: U.S. oil production growth is starting to dwindle, writes Mike Soraghan.

      The nation’s once-hot shale plays are maturing. It’s getting more expensive to get significant amounts of new oil out of the ground. Some observers expect production to level off in the coming years and then start to decline by the early 2030s. Soon enough, oil companies may need to “drill, baby, drill” just to keep up current production levels rather than boosting them.

      https://www.politico.com/newsletters/power-switch/2025/02/18/us-science-is-feeling-the-trump-chill-00204701

      #biodiversité #climat #changement_climatique #projets_de_recherche

    • The foundations of America’s prosperity are being dismantled

      Federal scientists warn that Americans could feel the effects of the new administration’s devastating cuts for decades to come.

      Ever since World War II, the US has been the global leader in science and technology—and benefited immensely from it. Research fuels American innovation and the economy in turn. Scientists around the world want to study in the US and collaborate with American scientists to produce more of that research. These international collaborations play a critical role in American soft power and diplomacy. The products Americans can buy, the drugs they have access to, the diseases they’re at risk of catching—are all directly related to the strength of American research and its connections to the world’s scientists.

      That scientific leadership is now being dismantled, according to more than 10 federal workers who spoke to MIT Technology Review, as the Trump administration—spearheaded by Elon Musk’s Department of Government Efficiency (DOGE)—slashes personnel, programs, and agencies. Meanwhile, the president himself has gone after relationships with US allies.

      These workers come from several agencies, including the Departments of State, Defense, and Commerce, the US Agency for International Development, and the National Science Foundation. All of them occupy scientific and technical roles, many of which the average American has never heard of but which are nevertheless critical, coordinating research, distributing funding, supporting policymaking, or advising diplomacy.

      They warn that dismantling the behind-the-scenes scientific research programs that backstop American life could lead to long-lasting, perhaps irreparable damage to everything from the quality of health care to the public’s access to next-generation consumer technologies. The US took nearly a century to craft its rich scientific ecosystem; if the unraveling that has taken place over the past month continues, Americans will feel the effects for decades to come.

      Most of the federal workers spoke on condition of anonymity because they were not authorized to talk or for fear of being targeted. Many are completely stunned and terrified by the scope and totality of the actions. While every administration brings its changes, keeping the US a science and technology leader has never been a partisan issue. No one predicted the wholesale assault on these foundations of American prosperity.

      “If you believe that innovation is important to economic development, then throwing a wrench in one of the most sophisticated and productive innovation machines in world history is not a good idea,” says Deborah Seligsohn, an assistant professor of political science at Villanova University who worked for two decades in the State Department on science issues. “They’re setting us up for economic decline.”
      The biggest funder of innovation

      The US currently has the most top-quality research institutes in the world. This includes world-class universities like MIT (which publishes MIT Technology Review) and the University of California, Berkeley; national labs like Oak Ridge and Los Alamos; and federal research facilities run by agencies like the National Oceanic and Atmospheric Administration and the Department of Defense. Much of this network was developed by the federal government after World War II to bolster the US position as a global superpower.

      Before the Trump administration’s wide-ranging actions, which now threaten to slash federal research funding, the government remained by far the largest supporter of scientific progress. Outside of its own labs and facilities, it funded more than 50% of research and development across higher education, according to data from the National Science Foundation. In 2023, that came to nearly $60 billion out of the $109 billion that universities spent on basic science and engineering.

      The return on these investments is difficult to measure. It can often take years or decades for this kind of basic science research to have tangible effects on the lives of Americans and people globally, and on the US’s place in the world. But history is littered with examples of the transformative effect that this funding produces over time. The internet and GPS were first developed through research backed by the Department of Defense, as was the quantum dot technology behind high-resolution QLED television screens. Well before they were useful or commercially relevant, the development of neural networks that underpin nearly all modern AI systems was substantially supported by the National Science Foundation. The decades-long drug discovery process that led to Ozempic was incubated by the Department of Veterans Affairs and the National Institutes of Health. Microchips. Self-driving cars. MRIs. The flu shot. The list goes on and on.

      In her 2013 book The Entrepreneurial State, Mariana Mazzucato, a leading economist studying innovation at University College London, found that every major technological transformation in the US, from electric cars to Google to the iPhone, can trace its roots back to basic science research once funded by the federal government. If the past offers any lesson, that means every major transformation in the future could be shortchanged with the destruction of that support.

      The Trump administration’s distaste for regulation will arguably be a boon in the short term for some parts of the tech industry, including crypto and AI. But the federal workers said the president’s and Musk’s undermining of basic science research will hurt American innovation in the long run. “Rather than investing in the future, you’re burning through scientific capital,” an employee at the State Department said. “You can build off the things you already know, but you’re not learning anything new. Twenty years later, you fall behind because you stopped making new discoveries.”

      A global currency

      The government doesn’t just give money, either. It supports American science in numerous other ways, and the US reaps the returns. The Department of State helps attract the best students from around the world to American universities. Amid stagnating growth in the number of homegrown STEM PhD graduates, recruiting foreign students remains one of the strongest pathways for the US to expand its pool of technical talent, especially in strategic areas like batteries and semiconductors. Many of those students stay for years, if not the rest of their lives; even if they leave the country, they’ve already spent some of their most productive years in the US and will retain a wealth of professional connections with whom they’ll collaborate, thereby continuing to contribute to US science.

      The State Department also establishes agreements between the US and other countries and helps broker partnerships between American and international universities. That helps scientists collaborate across borders on everything from global issues like climate change to research that requires equipment on opposite sides of the world, such as the measurement of gravitational waves.

      The international development work of USAID in global health, poverty reduction, and conflict alleviation—now virtually shut down in its entirety—was designed to build up goodwill toward the US globally; it improved regional stability for decades. In addition to its inherent benefits, this allowed American scientists to safely access diverse geographies and populations, as well as plant and animal species not found in the US. Such international interchange played just as critical a role as government funding in many crucial inventions.

      Several federal agencies, including the Centers for Disease Control and Prevention, the Environmental Protection Agency, and the National Oceanic and Atmospheric Administration, also help collect and aggregate critical data on disease, health trends, air quality, weather, and more from disparate sources that feed into the work of scientists across the country.

      The National Institutes of Health, for example, has since 2015 been running the Precision Medicine Initiative, the only effort of its kind to collect extensive and granular health data from over 1 million Americans who volunteer their medical records, genetic history, and even Fitbit data to help researchers understand health disparities and develop personalized and more effective treatments for disorders from heart and lung disease to cancer. The data set, which is too expensive for any one university to assemble and maintain, has already been used in hundreds of papers that will lay the foundation for the next generation of life-saving pharmaceuticals.

      Beyond fueling innovation, a well-supported science and technology ecosystem bolsters US national security and global influence. When people want to study at American universities, attend international conferences hosted on American soil, or move to the US to work or to found their own companies, the US stays the center of global innovation activity. This ensures that the country continues to get access to the best people and ideas, and gives it an outsize role in setting global scientific practices and priorities. US research norms, including academic freedom and a robust peer review system, become global research norms that lift the overall quality of science. International agencies like the World Health Organization take significant cues from American guidance.

      US scientific leadership has long been one of the country’s purest tools of soft power and diplomacy as well. Countries keen to learn from the American innovation ecosystem and to have access to American researchers and universities have been more prone to partner with the US and align with its strategic priorities.

      Just one example: Science diplomacy has long played an important role in maintaining the US’s strong relationship with the Netherlands, which is home to ASML, the only company in the world that can produce the extreme ultraviolet lithography machines needed to produce the most advanced semiconductors. These are critical for both AI development and national security.

      International science cooperation has also served as a stabilizing force in otherwise difficult relationships. During the Cold War, the US and USSR continued to collaborate on the International Space Station; during the recent heightened economic competition between the US and China, the countries have remained each other’s top scientific partners. “Actively working together to solve problems that we both care about helps maintain the connections and the context but also helps build respect,” Seligsohn says.

      The federal government itself is a significant beneficiary of the country’s convening power for technical expertise. Among other things, experts both inside and outside the government support its sound policymaking in science and technology. During the US Senate AI Insight Forums, co-organized by Senator Chuck Schumer through the fall of 2023, for example, the Senate heard from more than 150 experts, many of whom were born abroad and studying at American universities, working at or advising American companies, or living permanently in the US as naturalized American citizens.

      Federal scientists and technical experts at government agencies also work on wide-ranging goals critical to the US, including building resilience in the face of an increasingly erratic climate; researching strategic technologies such as next-generation battery technology to reduce the country’s reliance on minerals not found in the US; and monitoring global infectious diseases to prevent the next pandemic.

      “Every issue that the US faces, there are people that are trying to do research on it and there are partnerships that have to happen,” the State Department employee said.

      A system in jeopardy

      Now the breadth and velocity of the Trump administration’s actions has led to an unprecedented assault on every pillar upholding American scientific leadership.

      For starters, the purging of tens of thousands—and perhaps soon hundreds of thousands—of federal workers is removing scientists and technologists from the government and paralyzing the ability of critical agencies to function. Across multiple agencies, science and technology fellowship programs, designed to bring in talented early-career staff with advanced STEM degrees, have shuttered. Many other federal scientists were among the thousands who were terminated as probationary employees, a status they held because of the way scientific roles are often contractually structured.

      Some agencies that were supporting or conducting their own research, including the National Institutes of Health and the National Science Foundation, are no longer functionally operational. USAID has effectively shuttered, eliminating a bastion of US expertise, influence, and credibility overnight.

      “Diplomacy is built on relationships. If we’ve closed all these clinics and gotten rid of technical experts in our knowledge base inside the government, why would any foreign government have respect for the US in our ability to hold our word and in our ability to actually be knowledgeable?” a terminated USAID worker said. “I really hope America can save itself.”

      Now the Trump administration has sought to reverse some terminations after discovering that many were key to national security, including nuclear safety employees responsible for designing, building, and maintaining the country’s nuclear weapons arsenal. But many federal workers I spoke to can no longer imagine staying in the public sector. Some are considering going into industry. Others are wondering whether it will be better to move abroad.

      “It’s just such a waste of American talent,” said Fiona Coleman, a terminated federal scientist, her voice cracking with emotion as she described the long years of schooling and training she and her colleagues went through to serve the government.

      Many fear the US has also singlehandedly kneecapped its own ability to attract talent from abroad. Over the last 10 years, even as American universities have continued to lead the world, many universities in other countries have rapidly leveled up. That includes those in Canada, where liberal immigration policies and lower tuition fees have driven a 200% increase in international student enrollment over the last decade, according to Anna Esaki-Smith, cofounder of a higher-education research consultancy called Education Rethink and author of Make College Your Superpower.

      Germany has also seen an influx, thanks to a growing number of English-taught programs and strong connections between universities and German industry. Chinese students, who once represented the largest share of foreign students in the US, are increasingly staying at home or opting to study in places like Hong Kong, Singapore, and the UK.

      During the first Trump administration, many international students were already more reluctant to come to the US because of the president’s hostile rhetoric. With the return and rapid escalation of that rhetoric, Esaki-Smith is hearing from some universities that international students are declining their admissions offers.

      Add to that the other recent developments—the potential dramatic cuts in federal research funding, the deletion of scores of rich public data sets on health and the environment, the clampdown on academic freedom for research that appears related to diversity, equity, and inclusion and the fear that these restrictions could ultimately encompass other politically charged topics like climate change or vaccines—and many more international science and engineering students could decide to head elsewhere.

      “I’ve been hearing this increasingly from several postdocs and early-career professors, fearing the cuts in NIH or NSF grants, that they’re starting to look for funding or job opportunities in other countries,” Coleman told me. “And then we’re going to be training up the US’s competitors.”

      The attacks could similarly weaken the productivity of those who stay at American universities. While many of the Trump administration’s actions are now being halted and scrutinized by US judges, the chaos has weakened a critical prerequisite for tackling the toughest research problems: a long-term stable environment. With reports that the NSF is combing through research grants for words like “women,” “diverse,” and “institutional” to determine whether they violate President Trump’s executive order on DEIA programs, a chilling effect is also setting in among federally funded academics uncertain whether they’ll get caught in the dragnet.

      To scientists abroad, the situation in the US government has marked American institutions and researchers as potentially unreliable partners, several federal workers told me. If international researchers think collaborations with the US can end at any moment when funds are abruptly pulled or certain topics or keywords are suddenly blacklisted, many of them could steer clear and look to other countries. “I’m really concerned about the instability we’re showing,” another employee at the State Department said. “What’s the point in even engaging? Because science is a long-term initiative and process that outlasts administrations and political cycles.”

      Meanwhile, international scientists have far more options these days for high-caliber colleagues to collaborate with outside America. In recent years, for example, China has made a remarkable ascent to become a global peer in scientific discoveries. By some metrics, it has even surpassed the US; it started accounting for more of the top 1% of most-cited papers globally, often called the Nobel Prize tier, back in 2019 and has continued to improve the quality of the rest of its research.

      Where Chinese universities can also entice international collaborators with substantial resources, the US is more limited in its ability to offer tangible funding, the State employee said. Until now, the US has maintained its advantage in part through the prestige of its institutions and its more open cultural norms, including stronger academic freedom. But several federal scientists warn that this advantage is dissipating.

      “America is made up of so many different people contributing to it. There’s such a powerful global community that makes this country what it is, especially in science and technology and academia and research. We’re going to lose that; there’s not a chance in the world that we’re not going to lose that through stuff like this,” says Brigid Cakouros, a federal scientist who was also terminated from USAID. “I have no doubt that the international science community will ultimately be okay. It’ll just be a shame for the US to isolate themselves from it.”

      https://www.technologyreview.com/2025/02/21/1112274/the-foundations-of-americas-prosperity-are-being-dismantled

    • Sauver les données scientifiques de la purge numérique de l’administration Trump

      Peu après l’assermentation de Donald Trump, des milliers de pages web du gouvernement fédéral américain ont disparu. Heureusement, des chercheurs canadiens et américains avaient déjà archivé numériquement une bonne partie de ces sites.

      La Dre Angela Rasmussen n’en revient pas. Des milliers de pages des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) comportant des données inestimables sur la santé ont été retirées du web, à la demande de l’administration Trump.

      Cette virologue de l’Université de la Saskatchewan savait que la santé et la science seraient dans la mire de la nouvelle administration Trump.

      "Je n’aurais jamais pensé qu’on serait aussi rapidement dans une situation aussi orwellienne." (Une citation de Dre Angela Rasmussen, virologue et chercheuse à l’Université de la Saskatchewan)

      Lorsque cette chercheuse, d’origine américaine, a entendu d’un ami journaliste que les CDC retireraient sous peu des données scientifiques de son site, elle a contacté en urgence un ami bio-informaticien aux États-Unis.

      "Je lui ai demandé s’il pouvait cloner tout le site. Il pensait que je faisais des blagues. Mais j’étais très sérieuse."

      Avec moins d’une journée de préavis, les deux ont passé de longues heures à archiver le site.

      Ils sont ensuite entrés en contact avec Charles Gaba, un analyste de données sur la santé publique du Michigan, qui lui aussi avait commencé la même tâche, quelques jours plus tôt.

      Ils ont combiné leurs efforts pour archiver un maximum de pages et de bases de données, non seulement des CDC, mais aussi de l’Agence américaine des médicaments (FDA) et une partie du site de l’USAID, le programme qui a été sabré par Elon Musk et son « département de l’Efficience gouvernementale » (DOGE).

      "Je suis fâché. J’aurais dû commencer le travail plus tôt. J’avais réalisé dès le soir de l’élection qu’il y avait un risque qu’on efface des sites gouvernementaux. Dans l’urgence, on a peut-être manqué certaines choses", dit Charles Gaba.

      Mardi, un juge fédéral américain a délivré une ordonnance temporaire obligeant les CDC et la FDA de rétablir toutes les informations publiques sur leurs sites web.

      Selon l’administration Trump, le retrait de ces pages n’est pas nécessairement définitif, et elle affirme que les informations peuvent être consultées par l’entremise de la machine Wayback de l’Internet Archive.

      D’ailleurs, s’il est possible de le faire, c’est grâce au travail exhaustif d’Internet Archive, un organisme à but non lucratif qui archive des sites web et qui rend accessibles au public des copies de ces sites.

      Depuis 2004, dans le cadre du projet de librairie démocratique, toutes les pages web des gouvernements fédéraux canadien et américain sont systématiquement archivées au début et à la fin de chaque mandat.

      Le matériel provenant des États-Unis est sauvegardé sur des serveurs en Colombie-Britannique, au Canada, et celui du Canada, sur des serveurs aux États-Unis.

      L’archivage se fait grâce à une étroite collaboration entre Canadiens et Américains, explique Brewster Kahle, le fondateur d’Internet Archive.

      Par exemple, il y a aussi des professeurs de l’Université de Guelph et de l’Université de Toronto qui travaillent avec l’Environmental Data Governance Initiative (EDGI) pour préserver les données sur les changements climatiques de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis, rapporte CBC News (Nouvelle fenêtre).

      Pour Brewster Kahle, il est primordial de sauvegarder le maximum de documents, même s’ils semblent peu importants. "On ne sait jamais quand et pourquoi on en aura besoin."

      Les informations contenues sur les sites web gouvernementaux relèvent du domaine public et doivent être accessibles à tous, rappelle Brewster Kahle.

      "Cette information appartient aux Américains. Personne n’a le droit de la censurer ou de la retenir." (Une citation de Brewster Kahle, fondateur d’Internet Archive)

      Une crise en santé et en science

      La disparition des données inquiète particulièrement la Dre Rasmussen, qui est virologue.

      "Je n’exagère pas quand je dis que ça sera destructeur pour la santé publique."

      Par exemple, les données sur la propagation de la grippe aviaire aux États-Unis sont particulièrement importantes en ce moment pour le monde entier. "S’il y a une pandémie de H5N1, on pourrait prévenir des millions de morts."

      Et pourtant, le rapport hebdomadaire sur la mortalité n’a pas été publié comme prévu le 15 janvier. "C’est la première fois en 80 ans que ça arrive", dit Charles Gaba.

      De plus, avec la nomination de Robert F. Kennedy Jr. à la tête de la santé, qui tient depuis des années des propos antivaccins, la Dre Rasmussen craint que les informations qui seront accessibles soient davantage politiques que scientifiques. Déjà, les recommandations du comité sur l’immunisation ont disparu du site web des CDC.

      Charles Gaba craint que certaines bases de données ne soient plus mises à jour. Et, même si des données sont publiées, il se demande si elles seront valides. "Ils ont semé un doute. Je n’ai plus confiance."
      "Des autodafés numériques"

      Le retrait de milliers de pages web des sites gouvernementaux survient après une directive de l’administration Trump d’éliminer toute mention de diversité, d’inclusion ou d’équité. Toute page avec la mention de mots provenant d’une liste préétablie doit être retirée.

      "Ils effacent tout ce qui inclut ces mots, même sans contexte et sans discrimination. Ça touche tout le monde qui n’est pas un homme blanc hétérosexuel et chrétien." (Une citation de Charles Gaba, analyste de données sur la santé publique du Michigan)

      Ainsi, des pages sur la prévention des maladies chroniques, des lignes directrices pour le traitement de maladies sexuellement transmissibles, sur les signes avant-coureurs de la maladie d’Alzheimer, sur une formation pour prévenir les surdoses et sur des recommandations sur les vaccins destinés aux femmes enceintes, ont été supprimées.

      Le retrait comprend aussi des pages sur la violence faite aux femmes et aux personnes LGBTQ+, et sur la dépression post-partum.

      La Dre Ramussen est estomaquée. "On a retiré les données sur le VIH et la variole simienne parce que ça touche principalement des personnes marginalisées, des femmes, des personnes de la communauté LGBTQ+ et les personnes racisées. Ça place ces personnes dans une situation encore plus vulnérable."

      Pour elle, la diversité, l’équité, l’inclusion sont des valeurs au cœur de la santé publique.

      Charles Gaba ne mâche pas ses mots : en procédant de la sorte, l’administration Trump procède à des autodafés comme l’avait fait le régime nazi dans les années 1930. Cette fois, "ce sont des autodafés numériques".

      "Ils effacent ces informations parce qu’ils veulent prendre des décisions en fonction de leurs politiques, plutôt qu’en fonction des données probantes", déplore-t-il.

      Pour Brewster Kahle, il s’agit d’un moment de prise de conscience. "Ce sont dans des moments comme ça que les bibliothèques souffrent. Des livres sont bannis, les subventions pour les bibliothèques et archives sont réduites, on criminalise le travail des bibliothécaires."

      Cette tendance à vouloir effacer le passé numérique se produit partout dans le monde, affirme-t-il. Il dit aussi craindre la perte de plus en plus d’archives lors de catastrophes naturelles, dont le risque est multiplié par les changements climatiques.

      Pour la Dre Rasmussen, archiver toute cette information est sa façon de s’opposer aux décisions de l’administration Trump. "C’est ma façon de résister au fascisme."

      https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2140521/donald-trump-donnees-scientifiques-web

    • Donald Trump’s ‘war on woke’ is fast becoming a war on science. That’s incredibly dangerous

      Contrary to claims by the US president, we have found that diversity initiatives result in better scientists and greater progress.

      Donald Trump’s attacks on diversity, equality and inclusion (DEI) initiatives since his January inauguration have been intense, indiscriminate and escalating. A tragic plane crash was baselessly blamed on DEI. All DEI programmes within public bodies have been ended and private contractors face cancellation if they also don’t comply. Webpages that defend religious diversity in the context of Holocaust remembrance have been taken down.

      Science and academia have been particularly targeted. Universities are threatened with losing federal funding if they support DEI. Government reports and government-funded research are being held back if they include prohibited terms such as “gender”, “pregnant person”, “women”, “elderly”, or “disabled”. Grants funded by the National Institutes of Health are being cancelled if they address diversity, equality or inclusion in any form.

      What is more, this total “war on woke” (more accurately: “fight against fairness”) is happening in the UK as well as the US. Already, British companies and British watchdogs are abandoning their diversity drives. Tory leader Kemi Badenoch has described diversity initiatives as a “poison”.

      These attacks are rooted in wilful distortions of what DEI is all about. There are two big lies that need to be nailed. The first is that diversity and inclusion initiatives compromise the quality of employees by selecting incompetent candidates because of their minority group membership. The second is that DEI is a distraction that holds back success. Let’s consider each in turn, using the field of science itself as an example.

      The notion that DEI involves putting group membership before ability and leads to the appointment of incompetent candidates is a misrepresentation of what DEI initiatives are all about. Scientific ability is not restricted to one sex, ethnicity or religion, or to the able-bodied. Embracing diversity has the simple advantage of widening the pool of talent from which scientists are drawn. DEI initiatives are about ensuring that less competent members of the most privileged groups are not advantaged over more competent members of less privileged groups.

      Bias starts at school, particularly in the physical sciences, where both girls and boys consider these “boy subjects” by the time they are teenagers. Even once you start your academic career, bias affects grant funding decisions and publication rates. Women and minorities face additional barriers to career progression: for instance, both female and ethnic minority scientists receive less credit for their work than male or white scientists respectively. Bias affects whether you feel at home in the scientific workplace. Institutions that tackle the many workplace barriers for women and ethnic minorities (child-unfriendly working hours, tolerance of harassment, culturally insensitive socialisation practices) have higher retention rates among women and minority researchers. Diverse workplaces attract more diverse staff to apply for jobs – creating a positive feedback loop. And we know that scientific research teams and institutions that prioritise diversity perform better.

      As for the second myth that DEI is a barrier to success, diversity actually improves the quality of science. Evidence shows that scientific papers produced by ethnically diverse teams are more impactful than those written by homogeneous teams. Similarly, studies show that diverse teams consider more alternatives and make better decisions.

      Scientists from diverse backgrounds raise new research questions and priorities – especially questions that affect minoritised communities. The lack of women in the higher echelons of biomedical science has led to a comparative lack of research into menstrual and reproductive health problems. The lack of black scientists has led to a neglect of conditions that affect black people such as sickle cell disease. And when it comes to the intersection of “race” and sex, things are even worse. It is only in the last few years that it even became known that black and Asian women are much more likely to die in pregnancy or childbirth than white women.

      Medical sciences and social sciences have long suffered from a lack of diversity in research design, leading to worse medicine because findings do not apply to all populations. For example, clinical trials have tended to test treatments mainly on men and on white people, leading to poorer health outcomes for women or minorities. A diverse group of researchers makes members of minorities more willing to volunteer for trials and helps ensure diverse participant recruitment. This improves scientific validity. It also increases the trust of minorities in the outputs of research (say, the development of new vaccines) and hence the societal impact of the research (say, their willingness to get vaccinated).

      All in all, ensuring diversity and equality and inclusion among scientists makes for better scientists and better science. While our examples are drawn from science, they are true much more broadly. DEI initiatives are about ensuring that we always select the best irrespective of group membership, not about selecting by group membership irrespective of who is best. Science is fundamentally about discovering truth through rigorous, unbiased, transparent inquiry and narrow pools of talent or perspectives make that much harder. Therefore, DEI initiatives are necessary to achieving the core mission of science, not a distraction from it.

      https://www.theguardian.com/commentisfree/2025/mar/26/donald-trump-war-on-woke-science-diversity

  • Pourquoi je n’utilise pas #ChatGPT

    L’année 2025 est déjà particulièrement féconde en nouvelles plus fracassantes les unes que les autres sur les financements, la course aux armements entre la Chine et les USA, le sommet intergalactique sur l’IA à Paris, et les supposés progrès vers l’intelligence des IAs génératives. C’est un sujet courant de conversations dans le contexte privé ou professionnel. En réponse aux personnes qui s’étonnent de ma position résolument anti ChatGPT j’ai fini par construire un #argumentaire que je vais développer ici.

    1. Introduction

    En tant qu’enseignante-chercheuse en informatique, j’ai lu l’article fondateur On the Dangers of Stochastic Parrots : Can Language Models Be Too Big ? (https://dl.acm.org/doi/10.1145/3442188.3445922) en 2021. Tous les #effets_négatifs observés des grands modèles de langage et des IAs génératives sont annoncés dans cet article, comme le dit d’ailleurs l’une des autrices dans un entretien récent. Quand j’ai été confrontée personnellement à des textes rendus par des étudiant·es et écrits par ChatGPT, dès janvier 2023, ma méfiance a priori pour cette branche du numérique a commencé à s’incarner dans l’expérience personnelle. Depuis j’accumule des articles et des prises de position sur ce phénomène, mais je n’ai jamais été tentée d’essayer moi-même. Avant de faire un tour d’horizon des divers #arguments qui m’ont fait refuser absolument l’#usage — et critiquer vertement le développement — des IAs génératives en tout genre, que ce soit dans l’#enseignement_supérieur ou ailleurs, précisons un peu le sujet.

    Dans la suite de ce billet, il sera question très spécifiquement d’IAs génératives (comme ChatGPT). Le #vocabulaire a beaucoup glissé ces derniers temps, mais rappelons que l’IA est une idée très ancienne, et que si on se met à qualifier tout le numérique d’IA, il va devenir difficile de parler précisément des choses. Donc : tout le #numérique n’est pas de l’IA ; parmi tout ce qui relève de l’IA, tout n’est pas de la famille “#apprentissage_machine” ; et finalement parmi la famille “apprentissage machine”, tout n’est pas une IA générative comme ChatGPT et consort. On trouvera un historique de l’IA et les définitions de ces notions dans le numéro de juin 2024 de la revue La vie de la recherche scientifique sur l’IA (https://www.snesup.fr/publications/revues/vrs/intelligence-artificielle-vrs437-juin-2024).

    À quoi sert de refuser d’utiliser ChatGPT ? Je suis parfaitement consciente que ce #refus peut sembler totalement vain, puisque nous sommes tous et toutes entouré·es d’étudiant·es et de collègues qui s’en servent très régulièrement, et que nos gouvernements successifs se ruent sur les promesses d’#automatisation et d’économie de moyens humains envisagées en particulier dans les services publics. Après tout, le #progrès_technologique est inéluctable, n’est-ce pas ? Je n’ai pas la moindre illusion sur ma capacité à changer les pratiques à moi toute seule. J’ai encore moins d’illusions sur une possible influence citoyenne sur le développement de ces outils, par les temps qui courent. Le livre de Yaël Benayoun et Irénée Régnault intitulé Technologie partout, démocratie nulle part est paru fin 2020 (https://fypeditions.com/echnologies-partout-democratie-nulle-part), mais je gage qu’un tome 2 entier pourrait être consacré au déploiement des IA génératives. Pourtant, même et surtout si ce déploiement semble inéluctable, il n’est pas interdit de se demander si les IAs génératives, et leur mise à disposition sous forme de Chatbot, sont une bonne chose dans l’absolu.

    Ce qui suit n’est pas un article de recherche. C’est une prise de position personnelle, émaillée de mes lectures préférées sur le sujet. Cette position est basée sur des préoccupations déjà anciennes à propos des impacts des technologies numériques, renforcées par la fréquentation assidue des domaines des systèmes dits critiques (l’informatique dans les trains, les avions, les centrales nucléaires, …). Dans ces domaines la sécurité et la sûreté priment sur la performance, les durées de vie des systèmes sont plus longues que dans l’informatique grand public, les acteurs sont heureusement frileux vis-à-vis d’évolutions trop rapides. Je ne suis pas chercheuse en IA et ne l’ai jamais été. Je n’ai pas pratiqué de longues expérimentations des outils disponibles, même si j’ai lu attentivement ce qu’en disaient les collègues qui l’ont fait. Mon refus personnel de mettre le doigt dans l’engrenage ChatGPT s’appuie beaucoup sur mes connaissances scientifiques antérieures et ma méfiance envers des systèmes opaques, non déterministes et non testables, mais il est aussi nourri de positions politiques. Si aucune technologie n’est jamais neutre, dans le cas présent la configuration politico-financière extrêmement concentrée dans laquelle se déploient ces outils est particulièrement préoccupante et devrait selon moi conduire à une certaine prise de conscience. Et cela même si l’on est impressionné par les capacités de ces outils, ou tenté par les promesses de gain de temps et d’augmentation de créativité, voire convaincu que le stade de l’’IA générale capable de surpasser l’humain est imminent (et désirable).

    Le tour d’horizon qui suit est uniquement à charge. L’espace médiatique étant saturé de promesses politiques et d’articles dithyrambiques, ce peut être vu comme un petit exercice de rééquilbrage du discours. Je cite un certain nombre de collègues qui font une critique argumentée depuis leur domaine de recherche. Il y en a beaucoup d’autres, dont celles et ceux qui s’expriment dans le numéro de juin 2024 de la revue La vie de la recherche scientifique cité plus haut.
    2. Les impacts socio-environnementaux du numérique sont déjà préoccupants, cela ne va pas s’arranger

    Le déploiement en grand des IAs génératives étant relativement récent, le travail de recherche approfondi et consolidé sur l’estimation précise de leurs impacts environnementaux ne fait que démarrer. Par ailleurs les outils sont particulièrement opaques, ils évoluent très rapidement, et les promesses des vendeurs d’IA n’aident pas à y voir clair. Sans attendre des chiffres consolidés, on peut s’intéresser aux effets locaux prévisibles grâce aux travaux de collectifs comme Le nuage était sous nos pieds ou Tu nube seca mi río ou encore aux collectifs qui ont protesté contre l’installation de datacenters au Chili. Cela permet de rendre plus concrète la matérialité des infrastructures du numérique, et de constater les conflits d’accès locaux sur les ressources en électricité ou en eau. L’épisode IA qu’à algorithmiser le climat du podcast de Mathilde Saliou sur Next est aussi un bon tour d’horizon des impacts environnementaux. Malgré les promesses des grandes entreprises de la Tech d’alimenter leurs infrastructures uniquement avec de l’énergie “verte”, leur récent engouement pour le renouveau du nucléaire laisse penser qu’elles envisagent un avenir où ces énergies seront loin de répondre à leurs besoins. Dans son podcast ‘Tech Won’t Save Us’ Paris Marx a produit un épisode passionnant sur le nucléaire et la tech. Il faut enfin garder en tête que la promesse des grandes entreprises de la tech d’alimenter leurs infrastructures numériques uniquement avec de l’énergie verte, même si elle se réalise, ne les absout nullement de leurs impacts environnementaux. En effet la production d’électricité n’est pas infinie, et celle qu’on consacre aux infrastructures du numérique n’est pas utilisable ailleurs. Si monopoliser les sources d’énergie “verte” pour le numérique oblige d’autres usages à rouvrir ou prolonger des centrales à charbon, alors le numérique est aussi indirectement responsable de leurs émissions.

    Bref, si la trajectoire des impacts environnementaux du numérique était déjà un problème avant l’apparition des IAs génératives, les impacts ont récemment subi un coup d’accélérateur. Ce constat suffirait amplement à remettre en cause sérieusement le déploiement tous azimuts de ces technologies, sauf si l’on croit vraiment que l’IA va sauver le monde, ce qui n’est pas mon cas. C’est un pari risqué que fait pourtant allègrement l’ancien PDG de Google, quand il affirme que les objectifs climatiques étant inatteignables, il faut mettre tous nos moyens sur l’IA en espérant qu’elle résoudra le problème. Il se peut que les projections pharaoniques de ressources nécessaires dans les 10 ans à venir (croissance exponentielle de la demande en électricité et en matériaux) se heurtent rapidement à des limites physiques. Il n’en reste pas moins que de gros dégâts seront déjà irréversibles d’ici-là.

    Au cas où ces impacts environnementaux (qui sont d’ailleurs déjà des impacts socio-environnementaux) ne suffiraient pas à disqualifier le déploiement des grandes IAs génératives, les conditions de travail des humains indispensables au développement de ces outils devrait régler la question. Un article récent aborde cette situation en la qualifiant d’esclavage moderne (The Low-Paid Humans Behind AI’s Smarts Ask Biden to Free Them From ‘Modern Day Slavery’) et le site du projet Diplab d’Antonio Casilli est une mine d’informations sur le sujet, quoi que pas toutes spécifiques aux IAs génératives. Enfin la voracité en données qui fait fi de toute législation ou respect du droit d’auteur apparaît au grand jour dans Meta knew it used pirated books to train AI, authors say. L’excellent 404media titre même OpenAI Furious DeepSeek Might Have Stolen All the Data OpenAI Stole From Us (OpenAI furieux que DeepSeek puisse avoir volé toutes les données que OpenAI nous a voées).
    3. Le contexte politique et économique du déploiement des IAs génératives devrait inciter à la prudence

    Aucune technologie n’est neutre ni inéluctable. Chacune se déploie dans un certain contexte économique et politique qui oriente les choix. Cela a toujours été le cas pour le numérique, depuis le début. L’extrême concentration d’acteurs et de moyens qui préside au déploiement des IAs génératives devrait aider à prendre conscience de cet état de fait. L’annonce récente de 500 milliards de dollars à consacrer au sujet donne la (dé)mesure de la chose. Je ne détaillerai pas les courants politiques et philosophiques qui circulent parmi les promoteurs des IAs. Certains acteurs affirment croire à l’avénement des IAs générales, comme résultat inéluctable de l’accumulation de moyens et de ressources. Que l’on fasse miroiter ces IAs capables de sauver le monde, ou qu’au contraire on annonce l’apocalypse, leur prise de pouvoir et la fin de l’humanité, on participe à détourner l’attention des dégâts déjà bien présents ici et maintenant. Le livre récent Les prophètes de l’IA – Pourquoi la Silicon Valley nous vend l’apocalypsefait le tour de la question efficacement.

    Bien sûr si l’on pose comme hypothèse initiale que le cerveau humain est un ordinateur, alors un très gros ordinateur va sembler très intelligent, et un plus gros ordinateur encore plus intelligent. Mais l’hypothèse initiale n’a pas de sens. Si les IAs génératives conduisent à la fin de l’humanité, ce sera en monopolisant les ressources et en aggravant les problèmes socio-environnementaux, pas en atteignant la superintelligence.
    4. Quid d’une alternative éthique, souveraine, et aux impacts maîtrisés ?

    Quand j’explique les raisons de mon refus total de mettre le doigt dans l’engrenage ChatGPT, on me cite souvent les alternatives éthiques, souveraines, ouvertes, aux impacts environnementaux maîtrisés, respectueuses des droits des auteurs, etc. Je ne remets pas en cause a priori la qualité de ces développements, ni les motivations de leurs auteurs. Simplement il me semble qu’en pariant sur ces alternatives on passe à côté d’un certain nombre de questions.

    Question 1 – effet d’entraînement. Même s’il est effectivement possible de faire des petites IAs éthiques aux impacts moindres, cela participe à l’acceptation générale de toutes les IAs génératives potentielles, dont celles qui ont un impact énorme et sont fort peu éthiques. Que se passera-t-il quand les petites IAs seront rentrées dans les moeurs, qu’on en sera devenus dépendants pour de nombreuses applications, et que les grandes entreprises du numérique lanceront GTP12 grâce aux 500 milliards promis par le gouvernement US ? Les gens resteront-ils bien sagement utilisateurs des petites IAs ? Faut-il se réjouir de l’annonce de l’IA de l’entreprise chinoise DeepSeek qui semble surpasser très nettement celles des entreprises américaines en coût et ressources nécessaires ? Non, bien sûr. Cela marque le début d’une nouvelle course aux armements, l’enclenchement d’un effet rebond massif. C’est un développement extrêmement mal orienté si l’on s’attarde quelques minutes sur le numérique face aux limites planétaires. Il est urgent au contraire de s’intéresser à des trajectoires décroissantes du numérique, et j’espère qu’on en est encore capables.

    Question 2 – est-ce seulement désirable ? Quoi qu’il en soit des impacts, il est de toute façon permis de se demander si les IAs génératives, et leur mise à disposition sous forme de Chatbot, sont une bonne chose dans l’absolu. Il y a des idées qui sont juste de mauvaises idées, même si elles semblent inéluctables. Dans ce cas tous les impacts, même petits, sont déjà du gaspillage.

    5. Quid des usages utiles ?

    Pour le plaisir de l’argumentation, poursuivons en mettant de côté les impacts et en supposant que c’est une bonne idée d’interagir avec des machines via des modèles de langage. Nous sommes soumis en permamence à un discours politique qui vante les gains en efficacité rendus possibles par le déploiement de ces outils. Pourtant dans le cas des services publics, la numérisation à marche forcée a déjà produit de nombreux dégâts avant même l’introduction des IAs génératives, la presse s’en faisant souvent l’écho (comme par exemple ici : « Je n’ai jamais eu le fin mot de l’histoire » : pourquoi la CAF est une boîte noire pour ses allocataires). Il est fort peu probable que l’introduction des IAs génératives améliore quoi que ce soit à une situation où la numérisation s’est accompagnée de désintermédiation totale. Mais passons en revue quelques-une des promesses les plus courantes et leurs effets envisageables.
    5.1 Le fameux “gain de temps” vs les effets d’accélération

    Le domaine du numérique promet des gains de temps depuis plus de 70 ans. Si la promesse avait été suivie d’effet nous devrions, soit avoir réduit le temps de travail à 1h par semaine, soit avoir multiplié la “productivité” par un facteur énorme. Si ce n’est pas le cas, c’est que ce fameux “temps gagné” a immédiatement été rempli par autre chose, pas nécessairement plus intéressant ni surtout plus productif. Allons-nous continuer longtemps à tomber dans ce piège ?

    Prenons l’exemple promu en ce moment dans les administrations : l’usage des IAs génératives pour rédiger des comptes-rendus de réunions, en visio ou pas. Chacun sait que dans un compte-rendu de réunion on va au-delà de la simple transcription mot à mot. Un bon compte-rendu fait preuve de synthèse, on y trouve les points saillants de la réunion, les accords et les désaccords, les décisions actées ou reportées, les promesses de chacun sur le travail à réaliser avant la prochaine réunion sur le même sujet, etc. La capacité des IAs génératives à résumer des textes ou des transcriptions audio est tout à fait incertaine, avec des risques potentiels assez graves. Une expérience détaillée conduit même à conclure que cet outil ne résume pas, il raccourcit, et c’est très différent. En informaticienne je dirais : “pour raccourcir on peut rester au niveau clavier. Pour résumer il faut repasser par le cerveau”. Mais, toujours pour le plaisir de l’argumentation, supposons que la qualité soit au rendez-vous. Serait-ce désirable pour autant ?

    Comme à chaque fois que le numérique est vendu comme moyen de gagner du temps, il faut se demander comment et avec quoi va se remplir le temps ainsi gagné. Dans le cas des comptes-rendus de réunion, voilà un effet tout à fait probable : une accélération du rythme des réunions. En effet, la contrainte d’avoir à rédiger et diffuser un compte-rendu avant d’organiser la réunion suivante ayant disparu, plus aucune limite naturelle ne s’oppose à organiser une autre réunion très rapprochée de la première. Vous me direz que dans ce cas la limite naturelle suivante sera la non ubiquité des participants potentiels. Ce à quoi je répondrai : même pas, puisqu’on nous propose déjà d’envoyer en réunion un avatar qui y jouera notre rôle : Zoom va permettre à un avatar créé par IA de parler pour vous.

    Au cas où cette prévision vous semblerait peu crédible, rappelez-vous comment vous gériez votre temps professionnel il y a 20 ans, avant le déploiement des outils d’emploi du temps en ligne censés nous faire gagner du temps (j’avoue humblement y avoir cru). Quand j’ai pris mon poste de professeure en 2000, mon emploi du temps du semestre tenait sur un bristol glissé dans mon agenda papier format A6, il était parfaitement régulier pendant les 12 semaines d’un semestre. L’agenda ne me servait qu’à noter les déplacements de un à plusieurs jours et les réunions exceptionnelles. Aujourd’hui sans emploi du temps partagé en ligne et synchronisé avec mon téléphone, j’aurais du mal à savoir le matin en me levant où je dois aller dans la journée, pour rencontrer qui, et sur quel sujet. La puissance des outils numériques avec synchronisation quasi-instantanée entre participants pousse à remplir les moindres coins “libres” des journées. Quand il fallait plusieurs jours pour stabiliser un créneau de réunion, c’était nécessairement assez loin dans le futur, le remplissage de l’emploi du temps de chacun n’était pas parfait, et il restait des “trous”. Il n’y a plus de trous. Nous n’avons jamais été aussi conscients de la pression du temps.

    Prenons aussi l’exemple de la gestion des emails, notoirement si envahissants que certaines entreprises et organisations les ont bannis (parfois pour les remplacer par des outils de chat, ce qui ne résoud pas vraiment le problème, mais passons). Les IAs génératives promettent simultanément de (1) générer des emails au ton professionnel à partir d’un prompt donnant quelques idées ; (2) résumer un email trop long en quelques idées importantes. Cela devrait immédiatement apparaître comme menant à une situation totalement absurde où le passage par un texte long est entièrement invisible aux acteurs humains. Pourquoi alors ne pas s’envoyer simplement des emails de 3 lignes ? Le dessinateur Geluck avait décrit le résultat dans un dessin du Chat en 3 cases : a) le Chat dit ” je me suis acheté deux jeux d’échecs électroniques” ; b) Le Chat dit : “je les ai raccordés l’un à l’autre” ; c) Le Chat, en train de faire sa vaisselle dans un évier plein de mousse dit : “et j’ai la paix”. Si la prolifération des emails dans le milieu professionnel est déjà reconnue comme un problème, fluidifier leur usage ne peut que faire sauter les dernières limites naturelles à leur accumulation.

    Pour conclure sur ce point : si la promesse de “gagner du temps” est tentante, s’il peut sembler dans un premier temps que c’est effectivement le cas, il est fort prévisible que le temps gagné sera reperdu dans une accélération de tout le processus qu’on avait cherché à ainsi optimiser. Rendez-vous dans 6 mois ou un an pour voir comment le temps gagné sur les comptes-rendus de réunions et la rédaction des emails s’est rempli.
    5. 2 La créativité à base figée vs la pollution informationnelle

    Un argument qui revient souvent dans le monde universitaire, c’est l’usage de ChatGPT comme “démarreur”, pour donner de premières idées. J’ai personnellement beaucoup de mal à croire que cela produise quoi que ce soit d’un tant soit peu original, je craindrais de plagier sans intention, j’aurais quelque réticence à donner le produit de mes réflexions financées par de l’argent public aux vendeurs d’outils, et je préfère de loin deux heures de remue-méninges avec des collègues ou des étudiants. Mais soit, admettons cet usage. Si on pense les IAs génératives entraînées “une fois pour toutes”, alors on devrait s’inquiéter de voir la créativité future décliner et se désynchroniser des évolutions d’un domaine. Mais si on sait qu’elles évoluent par générations successives re-entraînées sur une base de textes qui augmente, alors il faut se poser la question de la pollution.

    Un aspect très important des IAs génératives qui les distingue d’autres systèmes numériques et d’autres IAs, c’est en effet précisément qu’elles sont génératives. Leurs résultats s’accumulent dans l’espace de l’information en ligne, et constituent une forme de pollution dont il sera très difficile de se débarrasser. Sur ce point j’ai trouvé particulièrement frappante la décision du mainteneur de WordFreq d’arrêter les mises à jour. WordFreq est un outil qui maintient une base de données sur la fréquence des mots dans plusieurs langues, en analysant les textes disponibles en ligne. Le mainteneur a constaté que ces fréquences changent maintenant à un rythme jamais observé auparavant, et accuse les IAs génératives d’avoir irrémédiablement pollué les textes en ligne. Sa conclusion est sans appel : plus personne n’a d’information fiable sur les langues telles qu’elles sont parlées par des êtres humains, après 2021. Les autres exemples de pollution abondent, de l’édition à compte d’auteur (La plateforme de publication en ligne d’Amazon est contrainte de mettre en place une limite de 3 livres par auteur et par jour) au système de publications scientifiques (GPT-fabricated scientific papers on Google Scholar : Key features, spread, and implications for preempting evidence manipulation), en passant par les réseaux sociaux professionnels.

    Le mot slop a été introduit récemment pour décrire cette pollution informationnelle qui s’accumule dans les sources en ligne. Le livre Les IA à l’assaut du cyberespace – Vers un Web synthétique revient sur l’évolution du contenu du web depuis 25 ans, et met en garde contre son artificialisation.

    Comment penser que cette pollution n’aura pas d’impact sur les usages “créatifs” de l’outil, à moyen terme ? Même si les effets à court terme paraissent utiles, à quel avenir contribuons-nous en acceptant une utilisation routinière de ces technologies ?
    5.3 L’automatisation des tâches répétitives vs l’effet coupe rase et la perte de compétences

    Etant enseignante d’informatique, je suis naturellement préoccupée par l’avenir du logiciel si une partie significative est produite par des IAs génératives opaques et non testables, à la fois à cause de la qualité intrinsèque du logiciel produit, et pour ce que cela signifierait dans l’organisation du travail et l’évolution des métiers.

    Un argument qui revient souvent est que les aides à la programmation à base d’IAs génératives sont attrayantes pour maîtriser une grande base de code, naviguer dans des bibliothèques inombrables dont on n’a pas le temps de lire la documentation, produire la partie du code qui a presque toujours la même forme, … Mais si vraiment on se noie dans le code, comme analysé ici, ajouter une couche opaque destinée à en générer encore plus, encore plus vite, est-ce vraiment raisonnable ?

    Si l’on s’intéresse à la construction de ces IA génératives appliquées à la programmation, on se rend compte qu’elles sont comparables aux coupes rases en forêt : il est possible de réaliser de gros profits, une fois, en rasant tout, mais rien ne repoussera jamais. Les outils d’aide à l’écriture de code actuels se sont nourris de toutes les occurrences de code et d’explications produites par des humains et disponibles sur le web. Mais si on croit leurs promesses, ils sont susceptibles de provoquer une réduction drastique des métiers-mêmes qui pourraient produire de nouvelles occurences. Où les futures IAs d’aide à la programmation prendront-elles les exemples à digérer écrits dans le nouveau langage de programmation à la mode ? Dans la production des IAs de la génération précédente entraînée sur un autre langage ? Ce qui vaut pour la programmation vaut pour tous les autres usages qui promettent à une profession de gagner du temps grâce à une IA entraînée sur les productions humaines passées de leur propre métier.

    L’effet coupe rase s’accompagne donc d’une transformation des métiers. On nous explique ainsi que les IAs permettent d’automatiser les tâches répétitives et peuvent déjà remplacer les programmeurs juniors, mais que les programmeurs seniors sont toujours nécessaires. Une première conséquence devrait sauter aux yeux : comme on ne devient pas senior sans être passé par le stade junior, la disparition des juniors devrait logiquement être suivie de la disparition des seniors. A moins de croire que les IAs génératives seront d’ici-là capables d’apprendre toutes seules (mais à partir de quoi ?), cela devrait provoquer une certaine inquiétude.

    On nous explique aussi que les programmeurs seniors restent l’humain dans la boucle. J’ai beaucoup apprécié ce texte d’une traductrice professionnelle qui explique que passer d’une activité de création de texte à une activité de relecture et correction d’un premier jet produit par une IA (non générative ici) modifie le métier et le rend pénible sans vrai gain de temps. Je soupçonne que ces conclusions s’appliquent aussi à la programmation.

    Pour conclure ce paragraphe, parcourons Generative AI : What You Need To Know, un manuel de défense intellectuelle contre les promesses des IAs génératives, par un auteur qui a une longue expérience du métier de développeur web, et qui a d’ailleurs écrit “we’re all-in on deskilling the industry. (…) we’re now shifting towards the model where devs are instead “AI” wranglers. The web dev of the future will be an underpaid generalist who pokes at chatbot output until it runs without error, pokes at a copilot until it generates tests that pass with some coverage, and ships code that nobody understand and can’t be fixed if something goes wrong”.
    6. Conclusion

    Que conclure ? Plus le temps passe, moins je suis tentée d’utiliser ChatGPT ou d’autres outils d’IA générative. Le rythme effréné des annonces et la vision du monde des promoteurs de ces outils m’ont définitivement vaccinée contre le moindre frémissement d’intérêt qui aurait pu subsister. Et je n’ai même pas abordé ici les questions de biais, de sécurité, de protection de la vie privée, … Je lisais récemment CEO of AI Music Company Says People Don’t Like Making Music et comme je suis moi-même incapable de jouer dequelque instrument que ce soit, j’imagine que j’aurais dû être dans la cible de cette entreprise qui prétend “démocratiser” la création musicale. Eh bien non, pas du tout. Dans toute activité créative ce n’est pas le résultat qui compte, c’est le chemin. J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce texte sans aucune “aide” par ChatGPT. Je continuerai comme ça.

    Ah, j’oubliais, si vous êtes tentés d’utiliser ChatGPT comme outil de recherche d’informations, alors même que l’outil n’est vraiment pas fait pour ça et contribue à polluer l’espace informationnel, essayez plutôt eurekoi. C’est plus lent, bien sûr. Mais ça tombe bien, il est urgent de ralentir.

    https://pdimagearchive.org/images/1679dcfd-d3d8-4ecc-a19a-21beced97f05

    https://academia.hypotheses.org/58766
    #AI #IA #intelligence_artificielle #utilisation #enseignement #recherche #ESR

    • L’effet coupe rase s’accompagne donc d’une transformation des métiers. On nous explique ainsi que les IAs permettent d’automatiser les tâches répétitives et peuvent déjà remplacer les programmeurs juniors, mais que les programmeurs seniors sont toujours nécessaires. Une première conséquence devrait sauter aux yeux : comme on ne devient pas senior sans être passé par le stade junior, la disparition des juniors devrait logiquement être suivie de la disparition des seniors. A moins de croire que les IAs génératives seront d’ici-là capables d’apprendre toutes seules (mais à partir de quoi ?), cela devrait provoquer une certaine inquiétude.

      On nous explique aussi que les programmeurs seniors restent l’humain dans la boucle. J’ai beaucoup apprécié ce texte d’une traductrice professionnelle qui explique que passer d’une activité de création de texte à une activité de relecture et correction d’un premier jet produit par une IA (non générative ici) modifie le métier et le rend pénible sans vrai gain de temps. Je soupçonne que ces conclusions s’appliquent aussi à la programmation.

      Je vais parler de ce que je connais :c’était la promesse, il y a encore quelques mois, de remplacer les développeurs, débutants ou pas. Le soufflé est retombé. L’IA générative est probablement une énorme bulle de spéculation. Les gens se sont amusés les premiers mois, maintenant il n’y plus guère que les marketeux pour utiliser ChatGPT pour générer leurs posts Linkedin sans intérêt et des collégien-ne-s/lycéen-ne-s/étudiant-e-s naïfs-ves qui l’utilisent en pensant que ça passera (mais oh surprise, ça ne passe pas, les profs s’en rendent compte), de la même manière que Wikipedia était recopié consciencieusement il y a quelques années encore, et plus loin encore des Universalis ou Larousse... Je suis développeur, et je peux dire que les IA génératives, même spécialisées en code, font encore globalement n’importe quoi. Pourtant on a tou-te-s un abonnement à une IA ici, eh bien ça sert très peu (alors que bon, on pourrait presque se dire : « chouette ça va bosser à ma place sans que personne le voit »). C’est une vague aide à la compréhension, et encore seulement si on a un minimum de compréhension de la logique du code. Je ne dis pas que ça va durer éternellement, peut-être qu’un jour une IA fera tout à notre place, mais ce qui est sûr c’est que ChatGPT n’est pas cette IA là.

    • on a tou-te-s un abonnement à une IA ici

      pas vraiment ; le quota gratuit me suffit largement à me faire aider pour retrouver les bonnes options de ffmpeg ou de rsync une fois par semaine

    • (man ffmpeg consomme bien moins d’énergie et de bébés phoques et n’hallucine pas d’options qui n’existent pas (souvenir de @stephane qui avait partagé une expérience amusante à ce sujet) :-) )

      J’ai tjs des seniors ds mes connaissances, qui m’expliquent que pour rédiger un script dans un langage qu’ils ne connaissent pas, ça leur fait gagner du temps. Ici, on ne l’utilise pas du tout. Même par curiosité. La simple possibilité d’une hallucination ne m’amuse pas, ne me donne pas envie. J’aime résoudre des problèmes, mais pas quand il y a la prétention à m’aider à les résoudre tout en m’en créant d’encore plus vicieux à résoudre.

    • J’ai un abonnement au gaz, à l’élec, au téléphone mobile qui m’a fait couper le fixe, au loyer que c’est deux bras et presque toute la gueule, à l’assurance locative obligatoire, au contrat d’entretien du chauffe-eau exigé par le proprio sous peine de rupture de bail, à une mutuelle de santé hors de prix qui rembourse la naturopathie mieux que la réparation des dents, à tel point que je doit limiter des frais de santé plutôt nécessaires mais généreusement pris en charge à 0%. Je raque une carte annuelle de réduc SNCF, une autre pour des TER, pas que je m’en serve tant mais sans elles, faudrait revenir à l’auto-stop. Et j’achète plus de contrat box.
      Les dépenses incompressibles, y en a nettement trop vu de ma fenêtre qu’elle est riquiqui, alors j’essaie de pas en inventer.
      Dans mon bled capital, j’espère être dispo dès qu’un petit coup de fenwick sera opportun.

    • « L’intelligence artificielle accélère le désastre écologique, renforce les injustices et aggrave la concentration des pouvoirs »
      TRIBUNE
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/06/l-intelligence-artificielle-accelere-le-desastre-ecologique-renforce-les-inj

      Tout concourt à ériger le déploiement massif de l’intelligence artificielle (IA) en priorité politique. Prolongeant les discours qui ont accompagné l’informatisation depuis plus d’un demi-siècle, les promesses abondent pour conférer à l’IA des vertus révolutionnaires et imposer l’idée que, moyennant la prise en compte de certains risques, elle serait nécessairement vecteur de progrès. C’est donc l’ensemble de la société qui est sommée de s’adapter pour se mettre à la page de ce nouveau mot d’ordre industriel et technocratique.

      Partout dans les services publics, l’IA est ainsi conduite à proliférer au prix d’une dépendance technologique accrue. Partout dans les entreprises, les manageurs appellent à recourir à l’IA pour « optimiser » le travail. Partout dans les foyers, au nom de la commodité et d’une course insensée à la productivité, nous sommes poussés à l’adopter.
      Pourtant, sans préjuger de certaines applications spécifiques et de la possibilité qu’elles puissent effectivement répondre à l’intérêt général, comment ignorer que ces innovations ont été rendues possible par une formidable accumulation de données, de capitaux et de ressources sous l’égide des multinationales de la tech et du complexe militaro-industriel ? Que pour être menées à bien, elles requièrent, notamment, de multiplier la puissance des puces graphiques et des centres de données, avec une intensification de l’extraction de matières premières, de l’usage des ressources en eau et en énergie ?

      Des conséquences désastreuses

      Comment ne pas voir qu’en tant que paradigme industriel, l’IA a d’ores et déjà des conséquences désastreuses ? Qu’en pratique, elle se traduit par l’intensification de l’exploitation des travailleurs et travailleuses qui participent au développement et à la maintenance de ses infrastructures, notamment dans les pays du Sud global où elle prolonge des dynamiques néocoloniales ? Qu’en aval, elle est le plus souvent imposée sans réelle prise en compte de ses impacts délétères sur les droits humains et l’exacerbation des discriminations telles que celles fondées sur le genre, la classe ou la race ?

      Que de l’agriculture aux métiers artistiques en passant par bien d’autres secteurs professionnels, elle amplifie le processus de déqualification et de dépossession vis-à-vis de l’outil de travail, tout en renforçant le contrôle managérial ? Que dans l’action publique, elle agit en symbiose avec les politiques d’austérité qui sapent la justice socio-économique ? Que la délégation croissante de fonctions sociales cruciales à des systèmes d’IA, par exemple dans le domaine de la santé ou de l’éducation, risque d’avoir des conséquences anthropologiques, sanitaires et sociales majeures sur lesquelles nous n’avons aujourd’hui aucun recul ?

      Or, au lieu d’affronter ces problèmes, les politiques publiques menées aujourd’hui en France et en Europe semblent essentiellement conçues pour conforter la fuite en avant de l’intelligence artificielle. C’est notamment le cas de l’AI Act adopté par l’Union européenne et présenté comme une réglementation efficace, alors qu’il cherche en réalité à promouvoir un marché en plein essor. Pour justifier cet aveuglement et faire taire les critiques, c’est l’argument de la compétition géopolitique qui est le plus souvent mobilisé.

      Une maîtrise démocratique

      A longueur de rapports, l’IA apparaît ainsi comme le marchepied d’un nouveau cycle d’expansion capitaliste, et l’on propose d’inonder le secteur d’argent public pour permettre à l’Europe de se maintenir dans la course face aux Etats-Unis et à la Chine.

      Ces politiques sont absurdes, puisque tout laisse à penser que le retard de l’Europe dans ce domaine ne pourra pas être rattrapé, et que cette course est donc perdue d’avance.

      Surtout, elles sont dangereuses dans la mesure où, loin de constituer la technologie salvatrice souvent mise en avant, l’IA accélère au contraire le désastre écologique, renforce les injustices et aggrave la concentration des pouvoirs. Elle est de plus en plus ouvertement mise au service de projets autoritaires et impérialistes. Non seulement le paradigme actuel nous enferme dans une course technologique insoutenable, mais il nous empêche aussi d’inventer des politiques émancipatrices en phase avec les enjeux écologiques.

      La prolifération de l’IA a beau être présentée comme inéluctable, nous ne voulons pas nous résigner. Contre la stratégie du fait accompli, contre les multiples impensés qui imposent et légitiment son déploiement, nous exigeons une maîtrise démocratique de cette technologie et une limitation drastique de ses usages, afin de faire primer les droits humains, sociaux et environnementaux.

      Premiers signataires : David Maenda Kithoko, président de Génération Lumière ; Julie Le Mazier, cosecrétaire nationale de l’union syndicale Solidaires ; Julien Lefèvre, membre de Scientifiques en rébellion ; Marc Chénais, directeur de L’Atelier paysan ; Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’homme ; Raquel Radaut, porte-parole de La Quadrature du Net ; Soizic Pénicaud, membre de Féministes contre le cyberharcèlement ; Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU ; Stéphen Kerckhove, directeur général d’Agir pour l’environnement ; Vincent Drezet, porte-parole d’Attac France.

      Organisations signataires :https://www.laquadrature.net/en/hiatus-manifesto

  • The Professors Are the Enemy. Right-wing attacks on academic freedom have real repercussions

    “The professors are the enemy.” So said J.D. Vance, a candidate for the U.S. Senate in Ohio, quoting #Richard_Nixon at last month’s National Conservatism Conference. The irony of this statement, coming from someone who has boasted of his position as scholar in residence at Ohio State University, is indisputable. But it is important to ask why it is that #Vance, and others of his political ilk, appear so viscerally hostile to higher ed. One piece of the explanation comes from another Republican, George W. Bush, who, speaking of a quite different enemy, famously declared, “They hate our freedoms.”

    (#pawall)

    https://www.chronicle.com/article/the-professors-are-the-enemy

    #ESR #attaque #enseignement_supérieur #université #extrême_droite #liberté_académique #USA #Etats-Unis #ennemis #George_Bush #hostilité

  • Parcoursup est devenu une vitrine publicitaire pour le privé pendant que l’enseignement supérieur suffoque
    https://www.nouvelobs.com/opinions/20250118.OBS99142/parcoursup-est-devenu-une-vitrine-publicitaire-pour-le-prive-pendant-que-

    Alors que pas moins de 60 #universités sur 75 pourraient se retrouver en déficit d’ici la fin de l’année prochaine, alors que le coût de la vie étudiante augmente, alors que les budgets de la #recherche stagnent ou diminuent irrésistiblement d’année en année, la casse de l’université publique permet le colossal essor de l’#enseignement_supérieur_privé lucratif. Un roc, un pic, un cap, une péninsule : jamais ce secteur n’a été si proéminent et si bien portant, engloutissant tout sur son passage, y compris les #étudiants les plus #précaires qui oseraient s’y aventurer.

    Dans l’ambiance dynamique et pédante des salons d’orientation pour étudiants, les stands (al) loués aux formations privées (qu’elles paient parfois une petite fortune) fleurissent et se multiplient, se mêlant astucieusement aux formations publiques, en en arborant les mêmes insignes et les mêmes sigles, ne formant qu’un immense essaim d’hypothèses de chemins de vie, dans lequel il est de plus en plus aisé de se faire piquer. Les formations privées les plus obscures dépensent une petite fortune pour être présentes à ces salons, tout comme elles le font sur la plateforme de désorientation et de sélection qu’est #Parcoursup.

    En quatre ans, le nombre de formations privées a doublé, passant de 4 992 formations en 2020 à 9 298 aujourd’hui. Le nombre de formations publiques n’a, quant à lui, augmenté que de 15,3 % au cours de la même période. Entre la surreprésentation aux salons d’orientation et la mise en valeur ostentatoire par Parcoursup, les résultats ne se sont pas fait attendre. Un quart des étudiants est inscrit dans un établissement d’enseignement supérieur privé.
    Rassurons-nous collectivement : les étudiants n’y sont pour rien. C’est, comme toujours, l’Etat qui organise minutieusement et financièrement la casse du public, et l’essor collatéral du privé, en oubliant sur son passage la nécessité de contrôle, l’impératif de pédagogie, la probité, l’intégrité académique, au bénéfice du profit, des grosses entreprises, et de la casse tant attendue de l’université privée [coquille ?] par les libéraux. Parcoursup est devenu une vitrine publicitaire pour le privé, prospérant sur fond de laisser-faire et d’absence de contrôle gouvernemental.

  • Essor de l’#enseignement_privé, asphyxie des #universités : l’Etat joue contre son camp

    Mathis d’Aquino, doctorant à Sciences Po Bordeaux, estime que les pouvoirs publics doivent cesser de financer l’offre d’enseignement supérieur privée et de placer les universités dans une situation financière intenable.

    La chronique de fin d’année 2024 sur les aides à l’embauche d’apprentis1 soulève des interrogations quant au financement de l’enseignement supérieur privé. Depuis la réforme de 2018 sur l’#apprentissage, le secteur privé lucratif du supérieur connaît une croissance exponentielle, portée par la création massive de #centres_de_formation_d’apprentis (#CFA), captant les fonds publics de l’apprentissage.

    Soutenues par un cadre législatif aussi libéral qu’obsolète, ces écoles jouissent d’une agilité déconcertante, là où les #universités_publiques subissent une #rigidité_structurelle. Le privé se déploie très vite, sur des niches sectorielles qui s’étendent du design jusqu’au droit.

    Mais ce « succès » repose sur une demande artificielle créée par des dispositifs marchands, et sur un soutien de l’État dont il est difficile de comprendre les justifications.

    Les #écoles_privées s’insèrent en effet dans un maquis informationnel, où l’#opacité devient une stratégie. La recherche empirique que j’ai menée à Bordeaux entre 2023 et 2024 révèle que familles et étudiants peinent à distinguer les degrés de reconnaissance d’une formation.

    Certaines écoles vendent comme « #diplôme_d’Etat » de simples titres #RNCP [#Répertoire_national_des_certifications_professionnelles, NDLR.], alors que ces derniers ne sont qu’une #certification par le ministère du Travail de l’adéquation entre la #formation et les #besoins_économiques à un instant T, sans contrôle de la qualité des enseignements délivrés.

    De même, les établissements privés jouent du halo terminologique qui entoure les noms des diplômes, comme « Bachelor » (terme non réglementé) ou « Mastère », jouant clairement sur l’ambiguïté avec le « Master » délivré par les universités publiques et reconnu, lui, par l’État. Malheureusement pour les étudiants qui peinent – légitimement – à s’y retrouver, un petit « e » en plus, ce sont de grandes opportunités en moins.

    Au-delà de cette #confusion délibérément entretenue, les stratégies de captation versent parfois dans la #publicité_mensongère. En 2023, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a mis en lumière l’usage illégal de mentions telles que « #licence » ou « #master », facilement observable dans les #salons_d’orientation et sur Internet.

    Ces salons eux-mêmes, prétendument conçus pour éclairer les familles, deviennent des vitrines biaisées où les écoles lucratives sont surreprésentées. Ils sont devenus un véritable maquis d’où les familles ressortent désorientées, ce qui est un comble.

    Discours trompeurs

    Il est d’autant plus difficile de s’y retrouver que les établissements privés développent un discours transformant leurs vices en vertus. L’absence d’un corps professoral permanent, remplacé par des intervenants qui font quelques tours et puis s’en vont, est ainsi valorisée comme une marque de #professionnalisation, masquant en réalité une incapacité à recruter et maintenir des enseignants qualifiés.

    Plus généralement, les écoles privées s’approprient le discours dominant sur « l’#employabilité » (relayé par les pouvoirs publics) en proposant des formations en #alternance rendues « gratuites » grâce aux #aides_publiques. Dans un contexte de réduction des aides à l’embauche d’apprentis, la contraction des offres de contrat d’apprentissage va rendre cette promesse de « gratuité » plus difficile à tenir, exigeant des étudiants et de leurs familles qu’ils redoublent de vigilance.

    De la même façon, l’argument du recrutement « hors #Parcoursup » masque leur incapacité à répondre aux critères de la plate-forme d’accès à l’enseignement supérieur, tout en jouant sur les peurs et imaginaires des étudiants. Mais aujourd’hui ces établissements créent des alternatives telles que #ParcoursPrivé, revendiquant un rôle d’#anti-Parcoursup, tout en mimant son modèle.

    Dépendance aux #subventions_publiques

    Dernier ingrédient pour assurer au privé un avenir radieux : l’injection de #subventions. La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » de 2018 a conduit à une explosion du supérieur lucratif, en faisant sauter toutes les barrières à l’entrée dans la création d’une école, et en finançant le secteur privé via l’apprentissage.

    Ces écoles, qui derrière des noms rutilants sont souvent des Centres de Formation d’Apprentis (CFA), ne pourraient survivre sans ces aides publiques, qu’elles défendent naturellement avec une ardeur révélatrice. La « réussite » actuelle de la politique d’apprentissage ne dépend que des financements à guichet ouvert, alimentant des profits privés, à l’heure où les #universités sont, elles, assoiffées (d’aucuns diront volontairement ?).

    Une des solutions récemment avancées par les pouvoirs publics était de créer un #label attestant de la qualité des formations. Mais on ne dénombre déjà pas moins d’une trentaine de labels dans le supérieur ! Ce chaos normatif reporte sur les familles la responsabilité du tri, alors qu’elles sont déjà perdues dans cet univers saturé de certifications. L’État a la responsabilité de faire le ménage, y compris au sein des gros groupes (chez qui pantouflent par ailleurs certains architectes de la loi de 2018).

    Ce nettoyage est d’autant plus important qu’en parallèle, les universités publiques, en sous-financement chronique, envisagent de fermer des formations et des campus. Cette #asphyxie_budgétaire accélère la privatisation du supérieur et place l’État dans une position intenable de grand financier du privé et de grand désengagé du public.

    La privatisation de l’#enseignement_supérieur pose de graves questions de #démocratie, de contrôle et de qualité. Par son financement aveugle et sa passivité réglementaire, l’État soutient sur fonds publics un système qui finance des profits privés.

    À l’heure où les universités luttent pour leur survie, il est urgent que l’État reprenne la main : en régulant fermement, en surveillant les pratiques abusives et en soutenant et valorisant ses établissements publics, où la qualité de la formation et de la recherche est assurée.

    L’État doit défendre ses propres établissements, réguler le secteur privé bien au-delà de la simple apposition d’un label, et ne pas faire reposer sur des familles endettées, déçues et désemparées, la #responsabilité de choisir l’incertain.

    https://www.alternatives-economiques.fr/essor-prive-asphyxie-universites-letat-a-contre-emploi-lens/00113661
    #privatisation #ESR #enseignement_supérieur #France #financement #facs #université #régulation

  • L’enseignement supérieur au temps de l’IA...

    J’ai vécu mes premières soutenances « #IA_générative » cette année, c’était une expérience très perturbante. J’en parlerai plus en détail à l’occasion (parce que là : dodo), mais c’était totalement dingue.

    Or donc : dans une UE de master 2, nous demandons aux étudiant.e.s de lire un article scientifique (à choisir dans une liste constituée par nous, les enseignant.e.s).

    Iels doivent le comprendre, et ensuite nous restituer cela sous forme d’une présentation de 10 minutes où iels nous expliquent la problématique abordée, son contexte, l’état de l’art, la méthode proposée, la nature de l’évaluation des résultats, etc.

    Ils ont plusieurs semaines pour faire ça (genre au moins deux mois...)

    Evidemment, il y a toujours de supers étudiant.e.s qui ont tout pigé, sont super clair.e.s, répondent à nos question, et on est content.e.s... et des glandu.e.s qui n’ont pas fichu grand chose, qui ont une compréhension vague et superficielle de l’article, et finissent avec une pas très bonne note, bref, la vie d’enseignant.e.

    J’étais dans l’un des jurys qui a fait passer ces soutenances hier, et on a eu pour la première fois des présentations « systèmes d’IA génératifs » :

    Premier cas : la présentation n’est constitué que de gros blocs de texte (genre 10 lignes par diapo), que l’étudiant.e annone sans même regarder le jury.

    Pendant 10 minutes.

    Aucune illustration issue de l’article (ni de l’architecture du système proposé, du dispositif robotique expérimental utilisé pour les tests, ni des graphes et figures de résultats : rien), juste du texte.

    Et pas n’importe quel texte : juste un résumé très vague, disant à peine plus que le résumé des auteurs en début d’article.

    Le collègue et moi on a passé un très mauvais moment, c’était atroce d’assister à ça.

    Mon hypothèse : la personne n’a pas lu l’article, à demandé à ChatGPT de le résumer en deux pages et a ensuite copié-collé le résultat sur 10 diapos.

    Seule certitude après les questions : cette personne n’avait rien compris du papier.

    Deuxième exemple, et pire truc que j’aie jamais vu dans un tel examen : la présentation IA générative totale !

    Les diapos ont été générées par Gamma, aucun doute là dessus : c’était écrit dans un coin des slides.

    Je vous laisse visiter le site web qui correspond : https://gamma.app/fr

    En gros, vous fournissez du contenu, un système d’IA à la con vous génère des diapos.

    Le rêve humide de tout le middle-management linkedinien.

    Sauf que le contenu fourni devait aussi sortir de plusieurs systèmes d’IA générative :
    Un texte confus, vague, avec les bon mots-clefs mais un peu dans le désordre. Aucune équation, aucun algorithme, juste des fancy bullet points.
    Et des images, des putains d’images, sur chaque putain de diapos. De ces images atroces générées par des systèmes d’IA, avec ce style dégueulasse qu’on reconnait à 100 m.

    Un article scientifique en Intelligence Artificielle, pour celleux d’entre-vous qui n’en sont pas familier, ça regorge de contenu graphique : description du système avec des boîtes et des flèches, algorithme en pseudo-code, courbes de résultats...

    Bref, dans l’exercice dont je vous parle ce soir, il va de soi que ce contenu va être copié et intégré à la présentation, pour appuyer les explications.

    Là non : plein d’images, aucune issue de l’article.

    Et puis des diagrammes à la con, du genre un de ces trucs qui de loin ressemble à 4 axes avec éléments positionnés de manière qualitative, du genre le mème classique ci-dessous.

    Sauf que là les noms des axes ont un vague rapport avec l’article, et les items disposés sont des mots-clefs de l’article, mais qui n’ont aucun rapport avec les axes. Du pur charabia graphique qui sent son IA générative à plein nez.

    Et puis la personne qui parle, en mode linkedin x ChatGPT : les mots sont là, mais pas vraiment dans l’ordre. C’est vraiment comme quand tu demandes à ChatGPT de parler d’un sujet technique que tu connais bien : ça semble, superficiellement, parler du truc, mais rien n’est vraiment vrai, rien n’est clair, des truc à moitiés faux... à croire qu’on nous a envoyé non pas un humain, mais un androïde connecté à internet.

    J’oublie de préciser : sur l’unique diapo qui présente les résultats de l’article, il y a des bullet points (pas clairs, et mentionnant des chiffres dont je ne suis même pas sûr qu’ils soient dans l’article) et...

    ...

    une image générée par une IA représentant un graphe scientifique générique. Je vous le reproduis ci-dessous tellement j’ai halluciné.

    Il y a 10 figures de vrais résultats scientifique dans l’article, mais l’étudiant.e nous colle une fausse figure scientifique.

    Pour... Pour montrer à des scientifiques (nous, dans le jury) à quoi ressemble un graphe scientifique en général ?

    A quoi ça rime ?

    (à rien)

    Démonstration finale qu’on avait bien affaire à un LLM incarné et pas à un humain : doutant sérieusement de la compréhension du papier, et après quelques questions sans réponse, ou avec réponse fausse, je demande : « c’est quoi la fonction schmürz* ? »

    Le schmürz en question, c’est un truc hyper classique, utilisé dans l’article et que l’étudiant.e a mentionné plusieurs fois pendant la présentation confuse qui avait précédé les questions.

    * : cette fonction a demandé à garder l’anonymat

    Là, au lieu de dire juste « je sais pas », l’étudiant.e prend une craie se tourne vers le tableau et écrit « schmürz = » et s’arrête là.

    Comme si écrire ces deux mots allait nécessairement permettre de prédire le prochain item le plus probable et donc de finir l’explication...

    Ces deux spécimens se sont retrouvés dans une série de 4 soutenance vraiment pas terribles, à la pause qui a suivie, mon collègue et moi nous sommes demandés ce qui se passait, si s’en était fini de l’enseignement supérieur, si par hasard c’était pas une caméra cachée... on n’avait jamais vécu un truc pareil.

    https://mastodon.zaclys.com/@LegalizeBrain/113800866669708129

    #IA #AI #intelligence_artificielle #enseignement #université #fac #ESR #mémoires #chatGPT
    #horreur #peur

  • « La fermeture progressive de l’école de psychomotricité de Sorbonne Université n’a pas soulevé la moindre réaction officielle »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/01/07/la-fermeture-progressive-de-l-ecole-de-psychomotricite-de-sorbonne-universit

    Le métier de psychomotricienne et psychomotricien, souvent méconnu du public, est essentiel, au cœur des soins de prévention, d’éducation, de réadaptation et palliatifs. De la petite enfance à la personne âgée, en passant par les adultes en situation de handicap et la psychiatrie, le psychomotricien intervient dans le cadre de handicaps moteurs, sensoriels et cognitifs.

    Pratiquée dans le secteur hospitalier, en libéral et en milieu associatif, la #psychomotricité prend une place croissante dans le parcours des patients en France, d’autant plus dans le contexte d’une augmentation des maladies chroniques, des troubles du développement précoce chez l’enfant et des maladies neurocognitives chez nos aînés. En France, plus de 14 000 psychomotriciens sont en exercice (données au 1er janvier 2022), et il existe 20 instituts de formation en psychomotricité (IFP), dont 6 universitaires.
    Celui de Sorbonne Université est le plus ancien et le plus important, accueillant chaque année plus de 150 étudiants pour une formation professionnalisante de trois ans. En raison de circonstances historiques défavorables, cette formation intégrée à l’université, mais relevant du ministère de la santé, est privée de tout financement depuis plus de dix ans. Seule la région Ile-de-France, se substituant partiellement à l’Etat, a attribué à Sorbonne Université une subvention annuelle couvrant un quart des dépenses indispensables.

    Un investissement national essentiel

    Face aux #restrictions_budgétaires croissantes auxquelles doivent faire face les #universités françaises, notamment du fait de l’absence de compensation des mesures décidées par l’Etat, des coûts énergétiques et des conséquences de l’inflation, la situation n’est plus tenable. Sorbonne Université n’a plus la capacité de subventionner sur ses fonds propres cette formation aux dépens des autres. Consciente de l’impact négatif de cette mesure sur la formation des futurs professionnels et sur l’accès aux soins, elle a dû, à regret, annoncer la fermeture progressive de son école de psychomotricité. Cela n’a pas soulevé la moindre réaction officielle, alors même que l’émoi chez les professionnels, les étudiants et les patients est considérable. Comment en est-on arrivé là ?

    Les priorités politiques en matière d’enseignement supérieur et de recherche ont toujours privilégié les #grandes_écoles, des résultats visés à court terme et les enjeux économiques immédiats, au détriment d’un soutien équitable et durable de la mission scientifique, sociétale et humaine des universités. Nous savons également que la #santé a toujours été considérée comme un secteur qui « coûte et ne rapporte pas », alors même qu’il est vital au sens littéral du terme pour les patients et que des économistes considèrent qu’il s’agit d’un investissement national essentiel.

    Ne pas investir maintenant, c’est la garantie d’avoir des coûts plus élevés demain. La situation est d’autant plus inacceptable que cette anomalie administrative qui perdure vient s’ajouter au financement de l’ouverture de nouvelles écoles ou de places supplémentaires dans d’autres établissements, créant un sentiment d’injustice profond. Nous ne comptons plus les alertes adressées aux ministres et conseillers restées lettre morte.

    L’avenir compromis de notre système de soins

    Il est paradoxal de constater que nos deux ministères (santé et enseignement supérieur) ont mis en place une commission chargée d’étudier l’intégration universitaire des formations paramédicales en s’appuyant sur notre évaluation précise du coût d’un étudiant en psychomotricité ! On finit par se demander si ce défaut de financement public subi ne conduit pas, volontairement ou non, à favoriser les formations paramédicales privées.

    Leurs coûts annuels élevés (de 8 000 à 10 000 euros par an) contraignent les étudiants à s’endetter, les éloignant de fait d’un exercice professionnel à l’hôpital public, alors même que la qualité de la formation privée n’est pas toujours au rendez-vous – comme l’attestent certaines fermetures récentes décidées par l’agence régionale de santé, notamment en Ile-de-France. Les patients peuvent légitimement s’interroger en se remémorant le récent Ségur de la santé dont on leur a tant vanté les effets attendus. C’est oublier les angles morts de cette feuille de route, qui a négligé les enjeux fondamentaux de la formation et de la recherche en santé, compromettant ainsi l’avenir de notre système de soins.

    La situation politique instable actuelle et l’endettement de la France n’aident pas à prendre les bonnes décisions, au moment où la plupart des universités annoncent un déficit budgétaire sans précédent. La fermeture progressive contrainte de l’institut de formation en psychomotricité de Sorbonne Université illustre ce qui risque de survenir pour d’autres formations dans de nombreuses universités.
    Priver l’université des financements nécessaires, c’est détériorer la formation des générations futures et notre capacité d’innovation, c’est hypothéquer l’avenir. Priver les facultés de santé des financements nécessaires à la formation des soignants, c’est aggraver les difficultés d’#accès_aux_soins déjà fortement présentes en France, et appauvrir le travail pluridisciplinaire nécessaire à une offre de #soins compétente, individualisée et empathique. Face à ce fiasco annoncé, une réaction salvatrice des pouvoirs publics s’impose !

    Bruno Riou (doyen de la faculté de santé, Sorbonne Université) et Nathalie Drach-Temam (présidente de Sorbonne Université)

    #enseignement_supérieur_privé

  • Enseignements des confins : L’atelier éclaté (3/3) - imago mundi
    https://www.imagomundi.fr/article100.html

    Printemps 2020, la pandémie de Covid-19 entraine la fermeture brutale de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon. Une partie des étudiant·es de l’atelier de Design d’espace ont choisit de retourner dans leur famille pour y vivre le confinement. À travers des enseignements qui mettent en lien l’espace, le corps, et, ici, la cartographie, comment recréer un espace de travail commun ?
    par Sonja Dicquemare
    #cartographie #enseignement #pandémie #Beaux-Arts

  • Enseignements des confins : Petite danse des points de vue multiples (2/3) - imago mundi
    https://www.imagomundi.fr/article99.html


    Pendant la pandémie de Covid-19, avec mes étudiant·es de l’atelier de Design d’espace de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon, nous avons pratiqué de nouvelles façons de faire cours, par la notation, la danse et la cartographie. Petite leçon de danse à distance.
    par Sonja Dicquemare
    #chorégraphie #cartographie #enseignement #pandémie #Beaux-Arts

  • imago mundi
    https://www.imagomundi.fr/article98.html


    En 2020, pendant le confinement imposé par la pandémie de Covid-19, avec mes étudiant·es de l’atelier de Design d’espace de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon, j’ai cherché à refonder un espace commun de travail, à travers notation, danse et cartographie plutôt que mails et visioconférences. Cette situation qui s’éternisait a ainsi été l’occasion d’explorer nos confins quotidiens. Voici, repris tels quels, des extraits de mes cours, auxquels j’ai donné la forme de carnets de bord partagés.
    par Sonja Dicquemare
    #chorégraphie #cartographie #enseignement #pandémie #Beaux-Arts

  • Le #doctorat, une période propice aux #violences_sexistes_et_sexuelles selon un #rapport
    https://radioparleur.net/2024/12/20/le-doctorat-une-periode-propice-aux-violences-sexistes-et-sexuelles-se

    Il faut le crier haut et fort, les violences sexistes et sexuelles sont présentes dans tous les milieux. Elles ne sont pas exemptes du milieu doctoral, comme le montre une #enquête de l’Observatoire des Violences Sexistes et Sexuelles dans l’Enseignement Supérieur publiée le 16 décembre 2024. Une enquête sur les violences sexistes et sexuelles […] L’article Le doctorat, une période propice aux violences sexistes et sexuelles selon un rapport est apparu en premier sur Radio Parleur.

    #Au_fil_des_luttes #Carousel_1 #L'actu_des_luttes #enseignement_supérieur #Féminisme #harcèlement #recherche #université