• #Sénégal : à la rencontre de #pêcheurs désespérés de plus en plus tentés par la migration illégale

    Un rapport de l’Environmental Justice Foundation (EJF) rappelle qu’au Sénégal, la #surpêche ainsi que la #pêche_illégale provoquent une forte diminution des quantités de poissons dans l’eau. Les pêcheurs, qui ont donc moins de #travail, sont de plus en plus tentés par l’immigration irrégulière vers l’archipel espagnol des #Canaries. Témoignages.

    Sur le quai de #Ngor, en ce début d’après-midi, Moustapha Mbengue, pêcheur de 56 ans, ne cache pas sa colère. « Les jeunes sont découragés ! Tu vois les #pirogues là, elles sont toutes là. Il n’y en a qu’une qui est partie », souffle-t-il.

    Celle qui est partie rentre quasiment sans poisson. La faute, selon Moustapha, aux navires étrangers, principalement chinois et européens, qui viennent pêcher dans les eaux sénégalaises.

    « Dans les années 1970-1980, il y avait beaucoup de #poissons. Mais depuis que ces bateaux sont arrivés ici, il n’y a plus rien du tout, ils ont tout cassé. Parce que les gros bateaux qui sont là, ils ramassent tous les poissons. Si tu pars travailler en mer, tu dépenses 20 000 francs CFA [environ 30 euros, ndlr] et tu ne gagnes même pas 5 000 francs CFA [environ 7 euros, ndlr], c’est catastrophique ».

    Résultat : faute de pouvoir vivre de la pêche, certains Sénégalais préfèrent tenter leur chance ailleurs, en prenant une pirogue vers l’archipel espagnol des Canaries. C’est ce que rappelle l’Environmental Justice Foundation (EJF) dans un rapport publié mardi 13 mai intitulé « ’La mer a été vendue’ : la crise de la pêche au Sénégal entraîne une migration forcée vers l’Europe ».

    Rencontré sur une autre plage, au nord de Dakar, Faroua a déjà tenté deux fois de rejoindre l’Europe par la mer. Malgré les risques, ce pêcheur de 32 ans estime ne pas avoir le choix. « Ça nous inquiète, mais on part comme ça. Si on est morts, on est morts. Si on vit, on vit. C’est à gagner ou à perdre. Parce qu’au Sénégal, même si tu travailles, tu ne gagnes pas bien ta vie. C’est pour cela qu’on tente d’aller en Europe : pour gagner notre vie. »

    Selon l’ONG espagnole Caminando fronteras, au moins 9 757 personnes sont mortes en voulant gagner les îles Canaries par l’océan Atlantique l’année dernière.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64523/senegal--a-la-rencontre-de-pecheurs-desesperes-de-plus-en-plus-tentes-
    #route_atlantique #migrations #émigration #réfugiés #mort #vie #îles_Canaries
    ping @6donie

    • « La mer a été vendue » : la crise de la pêche au Sénégal entraîne une #migration_forcée vers l’Europe


      https://www.youtube.com/watch?v=TPJZocqsp-s

      Un nouveau rapport (https://ejfoundation.org/reports/the-deadly-route-to-europe) ainsi qu’un film de l’#Environmental_Justice_Foundation (EJF) révèlent les impacts directs et profonds de la surpêche et de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) sur le secteur de la pêche au Sénégal. Le déclin des populations de poissons qui en résulte entraîne une augmentation des migrations forcées vers l’Europe par la plus meurtrière des routes migratoires de la planète, qui a fait plus de 3 000 morts rien qu’en 2023.

      Se basant sur des recherches approfondies et des entretiens menés par EJF au Sénégal ainsi qu’aux îles Canaries, l’enquête met en lumière les impacts environnementaux et socio-économiques croissants de l’augmentation de la pêche industrielle par les flottes étrangères. Ce rapport met en lumière les défis auxquels une nation dont l’économie et la sécurité alimentaire dépendent de la pêche artisanale, déclare EJF.

      Le secteur de la pêche au Sénégal emploie environ 3 % de la main-d’œuvre du pays et constitue une source essentielle de protéines (7,9 % de l’apport total de la population). Les pêcheurs artisanaux sont confrontés à des menaces croissantes, en particulier des méthodes de pêche destructrices telles que le chalutage de fond. La situation s’est gravement détériorée en raison de la surpêche et de la pêche illégale perpétrées par les flottes industrielles européennes et chinoises. Ces flottes, qui opèrent souvent dans le cadre d’accords de coentreprise opaques, épuisent les populations de poissons et contribuent à l’insécurité alimentaire.

      Le poisson capturé par les flottes industrielles est essentiellement exporté vers les marchés étrangers, principalement l’Union européenne, mais aussi de plus en plus vers la Chine. Cette situation a gravement affecté les moyens de subsistance des communautés côtières et contribué à l’augmentation de la pauvreté, faisant de la migration une des seules solutions de survie pour de nombreuses familles.

      En 2024, 63 970 personnes en migration sont entrées en Espagne de manière irrégulière, soit plus du double du chiffre de 2022. Une grande partie d’entre elles ont atteint les îles Canaries, où cette proportion a augmenté de 200 % entre 2022 et 2024.

      Steve Trent, PDG et fondateur de l’Environmental Justice Foundation, a déclaré : « Ce secteur essentiel, qui constitue l’épine dorsale socio-économique des communautés côtières du Sénégal, est en crise. Les petits pêcheurs sont confrontés à la concurrence écrasante des navires industriels, ce qui entraîne une détérioration des conditions de vie, une diminution de la sécurité alimentaire et la perte des moyens de subsistance. Les conséquences sont considérables et contribuent à l’augmentation alarmante du nombre de décès de personnes migrantes en mer. Les autorités européennes peuvent et doivent mettre fin à cette situation dès maintenant et rendre les pêcheries sénégalaises au peuple sénégalais. »

      Le film d’EJF retrace l’histoire d’un jeune pêcheur sénégalais contraint d’entreprendre le périlleux voyage vers Tenerife et de son père, resté de l’autre côté de l’Atlantique, dans leur communauté de pêcheurs. Derrière chaque vie perdue en mer lors de ce voyage se cache une histoire semblable à celle d’Abdou. Dans le film, il raconte : « Certaines personnes avaient le même rêve et le même but que moi, mais elles ne sont jamais arrivées. »

      Alors que les conditions au Sénégal continuent de se détériorer et que les emplois sur lesquels les gens comptent depuis des générations disparaissent de façon alarmante, on s’attend à ce que de plus en plus de Sénégalais risquent ce dangereux voyage à la recherche de meilleures opportunités.

      Karim Sall, président d’AGIRE, une organisation sénégalaise opérant dans l’aire marine protégée de Joal-Fadiouth, a déclaré : « Je suis très en colère lorsque [les pays étrangers] se plaignent de l’immigration, car ce sont eux les vrais pirates, ce qu’ils ont fait est pire que l’immigration clandestine. Nous risquons notre vie pour partir, mais eux ils viennent ici pour voler notre poisson. C’est du vol. Ils pillent nos ressources pour nourrir leurs propres habitants pendant que nous souffrons. »

      Le rapport présente des recommandations clés pour mettre fin à la crise de la pêche au Sénégal et réduire la nécessité d’émigrer. Ces recommandations s’adressent au gouvernement sénégalais, à l’Union européenne ainsi qu’aux entités de pêche industrielle opérant dans les eaux sénégalaises, en les exhortant à renforcer la gouvernance et la transparence afin de soutenir les pêcheries nationales et les communautés qui en dépendent.

      https://ejfoundation.org/news-media/la-mer-a-%C3%A9t%C3%A9-vendue-la-crise-de-la-p%C3%AAche-au-s%C3%A9n%C3
      #film #vidéo