• « On accorde trop d’attention au climat par rapport aux autres questions environnementales »
    http://www.reporterre.net/On-accorde-trop-d-attention-au-climat-par-rapport-aux-autres-questions

    Pourtant, si on perd la bataille du #climat, ne perd-t-on pas toutes les autres batailles environnementales ?

    La focalisation extrême sur le changement climatique a conduit à considérer qu’il était la cause des autres problèmes #environnementaux – érosion de la #biodiversité, désertification, sécheresse accrue, accès à l’#eau, etc. – alors qu’en fait, il en est la conséquence. Par exemple, l’une des contributions majeures aux émissions de gaz à effet de serre, c’est la déforestation, à hauteur d’environ 25 %. L’une des mesures les moins chères à prendre en matière de lutte contre le changement climatique serait de la stopper. Il faut commencer par là.

    Comment expliquer cette focalisation en France des politiques environnementales sur le climat ?

    C’est un sujet que je n’ai volontairement pas abordé parce que c’est une recherche en soi. J’ai donc des hypothèses. Un, la France est un pays d’ingénieurs et de juristes, et par exemple, les #ingénieurs des Ponts-et-Chaussées sont très à l’aise avec ça. Le changement climatique renvoie en gros à cinq ou six gaz qui ont chacun une unité de conversion en équivalent CO2. C’est très facile de raisonner avec ça pour un ingénieur.

    Deuxièmement, cette affaire de climat ne remet pas fondamentalement en cause le système capitaliste. On peut en faire un marché. Vous pouvez développer des techniques anti-CO2, vous pouvez développer le marché des énergies renouvelables, et en fait quand vous regardez qui est sur ce marché en France, ce sont soit d’anciens promoteurs immobiliers reconvertis, soit des énergéticiens comme Total ou EDF, parce qu’il y a de très gros marchés. Quand vous arrivez sur des sujets comme le paysage, la biodiversité, cela devient beaucoup plus difficile à appréhender pour les fonctionnaires et les ingénieurs. Vous avez moins de critères quantitatifs, vous avez une opposition beaucoup plus forte à donner une valeur au vivant.

    • pas convaincu par l’entretien mais ça a le mérite de reposer une question que posait Deun il y a quelques années

      Il semble qu’une mystérieuse force ait distingué le taux de CO2 comme l’étalon quantitatif unique de tous les dégâts environnementaux, et qui va servir à leur représentation comme à leur gestion.
      Enfin cette force est-elle vraiment si mystérieuse que ça ? Est-ce si étonnant si malgré la diversité qualitative des problèmes, on s’oriente vers une formulation la plus simple possible permettant de ramener ces problèmes à un paramètre quantitatif et unique ?

      http://decinfo.apinc.org/phpBB2/viewtopic.php?p=52089&sid=e0b7b4f56da4580911214ed93382dc5a#52089

    • http://www.fredericdenhez.fr/co2/co2.html

      Lire ce texte vous prendra environ deux minutes, soit une quarantaine de grammes de carbone. Ce n’est pas bien. L’imprimer pour le relire serait pire, car alors vous tireriez scandaleusement sur le réseau électrique. Aujourd’hui, le carbone juge notre vie. Nos gestes, nos achats, nos décisions. Son « bilan » est une radiographie très précise d’un système, d’une entreprise, d’un service public, d’un secteur économique, d’un quartier, d’une pomme… de vous. Voir le carbone, c’est observer le fonctionnement de notre société, ce qui s’échange, ce qui est perdu, ce qui arrive, est stocké, repart, ce qui est essentiel et superflu. Tout peut être traduit en carbone, c’est une question de facteurs d’équivalence. Le carbone est roi. Il est le juge suprême. L’évoquer, c’est parler de tout, de tous les problèmes d’environnement, de la société, mais c’est surtout ne rien faire.
      Nous voilà donc maintenant avec un indicateur quasiment unique, technique, désincarné, autoritaire, dérangeant, abstrait, partiel. Est-il au moins utile ? Nous permet-il de réduire nos émissions de gaz à effet de serre ? La réponse est non. Le bénéfice des petits gestes est annulé par l’effet rebond qui compense l’efficacité énergétique, le « carbone gris » présent dans les importations (NDLR : autrement dit le carbone émis par la fabrication et le transport des produits étrangers que nous consommons), la tertiarisation de notre économie, la désindustrialisation-délocalisation de notre pays.