• Grèce : Tsípras a-t-il vraiment capitulé ? - Libération
    http://www.liberation.fr/monde/2015/07/10/grece-tsipras-a-t-il-vraiment-capitule_1345701

    « Capitulation », « reddition »… : ce vendredi matin, le concert triomphaliste de tous ceux qui, avec une jubilation parfois suspecte, commentaient les dernières propositions grecques du Premier ministre Aléxis Tsípras, faisait parfois penser au fameux dicton : « Quand le sage montre la Lune, l’imbécile regarde le doigt. »

    • Les propositions de Tsípras signent-elles justement la victoire a posteriori du camp du « oui » (à l’austérité : désormais, tout le monde est enfin d’accord sur le sens de ce référendum), alors que Tsípras avait appelé à voter « non », remportant une écrasante victoire avec 61% des voix ?

      En partie, c’est vrai, le « oui » remporte une victoire posthume. Mais alors, c’est l’asphyxie économique de la Grèce depuis l’annonce du référendum et le chantage des créanciers qui auront porté leurs fruits. Il sera toujours temps, plus tard, d’évaluer l’impact sur l’image de l’Europe d’une stratégie qui vise à imposer par la violence économique, un choix différent à celui qui résulte des urnes. N’ayant bénéficié d’aucun délai, d’aucune souplesse, pour consulter le peuple grec, Tsípras a effectivement vu l’économie de son pays s’effondrer comme un château de cartes.

      Effectivement, on peut être surpris que Tsipras se soit laissé « surprendre » par la fermeture du robinet des liquidités bancaires. Mais j’ai la conviction que c’est encore une tactique de plus pour discréditer l’Eurogroupe.
      A remarquer que le franchissement de la ligne rouge du gouvernement grecque avec les nouvelles propositions à l’Eurogroupe, donc de nouveaux ajustement impopulaires, sont assorties de conditions comme le rééchelonnement de la dette qui ne manqueront pas d’exaspérer un peu plus les tenants d’une ligne dure, le tandem Merkel-Schäuble qui eux risquent fort de renverser la table sous laquelle Tsipras a fait mine de passer.
      Ce qui me surprend toutefois c’est que ce gouvernement grec n’ait pas prévu de plan B pour contrer le gel des liquidités, comme par exemple remettre en circulation une monnaie alternative (drachme) pour qu’au moins les citoyens grecs puissent assurer le quotidien. Mais peut-être est-ce dans les cartons et peut-être verrons nous ce plan mis en œuvre à partir de la semaine prochaine ... ?

    • De plus, cet article est bienveillant, mais se trompe, il me semble, sur la partie « Tsipras a sauvé sa tête » du côté politique interne. Le bordel d’hier soir au parlement a montré de sérieuses (et justifiées) fissures à sa gauche... Il n’a plus de franche majorité avec lui...Franchement, difficile de penser que ce gouvernement va réussir à tenir six mois de plus... Il n’est plus crédible pour personne aujourd’hui (ni oui, ni non), il me semble...

    • je crois qu’ils n’ont pas de plan b, parce qu’ils n’ont jamais vraiment pris au sérieux une exclusion de l’eurozone...

      Alors là, c’est une grosse erreur stratégique ; un peu comme aux échecs dans une partie où l’on n’ose croire que l’adversaire na sacrifiera pas une pièce maîtresse, alors qu’il a déjà envisagé de le faire pour vous mettre « mat »

    • La pièce maîtresse sacrifiée étant en l’occurrence dix millions de gens, dont une bonne part de retraités, qui ont clairement demandé un maintien dans l’euro, je continue à penser (suivant aussi les déclarations de Tsipras et de Varoufakis) qu’ils ne s’étaient pas préparés à faire face à une telle violence.