• Violences gynécologiques et obstrétriques
    http://www.radiopanik.org/emissions/du-pied-gauche/violences-gynecologiques-et-obstretriques

    Ce mercredi, nous parlerons des différentes formes de violences gynécologiques et obstrétriques, qu’elles soient verbales ou physiques, qu’elles se passent pendant un rendez-vous gynécologique ou lors d’un accouchement...Nous verrons comment les pratiques évoluent au sein du corps médical et soignant et quelles sont les recommandations des intervenantes pour le futur.

    Les invitées :

    Mélanie Dechalotte, journaliste-documentariste, autrice de plusieurs documentaires radiophoniques sur le sujet, dont Maltraitance gynécologique et autrice du Livre noir de la gynécologie (First éditions, 2017).

    Marie-Hélène Lahaye, créatrice et animatrice du blog Marie, accouche-là et autrice du livre Accouchement. Les femmes méritent mieux ( Michalon, 2018)

    Annick Faniel, fociologue, formatrice spécialisée (...)

    http://www.radiopanik.org/media/sounds/du-pied-gauche/violences-gynecologiques-et-obstretriques_05746__1.mp3

  • Violences gynéco : des étriers à l’épisio, un rapport douloureux - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/06/28/violences-gyneco-des-etriers-a-l-episio-un-rapport-douloureux_1662694

    Une enquête du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes, publiée ce vendredi, met en lumière le sexisme dans le suivi gynécologique et obstétrical. Des cabinets d’examen aux plus hautes instances, les dysfonctionnements persistent.

    Présentez un spéculum vaginal à un homme. Demandez-lui de le toucher, puis de dire ce qu’il ressent. « C’est primitif, effrayant, froid », s’exclame l’air médusé l’un d’entre eux dans le documentaire Paye (pas) ton gynéco, réalisé par Nina Faure (1). L’objectif du court-métrage : mieux faire entendre la voix des femmes victimes de violences gynécologiques et demander des explications aux représentants de la profession. Et là, on n’est pas déçu, quand un ponte affirme que « non, un toucher vaginal n’est pas invasif » ou lorsqu’un gynéco après une auscultation prend la tension (plutôt basse) de la patiente en s’exclamant : « Hé ben, je vous excite pas des masses. » Tellement délicat. Tellement vrai ? Ce docu, disponible depuis le 27 juin, tombe à pic alors que le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (#HCE) saisi par la secrétaire d’Etat à l’Egalité publie ce vendredi un rapport intitulé : « Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical. Des remarques aux violences, la nécessité de reconnaître, prévenir et condamner le sexisme ». Compilant des remarques faites à des parturientes - c’est-à-dire des femmes en train d’accoucher - ou patientes (du style « Vous avez mal pendant les rapports ? Mettez-y un peu du vôtre »), les 170 pages de cet état des lieux assorti de préconisations sont le fruit de neuf mois d’une enquête très attendue après la polémique qui monte depuis près de cinq ans.

    Lancé sur Twitter en 2014, le hashtag #PayeTonUtérus a fait affleurer plus de 7 000 témoignages de femmes en vingt-quatre heures. Dans la foulée, en 2015, le blog « Je n’ai pas consenti » recense une centaine de témoignages de patientes ayant subi des actes non consentis dans un cadre médical.

    Scandale, toujours cette année-là : des documents de la faculté de médecine de l’université Lyon-Sud révèlent qu’il est attendu, dans le cadre de leur formation, que les étudiants pratiquent des touchers vaginaux sur des patientes « endormies », sans leur consentement donc. Depuis, les témoignages n’ont cessé de se multiplier sur ces violences qui méritent d’être reconnues pour mieux être combattues. L’an passé, le Tumblr et la page Facebook « Paye ton gynéco » se sont créés simultanément, recensant des « témoignages de sexisme et/ou de violences gynécologiques/obstétricales ». Un pic est atteint l’été dernier lorsque la secrétaire d’Etat en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène #Schiappa, s’insurge contre le taux exorbitant (et en fait surévalué par la secrétaire d’Etat) d’#épisiotomies pratiquées lors des accouchements : tempête sur les réseaux sociaux.

    C’est dire s’il était temps qu’une enquête au-dessus de tout soupçon fasse le point. Mette au jour toutes ces fois « où les femmes ne sont pas considérées comme des êtres pensants et vivants mais seulement comme des corps » par le monde médical, comme l’explique Margaux Collet, corapporteure de ce travail qui recommande au gouvernement de réaliser la première enquête de santé publique dédiée au suivi gynécologique. Il souligne aussi la nécessité de renforcer la formation initiale et continue des professions médicales et paramédicales en matière de bientraitrance, de respect du consentement et de dépistage des violences sexistes et sexuelles ou encore de faciliter et améliorer les procédures de signalements lorsque violence il y a eu.

    En attendant, zoom sur quelques points de ce rapport.

    Accouchement : episio, c’est toujours trop

    Le chiffre évoqué l’été dernier par Marlène Schiappa avait fait l’effet d’une bombe : 75% de taux d’épisiotomies en France ? « Foutaises ! » avaient scandé les organisations représentatives des gynécologues-obstétriciens. Selon le dernier rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médiale (Inserm), cette intervention clinique - une incision du périnée sur quelques centimètres effectuée pour agrandir la taille de l’orifice vulvaire et faciliter l’expulsion du bébé - concerne 20% des accouchements par voie basse. Ce taux atteint 34,9% pour les primipares (premier accouchement) et descend à 9,8% pour les multipares. Oui mais problème : c’est encore beaucoup trop. Car cette « routine » dite « préventive » ne diminuerait en rien les possibilités de déchirures graves et entraîne des complications non négligeables (pertes importantes de sang, infection). En 2005, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français avait même confirmé l’absence de bénéfices de cette pratique. Certaines maternités ont réduit drastiquement la pratique. C’est le cas du centre hospitalier de Besançon et son fameux 0,3% de taux d’épisiotomies, malgré sa spécialisation dans « l’accueil de grossesses pathologiques et à grands risques ». D’autres en revanche frôlent encore les 45%. Et surtout, sans prévenir en amont les premières concernées. Selon le HCE, une femme sur deux « déplore un manque (16%) ou l’absence totale d’explication (31%) sur le motif de l’épisiotomie ».

    Absence de consentement : violences ordinaires

    Refuser de poser un stérilet à une nullipare (qui n’a jamais eu d’enfant) en bonne santé. Introduire un spéculum sans informer la patiente en amont. Palper les seins sans demander l’autorisation. Imposer la position du décubitus dorsal (allongée sur le dos, les pieds dans les étriers) pour un examen gynécologique sans même proposer la position latérale (qui existe). Réaliser un frottis sur des femmes jeunes, au premier rendez-vous, sans nécessité médicale. Pratiquer une épisiotomie sans l’accord explicite de la femme qui accouche. Puis la recoudre légèrement plus serrée, de manière à rendre plus étroit le canal vaginal (le fameux « point du mari »)…

    Les témoignages recueillis par le Haut Conseil à l’égalité recouvrent une multitude de pratiques mais soulèvent une unique problématique : celle des violences ordinaires. Celle du mépris pour le consentement, aussi. Il y a bien la fameuse loi Kouchner de 2002, qui formule « qu’aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé » du patient. Mais dans les faits, la parole des femmes est trop souvent bafouée par les professionnels de santé. Mais comment leur apprendre à entendre une patiente dire « non, je ne veux pas » ? La question se pose quand on sait que, en moyenne, une femme va avoir 50 consultations gynécologiques et obstétricales au cours de sa vie (#frottis réguliers, renouvellement de #contraception, #IVG…).

    Instances : que d’hommes, que d’hommes

    Bien sûr, si les témoignages de #femmes mal traitées, mal respectées ou mal informées affluent, nul ne songerait à jeter l’opprobre sur celles et ceux qui accompagnent les patientes et parturientes. Un monde d’ailleurs largement féminin.

    Les hommes ne représentent que 2,6% des sages-femmes. Les femmes sont majoritaires (94%) au sein de la gynécologie médicale. Et depuis peu, la #gynécologie-obstétrique est exercée à 51% par des femmes. La parité est donc enfin atteinte.

    Mais c’est au-dessus, là où les impulsions doivent être données ou les sanctions prononcées (lire ci-dessous) que cela se gâte. Près de 90% des membres du Conseil national de l’Ordre des médecins sont des hommes ; ils représentent également 89% des doyens des facultés de médecine ; 74% des membres du bureau du Collège national des #gynécologues et #obstétriciens français et 100% des membres du bureau, du conseil d’administration, des présidents de comité, des présidents et secrétaires des commissions de l’Académie nationale de médecine.

    Autre fait préoccupant, en dépit de l’augmentation importante de la part des femmes dans le secteur médical, les relations entre les deux sexes demeurent empreintes de sexisme : 86% des internes de médecine (95% des femmes et 68% des hommes) déclarent avoir été exposés à du sexisme et près d’un interne sur dix déclare avoir été victime de harcèlement sexuel.

    Avertissements, suspensions, radiations : des plaintes qui se perdent

    C’est peut-être le constat le plus fâcheux relevé par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes : les violences sexistes (remarques sexistes et/ou à connotation sexuelle, harcèlements, agressions, viols) dans le suivi gynécologique et obstétrical font encore trop peu l’objet de signalements et aboutissent rarement à des sanctions ou condamnations. Qui peut s’en étonner ? L’institution a étudié les 104 plaintes portées devant la chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins de 2007 à 2016. Sur l’ensemble des poursuites, seules 29% ont conduit à une radiation du professionnel de santé. Pour le reste, on parle d’avertissement, d’interdiction temporaire d’exercer (d’un mois à trois ans), voire d’absence totale de condamnation (22 %). Des chiffres qui concernent uniquement les femmes qui ont osé porter plainte.

    Et toutes les autres ? Celles qui se sont murées dans le silence ? Qui méconnaissent leur droit ? Qui redoutent l’expertise judiciaire car elle comprend un examen gynécologique ?

    Difficile d’évaluer leur nombre. Mais le HCE est clair sur un point : tant que l’Ordre des médecins et des sages-femmes organisera des réunions de conciliation entre les victimes et leur agresseur, « un nombre conséquent de plaintes ne verront jamais le jour ». Pour rappel : ce mode de médiation est formellement interdit par la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Que la France a ratifiée en 2014.

    Le petit documentaire :
    https://www.youtube.com/watch?v=fsRZ59Urc2I


    Et au détour des commentaires on apprend que Nisand donne des conférences sur la sexualité dans les collèges !!!! À l’aide !

    #santé_publique #sexisme #violences_obstétricales #violences_médicales

  • Au CHU de Besançon, les épisios ne sont plus lésion - Libération
    http://www.liberation.fr/france/2018/01/30/au-chu-de-besancon-les-episios-ne-sont-plus-lesion_1626275

    Le centre hospitalier du Doubs a, depuis quinze ans, cantonné le bistouri aux cas exceptionnels. La pratique, encore régulière en France, est décriée pour son manque de respect des femmes.

    L’été dernier, en pleine polémique sur les violences obstétricales, elle dit avoir ressenti le besoin de « se mettre dans une bulle ». A 32 ans, Amandine attendait alors son premier enfant. « J’avais déjà entendu pas mal de récits pas forcément drôles de copines, et avec tout ce qui se disait alors sur l’épisiotomie, j’avais très, très peur de l’accouchement, d’être déchirée, d’avoir mal », se souvient la jeune femme.

    Pour conjurer cette peur, cette employée de banque a appliqué une méthode singulière : « Je me disais : "Tu as de la chance, tu accouches à Besançon." » Car dans la maternité du centre hospitalier universitaire (CHU) de la préfecture du Doubs, le taux d’épisiotomies est le plus bas de France : moins de 1 % des femmes accouchant par voie basse subissent cette incision chirurgicale partielle du périnée, (entre le vagin et l’anus), censée agrandir la zone de passage du bébé. Rien à voir avec la moyenne nationale qui, quoiqu’en baisse, atteint tout de même les 20 % (34,9 % pour les premières naissances et 9,8 % pour les autres) d’après les dernières données parues en octobre (1). A la maternité du CHU de Besançon, à l’inverse, seules 12 épisiotomies ont été pratiquées en 2016 pour 2 900 naissances.

    De quoi rassurer les futures mères, telle Amandine : « J’avais fait part de mes craintes à la sage-femme libérale qui me suivait, se souvient-elle. Elle avait justement été formée dans cet hôpital et elle m’a assuré que si cela devait arriver, c’est que c’était "ultra-nécessaire". J’ai aussi choisi cet établissement pour sa réputation en la matière. »

    « Poids des habitudes »

    Ce jour-là, assise à côté de son lit dans l’une des quarante chambres individuelles du service, la jeune femme brune, tout sourire, peut souffler : la naissance de sa petite Louison trois jours plus tôt n’a « pas du tout été la catastrophe qu’[elle] appréhendait ». Et de louer le « respect de la femme et du bébé » qui règne dans la maternité, ainsi que la disponibilité et la pédagogie du personnel.

    N’en jetez plus ! Aurait-on déniché un paradis de l’enfantement, loin du sang et des larmes, où les vagins vivraient heureux tout en ayant beaucoup d’enfants ? Mollo tout de même, tempère le chef du pôle « mère-femme », le Dr Didier Riethmuller. « On ne peut pas promettre qu’il y aura zéro épisiotomie, mais seulement que s’il doit y en avoir une, c’est qu’elle était absolument indispensable », avertit le médecin. Comment, dès lors, expliquer que l’incision polémique soit si peu pratiquée dans son service, et même plus largement en Bourgogne-Franche-Comté (8,8 %), quand l’Ile-de-France, par exemple, est à 24 % d’épisiotomies ? « Je crois que la région bénéficie de l’héritage d’un patrimoine obstétrical basé sur le bon sens, avance le Dr Riethmuller. Je pense aussi que le poids des habitudes et des croyances est déterminant. »

    Ainsi, depuis sa première description par le praticien irlandais Sir Fielding Ould, en 1742, l’épisiotomie a été longtemps perçue comme une manière d’anticiper, par une incision nette car chirurgicale, d’éventuelles lésions graves, pouvant aller jusqu’à la déchirure du sphincter anal. « Pendant très longtemps, protéger la continence des femmes a été une problématique essentielle. Jugez plutôt : au XIXe siècle, même la comtesse de Lavalette s’est carrément fait répudier à cause de son incontinence », conte le Dr Riethmuller. A tel point que le geste est devenu quasi systématique au fil du temps : il y a vingt ans, le taux d’épisiotomies culminait à 55 % dans l’Hexagone. A la même époque, le CHU bisontin, bien en dessous de la moyenne nationale (30 %), avait déjà entrepris de moins dégainer son bistouri en salle de naissance. L’élément déclencheur : une étude argentine publiée dans la revue médicale The Lancet, en 1993. Sa conclusion est sans appel : l’épisiotomie systématique n’empêche pas la survenue de lésions du périnée, et peut même compliquer les suites pour la mère.

    « Tire-chieurs »

    « Dès le début des années 2000, la consigne dans notre service était claire. Avant de pratiquer une incision, demandons-nous : "Est-ce que cela va rendre service à la femme ?" » se souvient le Dr Riethmuller. D’abord accueillie avec une pointe d’inquiétude par l’équipe, cette nouvelle philosophie est très vite adoptée : « On a publié au fil du temps une série de travaux attestant que les effets délétères redoutés n’étaient pas là », précise le chef de service. Puis, en 2005, à l’issue d’un groupe de travail dont le Dr Riethmuller était membre, le Conseil national des gynécologues et obstétriciens français publie des recommandations en faveur de pratiques plus « restrictives ». Le pourcentage d’épisiotomies n’a depuis eu de cesse de dégringoler à Besançon : rien qu’entre 2003 et 2010, il est passé de 18,8 % à 1,3 %.

    Se pose alors la question de la formation continue à ce geste si peu pratiqué dans ce CHU. Pour ce faire, mannequins, vidéos et autres parties intimes de porcs sont mis à contribution. Mais il n’empêche que, dans certaines situations, bien réelles cette fois, l’équipe n’a pas d’autre choix que d’inciser : quand il y a un « risque de délabrement » des parties génitales de la mère, notamment quand l’utilisation de forceps s’impose ou en cas de danger pour le nouveau-né.

    Sinon, c’est la règle du « respect périnéal » prônée par Didier Riethmuller qui fait foi. Ce qui implique tout de même quelques ajustements : « Prendre le temps : c’est le principe que j’essaie d’enseigner aux jeunes, à qui je dis qu’ils ne sont pas des "tire-chieurs" », plaisante le chef de service. Le temps nécessaire à l’élongation naturelle du périnée, donc, de telle sorte que la sortie de l’enfant soit contrôlée afin d’éviter tout effet « boulet de canon ». « Vous faites du sport ? » nous demande-t-il. Affirmatif. Explication en image : « Ce qu’il faut, c’est l’équivalent d’un stretching pour éviter les claquages. »

    Au premier étage de l’immense et moderne bâtiment, c’est un peu cet entraînement qui vient de se jouer, lors d’une séance de préparation à l’accouchement. « Le périnée est tellement méconnu que c’est très important de donner aux femmes l’accès à ce muscle », détaille la sage-femme qui anime ces séances, Patricia Moyne. Et de déplorer que cet inconnu soit « quasiment absent des programmes de sciences et vie à l’école ». Alors, cette professionnelle qui exerce ici depuis presque trente ans, essaie de « donner un sens à tout ce qui se passe au cours de l’accouchement, de la perfusion aux contractions, en passant par le périnée, pour que les femmes ne se sentent plus dépossédées de ce moment ». Cela passe bien sûr par des explications, y compris anatomiques, des exercices de visualisation, de contractions-décontractions du muscle, ou encore par des massages au cours du dernier mois.

    « Coups de bistouri »

    Assise sur un des ballons de grossesse colorés disséminés dans la salle, Coralie, ingénieure de 32 ans, a découvert lors de son premier rendez-vous à la maternité que cette dernière avait une pratique restrictive de l’épisiotomie. « J’y reste », a-t-elle immédiatement pensé. Car pour cette troisième grossesse, la jeune femme espère bien ne pas revivre certains traumatismes. « J’ai mis presque quinze jours à pouvoir me rasseoir après mon premier accouchement. C’est un peu la honte de se trimballer avec un petit plaid à mettre sous ses fesses, souffle-t-elle en rougissant. D’autant qu’on ne m’a pas vraiment expliqué ce qui se passait. »

    « On entend parler de "point du mari" [une suture du périnée plus serrée que nécessaire, ndlr], de coups de bistouri systématiques… Ça fait vraiment flipper », abonde Soraya, 32 ans, dont c’est la première grossesse. « Quand j’ai entendu parler du CHU, ça m’a enlevé un poids », affirme cette prof. Pour Pauline, laborantine de 25 ans, pour qui c’est aussi une première, il est même question de « préserver notre féminité : au départ, je me disais qu’on allait forcément me charcuter. J’ai eu trois rendez-vous dans une clinique, et puis j’ai entendu parler de la manière dont cela se passait ici, et j’ai décidé d’y accoucher ».

    La maternité risque-t-elle d’être victime de son succès ? Que nenni, rétorquent les professionnels qui y travaillent, pour qui les cas de femmes prêtes à engloutir des kilomètres pour venir y mettre au monde leur enfant demeurent « anecdotiques » : certaines viennent des départements limitrophes, et une petite poignée de la Suisse voisine, voire de la région lyonnaise. Quant à dupliquer le modèle comtois sur tout le territoire, le Dr Riethmuller est sceptique : « Je ne suis pas certain que cela soit transposable partout… Pour ma part, j’ai la chance d’avoir une équipe médicale au sein de laquelle tout le monde rame dans le même sens. » Et sans trop de galères.
    (1) Selon la dernière enquête nationale périnatale, menée sur 14 142 naissances survenues entre le 14 et le 20 mars 2016 dans les 517 maternités de métropole et d’Outre-mer.
    (2) Friese K, Labeit D, Runkel S, Melchert F, « Routine vs selective episiotomy : a randomised controlled trial ; Argentine Episiotomy Trial Collaborative Group, The Lancet, 1993.
    Virginie Ballet

  • Violences gynecologiques et obstétricales | Comme un poisson sans bicyclette
    http://www.radiorageuses.net/spip.php?article753

    Dans cette émission, nous avons profité de la tenue du festival « Ovaire et contre tout » à Forcalquier pour parler des violences gynécologiques et obstétricales. Laëtitia Négrié et Béatrice Cascales, autrices du livre « L’accouchement est politique » nous ont présenté leur travail. Puis le témoignage d’une amie ayant vécu un accouchement et des violences à l’hopital de Manosque, il y a quelques mois, a illustré leur propos. Nous avons ensuite débattu avec toutes les magnifiques intervenantes présentes autour de la table qui étaient là pour le festival. Durée : 1h06. Source : Radio Zinzine via Radiorageuses

    http://www.zinzine.domainepublic.net/emissions/CUP/2017/CUP2017-02-17-cup16violencesGyneco.mp3

  • [infokiosques.net] - #Accouchement et #patriarcat médical. Épisiotomie
    https://infokiosques.net/lire.php?id_article=1357

    L’#épisiotomie est un geste médico-chirurgical très répandu chez la femme qui accouche pour la première fois. Elle consiste en une ou plusieurs incisions sur le pourtour de la vulve afin d’éviter les déchirures du périnée, de la vulve et du vagin lors de l’accouchement, celui-ci provoquant parfois une dilatation excessive de toute cette région anatomique. Le but de l’épisiotomie est de réduire les tensions au niveau de la vulve tout en agrandissant l’ellipse vulvaire. Elle permet ainsi d’accélérer l’expulsion du nouveau-né et s’inscrit dans le registre des pratiques médicales préventives. À ce titre, elle est devenue quasiment systématique dans les maternités. Si la systématisation de ce geste est récente, elle reste une pratique médicale ancienne puisqu’elle a été décrite pour la première fois en 1741.

  • De l’épisiotomie considérée comme une mutilation sexuelle féminine | Maternité de NANTERRE-Officiel
    17 juillet, 11:00 ·

    Billet d’humeur du chef de service Dr de Sarcus

    Dans les recommandations du CNGOF qui datent de 2005, il est écrit qu’il n’y a aucune situation clinique dans laquelle une étude a prouvé l’utilité de l’épisiotomie systématique au cours de la naissance d’un enfant.
    Par contre dans la fin du texte court des recommandations il est écrit : « … dans toutes les situations obstétricales spécifiques (enfant trop gros, trop petit, anomalies du RCF…) une épisiotomie peut être judicieuse sur la base de l’expertise clinique de l’accoucheur… ». Il est noté que c’est une recommandation basée sur un accord professionnel et non sur des études. Donc le professionnel qui aide une femme à accoucher peut décider « qu’il est judicieux de faire une épisiotomie » même si aucune étude ne prouve son utilité.
    Je trouve la formulation du CNGOF assez ambiguë. Soit on a des arguments tirés d’études qui permettent de soutenir que l’on rend service à la patiente ou à son enfant en pratiquant une épisiotomie ou bien on ne dispose pas de ces arguments et alors pourquoi imposer cette mutilation à une femme ?
    Il y a des maternités en France qui ont une politique de réduction massive des épisiotomies. C’est le cas à Besançon, maternité de niveau III qui publie régulièrement ses résultats. Actuellement ils en sont autour de quelques 1,5% des voies basses.
    A Nanterre, maternité non universitaire, en 2015 nous sommes à 2,5%. C’est encore trop de mon point de vue.
    Mon « expertise clinique » pour reprendre le terme du CNGOF est qu’il est possible de ne pas faire d’épisiotomie dans l’immense majorité des accouchements par les voies naturelles. Je travaille dans une maternité où je ne suis appelé que pour les extractions instrumentales ou les présentations du siège ou les accouchements gémellaires. Tous les accouchements à bas risques sont réalisés par des sages-femmes. Donc je ne viens que quand l’accouchement est difficile. Dans l’immense majorité des cas je fais une extraction instrumentale et cela fait bien un an au moins que je n’ai pas fait d’épisiotomie.
    Le vécu des patientes ayant eu une épisiotomie n’est pas bon. Les patientes racontent souvent qu’elles ont mis plusieurs mois à pouvoir s’asseoir sans avoir mal et encore plus longtemps à avoir des rapports sexuels sans douleur. Des chiffres circulent de l’ordre de 20 à 30 % des femmes ayant eu une épisiotomie seraient dans ce cas. Les médecins qui écrivent dans les manuels d’obstétrique expliquent que c’est parce que les épisiotomies sont mal recousues que les suites sont douloureuses. Je ne suis pas certain que cela soit vrai. Qu’est-ce qu’une épisiotomie bien recousue ? Et surtout qui juge qu’elle est « bien recousue » ? La femme ou le professionnel ?
    Je ne fais pas d’épisiotomie chez les femmes excisées, quelle que soit la nature de l’excision. Même les patientes d’Afrique de l’Est qui ont un rétrécissement majeur de l’orifice vulvaire (excision pharaonique) peuvent échapper à cette mutilation supplémentaire. Il suffit d’ouvrir la vulve vers l’avant sur le tissu cicatriciel qui recouvre la partie antérieure de la vulve et généralement l’enfant peut naître sans provoquer de grande déchirure chez sa mère. L’avantage de cette technique est qu’elle élargit l’orifice vulvaire et permet de découvrir le méat de l’urètre.
    Il me semble qu’il serait bon que les futures mères demandent à la maternité dans laquelle elles vont accoucher à ne pas avoir d’épisiotomie. Il est difficile à un professionnel de refuser puisqu’il n’a aucun argument médical pour aller contre la volonté d’une femme de ne pas avoir son sexe coupé au moment de la naissance de son enfant. Je pense que les femmes devraient être plus nombreuses à faire cette demande. Cela inciterait peut être les professionnels à faire baisser le taux d’épisiotomie qui me parait encore beaucoup trop élevé en France. Le CNGOF écrivait en 2005 qu’on devrait pouvoir atteindre le taux de 30% d’épisiotomies.
    L’expérience de Nanterre qui rejoint celle de Besançon sur ce point est qu’il est possible de le faire baisser de manière beaucoup plus importante. Un taux de 5% devrait être un objectif réaliste.

    https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=644386905717062&id=616296068526146

  • « Point du mari » : quand un syndicat de gynécologues fait preuve d’une #misogynie effrontée - le Plus
    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1192151-point-du-mari-quand-un-syndicat-de-gynecologues-fait-preuv

    Mal nommée, le « point du mari » est une #mutilation_sexuelle visant à rétrécir les sexes des femmes au moment de la suture de l’#épisiotomie (section du périnée au moment de l’#accouchement censée prévenir des risques de déchirures plus graves).

    Le « point du mari » viserait à donner plus de plaisir aux hommes lors de la #pénétration, rendant le coït douloureux pour les femmes. Cette pratique, taboue, a été récemment révélée par la multiplication de témoignages sur Internet.

    #gynécologie #patriarcat

  • Victime de flatulences [à la suite d’une épisiotomie non souhaitée et ratée], une chanteuse d’opéra doit prendre sa retraite
    http://www.francetvinfo.fr/culture/musique/victime-de-flatulences-une-chanteuse-d-opera-doit-prendre-sa-retraite_5

    La chanteuse d’opéra Amy Herbst, âgée de 33 ans, a dû quitter la Nashville Opera Company (Etats-Unis), après une opération chirurgicale ratée qui lui provoque des flatulences récurrentes et incontinente. Une « épisiotomie bâclée », selon CBS News, opérée pendant l’accouchement de la mezzo-soprano en février 2012, à l’hôpital militaire Blanchfield, de Fort Campbell (Kentucky, Etat-Unis).

    La cantatrice poursuit le gouvernement américain pour négligence et réclame 2,5 millions de dollars de dommages et intérêts, pour la perte de revenus causée par l’opération. Selon le dossier consulté par Vice.com (en anglais), Amy Herbst affirme qu’à « aucun moment, on a demandé son consentement pour la réalisation d’une épisiotomie ».