• #Carlo_Rovelli, un ribelle che ha trovato la libertà nella fisica

    Scienziato, filosofo, divulgatore, dai mille interessi e dall’anima ribelle: è questa in sintesi la carta di identità di Carlo Rovelli, fisico teorico di punta, fondatore di una delle due teorie più accreditate che cercano di descrivere in modo coerente la struttura dell’universo. Classe 1956, Rovelli ha fatto parte di quella generazione che ha vissuto in modo forte la rottura con quella precedente e che ha sognato un mondo diverso. Poi, come tanti suoi coetanei, la disillusione, e la sensazione che quel grande sogno funzionava molto poco, perché il mondo si era rivelato molto più resistente e rigido di quanto non avessero immaginato. Ma è proprio allora che avviene per lui la scoperta di un mondo fatto invece di cambiamenti, e dove vi si può trovare una straordinaria libertà del pensiero: quello della scienza e della fisica in particolare, che si sono rivelate ai suoi occhi il luogo in cui le rivoluzioni si fanno per davvero. Come quella che ci ha permesso di capire che la Terra è rotonda e che non è al centro dell’Universo, o che il Tempo e lo spazio sono relativi. Perché la realtà non è (quasi mai) come ci appare, come recita il titolo di un suo famoso libro (La realtà non è come ci appare, Raffaello Cortina), un successo editoriale bissato da quello di Sette brevi lezioni di fisica (Aldelphi), ottantacinque pagine in cui illustra in modo semplice e appassionato i fatti salienti della storia della fisica teorica, e con essi, come è cambiata la nostra immagine del mondo, dall’Antichità alle scoperte più recenti. Un caso editoriale con ben 300’000 copie vendute in pochi mesi, che gli è valsa una messe di premi e una visibilità mediatica insolita per un fisico teorico. Nel doppio Laser-Incontro in onda il 06 e il 07 di ottobre, avremo modo di conoscere meglio questo indagatore a tutto tondo, e con lui anche alcuni aspetti del nostro modo di conoscere il mondo.

    http://www.rsi.ch/rete-due/programmi/cultura/laser/Carlo-Rovelli-un-ribelle-che-ha-trovato-la-libert%C3%A0-nella-fisica-6145495.htm
    #physique

    Son opinion sur la #science, la #médecine, les #sciences_dures (#sciences_exactes) ... bof...
    #épistémologie

  • Pourquoi le monde n’existe pas ? approche critique de Markus Gabriel et du nouveau réalisme

    http://philitt.fr/2014/11/07/pourquoi-le-monde-nexiste-pas-approche-critique-de-markus-gabriel-et-du-nouv

    “Tout, absolument tout existe. Excepté le monde. Pour l’Allemand Markus Gabriel et l’Italien Maurizio Ferraris, porte-drapeaux du nouveau réalisme, notre planète, nos rêves, l’évolution, les chasses d’eau, la démocratie, les licornes arcs-en-ciel ou encore l’espoir ont une existence bien réelle. Or, le « monde », ce concept historique et traditionnel de la philosophie doit disparaître puisqu’il est la cause des errances malheureuses de la pensée occidentale. Plongeons-nous dans cet ouvrage en forme d’OVNI philosophique.”

    “Qu’est-ce que le Nouveau Réalisme ? Le nouveau réalisme cherche à poursuivre une interrogation de Thomas Nagel dans son livreThe View from Nowhere :
    « Ce livre parle d’un seul problème : comment combiner la perspective d’une personne particulière à l’intérieur du monde avec une vue objective de ce même monde susceptible d’inclure la personne et son point de vue. C’est un problème que rencontre tout être vivant qui possède la capacité et la tendance à transcender son point de vue particulier et à concevoir le monde comme un tout ».
    Pour y répondre, Markus Gabriel donne la définition suivante du nouveau réalisme : « Double thèse selon laquelle, premièrement, nous sommes susceptibles de connaître des choses et des faits en soi et, deuxièmement, choses et faits en soi n’appartiennent pas qu’à un seul domaine d’objets [le monde] ». Le nouveau réalisme propose de penser que tout existe, à part le monde. Seul existe ce qui est dans la multiplicité, dans le plan d’immanence, pour reprendre le vocable de Deleuze, dont s’inspirent Gabriel et Ferraris. Le monde représente l’Unité, le Tout, ce qui subsume l’ensemble de ce qui devient sous un seul concept qui est. Markus Gabriel affirme que l’on retrouve déjà à l’état brut cette idée dans un pan de la philosophie française contemporaine, chez Mehdi Belhaj Kacem, Tristan Garcia ou Jean-Clet Martin pour ne citer qu’eux, mais dans un style bien moins théorisé et systématisé, sans rejet radical de l’idée demonde. Le nouveau réalisme a su saisir une tendance qui est en passe de se généraliser dans la pensée philosophique, épistémologique, mais aussi, d’une certaine manière, politique.”

    “Dans un premier balayage du texte, il est significatif de remarquer que la destruction qu’il opère sur la philosophie traditionnelle est calquée sur la destruction à laquelle procéda Heidegger contre l’ontologie traditionnelle, démontrant que la philosophie était l’histoire de l’oubli de l’être. Markus Gabriel veut nous faire voir que l’histoire de la philosophie est fondée sur une méprise fondamentale : la croyance en l’existence du monde, d’un monde. Toutefois, la critique majeure d’où découlent toutes les autres déconstructions du constructivisme (depuis le début du XXème siècle jusqu’à nos jours) est dressée contre la phrase de Nietzsche formulée au paragraphe 481 de La Volonté de Puissance : « Il n’y a pas de faits, seulement des interprétations ». Est opéré un retournement : le nouveau réalisme défend qu’il n’y a pas d’interprétation, mais que des faits, des faits en soi.Autrement dit, l’objet perçu n’est pas une construction du sujet qui possèderait en arrière-plan une « chose-en-soi », mais l’objet tel qu’il est. Par là-même, Markus Gabriel cherche à réduire à néant l’idée kantienne que les choses ne font qu’apparaître dans le réel, et que la chose-en-soi est cachée et inatteignable ; pour parler savamment, exterminer la proposition que notre intuition sensible n’a à faire qu’à des phénomènes, jamais à des noumènes. Or, Gabriel suggère que le réel correspond à l’équation suivante : phénomène = noumène. C’est pourquoi on retrouve une critique fondamentale de la phénoménologie et de son héritage philosophique dans la philosophie continentale.

    Dans De Dieu qui vient à l’idée, Levinas définit la phénoménologie de la manière suivante : « La phénoménologie ce n’est pas ériger les phénomènes en chose-en-soi, mais c’est ramener les choses-en-soi à l’horizon de leur apparaître, de leur phénoménalité, c’est faire apparaître l’apparaître lui-même derrière ce qui apparaît ». Le nouveau réalisme ne cherche pas à trouver des « apparaîtres » cachés derrière des apparences : il n’y a rien de caché, de calfeutré, étant donné que la chose-en-soi est la chose réelle. Elle apparaît telle qu’elle est – elle appar-est. Il procède ici à quelque chose de plus radical qu’un retournement de la phénoménologie, il la refuse, il la réfute.”

    “Malheureusement, de multiples objections et corrections sont nécessaires après la lecture du Manifeste du nouveau réalisme et de Pourquoi le monde n’existe pas. Le nouveau réalisme ne satisfait pas à l’authentique originalité qu’il revendique. Le philosophe Jean-Clet Martin le montre dans son article sur Deleuze intitulé Le Dieu du labyrinthe ou le réalisme transcendantal dans lequel il explique que le néo-réalisme qui fait fureur était déjà inscrit dans les œuvres de Deleuze. Il dit qu’on retrouve, notamment avec l’expression d’ « expérience réelle », « non pas un réalisme spéculatif, mais un sensualisme en lequel le réel nous apparaît sans l’embarras de toutes les chicanes spéculatives – toutes ces prothèses idéatives étant tenues à distance par l’obstination de nos sens à explorer un boyau où l’on ne peut rentrer avec aucun instrument qui relèverait encore d’une intuition axiomatique. Et ce qui se lève dans une expérience déliée, ce sont sans doute des monstres plus que des mondes, une pluralité de singularités qui secouent les univers sensibles autant que les points réguliers du psychisme ». Markus Gabriel évite outrageusement de parler de Deleuze ; quant à Maurizio Ferraris, il parle de « tout », sauf de cette idée de multiplicité et de plan d’immanence, concepts auxquels je faisais référence et révérence quelques lignes plus haut.”

    #épistémologie #réalisme #nouveau_réalisme

  • ::::: : Présentation de la page Le New Organum ::::: :

    Le #discours_scientifique est partout présent, omniscient, omniscientifique. Si la #science nous dit la #vérité du monde, ou du moins nous est présentée comme telle, intéressons nous à la manière dont elle entend dire cette vérité, pour tenter de comprendre comment l’autorité vient au discours. On peut concevoir l’activité de #critique de très nombreuses manières. Si la critique est communément associée à la #déconstruction des rapports de domination, nous l’entendons plutôt comme une activité de #construction, de création, au principe même de l’activité scientifique. La critique est moins la négation de l’objet sur lequel elle porte, que la négation des effets d’autorité de ces objets. Il s’agit alors, dans cette perspective, de s’intéresser aux discours, mais aussi à leur mise en forme. Mettre en forme, c’est aussi mettre les formes. Si l’on se demande dans un premier temps comment le discours scientifique légitime l’action politique, il s’agit ensuite de comprendre comment la mise en forme du discours scientifique lui confère une autorité. Cette page est un espace de confrontation et d’interprétations de discours scientifiques. Elle procède par agencements, rapprochements, confrontations, mise en rapport de productions théoriques provenant de sources diverses. Nous emprunterons différentes voies, de manière à donner à voir différents points de vue sur ce paysage accidenté qu’est la production scientifique. Il s’agira de rendre ce terrain praticable, en installant des points de fixation intermédiaires, des prises communes, et ouvrant par ailleurs des voies nouvelles, transversales, et parfois sinueuses.
    Sarah Calba, Vivien Philizot et Robin Birgé

    ::::: : Les auteurs ::::: :
    Sarah Calba, chercheur-arpenteur, a récemment soutenu une thèse en #épistémologie intitulée Pourquoi sauver Willy ? Pourquoi et non comment car, dans cet écrit, il s’agit de définir la science en fonction de ses finalités : la science prétend-elle expliquer le réel, unique, en découvrant des lois naturelles ou souhaite-t-elle comprendre les réalités humaines en construisant des #représentations partagées ? Et puisque différentes finalités engagent différentes manières de faire, c’est en arpentant les voies et les voix de la #recherche_scientifique, et en particulier celles de l’écologie des communautés – discipline dédiée à l’explication de la répartition des espèces biologiques sur la planète bleue –, que Sarah argumente sa thèse. Elle distingue alors deux types de voies : celles abondamment pratiquées, simples, efficaces, aux prises évidentes, de la recherche ici nommée analytique, et celles, soucieuses de leur style, plus sinueuses car procédant par détours voire retours sur leur propre parcours, de la recherche dite synthétique... et c’est, bien sûr, la défense de cette dernière qui est la fin de cette thèse.

    Vivien Philizot est graphiste, doctorant et maître de conférences associé en #design. Il enseigne à l’Université de Strasbourg et à la Head à Genève. Il prépare une thèse qui porte sur le rôle du #design_graphique dans la #construction_sociale du champ visuel et dans la construction visuelle du champ social. Il s’agit notamment d’articuler une épistémologie des sciences avec une histoire critique du design graphique à l’époque moderne, envisagé comme manière de donner à voir et à connaître. Sont ainsi cartographiées, à vue, différentes voies par lesquelles le design graphique s’est construit, souvent envisagées par les grimpeurs modernistes comme des accès privilégiés à la vérité de l’image et du texte. Une approche #pragmatique consiste alors à considérer la pertinence de ces voies de manière locale plutôt qu’universelle, en les rapportant aux conditions historiques et climatiques dans lesquelles elles ont été posées. Le cheminement de la voie, la succession des prises, et l’inclinaison de la paroi ne sont-ils pas plus importants que la hauteur qu’ils nous permettent d’atteindre ? Peut-être faut-il garder à l’esprit que les points de vue que les théories de l’image se sont attachées à naturaliser, restent relatifs aux voies qu’elles nous conduisent à emprunter, et aux postures du corps et de l’œil qu’elles ont ainsi contribué à construire.

    Robin Birgé est doctorant en #anthropo-épistémologie. Il s’intéresse aux voies que prend la construction du savoir scientifique, et particulièrement au statut de la #connaissance quand les chemins bifurquent. Lorsque le premier de cordé arrive à un embranchement et choisi une voie plutôt qu’une autre, une théorie plutôt qu’une autre pendant une #controverse par exemple, nous pouvons (1a) considérer que finalement, ce qui compte, c’est la hauteur finale atteinte, soit l’accumulation de connaissances. Malgré le fait que les voies divergent et “fonctionnent bien d’un point de vue pratique”, il s’agit cependant du même rocher - du même réel ; on s’élève différemment mais pour parler d’une même chose en soi. Finalement, les voies finiraient par se rejoindre, et si les voies ne se rejoignent pas, le réel impitoyable du rocher finira par avoir raison de la vie de nos grimpeurs (les mauvaises théories seront alors éliminées). Une autre façon d’aborder la #philosophie de l’escalade, celle engagée ici, est que (1b) si des voies sont sans issue ou tournent en rond, il est envisageable qu’après tout relais elles prennent des versants différents et ne se rencontrent jamais : autrement dit, des visions du monde divergentes peuvent ne jamais se rencontrer.
    Plus précisément, cette thèse porte sur le statut d’un savoir particulier : celui de la figure de l’#expert en démocratie. Il s’agit notamment de dessiner les différentes façons d’articuler le réel-rocher, à sa connaissance si ce dernier existe, à sa médiation et au à la mobilisation du savoir lors de la prise de décision politique.

  • http://sciences-critiques.fr/la-science-est-elle-sacree
    *La science est-elle sacrée ?* par Christian Godin

    « Ainsi, dire de la science qu’elle est sacrée, ou qu’elle est notre sacré, c’est faire preuve d’une double ignorance : ignorance de la nature de la science, et ignorance de la nature du sacré. C’est plus que deux erreurs, ce sont deux contresens.

    Comme les mots résistent bien davantage que les idées à la marche des choses − le langage est une puissante force inertielle −, nous sommes enclins à croire à la permanence et à la continuité du religieux dans des activités et des comportements qui, non seulement ne sont pas de nature religieuse, mais sont frontalement antireligieux.

    Il convient par conséquent de faire la distinction entre les pensées et les manières de parler. Sans compter que c’est, sous couvert d’hommage plus ou moins sincère, rendre à la science un bien mauvais service que de l’affubler ainsi du caractère qui lui est le plus opposé. »

    #Epistémologie

  • aie aie aie...et c’est reparti pour un tour ! un peu de biologisation du social version "j’utilise des théories scientifiques largement controversées, mais je les assène comme arguments d’autorité, parce que « les faits sont les faits » et qu’il faut arrêter de se voiler la face, hein, ça fait plusieurs dizaines d’années que les épistémologies féministes travaillent sur ces sujets, mais je les ignore complètement" ?, lisez donc cet article de Peggy Sastre à l’occasion de la sortie de son livre « La domination masculine n’existe pas » (tout un programme...)

    https://www.contrepoints.org/2015/11/11/228597-la-domination-masculine-existe-t-elle-la-perspective-evofeminis

    Vous observez, études à l’appui, que la violence « est un phénomène aussi omniprésent dans les sociétés humaines que proportionnellement masculin ». Au regard de l’évolution, pourquoi émerge cette violence, et pourquoi sont-ce les hommes qui s’en font les principaux porteurs ?

    Pour le comprendre, il faut rappeler une petite évidence : pour une dépense énergétique équivalente, la femme produit un ovule par mois, l’homme plusieurs millions de spermatozoïdes par jour. Ensuite, lorsqu’un ovule et un spermatozoïde se rencontrent et que l’œuf est fécondé, le travail de l’homme peut à peu près s’arrêter là, tandis que la femme doit encore en passer par neuf mois entiers de gestation interne, un accouchement périlleux et un temps d’allaitement aussi conséquent que contraceptif pour avoir l’assurance relative de la pérennité de ses gènes. Ce qui fait que non seulement le succès reproductif des hommes est bien plus hétérogène que celui des femmes, mais il est aussi dépendant d’un investissement parental minimal bien moindre.

    Et on tombe sur ce que prédit la théorie de Trivers : si, relativement à l’autre, un sexe se caractérise par une plus grande variabilité de son succès reproductif et un moindre investissement parental obligatoire, alors c’est ce sexe qui sera le plus violent. Du fait de leur configuration reproductive, la violence est tout « simplement » plus bénéfique aux hommes. À la fois pour éloigner des concurrents et s’attirer des partenaires, avoir recours à la violence a longtemps été une bonne solution, un bon moyen d’arriver à leurs fins, c’est-à-dire la maximisation de leurs intérêts reproductifs.

    Les violences conjugales d’aujourd’hui répondent-elles aux mêmes problèmes posés ?

    Les violences conjugales relèvent de la même logique, dans le sens où elles peuvent servir à minimiser les risques reproductifs qu’un homme est seul à pouvoir connaître. Comme ce n’est pas lui qui porte le bébé, il n’est jamais à 100% sûr que ce bébé est bien le sien. Une incertitude de paternité qui a représenté une pression sélective très forte au cours de notre évolution et les données contemporaines montrent que l’énorme majorité des violences conjugales surviennent toujours dans un contexte de jalousie masculine.

    Il est donc plus que probable que ces violences aient plusieurs fonctions, toutes liées à des intérêts reproductifs spécifiquement masculins : punir la femme suspectée d’infidélité, montrer l’exemple aux autres femmes, partenaires potentielles, et leur ôter l’envie de tromper, indiquer aux hommes concurrents qu’il ne sert à rien de vouloir planter sa graine dans le jardin du voisin, etc.

    #biologisation_du_social #féminisme #épistémologies_féministes #genre

  • https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2001-1-page-21.htm

    Le pluralisme pragmatiste et la question du relativisme, par Jean-Pierre Cometti

    Résumé de l’article :

    Le pluralisme qui caractérise le pragmatisme doit être distingué du relativisme avec lequel on a l’habitude de le confondre. Le pragmatisme substitue à l’idée d’une rationalité fixe et close celle d’une rationalité ouverte qui renvoie dos à dos relativisme et anti-relativisme, et qui échappe au scepticisme moral en se refusant à admettre que l’absence de justification ou de fondement équivaut à l’arbitraire des choix. L’espoir social en est la pierre de touche. La variété des langages et des valeurs n’entraîne pas leur incommensurabilité.

    #Relativisme #Pragmatisme #Epistémologie

  • https://zilsel.hypotheses.org/2103


    LE RÉALISME KITSCH

    Dans le présent texte consacré à des réflexions contemporaines sur la question du réalisme, Pascal Engel pointe les limites de différentes perspectives philosophiques, qui, à défaut de partager les fantasmagories anthropologico-sociologiques des postmodernes susnommés, partagent toutefois avec ces derniers un goût prononcé pour le kitsch. L’auteur de La Dispute et de La norme du vrai vise en effet à montrer, avec une certaine efficacité nous semble-t-il, et après avoir identifié les principales acceptions de la notion philosophique et épistémologique de « réalisme », que le « carnaval ontologique » dans lequel s’illustrent cette fois-ci le « réalisme spéculatif » de Quentin Meillassoux, les « réalismes accueillants » de Markus Gabriel, de Tristan Garcia ou de Bruno Latour[3], et, dans une moindre mesure, le « réalisme contextualisé » de Jocelyn Benoist ou encore le « nouveau réalisme » de Maurizio Ferraris, ne sont en réalité ni particulièrement « réalistes » (ils semblent bien plutôt incarner diverses formes d’idéalisme), ni ne sont spécialement « nouveaux » — sauf peut-être en ce qui concerne, pour les premiers d’entre eux, une aptitude particulière à la grandiloquence, elle-même favorisée par des moyens de médiatisation jusqu’alors inédits en philosophie (blogs, conférences sur internet, réseaux sociaux électroniques, etc.).

    Il y a une chose au moins dont les nouveaux réalistes ne semblent pas dépourvus, c’est du sens de la publicité.

    Un Beaujolais nouveau n’est pas nécessairement du Beaujolais (cela peut être de la piquette). De même un réalisme nouveau n’est pas nécessairement nouveau : ce qui peut sembler nouveau à l’un peut apparaître comme une vieille lune à l’autre, et on ne sait jamais si ce qui nous apparaît nouveau maintenant sera considéré comme nouveau plus tard. Le problème est que, plus encore que la plupart des termes philosophiques, celui de « réalisme » est d’une plurivocité qui défie les classifications. Sans parler des sens de ce terme en art, qui sont légion, bien des philosophes dans le passé ont été ou se sont appelés « réalistes », même si ce terme n’est vraiment entré dans le vocabulaire qu’après Kant : Platon, Aristote, Thomas d’Aquin, Descartes, Locke, Reid, Bolzano, Frege, Brentano, Ingarden, Bertrand Russell, Moore, Mackie, Smart, Armstrong, etc. Une école de philosophie américaine, aujourd’hui bien oubliée, s’est jadis appelée « New Realism » (R.B. Perry, R.W.Sellars et alii). Mais on est très rarement « réaliste » tout court. La plupart du temps on est en philosophie un réaliste dans tel ou tel domaine ou sujet : quant au monde extérieur, quant aux universaux, quant aux entités mathématiques ou scientifiques, quant aux valeurs morales ou esthétiques, quant aux vérités logiques ou quant aux vérités juridiques (on parle de « réalisme scandinave » en droit), etc. On est rarement réaliste globalement, et dans tous les domaines, et un même auteur peut être réaliste dans un domaine et pas dans un autre. Platon par exemple est dit « idéaliste » quant aux Idées, mais aussi réaliste quant à sa conception des entités abstraites. Aristote est réaliste en éthique, mais ne l’est pas quant aux entités mathématiques. On est aussi réaliste relativement à un problème. Par exemple on classe souvent Descartes et Locke comme des réalistes indirects quant à la perception, et Reid comme un réaliste direct. Le réalisme généralisé est une notion tout aussi incongrue que celle de « génie universel » ou de couteau suisse intégral. De plus, la notion de ce qui est réel ou pas est, comme nous le rappelle le dialogue d’Alice avec Tweedledum et Tweedledee, souvent égarante :

    “You know very well you’re not real.”

    “I am real !” said Alice, and began to cry.

    “You won’t make yourself a bit realler by crying,” Tweedledee remarked : “there’s nothing to cry about.”

    “If I wasn’t real,” Alice said – half laughing through her tears, it all seemed so ridiculous – “I shouldn’t be able to cry.”

    “I hope you don’t suppose those are real tears ?” Tweedledum interrupted in a tone of great contempt.

    La situation n’est pas plus claire pour les philosophes que chez Alice. Comme l’a remarqué Crispin Wright : « S’il y a jamais eu un consensus sur le mot “réalisme” comme terme philosophique technique, ce consensus s’est indubitablement fragmenté sous les pressions exercées par les divers débats – en sorte qu’un philosophe qui viendrait affirmer qu’il est un réaliste en sciences, ou en éthique, n’aurait sans doute, pour la plupart des publics philosophiques, fait rien de plus que se racler la gorge

    Les nouveaux réalistes d’aujourd’hui entendent manifestement réagir, de près ou de loin, au postmodernisme. Ils ont peur de ce dont Rorty n’avait pas peur, d’avoir « perdu le monde »[10]. Mais en même temps, ce qui frappe, dans leurs livres, c’est que les doctrines dont ils nous disent qu’elles portent la marque du réalisme paraissent souvent, pour ceux qui ont une éducation classique en philosophie, assez peu conformes à l’image courante du réalisme. Comment un auteur qui nous dit qu’il n’y a qu’une nécessité, c’est la contingence, un autre qui nous dit que tout existe sauf le monde, un autre qui nous dit que l’activité scientifique ne porte que sur une réalité qui a son mode d’existence propre alors que d’autres discours ont le leur, ou d’autres encore qui nous disent que le vrai réalisme n’a pas à se prononcer sur la réalité de quoi que ce soit, sont-ils encore des réalistes ? N’a-t-on pas envie de leur dire, à la manière de Régis Laspalès dans un sketch fameux : « Tu m’embrouilles ! »

    #philosophie #epistemologie #realisme #french_theory #relativisme #Bruno_Latour #affaire_maffesoli

  • http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article227


    Paul Jorion : Comment la vérité et la réalité furent inventées

    Paul Jorion, anthropologue et économiste récemment auréolé de gloire grâce à sa description précoce des risques systémiques de crise économique dès 2005, a publié en 2009 un livre ambitieux au titre séduisant, Comment la vérité et la réalité furent inventées [1], d’inspiration sans nul doute foucaldienne, se proposant de reproduire la généalogie de concepts centraux dont la valeur d’évidence semble prête à vaciller. C’est peu dire, donc, que l’attente fut grande en ouvrant ce livre, tant par la réputation que l’auteur avait acquise que par le titre alléchant, promettant d’ébranler une de nos certitudes les mieux fondées. De surcroît, le patronage revendiqué par Jorion était séduisant : « L’ouvrage, écrivait ce dernier, constitue un vigoureux plaidoyer en faveur d’un « retour à Aristote », et je me situe donc automatiquement dans la tradition de ceux qui m’ont précédé dans cette voie, comme G. W. Friedrich Hegel, Pierre Duhem, Emile Meyerson ou Alexandre Kojève. » [2]

    Hélas, la déception se substitua bien vite à l’attente, et l’agacement à l’espoir : quoique parcouru çà et là d’intuitions sans doute défendables, l’ouvrage charrie de trop nombreuses approximations et asserte de manière péremptoire des énormités qui, pas une seconde, ne se trouvent démontrées, le tout d’ailleurs structuré par de bien contestables raisonnements.

    L’idée générale que propose Jorion est pourtant féconde ; elle consiste à identifier la naissance de la vérité à l’époque platonicienne, et celle de la réalité-objective, c’est-à-dire de la modélisation mathématique comme univers plus réel que le monde sensible, à la Renaissance – Kepler et Galilée. Le problème réside alors sans doute moins dans la thèse en elle-même, qui mérite que l’on s’y arrête, que dans la manière dont elle est argumentée, tant sur le plan rationnel que sur le plan factuel. En outre, la structure du livre est extrêmement brouillonne, et souffre d’une quasi-absence de construction similaire à un patchwork géant nuisant in fine à la bonne intelligibilité de l’ensemble.

    #épistémologie #philosophie #recherche #relativisme

  • https://www.cairn.info/l-emergence-des-cosmopolitiques--9782707152008.htm



    L’émergence des cosmopolitiques

    Nos sociétés modernes se sentent en rupture face à ce qu’elles ont fabriqué. Crise environnementale, changements climatiques, risques et insécurités marquent cette rupture et, face à elle, notre perplexité à comprendre et à agir : d’une part, nous commençons à dépendre des conséquences imprévues et menaçantes de nos actes ; d’autre part, nous voyons se dresser contre nous une seconde nature composée de tous les exclus de la modernité – les non modernes (migrants du sud, marginaux, ruraux sédentaires), les non-humains (entités environnementales) ou encore des sur-natures (religions, croyances…). Or ces séries d’exclus étaient tout à la fois la condition et la conséquence pour que la société moderne puisse croire à sa maîtrise sur la nature et sur elle-même. Les cosmopolitiques – ces politiques du monde (kosmos en grec ancien) repensées par Isabelle Stengers et Bruno Latour – s’appuient sur ce constat pour élargir la politique à d’autres êtres que les humains. Leur dimension planétaire leur est conférée par les risques globaux qui pèsent désormais sur l’ensemble de la planète. Cet ouvrage collectif explore les implications de cette mutation du politique dans les différents champs disciplinaires et professionnels, et notamment celui de l’aménagement du territoire. Trois questions seront abordées plus particulièrement : la recomposition du collectif (avec qui, avec quoi devrons-nous cohabiter, et comment le faire ?) ; la participation du public (comment associer la définition d’un problème public et celle du public concerné ?) ; les transformations de l’aménagement du territoire (comment rendre crédible, sensée et utile une pensée de l’aménagement bousculée par la question environnementale ?).

    #cosmopolitiques #STS #Epistemologie #Aménagement_du_territoire

  • Les premières géographes universitaires en France : enquête sur les débuts d’une féminisation disciplinaire (1913-1928)

    Dans le premier quart du XXe siècle, la géographie universitaire française connaît une féminisation lente et difficile, mais réelle, accélérée par la Grande Guerre. C’est le temps des pionnières, autant dans les revues disciplinaires que dans l’institution académique. Cependant, si plusieurs noms sont déjà connus parmi ces premières géographes féminines, il s’agit ici de systématiser l’étude, de quantifier et d’expliquer le phénomène, et d’évaluer la réalité de cette présence dans un champ scientifique jeune mais considéré comme particulièrement rétif aux femmes, en particulier dans le travail de terrain. A ce titre, une large place est accordée aux marges de la discipline, aux outsiders masculins et féminins et à la comparaison internationale, pour donner une vision plus équilibrée d’une évolution jusqu’ici sous-estimée.

    http://cybergeo.revues.org/27138
    #femmes #géographie #épistémologie #genre

    • Sirens within the IGU - an analysis of the role of women at International Geographical Congresses (1871-1996)

      1Like the history of women in science, the history of female geographers is a complex one. We have tried to study the role of women in geography during the last 130 years, from the first International Geographical Congress (Antwerpen, 1871) to the 28th (Den Hague, 1996). As students, as researchers and as teachers, women are nowadays an integral part of geographical congresses. But when the first international geographical congress started, there were virtualy no female participants. Women in science existed in two forms : outside the scientific institutions or as wives, daughters or secretaries accompanying male scientists and scholars. The congressional life for women at that time was the “Ladies’ Program”, which remained even in the mid-twentieth century. After the First World War, and from the sixties, women could gradually participate to the scientific commissions of the International Geographical Union (IGU). The shift from the Ladies’ Program to the feminist session is another fundamental change in the last decades.

      http://cybergeo.revues.org/5257

  • Denis Retaillé : Contre la ritournelle du territoire devenue monolangue.
    http://www.espacestemps.net/articles/contre-la-ritournelle-du-territoire-devenue-monolangue
    Deux citations extraites de cet article :

    La carte n’est pas le territoire, mais elle y ressemble trop pour la plupart des acteurs plus ou moins ethnarques, au service d’un « territorialisme méthodologique » (expression empruntée à F. Giraut)
    [...]
    le territoire est une figure fantasmée, une fiction dangereusement efficace à défaut d’être utile, qui peut, à tous moments, muter de l’ordre de la mesure, la ritournelle, au chaos des monolangues affrontées.

    De l’Afrique, dont parle Retaillé, à la Syrie, l’Irak, etc. sans parler de nos contrées qui s’animent de norias humaines, voilà des réflexions à méditer.


  • Je commence un fil sur la « Plaque de Pioneer ». Merci d’avance à tous pour vos contributions !
    Et on commence par Wikipédia, avec deux articles :
    Plaque de Pioneer
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Plaque_de_Pioneer

    La plaque de Pioneer est une plaque métallique embarquée à bord de deux sondes spatiales lancées en 1972 et 1973, Pioneer 10 et Pioneer 11, sur laquelle un message pictural de l’humanité est gravé à destination d’éventuels êtres extraterrestres : un homme et une femme représentés nus, ainsi que plusieurs symboles fournissant des informations sur l’origine des sondes.

    Il s’agit en fait d’une sorte de « bouteille à la mer interstellaire », les chances pour qu’elle soit retrouvée étant extrêmement faibles.

    Les sondes Pioneer furent les premiers objets construits par des humains à quitter le système solaire. Les plaques sont attachées aux sondes de manière à être protégées de l’érosion des poussières interstellaires ; si bien que la NASA s’attend à ce que la plaque (et la sonde elle-même) survive plus longtemps que la Terre et le Soleil.

    Un message plus détaillé et évolué, le Voyager Golden Record, est embarqué sous la forme d’un disque vidéonumérique par les sondes Voyager, lancées en 1977.

    Le Voyager Golden Record
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Voyager_Golden_Record

    Le Voyager Golden Record est un disque embarqué à bord des deux sondes spatiales Voyager, lancées en 1977. Ce disque de 12 pouces contient des sons et des images sélectionnés pour dresser un portrait de la diversité de la vie et de la culture sur Terre, et est destiné à d’éventuels êtres extraterrestres qui pourraient le trouver.

    Tout comme son précurseur la plaque de Pioneer, il s’agit d’une « bouteille à la mer interstellaire », les chances pour que ces disques soient retrouvés étant extrêmement faibles. De plus, s’ils l’étaient, ce serait dans un futur très lointain : les sondes Voyager ne se retrouveront pas à moins de 1,7 année-lumière d’une autre étoile avant 40 000 ans. Donc, plus qu’une tentative sérieuse de communication avec des extraterrestres, ces disques ont un sens symbolique.

    Sur le couvercle du vidéodisque est gravé le schéma explicatif du mode de lecture ainsi que les symboles inscrits sur la plaque de Pioneer. Le disque lui-même comprend de nombreuses informations sur la Terre et ses habitants, allant des enregistrements de bruits d’animaux et de cris de nourrisson, jusqu’au bruit du vent, du tonnerre, ou d’un marteau-piqueur. Sont aussi compris les enregistrements du mot « Bonjour » dans une multitude de langues, des extraits de textes littéraires et de musique classique et moderne.

    Une source d’uranium 238 (choisi pour sa période radioactive de l’ordre de 4,5 milliards d’années) est également embarquée à bord des sondes, permettant de déterminer le temps écoulé depuis le lancement par datation radioactive.

    The Voyager Interstellar Record
    https://www.youtube.com/watch?v=Rat2vEMojeM&feature=youtu.be&list=PLA5Z0m2JKyVJUgkMG08WP8KsAvLrjfkj


    Avec plus précisément le titre The Sounds of Earth : https://soundcloud.com/brainpicker/the-sounds-of-earth-the-golden

    Et les images envoyées dans l’espace.
    116 Images of the Voyager Golden Record – a Message for Extraterrestrial Life
    http://webodysseum.com/art/116-images-of-the-voyager-golden-record

    #Plaque_de_pioneer
    #Voyager_Golden_Record
    #Pioneer_10
    #Pioneer_11
    #Sounds_of_Earth
    #Epistémologie
    #Histoire_des_Sciences
    #STS
    #Esthétique

    • http://link.springer.com/chapter/10.1007/978-94-010-1451-9_11
      On the Critique of Scientific Reason de P. K. Feyerabend
      Dans une note :

      Carl Sagan, surely one of the most imaginative scientists alive warns us not to unduly restrict the possibilities of life, and he mentions various types of ‘chauvinism’ (oxygen-chauvinism: if a planet has no oxygen, then it is uninhabitable; temperature chauvinism: low temperatures such as those on Jupiter and high temperatures such as those on Venus make life impossible; carbon chauvinism: all biological systems are constructed of carbon compounds) which he regards as unwarranted (The Cosmic Connection, New York 1975, Ch. 6). He writes (page 179): “It is not a question of whether we are emotionally prepared in the long run to confront a message from the stars. It is whether we can develop a sense that beings with quite different evolutionary histories, beings who may look far different from us, even ‘monstrous’ may, nevertheless, be worthy of friendship and reverence, brotherhood and trust”. Still, in discussing the question whether the message on the plaque of Pioneer 10 will be comprehensible to extraterrestrial beings he says that “it is written in the only language we share with the recipients: science” (18; cf. p. 217: messages to extraterrestrial beings “will be based upon commonalities between the transmitting and the receiving civilization. Those commonalities are, of course, not any spoken or written language or any common, instinctual encoding in our genetic materials, but rather what we truly share in common — the universe around us, science and mathematics.”) In times of stress this belief in science and its temporary results may become a veritable maniac-making people disregard their lives for what they think to be the truth. Cf. Medvedev’s account of the Lysenko case.

      #Plaque_de_pioneer
      #Relativisme
      #Feyerabend
      #Épistémologie

    • Carl Sagan & Ann Druyan
      Saturday, December 07, 1985

      Lloyd Moss talks to Pulitzer-Prize-winning astronomer Dr. Carl Sagan and his wife, author Ann Druyan, about their ten-year collaboration and their upcoming book, Comet. They discuss the Voyager Interstellar Record Project and the collection of culture and music that was curated for it. They discuss the five musical selections which were culled from the twenty-seven works used in the Voyager project.

    • Et un projet similaire de la même veine, plus récent (2012)
      https://en.wikipedia.org/wiki/EchoStar_XVI

      The Creative Time was launched with EchoStar XVI into outer space an archival disc created by artist Trevor Paglen called The Last Pictures. Made of ultra-archival materials, the disc is expected to orbit the Earth for billions of years affixed to the exterior of the communications satellite. A silicon disc has one hundred photographs selected to represent modern human history.

      http://www.kurzweilai.net/the-last-pictures-launches-with-echostar-xvi-satellite
      The Last Pictures launches with EchoStar XVI satellite

      http://creativetime.org/projects/the-last-pictures

      Since 1963, more than eight hundred spacecraft have been launched into geosynchronous orbit, forming a man-made ring of satellites around the Earth. These satellites are destined to become the longest-lasting artifacts of human civilization, quietly floating through space long after every trace of humanity has disappeared from the planet.
      Trevor Paglen’s The Last Pictures is a project that marks one of these spacecraft with a visual record of our contemporary historical moment. Paglen spent five years interviewing scientists, artists, anthropologists, and philosophers to consider what such a cultural mark should be. Working with materials scientists at Massachusetts Institute of Technology, Paglen developed an artifact designed to last billions of years—an ultra-archival disc, micro-etched with one hundred photographs and encased in a gold-plated shell. In Fall 2012, the communications satellite EchoStar XVI will launch into geostationary orbit with the disc mounted to its anti-earth deck. While the satellite’s broadcast images are as fleeting as the light-speed radio waves they travel on, The Last Pictures will remain in outer space slowly circling the Earth until the Earth itself is no more.

      #Echostar
      #The_Last_Pictures

    • http://onlinelibrary.wiley.com.gate3.inist.fr/doi/10.1002/2013EO400004/pdf
      Nick Sagan Reflects on Voyager 1 and the Golden Record

      © 2013. American Geophysical Union. All Rights Reserved.
      Eos
      , Vol. 94, No. 40, 1 October 2013
      Nick Sagan Reflects on Voyager 1
      and the Golden Record
      When scientists confirmed on 12 September that NASA’s Voyager 1 spacecraft had entered
      interstellar space (
      Eos, 94
      (39), 339, doi:10.1002/ 2013EO390003), the probe was acknowledged
      as the first human- made object to travel into that realm. The probe and its twin, Voyager 2, each
      carry a 12-inch gold- plated copper disk, known as the Golden Record.
      The Golden Record is a time capsule containing images, music, and sounds from planet
      Earth that were selected for NASA by a committee chaired by the late astronomer Carl Sagan.
      The Golden Record includes greetings to the universe in 55 different languages. The greeting in
      English was recorded by then 6-year-old Nick Sagan, son of Carl Sagan and NASA Pioneer
      spacecraft plaque artist Linda Salzman.
      When it was confirmed that Voyager 1 had entered interstellar space,
      Eos
      contacted Nick
      Sagan, now 43 and a writer and producer, for his comments.

    • La Nasa met en ligne les messages de Voyager aux extraterrestres
      http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2015/08/04/les-messages-voyager-extraterrestres-mis-ligne-nasa-260603

      [C]omme le faisait remarquer l’un des membres du comité réuni par Sagan :
      « Les chances que la plaque soit vue par un seul extraterrestre sont infinitésimales. Par contre, elle sera vue par des milliards de Terriens. Sa vraie fonction est donc d’en appeler à l’esprit humain et d’œuvrer à son expansion, et de faire de l’idée d’un contact avec une intelligence extraterrestre une expansion désirable de l’humanité. »

  • https://sms.hypotheses.org/1685


    La performativité du langage des chiffres. Des chiffres qui font parler d’eux

    Auparavant auxiliaires discrets du pouvoir, les chiffres -financiers, économiques, comptables, gestionnaires- sont devenus dans les années 1980 d’hystériques agents d’une mondialité débridée, au risque 30 ans plus tard, de se muer en un Golem incontrôlable de chiffres, de tableaux de chiffres, de tableaux de tableaux de chiffres…. Aujourd’hui, l’immense majorité des transactions financières sont réalisées automatiquement entre serveurs distants et l’immense majorité des transactions qui ne sont pas automatiques sont des transactions « dérivées » de l’économie des échanges de biens et des services. Les résultats –et la transparence- de ces vertigineuses dérivations comptables sont incertains et l’histoire immédiate, celle de la crise que nous vivons encore, montre que les prophéties des grands prêtres de la finance ne s’auto-réalisent pas toujours.

    Malgré ces alertes et leurs conséquences économiques et sociales, les chiffres et leurs représentants sont plus que jamais tout-puissants dans l’organisation des règles du jeu de l’économie financière moderne. Produits et moteurs d’une économie globalisée, les chiffres envahissent désormais tous les domaines et sphères d’activités de notre vie sociale (activités culturelles, politiques, citoyennes, amicales, familiales, intimes…). Tout se chiffre, se compte et se calcule désormais ; et ce de plus en plus vite et par-delà les distances géographiques, culturelles ou linguistiques. Notre société offre un spectacle sans cesse renouvelé de ces chiffres qui font parler d’eux. Les débats de l’entre-deux tours des élections présidentielles françaises en sont un bon ( et triste ?) exemple.

    #Économie #Épistémologie

  • http://www.t-o-m-b-o-l-o.eu/meta/when-is-grahic-design-quelques-remarques-nominalistes-sur-la-definitio


    When is graphic design ? Quelques remarques nominalistes sur la définition d’une discipline

    Les différentes lunettes du design graphique nous font voir une même chose de plusieurs manières. Il y a design graphique lorsque le paradigme – ou la correction optique, pour filer la métaphore des lunettes – est suffisamment juste pour nous faire entrevoir une chose par le discours dont elle fait l’objet, tout en faisant méconnaître les conditions de félicité de ce discours. Il y a design graphique lorsqu’il y a croyance. Car tout en tenant les choses à distance, le design graphique fait méconnaître cette distance : un des effets du symbole, c’est la naturalisation de la relation qu’il établit. Il suffit par exemple de considérer l’importance de la polarisation rose bleu dans les représentations de l’opposition masculin féminin pour comprendre les effets d’assignation symbolique de la couleur, qui, faisant méconnaître l’arbitraire des catégories qu’elle exprime, les fonde plus efficacement en légitimité. Les représentations du territoire, de l’événement, de l’individu, évoquées plus haut, sont ainsi « orientées » – dirait on en langage courant – par le design, nous éloignant alors d’une vérité première dont il faudrait faire le deuil mais qui cependant nous est constamment présentée comme telle. S’il y a un paradoxe du graphisme, c’est bien à cet endroit qu’il est à chercher. Pour lire une carte, il faut l’investir de l’autorité qu’elle présente, ne pas douter de son objectivité scientifique. Pour pleinement croire à la représentation, il faut méconnaître l’arbitraire des choix qu’a pu opérer le design, s’investir dans le jeu de langage qu’elle instaure, souscrire à l’illusio, à ce que décrit Bourdieu comme un principe d’adhésion aux règles tacites du jeu social, et pourrait-on dire, aux codes visuels du jeu graphique.

    Il n’est pas certain que l’on puisse concevoir une affiche qui puisse définir en propre ce qu’« est » le design graphique, mais ce qu’il est possible de faire en revanche, c’est bien plutôt de décrire les relations symboliques dont le design graphique est l’objet, pour mieux comprendre la manière dont il transforme les rapports de force en rapports de sens.

    #Design #Épistémologie #Relativisme

  • Géographie et Cartographie, réflexions historiques et épistémologiques

    par Philippe Pinchemel (texte publié en 1979)

    http://persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bagf_0004-5322_1979_num_56_462_5108

    Cet article ancien de Philippe Pinchemel me rappelle de si bon souvenirs. C’est long mais passionnant et fondamental pour tous ceux qui aiment la géographie et la cartographie. En plus, moi, j’ai eu depuis le début de mes études un grand faible pour Pinchemel. j’ai adoré ce grand prof, ce géographe si généreux, qui était tellement ouvert, tellement universel (un des derniers géographe « universel » de sa génération sans doute). ce grand prof du « rang A » été le seul d’ailleurs, à accepter l’invitation d’étudiants de troisième année de se retrouver à 8:00 du mat au sommet de la tour Montparnasse pour démarrer une excursion de géo urbaine. Les autres profs du rang A, eux, avaient l’habitude de ne jamais adresser la parole aux étudiants dans les couloirs :) (ou presque). Je pense qu’il est un de ceux qui a été à l’origine de ma vocation, qui a su me transmettre l’enthousiasme de la géographie et de la visualisation du monde. Il était grand et charmant, attentif, et dans mon travail, dans mes recherches et mes expérimentations, je pense toujours beaucoup à lui, à ses méthodes, à ce qu’il nous a transmis. Son oeuvre, ses écrits méritent un très large détour.

    Bulletin de l’Association de géographes français - Année 1979 - Volume 56 - Numéro 462-463 - pp. 239-247

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Pinchemel

    #géographie #cartographie #sémiologie #épistémologie

  • Après #affaire_Sokal et #Affaire_Maffesoli on n’arrête pas avec les canulars. Malheureusement, ça ne démontre pas grand chose... dommage !


    Comment inventer des résultats scientifiques et en faire parler les médias
    http://www.letemps.ch/Page/Uuid/af444050-0ac1-11e5-b8f6-5d331e67f11f/Comment_inventer_des_r%C3%A9sultats_scientifiques_et_en_faire_parler_les_m%C

    Deux nouveaux scandales de fraude scientifique ont éclaté il y a peu. Si le premier confine à la tromperie dans un but carriériste, le second a été échafaudé pour souligner la manière dont nombre de médias considèrent la science, sans distance. En cause : des chercheurs poussés à survaloriser leurs résultats et des journalistes souvent en manque de clés pour appréhender le monde scientifique et ses publications.

    #épistémologie #canular #science

  • Comment décrire ce qui n’a pas d’existence reconnue ? (1/2)


    http://reflexivites.hypotheses.org/7269

    La possibilité de s’assembler autour de ce socle commun peut d’ailleurs expliquer en partie la puissance de la mobilisation : on défile plus volontiers pour des valeurs que contre des assassins. Emmanuel Todd ne nie pas ces valeurs ; comme tout le monde, il ne peut que les voir, tant elles ont été scandées et reprises dans les médias ; mais il considère que cet affichage généreux et « sympa » ne dit pas non plus tout des motifs qui ont rassemblé derrière Charlie ; pour atteindre l’autre côté du miroir, il faut déceler ce qui relève de l’implicite, de l’inavouable ou de l’inconscient. Ce qui serait de l’ordre des préjugés à combattre, et dont on se croit volontiers prémuni.

    [...]

    C’est aux chercheur.e.s, quand les statistiques et les mots font défaut, de procéder à la construction des « lunettes » permettant d’observer la réalité différemment. Pour cela, il faut qu’illes soient à contre-courant. S’illes se situent en dehors des statistiques et des catégories usuelles, c’est qu’illes ont aperçu une réalité à nul.le autre (ou du moins, à nulle majorité dominante) visible. C’est le cas d’Emmanuel Todd. Non qu’il soit le premier à parler d’islamophobie, loin de là ; mais il est parmi les premiers, il faut le reconnaître, à avoir vu celle qui agiterait les classes moyennes éduquées qui ont défilé le 11 janvier. C’est ici qu’il faut aborder l’autre difficulté de sa démarche : sa méthode hypothético-déductive

    #sociologie #SHS #épistémologie

  • Sciences sociales : quand les instruments et les modèles formels supplantent les objets d’études
    http://sms.hypotheses.org/3734

    Les sciences de la nature et de la technique ont toujours constitué pour les sciences sociales un réservoir d’idées et de méthodes, et elles ont souvent incarné ce que peut être la « méthode scientifique ». Les « importations » en sciences sociales ne sont pas limitées aux modes de raisonnement ou aux concepts. Elles ont aussi pris, dans certains cas, la forme d’adoption d’instruments ou de formalismes qui se sont accompagnés de migrations de chercheurs.

    #épistémologie #SHS

  • La démocratie épistémique comme condition d’une science citoyenne – Le pluralisme épistémique
    http://recherche.hypotheses.org/162#_ftn7

    Dans une série de trois articles, Léo Coutellec, docteur en philosophie, nous propose de penser les rapports entre science et société, et fais reposer la condition d’existence d’une science citoyenne sur l’idée de démocratie épistémique :

    “La démocratie épistémique comme condition d’une science citoyenne”
    La démocratisation des rapports entre science et société ne se fera pas sans une démocratisation de la science elle-même

    Que veut dire inventer en épistémologie ? Comment établir et penser des rapports démocratiques entre sciences et éthiques ? Peut-on penser une intégrité des sciences à la fois épistémique et éthique ? Comment construire une épistémologie non-standard et une éthique générique ?

    • Le canular est disponible ici : http://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/1647/files/2015/03/Automobilit%C3%A9s-proposition-Soci%C3%A9t%C3%A9s-JPT-2014-MX-V2.pdf

      Résumé :
      Le présent article vise à mettre au jour les soubassements imaginaires d’un objet socio-technique urbain contemporain : l’Autolib’. Sur la base d’une enquête de terrain approfondie, elle-même couplée à une phénoménologie herméneutique consistante, nous montrons que la petite voiture de location d’apparence anodine, mise en place à Paris en 2011, se révèle être un indicateur privilégié d’une dynamique macro-sociale sous-jacente : soit le passage d’une épistémê « moderne » à une épistèmê « postmoderne ». A travers l’examen de l’esthétique du véhicule (que l’on caractérise comme poly-identificatoire), comme de ses caractéristiques et fonctionnalités les plus saillantes (la voiture électrique connectée illustre le topos contemporain de « l’enracinement dynamique »), nous mettons au jour les diverses modalités socio-anthropologiques qui permettent d’envisager l’objet « Autolib’ » comme le produit/producteur, parmi d’autres choses, d’un nouveau « bassin sémantique ».
      Mots-clés : Autolib’ ; postmodernité ; topique socio-culturelle de l’imaginaire

    • Quelques notes de Maffesoli pour la revue Société à propos du canular : http://www.cairn.info/revue-societes-2014-4-page-115.htm

      La revue Sociétés a fait l’objet d’un canular qui a abouti à la publication d’un article parodique rédigé, non par Jean-Pierre Tremblay, mais par deux jeunes sociologues, anciens étudiants de Michel Maffesoli, et dont l’un a entamé un travail de thèse sur la sociologie de l’imaginaire il y a 12 ans.
      L’article a été relu par deux personnes ; un avis a été négatif, l’autre favorable vu le sujet, réservé sur « le côté un peu jargonnant ».
      S’agissant de la rubrique « Marges » de la revue, qui accueille des articles très divers, parfois de très jeunes auteurs ou d’auteurs non francophones, avec plus d’indulgence que le « dossier », cet article a été accepté et publié.
      C’est une erreur et je m’en excuse auprès de tous nos lecteurs.
      Ce « canular » n’entache cependant pas la qualité d’une revue, publiée depuis plus de 30 ans et qui compte de nombreux et fidèles abonnés.
      Gardons cette « affaire » dans les limites, comme le dit Descartes, de la droite raison et du bon sens réunis.
      Michel Maffesoli

    • Dans Le Nouvel Obs : http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150318.OBS4920/et-michel-maffesoli-voulu-reinventer-la-sociologie-seul-contre-
      Et Michel Maffesoli voulut réinventer la sociologie... seul contre tous

      Si cette affaire peut avoir une quelconque utilité, ce serait en invitant toute la profession à réfléchir. Il faut certes contrôler au mieux la validité des affirmations, mais il faut aussi éviter que cela aboutisse à un discours sans aspérités, qui ne fâche personne, qui devienne creux ou ’langue de bois’", un sociologue anonyme

    • Quelques réflexions épistémologiques ici : http://www.anthropiques.org/?p=1521
      Quelques réflexions au sujet de la nouvelle affaire Maffesoli

      Maffesoli, dans Le Monde, déclare qu’il ne veut pas être un scientifique, puisque précisément, « la sociologie n’est pas une science, mais une "connaissance". Une connaissance bien sûr rigoureuse, mais dont le paradigme n’est pas la mesure ». Je passe sur la question de la rigueur. Quinon et Saint-Martin me semblent avoir démontré qu’il n’est pas nécessaire d’être si rigoureux que cela pour écrire un article accepté dans une revue maffesolienne. Ce qui m’arrête, c’est l’assimilation de la science et de la mesure. Voilà une épistémologie très vieux jeu et en même temps très actuelle, avec laquelle Maffesoli donne paradoxalement raison à certains de ces adversaires. Car il ne manque pas de gens pour penser, comme lui, que la science, c’est la mesure. D’où la profusion d’études quantitatives en tout genre, y compris en sociologie. Je ne vais pas, bien sûr, soutenir la thèse inverse. La mesure fait assurément partie de la boîte à outils scientifique. Mais la mesure en elle-même ne garantit absolument pas la scientificité de la démarche. On peut mesurer - et on mesure de fait - à peu près tout et n’importe quoi. Ce qui donne parfois des connaissances certes quantitatives, mais pas moins mythiques que les connaissances de la sociologie maffesolienne.

    • Les auteurs du canular reviennent à la charge le 9 mai 2015 : http://zilsel.hypotheses.org/1979
      D’une polémique à l’autre… en passant par la compréhension. Petite note bio-méthodologique

      Un extrait d’une discussion que vous trouverez dans l’article :

      Mon interlocuteur : « – Je ne comprends pas… Comment peux-tu travailler sur un sujet que tu critiques en même temps ?
      – En, fait, le “maffesolisme”, même s’il est le point de départ de ma thèse, avec l’affaire Teissier, n’est qu’une petite partie de mon terrain, qui porte bien plutôt sur le réseau de chercheurs “ésotéristes” fédéré dans les années 1960, 70 et 80, par l’islamologue Henry Corbin et le sociologue Gilbert Durand…
      – Oui, mais même s’il s’agit d’une petite partie, comment peux-tu travailler là-dessus de manière objective, si tu les critiques par ailleurs ?
      – Hé bien, comme je te l’indiquais, ce n’est qu’une petite partie de mon terrain… Mais je ne vois pas bien ou serait la contradiction : tu peux bien critiquer, dans un premier ou dans un second temps, les bases épistémologiques d’une théorie particulière, le mode d’administration de la preuve qui y prévaut, et, dans un autre temps, chercher à décrire et à comprendre cette théorie dans toutes ses ramifications conceptuelles, en mettant en suspend la question de son adéquation avec la réalité, non ?
      – Tu critiques Maffesoli, mais tu es d’accord avec ce que disent Henry Corbin et Gilbert Durand, Durand que Maffesoli présente pourtant comme son “Maître” ?
      – (moi, m’échauffant un peu :) Non, pas du tout ! Leur vision du monde, à Corbin et à Durand, leur conception ésotériste d’une “chevalerie spirituelle” garante de l’équilibre cosmique, n’est pas du tout ma tasse de thé ! Je suis agnostique, moi, je ne crois pas en l’existence d’une connaissance secrète salvatrice, réservée à une élite spirituelle, et capable de sauver l’humanité… Mais so what ? C’est comme si tu reprochais à un ethnologue de faire un terrain exotique, parce qu’il n’est pas acquis à la vision du monde des indigènes qu’il étudie…
      – (mon philosophe, toujours calme et sceptique :) Humm… Donc tu travailles sur des objets que tu n’apprécies pas ? Pas plus Maffesoli, que Durand et Corbin…
      – (moi, agacé :) – Mais où est le problème, encore une fois ? Moi, je cherche à comprendre ces braves gens, comme le ferait n’importe quel ethnologue perdu en Amazonie. Et même si leurs visions respectives de l’homme et du monde ne sont pas les miennes, ça n’empêche pas que j’ai bien plus de sympathie pour les théories de Durand et Corbin, qui constituent l’objet central de ma thèse, que pour celles de Maffesoli, que je critique à l’occasion. De même, comme je te le disais tout à l’heure, que j’ai beaucoup plus de sympathie pour les grandes fresques philosophico-apocalyptiques de Heidegger et de l’Ecole de Francfort (ce sont de belles histoires, après tout, non ?), que pour les élucubrations et falsifications freudiennes. Même si je ne crois, à titre personnel, à aucune de ces charmantes mythologies intellectuelles.
      – (mon philosophe, toujours imperturbable et sceptique) : Mouais… Reste que je ne comprends toujours pas bien comment tu peux…
      – (moi, tranchant :) Et moi je ne comprends pas pourquoi tu n’écoutes pas ce que je te répète depuis tout à l’heure, et pourquoi tu me mets dans une boîte qui n’est pas la mienne ! Parlons d’autre chose… »

  • Tristes tropismes À propos d’Anna Boschetti, Ismes. Du #réalisme au #postmodernisme.
    http://zilsel.hypotheses.org/1693

    L’accumulation des « ismes » dans les domaines savants, au même titre que l’« effet logie »[1] ou bien encore l’omniprésence actuelle des « studies » presse à un travail réflexif des chercheurs en sciences sociales ­– et, sans doute également, des philosophes, des historiens de l’art et des spécialistes en études littéraires – sur la genèse des représentations sociales des savoirs et des catégories de pensée qui leur sont associées et qui sont acceptées comme des éléments de classification allant de soi, en quelque sorte pseudo-évidents et unitaires. Bien entendu, ces exemples marqueurs ne sont pas identiques et ne peuvent se confondre ; ils partagent néanmoins comme propriété commune, au-delà de signifier un tropisme académique, d’être des notions-concepts vagues permettant à certains acteurs ou collectifs d’acteurs de surfer dessus pour se faire un nom (et tout ce qui va avec). Ces marqueurs sont proches mais non identiques puisque, comme il va en être question dans cette recension du dernier ouvrage d’Anna Boschetti, les « ismes » ont existé et demeurent en dehors des champs académiques et scientifiques, contrairement aux « logies » et aux « studies » (parmi d’autres envisageables), qui produisent leur petit effet d’attraction par ailleurs.
    Dans son dernier ouvrage, la sociologue des intellectuels et de la culture entend rompre avec toutes ces habitudes de pensée savantes qui consistent – par séduction ?, par mimétisme ?, par paresse ? – à confondre les catégories d’analyse et autres formes de classification avec les objets d’étude, tout autant qu’à concevoir leur développement global suivant des « mouvements » successifs (p. 6), comme si elles naissaient, murissaient, se diffusaient et déclinaient naturellement – ce faisant, une génération en remplace une autre.

    #épistémologie

  • Comprendre le passé, une quête de la vérité ?
    http://reflexivites.hypotheses.org/6955

    Comment suis-je plongé dans ce bain de l’Histoire ? Je pense que cela devrait être commun à tous les historiens et à ceux qui s’y intéressent de près ou de loin à ce domaine. La recherche historique représente l’un des domaines de la science où il est difficile de présenter des faits qui sont facilement déformés par les différentes perceptions de la vérité de chacun des protagonistes.

    [...]

    Il y a également une chose dont l’on doit également comprendre : la passion de la généalogie. Cette passion qui semble ne pas avoir de fin représente également un besoin de s’ancrer dans le passé, de comprendre d’où l’on vient selon des éléments attestés, des faits, et non pas sur les mythes familiaux. C’est ce besoin de se relier au dire-vrai, à la réalité à une période où le monde devient de plus en plus global qui permet aux passionnés de pouvoir se positionner, se situer dans la longue chaine des vies.

    Ainsi, il y a la fierté de pouvoir dire que l’on vient d’un individu à telle ou telle date, et donc de pouvoir dire la vérité sur l’existence d’un oncle d’Amérique, ou de comprendre si les dires transmis de génération en génération sont-ils véridiques ou pas.

    Ce besoin de chercher la vérité dans le passé est-il un besoin de s’ancrer dans un contexte immuable ? A cette question, je ne saurais le dire…

    #épistémologie #SHS #réflexivité

  • Le nécessaire mensonge, ou dire le vrai sur le mirage de la réalité
    http://reflexivites.hypotheses.org/7037

    J’ai choisi de dire vrai – ou du moins, essayer – au moyen de la fiction, de ce qui est faux. Souvent, le faux est nécessaire pour dire le vrai ; et on retrouve parfois plus de vérité dans la fiction que dans n’importe quel discours vrai. C’est cette tension, ce paradoxe, que j’aimerais explorer, pendant mon mois de location.

    Mais peut-être faut-il tout d’abord se pencher sur ce qu’est le faux, ses implications, ses enjeux. Comme j’aime bien faire l’inverse de ce que les autres font, je vais dire faux, quand toutes et tous les autres occupant-e-s de cette maison ont tâché de dire vrai. Cette idée m’amuse.

    #épistémologie #SHS #réflexivité

  • Le pouvoir de la vérité
    http://reflexivites.hypotheses.org/6963

    Le thème de cette année réflexive semblait particulièrement adapté aux recherches que je mène sur la direction de conscience. Le coeur même de cette pratique est l’aveu, c’est à dire « dire vrai » sur soi, dire tout, tout le temps, à son directeur de conscience. Une partie de mon travail consiste à poser les questions suivantes : pourquoi un catholique doit-il dire vrai à son directeur de conscience ? Comment fait-il ? (Il y aurait des techniques du « dire-vrai ») ? A qui dit-il sa vérité et qu’est-ce que cela produit ?

    [...]

    Je partirai de ma définition du « dire vrai » en sciences sociales, définition très contestable et incomplète, mais peu importe, il faut bien prendre un point de départ, alors essayons.
    En sciences sociales, dire-vrai, ce serait dire quelque chose qui a une prise sur la manière dont nous nous représentons le réel ; qui interroge la façon dont nous construisons cette représentation ; qui cherche à expliquer pourquoi nous choisissons cette représentation plutôt qu’une autre. Ce serait déchiffrer une, des vérités sur notre rapport au réel. Ces tentatives de « dire vrai » (qui ne recoupent pas le fait de dire « la » vérité… comme on pourrait le dire avec Pablo Neruda, « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité » ) ont un effet sur nos vies. Les chercheurs en sciences sociales peuvent donner une épaisseur, une consistance, une cohérence à la réalité des vies. En cela, dire une « vérité » c’est un jeu de dévoilement, et ce dévoilement peut avoir une puissance considérable.

    #épistémologie #SHS #réflexivité

  • Les théories de la complexité : des points de repère
    http://socioargu.hypotheses.org/5004

    Depuis une trentaine d’années, le terme de « complexité » s’est imposé dans les discours des chercheurs et des intellectuels, des instituts de recherche et des journalistes scientifiques. De nombreux chercheurs, quelle que soit leur discipline, s’y intéressent. Multiples, aux contours incertains, les théories de la « complexité » cultivent et nourrissent l’espoir de parvenir à des solutions nouvelles, jugées parfois « miraculeuses », aux problèmes sociaux et environnementaux ; elles peuvent également produire une sorte d’émerveillement, ou pour le moins d’excitation cognitive, en ouvrant sur la compréhension réelle et profonde des systèmes dits complexes.

    #épistémologie #socio-informatique #sociologie_pragmatique