• Premières journées iconoclastes

    Comme le disait un membre de l’#Atelier_idéal en introduisant la première conférence de ces journées, il n’est probablement « … pas besoin d’insister sur le sens du mot iconoclaste. Il convient si bien à la #CNT-AIT, du moins à #Toulouse, toujours prête à donner quelques coups de pieds dans la fourmilière…  ». Mais il n’est peut-être pas inutile de souligner pourquoi ces «  Journées », au lieu de les vouloir simplement «  libertaires » comme c’est classique, nous les avons préférées « iconoclastes ». Un terme n’excluant pas l’autre, tout au contraire selon nous.

    Ce que nous cherchions, c’était à rompre avec la paresse intellectuelle et son « prêt-à-penser idéologique » pour militants ; à démasquer des opinions qui ont pénétré dans le milieu libertaire par effraction ; à briser des étiquetages ; à rediscuter des points, parfois basiques, mais qui ont été oubliés, déformés, mal compris… Bref, nous voulions « secouer le cocotier », faire entrer de l’air frais, relancer des débats, quitte à remettre en question, à nous remettre en question. D’où la méthode choisie. Nous n’avons pas eu recours au vivier militant, nous avons fait appel à quatre intervenants qui ne sont pas anarchosyndicalistes, mais qui connaissent bien leur sujet, qui ont des « choses à dire » (et parfois à nous… contredire) et qui sont ouvert à une discussion franche et loyale. Nous les remercions tous de leur présence, de la qualité de leurs apports et d’avoir pris le risque politique de venir discuter avec nous.

    Ces 29, 30 et 31 mai donc, nous avons tenu nos premières journées iconoclastes dans les locaux du squatt #La_Chapelle. Souvent, dans ce genre de « journées » ou de «  colloques », le programme est dense, le temps est compté. Tout juste une ou deux questions peuvent-elles être posées à un conférencier que l’on passe à un autre. Nous avions choisi, à l’inverse, de nous donner du temps. Le temps de l’échange, de l’approfondissement, le temps de la réflexion. Quatre conférences, une table ronde, un atelier militant, des repas pris en commun sur les lieux mêmes et rien d’autre.

    Le vendredi 29 mai #Françoise_Morvan a ouvert le programme en abordant le #régionalisme à partir du cas breton (« #Ethnorégionalisme et #ultralibéralisme, la #Bretagne pour laboratoire »). Comme nous avions décidé de « creuser » cette question, nous l’avons reprise le lendemain matin dans une « Table ronde autour des régionalismes » à laquelle se sont joints outre Fr. Morvan, #Eric_Fraj et #Yves_Coleman. Ce dernier a donné l’après midi une conférence sur «  L’#antisémitisme de gauche ». En soirée, #Jordi_Vidal a présenté une intervention intitulée « #Postmodernisme : la stratégie, ou l’extinction des Lumières » en l’illustrant d’un de ses films. Le matin du dimanche 31 a été consacré à un atelier militant (« Analyse de trente ans de scissions dans les milieux libertaires »). Les «  Journées » se sont achevées sur une nouvelle conférence d’Yves Coleman («  Idéologues et militants du #social-chauvinisme, de Michéa à Mélenchon »).

    Les discussions sont allées bon train et ont parfois été vives. Elles ne sont pas closes. Elles se poursuivront, par exemple pour ce qui nous concerne, lors de notre camping cet été. Les textes qui suivent sont également des jalons de ces débats, soit qu’ils cherchent à rendre compte synthétiquement des interventions (conférences sur le social-chauvinisme, le post-modernisme), soit qu’ils en constituent plutôt une réinterprétation ou même un commentaire (les trois autres textes). Autant dire qu’il ne s’agit pas de retranscriptions stricto sensu des propos des conférenciers et que les articles qui suivent, s’ils se nourrissent bien de leur apport, n’engagent pour ce qui est de l’expression, des termes employés, de la forme, que nous-mêmes. Pour connaître la pensée précise des conférenciers dans les termes qui sont les leurs, on se reportera à leurs ouvrages.

    Quatre thématiques sont abordées dans ces pages, beaucoup d’autres mériteraient d’être discutées de la sorte. Nous espérons pouvoir le faire dans les mois ou années à venir. De même, nous espérons que le débat sur les scissions dans le mouvement libertaire, après le premier débroussaillage qui a eu lieu, mûrira et qu’il donnera lieu à des écrits ultérieurement.

    Un dernier mot pour souligner que, si ces journées ont connu un succès dépassant nos espérances, nous le devons certainement à notre co-organisateur, l’Atelier idéal, qui anime un squat toujours en danger, La Chapelle, « lieu d’expérimentation sociale, politique et culturel pour interroger le monde comme il ne va pas ».

    Références :
    – Françoise Morvan, « Le Monde comme si – Nationalisme et dérive identitaire en Bretagne » , Actes Sud/Babel, 2005.
    – Jordi Vidal, « Servitude et simulacre en temps réel et flux constant  » , 2007 Editions Allia.
    Il existe une adaptation cinématographique en court-métrage.
    – Eric Fraj, «  Quel occitan pour demain » , ouvrage bilingue, 2013, Editions Reclams
    – Yves Coleman, animateur de «  Ni patrie ni frontière  » a publié plusieurs ouvrages sur des thèmes abordés lors des débats. On se référera à son site. http://mondialisme.org/spip.php?rubrique1

    Autour de Ethnorégionalisme & Ultralibéralisme : La Bretagne pour laboratoire
    http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article759

    Table-ronde régionalisme : Langue et nationalisme
    http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article758

    Post-modernisme
    http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article760

    De Michéa à Mélenchon : Idéologues et militants du social-chauvinisme
    http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article761

    Réflexions sur l’antisémitisme DE gauche
    http://seenthis.net/messages/386974

    #journées_iconoclastes

    @anarchosyndicalisme ! n°145
    http://seenthis.net/messages/387250

  • Table-ronde #régionalisme
    http://cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article758

    Pendant un peu plus de deux heures, de nombreux points ont été soulevés au cours de cette table ronde organisée durant les "Premières Journées Iconoclastes", tant entre les intervenants qu’avec le public. Deux sont rapportés et commentées ici.

    #LANGUE ET #NATIONALISME

    Passe-t-on nécessairement de la défense d’une langue à une revendication nationaliste ? Si oui, comment ? Ce furent des questions de cette table ronde.

    Tout d’abord, un intervenant a souligné que les langues (régionales ou pas) n’étaient pas le problème. Il a rappelé que dans les années 70, le bulletin de l’Union locale de Toulouse de la #CNT-AIT (« La Castagne ») avait une page en languedocien sans que cela pose quelque problème que ce soit à qui que ce soit. C’est en constatant que cette langue était utilisée par certains dans un but nationaliste que cette page avait été abandonnée. Il est dommage qu’à l’époque, cette évolution n’ait pas été analysée, a conclu cet intervenant.

    Le débat a ensuite oscillé entre deux grandes opinions. Celle exprimée par Y. Coleman pour lequel la défense d’une langue régionale contient en germe une revendication nationaliste et celle, à l’autre pôle du débat, soutenue par #Eric_Fraj.

    Eric Fraj s’affirme occitaniste en soulignant qu’il l’est comme d’autres sont germanistes, hispanistes (ce qu’il est lui-même également d’ailleurs). Pour le dire avec une pointe d’humour, l’intérêt qu’il porte à la langue ne le conduit pas plus à une revendication nationaliste occitaniste que la passion pour les cultures antiques ne conduit habituellement un prof de latin à revendiquer la résurrection de l’empire romain.

    Diverses situations ont été ensuite exposées. Arrêtons-nous sur les deux exemples les plus opposés, ceux offerts par les langues tsiganes et l’hébreu.

    Les utilisateurs des langues tsiganes n’expriment pas (à notre connaissance et à ce jour) de revendications nationalistes ou territoriales.

    Peut-être est-ce parce que ces langues sont extrêmement vivantes (vivaces mêmes) et qu’elles évoluent (c’est-à-dire qu’elles apparaissent, se modifient et disparaissent) en permanence au contact des langues entre lesquelles elles vivent. Ainsi, le calo (provenant du sanscrit), parlé par les gitans de l’ouest du bassin méditerranéen connaît-il des variantes castillanes, portugaises, catalanes, brésiliennes et même basques (erromintxela). Il y eut, paraît-il, un calo occitan qui aurait disparue. On peut penser (je n’en sais pas plus que pour la version occitane) qu’il y a eu une version arabe (gitans d’Afrique du Nord).

    L’autre caractéristique des langues tsiganes c’est qu’elles meurent sans jamais faire l’objet d’une « lutte » pour leur défense (exemple  : le Yéniche) tandis que d’autres langues apparaissent sous nos yeux, l’air de rien. Ainsi en sera-t-il peut-être de ce qu’on appelle maintenant « l’argot voyageur », qui se construit à partir du français et qui est déjà plus, à mon avis, qu’un argot puisqu’il possède non seulement un vocabulaire en propre mais des structures syntaxiques différentes du français. Peut-être deviendra-t-il une langue « reconnue » ?

    Situation bien différente avec l’hébreu. Lors de la création de l’État d’Israël, alors que les populations juives qui arrivaient parlaient diverses langues chargées d’histoires (judéo-espagnol) et de luttes sociales (yiddish), le pouvoir choisit de ressusciter (quasiment) l’hébreu et de l’imposer comme langue nationale au détriment de toute autre. La force du nationalisme israëlien peut en partie s’expliquer par ce choix. Comme l’a indiqué Fr. Morvan, le mouvement nationaliste breton (pour antisémite qu’il puisse être) voit dans cette expérience un exemple à suivre, puisqu’il montre qu’on peut imposer, avec une forte volonté politique, une langue unifiée à une population et que cela peut servir de base à un nationalisme ardent.

    Au total, ces deux exemples fournissent peut-être un élément de réponse à la question « quand passe-t-on de la revendication linguistique au nationalisme ?  » C’est peut-être bien quand on commence à fixer la langue, à l’homogénéiser, à l’unifier, à l’imposer quand on commence à stériliser la créativité populaire, c’est peut-être lorsqu’apparaissent les académies, les instituts, les normalisateurs de tous poils.

    Nous retrouvons ici les observations d’Eric Fraj qui constate le fossé existant entre les « parlers occitans encore vivants » et l’occitan normalisé officiel et celles de Fr. Morvan qui a souligné que la bretonisation forcée était si avancée qu’en pays Gallo (et donc n’ayant jamais, au grand jamais parlé breton) la toponymie réelle (les noms de lieux, de rivière…) est effacée et changée par des noms « celtiques » ou supposés tels. Dans les deux cas, c’est d’une véritable rupture avec les couches populaires qu’il s’agit, une rupture qui offre aux revendication nationaliste un socle linguistique sur lequel s’appuyer.

    L’exemple français n’a été que peu abordé au cours du débat, mais il serait probablement judicieux d’étudier en profondeur les répercussions de la normalisation de la langue française sur le nationalisme français (si quelque lecteur connaît le sujet, qu’il n’hésite pas à nous faire part de ses connaissances  !). Contentons-nous de remarquer pour l’instant qu’un très puissant outil de normalisation linguistique a été mis en place sous la monarchie puisque c’est Louis XIII qui a créé l’Académie française (1634) avec pour principal objectif d’éditer un dictionnaire officiel. Cette normalisation de la langue s’est accompagnée immédiatement d’une mise au pas des régions [1] ouvrant ainsi la voie à la monarchie absolue (Louis XIV) reposant sur un pouvoir absolu centralisé (ce que les régionalistes, habituellement braqués contre la Révolution française, veulent ignorer). collusion.

    L’intrication entre revendication linguistique, ethnorégionale, économie et pouvoir a fait l’objet également de plusieurs échanges, qui reflètent pour partie ceux rapportés ci-dessus.

    Ainsi E. Fraj a-t-il souligné que, pour lui, ces liens n’existaient pas forcément. Qu’ils n’existaient pas, par exemple, dans le mouvement occitan de l’immédiat « après 68 » qui portait (et était porté) par des valeurs populaires, sociales. Le slogan de l’époque «  Ome d’oc, as dreit a la parola, parla  » (graphie non normalisée) est à entendre comme le droit de chacun à s’exprimer dans sa langue habituelle, sans qu’il en ait « honte » et, en l’occurrence, pour les vignerons, paysans (et certains citadins) qui, dans les années 70 les parlaient encore couramment, dans les langues d’oc.

    Dans l’exemple breton, l’interpénétration est constante et massive. Les preuves apportées par Fr. Morvan à propos du CEDIB, de l’Institut de Locarn, du Conseil régional, des syndicats… sont irrécusables. Il peut y avoir des divergences entre les différents acteurs, mais la balle revient toujours « au centre ». Ainsi, quelques jours à peine après les Journées iconoclastes, les éleveurs de porc breton se mobilisaient contre «  La grande distribution [qui] casse les prix  » si bien que « … nous sommes tous étranglés  » et attaquaient des super-marchés  : déversement de fumier, de gravats, incendies… ce qui n’empêchait pas les représentants des 25 500 éleveurs bretons (parmi lesquels il doit bien y avoir les « étranglés » en question) de se réunir bien gentiment avec les patrons de Produit en Bretagne [2] (qui regroupe aussi les patrons bretons, champions de la grande distribution) tout en se tournant vers le ministre (français) de l’Agriculture pour qu’il résolve le problème. Ce qu’il a fait à la vitesse grand V. Dans les faits, le pouvoir « français » soutien les lobbys bretons. Ainsi il verse, rien que pour l’enseignement du breton, 23 millions d’euros par an. Une vérité que les autonomistes ne crient pas très haut… pas plus que celle concernant Notre-Dame-des-Landes.

    #NOTRE-DAME-DES-LANDES, NÉCESSAIRE À L’INDÉPENDANCE

    L’obstination du gouvernement à maintenir le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes s’explique en effet par cette collusion entre l’État français et le lobby patronal breton. L’État français dispose de suffisamment d’aéroports pour satisfaire ses besoins économiques. Les opposants à l’aéroport n’ont pas manqué de le souligner. La création d’un énorme aéroport à NDDL, disent-ils, est aberrante car ne répondant à aucun besoin. C’est oublier le besoins du futur État régional breton !

    Le lobby patronal breton exporte dans le monde entier sa production de basse qualité. Poulets industriels, porcs en batterie, chips de betterave… sont quotidiennement expédiés, par tonnes au Moyen-Orient, en Chine, au Maghreb. Actuellement ces produits de l’agriculture industrielle sont exportés par les infrastructures de l’Etat français, en particulier les aéroports. Mais, si on prend en compte la perspective autonomiste, alors on comprend tout : Notre-Dame-des-Landes a un intérêt stratégique majeur pour le lobby patronal breton, qui veut avoir sous son contrôle au moins un aéroport international. L’aéroport de #NDDL est nécessaire – et peut-être même indispensable - à l’indépendance bretonne.

    Certes, il y a des bretonnants parmi les opposants, quelques drapeaux bretons… mais, comme pour les éleveurs de porc, la balle est au «  centre ». Comme toujours, comme l’Église catholique dont c’est la grande spécialité [3] et qui lui sert de modèle, le mouvement breton garde toujours plusieurs fers au feu. Le mouvement breton est un spécialiste de ce double jeu . La logique poursuivie est celle de «  l’Europe des peuples et des nations  » qui cherche à faire éclater les États-nations actuels pour achever la dérégulation du travail (déjà en cours dans les États nationaux). Le patronat pense en effet que cela sera plus facile pour lui dans des cadres géographiques plus étroits auxquels on peut facilement donner une « identité » forte . Un intervenant a souligné que faire disparaître les États nationaux n’était pas pour déplaire aux libertaires, mais qu’évidemment la création d’États -Région pour remplacer les précédents ne ferait que déplacer les problèmes (et accroître les inégalités sociales d’une région à l’autre tout en tirant l’ensemble vers le bas).

    Reste la question – comme pour les langues – de savoir si ce processus évolutif est inexorable. La réponse, pour l’instant, me semble être une réponse de… Normand. Quel est, par exemple, le degré d’intrication du mouvement occitan avec le patronat ? Il semble bien plus faible qu’en Bretagne, peut-être parce que le patronat local est moins puissant ici que là et que, surtout, les dirigeants des grosses industries (Airbus, aérospatiale…) sont européens. Par contre, l’intrication avec les « politiques », avec les pouvoirs publics locaux, est déjà loin d’être négligeable. On est en droit d’y voir une sorte de « doigt dans l’engrenage ».

    [1] Le duc de Montmorency, bien que familier du roi, pour avoir voulu s’y opposer, laissa la tête - au sens propre du terme - dans la cour du Capitole un jour de 1632.

    [2] Le Télégramme (quotidien breton) «  Élevage, l’avenir appartient aux Bretons  », 25 juin 2015.

    [3] Jamais, de toute son histoire, l’Église n’a mis tous ses œufs dans le même panier. Elle est toujours massivement du côté du plus fort, mais en prenant soin de laisser systématiquement quelques prêtres, quelques religieux dans l’autre bord. Si bien que, quand la tendance se renverse, il y a toujours des représentants de l’Église bien placés.

    #journées_iconoclastes

    @anarchosyndicalisme ! n°145
    http://seenthis.net/messages/387250

  • Ethnorégionalisme et ultralibéralisme | #Françoise_Morvan
    http://francoisemorvan.com/ethnoregionalisme-et-ultraliberalisme

    « #Ethnorégionalisme et #ultralibéralisme : la Bretagne pour laboratoire », tel était le sujet de la conférence qui m’était demandée. Elle a été suivie d’un débat avec la salle, puis, le lendemain, d’un débat avec d’autres invités, dont #Éric_Fraj, professeur et chanteur de langue d’oc, au cours des « #journées_iconoclastes » organisées par la CNT à #Toulouse. Le débat était très intéressant et il est intéressant de noter que le débat impossible en Bretagne peut avoir lieu en des endroits où se rencontrent des situations à divers égards assez semblables.

    • #langues_sans_frontières

      « Quel bénéfice de récupération sociale peut-on espérer du fait d’enseigner une langue artificielle en vase clos ? Et qu’est-ce qui est finalement visé : l’instauration d’un idiome propre à quelques happy few (fussent-ils quelques milliers), l’établissement arbitraire d’une novlangue de l’entre-soi occitaniste, ou la revivification d’une langue historique et populaire, mal en point, certes, mais encore réellement existante ? »

      En Bretagne, la question ne se pose plus : sous la direction de Lena Louarn et de l’Office de la langue bretonne, le ministère de la novlangue impose sa loi. Et les militants de s’en féliciter. L’un d’eux me disait qu’on parlerait enfin un bon breton quand le dernier paysan bretonnant aurait disparu.

      Quelle horreur. #élitisme #hors-sol

      « Mes pérégrinations de chanteur et de professeur de langue d’oc m’ont mené en mains lieux d’enseignement de notre langue : j’ai souvent pu y constater que je ne comprenais rien, ou peu, aux questions de certains élèves tellement la prononciation était défaillante ; que l’enseignant ne reprenait pas les erreurs pour les rectifier ; que le professeur lui-même — pourtant titulaire d’un CAPES d’occitan — ne maîtrisait pas vraiment la langue, au point de faire des fautes d’accord grossières, basiques… »
      En Bretagne, on forme en six mois des instituteurs pour enseigner le breton surunifié, prononcé avec l’accent français, à la mode de Roparz Hemon.

      http://seenthis.net/messages/194392

      Or, voilà qu’en juin 2013, le lobby patronal breton fédéré par l’Institut de Locarn décide de ne pas payer l’écotaxe : destructions de portiques écotaxe, manifestations organisées par le lobby autonomiste en jonction avec le lobby patronal et transformées en manifestations identitaires avec bonnets rouges en acrylique et drapeaux noirs et blancs… Conclusion de cette pseudo-révolte des Bonnets rouges http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/070314/les-bonnets-rouges-une-double-manipulation : le Premier ministre accourt et promet un Pacte d’avenir pour la Bretagne, étrange prime à l’incivisme clôturant des actions qui, au total, auront coûté un milliard d’euros à l’État http://www.sudouest.fr/2015/02/20/transports-l-abandon-de-l-ecotaxe-coutera-pres-d-un-milliard-d-euros-a-l-et

      http://seenthis.net/messages/210649

  • La #CNT-AIT de #Toulouse – L’Atelier idéal
    #Anarchosyndicalisme !
    vous invitent aux

    « PREMIERES JOURNEES ICONOCLASTES »
    29 - 30 – 31 mai 2015
    Dans les locaux de « La Chapelle »,
    36 rue DANIELLE CASANOVA - TOULOUSE
    (Métro : Compans ou Canal du Midi)


    VENDREDI 29 MAI

    18 h : Accueil – apéro
    20 h 15 : Conférence de #Françoise_MORVAN :
    « #Ethnorégionalisme et #ultralibéralisme : la Bretagne pour laboratoire »

    Une langue qui meurt, c’est une part du patrimoine de l’humanité qui disparaît : au nom de cette évidence, on s’emploie à sauver le breton, qui n’est plus guère parlé que par moins de 1 % des jeunes en Bretagne. Juste cause, mobilisant des militants dévoués ?
    Oui, jusqu’au moment où l’on prend conscience des enjeux réels du combat régionaliste.
    Après un étrange périple au sein des milieux régionalistes bretons, Françoise Morvan, originaire du centre de la Bretagne, a conduit une réflexion sur l’instrumentalisation qui est faite de la langue et de la culture bretonnes à des fins politiques et commerciales.
    Si elle a mené une enquête à la fois historique et sociologique en Bretagne, celle-ci ne concerne pas seulement cette région mais bien toute l’ « Europe des ethnies » qui trouve à présent l’appui des tenants de l’ultralibéralisme.

    Questions – Réponses. Entrée libre.

    SAMEDI 30 MAI

    11 h à 13 h : Petit déjeuner et Table ronde autour des régionalismes
    (A la suite de la conférence de la veille de F. Morvan). Débat avec la salle - Entrée libre.

    16 h 00 : Conférence d’#Yves_COLEMAN :
    « L’#antisémitisme de gauche »

    La plupart des militants et des intellectuels de gauche ou d’extrême gauche considèrent que l’antisémitisme tout court serait un fléau en voie de quasi disparition, alors pourquoi diable s’intéresser à « l’antisémitisme de gauche »… ? Pourtant cet antisémitisme existe depuis près de deux siècles et a pris différentes formes dont il faut à la fois retracer l’histoire au sein du mouvement ouvrier, mais aussi souligner les continuités et les discontinuités jusqu’à l’antisémitisme mondialisé actuel, qui, dans la grande communion du cyberespace, fédère toutes les formes d’antisémitisme, du vieil antijudaïsme religieux chrétien et musulman à l’antisémitisme racial, nationaliste, anti-capitaliste ou anti-impérialiste, permettant à des groupes et des individus très différents politiquement de communier dans la même haine (assumée ou pas) : celle du Juif… Sans une telle vision d’ensemble de l’antisémitisme de gauche, il est impossible de comprendre la portée de l’assassinat d’Ilan Halimi (réduit à un simple fait divers par la gauche et l’extrême gauche en 2006), des meurtres commis par Merah, Nemmouche ou Coulibaly, mais aussi les alliances – a priori contre nature – entre l’extrême droite pro-islamiste, le politicien raciste Dieudonné et l’extrême gauche qui se prétend antisioniste.

    Débat avec la salle. Entrée libre.

    20 h 15 : Conférence de #Jordi_VIDAL :
    « #Postmodernisme : la stratégie, ou l’extinction des Lumières »

    « L’une des victoires du postmodernisme est d’être considéré (...) comme un mouvement profondément de gauche. (...). Il s’y entend comme personne pour soutenir toutes les postures et ne jamais défendre un seul combat qui évoquerait, même de loin, l’existence d’une lutte des classes. « L’indigène de la République » se substitue à l’exploité, les "queers" font l’impasse sur les luttes féministes et l’hétérosexualité devient un impérialisme à combattre. On conteste la domination de l’homme blanc abstrait, jamais celle de la marchandise concrète ».
    Ce bref extrait, tiré de l’un de ses ouvrages (1), donne à lui seul un aperçu de la réflexion de Jordi Vidal sur les dérives qui sclérosent l’esprit critique, le renvoyant à un simulacre de pensée et à de nombreux sophismes.
    Il dénonce, également, un monde où le « relativisme culturel » , fait « l’apologie de la différence pour la différence » . En bref, il dénonce les attaques contre le rationalisme des « Lumières » aux fins de perpétuer la servitude de l’Homme par l’Homme.
    (1) Servitude et simulacre (edts allia) Jordi Vidal.

    Débat avec la salle. Entrée libre.

    DIMANCHE 31 MAI

    11 h à 13 h : Atelier militant - sur inscription préalable auprès des organisateurs :
    « Analyse de trente ans de scissions dans les milieux libertaires » .

    13 h - 15 h : Pique-nique

    15 h 00 : Conférence d’#Yves_COLEMAN
    « Idéologues et militants du #social-chauvinisme »

    Le « social-chauvinisme » est une vieille expression polémique utilisée durant la Première Guerre mondiale par les socialistes marxistes internationalistes (Lénine, Luxembourg, etc.) pour dénoncer les sociaux-démocrates qui soutenaient leurs bourgeoisies nationales respectives en usant d’une phraséologie pseudo-radicale… Aujourd’hui on retrouve le même type d’arguments sociaux-patriotes chez des intellectuels (Todd, Lordon, Michéa, Ariès, les équipes du Monde diplomatique et de Politis, à gauche mais aussi à droite chez Taguieff, Finkielkraut, etc) et des organisations (ATTAC, PCF, Parti de Gauche, etc.) : cette mouvance critique « l’oligarchie » (vieux concept d’extrême droite), la dictature de la finance et la Bourse (idem) ; ils prônent un capitalisme industriel, productif, national et un Etat fort menant une politique keynésienne d’indépendance nationale, sans oublier, bien sûr, la défense des PME. Pour ce faire, ils s’affublent d’un masque critique, anticapitaliste ou altermondialiste, toujours chauvin. Démystifier ces discours et ces organisations est essentiel dans une période où la compétition économique entre les Etats européens ne fait qu’attiser les régionalismes, les nationalismes, et la xénophobie sous toutes ses formes.

    Débat avec la salle. Entrée libre.

    Consultez les sites : http://atelierideal.lautre.net et http://cntaittoulouse.lautre.net

    #journées_iconoclastes