• Manche : une migrante érythréenne retrouvée morte sur une plage près de Calais - InfoMigrants
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    Manche : une migrante érythréenne retrouvée morte sur une plage près de Calais
    Par La rédaction Publié le : 24/03/2025
    Le corps d’une femme d’une trentaine d’années de nationalité érythréenne a été retrouvé lundi sur une plage de Marck, près de Calais dans le nord de la France. Il s’agit du neuvième décès recensé dans la Manche depuis le début de l’année.Le corps d’une femme d’une trentaine d’années de nationalité érythréenne a été retrouvé lundi 24 mars sur une plage de Marck, près de Calais (nord de la France), a déclaré à l’AFP la préfecture du Pas-de-Calais, confirmant une information de la radio locale Delta FM.La victime « portait un gilet de sauvetage », a précisé une porte-parole de la préfecture, ce qui laisse supposer qu’elle venait de tenter une traversée clandestine de la Manche ou qu’elle s’apprêtait à le faire.
    Ces derniers jours, les drames s’enchaînent sur le littoral du nord de la France. La semaine dernière, en moins de 24 heures, deux cadavres ont été retrouvés. Mercredi 19 mars, le corps d’un homme de 25 ans avait été repêché non loin de Boulogne-sur-Mer, après avoir fait naufrage pendant une tentative de traversée irrégulière vers le Royaume-Uni. La nuit suivante, un exilé inconscient avait été récupéré sur un canot par les autorités françaises. mais « la prise en charge médicale n’a malheureusement pas permis de réanimer la personne inconsciente qui [a été] déclarée décédée », avait précisé la Prémar.
    Après plusieurs jours d’accalmie, les tentatives de traversées de la Manche à bord de « small boat », ces petites embarcations pneumatiques utilisées par les migrants, ont fortement repris. Entre mercredi 19 et dimanche 23 mars, 26 canots ont débarqué dans les eaux anglaises portant à plus de 1 450 le nombre de personnes arrivées au Royaume-Uni en cinq jours, selon les chiffres du Home Office. Dans le même temps, les sauvetages côté français ont également été nombreux. Au total, entre mercredi et samedi, au moins 240 exilés ont été secourus dans le détroit du Pas-de-Calais par les autorités françaises, dont 168 lors d’une seule nuit, entre jeudi et vendredi. Parmi ces personnes recueillies, deux étaient blessées et une inconsciente, a précisé la préfecture maritime dans un communiqué.
    Depuis le début de l’année, 4 395 personnes ont débarqué sur les côtes anglaises, d’après le Home Office. En 2024, 36 816 personnes sont arrivées sur les rives britanniques depuis les côtes françaises. C’est 25 % de plus qu’en 2023. Ce chiffre est toutefois en deçà du record atteint en 2022, avec 45 774 arrivées.L’année 2024 a aussi connu des records de morts avec 78 migrants décédés dans ces eaux, selon l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim), et 82 d’après les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Parmi eux, au moins 14 enfants. L’intensification de la surveillance policière sur le littoral est régulièrement dénoncée par les associations d’aide aux migrants, dont Utopia 56 qui estime que ce dispositif contraint les migrants à prendre toujours plus de risques pour traverser la Manche, au péril de leurs vies.

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  • En Italie, nouvelle passe d’armes entre Giorgia Meloni et la justice
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    En Italie, nouvelle passe d’armes entre Giorgia Meloni et la justice
    Par Olivier Bonnel (Rome, correspondance)
    C’est un nouvel épisode de l’affrontement qui se joue entre la magistrature italienne et le gouvernement de Giorgia Meloni sur la question migratoire. Jeudi 6 mars, la Cour de cassation a condamné le gouvernement italien, dominé par l’extrême droite, à indemniser des migrants pour avoir refusé de les faire débarquer sur les côtes italiennes.
    L’affaire remonte à août 2018. Plusieurs dizaines de personnes sont bloquées, dans le port de Catane, en Sicile, sur le Diciotti, un navire des gardes-côtes italiens, après avoir été secourues au large de Malte. Le ministre de l’intérieur, Matteo Salvini (Ligue, extrême droite), est inflexible : il n’est pas question d’ouvrir les ports de la Péninsule. L’affaire tourne au psychodrame européen quand Rome exige que les passagers du Diciotti soient pris en charge par d’autres pays membres de l’Union européenne. Rome va jusqu’à menacer de ne plus contribuer au budget communautaire si aucune solution n’est trouvée – un ultimatum dénoncé par Bruxelles.
    Dans son arrêt, la Cour de cassation a donné raison à un groupe d’Erythréens qui demandaient des dommages et intérêts à l’Etat italien pour avoir été retenus abusivement à bord. Leur première demande avait été rejetée par la cour d’appel de Rome, en 2024, avant qu’ils se pourvoient en cassation. Jeudi, les juges ont rappelé la primauté du droit international, à commencer par le droit maritime, sur le droit italien. « L’Etat responsable des opérations de sauvetage doit organiser le débarquement dans les plus brefs délais possibles », a souligné la cour, précisant que « les conventions internationales en la matière, auxquelles l’Italie a adhéré, constituent, par voie de conséquence, une limite à la puissance législative de l’Etat ».
    La décision a été vertement critiquée par Giorgia Meloni. « Le gouvernement devra indemniser, avec l’argent d’honnêtes citoyens italiens qui paient des impôts, des personnes qui ont tenté d’entrer illégalement en Italie, c’est-à-dire en violation de la loi de l’Etat italien », a dénoncé la présidente du conseil sur les réseaux sociaux. « Je ne pense pas que ce soit le genre de décisions qui rapprochent les citoyens des institutions », a-t-elle ajouté, accusant implicitement les juges d’avoir rendu une décision politique.
    Sans surprise, c’est Matteo Salvini, protagoniste de ce feuilleton judiciaire et aujourd’hui ministre des transports, qui a le plus violemment répondu, voyant dans la sentence de la Cour de cassation une « honte de plus » et invitant les juges à payer eux-mêmes les indemnités et à accueillir les migrants « s’ils y tiennent tant ».
    Cette nouvelle attaque de la part de la coalition des droites au pouvoir contre la magistrature a fait sèchement réagir la présidente de la Cour de cassation, Margherita Cassano, jugeant « inacceptables les insultes remettant en question la séparation des pouvoirs ». L’opposition italienne s’est également insurgée contre la réaction du gouvernement.« Plutôt que de faire payer les citoyens italiens comme elle l’entend, Giorgia Meloni devrait faire payer Matteo Salvini, car c’est lui le responsable, explique au Monde Sandro Ruotolo, eurodéputé (Parti démocrate, centre gauche). C’est lui qui a pris cette décision illégitime sur le dos de pauvres gens qui ont risqué leur vie en mer. » Même avis du côté de l’Eglise catholique, qui a accueilli plusieurs migrants érythréens dans ses structures. « Ce n’est que la réparation d’un droit qui avait été violé et non un gaspillage d’argent public », a commenté l’évêque de Ferrare, Mgr Gian Carlo Perego, président de la commission migratoire au sein de l’épiscopat italien.
    Le montant des indemnités, dont l’Etat italien sera contraint de s’acquitter, n’a pas encore été fixé par la cour d’appel de Rome. « Ce qui m’intéresse, ce n’est pas d’obtenir une indemnisation, mais d’établir la responsabilité de ceux qui ont appliqué ces décisions, a commenté, par la voix de son avocat, un ressortissant érythréen qui vit aujourd’hui au Royaume-Uni. C’était une injustice. [Les autorités italiennes] nous ont privés de notre liberté et de la possibilité de demander l’asile sans que nous ayons commis le moindre délit. »

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  • En Méditerranée, plus de 100 migrants secourus au large de la Libye - InfoMigrants
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    En Méditerranée, plus de 100 migrants secourus au large de la Libye
    Par La rédaction Publié le : 13/01/2025
    L’ONG SOS méditerranée a annoncé vendredi avoir porté secours à 101 personnes qui se trouvaient sur une embarcation en bois au large des côtes libyennes. Les rescapés, principalement originaires de Somalie, de Syrie, d’Érythrée et d’Égypte, font route avec l’équipage vers le port italien de Tarente.
    C’est le premier sauvetage de l’année 2025 pour SOS Méditerranée. L’ONG qui affrète le navire ambulance Ocean Viking a indiqué, vendredi 10 janvier, avoir secouru 101 personnes, dont 29 femmes et sept enfants dans un canot en bois qui se trouvait en difficultés au large des côtes libyennes. « L’embarcation en détresse a été repérée aux jumelles, dans les eaux internationales de la région de recherche et de sauvetage libyenne », a indiqué SOS Méditerranée.
    Les rescapés, principalement originaires de Somalie, de Syrie, d’Érythrée et d’Égypte, ont ensuite été pris en charge par les équipes de SOS Méditerranée et de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge.L’Ocean Viking fait désormais route vers Tarente, le port de débarquement qui lui a été assigné par les autorités italiennes. Une nouvelle destination, alors que le port de Ravenne avait été désigné dans un premier temps. L’équipage dénonce cette décision qui l’oblige à faire plusieurs jours de navigation supplémentaire sur une mer très agitée, avec des vagues pouvant atteindre jusqu’à quatre mètres.
    « Nous demandons ainsi aux autorités italiennes de désigner un port plus proche », a fustigé l’ONG. « Nous rappelons que selon le droit maritime international, les personnes rescapées doivent être débarquées ‘dans un délai raisonnable’. Pourtant, depuis plus de deux ans, la politique des ports éloignés retarde délibérément les sauvetages et met les personnes en danger. Ces décisions cyniques coûtent des vies », a-t-elle accusé.
    En Méditerranée, le début du week-end a également été marqué par l’arrivée, vendredi, à Catane, des 67 personnes qui avaient secourues la veille par le Louise Michel. Parmi elles, se trouvait notamment une femme enceinte de huit mois. L’embarcation en bois sur laquelle se trouvaient les exilés avait été remarquée en mer par l’avion Seabird, de l’association Sea-Watch. Selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 31 personnes qui tentaient de rejoindre l’Europe ont déjà disparu ou sont décédées en mer Méditerranée depuis le début de l’année. En 2024, elles étaient 2 301, dont l’immense majorité en Méditerranée centrale, qui reste l’une des routes migratoires les plus mortelles au monde.
    Une très grande partie des bateaux qui quittent les côtes libyennes sont interceptés par les gardes-côtes et ramenés en Libye. En 2024, les forces maritimes libyennes ont arrêté 21 700 exilés en mer Méditerranée. Le chiffre dépasse le bilan annuel de 2023 (17 000 personnes interceptées) mais reste inférieur à celui de 2022 (24 600 personnes interceptées). Ramenés en Libye, les exilés sont emprisonnés et soumis à des traitements inhumains, généralement dans le but d’obtenir une rançon de leurs familles en échange de leur libération

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  • L’Égypte se dote d’une toute première loi sur l’asile, très critiquée par les défenseurs des droits - InfoMigrants
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    L’Égypte se dote d’une toute première loi sur l’asile, très critiquée par les défenseurs des droits
    Par La rédaction Publié le : 18/12/2024
    L’Égypte a adopté mardi une loi sur l’asile, une première dans le pays – les dossiers des demandeurs d’asile étaient jusque-là traités par l’agence de l’ONU pour les réfugiés. Ce nouveau texte qui régit les conditions d’octroi et de renouvellement de la protection internationale inquiète les ONG qui craignent des « violations des droits des réfugiés et des demandeurs d’asile ».
    Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a ratifié mardi 17 décembre la loi n°164/24 portant sur l’asile. Le projet de loi, proposé par le gouvernement, avait été adopté mi-novembre par le Parlement afin de réglementer le statut de réfugié en Égypte.
    C’est la première fois que Le Caire se dote d’une loi sur l’asile. Depuis 1954, le traitement des demandes d’asile était assuré par le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR). Désormais, la loi instaure un Comité permanent pour les affaires des réfugiés chargé de statuer sur les demandes d’asile. Cet organisme comprend des représentants des ministères des Affaires étrangères, de la Justice, de l’Intérieur et des Finances.
    Que contient la nouvelle loi ?
    La loi, qui n’a pas été officiellement rendue publique, stipule que les exilés arrivés de manière irrégulière en Égypte ont 45 jours pour déposer leur dossier d’asile après leur entrée sur le territoire national. Si ce délai n’est pas respecté, la demande peut être refusée et les migrants « risquent une peine d’emprisonnement d’au moins six mois ou des amendes, ainsi qu’un renvoi forcé », rapporte Amnesty international dans un communiqué.
    Toujours selon l’ONG, la loi ne prévoit pas d’assistance juridique pour les demandeurs d’asile, d’accès à un interprète ou le droit de faire appel lorsque le dossier est refusé.
    Par ailleurs, la nouvelle réglementation introduit plusieurs critères qui permettront de refuser un dossier d’asile ou de retirer le statut de réfugié. Ainsi, les personnes qui ne respectent pas « les valeurs et les traditions de l’Égypte » verront leur demande déboutée. Les exilés se voient aussi désormais interdit de mener des activités portant « atteinte à la sécurité nationale ou à l’ordre public » et des « actes hostiles » contre d’autres pays. Enfin, les réfugiés ne peuvent pas s’engager dans une activité politique ou partisane et travailler ou adhérer à un syndicat.
    Ceux qui ne respectent pas ces règles ou qui se voient refuser le statut de réfugié doivent quitter l’Égypte, quelle que soit la situation sécuritaire dans leur pays d’origine. La nouvelle légalisation criminalise aussi l’aide aux exilés. L’article 37 pénalise quiconque qui « emploie ou héberge un demandeur d’asile » sans en avertir la police, punissant les contrevenants d’une amende et d’au moins six mois de prison. À noter que cette loi « s’applique à toute personne ayant acquis le statut de réfugié avant son entrée en vigueur », signale le décret.
    Ce nouveau texte inquiète particulièrement les ONG. « Si le projet de loi sur l’asile est adopté tel quel, il augmenterait le risque de nouvelles violations des droits des réfugiés et des demandeurs d’asile », avait déclaré en novembre Lauren Seibert, chercheuse sur les droits des réfugiés et des migrants à Human Rights Watch (HRW).
    Les organisations estiment notamment que les critères mis en place pour refuser un dossier d’asile ou révoquer le statut de réfugié sont "à la fois vagues et généraux. Ils ne « respectent pas le principe de légalité et ouvrent la voie aux abus », écrit Amnesty international dans un communiqué publié le 3 décembre.
    Ces critères « sont trop larges et ne sont pas conformes à ceux des conventions des Nations Unies ou des conventions africaines sur les réfugiés. En conséquence, les personnes pourraient se voir refuser arbitrairement l’accès à la protection ou en être privées », dénonce de son côté HRW.Celle loi « contient des dispositions discriminatoires, qui restreignent le droit [des exilés] de circuler librement et ne respectent pas leurs droits à l’éducation, au logement et à la sécurité sociale », déplore encore Amnesty international.
    Le président égyptien a promulgué cette loi sur l’asile alors que le pays a vu arriver, depuis avril 2023, plus d’un million de personnes fuyant le conflit au Soudan, selon les chiffres du Caire.
    Au total, l’Égypte accueille sur son sol neuf millions de migrants, originaires du Soudan, de Syrie, du Yémen, d’Érythrée et de Gaza, toujours d’après le gouvernement. Mais jusqu’à fin novembre, seulement 845 000 personnes étaient enregistrées auprès du HCR et avaient donc droit à une aide, des soins de santé et l’accès à l’éducation. La grande majorité vit en Égypte sans statut officiel de réfugié et dépend de ses propres économies, de l’aide communautaire, de parents, de bénévoles ou de dons.
    En outre, les ONG rappellent que les violations des droits humains contre les demandeurs d’asile et les réfugiés en Égypte ont été largement documentées ces dernières années, « notamment des arrestations arbitraires et des mauvais traitements, un accès restreint à l’éducation, des exigences de visa bloquant l’accès à la sécurité et des expulsions illégales vers le Soudan et l’Érythrée », précise HRW.

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  • Sans argent et dans le viseur des réseaux criminels : à Calais, les mineurs isolés « dans l’ultra-précarité » - InfoMigrants
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    Sans argent et dans le viseur des réseaux criminels : à Calais, les mineurs isolés « dans l’ultra-précarité »
    Par Marlène Panara Publié le : 11/12/2024 Dernière modification : 12/12/2024
    Dans le nord de la France, la misère touchent tous les migrants qui patientent non loin du littoral dans l’attende de passer au Royaume-Uni. Mais une population est encore plus à risque : les mineurs isolés. Vivant dans une grande solitude, sans famille et sans argent, ils sont encore plus vulnérables que les autres et souvent la proie des réseaux mafieux.
    Le centre-ville de Calais est animé en cet après-midi du mois de décembre. À quelques jours des fêtes de Noël, des groupes d’adolescents bientôt en vacances se lancent, peu assurés pour certains, sur la patinoire installée place de l’église. La musique est forte, les rires fusent. Une odeur de crêpes embaume l’espace.
    À quelques kilomètres de là, la réalité est bien différente pour d’autres jeunes de leur âge. Dans les petits camps éparpillés un peu partout à Calais et ses environs, de nombreux mineurs isolés tentent de survivre avec pour seul abri une toile de tente, ou au mieux, le toit d’un hangar désaffecté. Ils attendent de passer en Angleterre.
    Sur le littoral nord, les migrants manquent de tout. Mais les plus jeunes, sans parents, sans famille proche, semblent subir d’autant plus violemment la situation. « Il n’y a pas d’échelle de la misère, ici tous les exilés souffrent. Mais les MNA [Mineurs non accompagnés] sont dans l’ultra-précarité », déplore Jérémy Ribeiro E Silva, juriste pour l’association Ecpat à Calais, dédiée aux mineurs. À la violence de la vie à la rue s’ajoutent « des critères de vulnérabilité » propres à ces jeunes, en pleine construction.
    En majorité originaires du Soudan, mais aussi d’Érythrée et de plus en plus, de Syrie et d’Égypte, les mineurs présents dans le nord « n’ont quasiment aucune ressources financières », dépeint Feyrouz Lajili, coordinatrice pour Médecins sans frontières (MSF) à Calais, qui dispose d’un accueil de jour pour ces jeunes. L’argent a été dépensé avant d’arriver en France, ou volé par des passeurs sur le chemin.
    Beaucoup tentent donc d’atteindre le Royaume-Uni par camion, une expérience « très dangereuse », affirme la coordinatrice. D’abord parce que les jeunes, pour ne pas se faire voir, grimpent sur les véhicules en marche et risquent à tout moment de chuter et de se faire écraser. Ensuite parce qu’en cas d’interception, la sanction peut être lourde. « Un adolescent est venu nous voir la semaine dernière, le visage complètement tuméfié, raconte Feyrouz Lajili. Un chauffeur poids lourd l’avait repéré et massacré à coups de barre de fer ». La semaine précédente, un autre est arrivé à la clinique mobile de MSF avec une plaie béante à la jambe. « Il s’était fait mordre par le chien d’un gardien de parking ».
    Un autre encore « est venu un jour nous voir, livide, avec de grosses douleurs au thorax », se souvient la jeune femme. « Il s’était caché dans l’espace derrière la cabine du conducteur, quand le véhicule était encore à l’arrêt. Mais quand il a commencé à rouler, le container s’est rapproché d’un coup sur la cabine. Le jeune s’est retrouvé bloqué entre les deux, écrasé. Il s’est vu mourir ».
    Mustapha, 17 ans, tente régulièrement de passer en Angleterre, « son rêve », en grimpant sur un camion. « Mais c’est difficile car je saute dessus pendant qu’il roule. Jusqu’ici, il ne m’est rien arrivé. Mais il n’y a pas longtemps, j’ai vu un camarade tomber sur la tête. Je ne sais pas ce qu’il a eu exactement, mais il a été transporté à l’hôpital ».
    Bloqués durant des mois, certains mineurs optent alors pour la Manche. Mais sans possibilité de payer la traversée, ils « piratent » l’embarcation, et profitent de la cohue de l’embarquement pour se faire une place. Une option très périlleuse : « Les jeunes peuvent se faire écraser, mais aussi subir la violence des ‘hommes de main’ des passeurs, présents au moment des mises à l’eau », explique Feyrouz Lajili.Après plusieurs tentatives infructueuses, nombre d’entre eux se retrouvent « dans le désespoir le plus total ». « Ils cherchent alors à trouver un ‘travail’ pour gagner un peu d’argent et payer leur passage, explique Jérémy Ribeiro E Silva. Ils aident à l’organisation de la traversée, ou vendent leurs corps ».
    Et en attendant de voir leur objectif se concrétiser, ces jeunes exilés endurent aussi la violences des démantèlements presque quotidiens. « Là, ils perdent le peu qu’ils ont, souffle Feyrouz Lajili ». Les expulsions « jouent beaucoup sur le moral » de ces adolescents, souvent pressés par leur famille de gagner le Royaume-Uni au plus vite. « Cette pression peut venir de quelqu’un déjà installé outre-Manche, ou des parents restés au pays qui demandent de l’argent pour nourrir les frères et sœurs, explique Jérémy Ribeiro E Silva. C’est très dur, car ils se sentent totalement impuissants, faibles de ne pas réussir, et en plus ils culpabilisent car la famille compte sur eux ».
    En effet, quand on lui demande s’il souffre des conditions de vie dans le nord, Mustapha botte en touche. « Ce qui m’angoisse le plus, c’est la situation des miens, au Soudan, affirme-t-il d’une voix claire. Chez moi, c’est la guerre ».Seule porte de sortie pour les mineurs isolés coincés dans la région, la mise à l’abri pour cinq jours consécutifs dans un centre de France Terre d’Asile à Longuenesse, à 40 km au sud de Calais. Après ce laps de temps, la structure leur demande s’ils veulent faire une reconnaissance de minorité, et rester en France. S’ils refusent, les jeunes doivent sortir du dispositif durant 24h, avant de pouvoir de nouveau en bénéficier.
    Pour leur changer les idées, les associations proposent des activités. Trampoline, piscine, aquarium de Boulogne-sur-Mer : « On fait ce qu’ils ont envie », indique Jérémy Ribeiro E Silva. « Quand on voit un sourire, un éclat de rire, des yeux qui s’écarquillent devant des poissons tropicaux, on se dit que c’est déjà ça de gagné pour quelques heures ». Au centre d’accueil de jour de MSF, les ateliers cuisine ont beaucoup de succès. Ce matin de décembre, une dizaine de jeunes Soudanais préparent l’aswada, une recette sud-soudanaise à base d’aubergines et de beurre de cacahuètes. L’ambiance est bon enfant, une musique entraînante grésille dans une petite enceinte posée sur un plan de travail. « Se retrouver autour d’un plat, cela permet aux mineurs de souffler un peu. De penser à autre chose qu’à la survie », commente Feyrouz Lajili.
    Ces journées « normales » permettent aussi d’apaiser, un peu, leur anxiété. « Cette angoisse permanente devient, au fil des mois, une coquille dont ils peinent ensuite à s’extirper, explique Lynn, psychologue au sein de la Permanence d’accès aux soins de santé (PASS) de Calais. Les mineurs sont particulièrement secrets, ils gardent beaucoup pour eux et vont vous dire que ça va, même s’ils se sentent mal. C’est problématique, car cela peut avoir de lourdes conséquences dans leur vie d’adulte ». Sur les murs du centre de MSF s’affichent les photos des moments joyeux passés entre eux. Une sortie au bowling, une partie de billard ou un pique-nique sur la plage. Les visages sont souriants, et font presque oublier qu’à la nuit tombée, ces adolescents retrouvent la rue, ou une bâche dans la forêt. « Cette période de ma vie est compliquée, c’est sûr, admet Mustapha. Dans la ‘jungle’, il fait froid, et je n’ai pas d’amis. Mais j’en suis sûr : ces moments difficiles seront un jour derrière moi ».

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  • Andrea Di Michele. Il segno coloniale

    Dopo decenni di rimozione collettiva, l’epoca delle colonie italiana viene oggi riletta in chiave critica. Di Michele, professore di Storia contemporanea a Bolzano, delinea le fasi di un passato ancora presente nelle piazze e nelle vie.

    Monumenti, mausolei, bassorilievi, intitolazioni di vie: le tracce del colonialismo italiano sono presenti ancora oggi in molte città. Negli ultimi anni il dibattito culturale e politico si è interrogato su come intervenire su queste opere. Lo storico Andrea Di Michele vede nelle iniziative di ricontestualizzazione la possibilità di leggere criticamente l’epoca coloniale italiana e di fornire alla cittadinanza gli strumenti per conoscere e approfondire questo periodo che costituisce una delle pagine più buie della storia del nostro Paese.

    Professor Di Michele, in quale cornice temporale si ascrive l’epoca coloniale italiana?
    ADM Si tende erroneamente a fare coincidere il colonialismo italiano con il fascismo, mentre il suo inizio si colloca immediatamente dopo l’unificazione del Paese e più precisamente nel 1869 con l’acquisto della baia di Assab, in Eritrea, da parte di una compagnia di navigazione privata. Nei primi anni Ottanta dell’Ottocento questo avamposto venne poi acquistato dallo Stato italiano e nel 1885 l’occupazione di Massaua segnò l’inizio dell’esperienza coloniale statale italiana.

    Come si sviluppò questo primo periodo coloniale?
    ADM In questa fase l’Italia fece i conti con i suoi limiti, subendo molte sconfitte. Nel 1887, a Dogali, cercò di espandere senza successo la propria posizione, arrivando a contare cinquecento morti tra le proprie fila. Ancora più pesante fu la sconfitta di Adua, in Etiopia, nel 1896: i morti italiani furono migliaia, il Governo Crispi cadde e la politica coloniale si arrestò temporaneamente per riprendere nel 1911 con la guerra di Libia.

    L’avvento del fascisco cambiò le cose?
    ADM Benito Mussolini ampliò le conquiste dell’Italia liberale e lo fece con una violenza inaudita nei confronti della popolazione civile. Ad esempio per invadere definitivamente la Cirenaica, all’inizio degli anni Trenta, più di un terzo della popolazione di questo territorio -circa 100mila persone- venne deportata e rinchiusa in veri e propri campi di concentramento con una tasso di mortalità spaventosa. Nel 1937, il fallito attentato a Rodolfo Graziani, a quel tempo viceré di Etiopia, scatenò una vera e propria caccia all’uomo che provocò migliaia di morti. Non va poi dimenticata la legislazione che portò alla “zonizzazione”, ovvero a un sistema di apartheid con aree separate per bianchi e neri.

    Il 1869 è stato l’anno in cui gli storici collocano l’inizio del colo-nialismo italiano che coincide con l’acquisto della baia di Assab, in Eritrea, da parte di una compagnia di navigazione privata

    La caduta del fascismo sancì una rottura con l’epoca coloniale?
    ADM No. Dopo il 1945 l’Italia cercò di mantenere il controllo dei territori che deteneva prima del fascismo. Vi fu anche una netta continuità nell’amministrazione pubblica: fino al 1953 ha operato il ministero dell’Africa italiana, in cui lavorava chi aveva le “competenze” giuste, ovvero chi aveva lavorato nel Paese fino a poco prima.

    Quando si è iniziato a guardare al passato coloniale italiano con uno sguardo critico?
    ADM L’immagine di un colonialismo italiano sostanzialmente un po’ “all’acqua di rose” ha resistito a lungo. Solo a partire dagli anni Ottanta una nuova generazione di studiosi si è interrogata sul ruolo dei fenomeni profondamente razzisti che avevano caratterizzato la storia d’Italia. Si sono ricostruite quindi le gravi responsabilità italiane nelle colonie, ad esempio per quanto riguarda l’uso dei gas, per molti anni negato. Poi dagli archivi militari sono emersi i documenti ufficiali, in molti casi tenuti prima volutamente nascosti, e con loro la verità storica.

    Secondo lei perché questo processo è stato così lento e osteggiato?
    ADM La politica della memoria è un tema molto caldo che rimanda spesso a dinamiche a livello nazionale e locale. Va inoltre sottolineato il ruolo giocato dalla presenza di forze politiche che non hanno mai rinnegato il passato fascista e coloniale. In questo senso è interessante monitorare cosa avviene nelle singole Regioni e nei Comuni, dove ancora oggi una determinata maggioranza politica e un certo clima consentono di intitolare monumenti e vie a personaggi che ebbero un ruolo drammatico in quel periodo storico.

    Ci può fare un esempio?
    ADM A Filettino, in provincia di Roma, nel 2012 è stato dedicato un mausoleo a Rodolfo Graziani. L’amministrazione comunale di destra si è giustificata dicendo di voler ricordare il proprio concittadino che fece “anche cose buone”.

    Che cosa fare con l’eredità architettonica e odonomastica del colonialismo?
    ADM Credo che la strada da percorrere non sia l’eliminazione di queste opere, ma la loro ricontestualizzazione. Ci sono, ad esempio, diversi progetti di mappatura dell’odonomastica, che coniugano ricerca e attivismo. Penso al caso di Bologna, dove “Resistenze in Cirenaica” (resistenzeincirenaica.com) ha operato una ridenominazione -non ufficiale ma parallela- delle vie, intitolandole a partigiani e ad altri personaggi politici e non della città. Un esempio forse unico è poi quello di Bolzano, con la risignificazione del Monumento alla Vittoria e del bassorilievo con il duce a cavallo.

    Di che cosa si tratta?
    ADM Il primo è un monumentale complesso marmoreo costruito tra il 1926 e il 1928, che celebrava la vittoria italiana sull’Austria-Ungheria nella Prima guerra mondiale. La seconda opera andò a decorare la “Casa Littoria”, sede del Partito nazionale fascista ed è costituita da 57 pannelli di larghezza variabile, alti 2,75 metri, posti su due file sovrapposte, per uno sviluppo lineare di 36 metri e una superficie di 198 metri quadrati.

    Quale intervento è stato fatto su queste due opere?
    ADM Nel 2011, un accordo tra Stato, Provincia e Comune di Bolzano ha previsto di accompagnare il restauro del Monumento con un intervento di contestualizzazione storica. Si è deciso di aprire al suo interno uno spazio museale su Bolzano, l’Alto Adige e i totalitarismi che ne hanno segnato la storia e di apporre all’esterno un segno visibile, che si è tradotto in un anello a led con un testo luminoso rotante recante la scritta “Un Monumento, una città, due dittature. Un percorso espositivo” intorno a una delle colonne dei fasci littori. Opposto è stato invece quanto fatto sul bassorilievo.

    “La strada da percorrere non è l’eliminazione delle opere, ma la loro ricontestualizzazione. Ci sono diversi progetti di mappatura dell’odonomastica, che coniugano ricerca e attivism0″

    Ovvero?
    ADM In questo caso l’equilibrio tra opera visiva e approfondimento storico è stato ribaltato. Si è scelto di privilegiare il linguaggio visivo ed emozionale, apponendo davanti al bassorilievo una frase di Hannah Arendt in tre lingue, italiano, tedesco e ladino: “Nessuno ha il diritto di obbedire”. Contestualmente nella piazza di fronte all’opera è stato realizzato un intervento di approfondimento storico con dei pannelli esplicativi.

    Che cosa ha reso possibile questo tipo di operazione a Bolzano?
    ADM La ricontestualizzazione di queste opere è avvenuta perché erano monumenti che continuavano a rappresentare un elemento di divisione e tensione tra i gruppi di lingua italiana e tedesca. Quello che per decenni ha rappresentato un problema quindi si è trasformato in una possibilità di apprendimento e approfondimento e, al contempo, il tema del monumentalismo fascista ha perso la sua carica divisoria.

    Questo intervento locale ha sortito qualche effetto a livello nazionale?
    ADM La stampa ha acceso i riflettori sul “caso-Bolzano” che però a oggi resta un esempio unico. Forse non è nemmeno necessario fare un lavoro del genere dappertutto, ma almeno nei luoghi dove un monumento ha un impatto a causa delle sue dimensioni sì. Penso all’Obelisco di Mussolini a Roma, dove un intervento sarebbe auspicabile. Se ne potrebbero immaginare differenti da quelli di Bolzano, magari legati a installazioni artistiche o utilizzando le nuove tecnologie.

    A quali progetti sta lavorando attualmente?
    ADM Da qualche settimana ho iniziato “Curating fascism”, un progetto in collaborazione con la facoltà di Design. Ho scritto un testo immaginando una passeggiata sulle tracce del colonialismo a Bolzano a partire dal retro del Monumento alla Vittoria, quindi la Colonna romana, le iscrizioni dei palazzi di Piazza Vittoria, le vie intitolate a personaggi e luoghi di quell’epoca come Reginaldo Giuliani e la battaglia dell’Amba Alagi. L’idea è di realizzare una pubblicazione in cui testo e immagini si combinino così da offrire alla cittadinanza e a chi visita la città una guida per conoscere i suoi monumenti, la loro storia e il loro significato.

    https://altreconomia.it/andrea-di-michele-il-segno-coloniale

    #toponymie #toponymie_coloniale #Italie #passé_colonial #présent_colonial #colonialisme_italien #Italie_coloniale #traces #recontextualisation #Erythrée #histoire_coloniale #Libye #fascisme #camps_de_concentration #Rodolfo_Graziani #Ethiopie #apartheid #zonizzazione #responsabilité #mémoire #politique_de_la_mémoire #Filettino #héritage #Bologne #Resistenze_in_Cirenaica #Bolzano #Monumento_alla_vittoria #Casa_Littoria #monuments #Reginaldo_Giuliani

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  • Érythrée | La pratique Suisse vertement critiquée par l’ONU

    Le 30 janvier 2023, le CAT, Comité de l’ONU chargé de surveiller l’application de la Convention internationale contre la torture et les traitements inhumains et dégradants a estimé que le renvoi d’une femme vers l’Érythrée violerait l’article 3 interdisant le refoulement vers un pays dans lequel la personne serait exposée à la torture (A.Y. Switzerland (CAT/C/74/D/887/2018)). La femme avait fui le pays pour échapper au service militaire et sa demande d’asile avait été rejetée pour « invraisemblance » sur la base d’une audition très sommaire durant laquelle on lui avait intimé de ne pas s’étendre sur ses motifs de fuite. Outre une critique sévère contre la procédure en question, qu’il estime insuffisante, le CAT juge problématique l’attitude de la Suisse à l’égard de l’Érythrée, qui s’appuie sur des informations controversées tout en délégitimant des sources émanant d’instances internationales et des témoignages de personnes ayant subi et fui les violences. C’est la quatrième fois en moins d’un an que la Suisse est condamnée par le CAT pour des cas érythréens. Va-t-elle enfin revenir sur son changement de pratique de 2017 à l’égard de ce pays notoirement connu comme la Corée du Nord de l’Afrique ? Karine Povlakic, juriste au SAJE, nous livre son analyse. [réd.]

    Ce que dit le CAT de la procédure helvétique

    Dans sa communication du 30 janvier 2023, le CAT rappelle que l’examen du risque individuel, actuel et concret en cas de refoulement en Érythrée doit reposer tant sur les motifs invoqués par l’intéressée que sur les informations généralement accessibles en matière de respect des droits humains dans le pays d’origine. (§ 8.3) Concernant le premier point, le CAT reproche à la Suisse de s’être essentiellement fondée sur les déclarations de l’audition sommaire, sans véritablement examiner les motifs d’asile développés dans l’audition fédérale (§ 8.9). Il lui reproche aussi de s’appuyer sur des informations sur la situation en Érythrée « intentionnellement sélectives », notamment basées sur des rapports d’autorités britanniques et danoises pourtant « sévèrement critiqués » pour leur partialité. Ce faisant, le SEM s’est lui-même montré partial lors de l’examen des motifs d’asile de la requérante. (§ 8.12).

    En ce qui concerne la situation en Érythrée, le Comité note que, dans ses plus récentes observations, le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination envers les femmes demeure profondément préoccupé des conséquences sérieuses de l’obligation de service national sur les droits des femmes. Le Rapporteur spécial relève en outre que les déserteur·es ne bénéficient pas d’un procès équitable, qu’ils et elles sont présumé·es connaître les raisons de leur arrestation et de leur détention, et qu’ils et elles n’ont aucun moyen de contester celles-ci. Les jeunes conscrit·es, même mineur·es, sont soumis·es à des conditions d’entraînement extrêmement sévères et sujet·es à des châtiments ou à des violences sexuelles, notamment à Sawa. Les déserteur·es encourent la torture et de longues périodes de détention. Les requérant·es d’asile qui sont retourné·es en Érythrée ont été soumis à des châtiments sévères à leur retour, notamment à des détentions de longue durée au secret, des tortures et des mauvais traitements, et les femmes exposées à de multiples abus, y compris de la violence sexuelle, des viols, ou des menaces de viols et du harcèlement sexuel, ceci dans l’impunité des auteurs de ces violences. En outre, le Rapporteur spécial a observé une dégradation de la situation depuis le début de son mandat en novembre 2020, en raison de l’engagement de l’Érythrée dans le conflit au Tigré éthiopien. Celles et ceux qui ont tenté de fuir pendant cette période ont été soumis à des conditions inhumaines et dégradantes de détention pour des durées indéterminées. Les autorités ont également puni les déserteur·es en emprisonnant un parent dans le but de les contraindre à se rendre. Les rafles ont également considérablement augmenté dans tout le pays. (§ 8.11)

    Le Comité considère dans cette affaire que l’État partie n’a pas pris en compte ces informations, particulièrement celles concernant les personnes en fuite et le traitement des femmes dans l’armée. Indépendamment de la vraisemblance de ces motifs, la requérante est une personne à risque en tant que femme, en tant que femme en âge de la circonscription, et en tant que requérante d’asile déboutée. Ceci, « sur la base de faits incontestés » et « dans le contexte d’informations actualisées »(§ 8.12) Le Comité conclut que, dans le cas d’espèce, la requérante serait exposée à un risque prévisible, concret, actuel et personnel d’être soumise à la torture en cas de renvoi en Érythrée, en violation de l’article 3 de la Convention.

    Plusieurs autres recours auprès du Comité de l’ONU contre la torture ont conclu au même risque de violation du principe de non-refoulement (art.3), dont trois en 2022. Ils seront à retrouver en lien avec cet article sur asile.ch.

    Vers un changement de jurisprudence ?

    Il ressort de l’ensemble de ces décisions qu’un retour au pays, même après avoir éventuellement signé une lettre de regrets et payé une taxe, les exposerait à un risque suffisamment étayé de détention arbitraire et de torture, compte tenu des enquêtes récentes conduites par les différents organes des Nations Unies en matière de respect des droits humains en Érythrée, sur la base de témoignages eux-mêmes concordants et crédibles de personnes en fuite et en l’absence de possibilité de mener des investigations à l’intérieur même du pays. Cette situation concerne tou·te·s les Érythréen·nes en âge d’effectuer un service militaire ou civil, jusqu’à l’âge de 40 ans, mais également celles et ceux qui ont fui le pays depuis de nombreuses années, et qui ne peuvent justifier à leur retour d’un séjour légal à l’étranger non lié à une demande d’asile.

    Ainsi, on doit considérer que, d’une manière générale, l’exécution du renvoi des demandeur·es d’asile érythréen·nes, n’est pas licite, sauf à démontrer que, dans un cas particulier, l’autorité serait à même de prouver une exemption du service national, un départ licite du pays, ou un séjour légal en Suisse non lié à une demande d’asile.

    En principe, les recommandations des décisions du CAT devraient être respectées par la Suisse et faire jurisprudence, en ce sens que la même solution devrait être applicable à tou·te·s les Érythréen·nes qui ont fui le pays plus ou moins dans les mêmes circonstances et plus ou moins au même âge, ce qui est le cas de la plupart des requérant·es d’asile débouté·es originaires d’Érythrée. Au lieu de cela, tant le SEM que le TAF considèrent jusqu’à présent que chaque décision du CAT ne s’applique qu’à la personne qui a conduit la plainte.

    Dans leur réponse, négative, à une demande de réexamen s’appuyant sur ces précédentes condamnations, l’autorité nous explique que « selon l’appréciation du SEM, les décisions du CAT présentent d’importantes lacunes méthodologiques. » Ce point de vue contourne les obligations des autorités suisses en matière d’application de bonne foi des traités internationaux et de respect des droits humains. En particulier, la position du SEM prive la jurisprudence du CAT de son « effet utile ». Or, selon une formule consacrée de la Cour européenne des droits de l’homme, « les droits humains doivent être garantis de manière concrète et effective et non pas théorique et illusoire ». En l’occurrence, si chacun·e des 414 Érythréen·nes vivant à l’aide d’urgence en Suisse doit déposer une plainte devant une instance internationale pour que le danger de torture en cas de refoulement soit reconnu par le SEM, la garantie tirée de la Convention contre la torture demeure théorique.

    Nous sommes donc actuellement confronté·es à un manque de respect flagrant, à l’encontre de tout un groupe de population, de droits humains parmi les plus essentiels : le droit à la protection de l’intégrité, de la sécurité et de la vie. Cette posture, qui est politique, exclut les Érythréen·nes débouté·es de la protection juridique, uniquement par la volonté des autorités de ne pas leur accorder cette protection, c’est-à-dire, de manière discriminatoire.

    https://asile.ch/2023/06/07/erythree-la-pratique-suisse-vertement-critiquee-par-lonu

    #réfugiés_érythréens #Suisse #asile #migrations #réfugiés #Erythrée #CAT #condamnation

  • Ethiopie, la légende #Luciano_Vassalo n’est plus

    https://africafootunited.com/ethiopie-carnet-noir-la-legende-luciano-vassalo-nest-plus

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    LUCIANO VASSALLO : IL MAGNIFICO SUPERSTITE

    L’incredibile storia di Luciano Vassallo, italo-eritreo, protagonista assoluto della vittoria dell’Etiopia alla Coppa d’Africa del 1963, miglior calciatore della competizione, miglior calciatore etiope della storia, definito il «Di Stefano africano». Una bellissima storia di discriminazione razziale nell’Eritrea colonia italiana, di straordinari successi sportivi, di fuga dalla dittatura di Menghistu, fino alla nuova vita costruita a Roma. Di seguito la versione italiana del pezzo uscito oggi su France Football.

    http://www.antoniofelici.it/2013/01/luciano-vassallo-il-magnifico-superstite.html

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    Luciano Vassallo e Coppa Africa

    Nel 1968, prima di lasciare definitivamente l’Eritrea, dove sono nato e cresciuto, seguii per l’ultima volta come redattore sportivo del Quotidiano Eritreo la Coppa Africa di calcio, che si disputava in quello che era allora l’Impero Etiopico di Haile Sellassie I, Negus Neghesti, Re dei Re, Leone Conquistatore della Tribù di Giuda. Ricordo che la squadra del Congo era venuta all’Asmara per il girone di qualificazione e il suo gioco mi aveva incantato. Ricordo un giovane giornalista congolese con un nome che in italiano era femminile che era sorpreso di essere trattato alla pari da un collega bianco. Ricordo che le speranze etiopiche erano grandi perché sei anni prima la squadra di casa aveva vinto la finale contro l’Egitto ad Addis Abeba per 4-2 e il capitano aveva ricevuto il trofeo dalle mani dell’Imperatore. Quel capitano era il mio amico Luciano Vassallo, che aveva speso inutilmente qualche ora a tentare di insegnarmi come toccare la palla con la parte esterna del piede, da fermo, per spostarla lateralmente e lasciare in asso il difensore avversario. Era una mossa che aveva inventato lui e della quale era molto fiero. Non riuscii mai a farla come aveva tentato di insegnarmi.

    In quella Coppa Africa, vinta dalla squadra congolese che aveva un attacco brillante e un portiere fenomenale, l’Etiopia non arrivò alla finale, dovette accontentarsi del quarto posto, ma Luciano Vassallo fu votato miglior giocatore del torneo.

    Negli anni successivi ci fu la diaspora degli italiani dell’Eritrea. La guerra civile che covava dal 1962, anno in cui l’Etiopia aveva seppellito la Federazione e incamerato l’Eritrea fra le province dell’Impero, aveva portato alla rivoluzione e al terrore rosso del colonnello Menghistu Hailemariam. Io, che dal giornale avevo un osservatorio privilegiato, me n’ero andato già nel 1968, altri avevano tenuto duro fino al 1973-74, ma poi chi non se l’era sentita di unirsi ai partigiani eritrei e di andare nella boscaglia a combattere i carri armati e i jet etiopi aveva dovuto comunque prendere la strada dell’esilio. Fra loro Luciano Vassallo.

    Non ne avevo saputo più niente fino a quando, la settimana scorsa, Emanuela Curnis, già console d’Italia a Città del Capo, mi ha mandato da New York la copia di un ritaglio di giornale con la nota: “Ho appena letto l’articolo allegato e non ho potuto non pensare al Ciro asmarino che potrebbe avere anche conosciuto questa persona”. Grazie Emanuela.

    Eccovi dunque la storia di Luciano Vassallo come è stata pubblicata dall’Avvenire il 31 gennaio 2013:

    Vassallo, il re del gol cancellato dall’Etiopia –

    La vicenda sportiva e umana di un eritreo (figlio di un ufficiale italiano) che negli anni Sessanta era il capitano della nazionale etiope di cui è ancora il recordman con 104 gare disputate e 90 gol segnati –

    Massimiliano Castellani –
    Avvenire del 31 gennaio 2013 –

    Girma alza le braccia sotto il cielo di Nelspruit (Sudafrica). Esulta felice, quasi incredulo per il gol segnato ai campioni d’Africa dello Zambia. Grazie a quella rete, l’Etiopia è riuscita a pareggiare la sua prima (e sola) partita di Coppa d’Africa dopo 31 anni di assenza dalla competizione continentale.

    Spento il televisore il nostro primo pensiero è stato: chissà se Girma ha mai sentito parlare di Luciano Vassallo? Un eroe dimenticato del calcio africano, un capitano, come Girma, la “bandiera” di quella nazionale che riportò ad Addis Abeba l’unica Coppa d’Africa conquistata dall’Etiopia. Il perche di questa «storia insabbiata», ce lo racconta la viva voce del 77enne Luciano Vassallo dalla sua casa di Marcellina (Roma).

    «I ricordi mi fanno stare ancora male, ma questa storia vorrei tanto che arrivasse al cuore dei giovani etiopi e anche di quelli italiani…».

    Quella di Luciano è stata una giovinezza e un’esistenza tutta in salita. «Nostra madre Mebrak (“Luce” in italiano) ad Asmara mi mise al mondo nel 1935 – l’anno dell’invasione delle truppe italiane – e cinque anni dopo nacque il mio “fratellino” Italo», comincia il racconto in un italiano che conserva forte l’accento dell’«eritreo, cattolico apostolico e romano», dice orgoglioso.

    «Nostro padre, Vittorio Vassallo, era un ufficiale dell’esercito coloniale di Mussolini, ma noi non lo abbiamo mai conosciuto. Di suo c’è rimasto solo il cognome. Così la mamma, tra stenti e mille rinunce, ci ha cresciuti da sola povera donna». L’infanzia di due ragazzini meticci, orfani di un padre di cui si persero subito le tracce e che vennero emarginati fin dai banchi di scuola. «Gli etiopi ci consideravano dei “bastardi”. Con gli italiani era la stessa storia. Per via delle leggi razziali anche i coloniali ci trattavano con disprezzo. Eravamo additati come i “figli delIa colpa”. Sfottuti e umiliati tutti i giorni, così in terza elementare ho abbandonato gli studi».

    Quello che poi ha appreso e gli è servito nella vita gliel’ha insegnato la strada, dove cominciò presto a tirare calci ad un pallone fatto di stracci. «Ma il calcio è sempre venuto dopo il lavoro. Grazie a un milanese, un certo Cattaneo, entrai, ragazzino, nell’officina delle Ferrovie e imparai il mestiere di meccanico. Finito il turno mi allenavo con una formazione di soli meticci, la Stella Asmarina. Il nostro “meticciato” si riconosceva già dalla maglia: era nera con una striscia sottile, bianca, che indicava il colore della pelle del genitore che ci aveva generati».

    Dalla squadra dei meticci al Gaggiret e poi in una formazione di italiani, il Gs Asmara. “Un anno eravarno arrivati a un passo dalla vittoria del titolo nazionale, ma la federazione fece di tutto per impedirlo e ci riuscì». In quel campionato al quale partecipavano 12 squadre, Vassallo ci tiene a sottoIineare che «c’erano tanti calciatori di notevole livello tecnico che non avrebbero sfigurato nel campionato italiano. Uno di questi era mio fratello Italo, la punta di diamante dell’Hamasien». Due fratelli unitissimi fuori, ma mai in campo, almeno con le squadre di club si ritrovarono sempre da avversari. Poi, finalmente, assieme nella nazionale del 62. «Eravamo una squadra fortissima come non si e più rivista in Etiopia. Io e Italo disputammo una Coppa d’Africa eccezionale e nella finale di Addis Abeba, vinta contro l’Egitto, due dei 4 gol (la gara finì 4-2) li segnammo noi, i fratelli Vassallo». Una rete del bomber ltalo e una di Luciano, il capitano, il primo a salire sul palco delle autorità per ricevere la Coppa direttamente dalle mani dell’Imperatore, sua maestà Haile Selassie (foto). «Un grande uomo Selassie, fatto fuori (scomparso misteriosamente il 27 agosto 1975) da quelle “iene” del regime militare, il terrorismo rosso scatenato da Menghistu Haile Mariam».

    Menghistu era anche il nome del calciatore che segnò il 4° gol nella finale della Coppa d’Africa del ’62. «E infatti per l’omonimia con quell’aguzzino, nell’albo ufficiale tutti e 4 i gol adesso risultano realizzati da Menghistu. Hanno scandalosamente cancellato i nostri nomi dalle statistiche dei marcatori». Luciano Vassallo a tutt’oggi invece sarebbe il calciatore con più presenze nella nazionale d’Etiopia. «Ho indossato quella maglia 104 volte e sono anche il miglior marcatore di sempre con 90 gol – ci tiene a precisare -. Era stato eletto anche miglior giocatore della Coppa d’Africa del ’68, ma anche quel riconoscimento non risulta più negli annali della federazione. Il regime del resto voleva cancellarmi anche fisicamente. Cominciarono, complice l’allenatore Milosevic, con il togliermi il posto di lavoro al cotonificio di Dire Dawa, a 1.400 km da Asmara. Lavoravo duro e giocavo con la squadra locale per mandare i soldi a casa a nostra madre. Percepivo uno stipendio da 630 dollari al mese, quando un etiope a malapena arrivava a 40». Soldi guadagnati lavorando sodo e reinvestiti ad Addis Abeba per costruire una casa con annessa officina di quasi 3mila metri quadrati.

    «Mi hanno confiscato tutto, ma prima mi fecero arrestare dalle “squadracce della morte”. Quelle arrivavano con una Volkswagen verdolina, ti caricavano su e poi sparivi per sempre. A migliaia sono finiti così… Grazie a Dio mi sono salvato. In carcere un militare che era mio tifoso, mi ha riconosciuto e ha fatto in modo che potessi fuggire in Italia”. Nel ’70 Luciano lascia per sempre il suo Paese per venire in quello dell’uomo che non ha mai potuto chiamare papà. «Ero troppo vecchio per continuare a giocare, però sentivo di poter dare ancora qualcosa al calcio e così mi sono iscritto al corso per allenatori a Coverciano». Suoi compagni di corso erano Cesare Maldini, Luis Vinicio e Armando Picchi, i quali trovarono subito una panchina in Serie A, mentre l’eritreo Vassallo dovette accontentarsi di aprire una scuola calcio ad Ostia.

    http://www.ethioroma.com/luciano-vassallo-e-coppa-africa

    #football #Erythrée #Ethiopie #Luciano_Vassallo #métisse #métissage #Italie_coloniale

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  • Des colonies à l’Empire fasciste. La conquête de l’Afrique racontée aux enfants italiens

    En Italie, la conquête et la colonisation de l’Afrique se sont inscrites dans la #littérature pour l’enfance au fur et à mesure de l’occupation des territoires, en correspondance avec l’évolution idéologique qui l’accompagna. Dans les dernières décennies du XIXe siècle, lorsque l’Italie libérale entreprend l’occupation de la #corne_de_l’Afrique, en Érythrée puis en #Somalie, la colonisation trouve quelques échos dans les romans de #Salgari. On trouve aussi des textes qui célèbrent l’#héroïsme des soldats tombés au combat en affrontant des indigènes barbares et cruels, et d’autres qui critiquent la politique coloniale de l’État. Au début du XXe siècle, les ambitions coloniales semblent avoir été mises entre parenthèses ; des #romans africains d’aventures, écrits sur le mode de la #parodie, tournent en ridicule les Africains pour faire rire les plus petits. Ensuite la guerre de Libye (1911-1912) marque un tournant, et dans les ouvrages publiés au moment de la campagne perce la nouvelle idéologie nationaliste. Après la Grande Guerre, le fascisme au pouvoir veut créer la « conscience coloniale » des Italiens, en y associant la littérature pour l’enfance. Lors de la guerre d’Éthiopie paraissent de nombreux #contes et #romans qui racontent la #campagne_militaire sous diverses formes fictionnelles, allant du conte au roman. Cette production présentera la conquête éthiopienne comme une #aventure enthousiasmante pour les enfants italiens, et la colonisation comme un immense bienfait pour les enfants indigènes.

    https://journals.openedition.org/strenae/322

    #impérialisme #Italie #colonialisme_italien #Italie_coloniale #histoire #colonialisme #colonisation #Italie #Erythrée #nationalisme #littérature_pour_enfants

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  • “Ti saluto, vado in Abissinia”. Parma e Africa Orientale tra colonialismo e post-colonialismo. Archivio, didattica e ricerca storica

    L’articolo presenta il progetto di costruzione di un archivio sulla memoria coloniale e post-coloniale locale. Condotto dall’Istituto della Resistenza e dell’età contemporanea di Parma e dall’ong #Parma_per_gli_altri, il progetto ha l’obiettivo di tracciare – attraverso fotografie, testimonianze e documenti vari – i rapporti recenti tra la città e le ex-colonie italiane del Corno d’Africa, soprattutto Etiopia ed Eritrea. Infine, sulla base del materiale raccolto, sono stati elaborati percorsi didattici proposti alle scuole di secondo grado.

    https://e-review.it/vitale-archivio-colonialismo

    #Parme #Parma #Italie #colonialisme #colonisation #mémoire #mémoire_coloniale #Ethiopie #Erythrée

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  • L’émigration italienne en #Afrique_orientale

    La question migratoire eut des effets sur la #politique_coloniale italienne à partir de la fin du xixe siècle. L’Italie projeta de créer un empire où une part considérable des populations métropolitaines pourraient être envoyées. Mais la défaite d’Adoua face aux Éthiopiens en 1896 mit fin à ce rêve. En outre l’Érythrée comme la Somalie n’étaient pas en mesure d’accueillir autant d’immigrants européens. De plus, très peu de choses furent faites pour développer les infrastructures et l’économie des colonies. Seuls quelques milliers d’Italiens vécurent en Afrique orientale jusqu’en 1935.
    La situation se transforma radicalement lorsque Mussolini conquit l’Éthiopie. Le Duce rêvait de créer une nouvelle Italie en Afrique, où pourrait être expérimentée une société totalitaire inédite, conforme aux préceptes fascistes. L’Éthiopie aurait été peuplée par des centaines de milliers d’Italiens, qui par leur labeur auraient fait croître l’agriculture et le reste de l’économie. La #colonisation_fasciste s’inspirait de l’ancienne colonisation romaine. Un des problèmes les plus sérieux fut le développement des villes, notamment en raison de ses imbrications avec la politique démographique et raciale du régime fasciste.

    https://www.cairn.info/revue-annales-de-demographie-historique-2007-1-page-59.htm

    #émigration #migrations #migrants_italiens #colonialisme #Corne_de_l'Afrique #colonisation #fascisme #Erythrée #Somalie #Ethiopie #impérialisme #agriculture #économie #politique_démographique #politique_raciale

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  • #Colonia_per_maschi. Italiani in Africa Orientale: una storia di genere

    Quella degli italiani che combatterono o lavorarono nelle colonie africane del fascismo è una storia poco e mal conosciuta. Questo libro intende fornire un contributo di conoscenza sui comportamenti e i sentimenti di quanti, militari o civili, furono coinvolti nella colonizzazione dell’Etiopia (1935-41). Attraverso lo studio di memorie e diari inediti, ma anche della propaganda e della letteratura coloniale coeva, il volume indaga sul significato del colonialismo per gli italiani in termini di identità maschile, sia sul piano dell’esperienza vissuta che su quello dell’immaginario e della rappresentazione, pubblica e privata. Partendo dall’ipotesi della conquista coloniale come «terapia» per arginare la «degenerazione» del maschio e, in questa chiave, dal mito dell’Africa come luogo di frontiera e «paradiso dei sensi», il saggio intreccia l’analisi dei modelli maschili e delle politiche coloniali del fascismo con la ricostruzione delle esperienze quotidiane e delle percezioni di sé degli italiani. In particolare, sulla scia di molti studi coloniali stranieri focalizzati sulle variabili di genere e razza, l’analisi si sofferma sulla sfera dei complessi e multiformi contatti con gli uomini e le donne della società locale. Ne emerge un quadro articolato e contraddittorio, un complesso di relazioni tra colonizzatori e colonizzati sicuramente caratterizzato da gerarchie e razzismo, ma anche da rapporti amicali, erotici e omoerotici, paternalistici e, talora, paterni.
    Come scrive Luisa Passerini nella prefazione, questo libro è un «contributo originale [...] a un tema di grande rilevanza, che permette di comprendere meglio sia la complessità del passato recente della nazione sia le difficoltà di fare i conti con il suo retaggio coloniale».

    http://www.ombrecorte.it/vecchio/more.asp?id=129&tipo=documenta

    #colonialisme #colonisation #Italie_coloniale #colonialisme_italien #genre #femmes #livre #masculinité #identité_masculine

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    • La conquête de l’Éthiopie et le rêve d’une #sexualité sur ordonnance (1), par Marie-Anne Matard-Bonucci.

      PARTIE 1

      Le 9 mai 1936, à Rome, dans un discours retransmis par des milliers de haut-parleurs dans toute l’Italie, Mussolini annonce la conquête de l’Éthiopie. Du Palais de Venise où il est acclamé par une foule en liesse, le Duce prétend donner au monde une leçon de civilisation, célébrant le combat de l’Italie contre « l’arbitraire cruel », « l’esclavage millénaire » et la victoire de la justice sur la barbarie. La veille, dans un climat analogue, le Duce s’est adressé aux organisations féminines du régime, et a remercié les femmes d’avoir soutenu l’héroïsme de leurs frères, fils et maris en résistant aux sanctions décrétées par la Société des Nations1. Quelques mois plus tôt pour la journée de la « Foi », des cohortes de femmes avaient offert leur alliance, le don de l’anneau nuptial symbolisant l’engagement de toute la nation dans l’aventure coloniale.

      Cette communion des genres sur l’autel de l’impérialisme fasciste ne doit pas masquer que la guerre d’Éthiopie fut un pic d’exaltation de la virilité par un régime qui l’avait élevée à des sommets jamais atteints2. « Rappelez-vous que la passion des colonies est la plus masculine, la plus fière et la plus puissante qu’un Italien puisse nourrir ; aimez-les plus encore pour les sacrifices qu’elles nous ont coûtés et qu’elles nous coûteront que pour les richesses qu’elles pourront nous apporter. Préparez-vous à mesurer dans les colonies votre force de dominateur et votre pouvoir de condottiere » exhortait le maréchal Rodolfo Graziani, devenu vice-Roi d’Éthiopie en juin 19363. Guerre coloniale et fasciste, le conflit éthiopien fut pensé comme un temps fort dans la stratégie destinée à créer un « homme nouveau fasciste »4. Soldats et colons étaient invités par le Duce, le maréchal Graziani et les élites fascistes à se comporter en peuple dominateur et impitoyable. Tous les moyens furent bons pour écraser un adversaire aussi mal équipé que déterminé : emploi de gaz asphyxiants, bombardements, massacres de civils, anéantissement des élites5. L’Éthiopie fut le théâtre d’une violence extrême. Soldats et hiérarques expérimentèrent l’hubris guerrière, comme aux meilleurs temps du squadrisme, l’infériorité présumée des indigènes autorisant une cruauté particulière. Dans son journal, l’intellectuel et hiérarque fasciste Giuseppe Bottai déplorait des épisodes de barbarie dont s’étaient principalement rendus coupables des officiers et dirigeants : « Le mouton des classes moyennes devient un petit lion, confondant l’héroïsme et la cruauté »6. Starace, le secrétaire national du parti fasciste, n’avait pas hésité à donner l’exemple, se livrant à des exercices de tir sur des prisonniers tandis que des soldats prenaient la pose près de cadavres ou brandissaint des restes humains comme des trophées.

      En dépit de discours affichant un humanisme à l’italienne, les autorités fascistes ne réprimèrent pas ces pratiques barbares des combattants, jugeant plus important de modifier les comportements sur un autre terrain : celui de la sexualité. Quelques mois après le début des hostilités, les relations des Italiens avec les femmes éthiopiennes devinrent, aux yeux des élites fascistes, une véritable « question » politique et une bataille prioritaire du régime.

      Les Éthiopiennes, obscurs objets de désir

      Préparée par plusieurs décennies d’idéologie nationaliste, la conquête de l’Éthiopie avait suscité de nombreuses attentes au sein de la population italienne. Au désir des plus démunis d’accéder à la propriété foncière s’ajoutaient des motivations plus complexes où se mêlaient confusément, comme dans d’autres contextes coloniaux, exotisme et érotisme. La beauté légendaire des femmes de la région n’était pas pour rien dans l’attrait de cet Eldorado, l’espoir de les posséder apparaissant aussi légitime que la prétention à s’emparer des terres.
      Photographies d’Éthiopiennes forcément dénudées, comme dans la plupart des représentations des femmes africaines jusqu’aux années Trente, romans populaires publicités et chansons avaient aussi contribué, avant et pendant la conquête, à répandre le stéréotype de créatures à la sensualité exacerbée, offertes au plaisir de l’homme blanc7. Dans l’Italie puritaine qui n’autorisait la nudité que dans l’art, les poitrines des Éthiopiennes nourrissaient tous les fantasmes. « Les Italiens avaient hâte de partir. L’Abyssinie, à leurs yeux, apparaissait comme une forêt de superbes mamelles à portée de main » se souvient Léo Longanesi8. Pendant la guerre, de nombreux dessins humoristiques véhiculés par la presse ou des cartes postales opposaient l’image d’un peuple d’hommes arriérés et sauvages et de femmes séduisantes et avenantes9. Dans un registre qui se voulait humoristique, le dessinateur Enrico De Seta, sur une carte intitulée « Bureau de poste », montrait un soldat devant un guichet postal. Il s’apprêtait à expédier un curieux colis : une femme abyssine empaquetée dans une couverture, dont dépassaient la tête et les pieds10 !

      En 1935, la chanson Faccetta Nera, (Petite frimousse noire) avait accompagné les troupes en campagne. Composée d’abord en dialecte romain, la chanson était devenue très populaire dans sa version italienne11. Les paroles étaient à l’image des sentiments complexes des colonisateurs à l’égard des femmes africaines : volonté de possession et de domination, promesse de libération et de civilisation, désir et fascination. « Facetta Nera, Belle abyssine, attends et espère, l’heure est prochaine. Quand nous serons près de toi nous te donnerons une autre loi et un autre roi. Notre loi est esclavage d’amour, notre slogan est liberté et devoir etc. »12.

      L’imaginaire des romanciers ou chansonniers n’était pas sans rapport avec une certaine réalité des rapports hommes femmes en Éthiopie. Tandis qu’en Italie les interdits pesant sur la sexualité des femmes étaient encore très forts, l’Éthiopie offrait aux femmes, surtout aux Amharas, une liberté plus grande, les relations hors mariage n’étant pas frappées d’opprobre comme dans les sociétés catholiques européennes. Non seulement le concubinage était une pratique qui n’était pas réprouvée par l’entourage – le mariage dämòs permettait aux femmes une forme d’union contractuelle temporaire- mais il pouvait s’inscrire, comme l’ont révélé des travaux récents, du point de vue des Éthiopiennes, dans le cadre d’une stratégie d’élévation sociale, voire d’émancipation13. La pratique du madamismo était répandue, en Somalie et en Érythrée, y compris parmi les fonctionnaires et militaires de haut grade14. En Érythrée, le fonctionnaire Alberto Pollera, pour convaincu qu’il fût des bienfaits de la colonisation, et en dépit de ses responsabilités, n’en avaient pas moins six enfants de deux femmes érythréennes15. Comme l’écrit Giulia Barrera : « The madamato was a set of relationships grounded in the material basis of colonialism and shaped by colonial discourse but it was lived out by concrete individuals : by men who participated in very different ways in the colonial enterprise and by women who were note merely passive victims »16.

      Pour les 300 000 pionniers et soldats présents après la conquête, certains subirent, effectivement, le « doux esclavage » mentionné par la chanson. Même quand la fascination n’était pas au rendez-vous, le concubinage s’imposait presque par défaut, représentant « la véritable institution des rapports sexuels sous le colonialisme »17. En dépit de la propagande visant à les attirer, bien peu de femmes de métropole avaient accepté de s’installer sur place, craignant l’insécurité ou des conditions de vie précaire. Peu après la conquête, un navire de 2000 épouses et fiancées fut appareillé à destination de l’Empire18. En 1938, 10 000 Italiennes avaient accepté de participer à l’aventure coloniale, dont la moitié dans la capitale de l’Empire. Le régime avait également cherché à installer des prostituées blanches recrutées dans la péninsule mais, là encore, l’offre était restée largement inférieure à la demande19. Les hommes continuaient de fréquenter assidûment les sciarmute, les prostituées indigènes, que les autorités s’efforçaient contrôler. Parmi les 1500 femmes autorisées à faire le commerce du sexe à Addis Abeba, et contrôlées lors de visites médicales, les autorités distinguaient trois catégories, identifiables à la couleur d’un petit drapeau affiché sur leur tucul, l’habitation traditionnelle : jaune pour les officiers, verte pour les soldats et travailleurs, noir pour les troupes coloniales. Cette prostitution encadrée et hiérarchisée ne couvrait pas davantage les besoins et certains responsables militaires s’indignaient des longues files d’attente devant les bordels indigènes. Restaient enfin les prostituées occasionnelles ou clandestines, présentes sur l’ensemble du territoire.

      Entre l’exploitation sexuelle des indigènes et la chasteté existait toute une gradation de comportements. Le concubinage fut l’un d’entre-eux qui présentait, avant d’être placé hors la loi, de nombreux avantages pour les colons. Avant la conquête de l’Éthiopie, dans les colonies italiennes d’Afrique noire, Somalie et Érythrée, il était fréquent que des fonctionnaires de l’administration coloniale ou des militaires vivent avec des femmes africaines. Les compagnes des Italiens étaient nommées les madame et le concubinage le madamismo. Ces unions donnaient souvent lieu à la naissance d’enfants métis qui eurent la possibilité, à partir de 1933, en vertu de la « Loi organique pour l’Érythrée et la Somalie » d’obtenir la nationalité italienne20. En Érythrée, en 1935, on comptait 1000 métis sur une population de 3500 Italiens21. Pour les colons, la mise en ménage avec des Éthiopiennes, résultait de motivations diverses, parfois concomitantes, qui n’excluaient pas le sentiment amoureux : disposer d’une compagne pour partager le quotidien et les tâches ménagères, disposer d’une partenaire sexuelle stable et plus sûre que des prostituées. Le journaliste Indro Montanelli, enrôlé comme volontaire en Éthiopie à l’âge de 23 ans, fut nommé à la tête d’un bataillon d’indigènes Érythréens. Il dit avoir « acheté » à son père pour 500 lires, une jeune fille de douze ans. Pratique répréhensible en métropole mais diffusée dans les colonies, celle-ci était justifiée en ces termes : « mais à douze ans [en Afrique] les jeunes filles sont déjà des femmes ». À son départ, il revendit la jeune fille « petit animal docile » à un officier de haut rang, lequel disposait déjà d’un « petit harem »22 Selon son témoignage, la jeune fille était musulmane.

      Avant que le racisme ne devînt doctrine officielle du fascisme, les points de vue sur les unions mixtes étaient partagés. Lidio Cipriani s’alarmait du métissage alors que les démographes Corrado Gini ou Domenico Simonelli y voyait une opportunité de régénération des populations européennes et, pour le second, un facteur de peuplement pour les colonies23. Dans la presse coloniale, les unions mixtes n’étaient pas encore dénoncées24. En février 1936, dans l’Illustrazione coloniale, Lorenzo Ratto opposait l’attitude raciste des colonisateurs britanniques à la tradition « romaine » de fraternisation avec les populations vaincues. Réprouvant le métissage avec les « nègres », il admettait les unions mixtes avec les Éthiopiennes, racialement supérieures : « les plus belles filles de race sémitico-éthiopiennes, facilement sélectionnables sur les plateaux éthiopiens pourront être choisies par les pionniers du Génie militaire rural pour faire partie de nos colonies en tant qu’épouses légitimes (…) »25.

      Texte paru in D. Herzog, Brutality and desire. War and Sexuality in Europe’s Twentieth Century, Palgrave Macmillan, 2008.

      Pour aller plus loin :

      La guerre d’Éthiopie, un inconscient italien, par Olivier Favier. Sur le mausolée au maréchal Graziani à Affile (août 2012), la naissance d’une littérature italophone et postcoloniale et le documentaire de Luca Guadagnino, Inconscio italiano (2011). Voir aussi : L’Italie et ses crimes : un mausolée pour Graziani, par Olivier Favier.
      Mémoire littéraire, mémoire historique, entretien croisé avec Aldo Zargani et Marie-Anne Matard-Bonucci, par Olivier Favier.
      Le fascisme, Auschwitz et Berlusconi, par Marie-Anne Matard Bonucci, Le Monde, 11 février 2013. Marie-Anne Matard-Bonucci est professeure d’histoire contemporaine à Paris VIII, Institut Universitaire de France. Elle est également l’auteure de L’Italie fasciste et la persécution des juifs, Paris, Puf, 2012.

      « Éloge des femmes italiennes » discours prononcé le 8 mai 1936, in B. Mussolini, Édition définitive des œuvres de B. Mussolini, ed. Flammarion, vol. XI, 1938, p. 69-71. [↩]
      Voir G. L. Mosse, L’image de l’homme. L’invention de la virilité moderne, Pocket, Agora, p. 179-203. B., Spackman, Fascist Virilities : Rhetoric, Ideology, and Social Fantasy in Italy, University of Minnesota Press, 1996. [↩]
      Cité par F. Le Houérou, L’épopée des soldats de Mussolini en Abyssinie. 1936-1938. Les ensablés, L’Harmattan, 1994, p. 50. [↩]
      M.-A. Matard-Bonucci, P. Milza, L’Homme nouveau entre dictature et totalitarisme, Fayard, 2004. [↩]
      A. Sbacchi, Legacy of Bitterness. Ethiopia end fascist Italy, 1935-1941, The Read Sea Press, 1997. Voir en particulier le chapitre 3, “Poison gas and atrocities in the Italo-Ethiopian War, 1935-1936”, p. 55-85. A. Del Boca (dir.) , I gas di Mussolini. Il fascismo e la guerra d’Etiopia, Roma, Editori riuniti, 1996. G. Rochat, « L’attentato a Graziani e la repressione italiana in Etiopia 1936-1937 », in Italia contemporanea, 1975, n. 118, pp. 3-38. Plus généralement, voir l’œuvre considérable d’A. Del Boca, de R. Pankhurst. Voir aussi A. Mockler, Haile Selassie’s war : The Italian Ethiopian campaign, 1936-41, Oxford University Press, 1984, rééd. Grafton Books, 1987. [↩]
      G. Bottai, Diario 1935-1944, Ed . Bur, 2001, p. 102, note du 16 mai 1936. [↩]
      Sur la littérature coloniale : G. Tomasello, La letteratura coloniale italiana dalle avanguardie al fascismo, Palerme, Sellerio, 1984. R. Bonavita, « Lo sguardo dall’alto. Le forme della razzizzazione nei romanzi coloniali nella narrativa esotica », in La menzogna della razza. Documenti e immagini del razzismo e dell’antisemitismo fascista, Grafis, Bologne, 1994, p. 53-62. [↩]
      Cité par A. Petacco, Faccetta nera, Mondadori, ed. 2008, p. 191. [↩]
      Voir les vignettes reproduites dans le catalogue La Menzogna della Razza, p. 156-157. Sur l’iconographie coloniale : A. Mignemi., Immagine coordinata per un impero, GEF, 1984, Novara. G. Campassi, M.-Teresa Sega, « Uomo bianco, donna nera. L’immagine della donna nella fotografia coloniale » in Rivista di storia e teoria della fotografia, vol. 4, n° 5, 1983, p. 54-62. [↩]
      L. Goglia, « Le cartoline illustrate italiane della guerra etiopica 1935-1936 : il negro nemico selvaggio e il trionfo della civiltà di Rome » dans le catalogue de l’exposition La menzogna della Razza, cit. p. 27-40. L’image décrite est située dans le catalogue, à la p. 175. [↩]
      S. Pivato, Bella ciao. Canto e politica nella storia d’Italia, GLF, Editori Laterza, Bari-Laterza, 2007, p. 161-162. [↩]
      Le texte de la chanson est publié par A. Petacco, op. cit., p. 189-190. [↩]
      Après avoir été ignorée dans leur dimension raciste et sexiste, les relations hommes-femmes ont été analysées en privilégiant la clef de lecture de l’oppression coloniale puis du genre. Voir G. Campassi, « Il madamato in Africa orientale : relazioni tra italiani e indigene come forma di agressione coloniale » in Miscellanea di storia delle esplorazioni, Genova, 1987, p. 219-260. Giulia Barrera, dans une étude pionnière, se place du point de vue des femmes érythréennes livrant une vision plus complexe des rapports de genre dans ce contexte : G. Barrera, Dangerous Liaisons, Colonial Concubinage in Eritrea, 1890-1941, PAS Working Paper, Program of african Studies, Northwestern University, Evanston Illinois, USA, 1996. [↩]
      Carlo Rossetti « Razze e religioni nei territori dell’Impero », L’impero (A.O.I). Studi e documenti raccolti e ordinati da T. Sillani, Rome, La Rassegna italiana, XVI, p. 76. L’auteur était le chef du Bureau des études du Ministère de l’Afrique italienne. [↩]
      B. Sorgoni, Etnografia e colonialismo. L’Eritrea e l’Etiopia di Alberto Pollera 1873-1939, Torino, Bollato Boringhieri, 2001. [↩]
      G. Barrera, Ibid., p. 6. [↩]
      Voir A. Gauthier, “Femmes et colonialisme” in M. Ferro (dir.), Le livre noir du colonialisme. XVIe-XXIe siècle : de l’extermination à la repentance, Poche, Pluriel, Hachette, 2006, p. 759-811. La citation est à la p. 802. Voir également A.-L. Stoler, Carnal Knowledge and Imperial Power : Race and the Intimate in Colonial Rule, Berkeley : University of California press, 2002. [↩]
      Article de Carlo Rossetti, Capo dell’Ufficio studi del Ministero dell’Africa italiana, « Razze e religioni eni territori dell’Impero », in L’impero (A.O.I). Studi e documenti raccolti e ordinati da T. Sillani, La Rassegna italiana, XVI, p. 76. [↩]
      Sur la prostitution, A. Del Boca, La caduta cit. p. 244-245. Pankhurst, R. « The history of prostitution in Ethiopia », Journal of Ethiopian Studies, 12, n° 2, p. 159-178. [↩]
      À condition, disait le texte de loi, que les intéressés « se montrent dignes de la nationalité italienne par leur éducation, culture et niveau de vie ». Loi du 6 juillet 1933, n° 999. [↩]
      Chiffre cité par A. Del Boca, op. cit., p. 248. [↩]
      Le témoignage de I. Montanelli est cité par E. Biagi in 1935 e dintorni, Mondadori, 1982, 58-61. [↩]
      Sur C. Gini, M.-A. Matard-Bonucci, L’Italie fasciste op. cit., p. 74-75. D. Simonelli, La demografia dei meticci, 1929. [↩]
      Avant la guerre d’Éthiopie, on ne trouve pas de textes dénonçant les méfaits du métissage dans la presse coloniale. Voir le mémoire de maîtrise inédit de F. Marfoli, La vision des Éthiopiens sous le fascisme : étude de quatre revues coloniales italiennes, dir. O. Dumoulin, Université de Rouen, sept-oct 2001. [↩]
      Illustrazione coloniale, Fev. 1936, n.2, « Metodo romano per colonizzare l’Etiopia ». [↩]

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      PARTIE 2
      La conquête de l’Éthiopie et le rêve d’une sexualité sur ordonnance (2), par Marie-Anne Matard-Bonucci.

      Le spectre du #métissage

      La proclamation de l’Empire représenta un tournant dans l’histoire du racisme et de la doctrine fasciste. Jusque-là, la domination des Italiens sur les populations coloniales s’était traduite par un racisme colonial assez banal. En Libye, aucune législation sur le métissage n’avait été adoptée et les Arabes étaient autorisés à fréquenter les bordels des Européens. À une économie propre au racisme qui valorisait les populations arabes par rapport aux habitants d’Afrique noire s’ajoutaient des facteurs objectifs limitant les risques de procréation des couples mixtes : les femmes italiennes y étaient plus nombreuses et les mariages « à court terme » n’existaient pas1.

      Dans la radicalisation raciste de l’été 1936, il est difficile de savoir si la question sexuelle fit office de catalyseur ou servit de révélateur. Mussolini était ulcéré depuis longtemps par l’idée même des couples mixtes. En avril 1934, il avait exigé de retirer de la circulation le roman Amour noir : « Il s’agit des amours d’un Italien avec une négresse. Inadmissible de la part d’une nation qui veut créer un Empire »2. Deux jours après la proclamation de l’Empire, le chef du gouvernement ordonna à Badoglio et Graziani de n’autoriser aucun Italien civil ou militaire à rester plus de six mois sans femme en Éthiopie pour prévenir « les terribles et prévisibles effets du métissage »3. Échafaudant de grands projets d’expansion économique pour l’Empire, Mussolini avait expliqué, à la même époque, au baron Aloisi, chef de cabinet du Ministère des affaires étrangères, son intention d’y envoyer « beaucoup d’Italiens, mais avec l’obligation d’emmener leurs femmes, car il faut absolument éviter le danger d’une race de métis qui deviendraient nos pires ennemis »4. En juin 1936, Facetta Nera tomba en disgrâce peu après avoir subi les assauts du journaliste à succès, Paolo Monelli. Dans un article intitulé « Donne e buoi dei paesi tuoi », et peut-être écrit sur ordonnance, il mettait au défi l’auteur de la chanson de partager quelques jours de l’existence d’une « facetta nera », « une de ces abyssines crasseuses, à la puanteur ancestrale qui puent le beurre rance qui dégouline à petites gouttes dans le cou ; détruites dès l’âge de vingt ans par une tradition séculaire de servage amoureux et rendues froides et inertes dans les bras de l’homme ; pour une beauté au visage noble cent ont les yeux chassieux, les traits durs et masculins, la peau variolée »5. La plume haineuse vitupérait le romantisme à l’eau de rose de la chanson et dénonçait l’incitation à fréquenter les « petites négresses puantes », qui conduisait au métissage et au « délit contre la race ». En rupture avec le climat de badinage et de libertinage qui avait accompagné la conquête de l’Éthiopie, l’article était en phase avec l’évolution idéologique de l’époque. En novembre 1936, devant le Grand Conseil du fascisme Mussolini affirma la nécessité « d’affronter le problème racial et de l’introduire dans la littérature et la doctrine fascistes »6.

      À cette date, la constitution d’un corpus de littérature et de propagande raciste était en bonne voie. Depuis plusieurs mois, le roman d’aventure de la conquête coloniale occupait les pages des journaux. À partir de mai 1936, s’insinua bientôt la figure d’épouvante du métis, en métropole comme dans les colonies, dans les feuilles fascistes comme dans la presse dite d’information7. Non seulement le métissage portait atteinte au prestige de la race mais le métis était présenté tantôt comme un délinquant en puissance, tantôt comme un malheureux. Un haut fonctionnaire du Ministère de l’Afrique italienne brossait un tableau assez sombre : « On a assez vu, en Érythrée et en Somalie, des officiers et fonctionnaires, parfois de grade élevé, vivre maritalement avec des femmes indigènes donnant naissance à une catégorie d’infortunés ; leur paternité italienne n’empêchait pas, une fois le père rentré en métropole, et si les missionnaires n’intervenaient pas, qu’il vive son adolescence dans le milieu de la race maternelle. Ces malheureux étaient évités par les Blancs et méprisés par les Indigènes8.

      Pour la bataille de la race on fit appel à des racistes patentés tels Lidio Cipriani, lequel agitaient depuis le début des années Trente l’épouvantail du métissage entre races supérieures et inférieures9. Ses multiples expéditions « du Cap au Caire » l’avaient imposé comme spécialiste des populations africaines, par des reportages dans des journaux grand public et dans l’Illustrazione italiana10. En 1937, il devint le directeur de l’Institut et du musée d’anthropologie de Florence, l’un des plus renommés d’Italie. Il s’imposa comme l’un des acteurs de premier plan de la croisade contre le métissage jouant un rôle important dans la principale revue du racisme militant, La Difesa della razza, lancée à l’été 193811. Il mit à la disposition de la revue ses collections de photographies des populations africaines12.

      La Difesa della Razza excella dans l’invention de procédés de photomontages destinée à matérialiser visuellement le métissage. Un quart des couvertures interpellait les lecteurs sur ce thème. L’une d’entre elles montrait l’addition d’un faciès de femme blanche et d’homme noir dont il résultait un masque grotesque. Une autre accolait une tête de blanche et d’Africain : de cet étrange Janus, surgissait une tête de mort édentée. Deux mains, l’une blanche, l’autre noire s’enlaçaient laissant choir une fleur fanée. Plus classique, la couverture de mai 1940, mettait en présence une Ève africaine offrant le fruit défendu à un « aryen ». Un cactus, au premier plan signalait, une fois encore, le danger de la fusion des races13.Le Parti fasciste suscita sa propre littérature sur le sujet. En 1939, parut Le problème des métis sous l’égide de l’institut fasciste de l’Afrique italiennes14. « Dieu a créé les blancs, le diable les mulâtres » pouvait-on lire en exergue15. En Afrique, le Parti fasciste fit campagne pour changer les mentalités. Guido Cortese, secrétaire du faisceau d’Addis Abeba, interprétait fidèlement le nouveau cours politique16 : « Le folklore, celui des nus, des pleines lunes, des longues caravanes et des couchers de soleil ardents, des amours folles avec l’indigène humble et fidèle, tout cela représente des choses dépassées, qui relèvent du roman de troisième ordre. Il serait temps de détruire tout de suite les romans, illustrations et chansonnettes de ce genre afin d’éviter qu’ils donnent naissance à une mentalité tout autre que fasciste ».

      Réformer les pratiques sexuelles des Italiens dans l’Empire

      Le 19 avril 1937, un décret-loi fut adopté pour sanctionner les rapports « de nature conjugale » entre citoyens italiens et sujets de l’Empire, passibles de un à cinq ans de prison17. La loi frappait les Italiens seuls et non les sujets de l’Empire – une situation qui serait bientôt considérée comme injuste par certains fascistes qui réclameraient un durcissement de la loi18. Avec les mesures pour la défense de la race qui installèrent l’antisémitisme d’État à l’automne 1938, la question était affrontée dans le cadre de la partition entre citoyens, ou non, de race italienne. Les juifs, comme les sujets de l’Empire, n’appartenaient pas à la race italienne. Dans ce cadre, les mariages entre individus de race différente étaient interdits : même si elle s’appliquait à l’Empire, la loi visait principalement les unions mixtes impliquant des juifs, très fréquentes, alors que celles-ci prolongeaient rarissimement une situation de madamismo.

      Dans l’Empire les troupes d’occupation et les colons pouvaient continuer à fréquenter les maisons closes et les très nombreuses prostituées africaines, les sciarmute19. En juin 1939, une nouvelle loi précisait et aggravait la précédente, la répression des couples mixtes et du métissage s’intégrant dans un texte plus large de défense du prestige de la race20. Tout délit, quel qu’il fût, était passible d’une peine plus lourde (un quart à un tiers) s’il y avait atteinte au prestige de la race italienne, ou lorsqu’il était commis en présence d’un indigène ou en complicité avec celui-ci. La loi reconduisait les dispositions de 1937 sanctionnant les relations de nature conjugale entre Italiens et sujets de l’Empire mais une disposition nouvelle marquait le franchissement d’un seuil dans la lutte contre le métissage. L’article 11, « Inchiesta relativa ai meticci » invitait les Procureurs à diligenter une enquête, en présence d’un enfant métis, probablement conçu après l’entrée en vigueur de la loi d’avril 1937. Le texte annonçait (art 20, Meticci) des dispositions à venir concernant la position des métis dans l’Empire. En mai 1940, de nouvelles dispositions assimilaient les métis à des sujets africains, interdisant aux pères italiens de les reconnaître. À l’instar des mesures antisémites, les lois coloniales ignoraient le statut de métis, par crainte sans doute que l’invention d’une catégorie juridique n’installe durablement le phénomène.

      La répression s’exerça de plusieurs façons. Plusieurs officiers furent rapatriés en métropole et parfois radiés des cadres de l’armée21. S’agissant des civils, il incombait à la police et à la justice de mettre un terme à des agissements qualifiés par le Duce de « scandaleux » et de « criminels ». Une « police » du madamismo était habilitée à distribuer des « billets jaunes » de mise en garde22.

      Plusieurs procès furent attentés à des Italiens pour réprimer le délit de madamismo23. Un premier jugement fut rendu en septembre 1937. Plusieurs dizaines d’autres procès suivirent devant les tribunaux d’Addis Abeba, Asmara, Gondar, Harar. Le nombre de procès peut sembler anecdotique en regard d’un phénomène qui concernait plusieurs milliers d’individus. Mais les textes des décisions de justice sont cependant riches d’enseignements quant à la façon dont les juges interprétaient la loi. La difficulté consistait dans l’établissement du délit, avec ce que cela supposait d’atteintes à la vie privée des individus. Confronté à un premier procès pour madamismo, en novembre 1938, le Tribunal de Gondar admettait la difficulté à juger en regard du caractère récent de la jurisprudence constituée. Il résumait efficacement la ligne de conduite suivie par les juges dans la plupart des procès : « Compte-tenu des jugements rendus par les autres Tribunaux de l’Empire, ce Tribunal entend diriger l’enquête vers la recherche des preuves matérielles telle que la vie commune menée pendant un certain temps et caractérisée par des rapports sexuels réitérés ; il s’agit aussi de déceler, sur le plan moral ou psychique, les éléments attestant d’un lien spirituel particulier qui ressemble d’une façon ou d’une autre à notre affectio maritalis24. À l’évidence, le fait d’avoir des relations sexuelles avec des Africaines n’était pas en cause. Plusieurs sentences laissaient transparaître la compréhension des juges à l’égard des « besoins sexuels » des expatriés, de la nécessité d’un « défoulement physiologique ». Les rapports sexuels occasionnels avec une domestique dès lors qu’elle ne vivait pas sous le même toit n’étaient pas condamnés25.

      Le sexe était toléré avec les indigènes pourvu qu’il fût dénué de tout affect. Dans une affaire de madamismo, les juges de Gondar estimaient que l’accusé -que son attachement manifeste à la femme accablait- n’aurait pas été coupable « s’il s’était servi de la femme seulement comme prostituée en lui payant le prix d’accouplements occasionnels puis en la congédiant après avoir satisfait ses besoins sexuels »26. En dépit de l’affichage d’un tel cynisme, certains juges prétendaient imposer une morale dans le commerce sexuel entre homme blancs et femmes noires, s’indignant parfois des pratiques de certains colons27. Deux Italiens furent ainsi condamnés pour atteinte au prestige de la race, pour avoir partagé une seule chambre à coucher avec deux Éthiopiennes. « Sans nul doute, l’acte sexuel accompli en présence de tiers offense la pudeur et dénote une pudeur inférieure à celle qui existe chez les peuples civilisés, et en particulier au sein du peuple italien du fait de la conjonction heureuse des principes du fascisme et des enseignements moraux du catholicisme. Cela est d’autant plus répréhensible si l’on tient compte de la réserve notoire des femmes indigènes en matière de sexualité. »28

      Comment statuer sur l’existence de rapports sexuels dès lors qu’ils n’étaient plus « de simples échanges destinés à assouvir une pulsion physique »29. Comment établir la réalité d’une relation de nature conjugale ? La cohabitation prolongée constituait donc une présomption importante qui ne fut pas toujours considérée comme suffisante pour l’établissement des faits. Le caractère passionnel de certaines relations était considéré comme preuve de culpabilité. Quelques procès avaient été motivés par des plaintes de femmes contre la violence dont elles avaient été victimes30. La violence contre les femmes n’intéressait pas les juges en tant que telle mais en ce qu’elle révélait une dépendance affective des accusés, en proie à la jalousie. Plusieurs affaires trahissaient le manque de confiance des Italiens à l’égard de leurs compagnes31. Les recommandations de fidélité sexuelle étaient prises pour l’aveu d’une affection coupable. Les cadeaux étaient considérés comme des indices à charge : le caractère utilitaire de certains présents pouvait être plaidé mais ceux qui n’étaient manifestement destinés qu’à faire plaisir, enfonçaient les accusés32. Tous les éléments « à charge » étaient réunis dans une affaire jugée en septembre 1939. Une Africaine avait été embauchée pour 150 lires par mois comme domestique par un homme dont elle partageait le couvert et la couche. L’homme était subjugué par cette femme au point de vanter ses qualités dans son entourage, de lui offrir des parfums. Il était allé la rechercher quand elle l’avait abandonné pour épouser un « homme de sa race ». Pour les juges, la culpabilité était flagrante : « Cohabitation, table commune, confiance et tendresse, jalousie réciproque, cadeaux de coquetterie et non utilitaires font de la petite servante une compagne de vie, ce qu’est justement l’épouse »33. Les marques de tendresse ou d’attention particulière à l’égard des indigènes étaient particulièrement suspectes : raccompagner une femme chez elle le soir, la désigner comme sa femme34, lui rendre visite lorsqu’elle était malade35.

      « L’affection », la passion qualifiée parfois « d’enivrement » étaient en revanche répréhensibles. Le mot « amour » n’était jamais employé, tant les juges considéraient cette éventualité comme improbable ou inconvenante. En janvier 1939, un homme fut condamné à un an et demi de prison pour madamismo. Facteur aggravant, l’homme avait avoué aimer la femme indigène36. Il avait admis lui avoir fait des cadeaux, à elle et à sa mère. Espérant fonder un foyer, il avait préparé une lettre au Roi pour demander à l’épouser. Les juges diagnostiquaient un cas « macroscopique d’ensablement »37, « car ici, le blanc ne désire pas simplement la Vénus noire en la tenant à ses côtés pour des raisons de tranquillité et pour bénéficier de rapports faciles et sûrs mais c’est l’âme de cet Italien qui est troublée ; il est entièrement dévoué à la jeune noire qu’il veut élever au rang de compagne de sa vie et qu’il associe à tous les évènements, y compris hors sexualité, de sa vie38. »

      La lutte contre le métissage inaugura bien, sur le plan juridique, la mise en œuvre d’un racisme biologique fondé sur le principe de la pureté du sang. En ce sens, elle marquait un changement radical dans les conceptions qui avaient prévalu jusque-là en matière de citoyenneté et d’identité, dans l’Empire comme en métropole. Toutefois, ces mesures furent adoptées pour répondre à une question de gouvernance coloniale locale : il n’était pas encore question d’une politique globale de la race -à aucun moment, des mesures analogues ne furent envisagées pour prévenir les métissages arabo-italiens en Libye, autre importante colonie de peuplement italienne- ni de mesures visant les juifs39.

      La partie qui se jouait en Éthiopie concernait autant l’Italie que la corne de l’Afrique. Le front pionnier de l’Empire ramenait sur le devant de la scène les projets de révolution anthropologique et de construction de l’homme nouveau et les difficultés à les mettre en œuvre.

      Sexe, race et totalitarisme fasciste.

      Une fois l’Empire proclamé, le rêve colonial et l’utopie fasciste de l’homme nouveau se trouvèrent en contradiction, non sur le terrain de la violence mais sur celui de la sexualité. Objets de désir, d’abord instrumentalisées par la propagande, les « Vénus noires » furent bientôt diabolisées, leur fréquentation n’étant autorisée que dans le cadre d’une relation proscrivant tout affect. En organisant la prostitution en terre coloniale, le fascisme heurtait la morale en usage dans la péninsule, suscitait la réprobation du Vatican, mais se comportait comme la plupart des puissances coloniales confrontées à la demande sexuelle des troupes en campagne40.

      En revanche, en menant la lutte contre le madamismo à un niveau d’État, le fascisme se singularisait par une démarche fusionnant racisme et totalitarisme, la doctrine de la race venant au secours du projet de révolution anthropologique du régime. D’un côté, en traquant le concubinage des Italiens et des Africaines, les responsables fascistes cherchaient à prévenir le métissage au nom de conceptions racistes qui n’étaient guère originales en contexte colonial41. Mais le régime pourchassait aussi d’autres démons, les défauts supposés d’un peuple que le Duce voulait transformer : le sentimentalisme, un certain humanisme et des comportements jugés aux antipodes de la virilité fasciste.

      Dans la métropole, la volonté d’orienter les comportements affectifs et sexuels était à l’œuvre depuis plusieurs années. La famille et la procréation devaient borner l’horizon amoureux des Italiens. Dans cette perspective, l’homosexualité -masculine seulement- fut réprimée par le code pénal de 1931. En décembre 1926 une taxe sur le célibat fut adoptée, les célibataires ne cessant par la suite d’être montrés du doigt et pénalisés, par exemple dans leur carrière lorsqu’ils étaient fonctionnaires. Paolo Orano intellectuel proche du pouvoir assimilait le célibat à une forme « de fuoruscitismo » civil et social42.

      S’agissant du couple, il n’était guère besoin de légiférer sur les rapports hommes femmes tant la domination des premiers allait de soi. Toutefois, certains fascistes rêvaient aussi de marquer les relations amoureuses au sceau du totalitarisme fasciste. Dès 1915, le nationaliste Giovanni Papini, l’une des sources d’inspiration du fascisme, recommandait dans Maschilità de se libérer de la famille, du romantisme et de l’amour, opposant les femmes et hommes, le miel et la pierre, et dénonçant l’amour comme un asservissement43. Pour un régime qui érigeait la famille en absolu et qui s’appuyait sur l’Église pour gouverner, il semblait difficile, après 1922, de souscrire à la totalité de ce programme. Paolo Orano proposait une voie de compromis étant entendu que sous le fascisme, « L’État entre avec méthode et énergie au cœur de la moralité individuelle et domestique, car il est le maître de la vie sociale ». Il convenait de se libérer de l’idée bourgeoise suivant laquelle l’amour devait précéder le mariage et en finir avec les illusions romantiques et égoïstes de l’amour comme fin en soi. Le couple devenait une forme d’association tendue vers la procréation dont l’amour était une conséquence et non un préalable44.

      Cette philosophie des rapports homme femme inspira la politique fasciste en Éthiopie. L’éloignement, de plus fortes contraintes pour les hommes dans un contexte de guerre puis d’occupation permettaient, en théorie, de contrôler plus efficacement les comportements amoureux. Dans l’économie licite des pratiques sexuelles deux solutions s’offraient aux soldats colons fascistes, célibataires par force : la chasteté, le colonisateur cédant la place à une forme de moine soldat, ou la pratique d’une sexualité déconnectée de tout sentiment.

      Ceux qui firent le premier choix furent une minorité. Certains hommes mariés mirent un point d’honneur à résister à la tentation du sexe qui « était au cœur de toutes les préoccupations »45. Brandissant l’étendard de la fidélité au mariage, ils justifiaient l’obligation de chasteté et la frustration sexuelle par la morale, les valeurs du catholicisme, la loi fasciste et une répulsion d’ordre raciste46. Laissant femme et enfants dans la péninsule, Nicola Gattari était venu en Éthiopie comme soldat et y était resté pour se faire une situation, comme patron de camion. Dans certaines lettres adressées à sa femme bien-aimée, il abordait ce sujet délicat47 « Je suis un homme jeune plein de désirs mais qui peut les satisfaire ? Ces femmes noires puantes auprès de qui des milliers d’hommes de tous les âges contractent des infections ? Non, ma chérie, ton Nicola reviendra comme il est parti, je te le jure (…) Pense à nos retrouvailles, comme notre étreinte sera belle ! » Répondant à son épouse qui lui avait demandé, sans trop y croire, s’il était tombé amoureux d’une petite noire, il réaffirmait sa constance : … « Oui, je passerai peut-être pour un imbécile par rapport à d’autres et je dois admettre que ma volonté de rester fidèle aux liens sacrés du mariage doit être le fait d’un résident sur mille en Afrique. Si je me suis amouraché d’une petite négresse ? Je pourrais te répondre que pour conquérir une de ces pouilleuses il n’y a pas besoin d’être amoureux car ce sont des filles faciles : 5 lires suffisent et l’affaire est conclue ».

      La prostitution constituait donc une porte de sortie. Celle-ci ne bloquait pas nécessairement l’appel du concubinage, le passage de la condition de sciarmutta à celle de madama étant fréquente chez les femmes éthiopiennes48. En allant inspecter les chambres à coucher, en suscitant les confessions intimes lors des procès, l’État avait, en effet, pénétré « au cœur de la moralité individuelle et domestique ». De trop nombreuses barrières rendaient l’entreprise difficile dans la métropole : elle fut tentée, au nom de la lutte contre le métissage, dans l’Empire. Par leurs recommandations concernant les échanges avec les indigènes, les juges inventaient un idéal-type, celui d’une sexualité émancipée de tout sentiment, ramenée en définitive, à la « masculinité » exaltée par Papini.

      Quel fut l’impact des procès et des condamnations qui en résultèrent ? Le traitement judiciaire de la question permit aux juges de montrer leur zèle fasciste. Les sentences des procès furent autant de leçons de racisme et de fascisme, infligées peut-être surtout pour l’exemple à des hommes de milieux modestes49. En infligeant une peine d’un an et demi de prison à un prévenu manifestement amoureux d’une Éthiopienne le juge prétendait lui « éclaircir les idées »50.La répression installa un climat de peur parmi certains colons, à en juger par les comportements des couples qui se cachaient et d’amants qui se réunissaient une fois la nuit tombée51.

      En janvier 1939, l’anthropologue raciste Lidio Cipriani, était modérément optimiste : « Malheureusement l’obscénité des rapports sexuels entre Blancs et indigènes continue, mais il semblerait que les mesures racistes aient conduit à une diminution sensible des cas de fécondation indésirables … Il est probable que le blanc commence désormais à se rendre compte de l’inconvénient qu’il y a à s’abandonner sans vergogne à une femme de couleur »52. Toutefois, la plupart des témoignages invitent à penser que la loi contre le madamismo ne fut guère respectée, y compris par ceux qui devaient imposer l’ordre fasciste, et notamment les carabiniers53. En Érythrée, on dénombrait 10 000 les femmes africaines vivant avec des Italiens en 1935 et 15 000 en 194054.

      La question du sexe et du métissage, comme d’autres mesures destinées à réformer les comportements en profondeur traçait les limites de l’emprise fasciste sur les esprits et de sa capacité à façonner les mœurs.

      Texte paru in D. Herzog, Brutality and desire. War and Sexuality in Europe’s Twentieth Century, Palgrave Macmillan, 2008.

      Pour aller plus loin :

      La guerre d’Éthiopie, un inconscient italien, par Olivier Favier. Sur le mausolée au maréchal Graziani à Affile (août 2012), la naissance d’une littérature italophone et postcoloniale et le documentaire de Luca Guadagnino, Inconscio italiano (2011). Voir aussi : L’Italie et ses crimes : un mausolée pour Graziani, par Olivier Favier.
      Mémoire littéraire, mémoire historique, entretien croisé avec Aldo Zargani et Marie-Anne Matard-Bonucci, par Olivier Favier.
      Le fascisme, Auschwitz et Berlusconi, par Marie-Anne Matard Bonucci, Le Monde, 11 février 2013. Marie-Anne Matard-Bonucci est professeure d’histoire contemporaine à Paris VIII, Institut Universitaire de France. Elle est également l’auteure deL’Italie fasciste et la persécution des juifs, Paris, Puf, 2012.

      C. Ipsen, Demografia totalitaria, Il Mulino, p. 256. [↩]
      Propos rapporté par le Baron Pompeo Aloisi, chef de cabinet du ministre des affaires étrangères à partir de juillet 1932 : Journal (25 juillet 1932-14 juin 1936), Plon, Paris, 1957, p. 185. [↩]
      Télégramme de Mussolini à Badoglio et Graziani, in La menzogna cit., p. 20. [↩]
      B Aloisi, Journal, cit., p. 382. La conversation est datée du 8 mai. [↩]
      L’article parut dans La Gazzetta del popolo de Turin, le 13 juin 1936. [↩]
      G. Bottai, Diario 1936-1943, op. cit., p. 115. 19 novembre 1936. Rien ne prouve qu’à cette date, Mussolini songeait aussi à l’antisémitisme. [↩]
      La presse coloniale fut particulièrement mobilisée : en janvier 1940, Africa italiana sortait un numéro spécial « Discipline et tutelle des races dans l’Empire ». Un mois plus tard, la même revue traitait du rôle de la femme italienne dans l’Empire. [↩]
      C. Rossetti, Ibid. [↩]
      L. Cipriani, Considerazioni sopra il passato e l’avvenire delle popolazioni africane, 1932. Sur le personnage, voir : R. Maiocchi, Scienza italiana e razzismo fascista, La Nuova Italia, Firenze, 1999, p. 161-163. [↩]
      In Africa, dal Capo al Cairo est le titre du livre publié en 1932, Florence, Bemporad. [↩]
      Sur le rôle de cette revue dans le dispositif propagandiste raciste, M. A. Bonucci, L’Italie fasciste et la persécution des juifs, Perrin, 2007. [↩]
      P. Chiozzi, “Autoritratto del razzismo : le fotografie di Lidio Cipriani in La menzogna della razza, cit., p. 91-94. [↩]
      Les couvertures évoquées sont respectivement celles des numéros : A. III, 14-20/05/40
      A. III, 11- 5/04/40 ; A. IV, 3-5/12/40 ; A. III, 8-20/02/1940. [↩]
      G. Masucci, Il problema dei meticci, Istituto Fascista dell’Africa italiana, 1939, XVII. [↩]
      Un compte-rendu figure dans Razza e Civiltà, A. I, n°1, 23 mars 1940, p. 107. [↩]
      G. Cortese, Problemi dell’Impero, Pinciana, Rome, 1937. Cité in F. Le Houerou, op. cit., p.95. [↩]
      Décret-Loi (RDL) du 19 avril 1937, n°880, « Sanzioni per i rapporti d’indole coniugale fra cittadini e sudditi » [↩]
      Voir la position de Giovanni Rosso, « Il reato di madamismo nei confronti dell’indigena che abbia una relazione di indole coniugale con un cittadino italiano » in Razza e Civiltà, An I, n°1, p. 131-139. [↩]
      Voir A. Del Boca, La caduta dell’Impero, op. cit., p. 243-245. [↩]
      RDL n°1004 du 29 juin 1939. [↩]
      A. Del Boca évoque plusieurs cas, in La caduta cit. , p. 246-247. [↩]
      F. Le Houerou, op. cit., p. 95. [↩]
      La Revue Razza e Civiltà, publiée à partir de mars 1940 : il s’agissait de l’organe du Conseil Supérieur et de la Direction générale pour la Démographie et la race. Dans le cadre de la rubrique « Giurisprudenza e legislazione razziale » a publié de nombreux extraits des décisions judiciaires. Les analyses présentées ci-dessus se fondent sur l’analyse de 28 cas présentés par la revue. La moitié conclut au délit de madamismo ou d’atteinte à la dignité raciale. [↩]
      Sentence du Tribunal de Gondar du 19 novembre 1938, Président Maistro, Accusé Spano. RC, An I, n.1 p. 128-131. [↩]
      Sentence du 7 février 1939, accusé Venturiello, Pres. Carnaroli, RC, A. I, n°5-6-7, p. 549. [↩]
      Sentence du Tribunal de Gondar du 19 novembre 1938, Accusé Spano, Président Maistro RC, An I, n.1 p. 1p. 130. [↩]
      Voir Sentence de la Cour d’Appel d’Addis Abeba, 4 avril 1939, accusé Isella, Pres Carnaroli, RC, A. I, n°5-6-7, p. 552. [↩]
      Sentence du 21 décembre 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, accusés Lauria et Ciulla, Pres. Morando, RC, A. I, n°5-6-7, p.548. [↩]
      Sentence du 3 janvier 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Accusé Melchionne, Pres Carnaroli, RC, A. I, n°5-6-7, p.548. « I congressi carnali perdono il carattere d’incontro a mero sfogo fisiologico ». [↩]
      Ainsi, le procès contre G. Spano a été suscité par une plainte de sa concubine auprès des carabiniers. Sentence du tribunal de Gondar du 19 novembre 1938, RC, An I, n°1, p. 128. [↩]
      Cour d’Appel d’Addis Abeba, Sentences du 31 janvier 1939, Accusé Seneca, Pres Guerrazzi ; 3. janvier 1939 Accusé Marca, Pres. Guerrazzi, RC, A. I, n°5-6-7, p. 548 et 551. [↩]
      Des cadeaux sont mentionnés dans plusieurs affaires. [↩]
      Sentence du 5 septembre 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Procès contre Fagà, Pres Carnaroli, RC, A. I, n°5-6-7, p. 547. [↩]
      Sentence du 14 février 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Procès contre Autieri, Pres Carnaroli , RC, A. I, n°5-6-7, p. 549. [↩]
      Sentence du 3 janvier 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Procès contre Giuliano, Pres Carnaroli RC, A. I, n°5-6-7, p. 550. [↩]
      L’expression utilisée est « volerle bene ». [↩]
      On désignait comme insabbiati, « ensablés », les hommes restés vivre en Éthiopie, souvent aux côtés d’une Africaine. [↩]
      Sentence du 31 janvier 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Procès contre Seneca, Pres Guerrazzi , RC, A. I, n°5-6-7, p 548-549 [↩]
      Outre que le métissage semblait inspirer moins de crainte s’agissant des Arabes que des populations d’Afrique noire, des raisons tenant au contexte proprement libyen expliquent un tel choix : présence plus nombreuse de femmes italiennes en Libye ; statut différent du mariage dans ce pays par rapport à l’Éthiopie. Cf. C. Ipsen, op. cit, p. 256. [↩]
      Au demeurant, en métropole aussi, le fascisme avait une politique visant à contrôler la prostitution sans l’interdire définitivement. Sur la duplicité du gouvernement italien qui réprima la présence de prostituées dans la rue et mais la tolérait dans des bordels soumis à un contrôle policier et sanitaire : V. De Grazia, Le donne nel regime fascista, Tascabili Marsili, p. 73-74. [↩]
      V. Joly écrit : « Les amours exotiques doivent être éphémères. Les femmes indigènes ne sont que des substituts qu’imposent la solitude et l’éloignement de la promise qui attend en métropole, simple rêve parfois. Elles ne doivent pas plus être sentimentales tant est vive la crainte du « métissage » affaiblissement pour la race du vainqueur », in « Sexe, guerre et désir colonial » in F. Rouquet, F. Virgili, D. Voldman, Amours, guerres et sexualité 1914-1945, Gallimard, BDIC, 2007, 62-69. [↩]
      La formule est de Paolo Orano in « Famiglia, razza, potenza », Il fascismo, vol. II, Pinciana, Rome, XVIII, p. 391-429. Le fuoruscitismo désignait l’exil antifasciste. [↩]
      Maschilità, Firenze, Libreria della Voce, 1915. [↩]
      P. Orano, Ibid. [↩]
      A. Del Boca, Gli Italiani in Africa orientale, La caduta dell’Impero, Rome-Bari, Laterza, 1982, p. 243. [↩]
      A. Del Boca donne quelques exemples parmi lesquels celui du Résident de Bacco ou encore le témoignage d’un Consul de la Milice. Ibid. p. 250. [↩]
      Ces lettres ont été publiées par S. Luzzatto, La strada per Adis Abeba. Lettere di un camionista dall’Impero (1936-1941), Paravia. Scriptorium, 2000 : Les citations sont aux pages 85 et 144. [↩]
      G. Barrera, op. cit. p. 26. [↩]
      Les sentences des procès ne permettent pas toujours de connaître la profession des accusés. Reste que l’impression dominante est celle de procès attentés à des hommes de condition modeste, issus du prolétariat ou d’une basse classe moyenne. Sur la sociologie des colons éthiopiens, F. le Houérou, op. cit., p. 115-135. [↩]
      Sentence du 31 janvier 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, accusé Seneca, Président Guerrazzi, RC, A. I, n°5-6-7, p. 548-549. [↩]
      Autant qu’on puisse en juger par les allusions contenues dans certaines sentences à la crainte de perquisitions de la police pendant la nuit pour constater le délit. [↩]
      Archivio Centrale dello Stato (Rome) MCP, Gab., b. 151, lettre du 18/01/1939. Dans une autre lettre de l’hiver 1939, à une époque où il propose, il est vrai, ses services comme « consulente razziale nell’Impero », Cipriani revient sur la question (Lettre de Cipriani à Landra du 31/01/39, in ACS, MCP, Gab., b. 151). [↩]
      F. Le Houérou a recueilli 35 témoignages dont la plupart émanent des « ensablés », les Italiens restés sur place souvent après avoir vécu avec une Madama. Par sa nature, la population interviewée amplifie peut-être la réalité du phénomène. Voir en particulier, op. cit. p. 97-105. [↩]
      Chiffres cités par G. Barrera, op. cit., p. 43. [↩]

      http://dormirajamais.org/conquete-2

      via @olivier_aubert à qui je dis #merci (@olivier_aubert —> j’ai déplacé la référence ici, car plus appropriée qu’ici : https://seenthis.net/messages/972185)

      #femmes #stéréotypes #caricature #dessin_de_presse #passion #condottiere #squadrisme #désir #Faccetta_Nera #imaginaire #Amharas #concubinage #mariage_dämòs #union_contractuelle_temporaire #madamismo #Somalie #Erythrée #Ethiopie #doux_esclavage #rapports_sexuels #sciarmute #prostitution #bordels #exploitation_sexuelle #Loi_organique_pour_l’Erythrée_et_la_Somalie #Indro_Montanelli #racisme #fascisme #unions_mixtes #Difesa_della_Razza #photographie

  • Architettura italiana in Eritrea

    Questo libro amplia la documentazione della mostra “Asmara – Africa’s Secret Modernist City”, curata da Omar Akbar e da Naigzy Gebremedhin: la mostra, dopo l’esordio a Berlino lo scorso 2 Ottobre 2006, e dopo numerose tappe di un itinerario internazionale, viene presentata per la prima volta in Italia, a Torino, nell’ambito del XXIII Congresso Internazionale degli Architetti (29 giugno – 4 luglio 2008). Il libro, basato sull’album fotografico dei numerosi viaggi dell’autrice in Eritrea, illustra, attraverso la scelta di immagini significative, le manifestazioni architettoniche che hanno segnato il periodo coloniale italiano in Eritrea dal 1882 al 1941.

    The fruit of its author’s professional experience in Eritrea, this book provides readers with an upbeat, original presentation of the architectural developments that marked the history of the Italian colonial administration in Eritrea from 1882 to 1941, recording them with an extensive repertoire of contemporary and historical photographs and documents.
    Architects, town planners, engineers and other professionals working in the African colony seized the opportunity to experiment with new concepts, erecting modern architectural forms that they would not have been able to propose with the same degree of freedom in Italy itself, especially from the twenties onwards. The resulting artistic heritage is unique for the creative traits that range from interpretations of neoclassical taste to modern expressions of Rationalism, as well as the unusually balanced way in which they were inserted into their environmental context.

    www.editricelarosa.it/larosa/fc06.html
    http://www.editricelarosa.it/larosa/index.htm

    #architecture #livre #Anna_Godio #colonialisme_italien #colonisation #Italie #Erythrée #histoire #urbanisme #livre

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    • Asmara. Africa’s Secret Modernist City

      Asmara, the capital of the small East African country of Eritrea, bordering the Red Sea, is one of the most important and exciting architectural ’discoveries’ of recent years. Built almost entirely in the 1930s by the Italians, who transformed it into a hotbed of radical architectural innovation, Asmara has one of the highest concentrations of Modernist architecture anywhere in the world. This superb building-by-building survey, illustrated with previously unpublished archival material and specially commissioned photography, chronicles the colonial past and remarkable survival of a city that has evocatively been described as ’the Miami of Africa’.

      The first book to explore one of the most important but least-known Modernist cities in the world
      Authoritatively written by experts with extensive first-hand knowledge of the city
      A must-have for anyone interested in architectural history and the dynamics of Modernism

      https://www.merrellpublishers.com/index.php

    • Modernist architecture in Asmara, Eritrea

      UNESCO World Heritage Sites are natural and cultural legacies of “outstanding value to humanity…irrespective of the territory on which they are located”. Africa has less than a third of Europe’s number of sites. UNESCO is endeavouring to redress this imbalance, although the nomination process remains costly, time-consuming and dependent on specific expertise.

      The locally-based Asmara Heritage Project (AHP) was established in March 2014 and has been supported by a number of governmental and non-governmental agencies internationally. In January 2016, AHP will submit an application to have the capital city of Eritrea recognised as a World Heritage Site.

      AHP’s application will be under three of the ten criteria set out by UNESCO, stipulating that the nominated site must:

      – Exhibit an important interchange of human values, over a span of time or within a cultural area of the world, on developments in architecture or technology, monumental arts, town planning or landscape design
      – Bear a unique or at least exceptional testimony to a cultural tradition or to a civilization which is living or has disappeared
      - Be an outstanding example of a type of building, architectural or technological ensemble or landscape which illustrates (a) significant stage(s) in human history

      Urban planning and architecture constitute two distinct elements of the Asmara bid. Both are outstanding examples of their respective contributions to world heritage.

      On 9 September Dr Edward Denison, co-author of “Asmara: Africa’s Secret Modernist City” and member of the AHP team, spoke to a full house – including many Eritreans – at ARI. Here is a selection of ten things of interest from the presentation and discussion afterwards.

      1. Modernism was not an exclusively western phenomenon – it was global. Africa, Asia and South America must not be overlooked. There are “multiple modernities”. Asmara represents “perhaps the most concentrated and intact assemblage of Modernist architecture anywhere in the world”. Before the 1930s there was quite an eclectic mix of architectural styles – neo-classicism, neo-baroque and neo-romanesque. Things started to change in 1935-6, coinciding with the apogee of Fascism and the Italian invasion of Ethiopia. We know this from the architectural archive in Asmara municipality, an extraordinarily rich resource. Modernism, not Art Deco, as is often erroneously claimed, characterises many of the buildings constructed in this period.

      2. Italian planners in the early 1900s embraced the topography of Asmara as they developed their urban plans. Their designs – such as Cavagnari’s 1913 plan – sought to create a modern city that addressed the uniquely modern requirements of transportation, communication and sanitation, but did so in a way that respected and responded to the local environment while embracing modern planning principles. In doing so they created a very distinct urban plan. Although the city has since expanded and evolved substantially, the core characteristics have been retained, highlighting the success of the original designs.

      3. The planners of Asmara were, for the most part, Italians but the physical construction of the city was undoubtedly undertaken by Eritreans. Local materials, such as lignite, granite and basalt, were used as the core building material with plaster rendered over this base. This means many of the structures were built using materials not normally associated with modernism, which exploited the properties of reinforced concrete.

      4. Enda Mariam Orthodox Cathedral, built in 1938, is a unique example of rationalist/ modernist design acknowledging highland vernacular architecture. The “monkey head” building technique, using wooden dowels to bind the walls, had been used for centuries in the highlands of Eritrea and their legacy can be seen in the detailing of Enda Mariam and its surrounding buildings.

      5. The piece of the puzzle we know least about is the background and motivation of the Italian planners and architects who came to Eritrea. This is frustrating when it comes to trying to understand fully their work, their portfolios and how their work in Eritrea shaped their future careers. Were they waving the flag for colonialism or were they running away from Mussolini? One building that brings this debate into focus is the futurist Fiat Tagliero petrol station. Futurism was very popular in the 1910s, but fell out of favour under Mussolini. Yet the Fiat Tagliero was built in 1938.

      6. The municipal architectural archives in Asmara are invaluable for what they tell us about what was conceived of but never built – including what would have been Africa’s first multi-storey car-park. They shed light on the aspirations and ideas that shaped the evolution of the city. In doing so they help us to understand the thought processes of the planners and architects and the lifestyles they envisioned for its residents.

      7. Efforts to preserve Asmara’s architecture have involved citizens as well as government. Proposals from German developers in the 1990s to knock down Caserma Mussolini – a former prison and now the Bank of Eritrea – and replace it with high-rise modern developments were blocked by individuals who had been incarcerated there during the Italian period. This sort of threat still exists, but the municipality has enforced a moratorium on building (in place now for ten years) in the historic zone of the city while it updates building regulations dating from 1938, and the country passes its first Heritage laws – an essential requirement for the UNESCO bid. The momentum provided in the 2000s by the World Bank-funded Cultural Assets Rehabilitation Project has been revived and maintained.

      8. The coastal city of Massawa is much more ancient than Asmara but the state it is currently in will make a restoration hugely difficult and costly. Efforts have been made, not least under the Cultural Heritage Rehabilitation Project. However, it is hoped that the UNESCO bid will help build capacity within Eritrea and attract support internationally to carry out further work to preserve cultural heritage across the country in sites of great importance such as Massawa, Nakfa, Adulis and Qohaito.

      9. Ensuring the engagement and interaction with younger Eritreans both within the country and in the diaspora is crucial. Raising public awareness will be a key part of the AHP once the bid has been submitted. In 2003 a project, funded by the British Council, encouraged school children from across Eritrea to describe what they liked most about their built environment through poems, pictures and stories. These contributions form part of a travelling exhibition that has raised awareness about Asmara’s heritage globally by appearing in cities across Africa, Europe and the Middle East. It is hoped that with support from the international community, this exhibition can travel to Asmara and one day become a permanent exhibit in the city.

      10. Four villages were brought together on the plateau to form what became Asmara. It is a deeply historical symbol of unity. During the independence struggle, Asmara was interpreted and referred to through song, dance, education; a cultural heritage that extends beyond architecture. The city was an important reference point for Eritreans outside Asmara and played a crucial role in the struggle for national self-determination. Its unifying features remain important as Eritrea continues to try and build peace and stability.

      https://www.africaresearchinstitute.org/newsite/event/9-september-event-modernist-architecture-in-asmara-eritrea
      #modernisme #architecture_moderniste #photographie

      via @olivier_aubert

    • Architecture in Asmara. Colonial Origin and Postcolonial Experiences

      The ancient city of Asmara is the capital of Eritrea and its largest settlement. Its beautiful architecture was rediscovered by outsiders in the early 1990s. In this book, the authors offer an original analysis of the colonial city, providing a history not only of the physical and visible urban reality, but also of a second, invisible city as it exists in the imagination. The colonial city becomes a fantastical set of cities where each one reflects the others as if in a kaleidoscope.

      Architecture in Asmara. Colonial Origin and Postcolonial Experiences breaks new ground and moves us a little further along in the attempt to decipher Asmara in terms of contemporary theory. This title of the Basics series brings together scholars from a multiplicity of disciplines who have shown the ways in which colonial and postcolonial criticism has served as a platform for new, diversified readings of Asmara.

      https://dom-publishers.com/products/architecture-in-asmara
      #livre
      via @olivier_aubert

  • The Despotism of #Isaias_Afewerki: Eritrea’s dictator makes his move on #Tigray

    No country in the world has a purer autocracy than Eritrea. The state of Eritrea is one man, Isaias Afewerki, who for twenty years was the leader of a formidable insurgent army that won a war of liberation against Ethiopia in 1991, and who has since ruled as president without constraint on his power. Three decades after independence, Eritrea has no constitution, no elections, no legislature, and no published budget. Its judiciary is under the president’s thumb, its press nonexistent. The only institutions that function are the army and security. There is compulsory and indefinite national service. The army generals, presidential advisers, and diplomats have been essentially unchanged for twenty-five years. The country has a population of 3.5 million, and more than half a million have fled as refugees—the highest ratio in the world next to Syria and Ukraine.

    President Isaias—Eritreans use the first name—got to his position and held it because his overriding concern is power. The country has no shrill personality cult, no slavish performances of obedience to the leader. Isaias is an underestimated cypher, a lesson in understated ruthlessness. In an era when autocrats have adopted new guises and mastered new tactics, he has persevered with old-fashioned forms of absolute despotism. He has not even pretended to change. He simply outlasted his most vigilant adversaries, expecting that, in due course, a new set of foreign leaders and diplomats would suffer amnesia, gamble on appeasement, or simply not care about norms of human rights and democracy.

    The latest twist to Isaias’s despotism is his effort to contrive a war between the federal government in Ethiopia and its antagonists in the region of Tigray. He wants to see both weakened—and Tigray so badly mauled that he can eliminate it as a viable political entity, once and for all.

    Isaias’s logic is genocidal. In November 2020—when the world was distracted by the U.S. election—Isaias sent his army to join Ethiopian Prime Minister Abiy Ahmed’s forces in a war to “crush” the Tigrayans. Abiy gave him political cover, lying about the Eritrean role. After a year of mass killing, rape, and starvation inflicted on Tigray, as well as havoc across Ethiopia and the Horn of Africa more widely, the Tigray war settled into a stalemate. It was broken late last month with a fierce battle between Tigrayan forces and the Ethiopian federal army. The Tigrayans won the first round.

    On the morning of September 1, the second round began. Eritrean artillery opened up huge barrages, firing at Tigrayan defenses while Ethiopian conscripts readied for Isaias’s signal to charge into battle.

    Eritrea was an Italian colony, carved out of the northern reaches of the feudal empire of Ethiopia during the late nineteenth century scramble for Africa. Isaias was born in 1946, five years after Italian defeat in World War II. Eritreans of his generation have a love-hate relationship with their former colonizer. The Italians exploited Eritreans as laborers and denied them education. But the imperial power also made Eritrea special. Italy’s initial interest was in the Red Sea coast, then as now a strategic shoreline. After the opening of the Suez Canal in 1869, as much as one eighth of the world’s maritime commerce passed through the channel between Eritrea and Yemen. The same is true today, and every global power wants a presence in the Red Sea: China’s first overseas station is in next-door Djibouti, and Russia is negotiating for a naval base in Eritrea.

    Benito Mussolini dreamed of a new Roman Empire in Africa, including Libya, Somalia, and Ethiopia—with Eritrea as its model. The colony became Africa’s second biggest manufacturing center after Johannesburg. Architectural historians salivate over Eritrea’s capital Asmara, considered a showpiece for Art Deco buildings. Its Fiat Tagliero gas station modeled on an airplane is especially cherished by aficionados, of whom Isaias is said to be one. Successive wars have left the city undamaged and undeveloped, a museum of modernism. When a tall and ugly contemporary apartment block was built overshadowing the futuristic Fiat garage in 1994, the president is said to have intervened to insist that central Asmara retain its character. It is one of the few places where the fascist emblem of the bundle of sticks remains on public buildings.

    Mussolini’s new Roman Empire was the “first to be freed” by the Allies in 1941. The British Military Administration dismantled much of Eritrea’s industry in the name of war reparations and referred the future status of the territory to the United Nations, which proposed the delicate and ambiguous solution of “federation under the Ethiopian Crown.” The British left in 1952, remembered for impoverishing the territory but introducing a parliament and newspapers. The federal formula required that Emperor Haile Selassie rule with restraint, but after ten years of contrived unification with the rest of Ethiopia, dissolving Eritrea’s autonomous parliament, a small rebellion escalated. The first shots were fired in September 1961, and the Eritrean Liberation Front (ELF)—founded in Cairo the year before—began its guerrilla operations shortly thereafter, with the single goal of independence.

    Isaias was a science student at university in Addis Ababa when he slipped across the border to Sudan and joined the ELF. He dedicated himself to learning Arabic because the rebels relied heavily on Arab countries for support. In 1967, he went to China for military training. On returning to the field, he was dismayed by the ELF’s lack of consistency in applying its revolutionary tenets and its failure to follow the Maoist model of consolidating a base area: any Eritrean nationalist was welcome to join, and differences of opinion were resolved by putting people of different political leanings in different units or holding inconclusive meetings. Along with another leftist who had trained in China, Ramadan Mohammed Nur, Isaias set up the Eritrean People’s Liberation Front (EPLF) in 1970. It was nationalist but also revolutionary.

    Successive Ethiopian regimes—imperial and communist—fought their wars in Eritrea on a huge scale and with unremitting brutality. Once or twice a year, they launched vast ground offensives. The emperor’s forces burned villages and singled out suspected nationalist sympathizers for detention and torture. Haile Selassie was overthrown in a revolution in 1974, and the head of the military junta, Colonel Mengistu Haile Mariam, switched to the Soviet bloc. The USSR supplied an arsenal and trained Ethiopia officers in its use. They mounted artillery barrages at EPLF-held hillside strongholds, after which massed infantry brigades stormed them, time and again, with relentless futility. Daily daytime air raids meant that the EPLF became nocturnal—all activities from transporting supplies to cooking and laundry took place during the hours of darkness. In the EPLF-controlled areas, every dusk, anonymous hillsides would transform into hives of activity as fighters emerged from their hideouts.

    The EPLF’s ethos was egalitarian and ultra-disciplined. That was what ensured its survival under relentless onslaught. Its leaders insisted that Muslims, Christians, and members of all Eritrea’s nine ethno-linguistic groups were considered equal. Rather than postponing its revolutionary agenda until after the war, it enacted land reform and women’s emancipation in its “liberated areas,” and set up schools and hospitals for fighters and civilians alike. During its twenty years of armed struggle, it had no formal ranks, only positions of commander for specific tasks. After liberation, when it set up a memorial to its martyred fighters, the EPLF chose a monument in the shape of a plastic sandal. Manufactured in an underground factory dug out of a mountainside, sheltered from the daily air raids, plastic sandals had been the ubiquitous footwear of the guerrilla fighter.

    This was the image that Isaias projected to the world: an austere revolutionary, first among equals among comrades. Less mentioned was the fact that the EPLF was also Leninist in structure and discipline. The decisions of the central committee, once adopted, were to be implemented without question. Nor did the EPLF hesitate to kill. On many other occasions, EPLF members were executed on the merest suspicion that they might be spies. Scores of Eritreans were “sacrificed” in these purges, and hundreds perished in the vicious internecine war with the older, fissiparous ELF. In one episode from the early days of the EPLF, a band of well-educated volunteers was purged because they dared challenge Isaias. Known as the Menqa—or “bats”—because they supposedly conspired in darkness, the moniker says as much about the executioners as their victims. (Among them was Mussie Tesfamichael, one of Isaias’s close friends from his school days.) The Menqa were at least subjected to a process of investigation, and their fate became the subject of whispered debate. Not so for the next challenge to Isaias, from a group dubbed Yamin—“rightists” in Arabic—many of them highly educated, who simply disappeared without trace. The merciless elimination of dissent is the original sin of many revolutionary movements, a dark spot that cannot be erased.

    Ultimately, would-be dissenters fell in line because the EPLF was an astonishingly effective military machine. To call it a “guerrilla” movement would be a misnomer. It became a conventional army, defending its base areas in mountain trenches and fighting huge armored battles. The town of Nakfa in the desert hills close to the Red Sea—bombed into ruins by day-in-day-out attacks by Ethiopian fighter jets, yet never yielded by the EPLF—became the symbol of their resistance. (Eritrea’s post-independence currency is called the Nakfa.) After years of relentless combat, the EPLF turned the military tide. In fighting at the port city of Massawa in 1990, the EPLF captured ninety-nine Soviet-supplied tanks and inflicted thousands of casualties. They won a decisive victory in 1991, which was duly followed by a 99 percent vote for independence.

    The seven years after liberation were a period of hope for Eritrea. Fighters turned their energies to reconstruction. The diaspora returned, with professionals from Europe and America starting businesses, teaching at the university, and building retirement houses. Aid flowed in. Eritrea had the good will of the world.

    Signs of incipient autocracy, however, were evident from the outset. The secretive, centralized command structure that had been so efficient in wartime didn’t vanish when the EPLF became an ostensibly civilian government. Days before the declaration of independence, fighters protested the decision that they should continue to serve without pay for two more years. A group of disabled veterans marched—there’s no verb that conveys the determined collective motion of their wheelchairs, artificial limbs, and sticks—towards the capital to demand their pensions. They were shot at with live ammunition. Some were killed, others were arrested and disappeared. At a political convention in 1994, the EPLF dissolved itself and established the Popular Front for Democracy and Justice as a civilian political party. It was ostensibly to be one of many in a multi-party system, but in practice, the PFDJ was indistinguishable from the state itself. The EPLF’s shadowy financial network, set up for clandestine arms purchases, morphed into the party-owned Red Sea Trading Corporation, later the focus of UN investigations for a host of illicit activities.

    Veterans began to vote with their feet. Ramadan Nur quit politics. The minister of foreign affairs, Petros Solomon, a hero of the liberation war, asked to be demoted to run the ministry of maritime resources. Following elaborate consultations across the country, a constitution was drafted, but after the Constituent Assembly ratified it and handed it to the president in a ceremony at the national stadium, no more was heard about elections, an independent judiciary, or freedom of the press. Isaias had a reputation for knowing Eritreans one by one, forgetting no one, with an uncanny ability to espy their secrets. His intelligence network was both invisible and pervasive.

    In May 1998, Isaias escalated a border skirmish into a war with Ethiopia, which was governed at the time by a sister revolutionary movement, the Ethiopian People’s Revolutionary Democratic Front (EPRDF). Ethiopia had a tradition of martial imperialism that the Eritrean leader had learned to fear. Isaias’s border incursion—claiming a small town known as Badme—re-awoke Ethiopia’s militaristic spirit.

    The battle that was unfolding was both a comrades’ war and a cousins’ conflict. The two sides knew each other intimately. The EPRDF coalition was dominated by the Tigrayan People’s Liberation Front (TPLF), founded during the revolution of 1974–1975. Over the next seventeen years, the EPLF and TPLF literally fought in the same trenches against Mengistu’s army, which employed Soviet tactics of relentless obliteration by artillery and airstrikes and massed infantry assaults.

    During that time, the EPLF and TPLF resisted with astonishing stoicism. But they also quarreled over doctrine and tactics. While the EPLF dug trenches to defend their base area in the desert mountains of northern Eritrea, the TPLF waged a textbook guerrilla war among peasant villages, withdrawing when the government army attacked and counterattacking when they could fight on their own terms. They disagreed over political doctrines too, in arcane debates that a generation later seem to belong in the seminars of Marxist theoreticians. Was the Soviet Union a “social imperialist” or ultimately an ally, even though it was the major backer of Mengistu? Were Ethiopia’s diverse ethnic groups—known in Marxist terminology as “nationalities”—entitled to self-determination?

    The worst falling out occurred in the depths of the great famine of 1985, when the EPLF closed the main road that brought relief aid from neighboring Sudan. But three years later, they patched up their differences in order to defeat Mengistu, accomplishing the task in May 1991. For the next seven years the EPLF in Asmara and the TPLF/EPRDF in Addis Ababa appeared to be the best of friends. But their differences were deeper than the factionalism of leftist politics.

    Isaias held the TPLF and its leaders in a special contempt. He and many of the Eritrean leaders hailed from the Eritrean highlands, historically coterminous with Tigray. They speak the same language—Tigrinya—and share the same history, dating back to the Axumite kingdom of the first century C.E. that were divided by the colonial boundary drawn at the turn of the twentieth century. Many Eritrean and Tigrayan families are intermarried. Isaias grew up in urban Asmara, where his father was among the first Eritreans to go to secondary school. Middle-class Asmarinos’ maidservants were often from Tigray’s northernmost district, Agame, as were the street sweepers and boys who hawked prickly pears. Their Tigrinya has a different accent. In private, members of the Asmara elite disparage the TPLF—including their leaders—as “Agames,” the sons of their maids. For them, it is unthinkable that Tigrayans could be their military equals or that Tigray’s prosperity could surpass Eritrea’s.

    The ostensible reason for the 1998 war was a minor territorial dispute over the town of Badme. Underneath it was the question of who should be number one in the Horn of Africa—Isaias would never be content to be anything else. A few weeks earlier, when President Bill Clinton had traveled to meet Africa’s “new brand” of leaders—the other three were Uganda’s Yoweri Museveni, Rwanda’s Paul Kagame, and Ethiopia’s Meles Zenawi—the White House chose Kampala as the venue. To the dismay of White House staffers, Isaias declined the invitation. He knew he wouldn’t dominate the meeting and didn’t want to sign up to a coalition he wouldn’t lead.

    A few weeks after the outbreak of that war, I went to see Isaias with Paulos Tesfagiorgis—who ran the Eritrean Relief Association during the liberation war and had after independence overseen the country’s only human rights organization, the Regional Center for Human Rights and Development, for a brief period until it was shut down. Isaias carefully stage-manages every encounter and likes to meet alone without staff to keep a record. But the Badme War seemed to have shaken him. Arriving at his office, the guards were casual in dress and manner. Security checks were minimal. The receptionist, wearing her fatigues, waved us upstairs. The austere camaraderie of the guerrilla days lingered, but every visitor was monitored.

    The presidential office was an unremarkable Italian-era building with the spacious corridors and high ceilings favored by Mediterranean architects from the era before air conditioning. Isaias’s own office was capacious, simply furnished, and dark. The curtains were drawn, and there was just one dim light shining on a coffee table. Isaias himself sat at a large desk, head in hands. He glanced up only to wave us to sit down. He was wearing a khaki safari suit and plastic sandals.

    We sat, we waited. Then Isaias stood up, more heavily than his frame seemed to warrant—he is tall but slim—and joined us. His few steps were tired, and he slumped into the low chair, summoned coffee, and sighed. His face is normally inscrutable. At that moment he looked weary and wounded. He seemed at a loss for words. What he said next was the only time anyone can recollect any hint of remorse or self-doubt. If it was a performance for our benefit, it was a convincing one. “What have we done?” he asked. “What have I done?”

    But Isaias’s brooding demeanor lasted no more than a minute. As he spoke, he transformed, becoming focused and energized. For more than an hour he surveyed the political and military landscape, the state of world geopolitics, and the failures of the previous seven years. His coffee remained untouched. He shifted his forceful gaze from Paulos to me and back. He was in command of our encounter, and our cups of coffee also went cold.

    Eritrea had made the first gains on the battlefield. From Isaias’s encyclopedic monologue, battalion-by-battalion, he seemed utterly confident in victory. He was up against a much bigger country, however—and as Ethiopia cranked up its military mobilization, it would outnumber and outgun its smaller neighbor. Then again, overcoming long military odds was a familiar predicament for Isaias, even a comfortable one. Since leaving his university studies for the field in the sixties, forging the most efficient insurgent army in Africa, out-fighting Ethiopians was just what he did. We couldn’t tell if he believed in his own mystique, but he was certainly compelling: there was no detail on which Paulos or I could challenge him.

    As Isaias detailed the deployment of his troops, their logistics and fighting capacities, he also portrayed himself as strategist, diplomat, quartermaster, and military tactician. All the other commanders who had led fighters in the previous war faded from his telling. And indeed, many were pushed away from any active role in the command. Isaias was determined that the victory should be his alone. We left the meeting with a clear sense of Isaias’s focused, manic micromanagement of the war, and a glimpse of the dark void that lay behind it. There was also no vision beyond battlefield victory and the inexorable working out of historical inevitability.

    Isaias ran his war and lost it. Perhaps eighty thousand soldiers died on both sides in battles that resembled the western front of World War I. In May 2000, the Ethiopians overran Eritrean trenches, and the rout began. Veteran EPLF commanders hastily took charge of the disarrayed units and organized a last-ditch defense which slowed the Ethiopian advance. Isaias, who had previously scoffed at any suggestion of a ceasefire, desperately called Washington, D.C., to beg for one. Prime Minister Meles then ordered his troops to halt. The Ethiopian army chief of staff, General Tsadkan Gebretensae, rued that order for twenty years. He is now a member of the Tigrayan central command, organizing the defense against the Eritrean attack.

    Meles’s calculus was that Isaias would be overthrown or contained, which seemed possible at first. Eritrean veterans knew who had bungled the war and who had salvaged some honor in the defeat. Demands for change grew louder. Paulos organized a group of independent Eritreans to petition for human rights and democracy. They met in Germany, writing a letter to Isaias, reflecting on their country’s predicament and asking for Eritrea to turn towards the path of democracy. (The story is vividly told in Stephany Steggall’s book, The Eritrean Letter Writers.) In November 2000, the “Group of 13” (G-13) met with Isaias in Asmara.

    This was not an encounter that Isaias wanted and one for which he appeared astonishingly ill-prepared. Meeting the group alone, he began by accusing them of betraying Eritrea and giving solace to its enemies, then demanded they apologize and retract the letter. They of course refused. One of the G-13, the eminent physician Haile Debas, read out the substance of their letter, watching Isaias’s reactions closely. The president was ill at ease and unable to handle a well-articulated challenge. Leaving the meeting, Haile remarked to Paulos, “We have a bigger problem than I thought. He is mentally unstable.”

    A few months later, fifteen senior EPLF leaders—the “G-15”—formulated similar demands. Isaias ignored them. They made the fatal error of waiting. In private conversations (some of them recounted in Dan Connell’s book, Conversations with Eritrean Political Prisoners) they shared their dismay at how Isaias had betrayed their dreams and their remorse over their own failure to confront him over his abuses. For his part, Isaias was biding his time. A week after 9/11, with the world’s attention distracted, he struck with his trademark ruthlessness.

    Petros Solomon returned from his morning jog to find security men waiting for him outside his home. His young children were waking up inside. They have not seen or heard from him since. Their mother, Aster Yohannes, was studying in the United States at the time. After negotiating with the president’s office, she flew home. When Aster’s flight landed at Asmara airport, security agents boarded the plane and took her straight to a prison camp. Her children waited at the arrivals holding their flowers until the airport had emptied. She, too, has been neither seen nor heard of since. Their daughter Hanna has patiently campaigned for her parents not to be forgotten. She told her story in PBS Frontline’s Escaping Eritrea last year.

    One of the G-15 dissidents recanted. Three were abroad. The other eleven—among the most celebrated leaders of the liberation struggle—disappeared into Isaias’s gulag. Some are feared dead, others incapacitated. No one knows. No charges have been published.

    Abiy Ahmed became prime minister of Ethiopia in 2018. A reformer and relative political novice, he offered an olive branch to Isaias. One veteran diplomat compared it to a rabbit asking a cobra for a dinner date. The two men declared an end to the conflict with Eritrea, and Abiy was awarded the Nobel Peace Prize. The details of the deal weren’t revealed to the African Union or the Ethiopian parliament, however. Best practice—and the standard procedure at the African Union—is for a peace agreement to include provisions for democratization, human rights, and demobilization of over-sized armies, all subject to international monitoring and reporting. In this case, everything was chanced on words of goodwill. The Nobel Prize was a triumph for wishful thinking, but the Norwegian committee wasn’t the only one guilty of gullibility. The deal was greased by prince Mohamed bin Zayed of Abu Dhabi. The U.S. assistant secretary of state for African affairs, Tibor Nagy, anticipated a “warm, cordial” relationship with Eritrea. Isaias got sanctions lifted, a security pact with Ethiopia, and an emergent axis of autocrats that brought Somalia into his sphere of influence.

    After Eritrea was brought in from the cold, Isaias didn’t relax his grip. Instead of demobilizing his vast army, he shopped for new weapons. Instead of allowing his people to move freely, he dispatched security agents to Addis Ababa. When Covid-19 hit, he took the opportunity for a rigorous lockdown. He trained special forces for the Somali army, reportedly with the goal that President Mohammed Abdullahi “Farmaajo” could dispense with the inconvenience of an election. The Somalis are skilled at restraining would-be autocrats, however, and managed to hold their election in May, removing their aspiring dictator. Isaias is also fishing in Sudan’s troubled waters.

    But for Eritrea’s despot, these are sideshows. The contest with Tigray is the main event.

    For Isaias, this portends a final decision by force of arms. He will fight without mercy. If he prevails, his lifelong ambition of becoming master of the Horn of Africa will be within his grasp. Should Isaias fall, a complacent international community will be able to claim no credit for the end of his dictatorship and destabilization. Hopefully, after a lost generation, Eritreans will be able to enjoy their long-awaited liberty.

    https://thebaffler.com/latest/the-despotism-of-isaias-afewerki-de-waal
    #Afewerki #Erythrée #dictature #Tigré

    ping @karine4 @isskein

  • Retour d’Erythrée | Un témoin pour faire bouger les lignes ?

    Rentré au pays et torturé, Yonas[1] réussit à revenir en Suisse pour obtenir protection

    Il y a deux ans, une équipe de journalistes (Republik , Reflekt, SRF) s’était rendue en Érythrée pour décrire les conditions de vie de requérant·es d’asile débouté·es de Suisse. En était ressorti un reportage en trois volets décrivant les persécutions dont faisaient l’objet ces retourné·es (voir Érythrée | « Retour en dictature ». Enquête sur la pratique suisse : https://asile.ch/2020/08/27/erythree-retour-en-dictature-enquete-sur-la-pratique-suisse). Aujourd’hui, l’un d’eux a réussi à revenir en Suisse et à y obtenir protection. Il raconte les tortures qu’il a subies au pays et le périple qu’il a à nouveau dû affronter pour finalement obtenir gain de cause en Suisse. Tou·tes n’ont pas connu cette fin heureuse. Republik raconte son histoire[2] dans un article et questionne : la Suisse peut-elle continuer à considérer comme « exigibles » les renvois vers l’Érythrée ?

    Yonas est venu se réfugier en Suisse en 2015. En 2017, il est #débouté de sa demande pour « manque de preuves tangibles de persécution et incohérence du récit ». C’est le cas d’une majorité d’Érythréen·nes depuis 2016, puisque la politique suisse a donné un signal clair pour des restrictions d’accueil à leur encontre, en ne considérant plus la #fuite ou la #désertion comme des motifs suffisants pour obtenir le #statut de réfugié en Suisse[3] . Tour de vis encore renforcé en 2017 par le #Tribunal_administratif_fédéral (#TAF) qui juge le retour en Érythrée licite et exigible même pour les personnes susceptibles d’y être enrôlées de force au sein du #service_national – assimilé à du travail forcé. Le nombre de décisions négatives a alors pris l’ascenseur et une septantaine de levées d’admissions provisoires ont été recensées en 2020.

    Pour Yonas, le TAF évalue les risques encourus en cas de retour comme inexistants. Il ne peut donc bénéficier ni du statut de réfugié, ni d’une admission provisoire. Lui qui a fui la répression dans son pays, refuse de mourir en Suisse en émargeant à l’#aide_d’urgence. Il rentre en Érythrée. Or, une fois là-bas, un nouveau calvaire commence : il est arrêté, torturé et battu, ce qui le contraint à nouveau à la fuite.

    C’est en 2019, depuis la Grèce, qu’il recontacte Christian Zeier, le journaliste de Republik pour obtenir de l’aide. Celui-ci intercède pour lui auprès des autorités d’asile helvétiques, qui lui conseillent de déposer une demande d’asile dans le pays où il se trouve. C’est sans compter le délitement du droit d’asile en œuvre en Grèce depuis plusieurs années (voir Grèce | Chronique d’une détérioration annoncée). Après plusieurs mois d’attente et la naissance de son enfant avec une compatriote qui a trouvé refuge en Suisse, il parvient à les rejoindre à ses risques et périls. Cette fois sa nouvelle demande d’asile sera rapidement examinée et lui donnera accès au permis B réfugié en début d’année 2022.

    L’énigme du retour dévoilée

    Vis-à-vis des réfugié·es érythréen·nes, la Suisse pratique une des politiques d’asile les plus restrictives en Europe[4]. Le cas de Yonas ne permet pas de déterminer si la Suisse a mal évalué son récit et les risques qu’il disait encourir en cas de retour. Ou si – comme le dit l’autorité – son récit était incohérent et ne mentionnait pas sa participation à des rassemblements contre le régime érythréen lors de son premier séjour en Suisse.

    Il témoigne néanmoins des exactions commises à l’encontre de la population et du degré de violation des droits humains à l’œuvre en Érythrée. Selon la juriste Nora Riss, qui a défendu Yonas, le cas questionne l’évaluation faite par les autorités des dangers en Érythrée, et des sources utilisées. « Si les sources sont incertaines, il faut plutôt être prudent et décider en faveur des demandeurs d’asile. »

    Dès lors, une des grandes problématiques demeure : que se passe-t-il après le retour des personnes déboutées si elles ne peuvent pas revenir comme Yonas pour venir témoigner ? La Suisse semble ne pas s’en préoccuper, puisqu’il n’y a aucun suivi effectué par les autorités. Par contre, deux jugements récents du Comité des Nations unies contre la torture (CAT) ont reconnu que la Suisse avait violé la convention dans des décisions de renvoi vers l’Érythrée[5].

    Les personnes qui refusent de rentrer « volontairement » au pays ne peuvent pour l’instant pas se le voir imposer : il n’y a pas de renvois forcés. Mais on comprend, à la lecture de l’histoire de Yonas, les raisons qui les conduisent à rester en Suisse, même « déboutées ». Elles traversent alors un processus de marginalisation les dépossédant de leur propre destinée. Bloqué·es par un régime de l’aide d’urgence qui se veut précaire et déstabilisant, devant abandonner leurs apprentissages et emplois, ces femmes, hommes et enfants vivent un enfer sur un territoire qui devait leur servir de refuge. En 2020, l’Érythrée était encore l’origine la plus représentée parmi les bénéficiaires de longue durée de l’aide d’urgence[6]. Jusqu’à quand la Suisse sera-t-elle capable de continuer à fermer les yeux sur ces drames humains ? Il y a fort à parier qu’il faudra encore beaucoup de Yonas pour que cela change.

    https://asile.ch/2022/08/11/retour-derythree-un-temoin-pour-faire-bouger-le-lignes
    #renvois #expulsions #Erythrée #Suisse #réfugiés_érythréens #asile #migrations #réfugiés #torture #retour_au_pays #retour_volontaire

    • Ein Asylfall, der alles ändern könnte

      Die Schweiz verwehrt einem Eritreer Asyl. Zurück in seinem Heimatland wird er inhaftiert und gefoltert. Weil ihm ein zweites Mal die Flucht in die Schweiz gelingt, gerät das Staats­sekretariat für Migration in Erklärungs­not.

      Seit Jahren wird in der Schweiz darüber diskutiert, ob abgewiesene Asyl­suchende aus Eritrea gefahrlos in ihr Heimat­land zurück­kehren können. Oder ob ihnen dort schwere Menschen­rechts­verletzungen drohen. Nun muss sich das Staats­sekretariat für Migration erstmals mit dem Fall eines Eritreers beschäftigen, der angibt, nach seiner Wegweisung aus der Schweiz inhaftiert und gefoltert worden zu sein. Das zeigen Recherchen der Republik, des investigativen Recherche­teams «Reflekt» und der SRF-Sendung «10 vor 10».

      Aussergewöhnlich dabei ist: Hätte der Eritreer es nicht zurück in die Schweiz geschafft, wäre nicht bekannt geworden, dass die ursprüngliche Risiko­einschätzung falsch war, die zu seiner Wegweisung führte. Und jetzt könnte sein Fall die umstrittene Asylpraxis der Schweiz mit Eritrea ändern.
      Odyssee zurück in die Schweiz

      Dass der Fall überhaupt geprüft wird, hängt mit der unwahrscheinlichen Odyssee des Eritreers Yonas zusammen, der in Wirklichkeit anders heisst. An einem Montag­abend im April sitzt der 35-Jährige auf dem Bett seiner Zürcher Wohnung und sagt: «Ich habe zu viel gelebt.» Dann lässt er die vergangenen zehn Jahre seines Lebens Revue passieren.

      Wie er ein erstes Mal aus Eritrea flüchtete.
      Wie er Freunde an die Wüste verlor, ohne sie begraben zu können.
      Wie er in der Schweiz Asyl beantragte und weggewiesen wurde.
      Wie er Putzmittel trank, um sein Leben zu beenden.
      Wie er durch Zufall überlebte und zur Ausreise gedrängt wurde.
      Wie er in Eritrea Folter und Haft erlebte.
      Und wie er dann, nach der zweiten Flucht, erneut in der Schweiz landete.

      «Ich habe den Schweizer Behörden gesagt, dass man mich nach der Rückkehr nach Eritrea vielleicht tötet», sagt Yonas. «Aber sie haben mir nicht geglaubt.»

      «Eine Chance, dass sein Fall aufgearbeitet wird, hat Yonas nur, wenn er es schafft, illegal erneut in die Schweiz einzureisen.» Mit diesem Satz endete im April 2020 die dreiteilige Eritrea-Serie, welche die Republik gemeinsam mit dem investigativen Recherche­team «Reflekt» veröffentlichte. Dafür hatten wir den damals 33-jährigen Eritreer nach seiner zweiten Flucht aus Eritrea in Griechenland aufgespürt und seine Geschichte rekonstruiert und verifiziert.

      Yonas erzählte von seiner Zeit in der Schweiz, der Rückkehr nach Eritrea, seiner Inhaftierung und der darauf­folgenden Flucht. Seine Erzählungen waren nicht sehr ausführlich, auf Nachfrage konnte er aber Geschehnisse oder Orte detailliert beschreiben. So etwa die Folter­szene, kurz nach seiner Ankunft in der eritreischen Hauptstadt Asmara: Sie hätten ihn in einen Raum gebracht, die Hände hinter seinem Rücken gefesselt, sagt er. «Sie waren vermummt, der eine nahm seinen Gürtel heraus und schlug mich damit, während der andere einen Stock nahm, der im Zimmer lag, und auf meinen Rücken einschlug.»

      Bis heute zeugen Narben an Yonas’ Beinen von dieser Nacht. Die chronischen Schmerzen erträgt er nur dank Medikamenten.

      Wir schätzten Yonas damals als glaubwürdig ein, seine Erzählung als substanziiert, plausibel und schlüssig. Doch solange er sich ausserhalb der Schweiz befand, interessierten sich die hiesigen Behörden nicht für seinen Fall. «Herr Y. hat die Möglichkeit, in seinem Aufenthalts­land ein Asylgesuch einzureichen», schrieb das Staats­sekretariat für Migration (SEM), als er sich 2019 aus Griechenland an die Behörden wandte. Man habe sein Asyl­verfahren abgeschlossen, er könne nicht legal in die Schweiz zurückkehren.

      Wir blieben mit Yonas in Kontakt und verfolgten seinen Weg aus der Ferne. Wie er in Athen mit Gelegenheits­jobs über die Runden kam. Wie seine eritreische Freundin, die er in Griechenland kennen­gelernt hatte, in die Schweiz einreiste. Wie sie hier ihr gemeinsames Kind zur Welt brachte – und Yonas sich immer verzweifelter anhörte.

      Bis eines Tages im Juli 2021 eine Whatsapp-Nachricht alles änderte: «Lieber Christian, wie geht es dir?», schrieb Yonas. «Ich komme in die Schweiz. Ich bin hier. Ich bin hier in der Schweiz.»

      Allen Widerständen zum Trotz hatte er es geschafft. Genau so, wie die Republik in Zusammen­arbeit mit «Reflekt» damals Yonas’ Geschichte verifiziert hatte, musste das Staats­sekretariat für Migration nun seine Erzählung prüfen. Würde es ihn ablehnen, weil es die Geschichte der Folter und Inhaftierung nicht für glaubhaft hält? Oder würde Yonas Asyl erhalten und damit die Bestätigung, dass seine Wegweisung ein Fehler war? Dass die Schweiz ihn damals in die Hände seiner Folterer schickte?

      Denn im negativen Asylentscheid vom 12. Juli 2017 hatte das SEM nicht nur festgehalten, dass Yonas aufgrund widersprüchlicher Angaben und mangelhafter Glaubhaftigkeit die Flüchtlings­eigenschaft nicht erfüllt. Dort steht auch, dass sich aus den Akten keine Anhalts­punkte ergeben, dass dem Eritreer im Falle einer Rückkehr «mit beachtlicher Wahrscheinlichkeit eine durch Art. 3 EMRK verbotene Strafe oder Behandlung droht». Der Vollzug der Rückkehr stelle keine konkrete Gefährdung dar und sei zumutbar. Yonas sei demzufolge zur Ausreise und damit zur Rückkehr in die eritreische Diktatur verpflichtet.

      Was den Fall besonders macht: Die meisten Asyl­suchenden aus Eritrea, die einen negativen Asyl­entscheid erhalten, bleiben trotz allem in der Schweiz. Unfreiwillige Rückkehrerinnen – sprich Ausschaffungs­flüge – akzeptiert das Regime in Asmara nicht. Und weil sich die abgewiesenen Asyl­suchenden vor Repressionen bei der Rück­kehr fürchten, landen sie zu Hunderten in der Nothilfe. Ohne Arbeits­erlaubnis, Einkommen oder Perspektive. Yonas hingegen gab auf und kehrte im Juli 2018 in sein Heimat­land zurück. «Nach all den negativen Entscheiden war ich komplett demoralisiert», sagt er. «Ich dachte: Entweder sterbe ich in der Schweiz oder ich sterbe eben in Eritrea.»
      Verheerender Fehl­entscheid

      Doch es kommt anders. Yonas gelingt die erneute Flucht, und er beantragt im Oktober 2021, sechs Jahre nach seinem ersten Gesuch am 13. August 2015, zum zweiten Mal Asyl in der Schweiz. Mit der Inhaftierung und der Folter nach seiner Rückkehr sowie dem Besuch einer regierungs­kritischen Demonstration im Sommer 2016 in Genf macht er neue Asylgründe geltend und reicht neben einer Registrierungs­karte aus dem Sudan auch den Artikel ein, den die Republik und «Reflekt» über ihn publiziert haben. Zwei Monate später ist klar: Yonas erhält Asyl und wird als Flüchtling mit Status B anerkannt.

      Das Staatssekretariat für Migration geht also davon aus, dass er in Eritrea ernsthaften Nachteilen ausgesetzt ist oder begründete Furcht haben muss, solchen Nachteilen ausgesetzt zu werden. Darunter fallen: die Gefährdung des Leibes, des Lebens oder der Freiheit sowie Massnahmen, die einen unerträglichen psychischen Druck bewirken. Mehr ist über den positiven Entscheid nicht bekannt. Sowohl Yonas als auch der Republik und «Reflekt» hat das Staats­sekretariat Einsicht in die Begründung verwehrt – eine Praxis, die Usus ist und vom Bundes­verwaltungs­gericht gestützt wird.

      Würde seine Erzählung von Inhaftierung und Verfolgung aufgrund seines politischen Engagements grundsätzlich angezweifelt, hätte Yonas kaum die Flüchtlings­eigenschaft zugesprochen erhalten. Inwiefern das Staats­sekretariat für Migration aber für den Fehlentscheid verantwortlich ist, bleibt unklar. Yonas hat bei seinem ersten Asylgesuch widersprüchliche Aussagen gemacht und etwa nicht erwähnt, dass er an einer regierungs­kritischen Demonstration in Genf teilgenommen hatte. Sprecher Daniel Bach weist darauf hin, dass das SEM auf korrekte und vollständige Angaben angewiesen ist, um die konkrete Gefährdung einer Person einschätzen zu können.

      Für die Juristin Nora Riss von der Freiplatz­aktion, die Yonas im Asyl­verfahren vertreten hat, ist klar: «Die Risiko­einschätzung war in diesem spezifischen Fall falsch.» Es stelle sich die Frage, aufgrund welcher zuverlässiger Quellen diese und andere Einschätzungen vorgenommen worden seien. «Wenn die Quellen­lage unsicher ist, muss man eher vorsichtig sein und zugunsten der Asyl­suchenden entscheiden», sagt Riss. Ansonsten riskiere man genau solche Fälle, in denen Personen nach der Rückkehr gefoltert werden. Andere Länder seien in dieser Frage vorsichtiger, was die Schweizer Asylpraxis zu einer der schärfsten in ganz Europa macht.
      Ein anfälliges System

      Die Schweiz argumentiert, dass es in Eritrea zwar zu Menschen­rechts­verletzungen komme, dies allein aber kein ausreichender Grund sei, anzunehmen, dass eine Person bei der Rückkehr Opfer von Folter werde.

      Man müsse den Einzelfall prüfen. Weggewiesen würden nur Asyl­suchende, bei denen keine stichhaltigen Gründe für die Annahme einer konkreten und ernsthaften Gefahr bestünden.

      Seit einer umstrittenen Verschärfung der Asylpolitik von 2016 erhalten deutlich mehr eritreische Asylsuchende einen negativen Entscheid und werden weggewiesen – die meisten landen in der Nothilfe, einige Hundert sind in den vergangenen Jahren zurück­gekehrt. Wie viele von ihnen wie Yonas inhaftiert oder sogar gefoltert wurden, ist unbekannt.

      Gäbe es Rück­meldungen, würde man diese prüfen, sagt SEM-Sprecher Daniel Bach. «Bislang haben wir aber keine erhalten.» Und genau hier liegt das Problem. Nach der Rückkehr verschwinden die Menschen im nach wie vor stark abgeschotteten Land, ein Monitoring zu ihrem Schutz existiert nicht. Die Schweizer Behörden wissen kaum etwas darüber, was mit den abgewiesenen Asylsuchenden in Eritrea passiert. Das Staats­sekretariat für Migration kann bis heute keine dokumentierten Fälle von Zurück­gekehrten vorweisen, die unbehelligt geblieben sind.

      Zweifellos gibt es Eritreerinnen, die nach einem negativen Asylentscheid gefahrlos in ihr Heimatland zurück­kehren können. Doch nicht alle, die tatsächlich gefährdet sind, können das gegenüber dem SEM glaubhaft machen. So wie Yonas. Oder wie die beiden Asylsuchenden, deren Fälle in den letzten Jahren vor dem Uno-Ausschuss gegen Folter (CAT) landeten. 2021 und 2022 kam das Gremium in zwei Urteilen zum Schluss, dass die Schweiz mit einer Wegweisung nach Eritrea die Antifolter­konvention der Uno verletzt hat.
      Die Angst bleibt

      Ob die neuen Erkenntnisse die Asylpraxis verändern, ist unklar. «Die Praxis wird dann angepasst, wenn neue Erkenntnisse zur Bedrohungs­lage in einem Land vorliegen oder wenn das Bundes­verwaltungs­gericht einen Entscheid des SEM in genereller Weise korrigiert», heisst es vonseiten des Staats­sekretariats für Migration. Einen Wegweisungs­stopp würde es dann geben, wenn man zum Schluss käme, dass alle Leute, die zurück­kehren, konkret bedroht sind. Das sei aktuell nicht gegeben, sagt Sprecher Daniel Bach. «Selbstverständlich schauen wir uns aber den Fall an. Falls die Bedrohungs­lage anders geworden ist, könnte dies in letzter Konsequenz auch zu einem Wegweisungs­stopp führen.» Es bestehe aber auch die Möglichkeit, dass dem SEM im Asylverfahren Informationen vorenthalten worden seien, die für die Einschätzung wichtig gewesen wären.

      Für Yonas spielt das keine Rolle mehr. Er lernt fleissig Deutsch, möchte möglichst bald eine Lehre absolvieren und sagt: «Ich bin okay. Zum ersten Mal fühle ich mich nicht unsicher in der Schweiz.» Zwar schlafe er schlecht, leide an den Schmerzen der Folter und träume oft von Menschen, die er zurück­lassen musste. Seine grösste Angst aber ist eine andere: «Bitte zeigt mein Gesicht nicht und nennt mich nicht beim Namen», sagt er zum Abschied. «Sonst passiert meiner Familie in Eritrea das, was ich erleben musste.»

      https://www.republik.ch/2022/05/04/ein-asylfall-der-alles-aendern-koennte

  • Decolonize your eyes, Padova.. Pratiche visuali di decolonizzazione della città

    Introduzione
    Il saggio a tre voci è composto da testi e due video.[1]
    Mackda Ghebremariam Tesfau’ (L’Europa è indifendibile) apre con un una riflessione sulle tracce coloniali che permangono all’interno degli spazi urbani. Lungi dall’essere neutre vestigia del passato, questi segni sono tracce di una storia contesa, che si situa contemporaneamente al cuore e ai margini invisibili della rappresentazione di sé dell’occidente. La dislocazione continua del fatto coloniale nella memoria storica informa il discorso che è oggi possibile sul tema delle migrazioni, del loro governo e dei rapporti tra Nord e Sud Globale. La stessa Europa di cui Césaire dichiarava “l’indifendibilità” è ora una “fortezza” che presidia i suoi confini dal movimento di ritorno postcoloniale.
    Annalisa Frisina (Pratiche visuali di decolonizzazione della città) prosegue con il racconto del percorso didattico e di ricerca Decolonizzare la città. Dialoghi visuali a Padova, realizzato nell’autunno del 2020. Questa esperienza mostra come sia possibile performare la decolonizzazzione negli spazi pubblici e attivare contro-politiche della memoria a livello urbano. Le pratiche visuali di decolonizzazione sono utili non solo per fare vacillare statue e nomi di vie, ma soprattutto per mettere in discussione le visioni del mondo e le gerarchie sociali che hanno reso possibile celebrare/dimenticare la violenza razzista e sessista del colonialismo. Le vie coloniali di Padova sono state riappropriate dai corpi, dalle voci e dagli sguardi di sei cittadine/i italiane/i afrodiscendenti, facendo uscire dall’insignificanza le tracce coloniali urbane e risignificandole in modo creativo.
    Infine, Salvatore Frisina (L’esperienza del A.S.D. Quadrato Meticcio) conclude il saggio soffermandosi sui due eventi urbani Decolonize your eyes (giugno e ottobre 2020), promossi dall’associazione Quadrato Meticcio, che ha saputo coinvolgere in un movimento decoloniale attori sociali molto eterogenei. Da quasi dieci anni questa associazione di sport popolare, radicata nel rione Palestro di Padova, favorisce la formazione di reti sociali auto-gestite e contribuisce alla lotta contro discriminazioni multiple (di classe, “razza” e genere). La sfida aperta dai movimenti antirazzisti decoloniali è infatti quella di mettere insieme processi simbolici e materiali.

    L’Europa è indifendibile
    L’Europa è indifendibile, scrive Césaire nel celebre passo iniziale del suo Discorso sul colonialismo (1950). Questa indifendibilità non è riferita tanto al fatto che l’Europa abbia commesso atti atroci quanto al fatto che questi siano stati scoperti. La “scopertura” è “svelamento”. Ciò che viene svelata è la natura stessa dell’impresa “Europa” e lo svelamento porta all’impossibilità di nascondere alla “coscienza” e alla “ragione” tali fatti: si tratta di un’indifendibilità “morale” e “spirituale”. A portare avanti questo svelamento, sottraendosi alla narrazione civilizzatrice che legittima – ovvero che difende – l’impresa coloniale sono, secondo Césaire, le masse popolari europee e i colonizzati che “dalle cave della schiavitù si ergono giudici”. Era il 1950.
    A più di sessant’anni di distanza, oggi l’Europa è tornata ad essere ben difesa, i suoi confini materiali e simbolici più che mai presidiati. Come in passato, tuttavia, uno svelamento della sua autentica natura potrebbe minarne le fondamenta. È quindi importante capire quale sia la narrazione che oggi sostiene la fortezza Europa.
    La scuola decoloniale ha mostrato come la colonialità sia un attributo del potere, la scuola postcoloniale come leggerne i segni all’interno della cultura materiale. Questa stessa cultura è stata interrogata, al fine di portarne alla luce gli impliciti. È successo ripetutamente alla statua di Montanelli, prima oggetto dell’azione di Non Una di Meno Milano, poi del movimento Black Lives Matter Italia. È successo alla fermata metro di Roma Amba Aradam. È successo anche alle vie coloniali di Padova. La reazione a queste azioni – reazione comune a diversi contesti internazionali – è particolarmente esplicativa della necessità, del Nord globale, di continuare a difendersi.
    Il fronte che si è aperto in contrapposizione alla cosiddetta cancel culture[2] si è battuto per la tutela del “passato” e della “Storia”, così facendo ribadendo un potere non affatto scontato, che è quello di decidere cosa sia “passato” e quale debba essere la Storia raccontata – oltre che il come debba essere raccontata. Le masse che si sono radunate sotto le statue abbattute, deturpate e sfidate, l’hanno fatto per liberare “passato” e “Storia” dal dominio bianco, maschile e coloniale che ha eretto questi monumenti a sua immagine e somiglianza. La posta in gioco è, ancora, uno svelamento, la presa di coscienza del fatto che queste non sono innocue reliquie di un passato disattivato, ma piuttosto la testimonianza silente di una Storia che lega indissolubilmente passato a presente, Nord globale e Sud globale, colonialismo e migrazioni. Riattivare questo collegamento serve a far crollare l’impalcatura ideologica sulla quale oggi si fonda la pretesa di sicurezza invocata e agita dall’Europa.
    Igiaba Scego e Rino Bianchi, in Roma Negata (2014), sono stati tra i primi a dedicare attenzione a queste rumorose reliquie in Italia. L’urgenza che li ha spinti a lavorare sui resti coloniali nella loro città è l’oblio nel quale il colonialismo italiano è stato relegato. Come numerosi autrici e autori postcoloniali hanno dimostrato, tuttavia, questo oblio è tutt’altro che improduttivo. La funzione che svolge è infatti letteralmente salvifica, ovvero ha lo scopo di salvare la narrazione nazionale dalle possibili incrinature prodotte dallo svelamento alla “barra della coscienza” (Césaire 1950) delle responsabilità coloniali e dei modi in cui si è stati partecipi e protagonisti della costruzione di un mondo profondamente diseguale. Al contempo, la presenza di questi monumenti permette, a livello inconscio, di continuare a godere del senso di superiorità imperiale di cui sono intrisi, di continuare cioè a pensarsi come parte dell’Europa e del Nord Globale, con ciò che questo comporta. Che cosa significa dunque puntarvi il dito? Che cosa succede quando la memoria viene riattivata in funzione del presente?
    La colonialità ha delle caratteristiche intrinseche, ovvero dei meccanismi che ne presiedono il funzionamento. Una di queste caratteristiche è la produzione costante di confini. Questa necessità è evidente sin dai suoi albori ed è rintracciabile anche in pagine storiche che non sono abitualmente lette attraverso una lente coloniale. Un esempio è la riflessione marxiana dei Dibattiti sulla legge contro i furti di legna[3], in cui il pensatore indaga il fenomeno delle enclosure, le recinzioni che tra ‘700 e ‘800 comparvero in tutta Europa al fine di rendere privati i fondi demaniali, usati consuetudinariamente dalla classe contadina come supporto alla sussistenza del proprio nucleo attraverso la caccia e la raccolta. Distinzione, definizione e confinamento sono processi materiali e simbolici centrali della colonialità. Per contro, connettere, comporre e sconfinare sono atti di resistenza al potere coloniale.
    Da tempo Gurminder K. Bhambra (2017) ha posto l’accento sull’importanza di questo lavoro di ricucitura storica e sociologica. Secondo l’autrice la stessa distinzione tra cittadino e migrante è frutto di una concettualizzazione statuale che fonda le sue categorie nel momento storico degli imperi. In questo senso per Bhambra tale distinzione poggia su di una lettura inadeguata della storia condivisa. Tale lettura ha l’effetto di materializzare l’uno – il cittadino – come un soggetto avente diritti, come un soggetto “al giusto posto”, e l’altro – il migrante – come un soggetto “fuori posto”, qualcuno che non appartiene allo stato nazione.
    Questo cortocircuito storico è reso evidente nella mappa coloniale che abbiamo deciso di “sfidare” nel video partecipativo. La raffigurazione dell’Impero Italiano presente in piazza delle Erbe a Padova raffigura Eritrea, Etiopia, Somalia, Libia, Albania e Italia in bianco, affinché risaltino sullo sfondo scuro della cartina. Su questo spazio bianco è possibile tracciare la rotta che oggi le persone migranti intraprendono per raggiungere la Libia da numerosi paesi subsahariani, tra cui la Somalia, l’Eritrea e l’Etiopia, la stessa Libia che è stata definita un grande carcere a cielo aperto. Dal 2008 infatti Italia e Libia sono legate da accordi bilaterali. Secondo questi accordi l’Italia si è impegnata a risarcire la Libia per l’occupazione coloniale, e in cambio la Libia ha assunto il ruolo di “guardiano” dei confini italiani, ruolo che agisce attraverso il contenimento delle persone migranti che raggiungono il paese per tentare la traversata mediterranea verso l’Europa. Risulta evidente come all’interno di questi accordi vi è una riattivazione del passato – il risarcimento coloniale – che risulta paradossalmente neocoloniale piuttosto che de o anti-coloniale.
    L’Italia è indifendibile, eppure si difende. Si difende anche grazie all’ombra in cui mantiene parti della sua storia, e si difende moltiplicando i confini coloniali tra cittadini e stranieri, tra passato e presente. Questo passato non è però tale, al contrario plasma il presente traducendo vecchie disuguaglianze sotto nuove vesti. Oggi la dimensione coloniale si è spostata sui corpi migranti, che si trovano ad essere marchiati da una differenza che produce esclusione nel quotidiano.
    I confini coloniali – quelli materiali come quelli simbolici – si ergono dunque a difesa dell’Italia e dell’Europa. Come nel 1950 però, questa difendibilità è possibile solo a patto che le masse popolari e subalterne accettino e condividano la narrazione coloniale, che è stata ieri quella della “missione civilizzatrice” ed è oggi quella della “sicurezza”. Al fine di decolonizzare il presente è dunque necessario uscire da queste narrazioni e riconnettere il passato alla contemporaneità al fine di svelare la natura coloniale del potere oggi. Così facendo la difesa dell’Europa potrà essere nuovamente scalfibile.
    Il video partecipativo realizzato a Padova va esattamente in questa direzione: cerca di ricucire storie e relazioni interrotte e nel farlo pone al centro il fatto coloniale nella sua continuità e contemporaneità.

    Pratiche visuali di decolonizzazione della città
    Il video con Mackda Ghebremariam Tesfau è nato all’interno del laboratorio di Visual Research Methods dell’Università di Padova. Da diversi anni, questo laboratorio è diventato un’occasione preziosa per fare didattica e ricerca in modo riflessivo e collaborativo, affrontando il tema del razzismo nella società italiana attraverso l’analisi critica della visualità legata alla modernità europea e attraverso la sperimentazione di pratiche contro-visuali (Mirzoeff 2011). Come docente, ho provato a fare i conti con “l’innocenza bianca” (Wekker 2016) e spingere le mie studentesse e i miei studenti oltre la memoria auto-assolutoria del colonialismo italiano coi suoi miti (“italiani brava gente”, “eravamo lì come migranti straccioni” ecc.). Per non restare intrappolate/i nella colonialità del potere, le/li/ci ho invitate/i a prendere consapevolezza di quale sia il nostro sguardo su noi stessi nel racconto che facciamo degli “altri” e delle “altre”, mettendo in evidenza il peso delle divisioni e delle gerarchie sociali. Come mi hanno detto alcune mie studentesse, si tratta di un lavoro faticoso e dal punto di vista emotivo a volte difficilmente sostenibile. Eppure, penso sia importante (far) riconoscere il proprio “disagio” in quanto europei/e “bianchi/e” e farci qualcosa collettivamente, perché il sentimento di colpa individuale è sterile, mentre la responsabilità è capacità di agire, rispondere insieme e prendere posizione di fronte ai conflitti sociali e alle disuguaglianze del presente.
    Nel 2020 la scommessa è stata quella di fare insieme a italiani/e afrodiscendenti un percorso di video partecipativo (Decolonizzare la città. Dialoghi visuali a Padova[4]) e di utilizzare il “walk about” (Frisina 2013) per fare passeggiate urbane con studentesse e studenti lasciandosi interpellare dalle tracce coloniali disseminate nella città di Padova, in particolare nel rione Palestro dove abito. La congiuntura temporale è stata cruciale.
    Da una parte, ci siamo ritrovate nell’onda del movimento Black Lives Matter dopo l’omicidio di George Floyd a Minneapolis. Come discusso altrove (Frisina & Ghebremariam Tesfau’ 2020, pp. 399-401), l’antirazzismo è (anche) una contro-politica della memoria e, specialmente nell’ultimo anno, a livello globale, diversi movimenti hanno messo in discussione il passato a partire da monumenti e da vie che simbolizzano l’eredità dello schiavismo e del colonialismo. Inevitabilmente, in un’Europa post-coloniale in cui i cittadini hanno le origini più diverse da generazioni e in cui l’attivismo degli afrodiscendenti diventa sempre più rilevante, si sono diffuse pratiche di risignificazione culturale attraverso le quali è impossibile continuare a vedere statue, monumenti, musei, vie intrise di storia coloniale in modo acritico; e dunque è sempre più difficile continuare a vedersi in modo innocente.
    D’altra parte, il protrarsi della crisi sanitaria legata al covid-19, con le difficoltà crescenti a fare didattica in presenza all’interno delle aule universitarie, ha costituito sia una notevole spinta per uscire in strada e sperimentare forme di apprendimento più incarnate e multisensoriali, sia un forte limite alla socialità che solitamente accompagna la ricerca qualitativa, portandoci ad accelerare i tempi del laboratorio visuale in modo da non restare bloccati da nuovi e incalzanti dpcm. Nel giro di soli due mesi (ottobre-novembre 2020), dunque, abbiamo realizzato il video con l’obiettivo di far uscire dall’insignificanza alcune tracce coloniali urbane, risignificandole in modo creativo.
    Il video è stato costruito attraverso pratiche visuali di decolonizzazione che hanno avuto come denominatore comune l’attivazione di contro-politiche della memoria, a partire da sguardi personali e familiari, intimamente politici. Le sei voci narranti mettono in discussione le gerarchie sociali che hanno reso possibile celebrare/dimenticare la violenza razzista e sessista del colonialismo e offrono visioni alternative della società, perché capaci di aspirare e rivendicare maggiore giustizia sociale, la libertà culturale di scegliersi le proprie appartenenze e anche il potere trasformativo della bellezza artistica.
    Nel video, oltre a Mackda Ghebremariam Tesfau’, ci sono Wissal Houbabi, Cadigia Hassan, Ilaria Zorzan, Emmanuel M’bayo Mertens e Viviana Zorzato, che si riappropriano delle tracce coloniali con la presenza dei loro corpi in città e la profondità dei loro sguardi.
    Wissal, artista “figlia della diaspora e del mare di mezzo”, “reincarnazione del passato rimosso”, si muove accompagnata dalla canzone di Amir Issa Non respiro (2020). Lascia la sua poesia disseminata tra Via Catania, via Cirenaica, via Enna e Via Libia.

    «Cerchiamo uno spiraglio per poter respirare, soffocati ben prima che ci tappassero la bocca e ci igienizzassero le mani, cerchiamo una soluzione per poter sopravvivere […]
    Non siamo sulla stessa barca e ci vuole classe a non farvelo pesare. E la mia classe sociale non ha più forza di provare rabbia o rancore.
    Il passato è qui, insidioso tra le nostre menti e il futuro è forse passato.
    Il passato è qui anche se lo dimentichi, anche se lo ignori, anche se fai di tutto per negare lo squallore di quel che è stato, lo Stato e che preserva lo status di frontiere e ius sanguinis.
    Se il mio popolo un giorno volesse la libertà, anche il destino dovrebbe piegarsi».

    Cadigia, invece, condivide le fotografie della sua famiglia italo-somala e con una sua amica si reca in Via Somalia. Incontra una ragazza che abita lì e non ha mai capito la ragione del nome di quella via. Cadigia le offre un suo ricordo d’infanzia: passando da via Somalia con suo padre, da bambina, gli aveva chiesto perché si chiamasse così, senza ricevere risposta. E si era convinta che la Somalia dovesse essere importante. Crescendo, però, si era resa conto che la Somalia occupava solo un piccolo posto nella storia italiana. Per questo Cadigia è tornata in via Somalia: vuole lasciare traccia di sé, della sua storia familiare, degli intrecci storici e rendere visibili le importanti connessioni che esistono tra i due paesi. Via Somalia va fatta conoscere.
    Anche Ilaria si interroga sul passato coloniale attraverso l’archivio fotografico della sua famiglia italo-eritrea. Gli italiani in Eritrea si facevano spazio, costruendo strade, teleferiche, ferrovie, palazzi… E suo nonno lavorava come macchinista e trasportatore, mentre la nonna eritrea, prima di sposare il nonno, era stata la sua domestica. Ispirata dal lavoro dell’artista eritreo-canadese Dawit L. Petros, Ilaria fa scomparire il suo volto dietro fotografie in bianco e nero. In Via Asmara, però, lo scopre e si mostra, per vedersi finalmente allo specchio.
    Emmanuel è un attivista dell’associazione Arising Africans. Nel video lo vediamo condurre un tour nel centro storico di Padova, in Piazza Antenore, ex piazza 9 Maggio. Emmanuel cita la delibera con la quale il comune di Padova dedicò la piazza al giorno della “proclamazione dell’impero” da parte di Mussolini (1936). Secondo Emmanuel, il fascismo non è mai scomparso del tutto: ad esempio, l’idea dell’italianità “per sangue” è un retaggio razzista ancora presente nella legge sulla cittadinanza italiana. Ricorda che l’Italia è sempre stata multiculturale e che il mitico fondatore di Padova, Antenore, era un profugo, scappato da Troia in fiamme. Padova, così come l’Italia, è inestricabilmente legata alla storia delle migrazioni. Per questo Emmanuel decide di lasciare sull’edicola medioevale, che si dice contenga le spoglie di Antenore, una targa dedicata alle migrazioni, che ha i colori della bandiera italiana.
    Chiude il video Viviana, pittrice di origine eritrea. La sua casa, ricca di quadri ispirati all’iconografia etiope, si affaccia su Via Amba Aradam. Viviana racconta del “Ritratto di ne*ra”, che ha ridipinto numerose volte, per anni. Farlo ha significato prendersi cura di se stessa, donna italiana afrodiscendente. Riflettendo sulle vie coloniali che attraversa quotidianamente, sostiene che è importante conoscere la storia ma anche ricordare la bellezza. Amba Alagi o Amba Aradam non possono essere ridotte alla violenza coloniale, sono anche nomi di montagne e Viviana vuole uno sguardo libero, capace di bellezza. Come Giorgio Marincola, Viviana continuerà a “sentire la patria come una cultura” e non avrà bandiere dove piegare la testa. Secondo Viviana, viviamo in un periodo storico in cui è ormai necessario “decolonizzarsi”.

    Anche nel nostro percorso didattico e di ricerca la parola “decolonizzare” è stata interpretata in modi differenti. Secondo Bhambra, Gebrial e Nişancıoğlu (2018) per “decolonizzare” ci deve essere innanzitutto il riconoscimento che il colonialismo, l’imperialismo e il razzismo sono processi storici fondamentali per comprendere il mondo contemporaneo. Tuttavia, non c’è solo la volontà di costruire la conoscenza in modi alternativi e provincializzare l’Europa, ma anche l’impegno a intrecciare in modo nuovo movimenti anti-coloniali e anti-razzisti a livello globale, aprendo spazi inediti di dialogo e dando vita ad alleanze intersezionali.

    L’esperienza del A.S.D. Quadrato Meticcio
    Il video-partecipativo è solo uno degli strumenti messi in atto a Padova per intervenire sulla memoria coloniale. Con l’evento pubblico urbano chiamato Decolonize your Eyes (20 giugno 2020), seguito da un secondo evento omonimo (18 Ottobre 2020), attivisti/e afferenti a diversi gruppi e associazioni che lavorano nel sociale si incontrano a favore di uno scopo che, come poche volte precedentemente, consente loro di agire all’unisono. Il primo evento mette in scena il gesto simbolico di cambiare, senza danneggiare, i nomi di matrice coloniale di alcune vie del rione Palestro, popolare e meticcio. Il secondo agisce soprattutto all’interno di piazza Caduti della Resistenza (ex Toselli) per mezzo di eventi performativi, artistici e laboratoriali con l’intento di coinvolgere un pubblico ampio e riportare alla memoria le violenze coloniali italiane. Ai due eventi contribuiscono realtà come l’asd Quadrato Meticcio, la palestra popolare Chinatown, Non una di meno-Padova, il movimento ambientalista Fridays for future, il c.s.o. Pedro e l’Associazione Nazionale Partigiani Italiani (anpi).
    Si è trattato di un rapporto di collaborazione mutualistico. L’anpi «indispensabile sin dalle prime battute nell’organizzazione» – come racconta Camilla[5] del Quadrato Meticcio – ha contribuito anche ai dibattiti in piazza offrendo densi spunti storici sulla Resistenza. Fridays for future, impegnata nella lotta per l’ambiente, è intervenuta su via Lago Ascianghi, luogo in cui, durante la guerra d’Etiopia, l’utilizzo massiccio di armi chimiche da parte dell’esercito italiano ha causato danni irreversibili anche dal punto di vista della devastazione del territorio. Ha sottolineato poi come l’odierna attività imprenditoriale dell’eni riproduca lo stesso approccio prevaricatore colonialista. Non una di meno-Padova, concentrandosi sulle tematiche del trans-femminismo e della lotta di genere, ha proposto un dibattito intitolando l’attuale via Amba Aradam a Fatima, la bambina comprata da Montanelli secondo la pratica coloniale del madamato. Durante il secondo evento ha realizzato invece un laboratorio di cartografia con gli abitanti del quartiere di ogni età, proponendogli di tracciare su una mappa le rotte dal luogo d’origine a Padova: un gesto di sensibilizzazione sul rapporto tra memoria e territorio. Il c.s.o. Pedro ha invece offerto la strumentazione mobile e di amplificazione sonora che ha permesso a ogni intervento di diffondersi in tutto il quartiere.
    Rispetto alla presenza attiva nel quartiere, Il Quadrato Meticcio, il quale ha messo a disposizione gli spazi della propria sede come centrale operativa di entrambi gli eventi, merita un approfondimento specifico.
    Mattia, il fondatore dell’associazione, mi racconta che nel 2008 il “campetto” – così chiamato dagli abitanti del quartiere – situato proprio dietro la “piazzetta” (Piazza Caduti della Resistenza), sarebbe dovuto diventare un parcheggio, ma “l’intervento congiunto della comunità del quartiere lo ha preservato”. Quando gli chiedo come si inserisca l’esperienza dell’associazione in questo ricordo, risponde: “Ho navigato a vista dopo quell’occasione. Mi sono accorto che c’era l’esigenza di valorizzare il campo e che il gioco del calcio era un contesto di incontro importante per i ragazzi. La forma attuale si è consolidata nel tempo”. Adesso, la presenza costante di una vivace comunità “meticcia” – di età che varia dagli otto ai sedici anni – è una testimonianza visiva e frammentaria della cultura familiare che i ragazzi si portano dietro. Come si evince dalla testimonianza di Mattia: «Loro non smettono mai di giocare. Sono in strada tutto il giorno e passano la maggior parte del tempo con il pallone ai piedi. Il conflitto tra di loro riflette i conflitti che vivono in casa. Ognuno di loro appartiene a famiglie economicamente in difficoltà, che condividono scarsi accessi a opportunità finanziarie e sociali in generale. Una situazione che inevitabilmente si ripercuote sull’emotività dei ragazzi, giorno dopo giorno».

    L’esperienza dell’associazione si inserisce all’interno di una rete culturale profondamente complessa ed eterogenea. L’intento dell’associazione, come racconta Camilla, è quello di offrire una visione inclusiva e una maggiore consapevolezza dei processi coloniali e post-coloniali a cui tutti, direttamente o indirettamente, sono legati; un approccio simile a quello della palestra popolare Chinatown, che offre corsi di lotta frequentati spesso dagli stessi ragazzi che giocano nel Quadrato Meticcio. L’obiettivo della palestra è quello di educare al rispetto reciproco attraverso la simulazione controllata di situazioni conflittuali legate all’uso di stereotipi etno-razziali e di classe, gestendo creativamente le ambivalenze dell’intimità culturale (Herzfeld, 2003). Uber[6], fra i più attivi promotori di Decolonize your eyes e affiliato alla palestra, racconta che: «Fin tanto che sono ragazzini, può essere solo un gioco, e tra di loro possono darsi man forte ogni volta che si scontrano con il razzismo brutale che questa città offre senza sconti. Ma ho paura che presto per loro sarà uno shock scoprire quanto può far male il razzismo a livello politico, lavorativo, legale… su tutti i fronti. E ho paura soprattutto che non troveranno altro modo di gestire l’impatto se non abbandonandosi agli stereotipi che gli orbitano già attorno».

    La mobilitazione concertata del 2008 a favore della preservazione del “campetto”, ha molto in comune con il contesto dal quale è emerso Decolonize your eyes. È “quasi un miracolo” di partecipazione estesa, mi racconta Uber, considerando che storicamente le “realtà militanti” di Padova hanno sempre faticato ad allearsi e collaborare. Similmente, con una vena solenne ma scherzosa, Camilla definisce entrambi gli eventi “necessari”. Lei si è occupata di gestire anche la “chiamata” generale: “abbiamo fatto un appello aperto a tutti sui nostri social network e le risposte sono state immediate e numerose”. Uber mi fa presente che “già da alcune assemblee precedenti si poteva notare l’intenzione di mettere da parte le conflittualità”. Quando gli chiedo perché, risponde “perché non ne potevamo più [di andare l’uno contro l’altro]”. Camilla sottolinea come l’impegno da parte dell’anpi di colmare le distanze generazionali, nei concetti e nelle pratiche, sia stato particolarmente forte e significativo.

    Avere uno scopo comune sembra dunque essere una prima risorsa per incontrarsi. Ma è nel modo in cui le conflittualità vengono gestite quotidianamente che può emergere una spinta rivoluzionaria unitaria. In effetti, «[…] l’equilibrio di un gruppo non nasce per forza da uno stato di inerzia, ma spesso da una serie di conflitti interni controllati» (Mauss, 2002, p. 194).
    Nel frattempo il Quadrato Meticcio ha rinnovato il suo impegno nei confronti del quartiere dando vita a una nuova iniziativa, chiamata All you can care, basata sullo scambio mutualistico di beni di prima necessità. Contemporaneamente, i progetti per un nuovo Decolonize your eyes vanno avanti e, da ciò che racconta Camilla, qualcosa sembra muoversi:
    «Pochi giorni fa una signora ci ha fermati per chiederci di cambiare anche il nome della sua via – anch’essa di rimando coloniale. Stiamo avendo anche altre risposte positive, altre realtà vogliono partecipare ai prossimi eventi».
    L’esperienza di Decolonize your eyes è insomma una tappa di un lungo progetto di decolonizzazione dell’immaginario e dell’utilizzo dello spazio pubblico che coinvolge molte realtà locali le quali, finalmente, sembrano riconoscersi in una lotta comune.

    Note
    [1] Annalisa Frisina ha ideato la struttura del saggio e ha scritto il paragrafo “Pratiche visuali di decolonizzazione della città”; Mackda Ghebremariam Tesfau’ ha scritto il paragrafo “L’Europa è indifendibile” e Salvatore Frisina il paragrafo “L’esperienza del A.S.D. Quadrato Meticcio”.
    [2] Cancel culture è un termine, spesso utilizzato con un’accezione negativa, che è stato usato per indicare movimenti emersi negli ultimi anni che hanno fatto uso del digitale, come quello il #metoo femminista, e che è stato usato anche per indicare le azioni contro le vestigia coloniali e razziste che si sono date dal Sud Africa agli Stati Uniti all’Europa.
    [3] Archivio Marx-Engels
    [4] Ho ideato con Elisabetta Campagni il percorso di video partecipativo nella primavera del 2020, rispondendo alla call “Cinema Vivo” di ZaLab; il nostro progetto è rientrato tra i primi cinque votati e supportati dal crowfunding.
    [5] Da un’intervista realizzata dall’autore in data 10/12/2020 a Camilla Previati e Mattia Boscaro, il fondatore dell’associazione.
    [6] Da un’intervista realizzata con Uber Mancin dall’autore in data 9/12/2020.
    [7] Le parti introduttive e finali del video sono state realizzate con la gentile concessione dei materiali audiovisivi da parte di Uber Mancin (archivio privato).

    Bibliografia
    Bhambra, G., Nişancıoğlu, K. & Gebrial, D., Decolonising the University, Pluto Press, London, 2018.
    Bhambra, G. K., The current crisis of Europe: Refugees, colonialism, and the limits of cosmopolitanism, in: «European Law Journal», 23(5): 395-405. 2017.
    Césaire, A. (1950), Discorso sul colonialismo, Mellino, M. (a cura di), Ombre corte, Verona, 2010.
    Frisina, A., Ricerca visuale e trasformazioni socio-culturali, utet Università, Torino, 2013.
    Frisina, A. e Ghebremariam Tesfau’, M., Decolonizzare la città. L’antirazzismo come contro-politica della memoria. E poi?, «Studi Culturali», Anno XVII, n. 3, Dicembre, pp. 399-412. 2020.
    Herzfeld, M., & Nicolcencov, E., Intimità culturale: antropologia e nazionalismo, L’ancora del Mediterraneo, 2003.
    Mauss, M., Saggio sul dono: forma e motivo dello scambio nelle società arcaiche, G. Einaudi, Torino, 2002.
    Mirzoeff, N., The Right to Look: A Counterhistory of Visuality, Duke University Press, Durham e London, 2011.
    Scego, I., & Bianchi, R., Roma negata. Percorsi postcoloniali nella città, Ediesse, Roma, 2014.
    Wekker, G., White Innocence: Paradoxes of Colonialism and Race, Duke University Press, Durham and London, 2016.

    https://www.roots-routes.org/decolonize-your-eyes-padova-pratiche-visuali-di-decolonizzazione-della
    #décolonisation #décolonial #colonialisme #traces_coloniales #Italie #Italie_coloniale #colonialisme_italien #statues #Padova #Padoue

    ping @cede (même si c’est en italien...)

  • #Personne_ici_ne_sait_qui_je_suis

    Mille accents s’entremêlent dans les cours de français donnés dans ce centre social de quartier.
    Demandeurs d’asile, salariés, réfugiés, femmes et hommes des quatre coins du monde, lettrés ou jamais scolarisés, jeunes et personnes âgées, tous viennent apprendre une langue et tromper la solitude de l’étranger en France.
    Ce livre leur donne la parole.

    http://www.lemondealenvers.lautre.net/livres/personne_ici.html

    #BD #livre #bande_dessinée #Coline_Picaud

    #ateliers_socio-linguistiques #FLE #migrerrance #solidarité #attente #santé_mentale #migrations #étrangers #réfugiés #migrations #Grenoble #langue #apprentissage #parcours_migratoires #itinéraires_migratoires

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    Les autres BD de Coline Picaud signalées sur seenthis :
    https://seenthis.net/tag/coline_picaud

  • Colonialisme italien et fascisme:

    « Spesso si crede, erroneamente, che il colonialismo sia stato solo opera del Fascismo, quando invece ha caratterizzato da subito la politica del Regno d’Italia. Il suo primo atto, quasi a ridosso dell’#Unità_d’Italia, è stato l’acquisto, nel 1869, della #Baia_di_Assab da parte della società #Rubattino »


    in: #Igiaba_Scego (nota storica), #Adua, Giunti, 2015, p.176.
    #colonialisme #fascisme #Italie #colonialisme_italien #Italie_coloniale

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    Contextualisation:
    1882 - Il Regno d’Italia acquista, dalla società Rubattino, la baia di Assab.

    Il 10 marzo 1882 avvenne, a Roma, la firma della convenzione su #Assab tra il Regno d’Italia e la società genovese di navigazione #Rubattino. L’atto impegnava lo Stato ad acquistare, per un’ammontare di 416.000 lire, la baia di Assab in Eritrea detenuta dall’armatore ligure fin dal 10 marzo 1870. Questo era l’atto finale di una lunga e contrastata vicenda che aveva portato l’Italia possedere un primo piccolo possedimento coloniale in Africa.
    La vicenda ebbe inizio nel lontano 1869 allorquando su sollecitazioni di Giuseppe Sapeto, un ex missionario lazzarista conoscitore dell’Africa fin dal 1838, il presidente del Consiglio Menabrea appoggiò una missione dello stesso Sapeto volta ad individuare, ed eventualmente acquistare un un emporio tecnico-commerciale sulle sponde del mar Rosso utile come scalo per le rotte commerciali tra l’Europa ed le Indie resesi disponibili con l’apertura del canale di Suez (avvenuta il 17 novembre 1869).
    In questa occasione Giuseppe Sapeto e il suo accompagnatore, il contrammiraglio Gugliemo Acton, acquistarono da due sultani locali e per conto della società di navigazione genovese Rubattino, il porto e la baia di Assab sulla costa africana del mar Rosso (convenzione del 15 novembre 1869). Si scelse questa soluzione di compromesso per non far figurare l’intervento diretto dello Stato italiano ed evitare, così, eventuali contraccolpi diplomatici sullo scacchiere orientale visto che l’area interessava sia all’Egitto che all’Inghilterra. Successivamente, il 10 marzo 1870, la transazione commerciale fu definitivamente perfezionata e questo passo assicurò all’Italia un primo embrionale possedimento coloniale.
    La baia di Assab fu, tuttavia, quasi dimenticata fino al 1882, anno in cui, in seguito allo scacco subito da parte della Francia (vedi) con l’annessione della Tunisia (che era nelle mire dell’Italia), lo Stato italiano decise, come reazione, di rilevare il piccolo possedimento eritreo.

    http://www.terzaclasse.it/cronologia/assab.htm

    #Erythrée

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    ajouté à la métaliste sur le colonialisme italien:
    https://seenthis.net/messages/871953

  • UK to block #visas for countries refusing to take back asylum seekers

    Bill would give home secretary power to take action against citizens of countries deemed not to be cooperating.

    The UK will block visas for visitors from countries the home secretary believes are refusing to cooperate in taking back rejected asylum seekers or offenders.

    In proposed legislation published on Tuesday, #Priti_Patel and future home secretaries would have the power to suspend or delay the processing of applications from countries that do no “cooperate with the UK government in relation to the removal from the United Kingdom of nationals of that country who require leave to enter or remain in the United Kingdom but do not have it”.

    The clause in the nationality and borders bill also allows for the home secretary to impose additional financial requirements for visa applications – that is, an increase in fees – if countries do not cooperate.

    The proposals mirror US legislation that allows officials to withdraw visa routes from countries that refuse to take back undocumented migrants. It is understood that countries such as Iraq, Iran, Eritrea and Sudan are reluctant to cooperate with the UK on such matters.

    The change is one of many in the bill, described as “the biggest overhaul of the UK’s asylum system in decades” by Patel, which includes measures such as:

    - Asylum seekers deemed to have arrived in the UK illegally will no longer have the same entitlements as those who arrive in the country via legal routes. Even if their claim is successful, they will be granted temporary refugee status and face the prospect of being indefinitely liable for removal.

    - Asylum seekers will be able to be removed from the UK while their asylum claim or appeal is pending, which opens the door to offshore asylum processing.

    - For those deemed to have arrived illegally, access to benefits and family reunion rights could be limited.

    – The appeals and judicial process will be changed to speed up the removal of those whose claims are refused.

    - The home secretary will be able to offer protection to vulnerable people in “immediate danger and at risk in their home country” in exceptional circumstances. It is thought this will be used to help a small number of people.

    – The system will be made “much harder for people to be granted refugee status based on unsubstantiated claims” and will include “rigorous age assessments” to stop adults pretending to be children. The government is considering the use of bone scanners to determine age.

    - Life sentences will be brought in as a maximum penalty for people-smugglers.

    - Foreign criminals who breach deportation orders and return to the UK could be jailed for up to five years instead of the current six months.

    – A new one-stop legal process is proposed so that asylum, human rights claims and any other protection matters are made and considered together before appeal hearings.

    Campaigners have dubbed the proposed legislation the “anti-refugee bill”, claiming it will penalise those who need help the most.

    Analysis of Home Office data by the Refugee Council suggests 9,000 people who would be accepted as refugees under current rules – those confirmed to have fled war or persecution following official checks – may no longer be given safety in the UK due to their means of arrival under the changes.

    The charity’s chief executive, Enver Solomon, said that for decades people had taken “extraordinary measures to flee oppression”, but had gone on to become “law-abiding citizens playing by the rules and paying their taxes as proud Britons”.

    Steve Valdez-Symonds, refugee and migrants rights programme director at Amnesty International UK, branded the bill “legislative vandalism”, claimed it could “fatally undermine the right to asylum” and accused Patel of a “shameful dereliction of duty”, adding: “This reckless and deeply unjust bill is set to bring shame on Britain’s international reputation.”

    Sonya Sceats, chief executive of Freedom from Torture, described the plans as “dripping with cruelty” and an “affront to the caring people in this country who want a kinder, fairer approach to refugees”.

    More than 250 organisations – including the Refugee Council, the British Red Cross, Freedom from Torture, Refugee Action and Asylum Matters – have joined to form the coalition Together with Refugees to call for a more effective, fair and humane approach to asylum in the UK.

    https://www.theguardian.com/politics/2021/jul/06/uk-to-block-visas-from-countries-refusing-to-take-back-undocumented-mig

    #asile #migrations #réfugiés #chantage #visas #UK #Angleterre

    La loi comprend aussi une disposition concernant l’#externalisation des #procédures_d'asile :
    https://seenthis.net/messages/918427

    Une des dispositions rappelle la loi de l’#excision_territoriale (#Australie) :

    Asylum seekers deemed to have arrived in the UK illegally will no longer have the same entitlements as those who arrive in the country via legal routes. Even if their claim is successful, they will be granted temporary refugee status and face the prospect of being indefinitely liable for removal.

    voir :
    https://seenthis.net/messages/901628#message901630
    https://seenthis.net/messages/416996
    #modèle_australien

    #offshore_asylum_processing
    #Irak #Iran #Erythrée #Sudan #réfugiés_irakiens #réfugiés_iraniens #réfugiés_soudanais #réfugiés_érythréens #réfugiés_soudanais #regroupement_familial #aide_sociale #procédure_d'asile #recours #mineurs #âge #tests_osseux #criminels_étrangers #rétention #détention_administrative #anti-refugee_bill

    ping @isskein @karine4

  • Mit einem Laptop zurück in die Diktatur

    Die Migrationsbehörden machen Eritreerinnen und Äthiopiern ohne Aufenthaltsrecht falsche Hoffnungen auf Schweizer IT-Jobs, falls sie «freiwillig» in den Herkunftsstaat zurückkehren. Das Integrationsprojekt Powercoders macht mit.

    https://www.woz.ch/2117/rueckkehrhilfe/mit-einem-laptop-zurueck-in-die-diktatur
    #paywall

    Commentaire reçu par mail :

    L’article critique le fait que les programmes « d’incitation au retour » mis en œuvre par Powercoders sur mandat du SEM, sont adressés prioritairement aux ressortissant.es d’Ethiopie et d’Erythrée. Il leur est proposé de se former en informatique avec, à la clé, une fois retourné dans leur pays d’origine, un travail à distance dans un entreprise suisse pendant un an. Or, l’accès à internet est dans ces pays extrêmement limité, tant par la surveillance étatique, les dysfonctionnements structurels que la technique, ce qui fait penser que cette proposition sera matériellement difficile à tenir.

    #renvois #incitation_au_retour #expulsions #asile #migrations #réfugiés #Ethiopie #Erythrée #formation #informatique #travail #réintégration #Suisse #Powercoders

    –—

    ça rappelle un peu les #campagnes de #dissuasion à l’#émigration...
    https://seenthis.net/messages/763551

  • Eritrea, la ferita del colonialismo e quei figli dimenticati dall’Italia

    Negata la cittadinanza ai discendenti delle donne vittime di una delle pagine più buie del Paese: «Vogliamo ridare dignità alla nostra storia»

    https://www.lastampa.it/topnews/primo-piano/2021/03/14/news/eritrea-la-ferita-del-colonialismo-e-quei-figli-dimenticati-dall-italia-1.4

    #Erythrée #Italie #colonialisme #histoire_coloniale #colonisation #femmes #paternité #citoyenneté #descendants #descendance #enfants #fils
    #paywall

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    ajouté à la métaliste sur l’Italie coloniale:
    https://seenthis.net/messages/871953

  • Il colore del nome. Storia della mia famiglia. Cent’anni di razzismo coloniale e identità negate

    «Penso che tu sia il figlio di mio zio Pietro... Non abbiamo più sue notizie da quando è partito per l’Eritrea.» Così, poche parole ricevute via Facebook cancellano per Vittorio diciotto anni, il tempo passato dall’ultimo incontro con suo padre, alla stazione di Milano. Ma lui non sa nemmeno chi sia Aida, la presunta «cugina» eritrea che lo contatta. Cerca di ignorare quel messaggio, si immerge nel lavoro di giornalista. Ogni nuova inchiesta, però, lo riporta nello stesso luogo. In Africa, a seguire rivolte e repressioni, rotte della migrazione e dell’asilo, della tratta di esseri umani. In Africa, dove si trovano, che lo voglia o no, le sue radici. Perché Vittorio, europeo e italiano, è un figlio del meticciato lungo tre generazioni. Il bisnonno Giacomo, arrivato nella colonia nel 1890 con il regio esercito, fa due figli con una moglie-bambina eritrea, per poi abbandonarli. Il nonno Vittorio, ucciso sulla porta di casa ad Asmara perché attivista meticcio, lascia vedova e orfani a fare i conti con l’eredità delle violenze fasciste. Il padre Pietro si rifugia in Italia, si sposa, fa un figlio; ma non basta tornare «in patria» per conquistare la stabilità. Seguendo le tracce di questa saga famigliare che torna alla luce con prepotenza, Vittorio è destinato a scoprire l’origine del proprio nome, a capire la forza del sangue, a domandarsi cosa sia l’identità. A portare a galla molti segreti: non solo i suoi ma quelli di una colonizzazione italiana peggio che dimenticata, rimossa, insabbiata sulle due sponde di un mare solcato da troppe storie. Così, cent’anni di uomini tormentati e donne forti - da Gabrù in Eritrea a Loretta in Italia: le costruttrici, le resistenti - diventano cent’anni di menzogne e di responsabilità negate. Di battaglie vinte e perse, ma non ancora concluse.

    https://www.mondadoristore.it/colore-nome-Storia-mia-Vittorio-Longhi/eai978882820605

    #livre #colonialisme #histoire #colonialisme_italien #Italie_coloniale #Italie #Erythrée #Vittorio_Longhi #histoire_familiale

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  • Verso un Ente di Decolonizzazione

    Alla Quadriennale d’Arte 2020 a Roma la nuova installazione di Decolonizing Architecture Art Research con dossier fotografico di Luca Capuano.

    Nel 1940 il regime fascista istituì l’Ente di Colonizzazione del Latifondo Siciliano, seguendo il modello dell’Ente di Colonizzazione della Libia, e delle architetture coloniali in Eritrea e in Etiopia, e di quanto già sperimentato con i piani di bonifica integrale e di “colonizzazione interna” dell’Agro Pontino negli anni trenta. Utilizzando diverse forme di violenza e oppressione, forme genocidiarie nei confronti dei popoli colonizzati e ingegneria sociale e violenza di classe sul fronte italiano, il fascismo aveva individuato in questi “territori”, uno spazio geografico astratto, uniforme e omogeneo da “modernizzare” e “ripopolare”, in quanto considerato “vuoto”, “sottosviluppato” e “arretrato”. A tale scopo la Sicilia era diventata agli occhi del fascismo, l’ultimo fronte della modernizzazione, il cui mondo rurale, in contrapposizione alla città, era considerato un terreno “vergine” da occupare.

    Prima che il conflitto mondiale lo impedisse il fascismo inaugurò fino al 1943 otto borghi siciliani, mentre altri rimasero incompiuti. Seguendo i principi dell’estetica e di planimetrie moderniste, dell’architettura coloniale fascista, i borghi venivano costruiti attorno al vuoto della piazza, “centro civico” delle istituzioni dello Stato atte a “civilizzare” campagne considerate vuote e senza vita: la Casa del fascio, l’Ente della Colonizzazione, la Chiesa, le Poste, la Scuola sono soltanto alcune delle istituzioni designate a forgiare l’educazione culturale, politica e spirituale del “nuovo colono fascista”. I nuovi borghi di fondazione avrebbero cosi “connesso” tra di loro le varie parti del nuovo Impero italiano.

    Per celebrare questa unità fittizia, molti dei villaggi siciliani tra cui Borgo Bonsignore, Borgo Fazio e Borgo Giuliano presero il nome di martiri fascisti, camice nere, soldati e coloni morti in Etiopia durante la guerra coloniale di occupazione. Allo stesso tempo, il fascismo aveva continuato la “colonizzazione interna” come strumento e strategia di oppressione del dissenso interno. Se da un lato i borghi erano stati pensati come strumento e spazio di trasformazione agricola delle campagne siciliane in chiave estensiva, estrattiva e capitalista, i piani di migrazione forzate verso Sud servivano al regime ad impedire rivolte nelle campagne del Nord, spezzare i legami tra i lavoratori agricoli con i movimenti antifascisti, e trasformare i braccianti in piccoli proprietari terrieri.

    Oggi la maggior parte di questi borghi sono caduti in rovina. Il depopolamento e le migrazioni delle campagne siciliane nel dopoguerra, con il tempo hanno fatto si che gli edifici che ospitavano le istituzioni fasciste cadessero in abbandono, o in alcuni casi venissero trasformate dai residenti in abitazioni. Questi villaggi sono oggi la materializzazione di una sospensione, non la definitiva eliminazione di un percorso storico e politico. Nonostante la caduta del fascismo e la fine del colonialismo storico, la de-fascistizzazione e la decolonizzazione dell’Italia rimangono processi purtroppo incompiuti. Ad oggi il mancato processo di revisione critica ha fatto si che l’apparato culturale e politico del colonialismo e fascismo sia sopravvissuto: tra questi il razzismo istituzionale e un sentimento diffuso della presunta superiorità della civiltà europea, la conseguente deumanizzazione delle popolazioni proveniente dal mondo (post)coloniale, il sopravvivere di monumenti e strade che celebrano l’ideologia e la storia fascista e coloniale, e la carenza di un’educazione alla conoscenza critica del passato all’interno del sistema educativo italiano.

    In Italia, come dimostrato dai villaggi siciliani, questa impasse politica e culturale di lunga durata è molto visibile attraverso la normalizzazione o la noncuranza dell’architettura fascista. Come è stato dibattuto dalla critica e letteratura postcoloniale negli ultimi anni e contestato a gran voce nel 2020 sull’onda dei moti globali contro la presenza dei simboli che celebrano le violenze imperiali e coloniali negli spazi urbani dell’emisfero Nord, in Italia è molto comune trovare edifici coloniali/fascisti (oltre a monumenti, targhe, memoriali e toponomastica) che piuttosto che essere rimossi, smantellati o distrutti, sono stati lasciati intatti. Sin dalla conclusione della Seconda Guerra mondiale, l’architettura fascista (e progetti urbanistici) sono stati riutilizzati o sviluppati dai governi repubblicani per dare una casa alle nuove istituzioni liberal democratiche italiane. Le reliquie del fascismo e del colonialismo sono state progressivamente normalizzate all’interno dei paesaggi urbani, sfuggendo allo sguardo critico della cultura e della politica antifascista.

    Ad oggi, con il “ritorno” dei fascismi su scala globale e il crescente arrivo negli ultimi decenni dei migranti dall’ex mondo coloniale, la necessità di riaprire i processi di decolonizzazione e defascistizzazione si è resa più che mai urgente. E con essi, nuove domande sul “che fare” del “patrimonio” architettonico coloniale fascista. È possibile immaginare un ri-uso, senza correre il rischio di perpetuare eternamente questa stessa ideologia, e contro il pericolo dell’autoassoluzione e della nostalgia?

    Nel 2017 Asmara la capitale dell’Eritrea è stata nominata patrimonio dell’umanità dall’UNESCO. La nomina, intitolata “Asmara – Citta modernista d’Africa”, fa riferimento alla trasformazione architettonica e urbana coloniale fascista e modernista di Asmara avvenuta durante l’occupazione coloniale italiana. Non esente da critiche, l’iscrizione di Asmara pone una serie di elementi problematici: dal rischio di presentare la città coloniale costruita dagli italiani come il modello di patrimonio urbano del continente africano, al pericolo di rinforzare impulsi nostalgici o costituire uno strumento di propaganda per il regime eritreo, fino al rischio di cedere ai paradigmi di conservazione dei beni architettonici e culturali eurocentrici imposti dall’UNESCO.

    Nonostante queste controversie, la nomina di Asmara ha comunque posto per la prima volta una serie di domande fondamentali che riguardano e accomunano entrambi ex-colonizzati ed ex-colonizzatori: chi ha il diritto a preservare, riutilizzare e ri-narrare l’architettura coloniale fascista?

    L’installazione presentata per la Quadriennale d’arte 2020 – FUORI a Palazzo delle Esposizioni a Roma, sede della Prima mostra internazionale d’arte coloniale (1931) e di altre mostre di propaganda del regime, propone di ripensare i borghi costruiti dal fascismo in Sicilia a partire dalla nomina di Asmara come patrimonio dell’umanità. L’installazione è il primo intervento verso la creazione di un Ente di Decolonizzazione che sarà aperto a coloro che avvertono l’urgenza di mettere in discussione un’ampia eredità storica, culturale e politica intrisa di colonialismo e fascismo, ed iniziare dunque un percorso comune verso nuove pratiche di decolonizzazione e defascistizzazione[1].

    L’occasione della mostra vuole dunque contribuire ad ampliare il raggio critico, a partire dal cosiddetto “patrimonio” architettonico. L’architettura a differenza di monumenti e targhe, si erge su delle fondamenta, ponendo cosi questioni di fondazione e di profondità. In questo senso, l’architettura si occupa di un problema strutturale, dando una forma alle fondamenta coloniali e fasciste sui cui si costruisce l’Italia contemporanea, a testimonianza di una continuità storica e politica tra passato e presente. Ora che molti di questi edifici coloniali e fascisti sono in buona parte in rovina, si corre il rischio che cadendo a pezzi, si portino via la memoria, ma lasciando le fondamenta di una lunga storia di violenza, oppressioni e discriminazione, come ultimo atto dell’amnesia italiana.

    Verso un Ente di Decolonizzazione presentato a Roma, è il primo atto di un lungo percorso che intende coinvolgere coloro che sentono l’urgenza di mettere in discussione concetti e pratiche ereditate dal passato e di costruire oggi spazi critici in cui incontrarsi tra uguali. Il secondo atto si svolgerà la prossima estate in Sicilia, nell’ex-ente di colonizzazione di Borgo Rizza, nel comune di Carlentini, dove cittadini, politici, studiosi, artisti e studenti cercheranno di fare i conti con la difficile eredità´ del patrimonio dell’architettura fascista e coloniale.

    La formazione di un Ente della Decolonizzazione vuole così porre la questione della riappropriazione e ri-narrazione degli spazi e simboli del colonialismo e del fascismo all’interno di un ampio percorso decoloniale, e cosi contribuire a invertire la tendenza italiana al racconto auto-assolutorio di un colonialismo “meno peggio” degli altri. In un contesto internazionale in cui le rivendicazioni degli ex-colonizzati ad una vera riparazione e al risarcimento per i crimini del colonialismo e della schiavitù si fanno sempre più forti e trascinanti, l’Ente della Decolonizzazione intende partire da semplici domande che permettano di rivendicare il diritto a re-inquadrare la narrazione storica, cominciando dalla presenza dell’eredità architettonica coloniale e fascista: dato che i borghi sono stati costruiti per dare forma e corpo alla ideologia fascista, in che modo è possibile sovvertirne i principi fondanti, partendo da questi stessi luoghi come nuovo “centro” della lotta ai fascismi contemporanei? Come trasformare questi borghi in un antidoto al fascismo? Chi ha il diritto a ri-narrare e al ri-uso di questi villaggi che vennero costruiti per celebrare i martiri fascisti nelle guerre di occupazione in Africa? È possibile immaginare un ri-uso critico di questi luoghi, che si faccia alleato di un percorso di riparazione dei crimini del passato? È ipotizzabile un ri-uso inteso come riparazione? È forse possibile un percorso di riparazione che vada oltre la sfera dei trattati bilaterali tra governi e stati? In quali forme questa riparazione o risarcimento può prendere forma? Può l’eredità architettonica giocare un ruolo in tutto ciò?

    https://www.lavoroculturale.org/verso-un-ente-di-decolonizzazione/alessandro-petti

    #décolonial #Italie #colonisation #colonialisme #architecture #fascisme #histoire #Ente_di_Colonizzazione_del_Latifondo_Siciliano #Ente di_Colonizzazione_della_Libia #Erythrée #Ethiopie #Agro_Pontino #ingéniérie_sociale #violence #oppression #vide #géographie_du_vide #ressources_pédagogiques #modernisation #Sicile #toponymie #toponymie_politique #colonisation_interne #espace #racisme_institutionnel #monuments #architecture_fasciste #normalisation #patrimoine #Asmara #UNESCO

    #photographie #Luca_Capuano

    #TRUST #master_TRUST

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  • Le «#navi_bianche», quando i profughi dall’Africa erano italiani

    «Donne smunte, lacerate accaldate, affrante dalle fatiche, scosse dalle emozioni… Bimbi sparuti che le lunghe privazioni e l’ardore del clima hanno immiserito e stremato fino al limite». Si presentavano così i coloni dell’ormai “ex Impero” agli occhi di #Zeno_Garroni, regio commissario della missione speciale che avrebbe rimpatriato 28mila tra donne, anziani, bambini e ragazzi sotto 15 anni dall’Etiopia, dall’Eritrea e dalla Somalia, paesi di quell’Africa orientale italiana facilmente conquistata all’inizio del 1941 dalle truppe britanniche. Un’ondata di profughi “bianchi” che ricevette un’accoglienza diversa da quella destinata oggi ai naufraghi ma che, come loro, si lasciavano alle spalle la esperienza drammatica della prigionia nei campi alleati.

    Alla missione umanitaria si arrivò dopo una lunga trattativa tra il governo britannico e quello italiano. Furono allestite quattro navi (“Saturnia”, “Vulcania”, “Caio Duilio” e “Giulio Cesare”), dipinte di bianco con grandi croci rosse, alle quali fu imposto il periplo dell’Africa, dal momento che non fu permesso loro di passare attraverso il canale di Suez. Il viaggio, così, diventava molto lungo: circa cinquanta giorni. E pericoloso: la prima spedizione salpò nell’aprile del 1942 da Genova e Trieste, la terza e ultima attraccò a Taranto nell’agosto del 1943. Tutto in piena guerra, quella che si combatteva anche lungo le rotte e i porti del Mediterraneo.

    «Costretti ad abbandonare case e averi, concentrati dai britannici in campi provvisori e da lì inviati a Berbera direttamente per l’imbarco - scrive lo storico Emanuele Ertola che alla vicenda delle “navi bianche” ha dedicato un saggio - affaticati e storditi dopo un lungo viaggio attraverso l’Etiopia in treno e camionetta, i rimpatrianti dovevano quindi sopportare la lunga attesa per salire a bordo». Qui venivano subito assistiti dal personale sanitario (c’erano medici e infermieri) ma affrontavano da subito il problema del sovraffollamento. Durante l’imbarco e il viaggio - soprattutto della prima spedizione - molti bambini, già provati e sofferenti per vita nei campi di concentramento britannici e sfiancati dalle condizioni climatiche, morirono. «Ricordo benissimo, giorno per giorno, la vita a bordo, che è durata circa un mese e mezzo - racconta una testimone, Maria Gabriella Ripa di Meana, citata nel libro di Massimo Zamorani Dalle navi bianche alla linea gotica (Mursia), inviato del Giornale di Indro Montanelli che era uno dei tanti bambini italiani d’Africa -. Ricordo i bambini più piccoli che morivano per infezione diarroica; ricordo l’epidemia di tosse convulsa che imperversava tra i bambini più grandi. Ricordo la madre disperata che aveva assistito alla fine del suo piccolo; ricordo che le donne in stato di gravidanza erano terrorizzate e ricordo che non c’erano più letti disponibili nell’infermeria strapiena».

    Ma oltre che umanitaria, nelle intenzioni del governo fascista, quella delle “navi bianche” doveva essere anche una missione politica. Aveva lo scopo di preparare i profughi che avevano vissuto nelle colonie al reinserimento nella vita della madrepatria e a “rieducarli” ai principi «della gerarchia e dei valori sociali » soprattutto dopo il periodo di prigionia nei campi britannici. Tra i “ragazzi d’Africa” c’era anche il futuro fumettista Hugo Pratt, all’epoca del rientro appena quindicenne. Come altri suoi coetanei si arruolò volontario appena compiuti diciotto anni, convinto che quella della fedeltà al regime fosse l’unica scelta possibile. Tra i bambini sopravvissuti c’era anche Luciano Violante (è nato a Dire Daua nel 1941) che, magistrato e politico ex comunista, molti anni dopo nel suo discorso di insediamento da presidente della Camera invitò a riflettere sui «vinti di ieri» per capire «senza revisionismi falsificanti» anche chi si schierò «dalla parte di Salò».

    https://www.ilsole24ore.com/art/le-navi-bianche-quando-profughi-dall-africa-erano-italiani-AE3GxU5E
    #réfugiés #réfugiés_italiens #décolonisation #Afrique #Corne_d'Afrique #Ethiopie #Erythrée #Somalie #navires #Saturnia #Vulcania #Caio_Duilio #Giulio_Cesare #Berbera #colonialisme #camps_de_concentration #réinsertion #rééducation #Hugo_Pratt

    • The World Refugees Made. Decolonization and the Foundation of Postwar Italy

      In The World Refugees Made, #Pamela_Ballinger explores Italy’s remaking in light of the loss of a wide range of territorial possessions—colonies, protectorates, and provinces—in Africa and the Balkans, the repatriation of Italian nationals from those territories, and the integration of these “national refugees” into a country devastated by war and overwhelmed by foreign displaced persons from Eastern Europe. Post-World War II Italy served as an important laboratory, in which categories differentiating foreign refugees (who had crossed national boundaries) from national refugees (those who presumably did not) were debated, refined, and consolidated. Such distinctions resonated far beyond that particular historical moment, informing legal frameworks that remain in place today. Offering an alternative genealogy of the postwar international refugee regime, Ballinger focuses on the consequences of one of its key omissions: the ineligibility from international refugee status of those migrants who became classified as national refugees.

      The presence of displaced persons also posed the complex question of who belonged, culturally and legally, in an Italy that was territorially and politically reconfigured by decolonization. The process of demarcating types of refugees thus represented a critical moment for Italy, one that endorsed an ethnic conception of identity that citizenship laws made explicit. Such an understanding of identity remains salient, as Italians still invoke language and race as bases of belonging in the face of mass immigration and ongoing refugee emergencies. Ballinger’s analysis of the postwar international refugee regime and Italian decolonization illuminates the study of human rights history, humanitarianism, postwar reconstruction, fascism and its aftermaths, and modern Italian history.

      https://www.cornellpress.cornell.edu/book/9781501747588/the-world-refugees-made/#bookTabs=1
      #livre #rapatriement #nationalisme #identité #citoyenneté

      –---

      Et un autre mot...

      Post-World War II Italy served as an important laboratory, in which categories differentiating #foreign_refugees (who had crossed national boundaries) from #national_refugees (those who presumably did not) were debated, refined, and consolidated.

      #terminologie #vocabulaire #mots
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      ping @sinehebdo

    • Dalle navi bianche alla Linea Gotica

      Tra il 1941 e il 1943 quattro transatlantici della Marina mercantile italiana – Saturnia, Vulcania, Giulio Cesare e Caio Duilio – furono appositamente trasformati nelle cosiddette Navi Bianche per riportare in patria dall’Africa Orientale Italiana 30.000 civili prelevati dalle loro case dopo l’occupazione del 1941 e rinchiusi nei campi di concentramento britannici: donne, anziani, invalidi e tantissimi bambini.

      Tra questi c’era anche #Massimo_Zamorani, che racconta il viaggio epico vissuto in prima persona, a quindici anni, attraverso mari invasi dai sommergibili in guerra. Dopo mesi nei campi di prigionia trascorsi in proibitive condizioni climatiche, igieniche, alimentari e sanitarie, i rimpatriandi si trovarono ad affrontare un percorso lunghissimo e difficile di circumnavigazione dell’Africa, poiché il governo britannico non aveva concesso il passaggio dal Canale di Suez.

      Come altri giovani rimpatriati – fra questi anche l’allora sconosciuto Hugo Pratt, futuro creatore di Corto Maltese – appena compiuti gli anni minimi Zamorani si arruolò volontario nell’esercito della Repubblica Sociale e combatté sulla Linea Gotica dove, dato disperso in combattimento, finì ancora una volta prigioniero in Algeria e poi a Taranto.

      Un episodio poco noto della Seconda guerra mondiale nella straordinaria testimonianza di un piccolo sopravvissuto che tornerà da grande in Africa orientale, come inviato speciale.

      https://www.mursia.com/products/14128?_pos=1&_sid=96d96b040&_ss=r

    • Navi bianche. Missione di pace in tempo di guerra

      Erano le unità ospedaliere della nostra flotta. Navigavano protette dalle convenzioni internazionali, ma alcune ugualmente colarono a picco per siluramento, mine, mitragliatrici. Il racconto di questa grandiosa impresa poco conosciuta nei suoi moventi e nella sua esecuzione ma pervasa da un alto senso di umanità, densa di drammaticità e contessuta di episodi molto interessanti, anche dal punto di vista storico, si presenta molto complesso. Le missioni furono tre: dal marzo al giugno 1942; dal settembre 1942 al gennaio 1943; dal maggio all’agosto del 1943; compiute con 4 grandi piroscafi: Vulcania, Saturnia, Duilio e Giulio Cesare.

      https://www.anobii.com/books/Navi_bianche/01966660c104330368

  • Refugees Come Under Fire as Old Foes Fight in Concert in Ethiopia

    Forces from neighboring Eritrea have joined the war in northern Ethiopia, and have rampaged through refugee camps committing human rights violations, officials and witnesses say.

    As fighting raged across the Tigray region of northern Ethiopia last month, a group of soldiers arrived one day at #Hitsats, a small hamlet ringed by scrubby hills that was home to a sprawling refugee camp of 25,000 people.

    The refugees had come from Eritrea, whose border lies 30 miles away, part of a vast exodus in recent years led by desperate youth fleeing the tyrannical rule of their leader, one of Africa’s longest-ruling autocrats. In Ethiopia, Eritrea’s longtime adversary, they believed they were safe.

    But the soldiers who burst into the camp on Nov. 19 were also Eritrean, witnesses said. Mayhem quickly followed — days of plunder, punishment and bloodshed that ended with dozens of refugees being singled out and forced back across the border into Eritrea.

    For weeks, Prime Minister Abiy Ahmed of Ethiopia has denied that soldiers from Eritrea — a country that Ethiopia once fought in an exceptionally brutal war — had entered Tigray, where Mr. Abiy has been fighting since early November to oust rebellious local leaders.

    In fact, according to interviews with two dozen aid workers, refugees, United Nations officials and diplomats — including a senior American official — Eritrean soldiers are fighting in Tigray, apparently in coordination with Mr. Abiy’s forces, and face credible accusations of atrocities against civilians. Among their targets were refugees who had fled Eritrea and its harsh leader, President Isaias Afwerki.

    The deployment of Eritreans to Tigray is the newest element in a melee that has greatly tarnished Mr. Abiy’s once-glowing reputation. Only last year he was awarded the Nobel Peace Prize for making peace with Mr. Isaias. Now it looks like the much-lauded peace deal between the former enemies in fact laid the groundwork for them to make war against Tigray, their mutual adversary.

    “Abiy has invited a foreign country to fight against his own people,” said Awol Allo, a former Abiy supporter turned outspoken critic who lectures in law at Keele University in Britain. “The implications are huge.”

    Mr. Abiy insists he was forced to move his army quickly in Tigray after the region’s leaders, who had dominated Ethiopia for 27 years until Mr. Abiy took over in 2018, mutinied against his government. But in the early weeks of the fight, Ethiopian forces were aided by artillery fired by Eritrean forces from their side of the border, an American official said.

    Since then, Mr. Abiy’s campaign has been led by a hodgepodge of forces, including federal troops, ethnic militias and, evidently, soldiers from Eritrea.

    At Hitsats, Eritrean soldiers initially clashed with local Tigrayan militiamen in battles that rolled across the camp. Scores of people were killed, including four Ethiopians employed by the International Rescue Committee and the Danish Refugee Council, aid workers said.

    The chaos deepened in the days that followed, when Eritrean soldiers looted aid supplies, stole vehicles and set fire to fields filled with crops and a nearby forested area used by refugees to collect wood, aid workers said. The camp’s main water tank was riddled with gunfire and emptied.

    Their accounts are supported by satellite images, obtained and analyzed by The New York Times, that show large patches of newly scorched earth in and around the Hitsats camp after the Eritrean forces swept through.

    Later, soldiers singled out several refugees — camp leaders, by some accounts — bundled them into vehicles and sent them back across the border to Eritrea.

    “She’s crying, crying,” said Berhan Okbasenbet, an Eritrean now in Sweden whose sister was driven from Hitsats to Keren, the second-largest city in Eritrea, alongside a son who was shot in the fighting. “It’s not safe for them in Eritrea. It’s not a free country.”

    Ms. Berhan asked not to publish their names, fearing reprisals, but provided identifying details that The New York Times verified with an Ethiopian government database of refugees.

    Mr. Abiy’s spokeswoman did not respond to questions for this article. However, a few weeks ago the United Nations secretary general, António Guterres, bluntly asked Mr. Abiy if Eritrean troops were fighting in his war. “He guaranteed to me that they have not entered Tigrayan territory,” Mr. Guterres told reporters on Dec. 9.

    Those denials have been met with incredulity from Western and United Nations officials.

    The Trump administration has demanded that all Eritrean troops immediately leave Tigray, a United States official said, citing reports of widespread looting, killings and other potential war crimes.

    It remains unclear how many Eritreans are in Tigray, or precisely where, said the official, who spoke on the condition of anonymity to discuss delicate diplomacy. A communications blackout over Tigray since Nov. 4 has effectively shielded the war from outside view.

    But that veil has slowly lifted in recent weeks, as witnesses fleeing Tigray or reaching telephones have begun to give accounts of the fighting, the toll on civilians and pervasive presence of Eritrean soldiers.

    In interviews, some described fighters with Eritrean accents and wearing Ethiopian uniforms. Others said they witnessed televisions and refrigerators being looted from homes and businesses. A European official, speaking on the condition of anonymity to discuss confidential findings, said some of those stolen goods were being openly sold in the Eritrean capital, Asmara.
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    Three sources, including a different Western official, said they had received reports of an Eritrean attack on a church in Dinglet, in eastern Tigray, on Nov. 30. By one account, 35 people whose names were provided were killed.

    The reports of Eritrean soldiers sweeping through Tigray are especially jarring to many Ethiopians.

    Ethiopia and Eritrea were once the best of enemies, fighting a devastating border war in the late 1990s that cost 100,000 lives. Although the two countries are now officially at peace, many Ethiopians are shocked that the old enemy is roaming freely inside their borders.

    “How did we let a state that is hostile to our country come in, cross the border and brutalize our own people?” said Tsedale Lemma, editor in chief of the Addis Standard newspaper. “This is an epic humiliation for Ethiopia’s pride as a sovereign state.”

    Mr. Abiy has already declared victory in Tigray and claimed, implausibly, that no civilians have died. But last week his government offered a $260,000 reward for help in capturing fugitive leaders from the regional governing party, the Tigray Peoples Liberation Front — a tacit admission that Mr. Abiy has failed to achieve a major stated goal of his campaign.

    In fact, the biggest winner so far may be his Eritrean ally, Mr. Isaias.

    Since coming to power in 1993, Mr. Isaias has won a reputation as a ruthless and dictatorial figure who rules with steely determination at home and who meddles abroad to exert his influence.

    For a time he supported the Islamist extremists of the Shabab in Somalia, drawing U.N. sanctions on Eritrea, before switching his loyalties to the oil-rich — and Islamist-hating — United Arab Emirates.

    Inside Eritrea, Mr. Isaias enforced a harsh system of endless military service that fueled a tidal wave of migration that has driven over 500,000 Eritreans — perhaps one-tenth of the population — into exile.

    The peace pact signed by the two leaders initially raised hopes for a new era of stability in the region. Ultimately, it amounted to little. By this summer, borders that opened briefly had closed again.

    But Mr. Abiy and Mr. Isaias remained close, bonded by their shared hostility toward the rulers of Tigray.

    They had different reasons to distrust the Tigrayans. For Mr. Abiy the Tigray People’s Liberation Front was a dangerous political rival — a party that had once led Ethiopia and, once he became prime minister, began to flout his authority openly.

    For Mr. Isaias, though, it was a deeply personal feud — a story of grievances, bad blood and ideological disputes that stretched back to the 1970s, when Eritrea was fighting for independence from Ethiopia, and Mr. Isaias joined with the Tigray People’s Liberation Front to fight an Ethiopian Marxist dictator.

    Those differences widened after 1991, when Eritrea became independent and the Tigrayans had come to power in Ethiopia, culminating in a devastating border war.

    As tensions rose between Mr. Abiy and the T.P.L.F., Mr. Isaias saw an opportunity to settle old scores and to reassert himself in the region, said Martin Plaut, author of “Understanding Eritrea” and a senior research fellow at the University of London.

    “It’s typical Isaias,” said Mr. Plaut. “He seeks to project power in ways that are completely unimaginable for the leader of such a small country.”

    Aid groups warn that, without immediate access, Tigray will soon face a humanitarian disaster. The war erupted just as villagers were preparing to harvest their crops, in a region already grappling with swarms of locusts and recurring drought.

    Refugees are especially vulnerable. According to the United Nations, 96,000 Eritrean refugees were in Tigray at the start of the fight, although some camps have since emptied. An internal U.N. report from Dec. 12, seen by The Times, described the situation at Hitsats as “extremely dire,” with no food or water.

    Farther north at Shimelba camp, Eritrean soldiers beat refugees, tied their hands and left them under the sun all day, said Efrem, a resident who later fled to Addis Ababa, the Ethiopian capital.

    “They poured milk on their bodies so they would be swarmed with flies,” he said.

    Later, Efrem said, the soldiers rounded up 40 refugees and forced them to travel back across the border, to Eritrea.

    https://www.nytimes.com/2020/12/28/world/africa/Ethiopia-Eritrea-Tigray.html
    #réfugiés #Tigré #Ethiopie #Erythrée #réfugiés #camps_de_réfugiés #réfugiés_érythréens #Hamdayet

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    • Refugee Camps in Ethiopia Appear to Have Been Systematically Destroyed

      Satellite photos show military actors at the camps right after they were razed; the damage is far more extensive than previously reported.

      Two refugee camps in Ethiopia’s Tigray region were deliberately razed to the ground in attacks carried out between November and January, according to researchers who have been analyzing satellite images that highlight extensive destruction caused by the breakout of civil war in Ethiopia last year.

      Previous reports of satellite images obtained by the DX Open Network, a UK-based research and analysis organization, appeared to depict scorched earth attacks at the Hitsats and Shimelba refugee camps, which hosted over 25,000 refugees from neighboring Eritrea prior to the war. But recent analysis of the images indicates that the destruction was systemic, and residential areas, clinics, and schools were targeted in what appears to have been an attempt at preventing future use of the facilities. Further, a significant number of military vehicles and soldiers are visible in and around the camps soon after the time of the destruction, which appears to point to their complicity in the razing. While it is unconfirmed which military was present, signs also indicate it was the Ethiopian military, as the government continues to deny access to the camps. The damage also appears to now be much more extensive than originally reported, with over a thousand structures destroyed.

      “These cumulative damage assessments show a campaign to degrade, destroy both the Hitsats and Shimelba refugee camps from November 24 to January 27,” the DX Open Network said in a statement yesterday. “There are clear and consistent patterns across both camps over a two month period demonstrating that these refugee camps were systematically targeted, despite their protected humanitarian status.”

      The breakout of war between the former Tigray regional government and Ethiopian and Eritrean soldiers has left thousands dead and internally displaced over 2.3 million people. Widespread destruction, the result of attacks targeting urban city centers, heritage sites, and refugee camps, has also been documented.

      The Hitsats and Shimelba camps had come under attack soon after the breakout of war, and fighting at the Hitsats camp between allied Ethiopian and Eritrean troops and forces loyal to the Tigrayan People’s Liberation Front (TPLF) was reported in November. Refugees have been reportedly targeted and killed by both Tigrayan and Eritrean forces, while others were abducted and taken back to Eritrea. At least four humanitarian aid workers have been killed at the camps.

      The UNHCR, the UN refugee agency, operated a total of four refugee camps hosting almost 100,000 Eritrean refugees in Tigray. Despite this, representatives have been denied access to the two camps despite appealing repeatedly. The camps remain under heavy military guard, with satellite images taken on January 25 appearing to show a heavy concentration of soldiers at a school compound at the Shimelba site.

      “I am very worried for the safety and well-being of Eritrean refugees in those camps,” UNHCR head Filippo Grandi said in a January 14th statement. “The [Ethiopian] government has provided assurances that measures are being taken to minimize the impact of the conflict on civilians.”

      But the recent findings indicate that despite Ethiopia’s reassurances to the UNHCR, the destruction continued even in the days following Grandi’s statement.

      By January 27, the Shimelba camp had a total of 721 structures destroyed, according to satellite imagery obtained on that date, over 300 more than previously thought. As has been reported, fires were set simultaneously across the camp’s residential areas, with clear visible darkening indicating the burning of hundreds of homes between January 13 and January 16. Visible destruction of a compound run by the World Food Program (WFP) and a clinic operated by the Ethiopian government run Administration for Refugee & Returnee Affairs (ARRA), took place in early January.

      Two additional WFP structures were completely obliterated by January 5 as well. The landscape outside of an Ethiopian Orthodox Church Development and Inter-Church Aid Commission-run high school was set ablaze, and the aftermath is clearly visible from space.

      “99 percent of [Shimelba’s damaged structures] were assessed as catastrophically or extensively damaged,” the organization said in a statement sent to VICE World News.

      Prior to the war, the Hitsats camp had schools, colleges, youth recreational centers, and even a beauty salon, funded by a consortium of local and international aid organizations. The DX Open Network told VICE World News that a total of 531 destroyed structures were tallied for Hitsats. Previous reporting put the figure around 400. Extensive damage to facilities run by the International Rescue Committee (IRC) and Norwegian Refugee Council (NRC), have also been recorded. The surrounding area was set alight, as was the case at similar structures across both camps. Images of smoke billowing into the air over residential dorms appear to indicate arson attacks on those structures too.

      Another compound also had the earth around it scorched, with at least eight identified cratering sites, consistent with damage caused by direct artillery rounds dating back to late November. The researchers indicated to VICE World News that this was evidence that the camp was shelled.

      “Also present in satellite imagery are groups of military-use vehicles, including a mechanised formation bivouacking in an elementary and secondary school compound within Shimelba Refugee Camp,” the DX Open Network told VICE World News. “The presence of military actors soon after the widespread razing of both camps raises questions as to whether these military actors are the same as the perpetrators of the fire-based attacks and other violence at and around the camps.”

      With the camp cut off from the outside world and out of food, survivors reportedly fled into the wilderness. At least 20,000 Eritrean refugees who had been at the two camps remain unaccounted for.

      Last week, Grandi himself traveled to Ethiopia. During his four day visit, he met with President Sahlework Zewde and got the chance to tour two of the UNHCR’s camps in Tigray. But he was denied the chance to visit Shimelba and Hitsats.

      Perhaps even more worrying, an Ethiopian government representative spoke to state media last week, and seemed to rule out the possibility of the two camps being reopened. According to the unnamed official, the two camps were “substandard,” and “inhospitable,” and had been turned into militia training sites for members of the Eritrean political opposition. No evidence for the claim was included in the report.

      “These events progressed in manner, timing, and consistency so similar to one another that it suggests that the same actor conducted the attacks on both camps with the same intent: to degrade both refugee camps’ ability to function, discourage any refugees from remaining, and ultimately prevent their use as refugee camps,” the DX Open Network told VICE World News. “In totality, these acts may constitute violations of international humanitarian and human rights law.”

      Last year, the Ethiopian government announced that it intended to close the Hitsats refugee camp citing costs, much to the chagrin of the UNHCR, which has argued the refugees, mostly escapees from unending military conscription in Eritrea, would have nowhere else to go. Eritrea’s President Isaias Afewerki has long criticized the existence of the camps, claiming that western states were using them to lure away potential recruits for his army. With the camps now rendered inhospitable, he appears to have had the last laugh.
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