• Ska : le rythme de l’indépendance.

    "Beaucoup de ces musiciens furent formés au sein de l’Alpha Boys School qui, depuis le XIXème siècle, servait de refuge aux orphelins et gamins des rues de Kingston. Dans cet établissement catholique à la discipline stricte, la sœur Marie Ignatius prend en charge la formation musicale. Elle transforme ainsi la fanfare militaire en un orchestre jouant du jazz et du blues. Parmi les anciens pensionnaires de l’école, on compte les trombonistes Don Drummond et Rico Rodriguez, le trompettiste Johnny Moore, les saxophonistes Tommy McCook, Cedric Brooks et Lester Sterling, les chanteurs Johnny Osbourne et Yellowman. Le répertoire interprété est éclectique, du classique aux marches militaires, de la musique anglaise, en passant pas le jazz (Roland Alphonso « Ska Ra Van », une reprise de Duke Ellington).

    Dans un premier temps, le ska ne bénéficie pas de passages radio, car il reste attaché à l’univers du ghetto et des mauvais garçons ; D’autant que la thématique rasta gagne du terrain sous l’influence de musiciens tels Don Drummond « Alipanga » ou Count Ossie, dont les percussions nyabinghi s’imposent sur de nombreux enregistrements. Dans ces conditions, le premier vecteur de diffusion du ska reste le sound system. Les rythmes acérés et abrasifs du genre tranchent avec la musique de danse mièvre jouée pour les touristes et diffusée par la radio nationale."

    https://lhistgeobox.blogspot.com/2025/11/ska-le-rythme-de-lindependance.html

  • Il mio nome è Balbir

    Almeno sedici ore al giorno, sette giorni alla settimana, 365 giorni all’anno, il tutto moltiplicato per sei anni. A soli ottanta chilometri da Roma, nell’#Agro_Pontino, Balbir ha lavorato in condizioni di schiavitù per una retribuzione che variava tra i 50 e 150 euro al mese. Per mangiare, rubava il cibo che il padrone italiano gettava alle galline e ai maiali. Un inferno vissuto in un Paese democratico che afferma di essere fondato sul lavoro. Balbir ha però deciso di non rassegnarsi e di ribellarsi, di combattere per la sua e la nostra libertà e dignità, rischiando la vita più volte. Un uomo in rivolta, come direbbe Camus, la cui lotta ed esempio sono il più grande antidoto contro ogni forma di razzismo, fascismo, violenza, sfruttamento e schiavismo. Lui è Balbir Singh, un bracciante indiano, e questa è la sua storia.

    https://www.peoplepub.it/pagina-prodotto/il-mio-nome-%C3%A8-balbir
    #livre #immigration #migrations #travail #travailleurs_étrangers #conditions_de_travail #Italie #néo-esclavagisme #esclavage #exploitation #caporalato

  • Des colonisations

    Qu’est ce que la #colonisation ? Comment fait-on l’histoire de la colonisation aujourd’hui ? Une fois par mois, Des Colonisations, un podcast produit pour Spectre et animé par des jeunes historiennes et historiens, propose de raconter l’histoire des femmes et des hommes en situation coloniale, Vous entendrez chercheurs, chercheuses, archivistes, enseignants ou enseignantes, et sans doute d’autres, présenter leurs travaux et leurs questionnements sur l’histoire de la colonisation. L’objectif de ce podcast, c’est de restituer cette #histoire dans sa diversité, en montrant en quoi la colonisation a été une entreprise de #domination. C’est aussi faire de comprendre comment et pourquoi la colonisation et la #décolonisation ont en partie façonné le monde dans lequel nous vivons. Ce podcast est réalisé par de jeunes historiens et historiennes membres du #Groupe_de_recherche_sur_les_ordres_coloniaux.

    La musique du générique a été créée par Jivago.
    L’image qui illustre ce podcast a été réalisée à partir d’une photograhie prise en 1992 à San Cristobal de las Casas (Chiapas, Mexique) par Roger Mazariegos, et représente le déboulonnage de la statue du conquistador Diego de Mazariegos y Porres par des paysans et des militants zapatistes.

    https://spectremedia.org/des-colonisations

    #podcast #audio
    ping @cede @karine4

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    Des épisodes sur :
    #alcool #statues #esclavage #métissage #enfants_métisses #rhum

  • Travail en prison : payé la moitié du smic, sur un « siège éjectable » - Basta !
    https://basta.media/travail-en-prison-paye-la-moitie-du-smic-sur-un-siege-ejectable

    Seulement un tiers des personnes détenues travaillent dans les prisons françaises. Face à la faiblesse de l’offre de travail, l’administration pénitentiaire entend attirer des entreprises privées. Qui profitent d’une main d’œuvre très bon marché.

    #prisons_françaises #travail_en_prison

  • Radio Canada Traite et disparition de femmes autochtones : des corrélations mises en évidence
    Plus de 1000 femmes autochtones ont disparu ou ont été assassinées au Canada.
    Les disparitions de femmes et de filles autochtones pourraient, dans bien des cas, être liées à leur exploitation sexuelle, selon un rapport de Thomson Reuters.

    En utilisant l’analyse géospatiale, l’enquête tente de mettre en évidence de possibles liens entre des disparitions de femmes un peu partout au pays et des annonces de services sexuels offerts par des femmes et des filles autochtones, qui indiqueraient, selon les auteurs, qu’elles sont victimes de traite.
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    “On sait qu’il y a une épidémie de disparitions et de meurtres de femmes et de filles autochtones aux États-Unis et au Canada”, note Mme Panton. “Ce qui est moins bien compris, c’est qu’entre la disparition et le meurtre, il peut parfois y avoir de l’exploitation sexuelle.”


    “Ce que nous avons tenté de faire avec ce rapport, c’est de superposer les publicités sexuelles disponibles publiquement avec les données sur les femmes autochtones disparues et assassinées.”

    Environ 50 % des victimes de la traite de personnes sont des femmes autochtones, alors qu’elles représentent moins de 5 % de la population totale au Canada, selon le ministère de la Sécurité publique.

    L’enquête a identifié, à partir d’une grande variété de sources, 185 cas de femmes autochtones disparues et assassinées sur une période de près de 15 ans, de 2010 à avril 2024.

    Quelque 124 de ces femmes manquent toujours à l’appel, les autres ont été retrouvées mortes. Les femmes portées disparues mais qui ont été retrouvées en vie ont été exclues de l’analyse.

    C’est dans les zones urbaines de Winnipeg, d’Edmonton et du triangle Prince Albert-Regina-Saskatoon que l’on trouve les plus fortes concentrations de cas de femmes autochtones disparues.
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    Le rapport a également analysé 3485 annonces sexuelles publiées à partir de 2016 qui prétendent offrir les services d’une femme ou d’une fille autochtone.

    “Beaucoup de ces annonces sexuelles relèvent de l’exploitation”, explique Mme Panton. “Par exemple, dans le rapport, nous avons pris une capture d’écran d’une annonce qui parle d’une femme à vendre qui est décrite comme "une petite Pocahontas". Pour avoir travaillé sur des affaires de traite d’êtres humains, nous savons que, souvent, la personne qui publie cette annonce essaie de transmettre un message. Dans ce cas, ça indique probablement qu’il s’agit d’une mineure.”

    Le langage méprisant est un bon indice qui permet aux analystes de déterminer s’il s’agit d’une situation d’exploitation, tout comme certains signes sur les photos qui pointent notamment vers l’utilisation de drogues.

    Nous voulions superposer les données, d’une part, mais aussi dénoncer qu’il y a beaucoup d’exploitation sexuelle et de trafic d’êtres humains qui ne sont pas apparents si on regarde les annonces, alors qu’il s’agit de crimes bien réels.

    Une citation de Heather C. Panton, conseillère principale, impact social et droits de la personne chez Thomson Reuters
    • 57 % des annonces sexuelles ont été publiées en Ontario ;
    • 21 % en Colombie-Britannique ;
    • 18 % en Alberta ;
    • 4 % dans les autres provinces.

    La concentration des cas de femmes disparues et des annonces sexuelles dans les zones urbaines met en évidence les efforts déployés par les trafiquants pour piéger les femmes lorsqu’elles migrent vers les villes, souligne le rapport.

    C’est en Ontario, en particulier dans la région du Grand Toronto, et à Edmonton que l’on trouve le nombre le plus élevé à la fois de disparitions et d’annonces sexuelles présentant des femmes autochtones.
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    La surreprésentation des femmes autochtones dans la traite sexuelle est un sujet largement dénoncé depuis des années par les organismes qui viennent en aide aux survivantes, souligne Josie Nepinak, présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada.

    “Ça fait au moins 20 ans que la question des femmes autochtones disparues et assassinées et les enjeux connexes, comme la traite des personnes, sont au cœur de nos préoccupations”, souligne-t-elle.

    Si le problème n’est pas nouveau, le fait de juxtaposer les deux données mérite d’être plus exploré, estime-t-elle. “Ça valide nos recherches en ce qui concerne les demande de ressources et de soutien.”
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    Seules deux des 231 recommandations du rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA), déposé en 2019, ont été complètement mises en pratique, déplore Mme Nepinak, alors que des femmes autochtones continuent de disparaître “presque quotidiennement”.

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    Nos femmes et nos filles sont ciblées, victimes de la traite et abandonnées, et le Canada ne dispose toujours pas d’un plan global et doté de ressources pour y mettre fin.
    Une citation de Kyra Wilson, grande cheffe de l’Assemblée des chefs du Manitoba

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     #prostitution #esclavage #femmes #exploitation #violence #sexe
    Source : https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/2183526/rapport-traite-disparition-femmes-filles-autochtones

  • Online Fraud Relies on a Horrifying Slave Labor Complex
    https://jacobin.com/2025/06/online-fraud-industry-slave-labor

    L’esclavage existe bel et bien et chacun risque d’en devenir victime.

    29.6.2025 by Mark Bo , Ivan Franceschini, Ling Li - Discussion of cyberfraud tends to focus on people who are cheated out of their money by scammers. But this vastly lucrative industry also relies on the forced labor of those who have been trafficked to work in prisonlike compounds in Southeast Asia

    “I don’t trust you. You are one of them, right? You all just want to sell me like some animal.” This was the first message a young Taiwanese woman named Alice (a pseudonym) sent to us when we reached out to her after she was rescued from a scam compound in Sihanoukville, Cambodia.

    Like the dozens of other survivors we met in the following months, her harrowing experience had left her unable to trust anyone. In the ensuing two weeks, as we continued to exchange messages, Alice was always on edge.

    Penniless and paperless, she was staying in a safe house in Phnom Penh together with other survivors who mostly came from mainland China, waiting to find a way to return home to the small child she had left behind.
    “I Feel Lucky”

    It took some time, but eventually someone offered to pay for her journey back to Taiwan. Just a few days before her flight, she agreed to meet with one of us in a public place. It was then that she shared her whole story:

    I feel lucky because I was rescued very quickly, basically in a week. If I had been enslaved for a year or two, I might not be able to believe in humanity anymore. I know some of the victims have been brainwashed, or some have been tortured to the point that they are numb or have developed some mental illness. And at the same time, people outside, including my own family, think that I was trafficked because I am greedy and wanted to get rich overnight. So, I need to tell my story. I need to let them know the real situation.

    Knowing that she had been tortured and sexually abused in four different scam compounds, it was shocking to hear Alice describing herself as “lucky.” She had been lured by a bogus job presented to her by a friend whom she trusted, a man in the Philippines who even paid for her visa and flight to Phnom Penh.

    When she arrived at her supposed new office in Sihanoukville, the supervisor informed her that she had been sold there to conduct online scams and that she would not be allowed to leave until she had earned enough money for the company. Threatening her with a stun gun, he said that if she did not comply, he would lock her up in a room and let several men rape her, which is exactly what happened soon after.

    “At the beginning, they tried to force me to do pig-butchering work,” she said, referring to a type of online scam, called shazhupan (杀猪盘) in Chinese, in which scammers take on fictional profiles, initiate contact with hapless marks, and then slowly gain their trust before tricking them into fake investments:

    I knew it was illegal, so I played dumb and said that I didn’t know how to type. So, they assigned me to do cleaning and paperwork. Then they sold me again and again. I was repeatedly raped and almost forced to work in a brothel-like clubhouse in the last company.

    Alice eventually found a way to post a call for help on Instagram and was rescued before being sold a fifth time. Because of that cry for help, however, everyone in her social circles has come to know what happened to her, which has led to public shaming and is making her reintegration more difficult now that she is back home. As she told us:

    I want you to write about me. I am a victim of modern slavery, but no organization is helping me. I also want to say it is not a matter of being greedy or stupid. It can really happen to anyone.

    A Booming Industry

    Alice is just one of many affected by what the media dubbed a “scamdemic,” a surge in online fraud that gained worldwide attention following the onset of the COVID-19 pandemic in early 2020. While online fraud operations can be found all over the world — one just has to think about the notorious Nigerian prince advance-payment scams — this latest wave of online fraud has largely originated from one specific region: Southeast Asia.

    It also presents some other new peculiar traits, most notably the emergence of new facilities — commonly known as scam compounds — where cyberfraud is practiced on an industrial scale by a workforce that includes a significant number of people trafficked into forced criminality. These scam compounds did not suddenly materialize out of thin air but should rather be seen as the latest development in a process that stretches as far back as Taiwan in the 1990s.

    It was at that time and in that place that entrepreneurial criminal groups began to experiment with the internet to conduct large-scale scams. As Taiwanese law enforcement caught up, from the early 2000s these scammers turned their attention to mainland China, targeting it from locations in Taiwan while also establishing operations on the mainland itself.

    Later on, in the early 2010s, as the authorities on both sides of the strait tightened up on online fraud and gambling, operations began to move into Southeast Asia, especially Cambodia, the Philippines, Myanmar, and Laos. Even from their new bases, they continued to target the Chinese market. According to our review of news reports of police raids from that time, those pioneering scam operations in Southeast Asia were often small scale and mostly located in apartments, villas, and hotel rooms.

    But soon things began to change. Although it is difficult to pinpoint an exact moment in time for this shift, available evidence indicates that from around 2016 onward these operations started to assume industrial dimensions, coalescing into bigger scam compounds. Such a trend was acknowledged by China’s Supreme People’s Procuratorate, which in a 2023 report on telecom and online fraud noted that these operations had become increasingly “monopolized” and less scattered, with large criminal groups often using “technology parks” as a cover for their activities.

    These compounds in many cases are purpose-built for online operations, with offices, dormitories, and space for shops, entertainment, and other amenities for workers. In some cases, they are office buildings attached to or in the vicinity of public-facing casinos, or they may occupy the upper floors of a licensed casino. In others, they are repurposed condominiums and apartments.
    Spinach Cities

    Many reports have focused on the presence of cyberfraud operations in special economic zones (SEZs), and a small number of such cases have been documented, for example in Cambodia and Laos. They are not the norm, however, and this reporting often demonstrates confusion between self-described “industrial” and “technology” parks and SEZs. There have also been reports of entire “spinach cities” (菠城 bocheng) — a pun on the Chinese word for “spinach” (菠菜 bocai), a homophone for “gambling” (博彩 bocai) — purpose-built, especially in Myanmar’s border areas, to host these types of operations.

    As their business thrived, scam operations — most of which were still run by criminal groups from mainland China and Taiwan — increasingly resorted to deceptive and violent methods to recruit and retain their staff. Starting from around 2018, stories began appearing on Chinese-language social media of Chinese individuals getting tricked and often smuggled into Cambodia to work in scam compounds that they were not allowed to leave.

    There were also reports of Chinese nationals being kidnapped off the streets in places such as Sihanoukville, sold to scam operators by supposed friends and acquaintances, or reluctantly entering the industry due to unserviceable debts. Meanwhile, many individuals who had found their way into the sector knowing what kind of work they would be doing also found themselves trapped, their documents taken away, and their liberty restricted.

    When COVID-19 happened, it was a game changer. The industry was already expanding rapidly, but as scam operators were achieving record profits capitalizing on the misery and loneliness of people stuck in endless lockdowns, they needed a steady stream of new people to sustain their business. Still, travel restrictions made recruitment more challenging than ever.

    After the containment measures imposed by the Chinese authorities in early 2020 dried up the flow of new workers arriving through legal channels from mainland China, criminal groups running scam companies increasingly resorted to smuggling people out of the country. Whether they knew what they were getting into or not, these individuals often found themselves trapped in scam compounds, unable to return home because they lacked proper documents and, in many cases, had incurred substantial debts to their smugglers.

    At the same time, Chinese nationals already stranded abroad, often unemployed and facing financial hardships after losing their livelihood because of the pandemic, found themselves increasingly vulnerable. Many of them needed to make a living, no matter how, and entered the scam compounds.
    Expanding Their Reach

    During the pandemic, scam operations in Southeast Asia also expanded their reach beyond the Sinophone world. We were able to locate an early instance of a non-Chinese person trapped in a scam compound: in summer 2021, the local press in Cambodia reported that the husband of a Philippine national was claiming that his wife was being held against her will in a compound in Sihanoukville.

    She had responded to a job ad posted on Facebook, and upon arrival her passport was immediately confiscated. Only after her story appeared in the English-language media was she allowed to leave and return home.

    Today the workforce in Southeast Asia’s scam compounds is very diverse, with international organizations active in the region claiming to have handled cases of at least forty nationalities trapped there. With most cases going unreported, many more nationalities are likely to have gone unrecorded.

    Since the end of the pandemic, the industry continues to expand. The scam-compound model — that is, cyberfraud on an industrial scale, often performed by people being held in conditions akin to modern slavery — was so successful that the existence of such facilities has now been documented far and wide. In early 2023, the United Arab Emirates began making headlines as an online scam and human trafficking hub.

    In a global warning issued in June 2023, Interpol said scam operations fueled by human trafficking had spread to West Africa. The same month, media outlets reported the discovery of the bodies of eight young workers who had tried to quit their jobs at a cartel-run scam call center in Mexico, only to be brutally murdered and dismembered.

    Later that year, over forty Malaysians were rescued from a scam operation in Peru, and in 2024, a police raid on a cyberscam operation in Zambia led to the eventual trial and sentencing of over twenty Chinese nationals to up to eleven years in jail. This was followed by the arrest of over a hundred Chinese and Malaysians for “cybercrimes” in Nigeria and dozens of Chinese nationals in an Angolan call center.
    Scam Patterns

    Official data on the impacts of cyberscams are partial at best, in that they only consider reported cases in an industry where self-reporting is notoriously low as victims often feel too ashamed to share what happened to them. Also, scam patterns and the way law enforcement categorizes them vary considerably from country to country, making it difficult to have a coherent and consistent dataset. Nevertheless, the available data are enough to give us a glimpse of the massive size of the industry today.

    As we have seen, the Sinophone world is one of the main targets of these operations. In 2023 alone, the Chinese authorities claimed to have uncovered over 437,000 cases of telecommunication fraud and managed to stop scams with a total value of CN¥328.8 billion, roughly equivalent to US$45.29 billion. In the same year, the Hong Kong authorities recorded 39,824 cases of fraud (a 3.8-fold increase from 2018), 70 percent of which were internet-related, for a total loss of over HK$9 billion (US$1.15 billion).

    In Taiwan, an all-time high of NT$8.878 billion (US$270 million) was reportedly lost to scams in 2023. As for Singapore, the losses that year amounted to SG$651.8 million (US$492 million) in a record-high 46,563 reported cases — the third year in a row that Singaporean citizens had lost over SG$600 million to scams perpetrated by “syndicated, well-resourced, and technologically sophisticated” scammers based overseas.

    Southeast Asian countries have also been heavily targeted due to their geographical proximity to the scam operations. According to official data, in Thailand over THB63 billion (US$1.79 billion) were lost to cyberscams reported between March 2022 and May 2024. In Vietnam, almost 17,500 fraud cases were reported in 2023 to a portal operated by the Ministry of Information and Communications, for a total loss of more than VNĐ300 billion (US$12.24 million). The Malaysian authorities recorded RM1.218 billion (US$280 million) in losses to online scams in 2023.

    It has also been well documented how online frauds have targeted people far beyond the region. In 2023, the FBI Crime Complaint Center received more than 69,000 complaints from the public regarding financial fraud involving the use of cryptocurrency, including investment, tech support, extortion, romance, government impersonation, and other types of scams. Estimated losses amounted to more than US$5.6 billion, almost 50 percent of the total losses associated with financial-fraud complaints.

    While it is not possible to know for certain how many of these cases have links with Southeast Asia, given the timing and techniques employed we can safely assume that operations in Southeast Asia played an important role in this explosive growth. In one remarkable instance in which the Southeast Asia connection became explicit, the Sydney Morning Herald reported on an Australian woman duped into investing in fake cryptocurrency.

    After realizing she had been defrauded, she confronted the scammer, who confessed his identity as a twenty-year-old trapped in a scam operation being run from a compound in Cambodia. He told her that his bosses would punish him for poor performance and that he needed CN¥300,000 (US$63,000) to be released.
    Victims

    Stories such as the one that this man told his Australian target bring us back to how the current wave of online scams relies in part on the exploitation of an army of laborers, many of whom are forced to work under duress. Evidence has been mounting that today there are potentially hundreds of thousands of people toiling in hundreds of scam operations across Southeast Asia and beyond. While some enter willingly in the hope of making money, many others do not.

    Regardless of how people find their way into the compounds, often they are not allowed to leave without paying a substantial fee. Rescuers and anti-trafficking groups describe such payment as a “ransom,” and it sometimes amounts to tens of thousands of dollars. There is overwhelming evidence that torture, violence, and brutality are prevalent within many of these operations.

    Rescues are sporadic at best, hampered by the complicity or inaction of local officials, protection of local elites, and the mobile nature of the industry — which, to make things worse, is in some cases located in remote areas or even active conflict zones. While largely the results of educated guesswork, estimates for the numbers of people involved are staggering.

    In a 2023 report, the United Nations Office of the High Commissioner for Human Rights stated that “credible sources” indicated that at that time at least 120,000 people may have been held in situations where they were forced to carry out online scams in Myanmar, with another 100,000 in Cambodia.

    Officials in both countries reacted angrily to this report, but in 2022 a senior official at the Cambodian Ministry of Interior admitted that the authorities estimated some 100,000 people in the country had been involved in “illegal online gambling” — a euphemism often used by the Cambodian government to refer to online scam operations — before a short-lived crackdown was launched in September 2022. Although he was referring to the overall workforce and not those who had been trafficked or forced to work, this gives an indication of the size of the industry.

    #trvail #esclavage #exploitation #internet

  • [Nantes] Sur les traces de nôtres
    https://nantes.indymedia.org/events/148785/sur-les-traces-des-notres

    Deux jeunes cinéastes engagés suivent le parcours d’une styliste afro qui s’en va à la rencontre du Cercle du marronnage, dans la ville de #Nantes, autrefois principal port négrier de France. À travers la création de tenues symboliques, la transmission orale et les formes artistiques engagées, ce projet interroge l’héritage…

    #Esclavage #Justice #Maronnage #mémoire #Studios_Bellarue_17

  • [Nantes] #Visite maronne du #Mémorial de #Nantes
    https://nantes.indymedia.org/events/148787/visite-marronne-du-memorial-de-nantes

    PROGRAMME 28 JUIN 2025 – Mémorial de Nantes DEVOIR DE TRANSMISSION – Agenda Label Mawon Mir/Crch L’art, la mémoire, l’histoire et l’engagement afro se croisent pour ouvrir des chemins de Transmission et de Réparation par Le Cercle du marronnage. PARTIE 1 17H30-18H15 sur l’Esplanade du Mémorial : Initiation à la…

    #Esclavage #Maronnage #mémorial_de_l'esclavage #Quai_de_la_Fosse

  • Faux indépendants : #Deliveroo fait face à une pluie de #condamnations

    Plusieurs dizaines de décisions rendues récemment par la cour d’appel et les prud’hommes confirment que la plateforme de livraison aurait dû faire travailler les #livreurs en tant que #salariés, et non comme #autoentrepreneurs. L’entreprise assure que son modèle actuel est désormais légal.

    Année après année, et quel que soit le type de juridiction, la justice française dresse le même constat : la plateforme de livraison de repas Deliveroo aurait dû traiter comme des salarié·es les livreurs et livreuses qui, pendant des années, ont apporté leurs repas et leurs courses aux consommateurs et consommatrices.

    En les obligeant à exercer en tant qu’autoentrepreneurs alors qu’elle les maintenait dans une situation de #subordination, l’entreprise leur a fait porter le coût des #cotisations_sociales qu’elle aurait dû verser à l’Urssaf et les a privé·es des avantages liés à un #contrat_de_travail : paiement des heures supplémentaires, congés payés, droit au chômage, meilleure couverture sociale.

    Le 28 mai, la cour d’appel de Paris a rendu vingt-deux décisions donnant tort à Deliveroo et requalifiant en contrats de #travail les contrats liant l’entreprise à autant de livreurs ou livreuses. En première instance, l’entreprise avait été victorieuse dans plusieurs de ces dossiers. Neuf autres décisions, qui iront sans doute dans le même sens, sont attendues pour le mois de juillet.

    Interrogée par Mediapart, la société Deliveroo n’a pas indiqué qu’elle se pourvoirait en cassation, ces condamnations sont donc définitives. Tout comme vingt-quatre jugements prud’homaux de première instance, rendus en janvier dernier : Deliveroo avait fait appel des décisions, mais a renoncé à rendre ses conclusions à temps, laissant la procédure s’éteindre d’elle-même. Dans l’un de ces derniers dossiers, un livreur avait été licencié pour avoir fait grève, un droit pourtant à valeur constitutionnelle.

    La situation est embarrassante pour l’entreprise, dont la revente à #DoorDash, géant américain de la #livraison de repas, est en passe d’être finalisée, pour 3,4 milliards d’euros. En parallèle, une autre chambre de la cour d’appel a donné raison à quatre livreurs ayant travaillé pour #Foodora, une autre entreprise de livraison qui a quitté la France en 2018 et qui sera jugée au pénal courant 2026.

    L’avocat Kevin Mention, à la manœuvre dans tous ces dossiers, savoure en revanche le moment. « Ces décisions nous permettent d’affirmer que 100 % de nos recours sont favorables aux #coursiers après correction des quelques jugements de première instance, rendus par des juges non professionnels », se réjouit celui qui est un opposant historique à l’ubérisation des livreurs et coursiers.

    Il y a trois ans, le 22 avril 2022, Deliveroo avait été condamnée au pénal à 375 000 euros d’#amende pour les même faits : « le détournement planifié et généralisé » du #statut_d’indépendant entre 2015 et 2017, à une époque où l’entreprise s’installait en France et faisait donc travailler peu de monde – un peu plus de 2 000 personnes, contre au moins 60 000 aujourd’hui.

    En septembre 2022, trois des anciens dirigeants de l’entreprise ont vu leur #condamnation à des amendes confirmées en deuxième instance, tandis que leurs peines de prison ont été annulées. Deliveroo avait, elle, renoncé à faire appel.

    Volonté d’échapper aux cotisations

    Les jugements d’appel rendus fin mai concernent cette fois des dossiers individuels. « La cour d’appel a fait un travail énorme, en citant explicitement dans chaque cas plusieurs pièces issues des dossiers, là où des affirmations plus générales auraient été suffisantes, souligne Kevin Mention. J’y vois une volonté de montrer qu’elle accorde une importance à ces dossiers et que tout a été analysé avec précision. »

    Au fil des décisions, les juges ont pointé un à un les nombreux critères montrant que les livreurs n’étaient pas de vrais #travailleurs_indépendants.

    « Le livreur ne fixe pas librement ses tarifs, ne se constitue aucune clientèle propre, n’organise pas son travail, est contrôlé et est sanctionné dans le choix de ses horaires. Il est en outre soumis à une régularité de travail, sans qu’aucun élément ne permette d’établir qu’il choisisse lui-même ses horaires de connexion », écrivent-ils par exemple.

    « Les éléments relevés dénotent la direction et le contrôle exercés sur les livreurs qui font de ces derniers des #salariés », soulignent-ils ailleurs. Et ils rappellent les conséquences financières de cette stratégie, maintenue année après année : « L’évolution des contrats de prestations au fil des années alors que le fonctionnement de la société est resté le même établit la volonté de la société Deliveroo d’échapper au paiement des cotisations pour les livreurs qui étaient sous la subordination juridique de l’entreprise. »

    L’entreprise est donc tenue de payer elle-même les dizaines de milliers d’euros de cotisations sociales qu’elle s’était épargné de régler jusque-là. Quant aux livreurs et livreuses, ils et elles obtiennent chacun·e des dizaines de milliers d’euros – avec un record à presque 130 000 euros – sous forme de rattrapage d’heures supplémentaires non payées, de congés payés, de préavis de licenciement et d’indemnités diverses.

    « C’est une forme de #reconnaissance. J’ai été victimisée pendant des années, et là, la justice reconnaît notre souffrance », souffle Marie*, une intermittente du spectacle qui, la soixantaine passée, a enfourché son vélo en région parisienne de 2017 à 2021 « pour gagner des clopinettes ». Pendant plusieurs mois, elle a travaillé plus de quatre-vingts heures par semaine, « juste pour gagner le Smic », pleinement consciente de vivre « un #cauchemar ». Un mot qui revient avec insistance dans son témoignage.

    « Vous devenez une #esclave pour 30 euros par jour, vous entrez dans un #engrenage où vous bossez tout le temps, la nuit, le week-end. Tout en sachant que la manière dont l’entreprise vous fait travailler est illégale, témoigne-t-elle. Ils voulaient que je sois autoentrepreneuse pour ne pas payer de charges, mais ils me maintenaient en même temps dans une forme de #dépendance vis-à-vis d’eux. Ils voulaient gagner sur tous les tableaux. »

    Marie avait été déboutée aux prud’hommes, mais a gagné en appel, « très contente qu’ils se fassent démolir par la justice ». Plus flegmatique, Marc* est dans la même situation. Lui travaillait à scooter dans le Sud-Ouest, entre 2017 et 2021. « Le soir où ils ont supprimé mon compte de livreur, soi-disant parce que j’avais fait des doubles courses pour Deliveroo et Uber en même temps, j’ai écrit à Me Mention, dont j’avais repéré les messages dans les groupes de messageries de livreurs, raconte-t-il. J’étais confiant, la condamnation de l’entreprise est amplement méritée. »

    L’administration a validé le modèle actuel de Deliveroo

    Si elle ne s’étend pas sur les décisions de justice, Deliveroo insiste sur le fait que « les livreurs concernés par cette décision opéraient, pour l’essentiel, via un contrat historique », ancien. Depuis, assure la société, « le modèle opérationnel de Deliveroo a profondément changé et a été reconnu par les pouvoirs publics comme reposant sur une collaboration avec de véritables prestataires indépendants ».

    Cette question est au cœur du débat. Pour la plateforme de livraison, les raisons pour lesquelles elle a été condamnée pour ses pratiques de 2016 et 2017 ont disparu, et il n’existe plus de lien de subordination, et donc de contrat de travail entre elle et les livreurs et livreuses. Depuis 2020, elle a notamment supprimé les plannings et les différentes catégories de livreurs et livreuses qui pouvaient s’y inscrire en priorité ou non.

    Les sanctions en cas de refus de course ou de retards ont aussi officiellement disparu, tout comme les instructions directes pendant une course. C’est d’ailleurs ce qu’attestent des constats d’huissiers, établis en 2023, qu’elle a présentés dans les dossiers jugés par la cour d’appel – ils n’ont pas été pris en compte puisqu’ils concernent une époque postérieure aux faits qui étaient jugés.

    Mais l’avocat Kevin Mention prend ces affirmations avec circonspection. « Les jugements que nous avons obtenus concernent des faits qui se sont déroulés bien après ceux qui ont été jugés au pénal, et qui concernaient les débuts de l’entreprise jusqu’en 2017, rappelle-t-il. Nous parlons de coursiers qui ont commencé à travailler en 2018 ou 2019, et ils disposent de nombreux éléments montrant qu’au fond, les pratiques de Deliveroo n’ont pas changé. Les contrôles sur la vitesse et le parcours perdurent, par exemple. »

    Sur ce point, Deliveroo est ferme et met en avant un soutien de poids : « L’administration a reconnu que le modèle actuel de Deliveroo proposait bien un véritable #travail_indépendant, ce dont nous nous réjouissons », déclare la plateforme. Selon nos informations, elle a en effet obtenu que l’#Urssaf donne officiellement son accord concernant son modèle actuel, comme elle l’a affirmé à plusieurs reprises lors de diverses audiences.

    Cette prise de position de l’Urssaf est un revirement spectaculaire. C’est en effet cette administration qui avait lancé la procédure ayant finalement abouti au procès pénal de 2022. Et comme Mediapart l’avait raconté, elle avait aussi adressé au parquet de Paris un signalement pour la période postérieure. Elle avait aussi envoyé à l’entreprise une très lourde demande de redressement d’au moins 100 millions d’euros, visant à lui faire payer les cotisations sociales pour les dizaines de milliers de livreurs et livreuses dont elle estimait à l’époque qu’ils et elles auraient dû être salarié·es.

    Une menace existentielle pour Deliveroo, qui avait entamé avec l’Urssaf des négociations sous haute tension, embauchant comme avocat le maire de Meaux et ancien ministre Jean-François Copé et nommant une administratrice judiciaire pour mener les discussions en toute confidentialité.

    L’entreprise a désormais clos ce chapitre et envisage l’avenir de manière bien plus sereine. Elle se prépare tout de même à affronter d’autres épisodes judiciaires : d’ici l’automne prochain, une centaine de décisions concernant des livreurs et livreuses auront été rendues par les prud’hommes et la cour d’appel. Et surtout, Kevin Mention prépare le dépôt d’une #plainte pénale sur les pratiques de Deliveroo pour la période post-2017. Il annonce avoir réuni plus de cent ex-forçats des livraisons, prêts à unir leurs forces contre la plateforme.

    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/090625/faux-independants-deliveroo-fait-face-une-pluie-de-condamnations
    #ubérisation #justice #droit_du_travail #exploitation

  • Rage against the racism. Prendre le temps de penser, s’armer avec les sciences sociales

    « It’s raining haine miskina » - Les moules s’en frittent

    Dans le contexte actuel d’attaques contre les personnels de l’université sur les questions de #discrimination ainsi que contre les militantes et militants qui luttent sur ces questions, nous souhaitons donner des éléments de compréhension de ce qui se joue dans notre université suite à la #censure par le président de l’UGA d’œuvres d’art sur notre campus.

    –-
    Signer la pétition intersyndicale : pour le rétablissement de l’intégrité de l’œuvre artistique réalisée par les étudiants et personnels de l’UGA pendant le « #Mois_de_l’égalité », exposée dans la galerie des amphithéâtres du bâtiment Pierre Mendès France :
    https://mobilisation-uga.ouvaton.org/2025/05/21/petition-pour-defendre-la-liberte-dexpression-a-luga
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    Très récemment, l’#UNI, soutenue par des médias d’extrême droite (CNews) et de droite réactionnaire (Le Figaro), s’est offusqué de l’affichage (sous forme de stickers) de messages construits et produits lors d’activités organisées pour le mois de l’Égalité. L’UNI a aussi annoncé avoir porté #plainte contre l’Université. Le président a décidé suite à cela de faire retirer certains de ces stickers qui selon lui « sont incompatibles avec les #valeurs et les #principes républicains que l’université incarne ».


    Le communiqué du président, puis son message à tous les personnels, relayé à sa demande expresse dans certaines structures (notamment plusieurs laboratoires), soulève plusieurs questions de fond, notamment quant aux « valeurs » et aux « principes » mentionnés.

    Quelles sont ces « valeurs » et « principes » qui sont mentionnés, mais jamais définis explicitement par le président ?

    Qui décide, et comment, quelles sont ces « valeurs » ? Est-on sûr·es qu’elles soient largement partagées dans notre communauté universitaire ?

    Comment ces valeurs sont-elles censées être mises en œuvres, sans réponse à ces premières questions ?

    Les décisions prises, de communications, et de censures de certains messages, ont été prises sans consulter aucune instance représentative. Au vu du contenu des écrits du président, on peut aussi légitimement se demander si les personnels et services compétent·es ou expert·es de ces questions ont bien été impliqué·es ou au moins consulté·es pour ces décisions et communications.

    Dès les premiers articles parus dans les médias, et en prévention d’éventuelles réactions irréversibles, la CGT a pris contact avec le président avant que les messages ne soient enlevés, et s’est rendue disponible pour échanger avec lui sur ces questions que l’on sait sensibles. Cet échange n’a finalement pas pu avoir lieu. Les méthodes de communication du président, qui choisit lui-même, plutôt que le dialogue apaisé, de diffuser au maximum sa propre analyse, nous contraint à des modes d’échanges publics que nous regrettons, mais qui nous paraissent nécessaires pour rétablir un peu d’équilibre et de pluralisme dans l’analyse de la situation.

    Voici donc quelques clés pour vous faire une idée par vous même, loin des discours réducteurs et simplistes.

    Prenons par exemple l’accusation de « #racisme_anti-blanc », lancée sur CNews en particulier.

    Le #racisme kesako ?
    À part pour les personnes qui militent ou qui se forment sur ces questions-là, la question peut sembler absurde. Voyons, nous savons toutes et tous ce que c’est que le racisme ! Sauf que c’est un peu plus compliqué que ce qu’on peut penser au premier abord.

    Si on pense que le racisme c’est insulter une personne pour ce qu’elle est, alors oui tout le monde peut en être victime. Cela semble simple… sauf que. Nous y reviendrons plus bas.


    En revanche, si on considère le racisme par ses conséquences sociales ou par le biais de la statistique, alors tout d’un coup les choses changent. En effet, statistiquement, en France, les personnes qui sont discriminées dans l’accès au logement, l’accès au travail, l’accès aux stages, le droit à la santé, ou les personnes victimes d’agressions racistes ou des violences policières, ce sont les personnes identifiées comme noires, arabes, musulmanes, juives, roms ou asiatiques [1]. Pas les personnes perçues comme blanches.

    Cela ne veut pas dire que ces dernières ne vivent pas des situations sociales difficiles mais être non-blanc·he implique un risque largement accru de vivre des #discriminations et des #violences_sociales.

    Revenons sur la question des insultes et du fameux « racisme anti-blanc » si cher à l’extrême-droite.

    Statistiquement, ce racisme en direction des blancs est inexistant. Par exemple, il est socialement toujours avantageux d’être identifié comme blanc pour trouver un logement ou un emploi.

    Quelques repères pour comprendre certains concepts
    Personne racisée : il s’agit non pas de dire que ces personnes sont d’une race différente mais bien de dire qu’elle subissent une assignation à l’appartenance à un groupe supposé (« les noirs », « les arabes » par exemple) et aux #représentations_racistes qui y sont attachées.

    Blanc : utiliser les termes « noir » ou « asiatique », etc, qui renvoie à une caractéristique biologique floue (couleur de peau, forme du visage, …), ou à une origine supposée, peut sembler étrange pour des militants de l’#anti-racisme. Sauf que cela recouvre des réalités sociales de discrimination et de violence. L’utilisation du terme « blanc » est une façon de renvoyer les personnes non racisé·es à leurs caractéristiques pseudo-biologiques, comme pour les personnes racisées. Sauf que dans ce cas, cela ne recouvre pas des réalités de #discriminations.

    #Privilège_blanc : les avantages qu’ont les blancs dans les différentes sphères (accès au logement, à l’emploi etc) en comparaison des personnes non blanches, sans qu’ils ou elles s’en rendent compte. On peut de la même façon parler de #privilège_masculin pour parler de la question féministe, de #privilège_bourgeois pour parler de déterminisme social, de #privilège_valide pour parler du handicap, de privilège lié à l’âge, etc.

    #Intersectionnalité : l’idée ici est de dire que ce que subit une personne discriminée par plusieurs critères n’est pas la simple addition de chacun des effets associés. Par exemple, ce que subit comme violence sociale une femme noire n’est pas la simple addition des violences racistes et des violences sexistes. Le monde n’est pas linéaire, les représentations complexes.

    #Racisme_structurel : on utilise cette expression quand un effet raciste est fortement ancré dans la société. Il n’est pas forcément la conséquence d’une intention directe mais peut aussi l’être d’une façon d’organiser la société, un procédé administratif, etc. et de représentations racistes établies. On peut aussi parler de sexisme structurel, de validisme structurel, etc.

    #Woke : c’est aussi l’occasion de rappeler ici que le terme woke est utilisé depuis longtemps aux États-Unis, qu’il désigne simplement pour les personnes victimes de racisme le fait de rester éveillées sur ces questions et de ne rien laisser passer. Ce n’est en rien une théorie, juste un slogan pour la mobilisation et la vigilance.

    Murs blancs, peuple muet

    Revenons sur les #stickers, créés dans le cadre d’un #atelier organisé à l’occasion du mois de l’égalité, stickers qui ont été tant décriés par l’UNI et les médias de droite réactionnaire et d’extrême droite. Les réactions de ces médias servent le programme politique de l’#extrême_droite qui se présente aujourd’hui comme anti-raciste et premier rempart contre l’antisémitisme, alors que les liens des partis concernés ou des propriétaires de ces grands médias avec les mouvements néonazis ou ouvertement racistes, homophobes et sexistes sont parfaitement établis.

    Mais il n’est pas inutile, pour les personnes non spécialistes et honnêtes intellectuellement, de donner quelques clés de lecture de certains des stickers incriminé.

    Parmi les 32 messages initiaux, collés lors de l’atelier, et qui sont restés un mois et demi sur les vitres, seuls 16 restent intacts à l’heure actuelle. Les 16 autres ont donc été soit effacés à la demande du président, soit vandalisés. Le président n’ayant pas précisé quels messages étaient « incompatibles avec les valeurs », difficile de connaître le responsable réel de l’effacement de chaque message ; reste que nous faisons le lien entre la #censure_institutionnelle largement revendiquée, qui ouvre la porte au #vandalisme des messages restants.

    Voici les phrases qui ont été retirées :

    – « La Terre est monochrome comme un arc-en-ciel, le racisme est juste blanc »
    – « Le monde a mal, normal, il est dirigé par des blancs et des mâles. »
    – « Le bruit et l’odeur de la lacrymo et de la peur, dans les quartiers où les fachos sont passés. »
    – « Halal z’enfants de la patrie »
    – « J’aimerais grand remplacer le gouvernement français »
    – « Il était une fois des corps de mille couleurs illuminant le ciel d’un nuage iridescent les cœurs » (waaaa <3)
    – « Les fascistes c’est comme les enfants, c’est mieux chez les autres »
    – « Toutes les soirées en amphi mais pas de diplôme à la sortie. Qui suis-je ? » (à l’envers, en-dessous : « Le personnel de ménage »)
    – « Ce n’est pas du racisme, c’est une question de culture mais ce sont eux qui font votre couture »
    – « La pookie dans le faf »
    – « Aux échecs comme dans la vie, les blancs ont un coup d’avance »
    – « Racines emmêlées qui renvoient à une même forêt »
    – « Le bruit hait l’odeur »
    – « C’est le travail d’arabe qui a construit Versailles »
    – « L’amour est enfant de Bohème mais on les a mis dans des HLM »

    Sur ces 15 messages seuls 3 parlent explicitement des « blancs » ; les actions de censure ou de vandalisme visaient donc plus largement certains messages du fait de leur simple caractère politique.

    Ces messages nous inspirent ces quelques explications ou interprétations possibles, forcément partielles et partiales, comme le sera toute interprétation de messages à portée artistique.

    La notion de « #hiérarchie_des_races » a été inventée en Europe au moment où celle-ci a commencé à conquérir le monde. Nos plus grands penseurs de la Renaissance et des Lumières, que nous adorons citer, nos penseurs et scientifiques des 18ème, 19ème et 20ème siècles ont produit des textes d’un racisme incroyable, justifiant la domination coloniale et esclavagiste ainsi que l’antisémitisme par des #théories_racistes. C’est une production de notre civilisation européenne et il faut bien le reconnaître. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de violence ou d’#esclavage avant. Mais la théorisation de la #hiérarchisation_des_races comme justification à ces violences, c’est chez nous, européens. Cela appartient à notre civilisation. Et cela a permis de justifier les pires horreurs, de l’extermination quasi complète des peuples autochtones d’Amérique, l’esclavage des peuples noirs d’Afrique pour remplacer cette population, les massacres de la colonisation comme à Madagascar, en Algérie, en Indochine comme dans toutes les colonies qu’elles soient françaises ou pas, et bien évidemment la solution finale nazie contre les juifs et les roms. En ce sens, le racisme est blanc.

    Le racisme au sens de domination sociale est produit et maintenu par les dominants, les décideurs. Or dans nos sociétés européennes, très majoritairement, les dominants sont blancs. En ce sens, le racisme est (majoritairement) blanc.

    Même lecture sociale : en France comme dans de nombreux pays qui dominent économiquement, ceux qui dirigent font partie des catégories privilégiées : des blancs, des #hommes, CSP+ qui n’ont aucun intérêt objectif à voir les choses s’améliorer pour les autres. Et la lutte pour l’égalité passe bien évidemment par la question démocratique, la question de la légitimité de nos représentants (voir leurs catégories socio-professionnelles, leur genre, leur couleur, leur age, ...) ainsi que des ministres qui sont par exemple très nombreux à être millionnaires.

    Il s’agit de dénoncer le racisme comme phénomène social et structurel. Le privilège blanc.

    Pour en revenir au contexte


    Le racisme est bien du côté de l’UNI dont plusieurs de ses membres ont soutenu des candidats aux élections objectivement racistes et parfois multi-condamnés pour cela, ou qui sont aussi membres de partis d’extrême droite.

    Le racisme est dans le camp du RN et de Reconquête qui utilisent des signes distinctifs de ralliement appelés #dog_whistles (https://blogs.mediapart.fr/ilkor/blog/211222/les-dog-whistles-des-extremes-droites-liste-non-exhaustive) pour continuer à communiquer et militer avec les pires militants néonazis et racistes.

    Le racisme est du côté du #ministre_de_l’Intérieur qui désigne systématiquement les musulmans comme la source de tous les maux.

    Il est du côté du président de la République qui laisse depuis des mois les Palestiniens se faire massacrer sans réagir sérieusement, et laisse depuis des années les migrants crever en Méditerranée et dans l’Atlantique en laissant les ONG agir dans des conditions déplorables.

    Dans notre Université, le choix du Président de qualifier de non conforme à nos valeurs les stickers cités plus haut, les retirer, sans en faire l’analyse, sans discuter avec le groupe qui les a créés, est un cadeau fait à l’UNI et à l’extrême droite, ainsi qu’aux médias tenus par celle-ci. C’est un manque de respect et de solidarité avec les personnels et les étudiant.es qui ont passé du temps à travailler pour produire ces œuvres, et à qui nous apportons tout notre soutien. C’est une porte ouverte aux prochaines attaques racistes et réactionnaires qui ne manqueront pas de venir.

    –---

    [1] Pour creuser la question, de nombreux travaux et études sont disponibles : voir par exemple le dossier « Racisme et discrimination » de l’Ined (https://www.ined.fr/fr/ressources-methodes/etat-de-la-recherche/racisme-et-discrimination), les rapports de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) (https://www.cncdh.fr/actualite/cncdh-publie-le-rapport-2023-lutte-contre-racisme-antisemitisme-xenophobie), le guide de ressources UGA « Lutter contre le racisme et l’antisémitisme » (https://www.univ-grenoble-alpes.fr/lutte-contre-le-racisme-et-l-antisemitisme/guide-de-ressources-de-lutte-contre-le-racisme-et-l-antisemitism), l’enquête « ACADISCRI : Inégalités de traitement, conditions d’étude et de travail dans l’enseignement supérieur et la recherche (https://acadiscri.hypotheses.org).

    https://cgt.fercsup.net/syndicats/auvergne-rhone-alpes/universite-de-grenoble/uga/article/rage-against-the-racism-prendre-le-temps-de-penser-s-armer-avec-les-sci

    #UGA #Université_grenoble_alpes #petite_poissonne #tags #graffitis #art #oeuvres_d'art #ESR #universités #France

    ping @karine4

  • France Travail : des robots pour contrôler les chômeurs·euses et les personnes au RSA
    https://www.laquadrature.net/2025/05/22/france-travail-des-robots-pour-controler-les-chomeurs%c2%b7euses-et-le

    France Travail déploie actuellement des robots visant à automatiser et massifier le contrôle des personnes inscrites à France Travail. Depuis le 1 janvier 2025, cela inclut également les personnes au RSA. Il s’agit d’une nouvelle…

    #Surveillance

  • #femmes #chine #esclavage

    Chine : Quand une Vidéo Révèle l’Inimaginable - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=zNT4RHpjSjQ

    Un influenceur chinois prénommé Dong Zhimin fait un carton sur les réseaux sociaux en partageant son quotidien avec ses huit enfants. Il est devenu si populaire qu’un jour, un autre influenceur décide de lui rendre visite pour une collaboration… Et c’est là qu’une découverte atroce va être faite…

    Bon voyage...

    ►Sommaire :

    00:00 - Intro
    00:59 - Dong Zhimin
    06:07 - La Femme Enchaînée
    19:57 - Réseaux
    26:16 - Sentence
    29:29 - Sans Fin

    ►LIENS :

    Article du Vision Times :
    https://www.visiontimes.fr/actualite...

    Article du China Daily :
    https://www.chinadaily.com.cn/a/20230...

    Video de Let’s Real Talk :
    • Game changer in China ? The Chinese le...

    Video de Shasha77 :
    • 中國人口拐賣,為何難以根絕?「徐州八孩案」引爆中國輿論憤怒!《 左邊鄰居觀...

    Article du EpochTimes :
    https://hk.epochtimes.com/news/2025-0...

    Article de Reuter :
    https://www.reuters.com/world/china/a...

    Video de Dark Asia Megan :
    • Chained like a dog for years, forced ...

    Video de Laowhy86 :
    • Chained Woman in China - The True Story

    Article de Radio Taiwan :
    https://www.rti.org.tw/news/view/id/2...

    Article du Ourjiangsu :
    https://www.ourjiangsu.com/a/20230407...

    Article de Aboluowang :
    https://www.aboluowang.com/2022/0216...

    Article sur la Shangai Red House :
    https://www.whatsonweibo.com/uncoveri...

  • #Daniel_Veron : « Le #rejet social des #travailleurs_migrants renforce leur attrait économique »

    Les travailleurs migrants sont souvent perçus comme indispensables pour l’économie de leur pays d’accueil, tout en étant stigmatisés et désignés comme indésirables. Cette apparente contradiction n’en est pas une, explique le sociologue Daniel Veron, maître de conférences à l’université de Caen et auteur de Le travail migrant, l’autre délocalisation (La Dispute, 2024).

    C’est justement parce que ces travailleurs étrangers sont stigmatisés qu’ils sont corvéables à merci et que leur embauche est si intéressante pour les employeurs, rappelle-t-il en soulignant notamment qu’avec l’intérim et l’ubérisation, les travailleurs sans papiers sont toujours les premières victimes de la précarisation du travail. Ils en sont même les cobayes, avant extension à l’ensemble des travailleurs.

    Le chercheur, qui voit dans le travail migrant une forme de « délocalisation sur place » et discute la notion de « métiers en tension », propose quelques pistes pour lutter contre le dumping social et améliorer le sort de ces travailleurs.

    Vous avez étudié l’exploitation moderne du travail des étrangers dans plusieurs pays (Argentine, France et Canada). Quand est-elle apparue et pourquoi ?

    Daniel Veron : L’histoire du recours à des déplacements de populations pour exploiter leur travail est très ancienne, on pourrait la faire remonter à l’esclavage. Mais dans sa forme moderne, cela se joue entre le XIXe et le XXe siècle, concomitamment au développement des Etats-nations et des balbutiements de la protection sociale. Les premières lois organisant la migration de travail apparaissent en même temps que les premières règles protégeant les droits des travailleurs, afin justement de commencer à contourner ces régulations, en faisant en sorte soit qu’elles ne s’appliquent pas aux étrangers, soit que le statut infériorisé de ces popula­tions justifie qu’on les paye – et les traite – mal.

    En France, comment se sont construites les politiques d’immigration qui font des travailleurs migrants des « indésirables mais indispensables » ?

    D. V. : L’édifice des politiques migratoires commence à se structurer au moment de la Première Guerre mondiale. Dès cette période, il oscille entre deux pôles. D’une part, la nécessité économique : des secteurs ont besoin de cette main-d’œuvre étrangère. D’autre part, ces mêmes personnes sont rejetées et pointées du doigt : on dénonce leur caractère inassimilable, en particulier si elles sont originaires des colonies françaises.

    On retrouve cette double logique dans d’autres pays, au Canada par exemple, où, à la fin du XIXe siècle, la migration chinoise est perçue à la fois comme une menace pour l’ordre social et racial, et comme indispensable, pour la construction des chemins de fer notamment.

    Ce qui apparaît comme une contradiction n’en est pourtant pas une. C’est précisément parce que ces hommes et ces femmes sont stigmatisés qu’ils sont désirables, d’un point de vue économique. Face à la dégradation de leurs conditions de vie, ils n’ont d’autre choix que d’accepter des conditions de travail au rabais et des salaires moindres. Leur relégation comme citoyens de seconde zone justifie ce traitement. Le rejet social renforce donc l’attrait économique.

    Dans votre livre, vous défendez l’idée que le travail migrant est une forme de « délocalisation sur place » des activités économiques non délocalisables ­physiquement. Pouvez-vous expliquer ?

    « Pour un certain nombre de secteurs dont la production n’est pas délocalisable, une opération équivalente est à l’œuvre, avec l’embauche des travailleurs sans papiers »

    D. V. : J’emprunte cette expression à l’anthropologue Emmanuel Terray 1, qui l’a forgée dès les années 1990 à propos, déjà, des travailleurs sans papiers. Pour un certain nombre de secteurs dont la production n’est pas délocalisable (le bâtiment, le nettoyage, l’aide à la personne, etc.), une opération équivalente est à l’œuvre, avec l’embauche de ces employés. Ils n’ont ainsi pas accès aux acquis et avantages sociaux dont bénéficie la main-d’œuvre locale en pleine possession de ses droits.

    Il existe en outre des formes légales de contournement, comme le travail détaché dans l’Union européenne. Ce dispositif permet d’asseoir une partie de la relation de travail sur la législation d’un autre pays et, in fine, de baisser le prix de certains segments de main-d’œuvre. Ce sont les faces légale et illégale d’une même pièce. Dans le premier cas, l’absence de droits permet de payer moins cher certains travailleurs, tandis que dans le second, c’est un montage légitime.

    Cette logique de délocalisation sur place est au cœur des métiers dits « en tension », dont le gouvernement est en train d’actualiser la liste et qui servira de base de référence pour accorder des titres de séjour aux travailleurs en situation irrégulière…

    D. V. : Tout à fait. Mais il y a un écueil important autour de la définition des secteurs dits en tension. On peut tout d’abord se demander si ce leitmotiv de la pénurie de main-d’œuvre ne relève pas d’une dimension plus qualitative que quantitative, une façon de dire que celles et ceux qui occupent ces emplois de facto ne seraient pas assez compétents, ce qui justifie de les payer moins cher.

    Et de fait, les présences et absences sur ces listes interrogent. Certains secteurs ne font pas face à des pénuries de main-d’œuvre, justement parce qu’ils recrutent beaucoup de salariés sans papiers. Ils ne sont donc pas sur la liste, voire n’y ont pas intérêt. Pour d’autres au contraire, cela facilite les recrutements de main-d’œuvre étrangère. Enfin, d’autres n’y sont pas parce que cela déboucherait sans doute, aux yeux du gouvernement, sur « trop » de régularisations.

    Vous écrivez que « le travail migrant est en première ligne des stratégies contemporaines du capital pour fissurer les institutions salariales ». Comment ?

    D. V. : A partir des années 1970, on assiste en France à deux mutations concomitantes. D’un côté, la désindustrialisation et la transformation de l’appareil productif accélèrent les phénomènes de sous-traitance et le développement de l’intérim. L’emploi se précarise et les étrangers sont les premiers touchés : ils ont supporté près de la moitié des suppressions d’effectifs dans l’industrie automobile entre 1975 et 1990. Ils subissent également de plein fouet l’expulsion du marché primaire du salariat, c’est-à-dire de l’emploi protégé par le contrat en CDI, vers le marché dit secondaire, avec des statuts plus précaires.

    « Depuis les années 1970, les travailleurs sans papiers subissent les premiers le mouvement de précarisation du monde du travail »

    De l’autre côté, les étrangers sont vulnérabilisés administrativement puisque la France met fin à l’immigration de travail en 1974 et instaure des politiques plus restrictives, qui produisent de l’illégalisation. Ainsi, depuis les années 1970, les travailleurs sans papiers subissent les premiers le mouvement de précarisation du monde du travail. Intérim structurel, travail au noir ou à temps partiel et multi-emploi pour les femmes dans le secteur domestique notamment, ubérisation aujourd’hui : ils sont systématiquement en première ligne face aux nouvelles formes d’emploi précaire. Ces innovations se diffusent bien sûr à d’autres franges du salariat et viennent fragiliser la protection du travail en général ainsi que les institutions salariales dans leur ensemble.

    Face à ces assauts contre les droits des travailleurs sans papiers, que faire ?

    D. V. : A chaque fois, l’exploitation du travail migrant repose sur la production d’un différentiel de traitement et donc de prix entre deux segments de main-d’œuvre. Ce qui crée, par répercussion, un effet de pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail de tous les travailleurs.

    Si l’on veut lutter contre ces effets de dumping social, il faut donc remédier à tout ce qui crée un différentiel de prix du travail, qu’il soit justifié par des formes légales (comme le travail détaché), par l’absence de droit (comme pour les sans-papiers), mais aussi parfois par des logiques racistes ou sexistes. Il est donc totalement contre-productif, pour qui défend les droits des salariés, de rendre la vie impossible aux personnes clandestines, à qui on refuse le droit au séjour.

    La remise en cause de l’aide médicale de l’Etat (AME), une proposition récurrente, réduirait les possibilités d’un arrêt de travail en cas de soucis de santé par exemple, renforçant l’effet d’emprisonnement dans le travail. La suppression de l’AME favoriserait au final ce différentiel de traitement. Pour améliorer les conditions salariales et de travail de toutes et tous, il faut donc exiger l’égalité pleine et entière pour les sans-papiers.

    https://www.alternatives-economiques.fr/daniel-veron-rejet-social-travailleurs-migrants-renforce-attra/00114504
    #migrations #économie #travail #travailleurs_étrangers #stigmatisation #corvéables #interim #ubérisation #précarisation #conditions_de_travail #sans-papiers #travailleurs_sans-papiers #cobayes #délocalisation_sur_place #métiers_en_tension #dumping #exploitation #déplacements_de_populations #esclavage #migration_de_travail #régulations #droits_des_travailleurs #indésirables #main-d'oeuvre_étrangère #menace #indispensabilité #désirabilité #attrait_économique #droits #travail_détaché #détachement #titres_de_séjour #régularisations #immigration_de_travail #illégalisation #emploi_précaire #salaires #dumping_social

    ping @karine4

    • Le travail migrant, l’autre délocalisation

      Alors que les lois anti-immigration s’empilent, durcissant chaque fois un peu plus les conditions des travailleur·ses migrant·es, la main-d’œuvre étrangère s’avère pourtant toujours aussi indispensable dans de nombreux secteurs (BTP, restauration, nettoyage, travail à domicile, etc.). Le recours à ce « travail migrant » se fait au travers d’une variété de statuts, légaux ou non, qui permettent la mise au travail des personnes migrantes dans des conditions moins favorables et plus intensives que celles qui ont cours sur le marché du travail français. Travailleurs et travailleuses « sans-papiers », « temporaires » ou « détaché·es » : le recours au travail migrant apparaît bien comme une modalité particulière de mise en œuvre d’une forme de « délocalisation », à ceci près qu’elle s’exerce « sur place ».

      Daniel Veron montre comment cette surexploitation des travailleur·ses migrant·es s’affirme comme l’un des outils cruciaux d’une dégradation générale des conditions de travail. Dès lors, le seul horizon pour déjouer la pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail ne peut passer que par la lutte pour l’égalité des droits de toutes et tous.

      https://ladispute.fr/catalogue/le-travail-migrant-lautre-delocalisation
      #livre #travail_migrant #délocalisation

  • Traite des esclaves : l’ONU appelle à lutter contre le révisionnisme

    La traite transatlantique a peut-être pris fin au 19e siècle, mais ses conséquences restent bien présentes, a déclaré mardi le chef de l’ONU, lors d’une cérémonie de commémoration des victimes de l’esclavage.

    À l’occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a souligné que le racisme systémique, l’exclusion économique et la violence raciale continuaient de priver les personnes d’ascendance africaine de leur droit à une vie prospère.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2021/05/28/memoires-de-lesclavage-lhistoire-enseignee-doit-prendre-en-compte-la-complexite-et-la-variete-des-heritages/#comment-65952

    #esclavagisme #traite

  • 04.03.2018: Slave trader statue removed

    On 4 March 2018, a statue of former industrialist and enslaver #Antonio_López was removed from the Barcelona square named after him, an initiative backed by members of the city council.

    Inaugurated in 1884, a year after his death, López’s statue was pulled down in the summer of 1936 and its metal used for the war industries, during the fight against the fascists in the civil war. However, it was replaced in the 1940s during Francisco Franco’s dictatorship.

    López was born in 1817 to a poor family in the fishing village of Comillas on the Asturian coast. At the age fourteen he emigrated to Cuba where he set out to make his way in the world in the ruthless fashion of the self-made. Marrying well, he used his wife’s capital to expand into slave trade and sugar plantations. In 1853 he left Cuba for Spain, now an extremely rich man and thus an archetypal indiano – the term used to describe the usually poor emigrants who enriched themselves in the “Indies”, often Cuba.

    In Barcelona, López played a leading role in Catalonia’s incipient industrial revolution and founded three major companies – Tabaco de Filipinas, Banco Hispano-Colonial and Transatlántica Española – all of which were key in the exploitation of Spain’s colonies. Later, the Banco Hispano-Colonial allowed him to lend money to a broke Alfonso XII for which the monarch named him Marqués de Comillas in 1878 – though Barcelona’s popular classes had their own name for him: el Negrero (the Slaver). And, lastly in the trio there is Transatlántica Española, whose ships were used in colonial wars in Cuba and Morocco, and later to transport the recruits which sparked the Tragic Week uprising of 1909.

    López became the richest man in Spain and in 1871 consented for his daughter to marry the son of another slave-enriched indiano, Joan Güell. With the two fortunes welded, their son Eusebi Güell thus became the wealthiest man in Spain and allegedly the tenth richest man in the world.

    https://stories.workingclasshistory.com/article/8023/slave-trader-statue-removed
    #statue #toponymie_politique #toponymie #Barcelone #esclavage #histoire #histoire_coloniale #Espagne #Espagne_coloniale
    ping @cede @reka

  • La #justice aux temps de l’esclavage
    https://laviedesidees.fr/La-justice-aux-temps-de-l-esclavage

    Exécutions et violences extrêmes sur les esclaves fugitifs, duels et homicides entre colons rarement condamnés, bannissement des individus qui dérangent l’ordre colonial, expérimentation des bagnes… Un siècle de pratiques judiciaires est examiné avec minutie dans le cadre spécifique de l’empire colonial français.

    #Histoire #colonialisme #violence #esclavage #empire
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250303_justicedempire.pdf

  • "Code noir, crime contre l’humanité". Devoir de mémoire et abolition de l’esclavage vus par les rappeurs.

    "La Commémoration tient souvent lieu d’histoire. En se focalisant sur l’abolition, le discours anti-raciste universaliste et assimilationniste contribue, consciemment ou non, à invisibiliser les populations serviles, effacées derrières le combat des abolitionnistes issus des métropoles coloniales. Une critique récurrente dans les titres du groupe La Rumeur , que l’on perçoit dans « les écrits restent » "un trou dans mon Histoire, un flou dans ma mémoire, et dans les bouquins toujours les mêmes couverts de gloire", « le chant des casseurs » ou 365 cicatrices : « J’ai pleuré, rarement ri comme à cette connerie d’abolition et à leurs 150 ans, ils peuvent se le foutre dans le fion. »

    Aux Antilles, à la Réunion, les « descendants de coupeurs de cannes » comme le clame la Rumeur, s’insurgent contre la surreprésentation d’une geste européenne qui accorde, à leurs yeux, une place trop importante aux abolitionnistes, en premier lieu Schoelcher. Refusant de s’inscrire dans une mémoire uniquement victimaire, ou de commencer le récit historique par l’abolition, d’aucuns préfèrent s’intéresser au processus d’émancipation ou aux formes de résistances développées par les esclaves, dont le rôle actif dans la libération est aujourd’hui largement réévalué. Dans cette optique, les figures de révoltés, réels (Toussaint Louverture, Nat Turner, Zumbi de Palmares, Delgres) ou fictifs (Kunta Kinté) sont exaltées. « C’est le retour de Kunta Kinté contre les kouffar’s / Je viens débiter tout feu tout flammes, mon vrai nom c’est Youssoupha et / Je garde mon vrai blaze car, avec lui, je me sens trop libre et / Je voulais pas que les colons d’ici finissent par m’appeler Toby ». [Tiers Monde « Five minutes a slave »]"
    https://lhistgeobox.blogspot.com/2025/02/code-noir-crime-contre-lhumanite-devoir.html

  • #Decathlon : révélations sur un champion de l’#exploitation

    Des vêtements innovants et bon marché : tels sont les ingrédients du succès de Decathlon. Mais des documents confidentiels obtenus par Disclose racontent une tout autre histoire sur le géant français du sport. Travail d’enfants, exploitation d’ouvriers #ouïghours en #Chine, liens avec la #déforestation au #Brésil… Enquête sur une #multinationale prête à tout pour maximiser ses profits.

    La tente « 2 secondes ». Le sac à dos Quechua à 3 euros. Le masque intégral pour plonger à trois mètres de profondeur. Derrière ces produits iconiques, un nom qui rime avec innovation : Decathlon. La marque française a fait de son ingéniosité un emblème, vantant ses centres de conception au pied des Alpes, sur la côte Atlantique ou près de Lille. C’est là, dans le Nord, qu’elle a fait ses débuts en 1976, dans un petit entrepôt au bord d’une quatre-voies. Près de cinquante ans plus tard, elle a conquis les cœurs des consommateur·ices, s’affichant en tête des enseignes préférées des Français·es.

    Cette performance ferait presque oublier que Decathlon est avant tout une machine à cash, qui ouvre un magasin tous les quatre jours dans le monde. Son chiffre d’affaires a doublé en dix ans, atteignant 15,6 milliards d’euros en 2023, pour 931 millions d’euros de bénéfice net. Une prouesse telle que l’entreprise, non cotée en bourse, a versé l’an dernier 1 milliard d’euros de dividendes à son actionnaire majoritaire, la famille #Mulliez, également propriétaire de #Leroy_Merlin, #Auchan, #Kiabi ou #Flunch. Un partage de valeur réalisé au détriment des salarié·es des magasins, dénoncent les syndicats de Decathlon, qui ont appelé à la #grève en décembre 2024 ; fait rarissime dans l’histoire de l’enseigne. Peu coutumière des polémiques, la marque avait vu son image écornée fin 2023, lorsque Disclose avait révélé la poursuite de ses ventes en #Russie à l’aide de sociétés domiciliées dans les #paradis_fiscaux. Déjà, « l’amour du sport » revendiqué par la marque semblait s’effacer derrière l’appât du gain. Ce que vient confirmer une nouvelle série d’enquêtes de Disclose.

    Documents internes et témoignages inédits

    Pendant un an, nous avons plongé dans les secrets de fabrication de la multinationale française. Grâce à l’analyse de plusieurs dizaines de documents internes, des témoignages inédits d’ex-employé·es et la collaboration de chercheur·euses indépendant·es, notre investigation met au jour les graves conséquences humaines et écologiques de la stratégie « low cost » de Decathlon.

    Salaires misérables au #Bangladesh, #travail_d’enfants et #trafic_d’êtres_humains en Chine… D’après notre enquête, les principaux fournisseurs de Decathlon en Asie ont recours à plusieurs formes d’#esclavage_moderne. Ces conditions de production indignes sont la conséquence de la pression sur les coûts imposée par l’enseigne française à ses sous-traitants. Par souci d’économies, toujours, Decathlon compte aussi parmi ses partenaires des usines qui s’approvisionnent en #cuir auprès de géants du bœuf, accusés d’être les premiers responsables de la déforestation illégale au Brésil.

    Dans les pas de la #fast_fashion

    Alors que l’enseigne investit des millions pour ne pas être cataloguée comme une marque « low cost », ces deux mots s’affichent partout dans des documents transmis à Disclose par une source interne. Les prix bas, ce sont eux qui conduisent Decathlon à faire fabriquer la majeure partie de ses vêtements par des sous-traitants. Decathlon en compte 1 264 dans le monde, pour seulement… neuf sites de production « maison ». Pour s’assurer une rentabilité maximale, l’équipementier recherche en priorité les usines les moins chères. En l’occurrence, celles qui « travaillent pour des marques à bas prix et engagées dans la production de masse », comme le note un document interne, énumérant les critères pour sélectionner un sous-traitant. Une stratégie commerciale agressive qu’on aurait pu croire réservée aux géants chinois de la fast fashion, #Shein ou #Temu.

    Ses principaux fournisseurs sont en Asie : par ordre d’importance, en Chine, au #Vietnam et au Bangladesh. Ce dernier est d’ailleurs qualifié de « #low_cost_country » (« pays à bas coût »), dans une feuille de route interne. Confectionner des vêtements dans ce pays — où plus de la moitié de la population vit dans un bidonville — est une « force » pour Decathlon, renseigne le même document. Ici, le groupe travaille avec des fournisseurs présentés comme « #ultra_low_cost », qui emploient des adolescent·es, pouvant être légalement rémunéré·es sous le salaire minimum. D’autres usines intégrées à sa chaîne de production dans le pays sont qualifiées de « clandestines » par un ancien salarié. Bien qu’elles fournissent jusqu’à 10 % des composants d’une chaussure, la marque n’y effectue aucun audit, dévoile Disclose dans un premier volet de son enquête.

    En bout de chaîne, ce sont les ouvriers qui confectionnent les produits, #Quechua, #Kipsta, #Domyos ou #Kalenji qui paient le prix du système Decathlon. Disclose a obtenu une nomenclature interne qui détaille le coût de fabrication d’une basket pour enfant très populaire, la Decathlon PW 540. Sur les 8,61 euros de prix de revient au Bangladesh, le salaire des ouvriers et ouvrières représente seulement 2,84 euros. Prix de vente en France : 25 euros.

    Un champion de l’exploitation

    La soif de profit a poussé Decathlon dans les bras d’autres sous-traitants problématiques. En Chine, cette fois-ci. Ce deuxième épisode de notre enquête, publié jeudi 6 février, en partenariat avec Cash Investigation*, révèle que l’un de ses principaux partenaires locaux a recours au travail forcé des Ouïghours, une minorité musulmane persécutée par Pékin. Deux usines chinoises travaillant pour Decathlon utiliseraient également du coton originaire du Xinjiang, la région d’origine des Ouïghours, et où les accusations de travail forcé sont légion.

    Notre enquête sur la multinationale aux 931 millions d’euros de bénéfices en 2023, nous a aussi amené au Brésil. Ce troisième volet, publié en partenariat avec le média néerlandais Follow the Money, le samedi 8 février, s’intéresse à l’origine d’une autre matière première : le cuir utilisé dans les célèbres chaussures de randonnée Quechua. Les usines qui les assemblent au Vietnam utilisent des peaux de bovins en provenance du Brésil, au risque de contribuer à l’éradication des forêts primaires dans le pays.

    Confrontée à nos révélations, Decathlon se contente d’affirmer son « engagement en faveur d’un approvisionnement responsable ». L’entreprise assure par ailleurs « condamner fermement toute forme de travail forcé et de travail d’enfant ». Sa course aux prix les plus bas vient pourtant contredire ces engagements. Jusqu’à faire mentir le fondateur de la marque, Michel Leclercq, qui avait coutume de dire : « Il est interdit de tromper un client chez Decathlon ».

    https://disclose.ngo/fr/article/decathlon-revelations-sur-un-champion-de-lexploitation
    #sous-traitance #enquête

  • La face cachée de Yogi Tea — On Yoga Mat
    https://onyogamat.com/tendances/la-face-cachee-de-yogi-tea

    Le thé est souvent perçu comme un élixir de santé, un moyen naturel de se détendre ou d’améliorer son bien-être. Parmi les marques qui exploitent cette image, Yogi Tea s’est rapidement imposée comme une référence mondiale, notamment pour ses infusions à base de plantes aux multiples bienfaits. Bien qu’il soit fréquemment associé à la pratique du yoga Kundalini et à la méditation, Yogi Tea est avant tout un produit commercial.

    Fondée par Yogi Bhajan, le créateur du Kundalini Yoga, Yogi Tea s’appuie sur cette connexion pour véhiculer une image de bien-être.

    Cependant, derrière cette façade se cache une face obscure, qui dépasse largement les enjeux marketing et touche à des aspects souvent ignorés et problématiques.

    Décryptons cela ensemble.

    • L’exploitation des étudiants de Yogi Bhajan

      Une des controverses les plus importantes entourant Yogi Tea concerne son origine.

      Yogi Bhajan, fondateur du mouvement Kundalini Yoga aux États-Unis et promoteur du thé, a utilisé ce produit pour renforcer sa marque spirituelle. Cependant, l’idée et la fabrication initiale de Yogi Tea n’étaient pas les siennes.

      Selon plusieurs témoignages, notamment dans des ouvrages tels que Premka ; “White Bird in a Golden Cage”, les disciples, souvent engagés dans le mouvement Kundalini, travaillaient bénévolement ou pour des salaires très modestes, motivés par leur foi et leur dévouement.

      Une fois que Yogi Tea est devenu un produit rentable, Yogi Bhajan s’est attribué le projet, exploitant les connaissances et le travail de ses étudiants pour en faire une marque commerciale prospère. Les profits n’ont bénéficié qu’à lui et à ses proches associés (empire 3HO), laissant les véritables contributeurs dans l’ombre.

      Cette exploitation met en lumière les dynamiques de pouvoir et les abus économiques souvent dénoncés dans les groupes spirituels où un maître charismatique exerce une emprise forte sur ses disciples.

      #dérives_sectaires #exploitation (de main d’œuvre) #esclavage

  • Le pouvoir colonial "Danemark-Norvège"

    Un nouveau livre sur la question : Finn-Einar Eliassen, En kort introduksjon til Danmark-Norge som kolonimakt (Une courte introduction au Danemark-Norvège comme puissance coloniale), Cappelen Damm Academic, Oslo,2024.

    Oui, les Norvégiens n’aiment pas l’idée mais ils ont bien été coloniaux et esclavagistes via le Danemark.

    Pendant près de deux cents ans – de 1620 à 1814 – la Norvège faisait partie d’une puissance coloniale appelée Danemark, mais souvent désignée aujourd’hui sous le nom de Danemark-Norvège, pour souligner qu’il s’agissait de deux royaumes, bien que la Norvège ne disposait d’aucune autonomie.

    Le Danemark-Norvège possédait des colonies et des territoires sur quatre continents :

    -trois îles-plantations dans les Caraïbes
    – deux comptoirs commerciaux en Inde
    – une série de forts dédiés à la traite des esclaves sur la Côte de l’Or, en Afrique de l’Ouest.

    Les Norvégiens étaient actifs et jouaient divers rôles dans toutes les parties de l’empire colonial dano-norvégien. Cela était particulièrement vrai dans le domaine de la navigation maritime, y compris le commerce transatlantique des esclaves, où de nombreux habitants du sud de la Norvège gagnaient leur vie comme armateurs, capitaines ou membres d’équipage.

    Les forges fournissaient des canons, des balles et du fer, qui servaient à fabriquer des chaînes pour esclaves et des moyens de paiement. Par ailleurs, les produits coloniaux devenaient des biens de consommation populaires, notamment le sucre des « îles danoises » dans les Caraïbes, qui était raffiné dans des « raffineries de sucre » à Copenhague, Trondheim, Bergen et Halden.

    Pour le Danemark, cette période coloniale s’est prolongée jusqu’au début de la Première Guerre mondiale.

    https://zaui-assets-gjcmcbfka3ghhvar.a03.azurefd.net/application/kubenarendal/data/tourImagesVideo/59_320_tourImage.jpg?v=1736420075

    le port de Christiansted, à St Croix à la fin du XVIIIe siècle (actuelles Îles Vierges des États-Unis).

    L’auteur vient à Arendal fin janvier pour présenter son livre, l’occasion de s’intéresser d’un peu plus près à cette ancienne colonie d’où est originaire un certain Alexander Hamilton, devenu père fondateur des États-Unis et premier secrétaire au Trésor des États-Unis, architecte du système financier de la nation. C’est La romancière et poète américaine Sophie Schiller qui revient sur sa vie dans une livre paru en 2020 :

    Sophie Schiller, The Lost Diary of Alexander Hamilton, Tradewinds Publishing, 2020.

    En 1765, Alexander Hamilton arrive avec sa famille à Saint-Croix. Lorsqu’il assiste à la torture d’un jeune esclave africain, Alex jure d’agir. Il persuade son oncle d’acheter Ajax et promet de lui rendre sa liberté. Son père abandonne la famille et sa mère meurt de la fièvre jaune. Devenu orphelin, pour survivre, il travaille dans une maison de commerce où il apprend les « secrets qui enrichissent les hommes et les nations ». La nuit, il se cultive en lisant et rêve de gloire.

    Au XVIIIe siècle, la contrebande était une activité primordiale. Elle assurait la survie économique des treize colonies, car sans le commerce illicite avec les Antilles, elles seraient restées endettées auprès des banquiers londoniens, face aux lourdes taxes imposées par le roi George.

    Peter Andreas évoque cette période dans un livre aussi très intéressant où il explique tout simplement que les États-Unis sont nées comme une nation de crapules et de contrbandiers.

    Peter Andreas, Smuggler Nation, Owford University Press, 2014.

    Alexander Hamilton venait donc des Antilles. Enfant grandissant à Saint-Croix, il se trouvait au cœur du commerce caribéen, considéré comme un "entrepôt", un centre de transbordement clé dans le système commercial colonial. La contrebande y jouait un rôle central. Si le sucre a mis les Antilles sur la carte, c’est la contrebande qui les reliait au reste du monde. Sans cette activité, la Révolution américaine n’aurait pas été possible.

    #Norvège
    #Danemark
    #esclavage
    #colonialisme
    #colonies

  • Sculptures dedicated to our enslaved African ancestors by Kwame Akoto-Bamfo

    https://africanancestry.com/blogs/news/sculptures-dedicated-to-our-enslaved-african-ancestors-by-kwame-ako

    https://issuu.com/rimu751/docs/africa-travel-2021-november_1_/s/14171118

    https://www.bbc.com/news/av/world-africa-48744703

    Sculptures dedicated to enslaved Enslaved African ancestors lost by drowning, rivers, lakes and the Atlantic oceans by Kwame Akoto-Bamfo, Ghanaian sculptor.

    "What you see are the faces of our ancestors who were caught within slavery... I’m trying to portray what our ancestors went through... So we have various narratives. We have various people from different tribes. We have various states in which they were before they were captured. There were those who were prisoners of war. Those were who were just purely kidnapped. There were those who were coerced. There were those who were clueless as to what was really happening. There are just so many narratives and it’s not a single story, hence the decision to make it on this scale. So that even though we cannot create as many sculptors as our ancestors who were lost, we will have clear representation of what really happened... We are using human heads because the art itself is paying homage to our ancient Akan practice of creating portraits of the dead... I want the installation to be that point of reference for how great we were, what went wrong and the possibility of us getting our greatness back,” says Kwame.

    https://www.youtube.com/watch?v=mYURAbhYNy4

    https://www.youtube.com/watch?v=g1OswEwLMMM

    #art
    #sculpture
    #esclavage
    #colonialisme
    #mémoire
    #histoire