• Coloniser par l’allaitement sur l’île de #La_Réunion

    Dans un livre passionnant paru en 2020, Nous qui versons la vie goutte à goutte (Dalloz),
    la chercheuse en science politique Myriam Paris étudie la lactation féminine à La Réunion du XVIIe siècle à nos jours.

    #féminisme
    #colonisation
    #esclavage
    #racisme
    #allaitement
    #histoire

    https://survie.org/billets-d-afrique/2024/338-ete-2024/article/coloniser-par-l-allaitement

  • "Chez moi" de Casey. Visite guidée musicale d’une Martinique toujours coloniale.
    https://lhistgeobox.blogspot.com/2024/11/chez-moi-de-casey-ou-la-visite-guidee.html

    « Tout au long de son œuvre, la rappeuse insiste sur les séquelles profondes laissées par la période de l’esclavage. La répartition des terres et de la richesse en Martinique est en grande partie un héritage de l’esclavage. Au cours de la période coloniale, les colons européens concentrent entre leurs mains les plantations de canne à sucre, la principale richesse de l’île. L’abolition ne modifie en rien cette situation, d’autant que les anciens esclaves ne reçoivent aucune compensation. Les descendants des anciens colons demeurent les principaux propriétaires fonciers et, aujourd’hui, c’est encore "le béké qui très souvent tient les usines". Ainsi, les structures économiques mises en place pendant la période coloniale et esclavagiste n’ont pas fondamentalement été remises en cause, comme en attestent les écarts de revenus et de patrimoine abyssaux entre les différentes couches de la société. Casey ne peut qu’en conclure qu’aujourd’hui Madinina, l’île aux fleurs est une colonie ?" »

  • Bruno Maillard. « Les marrons ont été “déconscientisés” »
    https://afriquexxi.info/Bruno-Maillard-Les-marrons-ont-ete-deconscientises

    Entretien · Le succès en France du film de Simon Moutaïrou, Ni chaînes ni maîtres, tourné sur l’île Maurice, met en lumière un phénomène très largement méconnu du grand public : le marronnage. Spécialiste de l’esclavage dans l’océan Indien, l’historien Bruno Maillard explique pourquoi des captifs décidaient de fuir les plantations, et en quoi cette histoire mérite d’être racontée.

  • Gwoka, le pouls de la Guadeloupe.

    "Menacé un temps de disparition, cantonné aux régions rurales, le gwo-ka s’enrichit d’une puissante dimension contestataire à partir de la fin des années 1960, au moment où l’industrie sucrière traverse une crise profonde et que s’affirme la lutte indépendantiste. C’est aussi à cette époque qu’ont lieu les premiers enregistrements de gwo-ka en 45-tours. Ils sont le fait de tambouyés chevronnés (Vélo et Boisbant), ainsi que du chanteur Robert Loyson. Dans « Gwadloup tranglé », ce dernier dénonce les fermetures d’usines, qui précipite les ouvriers dans la misère. « La Guadeloupe s’étouffe ! Messieurs la Guadeloupe s’étouffe, elle ne s’en sortira pas (…) Nous vivons de la canne, nous la vendons à l’usine, vous avez fermé l’usine de Sainte-Marthe, j’ai vu la Guadeloupe s’étouffer, maintenant ils ferment l’usine de Blanchet, celle de Darboussier, ou va la Guadeloupe ? » Il enregistre également « Ji canne à la Richesse pt.2 », une mise en accusation du changement de mode de paiement des travailleurs de la canne, encore et toujours spoliés.

    Par la « loi d’assimilation juridique » de 1946, le territoire de l’ancien empire colonial devient un département d’outre-mer (puis région en 1982). Les préfets remplacent les gouverneurs. Ce changement de statut doit permettre aux Guadeloupéens « de bénéficier des protections offertes par les principes républicains » (source G p 47), mais aussi d’améliorer les conditions de vie matérielles du territoire. Si le niveau de vie moyen augmente, les aspirations à la justice sociale peinent à se concrétiser. La persistance d’une exploitation économique de type colonial entrave l’avènement de la société de consommation. En parallèle, l’économie guadeloupéenne se tertiarise (fonction publique, tourisme), tandis que l’agriculture se réoriente dans la monoculture de la banane d’exportation. A la fin septembre 1966, les dévastations liées au passage du cyclone Ines plongent des milliers de familles dans un dénuement complet. La crise de l’économie sucrière nourrit également l’exaspération et suscite de puissants conflits sociaux, qui se déroulent désormais au son des tambours gwoka."

    A lire sur @histgeobox > https://lhistgeobox.blogspot.com/2024/10/gwoka-le-pouls-de-la-guadeloupe.html

    En version podcast : https://podcasters.spotify.com/pod/show/blottire/episodes/Le-Gwoka--le-pouls-de-la-Guadeloupe-e2mhqlq

  • Un détecteur de rire obligatoire dans les bureaux ? L’assurance La Baloise tente un essai nr avec l’ats

    Ce n’est pas une plaisanterie : l’assureur Baloise teste dans un bureau la fréquence des rires pour une meilleure satisfaction au travail. Et ceux et celles qui rient rarement reçoivent un message d’encouragement par e-mail, par exemple avec une vidéo amusante.

    L’appareil, qui ressemble à un haut-parleur maniable, dispose d’un microphone et mesure les sons dans l’environnement grâce à l’intelligence artificielle, explique la responsable du projet Alexandra Toscanelli dans une interview publiée vendredi dans les journaux alémaniques de Tamedia.

    La Baloise a installé le dénommé Chief LOL Officer ("chef du rire") dans les bureaux d’un client commercial de longue date comptant dix collaborateurs, le portail appenzellois de création d’entreprises en ligne Fasoon. Le test doit durer quatre semaines.


    « Un adulte rit en moyenne environ 15 fois par jour, c’est pourquoi nous avons dit : quatre rires en deux heures devraient être possibles, tout ce qui est en dessous est insuffisant », indique Mme Toscanelli. Si l’on rit moins souvent, par exemple parce que l’on est stressé, on reçoit un message d’encouragement par e-mail.

    Selon Mme Toscanelli, il peut s’agir d’un mème, d’une vidéo d’un chat qui tombe d’une table, ou de quelqu’un qui fait accidentellement une cascade amusante avec une trottinette. Une agence spécialisée dans les médias sociaux a rassemblé le meilleur de l’Internet.

    Renforcer la santé mentale
    Avec ce projet, la Bâloise veut renforcer la santé mentale. Les petites et moyennes entreprises sont l’un des groupes cibles. L’absentéisme et la santé mentale y sont des sujets importants, notamment parce qu’ils coûtent beaucoup d’argent aux entreprises. Selon la Baloise, les entreprises suisses perdent 6,5 milliards de francs par an parce que la santé mentale des collaborateurs est atteinte.

    « On parle encore beaucoup moins des problèmes psychiques que d’une jambe cassée », relève Mme Toscanelli, en reconnaissant que « le rire n’est pas la solution à tout. Il faut aussi des personnes de contacts, des hotlines et des centres d’aide ».

    Cependant, Caroline Wittmann, co-fondatrice de l’observatoire des risques psychosociaux, craint que cet outil ajoute une pression supplémentaire sur les employés. « On a tous une tonne d’injonction (...) et là, on en met une de plus : ’vous n’avez pas rigolé depuis deux heures’ », illustre-t-elle. Mais Ludovic Chevalier, marketing manager chez la Bâloise, estime qu’au contraire, « il ne faut pas du tout le voir comme ça, ni comme une obligation, ni comme du stress. Sinon ça ne fonctionne pas ».

    Source : https://www.rts.ch/info/societe/2024/article/un-detecteur-de-rire-dans-les-bureaux-la-baloise-tente-un-essai-28659699.html
    #obligation #ordre #obéissance #contrôle #conformisme #injonction #surveillance #suisse #rire #esclaves #esclavage #santé_mentale

  • À #Genève, un musée met en débat la restitution d’œuvres

    Le musée d’ethnographie de Genève met au jour ses errements passés, dans une exposition stimulante consacrée au rôle joué par la ville suisse dans le monde colonial. Et envisage, sur un registre apaisé, la restitution de pans de sa collection.

    La manœuvre n’est pas si fréquente : à Genève, un vénérable musée a décidé de faire en grand son autocritique, et d’égratigner la légende de ses pères fondateurs. À travers l’exposition « Mémoires. Genève dans le monde colonial », le musée d’Ethnographie (MEG), inauguré en 1901, interroge ses collections sous le prisme colonial. Il pose aussi de manière subtile l’enjeu des restitutions, non sans écho avec le film de Mati Diop Dahomey, qui sort en salles mercredi 11 septembre.

    Sur le parcours conçu dans l’immense sous-sol sombre du musée, une vitrine est consacrée à l’un des glorieux donateurs de l’établissement, le peintre suisse Émile Chambon (1905-1993), qui avait amassé un millier de pièces d’Afrique et d’Océanie : il surgit dans un autoportrait de 1931, portant le casque et l’uniforme de son oncle, qui fut administrateur colonial en Afrique équatoriale française. C’est de cet oncle qu’il avait hérité les premiers artefacts africains de sa collection.

    Un artiste contemporain, Mathias Pfund, a inversé les bordures du cadre de cette peinture malaisante, l’un des cœurs malades de cette exposition : une discrète intervention, qui signale que quelque chose s’est déréglé. Face aux objets personnels de Chambon, qui traduisent sa fascination pour l’Afrique, ont été rassemblés, dans une autre vitrine, certains de ses dons au musée : des statues de cuivre ou de fer qui représentent des gardiens de reliquaires kotas, sur les territoires du Gabon et de la République du Congo.

    Lorsque des missionnaires ont arraché ces figures au XIXe siècle, ils se sont débarrassés, en les brûlant ou en les cachant en forêt, des corbeilles d’os qu’elles surveillaient. Depuis, le MEG les a exposées comme de simples statues africaines. Cette fois, le musée a sculpté de nouvelles urnes funéraires glissées au pied de leurs gardiens, avec l’aide de visiteurs réguliers du MEG d’origine kota, pour tenter de rendre à ces objets une forme d’intégrité.

    « Dans l’exposition, les objets n’illustrent pas les discours. Les propos historiques viennent étoffer, dans un deuxième temps, l’histoire de ces objets. C’est pourquoi il y a beaucoup de choses que nous ne disons pas, sur le colonialisme à Genève et en Suisse, parce que les objets de notre collection ne le racontent pas », précise la Française Floriane Morin, commissaire de l’exposition.
    Le colonialisme suisse

    La Suisse, puissance coloniale ? L’affirmation peut surprendre, en particulier depuis la France. Dans l’exposition, une carte interactive relaie les conclusions d’un rapport de 2022 sur « l’héritage raciste et colonial dans l’espace public genevois ». « L’État suisse n’a pas conquis de territoires ni administré directement de colonies, explique Fabio Rossinelli, l’un des historiens qui ont travaillé sur l’exposition, rattaché aux universités de Lausanne et de Genève. Mais des sociétés suisses se sont formées spontanément, en Égypte ou encore au Brésil, qui étaient reconnues par le corps consulaire, et entretenaient des relations avec Berne. »

    Il poursuit, soucieux de « ne pas dédouaner l’État de ses responsabilités » : « L’État était bien présent, mais plutôt un peu à l’arrière-plan, en cachette. Prenez la Société de géographie de Genève [fondée en 1858 – ndlr]. C’était une société privée. Des collaborations avec l’État avaient lieu, des subventions étaient au besoin octroyées. On voulait favoriser l’intégration du pays dans le monde impérial et colonial. » Beaucoup des missionnaires suisses partis à cette époque, soutenus par cette société, ont rapporté des objets qui constituent le socle des collections actuelles du MEG.

    Quant à l’implication de la Suisse dans la traite négrière, elle est, là encore, bien réelle. D’après l’historienne Béatrice Veyrassat, la participation suisse à la traite, d’une manière « active » (des commerçants suisses qui recourent à l’esclavage dans leurs plantations aux Amériques) ou « indirecte » (via des investissements dans des compagnies maritimes dotées de bateaux négriers) « est estimée entre 1 % et 2 % de l’ensemble des Africain·es déplacé·es vers les Amériques ».

    Avec Nantes, Genève fut aussi, à partir des années 1670, l’un des centres de production des « indiennes », ces tissus fabriqués à partir de coton importé des comptoirs d’Inde (les collections suisses d’indiennes sont accrochées au château de Prangins, on ne voit que des reproductions frustrantes dans l’exposition genevoise). Ces indiennes pouvaient servir de monnaie d’échange des Européens contre des êtres humains mis en esclavage dans les ports africains, lors du commerce triangulaire. En 1785, pas moins de 20 % de la population active à Genève travaille pour une dizaine d’« indienneries ».
    Objets éclatés

    À bien des endroits, l’exposition est coupante et inconfortable, en particulier lorsqu’elle revient de manière très précise sur le travail problématique des équipes passées du MEG. Alors que Genève organise une « exposition nationale suisse » en 1896, dotée en son sein d’un « village noir », dans la sinistre tradition des zoos humains, le MEG achète à l’époque 85 artefacts fabriqués par ces captifs africains, majoritairement venus du Sénégal et de Gambie. Mais les experts du musée gomment ensuite leur origine et les font passer pour des objets fabriqués en Afrique de l’Ouest.

    Autre silence complice : une sublime coiffure de femme faite de cuir et de fer, attribuée à une femme d’origine herero, rapportée de Namibie par un couple de collectionneurs en 1906. Au même moment se déroule, de 1904 à 1908, le génocide des Herero (et des Nama), premier génocide commis par l’Allemagne. « La datation de ces objets laisse peu de doutes quant au contexte génocidaire et d’extrêmes violences qui a rendu leur acquisition possible », tranche un cartel de l’exposition.

    Une vitrine montre encore un ustensile aux allures de fouet, utilisé pour repousser les mouches, dans le Ghana du XIXe siècle. Ce chasse-mouches, peut-être détenu par un roi, avait aussi valeur de talisman coranique. À une date inconnue, des employés du musée l’ont éventré pour lui retirer sa charge magique, constituée notamment d’une lame de couteau – disparue – et de cinq feuillets de prières, retrouvés des décennies plus tard dans un tiroir du musée. « Comment perdre l’intégrité d’un objet au musée ? », s’interroge un cartel.

    L’exposition revient aussi sur l’essor de l’anthropologie telle qu’elle est enseignée à Genève à partir de 1860, discipline qui s’est distinguée en justifiant l’impérialisme occidental et en décrétant la supériorité européenne. C’est le point d’ancrage morbide des premières collections d’objets amassées à Genève, qui, là encore, alimenteront les réserves du MEG. Dans les années 1920, Eugène Pittard, fondateur du musée, tire aussi profit du trafic de restes humains dans les colonies britanniques.
    « Ramatriement »

    Floriane Morin assume cette approche « incisive » vis-à-vis de l’histoire de son musée, « parce qu’elle est la seule condition à la possibilité d’une réparation ». Mais est-il encore possible de décoloniser un musée construit sur des mensonges aussi lourds ? Même si le MEG s’est doté d’un nouveau bâtiment en 2014, en forme de pirogue blanche spectaculaire et facile à reconnaître dans le paysage genevois, ne faudrait-il pas plutôt fermer ses portes à jamais ?

    L’un des espaces les plus originaux de l’exposition prouve en tout cas que le musée a encore des choses à dire, et des chantiers à mener. « Nous ne parviendrons pas à décoloniser notre musée, à redéfinir l’institution, sans engager des relations sur le temps long, avec des personnes qui sont le plus à même [originaires des pays et populations concernés – ndlr] de reconsidérer ces collections et de réfléchir à leur avenir », avance encore Floriane Morin.

    Cinq « capsules » ont été aménagées, comme autant de cocons qui posent la question de la restitution d’objets aux populations qui les réclament. Dans ces salles, des registres de paroles se mêlent – juridiques, historiques, administratifs, intimes, mais aussi depuis le Nord et les Suds –, pour restituer le dialogue entretenu au fil des décennies entre le MEG et des populations autochtones.

    Ici, des objets déjà restitués à une communauté autochtone du Canada – un « ramatriement » plutôt qu’un rapatriement, précise le cartel – sont représentés par de simples silhouettes de papier noir sur le mur. On prend des nouvelles de leur vie d’après, réintégrés à des cérémonies rituelles. Ailleurs, un réseau de huit musées suisses négocie directement avec le Nigeria, pour le retour de biens originaires de l’ancien royaume du Bénin.

    L’histoire de deux mâts-totems est sans doute la plus emblématique. Achetés en 1955 par un collectionneur suisse dans une ville du sud-est de l’Alaska, les deux immenses totems aux motifs d’oiseaux ont été plantés dans le jardin du musée suisse pendant trente-quatre ans. Stockés par la suite dans des entrepôts dans un souci de protection, ils ont été remplacés par des copies. Mais ils sont restés des emblèmes de ce quartier de Genève au fil des années. L’exposition donne la parole aux descendants du sculpteur de ces mâts, qui disent leur sensation de manque et l’importance qu’ils revêtent encore pour eux, mais décrit aussi l’attachement de générations de Genevois·es à ces objets aux pouvoirs manifestement actifs des deux côtés de l’Atlantique.

    « Il y a une histoire qui se crée après la restitution, insiste Floriane Morin. Les restitutions ne sont pas la fin de quelque chose. Rendre un objet n’est pas fermer la porte, mais entamer une nouvelle histoire avec des personnes qui nous font confiance, cela crée plein de choses, déclenche de nouveaux projets, et c’est aussi ce que nous avons voulu raconter dans cette exposition. »

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/100924/geneve-un-musee-met-en-debat-la-restitution-d-oeuvres

    #Suisse #Suisse_coloniale #colonialisme_suisse #MEG #exposition
    #oeuvres_d'art #art #décolonial #Afrique #pillage #musées #colonisation #Emile_Chambon #Océanie #héritage #Société_de_géographie_de_Genève #missionnaires #objets #traite_négrière #indiennes #tissus #industrie_textile #coton #esclavage #exposition_nationale_suisse #village_noir #zoo_humain #ramatriement #réparation #mensonges

    ping @reka @cede

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    ajouté à la métaliste sur le #colonialisme_suisse :
    https://seenthis.net/messages/868109

    • La Collection

      La Collection propose de (re)découvrir les objets muséifiés par le prisme de leur ancrage dans l’histoire coloniale du Musée d’ethnographie de Genève. Ils se sont imposés dans ce parcours. La trame narrative se tisse autour d’eux, par les récits, les indices ou les silences de leurs trajectoires jusqu’au Musée, par les assignations qu’ils ont subies, mais aussi par les multiples identités qu’ils assument, selon qui interagit avec eux. Les biographies fragmentaires de ces objets se mêlent à l’énonciation du contexte colonial spécifique à Genève ainsi qu’à certains épisodes de l’histoire des impérialismes européens. La plume d’historien-ne-s, géographes et anthropologues spécialistes de l’ère coloniale, les gestes et les œuvres d’artistes contemporain-e-s, l’implication d’héritières et d’héritiers culturel-le-s se lient ici aux archives que le MEG partage en toute transparence.

      Au fil de La Collection, les sept « Mémoires d’objet », reconnaissables à leurs vitrines individuelles, apportent un éclairage approfondi sur des artefacts singuliers aux histoires surprenantes.

      https://colonialgeneva.ch/la-collection

  • Sklavenhalter als Präsidenten - Die Vereinigten Staaten als Herrenvolkdemokratie - Andreas Wehr
    https://www.andreas-wehr.eu/sklavenhalter-als-praesidenten-die-vereinigten-staaten-als-herrenvolkde

    23.07.2024 - Referat auf dem Seminar „Die Gene des US-Kapitalismus“ im Marx-Engels-Zentrum (MEZ) am 6. Juli 2024 [1]

    Der mit Abstand wichtigste Staat des Westens, der sich auf den Liberalismus beruft sind die USA. In unzähligen Büchern, Aufsätzen und Reden werden bis heute der amerikanische Liberalismus und das Regierungssystem der USA gewürdigt, ja geradezu verherrlicht. Darunter finden sich berühmte Philosophen und Literaten. Erwähnt sollen hier nur drei, die das Bild der Vereinigten Staaten in den westlichen Ländern bis heute prägen: Alexis de Tocqueville, der die USA in den 1830er Jahren bereiste und anschließend seine Beobachtungen und Wertungen in dem Werk „Über die Demokratie in Amerika“ veröffentlichte. In viele Sprachen übersetzt, wird es noch heute zitiert. Zu nennen ist Hannah Arendt, die als Jüdin vor den Nazis zunächst aus Deutschland und dann aus Frankreich fliehen musste und schließlich in den USA Zuflucht fand. In ihrem Buch „Über die Revolution“ veröffentlichte sie 1963 eine geradezu als Hagiografie der amerikanischen Revolution anzusehende Schrift, die vor allem in der Bundesrepublik Deutschland Verbreitung fand und hier das Bild von den USA prägte. Zu den Bewunderern der USA gehört schließlich Karl Popper mit seinem Werk „Die offene Gesellschaft und ihre Feinde“. Auf Englisch 1945 erschienen, fand es bald eine breite Rezeption in Deutschland und wurde insbesondere von rechten, antikommunistischen Sozialdemokraten wie Helmut Schmidt gewürdigt.

    Bis heute sind die USA der wichtigste Exporteur der Ideologie des Liberalismus selbst in die entlegensten Regionen der Welt. Sie scheuen dabei nicht vor der Anwendung von Gewalt zurück. So führen sie Kriege im Namen der Freiheit, zur Verbreitung der liberalen Demokratie, ist es doch diese Gesellschaftsform, die ihnen und den verbündeten westlichen Staaten ökonomische Vorrechte zur Ausbeutung anderer Länder weltweit bietet.

    Sklavenhalter als Präsidenten

    Mit der Unabhängigkeit der englischen Kolonien in Nordamerika und der Entstehung der Vereinigten Staaten verlagert sich der Schwerpunkt der Sklaverei auf den amerikanischen Kontinent: „Während das britische Empire in seiner Gesamtheit vor allem Iren und Schwarze überrennt, sind Indianer und Schwarze die wichtigsten Opfer des territorialen und kommerziellen Expansionismus zuerst der englischen Kolonien in Amerika und dann der Vereinigten Staaten.“ [2]

    Der Unabhängigkeitskrieg der 13 nordamerikanischen Kolonien gegen die britische Kolonialmacht zwischen 1775 und 1783 sowie die 1776 erfolgte Unabhängigkeitserklärung der Konföderation, der Vereinigten Staaten von Amerika, gegenüber Großbritannien bringen zwar für die weißen Siedler die Freiheit aber nicht für die Negersklaven und schon gar nicht für die verfolgten und unterdrückten Ureinwohner des Kontinents, die Indianer. Die auf Sklaverei beruhende Plantagenwirtschaft bleibt für lange Zeit die wichtigste Grundlage der USA. Die Sklaven selbst „bildeten das, nach dem Boden, beachtlichste Vermögen des Landes; 1860 betrug ihr Wert das Dreifache des Aktienkapitals der Manufaktur- und Bahnindustrie; die im Süden angebaute Baumwolle war lange Zeit die wichtigste Exportware der Vereinigten Staaten und half entscheidend mit, die Importe und die industrielle Entwicklung des Landes zu finanzieren.“ [3]

    In den ersten Jahrzehnten der USA waren Sklavenhalter Präsidenten des Landes: „In 32 der ersten 36 Jahre der Existenz der Vereinigten Staaten bekleiden Sklavenhalter aus Virginia den Posten des Präsidenten. Es ist diese Kolonie bzw. dieser auf der Sklaverei basierende Staat, der dem Land seine berühmtesten Staatsmänner liefert; man denke nur an George Washington (den großen militärischen und politischen Vorkämpfer der antienglischen Revolte) oder an Thomas Jefferson und James Madison (die Autoren der Unabhängigkeitserklärung bzw. der Bundesverfassung von 1787): alle drei sind Sklavenhalter (…) Bei den ersten sechzehn Präsidentschaftswahlen zwischen 1788 und 1848 kommt, mit nur vier Ausnahmen, ein Sklavenhalter aus dem Süden in das Weiße Haus“.“[4]

    Bei der seinerzeit in den USA praktizierten Sklaverei handelte es sich um eine ihrer brutalsten Formen. Die vorherrschende „Chattel Sklaverei“, wobei chattel auf Deutsch bewegliches Mobiliar (!) bedeutet, erlaubte den getrennten Verkauf von Ehepartnern und selbst von deren Kindern. Nichtdestotrotz preist 1809 „Jefferson die Vereinigten Staaten als ’ein Reich der Freiheit’ gegründet auf eine Verfassung, die die Selbstregierung garantiere. Und dabei ist er ein Sklavenhalter, der die Macht über die Sklaven brutal ausübt und nach Bedarf die einzelnen Mitglieder einer Familie aus seinem Eigentum als getrennte Stücke oder Waren verkauft.“ [5]

    Die USA sind „das erste geschichtliche Beispiel eines Rassenstaats“. [6] Als weiße Rassenstaaten galten später auch Südafrika und Rhodesien, das heutige Zimbabwe, beide Regime wurden erst durch den erbitterten Widerstand der unterdrückten indigenen Bevölkerung in langen, blutigen Kämpfen überwunden. Mit Israel existiert noch heute ein Rassenstaat.

    Der Liberalismus als Ideologie von der Freiheit des Einzelnen und der Selbstregierung findet seine Verbreitung in Zeiten, in denen zugleich ein erheblicher Teil der Bevölkerung von den liberalen Regimen unterdrückt und gedemütigt werden: „Die Sklaverei dauert nicht trotz des Erfolgs der drei liberalen Revolutionen (gemeint sind hier die niederländische, die englische und die amerikanische, A.W.) fort; im Gegenteil, sie erfährt ihre größte Entfaltung im Gefolge dieses Erfolgs.“ Losurdo zitiert dazu den britischen Historiker Robin Blackburn: „’Die Zahl der Sklaven auf dem amerikanischen Kontinent betrug etwa 330.000 im Jahr 1700, fast drei Millionen 1800, um schließlich ihren Höchststand von über sechs Millionen in den 50er Jahren des 19. Jahrhunderts zu erreichen.’ Entscheidend beigetragen zum Aufstieg dieser Institution, die ein Synonym für die absolute Macht des Menschen über den Menschen darstellt, hat die liberale Gesellschaft.“ [7]

    In seinem 2010 veröffentlichten Buch „La non-violenza. Una storia fuori da mito“ (auf Deutsch erschien es 2015 unter dem Titel „Gewaltlosigkeit. Eine Gegengeschichte“) zieht der italienische Philosoph und Historiker folgendes Resümee: „In Ländern wie Frankreich und England bereitete der Sieg der liberalen und demokratischen Ordnung dem kolonialen Expansionismus keineswegs ein Ende, sondern gab ihm weiteren Impuls. Die Entstehung der Vereinigten Staaten und der amerikanischen Demokratie schließlich führte zu einer Intensivierung der Kriege gegen die Indianer, die jetzt mehr denn je der Enteignung, Deportation und Dezimierung unterworfen waren. (…) Ähnlich ging in Australien und Neuseeland das Erringen der Selbstregierung, wesentliches Element der Demokratie, Hand in Hand mit den Ausrottungskriegen gegen die Eingeborenen.“ [8]

    Während in England die Sklaverei 1772 für rechtswidrig erklärt wird und sie in britischen Kolonien 1834 offiziell aufgehoben wird, geschieht dies in den USA erst 1866, und auch dann nur im Ergebnis des überaus blutigen Bürgerkriegs zwischen der Union des Nordens und der Konföderation des Südens, ein Krieg der mehr Opfer fordert als die USA in beiden Weltkriegen zu beklagen haben. „Auf jeden Fall ging mit dem Ende des Sezessionskriegs ein geschichtlicher Zyklus zu Ende. Obwohl als ihr Zwilling geboren und lange in einer allerdings nicht spannungsfreien Beziehung mit ihr verbunden, bricht der Liberalismus in seiner Gesamtheit nun mit der Sklaverei im eigentlichen Sinne, der rassischen und Erb-Sklaverei.“ [9]

    Emanzipation und De-Emanzipation

    Doch auf die Emanzipation der Farbigen folgte in der liberalen Gesellschaft der USA eine schmerzhafte Epoche der De-Emanzipation: „Das Ende des Sezessionskriegs eröffnet die glücklichste Periode in der Geschichte der Afroamerikaner, die jetzt die bürgerlichen politischen Rechte erobern und in die Vertretungskörperschaften einziehen. Aber dies ist nur eine Art kurzes Zwischenspiel der Tragödie. Der Kompromiss, der 1877 zwischen den Weißen des Nordens und des Südens geschlossen wird, beinhaltet für die Schwarzen den Verlust der politischen Rechte und oft selbst der bürgerlichen Rechte, wie das Regime der Rassentrennung und die rohe Gewalt der Pogrome und der Lynchjustiz beweisen. Diese Phase von De-Emanzipation im Rahmen einer Gesellschaft, die sich weiterhin ’liberal’ nennt, dauert fast ein Jahrhundert.“ [10]

    „Die fast vollständige Streichung der Zensusdiskriminierungen innerhalb der weißen Gemeinschaft geht einher mit der beschleunigten Deportation der Indianer und mit der Tendenz zum Ressentiment und zur Gewalt gegen die Schwarzen. (…) Die scharfe Grenzlinie zwischen Weißen einerseits und Schwarzen und Indianern andererseits begünstigt die Gleichheitstendenz innerhalb der weißen Gemeinschaft. Die Mitglieder einer Klassen- und Hautfarbearistokratie neigen dazu, sich selber als ’Pairs’ zu werten: die den Ausgeschlossenen aufgezwungene Ungleichheit ist die Kehrseite des Gleichheitsverhältnisses, das sich unter denen durchsetzt, die die Macht haben, die ’Niedrigeren’ auszuschließen. (…)“ [11] Im Ergebnis entsteht eine Herrenvolk democracy.

    Was die Geschichte der Vereinigten Staaten angeht, so kann „eine ähnliche Betrachtung (…) hinsichtlich der sogenannten ’Progressive Era’ angestellt werden, welche die ersten drei Jahrzehnte des 20. Jahrhunderts umfasst; sicher zeichnet sie sich durch zahlreiche demokratische Reformen aus (die Direktwahl des Senats, das Wahlgeheimnis, die Einführung der Primärwahlen und des Instituts des Referendums usw. werden gewährleistet), stellt aber gleichzeitig für die Indianer (die ihrer letzten Ländereien beraubt und einem unerbittlichen Anpassungsprozess unterzogen werden, der ihnen sogar ihre kulturelle Identität aberkennen will) und für die Schwarzen (Zielscheibe des brutalen Terrors des Ku-Klux-Klan) eine besonders tragische Periode dar.“ [12]

    Bis weit in das 20. Jahrhundert hinein ist im Süden der USA auch die furchtbare Praxis des Lynchens Farbiger verbreitet. In seinem Buch „Der westliche Marxismus“ gibt Losurdo eine vom jungen Ho Chi Minh, dem späteren Befreier Vietnams, beobachtete grausame Szene wieder: „Als er 1924 auf der Suche nach Arbeit in die Vereinigten Staaten kommt, wird er voller Entsetzen Zeuge eines Lynchmordes, der langsamen und endlosen Qualen eines Schwarzen, denen eine amüsierte und feiernde Menge von Weißen beiwohnt. Wir übergehen die einzelnen Grausamkeiten, um uns auf die politische Zusammenfassung zu konzentrieren: ’Auf dem Boden, umgeben von Dreck aus Fett und Rauch, schneidet ein schwarzer Kopf, verstümmelt, geröstet, deformiert, eine schreckliche Grimasse und scheint die untergehende Sonne zu fragen: Und das ist Zivilisation?’“ [13] „Zwischen 1880 und 1900 wurden 2060 Afroamerikaner gelyncht. Einem Drittel von ihnen warf man sexuelle Übergriffe oder einfach unangemessenes Verhalten gegenüber weißen Frauen vor.“ [14]

    Trotz aller Erfolge der Bürgerrechtsbewegung sind die USA auch heute noch – mehr als 150 Jahre nach Aufhebung der formellen Sklaverei – von einer Überwindung des Rassismus weit entfernt: Vor allem Farbige leiden unter bitterer Armut, sind häufiger als Weiße Opfer von Polizeigewalt, und ihr Anteil an Häftlingen ist weit überproportional.

    Wie tief die rassische Diskriminierung in der weißen Gesellschaft der USA bis heute verankert ist, zeigt die alltägliche rassistische Gewalt von Polizisten gegenüber Schwarzen. Nach der Tötung von Trayvon Martin kam es 2013 zum Aufruhr von Empörten gegen diese Gewalt und zur Gründung der Bewegung „Black Lives Matters“. Auf die Ermordung des Schwarzen George Floyd im Mai 2020 durch weiße Polizisten in Minneapolis folgten erneut die ganzen USA erfassende Proteste. Auch in Europa kam es in vielen Städten zu Solidaritätsbekundungen.

    Das Urteil des italienischen Historikers und Philosophen Domenico Losurdo über den Charakter der drei Länder Niederlande, Britannien und USA ist eindeutig: „Fest steht, dass in allen drei liberalen Revolutionen Freiheitsanspruch und Rechtfertigung der Sklaverei sowie der Dezimierung (oder Vernichtung) der Barbaren Hand in Hand gehen. (…) Die Länder der drei großen liberalen Revolutionen sind also zugleich die Protagonisten zweier tragischer Kapitel der modernen und Zeitgeschichte.“ [15] In seinem 1998 geschriebenen Buch „Das 20. Jahrhundert begreifen“ kommt er zum ernüchternden Ergebnis: „Die Geschichte des Westens führt uns ein Paradoxon vor Augen, das von der Geschichte seines heutigen Führungslandes her begriffen werden kann: Die Demokratie innerhalb der weißen Gemeinschaft hat sich gleichzeitig mit der Versklavung der Schwarzen und der Deportation der Indianer entwickelt.“ [16]

    Die fest etablierte Existenz der Sklaverei im klassischen Liberalismus ist für Losurdo daher der Schlüssel für das Verständnis des Westens gestern und heute. Die von Marx so treffend als „Handelsjagd auf Schwarzhäute“ beschriebenen, nicht enden wollenden Strafexpeditionen und Kolonialkriege mit unzähligen Toten und Entrechteten hatte die rassische Diskriminierung ganzer Völker zur Voraussetzung bzw. zur Folge. Ein Gift, das noch heute wirkt und zur gegenwärtigen Teilung der Welt in einen weißen Westen und einen farbigen globalen Süden entscheidend beiträgt.

    Französische Revolution und die Erschütterung der Institution Sklaverei

    Ein anderes Bild zeigt, zumindest was die Akzeptanz der Sklaverei angeht, die Französische Revolution. Sie ist zwar gleichfalls eine bürgerliche Revolution, die eine liberale Gesellschaft hervorbringt, trägt aber zugleich Elemente in sich, die darüber hinausgehen. Die Erklärung der Menschen- und Bürgerrechte der Französischen Nationalversammlung vom 26. August 1789 bezieht sich ausdrücklich auf alle Menschen ungeachtet ihrer Hautfarbe und nimmt die Sklaverei nicht hin, wie in der US-amerikanischen Verfassung geschehen. Dort wird die Institution der Sklaverei „in dem Staat rechtlich und sogar verfassungsmäßig legitimiert, der aus dem Aufstand der Siedler hervorgegangen ist, die sich nicht als ’Neger’ behandeln lassen wollten – wenn auch unter Anwendung der Euphemismen und Umschreibungen (…). Es entsteht damit ein Land, das durch die (Losurdo zitiert hier Robin Blackburn) ’feste und direkte Verbindung von Eigentum an Sklaven und politischer Macht’ gekennzeichnet ist, wie sowohl die Verfassung als auch die Zahl der Sklavenhalter verdeutlicht, die zum höchsten Staatsamt aufsteigen.“ [17]

    Die französischen Revolutionäre ließen sich demgegenüber in ihrem Handeln von Persönlichkeiten leiten, die bereits weit vor den revolutionären Ereignissen die Sklaverei ablehnten, sie zumindest aber grundsätzlich in Frage stellten: „Die Kritik an der Sklaverei entwickelte sich im 18. Jahrhundert stärker in Frankreich und wird schließlich wesentlicher Bestandteil der ideologischen Vorbereitung der französischen Revolution, wobei allerdings Dissonanzen und Zweideutigkeiten nicht fehlen.“ [18] Losurdo hebt dabei die Rollen der Aufklärer Montesquieu vor allem aber die von Rousseau hervor: „Tatsache ist jedenfalls, dass die gegen die Sklaverei gerichtete Polemik der philosophes nicht nur wesentlicher Bestandteil der ideologischen Vorbereitung der französischen Revolution ist, sondern auch eine Rolle bei dem Aufstand der Negersklaven gespielt hat, der auf der Woge dieser Revolution in Saint Domingue ausgebrochen war. Toussaint Louverture, der Anführer dieses Aufstandes bewunderte zutiefst die französische aufklärerische Kultur und hatte Raynalds Historie gelesen, wo er mit aller Wahrscheinlichkeit auch auf dessen Voraussicht eines neuen Spartakus gestoßen ist. (…) Der neue Spartakus scheint sich jedenfalls in Toussaint Louverture zu verkörpern. Im Gefolge des von ihm angeführten Aufstands schafft der Konvent 1794 die Sklaverei in den Kolonien ab, die dann 1802 von Napoleon wieder eingeführt wird.“ [19] Toussaint Louverture, der große Vorkämpfer der Revolution von San Domingo, fordert, (hier zitiert Losurdo Florence Gauthier, Triomphe et mort du droit naturel en Révolution) ’die absolute Geltung des Grundsatzes, dass kein Mensch, sei er rot, schwarz oder weiß, Eigentum von seinesgleichen sein kann’“ [20] Ohne Zweifel ist Louverture für Domenico Losurdo ein hervorragender Freiheitskämpfer, der Jahrzehnte vor Marx und Engels und ein Jahrhundert vor Lenin in Wort und Tat für Emanzipation und Gleichberechtigung kämpfte und dennoch bis heute kaum bekannt ist, obwohl „der große Protagonist der Revolution der Sklaven“ [21] in die Reihe der großen Revolutionäre gehört.

    Die Erschütterung, die die Institution der Sklaverei weltweit durch die Französische Revolution erfährt, ist auch in Deutschland zu spüren: „Im Jahre 1795 verurteilt Kant energisch die ’allergrausamste und ausgedachteste Sklaverei’, die auf den ’Zuckerinseln’ stattfindet; wichtig ist hier, dass Kant seine Verurteilung unter besonderer Bezugnahme auf die ’handeltreibenden Staaten unseres Weltteils’ und auf die Länder ausspricht, ’die von der Frömmigkeit viel Werks machen’ (…). Die Verurteilung konzentriert sich also auf England und auf die Staaten, die sich geweigert hatten, dem Beispiel des Konvents hinsichtlich der Abschaffung der Sklaverei in den Kolonien zu folgen, und die gegen das revolutionäre (und gegen die Sklaverei gerichtete) Frankreich einen Kreuzzug auch im Namen der Revolution führten.“ [22]

    Somit haben „sowohl die Niederländische als auch die Englische sowie die Amerikanische Revolution (…) der Entwicklung der Freiheit, der politischen Gleichheit und der Demokratie entscheidende Impulse gegeben. Doch das alles galt nur für die Weißen, für die Bevölkerungen der westlichen, kolonisierenden Länder und auch lange Zeit nur für die wenigen Besitzenden dort. In den Kolonien erkämpften sich europäische Einwanderer Freiheitsrechte und verlangten nach staatlicher Unabhängigkeit. Doch ohne „die Sklaverei (und die darauffolgende Rassentrennung) kann man die ’amerikanische Freiheit’ nicht verstehen: sie wachsen, sich gegenseitig stützend, gemeinsam heran. (…)

    Die Herrenvolk democracy der USA

    Es ist Hannah Arendt, die 1967 – inzwischen US-Bürgerin – eine Beurteilung der beiden Revolutionen, der Amerikanischen sowie der Französischen, vornimmt: „Die Französische Revolution mündete in eine Katastrophe und wurde zu einem Wendepunkt der Weltgeschichte; die Amerikanische Revolution war ein triumphaler Erfolg und blieb eine lokale Angelegenheit (…).“ [23] Doch kommt auch sie nicht umhin einzugestehen, dass dieser „triumphale Erfolg“ nur für Weiße galt, für Schwarze und Indianer verhieß die Amerikanische Revolution hingegen nichts Gutes: Die Revolution verdankte – nach Arendt - „ihren Erfolg zu einem Gutteil dem Fehlen verzweifelter Armut unter den Freien und der Unsichtbarkeit der Sklaven in den Kolonien der Neuen Welt. Natürlich gab es Armut und Elend in Amerika, die durchaus mit der Lage der ’laboring poor’ in Europa vergleichbar waren. Mochte Amerika in der Tat ’a good poor Man´s country’ sein, wie William Penn meinte, ein gutes Land für arme Männer, und bis zum Beginn des 20. Jahrhunderts für die Verarmten Europas der Traum vom gelobten Land bleiben, so ist nicht weniger wahr, dass diese ’Gutheit’ zu einem beträchtlichen Maß vom Elend der Schwarzen abhing. (…) Der Unterschied bestand somit darin, dass die Amerikanische Revolution aufgrund der Institution der Sklaverei und wegen der Überzeugung, Sklaven würden einer anderen ’Rasse’ angehören, die Existenz der Elenden übersah und damit die beachtliche Aufgabe aus dem Blick verlor, diejenigen zu befreien, die weniger durch politische Unterdrückung als durch die einfachsten Grundbedürfnisse des Lebens gefesselt waren. Les malheureux, die Unglücklichen, die im Verlauf der Französischen Revolution eine so gewichtige Rolle spielen und von ihr le peuple gleichgesetzt wurden, existieren in Amerika entweder nicht oder blieben völlig im Verborgenen.“ [24]

    Ganz ähnlich, in seiner Wortwahl nur deutlich schärfer, beschreibt Losurdo den Liberalismus der USA: „Wir haben es (hier) mit einem Rassenstaat zu tun, der sich, der ausdrücklichen Erklärung seiner Theoretiker und Apologeten im Süden zufolge, in ’drei Kasten, die freien Weißen, die freien Farbigen, die farbigen Sklaven’ gliedert“ [25] Und somit spielt die Rassendiskriminierung „in den Vereinigten Staaten eine entscheidende Rolle im nationalen Maßstab (…), so empfiehlt es sich von einer Herrenvolk democracy zu sprechen.“ Heutige amerikanische Historiker verwenden dabei bewusst die deutsche Formulierung Herrenvolk, um die enge Verwandtschaft zwischen dem US-amerikanischen Rassismus und der rassistischen Ideologie des deutschen NS-Staats zu betonen. [26]

    Und diese Herrenvolk democracy verschwindet auch nicht mit dem Ende der Sklaverei, nach dem Sieg der Union über den abtrünnigen Süden im amerikanischen Bürgerkrieg: „Die formelle Abschaffung der Sklaverei in den Vereinigten Staaten im Jahre 1865, dreißig Jahre nach der entsprechenden Maßnahme in den englischen Kolonien und mit einer noch größeren Verspätung im Vergleich zu den Ländern, die die Unabhängigkeit von Spanien erobert hatten, setzt diesem Rassenstaat keineswegs ein Ende.

    Wir sehen ein Regime der white supremacy am Werk, dass die Rassentrennung in den Schulen, in den öffentlichen Verkehrsmitteln, in den Aufzügen und auf dem Friedhof und in jedem Aspekt des sozialen Lebens sanktioniert und die sexuellen Beziehungen und Eheverbindungen zwischen den Rassen verbietet und wie ein Verbrechen behandelt.“ [27] In Florida „werden sogar verschiedene Galgen für Schwarze und Weiße Todeskandidaten verwendet.“ [28]

    Diese Zweiteilung wird als Segregation bezeichnet. Es ist „ein Begriff, den die Gesetzgeber in den Südstaaten selbst verwenden, bevor er Eingang in die Geschichtswissenschaft fand. (…) Im Verlauf der beiden ersten Jahrzehnte des 20. Jahrhunderts veränderte sich das Erscheinungsbild der Städte im Süden der USA durch die Errichtung von Mauern und Trennwänden, Schilder mit den Aufschriften ’Whites only’ und ’Colored only’ wurden aufgehängt, etwa an Trinkbrunnen oder Wartesälen. In öffentlichen Gebäuden und privaten Geschäften gab es doppelte Eingangstüren.“ [29]

    Herrenvolk democracy als westliches Phänomen

    Nach Domenico Losurdo kann „Die Kategorie Herrenvolk democracy zur Erklärung der gesamten Geschichte des Westens herangezogen werden. Zwischen dem Ende des 19. und dem Anfang des 20. Jahrhunderts geht in Europa die Ausweitung des Wahlrechts Hand in Hand mit dem Kolonisationsprozess, der für die unterworfenen Völker den Zwang zu sklavischer oder halbsklavischer Arbeit mit sich brachte. Die Rechtsstaatlichkeit in der kapitalistischen Metropole ist eng verknüpft mit der Gewalt, der bürokratischen und Polizeiwillkür und mit dem Belagerungszustand in den Kolonien. Letztendlich ist es das gleiche Phänomen, das in den Vereinigten Staaten auftritt, nur erscheint es im Fall Europas nicht so offensichtlich, weil die Kolonialbevölkerungen nicht in der kapitalistischen Metropole leben, sondern von ihr durch den Ozean getrennt sind.“ [30]

    Das südafrikanische Apartheitssystem kopiert dieses System der Rassentrennung. In Nazideutschland wird es auf die Diskriminierung der Juden angewandt: So werden Parkbänke als „Nur für Arier“ benutzbar erklärt. Die wenigen für Juden vorgesehenen werden gelb angestrichen. In verschiedenen Landesteilen wird selbst der Wald zum „deutschen Wald“ erklärt, zu dem Juden keinen Zutritt haben. [31]

    Losurdo ist aber davon weit entfernt, die USA des ewigen Rassismus zu beschuldigen und es etwa gegenüber europäischen Kolonialländern wie Belgien, Dänemark, Deutschland, Großbritannien, Frankreich, die Niederlande, Portugal und Spanien zurückzusetzen: „Das jahrhundertlange Andauern des Rassenstaats in den Vereinigten Staaten kann nicht mit einem mythischen, ewigen und einförmigen Amerika erklärt werden, sondern damit, dass sich in diesem Land die Kolonialvölker auf dem gleichen Territorium befinden, auf dem die herrschende Rasse lebte, und diese sah sich daher zu Maßnahmen gezwungen, die in Europa überflüssig waren. Dort kam die herrschende weiße Rasse wegen der räumlichen Distanz, die sie von den ’niederen’ Rassen trennt, die jenseits der Meere angesiedelt sind, leichter ihre Reinheit bewahren.“ [32]

    Seit einiger Zeit sehen sich allerdings auch die alten europäischen Kolonialländern mit einer starken Zuwanderung vor allem aus ihren früheren Kolonien konfrontiert, die sie womöglich bald vor ähnliche Herausforderungen stellen werden wie sie in den USA schon lange existieren.

    [1] Ich beziehe mich bei den folgenden Ausführungen vor allem auf Arbeiten des italienischen Historikers und Philosophen Domenico Losurdo. Im Mittelpunkt seines Werks stand die Kritik am Liberalismus und hier vor allem die Entstehung und Geschichte der Vereinigten Staaten von Amerika. Die USA sind bis heute der Hort des Liberalismus und das mit Abstand wichtigste Land des liberalen Westens. Zitiert wird hier vor allem aus Losurdos Bücher „Freiheit als Privileg. Eine Gegengeschichte des Liberalismus“ und „Demokratie oder Bonapartismus – Triumpf und Niedergang des allgemeinen Wahlrechts“.

    [2] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg. Eine Gegengeschichte des Liberalismus, Köln 2010, S. 33

    [3] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg, a.a.O., S. 140

    [4] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg, a.a.O., S. 23

    [5] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg, a.a.O., S. 317

    [6] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg, a.a.O., S. 196

    [7] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg, a.a.O., S. 50

    [8] Domenico Losurdo, Gewaltlosigkeit. Eine Gegengeschichte, Hamburg 2015, S. 244

    [9] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg, a.a.O., S. 90

    [10] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg, a.a.O., S. 436

    [11] Domenico Losurdo, Lenin, die Herrenvolk democracy und das Schwarzbuch des Kommunismus, in: Topos – Internationale Beiträge zur dialektischen Theorie, Heft 22, 2003, Napoli, S. 49

    [12] Domenico Losurdo, Fortschritt, Emanzipation und „Ernst des Negativen“. Zur Rehabilitierung einer heute verrufenen Idee, in: Das Argument 230, 41. Jahrgang Heft 2/3, 1999, S. 242

    [13] Domenico Losurdo, Der westliche Marxismus. Wie er entstand, verschied und auferstehen könnte, Köln, 2021, S. 51

    [14] Loïc Wacquant, Ein teuflisch penibles System, in: LE MONDE diplomatique, März 2024, Berlin, S.13

    [15] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg, a.a.O., S. 41

    [16] Domenico Losurdo, Da 20. Jahrhundert begreifen, Köln 2013, S. 21

    [17] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg, a.a.O., S. 73

    [18] Domenico Losurdo, Lemma Sklaverei, a.a.O., S. 302

    [19] Domenico Losurdo, Lemma Sklaverei, a.a.O., S. 305

    [20] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg, a.a.O., S. 236

    [21] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg, a.a.O., S. 262

    [22] Domenico Losurdo, Lemma Sklaverei, in: Europäischen Enzyklopädie zu Philosophie und Sozialwissenschaften, Hrsg. Hans Jörg Sandkühler, Hamburg 1990, Band 4 R-Z, S. 305

    [23] Hannah Arendt, Die Freiheit, frei zu sein, 14. Auflage 2023, München, S. 32

    [24] Hannah Arendt, Die Freiheit, frei zu sein, a. a. O., S. 24 f.

    [25] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg, a.a.O., S. 136

    [26] Domenico Losurdo, Freiheit als Privileg, a.a.O., S. 141

    [27] Domenico Losurdo, Die Deutschen. Sonderweg eines unverbesserlichen Volkes? Berlin 2010, S. 33

    [28] Loïc Wacquant, Ein teuflisch penibles System, in: LE MONDE diplomatique, a.a.O., S.13

    [29] Ebenda

    [30] Domenico Losurdo, Lenin, die Herrenvolk democracy und das Schwarzbuch des Kommunismus, a.a.O. S. 50

    [31] In seinen Tagebüchern zählt Victor Klemperer unzählige Beispiele solcher Diskriminierungen auf, die den Juden in Nazideutschland das Leben schwermachten, bevor man schließlich zu ihrer Ermordung überging.

    [32] Domenico Losurdo, Die Deutschen. Sonderweg eines unverbesserlichen Volkes? Berlin 2010, S. 36 f.

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    #colonialisme #capitalisme #histoire #USA #impérialisme #esclavagisme

  • Dans le Vaucluse, des saisonniers étrangers traités comme des esclaves | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/vaucluse-saisonniers-etrangers-traites-esclaves/00112209
    https://www.alternatives-economiques.fr/sites/default/files/public/styles/for_social_networks/public/field/image/saisonniers_etrangers_web_0.webp?orig=jpg&itok=4Qr1EBw1

    Près de chez vous Dans le Vaucluse, des saisonniers étrangers traités comme des esclaves
    Le 26 Août 2024
    Au pied du mont Ventoux, comme ailleurs en France, certains saisonniers agricoles étrangers sont particulièrement maltraités par leurs employeurs. Les syndicats tentent de réagir.
    Par Solange de Fréminville
    Pas de salaire, pas de jour de repos, un hébergement indigne. Sous l’étincelant soleil de Provence, au pied du mont Ventoux, dix-sept saisonniers agricoles marocains ont été réduits au cours de l’été 2023 à ce qui s’apparente à de l’esclavage.

    #Covid-19#migrant#migration#france#economie#migrationsaisonniere#agriculture#travailleurmigrant#sante#droit#esclavage#maroc

  • « La #forêt_amazonienne est habitée depuis toujours »

    Sous ses dehors sauvages, la forêt amazonienne est habitée depuis des millénaires par des populations qui ont su l’exploiter tout en la préservant, comme le raconte le géographe François-Michel Le Tourneau dans ce 4ᵉ volet de notre série d’été consacrée à la forêt.

    On imagine la forêt amazonienne comme un espace vierge de présence humaine. Mais c’est loin de la vérité. Vous êtes spécialiste de la région amazonienne, notamment dans sa partie brésilienne. Pouvez-vous nous dire qui habite cette forêt aujourd’hui ?
    François-Michel Le Tourneau1. Depuis une trentaine d’années, le concept de forêt vierge appliqué à l’Amazonie est en train de voler en éclats. L’histoire de la région a été dominée jusqu’aux années 1970 par des archéologues occidentaux, qui avaient imposé l’idée d’une forêt impénétrable, produisant peu de ressources, en particulier peu de protéines animales, où ne pouvaient subsister que quelques tribus nomades. Mais c’est faux ! D’abord, le peuplement de cette région remonte au moins à 11 000 ans avant notre ère. Différentes populations ont peu à peu domestiqué des plantes comme le riz et le manioc. Elles ont par ailleurs développé des civilisations denses et quasi-urbaines dans les siècles qui ont précédé la colonisation européenne, comme le montre l’apport récent du lidar, une technique de télédétection laser qui traverse la canopée et révèle le modelé exact du sol.

    Mais à cause de l’arrivée des Européens et, avec eux, des épidémies, 80 % à 90 % de cette population a été décimée. Les Portugais ont alors importé de la main-d’œuvre depuis l’Afrique et une partie de ces esclaves, les quilombolas, appelés aussi « Noirs marrons », se sont échappés pour vivre en forêt. Par ailleurs, des métissages ont eu lieu entre Amérindiens et Européens, dont sont issus les caboclos, des paysans qui ont formé petit à petit le gros de la population du bassin amazonien. Le peuplement de la forêt amazonienne est donc le fruit d’une histoire où se sont succédé et mélangées des populations d’origines très différentes.

    Les Amérindiens ne sont donc pas les seuls habitants de cette forêt ?
    F.-M. Le T. Non, en effet. Et l’histoire ne se termine pas là ! Au XIXe et au XXe siècle, deux grandes vagues d’immigration ont entraîné des afflux de population du Nord-Est. À la fin du XIXe siècle, quand la demande de latex a explosé dans le monde, 500 000 seringueiros sont venus pratiquer en forêt la saignée des hévéas (seringueira en portugais, Ndlr). L’euphorie liée au commerce du caoutchouc n’a pas duré longtemps, car la Malaisie a repris cette exploitation à grande échelle. Comme dans le conte de Cendrillon, la région amazonienne s’est rendormie pour plus d’un siècle. Jusqu’à ce que le régime militaire brésilien arrivé au pouvoir en 1964 décide de développer une région considérée – toujours à tort ! – comme vide et arriérée et de l’arrimer au reste du pays, craignant une prise de contrôle par d’autres puissances. Il organise alors un grand plan de colonisation agricole par des populations paysannes sans terre, ce qui lui permet en même temps d’éviter une réforme agraire dans le reste du pays.

    Plusieurs millions de personnes arrivent ainsi dans les années 1970-1980, profitant des routes qui sont construites dans le même temps à travers la forêt. La population urbaine commence à dépasser la population rurale… au point que la géographe brésilienne Bertha Becker qualifiait dès 2000 cette Amazonie brésilienne de « forêt urbanisée » ! Aujourd’hui, environ 25 millions de personnes vivent en Amazonie brésilienne, dont 753 000 Amérindiens. Parmi elles, 350 000 habitent au cœur même de la forêt.

    La population amérindienne est à nouveau en progression ?
    F.-M. Le T. Oui, elle a fortement augmenté depuis trente ans au Brésil en général et en Amazonie en particulier. Depuis les années 1970, une meilleure prise en charge sanitaire, notamment vaccinale, a amélioré la santé des Amérindiens. Surtout, une convergence est apparue à partir de 1985 entre la montée des préoccupations environnementales d’une part et les luttes sociales des populations autochtones d’autre part.

    En 1988, une nouvelle constitution a reconnu leurs droits et leurs langues, et leur a restitué de larges pans de territoires : aujourd’hui, sur 3,3 millions de kilomètres carrés de forêt amazonienne brésilienne, environ 1,3 million de kilomètres carrés (trois fois la France métropolitaine environ) sont exclusivement réservés aux Amérindiens. À cela s’ajoutent les terres allouées à d’autres populations traditionnelles, comme les seringueiros. Confrontés dans les années 1970 à l’arrivée de propriétaires qui défrichent massivement, ils ont obtenu une gestion communautaire de ces terres. Même chose pour les ribeirinhos vivant sur les berges du fleuve, qui ont récupéré des réserves de développement durable et des droits spécifiques dans la préservation de ces écosystèmes.

    On oublie trop souvent que des centaines d’espèces et de variétés étaient cultivées en forêt par les Amérindiens avant le contact avec les Européens, sans entraîner de dégradation de la fertilité des sols, au contraire ! Là où les grandes entreprises agricoles défrichent d’immenses surfaces pour ne faire pousser que quelques espèces à grand renfort d’intrants chimiques.

    De quelle façon ces populations vivent-elles de la forêt ?
    F.-M. Le T. Les Amérindiens pratiquent pour la plupart un système mixte qui repose sur une agriculture rotative par abattis-brûlis, la collecte de ressources végétales (graines, semences, lianes), ainsi que la pêche et la chasse. Pour fonctionner, ce système impose d’avoir accès à de vastes surfaces qu’ils parcourent en fonction des saisons et des besoins.

    Les autres populations traditionnelles ont repris certaines bases des Amérindiens, notamment l’agriculture rotative, mais elles utilisent souvent plus intensivement d’autres ressources car elles tirent une partie de leur subsistance de la vente de ces produits (noix, fibres, semences, etc.) sur les marchés. Dans les deux cas, de plus en plus, les allocations sociales et les salaires participent aussi aux économies des familles, entraînant des changements de régimes alimentaires pas toujours heureux.

    Ces populations traditionnelles sont-elles un rempart contre la déforestation ?
    F.-M. Le T. En partie oui. Le gouvernement brésilien considère d’ailleurs que les territoires amérindiens participent au réseau des unités de conservation de l’environnement. Dans le même temps, les politiques de développement se pensent toujours face à une nature sauvage qu’il s’agirait de domestiquer, avec des plantations monospécifiques, des pâturages destinés aux élevages ovins et bovins, des grandes cultures, qui ne laissent aucune place aux processus naturels. L’idée perverse d’une profusion inépuisable de la forêt n’est pas remise en question...

    Mais les peuples autochtones deviennent aussi, pour certains, prisonniers d’une injonction à sauver la forêt. Or, leur projet de développement dans le futur n’est pas forcément de conserver un mode de vie traditionnel. De nouveaux besoins se font jour, qui nécessitent souvent l’accès à des revenus monétaires. Certains, pour subsister, acceptent de faire des coupes à blanc (abattage sur de très grandes surfaces de la totalité des arbres d’une exploitation forestière, Ndlr) dans la forêt afin d’y créer des pâturages pour de l’élevage. Doit-on les en empêcher ? Il faut noter enfin que la plupart ne résident plus seulement dans leurs territoires d’origine mais pratiquent des mobilités circulaires entre ville et forêt, utilisant l’espace périurbain pour continuer leurs activités agricoles et de collecte tout en profitant des avantages de la ville, comme l’accès à la scolarité ou à des emplois rémunérés.

    Le sujet est compliqué. En réalité, ce devrait être à l’État de protéger cet environnement, tout en acceptant le droit à l’autodétermination de ces populations et leur aspiration à une prospérité matérielle équivalente à celle du reste du Brésil.

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-foret-amazonienne-est-habitee-depuis-toujours

    #géographie_du_vide #géographie_du_plein #Amazonie #peuples_autochtones #forêt #Amérique_latine #forêt_vierge #exploitation #Brésil #peuplement #quilombolas #noirs_marrons #esclavage #histoire #caboclos #agriculture #villes #urbanité #latex #hévéas #caoutchouc #colonisation #colonisation_agricole #réforme_agraire #forêt_urbanisée #vaccins #vaccination #démographie #agriculture_rotative #abattis-brûlis #alimentation #régime_alimentaire #déforestation #plantations #pâturages #terres #coupes_à_blanc #élevage #mobilités_circulaires

  • Leurs noms jugés racistes, des plantes vont être rebaptisées

    Plus de 200 plantes aux noms renvoyant à des insultes racistes ou des personnages esclavagistes vont être rebaptisées. La décision a été prise lors du Congrès international des botanistes à Madrid.

    Une décision importante dans le milieu botanique. Les professionnels du secteur du monde entier, qui se réunissent jusqu’au 27 juillet à Madrid pour le 20e Congrès international des botanistes, ont voté pour renommer des plantes à connotation raciste.

    Comme le rapporte le journal britannique du Times, 63 % des 556 experts en botaniques présents se sont dits favorables à ce changement. Ainsi, plus de 200 plantes, #algues et #champignons seront rebaptisés jusqu’en 2026.

    Sont notamment remis en cause des noms d’espèce contenant le mot latin « #caffra » (#caffre en français), rapporte le Times. Ce terme était utilisé pendant l’#apartheid en #Afrique_du_Sud pour désigner péjorativement les personnes noires. Selon le Journal of South African Studies (https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/03057070.2018.1403212), il est rattaché à des notions de racisme et de justification de la #supériorité_blanche.

    Une #commission pour valider le processus

    Les espèces composées sur nom « caffra » verront leurs dérivés être remplacés par « affra » afin de rappeler leur origine africaine. #Erythrina_Caffra devrait ainsi être rebaptisée Erythrina Affra, Protea Caffra en Protea Affra, et Dovyalis Caffra en Dovyalis Affra, selon les propositions de Gideon Smith et d’Estrela Figueiredo de l’Université Nelson-Mandela (Afrique du Sud).

    « Nous nous réjouissons de l’éradication d’une injure raciste dans les noms scientifiques des plantes, des algues et des champignons. Nous nous félicitons de la majorité de plus de 60 % que la communauté botanique mondiale a exprimée en faveur de notre proposition », a réagi Gideon Smith auprès du journal britannique.

    Une commission va être également créée pour s’assurer du bon déroulé du changement de nom, sur la proposition du taxonomiste végétal à l’université nationale d’Australie à Canberra, Kevin Thiele, qui salue une avancée dans la reconnaissance du problème. Pour autant, certains biologistes expriment des inquiétudes quant à ce changement de #nomenclature. « Cela pourrait entraîner beaucoup de confusion et de problèmes pour les utilisateurs dans de nombreux domaines autres que la botanique », estime Alina Freire-Fierro, botaniste à l’université technique de Cotopaxi, en Équateur.

    D’autres noms sont dans le viseur des botanistes, comme ceux associés à des personnages esclavagistes ou opposés à l’abolition de l’esclavage. L’#Hibbertia vient par exemple de #George_Hibbert, un membre du lobby pro-esclavagiste de Grande-Bretagne.

    https://www.lepoint.fr/environnement/leurs-noms-juges-racistes-des-plantes-vont-etre-rebaptisees-23-07-2024-25662
    #plantes #noms #racisme #nomination #botanique #esclavagisme

    ping @cede @reka

    • What’s in a Word? Historicising the Term ‘Caffre’ in European Discourses about Southern Africa between 1500 and 1800

      In the 19th and 20th centuries, southern Africa’s white colonists used the word ‘Caffre’ to characterise the region’s black majority as an inferior race of African origins. While this historical context explains why the term ‘Caffre’ is considered hate speech in post-apartheid South Africa, the word’s history dates back to the beginning of Europe’s engagement with the region in c. 1500. Based on primary sources in multiple languages, this article explores this deeper history and shows that Europeans imbued the word ‘Caffre’ with racialising ideas from the start. The Portuguese first racialised the term by linking it explicitly to black skin colour in the 16th century. In the 17th century, Cape Colony officials reinforced its racialisation by creating a ‘Hottentot–Caffre’ race dichotomy, a racial divide of long-term significance in southern African history. By the end of the 18th century, most European naturalists argued that ‘Caffre’ identified a people racially distinct from ‘Hottentots’ and ‘true Negroes’, an idea that shaped missionary approaches to Bible translation in the region until the mid 19th century. Moreover, naturalists rationalised these alleged racial differences by placing the origins of the ‘Caffres’ outside the African continent, thereby effectively defining them as a superior race of non-African provenance. The word’s deeper history, therefore, exposes a major transformation in meaning over the course of the 19th century: whereas the word ‘Caffre’ represented a superior race of non-African origin in 1800, it described an inferior race of African origin in 1900. Because the radical change in meaning parallels the process of black political and economic disempowerment in southern Africa, the article suggests that the term became directly implicated in and transformed by this process and, for this reason, should be viewed as a valuable historical record of the establishment of white supremacist rule in the region.

      https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/03057070.2018.1403212

  • New UNHCR/IOM/MMC Report Highlights Extreme Horrors Faced by Migrants and Refugees on Land Routes to Africa’s Mediterranean Coast

    Refugees and migrants continue to face extreme forms of violence, human rights violations and exploitation not just at sea, but also on land routes across the African continent, towards its Mediterranean coastline. This is according to a new report released today by UNHCR, the UN Refugee Agency, the International Organization for Migration (IOM) and the Mixed Migration Centre (MMC), titled “On this journey, no-one cares if you live or die” (Volume 2).

    With more people estimated to cross the Sahara Desert than the Mediterranean Sea – and deaths of refugees and migrants in the desert presumed to be double those happening at sea – the report casts light on the much less documented and publicized perils facing refugees and migrants on these land routes.

    Spanning a 3-year data collection period, the report also warns of an increase in the number of people attempting these perilous land crossings and the protection risks they face.

    This is in part the result of deteriorating situations in countries of origin and host countries – including the eruption of new conflicts in the Sahel and Sudan, the devastating impact of climate change and disasters on new and protracted emergencies in the East and Horn of Africa, as well as the manifestation of racism and xenophobia affecting refugees and migrants.

    The report also notes that across parts of the continent, refugees and migrants are increasingly traversing areas where insurgent groups, militias and other criminal actors operate, and where human trafficking, kidnapping for ransom, forced labour and sexual exploitation are rife. Some smuggling routes are now shifting towards more remote areas to avoid active conflict zones or border controls by State and non-State actors, subjecting people on the move to even greater risks.

    Among the litany of risks and abuses reported by refugees and migrants are torture, physical violence, arbitrary detention, death, kidnapping for ransom, sexual violence and exploitation, enslavement, human trafficking, forced labour, organ removal, robbery, arbitrary detention, collective expulsions and refoulement.

    Criminal gangs and armed groups are reported as the main perpetrators of these abuses, in addition to security forces, police, military, immigration officers and border guards.

    Despite commitments undertaken by the international community to save lives and address vulnerabilities, in accordance with international law, the three organizations warn that current international action is inadequate.

    Huge gaps in protection and assistance prevail across the Central Mediterranean route, pushing refugees and migrants to move onward on dangerous journeys. Specific support as well as access to justice for survivors of various forms of abuse is rarely available anywhere on the routes. Inadequate funding and restrictions on humanitarian access (including in key locations such as informal detention centres and holding facilities) are also hampering support.

    On their part, UNHCR, IOM, partners and several governments have stepped up life-saving protection services and assistance, identification and referral mechanisms along the routes – but humanitarian action is not enough.

    The organizations are calling for concrete, routes-based protection responses to save lives and reduce suffering, as well as a push to address the root causes of displacement and drivers of irregular movements– through positive action on peacebuilding, respect for human rights, governance, inequality, climate change and social cohesion, as well as the creation of safe pathways for migrants and refugees. These should span countries of origin, asylum, transit and destination.

    The organizations hope the report’s findings will bolster action to address the current gaps in the response towards people on the move.

    https://www.iom.int/news/new-unhcr-iom-mmc-report-highlights-extreme-horrors-faced-migrants-and-refugees

    #rapport #migrations #réfugiés #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #violence #exploitation #Afrique #Méditerranée #Sahara #désert_du_Sahara #travail_forcé #milices #kidnapping #trafic_d'êtres_humains #risques #violence_physique #torture #exploitation_sexuelle #esclavage #trafic_d'organes #détention_arbitraire #refoulements #expulsions_collectives #gangs #groupes_armés #forces_de_l'ordre #protection

    • On This Journey, No One Cares if You Live or Die: Abuse, Protection and Justice along Routes between East and West Africa and Africa’s Mediterranean Coast – Volume 2

      In the complex landscape of migration, this second volume of the report, On This Journey, No One Cares if You Live or Die, emerges as a crucial body of work that sheds light on the stark realities faced by refugees and migrants traversing the perilous Central Mediterranean route all the way from East and Horn of Africa and West Africa to the North African coast of the Mediterranean and across the sea. Jointly published by IOM, MMC and UNHCR, this report delves into the protection risks faced by refugees and migrants during these journeys. It aims to inform increased and concrete routes-based protection responses to reduce the suffering associated with the desperate journeys refugees and migrants undertake, and to serve as a call to action in addressing the root causes of displacement and drivers of irregular migration through positive action on peace, climate change, governance, inequality and social cohesion, as well as the creation of safe migration pathways.

      https://publications.iom.int/books/journey-no-one-cares-if-you-live-or-die

  • Quand rap et reggae font tomber Christophe Colomb de son piédestal.
    https://lhistgeobox.blogspot.com/2024/06/quand-rap-et-reggae-font-tomber.html

    « Dans les imaginaires caribéens, ce choix de commémoration provoque une onde de choc, car il paraît invisibiliser ou minimiser les conséquences de la colonisation, puis de l’esclavage. Le cercle Franz Fanon organise un procès à Fort-de-France. L’accusation reproche à Colomb d’avoir, avec les Indiens, initié une série de massacres dont seront ensuite victimes le peuple noir esclavagisé, le peuple juif... (4) Le verdict réclame que l’on fasse disparaître Colomb de l’histoire et qu’on l’oublie. Au Honduras, on le crible de flèche en effigie. Le navigateur subit désormais une mort symbolique, comme en atteste la vague de déboulonnage de statues aux Etats-Unis, dans le contexte du crime raciste provoqué par des suprémacistes blancs à Charlottesville, en 2017. Colomb bascule, aux côtés des chefs sudistes, dans le camp des responsables de la déportation des esclaves et du racisme constitutif des Etats-Unis. Le Columbus day est de plus en plus remplacé par un indigenous day. Toujours sur l’album Melanin man, Mutabaruka incarne le fantôme de Colomb (« Columbus ghost »), dépeint comme une créature cynique et détestable, responsable de la destruction des peuples, initiateur d’un racisme implacable et de la suprématie blanche. Ses paroles remettent en cause également l’accusation de cannibalisme formulée par le navigateur à l’encontre des Arawaks. Les paroles insistent sur les répercussions considérables des voyages : " Tu célébreras ma victoire. / Tes enfants me loueronnt. / Je suis leur seule histoire. / Je suis Christophe Colomb ... Tu célèbres mon arrivée. / Je ne quitterai plus ton esprit". »

  • #Esclavage dans les #mondes_musulmans : les faits, les clichés et leur postérité

    #M’hamed_Oualdi revient sur les traites serviles en terre d’islam, souvent instrumentalisées pour relativiser l’esclavage pratiqué par les Européens. Il démonte les comparaisons hasardeuses, sans complaisance pour une histoire dont les #traumatismes sont encore vivaces.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/210624/esclavage-dans-les-mondes-musulmans-les-faits-les-cliches-et-leur-posterit
    #islam #histoire #traite_d'êtres_humains #traite_islamique #comparaison #traite_atlantique #traite_trans-saharienne #Sahara #imaginaire #couleur_de_peau #religion

    • L’esclavage dans les mondes musulmans. Des premières traites aux traumatismes

      L’esclavage dans les mondes musulmans suscite de nombreux fantasmes et de multiples instrumentalisations. Cet ouvrage propose une mise au point rigoureuse et informée sur ce sujet, afin de couper court aux polémiques qui l’entourent.

      Objet d’études scientifiques mais aussi et surtout de passions politiques, l’esclavage dans les mondes musulmans suscite de nombreux fantasmes et de multiples instrumentalisations. Pour couper court aux inlassables polémiques qui entourent ce sujet prétendument tabou, M’hamed Oualdi l’aborde dans cet ouvrage en historien, c’est-à-dire d’une manière attentive à la fois à l’établissement des faits et à l’appréhension de leur complexité.
      Contre la vision homogénéisante d’un esclavage « islamique » unifié qui ne sert qu’à relativiser la gravité de la traite atlantique, il souligne la diversité des traites au sein de ces mondes depuis la période médiévale et la pluralité des formes que prend la servitude en leur sein. Il pointe aussi le caractère ambivalent des politiques abolitionnistes mises en œuvre par les puissances européennes au XIXe siècle, avant d’interroger la persistance de l’esclavage et des traumatismes qui lui sont liés dans les sociétés arabes et musulmanes contemporaines. Des premières traites aux « post-esclavages », ce sont ainsi non seulement les étapes marquantes dans l’histoire de ces sociétés qui sont restituées, mais aussi la trajectoire et la parole de millions d’hommes et femmes asservis.

      http://www.editionsamsterdam.fr/lesclavage-dans-les-mondes-musulmans

      #livre

  • Le petit-déjeuner est-il une affaire géopolitique ? - RTBF Actus
    https://www.rtbf.be/article/le-petit-dejeuner-est-il-une-affaire-geopolitique-11381501

    Et si l’histoire du petit-déjeuner devait son existence à la révolution industrielle et à la colonisation ? Découvrons comment sont arrivés jusqu’à nous le thé, le café et le chocolat qui nous semblent aujourd’hui si banals grâce à Christian Grataloup, professeur émérite à l’Université Paris Diderot et auteur de Le monde dans nos tasses – L’étonnante histoire du petit-déjeuner (Dunod poche). Christian Grataloup était l’invité d’Un Jour dans l’Histoire sur La Première.

  • Chanel fabrique et vend des produits grâce à Pôle emploi | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/220424/chanel-fabrique-et-vend-des-produits-grace-pole-emploi

    Les « stagiaires » ont en fait travaillé à la chaine tout en consommant leurs droits à la formation et leur « revenu » a été équivalent à une seule des pièces qu’elles ont fabriqué de manière intensive.
    Elles n’ont jamais vraiment eu le droit de refuser quoi que ce soit et ont été jetées juste avant de devoir les payer.
    #esclavage

    Sandrine et Catherine, 55 et 52 ans, étaient les deux femmes les plus âgées de la formation. Pendant le travail à la chaîne, une épée de Damoclès planait constamment au-dessus de leur tête. « Ce n’était pas compliqué mais hyper rapide. C’est très anxiogène. On peut très bien vous convoquer un beau jour pour vous dire que c’est fini pour vous, raconte Catherine. On appelait ça “Causse Lanta” [en référence à l’émission de survie de TF1 « Koh-Lanta » − ndlr]. »

    Les craintes de Catherine se sont matérialisées trois jours avant la fin de la formation. Convoquée dans le bureau des ressources humaines, on lui annonce qu’elle ne répond pas aux critères d’exigence. Elle est mise dehors après près de trois mois. « À ce moment-là, vous ressentez de la rage, souffle Catherine. Si on m’avait fait sortir au bout de trois semaines, ça ne m’aurait pas posé de souci. »

    Même sentence pour Sandrine, et même sentiment d’amertume. « Quand ils vous recrutent, ils vous disent qu’ils attendent beaucoup de “savoir-être”. Eux sont extraordinairement polis, mais ils jettent les gens à la première occasion. »

  • La raison derrière le début tardif du colonialisme allemand
    https://de.m.wikipedia.org/wiki/Joachim_Nettelbeck_(Seemann)

    Angesichts des 1814 bevorstehenden Sieges über Frankreich unternahm Nettelbeck einen dritten und letzten Versuch, die Staatsspitze mit seinen Kolonialplänen zu erreichen. Diesmal wandte er sich nicht direkt an den König, sondern an seinen neuen und einflussreichen Gönner Gneisenau. Preußen solle als Kompensation für seine Kriegskosten mit britischer Genehmigung eine „bereits unter Cultur stehende Kolonie“ in Westindien erhalten, um dort Kolonialwaren zu produzieren. Nettelbeck schlug Französisch-Guayana, Dominica oder Grenada vor. Gneisenau belehrte ihn jedoch, es sei das „System“ des preußischen Staates, keine Kolonien zu haben, um nicht in die Abhängigkeit der Seemächte zu geraten.

    #Allemagne #esclavage #colonialisme

  • Mémoire coloniale : le colbertisme, ou du bon usage de l’esclavage

    Contrôleur général des finances et secrétaire d’État de la Marine de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert est célébré en France pour sa doctrine économique, qui sera d’ailleurs baptisée 
« colbertisme ». Mais par sa théorie comme sa pratique, il est aussi indissociable de l’esclavagisme français.

    La figure de Colbert suscite depuis quelques années la polémique. En septembre 2017, à l’initiative de Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) et du philosophe Louis Sala-Molins, une tribune demandait le retrait du nom de Colbert de l’espace public, notamment de la façade des collèges et des lycées [1]. Le 13 juin 2020, Jean-Marc Ayrault (président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage) proposait que les lieux portant son nom à l’Assemblée nationale et au ministère de l’Économie soient rebaptisés

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/02/07/memoire-coloniale-le-colbertisme-ou-du-bon-usa

    #colonisation #esclavagisme

  • #Syngenta commercialise du #café issu d’exploitations imposant des #conditions_de_travail proches de l’#esclavage

    La #Nutrade_Comercial_Exportadora Ltda, une filiale de la multinationale agrochimique suisse Syngenta et la marque #Nucoffee, qui lui est affiliée, ont commercialisé à plusieurs reprises du café issu d’exploitations brésiliennes où règnent des conditions de travail proches de l’esclavage.

    Le Brésil est le plus gros producteur et exportateur de café au monde. 46 % des grains de café du pays sont récoltés dans l’État du #Minas_Gerais. On estime que plus des deux tiers de la main-d’œuvre active dans les exploitations de café de cet État sont employés de manière informelle : ils n’ont droit ni à un salaire minimum, ni au paiement des heures supplémentaires, ni à des prestations sociales. Des cas de #travail_forcé et de conditions de travail proches de l’esclavage sont régulièrement dénoncés dans le secteur du café au Brésil.

    Une enquête menée conjointement par la Coalition pour des multinationales responsables et le collectif d’investigation WAV révèle 6 cas d’exploitation par le travail et de travail forcé au Brésil liés à la filiale de Syngenta, #Nutrade, ou à la marque Nucoffee. Entre 2018 et 2022, les autorités brésiliennes ont libéré des travailleuses et travailleurs de conditions de travail proches de l’esclavage dans 6 exploitations de café de l’État du Minas Gerais. Certain·e·s ouvrières et ouvriers n’avaient parfois pas de contrat de travail, étaient sous-payés ou ne recevaient pas leur salaire régulièrement, étaient souvent logés dans des conditions très précaires et n’avaient pas accès aux toilettes ni à l’eau potable. Par ailleurs, les autorités ont parfois constaté que des mineur·e·s travaillaient sur les sites. Selon différentes sources, Nutrade et Nucoffee se procuraient du café auprès de ces exploitations. Comme l’indiquent les données commerciales de Nutrade, celle-ci a notamment approvisionné la multinationale genevoise #Sucafina, un des plus gros commerçants de café au monde. Sucafina a continué d’acheter du café à Nutrade même après que plusieurs travailleuses et travailleurs des fermes fournissant Nutrade aient été libérés par les autorités brésiliennes de conditions de travail proches de l’esclavage.

    Le nombre de cas non recensés est élevé

    Malheureusement, de nombreux négociants en matières premières agricoles, comme Nutrade, filiale de Syngenta, ferment les yeux sur les problèmes massifs que connaissent les plantations de café. Pour lutter contre le problème du travail forcé, les autorités brésiliennes effectuent des contrôles et publient chaque semestre depuis 2003 un document connu sous le nom de #lista_suja (« liste sale »), qui dévoile les noms de celles et ceux qui « ont employé de la main-d’œuvre dans des conditions proches de l’esclavage ». La culture du café arrive régulièrement en tête des secteurs figurant sur cette liste.

    Sur les six cas détaillés ci-dessus et liés à Syngenta, seuls trois noms ont été inscrits à ce jour sur la lista suja, souvent plusieurs années après les faits. L’explication ? Les employeurs ont le droit de faire opposition avant que leur nom ne figure sur la liste, ce qu’ils sont nombreux à faire. Comme le ministère du Travail est tenu d’attendre la décision du tribunal avant d’inclure un nom sur la liste, la procédure peut durer plusieurs années. Par ailleurs, une nouvelle étude suggère qu’il serait plus facile pour les personnes qui bénéficient de bonnes relations dans les milieux politiques et/ou font de généreux dons lors des campagnes électorales d’éviter la mise à l’index sur la liste.

    On suppose que le nombre de cas non recensés est énorme et que les problèmes surviennent dans beaucoup plus de plantations : en effet, l’inspection du travail brésilienne, qui effectue les contrôles sur les plantations, manque de personnel et de moyens financiers. Sous l’ancien président Jair Bolsonaro, les contrôles ont été rendus encore plus difficiles en raison de restrictions budgétaires.

    La position de Nutrade, la filiale de Syngenta, est claire : elle estime qu’elle n’a pas à se préoccuper des problèmes constatés tant que l’exploitant concerné n’apparaît pas sur la lista suja. Il serait pourtant de la responsabilité de Syngenta de faire preuve de proactivité et de prendre des mesures pour empêcher que ses fournisseurs n’imposent des conditions de travail proches de l’esclavage dans leurs exploitations.

    https://responsabilite-multinationales.ch/etudes-de-cas/syngenta-exploitations-plantages-cafe
    #néo-esclavage #plantations #Brésil

  • L’esclave occulté
    https://laviedesidees.fr/Paulin-Ismard-Le-Miroir-d-OEdipe

    Peu d’auteurs dans l’Antiquité avaient un discours sur l’esclavage, mais beaucoup en parlaient tout de même, parfois entre les lignes ou par des voies détournées, afin de le critiquer ou de le justifier. À propos de : Paulin Ismard, Le Miroir d’Œdipe. Penser l’esclavage, Seuil

    #Philosophie #esclavage #Antiquité
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20240131_ismard.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240131_ismard.pdf

  • Sur les traces des colons suisses au Brésil et de leurs esclaves

    Des colons suisses ont été propriétaires d’esclaves à #Bahia au Brésil, un pan sombre de l’histoire de notre pays qui remonte au 19e siècle. Une époque de plus en plus documentée par les historiens, mais qui reste taboue.

    Dans les forêts de Bahia, au Brésil, des vestiges remontant à 150 ans témoignent d’une histoire sombre. « Là-bas, il y avait la ferme », raconte Obeny dos Santos dans l’émission Mise au Point. « Et ici en bas, les #esclaves étaient emprisonnés, torturés. » Cette ferme appartenait à des colons suisses, propriétaires d’esclaves.

    « Regardez comme la structure était bien faite », explique Obeny dos Santos, en montrant des restes de murs mangés par la végétation. « C’est là que les esclaves étaient enfermés. Ils travaillaient pendant la journée et la nuit, on les bouclait là-dedans. » Attachés par des chaînes à un poteau de métal, aucune chance de s’enfuir.

    Les autorités suisses nient

    Les autorités suisses ont toujours nié avoir pris part aux horreurs de l’esclavage. Quelques financiers et commerçants auraient bien participé à cette #exploitation_forcée, mais dans le dos de la Confédération.

    Hans Faessler, un historien engagé, conteste cette vision des choses, documents à l’appui. Aux Archives fédérales de Berne, il présente un écrit exceptionnel : un rapport que le Conseil fédéral a rédigé en 1864 pour le Parlement, et qui concerne les Suisses établis au Brésil qui possèdent des esclaves.

    Premier constat : le Conseil fédéral est bien informé de la situation. Il connaît même le prix d’un esclave, entre 4000 et 6000 francs suisses.

    « Ce rapport est vraiment un document de grande importance pour l’histoire coloniale de la Suisse », souligne Hans Faessler. « Pour la première fois, la question de l’esclavage apparaît au Parlement suisse. Dans le rapport, le Conseil fédéral admet (...) qu’il y a des Suisses, des propriétaires de #plantations, des négociants et aussi (...) des artisans qui possèdent des esclaves. »

    Ce #rapport du Conseil fédéral répond à une motion de #Wilhelm_Joos, un médecin et conseiller national schaffhousois, qui s’est rendu dans les colonies suisses de Bahia. « Apparemment, Wilhelm Joos était choqué par la réalité de l’esclavage en #Amérique_latine, au Brésil, et la première motion qu’il a déposée au Conseil national demandait des mesures pénales contre des Suisses qui possédaient des esclaves au Brésil », détaille l’historien.

    Des traces encore vives au Brésil

    Le petit village d’#Helvetia, au sud de Bahia, garde aussi des #traces de cette époque. Son nom rappelle la présence de colons vaudois, neuchâtelois ou bernois durant tout le 19e siècle. Ici, on produisait de manière intensive du #café et du #cacao, une production impossible sans esclaves, beaucoup d’esclaves.

    « Il y en avait environ 2000, ils étaient largement majoritaires. C’est pourquoi aujourd’hui à Helvetia, 95% de la population est noire », raconte Maria Aparecida Dos Santos, une habitante d’Helvetia. Ses arrière-arrière-grands-parents ont été déportés d’Angola, avant d’être vendus aux colons suisses, envoyés dans les plantations et traités comme du bétail.

    « Les esclaves vivaient tous ensemble, entassés dans une grande écurie commune », décrit-elle. « Ils n’avaient pas d’intimité, pas de liberté, pas de dignité. Les colons violaient les femmes noires. »

    Et de souligner encore une autre pratique des colons : « Ces femmes noires étaient aussi considérées comme des reproductrices, donc les colons réunissaient des hommes forts et des femmes fortes pour fabriquer des enfants forts destinés spécifiquement à travailler dans les plantations ».

    Pour elle, cette histoire est « tellement triste que les gens essayent de l’oublier ». Même si depuis des années, des livres d’histoire racontent ces faits, « pour les gens, ces histoires ont représenté tant de #souffrance qu’ils ont essayé de les effacer de leur #mémoire, et donc de l’effacer de l’histoire ».

    Selon les autorités suisses de l’époque, « aucun crime » à dénoncer

    Les propriétaires suisses d’esclaves n’ont jamais été inquiétés par les autorités helvétiques. Pire, le Conseil fédéral de l’époque prend la défense des colons.

    « Le Conseil fédéral dit que l’esclavage pour ces Suisses est avantageux, et qu’il est normal », montre l’historien Hans Faessler dans le rapport. « Et il est impossible de priver ces ’pauvres’ Suisses de leur propriété qu’ils ont acquise légalement. »

    Selon le Conseil fédéral de 1864, ce n’est pas l’esclavage qui est injuste et contre la moralité, puisqu’il n’implique aucun #crime. Au contraire, aux yeux du gouvernement de l’époque, c’est « pénaliser les Suisses qui possèdent des esclaves qui serait injuste, contre la #moralité et constituerait un acte de violence ».

    « Le Conseil fédéral devient le dernier gouvernement de l’Occident qui banalise, qui justifie et qui excuse le crime de l’esclavage », insiste Hans Faessler. A cette date, la France, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont déjà aboli l’esclavage. Les Etats-Unis mettront eux un terme à cette pratique en décembre 1865.

    « Les esclaves travaillaient du lever au coucher du soleil »

    A quelques kilomètres d’#Ilheus, se trouve la #Fazenda_Vitoria, « Ferme de la victoire », l’une des plus grandes exploitations de la région. Près de 200 esclaves y cultivaient la #canne_à_sucre. Aujourd’hui la ferme est à l’abandon et son accès est interdit.

    Depuis plus de 40 ans, Roberto Carlos Rodriguez documente l’histoire de cette exploitation, où ses aïeux ont travaillé comme esclaves, et celle de ses propriétaires suisses.

    « #Fernando_von_Steiger était le deuxième plus grand propriétaire d’Africains réduits en esclavage dans le sud de Bahia », raconte Roberto Carlos Rodriguez. « Ici, les esclaves travaillaient du lever au coucher du soleil. Ils se réveillaient à cinq heures du matin, devaient donner le salut au patron. Ensuite, ils commençaient le travail. C’était un travail difficile et, comme dans d’autres fermes, l’esclave vivait très peu de temps. Au Brésil, l’espérance de vie d’un esclave était de sept ans. »

    Quand on évoque avec Roberto Carlos Rodriguez l’implication des autorités suisses dans l’esclavage, la colère se fait froide.

    « Cette ferme a été exploitée au plus fort de l’esclavage par deux Suisses. #Gabriel_Mai et Fernando von Steiger ont été financés par des maisons de commerces suisses », souligne-t-il. « De ce point de vue, il est de notoriété publique que le gouvernement suisse a investi dans l’esclavage par l’intermédiaire de ces #maisons_de_commerce. Dire que la Suisse n’a pas contribué à l’esclavage, c’est comme dire que le soleil ne s’est pas levé ce matin. »

    Quelle réaction aujourd’hui ?

    La conseillère nationale socialiste bâloise Samira Marti a déposé en 2022 une interpellation qui demande au Conseil fédéral de se positionner sur le rapport de 1864. C’est la 8e interpellation en une vingtaine d’années. A chaque fois, la réponse du Conseil fédéral est la même : « Les autorités fédérales d’alors ont agi conformément aux normes des années 1860 ».

    « C’est un peu scandaleux que le Conseil fédéral dise toujours que c’était seulement l’esprit du temps. Et que ce n’était pas l’Etat qui s’engageait dans l’esclavage », réagit l’élue bâloise. « Ce n’était vraiment pas normal. (...) Et la Suisse a quand même continué à accepter l’esclavage », souligne Samira Marti.

    L’élue socialiste réclame de la clarté de la part du gouvernement sur cette vision de l’histoire. « C’est important qu’aujourd’hui, le Conseil fédéral soit assez clair (...). Aussi pour aujourd’hui, aussi pour le futur, sur les discussions sur le racisme, sur l’inégalité globalement. » Et d’appeler même le gouvernement à corriger cette vision de l’histoire.

    Peur d’éventuelles demandes de réparation, embarras face aux compromissions passées, les autorités fédérales s’accrochent pour l’instant à leur version de l’histoire. Elles ont refusé toutes les demandes d’interview de Mise au Point.

    Dans l’autre Helvetia, même si l’exercice de la mémoire est aussi douloureux, Maria Aparecida Dos Santos espère trouver dans le passé des réponses à son présent et à celui de sa communauté. « J’ai envie aujourd’hui de faire des recherches parce que je sais qu’il existe des historiens à Salvador de Bahia qui travaillent sur le sujet. Il y a des livres qui racontent ce qui s’est passé à cette époque. Je me suis rendu compte que je ne connaissais pas ma propre histoire, et ça, ça suscite en moi un vide, une sensation intérieure forte… très forte. »

    https://www.rts.ch/info/suisse/14644060-sur-les-traces-des-colons-suisses-au-bresil-et-de-leurs-esclaves.html

    #Brésil #Suisse #histoire #histoire_coloniale #colonialisme #colonisation #Suisse_coloniale #esclavage #torture #tabou

    –—

    ajouté à la métaliste sur la #Suisse_coloniale :
    https://seenthis.net/messages/868109

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  • Un long article de synthèse sur un débat en cours : jusqu’à quel point la société française actuelle est-elle marquée par des legs coloniaux ? A retenir, notamment, les noms et analyses des philosophes Souleymane Bachir Diagne et Nadia Yala Kisukidi.
    (la suite de l’article est à lire en vous connectant au site du Monde)

    Comment la question coloniale trouble les sociétés occidentales
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/19/comment-la-question-coloniale-trouble-les-societes-occidentales_6211842_3232

    Comment la question coloniale trouble les sociétés occidentales
    Par Nicolas Truong, le 19 janvier 2024

    Si l’histoire des colonisations se renouvelle en France, ses approches théoriques restent déconsidérées par une frange de l’opinion qui en refuse les conclusions et les réduit à leurs aspects les plus controversés.

    C’est une histoire qui travaille les mémoires. Un passé qui pèse sur le présent. La question coloniale ne cesse de hanter la politique nationale. A croire que chaque fracture française réveille ce passé qui a encore du mal à passer. Dans certaines de ses anciennes colonies, notamment africaines, où la France est conspuée et même chassée de pays longtemps considérés comme des prés carrés. Dans ses banlieues paupérisées au sein desquelles les émeutes contre les violences policières ravivent le sentiment du maintien d’une ségrégation sociale, spatiale et raciale héritée de la période coloniale. Dans des stades où La Marseillaise est parfois sifflée.

    Une histoire qui s’invite jusque dans les rangs de l’Assemblée nationale, où l’usage du terme « métropole » pour désigner la France continentale sans les territoires d’outre-mer est désormais rejeté, car considéré comme colonialiste. Et jusqu’à l’Elysée : après avoir affirmé, lors de la campagne présidentielle de 2017, que la colonisation était un « crime contre l’humanité » qui appartient à un « passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes », Emmanuel Macron a finalement estimé, en 2023, qu’il n’avait « pas à demander pardon ». Un ravisement contemporain d’un ressassement idéologique et médiatique permanent contre la « repentance », la « haine de soi » et l’« autoflagellation ».

    Cependant, il semble difficile pour une société d’éviter les sujets qui finissent inexorablement par s’imposer. Il en va de la colonisation comme de la collaboration. La génération Mitterrand et les années Chirac ont été ponctuées par des révélations, débats et discours marquants liés à la période du gouvernement de Vichy. La France d’Emmanuel Macron n’échappe pas à l’actualité de l’histoire de ses anciennes colonies. Car « le passé colonial est partout », résume l’historien Guillaume Blanc, l’un des quatre coordinateurs de Colonisations. Notre histoire, ouvrage collectif dirigé par Pierre Singaravélou (Seuil, 2023).

    (...).

    #colonisation #colonialité #racisme #antiracisme #émancipation #universalisme

    • Suite de l’article :

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/19/comment-la-question-coloniale-trouble-les-societes-occidentales_6211842_3232

      « Le colonialisme n’est pas achevé »

      Au Sahel, la présence de la France est devenue indésirable. Bien sûr, la stratégie africaine de la Chine comme l’emprise de la Russie, à travers les milices privées du Groupe Wagner, n’y sont pas étrangères. Mais « il faut souligner l’épaisseur historique de ce sentiment », insiste Guillaume Blanc. L’histoire de cette réprobation est « à la fois récente et ancienne », ajoute-t-il, en référence aux analyses d’Ousmane Aly Diallo, chercheur à Amnesty International, selon qui les interventions militaires de la France dans ses anciennes colonies en Afrique – près de cinquante depuis 1960 – ont pérennisé « l’hégémonie française dans ces espaces ». Ainsi, à partir de 2022, lorsque l’armée française quitte le Mali et le Burkina Faso et se replie au Niger, « elle a beau dire y lutter contre le djihadisme, les populations y voient une ingérence française de plus », constate Guillaume Blanc.

      Cette histoire est également plus ancienne et « nous ramène notamment aux années 1950 », explique-t-il, à la lumière des apports de l’historienne Gabrielle Hecht : c’est à cette époque, selon elle, que la France a construit sa prétendue « indépendance énergétique » en exploitant l’uranium du Gabon et du Niger. En échange de prix avantageux, la France soutenait les dirigeants gabonais et nigériens au pouvoir.
      Lire aussi la tribune | Article réservé à nos abonnés « La question du passé colonial est le dernier “tabou” de l’histoire de France des XIXᵉ et XXᵉ siècles »

      C’est pourquoi « les sociétés africaines sont des sociétés postcoloniales, tout simplement au sens où le passé colonial pèse encore sur le présent », observe Guillaume Blanc, qui estime que « la France est, elle aussi, une société postcoloniale ». En effet, rappelle le philosophe Souleymane Bachir Diagne, l’Organisation des Nations unies (ONU) considère toujours que la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie sont des territoires « non autonomes », ce qui signifie que leurs populations « ne s’administrent pas encore complètement elles-mêmes ». Pour le professeur d’études francophones à l’université Columbia (New York), « cela veut dire que la majorité des nations qui composent l’ONU, et qui pour la plupart ont conquis leur souveraineté contre le colonialisme, estime que le mouvement des décolonisations, qui a défini l’histoire du XXe siècle, n’est pas achevé ».

      Souleymane Bachir Diagne rappelle une situation encore assez méconnue. Car si les recherches sur les colonisations et décolonisations sont nombreuses, novatrices et fécondes, la diffusion de ces savoirs reste parcellaire. Afin d’enseigner l’histoire de la colonisation et aussi « combattre les clichés », Guillaume Blanc, maître de conférences à l’université Rennes-II, trouve « assez utile » de partir des chansons, des bandes dessinées ou des films lors de ses cours sur les sociétés africaines et asiatiques du XIXe au XXIe siècle. Dans les amphithéâtres, l’auteur de Décolonisations (Seuil, 2022) n’hésite pas à diffuser le tube de Michel Sardou Le Temps des colonies (1976), où l’on entend : « Y a pas d’café, pas de coton, pas d’essence en France, mais des idées, ça on en a. Nous on pense », ou à évoquer certains albums d’Astérix « qui parlent de “nègres” aux lèvres protubérantes et ne sachant ni lire ni écrire ».

      La popularité du couscous

      D’autres contributeurs de Colonisations, comme la linguiste et sémiologue Marie Treps, s’attachent à l’actualité des « mots de l’insulte », comme « bougnoul », emprunté à la langue wolof où il signifie « noir », apparu au Sénégal à la fin du XIXe siècle, terme vernaculaire transformé en sobriquet « lourdement chargé de mépris » qui désigne désormais « un étranger de l’intérieur ». Les experts du fait colonial mobilisent l’analyse des objets ou de la cuisine – avec la popularité du couscous ou du banh mi – mais aussi du paysage urbain, comme le géographe Stéphane Valognes, qui montre la façon dont les rues de Cherbourg (Manche) portent encore les traces de la conquête coloniale, avec ses maisons de style néomauresque et ses rues estampillées du nom d’anciens généraux coloniaux. Sans oublier le palais de l’Elysée, à Paris, ancien hôtel particulier financé pour la monarchie par Antoine Crozat (1655-1738), qui bâtit sa fortune, dans les années 1720, grâce à la traite transatlantique, après avoir obtenu le monopole de la fourniture en esclaves de toutes les colonies espagnoles.

      « Si l’histoire de la colonisation est bien connue des spécialistes, en revanche, en France, il y a encore un refus de voir ce que fut la colonisation », estime Guillaume Blanc, qui trouve « aberrant » d’entendre encore des hommes politiques et certains médias évoquer les routes et les écoles que la France aurait « amenées » dans ses colonies : « Sans le travail forcé, la mort et la sueur des Congolais, des Malgaches ou des Vietnamiens, il n’y aurait jamais eu de routes. Quant à l’école, les petits garçons et les petites filles colonisés n’y allaient tout simplement pas : l’enseignement était réservé à une élite restreinte, et la France n’a jamais eu l’intention de scolariser les millions d’enfants qu’elle colonisait. »

      Nous vivons un moment postcolonial parce que notre époque est postérieure à l’ère des grandes colonisations – d’où le préfixe « post » – mais aussi, selon certains chercheurs, parce qu’il convient d’analyser ce passé qui pèse sur le présent en dépassant les anciennes dichotomies forgées aux temps des colonies. Notamment celles entre Orient et Occident, centre et périphérie ou civilisation et barbarie. « Postcolonial » est ainsi à la fois le marqueur d’une période historique et la désignation d’un mouvement théorique : après la critique du « néocolonialisme » des années 1960-1970, à savoir de l’emprise occidentale encore manifeste au cœur des nouvelles nations indépendantes, les études postcoloniales – postcolonial studies – émergent à la fin des années 1970. Elles prennent leur essor dans les années 1980 sur les campus américains et s’attachent à montrer comment les représentations et les discours coloniaux, en particulier ceux de la culture, ont établi une différence radicale entre les colonisés et le monde occidental, notamment forgé sur le préjugé racial.

      Publié en 1978, L’Orientalisme, ouvrage de l’écrivain palestino-américain Edward Said (1935-2003) consacré à la façon dont un Orient fantasmé a été « créé » par l’Occident (Seuil, 1980), est considéré comme l’un des premiers jalons du courant postcolonial, même s’il n’en revendique pas le terme. Au cours d’une déconstruction des représentations et clichés véhiculés sur l’Orient depuis le siècle des Lumières, ce défenseur lettré de la cause palestinienne assure que « le trait essentiel de la culture européenne est précisément ce qui l’a rendue hégémonique en Europe et hors de l’Europe : l’idée d’une identité européenne supérieure à tous les peuples et à toutes les cultures qui ne sont pas européens ». Se réclamant d’un « humanisme » qui ne se tient pas « à l’écart du monde », cet ancien professeur de littérature comparée à l’université Columbia estimait dans une nouvelle préface publiée en 2003, en pleine guerre en Irak à laquelle il était opposé, que « nos leaders et leurs valets intellectuels semblent incapables de comprendre que l’histoire ne peut être effacée comme un tableau noir, afin que “nous” puissions y écrire notre propre avenir et imposer notre mode de vie aux peuples “inférieurs” ».
      « La continuation du rapport de domination »

      La pensée postcoloniale fut largement inspirée par les subaltern studies, courant né en Inde dans les années 1970, autour de l’historien Ranajit Guha (1923-2023), études consacrées aux populations à la fois minorées par la recherche et infériorisées dans les sociétés récemment décolonisées. Une volonté de faire « l’histoire par le bas », selon les termes de l’universitaire britannique Edward Palmer Thompson (1924-1993), une façon de rompre avec l’idée d’un progrès historique linéaire qui culminerait dans l’Etat-nation, une manière de réhabiliter des pratiques et des savoirs populaires mais aussi d’exercer une critique des élites indiennes souvent constituées en mimétisme avec l’ancienne bourgeoisie coloniale.

      L’ambition des intellectuels postcoloniaux est assez bien résumée par l’Indien Dipesh Chakrabarty, professeur d’histoire, de civilisations et de langues sud-asiatiques à l’université de Chicago : il s’agit de désoccidentaliser le regard et de Provincialiser l’Europe (Amsterdam, 2009). L’Europe n’est ni le centre du monde ni le berceau de l’universel. Incarnée par des intellectuels comme la théoricienne de la littérature Gayatri Chakravorty Spivak ou l’historien camerounais Achille Mbembe, cette approche intellectuelle « vise non seulement à penser les effets de la colonisation dans les colonies, mais aussi à évaluer leur répercussion sur les sociétés colonisatrices », résume l’historien Nicolas Bancel (Le Postcolonialisme, PUF, 2019).
      Lire aussi l’enquête (2020) : Article réservé à nos abonnés « Racisé », « racisme d’Etat », « décolonial », « privilège blanc » : les mots neufs de l’antiracisme

      L’empreinte de l’époque coloniale n’est pas seulement encore présente à travers des monuments ou les noms des rues, elle l’est aussi dans les rapports sociaux, les échanges économiques, les arts ou les relations de pouvoir. Car une partie de ses structures mentales se serait maintenue. « La fin du colonialisme n’est pas la fin de ce que l’on appelle la “colonialité” », explique Souleymane Bachir Diagne. Forgé au début des années 1990 par le sociologue péruvien Anibal Quijano (1928-2018), ce terme désigne un régime de pouvoir économique, culturel et épistémologique apparu à l’époque moderne avec la colonisation et l’essor du capitalisme mercantile mais qui ne s’achève pas avec la décolonisation.

      La colonialité, c’est « la continuation du rapport de domination auquel les décolonisations sont censées mettre fin », poursuit Souleymane Bachir Diagne. « Et les jeunes ont une sensibilité à fleur de peau à ces aspects », relève-t-il, en pensant notamment aux altercations entre policiers et adolescents des « quartiers ». Pour le philosophe, une définition « assez éclairante de cette colonialité structurelle » a été donnée par le poète et homme d’Etat sénégalais Léopold Sédar Senghor (1906-2001), selon qui « l’ordre de l’injustice qui régit les rapports entre le Nord et le Sud » est un ordre fondé sur « le mépris culturel ». Ainsi, poursuit l’auteur du Fagot de ma mémoire (Philippe Rey, 2021), « on peut se demander si les populations “issues de l’immigration” dans les pays du “Nord” ne constituent pas une sorte de “Sud” dans ces pays ».

      « Le concept de colonialité ouvre des réflexions fécondes », renchérit la philosophe Nadia Yala Kisukidi, maîtresse de conférences à l’université Paris-VIII. Loin du terme « néocolonialisme » qui réduit la domination à une cause unique, la colonialité permet « d’articuler les formes de la domination politico-économique, ethnoraciale, de genre, culturelle et psychosociale, issues du monde colonial et de déceler leur continuation dans un monde qu’on prétend décolonisé. Ce qui permet de dire que, dans un grand nombre de cas, les décolonisations apparaissent comme des processus inachevés », poursuit l’autrice de La Dissociation (Seuil, 2022).

      Souleymane Bachir Diagne insiste sur le fait que Léopold Sédar Senghor, en « grand lecteur de Jean Jaurès », croyait comme le fondateur du journal L’Humanité en un monde où « chaque nation enfin réconciliée avec elle-même » se verrait comme « une parcelle » de cette humanité solidaire qu’il faut continûment travailler à réaliser. « Mais pour cela il faut combattre la colonialité, le mépris culturel, l’ordre de l’injustice. D’un mot : il faut décoloniser. L’impensé colonial existe : il consiste à ignorer la colonialité. »
      Universalisme eurocentré

      C’est ainsi que l’approche décoloniale, nouveau paradigme apparu dans les années 1990, est venue s’ajouter aux études postcoloniales autour de cette invitation à « décoloniser ». Née en Amérique du Sud au sein d’un groupe de recherche intitulé Modernité/Colonialité, la pensée décoloniale se donne notamment comme ambition de décoloniser les savoirs. Et de revisiter l’histoire. C’est pourquoi, selon ce courant théorique, la date capitale de la domination occidentale est 1492, le moment où Christophe Colomb ne « découvre » pas l’Amérique, mais l’« envahit ». C’est la période lors de laquelle naît la modernité par « l’occultation de l’autre », explique le philosophe et théologien argentino-mexicain Enrique Dussel (1934-2023). Un moment où la « reconquête » menée par la chrétienté expulsa les musulmans de la péninsule Ibérique et les juifs d’Espagne. Ainsi, une « désobéissance épistémique » s’impose, enjoint le sémiologue argentin Walter Mignolo, afin de faire éclore des savoirs alternatifs à une conception de l’universalisme jugée eurocentrée.

      Tous les domaines politiques, sociaux, économiques et artistiques peuvent être analysés, réinvestis et repolitisés à l’aide de cette approche décoloniale, à la fois savante et militante. L’écologie est notamment l’un des nombreux thèmes investis, car « la double fracture coloniale et environnementale de la modernité » permet de comprendre « l’absence criante de Noirs et de personnes racisées » dans les discours sur la crise écologique, assure l’ingénieur en environnement caribéen Malcom Ferdinand dans Une écologie décoloniale (Seuil, 2019). « Faire face à la tempête écologique, retrouver un rapport matriciel à la Terre requiert de restaurer les dignités des asservis du navire négrier tout autant que celles du continent africain », écrit Malcom Ferdinand.

      Partis d’Amérique latine, « ces travaux ont essaimé dans le monde entier », explique Philippe Colin, coauteur avec Lissell Quiroz de Pensées décoloniales. Une introduction aux théories critiques d’Amérique latine (Zones, 2023). Dans les années 1990, les lectures partisanes des théories postcoloniales ont suscité des controverses dans l’espace public, notamment autour de la notion de « discrimination positive » et du « politiquement correct ». Une discorde qui se rejoue aujourd’hui, notamment avec les attaques menées par les néoconservateurs américains contre ce qu’ils appellent, de manière péjorative, la « cancel culture », cette culture dite « de l’annulation » censée être portée par un « maccarthysme de gauche » et même un « fascisme d’extrême gauche », résume d’un trait Donald Trump.
      Pensées « victimaires »

      Aux Etats-Unis, les études postcoloniales et décoloniales, « forgées dans une matrice marxiste au sein d’une diaspora d’intellectuels indiens, africains ou sud-américains enseignant dans les campus américains, se sont déployées d’abord dans le champ académique », précise Philippe Colin. Alors qu’en France, la réception de ces travaux s’est faite immédiatement de façon polémique. « Le concept a été revendiqué par le Parti des indigènes de la République à partir de 2015 de manière explicite, et cela a changé beaucoup les choses en France », analyse l’historien Pascal Blanchard. « Il est alors devenu une cible idéale pour ceux qui cherchaient un terme global pour vouer aux gémonies les chercheurs travaillant sur la colonisation », poursuit-il dans le livre collectif Les Mots qui fâchent. Contre le maccarthysme intellectuel (L’Aube, 2022).

      Dans L’Imposture décoloniale (L’Observatoire, 2020), l’historien des idées Pierre-André Taguieff se livre à une critique radicale de « l’idéologie postcoloniale et décoloniale, centrée sur la dénonciation criminalisante de la civilisation occidentale ». Une position que l’on retrouve également au sein de L’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires, un site Web dont les contributeurs alimentent régulièrement les dossiers à charge des médias en guerre contre le « wokisme ».
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      Les critiques ne viennent toutefois pas uniquement de la galaxie conservatrice, des sites de veille idéologique ou des sphères réactionnaires. Auteur d’un ouvrage critique sur Les Etudes postcoloniales. Un carnaval académique (Karthala, 2010), le politologue Jean-François Bayart leur reproche de « réifier le colonialisme » car, affirme-t-il, aujourd’hui, « le colonial n’est pas une essence mais un événement ». Par ailleurs, rappelle-t-il, « le colonialisme n’a pas été l’apanage des seuls Etats occidentaux ». Des chercheurs insistent également sur le fait que la colonisation est un fait historique pluriel et qu’il convient de tenir compte de la diversité des sociétés où elle s’est exercée. Or, la prise en compte des formes de pouvoir propres à chaque société anciennement colonisée serait parfois omise par les approches décoloniales.

      Auteur de L’Occident décroché (Fayard, 2008), l’anthropologue Jean-Loup Amselle estime que ce courant de pensée a « détrôné l’Occident de sa position de surplomb, ce qui est une bonne chose, mais a entraîné des effets pervers », puisque, selon lui, elle reprend parfois à son compte « les stigmates coloniaux en tentant d’en inverser le sens ». Sur le site Lundimatin, l’essayiste Pierre Madelin critique, lui, les travers du « campisme décolonial » notamment apparu après le déclenchement de la guerre en Ukraine, à l’occasion de laquelle, dit-il, « plusieurs figures de proue des études décoloniales » ont convergé vers la rhétorique anti-occidentale de Vladimir Poutine.

      Procès en relativisme

      Comme toute théorie, ces approches postcoloniales et décoloniales sont critiquables, estime Nicolas Bancel, « mais à partir de textes, de positions théoriques et épistémologiques, et non à partir de tribunes maniant l’invective, la désinformation, la dénonciation ad hominem, sans que leurs auteurs sachent rien de la réalité et de l’importance de ce champ intellectuel », juge-t-il. D’ailleurs, prolonge Nadia Yala Kisukidi, au-delà de l’université, les termes « décolonial » ou « postcolonial », dans le débat public français, « fonctionnent comme des stigmates sociaux, pour ne pas dire des marqueurs raciaux. Loin de renvoyer à des contenus de connaissance ou, parfois, à des formes de pratiques politiques spécifiques, ils sont mobilisés pour cibler un type d’intellectuel critique, souvent non blanc, dont les positionnements théoriques et/ou politiques contribueraient à briser la cohésion nationale et à achever le déclassement de l’université française. Comme si le mythe de la “cinquième colonne” avait intégré le champ du savoir ». D’autant que « décoloniser n’est pas un mot diabolique », relève le sociologue Stéphane Dufoix (Décolonial, Anamosa, 2023)

      Un reproche résume tous les autres : celui du procès en relativisme. Une critique qui est le point de discorde de tous les débats qui opposent de façon binaire l’universalisme au communautarisme. Or, cette querelle a presque déjà été dépassée par deux inspirateurs historiques de ces mouvements postcoloniaux et décoloniaux : Aimé Césaire (1913-2008) et Frantz Fanon (1925-1961). Dans sa Lettre à Maurice Thorez, publiée en 1956, dans laquelle il explique les raisons de sa démission du Parti communiste français, à qui il reproche le « chauvinisme inconscient » et l’« assimilationnisme invétéré », le poète martiniquais Aimé Césaire expliquait qu’« il y a deux manières de se perdre : par la ségrégation murée dans le particulier ou par la dilution dans l’“universel” ».

      Aimé Césaire a dénoncé « un universalisme impérial », commente Souleymane Bachir Diagne, auteur de De langue à langue (Albin Michel, 2022). Mais, dans le même temps, « il a refusé avec force de s’enfermer dans le particularisme ». Au contraire, poursuit le philosophe, Césaire « a indiqué que s’il a revendiqué la “négritude”, c’était pour “contribuer à l’édification d’un véritable humanisme”, l’“humanisme universel”, précise-t-il, “car enfin il n’y a pas d’humanisme s’il n’est pas universel” ». Des propos que le Frantz Fanon des dernières pages de Peau noire, masques blancs (Seuil, 1952) « pourrait s’approprier », estime Souleymane Bachir Diagne.

      Ces exemples remettent en cause l’idée selon laquelle les études, réflexions et théories actuelles sur le fait colonial, postcolonial ou décolonial seraient des importations venues des campus américains et issues du seul frottement des études subalternes avec la French Theory, du tiers-monde et de la déconstruction. « Il n’est donc tout simplement pas vrai que les penseurs du décolonial soient unanimement contre l’universel », déclare Souleymane Bachir Diagne, qui, loin de tous les impérialismes et réductionnismes, appelle à « universaliser l’universel ».

      Nicolas Truong

    • « La question du passé colonial est le dernier “tabou” de l’histoire de France des XIXᵉ et XXᵉ siècles », Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, historiens

      L’#histoire_coloniale est désormais à l’agenda des débats publics. Et si les débats sont très polarisés – entre les tenants d’une vision nostalgique du passé et les apôtres du déclin (de plus en plus entendus, comme le montre la onzième vague de l’enquête « Fractures françaises ») et les décoloniaux les plus radicaux qui assurent que notre contemporanéité est tout entière issue de la période coloniale –, plus personne en vérité ne met aujourd’hui en doute l’importance de cette histoire longue, en France, de cinq siècles.

      Loin des conflits mémoriaux des extrémistes, l’opinion semble partagée entre regarder en face ce passé ou maintenir une politique d’amnésie, dont les débats qui accompagnèrent les deux décrets de la loi de 2005 sur les « aspects positifs de la #colonisation » furent le dernier moment d’acmé. Vingt ans après, les politiques publiques sur le sujet sont marquées par… l’absence de traitement collectif de ce passé, dont l’impossible édification d’un musée colonial en France est le symptôme, au moment même où va s’ouvrir la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts.

      Si l’histoire coloniale n’est pas à l’origine de l’entièreté de notre présent, ses conséquences contemporaines sont pourtant évidentes. De fait, les récents événements au Niger, au Mali et au Burkina Faso signent, selon Achille Mbembe, la « seconde décolonisation », et sont marqués par les manifestations hostiles à la #France qui témoignent bien d’un désir de tourner la page des relations asymétriques avec l’ancienne métropole. En vérité, malgré les assurances répétées de la volonté des autorités françaises d’en finir avec la « Françafrique », les actes ont peu suivi les mots, et la page coloniale n’a pas véritablement été tournée.

      Relation toxique

      La France souffre aussi d’une relation toxique avec les #immigrations postcoloniales et les #quartiers_populaires, devenus des enjeux politiques centraux. Or, comment comprendre la configuration historique de ces flux migratoires sans revenir à l’histoire coloniale ? Comment comprendre la stigmatisation dont ces populations souffrent sans déconstruire les représentations construites à leur encontre durant la colonisation ?

      Nous pourrions multiplier les exemples – comme la volonté de déboulonner les statues symboles du passé colonial, le souhait de changer certains noms de nos rues, les débats autour des manuels scolaires… – et rappeler qu’à chaque élection présidentielle la question du passé colonial revient à la surface. C’est très clairement le dernier « tabou » de l’histoire de France des XIXe et XXe siècles.

      Ces questions, la France n’est pas seule nation à se les poser. La plupart des anciennes métropoles coloniales européennes sont engagées dans une réflexion et dans une réelle dynamique. En Belgique, le poussiéreux Musée de Tervuren, autrefois mémoire d’une histoire coloniale chloroformée, a fait peau neuve en devenant l’AfricaMuseum. Complètement rénové, il accueille aujourd’hui une programmation ambitieuse sur la période coloniale et ses conséquences. Une commission d’enquête nationale (transpartisane) a par ailleurs questionné le passé colonial.

      En France, le silence

      En Allemagne, outre le fait que les études coloniales connaissent un développement remarquable, plusieurs expositions ont mis en exergue l’histoire coloniale du pays. Ainsi le Münchner Stadtmuseum a-t-il proposé une exposition intitulée « Decolonize München » et le Musée national de l’histoire allemande de Berlin consacré une exposition temporaire au colonialisme allemand en 2017. Et, si le Humboldt Forum, au cœur de Berlin, fait débat pour son traitement du passé colonial et la présentation des collections provenant du Musée ethnologique de Berlin, la question coloniale est à l’agenda des débats publics de la société allemande, comme en témoigne la reconnaissance officielle du génocide colonial en Namibie.

      En Angleterre, le British Museum consacre une partie de son exposition permanente à cette histoire, alors que l’#esclavage colonial est présenté à l’International Slavery Museum à Liverpool. Aux Pays-Bas, le Tropenmuseum, après avoir envisagé de fermer ses portes en 2014, est devenu un lieu de réflexion sur le passé colonial et un musée en première ligne sur la restitution des biens culturels. Au Danemark, en Suisse (où l’exposition « Helvécia. Une histoire coloniale oubliée » a ouvert ses portes voici un an au Musée d’ethnologie de Genève, et où le Musée national suisse a programmé en 2024 une exposition consacrée au passé colonial suisse), au Portugal ou en Italie, le débat s’installe autour de l’hypothèse d’une telle institution et, s’il est vif, il existe. Et en France ? Rien. Le silence…

      Pourtant, le mandat d’Emmanuel Macron faisait espérer à beaucoup d’observateurs un changement de posture. Quoi que l’on pense de cette déclaration, le futur président de la République avait déclaré le 15 février 2017 à propos de la colonisation : « C’est un crime. C’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face. »

      Notre pays est à la traîne

      Puis, durant son mandat, se sont succédé les commissions d’historiens sur des aspects de la colonisation – avec deux commissions pilotées par Benjamin Stora entre 2021 et 2023, l’une sur les relations France-Algérie durant la colonisation, l’autre sur la guerre d’#Algérie ; et une autre commission sur la guerre au #Cameroun, présidée par Karine Ramondy et lancée en 2023 – qui faisaient suite au travail engagé en 2016 autour des « événements » aux #Antilles et en #Guyane (1959, 1962 et 1967) ou la commission sur les zoos humains (« La mémoire des expositions ethnographiques et coloniales ») en 2011 ; alors qu’était interrogée parallèlement la relation de la France à l’#Afrique avec la programmation Africa 2020 et la création de la Fondation de l’innovation pour la démocratie confiée à Achille Mbembe en 2022. En outre, le retour des biens culturels pillés lors de la colonisation faisait également l’objet en 2018 d’un rapport détaillé, piloté par Felwine Sarr et Bénédicte Savoy.

      Mais aucun projet de musée d’envergure – à l’exception de ceux d’un institut sur les relations de la France et de l’Algérie à Montpellier redonnant vie à un vieux serpent de mer et d’une maison des mondes africains à Paris – n’est venu concrétiser l’ambition de regarder en face le passé colonial de France, aux côtés du Mémorial ACTe de Pointe-à-Pitre (#Guadeloupe) qui s’attache à l’histoire de l’esclavage, des traites et des abolitions… mais se trouve actuellement en crise en matière de dynamique et de programmation.

      Situation extraordinaire : en France, le débat sur l’opportunité d’un musée colonial n’existe tout simplement pas, alors que la production scientifique, littéraire et cinématographique s’attache de manière croissante à ce passé. Notre pays est ainsi désormais à la traîne des initiatives des autres ex-métropoles coloniales en ce domaine. Comme si, malgré les déclarations et bonnes intentions, le tabou persistait.

      Repenser le #roman_national

      Pourtant, des millions de nos concitoyens ont un rapport direct avec ce passé : rapatriés, harkis, ultramarins, soldats du contingent – et les descendants de ces groupes. De même, ne l’oublions pas, les Français issus des immigrations postcoloniales, flux migratoires qui deviennent majoritaires au cours des années 1970. On nous répondra : mais ces groupes n’ont pas la même expérience ni la même mémoire de la colonisation !

      C’est précisément pour cela qu’il faut prendre à bras-le-corps la création d’un musée des colonisations, qui sera un lieu de savoir mais aussi d’échanges, de débats, de socialisation de cette #histoire. Un lieu majeur qui permettra de relativiser les mémoires antagonistes des uns et des autres, d’éviter la polarisation mortifère actuelle entre les nostalgiques fanatiques et les décoloniaux radicaux, mais aussi d’intégrer à l’histoire les millions de personnes qui s’en sentent exclues. Une manière de mettre les choses à plat, pour tourner véritablement la page.

      De toute évidence, l’histoire coloniale est une page majeure de notre histoire, et l’on doit désormais repenser notre roman national à l’aune de la complexité du passé et d’un récit qui touche dans leur mémoire familiale des millions de familles françaises. Ce n’est pas là la lubie de « sachants » voulant valoriser les connaissances accumulées. Les enjeux sont, on le voit, bien plus amples.

      Mais comment concevoir ce musée ? Ce n’est pas à nous d’en décrire ici les contours… Mais on peut l’imaginer comme un carrefour de l’histoire de France et de l’histoire du monde, ouvert aux comparaisons transnationales, à tous les récits sur cinq siècles d’histoire, ouvert à toutes les mémoires et à inventer en collaboration avec la quarantaine de pays et de régions ultramarines qui en sont parties prenantes. Un musée qui mettrait la France à l’avant-garde de la réflexion mondiale sur le sujet, dans une optique résolument moderne, et permettrait de mettre en perspective et en récit les politiques actuelles de retour des biens coloniaux pillés et des restes humains encore présents dans nos musées.

      Allons-nous, à nouveau, manquer ce rendez-vous avec l’histoire, alors que dans le même temps s’ouvre la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, installée dans le château de François Ier avec « 1 600 m² d’expositions permanentes et temporaires ouvertes au public, un auditorium de 250 places, douze ateliers de résidence pour des artistes… », dotée de plus de 200 millions d’investissements ? Si nous sommes capables d’édifier cette cité, nous devons imaginer ce musée. Sinon, la page coloniale ne pourra être tournée.
      Nicolas Bancel et Pascal Blanchard sont historiens (université de Lausanne), et ils ont codirigé Histoire globale de la France coloniale (Philippe Rey, 2022). Pascal Blanchard est également codirecteur de l’agence de communication et de conseil Les bâtisseurs de mémoire.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/30/la-question-du-passe-colonial-est-le-dernier-tabou-de-l-histoire-de-france-d

      (candidature d’intellectuel éclairé)

      #1492 #Indochine (omise) #colonialité

    • La « cancel culture » avec les historiens Henry Laurens et Pierre Vesperini
      Publié le : 17/06/2022

      https://www.rfi.fr/fr/podcasts/id%C3%A9es/20220617-la-cancel-culture-avec-les-historiens-henry-laurens-et-pierre-vesperini

      Pierre-Édouard Deldique reçoit dans le magazine Idées, pour le thème la « cancel culture » ou « culture de l’annulation » en français : Henry Laurens, historien, titulaire de la chaire d’Histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France, qui vient d’écrire Le passé imposé (Fayard) et Pierre Vesperini, historien, spécialiste de l’Antiquité grecque et latine, auteur de Que faire du passé ? Réflexions sur la cancel culture (Fayard).

  • Transatlantic slavery continued for years after 1867, historian finds

    Exclusive: Evidence found by Hannah Durkin includes ships landing in Cuba in 1872, and people held in Benin in 1873

    Historians have generally assumed that the transatlantic slave trade ended in #1867, but it actually continued into the following decade, according to new research.

    Dr Hannah Durkin, an historian and former Newcastle University lecturer, has unearthed evidence that two slave ships landed in #Cuba in 1872. One vessel, flying the Portuguese flag, had 200 captives aged from 10 to 40, and the second is believed to have been a US ship with 630 prisoners packed into its hold.

    Durkin said she found references in US newspapers from that year to the landings of these ships. “It shows how recently the slave trade ended. The thefts of people’s lives have been written out of history and haven’t been recorded.”

    Other newly discovered evidence includes an 1872 Hansard parliamentary record of a British politician challenging “assurances of the Spanish government that there had been no importation of slaves into Cuba of late years”.

    Durkin said that, while Spain officially ended its slave trade in 1867, she had come across an account by the explorer Sir Henry Morton Stanley, who had travelled to Benin and visited the slave port of Ouidah in 1873. He wrote of seeing 300 people locked in a barracoon, a slave pen, and noted that two slave ships had recently sailed from that port.

    Ouidah was the second-most important slave port in the whole of Africa, behind only Luanda, in Angola, Durkin said. “The region bore the European nickname ‘Slave coast’ for the vast numbers of people that were forcibly displaced from there between the mid-17th and mid-19th centuries. Almost 2 million people, around one in six of all enslaved people sent to the Americas, are estimated to have been transported from the Bight of Benin.”

    Although Stanley’s account had appeared in the New York Herald at the time, Durkin said it was another overlooked key piece of evidence that she unearthed. There had been rumours of later trade but this evidence supported findings by Cuban historians that trafficking continued into the 1870s.

    Recently digitised newspapers of the 19th century had been particularly revealing, she said: “Historians haven’t easily been able to consult those sources before, which is one reason why I was able to find so much.”

    The research will feature in her forthcoming book, Survivors: The Lost Stories of the Last Captives of the Atlantic Slave Trade. Drawing on previously unseen archival material, it tells the story of the #Clotilda, the last US ship of the Atlantic slave trade.

    She has identified most of the Clotilda’s 110 captives for the first time and tracked down their descendants. One of them had a previously unpublished 1984 interview with the grandson of Amey Greenwood Phillips that her family had kept. She had been a teenager when she was enslaved and put to work on an Alabama plantation.

    Durkin said: “Amey’s enslaver was a man named Greenwood. According to her grandson Percy Phillip Marino, Amey’s enslaver was a ‘good man’, but he hired out Amey to unidentified enslavers in another state who beat her. He retrieved Amey when he learned of the abuse, but the scars on her legs never healed.”

    Others told Durkin of the sexual violence to which their ancestors had been subjected. She found an account of a woman who had been enslaved at the age of 13. The horrors she endured included being made to sleep with African-American and Native American men so that she would have children – who could also be enslaved.

    Durkin said: “There’s a lot of evidence of a system in which the enslavers wanted to produce small enslaved children because that would make them richer.

    “Whether it’s sugar plantations of Cuba or the cotton plantations of the US south, wherever slavery took place, it was a barbaric system that completely dehumanised people.”

    Durkin’s research found that almost all the Clotilda survivors were Yoruba speakers from the same town in present-day south-west Nigeria, challenging previous conclusions that they were from a variety of locations in Benin and Nigeria.

    https://www.theguardian.com/world/2024/jan/04/transatlantic-slavery-continued-for-years-after-1867-historian-finds
    #esclavage #esclavage_transatlantique #histoire #Bénin

    ping @reka

    • Survivors: The Lost Stories of the Last Captives of the Atlantic Slave Trade

      This is an immersive and revelatory history of the survivors of the Clotilda, the last ship of the Atlantic slave trade, whose lives diverged and intersected in profound ways.

      The Clotilda docked in Mobile Bay, Alabama, in July 1860 – more than half a century after the passage of a federal law banning the importation of captive Africans, and nine months before the beginning of the Civil War. The last of its survivors lived well into the twentieth century. They were the last witnesses to the final act of a terrible and significant period in world history.

      In this epic work, Dr. Hannah Durkin tells the stories of the Clotilda’s 110 captives, drawing on her intensive archival, historical, and sociological research. Survivors follows their lives from their kidnappings in what is modern-day Nigeria through a terrifying 45-day journey across the Middle Passage; from the subsequent sale of the ship’s 103 surviving children and young people into slavery across Alabama to the dawn of the Civil Rights movement in Selma; from the foundation of an all-Black African Town (later Africatown) in Northern Mobile – an inspiration for writers of the Harlem Renaissance, including Zora Neale Hurston – to the foundation of the quilting community of Gee’s Bend – a Black artistic circle whose cultural influence remains enormous.

      An astonishing, deeply compelling tapestry of history, biography and social commentary, Survivors is a tour de force that deepens our knowledge and understanding of the Atlantic slave trade and its far-reaching influence on life today.

      https://harpercollins.co.uk/products/survivors-the-lost-stories-of-the-last-captives-of-the-atlantic-sla

      #livre

  • #Loi_immigration : après l’arrestation de livreurs en situation irrégulière, la colère d’#Éric_Piolle et d’élus de gauche

    Le maire de Grenoble et des représentants EELV et PS critiquent l’#opération_de_police de ce mercredi en Isère, et au passage la loi immigration.

    Le gouvernement voudrait passer à autre chose, la gauche s’y refuse. La loi immigration est revenue à toute vitesse dans les débats en cette fin décembre, conséquence de l’#arrestation d’une dizaine de #livreurs de repas en situation irrégulière mercredi 27 en #Isère, une information rapportée par Le Dauphiné Libéré. Le maire de #Grenoble, Éric Piolle, suivi par d’autres élus de gauche, a dénoncé « une #indignité » pendant que la CGT parlait de « #rafle ».

    L’édile écologiste a directement interpellé le ministre de l’Intérieur #Gérald_Darmanin, déplorant que « ces personnes seraient donc suffisamment ’régulières’ pour attendre dans le froid de vous livrer vos repas, mais pas pour vivre dignement avec nous ».

    « Voici le vrai visage de ce gouvernement »

    Éric Piolle veut ainsi relancer les discussions autour de la #régularisation des #travailleurs_sans_papiers dans les secteurs en tension. Une mesure ardemment défendue par la gauche pendant les débats sur la loi immigration, mais qui a finalement été écartée de la version du texte adoptée par le Parlement.

    https://twitter.com/EricPiolle/status/1740413156227182760

    Dans le sillage du maire, le secrétaire général du PS, #Olivier_Faure, s’est également exprimé les réseaux sociaux : « Si tous les étrangers en situation régulière ou irrégulière se mettaient en grève une journée, chacun se rendrait compte qu’ils sont dans tous les métiers de la seconde ligne, livreurs, auxiliaires de vie, caristes, assistantes maternelles… loués pendant la crise Covid et puis… ».

    Autre élue EELV, la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée #Cyrielle_Chatelain a elle aussi dénoncé l’opération de police, et entre les lignes la loi immigration adoptée définitivement le 19 décembre dernier. « Voici le vrai visage de ce gouvernement : être méchant avec tous les étrangers, même s’ils travaillent, même s’ils s’intègrent », a-t-elle fustigé, là encore sur X (anciennement Twitter).

    Et pour cause : l’opération baptisée « #Uber_Eats », menée simultanément dans plusieurs localités iséroises (Grenoble, #Voiron, #Vienne…), a conduit à l’#interpellation de nombreux livreurs. Des ressortissants algériens, burkinabés, guinéens ou tunisiens qui ont été placés en #garde_à_vue à Lyon et Grenoble après la saisie de leur vélo, et qui ont été libérés après s’être vu notifier des #obligations_de_quitter_le_territoire_français (#OQTF) et des #interdictions_de_retour_sur_le_territoire (#IRTF), comme l’a expliqué #Mohamed_Fofana, responsable CGT des livreurs du département lors d’un point presse organisé ce vendredi.

    Piolle invité à « aimer les policiers »

    « Nous dénonçons cette opération de police (...) dans une période de fêtes où les associations de défense des migrants et beaucoup d’avocats sont en congé et les recours compliqués », a insisté ce responsable. « Nous sommes des travailleurs, pas des délinquants », a-t-il ajouté, rappelant que beaucoup de livreurs travaillent dans des conditions précaires et pour des « rémunérations scandaleusement basses ». « La place Victor Hugo (à Grenoble) a été complètement fermée par des camions de police. C’était une #nasse. Cela s’appelle une rafle quand cela vise une catégorie particulière de personnes », s’est indigné de son côté un responsable de l’Union locale de la CGT, Alain Lavi.

    Le procureur de la République de Grenoble, #Éric_Vaillant, a répondu à Éric Piolle et aux critiques ayant ciblé l’opération : « Ces #contrôles ont été opérés à ma demande. Ils ont aussi permis de constater que les livreurs en situation irrégulière étaient gravement exploités par ceux qui leur sous-louaient leur #licence. Des enquêtes sont engagées », a-t-il indiqué. La préfecture de l’Isère a pour sa part souligné être garante « de l’application des lois de la République ».

    Le ministre de l’Intérieur Gérald #Darmanin, interrogé à ce propos alors qu’il présentait le dispositif de sécurité pour la Saint-Sylvestre, s’est pour sa part contenté de lancer à Éric Piolle : « J’invite le maire de Grenoble à aimer les policiers et à soutenir la loi de la République ».

    https://twitter.com/BFMTV/status/1740687346364739605

    Quelques heures plus heures, l’élu EELV a répondu au ministre dans un tweet, en énumérant « les cinq actes » de la « #tragédie_macroniste : « laisser les #plateformes créer des situations d’#esclavage, voter la loi immigration avec le RN, imposer la politique du chiffre à la police, arrêter des personnes sans défense, inviter à aimer la police ».

    https://twitter.com/EricPiolle/status/1740738174350143880

    https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/loi-immigration-apres-l-arrestation-de-livreurs-en-situation-irreguli
    #Eric_Piolle #résistance #migrations #sans-papiers #Eric_Vaillant