• La Floride introduit dans ses manuels scolaires l’idée de « bienfaits » de l’#esclavage | Slate.fr
    https://www.slate.fr/story/250735/floride-etats-unis-introduit-dans-manuels-scolaires-idee-bienfaits-esclavage-n

    Sous la gouvernance de l’ultraconservateur Ron DeSantis, l’État de Floride poursuit son projet de réforme de l’enseignement public, suivant une ligne réactionnaire et révisionniste. Un an après le « Don’t say gay » (« Ne parlez pas des gays ») et le Stop Woke Act, qui interdisaient coup sur coup d’évoquer à l’école des sujets en lien avec les questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre, et l’enseignement de la théorie critique de la race, le conseil de l’éducation de Floride vient d’approuver ce mercredi 19 juillet 2023 une nouvelle règlementation sur la façon dont l’histoire noire doit être enseignée.

    Au programme, une séquence sur les supposés bienfaits de l’esclavage, qui aurait permis aux Noirs de « développer des compétences qui, dans certains cas, pouvaient être appliquées pour leur bénéfice personnel », explique ainsi un document de 216 pages recensant les nouvelles directives éducatives.

  • Zahra, morte pour quelques #fraises espagnoles

    Le 1er mai, un bus s’est renversé dans la région de #Huelva, au sud de l’Espagne. À son bord, des ouvrières agricoles marocaines qui se rendaient au travail, dont l’une a perdu la vie. Mediapart est allé à la rencontre des rescapées, qui dénoncent des conditions de travail infernales.
    Aïcha* s’installe péniblement à la table, en jetant un œil derrière le rideau. « Si le patron apprend qu’on a rencontré une journaliste, on sera expulsées et interdites de travailler en Espagne. On a peur qu’un mouchard nous ait suivies, on est sous surveillance permanente. »

    Aïcha sait le risque qu’elle encourt en témoignant, même à visage couvert, sous un prénom d’emprunt. Mais elle y tient, pour honorer Zahra. Foulard assorti à sa djellaba, elle est venue clandestinement au point de rendez-vous avec Farida* et Hanane*, elles aussi décidées à parler de Zahra. « Elle était comme notre sœur. » Deux images les hantent.

    Sur la première, la plus ancienne, Zahra sourit, visage net, rond, plein de vie, lèvres maquillées de rouge, regard foncé au khôl. Sur la seconde, elle gît devant la tôle pliée dans la campagne andalouse, corps flou, cœur à l’arrêt. « Elle avait maigri à force de travailler, on ne la reconnaissait plus. Allah y rahmo [« Que Dieu lui accorde sa miséricorde » – ndlr] », souffle Aïcha en essuyant ses larmes avec son voile.

    Zahra est morte juste avant le lever du soleil, en allant au travail, le 1er mai 2023, le jour de la Fête internationale des travailleuses et des travailleurs. Elle mangeait un yaourt en apprenant des mots d’espagnol, à côté de Malika* qui écoutait le Coran sur son smartphone, quand, à 6 h 25, le bus qui les transportait sans ceinture de sécurité s’est renversé.

    Elles étaient une trentaine d’ouvrières marocaines, en route pour la « finca », la ferme où elles cueillent sans relâche, à la main, les fraises du géant espagnol Surexport, l’un des premiers producteurs et exportateurs européens, détenu par le fonds d’investissement Alantra. Le chauffeur roulait vite, au-dessus de la limite autorisée, dans un épais brouillard. Il a été blessé légèrement.

    Zahra est morte sur le coup, dans son survêtement de saisonnière, avec son sac banane autour de la taille, au kilomètre 16 de l’autoroute A484, à une cinquantaine de kilomètres de Huelva, en Andalousie, à l’extrême sud de l’Espagne, près de la frontière portugaise. Au cœur d’une des parcelles les plus rentables du « potager de l’Europe » : celle qui produit 90 % de la récolte européenne de fraises, « l’or rouge » que l’on retrouve en hiver sur nos étals, même quand ce n’est pas la saison, au prix d’un désastre environnemental et social.

    Cet « or rouge », qui génère plusieurs centaines de millions d’euros par an, et emploie, d’après l’organisation patronale Freshuelva, 100 000 personnes, représente près de 8 % du PIB de l’Andalousie, l’une des régions les plus pauvres d’Espagne et d’Europe. Et il repose sur une variable d’ajustement : une main-d’œuvre étrangère saisonnière ultraflexible, prise dans un système où les abus et les violations de droits humains sont multiples.

    Corvéable à merci, cette main-d’œuvre « bon marché » n’a cessé de se féminiser au cours des deux dernières décennies, les travailleuses remplaçant les travailleurs sous les serres qui s’étendent à perte de vue, au milieu des bougainvilliers et des pins parasols. Un océan de plastique blanc arrosé de produits toxiques : des pesticides, des fongicides, des insecticides...

    À l’aube des années 2000, elles étaient polonaises, puis roumaines et bulgares. Elles sont aujourd’hui majoritairement marocaines, depuis le premier accord entre l’Espagne, l’ancien colonisateur, et le Maroc, l’ancien colonisé, lorsqu’en 2006 la ville espagnole de Cartaya a signé avec l’Anapec, l’agence pour l’emploi marocaine, une convention bilatérale de « gestion intégrale de l’immigration saisonnière » dans la province de Huelva.

    Une migration circulaire, dans les clous de la politique migratoire sécuritaire de Bruxelles, basée sur une obligation contractuelle, celle de retourner au pays, et sur le genre : l’import à moindre frais et temporairement (de trois à neuf mois) de femmes pour exporter des fraises.

    Le recrutement se fait directement au Maroc, par les organisations patronales espagnoles, avec l’aide des autorités marocaines, des gouverneurs locaux, dans des zones principalement rurales. Ce n’est pas sans rappeler Félix Mora, cet ancien militaire de l’armée française, surnommé « le négrier des Houillères », qui sillonnait dans les années 1960 et 1970 les villages du sud marocain en quête d’hommes réduits à leurs muscles pour trimer dans les mines de la France, l’autre ancienne puissance coloniale.

    Même état d’esprit soixante ans plus tard. L’Espagne recherche en Afrique du Nord une force de travail qui déploie des « mains délicates », des « doigts de fée », comme l’a montré dans ses travaux la géographe Chadia Arab, qui a visibilisé ces « Dames de fraises », clés de rentabilité d’une industrie agro-alimentaire climaticide, abreuvée de subventions européennes.

    Elle recherche des « doigts de fée » très précis. Ceux de femmes entre 25 et 45 ans, pauvres, précaires, analphabètes, mères d’au moins un enfant de moins de 18 ans, idéalement célibataires, divorcées, veuves. Des femmes parmi les plus vulnérables, en position de faiblesse face à d’éventuels abus et violences.

    Zahra avait le profil type. Elle est morte à 40 ans. Loin de ses cinq enfants, âgés de 6 à 21 ans, qu’elle appelait chaque jour. Loin de la maison de fortune, à Essaouira, sur la côte atlantique du Maroc, où après des mois d’absence, elle allait bientôt rentrer, la récolte et le « contratación en origen », le « contrat en origine », touchant à leur fin.

    C’est ce qui la maintenait debout lorsque ses mains saignaient, que le mal de dos la pliait de douleur, lorsque les cris des chefs la pressaient d’être encore plus productive, lorsque le malaise menaçait sous l’effet de la chaleur suffocante des serres.

    L’autocar jusqu’à Tarifa. Puis le ferry jusqu’à Tanger. Puis l’autocar jusqu’au bercail : Zahra allait revenir au pays la valise pleine de cadeaux et avec plusieurs centaines d’euros sur le compte bancaire, de quoi sauver le foyer d’une misère aggravée par l’inflation, nourrir les proches, le premier cercle et au-delà.

    Pour rempiler la saison suivante, être rappelée, ne pas être placée sur « la liste noire », la hantise de toutes, elle a été docile. Elle ne s’est jamais plainte des conditions de travail, des entorses au contrat, à la convention collective.

    Elle l’avait voulu, ce boulot, forte de son expérience dans les oliveraies et les plantations d’arganiers de sa région, même si le vertige et la peur de l’inconnu l’avaient saisie la toute première fois. Il avait fallu convaincre les hommes de la famille de la laisser voyager de l’autre côté de la Méditerranée, elle, une femme seule, mère de cinq enfants, ne sachant ni lire ni écrire, ne parlant pas un mot d’espagnol. Une nécessité économique mais aussi, sans en avoir conscience au départ, une émancipation, par le travail et le salaire, du joug patriarcal, de son mari, dont elle se disait séparée.

    Et un certain statut social : « On nous regarde différemment quand on revient. Moi, je ne suis plus la divorcée au ban de la société, associée à la prostituée. Je suis capable de ramener de l’argent comme les hommes, même beaucoup plus qu’eux », assure fièrement Aïcha.

    Elle est « répétitrice » depuis cinq ans, c’est-à-dire rappelée à chaque campagne agricole. Elle gagne de 1 000 à 3 000 euros selon la durée du contrat, une somme inespérée pour survivre, améliorer le quotidien, acheter une machine à laver, payer une opération médicale, économiser pour un jour, peut-être, accéder à l’impossible : la propriété.

    Cette saison ne sera pas la plus rémunératrice. « Il y a moins de fraises à ramasser », à cause de la sécheresse historique qui frappe l’Espagne, tout particulièrement cette région qui paie les conséquences de décennies d’extraction d’eau pour alimenter la culture intensive de la fraise et d’essor anarchique d’exploitations illégales ou irriguées au moyen de puits illégaux.

    Au point de plonger dans un état critique la réserve naturelle de Doñana, cernée par les serres, l’une des zones humides les plus importantes d’Europe, classée à l’Unesco. Le sujet, explosif, est devenu une polémique européenne et l’un des enjeux des élections locales qui se tiennent dimanche 28 mai en Espagne.

    « S’il n’y a plus d’eau, il n’y aura plus de fraises et on n’aura plus de travail », s’alarme Aïcha. Elle ne se relève pas de la perte de son amie Zahra, seule passagère du bus à avoir rencontré la mort, ce 1er mai si symbolique, jour férié et chômé en Espagne, où l’on a manifesté en appelant à « augmenter les salaires, baisser les prix, partager les bénéfices ». Les autres ouvrières ont été blessées à des degrés divers.

    Trois semaines plus tard, elles accusent le coup, isolées du monde, dans la promiscuité de leur logement à San Juan del Puerto, une ancienne auberge où elles sont hébergées, moyennant une retenue sur leur salaire, par l’entreprise Surexport, qui n’a pas répondu à nos sollicitations. Privées d’intimité, elles se partagent les chambres à plusieurs. La majorité des femmes accidentées est de retour, à l’exception des cas les plus graves, toujours hospitalisés.

    « Ils nous ont donné des béquilles et du paracétamol. Et maintenant, ils nous demandent de revenir travailler alors qu’on en est incapables, qu’on est encore sous le choc. Le médecin mandaté par l’entreprise a dit qu’on allait très bien, alors que certaines ont des fractures et qu’on met des couches à l’une d’entre nous qui n’arrive pas à se lever ! On a eu droit à un seul entretien avec une psychologue », raconte Aïcha en montrant la vidéo d’une camarade qui passe la serpillère appuyée sur une béquille.

    « On a perdu le sommeil », renchérit Hanane. Chaque nuit, elles revivent l’accident. Farida fait défiler « le chaos » sur son téléphone, les couvertures de survie, les cris, les douas (invocations à Allah), le sang. Elle somnolait quand le bus s’est couché. Quand elle a rouvert les yeux, elle était écrasée par plusieurs passagères. Elle s’est vue mourir, étouffée.

    Le trio montre ses blessures, des contusions, des entorses, un bassin luxé, un traumatisme cervical. Elles n’ont rien dit à la famille au Maroc, pour ne pas affoler leurs proches. Elles ne viennent pas du même coin. « Tu rencontres ici tout le pays. » Des filles des montagnes, des campagnes, des villes, de la capitale… Elles ont la trentaine, plusieurs enfants en bas âge restés avec la grand-mère ou les tantes, sont divorcées. Analphabètes, elles ne sont jamais allées à l’école.

    « Ici ou au bled, se désole Hanane en haussant les épaules, on est exploitées, mais il vaut mieux être esclave en Espagne. Au Maroc, je gagnais à l’usine moins de cinq euros par jour, ici, 40 euros par jour. » Elles affirment travailler, certaines journées, au-delà du cadre fixé par la convention collective de Huelva, qui prévoit environ 40 euros brut par jour pour 6 h 30 de travail, avec une journée de repos hebdomadaire. Sans être payées plus.

    Elles affirment aussi avoir droit à moins de trente minutes de pause quotidienne, « mal vivre, mal se nourrir, mal se soigner », du fait d’un système qui les contrôle dans tous les aspects de leur vie et les maintient « comme des prisonnières » à l’écart des centres urbains, distants de plusieurs kilomètres.

    Il faut traverser la région de Huelva en voiture pour mesurer l’ampleur de leur isolement. Le long des routes, des dizaines d’ouvrières marocaines, casquette sur leur voile coloré, seules ou à plusieurs, marchent des heures durant, en sandales ou en bottes de caoutchouc, faute de moyen de transport, pour atteindre une ville, un commerce. Certaines osent l’autostop. D’autres se retournent pour cacher leur visage à chaque passage de véhicule.

    Les hommes sont nombreux aussi. À pied mais surtout à vélo, plus rarement à trottinette. Originaires du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne, une grande partie d’entre eux est soumise à l’emploi illégal, qui cohabite avec « le contrat en origine », au rythme des récoltes de fruits et légumes. Dans les champs de fraises, ils sont affectés à l’épandage des pesticides, au démontage des serres, à l’arrachage des plastiques…

    « La liste des abus est interminable, surtout pendant les pics de production, quand il faut récolter, conditionner, encore plus vite », soupire Fatima Ezzohairy Eddriouch, présidente d’Amia, l’association des femmes migrantes en action. Elle vient de débarquer dans le local sombre, escortée de Jaira del Rosario Castillo, l’avocate qui représente la famille « très affectée » de Zahra au Maroc, une spécialiste du droit du travail.

    Aïcha, Hanane et Farida lui tombent dans les bras, heureuses de rencontrer en vrai « Fatima de TikTok », une épaule pour de nombreuses saisonnières qui se refilent son numéro de portable, tant elle ne vit que pour l’amélioration de leur sort, malgré « un climat d’omerta, de terreur ».

    Travail forcé ou non payé, y compris les jours fériés, les dimanches, heures supplémentaires non rémunérées, passeports confisqués par certains patrons, absence de repos, contrôles du rendement avec renvoi vers le Maroc si celui-ci est jugé insuffisant, absence de mesures de sécurité et de protection sur le lieu de travail, tromperie à l’embauche, harcèlement moral, violences sexuelles, racisme, xénophobie, logement indigne, accès aux soins de santé entravé… Fatima Ezzohairy Eddriouch est confrontée au « pire de l’humanité tous les jours ». Avant de nous rejoindre, elle aidait Rahma, qui s’est brisé le cou en cueillant les fraises : « Son employeur veut la licencier et refuse de prendre en charge les soins médicaux. »

    Elle-même a été saisonnière pendant plus de dix ans. Elle en avait 19 quand elle a quitté Moulay Bousselham, au Maroc, et rejoint Huelva. Elle doit sa « survie » à Manuel, un journalier andalou rencontré dans les champs devenu son époux. « Vingt-trois ans d’amour, ça aide à tenir », sourit-elle. Seule ombre au tableau : alors que sa famille a accueilli avec joie leur union, celle de son mari continue de la rejeter. « Le racisme est malheureusement très fort en Espagne. »

    Le 1er mai, Fatima Ezzohairy Eddriouch a été l’une des premières informées de la tragédie. Des travailleuses blessées l’ont sollicitée. Mais elle s’est heurtée aux murs de l’administration, de l’employeur : « Un accident mortel de bus qui transporte des ouvrières agricoles étrangères, le jour de la Fête des travailleurs, c’est une bombe à l’échelle locale et nationale. Heureusement pour le gouvernement et le patronat agricole, elles sont des immigrées légales, pas sans papiers. »

    Devant le logement de San Juan del Puerto, elle a découvert le portail cadenassé, une entrave à la liberté de circuler des ouvrières. Elle l’a dénoncée sur les réseaux sociaux. Et dans la presse, auprès du journaliste indépendant Perico Echevarria notamment, poil à gratter avec sa revue Mar de Onuba, seul média local à déranger un système agroalimentaire et migratoire qui broie des milliers de vies. Surexport a fini par faire sauter le verrou.

    « Elles ont été enfermées, interdites de parler à des associations, à la presse. Ce n’est pas tolérable », s’indigne encore la militante. Son regard s’arrête sur une des photos de Zahra. Celle où elle a basculé de vie à trépas. Elle n’était pas prête. Elle s’effondre. Cette fois, ce sont Aïcha, Hanane et Farida qui l’enlacent en claudiquant. Le corps de Zahra a été rapatrié, enterré dans un cimetière d’Essaouira.

    La presse, d’une rive à l’autre, spécule sur le montant des pensions et des indemnités que pourraient percevoir les proches de la défunte, selon le droit espagnol. « C’est indispensable de rendre justice à cette famille meurtrie à jamais, à défaut de pouvoir rendre la vie à Zahra », dit l’avocate. Aïcha, Hanane et Farida, elles, veulent qu’on retienne son visage souriant à travers l’Europe, en France, au Pays-Bas, en Belgique..., et qu’on l’associe à chaque barquette de fraises marquée « origine : Huelva (Espagne) ».

    https://www.mediapart.fr/journal/international/270523/zahra-morte-pour-quelques-fraises-espagnoles
    #décès #Espagne #agriculture #exploitation #esclavage_moderne #migrations #travail #Maroc #agricultrices #femmes #conditions_de_travail #ouvrières_agricoles #Surexport #industrie_agro-alimentaire #Alantra #saisonniers #saisonnières #Andalousie #or_rouge #abus #féminisation #féminisation_du_travail #convention_bilatérale #Anapec #migration_circulaire #genre #violence #contrat_en_origine #contratación_en_origen #émancipation #sécheresse #eau #isolement #travail_forcé

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    ajouté au fil de discussion sur la cueillette de fraises en Espagne :
    https://seenthis.net/messages/693859

  • Philippines : un millier de personnes, gardées en captivité et forcées de pratiquer des arnaques, ont été libérées
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/philippines-plus-de-1000-personnes-gardees-en-captivite-pour-arnaquer-e

    Elles sont enfin libres. La police des Philippines a secouru plus de 1 000 personnes qui étaient maintenues captives et forcées de pratiquer des escroqueries en ligne, ont annoncé samedi 6 mai les autorités. Cette opération contre le trafic d’êtres humains a eu lieu jeudi à Mabalacat, à 90 km au nord de Manille, a précisé la porte-parole du groupe de lutte contre la cybercriminalité de la police nationale philippine, Michelle Sabino.

    Les 1 090 personnes, maintenues captives, étaient principalement des Chinois, des Vietnamiens et des Indonésiens attirés aux Philippines sous des promesses mirobolantes en tout genre, selon la police. Parmi elles figuraient aussi des Philippins, des Malaisiens, des Thaïlandais, des Taïwanais, des Hongkongais, des Birmans et des Népalais.

    #esclavage_moderne

  • Ida B. Wells (1862-1931), le journalisme d’émancipation
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/ida-b-wells-1862-1931-le-journalisme-d-emancipation-3002802

    Pionnière longtemps oubliée du journalisme d’investigation, travailleuse sociale déterminée et militante infatigable contre les lynchages, Ida B. Wells n’a jamais cessé de lutter pour l’égalité et contre la suprématie blanche aux États-Unis.

    #radio #USA #esclavage #racisme #lynchage #enquête

  • Des articles renvoyés au géant chinois de la mode Shein parcourent 100’000 kilomètres Linda Bourget

    L’émission A Bon Entendeur de la RTS a suivi des articles renvoyés au géant chinois de la mode éphémère Shein. Trois articles ont parcouru à eux seuls quelque 100’000 km en bateau, par la route et en avion.

    Qu’advient-il des vêtements commandés en ligne et renvoyés à l’expéditeur ? Pour le savoir, l’émission A Bon Entendeur de la RTS s’est intéressée à des articles de la marque Shein. Peu connue des plus de 30 ans, la plateforme chinoise de vente en ligne s’est imposée comme le leader mondial de l’"ultra fast fashion" (ou mode éphémère) et jouit d’une immense popularité auprès de la génération Z.


    Une veste en jeans, un sac à dos et une pochette en tissu ont été munis de trackers avant d’être renvoyés. Les trackers n’ont pas été détectés lors du contrôle qualité de la marchandise effectué à Berne et les trois objets ont donc pu être suivis à distance. Résultats des courses : ceux-ci ont effectué un périple de trois mois et d’environ 100’000 km au total, soit deux fois et demi le tour de la Terre.

    Ils ont voyagé en bateau, par la route et en avion.

    La cargaison a d’abord sillonné les ports européens : Rotterdam, Hambourg, Bruges, Valence avant de se rendre en Asie, en premier lieu à Singapour puis à Hong Kong. Les trois objets ont ensuite emprunté des chemins différents. Le sac à dos a été acheminé en avion jusqu’en Australie, la veste noire a été envoyée au Mexique, tandis que la pochette de tissu a enchaîné les vols avant de terminer sa course en Pennsylvanie, aux Etats-Unis.

    Racheté par un autre client
    La RTS s’est rendue sur place afin de retrouver la pochette en question. Dans la banlieue de Reading, en Pennsylvanie, Erison Almonte a confirmé avoir commandé cet article sur la plateforme chinoise. « Je l’ai simplement achetée chez Shein, il n’y en avait plus qu’une et je la trouvais sympa parce qu’elle allait bien avec une chemise que je voulais mettre pour aller à une fête », a-t-il expliqué en interview.

    « Ce qui me plaît chez Shein », ce sont les prix, a encore précisé l’Américain. L’entreprise se caractérise en effet par une politique de prix cassés et une offre extrêmement large qui se renouvelle en permanence.


    Pour quelles émissions de CO2 ?
    Directeur scientifique de l’entreprise Quantis, un cabinet de conseil en stratégie environnementale, Sébastien Humbert a analysé les données du renvoi de cet objet, afin d’en estimer les émissions de CO2. « La première surprise, c’est que ça repart en bateau, ce qui est plutôt une bonne chose » dans la mesure où les émissions sont beaucoup plus faibles que celles générées par le transport aérien. « Par contre au niveau des mauvaises surprises, il y a le fait que le bateau va d’abord de l’autre côté de la planète, avant que la pochette ne soit renvoyée. L’impact de l’avion est encore plus grand que ce à quoi on s’attendait avant de faire les calculs ».

    D’après ses estimations, si la fabrication de la pochette a dégagé environ 1 kg de CO2, le transport qui a permis de la livrer en Suisse, de la renvoyer en Chine puis de la livrer à nouveau aux Etats-Unis aurait généré environ 6 kg de CO2.

    Renvois à perte ?
    Les données relatives aux renvois ont également été soumises à Naoufel Cheikhrouhou, professeur de logistique à la HES-SO Genève. Sa modélisation laisse penser que certains de ces retours ne sont pas rentables pour l’entreprise, bien que le client suisse doive payer entre 5 et 6 francs par paquet renvoyé à Shein.

    « D’après nos calculs, le coût de retour de la veste en jeans est de l’ordre de 7,50 francs. Or si le client la renvoie par courrier, cela coûte 5 francs, ce qui veut dire que l’entreprise doit couvrir elle-même à peu près 2,50 francs de différence », estime le spécialiste. « Je pense qu’on arrive à un modèle qui n’est plus viable sur le plan économique et je ne pense pas qu’il soit viable sur le plan sociétal aujourd’hui. De mon point de vue en tout cas, ce n’est pas un modèle qui va pouvoir persister. »

    Conditions de travail dénoncées
    L’ONG Public Eye enquête sur l’entreprise Shein depuis plusieurs années. « Près de 100’000 km pour trois objets, c’est hallucinant », commente Géraldine Viret, sa responsable médias pour la Suisse romande. Celle-ci dénonce par ailleurs les conditions de travail des employés actifs pour la marque dans des centres logistiques basés en Chine.

    Aujourd’hui, la réalité de ce modèle, ce sont des gens qui travaillent comme des robots
    Géraldine Viret, responsable médias pour la Suisse romande de l’ONG Public Eye

    D’après une enquête réalisée sur place, « les témoignages sont vraiment scandaleux, très choquants, avec des gens qui disent ne pas avoir le droit de s’arrêter, être surveillés par vidéo par leur manager et être réprimandés, se faire hurler dessus ou avoir des retenues de salaire. Aujourd’hui, la réalité de ce modèle, ce sont des gens qui travaillent comme des robots ».

    Interrogée sur sa politique de retour, Shein a refusé de répondre à la RTS.

    #shein #fast_fashion #transports #pollution #logistique #esclavage #responsabilité #économie #planète #enfumage #trackers

    Source : https://www.rts.ch/info/monde/13990218-des-articles-renvoyes-au-geant-chinois-de-la-mode-shein-parcourent-1000

  • La Compil’ de la Semaine
    https://www.les-crises.fr/la-compil-de-la-semaine-90

    Chaque semaine, nous vous proposons notre Compil’ de la Semaine : une sélection de dessins de presse à la fois drôles et incisifs, ainsi que des vidéos d’analyse participant à l’indispensable travail d’auto-défense intellectuelle. Bonne lecture et bon visionnage à toutes et à tous ! Dessins de Presse Vidéos Le Media – Enzo Traverso : […]

    #Miscellanées #Compil_de_la_Semaine #Miscellanées,_Compil_de_la_Semaine

  • Silence dans les champs

    Depuis les années 1960, le « système » agro-industriel fait naître des empires transnationaux et des #baronnies_rurales. Il crée des #usines et des #emplois. Il entraîne la disparition progressive des #paysans, l’#asservissement de nombreux salariés de l’#agroalimentaire, l’altération des écosystèmes et la généralisation de la nourriture en boîte. Il s’impose au nom de la realpolitik économique et de la foi dans une certaine idée du « #progrès ». Il prospère grâce à la bienveillance, l’impuissance ou la lâcheté des autorités. Il engendre ses propres mythes, capables de façonner durablement les mentalités. Il enrichit considérablement une minorité, alors que certains se contentent de survivre grâce aux subventions ou doivent s’estimer heureux parce qu’ils ont un travail. Il fait taire des récalcitrants à coups de menaces, de pressions, d’intimidations, de calomnies ou de sabotages. La #violence est son corollaire. Le #silence, son assurance-vie. Comment le définir ? « #Féodalité », répondent les uns. « #Esclavage_moderne », disent les autres. « #Oligarchie » ou « #mafia », jurent certains...
    Enquête au long cours jalonnée de témoignages saisissants, Silence dans les champs est une immersion glaçante dans le principal territoire agro-industriel de France : la #Bretagne.

    https://www.arthaud.fr/silence-dans-les-champs/9782080280886
    #livre #agriculture #industrie_agro-alimentaire

  • Dedicato a chi rimpiange le statue degli schiavisti

    Il dibattito sui monumenti civici è appassionante. Ma il punto non è la riscrittura della storia quanto la contesa dello spazio pubblico. Dopo decenni di privatizzazioni.

    Da storico dell’arte trovo appassionante il dibattito che, in tutto l’Occidente, divampa intorno alle statue civiche. Il punto non è la riscrittura della storia, tantomeno la sua cancellazione (come vorrebbe la vulgata di destra che lo condanna): il vero oggetto di contesa è lo spazio pubblico come luogo in cui una comunità civile costruisce se stessa attraverso un giudizio sul passato e indica una via verso il futuro.

    È commovente che questo accada dopo decenni di privatizzazioni selvagge che tendono a far letteralmente sparire, in tutto il mondo, il concetto stesso di spazio pubblico. Si dovrà convenire che tenere (letteralmente) su un piedistallo nella piazza (centro della polis e dunque luogo politico per eccellenza) un personaggio, significa indicarlo come modello di virtù civili. È l’equivalente civile della santificazione: “Guardatelo, prendetelo a esempio, fate come lui”. La statua che vedete nella fotografia in questa pagina raffigura Edward Colston (1636-1721) ricco magnate della Bristol dell’età barocca, fondatore di scuole e filantropo: “Uno dei più virtuosi e saggi figli della città”, lo celebrava l’iscrizione sul basamento dell’opera che lo raffigura. Ma questo sant’uomo era uno dei più terribili schiavisti dell’età moderna: le sue navi trasportarono dalle coste africane all’America almeno 100mila persone rapite ai loro villaggi e ai loro affetti. Non meno di 20mila morirono durante le disumane traversate oceaniche.

    Ebbene, il 7 giugno 2020, l’onda lunga delle manifestazioni per la dignità della vita dei neri suscitata dall’uccisione di George Floyd a Minneapolis, ha travolto anche Edward Colston: la statua è stata abbattuta, mutilata, dileggiata e infine gettata in acqua a furor di popolo. Non ci nascondiamo dietro un dito: se masse oppresse in tutto l’Occidente non riescono a condividere la saggia svolta contro il vandalismo compiuta dalla Rivoluzione trionfante, è appunto perché sono tuttora oppresse e sconfitte. Negli ultimi vent’anni a Bristol si era aperto un duro confronto su questa statua: una petizione per la sua rimozione aveva raccolto 11mila firme, ma le autorità si sono opposte financo all’apposizione di una targa che facesse conoscere al pubblico le ombre della vita di quell’uomo vissuto quasi quattrocento anni fa. Eppure, numerose installazioni spontanee avevano reso visibile intorno alla figura bronzea di Colston l’immane tragedia che egli provocò. La notte del 18 ottobre 2018 (Giornata europea della tratta contro gli esseri umani), apparve intorno alla statua un’installazione artistica che presentava una serie di figurine di cemento giacenti a terra. Erano disposte secondo la pianta di una delle navi negriere in cui gli schiavisti come Colston trasportavano le persone in America.

    A lato dell’installazione erano presenti i nomi delle professioni odierne a rischio di schiavitù moderne: dagli addetti all’autolavaggio ai domestici, ai raccoglitori di frutta. Un eccellente esempio di risemantizzazione. L’artista Banksy ne ha proposto un altro: “Ecco un’idea che si rivolge sia a chi sente la mancanza della statua di Colston sia a chi non la sente -scrive Banksy ai suoi 9,4 milioni di follower su Instagram-. Lo tiriamo fuori dall’acqua, lo rimettiamo sul piedistallo, gli mettiamo un cavo attorno al collo e facciamo realizzare alcune statue di bronzo a grandezza naturale di manifestanti nell’atto di tirarlo giù. Tutti contenti. Un giorno straordinario commemorato”. Non sarebbe una cattiva idea.

    https://altreconomia.it/dedicato-a-chi-rimpiange-le-statue-degli-schiavisti

    #monument #monuments #statue #esclavage #toponymie_politique
    #espace_public #Edward_Colston #Colston
    ping @cede

  • Un pur chef d’oeuvre : Ténèbre, de Paul Kawczak
    (La Peuplade, 2020 ; J’ai lu, 2021)

    Un grand livre passé inaperçu en France, malgré un prix des lecteurs L’express/BFMTV 2020 et une critique de François Angelier le 28 août 2021.

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    Le roman raconte le parcours de Pierre Claes, géomètre belge mandaté par le roi qui mène une expédition en Afrique pour matérialiser les limites des terres civilisées. Il remonte le fleuve Congo en compagnie de travailleurs bantous et de Xi Xiao, maître tatoueur chinois et bourreau spécialisé dans l’art de la découpe humaine. Ce dernier devine les horreurs de la colonisation à venir.

    « Dans ce premier roman, Paul Kawczak revisite et dynamite le récit de voyage à la façon du XIXe siècle, pour en faire un livre baroque, oppressant, violemment érotique, d’une beauté barbare, servi par un style superbe »

    estime Jean-Claude Perrier dans son avant-critique du roman paru dans le Livres Hebdo du 17 janvier.

    Paul Kawczak est un éditeur, né en 1986 à Besançon, en France. Ses études doctorales en littérature l’ont mené en Suède puis au Québec. Avec le goût de l’exil lui est venu celui de l’écriture, comme forme de retour. Ténèbre sortira en format poche chez J’ai lu en 2021.

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    L’extraordinaire Ténèbre dans laquelle Paul Kawczak immerge ses personnages, celle de l’énorme et impénétrée forêt congolaise des années 1890, tient moins de la lice héroïque que d’un salon de torture fin de siècle. Imprégné par le Mirbeau du Jardin des supplices (1899) et le Conrad d’Au cœur des ténèbres (1899) – Conrad qui fait une apparition, « Polonais aux yeux polaires » –, le roman de Kawczak offre une peinture au rasoir, d’une part d’une Afrique coloniale hagarde, en sang et en larmes, que l’Europe franco-belge dilacère avec cupidité, confiant ses basses œuvres tant à des nervis soûls de sadisme qu’à des aventuriers à la mysticité délirante, et, d’autre part, du « charnier divin » d’une Belgique à la Ensor d’où vient le héros, le géomètre Pierre Claes, ethnie bourgeoise et délirante. A lire cul sec.

    https://www.lemonde.fr/livres/article/2021/08/28/james-fenimore-cooper-paul-kawczak-william-seabrook-la-chronique-poches-de-f

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    Les libraires conseillent (février 2020)

    En 1890, au cœur d’une Afrique que les grands pays colonisateurs se disputent âprement, Pierre Claes, géomètre de son état, se voit confier par son Roi la tâche d’aller délimiter la #frontière nord du Congo. Mais le jeune Claes, qui n’a rien de l’aventurier viril requis pour une telle charge, sombre peu à peu dans l’horreur coloniale, dont les extrémités semblent sans limites. Formée d’une horde de personnages aussi denses qu’énigmatiques, du bourreau chinois Xi Xiao au danois Mads Madsen, capitaine du Fleur de Bruges, sans oublier Mpanzu le Bantou, Vanderdorpe au cœur brisé ou encore Léopold, un chimpanzé apprivoisé, l’expédition Claes progresse péniblement sur le fleuve Congo, ponctuant son périple de rencontres inusitées et de péripéties abracadabrantes, pénétrant toujours plus avant la noirceur terrifiante des jungles antédiluviennes d’où toute morale s’est depuis longtemps évanouie. Servi par l’élégance d’une prose véritablement géniale et doté d’un art narratif empruntant aussi bien à Jules Verne qu’à Hemingway ou même à Poe, ce roman immense au romantisme sombre devrait vous hanter longtemps après avoir tourné la dernière page.

    Attention : chef-d’œuvre !

    Philippe Fortin, librairie Marie-Laura (Jonquière)

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    « L’histoire qui suit n’est pas celle des victimes africaines de la colonisation. Celle-ci revient à leurs survivants. L’histoire qui suit est celle d’un suicide blanc dans un monde sans Christ ; celle d’un jeune homme oublié dans un labyrinthe de haine et d’aveuglement : l’histoire du démantèlement et de la mutilation de Pierre Claes. » (page 12)
    Ce chant de la mutilation, — pour reprendre le titre du livre de Jason Hrivnak [1] ­—, relate l’histoire de Pierre Claes, géomètre belge, mandaté par le roi Léopold II pour délimiter les frontières du Congo. Le jeune homme se lance en 1890 dans une première expédition à bord du Fleur de Bruges, glissant sur le fleuve Congo, en compagnie de travailleurs bantous et de Xi Xiao, un ancien bourreau spécialisé dans l’art de la découpe humaine, maître tatoueur et devin.

    Paul Kawczak ne fait pas ici le pari de la #reconstitution mais plutôt celui d’écrire un roman comme s’il avait été écrit au XIXème siècle, sans pour autant tomber dans les travers du pastiche ou de la parodie.
    L’ironie est présente dans Ténèbre, mais il s’agit d’une ironie subtile, de celle à l’œuvre dans le Dracula (1897) de Bram Stoker, roman épistolaire brillant dans lequel l’auteur raille subtilement l’héroïsme des personnages qui pourchassent le vampire. L’atmosphère et le style flamboyant de Ténèbre ne sont pas non plus sans rappeler le génial roman gothique Melmoth ou l’Homme errant (Melmoth the Wanderer, 1820) de Charles Robert Maturin.

    « Des mains dont les ongles avaient continué de pousser et dont les corps avaient disparu, emportant avec eux le jour et la nuit, les arbres géants et les cris animaux, le temps des regrets et la parole humaine. Ces mains hurleraient et perceraient le monde jusqu’à le déformer, l’étirant hors de toute mesure suivant l’attraction de leur cri ; elles se rendraient au berceau de chaque nouveau-né, au chevet de chaque vieillard, au seuil de chaque foyer pour porter l’horrible nouvelle, la portant à la barbe de Léopold II même, qu’elles finiraient par arracher, comme elles arracheraient chaque Christ de sa croix pour le gifler, le fesser et lui annoncer, rieuses, piailleuses et chantantes, comme les mésanges nègres du fleuve Congo, l’avènement de la Peur, de la Mort et de l’Apocalypse. » (p. 147)

    Ténèbre n’a rien d’un pastiche, disions-nous. Il suffit pour s’en convaincre de prêter attention aux premières citations en exergue, celle de l’artiste taïwanais Chen Chieh-Jen, tout d’abord, qui rappelle que si « nous ne voyons pas la violence de l’histoire […] nous avons besoin de méditer les images de l’horreur et de nous en pénétrer » (p. 7). Puis celle de l’historien congolais Isidore Ndaywel è Nziem : « de 1880 à 1930, environ 10 millions de Congolais […] auraient disparu, victimes de l’introduction de ‘‘la civilisation’’. » (ibid.)

    La troisième épigraphe est de #Marx :

    « Le #capital naît dégouttant de sang et de boue des pieds à la tête », écrit l’auteur du Capital (p. 11).

    L’intention du romancier est claire : Ténèbre se veut une généalogie du Mal, ce Mal qui ronge l’Europe dans les derniers feux d’un romantisme à l’agonie : le capitalisme et son corollaire, le colonialisme, avec son abominable litanie de crimes contre l’humanité commis au nom de « la civilisation », — une civilisation blanche, mâle, chrétienne.

    Dieu est mort. L’argent est roi

    C’est le Mal qui ronge Pierre Claes, le géomètre dont le lecteur suit l’errance dans ce dédale tracé par Paul Kawczak. Les références à l’Enfer et au Paradis sont nombreuses dans le roman. Le Congo, en premier lieu, comparé à un nouvel Éden :

    « Le jardin d’Éden n’avait dû être qu’un simple brouillon comparé à la jungle africaine. À plusieurs reprises, [Pierre Claes] se dit que son enfance eût été plus facile s’il avait eu connaissance de l’existence des fleurs qu’il voyait alors, s’il avait su qu’il y avait, quelque part sur la Terre, un Paradis plus mystérieux que celui de la catéchèse, un lieu d’où pas une couleur n’était absente, où la mort même était extraordinaire, un lieu dont le calvaire quotidien de l’extrême chaleur et des insectes consacrait la beauté en vérité au lever du soleil. » (p. 106)

    Claes est chargé de cartographier ce Paradis [2], une mission qu’il accomplit en scrutant le ciel pour abaisser sur Terre les étoiles :

    « À cette époque, un géomètre marquait la terre mais scrutait le ciel. Les frontières idéales se matérialisaient à partir des étoiles dont l’apparente fixité était encore l’aune de l’absolu pour les hommes. Pierre Claes, par de savants calculs, abaisserait sur Terre les étoiles, au sol, et de leur majesté ne resterait que le tracé invisible d’un pouvoir arbitraire : là passerait la frontière. Claes réduirait l’infini en politique. » (p. 32)

    Autre motif lié au Paradis terrestre et à l’Enfer, celui du serpent, présent sur la couverture du livre et dont nous trouvons de nombreuses occurrences dans le texte [3]. Le serpent est un motif polysémique dans Ténèbre, mais la référence au texte de la Genèse (3, 1-24) est évidente. Dans la scène d’agonie de Baudelaire (pp. 127-128), Paul Kawczak décrit les yeux de l’auteur des #Fleurs_du_Mal comme ceux d’un serpent, faisant du poète le témoin et la victime de ce Mal qui dévore l’ancien monde.

    La question du mot ténèbre, si rare au singulier, a été éludée par les exégètes [4]. Plus fréquent au pluriel, notamment lorsqu’il fait référence à l’absence de Dieu et à l’Enfer, le mot a perdu sur la couverture du livre son S qui s’y trouve, par magie, incarné sous la forme d’un serpent [5]. Contrairement à la doctrine de la théologie chrétienne du péché originel, Paul Kawczak distingue la ténèbre, qui est intérieure, du Mal (représenté par le serpent) extérieur à l’homme : ici l’homme ne naît pas pécheur, il devient mauvais, corrompu par le capitalisme dont l’un des symboles est celui du dollar américain, un S doublement barré.

    L’errance géographique de Claes, se double d’une errance d’ordre psychique, un labyrinthe mental [6] tracé par le Mal à l’œuvre sur Terre : l’Enfer n’est pas un lieu, il est le socle brut de notre condition humaine, planté au cœur des hommes broyés par le capitalisme triomphant.

    « Chaque nuit un peu plus, Claes prenait la mesure de la progression de l’ombre en lui, de sa catabase africaine vers la Ténèbre intérieure. Pierre Claes pleurait alors comme un enfant, inconsolable de sombrer et effrayé par la violence à venir et les promesses tristes de la mort. » (p. 107)

    Ces leitmotive font signe au-dessus de la jungle du texte, la phrase Kawczakienne étant elle-même à l’image de cette jungle : sa syntaxe est prolifération, luxuriance, toute bruissante de ses rumeurs. La riche prose de Ténèbre passerait aisément l’épreuve du « gueuloir » chère à Flaubert, et l’on devine d’ailleurs que Paul Kawczak partage envers l’auteur de L’Éducation sentimentale l’admiration qu’il prête à l’un de ses personnages (Polonais) pour « son style, non pas prosodique, mais ironique, toujours double, comme chaque chose » (p. 87).

    Les pages sublimes sont nombreuses dans le livre. Citons notamment celle-ci, sidérante de sa noire beauté :

    « Repassait incessamment dans son esprit l’image claire et brutale de la vulve coulante de Camille Claes, ouverte comme le désir précipité et précipitant, en fleur de chair, intolérable ou, plutôt, qui ne le tolérait pas, lui, le raidissait à mourir dans la trahison de son père qui ne l’avait jamais peint, et la lune, ouverte comme la plaie du Christ, comme le bec de certaines pieuvres qu’on avait amenées de la côte, du port d’Ostende, une fois, et que l’on avait montrées à la boucherie, monstrueux miracles roses et gris de gélatine, comme les récits de son grand-père, rejetant, vomissant le lait et le sang, il l’avait vue, écartée et baveuse et jamais, jamais, il n’avait eu aussi peur qu’au réveil ce matin-là, il devait s’excuser auprès de ses chiens avant qu’ils ne l’accusent trop violemment des mots que lui avait murmurés Camille Claes, de ce qu’elle lui offrait comme on offre à un homme, de ce tout petit secret de fourche, pas plus grand que le quart de la paume d’une main, plus petit même peut-être, comme la vérité et le monde qui l’avaient toujours tué. » (p. 182)

    Une des plus belles idées du livre tient dans la métaphore filée de l’écriture tout au long du roman : les tatouages et la découpe des chairs. L’écriture de Paul Kawczak est double, ainsi que celle de Flaubert. Elle est le Mal qui dit le Mal. Le poison et son antidote. La Fleur du Mal.

    « Un soir, Xi Xiao n’eut plus de nouveau récit à raconter. Pierre Claes lui demanda à être la prochaine histoire. Pierre Claes demanda à Xi Xiao de lui tatouer sur le corps le tracé d’une découpe et de le lingchéifier au cœur de l’#Afrique. Pierre Claes voulait être ouvert aux étoiles pour quitter l’horreur de sa vie. » (p. 151)

    Riche de ses références, tant aux romans populaires d’aventures et gothiques, qu’au symbolisme, au #décadentisme et au #romantisme crépusculaire, Ténèbre est un premier roman brillant et résolument postmoderne, porté de bout en bout par une écriture puissante et superbe.

    https://chroniquesdesimposteurs.wordpress.com/2020/05/22/tenebre-de-paul-kawczak

    [1] À lire ici notre recension du roman de Jason Hrivnak : https://LesImposteurs/le-chant-de-la-mutilation-de-jason-hrivnak

    [2] Nous pourrions également évoquer le Paradis qu’est pour Vanderdorpe « le giron tiède » de Manon Blanche, « terre où il eût dû mourir et où il n’avait pu naître », dont il « était déchu et banni sans possibilité de rachat » (p. 134).

    [3] La couleuvre pp. 96, 127-128 ; la vipère p. 209 ; le python pp. 227-228 ; ou encore pages 292 et 299.
    [4] Pour étayer notre analyse de cet ouvrage que nous disions écrit à la manière d’un roman du XIXème, notons que le rare ténèbre, au singulier, est attesté chez Huysmans en 1887.

    [5] L’illustration de première de couverture est l’œuvre de Stéphane Poirier.

    [6] Notons quelques occurrences du motif du labyrinthe dans le texte : « Cela, que les hommes ignorent, / ou dont ils n’ont pas idée,
 / à travers le labyrinthe du cœur,/ chemine dans la nuit. » (p. 239) ; « Congo-Minotaure » (p. 86) et « le Minotaure jaune » (p. 247) à propos de Xia Xiao.

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    Plus son bateau remonte le fleuve et plus Claes réalise à quel point l’entreprise dans laquelle il s’est embarqué est folle. Pour dompter un continent, il convient de le découper, de tailler à même sa chair géographique. Instrument et victime de ce projet, Claes en fait les frais. Entre un Chinois maître-tatoueur, un père désespéré, un singe doté d’émotions, Verlaine saoul, Baudelaire agonisant et une foule de colons détestables, Ténèbre navigue dans les eaux troubles de la fin de siècle et impressionne par son réalisme foisonnant.

    Entrecroisant les destins et les lieux, Kawczak emporte son lecteur de la #jungle africaine aux trottoirs parisiens, en passant par une boucherie bruxelloise et l’université britannique de St Andrews. À l’image de ses personnages, Ténèbre est un livre charnel, désespéré, exalté, qui suinte d’humeurs et de transpiration. C’est le tableau grouillant d’un XIXe siècle malade, halluciné, en état d’ébriété, de délire mystique et poétique permanent.

    C’est aussi un hommage décalé au Coeur des ténèbres de Joseph Conrad, mais bien plus qu’une variation sur le thème, ce pastiche, au sens noble, trouve sa propre force dans une galerie de portraits splendides et misérables, dans l’évocation de tous ces pauvres êtres meurtris par l’amour et qui courent à leur perte avec panache.

    Ténèbre est un livre total, parfaitement maîtrisé, et dont la plus belle réussite, peut-être, est de nous faire ressentir physiquement les fièvres qu’endurent les personnages. Un livre malade, en somme, et hautement contagieux.

    Grégoire Courtois, Libraire Obliques (Auxerre)

    https://actualitte.com/article/5206/chroniques/tenebre-de-paul-kawczak-impitoyable-et-hautement-contagieux

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    "Ténèbre" : Paul Kawczak, détonnant voyageur
    https://www.ledevoir.com/lire/571423/fiction-quebecoise-paul-kawczak-detonnant-voyageur

    Le 23 février 1885, de triste mémoire, à l’issue de la Conférence de Berlin, une poignée de pays européens se sont partagé l’Afrique sans états d’âme. Une charcuterie géopolitique qui a notamment inspiré Congo au romancier français #Éric_Vuillard en 2012.

    D’un coup de baguette magique, un territoire de 2,3 millions de kilomètres carrés couvrant une bonne partie du bassin du fleuve Congo est ainsi devenu un État indépendant et la propriété privée de Léopold Louis-Philippe Marie Victor de Saxe-Cobourg-Gotha, dit Léopold II, qui a dirigé le Royaume de Belgique entre 1865 et 1909.

    Le temps de l’#exploration est fini. Livingstone est mort de la dysenterie en 1873 dans un coin reculé de l’actuelle Zambie en cherchant les sources du Nil. Pierre Savorgnan de Brazza, nommé commissaire général du Congo français en 1885, a la main trop douce aux yeux de certains. L’heure est venue de passer aux choses sérieuses.

    Une alliance inédite

    Au nom de l’exploitation effrénée du #caoutchouc et de l’#ivoire, « dans l’intérêt de la civilisation et pour le bien de la Belgique », sur un territoire 80 fois plus grand que le petit royaume belge, vont se répandre l’appât du gain, la terreur et les crimes contre l’humanité. Une alliance inédite entre le colonialisme et le capitalisme dans sa forme la plus sauvage.

    Au menu : mauvais traitements, #esclavage, #torture, #mutilations et dilatation des profits. Une aventure quasi génocidaire sans précédent, trop mal connue, alors que certains historiens estiment que l’aventure coloniale au Congo — qui ne deviendra une #colonie_belge qu’en 1908 — aurait fait 10 millions de morts. Le monarque « philanthrope » belge, lui, n’y mettra jamais les pieds.

    C’est la matière sombre, l’espèce de trou noir où convergent et qu’aspire tout le mal dont l’homme semble être capable, qui est au cœur de Ténèbre, le premier roman magistral et « détonnant » de Paul Kawczak.

    En donnant à son livre une puissance qui est à la hauteur de son sujet, le romancier sort de l’ombre avec éclat.

    Une plongée dans l’horreur

    Mandaté par #Léopold_II pour y « découper un territoire volé », Pierre Claes, un jeune géomètre belge originaire de Bruges, débarque en mars 1890 dans un port du Congo.

    Sur place, le géomètre va s’assurer les services de Xi Xiao, un ancien bourreau chinois adepte du lingchi — appelé aussi supplice des « cent morceaux » — venu tenter l’aventure africaine et qui y survit comme maître tatoueur et homme à tout faire.

    Cette méthode de torture raffinée qu’il pratiquait consistait à prélever par tranches fines les muscles et les organes du supplicié, engourdi d’opium, jusqu’au coup de grâce. Un art du dépeçage qui fait ici écho, à l’évidence, au saccage méticuleux de l’Afrique.

    « Jamais n’avait-on vu encore, à une telle échelle, d’organisation si rationnelle et si intéressée de la mort. En chaque coin du pays, des subordonnés de cet État mortifère et raciste, amorçant ce qui reviendrait, en dernier lieu, au suicide de leur propre civilisation, assassinaient par centaines de milliers des vies africaines qu’ils eurent voulu oublier dans les brumes de leur délire. Le sang et la boue se mêlaient au sol comme ces insectes qui s’aiment d’une étreinte mécanique et furieuse, se dévorant le cou, les yeux ouverts sur la mort, le fond impossible de la vie. »

    -- Ténèbre, de Paul Kawczak, page 246

    Fasciné par les photographies d’un de ces supplices, l’écrivain français Georges Bataille a voulu, lui, y voir une forme d’érotisme.

    À sa manière, l’auteur prend la balle au bond. Xi Xiao va tomber amoureux de Pierre Claes, qui deviendra la victime consentante de ce Chinois de la douleur et de son art de la « découpe humaine divinatoire ».

    « Jamais la mort n’avait tenté de s’emparer de manière aussi vivante et imaginative d’un corps. » Un destin que Paul Kawczak semble lier, si on s’autorise à lire entre les lignes — ce que la richesse du roman permet —, au « suicide » de la civilisation européenne.

    Père manquant, fils vengé

    Au même moment, dans un coin reculé du Congo, avant de croiser un couple de missionnaires anglais exaltés, des porteurs bantous, un serpent baptisé Léopold et #Paul_Verlaine lui-même, Pierre Vanderdorpe, un médecin belge au service d’un puissant de la Société belge du Haut-Congo, traîne une peine immense.

    Un temps amoureux de la mère de Pierre Claes, enfant qu’il avait adopté avant de disparaître sans se retourner et de faire de sa vie une peine d’amour, Vanderdorpe traîne ses regrets au milieu des fièvres et de la pourriture équatoriale.

    Pour ce médecin sans remèdes, « l’existence est une aberration » et l’homme avoue rechercher en Afrique la meilleure façon de mourir. Il va la trouver.

    Né en 1986 à Besançon, dans l’est de la France, après un détour par la Suède, Paul Kawczak vit à Chicoutimi depuis 2011, où il a soutenu en 2016 à l’UQAC une thèse de doctorat intitulée Le roman d’aventures littéraire de l’entre-deux-guerres français : le jeu du rêve et de l’action. Auteur de deux livres, L’extincteur adoptif (Moult éditions, 2015) et Un long soir (La Peuplade, 2017), il est depuis juin 2017 éditeur à La Peuplade.

    En fait de roman d’aventures, il ne fait aucun doute que Paul Kawczak connaît ses classiques. Ténèbre en fait la preuve, et l’écrivain lance un clin d’œil appuyé à #Joseph_Conrad, qui y fait une discrète apparition. Ce dernier fut marin polonais sur le vapeur Roi des Belges sillonnant le #fleuve_Congo, avant de devenir un écrivain anglais et de dénoncer lui-même en 1899 le régime d’exactions au #Congo dans Au cœur des ténèbres, sa nouvelle la plus célèbre. Récit de passions mortifères, d’amour sublimé, de catastrophes intimes et collectives, Ténèbre déploie avec force sa magie noire. Une grande part de la réussite du roman tient à ce que tous les fils du récit finissent par converger en une finale, disons, explosive.

    Aux commandes de ce roman sombre à l’écriture impeccable, dosant avec justesse l’action et la profondeur, les injustices et les vengeances, #Paul_Kawczak nous tient en haleine du début à la fin. Du grand art.

    #littérature #massacre #colonialisme #impérialisme

  • Lincoln, Marx, l’esclavage et la guerre civile

    L’esclavage a été légalement aboli aux États-Unis en 1865, après cinq ans de guerre civile. De nos jours, la situation réelle des Afro-Américains montre que cette abolition a été pour le moins incomplète. Cette histoire nous intéresse d’autant plus que Marx et Engels, avec la Première Internationale, l’ont suivie activement et ont soutenu publiquement le président Abraham Lincoln. Pourtant les différences étaient a priori énormes entre la politique d’indépendance ouvrière des fondateurs du socialisme moderne et le prudent réformisme assumé par un bourgeois conscient, élu par deux fois à la présidence des USA (1860 et 1864).

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2021/06/07/lincoln-marx-lesclavage-et-la-guerre-civile

    #histoire #usa #esclavage

  • Marx, Malheur à Juin (Neue Rheinische Zeitung, 29 juin 1848)

    Le dernier vestige officiel de la révolution de février, la Commission exécutive, s’est évanouie, comme la brume, devant la gravité des événements. Les feux d’artifice de Lamartine se sont transformés en fusées incendiaires de Cavaignac. [...]

    La révolution de février fut la belle révolution, la révolution de la sympathie générale, parce que les contradictions (entre la bourgeoisie et le peuple) qui éclatèrent en elle contre la royauté, n’étaient pas encore développées et demeuraient en sommeil, unies, côte à côte, parce que la lutte sociale qui formait l’arrière-plan de cette révolution, n’avait atteint qu’une existence inconsistante, une existence purement verbale. La révolution de juin est laide, c’est la révolution repoussante, parce que la réalité a pris la place des mots, parce que la République a démasqué la tête même du monstre en lui arrachant la couronne qui la protégeait et la cachait.

    L’Ordre ! tel fut le cri de guerre de Guizot. L’Ordre ! cria Sébastiani le guizotin, quand Varsovie devint russe. L’Ordre ! crie Cavaignac, écho brutal de l’Assemblée nationale française et de la bourgeoisie républicaine.

    L’Ordre ! gronda sa mitraille en déchirant le corps du #prolétariat.

    Aucune des nombreuses révolutions de la bourgeoisie française depuis 1789 n’était un attentat contre l’Ordre, car toutes laissaient subsister la domination de classe, l’esclavage des ouvriers, l’ordre bourgeois, malgré le changement fréquent de la forme politique de cette domination et de cet #esclavage.

    Juin a touché à cet ordre. Malheur à juin !

    Sous le #gouvernement_provisoire, on fit imprimer sur des milliers d’affiches officielles que les ouvriers au grand cœur « mettaient trois mois de misère à la disposition de la République » ; il était donc décent, mieux : nécessaire, c’était à la fois de la politique et de la sentimentalité, de leur prêcher que la révolution de février avait été faite dans leur propre intérêt et que, dans cette révolution, il s’agissait avant tout des intérêts des ouvriers. Depuis que siégeait l’Assemblée nationale - on devenait prosaïque. Il ne s’agissait plus alors que de ramener le travail à ses anciennes conditions, comme le disait le ministre Trélat. Les ouvriers s’étaient donc battus en février pour être jetés dans une crise industrielle.

    La besogne de l’Assemblée nationale consiste à faire en sorte que février n’ait pas existé, tout au moins pour les ouvriers qu’il s’agit de replonger dans leur ancienne condition. Et même cela ne s’est pas réalisé, car une assemblée, pas plus qu’un roi, n’a le pouvoir de dire à une crise industrielle de caractère universel : Halte-là ! L’Assemblée nationale, dans son désir zélé et brutal d’en finir avec les irritantes formules de février, ne prit même pas les mesures qui étaient encore possibles dans le cadre de l’ancien état de choses. Les ouvriers parisiens de 17 à 25 ans, elle les enrôle de force dans l’armée ou les jette sur le pavé ; les provinciaux, elle les renvoie de Paris en Sologne, sans même leur donner avec le laisser-passer l’argent du voyage ; aux Parisiens adultes, elle assure provisoirement de quoi ne pas mourir de faim dans des ateliers organisés militairement, à condition qu’ils ne participent à aucune réunion populaire, c’est-à-dire à condition qu’ils cessent d’être des républicains. La rhétorique sentimentale d’après février ne suffisait pas, la législation brutale d’après le 15 mai [6] non plus. Dans les faits, en pratique, il fallait trancher. Avez-vous fait, canailles, la révolution de février pour vous ou bien pour nous ? La #bourgeoisie posa la question de telle façon, qu’il devait y être répondu en juin - avec des balles et par des barricades.

    Et pourtant, ainsi que le dit le 25 juin un représentant du peuple, la stupeur frappe l’Assemblée nationale tout entière. Elle est abasourdie quand question et réponse noient dans le sang le pavé de Paris ; les uns sont abasourdis parce que leurs illusions s’évanouissent dans la fumée de la poudre, les autres parce qu’ils ne saisissent pas comment le peuple peut oser prendre lui-même en main la défense de ses intérêts les plus personnels. Pour rendre cet événement étrange accessible à leur entendement, ils l’expliquent par l’argent russe, l’argent anglais, l’aigle bonapartiste, le lys et des amulettes de toutes sortes. Mais les deux fractions de l’Assemblée sentent qu’un immense abîme les sépare toutes deux du peuple. Aucune n’ose prendre le parti du peuple.

    À peine la stupeur passée, la furie éclate, et c’est à juste titre que la majorité siffle ces misérables utopistes et tartufes qui commettent un anachronisme en ayant toujours à la bouche ce grand mot de Fraternité. Il s’agissait bien en effet de supprimer ce grand mot et les illusions que recèlent ses multiples sens. Lorsque Larochejaquelein, le légitimiste, le rêveur chevaleresque, fulmine contre l’infamie qui consiste à crier « Vae victis ! Malheur aux vaincus ! » la majorité de l’Assemblée est prise de la danse de Saint-Guy comme si la tarentule l’avait piquée. Elle crie : "Malheur !" aux ouvriers pour dissimuler que le « vaincu » c’est elle. Ou bien c’est elle qui doit maintenant disparaître, ou c’est la République. C’est pourquoi elle hurle convulsivement : "Vive la République !" [...]

    On nous demandera si nous n’avons pas une larme, pas un soupir, pas un mot pour les victimes de la fureur du peuple, pour la garde nationale, la garde mobile, la garde républicaine, les troupes de ligne ?

    L’État prendra soin de leurs veuves et de leurs orphelins, des décrets les glorifieront, de solennels cortèges funèbres conduiront leurs dépouilles à leur dernière demeure, la presse officielle les déclarera immortels, la réaction européenne leur rendra hommage, de l’Est à l’Ouest.

    Quant aux plébéiens, déchirés par la faim, vilipendés par la presse, abandonnés par les médecins, traités par les « gens bien » de voleurs, d’incendiaires, de galériens, leurs femmes et leurs enfants précipités dans une misère encore plus incommensurable, les meilleurs des survivants déportés outre-mer, c’est le privilège, c’est le droit de la presse démocratique de tresser des lauriers sur leur front assombri de menaces.

    [extrait cité par Marx dans Les luttes de classes en France : https://www.marxists.org/francais/marx/works/1850/03/km18500301b.htm]

  • Comme un rappel à Darmanin, et aussi à nous-mêmes

    Cela se passe le jeudi 2 février, au colloque « Les Outre-Mer aux Avant-Postes », organisé par l’hebdomadaire Le Point à Paris. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, entre autres propos, proclame sur l’abolition de l’esclavage, ce qu’il considère comme une révélation : « C’est la République qui a aboli l’esclavage ».

    Cinq jours plus tard, le mardi 7 février, à l’Assemblée Nationale lors de la séance de questions au Gouvernement, il persiste et signe, en recélébrant sa trouvaille : « La République a aboli l’esclavage par deux fois ».

    A-t-on nié chez nous Antillais·e·s, ce fait législatif incontestable, et que nos aîné·e·s, ont toujours célébré ? : d’abord le 4 février 1794 (16 pluviôse an II), puis le décret du 27 avril 1848.

    Cependant, son propos tout enrobé de provocation, est largement réducteur sur ce que fut le combat pour éradiquer l’esclavage. Cette citation ministérielle s’oblige insidieusement et de manière maléfique, à balayer toute la complexité du processus qui a conduit à la fin de l’esclavage dit atlantique.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/02/20/comme-un-rappel-a-darmanin-et-aussi-a-nous-mem

    #histoire #esclavage

  • Nestlé grugera dans votre portefeuille pour compenser la baisse de ses profits Radio Canada
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1956848/nestle-baisse-profit-2022-inflation-cout-matieres-premieres

    Le géant de l’alimentation augmentera ses prix après avoir raté ses prévisions de bénéfice pour l’exercice 2022.

    Les prix n’ont pas fini de grimper à l’épicerie si on en croit Mark Schneider, directeur général de Nestlé, le plus grand groupe alimentaire mondial, qui s’apprête à appliquer de nouvelles augmentations du prix de ses produits après avoir affiché en 2022 des bénéfices nettement inférieurs aux prévisions.

    Le fabricant du café instantané Nescafe et des barres de chocolat KitKat a pourtant augmenté le prix de ses produits de 8,2 % l’an dernier, mais ça n’a pas suffi, semble-t-il, à limiter l’érosion des profits que M. Schneider attribue à la hausse du prix des matières premières.


    Le géant mondial de l’agroalimentaire Nestlé a déclaré des ventes de 137 milliards de dollars canadiens l’an dernier.

    “Notre marge brute a baissé d’environ 260 points de base, ce qui est énorme”, a expliqué Mark Schneider aux journalistes jeudi.

    Selon les dernières données publiées par le géant suisse de l’alimentation, le bénéfice net de Nestlé pour l’exercice 2022 s’est chiffré à 9,3 milliards de francs suisses (13,5 milliards $ CA), ce qui est loin des 11,6 milliards de francs (16,8 milliards $ CA) anticipés par les analystes.

    “Nestlé rate rarement ses objectifs et c’est le cas ici”, a déclaré à Reuters Bruno Monteyne, analyste chez Bernstein.

    Les actions de Nestlé étaient en baisse de 2,8 % sur les marchés en milieu d’après-midi, jeudi.

    Pour contrer l’érosion des profits, Nestlé a déclaré qu’elle visait une croissance interne des ventes dans une fourchette de 6 % à 8 % en 2023.

    La multinationale suisse a déclaré en 2022 des ventes de 94,4 milliards de francs suisses (137 milliards $ CA), en hausse de 8,4 %.

    Bien que les concurrents de Nestlé anticipent pour leur part des perspectives de prix plus positives en 2023, Mark Schneider estime que de nouvelles hausses de prix seront tout de même nécessaires cette année pour compenser l’impact de la hausse du prix des matières premières.

    Le géant Unilever a aussi déclaré la semaine dernière qu’il continuerait à augmenter le prix de ses détergents, savons et produits alimentaires emballés cette année pour compenser la hausse du coût des intrants, mais qu’il prévoit atténuer ces augmentations au second semestre de 2023.

    La multinationale du breuvage et des grignotines PepsiCo a pour sa part déclaré la semaine dernière qu’elle cesserait d’augmenter ses prix dès cette année après avoir appliqué plusieurs hausses l’an dernier qui lui ont permis de dépasser les prévisions en matière de bénéfices et de ventes.

    La perturbation des chaînes d’approvisionnement par la pandémie de COVID-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 ont littéralement fait flamber le prix des denrées alimentaires et de presque toutes les matières premières dans le monde. Les augmentations des prix en tablettes ont été particulièrement fortes et rapides dans le domaine de l’alimentation.

    Au Canada, en 2022, le panier d’épicerie a augmenté de plus de 10 % sur une base annuelle.

    Sachant que les consommateurs sont confrontés à des taux d’inflation historiques, les multinationales de l’alimentation comme Nestlé ne peuvent non plus augmenter leurs prix de façon inconsidérée afin d’éviter d’atteindre le point de bascule où le consommateur remet le produit sur la tablette parce qu’il est trop cher.

    #nestlé #inflation #prix #marge #eau #multinationales #alimentation #santé #suisse #agroalimentaire #agriculture #vittel #exploitation #nutrition #agriculture_et_alimentation #coca-cola #multinationale #esclavage #bénéfices #dividendes #économie #santé #PepsiCo

  • Une étude fine et détaillée des controverses autour de la statuaire associée à l’esclavagisme, au travers de l’exemple de la ville suisse de Neuchâtel. Analyses et vocabulaires un peu complexes pour des A1 mais l’essentiel demeure accessible.

    La statue, l’esclavagiste et le contre-monument contestés
    https://aoc.media/analyse/2023/02/07/la-statue-lesclavagiste-et-le-contre-monument-contestes

    La statue, l’esclavagiste et le contre-monument contestés

    Par Bertrand Tillier, Historien

    Fin décembre 2022, à Neuchâtel, une récente installation d’art contemporain, conçue comme réponse à la statue de l’esclavagiste David de Pury contestée en 2020 par des militants se revendiquant de « Black Lives Matter », a été à son tour maculée de peinture. Ce dispositif didactique et conceptuel déployé dans l’espace public, qui compte parmi les premiers adoptés en Europe pour réparer symboliquement les mémoires citoyennes blessées, est un contre-monument ironique, temporaire et anti-monumental (...).

    Lire la suite sur le site d’ AOC après vous être inscrits et identifiés.

    #esclavage #mémoire #réparations #statuaire

  • Dix-sept élus ultramarins réclament des excuses à Gérald Darmanin pour des propos jugés « méprisants »
    https://la1ere.francetvinfo.fr/dix-sept-elus-ultramarins-reclament-des-excuses-a-gerald-darmani
    https://la1ere.francetvinfo.fr/image/v-IKI71C4ROPlWif2paLTAe0aGE/930x620/outremer/2022/12/31/63afe85b56c84_whatsapp-image-2022-12-31-at-10-43-26.jpeg

    Dix-sept élus ultramarins réclament des excuses à Gérald Darmanin pour des propos jugés "méprisants

    Jeanne Péru-Gelly • Publié le 3 février 2023

    Le ministre a tenu des propos polémiques hier lors d’un colloque consacré aux Outre-mer. Il a notamment affirmé que c’était « la République » qui avait aboli l’esclavage, omettant le rôle des esclaves eux-mêmes dans leur émancipation.

    « C’est la République française qui a aboli l’esclavage. La France a sans doute mis dans des conditions extraordinairement difficiles les populations colonisées, mais c’est la République qui a aboli l’esclavage. Donc on leur demande d’aimer la République, pas toute l’histoire de France bien évidemment. » Ces propos, tenus par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, lors d’un colloque consacré aux territoires ultramarins par Le Point, sont jugés méprisants par une vingtaine de députés ultramarins, qui les dénoncent dans un communiqué commun.

    « C’est cette même République qui maintient nos territoires d’Outre-mer dans un état de sous-développement chronique », pointent les signataires, qui s’émeuvent aussi d’une forme de « révisionnisme historique » niant le rôle qu’ont tenu les esclaves dans leur émancipation. « Il amoindrit la réalité de l’esclave et il ment par omission. Il oublie que nos ancêtres ont arraché leur liberté, il oublie toutes les révoltes d’esclaves. Il pense que ça s’est fait dans le calme et la quiétude mais non, ça n’est pas le cas ! », rappelle la députée de La Réunion Karine Lebon, l’une des signataires.

    Le ministre des Outre-mer a également évoqué la question de l’autonomie. « Il y a aux Antilles, en Guyane, un sentiment identitaire, de réaction, qui mérite d’être entendu, mais qui, à mon avis, ne mérite pas d’être entendu comme la Nouvelle-Calédonie a mérité d’être entendue, parce que ce n’est pas la même histoire », a-t-il déclaré.

    Si les signataires reconnaissent que l’histoire coloniale est « plurielle dans sa réalisation », elle est « une dans ses causes et dans ses conséquences actuelles ». Ils regrettent que « les Outre-mer demeurent le pur produit de l’expansionnisme » et « restent envisagés comme des relais de puissance et d’influence ». (...)

    Suite à lire en ligne

    #révisionnisme #esclavage #abolition #outre-mer #France

    • Un article du Monde qui adopte la même trame que celui du "Portail des outre-mer" mais se conclus par une analyse de l’historienne Myriam Cottias.

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/02/03/darmanin-accuse-de-revisionnisme-historique-apres-des-propos-sur-l-esclavage

      (...) Les déclarations de son successeur ne surprennent pas l’historienne Myriam Cottias, directrice du Centre international de recherches sur les esclavages et post-esclavages. « La classe politique à droite, mais aussi à gauche, ne connaît absolument pas l’histoire de l’esclavage. Elle mobilise un savoir empreint de l’héritage colonialiste, explique la chercheuse du CNRS. Le problème est que le discours relève toujours du “On leur a donné”. Il faudrait commencer par dire que, s’il y a eu des républicains farouches, ce sont bien les Antillais, français depuis 1848, qui ont fait preuve d’une adhésion extrême à la République et se sont battus pour elle, car elle signifiait l’égalité entre les citoyens. »
      Lire aussi l’enquête : Article réservé à nos abonnés En France, le long combat pour la mémoire de l’esclavage

      La distance, ajoute Myriam Cottias, ne s’est créée que dans la période récente, marquée par l’affirmation d’un sentiment identitaire, en raison de plusieurs facteurs convergents : les débats autour de la loi Taubira de 2001, faisant de la traite négrière un crime contre l’humanité, qui ont révélé « les impensés » coloniaux de la classe politique et le racisme de la société, les inégalités persistantes et injustifiables des allocations de l’Etat dans les territoires ultramarins, et le scandale du chlordécone (...)

  • 4 février 1794 : #abolition de l’esclavage. Une conquête de haute lutte | #archiveLO (2 septembre 1989)

    1789, la Révolution française - « Les esclaves sont-ils des hommes ? »

    4 février 1794 : la #révolte_des_esclaves noirs de #Saint-Domingue obligeait la #Convention à abolir l’esclavage
    #archiveLO (11 février 1994)

    #révolution_française #esclavage #éphéméride #4_février

  • « L’effet combiné de la traite et de l’exploitation des personnes esclavagisées a contribué à l’essor industriel du Royaume-Uni »

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/01/25/l-effet-combine-de-la-traite-et-de-l-exploitation-des-personnes-esclavagisee

    « L’effet combiné de la traite et de l’exploitation des personnes esclavagisées a contribué à l’essor industriel du Royaume-Uni »

    Pauline Grosjean, Professeure d’économie à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud [Australie], 25 janvier 2023

    Une étude montre que les localités britanniques où vivaient des esclavagistes au début du XIXe siècle se sont davantage développées que celles moins impliquées dans la traite transatlantique, rapporte Pauline Grosjean dans sa chronique.

    L’hypothèse selon laquelle l’essor industriel et économique de l’Europe est fondé sur l’esclavage et l’exploitation de près de 12 millions d’Africains n’est pas nouvelle. Dans son ouvrage Capitalisme et esclavage , paru en 1944, Eric Williams, qui devint par la suite premier ministre de Trinité-et-Tobago après l’indépendance de son pays de l’Empire britannique, soutenait déjà que la traite transatlantique et l’esclavage jouèrent un rôle déterminant dans l’accumulation du capital qui finança la révolution industrielle. Cette idée permet aussi de comprendre pourquoi le Royaume-Uni fut le premier pays européen à s’industrialiser : il devança largement ses concurrents dans la traite transatlantique, transportant près de 3 millions de personnes, loin devant la France (1,27 million), selon les données du site slavevoyages.org, qui répertorie les archives du commerce triangulaire.

    Jusqu’à présent, les historiens de l’économie ne sont pas parvenus à corroborer cette idée. En effet, les études quantitatives sur le sujet tendent à montrer que la traite des hommes, des femmes et des enfants n’était pas un commerce plus lucratif que les autres et que l’économie esclavagiste était plutôt inefficace.

    Mais dans un article paru en septembre 2022 ( Slavery and the British Industrial Revolution , NBER Working Paper 30451), les chercheurs Stephan Heblich, Stephen Redding et Hans-Joachim Voth montrent que l’effet combiné de la traite et de l’exploitation des personnes esclavagisées a bel et bien contribué à l’accumulation du capital et à l’essor industriel du Royaume-Uni. Les auteurs parviennent à déterminer la localisation et la richesse (en nombre d’esclaves) des esclavagistes et de leurs ancêtres sur la base des registres assemblés en 1833 pour déterminer les compensations payées par le gouvernement britannique aux esclavagistes lors de l’abolition de l’esclavage. Des paiements qui représentèrent près de 40 % du budget de l’Etat – ou 5 % du PIB – et la dette ainsi contractée par le gouvernement ne fut intégralement remboursée qu’en 2015 !
    Un impact sous-estimé

    L’écueil principal d’une étude de ce type, outre la collecte de données, est qu’il est tout simplement possible que les localités où résidaient les esclavagistes étaient déjà les plus riches et les plus dynamiques et auraient connu une croissance et une industrialisation plus rapides même sans l’esclavage. Mais plusieurs éléments infirment cette explication alternative.

    Premièrement, les localités où les esclavagistes résidaient n’étaient pas plus riches que les autres avant le début de la traite ; elles ne le devinrent qu’après. Cela tend à prouver que rien de particulier ne les prédisposait à devenir pionnières de la révolution industrielle. Deuxièmement, les auteurs exploitent le fait que la durée des voyages depuis l’Afrique jusqu’aux Amériques pouvait varier du fait des aléas du climat, et notamment des vents. Les voyages s’effectuant à bord de bateaux à voile, l’absence de vent pouvait considérablement ralentir le voyage. Or, un voyage plus lent entraînait un manque d’eau et de vivres, ainsi que la prolifération des maladies, donc une augmentation de la mortalité à bord. Ainsi, un esclavagiste « malchanceux » tirerait moins de profit d’un voyage, au point même qu’il pourrait faire faillite et abandonner cette activité. En exploitant uniquement la variation de la richesse esclavagiste due aux aléas de la mortalité au cours des voyages, les auteurs établissent bel et bien l’impact causal de cette richesse sur le développement économique.

    Les auteurs estiment ainsi que le revenu total augmenta de 40 % dans les localités les plus engagées dans l’esclavage, le revenu des ouvriers de 3 % et le revenu des propriétaires de capitaux de plus de 100 %. Ces estimations ne comparant que les localités au sein d’un seul pays, le Royaume-Uni, elles sous-estiment donc considérablement le véritable impact économique de l’esclavage sur l’ensemble de l’économie britannique et sur celle des autres puissances européennes.

    #économie #esclavage #traite #exploitation #capitalisme

  • Le sucre : histoire d’un asservissement mondial.

    https://lhistgeobox.blogspot.com/2023/01/le-sucre-histoire-dun-asservissement.html

    « La demande en sucre ne cesse d’augmenter en Occident. Or en l’absence d’innovations techniques significatives, la seule solution trouvée consiste à étendre toujours plus les plantations, ce qui implique toujours plus de main d’œuvre. C’est donc sur l’exploitation de la canne à sucre que se fonde l’esclavage en Amérique latine et aux Caraïbes. La plante y façonne les paysages, incarnant plus qu’aucune autre la colonisation. L’introduction de cette plante importée - lors de son second voyage, Christophe Colomb transporte déjà de la canne à sucre dans ses caravelles – a également de très graves conséquences environnementales. Les forêts tropicales qui couvraient la Barbade, la Jamaïque, la Guadeloupe disparaissent sous l’effet du défrichage et du brûlis. Elles sont remplacées par des champs géométriques, reliés par des routes à l’usine et au port. »

  • Royaume-Uni : l’Église anglicane s’excuse pour ses liens passés avec l’#esclavage
    https://www.rfi.fr/fr/europe/20230111-royaume-uni-l-%C3%A9glise-anglicane-s-excuse-pour-ses-liens-pass%C3%A9s

    Le chef spirituel de l’Église anglicane s’est excusé, après la publication d’un rapport selon lequel « la dotation des Commissaires de l’#Église avait des liens historiques » avec la #traite_transatlantique des esclaves.

    À l’origine, les Commissaires de l’Église d’Angleterre était destiné à aider les membres du #clergé les plus pauvres. Or on apprend que ce fonds avait reçu des dons de la part de marchand d’esclaves, et investi des « montants importants » dans la South Sea Company, qui faisait le commerce des esclaves africains.

  • Die Sklavin
    https://www.berliner-zeitung.de/kultur-vergnuegen/die-sklavin-li.300678

    25.22.2022 von Hanna Lakomy - Eigentlich wollte ich dieses Jahr keine Kolumne mehr schreiben. Eigentlich wollte ich den Kopf abschalten, aussteigen aus der Tretmühle des Denkens. Mein Projekt, als fille publique zur öffentlichen Intellektuellen zu werden, auf winterliches Eis legen. Champagnerkühler-Eis. Nur noch Escort sein den Rest des Jahres. Ich habe dieses Jahr genug gesagt. Ich will bloß nicht zu viel sagen und mich ständig zu allem äußern, sonst komme ich noch auf den fatalen Gedanken, relevant zu sein. Oder, noch schlimmer, ich werde relevant. Denn dieser Kelch ist bisher an mir vorübergegangen.

    In der Ruhe meiner beständigen Verworfenheit war ich zu einem Escort-Date für eine Nacht in den Sperrbezirk München gereist, und alles war ganz und gar wundervoll. Am Morgen danach hatte ich Zeit, mein Zug ging erst gegen vier, und so entschied ich mich, die freien Stunden im luxuriösen Wellnessbereich dieses 5-Sterne-Palastes zu verbringen, der, wie alle 5-Sterne-Hotels, mehr als mein heimischer Schreibtisch, mein Arbeitsplatz ist. Sperrbezirk hin oder her.

    Denn für die anderen, die auch arbeiten in so einem Palast, sehe ich aus wie ein ganz normaler Hotelgast, eine Geschäftsreisende (Oh, durchaus!), die Gattin eines reichen Geschäftsreisenden oder viel mehr die heimliche Geliebte eines solchen – denn wie eine dieser blonden, großen Trophy Wives sehe ich nicht aus. Das sollte ein geübter Concierge erkennen. Ich sehe auch nicht aus, wie man sich landläufig ein High Class Escort vorstellt (außer man nimmt gerade die bekannteste Prostituierte Deutschlands als Vorbild). Kein noch so geübter Blick eines Concierge könnte das erkennen. Nur ich erkenne immer die anderen Escorts. Wir erkennen unseresgleichen. Aber wir verraten uns nicht.

    Dass ich kein Gast bin, sondern auf der anderen Seite stehe, bei den Service-Dienstleistern hier, vergesse ich nie. Meine Solidarität gilt dem Personal. In keinem Hotel, keinem Restaurant kann ich das vergessen. Ich sehe mit Befremden, wenn die Gäste das Personal behandeln wie ihre persönlichen Diener, wie ihr Eigentum. Auf der Toilette meines Lieblingsrestaurants Nobelhart & Schmutzig hängt eine Kaligrafie mit der Warnung: A man who is nice to you, but not nice to the waiter, is not a nice man. Weise Worte.

    Dasselbe gilt natürlich auch für weibliche Gäste. Als ich an der Spa-Rezeption stand, um mir einen Schrankschlüssel im Umkleideraum geben zu lassen, gewahrte ich zwei distinguierte Münchenerinnen – Gattinnen, ohne Zweifel, um diese vormittägliche Stunde – die ihrem Ärger Luft machten, dass die Spa-Rezeption nicht besetzt sei. Personalmangel, nicht selten seit der Pandemie!, mischte ich mich ein (und ahmte ihren Dialekt nach, um mich zu tarnen). Mag sein, nörgelte die eine, aber trotzdem darf so etwas nicht passieren. Nicht an so einem Ort!

    An so einem Ort, ja, da haben die Menschen ihre Ansprüche. Und ich genoss diesen Ort der Anspruchsvollen, der aller Anspruchsvollsten, für die das Beste gerade gut genug ist. Ich warf den üppigen, flauschigen Bademantel auf eine der mit edlem Leinen gepolsterten Poolliegen, spazierte über Marmorboden und tauchte in das unverschämt warme Wasser, das dem eisigen Wintertag draußen keine Zugeständnisse machte. Ich badete meinen Luxuskörper, auch dies so ein Ding für die Anspruchsvollen, die aller Anspruchsvollsten, diesen mit Champagner begossenen Teufelsbraten von einem Körper, und wusch meine Sünden im Chlorwasser – nicht ab.

    Der Junge

    Da im Wasser schwamm etwas – es war Kinderspielzeug. Suchend sah ich mich nach dem dazugehörigen Kind um. Es ließ nicht lange auf sich warten. Dort, von den Duschen, kam tänzelnd und laut juchzend ein Junge, an der Hand einer Frau. Er war vielleicht acht Jahre alt, vielleicht auch älter. Es war schwer zu sagen. Sein Betragen passte eher zu dem eines Kleinkindes. Er quietsche laut vor Vergnügen.

    Die Frau – seine Nanny – erblickte mich, und nahm dankbar das Spielzeug entgegen. Dankbar umso mehr, als ich es ihr hochreichte, sodass sie sich nicht zum Boden bücken musste. Die Nanny, unzweifelhaft, denn sie sah anders aus als er. Sie war Asiatin, der Junge hingegen sah arabisch aus. Sie sprach englisch mit ihm. Er plapperte in einem kehligen Kauderwelsch, das nur sie verstand.

    Wir befinden uns am Pool eines Luxushotels. Eins der teuersten Hotels Deutschlands. Und weil dieses Land so ein wichtiges Land ist, wo mächtige Menschen wichtige Angelegenheiten zu erledigen haben, muss es solche Hotels geben, um ihnen ein standesgemäßes Obdach zu bieten. Und ihrer Entourage.

    Die Nanny wusste genau, was der Junge wollte. Sie spielte mit ihm, tat alles, um ihn zu zerstreuen. Freilich musste sie dabei ein Gleichgewicht finden, um den Jungen nicht zu sehr in Begeisterung zu versetzen, denn er äußerte sie lautstark. Wenn er zu sehr schrie, spritzte, in die Hände klatschte, nahm sie ihn beiseite, legte den Finger auf die Lippen und sah sich besorgt um. Zumindest beschwerte sich niemand. Die anderen Poolgäste – die zwei Münchener Damen und dann noch eine vollbusige, etwas ordinäre Schönheit, die auf einer Liege döste, sowie eine Mutter mit ihrer halbwüchsigen Tochter – hatten es längst bemerkt: Der Junge war offensichtlich geistig behindert. Ein Unglück, vor dem kein Reichtum dieser Welt bewahrt. Aber zumindest abschieben kann man es ja, an die Nanny.

    Ich fühlte mit ihr, wenn der Junge wieder einen seiner Schrei-Anfälle hatte. Wenn er ihr entwischte, um das Becken herum rannte. Fast hätte er eben eines der schweren Poolhandtücher von einer Liege gezerrt, um es ins Wasser zu versenken. Eigentlich egal – hier bekam jeder so viele frische Handtücher, wie er nur wollte. Die Nanny erhob nie die Stimme, nie war sie streng zu dem Jungen. Sie flehte ihn an, bat ihn. Bettelte, er möge nicht die anderen Leute hier stören, diese feinen Leute, die Anspruch hatten auf die von softem Entspannungssounddesign angetönte Stille eines Wellnessbereichs, in den sie, die Nanny, ich merkte es deutlich, nicht hingehörte.

    Alles an ihr drückte dieses Gefühl der Unzugehörigkeit aus. Ihre geduckte Haltung, ihr devoter Blick. Die Tatsache, dass sie nicht mit dem Jungen gemeinsam ins Wasser ging, sondern stattdessen am Rand stehen blieb. Sie trug auch gar keine Badekleidung, sondern ein verwaschenes T-Shirt, eine Leggins und abgetretene Badelatschen. Ziemlich billige Sachen dem Anschein nach.

    Kinder in Luxushotels erwecken bei mir stets eine seltsame Beklemmung. Auch wenn es keine behinderten Kinder sind, sondern verständige kleine Menschen. Ich sehe sie beim Frühstück, wenn sie brav mit ihren Tellern zum Buffet gehen, ohne zu rennen. Ohne sich die Teller zu voll zu laden. Ich sehe sie in ihren Kleidchen und Schuhen, die ohne Zweifel viel zu teuer sind, als dass ein Normalsterblicher sie erstehen würde für ein paar Dutzend Monate, für herauswachsende Kinderkörper. Und diese Kinder, sie wissen doch gar nicht, was sie da tragen dürfen. Wo sie sein dürfen.

    Sie wachsen auf in einer Normalität, die sie für immer von den meisten Menschen auf dieser Welt und in ihren Vaterländern trennt. Es ist die Unschuld dieser Kinder in dieser Welt der Bösen und Reichen. Dieses Du-sollst-nicht-Merken der Erwachsenen, die alles dafür tun, dass auch diese Kinder so reich und böse werden wie sie, Gewinner unserer ungerechten Gesellschaft. Weil sie ihre Kinder lieben. Ihre Kinder aus Liebe zur Bosheit erziehen oder zumindest zur Blindheit. Diese parfümierte, samtbrokatene, giftige Allgegenwart ihrer Klasse, die ihnen wortlos beibringt, dass sie mehr wert sind als diese Hotelangestellten, die sie bedienen. Die ihnen Pancakes servieren, und die Kinder, gelehrige Wesen, sehen dem Personal nicht in die Augen.

    Aber dafür sehen diese Kinder manchmal mich an, fangen meine aufmunternden Blicke auf – ohne zu begreifen, was ich bin. Wenn ihre Mütter es wüssten, sie würden ihre verwöhnten Bälger wegreißen, sie noch bestrafen dafür, dass es mich gibt in ihrer Welt. Der Junge am Pool hat also das erste Mal im Leben Bekanntschaft mit einer Hure gemacht, weil sie ihm sein Badespielzeug reichte. Er wird es niemals wissen. Er wird, wahrscheinlich, Huren verachten lernen. Und später vielleicht welche bezahlen. Falls er bezahlt.

    Cecile

    Die Nanny hatte schon mehrmals Blicke mit mir gewechselt. Sie hatte dankbar mein ermutigendes Lächeln erwidert, und wenn der Junge erneut laut gewesen war, hatte ich, ich allein von allen Gästen hier, eine beschwichtigende Geste gemacht, alles gut, nicht so schlimm! Ich hatte nicht anders gekonnt. Was die anderen Gäste betraf, die Distanz wahrten, sie diskret ignorierten: Ich mache ihnen keine Vorwürfe. Sie sahen nicht, was ich sah. Ahnten nicht, was ich ahnte. Sie warteten nur stumm darauf, dass dieses subalterne Subjekt mit dem Jungen den Poolbereich wieder verließ.

    Ich hingegen musste unbedingt mit ihr sprechen, bevor das geschah. Und es war schon so weit, aber etwas hielt sie zurück, und zwar das auf den Grund des Pools gesunkene nämliche Spielzeug, das sie nicht erreichen konnte in ihrer Kleidung, und der Junge verstand sich nicht darauf, danach zu tauchen. Schließlich fasste sie sich ein Herz und bat mich, mit einer stummen Geste, um Hilfe. Ich angelte es mit den Zehen und reichte es ihr. Dann stieg ich aus dem Wasser, warf mir den Bademantel über und kauerte mich neben sie an den Beckenrand.

    You are doing a very good job, begann ich. Sie sah mich scheu an. I am only taking care of this boy. It’s not mine … Sie kam von den Philippinen. Die Eltern des Jungen aber kamen aus Qatar. Ich fragte – ich wagte es tatsächlich zu fragen: I hope they pay you well enough for the hard job you are doin’? Sie starrte auf den Boden. I can not say, sagte sie – und sagte schon genug für mich. I just wish I could work somewhere else.

    Und zum ersten Mal war ich dankbar dafür, dass man mich in jeder Talkshow damit konfrontiert hat, was ich dazu sage, dass es auch Zwangsprostitution beziehungsweise Menschenhandel gibt, Menschenhandel, moderne Sklaverei.

    Diplomats, erriet ich. Sie nickte. Ich starrte jetzt ebenfalls auf den Boden. Auf ihre Schuhe. Wahrscheinlich waren diese schäbigen Kunststofflatschen noch dieselben, die sie getragen hatte am Flughafen von Manila.

    Frau Lakomy, was sagen Sie denn zu den Opfern von Menschenhandel, was sagen Sie denen?

    Ich fragte sie nach ihrem Namen. Cecile. Ich sah Cecile in die Augen und erklärte ihr fast streng, dass ich ihr etwas geben wolle. Eine Adresse, eine Website. Ob sie ein eigenes Handy hätte. Sie hatte eines – wenn auch sicher nur zu dem Zweck, dass der Vater des Jungen, der Diplomat aus Qatar, sie jederzeit erreichen konnte. Der Besitzer dieser Sklavin.

    Die Adresse, die ich ihr gab, war die von Ban Ying e.V., deren Website in zahlreichen Sprachen übersetzt ist, auch in Filipino. Googeln Sie sie, liebe Leser dieser Kolumne, und wenn Sie Ihr weihnachtlich weiches Herz dazu drängt, dann spenden Sie doch bitte etwas an diese kleine Berliner Organisation für Opfer von Menschenhandel, die spezialisiert ist auf Hausangestellte von Diplomaten. Die mutig den Kampf aufgenommen hat gegen die mächtigsten Menschen auf der Welt, die glauben, sie dürften alles.

    Cecile verstand sofort. Sie machte Screenshots von der Website, die sie einer Freundin schicken wollte. Um die Domain wiederzufinden, falls sie das Browserfenster schließen und die Fotos wieder löschen musste. Sie war schlau und umsichtig. Sie hatte nur nicht gewusst, dass es so etwas gibt. Hilfe für sie. Und dass es Menschen gibt, die Menschen wie ihr helfen wollen. Und da, zwischen den Poolliegen, unbemerkt von den anderen Gästen, und vor den blöden Augen des Jungen, brach sie in Schluchzen aus.

    Ich umarmte sie. Vorsichtig, dachte ich. Vielleicht hat sie blaue Flecke. Und dann trennten wir uns hastig, die Hure und die Sklavin, und jede ging ihrer Wege unter demselben Dach des Luxushotels, das an diesem Tag unser Arbeitsplatz war. Aber ich habe sie gesehen. Und sie weiß es.

    –------------

    Ban Ying e.V. ist eine Koordinations- und Beratungsstelle gegen Menschenhandel. Als eines der ältesten Berliner Frauenprojekte in diesem Bereich setzt sich der Verein für die Rechte von Migrantinnen mit Gewalterfahrungen, gegen Ausbeutung und Menschenhandel ein. Spenden können Sie an:

    Ban Ying e.V.
    Postbank Berlin
    IBAN: DE22 1001 0010 0507 1791 09
    BIC: PBNKDEFF

    #prostitution #exploitation #esclavage #nantis #élites

  • Décision au Luxembourg : Amazon responsable pour la contrefaçon AFP
    https://www.lessentiel.lu/fr/story/amazon-responsable-pour-la-contrefacon-217680305284

    La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), saisie d’un litige opposant le chausseur français Louboutin et la plateforme Amazon, a ouvert la voie jeudi à une responsabilité d’Amazon dans la publicité et la vente de produits contrefaits.

    Elle estime qu’Amazon pourrait être considéré comme faisant lui-même l’annonce pour de faux produits Louboutin vendus sur son site par un vendeur tiers car l’utilisateur de la plateforme a l’impression que c’est Amazon qui commercialise le produit.


    « Amazon fait elle-même usage du signe enregistré par Louboutin lorsque l’utilisateur de son site a l’impression que c’est elle qui commercialise, en son nom et pour son compte, des escarpins de la marque », selon un communiqué de presse de la CJUE. Louboutin, connu pour ses escarpins à semelles rouges, avait introduit deux recours au Luxembourg et en Belgique contre Amazon concernant la vente de produits de contrefaçons sur le site.

    Aux juridictions nationales de trancher
    La CJUE ne tranche pas le litige. Il appartient à la juridiction nationale de résoudre l’affaire conformément à la décision de la Cour. Cette décision lie, de la même manière, les autres juridictions nationales qui seraient saisies d’un problème similaire.

    « Sur les sites Amazon paraissent régulièrement des annonces de vendeurs tiers relatives à des chaussures à semelles rouges. M. Christian Louboutin, un créateur français d’escarpins pour femme à talons hauts, dont la semelle extérieure de couleur rouge a fait la renommée, affirme qu’il n’a pas donné son consentement à la mise en circulation de ces produits », explique la CJUE.

    Louboutin soutient qu’Amazon a fait illégalement usage du signe de la semelle rouge « pour des produits identiques » aux siens et « insiste notamment sur le fait que les annonces litigieuses font intégralement partie de la communication commerciale d’Amazon ».

    L’impression que c’est Amazon qui commercialise
    La Cour estime dans son arrêt « qu’un tel exploitant peut effectivement être considéré comme faisant lui-même usage du signe identique à une marque de l’Union européenne, figurant dans l’annonce d’un vendeur tiers sur sa place de marché en ligne, lorsque l’utilisateur normalement informé et raisonnablement attentif de son site a l’impression que c’est cet exploitant qui commercialise, en son nom et pour son propre compte, les produits contrefaisants en cause ».

    Amazon affiche de façon uniforme ses propres annonces et celles de ses vendeurs tiers et appose un logo Amazon sur l’ensemble des annonces. La plateforme offre par ailleurs des « services supplémentaires à ces vendeurs tiers dans le cadre de la commercialisation de leurs produits, consistant notamment dans le stockage et l’expédition de leurs produits », souligne la Cour.

    Autant de circonstances qui peuvent rendre difficile la distinction entre Amazon et vendeurs tiers, estime la Cour, et « donner à l’utilisateur normalement informé et raisonnablement attentif l’impression que c’est Amazon qui commercialise, en son nom et pour son propre compte, les produits Louboutin offerts à la vente par des vendeurs tiers ».

    #amazon #commerce #économie #bénéfices #gigeconomy #esclavage

  • Dans la campagne bretonne, 17 travailleurs #sans-papiers réduits en #esclavage

    https://www.streetpress.com/sujet/1671124203-bretagne-17-travailleurs-sans-papiers-reduits-esclavage-just

    Trois personnes et une entreprise sont condamnées pour avoir exploité et hébergé dans des logements indignes 17 #travailleurs sans-papiers dans le #Finistère. En charge de l’enquête, la #police_aux_frontières (Paf) a voulu enterrer l’affaire.

    #exploitation #exploitation_agricole

  • Conversation entre l’Afrique et le monde
    https://laviedesidees.fr/Fauvelle-Lafont-L-Afrique-et-le-monde.html

    À propos de : François-Xavier Fauvelle et Anne Lafont, L’Afrique et le monde : histoires renouées. De la préhistoire au XXIe siècle, La Découverte. Dialogue des religions, échanges marchands, circulation des esclaves, mobilité des savoirs, relations de pèlerinage et de pensée, colonisations, résistances, créolités : tout connecte les Africains au reste du monde.

    #Histoire #Afrique #esclavage #arts_premiers #histoire_globale
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20221216_afrique.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20221216_afrique.pdf

  • Les représentations de l’esclavage dans le reggae

    https://lhistgeobox.blogspot.com/2022/11/les-representations-de-lesclavage-dans.html

    "En 1494, Christophe Colomb débarque dans ce qui est aujourd’hui la Jamaïque. Les populations autochtones – Arawak ou Taïnos - sont rapidement exterminées. Les Espagnols sont chassés par les Britanniques 1655. Une société esclavagiste basée sur la culture de la canne à sucre se met en place, un système d’exploitation particulièrement dur dans lequel l’espérance de vie moyenne est de 8 ans. Cette mortalité implique un approvisionnement constant en esclaves africains. Entre le XV° et le XIX° siècles, la Jamaïque devient une des principales têtes de pont de la traite négrière atlantique. Environ 1M d’esclaves y auraient été débarqués, faisant de l’île une des colonies de plantation les plus lucratives des Caraïbes. Dans « Columbus ghost », le dub poet Mutabaruka convoque le fantôme de Colomb, dépeint comme une créature cynique et détestable. On perçoit en arrière-plan des bruits de houle et le grincement du bateau."

    • Espace public genevois et héritage colonial. Les esclaves de Monsieur Gallatin. Invitation

      Madame,
      Monsieur,

      La Ville de Genève a décidé d’empoigner le sujet des hommages rendus dans l’espace public - par des monuments ou des noms de rues - à des personnalités ayant encouragé le racisme, l’esclavagisme et le colonialisme.

      Le rapport commandité par la commune auprès de MM. Mohamedou et Rodogno a été publié ce printemps : “L’idée d’effacer l’histoire n’est pas une option viable, comme celle d’invisibiliser continuellement et impunément des actions passées racistes, esclavagistes ou coloniales ne peut en être est une, affirme ce rapport. La notion même de [commémoration] dans l’espace public doit être réexaminée afin de dire l’histoire différemment et la dire entièrement.” Et, à cet effet, il est important ”d’impliquer les associations issues de la société civile, le monde associatif et les acteurs locaux, y compris les sociétés d’histoire locales ”.

      Du coup, c’est aussi le rôle des “Editions Parlez-moi de Saint-Jean”, une part intégrante de la Maison de Quartier de Saint-Jean, de lancer le débat public à partir de problématiques situées dans l’espace local, de faire émerger les questions, d’essayer de “dire l’histoire différemment et entièrement” afin de participer à l’élaboration d’une mémoire collective locale et de la réactualiser. (Pour voir les publications des éditions : https://mqsj.ch/parlez-moi-de-saint-jean#ouvrages).

      Le rapport ayant fait figurer l’Avenue De-Gallatin dans sa liste des sites et symboles genevois concernés par cette problématique, la Maison de Quartier de Saint-Jean et le Forum Démocratie participative 1203 ont décidé de consacrer un de leurs “apéros-débats” à la question des “esclaves de Monsieur Gallatin”. Vous trouverez ci-joint le flyer de cette manifestation qui renferme quelques explications supplémentaires.

      Nous espérons que cette initiative retiendra votre attention et nous nous réjouissons de vous accueillir à cet apéro-débat, jeudi prochain, 17 novembre, à 18h 30 (fin à 20 heures) à la Maison de Quartier de Saint-Jean. Nous vous remercions d’avance de bien vouloir faire circuler cette information auprès de toute personne intéressée.

      Pour la Maison de Quartier de Saint-Jean (www.mqsj.ch) :
      Pierre Varcher, membre du comité

      PS Vous pouvez consulter l’article de présentation de cet apéro-débat dans le dernier Quartier Libre, journal de la Maison de Quartier de Saint-Jean, p. 11 :


      téléchargeable :
      https://mqsj.ch/wp-content/uploads/2022/09/QL127-1.pdf

      #héritage_colonial #colonialisme #espace_public #toponymie #toponymie_politique #invisibilisation #histoire #commémoration #mémoire_collective