• Des couloirs de métro libérés de la PUB - Paris-luttes.info
    http://paris-luttes.info/des-couloirs-de-metro-liberes-de-2627

    Des #antipublicitaires ont agit dans le #métro parisien en remplaçant de nombreuses #affiches publicitaires par des messages contestataires et artistiques.

    Samedi 7 février 2015, un #collectif_anonyme a sévi à nouveau dans les couloirs du métro, remplaçant des affiches publicitaires par des affiches d’expression libre. Cette réappropriation d’un espace public est une pratique régulière plutôt appréciée des usagers du métro parisien.

  • Rien de tel qu’un #banc pour faire marcher les #villes - Terra eco
    http://www.terraeco.net/Rien-de-tel-qu-un-banc-pour-faire,58085.html

    Le célèbre architecte danois Jan Gehl, aux manettes de la revitalisation de quartiers à Londres, New York, São Paulo, Sydney et Copenhague, en a fait l’un des douze critères d’aménagement requis pour atteindre la qualité optimale d’un environnement piétonnier : dans la grande reconquête de la cité par les piétons, s’asseoir est une priorité. N’en déplaise aux pisse-froid, un banc saturé de postérieurs constitue un signe de bonne santé urbaine. Y poser le sien demeure un choix et l’on préfère toujours les endroits accueillants. « Certains prétendent que le banc amène du danger, ils se trompent, tempête l’urbaniste Anne Faure, présidente de l’association Rue de l’avenir. Le banc amène les gens dans la rue, cette présence dissuade certains délits : le banc est un outil d’agrément et de sécurité urbaine ! » Banal et indispensable, le banc brille également par sa gratuité. « L’#espace_public doit être libre et accessible à tout le monde. Si pour vous asseoir vous êtes obligé de vous mettre à une terrasse de café et de consommer, ce n’en est plus un », avance le designer Marc Aurel.

    Depuis vingt ans, ce spécialiste du mobilier urbain cherche des alternatives au banc haussmannien qu’il estime un poil obsolète. Il utilise ainsi de nouveaux matériaux, comme la céramique, plus résistante, belle, moins onéreuse à l’entretien pour des collectivités. Et planche également sur d’autres formes : banquettes ou fauteuils, côte à côte, face à face, en salon, bientôt connectés.

    #banc_public #urbanisme #sociabilité

    • Enceintes, boiteux et ventripotents, eux, ne pourront jamais se passer de pause et donc de bancs. Mieux, les bancs deviendront à terme le refuge des vieux. « Si les personnes âgées ne peuvent pas fractionner leur trajets, c’est bien simple : elles ne sortiront plus et ce sera la catastrophe », s’alarme Anne Faure.

      Dans nombre de quartiers imaginés et construits pour les voitures dans les années 1960 ou 1970, continuer à faire le tour du pâté de maison s’avère souvent une gageure lorsqu’on y voit mal, que le souffle est court, les genoux douloureux et le sac de courses toujours trop lourd. Rester cloîtré parce que le premier banc est à dix minutes, et c’est la perte d’autonomie assurée

      J’éprouve ça durement depuis que je suis malade, le souffle court et vite fatigué ; je coince ma fesse sur des rebords ou des perrons (l’autre jour que j’étais assis, exprès ou pas, on a même descendu un volet roulant manquant de me coincer sous un perron -je suis un rien sourdingue désormais, j’ai pas entendu de suite ;)).
      L’avenue au coin de chez moi qui est mon principal trajet en est quasi dépourvue à part un gros tas vers une place, rien d’autre ailleurs ; il y a un centre d’accueil de sans domiciles proche...

    • Signalons l’existence de mobiliers urbains pouvant communiquer avec les citoyens à travers leurs mobiles grâce à des étiquettes NFC intégrées au béton. Ces bancs sont réalisés par la société Recréation urbaine.

      En activité à Paris sur le mèl de la rue Saint Blaise à Paris.

      La société participe à un débat sur la ville dans le cadre de Netexplo,à l’Unesco à 16:30 ce jeudi.

      https://sanscontact.wordpress.com/2014/03/17/smart-city-quand-la-ville-communique-avec-ses-habitants-grace #banc_public #mobilier_urbain #ville

    • Un peu de mal à voir l’intérêt d’un banc qui m’enverrait des notifications... Même une carte des bancs wtf, pour que les crevards ds mon genre organisent leurs trajets ?? la carte ce serait un outil de gestion par les aménageurs et aussi de critique de cette gestion éventuellement.

  • Judiciarisation des #personnes_itinérantes à #Québec : une géographie des pratiques policières répressives au service de la revitalisation

    La question de l’occupation de l’#espace_public par les populations #SDF fait l’objet d’un #contrôle_policier et d’une #judiciarisation de plus en plus importante dans la plupart des villes occidentales. Le déploiement de stratégies de #contrôle tient en partie aux mutations des #politiques_urbaines, aux transformations de la #police_de_proximité mais aussi aux enjeux que soulève la #revitalisation_urbaine dans le cadre de la compétition mondiale entre les villes. En cherchant toutes à promouvoir leurs richesses, leurs potentialités et leur qualité de vie, elles sont contraintes de réguler et d’invisibiliser la #misère de leurs rues. C’est dans ce contexte que nous avons étudié la judiciarisation de l’itinérance dans différentes villes canadiennes. L’objectif de cet article est de montrer comment la géographie des #pratiques_policières répressives suit largement les stratégies de revitalisation urbaine mises en œuvre, à partir d’une analyse des contraventions émises auprès des populations itinérantes à Québec.

    http://echogeo.revues.org/13826
    #sans-abris #invisibilisation #répression #urban_matters

  • Duty free shop

    L’aéroport de Kristiansand (sud de la Norvège) s’agrandit et le fait savoir à grand renfort de pub. Et l’on apprend au passage que le « shopping » est une « fonction naturelle » d’un terminal d’aéroport... au même titre que les services bagages, la douane et le check-in.

    Je référence comme archive pour mon projet de recherche.

    #dfs #espace_public #norvège #krs

    • #NDDL Dans le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, c’est la zone marchande qui prend beaucoup d’espace par rapport à l’aéroport actuel de Nantes-Atlantique.

    • Merci beaucoup pour l’info, s’il y a des plans disponibles je suis preneur. Je vais faire des recherches auprès de mes contacts sur place mais si tu as une source, ne te gêne surtout pas pour la donner :)

    • Ce n’était peut-être pas sur Seenthis... mais j’ai retrouvé la trace et les références grâce à Wikipédia !

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_d%27a%C3%A9roport_du_Grand_Ouest#cite_ref-122

      Des installations aéroportuaires plus exiguës que celles de l’aéroport actuel ?

      D’après les documents fournis pour l’instruction des permis de construire du futur aéroport, plusieurs éléments de dimensionnement des installations ont attiré l’attention du Canard enchaîné : elles totaliseraient 10 000 m2 alors que celles de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique s’étalent sur 11 250 m2. De même, le hall d’accueil serait plus petit et les guichets d’enregistrement seraient moins nombreux, 28 contre 34 actuellement. En revanche, la surface allouée aux boutiques hors taxes et activités commerciales serait, elle, doublée à 2 500 m2 et la salle de livraison des bagages serait aussi plus grande. Enfin, la sécurité pourrait être moindre, la distance séparant les secours (SSLIA) de l’extrémité de la piste étant doublée et la caserne voyant sa surface diminuée, à l’encontre des préconisations émises par la DGAC pour l’aménagement de l’aéroport de Nantes-Atlantiques. Vinci a répondu que si l’aéroport était plus petit, il s’agissait d’un « projet évolutif ». Quelques jours plus tard et face aux critiques, la préfecture a souligné le caractère « évolutif » du permis de construire et annoncé que l’instruction de celui ci était suspendue dans l’attente des recours environnementaux.

      http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/10/08/97002-20141008FILWWW00193-nddl-le-futur-aeroport-plus-petit-que-l-actuel.ph

      La taille des zones d’accueil des passagers, des salles d’embarquement, le nombre de comptoirs d’enregistrement, de postes de contrôle ou encore de passerelles d’accès aux avions sont inférieures. Seules deux zones seraient agrandies : la salle de livraison des bagages et la galerie commerciale, qui ferait presque le double de celle de Nantes-Atlantique.

      http://www.letelegramme.fr/bretagne/nd-des-landes-un-permis-evolutif-18-10-2014-10390252.php

      Carton plein pour le duty free

      Si les secours vont devoir rouler un peu plus vite pour compenser la distance, les passagers chargés de bagages devront faire preuve d’endurance pour rejoindre la porte d’embarquement : les plus chanceux marcheront 240 m (contre 67 m à Nantes-Atlantique), voire jusqu’à 510 m (contre 286 actuellement). Un parcours qui sera jalonné par de nombreuses boutiques, car la seule surface qui augmente est celle dédiée aux commerces (+ 54 %). Des éléments difficiles à concilier avec une volonté de développer le trafic aéroportuaire « pour porter sa capacité d’accueil à 5 millions de passagers par an ».

      Y-a plus qu’à aller voir les journalistes du Canard ? Ou aller chercher le permis de constuire...

    • Et par ailleurs, si notre futur, dans l’ensemble, c’est-à-dire pas seulement dans les nouveaux aérogares, mis aussi dans les gars et autres lieux publics importants où nous nous croisons, c’est « inquiétant » comme on le dirait en langage diplomatique.

      Pour ceux qui ne parlent pas le « langage diplomatique », je peux traduire : « l’ambassadeur est inquiet » veut dire « l’ambassadeur est sur le toit de l’ambassade en train de monter dans l’hélicoptère qui tente de l’exfiltrer ».

    • Oh pardon, je n’avais pas répondu, oui c’était bien sur le Canard que j’avais lu l’info à partir du site de l’ACIPA :
      Nouveau mensonge dans le dossier du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes
      http://www.acipa-ndl.fr/actualites/communiques-de-presse/item/449-nouveau-mensonge-dans-le-dossier-du-projet-d-aeroport-a-notre-dame-des

      qui envoie vers l’article du Canard :

  • La #Bavière veut imposer aux #étrangers de parler #allemand, même « en famille »

    L’Union chrétienne-sociale (#CSU) qui dirige la Bavière depuis des décennies veut empêcher les étrangers de parler une autre #langue que l’allemand, même en famille. Alors que ce parti tient son congrès les 12 et 13 décembre, la résolution sur l’#intégration indique que « qui veut durablement vivre ici doit s’engager à parler allemand dans l’#espace_public et en #famille ». Connue depuis samedi, cette résolution provoque amusements et indignation dans toute l’Allemagne. Amusement, car on voit évidemment mal comment cette disposition peut être contrôlée. A moins de faire renaître la Stasi en Bavière.


    http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/12/07/la-baviere-veut-imposer-aux-etrangers-de-parler-allemand-meme-en-famille_453
    #migration

  • Radio aporee
    http://aporee.org

    "radio aporee :: : maps is a project about the exploration and reoccupation of our living spaces. it collects audible material (recordings, sounds, spoken words) and connects them via a telephon network to the surface of google maps. thus, navigating through landscapes and cities by means of (hi)stories, thoughts, inventions, it may change the experience of our daily surroundings.
    more about aporee.org ...)

    « Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Germany License »

    "Aporee Radio est un projet radiophonique ouvert sur la création et l’exploration de l’espace public. Son créateur, Udo Noll vous appelleà participer à un "instantané audio du monde"pour une grande écoute ciollective du Monde sur un jour donné (The Day listening) . Aporee utilise les cartes Google (Google Map) comme interface, pour permettre à quiconque de situer facilement leur emplacement sur la carte, puis de télécharger leurs prises de son via le Web ou un téléphone mobile.

    Il s’agit donc d’enregistrer un moment de sa rue, son quartier, sa ville, là où vous êtes en vacances, en déplacement, et de le charger sur le serveur d’Aporee Radio en le géo taguant (indiquez votre adresse et Google Map se chargera de placer un signet localisant précisément votre son).

    Avec vos contributions recueillies sur l’écoute du monde Day, Udo va alors créer une page dédiée au projet d’écoute du Monde sur une journée sur la carte aporee. Udo précise « ...Qu’en plus de recueillir une belle et abondante documentation durant cette journée, il est vraiment très intrigué par l’idée d’écouter les sons d’un jour donné, à travers le monde, et de savoir ce que cela va donner .... »

    Cartes http://aporee.org/maps

    http://deambulations-urbaines.bandcamp.com/track/emission-13-exploration-sonore-mondiale-radio-apor-

    #radio #sound-scape #projet_participatif #cc #cartes #exploration #espace_public

  • Comprendre la violence sexiste à l’ère du néolibéralisme
    Tithi Bhattacharya
    http://revueperiode.net/comprendre-la-violence-sexiste-a-lere-du-neoliberalisme

    « Dans cet article, Tithi Bhattacharya se propose d’historiciser et donner une compréhension d’ensemble à la progression des crimes sexistes dans le monde depuis la crise économique. Elle expose les liens complexes entre l’idéologie de la tradition, les difficultés d’accès au produit social et les stratégies du capital à l’ère du néolibéralisme. »

    Question personnelle, est il judicieux de rapprocher les courbes de l’augmentation des violences sexistes avec celle des violences faites aux enfants ?
    Il y a des années j’avais lu un article d’une analyse non marxiste :
    Les rapports sociaux génèrent une certaine forme de violence, violence exacerbée par la crise économique. L’espace public permettait une expression de cette violence et donc la canalisait un tant sois peu. L’espace public ne le permet plus et la violence exprimée reste restreinte à la sphère privée avec la famille comme univers privilégié. Les violence sexistes deviennent admissibles par le pouvoir à la condition qu’elles ne sortent pas du cadre de la famille. La violence consécutive aux violence politiques et sociales trouve son expression, même extrême à condition qu’elle ne remette pas en cause l’ordre politique et la facade pacifiée des relations sociales. Voire aussi la privatisation de l’espace public...

    #violences_faites_aux-femmes #neo_libéralisme #analyse #marxisme #espace_privé #espace_public

  • Dyrere å fly om polet overtar alkosalg på flyplassene - Hordaland

    http://www.nrk.no/hordaland/_-dyrere-a-fly-om-polet-overtar-alkosalg-pa-flyplassene-1.12076297

    Le gouvernement norvégien est en train de réfléchir à un projet qui redonnerait le contrôle des Duty Free Shop au monopole d’Etat... Le patron de l’actuelle société privée (allemande) à qui le gouvernement a confié la gestion de ces espaces commerciaux dans les aéroports prévint : « si l’Etat met son nez là dedans, ça va vous coûter beaucoup plus cher de voyager à l’avenir... »

    Tirsdag vedtar Stortinget at taxfreeordningens framtid skal utredes.

    Et sentralt spørsmål i utredningen er om Vinmonopolet skal overta taxfreedriften fra private Travel Retail Norway (TRN), som driver taxfreebutikkene på flyplassene i Oslo, Bergen, Trondheim, Stavanger og Kristiansand.

    Selskapet omsetter for omkring 5 milliarder kroner i år.

    #dfs #espace_public #aéroport #transport_aérien

  • La peur au ventre | Barbi(e)turix !!
    http://www.barbieturix.com/2014/11/25/tribune-la-peur-au-ventre

    Mon vécu, celui des centaines de milliers de filles, appartient au non-dit, à l’ombre. J’ai bien compris que l’espace public ne m’appartiendrait jamais, alors j’ai voulu faire de mon espace intérieur un endroit safe. Echapper aux remarques incessantes sur mon physique, mon poids, ma place, mes devoirs en tant que femme. Parce que je n’ai pas envie d’être douce, patiente, dévouée, épilée, séductrice, attentionnée, à l’écoute, disponible, bonne en cuisine, organisée, maternelle. Je me fous de la mixité. Je me fous de la complémentarité. Je me fous d’avoir des hommes dans ma vie. Ce qui m’importe, c’est d’avoir la paix. Alors je me replie vers l’intérieur, mon espace contre le reste du monde. Je m’efface de la place publique. Mais quand je repense à cette nuit là, je m’endors la peur au ventre.

    #espace_public #femmes #violence #confiscation

  • Mapping threats on public land — High Country News

    http://www.hcn.org/issues/46.18/incidents-map

    From thousands of pages of official reports, we’ve culled dozens of the worst incidents and summarized each one. We passed over the ordinary rowdy encounters with inebriated civilians, focusing on the serious confrontations with anti-government overtones. All mapped incidents have occurred since 2010 and only represent those most egregious and reported. Many incidents go unreported.

    Hover over the dots on the map to read an excerpt from the incident. Click on the dots to access the full incident as a PDF.

    #dfs #espace_public #espace_privé #états-unis #accaparement_des_terres

  • En Norvège, comment les habitants de Drøbak se battent contre la spéculation immobilière

    Allez... Ce matin, j’ai envie de vous présenter quelques fragrances de ce qui fait le charme de la Norvège. J’ai envie de partager avec vous un peu de cet aspect de la culture norvégienne, subtile et intime, peu connue à l’étranger.

    Et ce sont les citoyens de la ville de Drøbak, petite ville située à une vingtaine de kilomètres au sud d’Oslo qui me donnent l’occasion de le faire...

    Et les habitants de Drøbak nous montre ici qu’ils savent ce que communauté et vie communautaire veut dire

    Les habitants de Drøbak se battent contre la spéculation immobilière pour la préservation de leur patrimoine historique... Mais ils le font à la norvégienne !

    https://www.youtube.com/watch?v=WiLyyTtPSK8#t=151

    Tout commence avec le rachat d’une propriété par un richissime homme d’affaire bien connu en Norvège, Olav Thon, 91 ans, qui fricote avec l’extrême droite. C’est un investisseur cynique qui contribue très largement à enlaidir sinon détruire les paysages urbains norvégiens. Propriétaire d’une immense chaine hôtelière (Thon), de multiples centres commerciaux, d’un énorme parc immobilier, il est l’équivalent norvégien de Michael O’Leary, le patron irlandais de la compagnie Low cost Ryanair : même style, même mise en scène marketing, même bonnet rouge de triste clown (qu’ils prétendent être tous deux), mais surtout redoutables hommes d’affaires sans foi ni loi (le bonnet rouge de clown n’aide pas beaucoup à faire oublier leur brutalité).

    Et Olav Thon, en 2014, rachète un lieu historique à Drøbak : le "Lehmans Brygge" (Le port Lehmans) - lieu de rencontre et d’échanges culturels et commerciaux très important depuis très longtemps pour la population de la région. C’est, en quelque sorte, un lieu de mémoire, un lieu où jusqu’à une trentaine de bateau de marchandises ou de passagers accostaient chaque jour, un lieu de vie.

    Il va y construire un grand ensemble immobilier avec des appartements de luxe... Et détruire les bâtiments historiques anciens où la vie sociale et culturelle continuaient de s’épanouir. Les habitants de Drøbak ont préparé un petit cadeau et une petite lettre pour à Olav thon :

    « Nous sommes navrés, Olav, mais nous qui vivons ici [NdT : à la différence de toi qui vit ailleurs et qui ne connait pas Drøbak du tout et au nom de quoi toi tu nous imposes un truc dont personne ne veut ici], nous nous permettons de te déranger un peu pour te rappeler ce qui suit : Ce lieu, son emplacement et son histoire, tout cela est très cher à nos cœurs. C’est pourquoi nous, habitants Drøbak, nous souhaitons qu’on construise, ici, quelque chose qui fasse vraiment plaisir aux gens et qui correspondent à ce qu’ils ont vraiment besoin [et surtout que ce soit eux qui choisissent, pas toi] Alors laisse nous aménager cet espace pour qu’il reste un lieu de rencontre aussi vivant, social et collectif qu’avant.. Alors de Parrstranda (un parc récréatif très agréable au nord de la ville) à Lehmans brygge, on veut créer un lien vital pour le plaisir de tous »

    Les habitants ont donc créé un mouvement qui s’appelle "pour que vive Lehmansbrygge" [la leve Lehmans brygge en norvégien], avec T-shirts et actions de sensibilisation...

    Et tout cela se fait "à la norvégienne" c’est à dire dans le calme et dans une atmosphère très consensuelle, respectueuse et humoristique.

    ce que je trouve intéressant ici, c’est que le collectif, dans son action de « résistance » va utiliser des moyens eux-mêmes très ancrés dans la culture norvégienne. Par exemple, ils vont mobiliser la fanfare municipale [musikkorps, élément de la vie sociale et communale très important en Norvège] et la chorale pour enregistrer un petit film qu’ils vont envoyer à OIav...

    Le film est très bien fait, sobre et minimaliste, la chanson, la musique et les paroles, c’est tout simplement simple et beau, délicieux, et suffisamment émouvant pour en faire quelque chose de magnifique, finalement :

    On est vraiment navré Olav Thon
    Mais nous ici, à Drøbak
    On voudrait te rappeler
    Que le petit port que tu as acheté, en fait
    Il appartient à la mémoire de la ville
    C’est un peu de notre patrimoine commun
    Que nous aimons profondément
    Si tout le monde se montre un peu généreux
    et si tout le monde fait un petit effort
    On aura finalement une ville, un port,
    Qu’on construira comme les gens d’ici le souhaite

    Le film est tourné sous la pluie, les gens portent l’irremplaçable "sudvest" [littéralement "Sud Ouest", là où en Norvège il pleut le plus...] - ce chapeau en plastique qui couvre et protège le cou - (c’est d’ailleurs une invention géniale).

    Ce petit film de trois minutes est tout à fait digne d’un autre film norvégien charmant et légendaire qui racontait la vie d’une chorale d’hommes dans l’extrême nord de la Norvège, dans la petite ville de Berlevåg : "Heftig of Begeistret" [intense et enthousiaste]

    https://www.youtube.com/watch?v=LkegknGeM1s

    Trailer Heftig og begeistret (très mal traduit par "cool and crazy" en anglais, ce qui ne correspond pas du tout à l’atmosphère du film)

    Mais Olav était furieux, furieux de voir ses plans contrecarrés. Il a écrit une lettre au maire de la ville :

    « Il est très urgent que les autorités de la ville prennent conscience que la ville est prise en otage par quatre personnes (Espen Olafsen, Cesilie Tanderø, Per Jacobsen og Ivar Andreas Høivik) qui prétendent représenter la population et qui semblent s’approprier une responsabilité qui, en général dans les pays démocratiques, au pouvoir politique (sic !) ! […] Je demande instamment aux responsables de la commune de faire cesser ces actions et comportements inacceptable »

    Pourtant, la vidéo est plutôt humoristique, douce et amicale. Et ici, les habitants de drøbak pensent que c’est plutôt Olav thon qui brise les règle de la bienséance et de l’esprit consensuel si profondément ancré dans la culture norvégienne. Et les « activistes » voient dans la lettre d’Olav Thon une tentative d’intimidation à l’adresse des autorités locales.

    Mais le maire ne se laisse pas impressionné par les milliards et les menaces d’Olav :

    « En tant que maire, j’apprécie hautement la participation locale. J’apprécie beaucoup les prises de position politiques des résidents sur des questions que le Conseil municipal aura à l’étude. La liberté de parole est enracinée dans la Constitution, c’est la pierre angulaire de notre démocratie »

    –---

    Thon ville stoppe folkets bryggeprotester - NRK - Kultur og underholdning

    http://www.nrk.no/kultur/thon-ville-stoppe-folkets-bryggeprotester-1.12070145

    Thon ville stoppe folkets bryggeprotester

    Olav Thon har bedt ordføreren i Frogn om å stanse folkelige protester i Akershus. – Klart forsøk på å kneble ytringsfriheten, mener ekspert.

    I forbindelse med en mangeårig strid om bygging på en brygge i Drøbak i Frogn kommune i Akershus, sendte en lokal aksjonsgruppe en pakke til eiendomsinvestor Olav Thon.

    Olav Thon mente å sende en minnepinne med en aksjonsfilm i posten var « helt uakseptabel oppførsel ».

    Pakken inneholdt et protestbrev og en minnepinne med musikkvideoen du kan se i vinduet over.

    Thon hadde ikke sansen for stuntet, og videresendte pakken til ordføreren i Frogn – sammen med et personlig stilet brev.

    I brevet til ordføreren ber han om « kommunens assistanse til å få stoppet denne helt uakseptable oppførsel ».

    #norvège #culture #spéculation_immobilière #olav_thon

  • L’ethnologie ou le parti d’écrire
    http://www.laviedesidees.fr/L-ethnologie-ou-le-parti-d-ecrire.html

    Peut-on être à la fois anthropologue et écrivain ? Peut-on dire « je » tout en tenant un propos scientifique ? L’écriture du chercheur remet-elle en cause les découpages académiques préétablis ? Le travail de Martin de la Soudière permet de répondre, à chaque fois, par l’affirmative.

    Essais & débats

    / #voyage, #espace_public, #anthropologie

    #Essais_&_débats

  • Femmes et villes
    Sylvette Denèfle (dir.)
    Perspectives Villes et Territoires

    http://books.openedition.org/pufr/333

    « Y-a-t’il une pertinence à étudier la place et le rôle des femmes dans les villes ?

    La ville est un miroir concret des normes de genres et elle est aussi, à travers les choix politiques, l’un des outils de la régulation sociale.
    Comme expression de la différenciation des sexes, la ville donne à voir les normes qui régissent les comportements collectifs en la matière dans ce qu’elles ont de légal, d’implicite, de caché, d’interdit, de valorisé. Elle montre les archaïsmes et les évolutions, les transitions et les pérennités. Elle fonctionne comme une loupe permettant de mettre en évidence la matérialité de pratiques souvent symboliques.
    En rétro-action, cet éclairage des fonctionnements et dysfonctionnements sociaux doit pouvoir servir les politiques urbaines en particulier pour leurs orientations vers l’égalité des droits. Du moins, pour autant que les rôles de sexe soient porteurs de dysfonctionnement, ce sur quoi l’analyse des situations urbaines nous éclaire.
    Les voies de recherche et leurs implications dans l’action politique, au sens le plus large, sont très vastes lorsqu’on confronte les études urbaines et les études sur le genre. Les textes de cet ouvrage amorcent des débats sur la sécurité, les choix résidentiels, la mobilité, l’émancipation notamment. Mais au delà, ce sont les liens entre l’action et la connaissance, la ville et les normes sociales, les territoires urbains et leurs significations qui sont interrogés. La réciprocité de l’étude et de l’action est au cœur de la réflexion sur Femmes et Villes.

    Comment la ville peut-elle informer la réflexion sur les normes sociales de sexe ? En quoi cela peut-il servir les politiques urbaines ? »

    #violences_faites_aux_femmes #politique #ville #espace_public

  • Avec tout ce qui se passe en Grande-Bretagne en ce moment (multiplication par 4 des peines de prison pour les « trolls »), ce billet redevient d’actualité

    « Les trolls court-circuitent l’espace public » : tribune d’Antonio Casilli sur Owni (26 juin 2012) | Les Liaisons Numériques - Site officiel
    http://www.liaisonsnumeriques.fr/?p=2908

    Les trolls, ou le mythe de l’espace public

    Pourquoi les médias ont peur des trolls ?

    Dans un effort remarquable de bercer le public d’une compréhension faussée des cultures numériques, le Guardian a consacré une session spéciale à cet étrange phénomène dans son édition du 12 juin. La pièce de résistance, intitulée “What is an Internet troll ?”, est signée Zoe Williams.

    Un article concocté à partir de l’habituelle recette des médias dès qu’il s’agit d’aborder le sujet : une pincée de professeur de psychologie livrant ses déclarations profondes sur “l’effet désinhibant” des médias électroniques, un zeste de journaliste pleurnichant sur la baisse du niveau d’éducation et sur les propos incitant à la haine omniprésents, et un gros morceau d’anecdotes tristes concernant de quelconques célébrités au sort desquelles nous sommes censés compatir.

    La conclusion de cet essai qui donne le ton (“Nous ne devrions pas les appeler ‘trolls’. Nous devrions les appeler personnes grossières.”) serait sans doute mieux rendue si elle était prononcée avec la voix aiguë de certains personnages des Monty Pythons. Comme dans cet extrait de La vie de Brian :

    Les autres articles oscillent entre platitudes (“Souvenez-vous : il est interdit de troller” – Tim Dowling “Dealing with trolls : a guide”), affirmations techno déterministes sur la vie privée (“L’ère de l’anonymat en ligne est sans doute bientôt terminée” – Owen Bowcott “Bill targeting internet ‘trolls’ gets wary welcome from websites”), et pure pédanterie (“Le terme a été détourné au point de devenir un de ces insipides synonyme” – James Ball “You’re calling that a troll ? Are you winding me up ?”). On trouve même un hommage pictural au tropisme familier de l’utilisateur-d’Internet-moche-et-frustré, dans une galerie d’ “importuns en ligne” croqués par Lucy Pepper.

    Évidemment, les médias grand public n’ont pas d’autre choix que d’appuyer l’agenda politique liberticide du gouvernement britannique. Ils doivent se défendre de l’accusation selon laquelle ils fournissent un défouloir parfait aux trolls dans les sections consacrées à la discussion de leurs éditions électroniques. Ils ont donc tracé une ligne imaginaire séparant la prose exquise des professionnels de l’information des spéculations sauvages et des abus de langages formulés par de détestables brutes.

    La journaliste du Guardian Zoe Williams est tout à fait catégorique : elle est autorisée à troller, parce qu’elle est journaliste et qu’elle sait comment peaufiner sa rhétorique.

    Bien sûr, il est possible de troller à un niveau beaucoup moins violent, en parcourant simplement les communautés dans lesquelles les gens sont susceptibles de penser d’une certaine manière. L’idée est d’y publier pour chercher à les énerver. Si vous voulez essayer ce type de trolling pour en découvrir les charmes, je vous suggère d’aller dans la section “Comment is Free” du site du Guardian et d’y publier quelque chose comme : “Les gens ne devraient pas avoir d’enfants s’ils ne peuvent pas se le permettre financièrement”. Ou : “Les hommes aiment les femmes maigres. C’est pour ça que personne ne pourra me trouver un banquier avec une grosse. QUI POURRA ?” Ou : “Les hommes aiment le sexe. Les femmes les câlins. ASSUMEZ-LE”. Bizarrement, je me sens un peu blessée par ces remarques, bien que ce soit moi qui les aies faites.

    Le trolling est un phénomène complexe, qui découle du fait que les structures sociales en ligne sont fondées sur des liens faibles. Les loyautés, les valeurs communes ou la proximité émotionnelle ne sont pas toujours essentielles. Surtout lorsqu’il s’agit de rendre possible en ligne de nouvelles sociabilités en mettant en contact les utilisateurs avec de parfaits inconnus. C’est l’effet principal du web social, et c’est aussi ce qui rend le trolling possible : les “parfaits inconnus” sont souvent loin d’être parfaits. Par conséquent, le trolling ne doit pas être considéré comme une aberration de la sociabilité sur Internet, mais comme l’une de ses facettes. Et les politiques ne peuvent le congédier ou le réprimer sans brider l’une des sources principales de changement et d’innovation de la sociabilité en ligne : le fait d’être confronté à des contenus, postures ou réactions inhabituels. Les ripostes sévères suscitées par les trolls à l’échelon politique doivent êtres analysées comme des ouvertures vers des problèmes et des paradoxes sociaux plus larges.

    Essentiellement, l’amendement proposé à cette loi sur la diffamation est une démonstration de force d’un gouvernement qui doit prouver qu’il peut encore contrôler l’expression en ligne. Histoire de tenir la promesse de l’accès au débat démocratique pour un maximum de citoyens, dans une situation d’incertitude maximale. En ce sens, le trolling menace de court-circuiter et de remodeler, de façon dialectique et conflictuelle, les espaces de discussion civilisés (ndlr : polis) que les démocraties modernes considèrent toujours comme leur espace politique idéal. L’existence même de trolls anonymes, intolérants et aux propos décalés témoigne du fait que l’espace public (défini par le philosophe allemand Jürgen Habermas comme un espace gouverné par la force intégratrice du langage contextualisé de la tolérance et de l’apparence crédible.) est un concept largement fantasmatique.

    #troll #espace_public

  • A Marseille, les bibliothèques ferment faute de personnel | Marsactu
    http://www.marsactu.fr/culture/a-marseille-les-bibliotheques-ferment-faute-de-personnel-36637.html

    Discrètement, quatre des huit bibliothèques que compte le réseau marseillais ont réduit leurs horaires, faute de personnel pour accueillir le public. La Ville assure que c’est une situation provisoire. Or, celle-ci dure depuis des années.

    #lecture_publique #Marseille

  • Hervé Marchal, « Un sociologue au volant », 2014. | Revue du Mauss permanente
    http://www.journaldumauss.net/?Herve-Marchal-Un-sociologue-au

    L’auteur propose d’« analyser l’importance de l’espace privatif qu’est l’#automobile dans la vie des individus urbanisés, plus particulièrement dans le rapport qu’ils entretiennent avec eux-mêmes, les autres et le monde proche et lointain » (p. 24). Il dégage, dans ses propos liminaires, au moins quatre dimensions qu’il se chargera d’expliciter dans les 6 chapitres qui composent le livre. L’automobile 1/ rend possible le fait de se distinguer de l’autre, de montrer son importance sociale, de visibiliser son pouvoir d’achat, 2/ elle autorise de se poser pour réfléchir à sa vie de sorte qu’elle n’est pas un support de sens au sens strict mais un support qui permet de construire du sens, 3/ elle permet à l’individu contemporain d’être une personne totale en mesure d’investir ou de laisser libre cours à sa personnalité, 4/ enfin elle est un moyen d’être pleinement engagée dans le mouvement du monde #urbain, d’y avoir sa place.

    #analyse #sociologie @carfree

  • Le Parisien, partenaire de la nouvelle offensive publicitaire de #Decaux à #La_Défense
    http://paris-luttes.info/la-defense-le-parisien-partenaire

    De nouveaux panneaux vidéo publicitaires haute définition viennent d’être installés dans le quartier d’affaires. Pour le quotidien parisien, de simples supports d’information culturelle.

    Du publireportage, ça en a le goût et la couleur, mais il manque le petit logo ad hoc. On apprend dans les colonnes du Parisien que le géant de l’écran publicitaire et de la bicyclette de surveillance JCDecaux vient fort sympathiquement d’équiper le parvis de la Défense de « 55 écrans pour ne plus rien rater dans le quartier ».

    #publicité #antipub #smartcity #presse #mobilier_urbain

  • Diffusion de la culture et valorisation du domaine public

    Hervé Le Crosnier
    Caen, le 12 septembre 2014

    Une nouvelle collection de livres numériques constituée à partir d’œuvres appartenant au domaine public vient de paraître sous l’intitulé « BnF collection ebooks ». Cette collection est le produit de la filiale de droit privé de la Bibliothèque nationale de France dénommée « BnF Partenariat » qui veut constituer des « offres numériques à partir des œuvres conservées par la BnF et leur valorisation commerciale ». Une confusion des rôles respectifs des bibliothèques et des éditeurs... qui affaiblit autant les missions des bibliothèques auprès du public que la place de l’édition dans la réhabilitation des œuvres du passé. En toile de fond une interprétation erronée de ce que signifie valoriser le domaine public.

    Les bibliothèques ont des missions qui les conduisent à privilégier le libre accès à tous les documents qu’elles possèdent, avec comme seule limite leurs budgets et la conservation des documents rares et précieux. Dans ce cadre, le numérique est un allié majeur pour la diffusion des ouvrages afin de répondre aux attentes des lecteurs d’aujourd’hui. Une autre de leurs missions consiste à organiser les œuvres de façon à ne pas trier, favoriser, modifier les classements pour quelque raison que ce soit, ni idéologique, ni financière, ni au nom d’un « bon goût » quelconque. Elles doivent offrir à chaque œuvre des chances égales de trouver un public intéressé en fonction de ses centres d’intérêt. Une valeur centrale quand les moteurs de recherche ou les médias sociaux privés organisent l’accès en fonction d’algorithmes opaques.

    Pour leur part, les éditeurs ont, notamment vis-à-vis du domaine public, une approche totalement différente. Ils doivent au contraire sélectionner quelques œuvres qu’ils seront en mesure de diffuser auprès de leur public, dont ils pourront gérer la promotion, et qu’ils vont adapter aux attentes actuelles en matière de présentation, de typographie, de format... La qualité des éditions ne se mesure pas au nombre de documents rendus disponibles, mais à l’appareil critique, aux illustrations, à la qualité ortho-typographique.

    Il s’agit là de deux missions, tout aussi importantes l’une que l’autre, mais différentes dans leurs objectifs, dans le type de travail et la relation au public. Une bibliothèque doit respecter les règles professionnelles d’équilibre entre les œuvres, les courants de pensée, les époques... quand l’éditeur peut à loisir privilégier une ligne éditoriale, sélectionner en fonction de ce qu’il espère être les attentes de son public. La question du prix est une conséquence de cette distinction fondamentale. Les bibliothèques ont une mission pour laquelle les contribuables payent déjà : offrir à tous un accès libre à tous les documents... dans la mesure de ce que leur budget peut leur permettre de proposer. La gratuité de l’accès pour le public adhérent à une bibliothèque est une conséquence de cette mission. L’éditeur pour sa part a un objectif économique. Il va donc adapter sa sélection, constituer des séries, organiser la promotion dans ce cadre. Car n’oublions pas que, même si l’œuvre appartient au domaine public, ce que nous attendons d’un éditeur, c’est qu’il nous la présente de façon la plus pertinente et agréable possible, avec l’appareil critique, les notes et les préfaces, la mise en page typographique et la mise en contexte culturelle. C’est pour cela que nous lui faisons confiance et sommes prêts à acheter les livres, imprimés ou numériques, qu’il met sur le marché.

    Qu’une collection éditoriale puisse se prévaloir de l’étiquette « Bibliothèque nationale de France » entraîne dès lors une grande confusion, qui est néfaste tout autant aux bibliothèques et à leurs missions de service public qu’aux éditeurs et leur travail de réhabilitation et de promotion.

    Pour les bibliothèques, cela va entraîner la confusion entre les opérations de numérisation, qui sont une manière de favoriser l’accès aux œuvres dans le cadre numérique qui est le nôtre, et l’édition/sélection en fonction d’un marché supposé. La formation de bibliothécaire insiste sur le fait que ce n’est pas au bibliothécaire de choisir, mais à l’éditeur. Le bibliothécaire enregistre les tendances d’une époque en suivant l’actualité de l’édition, et organise un équilibre parmi les œuvres qui forment cette tendance en fonction de son budget, forcément limité. Valider un travail culturel par un choix éditorial relève d’une autre fonction. Cette confusion va également affaiblir les bibliothèques, notamment dans les municipalités qui ne vont pas pouvoir consacrer les budgets équivalents à la BnF pour numériser des fonds locaux ou spécifiques. Faire croire qu’une opération de numérisation ne serait valorisée que par l’édition, qui plus est devant être rentable, met en danger les rapports des bibliothèques avec leurs bailleurs de fonds. Plus philosophiquement, quand une bibliothèque devient éditrice d’œuvres rangées dans ses collections (à la différence de ses catalogues ou expositions), elle passe de gestionnaire du domaine public au service de tous, vers une logique de « propriétaire » du domaine public dont elle décide l’usage. Si elle est en phase avec la logique managériale qui domine notre époque, cette approche n’est pas celle des bibliothécaires. La notion de réseau des bibliothèques, chacun participant à un travail collectif qui le dépasse pour offrir la collection la plus large et efficace (organisation, numérisation, transcodage et catalogage) est un des fondamentaux de la profession.

    Pour les éditeurs, qu’une bibliothèque prestigieuse comme la BnF puisse se lancer sur leur marché, va dévaloriser leur travail de sélection et promotion. Au-delà du conflit d’intérêt, c’est la confusion entre la publication (mettre à disposition du public) et l’édition (travailler une œuvre pour que le public la demande et soit satisfait par les conditions de lecture qui lui sont proposées) qui va nuire à l’image globale de la profession. Un éditeur est libre de choisir son modèle économique, de fixer les prix. Dans le monde numérique il peut choisir les diffuseurs avec lesquels il va travailler. Il peut travailler avec le format propriétaire d’Amazon Kindle, ou s’y opposer pour des raisons commerciales ; il peut décider de ne pas répondre aux désirs des lecteurs et placer des DRM dans ses livres... La sanction éventuelle portera sur l’étendue de son marché et son équilibre budgétaire. Il peut même compenser ces freins à la lecture et au partage par une qualité qui incitera malgré tout le lecteur à passer outre.

    Il en va tout différemment des bibliothèques. L’interopérabilité, la capacité à être lu en dehors de toute affiliation à une plateforme, le respect de la liberté du lecteur sont dans la logique des missions définies plus haut. Or la collection de la BnF est diffusée avec des DRM (fnac, chapitre.com,...) ou uniquement en format Kindle sur Amazon. Ce faisant, la BnF, en tant que bibliothèque publique, se trouve participer à un jeu de tric-trac entre plateformes qui dépasse largement ses attributions. Peut-on, quand on est une bibliothèque publique, exiger du lecteur qu’il possède Adobe Digital Edition, ce qui exclut d’emblée tous les utilisateurs de Linux ? Pour acheter les livres numérique de la collection de la BnF, il faut offrir à la Fnac et aux autres plateformes choisies par BnF-Partenariat des données personnelles, notamment les très utiles adresse et date de naissance... Est-ce le rôle d’une bibliothèque, qui plus est nationale, de permettre à ces plateformes d’enregistrer toutes ces informations privées pour les revendre sur le grand marché des mégadonnées ? Au contraire, les bibliothèques, et toute leur histoire le démontre, ont devoir de protéger leurs lecteurs, de garantir l’anonymat des lectures.

    Une autre question, souvent soulevée par les commentateurs de cette opération de la BnF, est celle de la gratuité du domaine public. Soyons réalistes : heureusement que depuis des décennies les éditeurs vendent les œuvres du domaine public... sinon nous aurions perdu la connaissance de tous ces travaux essentiels. La question du prix est celle du marché, et pour la culture du consentement à payer des lecteurs. Une même œuvre du domaine public va être vendue peu cher en édition de poche, un peu plus avec un appareil critique et très cher quand elle est imprimée sur papier bible et reliée sous couverture pleine peau dorée à l’or fin. Chaque type d’édition a toujours trouvé son public. Ce n’est pas parce qu’il va exister des éditions gratuites en format numérique que cela va changer. Simplement, les éditeurs qui voudront faire payer des œuvres du domaine public vont devoir rivaliser en qualité, en appareil critique, en illustration, en interopérabilité... Au final, les éditeurs compétents vont tirer leur épingle du jeu, et la concurrence va faire baisser les prix, au grand bénéfice du public, de la lecture et de la réhabilitation des œuvres du passé.

    Dans ce cadre, les bibliothèques ont une nouvelle mission pour favoriser cette démocratisation de l’accès aux œuvres du domaine public : fournir les sources qui vont permettre à la fois les diffusions gratuites et les travaux éditoriaux de qualité. La numérisation, puis la reconnaissance optique de caractère permettent d’obtenir, par l’usage d’un système informatique (qui ne produit donc pas de « droits d’auteur » nouveaux), un texte source fiable environ à 95%, voire plus. Ce texte source permet la recherche documentaire, mais pourrait également servir de base au travail de relecture ortho-typographique et aux corrections qui sont le propre du métier d’éditeur. Il convient pour les bibliothèques de rendre ces textes source disponibles à tous, sans restriction ni négociation. Ces textes source sont une nécessité pour les bibliothèques, car ils permettent de réaliser leur mission première qui est d’organiser les ouvrages dont elles ont la garde et d’en offrir l’accès le plus adapté à l’époque (aujourd’hui, accès en réseau, recherche documentaire, accès au texte et accès à la copie image de l’original). Or malheureusement, de nombreuses bibliothèques, et au premier chef la BnF, ajoutent des négociations de droit pour celui qui veut utiliser ces textes source. Ce qui va limiter la possibilité des éditeurs à choisir les œuvres, et faire leur travail spécifique... mais aussi ce qui va limiter, et c’est plus grave encore, la capacité des lecteurs actifs à travailler ces sources pour offrir aux autres les œuvres qui leur plaisent. Or nous avons bien vu, au travers du projet Gutenberg ou de Wikipédia, que les lecteurs altruistes sont prêts à passer une partie de leur temps et de leur énergie à construire ces ensembles de connaissance et de culture et à les offrir en partage. Cette énergie des communs de la connaissance devrait trouver dans les bibliothèques leurs meilleurs alliés... or c’est le contraire que vient montrer cette collection de la BnF. Cela lance un très mauvais signal envers les lecteurs avides de partage, de réhabilitation, désireux de promouvoir des livres qu’ils ont aimé. Au final, cette limitation de l’usage d’un travail financé par la puissance publique est contraire à la véritable valorisation du domaine public. Si l’on en croit le rapport de Bruno Ory-Lavollée publié par le Ministère de la Culture, la valorisation du patrimoine passe avant tout par l’usage multiplié des œuvres gérées par les bibliothèques ou les musées. Or nous avons là des bibliothèques publiques qui mènent une politique contraire.

    Face à ces constats, ils convient de proposer des solutions qui puissent à la fois favoriser les bibliothèques (toutes les bibliothèques), les éditeurs et cette pulsion contributive des individus dont on peut constater chaque jour l’existence.

    La première nécessité est de dissoudre BnF-Partenariat, la filiale de la BnF chargée de la valorisation marchande. Le CNRS a longtemps cru qu’une structure marchande comme INIST-Diffusion allait pouvoir valoriser la recherche... jusqu’à ce que l’an passé un audit et une mobilisation montrent qu’il n’en était rien, que les revenus de ce genre de filiale étaient dérisoires en regard des missions des organismes concernés. La décision la plus sage a été prise de recentrer l’INIST comme appui à la recherche du CNRS et d’abandonner la filiale privée. C’est fort de cette expérience que le Ministère de la Culture devrait se prononcer pour que la BnF se recentre sur ses missions et abandonne cet outil de confusion qu’est BnF-Partenariat. Ajoutons, qu’au même titre que ce qui s’est passé au CNRS, avoir une direction unique pour l’organisme public et la filiale privée n’est pas sain.

    Ensuite, il convient de faire comprendre que le nombre ne fait rien à l’affaire. Les bibliothèques vont numériser en fonction des ressources allouées, mais ce n’est qu’une première étape de la revalorisation du domaine public. Il faut que parmi cette masse on puisse sélectionner et promouvoir certains travaux. Ce rôle peut être celui d’éditeur, d’acteurs individuels, ou d’autres structures... L’accès libre aux données source (notamment la version texte OCR) est un principe qui va favoriser l’usage culturel des ressources. Et c’est bien cela qui est l’objectif. Changer les licences d’usage, faire que les travaux techniques sur les œuvres du domaine public n’ajoutent aucune nouvelle couche de restriction est essentiel pour étendre la culture et la langue française dans le monde entier.

    Enfin, rappeler avec force et inscrire dans la loi que les institutions publiques en charge de la conservation du patrimoine et du domaine public en sont simplement les gestionnaires au profit de tous. Le fonctionnement coopératif des bibliothèques, et dans ce cadre le rôle d’animation et d’entraînement des plus grandes d’entre-elles, est une valeur centrale des missions de l’accès universel aux publications. Ces valeurs doivent être rappelées en ce moment de passage au numérique, pour ne pas nous laisser aveugler par la technique ou par les promesses des industries du numériques qui calculent en données et oublient la valeur collective du domaine public et du partage de la culture.

    Hervé Le Crosnier
    Caen, le 12 septembre 2014
    Texte diffusé sous licence Creative Commons by

  • Comment se promener dans les bois sans se faire tirer dessus ?
    http://www.reporterre.net/spip.php?article6245
    Je dois avouer que cette problématique de #liberté de #circulation me tient fortement à cœur, ça et les chiens divagants...

    Savez-vous que certaines armes de chasse peuvent tuer à trois kilomètres, et que ce loisir fait une vingtaine de morts par an ? Que l’on peut chasser sur la plage en plein mois d’août ? Qu’une #chasse peut se terminer dans votre jardin ? Que cette pratique met la biodiversité en danger ? Qu’il est impossible de sanctionner des chasseurs ivres ?

    #espace_public #vélo

  • « Pendant la guerre, on a donné des juifs, mais les coins à cèpes, jamais ! » (Groland-le-vrai)
    http://www.ladepeche.fr/article/2014/09/04/1944997-rififi-entre-proprietaires-de-bois-et-cueilleurs-de-cepes.html

    Dans le Gers, 95 % des boisements, soit environ 80 000 hectares, appartiennent à des privés. Il y a très peu de forêts communales et les forêts domaniales sont indiquées par des panneaux. Donc en résumé, si vous rentrez dans un bois, il y a plus de 9 chances sur 10 que vous pénétriez sur une propriété privée.

    #espace_public #propriété #ruralité

    D’après l’article R163-5 du Code forestier, une récolte sans autorisation inférieure à 10 litres est passible d’une amende maximale de 750 euros. Une récolte supérieure à 10 litres peut être sanctionnée jusqu’à 45 000 € d’amende et 3 ans d’emprisonnement. Cette peine peut être portée à 75 000 € d’amende et 5 ans d’emprisonnement en cas de circonstances aggravantes : plusieurs personnes ou complices, violences sur autrui, actes de dégradation...

    #loi #droit
    Franchement violer une gonzesse est bien moins risqué que de ramasser des cèpes sans permission ! Chaque civilisation a sa moralité et ses priorités.

  • Un faux chantier pour chasser les Roms de la Guillotière
    http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Lyon/Politique/Ville-de-lyon/Un-faux-chantier-pour-chasser-les-Roms-de-la-Guillotiere

    Fin juillet, place Gabriel-Péri, ont fleuri d’étranges grillages verts. Hauts de plus de 2 mètres, ils interdisent l’accès à un espace pourtant vide. Aucune déclaration de travaux n’y est punaisée. Mais, dans l’esprit de la Ville de Lyon, ils ont une utilité cachée : endiguer l’attroupement de Roms.

    Dans l’esprit de Myriam Picot, la maire de l’arrondissement, le sens de ces grillages est moins explicite : “Le but, c’est de prévoir le réaménagement de cette place, des travaux que nous pourrons faire. Nous devons faire face à une occupation de l’espace qui gêne les passants, les résidents et les commerçants. Nous avons installé ces grillages pour déterminer si cet emplacement était le bon pour y installer plus tard un ameublement urbain."

    Même son de cloche du côté de Jean-Yves Sécheresse, l’adjoint à la sécurité, qui pensait que des travaux avaient quand même eu lieu : "L’idée est de revoir un peu la conception de la place avant de faire un jour une modification en profondeur. De l’extérieur, les gens peuvent trouver la méthode honteuse, mais nous avons reçu une pétition signée par plus de 1 000 personnes nous demandant de solutionner le problème de cette place. La réalité qui pèse sur les commerçants et les habitants du quartier, c’est de la vente à la sauvette, de la prostitution."

    #espace_public
    #aménagement
    #injustice_spatiale
    #Roms
    #Lyon