Donc à 2, 3 ans, on « mérite » de retourner dans « son » pays parce qu’on « ne respecte pas la loi ».
Donc à 2, 3 ans, on « mérite » de retourner dans « son » pays parce qu’on « ne respecte pas la loi ».
Naître est déjà une infraction
Je me faisais la réflexion avec monsieur Monolecte que la criminalisation de bambins de 2, 3 ans n’est qu’une resucée d’une antienne raciste décomplexée qui s’est déjà exprimée de la sorte en toute décontraction antérieurement et qui visait la même tranche d’âge.
Il s’agit donc de tester si un concept aussi profondément dégueulasse passe mieux quelques années plus tard.
On a quand même la forte impression que ce sinistre ministre veut donner l’impression qu’il décide de tout, tout seul dans son coin. Il pense donc il fuit (et ça pue) ...
Sinon, oui : le premier ballon d’essai atteignait déjà des hauteurs stratosphériques.
Alors ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy proposait fin 2005 dans son avant-projet de loi sur la prévention de la délinquance un « dépistage précoce des enfants présentant des troubles du comportement », abandonné dans le texte définitif voté en février 2007.
▻https://www.nouvelobs.com/societe/20081201.OBS3496/quand-sarkozy-voulait-detecter-les-troubles-du-comportement-chez-l-enfant
@sombre « avec le temps, avec le temps tout revient »
Sarkozy en a rêvé, Macron l’a fait - ou Darmanin, au choix.
la transcription me semble un peu erronée... ▻https://www.youtube.com/watch?v=rMMRfVuaszQ
(~3:30 « elle me permettra d’expulser tous ceux qui même arrivés à l’âge de 2 3 ans sont étrangers et méritent de retourner dans... » etc). Il est inutile de déformer pour forcer le trait, ce monsieur est dangereux, inutile d’en rajouter...Yep. Je retire mon message, il y a visiblement falsification. Le post original de TF1 :
(L’effet pervers et prévu de la rémunération des comptes qui buzzent sur Touiteur ?)
oui, c’est leur annonce sur la loi immigration : étendre les critères d’expulsabilité, pas faire du "dépistage précoce".
exploitation immédiate du meurtre et des agressions au couteau au lycée d’Arras => modifier une fois encore la loi. il dit "depuis 15 ans" ci-dessous pour tenter de parer à l’inévitable qualification d’histrionisme légal, un pli de la Eme depuis 1974...
Mohamed M. n’était pas expulsable
▻https://www.francebleu.fr/infos/politique/attaque-au-couteau-a-arrasd'-darmanin-demande-l-expulsion-systematique-de
« Cela fait 15 ans que la loi française empêche le ministre de l’Intérieur d’expulser les personnes arrivées avant 13 ans sur le territoire national. La loi immigration que je porte met fin à ça » avait précisé le locataire de la place Beauvau.
Une loi matossée d’avance, en aval
Gérald Darmanin entend « doubler » les places dans les #centres_de_rétention_administrative d’ici à 2027
►https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/10/07/gerald-darmanin-entend-doubler-les-places-dans-les-centres-de-retention-admi
et en amont
Suppression de l’aide médicale d’Etat : Gérald Darmanin soutient « un totem » de la droite sénatoriale
▻https://www.publicsenat.fr/actualites/politique/suppression-de-laide-medicale-detat-gerald-darmanin-valide-un-totem-de-l
nb : pas pour rien que l’on promeut un nouvel imaginaire du juif. le juif qui est si bien défendu actuellement ne l’est pas en tant qu’autre - il n’en faut pas !- mais car il porte de meilleur de nous-mêmes : fascisme, nationalisme, racisme anti arabe, colonialisme
#loi_immigration #AME #CRA #immigration #chauvinisme #xénophobie_d'État
Ah ben voilà, on est soulagés, alors…
« On est dur avec les gens qui commettent des actes de délinquance et plus intégrateurs avec les gens qui travaillent et respectent les règles » (G.D.)
et il faut obtenir les votes LR :
LOI IMMIGRATION : GÉRALD DARMANIN PRÉCISE SES INTENTIONS SUR LE TITRE DE SÉJOUR « MÉTIERS EN TENSION »
▻https://lcp.fr/actualites/loi-immigration-gerald-darmanin-precise-ses-intentions-sur-le-titre-de-sejour-me
@monolecte : non, pas soulagés, le mec est ce qu’on a de plus proche d’un fasciste au gouvernement, il y a même encore une série de déclarations des dernières 24-48 heures assez terrifiantes (dont un « j’assume » de ne pas respecter les droits humains et d’être condamné par la CEDH).
Mais ici, la phrase « même arrivés à l’âge de 2, 3 ans » est devenue « même à l’âge de 2, 3 ans » (ce que je commentais), et ça n’est pas du tout la même chose.
On me dit sur Mastodon qu’il faut garder le sens de la nuance et qu’on n’en est pas encore rendu à la vraie dictature qui fait mal, comme en Érythrée ou en Afghanistan, et que donc, on devrait arrêter d’utiliser des mots méchants pour désigner ce qui nous gouverne. Je réponds qu’il faudrait cesser d’euphémiser.
@biggrizzly j’ai vu passer une référence à ▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Démocrature
Il manque la fRance dans la liste, on dirait :-)
Évènement : Écoféminisme et résistance à Lyon - Floraisons
▻https://floraisons.blog/ecofeminisme-et-resistance
Conférence annulée et qui a failli ne pas se faire, donc vraiment censurée, suite à un mouvement coordonné pour faire pression sur le lieu d’accueil.
Ma foi pourtant du contenu extrêmement intéressant utile et dense, théorique, mais bien vulgarisée, mais sans concession et sans paillettes.
►https://d3ctxlq1ktw2nl.cloudfront.net/staging/2022-10-21/3002b7ff-211d-f333-764f-cef96970be40.mp3
👉 Cette conférence s’adresse aux femmes en cheminement, aux curieuses, aux écofeministes en herbe, à toutes celles qui en ont marre de faire leur lessive maison et qui sont à la recherche d’outils théoriques et stratégiques.
🌾 De la naissance de l’agriculture jusqu’à la civilisation industrielle, l’analyse radicale des différentes représentations de la femme et de la nature et la dégradation de leurs conditions matérielles, permet de poser le principe fondateur du mouvement : la destruction de la nature et l’exploitation des femmes sont intrinsèquement liées.
Porté par le travail d’autrices et activistes telles que Maria Mies, Vandana Shiva, Françoise d’Eaubonne, Lierre Keith, Carolyn Merchant, Ynestra King et tant d’autres, l’écoféminisme reste aujourd’hui dévoyé de son sens initial et vidé de sa substance.
Le détail de l’opération d’annulation est dans le texte sous le podcast, dont une mise au point :
Nous proposons une analyse radicale des systèmes de domination, c’est-à-dire que nous cherchons à remonter à leurs origines pour mieux en comprendre les mécanismes. Cette approche est en opposition directe avec une idéologie qui a noyé tous les débats intellectuels : la théorie queer. Selon la grille d’analyse queer, le sexe serait une construction sociale oppressive « assignée » à la naissance, tandis que le genre serait un mode d’expression libérateur des individus. Les politiques identitaires viennent remplacer les schémas d’oppression. Il n’est plus possible de désigner matériellement une classe d’opprimées ni les conditions de l’oppression.
– Nos détracteurs nous disent transphobes parce que nous disons que le sexe existe, qu’il n’est pas une pure construction sociale (bien que le social influence le biologique, et vice versa), qu’il est immuable et qu’une femme est un être humain adulte de sexe féminin. Ils nous disent également transphobes parce que nous nous opposons à la médicalisation systématique des enfants « non conformes au genre ».
– Ils nous disent validistes parce que nous soulignons que le capitalisme industriel détruit la planète en asservissant les êtres humains, et parce que nous disons qu’il nous faut donc en sortir.
– Ils nous disent putophobes parce que nous luttons contre le proxénétisme, parce que nous estimons que la prostitution est un produit de la phallocratie, qui devrait être aboli avec elle, et que les personnes en situation de prostitution devraient être aidées à en sortir.
– Ils nous disent eugénistes parce qu’ils ne savent pas ce qu’est l’eugénisme (s’ils savaient, peut-être réaliseraient-ils que ce sont eux qui sont eugénistes, étant donné leur soutien irréfléchi de la PMA, de la GPA et du technologisme en général). Ils nous disent eugénistes tandis qu’ils soutiennent activement la stérilisation des enfants non conformes aux stéréotypes sexistes (les bloqueurs de puberté empêchent le processus de puberté, c’est à dire, le développement et la maturation du cerveau, des organes génitaux et du système reproducteur, de manière irréversible).
– Ils nous disent essentialistes parce qu’ils ne savent pas non plus ce qu’est l’essentialisme, eux qui considèrent qu’un homme faisant état d’un « sentiment » (ou « ressenti ») de féminité, d’une sorte d’essence prétendument féminine, est une femme.
– Ils emploient des méthodes indignes pour défendre des idées qui le sont tout autant, en affirmant fièrement qu’il ne doit surtout pas y avoir de débat. Au moyen de sophismes grossiers et en recourant à une manipulation émotionnelle, ils prétendent que le débat menacerait l’existence de divers individus, cependant que leurs idées et leur lobbying institutionnel produisent des changements législatifs et sociétaux dont les effets concrets menacent un grand nombre de vies, notamment de femmes et d’enfants.
Tous ces procédés malhonnêtes visent à décrédibiliser et faire taire les femmes qui luttent pour leurs droits et les hommes qui les soutiennent. Nous appelons donc au soutien de notre rencontre écoféministe.
ping @mad_meg, un podcast long à écouter en travaillant :p
#femmes #féminisme #écologie #écoféminisme #théorie #censure #genre #sexisme #queer #essentialisme #matérialisme
Merci @rastapopoulos j’avais suivi les menaces et pressions des féministes libérales autour de l’organisation de cet éventement. Je vais effectivement écouté en dessinant ce matin. Bonne journée.
Je suis un vieux libertaire révolutionnaire et je découvre depuis quelques mois à quel point les positions au sein des mouvements radicaux peuvent être clivants. Cela me rappelle un peu le ton et l’ambiance des années 60 – 70 à l’époque du délire marxiste-léniniste (ML) pro-chinois, même si chaque période est caractéristique de son propre contexte historique.
Je constate qu’il y a toujours autant de volontaires pour défendre la bonne cause, confondant la radicalité avec le sectarisme et le fanatisme. Toujours des personnes pour justifier la censure, alors qu’il est nécessaire et vital que la contradiction et le débat s’inscrivent dans la construction même de l’alternative au capitalisme.
Des clivages violents il y en a au sein des mouvements féministes / LGBT+ mais on en trouve ailleurs, par exemple chez les antifas.
Le seul intérêt de tout ceci est qu’il permettra à des gens comme moi, n’étant pas familier des ces milieux, de comprendre quelles sont les positions défendues. Pour les dépasser ?
En complément, ce lien (parmi d’autres) qui m’a permis d’avoir un point de vue contradictoire et de comprendre au moins quelques argumentaires du problème :
▻https://www.youtube.com/watch?v=BBZ6A0ukR70
J’ai suivi et écouté ce sujet jeudi à partir d’un message de PMO :
▻https://seenthis.net/messages/981713
Lesquels PMO, du point de vue de la critique anti-industrielle, je me sens très proche, bien qu’ils aient défendu des positions sur le fond et sur la forme que je ne rejoins pas, notamment :
▻https://seenthis.net/messages/965494
▻https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1680
Psychatriser le débat n’est pas non plus une bonne méthode, et ça relève aussi d’une forme de censure ("t’es débile donc on débat pas"), donc aussi pourri que les actions sus-citées. C’est souvent une manière de militer pour le status quo et ne pas remettre beaucoup de choses en question (il y a un chapitre sur ce point dans le très bon « Q comme Qomplot » de Wu Ming)
@O.A de façon générale, la question de la santé mentale, quand on y est confronté personnellement – et je pense qu’on y a tous été confronté, d’une façon ou d’une autre, par les temps présents - est difficile et plutôt lourde à traiter. Elle bouscule violemment nos repères et remet aussi en cause notre propre normalité.
Dans son rapport avec le « militantisme », il est vrai que c’est un sujet qui revient assez souvent sous différents aspects : soit comme facteur aggravant de personnes socialement fragilisées, soit, comme tu l’indiques, en tant que ressort psychologique du militantisme, mais dans ce cas, on n’en reste qu’au niveau de l’interprétation, donc, avec une valeur politique, de mon point de vue, assez faible, car peu objectivable. Par contre, il est vrai que le fonctionnement d’un collectif composé en partie de personnes, psychologiquement fragiles, peut s’avérer particulièrement difficile, voire insupportable.
Je suis d’accord avec @RastaPopoulos sur le fait que l’appréciation quant à l’état de santé mentale de telle ou telle personne, en rapport avec son positionnement politique, conduit sur un terrain glissant.
@O.A Merci à toi aussi
« le niveau de nos implications sont liés à notre structure psychologique »
Sans aucun doute mais si on est bien obligé de prendre en compte cette réalité (alors que parfois on aimerait s’en passer) la question reste entière de savoir comment la traiter, sur le plan politique.
Je n’ai pas de réponse à cette question.
La seule chose que je constate c’est que la plupart des conflits politiques d’hier d’aujourd’hui et probablement de demain, buttent à un moment donné sur cette problématique (cela ne veut pas dire qu’ils se résument à cela). Mais je le répète : comment cela peut être traité politiquement ? Mystère.
« ce que tu fais qui est condamnable mais ce que tu es »
Oui, j’ai vécu des situations politiques ou de rapport de pouvoir où, sans que cela soit dit forcément en ces termes, on retrouvait exactement ce sens comminatoire du propos ou du rapport de force. Généralement quand on en ai rendu à ce niveau d’argumentaire – la remise en cause de la personne pour ce qu’elle est - alors il n’y a plus d’autres solution que la rupture irréversible (ou la soumission).
Au moment de la première internationale, le conflit idéologique et politique s’est rapidement gangrené autour d’une animosité personnelle entre le « juif » et le « gros russe ». Le clivage était irréversible. D’un camp à l’autre on a échafaudé des hypothèses et des représentations qui se sont avérées en partie erronées. Même si les divergences politiques étaient réelles et profondes, il ne faut pas sous-estimer le contexte personnel et psychologiques dans la tournure de ce conflit. Cafiero, qui avait rompu depuis longtemps avec Engels et Marx pour rejoindre, comme disait ce dernier, le camp des « alliancistes » ou des « bakounistes », a rédigé un ouvrage de vulgarisation marxiste, alors qu’il était emprisonné après l’insurrection foireuse du Matese. Cafiero est ensuite devenu fou mais il n’y a aucun doute que la rédaction de ce petit livre avait du sens pour lui, sans pour autant qu’il renie ses convictions anarchistes. On est complètement dans le psy, là encore, mais dans une dimension plus positive.
Pour revenir à notre sujet, effectivement il y a probablement une dimension psy dans le clivage féministes/LGBTQ+, quand on voit le niveau de violence des échanges, y compris, de violence physique. C’est probablement le même genre de ressort qui anime les groupes rivaux des antifas quand ils se battent entre eux ou quand on assiste médusé à une baston entre gilets jaunes et CGT (même si on comprend tout à fait comment ça peut s’allumer), etc.
Dans ce genre de situations, l’explication rationnelle et le discours est alors sans effet.
On a beau se dire qu’il y a quelque chose qui ne tournent pas vraiment dans le bon sens dans les têtes à ces moment-là (et là je n’évoque pas les problématiques de fonctionnement de groupes), mais une fois qu’on a dit ça on est bien obligé de se dire qu’il faut serrer les fesses pour éviter que ça s’aggrave en espérant que la niaque s’oriente, pour converger, finalement, contre les instances dominantes de pouvoir.
Cordialement
Le texte qui revendique et explique les raisons de cette tentative d’annulation :
Pas d’éco-terfs dans nos luttes ! - 18 novembre 2022.
▻https://rebellyon.info/Pas-d-eco-terfs-dans-nos-luttes-24294
Juste délirant...
Bilan critique du courant anti-industriel | Zoom Ecologie
▻https://www.zoom-ecologie.net/?Bilan-critique-du-courant-anti-industriel
Ayant côtoyé des personnes se rattachant au courant anti-industriel au sein de luttes écologistes, y ayant trouvé un intérêt politique et théorique à un moment de notre trajectoire, mais étant désormais en franc désaccord avec certains positionnements essentialistes ou covido-négationnistes/relativistes émanant de ce milieu, nous revenons de manière critique sur ce courant. Durée : 1h. Source : Fréquence Paris Plurielle
Le site zoom a l’air down.
Émission aussi écoutable là :
►https://paris-luttes.info/podcast-bilan-critique-du-courant-16402
Radio : Mathieu Amiech, La gestion sanitaire de la covid-19, 2023
▻https://sniadecki.wordpress.com/2023/03/29/rmu-amiech-covid
Pour resituer le contexte dans lequel #Matthieu_Amiech fait cette émission, il me faut ajouter que cette émission « L’Actualité des luttes » diffuée sur Radio FPP est en quelque sorte une mise au point a une autre émission qui a également été diffusée sur les ondes de Radio FPP. Il s’agit de l’émission « Zoom Ecologie » intitulée « Bilan critique du courant anti-industriel » du 18 octobre 2022. Là aussi, les références et liens sont dans le descriptif de l’émission.
Ce « bilan critique » qui dure une heure est divisé en 3 parties de 20 mn chacune.
1er partie : les « aspects positifs de la critique anti-indutrielle ».
2nd partie : dénonce la prétendue « transphobie » du groupe grenoblois PMO et le prétendu « covido-négationnisme » des éditions La Lenteur en la personne de Matthieu Amiech, qui est nommément cité.
Et enfin la 3e et dernière partie : prétend dénoncer les « impasses théoriques et politiques du courant anti-industriel ». Rien que ça !
Et là, c’est juste du délire complet !
C’est du délire parce que dans cette émission, on nous parle de « les anti-industriels » comme si c’était un parti politique officiel avec des membres enregistrés et avec une doctrine bien définie. La réalité c’est qu’il y a beaucoup de groupes très différents qui se réclament de la « critique anti-industrielle », ou « #technocritique » comme dirait François Jarrige dans son ouvrage du même nom.
Et donc ces militants, qui pourchassent avec raison les clichés essentialistes qui circulent encore trop dans la société – du genre, « les petites filles s’habillent en rose » –, dès qu’il s’agit de gens qu’ils n’apprécient guère, eh bien, ils essentialisent leurs adversaire à bloc. De même que les noirs sont des feignants, les arabes des voleurs, les « zanti-industriels » sont tous de fieffés réactionnaires, c’est bien connu !
A partir de là, ils nous attribuent toutes les tares qu’il leur plait, et il y en a un sacré paquet ! Mais puisque jamais ils ne précisent de qui ils parlent ni a quels textes ou prises de position ils se réfèrent, leurs critiques ne font que refléter leur ressentiment à l’égard de personnes dont ils ne comprennent pas les idées, mais dont ils sentent bien que ces idées remettent radicalement en question certains aspects de la société industrielle auxquels ils se sont habitués et auxquels ils ne voudraient pas renoncer.
En bref, on constate que nos donneurs de leçons sont eux-mêmes bien incapables de formuler une critique argumentée et référencée, et donc d’appliquer à eux-mêmes ce qu’ils exigent des autres. D’ailleurs, la grande majorité de leurs critiques ont été réfutées par avance par des ouvrages publiés aux éditions La Lenteur ces dernières années. Celui d’Aurélien Berlan, Terre et liberté et celui de Bertrand Louart, Réappropriation, jalons pour sortir de l’impasse industrielle . Le premier est sorti il y a un an et le second six mois avant leur émission.
Ce matin je me suis levé en me demandant quelles étaient les relations entre les études (ou commentaires politiques) sur les transgenres, et les transraciaux (me demandez pas pourquoi).
Du coup j’ai trouvé cet article recension d’Abdellali Hajjat sur le livre Trans : Gender and Race in an Age of Unsettled Identities, de Rogers Brubaker.
Évidemment ce ne sont que deux points de vue (celui du livre et celui de Hajjat), il y a aussi tous les débats dans les communautés afro-descendantes et autre.
Perso j’ai du mal à voir la différence autant en terme « biologie ou pas », qu’en terme philosophique et sociologique, et que si on critique l’auto-définition (car c’est de ça qu’il s’agit avant tout) dans l’un des deux cas, avec une critique non-essentialiste (mais au contraire basé sur le fait que c’est social et non pas individuel), alors c’est logique de le critiquer pour l’autre aussi ; ou inversement si c’est pour approuver un des deux cas.
Transgenre et transracial, ou les difficultés d’une analogie | Cairn.info
▻https://www.cairn.info/revue-geneses-2019-1-page-153.htm
Même nuancée, cette mise en équivalence de la position conservatrice et de la position féministe radicale pose problème. Dans le premier cas, le transgenre est dénoncé à l’aune d’une conception conservatrice de l’ordre sexuel et de la perpétuation de la domination masculine. Dans le second, la critique féministe radicale ne porte pas sur la légitimité du transgenre en tant que tel, mais bien sur le discours de légitimation du transgenre tendant à affermir les stéréotypes de genre, comme le reconnaît Brubaker, et sur la légitimité des transgenres à parler au nom des femmes dans le contexte d’une domination masculine qui tend structurellement à imposer le silence à celles-ci. De ce point de vue, le porte-parolat doit être fondé non pas sur une identité naturelle mais sur une communauté d’expériences. L’oxymore d’« essentialisme historique » ne permet pas de rendre compte de cette position, puisque le féminisme radical représente au contraire un courant d’idées radicalement anti- essentialiste.
[…]
Si on peut ainsi contester certaines parties de l’analyse de l’auteur, il faut cependant souligner pour finir la grande qualité de l’ouvrage. Cette réflexion ouvre des perspectives de recherche extrêmement stimulantes, notamment sur la tension entre subjectivité et objectivité des identités, sur les logiques de légitimation du passage de frontière entre catégories, et sur la sociologie de l’usage de concepts sociologiques dans le cadre de controverses auxquelles participent, entre autres acteurs, des chercheurs en sciences sociales.
#féminisme #genre #race #sociologie #transgenre #transracial #radfem #Rachel_Dolezal #Caitlyn_Jenner #Abdellali_Hajjat #Rogers_Brubaker
Ayant découvert l’existence de Martina Big et voulant voire ce qui ce dit sur le transracialisme je suis tombé sur cet article qui pose la même question que celui que tu partage : Le transracialisme existe-t-il ? (et pourquoi serait-il moins accepté que la transidentité ?)
►http://www.slate.fr/story/165422/transracialisme-etre-blanc-se-sentir-profondement-noir-ou-inversement-acceptat
Ah oui merci déjà là en 2018 : ►https://seenthis.net/messages/713375
Et cette note encore avant : ►https://seenthis.net/messages/591347
Citation de Dolezal
mais parce que c’est inné, cela a toujours été au fond de mon cœur
#essentialisme donc, rejet de l’aspect intégralement social de la vie humaine et donc de l’identité qu’on se forge
Ça fait 10 ans ou plus que je ne comprends toujours pas ce concept « d’identité profonde » quand l’histoire anthropo-sociologique du monde nous montre une conception relationnelle de la personne (cf Jérome Baschet entre autre dans les trucs vulgarisés facilement). La conception purement individuelle est typiquement moderne et propre à la philosophie libérale. No man is an island…
▻https://wodka.over-blog.com/2016/12/jerome-baschet-corps-et-ames.html
C’est avec Descartes puis Locke que s’est effectuée la rupture : la personne désormais identifiée à sa conscience d’elle-même — le cogito —, se construit seule et libre.
Il n’y a rien de « prouvé » ni de scientifique là-dedans : c’est purement un choix philosophique, récent. Mais une opinion philosophique peut parfaitement être fausse, être contredite soit par l’argumentation d’un autre philosophe mais aussi par d’autres domaines, comme l’anthropologie ou la sociologie (ou même la biologie ou autres sciences). Tout ne se vaut pas, c’est pas « c’est une opinion philo, parmi d’autres, et chacun fait son marché ».
Hérédité vs intimité
dit un des intertitres, donc en gros pour la journaliste c’est soit la génétique, l’essentialisme « pur » (donc les réacs pur jus), soit l’intimité càd le cogito libéral, cette « identité profonde », qui pourtant est décrite comme… inné donc tout aussi réac et génétique (si on croit pas en dieu, qu’est-ce qui serait inné sans être génétique ?). Binairement, sans mettre en parallèle au même niveau de « vision du monde » l’aspect social donc relationnelle de la personne.
“The fact that society belives a man who says he’s a woman, instead of a woman who says he’s not, is proof that society knows exactly who is the man and who is the woman” Jen Izaakson
Le Droit à l’oncle, par Anselm Jappe - Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme
▻http://www.palim-psao.fr/2021/04/le-droit-a-l-oncle-par-anselm-jappe.html
A peu près toutes les forces en présence – les partis politiques, les associations en tout genre, les manifestants dans les rues, les média généraux et spécialisés – s’écharpent uniquement sur les détails de l’application de la PMA : pas du tout sur le principe.
[…]
On a proclamé le « droit à l’enfant ». Quelle drôle d’idée ! Existe-t-il le droit à avoir un oncle ? Puis-je demander à la technoscience de me créer un oncle, parce que la nature ne m’en a pas donné et ma vie est incomplète sans un oncle ? Et un autre être humain peut-il constituer un « droit » pour moi ?
[…]
On sait qu’actuellement il est assez difficile et coûteux d’adopter un enfant. Mais ne serait-il pas, tout compte fait, plus facile de changer les lois humaines que les lois biologiques ? On dirait que la préférence accordée à la PMA plutôt qu’à l’adoption cache un désir très archaïque, très « essentialiste » ou « naturaliste » : avoir un enfant « de son propre sang », avec son propre ADN. Il est étrange que des gens qui fustigent à longueur de journée les mentalités « rétrogrades » ou « traditionalistes » de leurs adversaires pratiquent eux-mêmes une attitude qui est on ne peut plus bourgeoise et « biologique ». Un enfant qui ne soit pas de mon sperme ou de mes ovocytes ne m’intéresse pas…
[…]
Mais on peut aussi en conclure que le recours à des solutions médicales témoigne, pour le moins, d’un terrible manque d’imagination : plutôt que de recourir au symbolique – à des enfants acceptés comme « fils » même si génétiquement ils ne le sont pas – on pratique de la zoologie médicalement assistée. Une« zoologie appliquée » : les êtres humains sont réduits, comme un cheptel, à leurs caractéristiques biologiques qu’il s’agit de transmettre. C’est le principe fondamental de l’élevage, dont la résurgence chez des gens qui passent leur vie à tonitruer contre l’« essentialisme » et le « naturalisme » en prônant la « déconstruction » est pour le moins surprenante…
#PMA #Anselm_Jappe #essentialisme #enfants #adoption #droit_à_l'enfant #solutionnisme_technologique #critique_techno
Déjà signalé par PMO ici :
▻https://seenthis.net/messages/912044
Si vous n’avez pas le temps de lire Alertez les bébés ! Objections aux progrès de l’eugénisme et de l’artificialisation de l’espèce humaine, ni Le Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme (toujours en vente), vous pouvez lire le fidèle résumé qu’en fait Anselm Jappe, théoricien reconnu de la critique de la valeur et bloggeur sur Médiapart (ici et en PDF ci-dessous).
Blague à part, c’est une sorte d’événement que sept ans après nos alertes contre La Reproduction artificielle de l’humain , un authentique anti-capitaliste rejoigne publiquement notre critique, quitte à nous rejoindre également sur les listes noires des petites meutes techno-progressistes. Vous verrez que, à ce rythme, un François Ruffin qui vient de se découvrir une hostilité « métaphysique » au progrès, ou l’anti-capitaliste Hervé Kempf et ses « collaborateur-ice-s » pro-PMA de Reporterre, finiront par rallier l’écologie radicale et anti-industrielle avant 2050.
Jappe se met enfin un peu sérieusement à la #technocritique. Vieux motard que j’aimais...
Le féminin sacré 2 — Script ! 1.8
▻https://www.youtube.com/watch?v=XEV_pfzE4hY
Le féminin sacré 1 — Script ! 1.8
▻https://www.youtube.com/watch?v=g1ogJPoBpso
Croyances wiccan, néo-païennes, sorcière autour de la femme. Essentialisme et gros clichés.
Mini critique au niveau de la forme de son podcast, je trouve que souvent elle ne fait pas de transition assez nette (avec des mots, ou avec des intonations) entre les passages de « son texte », et les passages citant les mouvements dont elle parle (et donc citant des choses publicitaires, essentialistes, non prouvées, etc, qu’elle n’approuve pas elle-même à priori). Quelqu’un qui entend de loin ou qui prend en cours sans connaitre, peut avoir l’impression que ce n’est pas une citation, mais une personne qui fait la pub de telle ou telle croyance.
#new_age #néo-païen #essentialisme #sorcière #femmes #Gwyneth_Paltrow #Méta_de_choc #Élisabeth_Feytit #audio #podcast
D’accord avec ta critique @rastapopoulos l’écoute de ses emissions demande de la concentration
BALLAST | L’#écoféminisme en question — par Janet Biehl
►https://www.revue-ballast.fr/lecofeminisme-en-question-par-janet-biehl
En 1991, l’essayiste étasunienne Janet Biehl faisait paraître son livre Rethinking Ecofeminist Politics : une critique résolue du mouvement écoféministe. Bien que consciente de la diversité des courants qui traversent ce dernier, l’autrice y perçoit un renoncement global à certains des idéaux du féminisme. Dans l’extrait que nous traduisons ici, Biehl dénonce tout particulièrement la réhabilitation de l’oikos — la maison —, du « foyer » et du « care » pour mieux louer la Cité, la chose publique, bref, la politique, entendue sous sa plume comme radicalement démocratique et écologique. Face à ce qu’elle perçoit comme des « replis mystiques régressifs » et un « dénigrement direct ou indirect de la raison », l’écologiste sociale enjoint à travailler à « un ensemble d’idées antihiérarchique, cohérent, rationnel et démocratique ».
ah bé c’est marrant, je venais juste d’enfin lire ya quelques heures le dernier chapitre de Sorcières, où @mona l’évoque à quelques pages de la fin :
Mais cet essentialisme, peut-on vraiment se satisfaire de le récuser, comme le fait par exemple Janet Biehl, qui fut proche du théoricien écosocialiste Murraya Mookchin ? Selon la philosophe Catherine Larrère, « pour libérer les femmes de la domination qui pèse sur elles, il ne suffit pas de déconstruire leur naturalisation pour les rapatrier du côté des hommes - celui de la culture. Ce serait ne faire le travail qu’à moitié, et laisser la nature en plan. La cause de la nature y perdrait, mais tout autant celle des femmes ». Les écoféministes, explique Émilie Hache, veulent pouvoir se réapproprier, investir et célébrer ce corps qui a été diabolisé (c’est le cas de le dire), dégradé et vilipendé pendant des siècles ; et elles veulent aussi pouvoir questionner le rapport guerrier à la nature qui s’est développé en parallèle. Le problème qui se pose à elles pourrait se résumer ainsi : « Comment (re)construire un lien avec une nature dont on a été exclue ou dont on s’est exclue parce qu’on y a été identifiée de force et négativement ? ».
Dans le même temps, elles refusent que la « nature » serve de prétexte pour leur imposer un destin ou un comportement normés tels que la maternité ou l’hétérosexualité. L’expérience méconnue du « retour à la terre » de communautés séparatistes lesbiennes dans les années 70 en Oregon témoigne bien de cette attitude (en plus d’avoir de quoi rentre catatoniques ceux qui, en France, sortent de leurs gonds à la simple idée que des femmes - ou des victimes du racisme - organisent une réunion non mixte de deux heures). "Pourquoi laisser aux hétérosexuels le monopole d’une sexualité « naturelle » et penser que les mouvements queer n’ont pu se développer que dans les villes, loin de la nature et contre celle-ci ?" interroge Catherine Larrère, qui ne voit « pas de raison de construire le féminisme sur le déni de la nature ».
Alors oui, mais du coup j’ai l’impression que c’est sans lien avec la critique de Janet Biehl évoquée au début du passage, puisque justement elle est écosocialiste…
Alors je ne sais pas si du coup elles parlent (@mona et Biehl) des mêmes écoféministes, puisqu’il y a plusieurs courants, et si on est capable de déterminer lesquelles sont les plus connues, les plus lues, les plus influentes ? Là dans l’article Biehl évoque Hamilton en disant qu’elle est une exception, mais que (c’est moi qui souligne)
pour l’essentiel, les écrits écoféministes sont remarquablement dépourvus de référence à la démocratie. L’approche la plus courante ignore complètement la question de la polis
[…]
Les nombreuses écoféministes qui ignorent complètement le sujet de la démocratie semblent penser que les « valeurs féminines » de « care et d’éducation » constituent une alternative pleine d’empathie naturelle à l’idéal démocratique, supposé froid, abstrait, individualiste et rationaliste — voire carrément « masculin »
#féminisme #éco-féminisme #éco-socialisme #care #démocratie #essentialisme (ou pas) #débat #Janet_Biehl
@antonin1
Dans Être écoféministe, Jeanne Burgart Goutal parle de cette diversité : les essentialistes, les matérialistes, les intersectionnelles... À la fin on a tout mélangé mais l’autrice nous dit que c’est pas grave. Elle mentionne Janet Biehl et est un peu critique envers elle mais ne l’assassine pas. J’ai le bouquin de Biehl chez moi mais je ne l’ai pas encore ouvert. Donc : pas d’avis !
Voir aussi
▻https://ecorev.org/spip.php?article711
pour le texte de Biehl
►https://www.lechappee.org/collections/versus/etre-ecofeministe
(Plein d’interv en lien.)
« Dans cette période de privatisation massive, nous ne pouvons pas permettre que ce qui subsiste de la sphère politique démocratique soit souillé par des penchants privatistes, particularistes, ou repliés sur l’oikos. Nous devons nous réapproprier la tradition politique de la démocratie radicale, nous battre pour la préserver et la généraliser. »
Le problème étant que la « démocratie radicale » ne peut exister que sur la base d’une réappropriation de la #subsistance par des communautés autonomes, et donc aussi en partie sur le « foyer ». Une fois de plus les progressistes oublient la base matérielle sur lesquelles leurs constructions politiques reposent...
Il me semble que c’est bien ce que professe généralement le courant écosocialiste (Biehl c’est courant Bookchin) donc ya pas d’oubli. Sauf que non pas au niveau d’un « foyer » même un peu étendu, mais plutôt à l’échelle d’une commune + des communes liées (et pour l’instant je ne pense pas non plus que là de nos jours, avec les ressources actuelles, les compétences des gens, etc, on puisse subvenir à tous les besoins de base, habitat + nourriture + habits, etc, au niveau d’un « foyer » seulement, alors qu’au niveau d’une commune ça s’imagine quand même). Mais donc au niveau d’une commune ça nécessite une démocratie non basée uniquement sur le foyer et le « care ». Enfin c’est ce que je comprends.
Coronavirus : Les femmes d’Etat gèrent-elles mieux la crise sanitaire que leurs homologues masculins, comme l’affirme un article de « Forbes » ? Pas si sûr
▻https://www.20minutes.fr/arts-stars/medias/2762875-20200418-coronavirus-femmes-etat-gerent-elles-mieux-crise-sanitair
#ESSENTIALISME Un article du magazine « Forbes » suggère que le faible nombre de morts du Covid-19 dans sept pays est lié au fait qu’ils sont gérés par des cheffes d’Etat
Par #Aude_Lorriaux. Le nom de la rubrique est énorme !
Ces pays ont obtenu de bons résultats, selon Forbes, parce que les femmes à la tête de ces pays ont fait preuve d’empathie, d’honnêteté, de détermination et de capacités de communication. « Il y a des années de recherche qui ont timidement suggéré que la façon de gouverner des femmes pourrait être différente, et être un atout. (…) Il est temps de le reconnaître, et de les mettre plus au pouvoir », en conclut l’article.
Au lieu de considérer que ce sont des femmes cheffes d’Etat qui permettent aux sociétés de mieux fonctionner, on ferait mieux de se demander si ce ne sont pas plutôt des sociétés plus égalitaires, soucieuses du bien commun, et où les femmes accèdent plus facilement au pouvoir, qui ne permettent pas tout simplement de mieux gérer ces crises. Autrement dit, le fait que des femmes sont au pouvoir dans ces sociétés où les crises sont bien gérées n’est qu’un symptôme, et non une cause. « La présence de femmes n’est peut-être que le révélateur de sociétés plus à même de gérer des crises comme celle que l’on traverse », résume Hélène Périvier.
Excellent !
#femmes #gouvernance
L’article évacue la Belgique, dirigée par Sophie Wilmès comme première ministre, alors que ce pays a, de très loin, la pire situation en nombre de mort par habitant. Même quand on la compare a ses voisins de population ou taille comparable (Pays-Bas, Suisse, Danemark, Irlande, Autriche)
▻https://observablehq.com/@fil/covid-19-derived-chart#%7B%22countryFilter%22%3A%5B%22Austria%22%2C%22
Oui, c’est vrai que Forbes a d’emblée écarté cet exemple, que @supergeante avait loué ici même !
Pour cet article, en Allemagne ce n’est pas parce que c’est une femme, mais parce qu’elle a un doctorat en chimie, et qu’elle réfléchit donc de manière plus scientifique et raisonnée que bien d’autres dirigeants :
▻https://www.courrierinternational.com/article/analyse-lallemagne-peut-dire-merci-sa-scientifique-en-chef-an
C’est multi-factoriel... On a un régime monarchique, qui est structurellement moins fichu pour prendre de bonnes décisions que des régimes basés sur le compromis. Merkel n’aurait jamais accédé au pouvoir en France, où il faut des bitasses arrogantes pour arriver jusque là.
On est latin·es et ça doit compter aussi (les trois pays les plus impactés en Europe sont l’Italie, l’Espagne et la France mais notre civisme douteux n’a été sollicité qu’à partir du 12 mars et la crise sanitaire s’est déployée avant).
J’aime bien cet article parce qu’il explore plein de pistes et qu’il est assez fin... Plus que l’autre, qui présentait l’Allemagne comme un paradis égalitaire !
La plus récente mode du patriarcat a pour nom « théorie queer » | TRADFEM
▻https://tradfem.wordpress.com/2020/04/08/la-plus-recente-mode-du-patriarcat-a-pour-nom-%E2%80%89theorie-qu
Comment en sommes-nous arrivées là ? La genèse du problème se trouve dans le travail de Judith Butler, qui est considérée comme précurseure de la « théorie queer », et qui est l’auteure la plus étudiée dans le monde universitaire en tant que « théoricienne féministe ». Mais pour qu’une contribution soit féministe, elle doit, en premier lieu, être pensée en termes collectifs, car sinon il ne s’agit pas d’un mouvement social ; et, en second lieu, elle doit avoir un potentiel révolutionnaire. La vérité est que les formulations de Butler ne satisfont aucune de ces deux prémisses.
La mal nommée « Troisième vague » (dans l’historiographie anglo-saxonne) sous l’égide de Butler, a rejeté l’existence de caractéristiques communes et homogènes aux femmes, c’est-à-dire qu’elle a désavoué le système sexe-genre qui avait jeté les bases de la théorie féministe depuis la Deuxième vague. Ce système a été concrétisé par les féministes universitaires de la fin des années 1960 et du début des années 1970, qui ont développé la proposition de Beauvoir selon laquelle « on ne naît pas femme, on le devient ».
Cette expression fait référence au fait que les caractéristiques humaines « féminines » ne sont pas le résultat de la nature biologique, mais qu’elles ont été acquises par un processus individuel et social complexe. Ainsi, elles ont établi une distinction entre le sexe et le genre, comprenant le premier comme l’ensemble des caractéristiques biologiques qui distinguent le mâle de la femelle, et le second comme la panoplie des rôles et attributs attribués à chaque catégorie sexuelle. Par conséquent, le genre a été compris comme une construction sociale, ce qui a permis de mettre fin aux théories déterministes biologiques qui considéraient les femmes comme naturellement inférieures aux hommes.
Cependant, Butler va affirmer que ce n’est pas seulement le genre qui est une construction culturelle, mais aussi le sexe, éliminant ainsi toutes les caractéristiques communes aux femmes. Suivant la notion de « déconstruction » introduite par le postmodernisme, Butler a préconisé la déconstruction de la catégorie « femmes », en faisant valoir qu’une telle catégorie n’existe pas.
Si le genre est une apparence, il est impossible de discerner la parodie du réel, et si le réel n’existe pas, tout pouvoir révolutionnaire est perdu. On ne voit pas clairement comment le changement dans la société se produirait à partir d’une performance intime — et non collective — ni comment cette théorie reflète la violence réelle subie par les femmes. Pour paraphraser la féministe radicale Sheila Jeffreys : « Si un homme maltraite une femme, est-ce parce qu’elle adopte le genre féminin dans son apparence extérieure ? », et surtout, cette violence prendrait-elle fin si elle adoptait le genre masculin et portait une chemise de travail ?
Le problème est que la suprématie masculine n’est pas perpétuée parce que les gens « ne comprennent pas » que le genre est une construction sociale, mais parce qu’il répond aux intérêts des hommes. Le fait qu’ils réalisent qu’ils peuvent se maquiller ne conduirait pas à l’abandon des privilèges économiques, émotionnels et sexuels que leur accorde la société patriarcale. Certains critiques culturels ont affirmé que Madonna rompait avec l’idée de rigidité des genres en adoptant la féminité comme représentation. Pour bell hooks, Madonna ne remettait pas en cause les règles de la suprématie masculine ou blanche, mais s’y conformait et les exploitait.
Butler pense que le fait de nommer les femmes a renforcé le système binaire, qui était la source de l’oppression et l’oppression elle-même. Mais si vous ne pouvez pas nommer les femmes, vous ne pouvez pas nommer la violence qu’elles (nous) subissent : elle cesserait d’être commune aux femmes, mais répondrait à des situations spécifiques sans rapport. Si nous ne pouvons pas parler des femmes et de ce qui nous unit, pourquoi nous battons-nous ? Pourquoi nos ancêtres ont-elles combattu pendant des siècles ? Alors qu’on tente de nous convaincre d’abandonner les catégories « femme » et « homme », les premières continuent à être tuées et violées par les seconds, chaque jour, partout dans le monde. Nous ne pouvons pas lutter contre le patriarcat — dont nous connaissons l’existence, si quelqu’un en doute, parce que nous le vivons tous les jours — sans nommer les opprimées et les oppresseurs. Sans les femmes, il n’y a pas de féminisme. Sans féminisme, il n’y a pas de femmes.
Butler : "Il y a dans la théorie queer un certain anti-féminisme." (dans Humain, inhumain)
#queer #féminisme #femmes #essentialisme
« Qu’est-ce qu’une femme ? », la question qui oppose activistes trans et féministes radicales
►http://www.slate.fr/story/185381/feminisme-feministes-critiques-genre-gender-critical-terf-activistes-trans-def
Certaines militantes refusent qu’un ressenti d’identité de genre suffise à déterminer qui est une femme. Connues sous le nom de « TERF », elles préfèrent se définir comme « critiques du genre ».
En juillet 2018 au Canada, l’activiste transgenre Jessica Yaniv a porté plainte pour discrimination contre une esthéticienne qui avait refusé de lui faire une épilation brésilienne.
Yaniv est une femme trans, et lorsqu’elle a précisé qu’elle avait des organes génitaux masculins, l’esthéticienne a annulé le rendez-vous. Cette dernière a expliqué qu’épiler des organes génitaux masculins la mettait mal à l’aise et qu’elle n’était pas formée à ce genre d’épilation intime.
Pour Yaniv, il s’agissait d’une discrimination transphobe ; en octobre 2018, un tribunal de Colombie-Britannique a pourtant donné raison à l’esthéticienne. Selon son avocat, « aucune femme ne devrait être obligée de toucher des organes génitaux masculins contre son gré, quel que soit le genre de la personne ».
La plainte de Jessica Yaniv est extrême et a été critiquée par d’autres activistes trans au Canada, mais son procès permet de comprendre le débat qui fait rage entre féministes radicales et activistes trans, notamment en Amérique du Nord et en Angleterre.
Si, comme Yaniv, une personne née homme peut se dire femme, donc déterminer son propre genre et demander l’accès à certains espaces ou services, les droits des personnes trans représentent-ils alors une menace pour les droits des femmes ?
C’est ce que pensent certaines féministes radicales, qui se décrivent comme « gender critical » (« critiques de la notion de genre ») et que leurs adversaires qualifient de « TERF », pour « trans exclusionary radical feminists », soit des féministes radicales excluant les personnes trans.
Le cas Yaniv montre que l’idée que « les femmes trans sont des femmes », le slogan revendiqué par les activistes, peut s’avérer compliquée dans certains cas pratiques précis –le sport de compétition est un autre exemple controversé.
Elle explique au magazine The Stranger : « Si Aimee Stephens avait dit : “Je suis un homme qui veut porter une jupe et le droit [contre la discrimination basée sur les stéréotypes de genre] me protège”, alors WoLF l’aurait probablement soutenue. Mais Aimee Stephens dit : “Je suis une femme et les femmes portent des jupes.” Cela devrait être choquant pour toutes les personnes qui ne se conforment pas à la binarité de genre. »
Certaines militantes refusent qu’un ressenti d’identité de genre suffise à déterminer qui est une femme. Connues sous le nom de « TERF », elles préfèrent se définir comme « critiques du genre ».
Je ne suis pas trop d’accord. On peut lutter contre l’auto-identification (je suis une femme parce que je dis être une femme), soit penser le genre comme un fait social qui implique un regard social (être une femme, c’est vivre une vie de femme car on est perçue comme une femme) sans être critique du genre ou trans-exclusive.
C’est vraiment un coup assez malsain, de confondre auto-identification et acceptation des femmes trans. Et de se tenir à un être une femme c’est ou bien c’est avoir un utérus ou bien c’est dire qu’on est une femme. Car entre les deux il y a l’existence sociale en tant que femme. Il se trouve que c’est la solution la moins commode mais c’est celle qui a été adoptée par la France et elle n’est pas incompatible avec les droits des trans.
Les activistes trans pensent que ces obligations sont excessives, alors que les féministes radicales s’opposent au fait que l’on puisse devenir femme aux yeux de la loi par simple déclaration. Leur définition de la femme est basée sur des propriétés biologiques communes, comme les chromosomes, l’anatomie et les hormones.
Ça contribue à faire du débat une guerre de tranchées sans nuance - et qui est au passage la plus violente qu’on ait vue contre les féministes. Aucun mouvement masculiniste ne s’est attaqué à des féministes avec un tel succès : censure sur Twitter et IRL (bibliothèques de Seattle, Vancouver et Toronto et j’en oublie en Europe, voir @tradfem qui traduit ces philosophes critiques qu’on essaie de faire taire), saccage de la bibli des femmes à Vancouver, attaque physique contre une féminine sexagénaire au Royaume-Uni. C’est hallucinant, de se dire que des mouvement trans réussissent à faire taire des féministes là où tant d’autres ont échoué.
#féminisme
PS : Yaniv n’a attaqué que des femmes asiatiques travaillant en indépendantes, donc vulnérables, et il se trouve qu’elle a publié des propos racistes appelant le Canada à ne pas accueillir d’immigration d’origine asiatique...
Attention, suivant le contexte « critique du genre » peut parfaitement correspondre, puisque les féministes radicales non essentialistes critiquent justement le fait même qu’on ait besoin de genre càd le fait que socialement on associe des stéréotypes sur tous les plans de la vie (habits, métiers, sexualités, etc) aux personnes qui ont tel ou tel critère physique, et que donc à la base ya tout un mouvement pour « abolir le genre », et non pas pour le choisir soi-même.
« Critique du genre », oui c’est plus vaste et j’imagine que les féministes qui utilisent cette expression le font pour agrandir leur front. C’est surtout caricaturer tout refus de l’auto-identification en trans-exclusivité qui est débile. Caricaturer l’autre, ça fait partie de la violence entre groupes politiques de toute manière.
Entre tout ça, l’auto-identification et la réduction du genre au sexe, il y a « je me sens femme, donc j’endosse cette identité sociale, je suis perçue comme une femme et j’ai cette expérience en commun avec les autres femmes ». L’auto-identification donne l’occasion de vivre une vie de femme et de faire cette expérience sociale et c’est ces bases-là qui sont intéressantes politiquement, pas des sentiments individuels.
Certaines femmes trans féministes disent même que c’est le regard social et le traitement comme une meuf qui a fait d’elles des femmes. Celles qui s’en tiennent à leurs sentiments individuels sortent des clichés sur la féminité (sexe faible, douceur, beauté) qui font tousser des femmes.
J’ai une copine qui s’en veut encore de la complaisance avec laquelle elle a reçu une personne avec un corps visiblement masculin et une expression de genre masculine dans un festival lesbien interdit aux hommes. Le type (c’est comme ça qu’elle l’a perçu) étant pas du tout agressif ou moqueur et apparemment sincère, elle l’a laissé rentrer sans l’interroger sur son arbitrage entre ses besoins (être reconnu comme une femme et participer à un moment entre femmes) et les besoins de... 500 femmes dont la moitié est venue de l’autre bout du pays pour participer à un moment entre femmes sans ces personnes qui cumulent corps masculin et expression de genre masculine (il y a des butch au festival, des femmes trans mais personne identifiable à un homme cis). Elle m’a aussi dit qu’elle a regretté de ne pas lui avoir montré une expo qu’il y avait sur les insultes sexistes, des dizaines collées au mur qui donnent à voir ce que c’est d’être une femme : pas se dire dans sa tête qu’on est une femme mais être traitée comme telle. Le mec n’est pas revenu mais il a mis le malaise à 500 meufs pendant une soirée. Et sans qu’on ose le lui dire, puisqu’il y a beaucoup de refus de débattre et de demander des comptes sur cette question et donc beaucoup d’auto-censure.
Il est logique que les idées des féministes critiques du genre soient combattues, dans la mesure où certaines de leurs positions mènent de fait à l’exclusion des personnes trans et à la négation de leur expérience.
Mais le problème est que certain·es activistes trans font pression pour qu’un nombre toujours croissant d’opinions et de déclarations soient considérées comme transphobes, même lorsque c’est discutable
combattues > débattues, non ?
Des fois des journalistes font de super synthèses sur des questions très riches, des fois c’est des trucs assez nuls et confus ou bien maladroits. J’ai l’impression tout le long qu’elle essaie de garder un certain équilibre alors qu’elle a choisi son camp et oppose les deux assez bêtement.
Ou c’est peut-être la trad...
▻http://www.slate.fr/source/19823/claire-levenson
« Face à l’effondrement, il faut mettre en œuvre une nouvelle organisation sociale et culturelle »
Par Agnès Sinaï, Pablo Servigne, Yves Cochet
Le Monde du 23 juillet 2019.
Vivre avec la fin du monde 1/6.
Trois membres de l’Institut Momentum appellent à assumer l’effondrement systémique global qui vient pour préparer l’avènement d’une société « résiliente ».
La fin de notre monde est proche. Une ou deux décennies, tout au plus. Cette certitude qui nous habite désormais, et qui a bouleversé nos croyances et nos comportements, est le résultat d’observations scientifiques nombreuses et variées sur l’évolution du système Terre, mais aussi de l’expression de caractéristiques banales de l’espèce humaine lorsqu’un événement extraordinaire s’annonce.
Depuis une trentaine d’années, les études et les rapports scientifiques ne cessent d’augmenter la plausibilité d’un seuil climatique planétaire qui fera basculer le système Terre dans un état inconnu, nanti de températures moyennes plus hautes que depuis un million d’années. La probabilité d’un tel futur proche est aujourd’hui plus élevée que celle de tout autre scénario prospectif.
Ce n’est plus une question de « si », c’est une question de « quand ». En examinant les centaines de travaux afférents, depuis le premier rapport du Club de Rome – Les Limites à la croissance – en 1972, jusqu’au récent rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) – « Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C » –, en octobre 2018, on peut estimer la date de passage de ce seuil planétaire entre 2020 et 2040.
Trajectoire chaotique
Ce seuil critique global est la conséquence de multiples boucles de rétroaction autorenforçantes entre éléments du système Terre, dévasté par un siècle de libéral-productivisme. Ainsi, pour le seul cycle du carbone, la fonte du permafrost sibérien, l’affaiblissement du pouvoir de séquestration du carbone par les terres et les océans, la déforestation de l’Amazonie et celle des forêts boréales constituent des boucles de rétroaction qui accélèrent le dérèglement climatique.
Ces rétroactions s’étendent à tous les sous-systèmes de la Terre, intensifiant ainsi l’érosion de la biodiversité, et réciproquement. Cette trajectoire chaotique du système Terre conduit les sociétés humaines vers un effondrement systémique global : passé ce seuil de bascule, le chaos sera tel qu’aucun Etat ne sera plus capable de faire respecter la loi, de contrôler les armes, de lever des impôts.
Cependant, ce basculement n’est que la composante objective de l’effondrement. Deux caractéristiques cognitives de l’espèce humaine transforment la plausibilité géobiophysique de l’effondrement en une certitude politique. La première s’énonce comme suit : l’immensité (c’est-à-dire l’imminence et l’ampleur) de la catastrophe « éco-anthropologique » est telle qu’elle excède nos capacités de compréhension, aussi bien de perception que d’imagination. Elle est irreprésentable, démesurée, supraliminaire, comme dit le philosophe Günther Anders. La seconde relève de la spécularité des croyances et des comportements : une personne informée de l’effondrement rapproché ne se demande pas si elle veut changer sa vie – c’est-à-dire diminuer drastiquement son empreinte écologique –, mais seulement si elle le ferait au cas où un certain nombre d’autres le feraient aussi.
Ainsi, l’effondrement est inévitable non parce que la connaissance scientifique de son advenue est trop incertaine, mais parce que la psychologie sociale qui habite les humains ne leur permettra probablement pas de prendre les bonnes décisions, au bon moment. Il existe souvent plusieurs manières de résoudre un problème local ou circonscrit, mais affronter tous les problèmes ensemble et globalement rend le coût d’éventuelles solutions si élevé que seul le déni s’avère être la réponse adaptée. C’est ce déni de masse qui garantit que l’effondrement est certain.
Stress prétraumatique
De nombreuses populations subissent déjà les conséquences des catastrophes globales, des dérèglements écosystémiques et des pollutions diverses. Les classes sociales vulnérables et les pays pauvres (et on ne parle même pas des organismes non humains) subissent déjà des traumatismes qui commencent à être connus (stress, dépression, démence, suicides, maladies, etc.) et qui annoncent tout simplement notre avenir psychique à nous, les privilégiés.
La prédiction même d’une catastrophe peut faire souffrir. On sait que l’annonce de dégradations à venir provoque déjà ce que les psychologues appellent le stress prétraumatique, autrement dit les effets néfastes de la peur du futur. Ainsi sommes-nous confrontés à un dilemme : comment annoncer que la maison brûle — et qu’elle sera détruite — sans faire peur à ses habitants ? Si vous étiez pompiers, que feriez-vous ? Il faut le dire, bien sûr, le crier haut et fort, avec fermeté et bienveillance. Puis, tout en se concentrant sur l’incendie, prendre soin de certains habitants traumatisés, et motiver tout le monde à sauver ce qui doit l’être.
Prendre soin. Voilà ce qui manque cruellement à notre époque, et cela constitue une bonne partie de la réponse à la question : comment vivre la fin du monde ? Prendre soin de nous-mêmes, des autres, des non-humains. Prendre soin de notre psyché, des émotions que tout ce chaos génère, c’est-à-dire accueillir par l’écoute : tristesse et désespoir, colère et rage, inquiétude et peur. Tous ces affects sont parfaitement normaux. Pire, ils vont s’intensifier ! Il ne s’agit nullement de se complaire dans ces marais émotionnels, mais d’apprendre à les traverser individuellement et collectivement, à les côtoyer, afin de ne pas se laisser emporter, et trouver les ressources pour organiser la suite, pour résister.
Mais comment résister à la fin du monde ? Ou plutôt, comment faire émerger un autre monde possible à partir de celui-ci ? La première piste est à rechercher du côté de la permaculture en tant que vision du monde et science pragmatique des sols et des paysages. Le néologisme « permaculture » a été forgé en Australie par Bill Mollison et David Holmgren, à partir de la contraction de deux termes : « permanent » et « agriculture », mais aussi « permanent » et « culture ». Depuis la Tasmanie, berceau de leur prise de conscience, ils formulent l’hypothèse d’un effondrement des subsides énergétiques injectés dans le système agro-industriel. Dès lors, la permaculture devient plus qu’une technique agricole : c’est une autre façon de concevoir le monde, un changement philosophique et matériel global. C’est une vision éthique des sociétés futures, qui seront confrontées à l’évolution des régimes énergétique et climatique.
Aujourd’hui plus que jamais, il s’agit de rejeter les leurres de la croissance verte afin de revenir à une juste mesure en réduisant considérablement notre empreinte sur le monde. Ce qui veut dire mettre en œuvre immédiatement une nouvelle organisation sociale et culturelle, qui valorise la lenteur et enseigne les boucles de rétroactions, les liens de cause à effet, les mutualismes, la complexité. Dans la société permaculturelle, les réseaux ne sont plus invisibilisés, la frontière entre producteur et consommateur s’estompe dans un contexte de simplification progressive des mégasystèmes. Aussi bien par nécessité de résilience (dans la perspective d’un effondrement des sociétés industrielles) que par éthique des ressources, il s’agit de boucler les cycles, de passer d’une économie extractiviste de stocks à une économie renouvelable de flux. Le nouveau paysage permaculturel se veut directement comestible, au plus proche des habitants, qui eux-mêmes deviennent acteurs de ces nouveaux diagrammes alimentaires et énergétiques. Les paysages se déspécialisent, les fonctions se diversifient.
Il en résulte une deuxième piste d’action, autour de nouvelles formes politiques territoriales ancrées dans le soin des paysages, œuvrant à la résilience des établissements humains face au nouveau régime climatique. Ces nouveaux territoires prennent le nom de « biorégions » et se substituent aux découpages administratifs actuels grâce à un changement général d’échelle et à une politique de décroissance. Les biorégions permettront, avant, pendant et peut-être après l’effondrement, d’organiser des systèmes économiques locaux territoriaux où les habitants, les manufactures et la Terre travailleront en coopération. La dynamique biorégionale stimulera le passage d’un système hyperefficient et centralisé à une organisation forgée par la diminution des besoins de mobilité, la coopération, le ralentissement, composée d’une multitude de dispositifs et de sources d’énergie. La civilisation automobile et l’agriculture intensive n’auront plus leur place dans cette nouvelle configuration. Les biorégions seront les territoires du ressaisissement.
Des sociétés conviviales et de proximité
La troisième voie de la résistance est celle d’un imaginaire social libéré des illusions de la croissance verte, du productivisme et de la vitesse, actionnées par les entreprises transnationales. La ville connectée, emblème d’une techno-euphorie totalement hors-sol, laissera la place à des bourgs et des quartiers off the grid (« hors réseau ») autoproducteurs d’énergie. Le nombre de véhicules sera réduit au strict minimum, les flottes seront administrées par les communes (libres !), tandis que les champs redessinés en polyculture pourront être traversés à pied. Des axes végétaux résorberont les infrastructures de la vitesse ainsi que les friches industrielles. Qui dit sociétés résilientes dit sociétés conviviales et de proximité. Aujourd’hui, chaque métropole occidentale requiert pour son fonctionnement une vaste partie de la planète. Demain, il en sera autrement, en raison de l’effondrement inéluctable des grands réseaux et de l’économie mondialisée, sur fond de bouleversements climatiques.
Voilà trois pistes, mais il y en aura d’autres. Vivre avec la fin du monde passe nécessairement par un constant effort d’imagination pour arriver à dégager de nouveaux horizons, à les inventer, afin de refermer le couvercle du nihilisme, du mal absolu, du « tout est foutu ». Ce chantier politique ne peut être que collectif. Il faut un récit commun pour rester soudés. Certes, le récit de l’effondrement comporte des risques et des écueils, comme tout récit, mais il est puissant et a plusieurs mérites : il évite le catéchisme de la croissance, il réactive une vision cyclique des choses en appelant une renaissance, et surtout il dit que c’est maintenant ou jamais. Il nous rapproche de l’idée de la mort. D’ailleurs, n’est-ce pas ce que la philosophie nous enseigne depuis des siècles ? Apprendre à bien vivre, c’est apprendre à bien mourir, à prendre conscience de notre statut de mortel, radicalement vulnérable, humble, interdépendant des autres êtres vivants et de notre milieu de vie.
Agnès Sinaï est journaliste environnementale. Chargée de cours à Sciences Po, elle a fondé l’Institut Momentum en 2011, laboratoire d’idées dont elle a dirigé les trois tomes des Politiques de l’anthropocène (parus aux Presses de Sciences Po).
Pablo Servigne a une formation d’agronome et d’éthologue. Chercheur « in-terre-dépendant », auteur et conférencier, il est coauteur de plusieurs livres, dont Une autre fin du monde est possible (Seuil, 2018).
Yves Cochet, militant écologiste depuis quarante ans, a été député de 1997 à 2011, ancien ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement (2001-202) puis député européen jusqu’en 2014. Depuis lors, il préside l’Institut Momentum.
►http://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/22/face-a-l-effondrement-il-faut-mettre-en-uvre-une-nouvelle-organisation-socia
La phrase qui me paraît la plus remarquable est celle-ci :
"Ainsi, l’effondrement est inévitable non parce que la connaissance scientifique de son advenue est trop incertaine, mais parce que la psychologie sociale qui habite les humains ne leur permettra probablement pas de prendre les bonnes décisions , au bon moment."
Voilà une belle manière de naturaliser le #capitalisme ! Les structures de pouvoir, l’État, les entreprises, les institutions, les classes sociales, l’économie, l’industrie et la dynamique du marché capitaliste, etc. tout ça n’existe pas pour nos collapsologues. Non, c’est juste la #nature_humaine qui est responsable du désastre. C’est juste les individus qui ne prennent pas les "bonnes décisions".
Comme le disait Margaret Thatcher : "la société n’existe pas, il n’y a que des individus qui poursuivent leurs intérêts..." (de mémoire).
A un tel degré de #bêtise_politique, on peut se demander à quoi et à qui vont servir ces crétins et leurs dupes. Une chose est sûre, certainement pas à l’avènement d’une société émancipée des formes de domination dont ils ne veulent pas voir l’existence ni penser le rôle politique dans le maintien du statu quo ...
Collapso, collabos ?
#collapsologie, #naturalisation, #essentialisme, #pseudo-critique.
Tuerie en Nouvelle-Zélande : osons parler d’un terrorisme raciste et... masculiniste - Axelle Mag
▻https://www.axellemag.be/tuerie-nouvelle-zelande-racisme-masculinisme
Pourquoi les tueries de masse sont-elles le fait d’hommes ?, demande l’avocate Selma Benkhelifa dans cette carte blanche. Peut-être faut-il chercher une réponse à cette question dans les motivations masculinistes des auteurs.
Selma Benkhelifa, avocate et membre du Progress Lawyers Network, collabore régulièrement à notre magazine. Retrouvez ici son interview issue de notre hors-série n° 205-206.
Christchurch, Nouvelle-Zélande, 50 morts dans une tuerie raciste. Ce sont deux mosquées qui ont été attaquées. La tuerie est clairement islamophobe. S’il faut avant tout dénoncer le racisme du tueur d’extrême droite et dénoncer ses références nauséabondes à la théorie du « grand remplacement », il faut aussi souligner les aspects masculinistes de la tuerie. Je ne suis pas sociologue et je ne prétends pas avoir de données scientifiques. Je me pose juste des questions en tant que féministe et antiraciste, parce que je trouve que cet aspect est négligé.
Les tueries de masse – que le FBI décrit comme quatre meurtres ou plus survenant lors d’un événement particulier, sans répit entre les meurtres – sont toujours le fait d’hommes. Que ce soit une tuerie raciste ou un jeune déboussolé qui tue indistinctement dans son école, ce sont des hommes. Il n’y a quasiment aucun exemple de tuerie de masse commise par une femme.
Une cause évidente du passage à l’acte est le nombre d’armes en libre circulation. Jacinda Ardern, la très digne Première ministre de Nouvelle-Zélande, l’a immédiatement compris, contrairement à tous les présidents américains qui ont dû faire face à ce type de massacres. La première mesure à prendre est donc d’interdire la vente d’armes lourdes à des particuliers.
Pourquoi toujours des hommes ?
Cependant, au-delà du retrait des armes en circulation, la question de savoir pourquoi ce sont toujours des hommes qui sont auteurs de tueries doit être posée.
La fascination pour les armes est souvent plus masculine. Pourtant, il y a des femmes qui chassent ou collectionnent les armes à feu. La personnalité des tueurs se caractérise par un dérangement mental et un narcissisme important. Cependant, des femmes dérangées et narcissiques, ça existe aussi. La réponse ne vient donc pas de là.
Il y a quelques pistes ouvertes à la réflexion, en particulier celles explorées par le sociologue américain Michael Kimmel pour comprendre les fondements de cette violence masculine mortifère. Selon lui, le principal point commun entre les auteurs des tueries de masse est le refuge qu’ils ont trouvé dans une « masculinité toxique » et dans une violence quasiment « sacrée » qui s’exerce pour dominer autrui.
Peut-être faut-il aussi chercher une explication dans les motivations masculinistes des auteurs. Pour revenir à Christchurch, le « grand remplacement » est une théorie masculiniste. L’idée est de reprocher la « crise civilisationnelle » non pas au capitalisme, mais au féminisme. Si on résume cette théorie fumeuse, les droits des femmes, leur émancipation et le planning familial sont la cause de la baisse de natalité en Occident. Puisque dans d’autres contrées, la natalité est beaucoup plus importante, le « remplacement » serait inévitable. La maternité n’est vue que comme une arme de pouvoir entre les mains des hommes, les femmes qui accouchent ne sont que les outils. Logiquement, la crainte du remplacement est aussi utilisée pour lutter contre le droit à l’avortement.
Cette théorie, chère à la droite identitaire, est enfin utilisée contre les droits des homosexuel·les, le spectre du remplacement était présent pendant les « manifs pour tous » contre le droit au mariage pour les couples homosexuels.
La théorie du « grand remplacement » est donc une construction contre les droits des migrant·es, des musulman·es, des femmes, des homosexuel·les… L’homme blanc, hétéro, chrétien, fort et travailleur serait le seul vrai Français, vrai Belge, vrai Américain, vrai Néozélandais. C’est le mantra des suprémacistes blancs.
C’est peut-être cela, le point commun entre les différents tueurs de masse, et ce qui explique que ce sont tous des hommes. Ils sont convaincus de leur supériorité et de la légitimité de celle-ci : tout ce qui ébranle cette certitude (une déception personnelle, un échec, la défaite de Marine Le Pen aux élections…) met à mal toute la construction identitaire.
Depuis l’avènement du patriarcat, les femmes ne sont jamais absolument convaincues de leur supériorité. Même les plus racistes des femmes ne sont jamais dans cette position de suprématie absolue. Tuer des gens sans défense, indistinctement, c’est un acte de pouvoir absolu : aucune femme ne ressent ce besoin de pouvoir absolu. Il ne s’agit bien évidemment ni d’une certitude ni d’une affirmation scientifique. Juste une piste de réflexion. Dans un monde selon les femmes, un tel drame aurait-il été possible ?
Pas trop d’accord avec la conclusion que je trouve trop essentialiste et pour laquelle j’ai des contre exemples.
#virilité #domination_masculine #masculinisme #misogynie #male_entilement #essentialisme #masculinité
La plongée des « collapsologues » dans la régression archaïque – Daniel Tanuro
►http://www.contretemps.eu/critique-collapsologie-regression-archaique
A l’heure où la jeunesse de différents pays entame des mobilisations de masse face à la catastrophe climatique, se pose de façon d’autant plus urgente la nécessité de débattre des cadres d’analyses et des réponses politiques face à la crise environnementale. Parmi les courants de pensée les plus récents sur le marché éditorial, la collaposologie[1] s’avère être un succès de librairie, en particulier grâce aux livres co-écrits par Pablo Servigne. Ce succès, largement porté par une campagne publicitaire des plus classiques, est-il un bon signe pour les luttes écologiques et sociales ? Ou n’obscurcit-il pas les horizons émancipateurs que de telles luttes sont à même dessiner ?
« Le regard tourné vers l’avant est d’autant plus pénétrant qu’il est conscient. L’intuition, authentique, se veut nette et précise. Ce n’est que si la raison se met à parler que l’espérance, vierge de toute fraude, recommence à fleurir » (Ernst Bloch)
Dans leur ouvrage Comment tout peut s’effondrer, paru en 2014, Pablo Servigne et Rafaël Stevens créaient le concept de « collapsologie », qu’ils définissaient comme suit :
« La collapsologie est l’exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de notre civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder, en s’appuyant sur les deux modes cognitifs que sont la raison et l’intuition et sur des travaux scientifiques reconnus ».
Ce n’était qu’un point de départ. En 2017, Pablo Servigne signait un deuxième ouvrage – L’autre loi de la jungle – avec Gauthier Chapelle. Les auteurs y reprenaient la thèse de l’anarchiste russe Kropotkine qui, dans un essai célèbre, paru en 1902, défendait l’idée – déjà émise par Marx et Engels – que l’évolution des espèces ne résulte pas seulement de la compétition, mais aussi de l’entraide[2]. Enfin, en octobre 2018, le trio Servigne-Chapelle-Stevens signait Une autre fin du monde est possible. Vivre l’effondrement et pas seulement y survivre.
L’impact de cette trilogie mérite qu’on s’y arrête. Les « collapsologues » jouissent en effet d’une grande renommée, dans des milieux extrêmement différents. D’une part, ils sont fort populaires sur les réseaux sociaux, dans des mouvances alternatives et auprès de nombreux/ses activistes de la mouvance écologique radicale. D’autre part, ils ont été reçus à Bercy et à l’Elysée, invités par les fédérations patronales de Belgique et de Suisse et les plus grands médias mainstream ont amplement commenté leurs écrits. Certains journaux dits « de qualité » ont même été jusqu’à saluer en eux les fondateurs d’une nouvelle discipline scientifique…Qu’est-ce donc qui suscite tant d’intérêt, voire d’engouement ?
On se concentrera ici sur le dernier livre paru, Une autre fin du monde est possible. Pablo Servigne et ses amis y répondent implicitement à certaines critiques, en ignorent d’autres et approfondissent des thèmes développés précédemment. La grande nouveauté de l’ouvrage est de proposer aux lecteurs de passer de la « collapsologie » à la « collapsosophie », autrement dit de la science de l’effondrement à la philosophie de l’effondrement. On verra que cet exercice ambitieux les entraîne vers des conceptions fort discutables, et même dangereuses.
Eh bé ça va loin là…
D’emblée, le lecteur est frappé par une contradiction : Servigne, Stevens et Chapelle découvrent l’écoféminisme… mais Une autre fin du monde n’évoque ni la lutte des femmes pour leur émancipation, ni la nécessité d’un mouvement autonome des femmes, ni la place centrale de ce mouvement dans les combats contre la destruction environnementale et sociale. Les auteurs préfèrent développer l’idée que les « archétypes féminin et masculin » sont « des polarités qui ne s’opposent pas ». Estimant que « les hommes souffrent aussi de la blessure secrète du patriarcat », ils plaident pour la « réconciliation hommes-femmes » et nous invitent à pratiquer à cet effet des « rituels initiatiques ».
C’est là que la « collapsosophie » dérape pour plonger dans la régression archaïque, non seulement en paroles, mais en actes. Question rituels, les auteurs recommandent en effet leurs bonnes adresses : aux lecteurs mâles, ils conseillent de suivre, comme ils l’ont fait eux-mêmes, les week-ends d’initiation du « nouveau guerrier » (New Warrior Training Adventure) organisés par le ManKind Project, dont ils chantent les louanges.
Ce ManKind Project est un business mis sur pied par trois étasuniens à l’initiative d’un certain Bill Kauth. Pour celui-ci, psychothérapeute jungien, il s’agissait de répondre à la vague féministe des années quatre-vingts. Impressionné par le potentiel émancipateur des groupements féministes, Kauth décida de mettre sur pieds des groupes non mixtes censés permettre aux hommes aussi de se libérer, en retrouvant leurs racines profondes et leur âme de mâles « adultes et sains ». Bref, en assumant leur archétype masculin.
Merci @aude_v !
#Daniel_Tanuro avait déjà écrit des articles un peu critiques sur ce sujet :
Une critique de la « collapsologie » : C’est la lutte qui est à l’ordre du jour, pas la résignation endeuillée
▻https://www.gaucheanticapitaliste.org/leffondrement-des-societes-humaines-est-il-inevitable-une-cri
Crise socio-écologique : Pablo Servigne et Rafaël Stevens, ou l’effondrement dans la joie
▻http://www.lcr-lagauche.org/pablo-servigne-et-rafael-stevens-ou-leffondrement-dans-la-joie
Et il y a un article de Pierre Thiesset dans de numéro de mars de La Décroissance qui montre bien comment ces "scientifiques" se font les dupes volontaires et enthousiates de diverses mystoqueries...
Critique de : #effondrement #collapsologie #catastrophe #fin_du_monde #it_has_begun #Anthropocène #capitalocène
Mais on l’ajoute quand même à la troisième compilation :
►https://seenthis.net/messages/680147
Ceci dit, chez Adrastia, ils ont même prévu un kit de « résilience » : une sacoche de biffetons bien planquée sous un matelas (et quelques marchandise trocables accumulées en réserve), solutions on ne peut plus efficace pour assurer sa survie en milieu hostile : chacun pour soi et la monnaie pour tous. Mais c’est tellement « bien argumenté », que ces vieux réflexes d’accumulation (en cas de guerre, en cas de crise ou de victoire de la gauche) et bien ça passe crème, enfin chez les CSP++, je suppose. Mais sinon, l’essentiel est de garder sa capacité à « faire société » hein ! ... Un faire société en mode « arnaquez-vous les uns les autres et malheur aux vaincus ». Une somme pour tous les bons petits soldats (guerriers sains, droits et courageux d’avant le patriarcat) du capitalisme productiviste ’globalized’
▻http://adrastia.org/plan-damortissement-des-chocs-deffondrement
Je suis un citoyen lambda, plutôt aisé, ingénieur et entrepreneur, maison, famille nombreuse, les deux pieds dans le système, le bon hamster dans sa roue en fait.
C’est on ne peut plus clair, non ?
#la_résilience_sans_peine #darwinisme_social #pourritures #hamster (et fier de l’être)
Où l’on découvre un nouveau syndrome dépressif : l’éco-anxiété :
▻https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/quand-le-changement-climatique-attaque-la-sante-mentale-et-si-votre-dep
(et aussi)
Histoire en BD d’un jeune couple gentil qui décide de passer à la « résilience ».
►http://adrastia.org/tout-va-bien-enfin-ca-va-aller
Plüche est illustratrice et travaille sur un projet de BD, Nours est menuisier et travaille en parallèle sur des projets d’écriture et de photographie. Tous les deux sont fusionnels et vivent heureux et modestement. Mais en ce début d’année, l’équilibre économique mondial commence à s’effriter sérieusement et nos deux personnages, habitants d’une grande ville et loin d’être autonomes, vont subir ce qui se révèlera être la plus grande crise économique que l’Histoire ait connue.
Pour passer direct à la lecture de la BD :
►https://bdtoutvabien.tumblr.com/post/179654965981/tout-va-bien-sur-vos-%C3%A9crans-en-janvier-2019
Où l’on découvre (page 12) l’engouement de nos deux jeunes gens pour la collapsologie :
Madame écoute (en faisant un peu d’exercice physique) une interview de Pablo Servigne (sur la chaîne Youtube de Thinkerview)
Dialogue entre Madame et Monsieur (page 13) :
Elle : Il faut que tu écoutes cet interview.
Lui : D’accord. Je ferai ça cet aprèm en allant à l’atelier.
Elle : J’ai écouté le début.
Lui (les pieds déjà sous la table) : Notre cher Pablo est toujours aussi calme ?
Elle (finissant de réchauffer une gamelle de pâtes) : Ah, toujours.
(Puis faisant une petite bise affectueuse à Monsieur qui semble un peu contrarié quand même)
Et toujours aussi beau !
(Ouch ! ...)
écoanxiété, ou solastalgie, déjà là:
►https://seenthis.net/messages/763036
#HEATHER_BRUNSKELL-EVANS : Une conception néolibérale de la liberté a permis la montée d’une nouvelle idéologie, celle de la prétendue « identité sexuelle »*
▻https://tradfem.wordpress.com/2018/12/10/une-conception-neoliberale-de-la-liberte-a-permis-la-montee-dune-
Le néolibéralisme est la philosophie politique (de la gauche et de la droite) que l’on a imposée en Occident dans les années 1980 comme relevant du « bon sens » populiste. Elle présente un certain nombre de problèmes :
1) Elle considère l’individu comme un sujet autonome, principalement motivé par l’intérêt personnel ;
2) Elle nous dit qu’une économie de marché non réglementée a pour effet d’atténuer les inégalités sociales ;
3) Elle décrit la liberté personnelle comme une capacité de l’individu à « faire des choix » dans un marché constitué de tels choix.
Qu’est-ce qui ne va pas avec cette vision néolibérale et économiste de l’être humain ? Elle est réductrice. En plus d’être des sujets individuels, les êtres humains sont aussi situés dans des contextes psychologiques, sociaux et politiques qui rendent notre autonomie et nos relations avec les autres plus complexes que ce qu’une telle idéologie permet de concevoir.
La philosophie néolibérale crée un problème politique spécifique pour les jeunes filles et les femmes. Le cas du corps féminin l’illustre parfaitement : d’une part, le corps des femmes est considéré comme un objet matériel qui peut être vendu par le biais de la pornographie et du « travail du sexe », pour être consommé comme tout autre produit mis en marché. D’autre part, le corps des femmes est depuis peu positionné comme immatériel, puisque tout homme peut prétendument « devenir » une femme, non pas au sens de Beauvoir qui soutient que les personnes à corps féminin ne naissent pas « féminines » mais se font enseigner la féminité, mais du simple fait pour des hommes de s’identifier comme femmes.
Traduction : #Tradfem
Version originale : ▻https://www.feministcurrent.com/2018/12/02/neoliberalism-patriarchy-gender-identity
#libéralisme #identité_de_genre #femme #royaume-uni
L’idéologie transgenriste est un résultat de la montée fulgurante de la théorie queer qui, contrairement à ce que prétendent les transactivistes, ne rejette pas l’essentialisme biologique, mais le réifie en en inversant simplement l’ordre : cette idéologie prétend que le sexe binaire, qu’il soit féminin ou masculin, est socialement « assigné », plutôt qu’un fait biologique ; en revanche, le genre – le sentiment de « féminité » ou de « masculinité » d’un individu – est qualifié de présocial, émergeant de l’être intérieur. Cette idéologie n’a aucun fondement scientifique humain et l’emporte sur les faits les plus simples.
C’est ce point là que je trouve le plus foufou dans toutes ces histoires.
On disait « on nait avec tels organes » et ensuite « on nous apprend à tenir tel rôle suivant les organes que les adultes ont vu ».
Et maintenant certaines personnes queers disent « le genre est plus ou moins inné, on se sent comme ci ou comme ça magiquement, et on peut rien faire contre ».
ce qui a à voir c’est l’expérience qu’on a en partage d’être perçue comme des meufs, une expérience à peu de choses près égale
[…]
Ça peut, ça doit se faire sur des bases d’expérience commune du monde social.
Bé oui, totalement d’accord. C’est le sens même de l’idée « le genre est une construction sociale ». Qui pour moi était la base de la base.
Mais… apparemment on n’a pas tous la même définition du genre. Qu’une langue évolue, d’accord. Mais quand à un instant T, ya le sens qui existait, et d’autres gens qui se mettent à utiliser le même mot pour un sens inverse, c’est un peu WTF (voire orwellien).
La chasse
Nord : 27 ans de prison pour un trentenaire qui violait des étudiantes à Lille
>Faits divers|Le Parisien avec AFP| 22 juin 2018, 0h01 |0
Franck Berton, l’avocat d’Erwan Gouget, avait demandé l’acquittement de son client. AFP/Denis Charlet
Lors de son réquisitoire, l’avocat général avait décrit un « braconnier en maraude ».
« Un braconnier en maraude » qui cherchait ses « proies » étudiantes : Erwan Gouget, 30 ans, a été condamné à 27 ans de réclusion criminelle jeudi par la cour d’assises du Nord pour trois viols et quatre tentatives en 2011 et 2012 à Lille.
Cet ancien pâtissier, déjà condamné pour viol en 2008, est accusé d’avoir agi suivant un mode opératoire précis : muni de gants, d’un couteau et d’un pied-de-biche, il suivait les étudiantes rentrant de soirée, notamment à leur domicile.
L’avocat général, Luc Frémiot, avait requis jeudi matin 25 années de réclusion criminelle assorties de la peine de sûreté maximale. Lors de son réquisitoire, il avait décrit un « prédateur » qui, la nuit, agit comme un « braconnier en maraude » cherchant sa « proie » sur son « terrain de chasse ». « Vous êtes dangereux ! », a-t-il lancé à l’accusé qui, impassible, ne le lâchait pas des yeux. La Voix du Nord précise que l’avocat général a réclamé une injonction de soins.
Son ancien codétenu l’accuse de tortures
« Vos près de deux heures de réquisitoire ne permettent pas d’établir des certitudes », a répliqué lors de sa plaidoirie l’avocat de l’accusé, Me Frank Berton. « Une bonne décision ne se prend pas dans la peur. Pour juger un homme, il faut écouter ni la colère, ni le poids des larmes », a lancé aux jurés Me Berton avant de leur demander d’acquitter son client.
« J’aimerais ajouter, après tout ce qui a été dit, que je n’ai pas commis les faits qui me sont reprochés et que je suis innocent », a déclaré l’accusé, avant que les jurés ne se retirent pour décider de son sort.
Interpellé en juillet 2012 par la BAC à Lille après un refus d’obtempérer, Gouget détenait dans sa voiture un couteau, un pied-de-biche et plusieurs paires de gants.
Il a été reconnu formellement par la plupart des victimes, mais depuis le début de l’enquête, il a nié l’intégralité des faits, affirmant que son ancien codétenu pourrait être l’auteur de certains faits. Celui-ci a livré mardi à la barre un récit d’horreur, détaillant toutes les tortures que Gouget lui aurait fait subir pour obtenir des courriers d’aveux.
Condamné en 2008 pour viol, en 2012 on l’attrape à nouveau. Ca vaut le coup de violé, c’est pas cher.
Je garde ce fait divers pour le vocabulaire du chasseur et #virilo-carnisme
Le viol c’est comme un bon steak, un petit plaisir de l’homme et puis il y a pas mort d’homme comme dirait je sais plus qui, on va pas encombré les prisons avec de bons chasseurs bien de chez nous qui ne s’attaquent qu’à leurs proies naturelles, les biches, les gazelles, les chiennes et j’en passe.
#chasse #proie #prédateur #culture_du_viol #essentialisme #complémentarité
Archives.
Pierre Rabhi « Le féminin est au cœur du changement »
▻https://www.kaizen-magazine.com/article/pierre-rabhi-feminin-coeur-changement
Depuis 1968, un mouvement féministe se développe en France et dans le monde. Quel regard portez-vous sur ce mouvement ?
Il ne faudrait pas que le mouvement féministe soit une réaction inspirée par le masculin : il faudrait qu’il soit simplement une conscience qui s’éveille à ce rôle magnifique qui est dévolu par la vie à la femme et qui est de donner la vie. Il ne faudrait pas que ce mouvement prenne comme canevas du changement ce que le masculin a établi. C’est intéressant que les femmes imaginent quelque chose d’original qui s’adapterait à la donne actuelle qui est radicalement masculine.
Une vraie égalité femmes-hommes pourrait changer la société ?
Je crois qu’il ne faudrait pas exalter l’égalité. Je plaide plutôt pour une complémentarité : que la femme soit la femme, que l’homme soit l’homme et que l’amour les réunisse dans cette complémentarité. La complémentarité, est un appui de l’un sur l’autre et vice-versa, non une addition. Ce rapprochement donne une dynamique collective. L’égalité est fragile car affirmée par des lois. Il est souhaitable qu’on comprenne que féminin et masculin sont les deux moyens par lesquels on peut construire un avenir viable, si le féminin accepte son masculin et le masculin accepte son féminin.
Les routes de l’#esclavage (1/4)
476-1375 : au-delà du désert
Domination, violence, profit : le système criminel de l’esclavage a marqué l’histoire du monde et de l’humanité. Au fil de ses routes, cette série documentaire retrace pour la première fois la tragédie des traites négrières. Captivant et implacable. Premier volet : de la chute de Rome en 476 à la fin du XIVe siècle.
Après la chute de Rome en 476, les peuples (Wisigoths, Ostrogoths, Berbères, Slaves, Byzantins, Nubiens et Arabes) se disputent les ruines de l’Empire. Tous pratiquent l’asservissement – « esclave » viendrait du mot « slave ». Mais au VIIe siècle émerge un Empire arabe. Au rythme de ses conquêtes se tisse, entre l’Afrique et le Moyen-Orient, un immense réseau de traite d’esclaves, dont la demande ne cesse de croître et qui converge vers Bagdad, nouveau centre du monde. Après la révolte des Zanj – des esclaves africains –, qui s’achève dans un bain de sang, le trafic se redéploie vers l’intérieur du continent. Deux grandes cités commerciales et marchés aux esclaves s’imposent : Le Caire au nord, et Tombouctou au sud, place forte de l’Empire du Mali d’où partent les caravanes. Au fil des siècles, les populations subsahariennes deviennent la principale « matière première » de ce trafic criminel.
▻https://www.arte.tv/fr/videos/068406-001-A/les-routes-de-l-esclavage-1-4
#film #documentaire #Afrique #Empire_romain #histoire #pratique_généralisée #traite #Fustat #économie #Nubie #guerre #violence #butins_de_guerre #Bagdad #main-d'oeuvre #Islam #Berbères #dromadaires #Sahara #Tombouctou #Empire_du_Mali #or #altérité #Touareg #essentialisme #fatalité #Basora #Le_Caire #esclaves_domestiques #paternalisme #négation_de_l'être #domination #esclavage_doux #oasis #Atlas_catalan
#Catherine_Coquery-Vidrovitch :
Dans l’Empire arabo-musulman, « l’#esclave n’était pas différencié par sa couleur, ça ne comptait pas. L’esclave était différencié par sa #culture. Il n’avait pas la culture du dominant »
#géographie_culturelle #domination
#Ibrahima_Thioub, université Cheickh Anta Diop, Sénégal :
« Pour mettre en esclavage un individu, un des phénomènes importants c’est de le construire comme autre, de construire une #altérité. Les sociétés humaines ont des registres assez larges. On peut utiliser la différence de #couleur_de_peau, la différence de #religion. Dans la #traite_trans-saharienne, on va combiner les deux ».
▻https://fr.wikipedia.org/wiki/Ibrahima_Thioub
Ibrahima Thioub :
« L’intérêt des maîtres, c’est de faire croire à l’individu qu’il est esclave non pas parce qu’un jour on lui a opposé un rapport de force qui est réversible, mais parce que, par sa nature, il est destiné à être un esclave. C’est une #idéologie extrêmement forte. Si votre sang est considéré comme un sang servile, et que cette nature vous la transmettez à votre descendance, il devient impossible de sortir du phénomène esclavagiste »
Selon ce qui est dit dans ce reportage, 3,5 millions d’Africains ont circulé sur les routes de l’esclavage entre le 7ème et le 14ème siècle.
Les routes de l’esclavage (2/4)
1375-1620 : pour tout l’or du monde
Deuxième volet : 1375-1620. À l’issue des croisades, l’Europe à son tour se tourne vers l’Afrique, source d’immenses richesses...
À l’issue des croisades, l’Europe à son tour se tourne vers l’Afrique, source d’immenses richesses. Contournant les musulmans en Méditerranée, les navigateurs portugais, qui convoitent l’or du continent, entreprennent en pionniers de le conquérir, et reviennent avec des milliers d’esclaves, issus notamment du royaume Kongo, pour les vendre en Europe du Sud, avec la bénédiction de l’Église. Sur l’île de São Tomé, sorte de « laboratoire » de l’esclavage situé au large du Gabon, ils passent du négoce de captifs à la production d’esclaves au service d’une plantation sucrière à la rentabilité inégalée, et mettent en place la première société esclavagiste. À partir de 1516, la découverte du Brésil ouvre de nouvelles routes de traite, inaugurant le commerce triangulaire entre les continents – or, esclaves, sucre. Bientôt apparaissent les premières communautés armées de #fugitifs, les #mocambos.
▻https://www.arte.tv/fr/videos/068406-002-A/les-routes-de-l-esclavage-2-4
#Portugal #caravelle #archéologie_de_l'esclavage #Lagos #Eglise_catholique #Pape_Nicolas_V #esclavage_perpétuel #Sao_Tomé #Royaume_Kongo #Alfonso_Ier, #Roi_du_Congo #Elmina #Akan #commerce_triangulaire #plantations_sucrières #sucre #plantations #canne_à_sucre #Brésil #Caraïbes #traite_négrière #traite_trans-atlantique #Luanda #métissage #viol #métisses
#Toponymie :
#Rua_Poço_dos_Negros à #Lisbonne, au #Portugal
▻https://www.youtube.com/watch?v=-C2XLnSg9Aw
Les routes de l’esclavage (3/4)
1620-1788 : du sucre à la révolte
Troisième volet : de 1620 à 1789, de la guerre du sucre aux premières voix qui s’élèvent contre la barbarie de la traite.
Imitant le modèle portugais, Espagne, Hollande, France et Angleterre, en quête de colossaux profits, se disputent les Caraïbes pour y cultiver la canne. L’Atlantique devient le champ de bataille de la guerre du sucre, laquelle va multiplier les routes de l’esclavage à grand renfort d’investissements, avec la complicité des banques et des compagnies d’assurances. Alors que les méthodes s’industrialisent et que la terreur s’intensifie – razzias, tortures et décapitations publiques pour prévenir toute rébellion –, près de 7 millions d’Africains sont entraînés dans la tourmente, vendus par des marchands locaux à des flibustiers et armateurs négriers, tandis que s’élèvent en Europe les premières voix contre la barbarie de la traite, socle du capitalisme émergent.
▻https://www.arte.tv/fr/videos/068406-003-A/les-routes-de-l-esclavage-3-4
#Guadeloupe #Plage_de_raisins_clairs #guerre_du_sucre #Caraïbes #Londres #banques #Angleterre #City_of_London #Bank_of_England #Loyd's_of_London #Nantes #Louis_XIV #race #catégorisation #race #torture #terreur #code_noir #résistance #Nègres_marrons #résistance_dans_les_montagnes #montagne #odeur #abolitionnisme #Gustave_Vassa #accumulation_de_richesse
Sur la #construction_de_la_race, #Myriam_Cottias, CNRS :
"Ce qui se construit dans l’esclavage transatlantique, et ce qui marque la différence par rapport aux autres systèmes d’esclavage, c’est la construction de la race. C’est cette superposition qui se construit entre une apparence physique, est est décrite par un terme, et un statut. Donc, aux deux extrêmes de ce continuum de statut et de couleur, il y a le Blanc maître et l’esclave noir. Ce terme de #Blanc n’existe pas avant les sociétés esclavagistes. Le terme « blanc » se construit précisément dans les #Antilles. Cet espace esclavagiste atlantique est essentiel dans la construction de #catégories_raciales que nous utilisons actuellement et que nous utilisons comme des choses immuables et qui ne le sont pas".
Les routes de l’esclavage (4/4)
1789-1888 : les nouvelles frontières de l’esclavage
Le dernier volet débute en 1789. À Londres, Paris et Washington, le courant abolitionniste gagne du terrain...
À Londres, Paris et Washington, le courant abolitionniste gagne du terrain. Après la révolte des esclaves de Saint-Domingue, la Grande-Bretagne abolit la traite transatlantique en 1807. Mais l’Europe, en pleine révolution industrielle, ne peut se passer de la force de travail des esclaves. Pour satisfaire son besoin de matières premières, elle repousse les frontières de l’esclavage, fermant les yeux sur les nouvelles formes d’exploitation de l’homme au Brésil et aux États-Unis. En Afrique, l’Europe se lance dans de nouvelles conquêtes coloniales. À l’heure où la traite légale est enfin interdite, la déportation des captifs africains va exploser, plus importante que jamais. En cinquante ans, près de 2,5 millions de personnes sont déportées.
▻https://www.arte.tv/fr/videos/068406-004-A/les-routes-de-l-esclavage-4-4
#Rio_de_Janeiro #Brésil #Saint-Domingue #woodoo #Voodoo #Toussaints_l'Ouverture #Haïti #New_Orleans #viol #Zanzibar #guerre_de_sécession #discipline #émancipation #couleur_de_peau #occupation_coloniale #évangélisation #Tippo_Tip #travail_forcé #supériorité_de_la_race / #infériorité_de_la_race #Livingstone
Tippo Tip :
Tippo Tip, variantes Tippo Tib ou Tippu Tip ou selon les langues locales Tippo Tipo1, de son vrai nom Hamed bin Mohammed el Marjebi, né et mort à Zanzibar (1837 - 1905), est un marchand d’esclaves originaire de Unguja, île principale de l’archipel de Zanzibar. Il fut également propriétaire de plantations et gouverneur de province au Congo. Successeur des sultans de Zanzibar, il conduisit de nombreuses expéditions commerciales en Afrique centrale orientale, dont certaines esclavagistes.
#Abdu_Sheriff, Université Dar Es Salaam :
« Il y a une certaine ironie dans le fait que les britanniques soient intervenus dans l’abolition de l’esclavage et de la traite. Cela forcé les gens à se dire : si on ne peut pas exporter les esclaves, alors on les utilisera pour produire des marchandises à exporter. »
–-> "Galvanisés par ses grands principes moraux (abolition de l’esclavage), des dizaines d’Européens partent à l’aventure prêts à investir dans les #matières_premières dont l’Europe a besoin. Le missionnaire Livingstone devient la figure de proue de ces explorateurs abolitionnistes.
#Abdu_Sheriff, Université Dar Es Salaam :
"Ceux qui soutenaient ces missions étaient des hommes d’affaires, des gens qui avaient de l’argent. Ils avaient probablement une idée derrière la tête, ils n’étaient pas juste intéressés par la découverte des monts enneigés d’Afrique. Concernant les missionnaires, Livingstone était très clair, il savait ce qui intéressait les capitalistes. Il a dit à l’UMCA, l’organisation missionnaire qu’il s’agissait d’une mission philanthropique + 5%. Ils y trouveraient un intérêt financier. Il a dit très explicitement : « Vous, les philanthropes, aidez-nous à abolir l’esclavage parce que ça sera bénéfique pour vous. Vous produirez du tissu que vous vendrez à la population »
« Dans ce système de travaux forcés, les missionnaires sont désormais les témoins impuissants des exactions des exploitants. Les armées à la solde des Belges terrorisent les villageois et matent les révoltes. Chaque balle est comptée et pour prouver la bonne utilisation de leurs fusilles, les soldats doivent rapporter la main de leurs victimes. Il suffit d’une balle perdue pour couper la main d’un innocent. »
#Léopold_II #Belgique
Ibrahima Thioub :
« Il fallait justifier la domination, la violence, la conquête militaire, c’était insupportable pour toute opinion dite civilisée. A partir de là on a enseigné aux Africains, on a inculqué aux Africains, pour leur faire accepter la suprématie européenne, pour leur faire accepter la #mission_civilisatrice que l’Europe a eu la prétention de conduire en Afrique »
« Avec sa cohorte de médecins, d’anatomistes et de cadres coloniaux, l’Europe se sert de la race comme d’un outil scientifique pour justifier sa domination. L’Afrique devient un tout homogène relégué en bas de l’échelle de l’humanité. Principe de race et lutte contre l’esclavage sont les deux mamelles de la colonisation »
#Catherine_Hall, UCL :
« Le fait que les hiérarchies raciales aient persisté après l’émancipation, n’a vraiment rien d’étonnant, parce que c’était le mode de penser des abolitionnistes. Ceux d’entre eux qui appréciaient réellement la culture africaine, et qui considéraient les Africains et les Africaines comme leurs égaux, étaient peu nombreux. Même les plus égalitaires partaient du principe que la culture britannique était civilisée, évoluée, etc. C’était leur vision des choses. »
Silvia Hunold Lara, Université d’Etat de Campinas, Brésil :
« Le mouvement abolitionniste au Brésil était un mouvement conservateur, mené par des Blancs. Ce n’était pas un mouvement radical dans lequel étaient impliqués des Noirs. L’idée était avant tout que le Brésil devait se civiliser, progresser. L’idée du #progrès et de la #civilisation était directement lié à l’élimination de la #barbarie pratiquée avec l’esclavage. Mais en éliminant l’esclavage, ce mouvement abolitionniste voulait aussi éliminer les Noirs de l’histoire du Brésil, parce qu’ils étaient considérés comme barbares, d’une certaine manière. »
Les ports négriers face à leur histoire
Une sociologie des politiques mémorielles à #Nantes, #Bordeaux et #Liverpool
Frontières en tous genres. Cloisonnement spatial et constructions identitaires
Beaucoup de groupes ne préexistent pas aux frontières qui semblent les séparer. Ce sont les frontières, qui, par leurs inscriptions, leurs représentations, leurs usages, cloisonnent l’espace, différencient et souvent opposent les groupes concernés. L’ouvrage présente l’originalité de montrer ce processus de cloisonnement à l’œuvre à différentes échelles : de la distinction des genres de part et d’autre de la limite entre l’espace domestique et l’espace public à la distribution des « races » par continents, en passant bien sûr par la détermination des nations par des frontières interétatiques.
Table des matières :
#frontières #identité #construction_sociale #géographie_politique #ressources_pédagogiques #livre #altérité #performativité #cloisonnement #genre #espace_public #femmes #ghettos #ségrégation #quartiers_réservés #gated_communities #apartheid #bonne_frontière #mauvaise_frontière #Afrique_du_Sud #essentialisme #frontières_communautaires #paysage #identités_collectives #mondialisation #globalisation #continents #civilisations #aires_culturelles #nature #géographie_culturelle
Les frontières
Les frontières, à toutes les échelles, séparent mais aussi créent - parfois artificiellement - des collectifs sociaux. Elles cloisonnent lʹespace et différencient, voire opposent, les groupes concernés. Quels sont les processus à lʹœuvre lors de la mise en place de ces cloisonnements ? Décryptage avec François Staszak, professeur de géographie à lʹuniversité de Genève et directeur de lʹouvrage « Frontières en tous genres. Cloisonnement spatial et constructions identitaires » paru aux presses universitaires de Rennes.
▻https://www.rts.ch/play/radio/tribu/audio/les-frontieres?id=9461285&station=a9e7621504c6959e35c3ecbe7f6bed0446cdf8da
Okay Men, Let’s Talk About Toxic Femininity
▻https://www.filmsforaction.org/articles/okay-men-lets-talk-about-toxic-femininity
It seems a standard rule that out of any crisis, something positive must emerge.
And so, from out of the rubbish of all the sexual harassment and abuse allegations, we find a gem: our country is...
I Love Being a Woman - How to Live Our Erotic Truth
▻https://www.filmsforaction.org/articles/i-love-being-a-woman-how-to-live-our-erotic-truth
Around the world, women are searching for a feminine power they can affirm with self-confidence. This search is particularly delicate in sexuality, given the long history of violence and abuse...
Fully lived sexual surrender doesn’t create dependence, but freedom.
En somme la liberté c’est l’esclavage et la guerre c’est la paix.
La photo est vraiment cliché...
C’est une apologie de la soumission des femmes sous couvert de matriarcat et de nature de la femme.
#essentialisme #sexisme #matriarcat
#injonction #domination_masculine #cliché
LesInrocks - Bertrand Grébaut : “Si on veut aller dans le sens de la nature et de l’humain, on n’est évidemment pas sexiste”
▻http://www.lesinrocks.com/2017/11/10/style/bertrand-grebaut-si-veut-aller-dans-le-sens-de-la-nature-et-de-lhumain-n
La notion de virilité est encore plus intéressante sous le prisme de son expérience dans les métiers de la cuisine : “Le problème c’est peut-être l’emploi du mot masculin et féminin. Parce qu’en soi c’est vrai qu’il y a des cuisines plus ou moins sensibles, délicates, "bourrin". Je suis en couple avec une cheffe et elle fait une cuisine plus masculine que moi. Si on emploie les standards de l’époque, ma cuisine est plus féminine.”
En effet, le sexisme dans les brigades de cuisine est un souci souvent relevé, qui prend ses sources dans l’origine même du métier selon Bertrand Grébaud : “Je trouve que c’est un métier d’ouvrier et c’est pour ça qu’il est dur et long à féminiser ; c’est pour ça qu’il n’y a pas que des intellectuels : on fait pas que de la cuisine par passion (…). C’est aussi pour ça que cela prend du temps et que les mentalités sont plus difficiles à changer que dans les milieux intellos, et ce n’est pas péjoratif, c’est la vie.”
Sur son lieu de travail toutefois, le genre a peu de place face à l’efficacité et les compétences de ses brigades : “Je ne suis pas pour la parité, j’embauche les gens compétents, un point c’est tout. Aujourd’hui j’ai autant de filles que de garçons qui postulent – et j’ai même 60% de filles en salle et en cuisine, mais ce sont des filles compétentes, pas des quotas.”
Mon propre guide d’écriture inclusive · Boris Schapira
▻https://borisschapira.com//2017/10/mon-propre-guide-d-ecriture-inclusive
Cet article me servira de note à moi-même ou d’explication vers laquelle pointer si j’ai besoin d’expliquer ma façon de procéder.
Lorsque le masculin et le féminin sont présents, les ordonner selon l’ordre alphabétique « l’égalité femmes-hommes ».
Utiliser l’accord de proximité : « les auditeurs et les auditrices ont été appelées à s’exprimer ».
Exprimer tous les mots s’ils ont plus d’une ou deux lettres de différences, le point médian sinon : « les acteurs et les actrices » ; les « salarié·e·s ».
Utiliser « humains » plutôt que « Hommes » pour désigner l’humanité ; utiliser « les femmes » plutôt que « la femme » pour parler des femmes autrement que dans leurs sensualités.
Commencer par ça…
utiliser « les femmes » plutôt que « la femme » pour parler des femmes autrement que dans leurs sensualités.
Il vaut mieu ne pas dire « la femme » et ne pas assigné les femmes à la sensualité.
#essentialisme #hétérosexisme #male_gaze
#Kate_Louise_Gould : Transfemmes : Les nouveaux misogynes
▻https://tradfem.wordpress.com/2017/10/27/transfemmes-les-nouveaux-misogynes
Je suis une femme natale. Un être humain femelle adulte. J’ai deux chromosomes X, un vagin et, jusqu’à la ménopause, un cycle menstruel. Je ne suis pas la seule en cela : en fait, il y a environ 3,52 milliards d’entre nous dans le monde en ce moment. Ce ne sont pas des opinions ; ce sont des états de faits biologiques. Cette biologie peut ne pas définir une femme dans son intégralité — elle a un vagin, elle n’est pas un vagin —, mais elle est essentielle à ce qu’est une femme. Notre biologie et notre être féminin sont entremêlés. Comme la biologie des hommes avec leur être masculin : un pénis et des testicules sont les marqueurs biologiques de la masculinité.Ces assertions ne sont ni nouvelles ni controversées ; mais pour la communauté trans émergente, étourdie par le sentiment de ses droits, elles équivalent à des propos haineux blasphématoires. Les hommes qui se qualifient de transfemmes sont particulièrement véhéments dans leurs réactions. Ils traitent les femmes comme moi d’intolérantes, haineuses, TERF (pour « Trans Exclusionary Radical Feminists »), homophobes, transphobes et toute une kyrielle d’insultes. Nous sommes menacées d’agression et de meurtre, et on nous dit que les transfemmes n’ont d’autre désir que de nous violer. Des transfemmes appellent même au génocide et à la torture des femmes. (En voici juste quelques exemples, ici et ici.) Pourquoi ? Parce que nous leur avons parlé de la base biologique de la différenciation sexuelle : les femmes ont deux chromosomes X et un vagin ; les hommes ont un chromosome X et un chromosome Y, ainsi qu’un pénis.
« Mais le genre ! » disent les transfemmes, comme si les féministes ne s’occupaient pas de le déconstruire depuis bien avant leur naissance. Oui, le genre : les constructions sociosexuelles que certains confondent avec le sexe comme explication inadéquate de nos différences. L’argument du genre m’intrigue à cause de la lecture sélective qu’en font les transfemmes. Ils s’approprient rapidement les jolis aspects de la féminité — chaussures, maquillage, vêtements et coiffures — mais laissent de côté d’autres traits habituellement associés au genre féminin : l’empathie, la compassion, le soin, la réceptivité. Ces aspects de l’éternel féminin sont écartés parce qu’ils ne cadrent pas avec le comportement d’hommes (et les transfemmes sont des hommes) qui ont grandi et vécu dans une société patriarcale. Celle-ci leur dit qu’ils ont le droit d’obtenir tout ce qu’ils veulent. Voilà le scénario de notre culture : les hommes exigent et les femmes s’inclinent. Ce n’est pas parce que certains hommes portent des robes qu’ils se comportent différemment.
Traduction : #Tradfem
Version originale : ▻http://www.kate-gould.co.uk/2017/06/05/transwomen-the-new-misogynists
Décédée récemment à 42 ans, Kate Gould était une autrice, militante (membre du Women’s Equality Party et Engender) et doctorante à l’Université de Stirling (Écosse). Sa recherche doctorale a porté sur les représentations de la sexualité féminine dans la couverture médiatique du Flibanserin/Addyi.
#politique_trans #misogynie
[infokiosques.net] - Bouteldja, « une sœur » qui vous veut du bien
▻https://infokiosques.net/lire.php?id_article=1469
J’ai écrit la majeure partie de ce texte il y a un an à la sortie du livre d’Houria Bouteldja Les Blancs, les Juifs et nous. Vers une politique de l’amour révolutionnaire. Je n’ai pas souhaité le rendre public pour ne pas servir la stratégie promotionnelle de son auteure : plus on en parle, plus elle existe médiatiquement. Ce qui me décide aujourd’hui à le faire, c’est la publication dans Le Monde (19 juin 2017) d’une tribune en soutien à Houria Bouteldja signée par vingt intellectuel.le.s qui saluent « son courage d’évoquer le combat quotidien des femmes racisées et la lutte des féministes décoloniales » et son « refus résolu et pour jamais de verser dans l’#essentialisme de l’homme indigène ». C’est justement tout le contraire que fait Houria Bouteldja dans son livre, en particulier dans le chapitre Nous les femmes indigènes. Pourtant, une critique féministe proposée par Mélusine dans un texte lumineux intitulé « Bouteldja, ses "sœurs" et nous » l’a déjà très bien démontré. Largement relayé et approuvé sur les réseaux sociaux, ce texte n’a pu leur échapper. Pourquoi les critiques de femmes racisées, comme celles de Mélusine, ont-elles été volontairement occultées ? En insinuant qu’Houria Bouteldja est féministe, cette tribune est une offense à toutes les femmes racisées qui luttent au quotidien contre les violences sexistes. C’est pour cette raison que j’ai souhaité partager mes notes de lecture critiques du chapitre Nous les femmes indigènes, pour rappeler que le projet de Bouteldja pour « ses sœurs » est sexiste et d’une violence inouïe et que, dans son livre, les hommes « indigènes » [1] sont essentialisés, leur subjectivité et leur complexité sont complètement annihilées.
Une critique de plus pour cogner sur Houria Bouteldja. Et l’auteure dit sans rire qu’elle ne voulait pas faire la promo de son livre ... ?
Sauf qu’elle reprend purement et simplement les critiques de tous les médiacrates bon teint à la sortie du livre, et presque mot pour mot l’article de Mélusine (?) datant de la même époque. Et qui non seulement n’a pas été « occulté » mais repris à peu près partout.
C’est simple, elle n’a pas du lire le même livre que moi :
▻https://cafemusique.wordpress.com/2016/08/03/pour-houria-bouteldja-lettre-ouverte-a-serge-halimi