• #PAUVRETÉ : “IL Y A LARGEMENT ASSEZ DE RICHESSES POUR TOUT LE MONDE”

    Les pauvres sont paresseux, ils ne savent pas gérer leur argent, et ils méritent la situation qui est la leur. Voici quelques clichés sur la pauvreté que l’économiste #Esther_Duflo démonte depuis des années, au travers de son vaste travail sur la pauvreté.
    A l’heure où les #inégalités explosent, qu’une poignée de privilégiés détiennent un niveau de richesses toujours plus important, et ce alors qu’ils sont ceux qui polluent le plus, comment réduire ce fossé, comment lutter contre la pauvreté et offrir des conditions de vie dignes à toutes et à tous ?
    Comment les économistes peuvent-ils impacter les prises de décision des dirigeants politiques, comment lutter contre les #clichés sur les pauvres ? Esther Duflo répond à toutes ces questions au micro de Salomé Saqué.

    0:00 : Introduction
    1:36 : La pauvreté expliquée aux enfants
    8:09 : #Définition de la pauvreté
    9:29 : Pauvreté et #universalité
    12:35 : Le bond en arrière de la pauvreté
    14:13 : L’#extrême_pauvreté
    16:35 : Comment répartir les richesses ?
    20:42 : Un #impôt_international sur les #grandes_fortunes ?
    27:07 : Pauvreté : quel est le #discours_politique ?
    34:38 : Faut-il distribuer de l’argent aux pauvres ?
    36:34 : L’impact de l’#économie sur la #politique
    44:46 : Que peut-on faire en tant que citoyen ?

    https://www.youtube.com/watch?v=H7syPQvbHOU


    #richesse #idées-reçues #répartition_des_richesses #préjugés #interview #vidéo

  • La sénatrice EELV Esther Benbassa, accusée de harcèlement moral, exclue du groupe écologiste
    https://www.lefigaro.fr/politique/la-senatrice-eelv-esther-benbassa-accusee-de-harcelement-moral-exclue-du-gr

    La sénatrice EELV Esther Benbassa, accusée dans une enquête de harcèlement moral à l’encontre de ses collaborateurs, a été exclue par son groupe au Sénat, a annoncé ce dernier mardi 14 septembre au soir.

    Après avoir entendu la sénatrice et en conformité avec leur règlement intérieur, les sénateur.trice.s ont décidé d’exclure Esther Benbassa du groupe parlementaire à compter du 15 septembre », précise le groupe Ecologiste, Solidarité et Territoires, dans un communiqué. « Mme Benbassa n’a pas contredit une partie des témoignages et elle n’a, à ce jour, pas jugé opportun de porter plainte en diffamation contre ces accusations », fait-il valoir pour justifier sa décision.

    Les sénateurs du groupe « regrettent que la justice ne soit pas saisie pour des faits d’une telle nature » mais « ne remettent pas en cause (les) témoignages (des collaborateurs, ndlr) et prennent toute la mesure des difficultés que représentent souvent l’engagement de poursuites judiciaires ». Ils « réitèrent tout leur soutien à celles et ceux qui ont témoigné d’une grande souffrance au travail », continuent « de travailler sur la prévention du harcèlement moral et sexuel au travail », et mènent « une réflexion plus large sur le sujet avec les élu.e.s, les collaborateur.trice.s et les syndicats ».

    Climat de « terreur »
    Esther Benbassa a fait part dans un autre communiqué de son « exclusion » du groupe, dont elle a été la vice-présidente et dont elle s’était mise en retrait depuis début juillet. La sénatrice associe cette décision à un « simulacre de procédure interne » et à une « sommation de répondre aux accusations anonymes relayées par un article de presse ». La décision a été prise « sans transmission de pièces à charge ou à décharge, sans audition de témoins ou de victimes présumées, en violation des dispositions du règlement intérieur du groupe et du principe de présomption d’innocence », déplore l’élue de Paris. Esther Benbassa indique s’être rendue devant le groupe le 9 septembre « non pas pour me justifier, puisque je ne suis condamnée de rien, mais pour m’expliquer, et réitérer mes excuses pour les maladresses et les erreurs ».

    Dans son enquête, Mediapart rapporte les témoignages de huit anciens collaborateurs et six anciens étudiants que l’élue employait à l’École pratique des hautes études. Tous évoquent un climat de « terreur » instauré par la sénatrice, fait de pressions, de chantage à l’emploi et d’humiliations systématiques, souvent à l’occasion de mails, individuels ou collectifs, et de SMS consultés et retranscrits en partie par Mediapart. Conséquence de cette gestion, le turn-over des collaborateurs a été très important, puisque plus de 18 assistants parlementaires ont été employés en deux mandats, décompte Mediapart. Dans un communiqué de « soutien aux victimes de harcèlement », le syndicat CGT des collaborateurs parlementaires avait souligné que « la profession, du fait de son lien avec la politique et les rapports de pouvoir, est bien souvent trop entachée par ce type de violence ».

    #EELV #harcèlement #violence #sénat #Médiapart #europe #france #écologie #ecologie #domination #sociopathes #femmes #pouvoir #Esther_Benbassa

  • https://dpya.org/en/images/c/c4/Cyberspace_and_the_American_Dream-_A_Magna_Carta_for_the_Knowledge_Age%2C_Futu

    Un texte de référence des idées et projets du courant libertarien en 1994. Ecrit notamment par Esther Dyson et Alvin Toffler (conseiller de Ronald reagan), porté en avant par Newt Gingrich, à l’époque speaker des Républicains au Congrès des Etats-Unis (https://www.nytimes.com/1995/01/17/opinion/mr-gingrichs-cyberrevolution.html ), ce manifeste de la dérégulation est un symbole de la pression des entreprises de télécoms. Il sera le guide intellectuel de toutes les opérations visant à assimiler internet, dérèglementation et mondialisation.
    Une critique serrée de ce document est fournie par Fred Turner dans « Aux sources de l’utopie numérique » (p. 342 à 355).

    #Cyberlibertarianisme #Magna_Carta #Alvin_Toffler #Esther_Dyson #Newt_Gingrich

  • Persönlicher Erfahrungsbericht: Sexuelle Übergriffe und Schweigen an der Universität Basel*

    – von Esther Uzar –

    In diesem Text erzählt eine Person von Übergriffen, die sie durch einen Professor an der Universität Basel erfahren hat. Er enthält detaillierte Beschreibungen von sexualisierter Gewalt. Aus diesem Grund möchten wir Euch bitten bei der Lektüre achtsam zu sein.
    Inhaltswarnungen: Sexualisierte Gewalt (physisch und verbal), Machtmissbrauch, psychische Gewalt, soziale Ausgrenzung.

    Die Autorin trägt die volle Verantwortung für den Inhalt dieses Beitrags.

    Kontakt: esther.uzar@gmail.com

    Die «Transparenzunibas-Gruppe» übernimmt keinerlei Haftung für die Darstellung und Verwendung der darin erhaltenen Angaben.
    Für den Professor gilt die Unschuldsvermutung. Er formulierte den Medien gegenüber, er hätte «ein intimes Verhältnis initiiert» (Tagesanzeiger, 18.02.2019). Er schrieb: «Ich schäme mich zugeben zu müssen, dass es für die von Frau Esther Uzar gegen mich gemachten Vorwürfe eine Basis gibt.» (30.03.2018)

    Ich verliess die Universität Basel nach sieben Jahren Doktorat ohne Abschluss.

    Es ist Zeit zu erzählen.
    Sexuelle Übergriffe

    Auf einer Forschungsreise im Ausland erlebte ich sexuelle Übergriffe durch meinen Professor.

    Der Professor und ich sassen eines Abends am Tisch. Wir arbeiteten an unseren Laptops. Plötzlich stand er auf, beugte sich zu mir und drückte mir einen Kuss auf den Mund. Er ging wieder zu seinem Platz, setzte sich und arbeitete weiter. Ich konnte es kaum glauben. Ich sagte nichts. Später erklärte er auf dem Weg zu seinem Hotelzimmer: ‘Er möchte mich küssen.’ Ich sagte «Nein.» Er küsste mich dennoch. Er fasste an die Brüste. Er sagte zu mir:

    ‘Ich solle Georg Simmel lesen; der würde mich befreien…
    Ich solle nichts sagen und denken; sondern einfach nur fühlen, weil es so schön sei…
    Er hätte zuvor daran gedacht, mich zu küssen…
    Meine Lippen würden sich so schön anfühlen. Er hätte daran gedacht, meinen Hals zu küssen und meine Ohren und meinen Rücken, rauf und runter; ich würde ihn dann verrückt machen…’

    Ich war völlig überrumpelt. Ich wusste damit nichts anzufangen. Ich ging in mein Zimmer. Ich konnte nicht schlafen. Es gab niemanden, mit dem ich hätte sprechen können.

    – Dies war der Anfang. Es folgten sexuelle Aufforderungen. Er machte Bemerkungen über meinen Körper. Er schilderte intime Fantasien. Er drängte. Er ignorierte jede Zurückweisung. Meine Ablehnung stellte er als Verklemmtheit und Schüchternheit dar. Er sagte vier Tage später:

    ‘Mein Körper sei so weiblich. Er würde gerne wissen, wie sich mein Körper anfühlt…
    Wenn ich mich nicht traue, abends in sein Zimmer zu kommen, dann könnte er ja auch zu mir kommen.’

    Ich antwortete direkt «Nein.» Und: «Ich werde nicht mit dir schlafen.»

    Er erwiderte: ‘Was genau heisst «schlafen»? Für ihn sei das Kommen an sich nicht das Wichtigste. Am Schönsten fände er es, wenn er in eine Frau eindringt. Es wäre wirklich eine Ehre für ihn, mit mir zu schlafen…
    Ich sollte das geniessen, so einen schönen Körper zu haben…
    Er möchte mich gerne zwischen meinen Beinen küssen.’

    Ich protestierte lautstark.

    Am darauffolgenden Tag äusserte er, während wir durch die Stadt gingen:

    ‘Er möchte mit mir schlafen. Das sei ein Problem, hm? Ich müsse ihm ja nicht gleich was dazu sagen. Er sei wie ein westafrikanischer Händler, der verhandelt um zu kriegen was er will.’

    Zwei weitere Tage später kam er mittags in mein Zimmer. Er wollte meine Jeans aufmachen. Ich widersprach und schob seine Hände weg. Er reagierte, indem er sagte:

    ‘Er hätte sich schon so oft ausgemalt, wie er mit mir schlafen würde, wie er in mich eindringt, mich küssen würde, er mich von hinten nimmt – und das sei so schön gewesen. Die Fantasie sei eh das Schönste.’

    12 Male hatte ich den Professor zurückgewiesen. Dann schlief ich mit ihm.

    Nach der Forschungsreise kamen die sexuellen Avancen immer mal wieder. Er schrieb mir Emails. Er rief mich an. Er fragte im Büro, auf Konferenzen, bei Institutsveranstaltungen und bei Besprechungen meiner Dissertation. Einige Male schlief ich mit ihm. 24 weitere Male sagte ich «Nein.» Ohne Effekt.
    Isolation am Institut, akademische Ausgrenzung, Betreuerwechsel und Fachwechsel

    Im dritten PhD-Jahr entschied ich, mich vom Institut fernzuhalten. Zuerst arbeitete ich nur nachts, wenn niemand im Büro war. Dann blieb ich ganz fern.

    Ich empfand so viel Wut, Kränkung, Entwürdigung, Ohnmacht und Enttäuschung. Ich empfand Hass und Schmerz.

    Ein halbes Jahr später sah ich eine Veranstaltungsankündigung: Mitarbeiter und Professor hatten eine Konferenz geplant und organisiert – zu meinem Themenbereich. Sie hatten mich nicht einbezogen. Das war ein Schock. Ich konnte nicht mehr atmen. Ich sprach den Institutskoordinator darauf an. Er antwortete, ‘Oops, sorry, sie hätten mich vergessen.‘ Der Professor sagte zu mir, ‘Ich sei ja nicht sichtbar, weil ich nicht ins Büro komme‘ (15.07.2015).

    Bei der darauffolgenden Konferenz wurde ich wieder ausgeschlossen. Der Geschäftsführer merkte, dass ich aufgehört hatte, ins Büro zu kommen. Er kam auf mich zu und sprach mit mir: ‘Da ich kaum noch im Büro schaffen würde, sollte ich auch keinen Büroschlüssel mehr haben!‘

    Im März 2018 sah ich im Internet einen Sammelband, den der Professor zu meinem Dissertationsthema herausgab. Er hatte nicht gefragt, ob ich einen Beitrag schreiben wolle.

    Betreuerwechsel war schwierig. Zweimal hatte ich andere Professoren gefragt, ob sie die Arbeit betreuen würden. Sie hatten Interesse; doch mein Professor war nicht einverstanden. Beim ersten Mal reagierte er per Email: «Ich verstehe, dass es für dich besser wäre, einen anderen Betreuer zu haben. [Prof. B] kann dir sicherlich gut helfen. Er müsste aber eine Ablöse zahlen, denn ich möchte deine Arbeit weiterhin betreuen!» Beim zweiten Versuch fand mein Professor, der Prof. C würde meine Dissertation nicht kritisch genug prüfen; ausserdem würde ein Wechsel nicht gut ausschauen.

    Beim dritten Anlauf fragte ich nicht. Ich informierte ihn per Email: «Ich habe entschieden, unser Betreuungsverhältnis aufzulösen» (07.02.2018). Inzwischen war ich Doktorandin im siebten Jahr. Mein «Zweitbetreuer» wollte die Arbeit ungern übernehmen. Er sagte: «Eigentlich möchte ich diese Dissertation nicht übernehmen. Aber ich möchte Sie auch nicht im Regen stehen lassen. Ich werde die Arbeit später mit einer 4 – 4.5 bewerten» (06.03.2018).

    Eine andere Professorin meinte, ‘Sie wisse nicht, was vorgefallen sei; und sie müsse das auch nicht wissen‘ (17.04.2018).

    Ich arrangierte ein komplett neues Betreuungsteam. Dafür musste ich mein gewünschtes Promotionsfach aufgeben. Ich bat den Promotionsausschuss, mein Fach beibehalten zu dürfen. Dies war nicht möglich.
    Beratung: “Schweig und verlass die Uni Basel!”

    Ich schämte mich unendlich. Fünf Jahre sprach ich mit niemandem darüber.

    Im Frühsemester 2017 launchte die Universität die Kampagne «Wer zu nah kommt, geht zu weit». Überall hingen Poster gegen sexuelle Belästigung. Ich ging mit zwei Studentinnen in der Mensa essen; beide erzählten von ihren Erfahrungen: Avancen durch einen Gastdozenten sowie Übergriffe durch einen Lehrer in der Schulzeit. Eine Studentin meinte, die Rektorin nähme dieses Thema ernst. Nach diesem Essen ging ich zu meinem Institut; in der Eingangstür hing ein Flyer gegen sexuelle Belästigung. Ich sah es als ein Zeichen.

    Ich machte ein Beratungsgespräch an der Universität, am 19 Juni 2017. Die beratende Person empfahl mir: Ich solle die Erlebnisse für mich persönlich aufarbeiten; an der Universität jedoch still schweigen. Er habe ähnliche Fälle bei Doktorandinnen mehrfach mitbekommen. Dabei habe er noch nicht erlebt, dass eine Doktorandin ein Verfahren gewonnen hätte. Selbst ein Betreuerwechsel wäre riskant: Der Professor könnte destruktiv reagieren und mir schaden. Ich solle versuchen, die Dissertation bei ihm abzuschliessen, niemandem am Institut etwas sagen und anschliessend an eine andere Universität gehen.

    In diesem Sinne meinte auch die beratende Person für Nachwuchsförderung, mir bliebe wohl nichts anderes übrig, als die Uni Basel nach der Dissertation zu verlassen (05.02.2018).

    Ich machte einen weiteren Termin bei einer Uni-Ansprechperson für sexuelle Belästigung. Diese sagte mir am 22 Juni 2017, eine «Affäre» sei kein Fall für ein Verfahren; und Nachteile hätte ich dadurch nicht erfahren. Ich solle ‘den Professor zum Zweitbetreuer machen.‘
    Professor entschuldigt sich; Institut möchte nichts wissen

    Ein Jahr später beschwerte ich mich erneut. Ich schrieb eine offensive Email an den Institutskoordinator, die Forschungsdekanin und den Human Resources Leiter (25.03.2018). Eine Woche später lud eine Anwältin mich zu einer Beratung ein. Die externe Juristin war von dem Human Resources Leiter informiert worden. Ich wollte kein formelles Verfahren. Ich hatte Angst. Ich wollte eine Aussprache, eine Aufarbeitung und eine Entschuldigung.

    Zwei Wochen später schrieb die Anwältin, der Professor hätte eine sechs-seitige Stellungnahme geschrieben. Ich wollte diese Stellungnahme nicht lesen. Ich fragte den Professor per Email nach dem Inhalt. Er antwortete, Gegenstand seiner Stellungnahme wäre sein «Versagen» und sein «gravierendes Fehlverhalten». Der Professor schrieb:

    «Wenn die Universität mich rauswirft, und dazu wäre sie berechtigt, muss ich diese Entscheidung akzeptieren und respektieren.
    Dich trifft keine Schuld. Du bist ein Opfer.» (24.04.2018)

    Eine Woche später bekam ich die schriftliche Stellungnahme von der Anwältin zugeschickt. Mich traf der Schlag. Er leugnete alles. Es waren sechs Seiten Herabwertungen über mich. Ich stand drei Tage unter Schock. Der Professor hatte seine Stellungnahme nicht allein geschrieben; der Geschäftsführer des Instituts hatte ihm geholfen.

    Da zerbrach etwas in mir. Ich dachte, ich verliere den Glauben an die Menschheit. Noch einmal suchte ich das Gespräch mit dem Institut. Der Geschäftsführer lehnte ab. Er schrieb mir:

    «Ich muss mich auch schützen. Mir reicht der Umstand, dass Ihr eine Beziehung hattet. Relevant ist in diesem Sinne lediglich, zu welchen Zeitpunkten … etwas passiert ist, was dann eben für das Betreuungsverhältnis relevant ist. Details, wie Du sie unten beschreibst, möchte ich jedoch nicht kennen und ich bitte Dich, das zu berücksichtigen.» (07.05.2018).

    Ich war fassungslos. Relevant? Eine «Beziehung»? «Details» wolle er nicht kennen? Ich möge bitte auf ihn Rücksicht nehmen? Er bräuchte für sich einen schützenden Raum?

    Der Geschäftsführer schrieb eine weitere Email: Wenn er etwas gewusst hätte, «Ich hätte da auf jeden Fall interveniert und frühzeitig eine andere Betreuung oder sogar einen Wechsel der Universität vorgeschlagen» (04.05.2018). Diese Antwort kennen wir bereits: Ein Professor benutzt eine Doktorandin und Assistierende für Sex und die Lösung soll sein, dass SIE die Universität verlässt.
    Verfahren; Doktoranden-Kollegen haben Angst

    Die Anwältin beriet mich. Sie informierte mich, dass man eine Strafanzeige stellen könnte wegen «sexueller Ausnützung eines Abhängigkeitsverhältnisses» (StGB 193, d.h. in einem Arbeits-, Beratungs-, Behandlungs- oder Betreuungsverhältnis).

    Darüber hinaus würde die Universität die Kosten für eine psychologische Betreuung übernehmen. Am 21. Mai 2018 reichte ich eine formelle Beschwerde an der Universität ein. Das «Abklärungsverfahren» wurde eingeleitet. Zwei externe Juristinnen führten die Anhörungen und Befragungen von Auskunftspersonen in einer Anwaltskanzlei durch.

    Die Reaktionen von Doktoranden aus der Graduiertenschule waren ambivalent:

    ‘Ich solle den Mund halten; der Professor würde mich wegen Verleumdung verklagen!‘ ‘Wie könne man nur so dumm sein; jeder wisse doch, dass man mit seinem Professor nichts anfängt!‘

    Eine Kollegin empfahl mir, während des Verfahrens nicht im kurzen, roten Kleid herumzulaufen. Meine Chancen stünden ausserdem besser, wenn ich zum Professor nicht so «fies» sein würde. Ob es wirklich nötig sei, intime Details anzugeben; ich hätte schliesslich «eingewilligt»?

    Eine Kollegin beschwerte sich, ich würde mich ihr gegenüber so «aggressiv» und «angriffig» verhalten.

    Ich wollte meinen Fall innerhalb der Graduiertenschule teilen. Eine Doktorandin warnte mich: ‘Die Mit-Doktoranden hätten vermutlich wenig Verständnis; es würde mir schaden; dann könnte ich meinen Abschluss vergessen; der Professor würde eventuell seinen Job verlieren; alle wären auf ihn sauer; und die Strukturen würde es nicht ändern.‘
    Persönliche Aufarbeitung

    Ich brauchte einen Raum zum Erzählen. Ich brauchte jemanden zum Zuhören. Ich ging zu einer Psychologin, acht Monate lang. Ich hatte Glück: Ich landete bei der besten Psychologin der Welt. Ja, wirklich – die weiseste Frau, die ich je kennenlernte.

    Ich machte einen Wen-Do-Selbstverteidigungskurs, von Limit finanziert.

    Das Verfahren war eine extreme Belastung; aber unendlich wertvoll, weil es meine Aufarbeitung in Gang setzte. Ich las alte Emails, Nachrichten und Tagebücher. Dabei begleitete mich ein Buch: Der Basler Experte Dr. Werner Tschan beschäftigt sich seit 30 Jahren mit dem Thema; «Missbrauchtes Vertrauen. Sexuelle Grenzverletzungen in professionellen Beziehungen (2005).» Tschan beschreibt Täter-Opfer-Dynamiken. Er gibt Empfehlungen für Institutionen.
    Abschluss: Nach dem Schweigen ist vor dem Schweigen

    Das Verfahren wurde abgeschlossen. Die Anwältin schrieb mir:

    «Ich kann Ihnen mitteilen, dass das von Ihnen angehobene Beschwerdeverfahren abgeschlossen ist. Die Universitätsleitung hat entsprechend reagiert und mit Herrn Prof. hat ein Gespräch stattgefunden» (28.11.2018).

    Ein «Gespräch» ist die geringste Sanktion, nach Reglement von 2010. Im Reglement von 2015 steht kein Massnahmenkatalog.

    Ich informierte das Institut in einer Email. Die Mitarbeiter waren schockiert. Sie hatten nicht gewusst, dass ein Verfahren lief. Es tat gut, sich auszutauschen. Eine Mitarbeiterin war «wenig überrascht»; sie hatte am Institut «so viel Alltags-Sexismus, Diskriminierung und blinde Flecken erfahren und beobachtet» (10.12.2018).

    Dann passierte etwas Verheerendes: Der Pressesprecher und der HR Leiter wiesen das Institut an, keinerlei Informationen zu den Geschehnissen herauszugeben. Der Geschäftsführer erzählte daraufhin allen: Über meinen Fall dürfe nicht gesprochen werden!

    Das Institut lud zur Vollversammlung ein. Das Thema: «Schaffen einer sicheren Lern- und Arbeitsatmosphäre». Zuvor instruierte der Geschäftsführer mich: «Entscheidend ist, dass allgemein und zukunftsgerichtet orientiert und diskutiert wird, und nicht über einen konkreten Fall – da setzen die Regeln der Universität klare Grenzen» (30.01.2019). Ich ging zu dieser Vollversammlung. Die Mitarbeiter sprachen zwei Stunden über «den Fall», ohne über das Vorgefallene zu sprechen. Ich fühlte mich wie ein Geist bei meiner eigenen Beerdigung.

    Die Instituts-Sprecherin erklärte mir: Das Institut wolle sich nicht mit meinem Fall auseinandersetzen, sondern «die grössere Dimension, die hinter dem Sie betreffenden Fall steht, aufgreifen» (30.01.2019).

    Das Institut lud eine Expertin zu sexueller Belästigung ein. Sie führte einen Workshop mit Doktoranden durch. Die Expertin schrieb mir vorher: ‘Es sei nicht zu empfehlen, dass ich an dem Workshop teilnehme – zu meinem eigenen Schutz‘ (17.12.2018).

    Die Graduiertenschule organisierte eine Gesprächsrunde über «Machtmissbrauch und sexuelle Belästigung». In der Rundmail hiess es: «Wir wollen Eure Bedürfnisse und Vorschläge anhören. Es geht darum, Eure Anliegen zu hören und nächste Schritte zu planen. Bitte nimm zur Kenntnis, dass an dem Treffen nicht diskutiert werden soll, was passierte.» (29.01.2019) Ich ging nicht hin.

    Auch das Departement organisierte eine Informationsveranstaltung zu sexueller Belästigung. Dazu erhielt ich keine Einladung.

    Ich hatte meine institutionelle Heimat verloren. Ich war sieben Jahre Doktorandin; aber habe mit keiner Person aus meinem Fachbereich eine Freundschaft aufrecht erhalten.

    Ich exmatrikulierte mich am 21. Februar 2019.
    Entscheid: Entschädigung für Betroffene? Boundary-Training für Professor?

    Der Tagesanzeiger berichtete über das Schweigen und die Ausgrenzung:

    Simone Rau, 18.02.2019, «Du bist ein Opfer»
    https://m.tagesanzeiger.ch/articles/14990208

    Daraufhin teilte die Rektorin mir den Entscheid mit. Dieses Abschlussgespräch bedeutete mir viel. Ich war froh. Die Rektorin sagte: «Es tut uns furchtbar leid, dass solche Dinge passiert sind. Wir finden das scheusslich. Es ist unglaublich. Es passiert immer wieder auf der Doktorandenstufe» (25.02.2019). Auch das verantwortliche Rektoratsmitglied drückte Mitgefühl aus: «Es tut mir ausserordentlich leid, was Sie erlebt haben an der Universität Basel. Es hat mich auch erschüttert, als ich diesen Fall gesehen habe.»

    Den Sanktionsentscheid vom 06.11.2018 erfuhr ich mündlich am 25.02.2019:

    1. Der Professor verstoss gegen das Reglement der Universität Basel.

    2. Sein Verhalten ist nicht vereinbar mit dem geltenden Verbot jeglicher sexueller Belästigung. Er hat sich zu verpflichten, fortan diese Richtlinien einzuhalten.

    3. Dem Professor wird eine schriftliche Abmahnung erteilt; unter Androhung weiterer personalrechtlicher Massnahmen im Wiederholungsfall, bis hin zur Kündigung.

    4. Der Professor wird verpflichtet, sämtliches Bildmaterial, wie Video oder Fotos von sexuellen Handlungen, zu löschen und zu bestätigen, diese nicht weiterverbreitet zu haben.

    Der Entscheid enthält vier Punkte. Die Rektorin bezeichnete ihn als «eine recht grosse Strafe» (25.02.2019). Dabei fehlen zwei Massnahmen, die während des Verfahrens besprochen worden sind:

    (1) Ich hatte eine Therapie für den Professor gefordert (Email an Anwältin und Human Resources Leiter; 21.05.2018; an Institut am 07.12.2018): Das Basler «Beratungszentrum Sexuelle Grenzverletzungen in professionellen Beziehungen» bietet Boundary-Training für Führungskräfte an.

    (2) Zweitens hatte die Anwältin am 5. Juli 2018 gesagt: Sie werde dem Professor unterbreiten, eine finanzielle Entschädigung zwischen CHF 60’000 bis 160’000 zu zahlen. Die beiden Anwältinnen selbst schlugen dies vor.

    Ob diese Massnahmen an der Universität besprochen worden sind, weiss ich nicht. Die Tagesanzeiger-Journalistin Simone Rau schrieb mir am 12. Dezember 2019: Der Professor hatte der Anwältin „Ja“ zu einer Entschädigung gesagt. Dies erfahre ich 13 Monate nach Verfahrensabschluss.

    Rektoratsentscheide sind ausschliesslich «Sanktionen». Der Entscheid fokussiert auf die Tat_Person und gilt als deren private Angelegenheit. Die Bereiche «Prävention» und «Wiedergutmachung» sind bisher kein Bestandteil von Verfahrensabschlüssen. Die Interessen von Betroffenen, von Mit- und zukünftigen Studierenden sind bisher nicht enthalten.

    Studierende der Universität Basel haben in Reaktion auf Beschriebenes gemeinsam einen offenen Brief formuliert, in dem sie Umstrukturierungen an der Uni fordern, um ein antidiskriminatorisches Klima zu schaffen. Der Brief, sowie weitere Beiträge können auf dem Blog eingesehen werden.

    #sexualized_harassment #Basel #university #academia #PhD #power_abuse #Esther_Uzar

    https://transparenzunibas.wordpress.com/2019/12/18/personlicher-erfahrungsbericht-sexuelle-ubergriffe-und-

    ping @cdb_77 —> tu peux ajouter à la métaliste https://seenthis.net/messages/863594 tout au début pour #Suisse?

  • Je suis prof. Seize brèves réflexions contre la terreur et l’obscurantisme, en #hommage à #Samuel_Paty

    Les lignes qui suivent ont été inspirées par la nouvelle atroce de la mise à mort de mon collègue, Samuel Paty, et par la difficile semaine qui s’en est suivie. En hommage à un #enseignant qui croyait en l’#éducation, en la #raison_humaine et en la #liberté_d’expression, elles proposent une quinzaine de réflexions appelant, malgré l’émotion, à penser le présent, et en débattre, avec raison. Ces réflexions ne prétendent évidemment pas incarner la pensée de Samuel Paty, mais elles sont écrites pour lui, au sens où l’effort de pensée, de discernement, de nuances, de raison, a été fait en pensant à lui, et pour lui rendre hommage. Continuer de penser librement, d’exprimer, d’échanger les arguments, me parait le meilleur des hommages.

    1. Il y a d’abord eu, en apprenant la nouvelle, l’#horreur, la #tristesse, la #peur, devant le #crime commis, et des pensées pour les proches de Samuel Paty, ses collègues, ses élèves, toutes les communautés scolaires de France et, au-delà, toute la communauté des humains bouleversés par ce crime. Puis s’y est mêlée une #rage causée par tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, et avant même d’en savoir plus sur les tenants et aboutissants qui avaient mené au pire, se sont empressés de dégainer des kits théoriques tendant à minimiser l’#atrocité du crime ou à dissoudre toute la #responsabilité de l’assassin (ou possiblement des assassins) dans des entités excessivement extensibles (que ce soit « l’#islamisation » ou « l’#islamophobie ») – sans compter ceux qui instrumentalisent l’horreur pour des agendas qu’on connait trop bien : rétablissement de la peine de mort, chasse aux immigré.e.s, chasse aux musulman.e.s.

    2. Il y a ensuite eu une peur, ou des peurs, en voyant repartir tellement vite, et à la puissance dix, une forme de réaction gouvernementale qui a de longue date fait les preuves de son #inefficacité (contre la #violence_terroriste) et de sa #nocivité (pour l’état du vivre-ensemble et des droits humains) : au lieu d’augmenter comme il faut les moyens policiers pour enquêter plus et mieux qu’on ne le fait déjà, pour surveiller, remonter des filières bien ciblées et les démanteler, mais aussi assurer en temps réel la protection des personnes qui la demandent, au moment où elles la demandent, on fait du spectacle avec des boucs émissaires.

    Une sourde appréhension s’est donc mêlée à la peine, face au déferlement d’injures, de menaces et d’attaques islamophobes, anti-immigrés et anti-tchétchènes qui a tout de suite commencé, mais aussi face à l’éventualité d’autres attentats qui pourraient advenir dans le futur, sur la prévention desquels, c’est le moins que je puisse dire, toutes les énergies gouvernementales ne me semblent pas concentrées.

    3. Puis, au fil des lectures, une #gêne s’est installée, concernant ce que, sur les #réseaux_sociaux, je pouvais lire, « dans mon camp » cette fois-ci – c’est-à-dire principalement chez des gens dont je partage plus ou moins une certaine conception du combat antiraciste. Ce qui tout d’abord m’a gêné fut le fait d’énoncer tout de suite des analyses explicatives alors qu’au fond on ne savait à peu près rien sur le détail des faits : quel comportement avait eu précisément Samuel Paty, en montrant quels dessins, quelles interactions avaient eu lieu après-coup avec les élèves, avec les parents, qui avait protesté et en quels termes, sous quelles forme, qui avait envenimé le contentieux et comment s’était produit l’embrasement des réseaux sociaux, et enfin quel était le profil de l’assassin, quel était son vécu russe, tchétchène, français – son vécu dans toutes ses dimensions (familiale, socio-économique, scolaire, médicale), sa sociabilité et ses accointances (ou absences d’accointances) religieuses, politiques, délinquantes, terroristes ?

    J’étais gêné par exemple par le fait que soit souvent validée a priori, dès les premières heures qui suivirent le crime, l’hypothèse que Samuel Paty avait « déconné », alors qu’on n’était même pas certain par exemple que c’était le dessin dégoutant du prophète cul nu (j’y reviendrai) qui avait été montré en classe (puisqu’on lisait aussi que le professeur avait déposé plainte « pour diffamation » suite aux accusations proférées contre lui), et qu’on ne savait rien des conditions et de la manière dont il avait agencé son cours.

    4. Par ailleurs, dans l’hypothèse (qui a fini par se confirmer) que c’était bien ce dessin, effectivement problématique (j’y reviendrai), qui avait servi de déclencheur ou de prétexte pour la campagne contre Samuel Paty, autre chose me gênait. D’abord cet oubli : montrer un #dessin, aussi problématique soit-il, obscène, grossier, de mauvais goût, ou même raciste, peut très bien s’intégrer dans une #démarche_pédagogique, particulièrement en cours d’histoire – après tout, nous montrons bien des #caricatures anti-juives ignobles quand nous étudions la montée de l’antisémitisme, me confiait un collègue historien, et cela ne constitue évidemment pas en soi une pure et simple perpétuation de l’#offense_raciste. Les deux cas sont différents par bien des aspects, mais dans tous les cas tout se joue dans la manière dont les documents sont présentés et ensuite collectivement commentés, analysés, critiqués. Or, sur ladite manière, en l’occurrence, nous sommes restés longtemps sans savoir ce qui exactement s’était passé, et ce que nous avons fini par appendre est que Samuel Paty n’avait pas eu d’intention maligne : il s’agissait vraiment de discuter de la liberté d’expression, autour d’un cas particulièrement litigieux.

    5. En outre, s’il s’est avéré ensuite, dans les récits qui ont pu être reconstitués (notamment dans Libération), que Samuel Paty n’avait fait aucun usage malveillant de ces caricatures, et que les parents d’élèves qui s’étaient au départ inquiétés l’avaient assez rapidement et facilement compris après discussion, s’il s’est avéré aussi qu’au-delà de cet épisode particulier, Samuel Paty était un professeur très impliqué et apprécié, chaleureux, blagueur, il est dommageable que d’emblée, il n’ait pas été martelé ceci, aussi bien par les inconditionnels de l’ « esprit Charlie » que par les personnes légitimement choquées par certaines des caricatures : que même dans le cas contraire, même si le professeur avait « déconné », que ce soit un peu ou beaucoup, que même s’il avait manqué de précautions pédagogiques, que même s’il avait intentionnellement cherché à blesser, bref : que même s’il avait été un « mauvais prof », hautain, fumiste, ou même raciste, rien, absolument rien ne justifiait ce qui a été commis.

    Je me doute bien que, dans la plupart des réactions à chaud, cela allait sans dire, mais je pense que, dans le monde où l’on vit, et où se passent ces horreurs, tout désormais en la matière (je veux dire : en matière de mise à distance de l’hyper-violence) doit être dit, partout, même ce qui va sans dire.

    En d’autres termes, même si l’on juge nécessaire de rappeler, à l’occasion de ce crime et des discussions qu’il relance, qu’il est bon que tout ne soit pas permis en matière de liberté d’expression, cela n’est selon moi tenable que si l’on y adjoint un autre rappel : qu’il est bon aussi que tout ne soit pas permis dans la manière de limiter la liberté d’expression, dans la manière de réagir aux discours offensants, et plus précisément que doit être absolument proscrit le recours à la #violence_physique, a fortiori au #meurtre. Nous sommes malheureusement en un temps, je le répète, où cela ne va plus sans dire.

    6. La remarque qui précède est, me semble-t-il, le grand non-dit qui manque le plus dans tout le débat public tel qu’il se polarise depuis des années entre les « Charlie », inconditionnels de « la liberté d’expression », et les « pas Charlie », soucieux de poser des « #limites » à la « #liberté_d’offenser » : ni la liberté d’expression ni sa nécessaire #limitation ne doivent en fait être posées comme l’impératif catégorique et fondamental. Les deux sont plaidables, mais dans un #espace_de_parole soumis à une autre loi fondamentale, sur laquelle tout le monde pourrait et devrait se mettre d’accord au préalable, et qui est le refus absolu de la violence physique.

    Moyennant quoi, dès lors que cette loi fondamentale est respectée, et expressément rappelée, la liberté d’expression, à laquelle Samuel Paty était si attaché, peut et doit impliquer aussi le droit de dire qu’on juge certaines caricatures de Charlie Hebdo odieuses :

    – celles par exemple qui amalgament le prophète des musulmans (et donc – par une inévitable association d’idées – l’ensemble des fidèles qui le vénèrent) à un terroriste, en le figurant par exemple surarmé, le nez crochu, le regard exorbité, la mine patibulaire, ou coiffé d’un turban en forme de bombe ;

    – celle également qui blesse gratuitement les croyants (et les croyants lambda, tolérants, non-violents, tout autant voire davantage que des « djihadistes » avides de prétextes à faire couler le sang), en représentant leur prophète cul nul, testicules à l’air, une étoile musulmane à la place de l’anus ;

    – celle qui animalise une syndicaliste musulmane voilée en l’affublant d’un faciès de singe ;

    – celle qui annonce « une roumaine » (la joueuse Simona Halep), gagnante de Roland-Garros, et la représente en rom au physique disgracieux, brandissant la coupe et criant « ferraille ! ferraille ! » ;

    – celle qui nous demande d’imaginer « le petit Aylan », enfant de migrants kurdes retrouvé mort en méditerranée, « s’il avait survécu », et nous le montre devenu « tripoteur de fesses en Allemagne » (suite à une série de viols commis à Francfort) ;

    – celle qui représente les esclaves sexuelles de Boko Haram, voilées et enceintes, en train de gueuler après leurs « allocs » ;

    – celle qui fantasme une invasion ou une « islamisation » en forme de « grand remplacement », par exemple en nous montrant un musulman barbu dont la barbe démesurée envahit toute la page de Une, malgré un minuscule Macron luttant « contre le séparatisme », armé de ciseaux, mais ne parvenant qu’à en couper que quelques poils ;

    – celle qui alimente le même fantasme d’invasion en figurant un Macron, déclarant que le port du foulard par des femmes musulmanes « ne le regarde pas » en tant que président, tandis que le reste de la page n’est occupé que par des femmes voilées, avec une légende digne d’un tract d’extrême droite : « La République islamique en marche ».

    Sur chacun de ces dessins, publiés en Une pour la plupart, je pourrais argumenter en détail, pour expliquer en quoi je les juge odieux, et souvent racistes. Bien d’autres exemples pourraient d’ailleurs être évoqués, comme une couverture publiée à l’occasion d’un attentat meurtrier commis à Bruxelles en mars 2016 et revendiqué par Daesh (ayant entraîné la mort de 32 personnes et fait 340 blessés), et figurant de manière pour le moins choquante le chanteur Stromae, orphelin du génocide rwandais, en train de chanter « Papaoutai » tandis que voltigent autour de lui des morceaux de jambes et de bras déchiquetés ou d’oeil exorbité. La liste n’est pas exhaustive, d’autres unes pourraient être évoquées – celles notamment qui nous invitent à rigoler (on est tenté de dire ricaner) sur le sort des femmes violées, des enfants abusés, ou des peuples qui meurent de faim.

    On a le droit de détester cet #humour, on a le droit de considérer que certaines de ces caricatures incitent au #mépris ou à la #haine_raciste ou sexiste, entre autres griefs possibles, et on a le droit de le dire. On a le droit de l’écrire, on a le droit d’aller le dire en justice, et même en manifestation. Mais – cela allait sans dire, l’attentat de janvier 2015 oblige désormais à l’énoncer expressément – quel que soit tout le mal qu’on peut penser de ces dessins, de leur #brutalité, de leur #indélicatesse, de leur méchanceté gratuite envers des gens souvent démunis, de leur #racisme parfois, la #violence_symbolique qu’il exercent est sans commune mesure avec la violence physique extrême que constitue l’#homicide, et elle ne saurait donc lui apporter le moindre commencement de #justification.

    On a en somme le droit de dénoncer avec la plus grande vigueur la violence symbolique des caricatures quand on la juge illégitime et nocive, car elle peut l’être, à condition toutefois de dire désormais ce qui, je le répète, aurait dû continuer d’aller sans dire mais va beaucoup mieux, désormais, en le disant : qu’aucune violence symbolique ne justifie l’hyper-violence physique. Cela vaut pour les pires dessins de Charlie comme pour les pires répliques d’un Zemmour ou d’un Dieudonné, comme pour tout ce qui nous offense – du plutôt #douteux au parfaitement #abject.

    Que reste-t-il en effet de la liberté d’expression si l’on défend le #droit_à_la_caricature mais pas le droit à la #critique des caricatures ? Que devient le #débat_démocratique si toute critique radicale de #Charlie aujourd’hui, et qui sait de de Zemmour demain, de Macron après-demain, est d’office assimilée à une #incitation_à_la_violence, donc à de la complicité de terrorisme, donc proscrite ?

    Mais inversement, que devient cet espace démocratique si la dénonciation de l’intolérable et l’appel à le faire cesser ne sont pas précédés et tempérés par le rappel clair et explicite de l’interdit fondamental du meurtre ?

    7. Autre chose m’a gêné dans certaines analyses : l’interrogation sur les « #vrais_responsables », formulation qui laisse entendre que « derrière » un responsable « apparent » (l’assassin) il y aurait « les vrais responsables », qui seraient d’autres que lui. Or s’il me parait bien sûr nécessaire d’envisager dans toute sa force et toute sa complexité l’impact des #déterminismes_sociaux, il est problématique de dissoudre dans ces déterminismes toute la #responsabilité_individuelle de ce jeune de 18 ans – ce que la sociologie ne fait pas, contrairement à ce que prétendent certains polémistes, mais que certains discours peuvent parfois faire.

    Que chacun s’interroge toujours sur sa possible responsabilité est plutôt une bonne chose à mes yeux, si toutefois on ne pousse pas le zèle jusqu’à un « on est tous coupables » qui dissout toute #culpabilité réelle et arrange les affaires des principaux coupables. Ce qui m’a gêné est l’enchaînement de questions qui, en réponse à la question « qui a tué ? », met comme en concurrence, à égalité, d’une part celui qui a effectivement commis le crime, et d’autre part d’autres personnes ou groupes sociaux (la direction de l’école, la police, le père d’élève ayant lancé la campagne publique contre Samuel Paty sur Youtube, sa fille qui semble l’avoir induit en erreur sur le déroulement de ses cours) qui, quel que soit leur niveau de responsabilité, n’ont en aucun cas « tué » – la distinction peut paraitre simple, voire simpliste, mais me parait, pour ma part, cruciale à maintenir.

    8. Ce qui m’a gêné, aussi, et même écoeuré lorsque l’oubli était assumé, et que « le système » néolibéral et islamophobe devenait « le principal responsable », voire « l’ennemi qu’il nous faut combattre », au singulier, ce fut une absence, dans la liste des personnes ou des groupes sociaux pouvant, au-delà de l’individu #Abdoullakh_Abouyezidovitch, se partager une part de responsabilité. Ce qui me gêna fut l’oubli ou la minoration du rôle de l’entourage plus ou moins immédiat du tueur – qu’il s’agisse d’un groupe terroriste organisé ou d’un groupe plus informel de proches ou de moins proches (via les réseaux sociaux), sans oublier, bien entendu, l’acolyte de l’irresponsable « père en colère » : un certain #Abdelhakim_Sefrioui, entrepreneur de haine pourtant bien connu, démasqué et ostracisé de longue date dans les milieux militants, à commencer par les milieux pro-palestiniens et la militance anti-islamophobie.

    Je connais les travaux sociologiques qui critiquent à juste titre l’approche mainstream, focalisée exclusivement les techniques de propagande des organisations terroristes, et qui déplacent la focale sur l’étude des conditions sociales rendant audible et « efficace » lesdites techniques de #propagande. Mais justement, on ne peut prendre en compte ces conditions sociales sans observer aussi comment elles pèsent d’une façon singulière sur les individus, dont la responsabilité n’est pas évacuée. Et l’on ne peut pas écarter, notamment, la responsabilité des individus ou des groupes d’ « engraineurs », surtout si l’on pose la question en ces termes : « qui a tué ? ».

    9. Le temps du #choc, du #deuil et de l’#amertume « contre mon propre camp » fut cela dit parasité assez vite par un vacarme médiatique assourdissant, charriant son lot d’#infamie dans des proportions autrement plus terrifiantes. #Samuel_Gontier, fidèle « au poste », en a donné un aperçu glaçant :

    – des panels politiques dans lesquels « l’équilibre » invoqué par le présentateur (Pascal Praud) consiste en un trio droite, droite extrême et extrême droite (LREM, Les Républicains, Rassemblement national), et où les différentes familles de la gauche (Verts, PS, PCF, France insoumise, sans même parler de l’extrême gauche) sont tout simplement exclues ;

    – des « débats » où sont mis sérieusement à l’agenda l’interdiction du #voile dans tout l’espace public, l’expulsion de toutes les femmes portant le #foulard, la #déchéance_de_nationalité pour celles qui seraient françaises, la réouverture des « #bagnes » « dans îles Kerguelen », le rétablissement de la #peine_de_mort, et enfin la « #criminalisation » de toutes les idéologies musulmanes conservatrices, « pas seulement le #djihadisme mais aussi l’#islamisme » (un peu comme si, à la suite des attentats des Brigades Rouges, de la Fraction Armée Rouge ou d’Action Directe, on avait voulu criminaliser, donc interdire et dissoudre toute la gauche socialiste, communiste, écologiste ou radicale, sous prétexte qu’elle partageait avec les groupes terroristes « l’opposition au capitalisme ») ;

    – des « plateaux » sur lesquels un #Manuel_Valls peut appeler en toute conscience et en toute tranquillité, sans causer de scandale, à piétiner la Convention Européenne des Droits Humains : « S’il nous faut, dans un moment exceptionnel, s’éloigner du #droit_européen, faire évoluer notre #Constitution, il faut le faire. », « Je l’ai dit en 2015, nous sommes en #guerre. Si nous sommes en guerre, donc il faut agir, frapper. ».

    10. Puis, très vite, il y a eu cette offensive du ministre de l’Intérieur #Gérald_Darmanin contre le #CCIF (#Collectif_Contre_l’Islamophobie_en_France), dénuée de tout fondement du point de vue de la #lutte_anti-terroriste – puisque l’association n’a évidemment pris aucune part dans le crime du 17 octobre 2020, ni même dans la campagne publique (sur Youtube et Twitter) qui y a conduit.

    Cette dénonciation – proprement calomnieuse, donc – s’est autorisée en fait d’une montée en généralité, en abstraction et même en « nébulosité », et d’un grossier sophisme : le meurtre de Samuel Paty est une atteinte aux « #valeurs » et aux « institutions » de « la #République », que justement le CCIF « combat » aussi – moyennant quoi le CCIF a « quelque chose à voir » avec ce crime et il doit donc être dissous, CQFD. L’accusation n’en demeure pas moins fantaisiste autant qu’infamante, puisque le « combat » de l’association, loin de viser les principes et les institutions républicaines en tant que telles, vise tout au contraire leur manque d’effectivité : toute l’activité du CCIF (c’est vérifiable, sur le site de l’association aussi bien que dans les rapports des journalistes, au fil de l’actualité, depuis des années) consiste à combattre la #discrimination en raison de l’appartenance ou de la pratique réelle ou supposée d’une religion, donc à faire appliquer une loi de la république. Le CCIF réalise ce travail par les moyens les plus républicains qui soient, en rappelant l’état du Droit, en proposant des médiations ou en portant devant la #Justice, institution républicaine s’il en est, des cas d’atteinte au principe d’#égalité, principe républicain s’il en est.

    Ce travail fait donc du CCIF une institution précieuse (en tout cas dans une république démocratique) qu’on appelle un « #contre-pouvoir » : en d’autres termes, un ennemi de l’arbitraire d’État et non de la « République ». Son travail d’#alerte contribue même à sauver ladite République, d’elle-même pourrait-on dire, ou plutôt de ses serviteurs défaillants et de ses démons que sont le racisme et la discrimination.

    Il s’est rapidement avéré, du coup, que cette offensive sans rapport réel avec la lutte anti-terroriste s’inscrivait en fait dans un tout autre agenda, dont on avait connu les prémisses dès le début de mandat d’Emmanuel Macron, dans les injures violentes et les tentatives d’interdiction de Jean-Michel #Blanquer contre le syndicat #Sud_éducation_93, ou plus récemment dans l’acharnement haineux du député #Robin_Réda, censé diriger une audition parlementaire antiraciste, contre les associations de soutien aux immigrés, et notamment le #GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Immigrés). Cet agenda est ni plus ni moins que la mise hors-jeu des « corps intermédiaires » de la société civile, et en premier lieu des #contre-pouvoirs que sont les associations antiracistes et de défense des droits humains, ainsi que les #syndicats, en attendant le tour des partis politiques – confère, déjà, la brutalisation du débat politique, et notamment les attaques tout à fait inouïes, contraires pour le coup à la tradition républicaine, de #Gérald_Darmanin contre les écologistes (#Julien_Bayou, #Sandra_Regol et #Esther_Benbassa) puis contre la #France_insoumise et son supposé « #islamo-gauchisme qui a détruit la république », ces dernières semaines, avant donc le meurtre de Samuel Paty.

    Un agenda dans lequel figure aussi, on vient de l’apprendre, un combat judiciaire contre le site d’information #Mediapart.

    11. Il y a eu ensuite l’annonce de ces « actions coup de poing » contre des associations et des lieux de culte musulmans, dont le ministre de l’Intérieur lui-même a admis qu’elles n’avaient aucun lien avec l’enquête sur le meurtre de Samuel Paty, mais qu’elles servaient avant tout à « #adresser_un_message », afin que « la #sidération change de camp ». L’aveu est terrible : l’heure n’est pas à la défense d’un modèle (démocratique, libéral, fondé sur l’État de Droit et ouvert à la pluralité des opinions) contre un autre (obscurantiste, fascisant, fondé sur la terreur), mais à une #rivalité_mimétique. À la #terreur on répond par la terreur, sans même prétendre, comme le fit naguère un Charles Pasqua, qu’on va « terroriser les terroristes » : ceux que l’on va terroriser ne sont pas les terroristes, on le sait, on le dit, on s’en contrefout et on répond au meurtre par la #bêtise et la #brutalité, à l’#obscurantisme « religieux » par l’obscurantisme « civil », au #chaos de l’#hyper-violence par le chaos de l’#arbitraire d’État.

    12. On cible donc des #mosquées alors même qu’on apprend (notamment dans la remarquable enquête de Jean-Baptiste Naudet, dans L’Obs) que le tueur ne fréquentait aucune mosquée – ce qui était le cas, déjà, de bien d’autres tueurs lors des précédents attentats.

    On s’attaque au « #séparatisme » et au « #repli_communautaire » alors même qu’on apprend (dans la même enquête) que le tueur n’avait aucune attache ou sociabilité dans sa communauté – ce qui là encore a souvent été le cas dans le passé.

    On préconise des cours intensifs de #catéchisme_laïque dans les #écoles, des formations intensives sur la liberté d’expression, avec distribution de « caricatures » dans tous les lycées, alors que le tueur était déscolarisé depuis un moment et n’avait commencé à se « radicaliser » qu’en dehors de l’#école (et là encore se rejoue un schéma déjà connu : il se trouve qu’un des tueurs du Bataclan fut élève dans l’établissement où j’exerce, un élève dont tous les professeurs se souviennent comme d’un élève sans histoires, et dont la famille n’a pu observer des manifestations de « #radicalisation » qu’après son bac et son passage à l’université, une fois qu’il était entré dans la vie professionnelle).

    Et enfin, ultime protection : Gérald Darmanin songe à réorganiser les rayons des #supermarchés ! Il y aurait matière à rire s’il n’y avait pas péril en la demeure. On pourrait s’amuser d’une telle #absurdité, d’une telle incompétence, d’une telle disjonction entre la fin et les moyens, si l’enjeu n’était pas si grave. On pourrait sourire devant les gesticulations martiales d’un ministre qui avoue lui-même tirer « à côté » des véritables coupables et complices, lorsque par exemple il ordonne des opérations contre des #institutions_musulmanes « sans lien avec l’enquête ». On pourrait sourire s’il ne venait pas de se produire une attaque meurtrière atroce, qui advient après plusieurs autres, et s’il n’y avait pas lieu d’être sérieux, raisonnable, concentré sur quelques objectifs bien définis : mieux surveiller, repérer, voir venir, mieux prévenir, mieux intervenir dans l’urgence, mieux protéger. On pourrait se payer le luxe de se disperser et de discuter des #tenues_vestimentaires ou des #rayons_de_supermarché s’il n’y avait pas des vies humaines en jeu – certes pas la vie de nos dirigeants, surprotégés par une garde rapprochée, mais celles, notamment, des professeurs et des élèves.

    13. Cette #futilité, cette #frivolité, cette bêtise serait moins coupable s’il n’y avait pas aussi un gros soubassement de #violence_islamophobe. Cette bêtise serait innocente, elle ne porterait pas à conséquence si les mises en débat du #vêtement ou de l’#alimentation des diverses « communautés religieuses » n’étaient pas surdéterminées, depuis de longues années, par de très lourds et violents #stéréotypes racistes. On pourrait causer lingerie et régime alimentaire si les us et coutumes religieux n’étaient pas des #stigmates sur-exploités par les racistes de tout poil, si le refus du #porc ou de l’#alcool par exemple, ou bien le port d’un foulard, n’étaient pas depuis des années des motifs récurrents d’#injure, d’#agression, de discrimination dans les études ou dans l’emploi.

    Il y a donc une bêtise insondable dans cette mise en cause absolument hors-sujet des commerces ou des rayons d’ « #alimentation_communautaire » qui, dixit Darmanin, « flatteraient » les « plus bas instincts », alors que (confère toujours l’excellente enquête de Jean-Baptiste Naudet dans L’Obs) l’homme qui a tué Samuel Paty (comme l’ensemble des précédents auteurs d’attentats meurtriers) n’avait précisément pas d’ancrage dans une « communauté » – ni dans l’immigration tchétchène, ni dans une communauté religieuse localisée, puisqu’il ne fréquentait aucune mosquée.

    Et il y a dans cette bêtise une #méchanceté tout aussi insondable : un racisme sordide, à l’encontre des #musulmans bien sûr, mais pas seulement. Il y a aussi un mépris, une injure, un piétinement de la mémoire des morts #juifs – puisque parmi les victimes récentes des tueries terroristes, il y a précisément des clients d’un commerce communautaire, l’#Hyper_Cacher, choisis pour cible et tués précisément en tant que tels.

    Telle est la vérité, cruelle, qui vient d’emblée s’opposer aux élucubrations de Gérald Darmanin : en incriminant les modes de vie « communautaires », et plus précisément la fréquentation de lieux de culte ou de commerces « communautaires », le ministre stigmatise non pas les coupables de la violence terroriste (qui se caractérisent au contraire par la #solitude, l’#isolement, le surf sur #internet, l’absence d’#attaches_communautaires et de pratique religieuse assidue, l’absence en tout cas de fréquentation de #lieux_de_cultes) mais bien certaines de ses victimes (des fidèles attaqués sur leur lieu de culte, ou de courses).

    14. Puis, quelques jours à peine après l’effroyable attentat, sans aucune concertation sur le terrain, auprès de la profession concernée, est tombée par voie de presse (comme d’habitude) une stupéfiante nouvelle : l’ensemble des Conseils régionaux de France a décidé de faire distribuer un « #recueil_de_caricatures » (on ne sait pas lesquelles) dans tous les lycées. S’il faut donner son sang, allez donner le vôtre, disait la chanson. Qu’ils aillent donc, ces élus, distribuer eux-mêmes leurs petites bibles républicaines, sur les marchés. Mais non : c’est notre sang à nous, petits profs de merde, méprisés, sous-payés, insultés depuis des années, qui doit couler, a-t-il été décidé en haut lieu. Et possiblement aussi celui de nos élèves.

    Car il faut se rendre à l’évidence : si cette information est confirmée, et si nous acceptons ce rôle de héros et martyrs d’un pouvoir qui joue aux petits soldats de plomb avec des profs et des élèves de chair et d’os, nous devenons officiellement la cible privilégiée des groupes terroristes. À un ennemi qui ne fonctionne, dans ses choix de cibles et dans sa communication politique, qu’au défi, au symbole et à l’invocation de l’honneur du Prophète, nos dirigeants répondent en toute #irresponsabilité par le #défi, le #symbole, et la remise en jeu de l’image du Prophète. À quoi doit-on s’attendre ? Y sommes-nous prêts ? Moi non.

    15. Comme si tout cela ne suffisait pas, voici enfin que le leader de l’opposition de gauche, celui dont on pouvait espérer, au vu de ses engagements récents, quelques mises en garde élémentaires mais salutaires contre les #amalgames et la #stigmatisation haineuse des musulmans, n’en finit pas de nous surprendre ou plutôt de nous consterner, de nous horrifier, puisqu’il s’oppose effectivement à la chasse aux musulmans, mais pour nous inviter aussitôt à une autre chasse : la #chasse_aux_Tchétchènes :

    « Moi, je pense qu’il y a un problème avec la #communauté_tchétchène en France ».

    Il suffit donc de deux crimes, commis tous les deux par une personne d’origine tchétchène, ces dernières années (l’attentat de l’Opéra en 2018, et celui de Conflans en 2020), plus une méga-rixe à Dijon cet été impliquant quelques dizaines de #Tchétchènes, pour que notre homme de gauche infère tranquillement un « #problème_tchétchène », impliquant toute une « communauté » de plusieurs dizaines de milliers de personnes vivant en France.

    « Ils sont arrivés en France car le gouvernement français, qui était très hostile à Vladimir Poutine, les accueillait à bras ouverts », nous explique Jean-Luc #Mélenchon. « À bras ouverts », donc, comme dans un discours de Le Pen – le père ou la fille. Et l’on a bien entendu : le motif de l’#asile est une inexplicable « hostilité » de la France contre le pauvre Poutine – et certainement pas une persécution sanglante commise par ledit Poutine, se déclarant prêt à aller « buter » lesdits Tchétchènes « jusque dans les chiottes ».

    « Il y a sans doute de très bonnes personnes dans cette communauté » finit-il par concéder à son intervieweur interloqué. On a bien lu, là encore : « sans doute ». Ce n’est donc même pas sûr. Et « de très bonnes personnes », ce qui veut dire en bon français : quelques-unes, pas des masses.

    « Mais c’est notre #devoir_national de s’en assurer », s’empresse-t-il d’ajouter – donc même le « sans doute » n’aura pas fait long feu. Et pour finir en apothéose :

    « Il faut reprendre un par un tous les dossiers des Tchétchènes présents en France et tous ceux qui ont une activité sur les réseaux sociaux, comme c’était le cas de l’assassin ou d’autres qui ont des activités dans l’#islamisme_politique (...), doivent être capturés et expulsés ».

    Là encore, on a bien lu : « tous les dossiers des Tchétchènes présents en France », « un par un » ! Quant aux suspects, ils ne seront pas « interpellés », ni « arrêtés », mais « capturés » : le vocabulaire est celui de la #chasse, du #safari. Voici donc où nous emmène le chef du principal parti d’opposition de gauche.

    16. Enfin, quand on écrira l’histoire de ces temps obscurs, il faudra aussi raconter cela : comment, à l’heure où la nation était invitée à s’unir dans le deuil, dans la défense d’un modèle démocratique, dans le refus de la violence, une violente campagne de presse et de tweet fut menée pour que soient purement et simplement virés et remplacés les responsables de l’#Observatoire_de_la_laïcité, #Nicolas_Cadène et #Jean-Louis_Bianco, pourtant restés toujours fidèles à l’esprit et à la lettre des lois laïques, et que les deux hommes furent à cette fin accusés d’avoir « désarmé » la République et de s’être « mis au service » des « ennemis » de ladite #laïcité et de ladite république – en somme d’être les complices d’un tueur de prof, puisque c’est de cet ennemi-là qu’il était question.

    Il faudra raconter que des universitaires absolument irréprochables sur ces questions, comme #Mame_Fatou_Niang et #Éric_Fassin, furent mis en cause violemment par des tweeters, l’une en recevant d’abjectes vidéos de décapitation, l’autre en recevant des #menaces de subir la même chose, avec dans les deux cas l’accusation d’être responsables de la mort de Samuel Paty.

    Il faudra se souvenir qu’un intellectuel renommé, invité sur tous les plateaux, proféra tranquillement, là encore sans être recadré par les animateurs, le même type d’accusations à l’encontre de la journaliste et chroniqueuse #Rokhaya_Diallo : en critiquant #Charlie_Hebdo, elle aurait « poussé à armer les bras des tueurs », et « entrainé » la mort des douze de Charlie hebdo.

    Il faudra se souvenir qu’au sommet de l’État, enfin, en ces temps de deuil, de concorde nationale et de combat contre l’obscurantisme, le ministre de l’Éducation nationale lui-même attisa ce genre de mauvaise querelle et de #mauvais_procès – c’est un euphémisme – en déclarant notamment ceci :

    « Ce qu’on appelle l’#islamo-gauchisme fait des ravages, il fait des ravages à l’#université. Il fait des ravages quand l’#UNEF cède à ce type de chose, il fait des ravages quand dans les rangs de la France Insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mène au pire. »

    Il faudra raconter ce que ces sophismes et ces purs et simples mensonges ont construit ou tenté de construire : un « #consensus_national » fondé sur une rage aveugle plutôt que sur un deuil partagé et un « plus jamais ça » sincère et réfléchi. Un « consensus » singulièrement diviseur en vérité, excluant de manière radicale et brutale tous les contre-pouvoirs humanistes et progressistes qui pourraient tempérer la violence de l’arbitraire d’État, et apporter leur contribution à l’élaboration d’une riposte anti-terroriste pertinente et efficace : le mouvement antiraciste, l’opposition de gauche, la #sociologie_critique... Et incluant en revanche, sans le moindre état d’âme, une droite républicaine radicalisée comme jamais, ainsi que l’#extrême_droite lepéniste.

    Je ne sais comment conclure, sinon en redisant mon accablement, ma tristesse, mon désarroi, ma peur – pourquoi le cacher ? – et mon sentiment d’#impuissance face à une #brutalisation en marche. La brutalisation de la #vie_politique s’était certes enclenchée bien avant ce crime atroce – l’évolution du #maintien_de l’ordre pendant tous les derniers mouvements sociaux en témoigne, et les noms de Lallement et de Benalla en sont deux bons emblèmes. Mais cet attentat, comme les précédents, nous fait évidemment franchir un cap dans l’#horreur. Quant à la réponse à cette horreur, elle s’annonce désastreuse et, loin d’opposer efficacement la force à la force (ce qui peut se faire mais suppose le discernement), elle rajoute de la violence aveugle à de la violence aveugle – tout en nous exposant et en nous fragilisant comme jamais. Naïvement, avec sans doute un peu de cet idéalisme qui animait Samuel Paty, j’en appelle au #sursaut_collectif, et à la #raison.

    Pour reprendre un mot d’ordre apparu suite à ce crime atroce, #je_suis_prof. Je suis prof au sens où je me sens solidaire de Samuel Paty, où sa mort me bouleverse et me terrifie, mais je suis prof aussi parce que c’est tout simplement le métier que j’exerce. Je suis prof et je crois donc en la raison, en l’#éducation, en la #discussion. Depuis vingt-cinq ans, j’enseigne avec passion la philosophie et je m’efforce de transmettre le goût de la pensée, de la liberté de penser, de l’échange d’arguments, du débat contradictoire. Je suis prof et je m’efforce de transmettre ces belles valeurs complémentaires que sont la #tolérance, la #capacité_d’indignation face à l’intolérable, et la #non-violence dans l’#indignation et le combat pour ses idées.

    Je suis prof et depuis vingt-cinq ans je m’efforce de promouvoir le #respect et l’#égalité_de_traitement, contre tous les racismes, tous les sexismes, toutes les homophobies, tous les systèmes inégalitaires. Et je refuse d’aller mourir au front pour une croisade faussement « républicaine », menée par un ministre de l’Intérieur qui a commencé sa carrière politique, entre 2004 et 2008, dans le girons de l’extrême droite monarchiste (auprès de #Christian_Vanneste et de #Politique_magazine, l’organe de l’#Action_française). Je suis prof et je refuse de sacrifier tout ce en quoi je crois pour la carrière d’un ministre qui en 2012, encore, militait avec acharnement, aux côtés de « La manif pour tous », pour que les homosexuels n’aient pas les mêmes droits que les autres – sans parler de son rapport aux femmes, pour le moins problématique, et de ce que notre grand républicain appelle, en un délicat euphémisme, sa « vie de jeune homme ».

    Je suis prof et j’enseigne la laïcité, la vraie, celle qui s’est incarnée dans de belles lois en 1881, 1882, 1886 et 1905, et qui n’est rien d’autre qu’une machine à produire plus de #liberté, d’#égalité et de #fraternité. Mais ce n’est pas cette laïcité, loin s’en faut, qui se donne à voir ces jours-ci, moins que jamais, quand bien même le mot est répété à l’infini. C’est au contraire une politique liberticide, discriminatoire donc inégalitaire, suspicieuse ou haineuse plutôt que fraternelle, que je vois se mettre en place, sans même l’excuse de l’efficacité face au terrorisme.

    Je suis prof, et cette #vraie_laïcité, ce goût de la pensée et de la #parole_libre, je souhaite continuer de les promouvoir. Et je souhaite pour cela rester en vie. Et je souhaite pour cela rester libre, maître de mes #choix_pédagogiques, dans des conditions matérielles qui permettent de travailler. Et je refuse donc de devenir l’otage d’un costume de héros ou de martyr taillé pour moi par des aventuriers sans jugeote, sans cœur et sans principes – ces faux amis qui ne savent qu’encenser des profs morts et mépriser les profs vivants.

    https://lmsi.net/Je-suis-prof

    #Pierre_Tevanian

    –—

    –-> déjà signalé sur seenthis :
    https://seenthis.net/messages/882390
    https://seenthis.net/messages/882583
    ... mais je voulais mettre le texte complet.

  • #Coronavirus : « Il n’y a pas à s’inquiéter de la facture », selon la Nobel d’#économie

    L’économiste #Esther_Duflo, prix Nobel d’économie 2019, a appelé mardi à ouvrir grand les vannes de la #dépense_publique pour restreindre les ravages économiques de la pandémie de #coronavirus, estimant qu’il “n’y a absolument pas à s’inquiéter de la facture” face à la crise sanitaire.

    Elle a aussi plaidé pour un système d’#imposition “extrêmement progressif” , c’est-à-dire devenant plus lourd au fur et à mesure que les revenus s’élèvent, afin de financer les systèmes de santé, et de soutenir les ménages modestes. “Quand on a une grosse crise de demande comme aujourd’hui, il faut injecter des ressources dans l’économie”, ce qui suppose pour les gouvernements qui le peuvent “d’emprunter massivement et de #stimuler_l’économie autant que possible”, a insisté sur la radio France Inter Mme Duflo.

    La professeure au prestigieux MIT (États-Unis) a estimé que “c’est vraiment le #moment_keynésien par excellence”, en référence à l’économiste anglais John Maynard #Keynes qui avait prôné l’#interventionnisme de l’#État tous azimuts après la crise financière de 1929. “Il s’agit de savoir si on aura plutôt la crise de 2008 ou celle de 1929”, qui avait durablement plombé l’économie mondiale, et “la différence viendra de la volonté de dépenser beaucoup d’argent aujourd’hui, de manière juste”.

    « #Dépenser_plus » maintenant, « cela fait économiser de l’argent »

    Selon elle, “dépenser plus d’argent à la fois pour lutter contre le virus (…) et pour essayer de mitiger au maximum l’impact économique, cela fait économiser de l’argent en fait”. Faute de quoi, la crise risque de devenir “plus mortelle, et d’un point de vue strictement financier, plus grave”, avec un “#effet_boule_de_neige”, et dans ce cas “on passe d’une #récession à une #dépression, dont les #ravages_économiques sont beaucoup plus forts et plus longs”.

    L’économiste, spécialiste de la pauvreté, encourage les pays du G20 à soutenir les pays moins développés, moins armés face à l’#épidémie, et pointe les incertitudes sur la “#sortie_de_crise”, notamment sur la vigueur de la #reprise de la #consommation, facteur qui déterminera “l’ampleur finale du #désastre_économique”.

    Pour un #système_d’imposition « extrêmement progressif »

    Esther Duflo a par ailleurs balayé les craintes sur l’#endettement_public : pour l’heure, les gouvernements “peuvent emprunter à taux extrêmement faibles” et “si on a beaucoup d’argent à dépenser, on a aussi beaucoup de temps pour rembourser”. “Il n’y a absolument pas à s’inquiéter de la facture pour l’instant, c’est le dernier de nos soucis”, insiste-t-elle, mettant en garde contre un retour prématuré à “une #orthodoxie un peu frileuse” sur les déficits.

    Pour Mme Duflo, la crise serait l’occasion d’encourager un système d’imposition “extrêmement progressif” dans les pays développés : “Comment financer à la fois les transferts aux plus pauvres, qui leur permettront de soutenir leur consommation, et les #systèmes_de_santé qu’il va falloir reconstruire ? Le financer par l’#impôt sur les #hauts_revenus (…) semble le moyen le plus raisonnable et le plus réaliste”.

    https://www.lequotidien.lu/economie/coronavirus-il-ny-a-pas-a-sinquieter-de-la-facture-selon-la-nobel-decono

  • Traitées de “petites connes” par un député UDI, des élues de gauche protestent
    Les Inrocks, le 21 février 2020
    https://www.lesinrocks.com/2020/02/21/actualite/politique/petites-connes-un-depute-udi-insulte-des-elues-de-gauche

    https://twitter.com/Clem_Autain/status/1230488853431177217

    Nous sommes toutes des « petites connes »
    Collectif, Médiapart, le 24 février 2020
    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/240220/nous-sommes-toutes-des-petites-connes

    Après les insultes du député UDI Meyer Habib, qui a qualifié des parlementaires de « petites connes » suite à leur participation à une danse pour dénoncer l’impact de la réforme des retraites sur les femmes, un collectif d’élues et militantes affirme que « les "petites connes" n’ont pas fini de faire enrager les sexistes de tout poil ». Elles appellent à « faire du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, la meilleure réponse qui soit ».

    #Sexisme #France #Clémentine_Autain #Elsa_Faucillon #Esther_Benbassa #Manon_Aubry #Meyer_Habib

    • Le soutien de Meyer Habib à l’épuration ethnique menée par Israël, et à ses crimes de guerre, me parait bien plus grave que des insultes.

      En plus, Habib, en soutenant Israël comme « état juif », viole notre Constitution qui est universaliste.

      Habib est le député de la 8ème circonscription des Français de l’étranger. Il est élu avec seulement 6,6% des voix des inscrits de cette circonscription.

      Sarkozy avait créé en 2012 cette 8ème circonscription comprenant Chypre, la Grèce, Israël, l’Italie, Malte, Saint-Marin, le Saint-Siège et la Turquie. Plus de la moitié de cet électorat réside en Israël.

      Cette circonscription voit d’ailleurs ses électeurs s’abstenir à 90% (lire en bas du tableau sur Wikipedia qui présente la 8ème circonscription des Français de l’étranger) .

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Huiti%C3%A8me_circonscription_des_Fran%C3%A7ais_%C3%A9tablis_hors_de_F

      Il semble bien que cette circonscription ait été créée pour que les fascistes israéliens aient leur voix à l’Assemblée.

      Pourquoi tout cela n’est-il dénoncé par personne ?

      On veut bien ne pas croire au Lobby pro-Israël tout puissant, mais il faudrait nous aider un peu.

    • Quelle saleté, ce gars.
      #sexisme
      « If I can’t dance, it’s not my revolution. »

      Je note aussi le chapeau des Inrocks :

      Visiblement agacé par la chorégraphie contre la réforme des retraites réalisée par des élues de gauche, lundi 17 février, Meyer Habib a provoqué un tollé en les insultant de “petites connes” sur Twitter.

      Wah l’autre, il les a traitées, il les a insultées de petites connes. Même les SR ne savent plus qu’insulter est intransitif et que le verbe traiter de est disponible pour ajouter des compléments... Faudrait les recruter après des études de lettres, pas de journalisme.

  • (15) Antisémitisme et antisionisme : une confusion délétère - Libération
    https://www.liberation.fr/debats/2019/12/03/antisemitisme-et-antisionisme-une-confusion-deletere_1766993

    Alors que les députés doivent se prononcer ce mardi sur une résolution visant à lutter contre l’antisémitisme du député LREM Sylvain Maillard, la sénatrice EE-LV Esther Benbassa rappelle que la critique politique du sionisme d’Etat doit pouvoir exister sans être taxée d’antisémitisme.

    Critiquer la politique du gouvernement israélien n’est pas une manifestation d’antisémitisme et n’implique nullement d’en rendre responsables les Juifs de France ou les Juifs en général. Si c’était le cas, nombre d’Israéliens seraient considérés comme antisémites. Et à lire la liste des signataires de l’appel paru dans le Monde daté du 3 décembre, il faudrait reconnaître qu’il y a beaucoup de Juifs antisémites…

    En tant qu’historienne des Juifs, je voudrais lui rappeler que les autonomistes socialistes juifs appartenant au mouvement du Bund, dès la fin XIXe siècle, n’étaient assurément pas sionistes. Que les masses juives ultraorthodoxes d’Europe orientale furent longtemps vigoureusement antisionistes (et leurs héritiers, en Israël ou ailleurs, le sont encore souvent). Or beaucoup des uns comme des autres périrent dans les camps nazis. Devra-t-on les tenir rétroactivement pour des antisémites qui s’ignoraient ?

    De même, le Crif, créé dans la clandestinité en 1944, a longtemps rassemblé les différentes composantes idéologiques de la judaïcité française. Et après la guerre, les dissensions furent également très vives sur la manière de formaliser les rapports du Crif avec le jeune Etat d’Israël.

    L’histoire de l’antisémitisme est ancienne et l’histoire du sionisme commence à l’être aussi. Ce dernier aussi évolua dans le temps. La tournure que prit le sionisme avec l’arrivée au pouvoir de la droite nationaliste du Likoud, en 1977, dont le dernier représentant est Benyamin Nétanyahou, n’a au fond que peu à voir avec le sionisme des fondateurs au XIXe siècle, ni avec celui de ses chevilles ouvrières travaillistes, tel Ben Gourion.

    Le sionisme étatique d’aujourd’hui, le sionisme des implantations juives dans les territoires occupés sont à mille lieues du sionisme de ceux qui rêvaient d’émancipation, qui voulaient un Etat pour les Juifs cibles des antisémites en Europe ou de ceux qui voulurent garantir un refuge sûr aux rescapés de la Shoah. La définition contemporaine d’Israël comme Etat juif, récemment votée par la Knesset, entérine clairement le refus de considérer ses citoyens arabes comme des citoyens égaux.

    #Israël #antisémitisme #antisionisme #sionisme #histoire_juive #Esther_Benbassa #Bund (pour l’illus)

  • Nobel d’économie 2019 : une approche très gestionnaire de la lutte contre la pauvreté | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/analyse/2019/11/17/nobel-deconomie-2019-une-approche-tres-gestionnaire-de-la-lutte-contre-la-pau

    En octobre fut décerné le Prix #Nobel d’#économie à #Esther_Duflo, #Abhijit_Banerjee et leur collègue #Michael_Kremer, afin de récompenser l’approche expérimentale de la lutte contre la pauvreté qu’ils ont élaborée depuis la fin des années 90 – une distinction qualifiée de radicale, voire révolutionnaire, par la presse française. Cette caractérisation ne peut manquer d’interroger : en quelle mesure les évaluations des randomistas, destinées à orienter les financements des bailleurs de fonds, sont-elles véritablement subversives ?

  • Pas de justice pour les victimes de déversements pétroliers

    Un tribunal britannique porte un coup dur aux victimes des déversements pétroliers et compromet la responsabilisation des entreprises. La cour d’appel a statué le 14 février 2018 que deux communautés du delta du Niger ne peuvent pas voir leurs recours contre le géant pétrolier #Shell examinés au Royaume-Uni, parce que la société-mère ne peut être tenue pour responsable des actions de sa filiale nigériane.


    https://www.amnesty.ch/fr/themes/economie-et-droits-humains/exemples/shell-nigeria/docs/2018/shell-pas-de-justice-pour-les-victimes
    #impunité #justice #injustice #pétrole #Nigeria #Delta_du_Niger #justice_environnementale #procès

  • Essoré par les élections, #EELV lance une opération survie
    https://www.mediapart.fr/journal/france/250817/essore-par-les-elections-eelv-lance-une-operation-survie

    Sans député, quasiment sans financement public, le parti écologiste se retrouve à #Dunkerque pour ses journées d’été. Premier épisode d’un grand chambardement à venir. « Il faut remettre à plat le projet, la forme parti qui est la nôtre, et notre relation au pouvoir », estime son secrétaire national, #David_Cormand.

    #France #Benoît_Hamon #Esther_Benbassa #Europe_Ecologie-Les_Verts #Marine_Tondelier

  • Le Great 78 Project a permis d’archiver 26 000 chansons anciennes. Et ce n’est que le début.
    https://archive.org/details/georgeblood?sort=-downloads


    Plonger dans la cave aux #78 tours

    Le Great 78 Project a permis d’archiver 26 000 chansons anciennes. Et ce n’est que le début.
    11 août 2017 Philippe Papineau Le Devoir

    Le mélomane ordinaire ne peut aujourd’hui retrouver qu’une assez petite partie de la musique issue des lourds et fragiles 78 tours de la première moitié du XXe siècle — et souvent la plus aisément commercialisable. Mais le patrimoine ne s’arrête pas à ce qui vend, rappelle The Great 78 Project, qui propose à ce jour un choix bigarré de quelque 26 000 titres numérisés, illustrés et téléchargeables gratuitement.

    Les premières minutes que l’on passe sur la plateforme Web où sont rassemblés des titres enregistrés grosso modo entre 1902 et 1957 créent un sentiment de frétillement en même temps qu’elles donnent le tournis.

    C’est qu’on trouve de tout sur ce site mis en place à l’initiative de l’organisme à but non lucratif Internet Archive, avec la collaboration d’ARChive of Contemporary Music et de l’entreprise de numérisation George Blood LP. Il y a du Bing Crosby, du Louis Armstrong, du Guy Lombardo, un peu d’Édith Piaf et d’Aznavour. Mais aussi et surtout des trouvailles, des méconnus et des inconnus, des musiques populaires et des polkas, du bluegrass, de la musique de Noël, de la musique hawaïenne, etc.

    . . . . . .
    http://www.ledevoir.com/culture/musique/505459/plonger-dans-la-cave-aux-78-tours

    #Musique #Audio #Disques #Jazz

    @Dror@sinehebdo