• #Bois contre #mercenaires russes : comment la #Centrafrique a bradé une #forêt au groupe #Wagner

    Depuis 2021, #Bois_Rouge, une entreprise liée au groupe militaire privé Wagner, bras armé officieux du Kremlin, exploite une forêt à l’ouest de la Centrafrique. Elle bénéficie d’un étonnant traitement de faveur de la part des autorités, et œuvre parfois au mépris de la loi.

    À Bangui, « influence étrangère » a longtemps rimé avec France. La capitale de la Centrafrique, pays indépendant depuis 1960, a gardé des traces tenaces de l’ancien colonisateur français : avenue de France, rues du Poitou et du Languedoc, lycée français Charles-de-Gaulle, stations-service Total, bières Castel et coopérants français en pagaille.

    Depuis quelques années, le vent a tourné. Il vient désormais de l’Est. Dans les rues de Bangui, de larges panneaux vantent la coopération russo-centrafricaine. Un #centre_culturel russe a ouvert, dans lequel sont dispensés gratuitement des cours de langue. La boisson à la mode est une #vodka du nom de #Wa_na_wa, supposée donner à ses consommateurs « les secrets du pouvoir russe » et une « santé sibérienne ». Moscou fait don de blindés, de trampolines et de cahiers pour enfants, sponsorise des radios et des concours de beauté.

    Surtout, les hommages aux #mercenaires de Wagner sont partout. Les premiers employés de cette société militaire privée sans existence légale, considérée comme le bras armé officieux du Kremlin, sont officiellement arrivés dans la capitale centrafricaine début 2018, un peu plus d’un an après le retrait de l’opération française #Sangaris. Il s’agissait alors de former et d’accompagner sur le terrain les militaires centrafricains, aux prises avec des groupes armés irréguliers.

    Quatre ans plus tard, les « #conseillers_russes », comme on les surnomme pudiquement, ont des statues et des films à leur gloire. Des ministres portent des tee-shirts à leur effigie et des membres d’associations financées par Moscou chantent leurs louanges lors de manifestations.

    La présence de Wagner sur le continent africain (au Mali, en Libye, au Soudan ou au Mozambique) est désormais largement documentée, de même que les exactions dont certains de ces mercenaires se sont rendus coupables. Des rapports d’ONG, d’agences et de groupes d’experts onusiens ainsi que des enquêtes journalistiques en font état. Ces violations des droits humains ont conduit l’Union européenne à mettre en place, en décembre 2021, des #sanctions visant Wagner et ses dirigeants (voir la liste ici).

    Mais d’autres aspects de cette présence restent méconnus, en particulier les #accords industriels et financiers signés entre les sociétés de la galaxie Wagner et les États où le groupe intervient.

    Une enquête de trois mois, menée par Mediapart, le réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC) et l’ONG OpenFacto (à travers son projet « All Eyes on Wagner »), révèle comment une société liée à Wagner, Bois Rouge, a obtenu en 2021 une juteuse #exploitation_forestière en République centrafricaine, dans des conditions très avantageuses, qu’aucune autre société forestière n’avait obtenues.

    Notre enquête montre que la société Bois Rouge, officiellement centrafricaine, est dans les faits étroitement liée aux intérêts russes dans le pays, plus précisément au réseau d’affaires d’#Evgueni_Prigozhin, financier du groupe Wagner. Les autorités, dépendantes de Wagner pour assurer leur sécurité, ont bradé une partie de leurs #ressources_naturelles en autorisant Bois Rouge à exploiter la forêt de manière intensive, quasiment sans payer d’impôts, et parfois au mépris de la loi. Malgré ce traitement de faveur, Bois Rouge n’a pas respecté tous ses engagements vis-à-vis de l’État centrafricain.

    Interrogée, la gérante de Bois Rouge assure que la société « respect[e] pleinement les exigences et les règles en vigueur ». Également contactée, la présidence centrafricaine n’a pas souhaité nous répondre, estimant qu’elle n’avait « pas à justifier et à prouver quoi que ce soit ».

    Alors que plusieurs pays européens importent du bois centrafricain, notre enquête pose aussi la question de sa #traçabilité. Si les sanctions européennes visant le groupe Wagner et son financier Evgueni #Prigozhin devraient théoriquement rendre impossible l’importation de « #bois_Wagner » sur le sol européen, la faiblesse des contrôles existants ne permet pas de garantir que cette interdiction soit correctement appliquée.

    « Bois Rouge », société centrafricaine en apparence, russe dans les faits

    La République centrafricaine (RCA) est un pays riche de ses forêts. En 2021, le bois était le principal bien d’exportation du pays, loin devant les diamants. Il est exploité par seulement une douzaine d’entreprises.

    Le 9 février 2021, un nouvel acteur fait son entrée dans ce milieu très fermé. Une société jusqu’alors inconnue, Bois Rouge, remporte un appel d’offres lancé cinq mois plus tôt par le gouvernement centrafricain. Elle obtient, dans la région de la #Lobaye, au sud-ouest du pays, le droit d’exploiter une forêt de 186 000 hectares, riche de gorilles, léopards et éléphants.

    La parcelle appartenait jusqu’alors aux #Industries_forestières_de_Batalimo (#IFB), la plus ancienne des sociétés forestières de Centrafrique, à capitaux français. Le 18 juillet 2019, le permis est retiré à IFB et repris par l’État, dans des conditions contestées : selon nos informations, IFB a introduit un recours devant le Conseil d’État centrafricain. La société n’a pas souhaité commenter tant que la procédure judiciaire est en cours.

    Début 2021, la forêt passe donc sous le contrôle de Bois Rouge. L’entreprise se décrivait sur son site internet, mystérieusement fermé cette année, comme « l’une des plus grandes entreprises africaines de bois », se présentant ainsi comme une société 100 % centrafricaine. Elle est, de fait, immatriculée au registre du commerce depuis mars 2019 et dirigée par une ressortissante du pays, #Anastasie_Naneth_Yakoïma.

    Mais il s’agit en réalité d’un paravent des intérêts russes en Centrafrique. « Tout le monde sait qu’il s’agit d’une société fabriquée de toutes pièces par les Russes », confie un acteur du secteur. Plusieurs éléments matériels viennent l’étayer.

    En octobre 2019, sept mois après sa création à Bangui, Bois Rouge est présente à un forum d’industriels du bois à Shanghai. La société figure sous le même nom et à la même adresse que ceux renseignés au registre du commerce centrafricain… mais elle est classée parmi les participants russes. Bois Rouge n’est pas représentée par sa directrice, Anastasie Naneth Yakoïma, mais par un responsable des ventes dénommé #Artem_Tolmachev. Et l’une des deux adresses e-mail de contact de l’entreprise est hébergée par un service de messagerie russe, mail.ru.

    Les liens de Bois Rouge avec la Russie sont confirmés par ses activités sur le terrain. Des photos datées de novembre 2021 prises dans la concession, que l’EIC et OpenFacto ont obtenues, montrent plusieurs hommes blancs aux côtés d’employés centrafricains, ainsi que des camions et des boîtes de médicaments de marque russe et une porte sur laquelle « centre médical » est écrit en russe.

    Interrogée sur ses liens avec la Russie (ainsi que sur l’ensemble des informations contenues dans cet article), la gérante de Bois Rouge, Anastasie Naneth Yakoïma, fait simplement savoir que sa société « exerce son activité tout en respectant pleinement les exigences des normes et les règles en vigueur ». Elle ne souhaite pas répondre à nos questions, estimant que cela reviendrait à diffuser des « données confidentielles » sur l’entreprise.

    Sur la trace de Wagner : camouflages « #MultiCam » et sociétés de la galaxie Prigozhin

    D’autres éléments plus précis confirment que Bois Rouge n’est pas simplement liée à des entrepreneurs russes, mais bien à un réseau spécifique : celui d’Evgueni Prigozhin – homme d’affaires proche de Vladimir Poutine – et du groupe Wagner, dont il est soupçonné d’être le financier et le dirigeant.

    Le groupe Wagner n’a pas d’existence légale ; aucune entreprise ne porte officiellement ce nom. Il désigne le groupe de #mercenaires et, par extension, la galaxie de sociétés contrôlées par Evgueni Prigozhin qui opèrent dans les zones où ces mercenaires sont déployés – qu’elles soient actives dans l’extraction de ressources naturelles ou la #propagande en ligne. Evgueni Prigozhin est déjà présent en RCA via plusieurs entreprises, dont #Lobaye_Invest et #M-Finans, sous sanctions américaines depuis septembre 2020.

    Le premier élément reliant Bois Rouge à Wagner est chronologique : l’attribution de la concession dans la préfecture de la Lobaye coïncide avec l’arrivée des #mercenaires_russes dans la région. Selon nos informations, le gouvernement centrafricain a attribué l’ancienne parcelle d’IFB à Bois Rouge le 9 février 2021, soit seulement quinze jours après la reprise de #Boda, la principale ville de la région, par l’armée centrafricaine et les hommes de Wagner. Boda était auparavant contrôlée par une coalition de groupes armés, la #CPC.

    Les liens entre Bois Rouge et la galaxie Wagner/Prigozhin sont également d’ordre financier. Les données issues des bordereaux de chargements (« bill of lading ») de marchandises destinées à Bois Rouge, que l’EIC et OpenFacto ont consultées, démontrent que la société achète du matériel à #Broker_Expert_LLC, une société basée à Saint-Pétersbourg.

    Or, #Broker_Expert fournit d’autres entités du réseau Wagner/Prigozhin, parmi lesquelles l’entreprise minière #Meroe_Gold, active au #Soudan, décrite par le Trésor américain comme une filiale du groupe d’Evgueni Prigozhin.

    L’ONG Dossier Center (de l’opposant russe Mikhaïl Khodorkovski), dont trois journalistes ont été assassinés en Centrafrique en juillet 2018 alors qu’ils enquêtaient sur les activités de Wagner dans le pays, liste également Broker Expert en tant qu’« entreprise affiliée à Prigozhin ». Ce lien est confirmé par des éléments matériels, tels qu’un numéro de téléphone utilisé à la fois par Broker Expert et par des sociétés de la famille Prigozhin : #Concord LLC, dont Evgeny Prigozhin est le bénéficiaire économique ; ou encore #Soinvest LLC, dirigée par son épouse #Liubov_Prigozhina.

    Nous avons identifié vingt-huit transactions entre Bois Rouge et Broker Expert rien qu’en novembre et décembre 2021. En deux mois, l’exploitant forestier a importé via Broker Expert un tracteur, des matériaux de construction (tôles d’acier, argile expansée, bétonnière, ciment, briques), des vis, du fil barbelé, un ventilateur, des plaques d’amiante ou encore un aspirateur industriel.

    Outre ces liens d’affaires, des indices laissés sur le terrain suggèrent aussi un lien avec Wagner. Sur deux photos prises sur la concession de Bois Rouge, on distingue des individus portant des pantalons de camouflage militaire. Ce modèle de camouflage, dit MultiCam, est utilisé par Wagner en RCA.

    Ressources naturelles contre prestations de sécurité

    Parmi les sources connues de financement de Wagner figure l’exploitation de ressources naturelles, dont des champs de #pétrole et de gaz repris à l’État islamique en #Syrie (dont Wagner toucherait 25 % des revenus en vertu d’un contrat signé avec le gouvernement syrien) et des #mines_d’or exploitées par une société liée à Evgueni Prigozhin au #Soudan. L’attribution de permis d’exploitation à des sociétés liées au groupe serait une manière pour des gouvernements africains surendettés de payer les services des mercenaires.

    La Centrafrique ne semble pas échapper à ce mode de fonctionnement. Un document rédigé par le gouvernement centrafricain, révélé dans un récent documentaire de France 5, fait le lien entre « l’investissement russe dans le domaine de la sécurité nationale » et l’exploitation d’une mine d’#or en RCA par une société officiellement malgache mais en réalité sous contrôle russe, #Midas_Resources.

    « L’État centrafricain a le droit de prendre connaissance de l’état des lieux de l’investissement russe dans le domaine de la #sécurité nationale pour pouvoir être en mesure de gérer les compensations », indique le document.

    Le droit d’exploiter la forêt centrafricaine fait-il partie des « #compensations » accordées à Wagner en échange des services de ses combattants, qui assurent la garde rapprochée du président Touadéra et combattent aux côtés des forces armées centrafricaines ?

    Nos recherches démontrent en tout cas que les conditions d’exploitation octroyées à Bois Rouge relèvent davantage du cadeau que de la relation commerciale classique.

    Une forêt bradée

    Nous nous sommes procuré les documents officiels encadrant les activités de la société forestière liée à Wagner, qui étaient jusqu’ici restés secrets. Nous avons comparé les deux principaux documents – la convention provisoire d’exploitation signée entre l’État centrafricain et Bois Rouge le 28 avril 2021 et la convention définitive d’exploitation du 3 décembre 2021 – avec six autres contrats comparables signés par l’État centrafricain avec d’autres entreprises entre 2014 et 2020. Notre analyse montre que Bois Rouge a obtenu le droit d’exploiter la forêt de manière intensive, ainsi que des avantages jamais octroyés à d’autres entreprises.

    Trois exemples illustrent ce traitement de faveur.

    Bois Rouge a obtenu l’autorisation d’exploiter la totalité de la surface de la forêt dont elle a obtenu la concession, avant même d’avoir signé la « convention définitive d’exploitation » censée encadrer ses activités. Or, avant d’avoir signé cette convention définitive, les autres entreprises forestières n’ont le droit d’exploiter qu’une partie de leur concession – généralement un huitième de sa surface.

    Second avantage : alors que les contrats forestiers fixent des « assiettes de coupe » (des zones prévues pour être exploitées), qui changent chaque année afin de laisser la forêt se régénérer, la convention d’exploitation de Bois Rouge prévoit des « assiettes annuelles de coupe » valables non pas un an mais trois ans, et renouvelables sur simple demande.

    Le contrat signé avec Bois Rouge supprime enfin une disposition importante, présente dans tous les autres contrats que nous avons pu consulter : l’interdiction de procéder à des abattages par temps de pluie ou venteux, ce qui est normalement interdit pour des raisons de sécurité.

    En plus de ces conditions d’exploitation inédites, nous avons obtenu un document prouvant que le gouvernement centrafricain a octroyé d’importants avantages fiscaux et douaniers à Bois Rouge.

    Une lettre signée du ministre des finances et du budget de RCA, #Henri-Marie_Dondra, datée du 23 avril 2021, indique que Bois Rouge bénéficie pendant cinq ans de droits de douane réduits à 5 % sur ses importations, d’une exonération de l’#impôt sur les sociétés (puis réduit à 25 % pendant une année supplémentaire), d’une contribution au développement social réduite de 25 % et d’une exemption du paiement de la patente. L’entreprise bénéficie également d’une TVA sur les importations « neutralisée » par une procédure dite de « paiement différé » ainsi que d’une exonération de #taxe_foncière pendant huit ans sur tous les immeubles bâtis neufs.

    Exploitation lancée de manière illégale

    Malgré ce traitement de faveur, nous avons pu établir que Bois Rouge n’avait pas respecté tous ses engagements.

    La société a lancé son exploitation en juillet 2021 sans réaliser de #plan_d’aménagement ni d’#étude_d’impact_environnementale, qui sont pourtant deux obligations légales. L’absence de plan d’aménagement est explicitement mentionnée dans la convention définitive d’exploitation du 3 décembre 2021, ce qui n’a pas empêché le gouvernement centrafricain de la signer.

    « L’instauration de plans d’aménagement qui garantissent la préservation de la ressource forestière demeure notre priorité, et nous allons intensifier les contrôles », assurait pourtant en 2016 la ministre centrafricaine des forêts.

    L’absence d’étude d’impact environnementale réalisée par Bois Rouge nous a été confirmée par le ministère de l’environnement centrafricain.

    Ce n’est pas tout. Bois Rouge aurait dû payer, en échange de la concession, trois années de loyer. Cette obligation figure noir sur blanc dans le décret signé par le premier ministre centrafricain le 9 février 2021. La société a quinze jours pour le faire, et « tout manquement ou retard entraînera l’annulation d’office du permis », précise le document.

    Bois Rouge n’a pas payé. Mais l’État ne lui a pas retiré son permis.

    Une lettre du ministère des finances prouve qu’à la date du 23 avril 2021, soit deux mois après l’expiration du délai légal pour payer le loyer, le ministère des finances centrafricain n’avait toujours pas reçu l’argent. Le courrier indique que Bois Rouge a demandé un délai de paiement jusqu’au 1er avril 2022, soit onze mois après la date prévue. Ce report a été accordé par le ministère des finances – interrogé sur les motifs de cette décision, ce dernier ne nous a pas répondu.

    D’autres documents internes au ministère des eaux et forêts prouvent que Bois Rouge n’a pas payé toutes les taxes liées à l’abattage de bois auxquelles elle était assujettie, au moins jusqu’en février 2022.

    À ces manquements légaux et financiers s’ajoutent des #conditions_de_travail problématiques sur la zone d’exploitation. Nous avons pu recueillir le témoignage détaillé d’une personne connaissant bien la concession, mais qui requiert l’anonymat étant donné les risques importants pour sa sécurité. Cette source rapporte que Bois Rouge emploie un personnel très insuffisant (une équipe d’abattage y est constituée de deux personnes, contre cinq ou six habituellement), qu’elle fait travailler dans des conditions dangereuses.

    Selon ce témoin, les #abatteurs de Bois Rouge couperaient « 15 à 20 arbres par jour » alors que la norme dans d’autres concessions serait plutôt de sept par jour. Les dirigeants de l’entreprise leur imposeraient de travailler « jusqu’à 15 heures ou 16 heures » alors que, dans la région, l’usage veut que le travail s’arrête vers 11 heures en raison du vent qui se lève, rendant alors l’abattage particulièrement dangereux. Il assure enfin que le cahier de chantier, qui recense notamment les volumes de bois coupés, n’était pas rempli, alors qu’il s’agit d’une obligation légale. Interrogés sur ce point (ainsi que sur toutes les questions soulevées dans cet article), les représentants de la société Bois Rouge ne nous ont pas répondu.

    Malgré cela, Bois Rouge n’aurait pas encore exploité d’importants volumes de bois. Deux sources proches du dossier indiquent que l’entreprise a jusqu’à présent coupé un nombre d’arbres relativement modeste – qui représenterait quelques centaines de mètres cubes – qu’elle a ensuite exportés via le Cameroun. « Ils semblent être dans une phase de test », indique l’une de ces sources.

    Bientôt des meubles en « bois Wagner » en Europe ?

    Il est impossible, pour l’heure, de savoir vers quels pays ce bois a été exporté. Bois Rouge n’a pas souhaité nous répondre ; également questionnée, la #SGS, société chargée de contrôler les exportations de bois centrafricain, n’a pas donné suite.

    Plusieurs pays d’Europe importent du bois centrafricain, parmi lesquels l’Espagne (jusqu’en 2019 au moins), la France, l’Italie, le Portugal, l’Allemagne et la Belgique. Au total, selon les chiffres officiels produits par l’UE, les importations de bois (et ses dérivés, charbon et liège) de la RCA vers l’UE ont augmenté de 62 % en 2021 pour atteindre 11 millions d’euros.

    Du « #bois_Wagner » est-il importé en Europe, ou pourrait-il l’être prochainement ? Cela est théoriquement interdit, pour deux raisons : les règlements européens contre l’exploitation illégale des forêts, et les sanctions émises par l’UE visant Wagner. À cela pourraient s’ajouter les sanctions prises contre des entreprises et citoyens russes à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, qui pourraient également toucher indirectement Bois Rouge : l’exploitant forestier se fournit auprès de l’entreprise de sidérurgie russe #Severstal, dont le principal actionnaire, l’homme d’affaires russe #Alexeï_Mordachov, a été placé sous sanctions européennes en mars 2022.

    Mais pour l’heure, rien ne garantit que les contrôles existants soient suffisants pour empêcher Wagner d’écouler son bois centrafricain en Europe.

    En 2005 et 2020, l’UE s’est dotée de deux règlements visant à mettre fin à l’exploitation illégale des forêts : le règlement de l’Union sur le bois, et le règlement dit #FLEGT (« #Forest_Law_Enforcement_Governance_and_Trade »). Ils prévoient un système de « #diligence_raisonnée », qui doit être mis en place par les importateurs et est supposé garantir que les bois issus d’une récolte illégale ne sont pas mis sur le marché de l’Union européenne.

    Mais la Commission européenne a jugé, dans un rapport de décembre 2021, que ces deux outils n’avaient pas totalement atteint leurs objectifs. Une partie des entreprises important du bois dans l’UE ont une « connaissance et une compréhension limitées des obligations à respecter » et rencontrent des difficultés à vérifier les informations provenant de leurs chaînes d’approvisionnement. Certains importateurs profitent de la souplesse de certains pays de l’UE, où les contrôles sont moins nombreux, pour faire entrer du bois à l’origine douteuse, relève la Commission.

    De fait, pour l’année, 2020, un seul État membre a déclaré avoir effectué un contrôle portant sur du bois importé de RCA afin de vérifier sa conformité avec le règlement européen sur le bois.

    Les ONG sont encore plus critiques. « Les règles de confidentialité en vigueur dans l’Union européenne font qu’il est difficile de suivre le bois depuis la source jusqu’à l’entreprise qui l’importe directement », explique Marigold Norman, experte en bois travaillant avec l’ONG Forest Trends. Par ailleurs, « jusqu’à présent, les sanctions infligées aux entreprises qui enfreignent les règles ont été limitées. Dans certains cas, les amendes sont une part assumée du coût de l’approvisionnement en bois tropicaux de grande valeur ».

    Malgré des importations de bois centrafricain en forte augmentation ces dernières années (jusqu’à atteindre près de 6 millions d’euros en 2021 selon les données des douanes françaises), la France ne semble pas non plus mettre en œuvre de contrôles suffisants. En 2019, l’ONG Earthsight a établi qu’une entreprise française, F. Jammes, continuait d’importer du bois produit par la société centrafricaine SEFCA, pourtant accusée en 2015 par l’ONG Global Witness d’avoir versé de l’argent à la Seleka, un groupe armé centrafricain responsable de nombreuses exactions, afin de sécuriser sa production.

    Interrogée par le biais de son porte-parole sur les conditions d’exploitation octroyées à Bois Rouge, la présidence centrafricaine nous a adressé une brève réponse, assurant que « le gouvernement centrafricain, en toute souveraineté, reçoit des projets d’exploitation et accorde des licences d’exploitation aux sociétés d’investissement qui s’installent dans [son] pays ». La présidence n’a pas souhaité répondre davantage à nos questions précises, estimant que le sujet « ne correspond[ait] pas aux préoccupations de [son] pays et de [sa] population » et qu’elle n’avait « pas à justifier et à prouver quoi que ce soit ».

    https://www.mediapart.fr/journal/international/260722/bois-contre-mercenaires-russes-comment-la-centrafrique-brade-une-foret-au-

    #Russie #république_centrafricaine #extractivisme #Russafrique #soft_power #déforestation

  • Prédire les flux migratoires grâce à l’intelligence artificielle, le pari risqué de l’Union européenne
    https://disclose.ngo/fr/article/union-europeenne-veut-predire-les-flux-migratoires-grace-a-lintelligence-a

    Depuis plusieurs mois, l’Union européenne développe une intelligence artificielle censée prédire les flux migratoires afin d’améliorer l’accueil des migrants sur son sol. Or, selon plusieurs documents obtenus par Disclose, l’outil baptisé Itflows pourrait vite se transformer en une arme redoutable pour contrôler, discriminer et harceler les personnes cherchant refuge en Europe. Lire l’article

    • C’est un logiciel qui pourrait sa place dans une dystopie. Une intelligence artificielle capable de compiler des milliers de données afin de prédire des flux migratoires et identifier les risques de tensions liées à l’arrivée de réfugiés aux frontières de l’Europe. Son nom : Itflows, pour « outils et méthodes informatiques de gestion des flux migratoires ». Financé à hauteur de 5 millions d’euros par l’Union européenne et développé par un consortium composé d’instituts de recherche, d’une société privée (Terracom) et d’organisations caritatives, Itflows qui est en phase de test devrait rentrer en service à partir d’août 2023. Et ce, malgré des alertes répétées quant aux risques de détournement de ses capacités prédictives à des fins de contrôle et de restrictions des droits des réfugiés sur le sol européen.

      Encore méconnu, ce programme doit venir compléter un dispositif technologique destiné à la surveillance des frontières, notamment espagnoles, italiennes et grecques. Financé sur le budget d’« Horizon 2020 », le programme de recherche et d’innovation de l’Union européenne, Itflows s’ajoutera alors aux drones de surveillance autonome, aux détecteurs de mensonges dans les zones de passages ou à l’utilisation de logiciels d’extraction de données cellulaires.

      D’après notre enquête, les deux ONG contribuent à nourrir l’intelligence artificielle de Itflows en lui fournissant des informations précieuses. Des données directement issues d’entretiens réalisés dans des camps de réfugiés, auprès de Nigérians, de Maliens, d’Érythréens ou encore de Soudanais. Il pourra s’agir d’éléments liés à l’origine ethnique, l’orientation sexuelle ou encore la religion des personnes interrogées. Pour leur contribution, les branches italiennes de la Croix-Rouge et d’Oxfam ont respectivement reçu 167 000 euros et 116 000 euros de fonds publics européens.

      « Nous avons contribué à réaliser trente entretiens de migrants arrivés en Italie au cours des six dernières années », confirme la Croix rouge Italie, sollicitée par Disclose. Une fois analysées, puis rendues accessibles via une application baptisée EUMigraTool, ces informations serviront aux autorités italiennes dans leur analyse « des routes migratoires et des raisons qui poussent les gens à faire le voyage », ajoute l’association. Même son de cloche du côté de Oxfam Italie, qui salue l’intérêt pour « les responsables politiques des pays les plus exposés aux flux migratoires. » Les dirigeants pourront également s’appuyer sur l’analyse des risques politiques liés à l’arrivée de migrants sur leur sol. Le projet inclut en effet la possibilité d’étudier l’opinion publique dans certains pays européens vis-à-vis des migrants à travers une veille sur le réseau social Twitter.
      Des rapports internes alarmants

      En réalité, les risques de détournement du programme existent bel et bien. C’est ce que révèlent des rapports internes (https://www.documentcloud.org/projects/logiciel-itflows-208987) au consortium que Disclose a obtenu à la suite d’une demande d’accès à des documents administratifs. Lesdits rapports, datés de janvier et juin 2021, ont été rédigés par les membres du comité éthique du projet Itflows. Leurs conclusions sont alarmantes. Le premier document, une somme de 225 pages, révèle que « le consortium Itflows est pleinement conscient des risques et des impacts potentiels en matière de droits de l’homme, que les activités de recherche empirique sur les migrations (…) et les développements technologiques prévus dans le projet peuvent poser ». Plus loin, les auteurs enfoncent le clou. Selon eux, les informations fournies par l’algorithme pourraient servir, si elles devaient être utilisées « à mauvais escient », à « stigmatiser, discriminer, harceler ou intimider des personnes, en particulier celles qui sont vulnérables comme les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile ».

      Cinq mois plus tard, le comité éthique rend un second rapport. Il détaille un peu plus le danger : « Les États membres pourraient utiliser les données fournies pour créer des ghettos de migrants » ; « risque d’identification physique des migrants » ; « discrimination sur la base de la race, du genre, de la religion, de l’orientation sexuelle, d’un handicap ou de l’âge » ; « risque que les migrants puissent être identifiés et sanctionnés pour irrégularités ». Et le régulateur d’alerter sur un autre péril : la poussée des « discours de haine » que pourrait induire une éventuelle diffusion des prédictions du logiciel dans « les zones où les habitants sont informés de déplacements » de populations.
      L’Europe fait la sourde oreille

      Des alertes qui ne semblent pas avoir été entendues. Comme en atteste un bilan dressé lors d’une réunion (https://www.documentcloud.org/documents/22120596-emt-symposium-agenda-16-sep-2021?responsive=1&title=1) en ligne le 16 septembre 2021 par la coordinatrice du comité éthique de Itflows, #Alexandra_Xanthaki, devant des responsables européens, dont #Zsuzsanna_Felkai_Janssen, rattachée à la direction générale des affaires intérieures de la Commission. « Nous avons passé six mois à travailler jour et nuit pour rédiger un rapport instaurant un cadre qui intègre les droits de l’homme », débute la responsable du comité éthique, selon un enregistrement que Disclose s’est procuré. Elle poursuit : « Il me semble pourtant que ce que disent les techniciens de l’équipe aujourd’hui c’est : nous n’en tenons pas compte ». Un manque de précaution qui inquiète jusqu’au sein du conseil d’administration d’Itflows. Joint par Disclose, Alexander Kjærum, analyste pour le conseil danois pour les réfugiés et membre du conseil de surveillance estime en effet qu’il existe « un risque important que des informations se retrouvent entre les mains d’États ou de gouvernements qui les utiliseront pour implanter davantage de barbelés le long des frontières. »

      Sollicitée, la coordinatrice du programme, #Cristina_Blasi_Casagran, assure que le logiciel « ne sera pas utilisé à mauvais escient ». Selon elle, Itflows « devrait même faciliter l’entrée des migrants [dans l’Union européenne] en permettant une meilleure affectation des ressources engagées dans l’#accueil ».

      #Frontex inquiète

      Un dernier point vient renforcer le risque d’un détournement du logiciel : l’intérêt de Frontex pour Iflows. D’après des documents internes, l’agence en charge de la surveillance des frontières de l’UE suit étroitement les avancées du programme. Jusqu’à y contribuer activement via la fourniture de données récoltées dans le cadre de ses missions. Or, depuis plusieurs années, l’agence européenne est régulièrement accusée d’expulsions illégales et de violations des droits de l’homme. Interrogée sur ce point, l’ONG Oxfam considère qu’il n’y a pas de risque de détournement du logiciel au profit de l’agence. La branche italienne de la Croix rouge déclare quant à elle que « la convention de subvention régissant la mise en œuvre du projet Itflows ne désigne pas Frontex comme utilisateur de l’outil, mais simplement comme source de données ouvertes ». En 2021, Frontex a élu l’interface Itflows parmi les projets d’Horizon 2020 au « potentiel opérationnel et innovant » le plus élevé.

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  • Immigration : Ia politique publique la plus coût-inefficace ?

    Le 24 novembre 2021, au lendemain du naufrage d’une embarcation ayant causé la mort de vingt-sept exilés dans la Manche, le président de la République, tout en disant sa « compassion » pour les victimes, appelait à « un renforcement immédiat des moyens de l’agence Frontex aux frontières extérieures ».

    Alors qu’il dénonçait les « passeurs » qui organisent les traversées vers l’Angleterre, les organisations de droits humains critiquaient au contraire une politique qui, en rendant le périple plus périlleux, favorise le développement des réseaux mafieux. Et, tandis qu’il invoquait la nécessité d’agir dans la « dignité », les associations humanitaires qui viennent en aide aux exilés dans le Calaisis pointaient le démantèlement quasi quotidien, par les forces de l’ordre, des campements où s’abritent ces derniers et la destruction de leurs tentes et de leurs maigres effets.

    De semblables logiques sont à l’œuvre en Méditerranée, autre cimetière marin, dont les victimes sont bien plus nombreuses, et même littéralement innombrables, puisque le total de 23 000 morts comptabilisées par l’Office international des migrations est une sous-estimation d’ampleur inconnue. Bien que Frontex y conduise des opérations visant à « sécuriser les frontières » et « traquer les passeurs », l’Union européenne a largement externalisé le contrôle des entrées sur son territoire.

    Le don par le ministère des Armées français de six navires aux garde-côtes libyens, afin qu’ils puissent intercepter et ramener dans leur pays les réfugiés et les migrants qui tentent de rejoindre l’Europe, donne la mesure de cette politique. On sait en effet que les exilés ainsi reconduits sont emprisonnés, torturés, exploités, à la merci de la violence de l’Etat libyen autant que de groupes armés et de bandes criminelles.

    Une répression qui coûte très cher

    Au-delà des violations des droits humains et des principes humanitaires, la question se pose de l’efficacité de cette répression au regard de son coût. Un cas exemplaire est celui de la frontière entre l’Italie et la France, dans les Alpes, où, depuis six ans, le col de l’Echelle, puis le col de Montgenèvre sont les principaux points de passage entre les deux pays. Chaque année, ce sont en moyenne 3 000 personnes sans titre de séjour qui franchissent la frontière, hommes seuls et familles, en provenance du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et du Moyen Orient et pour lesquels la France n’est souvent qu’une étape vers l’Allemagne, l’Angleterre ou l’Europe du Nord.

    Jusqu’en 2015, le poste de la police aux frontières avait une activité réduite puisque l’espace Schengen permet la circulation libre des personnes. Mais le contrôle aux frontières est rétabli suite aux attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis. Les effectifs s’accroissent alors avec l’adjonction de deux équipes de nuit. Il y a aujourd’hui une soixantaine d’agents.

    En 2018, à la suite d’une opération hostile aux exilés conduite par le groupe d’extrême droite Génération identitaire et d’une manifestation citoyenne en réaction, un escadron de gendarmes mobiles est ajouté au dispositif, puis un deuxième. Chacun d’eux compte 70 agents.

    Fin 2020, après une attaque au couteau ayant causé la mort de trois personnes à Nice, le président de la République annonce le doublement des forces de l’ordre aux frontières. Dans le Briançonnais, 30 militaires de l’opération Sentinelle sont envoyés.

    Début 2022, ce sont donc 230 agents, auxquels s’ajoutent un état-major sous les ordres d’un colonel et trois gendarmes réservistes, qui sont spécifiquement affectés au contrôle de la frontière.

    En novembre dernier, une commission d’enquête parlementaire présidée par le député LREM Sébastien Nadot avait fourni dans son rapport une évaluation des coûts, pour une année, des forces de l’ordre mobilisées dans le Calaisis pour y gérer la « présence de migrants ». Suivant la même méthode, on peut estimer à 60 millions d’euros, soit 256 000 euros par agent, les dépenses occasionnées par les efforts pour empêcher les exilés de pénétrer sur le territoire français dans le Briançonnais. C’est là une estimation basse, qui ne prend pas en compte certains frais spécifiques au contexte montagneux.
    Une politique inefficace

    Au regard de ce coût élevé, quelle est l’efficacité du dispositif mis en place ? Une manière de la mesurer est de compter les non-admissions, c’est-à-dire les reconduites à la frontière. Il y en a eu 3 594 en 2018, 1 576 en 2019 et 273 au premier semestre 2020. Mais, comme l’explique la préfecture des Hautes-Alpes, ces chiffres indiquent une activité, et non une efficacité, car de nombreux migrants et réfugiés tentent plusieurs fois de franchir la frontière, et sont comptabilisés à chaque arrestation et reconduite.

    Bien plus significatives sont les données recueillies à Oulx, en Italie, où le centre d’hébergement constate que presque toutes les personnes renvoyées tentent à nouveau de passer, quitte à emprunter des voies plus dangereuses, et à Briançon, où le refuge solidaire reçoit la quasi-totalité de celles qui ont réussi à franchir la frontière. Elles étaient 5 202 en 2018, 1 968 en 2019 et 2 280 en 2020. Les chiffres provisoires de 2021 montrent une augmentation des passages liée surtout à une arrivée de familles afghanes.

    Les policiers et les gendarmes en conviennent, non sans amertume : tous les exilés finissent par passer. On ne saurait s’en étonner. Beaucoup ont quitté plusieurs années auparavant leur pays pour échapper à la violence ou à la misère. Les uns ont parcouru le Sahara, vécu l’internement forcé en Libye, affronté au péril de leur vie la Méditerranée. Les autres ont été menacés en Afghanistan, enfermés dans un camp à Lesbos, battus et dépouillés à la frontière de la Croatie. Comment imaginer que le franchissement d’un col, même en hiver, pourrait les arrêter ?

    Le constat est donc le suivant. Malgré un coût considérable – auquel il faudrait ajouter celui, difficilement mesurable, de la souffrance, des blessures, des amputations et des décès causés par les risques pris dans la montagne – la politique visant à interdire à quelques milliers d’exilés l’entrée sur le territoire français a une efficacité proche de zéro. Elle est probablement la plus coût-inefficace des politiques publiques menées par l’Etat français, sans même parler des multiples irrégularités commises, à commencer par le refus fréquent d’enregistrer les demandes d’asile.

    Mais, peut-être l’efficacité n’est-elle pas à évaluer en matière de passages empêchés et de personnes non admises. Ce qui est recherché relève plutôt de la performance face à l’opinion. Il s’agit, pour l’Etat, de mettre en scène le problème de l’immigration irrégulière et de donner le spectacle de son action pour l’endiguer.

    Dans cette perspective, la militarisation de la frontière a bien alors une efficacité : elle est purement politique.

    https://www.alternatives-economiques.fr/didier-fassin/immigration-ia-politique-publique-plus-cout-inefficace/00102098

    #efficacité #migrations #inefficacité #Didier_Fassin #coût #budget #Briançon #frontières #Italie #France #Hautes-Alpes #frontière_sud-alpine #PAF #contrôles_frontaliers #militarisation_des_frontières #gendarmerie_mobile #opération_sentinelle #état-major #performance #spectacle #mise_en_scène

  • À Dallas, les élèves devront porter des sacs à dos transparents Sarah Rahmouni

    Le district scolaire de Dallas, comme d’autres au Texas, a adopté lundi de nouvelles mesures de sécurité à la suite du massacre d’Uvalde en mai dernier : à compter de l’année scolaire 2022-2023, une grande partie de ses élèves devront utiliser des sacs à dos transparents ou en filet à l’école.

    Ces nouvelles règles s’appliqueront aux élèves de la 6e à la 12e année — de la dernière année du primaire à la dernière année du secondaire, donc. Les autres types de sacs ne seront plus autorisés.


    Les élèves pourront toutefois avoir dans leur sac à dos une pochette non transparente d’une taille maximale de 14 cm par 21 cm (5,5 po par 8,5 po) — l’équivalent d’une feuille de papier pliée en deux — pour y transporter des objets personnels, comme un téléphone portable, de l’argent ou des produits d’hygiène. . . . . . . .

    https://www.ledevoir.com/monde/etats-unis/735516/les-eleves-de-dallas-devront-porter-des-sacs-a-dos-transparents

    #armes #massacre #etats-unis #violence #tuerie #racisme #usa #massacre #états-unis #tueries

  • Ce que la mort dit de la vie
    https://laviedesidees.fr/Ce-que-la-mort-dit-de-la-vie.html

    A propos de : Fabien Provost, 2021, Les mots de la morgue. La #médecine légale en #Inde du Nord, Collection Ethnologiques, Editions Mimésis. La médecine légale permet de produire une documentation administrative mobilisée dans les décisions de justice. L’ethnographie de la morgue en Inde montre que l’éthique scientifique s’inscrit également dans des contraintes sociales et professionnelles qui façonnent l’expertise.

    #Société #éthique
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20220720_morgue.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20220720_morgue.docx

  • Stop au carnaval, par Sandrine Aumercier - Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme
    http://www.palim-psao.fr/2022/07/stop-au-carnaval-par-sandrine-aumercier.html

    L’actualité ne cesse de donner les signes de notre enfoncement collectif dans les impasses d’un mode de production dont cependant les connexions systémiques des différents phénomènes persistent à être isolées les unes des autres — comme des problèmes à part, comme des « dossiers » à régler au coup par coup. Il y a de quoi faire perdre la boussole à tous les acteurs du système et les pousser dans des extrémités parfois grotesques. Qu’on en juge : alors que Joe Biden était élu notamment pour son engagement climatique et sa promesse de politique migratoire « juste et humaine », le même a déjà signé davantage de permis de forage pétroliers que son prédécesseur climato-négationniste et le nombre d’arrestations de migrants illégaux n’a jamais été aussi élevé dans l’histoire du pays qu’en 2021 [1]. Il est indéniable que Biden a cherché à modifier dans un sens politiquement plus « progressiste » une série de législations migratoires prises par Donald Trump, mais quelles positions personnelles et promesses de campagne d’un Président pourraient opérer des transformations structurelles, puisqu’il n’est pas moins ligoté qu’un autre par les contradictions internes du système ?

    […]

    Le sommet de la farce a été atteint ces derniers jours, lorsqu’après des années de défiance diplomatique remontant à l’assassinat du journaliste Jamal Khaschoggi, Biden ne craint plus — sous la pression de l’inflation galopante, les élections de mi-mandat approchant — de se rendre en Arabie Saoudite pour mendier à l´État « paria » de mettre davantage de pétrole sur le marché. Il s’agit d’enrayer la hausse mondiale des prix du pétrole. C’est sans compter sur le fait que les pays du Golfe tirent de cette hausse des prix une substantielle augmentation de leur PIB (même si on ne sait pas s’ils ont surpassé Dieu) : dans la jungle économique, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Mais là où la farce devient sinistre, c’est que cette demande américaine intervient dans un contexte où l´Arabie saoudite a, pour sa part, doublé depuis le début de la guerre en Ukraine ses importations de pétrole russe. Le pétrole russe pestiféré, « blanchi » par son passage en Arabie saoudite — devenue en quelques mois moralement plus fréquentable que la Russie — est utilisé pour la fabrication d’électricité domestique par les Saoudiens, qui en échange exportent davantage leur propre pétrole [3]. Il est clair que le malheur des Yéménites ne pèse pas comme celui des Ukrainiens dans la balance mondiale.

    #pétrole #énergie #États-Unis #Arabie_Saoudite #Russie #Ukraine #Yémen #capitalisme #Sandrine_Aumercier

  • High deductibles helped UnitedHealth reach $7 billion in profits in Q2 as a 14-year-old begs for deductible assistance on GoFundMe.
    https://wendellpotter.substack.com/p/high-deductibles-helped-unitedhealth

    Fourteen-year-old Ava Hope’s life is at stake. Treatment is available, and she has health insurance. But because of unaffordable deductibles and the way UnitedHealth and other insurance companies now dictate how and where patients can be treated, her mother has turned to GoFundMe to beg for $5,000 to cover the deductibles and other out-of-pocket expenses United demands her family pay before treatment can begin.

    #états-unis #leadership

  • World Athletics Championships : Ferdinand Omanyala races to compete after travel #visa issues - BBC Sport
    https://www.bbc.com/sport/africa/62149633

    Il prend un vol de nuit de 23 heures et l’avion se pose moins de 3 heures avant le début de la compétition

    Omanyala will fly from Kenya at 18:00 local time on Thursday, and is expected to arrive in Eugene less than three hours before the men’s 100m heats begin in the evening session on day one of the World Championships.
    However, he will then need to clear United States customs, travel to the arena, pick up his accreditation and find time to warm up before bidding for a place in the semi-finals.

    Et il n’est pas le seul concerné https://www.eurosport.fr/athletisme/mondiaux/2022/athletisme-mondiaux-2022-100m-visa-accorde-ferdinand-omanyala-sera-finalement-de-la-partie-a-eugene_sto9035918/story-amp.shtml

    Reste qu’Omanyala n’est pas le seul à avoir rencontré des problèmes pour obtenir son visa pour les Etats-Unis. Le Jamaïcain Gregory Prince, spécialiste du 400 mètres, a ainsi dû retarder son départ pour les Mondiaux avant d’obtenir son visa. Plusieurs athlètes sud-africains, dont le sprinteur Gift Leotlela, étaient en Italie dans l’attente de leur visa. Les organisateurs des Mondiaux-2022, les premiers organisés aux Etats-Unis depuis la création de l’épreuve en 1983, ont indiqué dans un communiqué qu’ils « travaillaient en collaboration avec le comité olympique et paralympique américain sur la question de l’attribution des visas ».
    « La plupart des problèmes ont été résolus », ont-ils indiqué, en rappelant que « les voyages internationaux sont devenus plus compliqués en raison de la pandémie ».

    Ça n’explique pas pourquoi ça ne concerne que les ressortissants d’Afrique noire.

    #états-unis #racisme

  • L’Etoile jaune et la rafle du Vel’ d’Hiv’ | Maurice Rajsfus
    https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-anselme/blog/140722/police-ouvrez-0

    Pour le 80e anniversaire de la rafle du Vel’ d’Hiv’, voici un texte inédit du regretté Maurice Rajsfus, historien renommé pour ses travaux sur le génocide des juifs en France. « L’Etoile jaune et la rafle du Vel’ d’Hiv’ » est le témoignage poignant de la vie quotidienne d’un rescapé de 14 ans dans un univers mortifère, une réflexion aussi sur la police et le risque d’un retour de la barbarie. Source : Relevé sur le Net...

  • #Uber_files : des #économistes à vendre | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/laurence-scialom/uber-files-economistes-a-vendre/00104014

    On ne peut qu’être frappé par la similitude entre les pratiques d’#Uber de grassement rémunérer des économistes reconnus pour produire des études allant dans le sens de leurs intérêts, et les méthodes des marchands de doute, ces #chercheurs rémunérés par l’industrie du tabac ou de la chimie pour tenter de masquer les effets délétères des produits des entreprises qui les rémunèrent.

    Dans les deux cas, la confidentialité des données sur la base desquelles les études sont produites entrave toute possibilité de réfutation par les pairs. D’une certaine manière les économistes concernés « vendent » leur réputation dans cette opération – ce qu’Uber a bien compris comme le soulignent les échanges de mails révélés dans la presse – mais, plus grave, ils éclaboussent la réputation de leur institution de rattachement.

    La collusion entre certains économistes nord-américains célèbres et le monde de la #finance, révélée avec la crise des crédits subprime et mise en scène dans le fameux documentaire Inside Job sorti à l’automne 2010, a alimenté un vif débat aux #Etats-Unis sur l’endogamie malsaine entre la communauté des économistes et les milieux d’affaires.

    Ce débat si important a été largement éludé en France, si l’on excepte la parution de l’ouvrage de Laurent Mauduit Les imposteurs de l’économie. Les Uber Files pourraient donner à notre communauté d’économistes l’occasion d’enfin prendre à bras-le-corps cette question essentielle.

    #recherche

  • L’isolement d’étudiants français inscrits dans des universités chinoises
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/07/04/l-isolement-d-etudiants-francais-inscrits-dans-des-universites-chinoises_613

    L’isolement d’étudiants français inscrits dans des universités chinoises
    Une centaine d’étudiants français attendent un visa pour regagner les formations où ils étaient inscrits avant la crise sanitaire. Depuis deux ans et demi, ils suivent leurs cours à distance, la nuit, dans des conditions parfois drastiques.
    Par Soazig Le Nevé
    Publié le 04 juillet 2022 à 15h00 - Mis à jour le 04 juillet 2022 à 16h32
    Pour eux, les cours à distance n’ont jamais pris fin et ressemblent à un cauchemar : décalage horaire oblige, ils se connectent sur leurs ordinateurs au milieu de la nuit, dans des conditions de contrôle parfois drastiques. Depuis deux ans, une petite centaine d’étudiants français attendent qu’un visa leur soit délivré pour retrouver les campus chinois où ils sont censés étudier.En février 2020, Cédric (aucun des étudiants interrogés n’a souhaité donner son nom) a pris le tout dernier avion pour la France, via Shanghaï, avant que ne ferme la ville de Chengdu, dans le centre du pays. C’est là qu’il avait commencé sa licence d’informatique, six mois plus tôt. « On nous avait laissé le choix entre nous isoler dans l’établissement, dans des conditions très spartiates, et rentrer dans notre pays », raconte le porte-parole du collectif européen EU Students China, qui regroupe 77 Français dont 25 inscrits dans un cursus entièrement chinois – les autres suivant un échange universitaire en partenariat avec un établissement français.
    Deux ans plus tard, l’étudiant, qui avait d’abord regagné le foyer parental à Versailles, a fini par prendre un studio à Pau, « où les loyers sont moins chers », pour poursuivre ses études à distance. « Depuis deux ans, je dors la journée et vis la nuit, narre-t-il. Les conditions de validation des cours sont strictes, avec caméra ouverte et lumière dans le visage. » Pour contrôler l’attention, à intervalles réguliers, le professeur demande à l’assemblée à distance de taper un nombre sur les claviers. Lorsque les cours en présentiel ont repris pour les Chinois, les étudiants étrangers ont dû suivre des cours hybrides, filmés dans la classe.
    La politique zéro Covid est devenue une question d’ego pour le président Xi Jinping, selon Steven, inscrit en master à l’université de technologies du Zhejiang, sans jamais avoir pu s’y rendre. « C’était la première fois que la Chine pensait prouver au monde qu’elle allait gérer une crise mieux que quiconque, en fermant des villes. Cette politique va se poursuivre pour ne surtout pas donner raison aux Occidentaux », prédit le jeune homme, marié depuis cinq ans à une Chinoise, rencontrée lorsqu’elle était étudiante en France. Rentrée dans sa famille, c’est elle qui consulte l’intranet de l’université pour donner ses notes à Steven, car l’interface reste inaccessible depuis l’étranger.Pour payer son loyer, l’étudiant travaille trente-sept heures par semaine dans la maintenance informatique, un rythme de vie qui l’oblige à suivre les cours en différé, après ses heures de travail et le week-end, puisqu’il lui faut impérativement dormir la nuit. « Les professeurs lisent des PowerPoint, écrivent au tableau sans se filmer, ne répondent plus à mes mails… Je m’accroche, mais le plus dur, c’est le moral, confie-t-il. Je fais partie de cette université parce que j’ai mon numéro d’étudiant, mais c’est tout ce que j’ai. »De son côté, l’université du Zhejiang assure au Monde dans un message écrit qu’elle reste en attente de « mises à jour du gouvernement » pour se prononcer sur un retour éventuel des Français sur le campus. « Nous espérons que cela ne prendra pas trop de temps », ajoute le message.
    La psychiatre Magali Briane a sondé une trentaine de jeunes du collectif via deux questionnaires qu’elle avait déjà dispensés auprès d’étudiants en France, pendant, et après le confinement. « Près de 80 % présentent des troubles anxieux et environ 75 % des troubles dépressifs. Ce sont des résultats vraiment alarmants, souligne-t-elle. Ils vivent une perturbation de leur rythme social et biologique, notamment de leur sommeil, ce qui est facteur de vulnérabilité. » S’ajoute une dimension anxiogène liée aux frais engagés et à l’absence d’équivalence de diplômes à laquelle certains se trouvent confrontés.
    Le désarroi est d’autant plus grand que des étudiants d’autres nationalités ont obtenu un laissez-passer, comme les Russes et les Pakistanais, mais aussi les ressortissants des îles Salomon. Des pays qui entretiennent de bonnes relations économiques avec la Chine. Les Indiens, qui représentent le plus fort contingent, avec 23 000 étudiants, « se mobilisent énormément sur les réseaux sociaux et ont obtenu le soutien direct de leur gouvernement pour négocier », relève Cédric, qui espère que son collectif éveillera l’intérêt et l’action des autorités françaises et européennes.Alerté au mois de mai, l’ambassadeur de France à Pékin s’est entretenu en visioconférence avec le collectif, sans qu’il y ait de suites concrètes. Le retour en Chine s’apparente à un parcours d’obstacles : un accord politique au plus haut niveau, suivi d’une mise en œuvre par l’ambassade de Chine à Paris pour négocier des accords aériens pour chacune des destinations. Tout cela restant soumis au fait que les étudiants puissent trouver un vol à des tarifs avoisinant les 6 000 euros et que leurs universités soient bien disposées à les recevoir. « L’incitation est assez faible pour un établissement qui ne compte qu’un ou deux Français et peut considérer que les risques de contamination et difficultés pour les faire revenir l’emportent sur les avantages qu’il y a à les accueillir », décrypte une source proche du dossier.Une fois sur place, rien ne garantit que les cours seront en présentiel, la plupart des universités poursuivant le distanciel, avec des étudiants confinés sur les campus. « Même les expatriés les plus capés qui sont en Chine depuis des décennies frisent le burn-out, avertit Christophe-André Frassa, sénateur des Français établis à l’étranger. Vous vous faites tester dans le hall de votre immeuble et si vous êtes positif, vous ne pouvez même pas remonter chez vous chercher un manteau : vous partez directement au centre de confinement. » S’il dit comprendre « l’impatience des étudiants français, tout à fait légitime », il estime que le risque est trop élevé que des villes se referment brutalement.Cédric et Steven se disent pourtant prêts à accepter les conditions sanitaires drastiques de la stratégie zéro Covid. De même que Sonia, étudiante en médecine près de Shanghaï, qui n’a accédé à aucun laboratoire de travaux pratiques depuis qu’elle a quitté le pays, en janvier 2020. Elle reçoit en moyenne 200 pages de cours par jour, qu’elle tente d’assimiler. « On espérait un dialogue diplomatique en faveur d’une réciprocité des visas entre étudiants français et chinois, expose-t-elle. Une grosse cinquantaine d’étudiants, c’est très peu comparé aux Chinois en France, qui sont actuellement autour de 30 000 [plus de 45 000, en réalité]. »Sollicité par Le Monde, Lu Shaye, ambassadeur de Chine en France, n’a pas donné suite. Pour toute réponse, ses services renvoient vers un entretien que le diplomate a accordé le 23 juin au nouveau site Livre noir, animé par des bénévoles qui revendiquent une « approche différente des grands médias dominants ». Lu Shaye y assure que « la Chine souhaite toujours la bienvenue aux étudiants étrangers y compris français ». Il les encourage, « s’ils en ont besoin », à s’adresser à l’ambassade, qui tiendra « des statistiques » et rendra « un rapport au gouvernement chinois » en vue de « faciliter » leur retour.

    #Covid-19#migrant#migration#france#chine#sante#santementale#zerocovid#etudiantetranger#frontiere#retour

  • Former senior U.S. official John Bolton admits to planning attempted foreign coups | Reuters
    https://www.reuters.com/world/us/former-senior-us-official-john-bolton-admits-planning-attempted-foreign-cou

    Many foreign policy experts have over the years criticized Washington’s history of interventions in other countries, from its role in the 1953 overthrowing of then Iranian nationalist prime minister Mohammad Mosaddegh and the Vietnam war, to its invasions of Iraq and Afghanistan this century.

    But it is highly unusual for U.S. officials to openly acknowledge their role in stoking unrest in foreign countries.

    “John Bolton, who’s served in highest positions in the U.S. government, including UN ambassador, casually boasting about he’s helped plan coups in other countries,” Dickens Olewe, a BBC journalist from Kenya, wrote on Twitter.

    #états-unis #impunité #sans_vergogne

  • Will the Blob Win the Russo-Ukrainian War? | The National Interest
    https://nationalinterest.org/feature/will-blob-win-russo-ukrainian-war-203386

    […] the return of America to a full Cold War-style anti-Russian mindset will distract U.S. attention from those domestic reforms that are essential if America is to compete successfully with China in terms of economic performance, national solidarity, and state efficiency.

    But then, that is precisely one key reason why confrontation with Russia is so welcome to the U.S. Blob. Strengthening America for successful competition with China requires serious thought, hard choices, civic courage, and real patriotism. How wonderful instead for them to be able to wrap themselves again in the good old reassuring blanket of the Cold War paradigm, which demands none of these things.

    #états-unis

  • Opioïdes, l’insurmontable crise aux Etats-Unis - 107 000 morts par overdose en 2021 Valérie de Graffenried

    Nouveau record américain : 107 000 morts par overdose en 2021. La responsabilité des entreprises pharmaceutiques et médecins qui prescrivent des antidouleurs trop facilement est montrée du doigt.

    Comment ne pas être pris de vertige ? En mai, les autorités sanitaires américaines annonçaient un nouveau « record » : 107 000 morts par overdose en 2021, 15% de plus que l’année précédente. L’équivalent, en moyenne, d’une personne toutes les cinq minutes. La spirale infernale ne s’arrête pas. Si les chiffres augmentent chaque année, la hausse était encore plus marquée entre 2019 et 2020 : +30%. Malgré les efforts de prévention, de lutte contre les trafiquants de drogues ou de distribution plus large de naloxone, qui permet de « ressusciter » une personne en train de faire une overdose via un spray nasal ou une injection, ce mal qui ronge la société américaine peine à se résorber. La pandémie n’a fait qu’aggraver la situation. . . . . . . . . .

    La suite payante, le lien : https://www.letemps.ch/monde/opioides-linsurmontable-crise-aux-etatsunis

    #McKinsey #oxycodone #naloxone #opioides #sackler #big_pharma #santé #fentanyl #opiacés #addiction #opioïdes #drogues #drogue #pharma #mafia #usa #santé_publique #etats-unis #purdue_pharma #oxycontin #carfentanil #overdose #constipation

  • Géopolitique : Couper les cartes

    Sous une apparence « naturelle », les #frontières ne sont qu’artifices. Fruit de jeux de pouvoir, elles façonnent les imaginaires.

    Sur les fonds de carte, une même ligne fine trace le contour des continents et celui des découpages politico-administratifs. Les frontières interétatiques se trouvent ainsi naturalisées. Pourtant, les frontières sont des artifices et ce sont justement les cartes qui ont rendu possible un découpage symbolique du globe (1). Cette pratique du découpage est même ancienne : avec les traités de Tordesillas (1494) et de Saragosse (1529), la Castille et le Portugal se sont partagé le monde le long des lignes imaginaires de deux méridiens, l’un mordant sur le Brésil, l’autre coupant le Pacifique sur sa longueur. L’espace maritime et aérien est quadrillé de frontières fictives sujettes à disputes. Le découpage en secteurs de l’Antarctique n’a pas réglé la question des revendications territoriales ou, plutôt, les a motivées. Ces décisions arbitraires, bien que pratiques, nous imposent la logique d’une territorialisation politique du monde.
    La tyrannie de la frontière ligne

    Plaquer la frontière politique sur des limites prétendues « naturelles », une ligne de crête ou un cours d’eau, ne sert qu’à prétendre à la légitimité spatiale d’une autorité politique quelconque (2).

    L’#instrumentalisation de l’histoire des peuplements sert la même #justification.

    Depuis les #traités_de_Westphalie (1648), les #États-nations exercent leur #souveraineté sur un territoire délimité par une ligne tracée d’abord sur le papier, ce que font notamment les traités de paix qui fixent le sort de millions d’êtres humains (3). Les conférences et traités de paix sont autant de redécoupages du monde par un pouvoir investi d’une autorité symbolique dont le discours performatif « produit à l’existence ce qu’il énonce » (4). Les puissances coloniales se sont ainsi partagé le monde autour d’un bureau, s’attribuant des possessions fictives qu’il s’agissait de concrétiser sur un terrain inconnu et un espace humain ignoré, par l’occupation et le bornage. La « #frontiérisation » du continent africain est un héritage territorial endossé par les populations après la décolonisation (5).

    Les puissances coloniales se sont partagé le monde autour d’un bureau.

    La frontière est autant le produit d’enjeux géopolitiques qu’elle est elle-même productrice de l’imaginaire national, du sentiment d’identité nationale, donc d’une réalité culturelle et sociale. La silhouette du pays est devenue lieu de mémoire au même titre que l’hymne national. Quand les aléas des événements contredisent cette construction, l’historiographie officielle invente un mythe fondateur (6).

    Ces jeux de pouvoir ne peuvent être envisagés sans la carte, image du monde et guide de nos actions. Ces frontières tyranniques se disputent, se décident et se reconnaissent. Elles sont autant le fruit des guerres que leur cause. Les grandes institutions internationales, pas plus que Google, n’engagent d’ailleurs leur responsabilité à propos des cartes qu’elles produisent.

    Les lignes sur les cartes, avant de légitimer des possessions territoriales, montraient plutôt des pistes, des sentiers, des cheminements. Elles étaient tracées dans le sable ou chantées, telles les lignes de chant aborigènes. Les cartes étaient utiles au quotidien, car l’être humain a besoin de décomplexifier et de représenter le monde pour ne pas s’y perdre. Mais parce qu’il est un animal faible et craintif, il va le simplifier à outrance. Dans tous les domaines, il le pensera de façon binaire : le dedans/le dehors, le familier/l’étranger, l’admis/le tabou, les femmes/les hommes… avec une assignation spatiale spécifique et une barrière entre les deux, dont le franchissement est fortement codifié. Pourtant, comme dans le genkan des maisons japonaises – l’endroit après la porte d’entrée dans lequel vous retirez vos chaussures –, il s’agit toujours de lieux de passage. Les limites, en réalité, sont faites pour être franchies.

    Entre le « front » militaire qui a donné la frontière française, le polonais granica (borne) à l’origine de la Grenze allemande et la zone du boundary anglais, toutes les natures de frontières sont envisageables (7). Pour Étienne Balibar, « on ne peut attribuer à la frontière une essence qui vaudrait pour tous les lieux et tous les temps, pour toutes les échelles de lieux et de temps, et qui serait incluse de la même façon dans toutes les expériences individuelles et collectives (8) ».

    Pour Friedrich Ratzel, comme pour Élisée Reclus, les limites géographiques imaginées par les humains sont arbitraires : « Qu’elles soient déterminées par le scientifique d’après des mensurations, ou par la diplomatie d’après des traités, ces lignes sont toujours des objets irréels […] tandis que la frontière réelle, par sa nature même, n’est pas nettement définie, donc on ne peut pas la déterminer avec certitude (9). » Les limites entre les groupes humains, qu’elles soient culturelles, linguistiques ou ethniques sont en réalités épaisses, rhizomatiques, plastiques, mobiles dans le temps et l’espace.

    (#paywall)

    https://www.politis.fr/articles/2022/07/geopolitique-couper-les-cartes-44630

    #cartographie #visualisation

    by @nepthys et @reka

  • A ‘#Regime’ Is a Government at Odds With the US Empire - FAIR
    https://fair.org/home/a-regime-is-a-government-at-odds-with-the-us-empire

    Interestingly, the US itself meets many of the criteria for being a “regime”: It can be seen as an oligarchy rather than a democracy, imprisons people at a higher rate than any other country, has grotesque levels of inequality and bombs another country every 12 minutes. Yet there’s no widespread tendency for the corporate media to describe the US state as a “regime.”

    #états-unis #MSM

  • Partition. Gérald Darmanin : « Nous devons parler aux tripes des Français »

    [Il] estime que les macronistes doivent « corriger » certains « comportements », en n’incarnant plus seulement le camp de la « raison » et de la « technique ».

    (...) En matière d’immigration, il veut que les conditions qui s’appliquent à l’expulsion d’étrangers condamnés soient assouplies. (je propose d’augmenter les effectifs de police (...) Il y aura, l’année prochaine, dans le projet de loi de finances pour 2023, une augmentation de 1,25 milliard d’euros pour le ministère de l’intérieur, en plus du budget alloué aux outre-mer et aux collectivités locales. C’est une avancée absolument considérable, mais, en contrepartie, le ministère doit se moderniser. C’est ce que nous faisons : en deux ans, 4 000 policiers et gendarmes ont été remis sur la voie publique grâce au remplacement par du personnel civil. Nous tiendrons la promesse du président de doubler les forces sur le terrain en dix ans.

    Nous allons aussi créer 200 nouvelles brigades de gendarmerie, onze unités de forces mobiles et 3 500 assistants d’enquête – des personnels civils qui vont accomplir une partie du travail procédural réalisé aujourd’hui par les effectifs de terrain : accueillir un avocat, remplir tel document…

    (...) Nous sommes prêts à reprendre un certain nombre de propositions comme la loi anticasseurs de Bruno Retailleau (LR) ou, en matière d’immigration, à réfléchir aux conclusions de l’excellent rapport Buffet (LR), voté à l’unanimité au Sénat.

    (...) Aujourd’hui, un étranger qui a commis des actes graves n’est pas expulsable dès lors qu’il remplit certaines conditions, comme une arrivée sur le territoire national avant l’âge de 13 ans. Je vais être explicite : nous voulons permettre l’expulsion de tout étranger reconnu coupable d’un acte grave par la justice, quelle que soit sa condition de présence sur le territoire national. Je pense que c’est quelque chose qui correspond au programme régalien que le président a présenté aux Français.

    Nous en sommes d’ailleurs à 2 761 étrangers avec un casier judiciaire expulsés depuis que je suis ministre de l’intérieur, dont 60 % sortaient de prison. C’est une multiplication par cinq des chiffres des années précédentes. En six mois, on a augmenté de 27 % les éloignements : nous en sommes à près de 7 000. La fermeté est là.

    Mais pourquoi revenir sur un thème qui n’a pas intéressé les Français au cours de l’élection présidentielle ?

    Parce que je suis chargé de plusieurs politiques publiques dont celle de l’accueil, de l’intégration, de l’accès à la nationalité ou de l’expulsion des étrangers irréguliers. Il faut encore améliorer un certain nombre de choses dans le suivi de l’intégration et de l’accueil, mais, quelle que soit sa couleur de peau, sa religion, son pays d’origine, un étranger qui ne respecte pas la République doit être expulsé. Nous considérons les étrangers pour ce qu’ils font, et pas pour ce qu’ils sont, contrairement au RN. (...)

    Comment regagner en crédibilité avant les Jeux olympiques de 2024 ?

    On a loupé quelque chose, c’est évident. On a sans doute prévu trop d’effectifs en matière de maintien de l’ordre et pas assez pour lutter contre la délinquance. J’en ai tiré personnellement toutes les conséquences et j’ai demandé de tripler les effectifs des BAC [brigades anticriminalité] et de sécurité publique, à Saint-Denis, lors de grands événements [qui se déroulent au Stade de France].

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/07/09/gerald-darmanin-nous-devons-parler-aux-tripes-des-francais_6134057_823448.ht

    https://justpaste.it/8ucbk

    #immigration #expulsions #étrangers #police #maintien_de_l’ordre #BAC #action_française_3.0

    • Colbert at the White House Correspondents’ Dinner 2006
      https://www.liveabout.com/stephen-colbert-white-house-correspondents-dinner-2734728

      Mark Smith, ladies and gentlemen of the press corps, Madame First Lady, Mr. President, my name is Stephen Colbert, and tonight it is my privilege to celebrate this president, ‘cause we’re not so different, he and I. We both get it. Guys like us, we’re not some brainiacs on the nerd patrol. We’re not members of the factinista. We go straight from the gut. Right, sir?

      That’s where the truth lies, right down here in the gut. Do you know you have more nerve endings in your gut than you have in your head? You can look it up. Now, I know some of you are going to say, “I did look it up, and that’s not true.” That’s ’cause you looked it up in a book. Next time, look it up in your gut. I did. My gut tells me that’s how our nervous system works.

      Every night on my show, The Colbert Report, I speak straight from the gut, okay? I give people the truth, unfiltered by rational argument. I call it the “No Fact Zone.” FOX News, I hold a copyright on that term.

    • Le départ du préfet de police de Paris Didier Lallement annoncé pour le 20 juillet

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/07/10/le-depart-du-prefet-de-police-de-paris-didier-lallement-annonce-pour-le-20-j

      Le départ de M. Lallement était considéré comme « imminent » depuis plusieurs semaines, à telle enseigne que le 6 juillet, la présidente du conseil régional d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, avait estimé nécessaire d’« attendre la nomination du nouveau préfet de police » avant d’aborder les « questions de sécurité » avec les élus franciliens. Feignant d’ignorer que l’information du départ prochain de M. Lallement était encore confidentielle, Mme Pécresse s’était dite « désolée » de l’avoir « enterré trop vite » – une formule malheureuse alors que le haut fonctionnaire venait de traverser, pour la troisième fois, une crise de Covid particulièrement éprouvante.

      Deux jours plus tard, à l’occasion d’un entretien accordé au Monde, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait répondu de façon sibylline à une question sur le sort réservé à M. Lallement : « Monsieur le préfet de police est à son poste, avait-il déclaré. Et il travaille avec toute ma confiance. »

      Record de longévité

      Contre toute attente, l’épisode de la finale de la Ligue des champions, le 28 mai au Stade de France de Saint-Denis, n’a pas précipité le départ de M. Lallement mais l’a, au contraire, retardé. La polémique qui avait suivi les évènements, marqués par des débordements et de vives critiques sur la gestion sécuritaire de la préfecture de police, avait incité le gouvernement à ne pas donner le sentiment de céder à la fébrilité en limogeant le haut fonctionnaire. Lors de son audition par les sénateurs le 9 juin, M. Lallement avait dit assumer « en totalité la gestion policière » et admis « un échec » dans la prévention des troubles le soir du match aux abords du Stade de France.

      « Plusieurs semaines avant la décision d’organiser le match au Stade de France, il a fait savoir qu’il souhaitait quitter ses fonctions, estimant s’être acquitté de la mission qui lui avait été confiée depuis 2019 », avance un cadre de la Préfecture de police.

      Touché depuis la fin août 2021 par la limite d’âge, fixée à 65 ans dans le corps préfectoral, M. Lallement avait vu son bail prolongé en raison d’une disposition dérogatoire autorisant une prorogation de deux ans à un tel poste, une décision prise notamment « compte tenu des enjeux liés à la tenue des élections présidentielle et législatives en avril et juin 2022 », avance la même source.

      Avec un mandat de trois ans, trois mois et trente jours, ce préfet de choc au style volontiers martial et aux prises de parole souvent cassantes, n’en a pas moins établi un record de longévité depuis 2012 [sic] à un poste crucial dans l’organisation administrative française, une vigie particulièrement exigeante sur le plan technique et, politiquement, très exposée.
      En mars 2019, moins de deux ans après avoir été nommé, son prédécesseur Michel Delpuech avait été remercié par Christophe Castaner, alors ministre de l’intérieur, pour sa gestion du maintien de l’ordre à l’occasion des manifestations de « gilets jaunes » dans la capitale. Le nom du successeur de M. Lallement n’est pas encore connu.

      trois covid ! vu son rôle éminent et son âge, c’est un tantinet irresponsable

      à voir autant d’huiles pas toujours de première fraicheur non masqués en réunion etc. qui persistent à ne pas disparaître je me demande à quel point ces gens sont assurés de disposer de suivi et soins hors classe, par exemple, d’accéder à des anticorps monoclonaux et à des antiviraux sans tenir compte des recommandations et règles en vigueur qui en limitent l’accès.

  • Éthiques pour un milieu technique
    https://topophile.net/savoir/ethiques-pour-un-milieu-technique

    1982, Jacques Ellul poursuit sa réflexion sur la technique entamée quelques décennies plus tôt. Celle-ci n’est plus un objet ou une machine, elle est devenue le facteur déterminant de notre société, de notre civilisation. Elle est dorénavant une médiation généralisée entre nous et le milieu, à tel point que le milieu est devenu technique. Sa... Voir l’article