• Enedis à Limoges : Vingt-et- un véhicules ont été détruits ou endommagés / LINKY Dégage Decclin Le Populaire - Pierre Vignaud 24 Octobre 2017 _
    http://www.lepopulaire.fr/limoges/faits-divers/2017/10/24/un-incendie-volontaire-detruit-une-vingtaine-de-vehicules-chez-enedis-a-

    L’alerte a été donnée par un voisin, au beau milieu de la nuit. Vers 1 heure du matin, l’entreprise Enedis, basée avenue de l’avenue la Révolution, à Limoges, a été victime d’un incendie. Le caractère intentionnel du sinistre ne fait aucun doute.

    En début d’après-midi un mail de revendication a même été envoyé à notre rédaction Le Populaire du centre. « Devant l’inertie des pouvoirs publiques, nous, DECCLIN, groupe d’éluEs opposéEs aux compteurs linky, avons décidé de passer à l’action (la nuit dernière, quelques véhicules cramés à Enedis, promoteur de ces compteurs) » (Sic).


    Les auteurs présumés poursuivent : « inertie face à des problèmes majeurs : intoxication de la population, gaspillage, pollution par les ondes, augmentation des factures, sans compter les poses forcées de compteurs et les intimidations des sous traitants d’Enedis. Enfin, ces compteurs peuvent être à l’origine d’incendies qui pourraient bien se propager partout partout et entraver nos dévoués magouilleurs dans leurs juteux business. » (SIC)

    Les dommage sont importants. Près d’un bâtiment technique, Vingt-et- un véhicules ont été détruits ou endommagés par les flammes. Selon les représentants de l’entreprise, il s’agirait de fourgons, de véhicules utilitaires, et de voitures destinées à la revente. Le préjudice du sinistre n’a pas encore été estimé mais il pourrait s’élever à plusieurs dizaines de milliers d’euros. 

    L’acte a été revendiqué. Les rideaux de fer d’un bâtiment annexe ont été tagués. On pouvait y lire « LINKY Dégage Decclin ». 
    L’enquête a été confiée au SRPJ (Service Régional de Police Judiciaire) de Limoges. Une expertise de la police scientifique a été prévue sur place ce mardi matin.

    En attendant les avancées de l’enquête, Enedis a réagi sur les réseaux sociaux et condamné cette attaque incendiaire. « Rien ne justifie de tels actes à l’encontre d’une entreprise de service public. Ces véhicules étaient utilisés entre autres pour le dépannage 24h/24h », indique le communiqué de presse. Par ailleurs, cette incendie a entraîné une réorganisation du service, mais aucun salarié ne s’est retrouvé au chômage technique. 

    Ce n’est pas la première fois cette année qu’Enedis est touchée de la sorte par un incendie volontaire. En mai dernier, à Grenoble, la société avait déjà vu 11 de ses véhicules détruits par les flammes.

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    #Enedis #Linky contre #violence #etat_d_urgence #EDF

  • Naomi Klein : Maintenant, répliquons à la politique de la peur Blog de Paul Jorion - 11 Juin 2017
    http://www.pauljorion.com/blog/2017/06/11/naomi-klein-maintenant-repliquons-a-la-politique-de-la-peur

    Paru dans The Guardian le 10 juin 2017. Traduction française : Timiota

    Chocs politiques, chocs de sécurité, chocs climatiques, – si instable que le monde nous apparaisse aujourd’hui, cela pourrait devenir bien pire demain. Mais nous pouvons nous unir pour un futur meilleur.

    Choc, c’est un mot qui n’a cessé de revenir depuis que Donald Trump a été élu en novembre 2016 : pour décrire le suffrage faisant mentir les sondages, pour décrire l’état émotionnel de pleins de gens observant son ascension vers le pouvoir, et pour décrire son approche en mode blitzkrieg de l’art de la politique. « Un choc pour le système », c’est précisément ainsi que sa conseillère Kellyane Conway a constamment décrit la nouvelle ère.

    Depuis deux décennies maintenant, j’ai étudié les chocs de grande échelle subis par les sociétés : comment ils arrivent, comment ils sont exploité par les politiciens et les castes, et comme ils sont même délibérément accentués de façon à tirer profit d’une population désorientée. J’ai aussi longuement parlé de la contrepartie de ce processus : comment les sociétés qui parviennent à une compréhension d’une crise qu’elles partagent sont capables de changer le monde pour le meilleur.

    Observant l’ascension de Donald Trump, j’avais un sentiment étrange. Ce n’est pas seulement qu’il serait en train d’appliquer la politique du choc à la nation la plus puissante et la plus armée sur terre ; c’est davantage que cela. A travers des livres, des films documentaires et des enquêtes journalistiques, j’ai documenté un ensemble de tendances : l’ascension des « supermarques », l’extension du pouvoir des fortunes privées dans le système politique, la mainmise globale du néolibéralisme, mettant souvent à profit le racisme et la peur de l’« autre » comme un outil puissant, les impacts nocifs du commerce sans entrave des multinationales, et l’emprise profonde que le courant climato-sceptique a gagnée sur l’aile droite de l’éventail politique. Et quand je me suis mis à scruter Trump, il a commencé à ressembler au monstre de Frankenstein, fait d’un empiècement de morceaux du corps venant de toutes ces tendances à haut danger et de beaucoup d’autres.

    Il y a 10 ans, je publiais « La stratégie du choc » [The Shock Doctrine : The rise of Disaster Capitalism], une enquête qui couvrait quatre décennies d’histoire, depuis le Chili d’après le coup de Pinochet [le 11 septembre 1973] à la Russie après l’écroulement de l’URSS, depuis Bagdad sous l’attaque US « Shock and Awe » [Choc et Effroi] à la Nouvelle-Orléans après l’Ouragan Katrina. Le vocable de « Stratégie du Choc » décrit la tactique brutale consistant à mettre à profit systématiquement la désorientation du public qui suit un choc collectif — guerre, coup, attaque terroriste, crash des marchés boursiers ou désastre naturel,— pour imposer des mesures pro-grandes-firmes [pro-corporate], souvent appelées « thérapie de choc ».

    Trump et ses conseillers sont en train d’essayer d’exécuter une « stratégie du choc » de leur cru, dont le but est une guerre totale contre le domaine public [the public interest].

    Même si Trump a par certains côtés brisé le moule, ses tactiques du choc suivent bien un scénario, scénario familier aux pays qui ont eu à subir des changements majeurs imposés sous couvert de crise. Pendant la première semaine de Trump président, quand il signait un tsunami de décrets et que la population vacillait encore, essayant comme des fous de ne pas décrocher, je me suis prise à penser à la description qu’avait faite l’avocate des droits de l’homme Halina Bortnowska de l’expérience polonaise lorsque la thérapie de choc économique fut imposée par les USA en plein écroulement du communisme. Elle décrit la vitesse du changement que subissait son pays comme « la différence entre des années de chien et des années d’humains », et elle observait que « vous commencez à observer ces réactions semi-psychotiques ». Vous ne pouvez plus vous attendre à ce que les gens agissent au mieux de leur propres intérêts quand ils sont si désorientés qu’ils ne savent pas – ou n’ont cure de savoir – quels sont au juste ces intérêts.

    Pour ce que nous en voyons jusqu’ici, il est clair que Trump et ses principaux conseillers espèrent le type de réponse que Bortnowska décrivait, qu’ils mettent en œuvre une stratégie du choc à l’échelle nationale. Le but est une guerre sans merci contre la sphère publique, contre l’intérêt du public, qu’il s’incarne dans des règlements anti-pollution ou dans des programmes contre la faim. En lieu et place de quoi s’annoncent une liberté d’agir et un pouvoir débridés pour les grandes firmes [corporations]. C’est un programme à l’injustice si provocante et au caractère si manifestement vicieux qu’il peut seulement être exécuté avec l’assistance de politiques raciales et sexuelles de type « diviser pour régner », en même temps qu’une série-spectacle ininterrompue de distractions médiatiques. Et bien sûr, il s’appuie sur une augmentation massive des dépenses militaires, une escalade spectaculaire de conflits guerriers sur des fronts multiples, de la Syrie à la Corée du Nord, le tout ponctué de digressions présidentielles sur le point auquel « la torture ça marche ».

    Le gouvernement de Trump garni de milliardaires et multimillionnaires nous en dit long sur les buts sous-jacents de l’administration. Exxon Mobil pour le secrétariat d’Etat, General Dynamics et Boeing pour le département de la Défense, et les gars de Goldman Sachs pour à peu près tout ce qui reste. La poignée de politiciens de carrière qui ont été mis aux manettes des grandes agences semblent avoir été sélectionnés ou bien parce qu’ils ne croient pas aux missions centrales de l’agence, ou bien pensent que l’agence qu’ils dirigent ne devrait carrément pas exister. Steve Bannon, le stratège en chef de Trump qu’on dit écarté, était franc à ce sujet quand il s’adressait à un auditoire conservateur en février. Le but, disait-il, est « la déconstruction de l’état administratif » (ce par quoi il entendait les règlements gouvernementaux et les agences en charge de protéger le peuple et de veiller à ses droits). « Si vous regardez ces nominations ministérielles, elles ont été faites pour une bonne raison, et cette raison c’est la déconstruction. »

    On a attaché une énorme importance au conflit entre le nationalisme chrétien de Bannon et le transnationalisme des aides de Trump davantage issus de l’establishment, en particulier son gendre Jared Kushner. Et Bannon pourrait bien être entièrement viré de ce show de télé-réalité un brin gore d’ici pas très longtemps (à moins que ce ne soit, compte tenu des problèmes juridiques en cours, le sort de Kushner). Compte tenu de ces intrigues de palais, il convient de souligner que pour ce qui est de déconstruire l’État et d’externaliser autant que possible les taches à des entreprises à but lucratif, Bannon et Kushner ne sont nullement en conflit, mais en parfait alignement.

    À la faveur de l’atmosphère constante de chaos de cette administration, — une part délibérément générée par Trump, mais le gros lui étant attribué en raison de son incompétence et de sa cupidité — cet agenda partagé est poursuivi avec une détermination méthodique et inflexible. Par exemple, dans les quelques heures qui ont suivi son entrée en fonction, Trump a souhaité une réduction fiscale massive, qui verrait les sociétés ne payer que 15% (contre 35% actuellement), et a promis de diminuer les règlements de 75% . Son plan fiscal inclut un ensemble d’autres abattement et exemptions pour les plus fortunés comme ceux qui peuplent son gouvernement (pour ne pas parler de lui-même). Le plan sur la santé qu’il a appuyé fera perdre à environ un million de gens leur couverture, tout en ouvrant toujours plus d’exemption d’impôt pour les riches.

    Il a nommé Kushner à la tête d’un commando bourré de grands patrons, qui a été chargé de trouver de nouveaux règlements à éliminer, de nouveaux programmes à privatiser, et de nouvelles façons de faire tourner le gouvernement fédéral « comme une grande firme américaine » (suivant l’analyse du groupe de pression Public Citizen, Trump a rencontré au moins 190 grands patrons en moins de trois mois de fonction – avant d’annoncer que le carnet des visiteurs ne serait plus rendu public). Quand on lui a demandé avec insistance ce que l’administration avait accompli en substance dans ses premiers mois, le directeur du Budget Mick Mulvaney cita l’averse de décrets de Trump et souligna ceci : « La plupart d’entre eux sont des lois et règlements pour abroger d’autres lois. Des règlements qui abrogent d’autres règlements. »

    Et c’est bien en effet ce qu’ils sont. Trump et son équipe sont déterminés à mettre en miette les programmes qui protègent les enfants des toxines environnementales, ils ont dit aux compagnies gazières qu’elles n’auraient plus à rendre compte de tous les puissants gaz à effet de serre qu’elles recrachent, et préparent des dizaines et dizaines de mesures du même acabit. C’est, en bref, de la démolition à grande échelle.

    Ce que représente le gouvernement de Trump, c’est un fait simple : les gens qui possèdent d’ores et déjà une part absolument obscène de la fortune de la planète, et dont ladite part croît sans mollir année après année – les dernières statistiques d’Oxfam indiquent que les huit hommes les plus riches valent autant que la moitié la plus pauvre du monde – sont déterminés à mettre la main sur encore davantage. Selon NBC News, en décembre 2016, les ministres pressentis par Trump totalisaient une fortune nette considérable de 14,5 milliards de dollars (sans compter le conseiller spécial Carl Icahn qui pèse 15 milliards de dollars à lui tout seul).

    Une crise de grande échelle fournirait le bon contexte pour déclarer l’état d’urgence, et donc que les règles usuelles ne s’appliquent plus.

    Alors soyons clairs sur ce qui se passe à Washington. Ce n’est pas le passage de relais habituel entre partis. C’est une prise de pouvoir sans fard des grandes firmes, dans la suite logique de plusieurs décennies de la même volonté. Il apparaît que les intérêts économiques qui ont depuis longtemps arrosé les deux grands partis pour qu’ils prennent soin de passer les lois à hauteur de leurs enchères ont décidé qu’ils étaient fatigué de jouer ce jeu-là. Apparemment, tous ces dîners arrosés de bons vins pour les chefs élus, toute cette corruption légalisée et avenante, insultait le sens qu’ils avaient de leur propre droit divin. Et du coup, les voilà se débarrassant des intermédiaires – ces politiciens dans le besoin qui sont supposés protéger l’intérêt du public – et font ce que tous les caïds font quand ils veulent que quelque chose soit bien fait : ils le font eux-mêmes.

    Et c’est pour cela que les questions préoccupantes sur les conflits d’intérêts et les manquements à l’éthique ne reçoivent presque aucune réponse. De la même façon exactement que Trump a opposé une obstruction complète au fait de rendre publiques ses déclarations d’impôt, il a complètement refusé de vendre, ou de cesser de bénéficier, de son empire commercial. Cette décision, compte tenu du degré de dépendance de la Trump Organisation vis-à-vis des gouvernements étrangers dans l’attribution de juteuses licences d’exploitation et de permis, pourrait de fait enfreindre l’interdiction faite par la constitution des USA aux présidents de recevoir tout cadeau ou « émolument » de gouvernements étrangers. Au point qu’une poursuite judiciaire ayant ce grief comme base légale a déjà été lancée.

    Mais les Trump n’ont pas l’air plus concernés que ça. Ce sens quasi inentamable de l’impunité – d’être au-dessus des lois et des règles usuelles – est une marque de fabrique de cette administration. Quiconque représente une menace pour cette impunité est sommairement renvoyé – demandez par exemple au ci-devant directeur du FBI James Comey. Jusqu’ici, dans le monde politique des USA, il y avait la Maison Blanche qui se présentait comme un masque sur l’État dans l’État que sont les grandes firmes. Il y avait le sourire du visage d’acteur de Ronald Reagan, ou l’allure de faux cow-boy de Georges W. Bush (avec le regard torve de Dick Cheney/ Halliburton à l’arrière-plan). Mais maintenant le masque est tombé. Et personne ne se soucie de faire croire le contraire.

    La situation est rendue encore plus sordide du fait que Trump n’a jamais été à la tête d’une firme traditionnelle, mais a plutôt été la figure de proue d’un empire construit autour de sa marque personnelle – une marque qui, ainsi que celle de la marque de sa fille Ivanka, a déjà bénéficié de sa « fusion » avec la présidence fédérale d’une multitude de façons (les cotisations pour devenir membre à Mar-a-Lago ont doublé, les ventes de produits d’Ivanka, nous dit-on, crèvent le plafond). Le business modèle de la famille Trump fait partie d’un plus vaste changement dans la structure de gouvernance de nombre de firmes multinationales, un changement aux vastes conséquences transformationnelles sur la culture et sur le marché du travail, tendances que j’avais documentées dans mon premier livre « No Logo, Taking Aim at Brand Bullies » [No Logo, la tyrannie des marques]. Ce que ce modèle nous dit est que l’idée même qu’il puisse y avoir – ou qu’il doive y avoir une quelconque distinction entre la marque Trump et la présidence Trump est un concept dont l’occupant actuel de la Maison Blanche ne saisit pas le début du commencement. La présidence est l’extension sous forme de couronnement de la marque Trump.

    Le fait que des niveaux aussi provocants de mise à profit d’une charge publique puissent se dérouler en pleine lumière est assez dérangeant. Tout autant que les nombreuses actions de Trump dans ses premiers mois de fonction. Mais l’histoire nous montre que, aussi déstabilisées que soient les choses maintenant, la stratégie du choc veut dire que cela pourrait devenir bien pire.

    Les principaux piliers du projet politique et économique de Trump sont : la déconstruction de l’État régulateur, une attaque en règle de l’État-providence [welfare state] et des services sociaux (rationalisée entre autres, par les manipulations raciales alarmistes à visée belliqueuse, et les attaques sur les femmes ayant voulu exercé leurs droits [T. : allusion à l’avortement ?]) ; le déchaînement d’une frénésie de combustibles fossiles (qui exige de balayer la science du climat et de bâillonner une grande part de la bureaucratie gouvernementale) ; et d’une guerre civilisationnelle contre les immigrants et « le terrorisme islamique radical » (avec des théâtres d’action nationaux et étrangers qui s’étendent sans cesse).

    En sus des menaces immédiates que ce projet dans son entier pose à ceux qui sont déjà les plus vulnérables, c’est une vision qui ne manquera pas d’engendrer vague sur vague de crise et de chocs. Chocs économiques, tels que les explosions de bulles spéculatives – renforcées grâce à la dérèglementation – ; des chocs de sécurité, quand viendra dans le pays le contrecoup des politiques anti-islamiques et des agressions à l’étranger) ; et des chocs industriels, quand les pipelines de pétrole répandront des marées noires et que les puits exploseront [cf. plateforme DeepWater Horizon dans le golfe du Mexique], ainsi qu’ils risquent de le faire quand les règlements de sécurité et de respect de l’environnement qui empêchent le chaos sont victimes de coupes sombres.

    Tout cela est extrêmement dangereux. Et davantage encore le fait que l’on puisse faire confiance à l’administration Trump pour exploiter ces choses et faire avancer les volets les plus radicaux de son agenda.

    Une crise à grande échelle – qu’il s’agisse d’une attaque terroriste ou d’un krach financier – fournirait sans doute le prétexte pour déclarer un quelconque état d’exception ou d’urgence, durant lequel les règles usuelles cessent de s’appliquer. Cela conduirait, à son tour, à fournir une couverture pour faire passer des aspects de la réforme de l’agenda qui nécessitent une suspension encore plus forte du cœur des normes démocratique – tel que son vœu de refuser l’entrée à tout Musulman (pas seulement ceux de pays choisis), sa menace sur Twitter d’amener « les feds » [l’armée] pour faire taire la violence des émeutes dans les rues de Chicago, ou son désir évident de mettre en place des restrictions à l’encontre de la presse. Une crise économique assez profonde offrirait une excuse pour démanteler des programmes comme la Sécurité Sociale [aux EU, les retraites], dont Trump a promis qu’il la protègerait, mais dont beaucoup autour de lui verraient d’un bon œil la disparition depuis des décennies.

    Trump pourrait avoir d’autres raisons de hausser le niveau de la Crise. Comme le romancier argentin César Aira l’écrivait en 2001 : « Tout changement est un changement du sujet dont on parle ». Trump a déjà prouvé qu’il était le champion du changement de sujet à vous en donner le vertige, faisant feu de tout bois, des tweets foldingues jusqu’aux missiles Tomahawk. À vrai dire, son attaque aérienne sur la Syrie, en réponse à une affreuse attaque à l’arme chimique, lui a valu la couverture de presse la plus laudative de sa présidence (en quelques lieux, cela a mené à un glissement (encore en cours) vers un ton plus respectueux). Ou bien que ce soit encore au sujet de révélations sur ses connexions avec la Russie ou des scandales liés à des contrats ou pactes dans son labyrinthique empire international, nous pouvons nous attendre à encore davantage de cette rhétorique du changement de sujet — et rien n’offre la possibilité de changer de sujet autant qu’un choc de grande échelle.

    Ce n’est pas quand quelque chose de majeur et mauvais survient que nous sommes plongés dans un état de choc, il faut encore que ce soit quelque chose de majeur et mauvais qui échappe provisoirement à notre compréhension. Un état de choc, c’est ce qui survient quand un fossé s’ouvre entre les évènements et notre capacité initiale à les expliquer. Quand nous nous trouvons dans cette position, sans un narratif, sans un point d’ancrage, la grande majorité des gens devient vulnérable aux figures d’autorité qui nous disent de nous craindre les uns des autres et nous font nous dessaisir de nos droits au motif d’une cause supérieure.

    C’est aujourd’hui un phénomène global, en aucun cas une particularité restreinte aux États-Unis. Après l’attaque coordonnée des terroristes à Paris en novembre 2015, le gouvernement français a déclaré l’état d’urgence, interdisant les réunions politiques publiques de plus de 5 personnes – et a dans la foulée prolongé ce régime, et avec lui la possibilité de restreindre les manifestations publiques jusqu’en juillet 2017 [NdT : tout récemment prolongé à novembre 2017]. En Grande-Bretagne, après le choc du Brexit, beaucoup ont dit qu’ils se sentaient comme s’ils s’étaient réveillés dans un autre pays qu’ils ne reconnaissaient pas. C’est dans ce contexte que le gouvernement conservateur du Royaume-Uni a commencé à pousser pour un ensemble de réformes régressives, incluant la suggestion que le seul moyen pour la Grande-Bretagne de retrouver sa compétitivité était de tailler dans les règlements et les impôts sur les classes fortunées au point qu’il deviendrait de fait un havre fiscal pour toute l’Europe. Theresa May tenta d’exploiter davantage la peur de l’inconnu pour justifier sa décision d’une élection anticipée, et les électeurs furent instruits que le seul moyen de ne pas être humiliés par l’UE était de la mandater par un quasi plébiscite pour un « leadership fort et stable ».

    Le recours à la peur mit beaucoup d’électeurs mal à l’aise, et de cela il faut tirer des leçons. Car s’il y a bien une chose que j’ai apprise en enquêtant dans des dizaines d’endroits pris dans la tourmente d’une crise, que ce soit à Athènes bouleversée par la débâcle de la dette grecque, à la Nouvelle-Orléans après l’ouragan Katrina, ou encore à Bagdad pendant l’occupation américaine : c’est que, oui, on peut résister à ces pratiques. Pour y parvenir, deux choses essentielles doivent advenir : premièrement, il nous faut une bonne maîtrise des rouages de la stratégie du choc, et savoir quels sont les intérêts qu’elle entend servir. Cette compréhension est ce qui nous permet de sortir du choc rapidement, et de lancer une contre-offensive. Deuxièmement, et c’est un point tout aussi important, il nous faut produire un récit différent de celui que les « docteurs du choc » colportent à l’envi, une vision du monde assez probante pour concurrencer la leur à un même niveau de persuasion. Cette vision basée sur des valeurs doit offrir un chemin différent, à l’écart des séries de chocs – un chemin basé sur la réunion au-delà des divisions raciales, ethniques, religieuses et hommes/femmes, plutôt que d’être renvoyé chacun plus isolé dans son coin, et une vision qui soit aussi basée sur un soin et une guérison de la planète, plutôt que le déchainement d’un cortège de guerres déstabilisantes et de pollutions. Surtout, cette vision se doit d’offrir à ceux qui sont blessés – par le chômage, par le manque de soin de santé, par le manque d paix, par le manque d’espoir, — une vie tangiblement meilleure.

    Je ne revendique pas de savoir exactement à quoi cette vision ressemble. Je me l’imagine comme n’importe qui peut le faire, et je suis convaincue qu’elle ne peut naître que d’un processus authentiquement collaboratif, avec un leadership assuré par ceux qui sont les victimes les plus flagrantes de notre système actuel. Aux États-Unis, dans la foulée de réseaux tels que Black Lives Matter, Fight for $15 (qui exige de relever le salaire minimum) et de National Nurses United, nous commençons à voir de très fructueuses collaborations à la base [grassroots] entre des dizaines d’organisations et de penseurs qui commencent à se réunir pour mettre à jour ce type d’agenda [/manifeste], un programme qui soit capable de faire pièce au militarisme, au nationalisme et au corporatisme qui se dressent devant nous. Bien qu’à un stade précoce, cela donne à voir les éléments d’une majorité progressive, une majorité qui soit fondée sur un plan audacieux pour un monde
    assaini et porteur d’attention [aux plus faibles] que nous voulons et dont nous avons besoin.

    Tout ce travail est basé sur l’expérience que dire non à de mauvaises idées est encore loin du compte. Si nous acceptons l’hypothèse que, désormais, les batailles sont toutes sur le mode défensif, toutes autour du maintien de notre base contre les attaques régressives de style Trump, alors nous finirons sur un terrain véritablement très dangereux. Parce que le terrain sur lequel nous étions avant que Trump soit élu est le même que celui qui a pu produire Trump ; un terrain dont beaucoup d’entre nous savaient déjà qu’il constituait une urgence sociale et écologique, avant même ce dernier round de défaites.

    Bien sûr, les attaques venant de Trump et de sa clique de démagogues autour de la planète doivent rencontrer une farouche résistance. Mais nous ne pouvons pas passer les quatre années qui viennent à jouer uniquement en défense. Les crises sont toutes si urgentes, elles ne nous permettent pas de perdre de laps de temps.

    Sur un volet que je connais passablement bien, le changement climatique, l’humanité n’a qu’une fenêtre finie dans laquelle agir, après quoi protéger quoi que ce soit qui ressemble à un climat stable deviendra impossible. Et cette fenêtre se referme à toute vitesse.

    Ce qu’il nous faut donc, c’est à la fois la défensive et l’offensive – résister aux attaques du moment et en même temps trouver un espace pour construire le futur que nous voulons. En d’autres termes, les plus farouches des « non » doivent être accompagnés par d’audacieux et ambitieux « oui » – un plan pour le futur qui soit suffisamment crédible et captivant pour qu’une foule de gens se battent pour le voir réalisé, quels que soient les chocs et les mots d’ordre alarmistes qui soient mis en travers de leur chemin. Non – non à Trump, non à la France de Marine Le Pen, non à tout ce lot de partis hypernationalistes et xénophobes qui montent partout dans le monde – tel est sans doute le premier mouvement qui puisse rassembler des millions de gens dans les rues. Mais c’est un « oui » qui nous fera poursuivre la bataille.

    « Oui » est le phare dans les tempêtes en vue qui nous empêchera de nous égarer de notre route.

    Voici ce qu’il nous faut nous mettre en tête : Trump, tout extrême qu’il soit, n’est pas tant une aberration qu’une conclusion logique – une parodie d’à peu près tout ce qu’ont été les pires tendances du demi-siècle écoulé. Trump est le produit d’un système de pensée puissant qui classe les vies humaines suivant leur race, leur religion, leur genre, leur sexualité, leur apparence physique et leur degré de handicap – et qui ont systématiquement fait usage de la race comme arme au service de politiques économiques brutales depuis les tout débuts de la colonisation nord-américaine et du commerce transatlantique [triangulaire] des esclaves. Trump est aussi la personnification de la fusion des humains avec les grandes firmes – une mégamarque d’un seul homme, dont la femme et les enfants sont des marques dérivées, avec toutes les pathologies et tous les conflits d’intérêt inhérents à une telle situation. Il est la réalisation de la croyance suivant laquelle l’argent et la puissance garantissent le droit d’un seul d’imposer sa volonté aux autres, que cette licence s’exprime par attraper des femmes [allusion au « grabbing by their pussy » de Trump] ou par se saisir des ressources finies d’une planète au bord d’un réchauffement catastrophique. C’est aussi le produit d’une culture entrepreneuriale qui fétichise les « disrupteurs » [les briseurs de tabous, les innovateurs, style BFM] qui font leur fortune en ignorant de façon flagrante tant les lois que les standards règlementaires [voir Uber, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft ou VW].

    Plus que tout, Trump est l’incarnation du projet idéologique du marché libre, encore tout-puissant – un projet relayé tant par les partis centristes que les partis conservateurs – qui déclare la guerre à tout ce qui est public et possédé en commun, et veut voir dans les PDG [CEO] des grandes firmes des superhéros qui vont sauver l’humanité. En 2002, George W. Bush organisa un anniversaire des 90 ans pour celui qui fut l’architecte intellectuel de cette guerre contre la sphère publique, l’économiste apôtre radical du libre marché Milton Friedman. Lors de cette sauterie, Donald Rumsfeld, alors Secrétaire américain de la Défense [Ministre de la Défense] déclara : « Milton est l’exemple incarné de la simple vérité suivant laquelle les idées ont des conséquences ». Il avait raison – et Donald Trump est une conséquence directe de ces idées.

    En ce sens, un pan important se révèle de ce qui ne devrait pas nous choquer chez Trump. Il est le résultat entièrement prévisible, jusqu’au cliché le plus stéréotypé, d’idées et de tendances qui auraient dû être stoppées depuis bien longtemps. Et c’est pourquoi, même si sa présidence cauchemardesque devait se terminer demain, les conditions politiques qui l’ont produite, et qui en produisent des répliques à travers le monde, devront encore être combattues. Avec le Vice-président US Mike Pence ou bien le speaker de la chambre Paul Ryan aux aguets dans les coulisses, et un Parti démocrate lui aussi de mèche avec la classe des milliardaires, le monde dont nous avons besoin ne sera pas gagné juste en remplaçant l’actuel occupant du Bureau Ovale.

    Alors, il nous faut être très clairs sur ce à quoi nous disons non – pas seulement à un individu ou même à un groupe d’individus (bien que ce soit aussi cela). Nous disons aussi non à un système qui les a élevés à de telles hauteurs. Et de là passons à un Oui – un oui qui soit porteur d’un changement si fondamental que l’actuelle mainmise des grandes firmes sera reléguée à une note de bas de page historique, un avertissement à nos enfants. Et Donald Trump et ses compagnons de route seront vus pour ce qu’ils sont : un symptôme d’une maladie profonde, une maladie qui nous a décidés, collectivement, à nous rassembler pour la soigner.

    #Naomi_Klein #blitzkrieg #trump #thérapie_de_choc #stratégie_du_choc #domaine_public #sphère_publique #intérêt_public #déconstruction #état_d_urgence #Peur #Résister Les idées politiques de Monsieur #macron #national_libéralisme

    • Extraits

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      Une crise à grande échelle – qu’il s’agisse d’une attaque terroriste ou d’un krach financier – fournirait sans doute le prétexte pour déclarer un quelconque état d’exception ou d’urgence, durant lequel les règles usuelles cessent de s’appliquer. Cela conduirait, à son tour, à fournir une couverture pour faire passer des aspects de la réforme de l’agenda qui nécessitent une suspension encore plus forte du cœur des normes démocratique.
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      Plus que tout, Trump est l’incarnation du projet idéologique du marché libre, encore tout-puissant – un projet relayé tant par les partis centristes que les partis conservateurs – qui déclare la guerre à tout ce qui est public et possédé en commun, et veut voir dans les PDG [CEO] des grandes firmes des superhéros qui vont sauver l’humanité.
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      On croirait que Naomi Klein par de la France en marche

  • #Toulouse : la justice s’acharne sur les manifestant·es contre la #LoiTravail, même ceux & celles qu’elle relaxe https://iaata.info/Tout-le-monde-ne-s-appelle-pas-Christine-Lagarde-1767.html …pic.twitter.com/1JcR0zk7NF
    https://twitter.com/arnoferrat/status/811576574193659904

    #Toulouse : la justice s’acharne sur les manifestant·es contre la #LoiTravail, même ceux & celles qu’elle relaxe https://iaata.info/Tout-le-monde-ne-s-appelle-pas-Christine-Lagarde-1767.html … pic.twitter.com/1JcR0zk7NF

  • « PROJET DE LOI prorogeant l’application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence »

    http://www.assemblee-nationale.fr/14/projets/pl4295.asp

    Je note que « Les tentatives d’attaques terroristes endogènes, encouragées notamment par l’usage de messageries et de réseaux sociaux clandestins, se sont multipliées depuis la dernière prorogation de l’état d’urgence » #SeenThis est-il un de ces mystérieux « réseaux clandestins » ?

    #état_d_urgence #sécurité #rézosocios #darkouèbe

  • 33H DE GARDE À VUE : « VOUS SAVEZ ÇA VIENT D’EN HAUT. DE TOUT EN HAUT » – Taranis News
    http://taranis.news/2016/10/33h-de-garde-a-vue-vous-savez-ca-vient-den-haut-de-tout-en-haut

    Jungle de Calais : Mercredi 26 octobre 2016 à l’aube

    Je me rends à l’entrée du Hangar pour la seconde fois depuis mon arrivée et cette fois il est ouvert. Il y a une énorme concentration de CRS et une armée de Gendarme dans toute la rue. Ce sont les Gendarmes Mobiles qui contrôlent l’entrée et la file, la Police et les CRS se contentant de rester à l’arrière. Mais c’est un policier qui commande toute l’opération, et je le reconnais facilement car c’est un commandant que j’ai déjà plusieurs fois croisé sur d’autres manifestations, avec son micro-boule au visage comme les geek qui font du teamspeak. Lui aussi, il me reconnait. Je comprends en lisant dans ses yeux qu’il ne m’aime pas beaucoup. Mais genre, pas du tout. Et d’ailleurs il le dit à l’un des commandants de la Gendarmerie Mobile qui est à coté de lui. Celui-ci se met aussitôt à me regarder de la même façon. Je fais mine de ne pas faire attention et je continue à faire des plans de l’entrée des migrants dans le Hangar (même si mon instinct me hurle de fuir très vite). Quelques secondes plus tard je suis agrippé par douze gendarmes mobiles en tenue anti-émeute. Oui, douze, j’ai compté. J’entends « on le ceinture, allez, allez », « on l’entoure. Allez monsieur, on avance ». Je reste totalement cool, je me laisse faire. La situation est ridicule. J’essaie de les rassurer parce qu’ils ont l’air nerveux : « Ok messieurs je vous suis, regardez, restez cool, pas besoin de me tenir ». Les migrants sont sidérés mais les associations détournent le regards, et les autres journalistes leurs caméras. Malgrès la présence de nombreux photographes et caméras tout autour de moi, il n’y a aucune image de mon arrestation. Si je me fais interpeller par la police, c’est que je dois être un grand délinquant !

    On me fait rentrer dans le périmètre du Hangar et on me place contre le mur du coté droit, bien à l’abris de la foule. Et là ça devient moins marrant. Je repère une page A4 imprimée avec ma photo dans la main d’un policier en civil. On me place les mains contre le mur pour la fouille, on me ramène les bras à l’arrière puis on me sert les menottes dans le dos. « Vous avez une accréditation ? Vous n’avez rien volé ? ». Je suis transféré par trois policier 500m plus loin, dans un bus transformé en « commissariat mobile », les menottes aux poignets.

    • M’obliger à pointer tous les samedi au commissariat de Strasbourg, ça va détruire mon activité professionnelle. Il faut comprendre que je me déplace en permanence, que j’ai fais des dizaines de milliers de kilomètres depuis le début de l’année en faisant des aller/retours entre Rennes, Nantes, Paris, Lille, Calais et je ne suis resté à Strasbourg que moins d’un mois en cumulé sur toute l’année. M’obliger à faire 1600km à 1800km aller/retour (si je suis à Rennes ou à Nantes par exemple) chaque semaine et juste pour pointer au commissariat de Strasbourg, économiquement cela va me laminer. Ça va me faire perdre deux jours par semaines en transport et je ne pourrai jamais être quelque part pour couvrir un évènement le samedi. En gros c’est la mort de mon activité à très court terme et c’est une mise en semi-assignation dans l’enclos de Strasbourg. J’ai même proposé à la JLD de pointer une fois par semaine dans n’importe quel commissariat du pays, en fonction de mes déplacements. C’est Niet.

    • Un journaliste poursuivi et interdit de séjour dans la « jungle » de Calais http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/10/29/un-journaliste-poursuivi-et-interdit-de-sejour-dans-la-jungle-de-calais_5022

      Gaspard Glanz, habitué de la couverture des mouvements sociaux, a été interpellé mercredi. Poursuivi pour « vol », il est soumis à un strict contrôle judiciaire.

      Le journaliste Gaspard Glanz a été interpellé et placé en garde à vue, mercredi 26 octobre, alors qu’il couvrait le démantèlement de la « jungle » de Calais. A l’issue de plus de trente heures dans les locaux du commissariat de la ville, le fondateur de l’agence de presse Taranis News a appris qu’il faisait l’objet de deux procédures judiciaires, l’une pour le vol de talkie-walkie des CRS dans le camp de migrants, et l’autre pour injure publique sur douze fonctionnaires de police de Rennes à la suite d’un post Facebook. Le vidéaste a également découvert qu’il faisait l’objet d’un arrêté d’interdiction de séjour dans l’arrondissement de Calais.

      Taranis News, un site d’information centré sur les mouvements sociaux (manifestations, ZAD, etc.), s’est notamment fait remarquer par la présence en première ligne de ses journalistes lors du mouvement contre la loi travail. Souvent accusé de « militantisme », Gaspard Glanz, 29 ans, s’affirme « journaliste ». Il fait partie d’une nouvelle génération de reporters pratiquant l’immersion dans les manifestations, y compris lors des heurts avec les forces de l’ordre.

  • La démocratie est en état d’urgence
    |-> Le Club de Mediapart : Raymond Macherel
    https://blogs.mediapart.fr/raymond-macherel/blog/280516/la-democratie-est-en-etat-durgence

    La démocratie est en état d’urgence. Au-delà du cadre de la fin d’une manifestation - et des échauffourées spontanées ou organisées qui requièrent des opérations de maintien de l’ordre – cet homme en habit de gendarme est-il vraiment en guerre pour défendre la Loi Travail ? Quel territoire de la République défend-il au moment d’user d’une arme potentiellement mortelle ? Les manifestants, les journalistes, les passants, sont-ils ses ennemis ? Obéit-il à des ordres auxquels il ne peut se soustraire et qui iraient à l’encontre de sa conscience ? Ou bien, au contraire, son embrigadement idéologique, ses opinions politiques, le pousse-t-il à « bouffer » du manifestant, du journaliste, du passant ? Le courage fait-il partie des valeurs que lui ont transmises ses aînés ?

    #état_d_urgence #répression #violences_policières #guerre_sociale #Loi_Travail

  • L’armée dans les prisons ? Une mesure digne de la Corée du Nord, lance un directeur de prison

    Le gouvernement fédéral a décidé de faire appel aux militaires pour "fournir un soutien humanitaire supplémentaire" au sein des différentes prisons francophones du pays, alors que la grève dans ces établissement durent depuis bientôt quinze jours.

    Les réactions à cette décision soudaine n’ont pas tardé :  « Je suis sidéré, je suis stupéfait » , a déclaré Marc Dizier, président de l’association des directeurs des prisons francophones et directeur de la prison d’Andenne, au micro de la RTBF.

    "Nous sommes dans une situation où, effectivement, nous avons besoin d’aide au sein des établissements pénitentiaires, poursuit-il. Les détenus ont besoin de sortir de leur cellule pour aller au préau, recevoir des visites familiales, et autres. Mais je n’imagine pas une seule seconde que ce soient des militaires qui puissent faire le travail."

     « Cela me fait penser aux heures noires de l’Europe de l’Est »

    Marc Dizier rappelle que la loi belge prévoit "normalement que ce sont les policiers qui, en l’absence de personnel de surveillance, doivent prendre le relais" . Mais "on sait que ce n’est jamais véritablement le cas et nous en avons déjà parlé antérieurement. Et, aujourd’hui, on nous propose (...) et je n’arrive pas à y croire que ce soit des militaires qui nous accompagneraient sur le terrain."

    "Je ne comprends pas. Je suis un membre de la fonction publique d’un État démocratique, mais voir l’armée dans les prisons, cela me fait penser aux heures noires de l’Europe de l’Est ou aux heures actuelles d’une certaine Russie ou de la Corée du Nord. Ça m’inquiète."

    Bref, des mesures dignes d’un État totalitaire ? "Oui, absolument" , répond sans détour le directeur de la prison d’Andenne.
    Le gouvernement "laisse pourrir la situation", il "joue la montre"

    De son côté, Cosimo Agostino, délégué CGSP à la prison de Forest, qualifie cette décision de manœuvre visant "à laisser pourrir la situation".
    "Je me demande où va s’arrêter ce gouvernement qui prend les militaires pour boucher les trous dans tous les domaines. Il y a un moment il faut que cela s’arrête" , dit-il.

    Pour cet agent de Forest, le gouvernement "veut casser la grève, c’est clair et précis". Le fédéral "joue la montre", et attend que "les agents pénitentiaires s’essoufflent".

    Mais, estime-t-il, c’est une erreur, car les revendications sont claires et les agents iront jusqu’au bout. Mais "force est de constater que le ministre est sourd et veut continuer à la rationalisation" , conclut-il.

    Source : http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_l-armee-dans-les-prisons-une-mesure-digne-de-la-coree-du-nord-lance-un-d

    #Bruxelles #union_européenne #capitale_de_l_europe #etat_d_urgence #prison #militaires #camps #démocratie #Europe #Convergences_fédérales #Conseil_Européen #Sécurité #fédéralisme #Fête_de_l'Europe #Corée_du_Nord #eu #Extrémismes #Culture_&_Histoire #Droits_de_l'Homme #violence

  • Lille : une militante antipub placée en garde à vue 26 Avril

    Marion, militante des Déboulonneurs a été placée en garde à vue, lundi soir, à l’issue d’une énième action de ce collectif antipub, dans le couloir reliant la gare Lille-Flandres à sa station de métro (notre édition d’hier) . Une vingtaine de panneaux d’annonceurs avaient été recouverts au scotch d’affiches dénonçant le « matraquage publicitaire » . Et un autre avait été peinturluré en rouge par Marion d’un « Gare à la pub ! »


    La police a procédé au contrôle d’identité de cinq militants, laissés libres. En revanche, elle a ramené Marion au commissariat de Lille-Sud pour son barbouillage. Initialement, il s’agissait d’une simple audition.

    Mais la « déboulonneuse » n’a pas voulu se soumettre à un prélèvement d’ADN, ce qui constitue un délit.

    C’est pour cette raison qu’elle a été placée en garde à vue. Dans un communiqué, les Déboulonneurs ont justifié ce refus : « les informations génétiques sont des données personnelles ne devant pas servir à ficher les citoyens, en particulier les militants non-violents ».

    Pas de plainte de Transpole

    Marion a été relâchée hier matin. Elle s’expliquera en octobre avec la justice lors d’une CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité), une procédure de plaider-coupable. La militante est poursuivie pour son refus de prélèvement d’ADN et la dégradation.

    Propriétaire des panneaux visés par les Déboulonneurs, Transpole ne compte pas porter plainte. « Nous ne voulons pas donner plus d’importance que cela à cette action : tout a été vite nettoyé et l’impact a été quasi-nul pour les voyageurs. »
    Source : http://www.lavoixdunord.fr/region/lille-une-militante-antipub-placee-en-garde-a-vue-ia19b0n3470778
    #Etat_d_urgence #antipub #transpole #publicité

    • première soirée très réussie. Les deux intervenants, l’un consacrant son travail de chercheur à la Syrie, l’autre à l’Irak, familiers localement et sur la durée de leurs sujets respectifs, précis, ont tenu l’assemblée en attention pendant quatre chouettes heures, dans des interventions claires sur les faits et lucides sur leur imbrication historique, tant dans les causes que dans les conséquences à venir.
      La suite demain.

  • Article 218 - Le contrat de travail « agile » et le nouveau test libéral pour Hollande

    Vous avez entendu ce Week-end de nombreux commentaires sur ce contrat de travail « agile », qui permettrait à tout employeur de licencier comme il veut ses salariés. Ces malheureux chefs d’entreprises sont en effet traumatisés par l’exigence de justifier leurs décisions de licenciements, et sont confrontés à des décisions de prud’hommes. Ils ne veulent plus prendre de risque financier sur l’emploi.

    Bien. Mais j’avais toujours appris lors de mes études d’économie que l’entrepreneur libéral méritait son profit (c’est ce qui le distingue du prêteur qui veut un intérêt pour l’usage de son argent) parce qu’il prenait un risque. C’est la fonction de l’entrepreneur schumpétérien : révolutionner les modes de production par l’innovation, en prenant des risques sur les moyens (techniques, humains ...) permettant une offre distinctive (nouveaux produits ou services ...). L’entrepreneur, c’est celui qui prend un risque pour le capital qu’il investit.

    Donc, nos nouveaux entrepreneurs ne veulent plus prendre de risques. Eux qui critiquent la fonction publique ; pas de risque sur le contrat de travail, pas de risque sur le coût du travail (pas de charges sociales patronales sur un salaire brut jusque 1,3 SMIC - ce devrait être un nouveau dispositif du Xième plan d’Hollande pour lutter contre le chômage ...) ... Ils vont bientôt devenir adeptes de la planification à la soviétique en exigeant des consommateurs qu’ils achètent obligatoirement leurs produits sous peine de sanction. Ils y sont d’ailleurs presque, à partir de positions oligopolistiques conquises dans de nombreux secteurs, avec une concurrence réduite au minimum, des ententes sur les produits, les prix ...

    En fait, ce contrat de travail « agile » est le nouveau ballon d’essai du patronat, destiné en réalité à faire avaler la pilule du barème qu’il essaie d’imposer pour les indemnités décidées par les prud’hommes. Avec la bonne vieille tactique de « demander plus » pour effrayer, afin d’obtenir moins (en fait l’objectif réel), ce qui permettra aux politiques et aux syndicats d’afficher une nouvelle victoire contre le patronat, alors qu’il s’agira d’une capitulation en rase campagne (Macron 1 avait été retoqué par le conseil constitutionnel sur ce dispositif des prud’hommes).

    Nos chers libéraux sont indécrottables. Beaucoup de libéralisme pour les autres, et le maximum de protection pour eux. Le risque, c’est pour les salariés, pas pour eux.

    Vive les nouveaux emplois « Hollande/Macron ». Par petits pas, le code du travail pour lesquels les salariés ont lutté pendant des décennies va bientôt être vidé de toute substance. Le social-libéralisme est dépassé par le libéralisme pur et dur. Et surtout, ne bougez pas le petit doigt : l’état d’urgence est là, pour une durée ... indéterminée. On sait maintenant à quoi ça sert ! Et il s’agit de renouveler la flamme de la peur avec toutes les commémorations ... alors que les franciliens préfèrent aller aux soldes plutôt que Place de la République ... Mais ce sont des lève-tard, d’après Anne Hidalgo. Une petite larme à la « Obama » peut-être ?

    B. Boussemart
    La richesse des Mulliez et les grandes fortunes
    Source : http://richessem.eklablog.com/article-218-le-contrat-de-travail-agile-et-le-nouveau-test-liber
    #code_du_travail #état_d_urgence #schumpétérien #risques #planification_soviétique #prud_hommes #agile

  • La liberté est le plus difficile des devoirs
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/12/21/la-liberte-est-le-plus-difficile-des-devoirs_4835935_3232.html

    Le 13 novembre, j’étais à un concert avec une amie quand des hommes armés sont entrés dans la salle et ont tiré dans le public. Nous sommes toutes les deux sorties vivantes. Elle a pu s’échapper au bout de vingt minutes, à la faveur d’un chargeur vide. Moi, au bout d’une heure trente durant laquelle je me suis cachée. Je suis allée à un concert et j’en suis sortie en ayant vécu une scène de guerre. (...)

    Tout d’abord, les frappes en Syrie. En quoi une réponse guerrière, des poses viriles, pourraient nous protéger ? Posture infantile et dangereuse, qui ne fait qu’ajouter de la confusion et du danger au lourd bilan des morts. Comment pourrais-je me sentir en sécurité tant que nous serons « en guerre » ? Frappes en Syrie et fermetures des frontières européennes aux réfugiés : un bel exemple de décisions dictées par l’émotion… Comme celles prises en septembre dernier, quand la photo d’un enfant mort sur une plage avait suscité une vague d’émotion en Europe. Hollande et Merkel avaient alors appelé à « la responsabilité de chaque État membre et à la solidarité de tous »., Trois mois après, il y a toujours autant de bambins qui meurent noyés en Méditerranée, toujours autant de Syriens qui fuient la guerre. Mais depuis le 13 novembre, ces réfugiés sont passés du statut de victimes à accueillir à celui de terroristes potentiels. Exit les engagements de septembre, on cadenasse l’Europe et on bombarde la Syrie.

    Ensuite, l’état d’urgence prolongé : Une réponse totalitaire et liberticide à l’attaque d’un groupe terroriste, totalitaire et liberticide. En quoi l’interdiction de manifester et la restriction des libertés individuelles et collectives m’apporteraient t plus de sécurité ? En quoi l’autorisation de porter une arme hors service à des policiers exténués depuis janvier pourrait me rassurer ? Comment la déchéance de nationalité permettrait de dissuader des individus qui n’ont pas peur de perdre leur vie ? Nous pouvons déjà tirer un bilan de l’inclusion du « comportement », et non plus seulement des « activités », qui autorise des mesures privatives de liberté sur simple suspicion : intrusions violentes, hors de tout contrôle judiciaire, chez des particuliers aux activités politiques ou religieuses (quand la police ne se trompe pas tout simplement de porte) ; surveillances et assignations à résidence de militants écologistes sans rapport avec le djihad et les armes à feu ; bavures policières… Nous avons désormais le droit de nous rassembler dans un centre commercial, dans un stade, dans un marathon, mais pas de manifester. (...)

    Le 13 novembre, des hommes armés nous ont tirés dessus. Aujourd’hui mes convictions sont inchangées, voire renforcées. Je suis convaincue qu’affaiblir la démocratie et les libertés fondamentales est une dangereuse erreur. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier depuis la seconde guerre mondiale. Forcément, je pense à la majorité silencieuse de cette sombre période. Aujourd’hui, dans l’état d’urgence, le simple fait de descendre dans la rue pour exprimer son mécontentement est répréhensible pénalement. Donc devenu un acte de résistance.

    Amandine, 34 ans, rescapée du Bataclan

    #attentats #etat_d_urgence

  • Réponse à l’article « lettre ouverte à mon père, qui ne veut plus voter »

    Bonjour chère Madz ,

    Je viens de lire ton article sur madmoizelle et même si il ne s’adresse pas à moi mais à ton père, je souhaite quand même te répondre.
    Je comprends que tu sois déçue que ton père ne vote pas mais n’oublie pas qu’il puisse avoir de bonnes raisons aussi.
    Certes, il t’a inculqué l’importance du vote mais on peut toujours changer d’avis et dans certains cas tant mieux notamment quand ça va vers un plus grand ancrage à gauche et vers une lutte plus égalitaire
    http://viedelamia.canalblog.com/archives/2015/12/11/33057090.html
    #madmoizelle #militantisme #vote #vote_blanc #vote_nul #élections #abstention #état_d_urgence #élections_régionales_2015

  • « Difficile de s’y retrouver dans l’enchaînement des décisions et annonces autour de l’état d’urgence. Et difficile aussi d’en prendre la mesure, du point de vue du droit et des conséquences sur nos vies. Le point avec Bastien François, prof de sciences politiques et juriste. »

    http://rue89.nouvelobs.com/2015/12/07/etat-durgence-constitution-operation-denfumage-absolument-incroyabl

    #droit #état_d_urgence

  • #Tarnac, quand l’anti-terrorisme, les fiches S, l’État d’urgence et tout le bordel ne vous quittent jamais...
    http://www.davduf.net/tarnac-quand-l-anti-terrorisme-les-fiches-s-l

    C’était la veille des élections régionales et du raz de marée (brune). Un petit post sur un forum Debian. Une histoire ordinaire d’un Etat d’Urgence ordinaire. Un souvenir qui remonte, Tarnac, et un contrôle à l’aéroport Charles-de-Gaulle d’un militant qui raconte. Juste comme ça, comme un trait de l’époque --- Et ils voudraient qu’on vote pour eux ? A piece of Planet Debian/ posts/ Everyone can be a target My flight from Athens where I had the pleasure to attend the first “reproducible world summit” (...)

    #Tarnac,_magasin_général

    #état_d_urgence

    « https://reproducible-builds.org/events/athens2015 »
    « http://www.scribd.com/doc/86586359/Rapport-RG-2008-Tarnac-Magasin-General »
    « http://www.marmottux.org/index.php/post/2005/07/14/205-photos-des-rmll-2005-nocturnes-aux-tanneries »
    « 

     »
    « https://wiki.debian.org/TanneriesBSP »
    « http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2009/01/21/en-2008-la-cnil-a-constate-83-derreurs-dans-les-fichiers-pol »
    « https://twitter.com/Maitre_Eolas/status/669126254982012929 »
    « http://delinquance.blog.lemonde.fr/2015/12/04/etat-durgence-a-toulouse-un-catholique-assigne-pour-salafis »
    « http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKCN0T80Q820151119 »
    « http://www.liberation.fr/direct/element/le-gouvernement-veut-changer-la-constitution-pour-etendre-la-duree-de-let »
    « https://wiki.laquadrature.net/%C3%89tat_urgence/Recensement »
    « http://anticop21.org/video-cop21-violences-policieres-4413 »
    « https://nantes.indymedia.org/articles/32590 »

    • Le policier a aussi dit qu’ils devaient effectuer quelques simples vérifications, et qu’ils me laisseraient ensuite partir, comme j’étais de retour. Je n’ai pas fait confiance à ces propos, mais je n’ai rien dit.

      Lorsqu’ensuite nous avons passé par une porte, que le policier dut déverrouiller avec son badge, il m’a été demandé de m’asseoir sur une chaise dans le couloir, entre deux bureaux (d’après ce que je voyais). Je pouvais entendre un policier expliquer la situation à un autre : « — Il a une fiche.—Ah, une fiche. » Ils semblaient assez perplexes que je ne fusse pas contrôlé lors de mon départ Lundi.

      [...]

      D’après ce que j’ai pu comprendre des événements, ils ont passé un appel, et il ne leur a été demandé par les renseignements que de mettre à jour les données personnelles me concernant.

      [...]

      J’ai pris le temps de documenter cela parce que je sais que trop de gens pensent que ce que fait le gouvernement français ne les concerne pas. Au contraire, cela les concerne. Cela fait quelques années maintenant que la lutte antiterroriste est un moyen pour les gouvernements de surveiller les populations. Mais nous atteignons maintenant un tout autre niveau. Nous parlons de policiers conservant leurs armes en dehors de leur service, de perquisitions à n’importe quelle heure sans le contrôle d’un juge, et du gouvernement qui veut changer la constitution pour rendre l’"état d’urgence" permanent. Nous avons pu constater tant d’abus ces deux dernières semaines. Cela ne va pas s’arranger. Pendant ce temps, au lieu de se demander pourquoi ces jeunes gens sont prêts à assassiner, prêts à se suicider, les officiels préfèrent larguer des bombes. Ce qui va certainement empêcher des individus prêts à mourir de faire usage de tactiques suicidaires, n’est-ce pas ?

  • Interdiction de manifester : 58 personnes balancées au procureur par la préfecture
    https://paris-luttes.info/interdiction-de-manifester-58-4244

    58 personnes ayant bravé l’interdiction de manifester à Paris, dimanche, en défilant en soutien aux migrants et contre l’état d’urgence ont vu leur identité transmise au procureur de la République par la préfecture de police de Paris.

    #repression #attentats #etat_d_urgence #migrants #police

  • Molenbeek-Saint-Jean n’est pas un ghetto
    Un article d’Alexandre de Zones sensibles dont les livres sont forts appréciés sur @seenthis.
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/23/molenbeek-saint-jean-n-est-pas-un-ghetto_4815791_3232.html
    Vivant et travaillant à Molenbeek-Saint-Jean, au cœur de l’un de ces quartiers considéré comme une « plaque tournante belge du terrorisme islamiste », à quelques dizaines de mètres de l’appartement de l’un des présumés responsables des atrocités parisiennes, il m’est difficile de ne pas écrire ces quelques mots.
    #molenbeek #attentats #etat_d_urgence #belgique #paywall

    • Thx. J’y pense jamais. —

      Au-delà de Molenbeek, et parce que malheureusement les journalistes en parlent peu, rappelons que dans la capitale de l’Europe, Bruxelles en tant que région, un tiers des habitants vit sous le seuil de pauvreté, un chiffre édifiant lorsque l’on sait par ailleurs que Bruxelles produit plus de richesse que les deux autres régions de Belgique (il serait intéressant de savoir si ce chiffre a un lien avec ceux, récemment dévoilés par l’Organisation internationale pour les migrations, révélant que 62% des habitants de la région bruxelloise sont nés à l’étranger ou issus de familles qui ont migrés ici, « ce qui en fait la seconde ville au monde à afficher un taux aussi haut »). Bruxelles est donc une région fort contrastée : à Molenbeek, le revenu moyen par habitant est de 776 euros par mois, soit 4 fois moins que la seule allocation de résidence allouée à un commissaire européen et 26 fois moins que le salaire de celui-ci. (Ajoutons en passant que les agents de l’Union européenne sont exemptés de l’impôt sur les personnes physiques, cet impôt sur le revenu dont n’importe quel Belge imposable doit s’acquitter. Dit autrement, un habitant de Molenbeek à faible revenu mais payant cet impôt finance davantage les infrastructures publiques bruxelloises dont bénéficient les fonctionnaires européens qui, eux en profitent sans payer cet impôt-là, tout en percevant des salaires bien plus élevés.)

      Une commune au bord de la faillite

      Molenbeek est donc rongée par la pauvreté. Il y a peu de journalistes pour rappeler que, il y a quelques mois, la commune était au bord de la faillite (ce qui a une fois fois permis à certains politiques de stigmatiser encore et encore la commune) : en raison de la croissance de la population ne payant pas l’impôt mais demandant mécaniquement davantage de moyens publics (revenus sociaux, etc.), combinée à son appauvrissement (le revenu moyen d’un Molenbeekois a diminué de 5% en dix ans), les revenus issus de l’impôt ont logiquement baissé ; parallèlement, d’après un conseiller communal qui s’est publiquement exprimé sur cette quasi-faillite qui a encore permis à certains de stigmatiser la commune, la classe moyenne (celle qui paie l’impôt) se fait de plus en plus rare : « le manque de propreté, d’enseignement (de qualité), de logements de qualité abordables et d’espaces publics agréables, combiné à un sentiment d’insécurité sont les principaux arguments de leur départ, surtout chez les jeunes familles ». Il faut être honnête : Molenbeek continue à s’enfoncer. Tout concoure donc à ce que, dans certains quartiers, la misère sociale et intellectuelle soit un terrain fertile pour des recruteurs à l’idéologie répugnante. Quelles perspectives d’avenir cette commune, compte tenu de son état de délabrement financier et social, peut proposer à une population en voie de paupérisation ? Comment redresser une situation sociale où presque 55 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté ?

    • Commentaire :

      J’expliquais justement hier qu’en interne les #syndicats trépignent. Le #confinement de Bruxelles s’explique aussi par les coupes budgétaires qui ont été faites dans tout le secteur public - dont la police - et associatif. Je ne compte plus les travailleurs sociaux en préavis conservatoire. Quand à la police que tout le monde semble appeler de ses voeux, ce n’est pas faute pour ses membres d’appeler depuis longtemps au retour de la police de proximité pour un travail au plus près du terrain et des habitants au quotidien. Quand aux agents de prévention dont Alexandre parle, on a le même problème au final : les moyens. Pour que la scène qu’il décrit n’arrive plus, il faut former ces mecs, les encadrer, et c’est un travail de longue haleine puisque les gardiens de la paix sont aussi un dispositif d’#insertion professionnel. La formation de ces gardiens est aussi grevée par les coupes budgétaires des politiques d’#austérité. Certains parlent de stratégie du choc, je crois que ce n’est pas loin de la vérité.

  • #Bruxelles : demain encore une journée sous la couette, donc. http://www.lalibre.be/actu/belgique/historique-ecoles-universites-et-creches-de-bruxelles-fermees-ce-lundi-56519 (et « opérations en cours » (#wtf) gare du midi et à #Etterbeek (qui comme Molenbeek se prononce donc éék à la fin http://fr.forvo.com/word/etterbeek). Bref, les hélicos volent bas.

    Et encore une com qui roule bien, puisque Milquet (vice-ministre-présidente du gouvernement de la fédération Wallonie-Bruxelles (ex-Communauté française) et chargée de l’éducation) annonce que les crèches resteront ouvertes, et Vervoort (Ministre-président de la Région Bruxelloise) le contraire.

    #attentats #etat_d_urgence